Petit Lérot

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ISSN 0758-847 X

Le

Petit Lérot

63 août 2008

Bulletin de liaison des membres du Groupe Mammalogique Normand

SOMMAIRE NOTE

SUR L'ATTACHEMENT AU NID DU

MUSCARDIN (MUSCARDINUS AVELLANARIUS) FACE À UN BOULEVERSEMENT D'ENVIRONNEMENT P. 3-5 P. SPIROUX INVENTAIRE DES CHIROPTÈRES DANS LES OUVRAGES D'ART DES BASSINS DE LA SÉE ET DE LA SÉLUNE, MANCHE - NORMANDIE P. 6-16 C. RIDEAU & A. LEGARDINIER


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LE PETIT LÉROT N°63

Editorial

ÉDITORIAL Quatre ans d'absence du Petit Lérot, c'est bien long ; à tel point qu'on eut pu croire l'espèce disparue. Heureusement, grâce à une équipe efficace, il envoyait régulièrement une Lettre aux adhérents du GMN. Ce Petit Lérot n° 63 renferme deux articles de taille et de nature très différentes. L'un concerne le bilan détaillé d'une étude réalisée de juin à août 2001 sur la fréquentation des ponts et autres ouvrages d'art par les chauves-souris dans le sud du département de la Manche. L'autre relate la poursuite de l'élevage d'une nichée de muscardins après perturbation accidentelle et déplacement du nid, là encore dans la Manche, mais plus au nord. Ces articles, écrits de longue date, paraissent bien tardivement, ce qui n'est pas satisfaisant pour les auteurs. C'est pourquoi, le responsable du Petit Lérot leur exprime ses plus profondes excuses. Cette situation pose problème à divers égards, tous défavorables à une parution plus active du Petit Lérot. En premier lieu, elle n'incite pas les auteurs potentiels à écrire des articles, s'ils doivent ensuite attendre de longs mois avant d'être publiés. De ce fait, il s'opère un transfert vers la Lettre du Petit Lérot, initialement à vocation opérationnelle, qui accueille maintenant de plus en plus de données d'observations sous forme de notes très détaillées. L'année 2008 marque le 30e anniversaire de la création du Groupe Mammalogique Normand, dont l'Assemblée Constitutive avait eu lieu en mars 1978 dans l'amphithéâtre du Bâtiment de Biologie de la Faculté des Sciences et Techniques de l'Université de Rouen. La Rédaction du Petit Lérot souhaite donc un Très Bon Anniversaire au trentenaire mature qu'est devenu le Groupe Mammalogique Normand. François LEBOULENGER Responsable du Petit Lérot

Illustrations : Couverture : a- Philippe PÉNICAUD b- Fabien CAYET c- Didier ALARD d- Didier ALARD P.7 : Sylvie CAMPOURCY

a b

c d


LE PETIT LÉROT N°63

NOTE

Note sur l'attachement au nid du Muscardin (Muscardinus avellanarius) face à un bouleversement d'environnement

SUR L'ATTACHEMENT AU NID DU

MUSCARDIN (MUSCARDINUS

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AVELLANARIUS)

FACE À UN BOULEVERSEMENT D'ENVIRONNEMENT

Philippe SPIROUX Brévolle, 50630 TEURTHEVILLE-BOCAGE

Considéré comme peu commun en Normandie, avec une aire morcelée, le Muscardin possède dans le NordCotentin un noyau de population qualifié de stable, et ce de longue date (GMN, 1988, 2004). C'est un hôte extrêmement discret des couverts denses, tels ronciers, haies fournies ou buissons divers. L'observation directe, que l'animal soit mort ou vif, relève bien souvent de circonstances accidentelles. Ainsi, dans le jardin bocager de ce hameau du Val de Saire (Nord-Cotentin Est) auquel se rapporte cette note, la connaissance du Muscardin se limitait simplement à un individu découvert noyé dans une réserve d'eau en octobre 2000. C'est presque cinq ans plus tard qu'est relevé un second indice de présence, lors d'un débroussaillage manuel, lequel met à jour un nid contenant des jeunes. Cet évènement entraîne une tentative de replacer au mieux le nid, en l'occurrence non plus au cœur mais désormais en bordure du roncier. L'opération sera suivie de contrôles discrets pour en mesurer, notamment, l'efficacité. 11 juillet 2005 - En fin d'après-midi, la faux travaille à entamer les orties puis bientôt un épais roncier, dans le but non de le supprimer mais simplement d'en rendre l'accès plus aisé en vue de la récolte de futures mûres. Une insignifiante boule de feuilles mortes est alors bousculée, perchée à environ 1 mètre du sol au sein du roncier, à l'ombre de noisetiers. Récupérée en main (photo n° 1), cette boule est examinée d'un peu plus près ; il s'avère alors s'en échapper de menus cris très aiguës. La déduction est rapide : c'est le nid d'un petit Rongeur.

