Médiation Sociale
Le recyclage et la revalorisation informatique
Source : http://www.sxc.hu
Écrit par Mickaël NICOLAS et David LANNUZEL DEUST T-MIC 1
Sommaire
Introduction ............................................................................................................................................... 3 I.
Présentation de la situation et de l’association C2IC .................................................................... 4
II.
Difficultés liées à la revalorisation informatique ....................................................................... 5 A.
Problèmes juridiques et financiers .......................................................................................... 5
B.
Les problèmes d’usage .............................................................................................................. 6
III.
Solutions : l’importance du réseau et des partenaires ............................................................... 8
A.
Entreprises et associations partenaires ................................................................................... 8
B.
Collectivités .............................................................................................................................. 10
Conclusion................................................................................................................................................ 11 Webographie ............................................................................................................................................ 11
Introduction
Souvent confondus, le recyclage informatique et la revalorisation informatique sont pourtant deux activités bien distinctes. Le recyclage consiste à récupérer la matière première des PC (Plastique, métal..) pour en faire de nouveaux produits. La revalorisation informatique, consiste à remettre sur pied du matériel souvent ancien, en y apportant si nécessaire quelques modifications techniques. Pour pouvoir parler de ce sujet nous nous sommes intéressé à une association en particulier : C2IC. Cette association basée à Lanvenegen dans le Morbihan a été créée par Lionel RAUCH, investigateur d'une autre association, l'ARN, qui regroupait l'informatique et les arts sur Lorient. M. RAUCH, en collaboration avec six autres personnes bénévoles, a eu l'idée de créer cette nouvelle association, grâce à son travail en rapport avec l'écologie et plus particulièrement avec les déchets électroniques. Installée en zone rurale, cette association a pour but la revalorisation des PC au service du développement de l'usage de l'informatique de manière conviviale.
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I.
Présentation de la situation et de l’association C2IC
Pour nous, la course aux nouvelles technologies est devenue une notion tout à fait "normale", rentrée dans les habitudes de beaucoup de gens. Elle a entrainé la démocratisation d'internet et de tous ses usages : les services administratifs en ligne, la communication et les réseaux sociaux... Elle permet d'obtenir de nouvelles compétences dans divers domaines : recherche médicale, aéronautique... Mais la course à la nouvelle technologie entraîne aussi beaucoup de déchets informatiques. Les PC sont dépassés quelque mois après leur sortie, ce qui pousse aussi bien les professionnels que les particuliers à renouveler très régulièrement leur parc informatique. Malheureusement, le prix d'un PC neuf demeure encore élevé pour beaucoup d'entre nous. Il est donc impossible pour certaines personnes d'investir dans l'informatique. D’autant plus qu’il existe une « barrière géographique » : le fait d'habiter en ville permet d'avoir accès plus facilement à des points informatique (cyber café, point Internet...). Les zones rurales, elles, ne bénéficient pas forcément de toutes ces facilités d'accès, et peuvent donc se retrouver isolées face à ce « nouveau monde ». Cette fracture pourrait pourtant diminuer grâce à quelques associations, comme C2IC, qui ont décidé que la fracture sociale et la pollution informatique devaient cesser pour être revalorisées. Ces associations on eu l'idée, très simple mais au combien importante, de récupérer les PC destinés à être jetés aux déchets pour les remettre en état de marche. Elles redistribuent ainsi ces machines gratuitement ou à prix modéré aux associations et particuliers n’ayant pas les moyens financiers d’acheter du matériel neuf. Ces associations ne sont pas forcément très médiatisées, mais elles permettent à beaucoup de personnes de bénéficier de la réduction de la fracture numérique. De cette manière, beaucoup d'écoles peuvent également bénéficier d’outils informatique. Bien sur, si le but des associations est de pouvoir fournir des PC pour un cout dérisoire, il est très important d'apporter un suivi auprès des particuliers et des établissements scolaires. C'est pourquoi l'association met en place des formations en informatique et propose aussi un suivi gratuit du matériel. Ces formations se font principalement dans le domaine de la bureautique et d'internet, mais elles s'adaptent en fonction de la demande des utilisateurs et du niveau de ceux-ci. Elles sont accessibles gratuitement à tout utilisateur ayant payé une adhésion annuelle de 20€. Notons au passage que les bénéfices éventuellement dégagés par l'association peuvent être alloués à l'achat de matériel mais peuvent aussi se transformer en dons à des sociétés programmant des logiciels libres tels que Framasoft.