FIGURE 1

PHOTO 1 11/07/2005

Sous ses aspects défraîchis, sa densité laisse présager que l'artisan est plutôt le Muscardin que le Rat des moissons. L'entrée est vraiment invisible et c'est à tâtons qu'elle est finalement détectée ; un doigt précautionneux est alors glissé, sans rien sentir sinon la paroi interne bien travaillées. Pourtant, les piaillements entendus ne laissent aucun doute quant à la présence au fond du nid d'un ou plusieurs animaux, qui doivent donc être des petits nés il y a peu. Pour les naturalistes amateurs propriétaires du jardin, il est évident que des petits - à plus forte raison à ce stade - ne peuvent avoir pour meilleur secours que leur génitrice. Il faut donc imaginer sans attendre de remettre le nid en place, avec l'espoir que l'adulte reviendra. Seulement, le couvert est désormais bouleversé. En toute hâte, une boite prismatique en bois est récupérée (bricolage destiné à l'origine à un oiseau cavernicole), le nid est placé à l'intérieur (fig. n°1), et le tout est monté sur un piquet inséré au mieux au sein de la lisière du roncier (fig. n°2) à peu près à l'ancienne position du nid. Pour finir, des ronces sont entrelacées autour et par dessus afin de camoufler l'ensemble (fig. n°3). Il faut maintenant s'éclipser et laisser faire…

FIGURE 2

FIGURE 3


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Philippe SPIROUX

Les collègues mammalogistes informés attendent également la suite, relativisant les chances de succès. 23 juillet - Un premier contrôle est effectué. L'ouverture du nichoir étant exclue, un doigt est simplement glissé par l'entrée : il s'arrête aussitôt sur le contact chaud d'un ou plusieurs animaux ; le nid est donc occupé ! La visite se termine là, toujours sans certitude quant à l'espèce. 24 juillet - Nouvelle visite, cette fois dans l'optique d'identifier l'habitant. Après une approche silencieuse, l'observateur se positionne pour avoir vue sur l'entrée, laquelle s'avère obturée par l'occupant. Le poteau est doucement gratté du doigt, et très vite les brindilles de l'entrée bougent. Puis la tête d'un Muscardin apparaît, sans plus. L'observateur reste figé et de la sorte le petit rongeur n'identifie sans doute pas de danger ; au bout de 30 secondes il se retire chez lui. A pas de loup, l'observateur fait de même.

PHOTO 2 11/07/2005

31 juillet - Le Muscardin excite la curiosité, à plus forte raison quand on ne l'a jamais vu et qu'on est mammalogiste ! Aussi une visite au nid est-elle accordée à un collègue de passage (photo n°2). C'est également l'occasion de faire une photo, où l'on apercevra simplement œil et museau émergeant par l'ouverture. Mais le "Rat d'or" finit par sortir - c'est la première fois qu'il est vu en entier - et on saisit surtout l'opportunité de sonder l'intérieur du nid, toujours du bout du doigt : il est sans conteste garni de petits, mais il s'avère impossible d'en déterminer le nombre. 5 août - Pour cette quatrième visite, il s'agit d'essayer d'obtenir encore des informations : au bout de 25 jours, on peut supposer que les jeunes ont considérablement grandi. La technique d'observation décrite dans la littérature et conseillée par les collègues est toujours appliquée, consistant à gratter légèrement le support pour provoquer l'apparition du Rongeur à sa porte, laquelle est le plus souvent fermée. Il semble d'ailleurs qu'au fil des visites il faille insister un peu plus. Ce jour là, l'adulte sortira mais restera un moment accroché à l'entrée (photo n°3) permettant quelques jolis clichés qui trahiront une silhouette replète. Il filera ensuite preste-

PHOTO 3 05/08/2005

ment, très vite invisible parmi les ronces. De nouveau un doigt est plongé dans le nid, tâtant une masse chaude constituée par, estime-t-on, au moins 3 jeunes bien développés ; leur taille est évaluée très grossièrement à 3/5e voire 2/3 de celle d'un adulte, peut-être davantage. En tout cas, pas très alertes mais remuant tout de même, ils demeurent pelotonnés dans le nid sans que l'intrus les sépare et encore moins les incite à sortir ; peut-être sontils simplement ensommeillés. 10 août - Il y a désormais un mois que ce nid est surveillé. Lors de ce contrôle, l'adulte sort du nid et se fige sur une ronce proche de l'entrée, comportement décrit dans la littérature. On en reste là, désireux de limiter le dérangement. 16 août - Le nid est vide, avec son entrée laissée ouverte. On juge donc l'élevage ayant réussi, qui aura pris environ un mois. Bien entendu, la question de savoir si les Muscardins n'auront pas été trop dérangés subsiste après ce constat de départ… 21 août - Un collègue expérimenté passant par là, une nouvelle visite a lieu. Surprise ! Au moins un Muscardin est là ! Un museau doré se montre en effet à l'entrée, considéré être celui d'un jeune. Le nid n'est donc pas totalement déserté. 28 août - Un individu est observé, comme la fois précédente. Le vent a malmené le nichoir qui penche dangereusement mais reste soutenu par quelques ronces. 30 août - Voilà désormais une cinquantaine de jour que le nid est surveillé et il est toujours utilisé par la famille de "Croque-noisettes" : ce jour là, deux sortent et se figent sur les tiges voisines tandis qu'au moins un autre reste dans le nid ; il s'agirait d'un 1 adulte et 2 jeunes, mais sans certitude. 9 octobre - Le nid est vide. 1er novembre - A tout hasard, le sol aux alentours du nichoir est inspecté dans l'espoir de trouver des noisettes rongées par le Muscardin. Peine perdue parmi les feuilles mortes et les ronces en déclin. Or, à la porte d'un nichoir que désormais la végétation moribonde masque très mal, deux yeux dans une frimousse familière observent ce manège ! (photo n°4). Le petit animal sort bientôt et on constate que l'intérieur du nid est vide. Notons qu'à l'arrivée, l'entrée du repaire n'était pas obturée.


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Note sur l'attachement au nid du Muscardin (Muscardinus avellanarius) face à un bouleversement d'environnement

PHOTO 4 01/11/2005

8 novembre - Cette fois l'entrée est quelque peu colmatée. Les grattements du support provoquent l'apparition d'un museau doré. On s'inquiète que le nichoir se soit encore incliné ; il va falloir bientôt intervenir car sinon il tombera. 18 novembre - Le nid est vide ; c'est l'occasion de remettre en place le nichoir. 20 novembre - Dernière visite de l'automne, et le nid demeure vide. On peut avancer que le Muscardin n'hibernera pas dans ce nichoir de fortune finalement exposé aux intempéries, entre autres choses. 7 janvier 2006 - La supposition de la précédente visite se vérifie : il est constaté qu'un Mulot sylvestre occupe le nid au cœur d'un hiver sans douceur. Le Muscardin n'a donc pas été revu au delà du 8 novembre, date qui peut sans doute encore précéder l'entrée en hibernation sous le climat doux du NordCotentin.

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En conclusion, le replacement de ce nid, d'une part dans un nichoir, et, d'autre part, au sein d'un couvert passablement modifié n'a pas été fatal à la famille de Muscardin. L'opération et son suivi se soldent par un succès, preuve que, dans le cas présent, le Muscardin a toléré immédiatement le bouleversement de l'environnement aussi bien que les visites prudentes qui ont été effectuées dans la durée, même si ces visites ont provoqué à plusieurs reprises l'abandon temporaire du nid par l'adulte et/ou les jeunes. Il est d'ailleurs probable que les interventions humaines ont laissé quelques traces olfactives qui n'ont pas pour autant rebuté le Rat d'or. L'attachement de l'adulte à l'égard de ses petits, dès leur plus jeune âge, semble ici assez fort pour contourner ces tracas. On se rappellera qu'à la découverte du nid, il ne contenait que des jeunes et son entrée était soigneusement obturée, très probablement par l'adulte ayant perçu l'arrivée d'un danger, et dont il attendit sans doute qu'il s'éloigne avant de revenir chez lui ; il avait donc " eu le temps " de prendre les précautions qu'on lui sait habituelles. Pour finir, l'ensemble est riche d'informations concernant une espèce très discrète en l'absence de recherches particulières ; à titre d'exemple, il n'y eut qu'une seule donnée de reproduction certifiée obtenue en Normandie sur la période 1991-2001 (GMN, 2004). Références : GROUPE MAMMALOGIQUE NORMAND (GMN), 1988. Les Mammifères sauvages de Normandie : Statut et Répartition. GMN Ed., 276 p. GROUPE MAMMALOGIQUE NORMAND (GMN), 2004. Les Mammifères sauvages de Normandie : Statut et Répartition. 2e ed, GMN Ed., 306 p. HAINARD, R. , 1988.- Mammifères sauvages d'Europe: Pinnipèdes, Ongulés, Rongeurs, Cétacés. Delachaux & Niestlé Ed., Neuchâtel. Paris, 347 p.