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II.
Difficultés liées à la revalorisation informatique A.
Problèmes juridiques et financiers
Ce type d'association rencontre beaucoup de problèmes. L'un d'entre eux est la protection des données. En général, lorsqu'un particulier se débarrasse de son PC, un simple formatage de bas niveau suffit à effacer ses données personnelles. Mais lorsque ces PC proviennent d'une entreprise, les choses se compliquent. En effet, des documents confidentiels aux vues du public et de la concurrence peuvent s’y retrouver (comptabilité, futurs projets...). C'est pourquoi les entreprises demandent souvent un certificat pour la destruction de leurs données. Ce point pose un vrai problème : pour obtenir le certificat de formatage du disque dur en question il faut payer la modique somme de 80€ par disque dur! Ce coût ne peut évidemment pas être assumé par une petite association de bénévoles et les entreprises préfèrent généralement utiliser une méthode, certes moins coûteuse, mais aussi bien moins écologique et sociale : retirer le disque dur du matériel donné et le casser au marteau ! Un autre problème est le recyclage des pièces irrécupérables. Car parler de revalorisation informatique et enterrer les pièces défectueuses sous terre n'est pas très logique ! Le recyclage des déchets informatique n'existant pas dans la commune de Lanvenegen au démarrage de l’activité de l’association, ses membres doivent démonter eux-mêmes les ordinateurs pour les expédier aux organismes concernés à leurs frais. Une année de cette activité représente entre 700 et 1200€ de frais. Un gouffre pour une association qui n'a pas pour but le profit.
Lionel RAUCH fondateur de C2IC
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De plus, des barrières juridiques freinent l'élan de ces associations. Depuis le 15 novembre 2006, un nouveau décret français (projet européen datant de 2002) impose le recyclage des déchets électroniques et donc informatiques. Mais malheureusement la collecte de ces déchets met du temps à s'appliquer dans beaucoup de communes ou communautés de communes de notre pays. Les déchets électroniques sont donc placés avec les autres, ce qui favorise la pollution. Le transport de déchets informatique est également réglementé par un décret européen. Sans agrément de transport de déchet, il est interdit de transporter du matériel destiné à la casse. Dans notre cas, le matériel recyclable est considéré comme "matériel valorisable" puisqu'il est destiné à être reconditionné et non pas détruit. A cause de ces problèmes juridiques et financiers, les associations comme C2IC ont été obligées de trouver des organismes spécialisés de traitement de ces déchets comme Envie 2E situé dans le nord de la France, et donc de prendre en charge le financement de ce traitement durant plusieurs années. Il y a quelques temps, une convention a été promise par la mairie concernant le recyclage des déchets informatique. Après des années de négociations, la mairie a enfin accepté de mettre en place un pôle déchet informatique dans sa déchetterie. Il n'est donc plus nécessaire pour l'association d'envoyer les machines non réutilisables à ses frais.
B.
Les problèmes d’usage
Une autre difficulté se trouve parfois au sein même de ces associations. Certaines d'entre elles, ainsi que des personnes malveillantes, utilisent ce réseau pour un profit économique. Ce genre de personnes récupère les PC pour les revendre en Afrique. Si ce type de méthode pourrait être très utile, les prix de revente sont malheureusement inappropriés et aucun suivi n’est proposé sur place. Par exemple, aucune formation des utilisateurs n’a été mise en place et, au final, les PC ne sont pas utilisés. Ainsi, si on n’accompagne pas les utilisateurs, l'Afrique peut devenir une véritable « déchetterie » du matériel informatique moderne... Les associations entre elles paraissent également trop isolées. Pour prendre un exemple, sur le département du Morbihan, deux associations proposant toutes les deux le recyclage et la revalorisation de matériel informatique existent. Elles sont séparées par seulement trente kilomètres et pourtant ne communiquent pas entre elles. Il est d’ailleurs intéressant de constater que les deux associations ne fixent pas les mêmes exigences quant à l'âge du matériel récupéré. Par exemple, une demandera un matériel avec un minimum de 512Mo de mémoire vive et l'autre n'aura pas du tout d'exigences à ce niveau là.