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Christophe RIDEAU & Alexandre LEGARDINIER

INVENTAIRE DES

LE PETIT LÉROT N°63

CHIROPTÈRES DANS LES OUVRAGES D'ART BASSINS DE LA SÉE ET DE LA SÉLUNE MANCHE - NORMANDIE

DES

Christophe RIDEAU GMN, Mairie d'Epaignes, 27260 EPAIGNES groupemammalogiquenormand@orange.fr & Alexandre LEGARDINIER RÉSUMÉ L'inventaire des ponts des bassins de la Sée et de la Sélune (sud Manche), effectué en 2000 et 2001, a permis d'obtenir une vision partielle de l'importance de ces ouvrages pour les Chiroptères dans le département de la Manche. Au total, 338 ouvrages ont été contrôlés : 12 étaient occupés par des chauves-souris, 179 présentaient des gîtes potentiellement utilisables et 147 étaient défavorables. Globalement, 127 individus appartenant à 4 espèces ont été identifiés. Le Murin de Daubenton (Myotis daubentoni) était présent sur 10 sites et représente à lui seul 94 % des effectifs, le Grand Murin (Myotis myotis) l'était sur deux sites avec 2 individus, l'Oreillard roux (Plecotus auritus) sur un site avec 5 individus et la Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) sur un site avec un minimum de 10 individus. Un ouvrage accueillait trois espèces et un autre deux. La reproduction du Murin de Daubenton a été prouvée sur deux sites, ce qui constitue les premières colonies de reproduction connues dans le département de la Manche. Ces résultats correspondent à ceux obtenus lors de travaux similaires réalisés en France et au Royaume-Uni, à l'exception du taux d'occupation assez faible (3,55 %) observé ici. Au regard des résultats obtenus, ces ouvrages n'ont pas une importance primordiale pour la conservation des chauves-souris sur ces bassins. Cependant, la préservation des gîtes utilisés peut localement constituer un enjeu majeur pour le Murin de Daubenton. La protection des ouvrages occupés actuellement et de ceux potentiellement favorables serait souhaitable, à travers une campagne de sensibilisation et de formation des personnes chargées de la construction et de l'entretien des ponts. Les ponts à dalots ainsi que ceux en pierre présentent un fort potentiel d'accueil pour les chauves-souris mais ces ponts seront amenés a être remplacés par des ouvrages en béton beaucoup moins favorables. La création de gîtes artificiels intégrés à la structure des ouvrages constituerait un moyen efficace pour pallier la disparition des gîtes actuels. La conservation des milieux adjacents (prairies humides, ripisylves, végétation rivulaire) constitue également un enjeu majeur

pour la sauvegarde des chauves-souris. Mots-clés : Chauves-souris - Inventaire - Ouvrages d'art - Ponts - Réseau hydrographique - Vallées de la Sée et de la Sélune - Conservation. INTRODUCTION Plusieurs études ont montré, tant en Europe qu'aux Etats-Unis, que les ponts sont régulièrement utilisés par les chauves-souris. Qu'il s'agisse de grands ponts aux piles creuses ou de plus petits munis de drains, leurs cavités multiples conviennent à presque toutes les espèces (Arthur & Lemaire, 1999b.). Des prospections sommaires menées en juin 2000 sur la basse vallée de la Sélune et sur deux de ses affluents ont permis de découvrir, au cours de deux demi-journées, 4 ponts occupés par des chauves-souris sur 6 visités. Cette première approche a incité le GMN à poursuivre plus avant les investigations en contrôlant l'ensemble des ouvrages sur les bassins de la Sée et de la Sélune, rivières situées au sud du département de la Manche. L'intérêt de cet inventaire réside dans le fait 1) qu'aucune opération de ce type n'a jusqu'à présent été réalisée en Normandie, 2) qu'il permet d'apporter des connaissances nouvelles sur le peuplement chiroptérologique de ces deux bassins, où il n'existe que peu ou pas de sites d'hibernation connus, et 3) que les résultats obtenus pourraient contribuer à prendre en considération la présence des chauves-souris pour l'application des mesures réglementaires de protection dont bénéficient certains sites. En effet, la vallée de la Sée, de Tirepied à Avranches, ainsi que le bois d'Ardennes (Ducey/50) qui borde la Sélune, appartiennent au réseau Natura 2000, et une grande partie des deux vallées est classée en ZNIEFF de types I et II. Cet article présente les résultats des prospections systématiques effectuées au niveau des ouvrages d'art des deux bassins de juin à août 2001, et commente les potentialités et l'importance des différents types d'ouvrages pour les chauves-souris dans le "contexte écologique" des deux vallées.


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Inventaire des Chiroptères dans les ouvrages d'art des bassins de la Sée et de la Sélune Manche - Normandie

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ZONE D'ÉTUDE

FIGURE 1 LOCALISATION DE LA ZONE D’ÉTUDE ET DES 338 OUVRAGES INSPECTÉS m OUVRAGE SANS PRÉSENCE DE CHAUVE-SOURIS LORS DU CONTRÔLE, g OUVRAGE OCCUPÉ LORS DU CONTRÔLE.

La Sée et la Sélune constituent, avec le Couesnon, les deux principaux fleuves côtiers qui se déversent dans la baie du Mont-Saint-Michel. La Sélune prend sa source à Saint-Cyr-du-Bailleul/50 et possède de nombreux affluents dont les principaux sont la Rivière de St-Jean, la Gueuche, l'Argonce, la Douenne, la Roulante, l'Yvrande, l'Airon, le Lair, le Beuvron, la Cance et l'Oir. De nombreux petits ruisseaux élargissent son bassin versant. Les barrages hydroélectriques du Vezins et de "la Roche qui boit" forment deux lacs de grande superficie pour la région. Les rives de la Sélune possèdent un couvert végétal qui reste relativement préservé dans son ensemble. Les prairies bocagères, les escarpements granitiques au niveau des retenues et de petites étendues cultivées dans la partie amont bordent la rivière. La Sée est de longueur plus modeste puisqu'elle prend sa source à Sourdeval/50 et s'étend sur environ 50 kilomètres. Elle est bordée de prairies alluviales souvent humides et bocagères qui présentent par endroit un intérêt floristique remarquable. Ses affluents consistent essentiellement en de nombreux petits ruisseaux de faible débit. Un réseau routier principalement composé de routes secondaires communales et départementales enjambe les deux rivières et génère la présence de nombreux ouvrages d'art (viaducs, ponts, buses…). PROTOCOLE ET MÉTHODES DE PROSPECTION Localisation et sélection des ponts Les ouvrages d'art ont été localisés sur la base des car-

tes au 1/25000e de l'Institut Géographique National couvrant la zone des bassins versants de la Sée et de la Sélune ; à cette échelle, la plupart des structures sont reportées. Dans le cadre de l'étude, seuls les ouvrages enjambant les voies d'eau ont été retenus. Les constructions d'une hauteur sous voûte inférieure à 0,5 mètre ont été écartées puisque celles-ci s'avèrent très malcommodes à contrôler et que, d'après la bibliographie, les Chiroptères ont besoin pour s'envoler d'une hauteur plus importante entre la sortie du gîte et la surface de l'eau. Pour des raisons techniques, les ouvrages d'une hauteur supérieure à 7 m n'ont pas été visités car il est très difficile, voire impossible dans certains cas avec nos moyens, d'inspecter les gîtes lorsqu'ils sont visibles. Il en fut de même pour ceux traversant des voies d'eau trop profondes et nécessitant l'emploi d'une embarcation. L'utilisation des ouvrages (voie ferroviaire, route, chemin..) ainsi que la taille du cours d'eau n'ont pas été pris en compte dans la sélection et donc l'intégralité du réseau hydrographique a été prospecté. D'après la littérature, tous les types de ponts peuvent être occupés s'ils offrent des gîtes convenables pour les chauves-souris. Le type et les matériaux de construction utilisés n'ont donc pas été retenus comme critères de sélection. Méthode de prospection La méthode de prospection retenue est simple et s'appuie sur des travaux similaires réalisés en France et en Europe (Kunz, 1982 ; Malafosse, 1988 ; Chamarat, 1988,


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Christophe RIDEAU & Alexandre LEGARDINIER