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Enfin, une des plus grandes difficultés rencontrées vient de l'utilisateur final, des bénéficiaires d’ordinateurs revalorisés. Aujourd'hui, tout le monde est exposé à la médiatisation faite par les fabricants de matériels et logiciels informatique. On trouve partout des messages publicitaires ventant Windows Vista ou Seven vendu sur un ordinateur dual core à 4Go de mémoire vive, avec, bien sûr, un bel écran plat. Comment faire alors comprendre à un utilisateur qu'un ordinateur utilisant Windows XP ou une licence libre, sur un ordinateur comprenant au maximum une mémoire vive de 512Mo et avec un écran cathodique est entièrement suffisant pour une utilisation basique d'internet et du traitement de texte? Ainsi, la plupart des utilisateurs préfèrent mettre 300 ou 400€ dans une machine récente que 50€ dans du matériel recyclé. Le recyclage informatique, comme la revalorisation de matériel, est donc une question d'éducation et d'évolution des mentalités que ce soit au niveau des collectivités, des entreprises, et surtout donc, des usagers.
Photo de gauche : Damien [Phototrend.fr] (Flickr); Photo de droite : Extra Ketchup (Flickr)
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III.
Solutions : l’importance du réseau et des partenaires A.
Entreprises et associations partenaires
La mise en place de ces associations n'est donc pas simple. Heureusement, l'association C2IC a su trouver les solutions grâce à un réseau de partenaires afin de développer son activité. Par exemple, elle bénéficie du soutien d'une entreprise de déménagement voisine qui a permis l'acheminement de matériel à partir de toute la France à moindre frais. C2IC a donc pu acquérir beaucoup de matériel, souvent ancien, mais pour un coût minimum.
Livraison pour le C2IC Il a également fallu trouver une solution pour réduire le prix des licences des systèmes d’exploitation embarqués sur les machines. La configuration moyenne d’un ordinateur revalorisé est : un processeur de 1 à 1,5Ghz et une mémoire vive de 256 à 512 Mo. Très inférieure par rapport au marché du neuf, cette configuration permet un usage classique pour un particulier à savoir, traitement de texte, photo et internet. Du coup, les ordinateurs les moins puissants intègrent en général le système d'exploitation Ubuntu, entièrement gratuit, stable, et ne demandant pas beaucoup de ressource. Les PC les plus puissants, eux, peuvent être équipés de Windows XP, grâce au programme « Microsoft Authorized Refurbisher » qui permet à ce type d'association de bénéficier d'une licence Windows pour 5€. Pour le reste des logiciels, l'association se tourne vers le monde du "libre" ce qui permet d'intégrer par exemple des suites bureautique (Open Office) sans frais supplémentaire.
Un bénévole de l'association en plein travail
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Les associations nationales et internationales aident aussi à faire évoluer les mentalités. Ainsi, certaines permettent à des pays en voie de développement de s'équiper en informatique. Par exemple, l’association « Close the Gap », qui n'offre pas une aide financière directe aux projets, fournit du matériel revalorisé utilisé pour renforcer la croissance d'une communauté informatique dans un pays en développement. Leur but est « d'aider à développer les connaissances locales, en mettant en valeur le potentiel des communautés pour obtenir par eux même une appropriation des nouvelles technologies dans leur région. La vision de Close the Gap est que la réduction de la fracture numérique est une étape importante vers un meilleur niveau de vie dans les pays en développement, permettant aux jeunes d'explorer pleinement leurs talents» (propos recueillis sur http://www.closethe-gap.org). Cette initiative, comparable à la volonté des associations française de proposer des ordinateurs revalorisés en zone rurale, est intéressante à condition d’éviter les dérives de l’envoi de matériel en Afrique vues dans la partie précédente. Enfin, les principaux partenaires du recyclage et de la revalorisation du matériel informatique, ce sont bien sûr les entreprises et les particuliers eux-mêmes, par leurs « dons d’ordinateurs ». Petit à petit, ce principe du don de PC rentre dans les mentalités. Aujourd’hui, cela contribue au jour le jour à résorber cette fracture numérique par l’intermédiaire des associations en France et à l’étranger. D’autant que les banques commencent également à jouer le jeu. Via des concours projets, les associations peuvent alors se voir remettre des chèques de 150 ou 200€. Ainsi, des projets comme « Recycl'Educ », qui a pour but d'équiper en matériel informatique revalorisé des écoles, a pu voir le jour grâce au soutien des banques. Dans ce projet, l’association C2IC prévoit d'équiper les écoles situées en campagne d'un parc informatique fonctionnant sous Linux, avec serveur, switchs et ordinateurs reconditionnés pour un budget de 1500€ maximum par établissement. Mais les pouvoirs publics apporteront-ils leur soutien à ce projet?