1991 ; Rydell et al., 1994 ; Billington & Norman, 1997 ; Arthur & Lemaire, 1999a). Le principe consiste à visiter l'ensemble des ouvrages d'art présents sur le cours de la rivière, anciens et récents, à l'aide de lampes puissantes, d'un jeu de miroirs, de bottes ou de cuissardes. Les chauves-souris peuvent se loger dans des espaces très réduits au sein de la structure du pont : disjointements entre des briques, joints de dilatation, drains du tablier… que ce soit au niveau des voûtes, les corniches d'habillage et les piles pour les grands ouvrages. Les prospections ont été effectuées en grande partie par Alexandre LEGARDINIER, stagiaire au Groupe Mammalogique Normand, dans le cadre de l'obtention de son diplôme de Brevet de Technicien Supérieur de " Gestion et Protection de la Nature ", spécialité Gestion des Espaces naturels, effectué au Lycée Agricole de Sées/61. Relevés Les caractéristiques de chaque ouvrage ont été consignées sur fiche papier afin de faciliter la prise de notes sur le terrain par l'observateur, de faciliter l'analyse des résultats et de définir une typologie des ponts les plus favorables pour les Chiroptères dans ce secteur. La fiche comprend : les coordonnées précises de l'ouvrage (département, commune, lieu-dit, références de voirie) ; la date de la première visite ; le type de l'ouvrage (buse, pont à dalots, en tôle, en brique, en béton…) ; le revêtement de la voûte prime sur la composition globale de l'ouvrage ; le mode d'utilisation de l'ouvrage (route, chemin, voie ferrée) ; le nombre d'arches ; la hauteur de la voûte et des gîtes par rapport au niveau d'eau lors de la visite ; la présence / absence de gîtes, potentiels ou utilisés, ainsi que leur nature (drain, disjointement, fissure…) ; la présence / absence de Chiroptères, scindée en 7 catégories : présence hivernale, estivale, en reproduction, en transit, possible, potentielle et nulle ; le milieu dominant dans un périmètre d'environ 500 m autour de l'ouvrage (bocage et prairies permanentes, boisements, cultures, zone bâtie, zone humide, autre) ; une grille d'inventaire et de suivi des espèces présentes (date, technique d'observation, effectifs…). L'utilisation diurne du ou des gîtes présents dans l'ouvrage par les chauves-souris est avérée lorsque les animaux sont visibles ou entendus, lorsque des taches caractéristiques d'urine ou de graisse témoignent du passage régulier des animaux à l'entrée du gîte, lorsque du guano (déjections) est présent dans ou sous les gîtes et lorsque des pupes de nyctéribies (Nycteribiidae), ectoparasites spécifiques des chauves-souris, sont observées sur les parois du gîte (cf. Roberts, 1989, et Mitchell-Jones,

1989). RÉSULTATS Les résultats présentés ont été obtenus au cours de l'été 2001, du 10 juin au 15 août, et complétés par les inventaires préliminaires effectués précédemment au cours du mois d'août 2000. Au total, 338 ouvrages ont ainsi été contrôlés (Fig. 1). Types et occupation des ouvrages Sur les 338 ouvrages inspectés, 52,95 % étaient considérés comme offrant des gîtes potentiels et 3,55 % étaient occupés par des chauves-souris lors de la visite (Tableau 1). Les ouvrages possédant des gîtes a priori très favorables ont été contrôlés à plusieurs reprises durant la période de prospection. Certains ouvrages peuvent être occupés lors des repos nocturnes mais ceci s'avère souvent difficile à déceler en l'absence d'indices probants. Catégorie Défavorable

Nombre d'ouvrages 147

Fréquence (%) 43,50

179 12 338

52,95 3,55 100

Potentiel Occupé Total

TABLEAU 1 RÉPARTITION DES OUVRAGES CONTRÔLÉS PAR CATÉGORIE

Espèces rencontrées Dans la plupart des sites occupés, les animaux ont pu être observés directement et identifiés avec certitude. Quatre espèces ont été contactées au cours de la période estivale pour un total de 127 individus (Tableau 2). Le Murin de Daubenton (Myotis daubentoni) représente l'espèce la plus fréquemment rencontrée. Dans la plupart des cas, les sites sont occupés par une seule espèce. Seuls, deux ouvrages accueillaient au moins deux espèces. Espèces Murin de Daubenton (Myotis daubentoni) Oreillard roux (Plecotus auritus) Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) Grand murin (Myotis myotis) Total

Nombre Fréquence de ponts (%) 10

71,4

1

7,1

1

7,1

2

14,4

14

100

TABLEAU 2 NOMBRE DE PONTS OCCUPÉS PAR ESPÈCE


Inventaire des Chiroptères dans les ouvrages d'art des bassins de la Sée et de la Sélune Manche - Normandie

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Type d'ouvrage

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Défavorables

F (%)

Potentiels

F (%)

Occupés

F (%)

Total

F (%)

Buse béton

3

2,0

7

3,9

0

0

10

3

Voûte tôlée

2

1,4

0

0

0

0

2

0,6

Pierre

64

43,5

38

21,2

3

25

105

31,1

Pierre & Dalots

17

11,6

121

67,6

8

66,7

146

43,2

Pierre & Brique

5

3,4

3

1,7

1

8,3

9

2,6

Pierre & Béton

16

10,9

4

2,2

0

0

20

5,9

Brique

5

3,4

1

0,5

0

0

6

1,8

Béton

29

19,7

5

2,9

0

0

34

10

Béton & Acier

6

4,1

0

0

0

0

6

1,8

147

100

179

100

12

100

338

100

Total

TABLEAU 3 DÉTAIL DES TAUX D'OCCUPATION DES OUVRAGES CONTRÔLÉS, PAR TYPE DE CONSTRUCTION.

Typologie des ouvrages et occupations L'ensemble des ouvrages contrôlés a été classé en 9 catégories d'après la structure et les matériaux utilisés. La caractérisation de chaque structure est parfois difficile lorsque plusieurs matériaux ont été utilisés pour sa construction, lors de l'entretien et des réfections successives. Le béton est actuellement le matériau le plus utilisé dans la construction et la restauration de ces ouvrages. Remarques sur les types d'ouvrages : Les buses en béton de grand diamètre (>1m) offrent des disjointements d'assemblage et sont parfois équipées de drains. Les ouvrages possédant une voûte métallique en tôle ondulée n'offrent aucun gîte potentiel. Les ouvrages en pierre peuvent présenter plusieurs types de gîtes (drains, fissures, disjointements entre les pierres) liés principalement à la dégradation du mortier.

Les ouvrages en pierre et dalots sont constitués de dalots en granit disposés sur des montants en pierre offrant un espace particulièrement favorable entre chaque dalot. Les ponts en brique sont relativement peu fréquents et comportent quelques cavités, souvent peu profondes, sous forme de drains ou de disjointements. Les ponts en pierre et béton n'offrent que peu ou pas de gîtes potentiels. Les ponts en brique et ceux en béton et acier, généralement dépendants de la SNCF, ne présentent pas de cavités favorables car les matériaux sont très résistants et les ouvrages régulièrement entretenus. Les ponts en béton sont coulés par coffrage et ne présentent aucun intérêt pour les chauves-souris, en tout cas pour ceux contrôlés ici. Les ouvrages en pierre et dalots et en pierre seule représentent 74,3 % des ponts du secteur d'étude. Les premiers offrent le plus grand nombre de gîtes et sont également les plus occupés par les Chiroptères. Les ouvrages en pierre et béton, en béton et brique n'offrent que peu de gîtes potentiels et sont dans l'ensemble défa-

Buse Voûte Pierre Pierre Pierre Béton Pierre Brique Béton Total Béton métallique Dalots Brique Béton Acier Myotis daubentoni

-

-

23

86

1

-

-

-

-

110

Myotis myotis

-

-

-

1

1

-

-

-

-

2

Pipistrellus pipistrellus

-

-

>10

-

-

-

-

-

-

>10

Plecotus auritus

-

-

-

5

-

-

-

-

-

5

Total

0

0

>33

92

2

0

0

0

0

127

TABLEAU 4 EFFECTIFS DE CHAQUE ESPÈCE DE CHAUVES-SOURIS RENCONTRÉES, PAR TYPE D'OUVRAGE


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LE PETIT LÉROT N°63

Christophe RIDEAU & Alexandre LEGARDINIER

Hauteur des ouvrages Ouvrages F (%) Ouvrages F (%) Nbre F (%) F (%) F (%) par classes de taille occupés disponibilité potentiels disponibilité 0,5 - 1 m

137

40,5

2

17,7

1,5

94

52,5

68,6

1-2m

143

42,3

7

58,3

4,9

72

40,2

50,3

2-3m

35

10,4

1

8,3

2,9

10

5,6

28,6

>3m

23

6,8

2

16,7

8,7

3

1,7

13,0

Total

338

100

12

100

3,55

179

100

53,0

TABLEAU 5 HAUTEUR DES OUVRAGES ET TAUX D'OCCUPATION

vorables. Les buses en béton, bien que présentant des disjointements considérés comme potentiellements favorables, ne sont pas occupées, probablement en raison de leur faible diamètre. Les ouvrages à voûte métallique et en béton et acier sont dénués d'intérêt pour les chauves-souris. Le Murin de Daubenton est également la chauvesouris la plus abondante, tous types d'ouvrages confondus. Cette espèce affectionne particulièrement les ponts en pierre et à dalots où les groupes observés pouvaient atteindre 41 individus dans l'un des ouvrages. Ce site accueille d'ailleurs la plus grande colonie de reproduction de l'espèce connue en Normandie.