L'une des écoles équipé grâce à C2IC
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B.
Collectivités
Malheureusement, le type de financement proposé par les banques n'existe pas au niveau régional et gouvernemental dans le cadre d’associations comme C2IC. Ainsi, la région n'est pour l’instant pas intervenue dans les projets de recyclage de l’association car elle considère que la gestion des déchets doit se faire uniquement au niveau communal. Elle aurait malgré tout pu en financer une partie si des créations d'emploi avaient été faites. Ce qui n'est pas le cas ici puisque l'association ne compte que des bénévoles. Ainsi les mairies et communautés de communes doivent être dynamiques à ce niveau. Dans notre cas, la mairie de Lanvenegen a contribué à la création de cette association en mettant gratuitement à leur disposition un local, leur permettant ainsi de pouvoir lancer ce projet. Depuis maintenant six ans, cette association peut donc exercer son activité. Outre les associations du type de C2IC, il existe des programmes nationaux comme "Ordi 2.0" qui ont pour but de favoriser la revalorisation informatique sur le territoire nationale. C2IC est d'ailleurs reconnu par ce programme. Ordi 2.0 est une filière nationale de collecte, de rénovation et de réemploi des ordinateurs. Ce projet à été lancé par le Secrétariat d’État chargé de la Prospective et du Développement de l'Économie Numérique. Nous avons pu trouver sur le site http://www.ordi2-0.fr un extrait illustrant cette volonté du gouvernement de réduire la fracture numérique en partie par la revalorisation des machines : « Le Gouvernement coordonne ce programme prioritaire de lutte contre la fracture numérique en proposant que chaque personne et foyer puissent disposer d’un ordinateur, d’un accès individuel ou collectif à l’Internet et d’un accompagnement aux usages de l’internet et des réseaux numériques, et ce à l’échéance la plus courte possible, d’ici 2012. À ce titre, la Délégation aux Usages de l’Internet (DUI) met en œuvre une politique volontariste favorisant l’accès de tous à l’Internet ainsi que la création d’un environnement favorable au développement des usages des technologies de l’information et de la communication (TIC). Conscient que la réutilisation des ordinateurs constitue une réponse d’urgence, facile à mettre en œuvre, à des conditions avantageuses, tant pour l’emploi, l’environnement que pour l’e-inclusion de tous, et particulièrement pour les personnes en difficulté sociale, économique ou culturelle ». La prise de conscience et les moyens que commencent à mettre en œuvre les collectivités incitent à l’optimisme quant au développement du recyclage et de la revalorisation des ordinateurs. Aujourd’hui les associations semblent davantage enclines à travailler avec les communes et collectivités que contre celles-ci, comme cela a pu être le cas auparavant.
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Conclusion
Les mentalités évoluent, lentement mais sûrement. L’utilité de donner son ordinateur personnel ou une partie de son parc informatique désuet, en entreprise, rentre progressivement dans les esprits. Car si le principe a fonctionné dans une région rurale comme celle de Lanvenegen, où l’association C2IC et ses partenaires ont permis de créer une nouvelle communauté d’utilisateurs de l’outil informatique, il peut fonctionner partout. Et si des écoles peuvent voir leur parc informatique entièrement renouvelé grâce à cette méthode, l’intérêt peut apparaître évident aux yeux de tout le monde. La revalorisation et le recyclage de matériel informatique apparaissent donc comme une question d'éducation et d'évolution des mentalités, que ce soit au niveau des collectivités, des entreprises, et surtout donc, des usagers. Ce type d'association est encore assez peu développé sur le territoire français, mais avec l'évolution constante des technologies et la préservation de l'environnement, cette pratique devrait continuer à évoluer et ainsi contribuer à effacer un peu plus, chaque jour, la fracture numérique.
Webographie Associations existantes en France : http://www.c2ic.net/ http://don.ordi.free.fr/index.php#liste http://recycl-educ.c2ic.net http://abuledu.org http://apinc.org http://www.cyberfreacks.org http://www.clubnumeric.org http://www.defis.info/web/ Portail national : http://www.ordi2-0.fr Portail international http://www.close-the-gap.org http://www.pc-solidarity.be Aspect juridique. Voir DEEE : http://www.reutic.fr/index.php
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