Les ponts à voûte comprise entre 1 et 2 m sont construits, dans leur majorité, en pierre et dalots et comportent une ou deux arches. Ils offrent une forte disponibilité en gîtes pour les chauves-souris. De même, les grands ouvrages possèdent généralement plus de deux arches ce qui augmente la probabilité qu'un gîte favorable existe et soit occupé au sein de la structure. La largeur des ouvrages ne semble pas affecter la présence de chauves-souris à l'exception peut-être des ponts à dalots où, indirectement, la largeur détermine le nombre de dalots utilisés pour la construction de l'ouvrage. Par conséquent, plus l'ouvrage est large, plus le nombre d'espaces inter-dalots est élevé et plus il existe d'espaces potentiellement favorables à l'installation des animaux.

ent

La présence des autres espèces demeure très marginale. Le Grand Murin (Myotis myotis) a été rencontré à deux reprises dans un drain et une fissure profonde. Un groupe de Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) estimé à une dizaine d'individus, et dont l'identification a été vérifiée à l'aide d'un détecteur d'ultrasons lors de l'envol des animaux à la sortie du gîte, occupe la cavité du système de drainage. Un groupe d'Oreillard roux (Plecotus auritus) occupe irrégulièrement une fissure d'un petit pont en pierre situé dans le bois d'Ardennes (Ducey/50).

Sur l'ensemble, 83 % des ponts disponibles possèdent une hauteur de voûte inférieure à 2 m par rapport au niveau d'eau. Ceux de taille supérieure ne représentent que 17,2 %. Les plus utilisés sont ceux d'une hauteur comprise entre 1 et 2 m. Cependant, si l'on compare le taux d'occupation des différents types d'ouvrages en fonction de leur disponibilité, le taux le plus élevé s'observe pour ceux de plus de 3 mètres de hauteur sous voûte avec 8,7 % de ponts occupés sur 23 disponibles contre seulement 4,9 % pour les ouvrages compris entre 1 et 2 m.

F (%) Fissure F (%) Corniche F (%) Aucun F (%)

Dis

join

Drain F (%) Type d’ouvrage

tem

Type de gîte

Buse béton

2

15,4

7

3,5

-

-

-

-

3

2,5

Voûte tôlée

-

-

-

-

-

-

-

-

2

1,7

Pierre

2

15,4

42

20,8

9

75,0

-

-

57

47,1

Pierre & dalots

-

-

143

70,8

1

8,3

-

-

2

1,7

Pierre & briques

4

30,8

2

1,0

-

-

-

-

3

2,5

Pierre & béton

-

-

2

1,0

2

16,7

-

-

16

13,2

Brique

1

7,7

1

0,5

-

-

-

-

4

3,3

Béton

4

30,8

5

2,5

-

-

5

100

28

23,1

Béton & acier

-

-

-

-

-

-

-

-

6

5,0

Total

13

100

202

100

12

100

5

100

121

100

TABLEAU 6 RÉPARTITION DES TYPES DE GÎTES PAR CATÉGORIE D’OUVRAGES


Inventaire des Chiroptères dans les ouvrages d'art des bassins de la Sée et de la Sélune Manche - Normandie

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Types de gîtes Quatre types de gîtes présents dans les ouvrages ont été identifiés (Tableau 6). Les disjointements, gîtes les plus fréquents (59,8 %), s'observent en majorité dans les ouvrages en pierre et dalots, entre les moellons de granit disposés parallèlement, et plus rarement dans les ponts en pierre, pour lesquels le mortier s'effrite avec le temps et offre ainsi quelques cavités potentielles. Les drains (3,6 %) se rencontrent dans les ponts de grande taille et dans quelques buses en béton. Dans le cas des grands ponts, il est difficile de constater la présence de chauvessouris en raison de la profondeur du système de drainage. Néanmoins, la présence de toiles d'araignées, de taches d'urine ou de guano permettent de savoir si le drain est occupé ou non au moment de la visite et lors des jours précédents. Les fissures sont plus rares (3,6 %) et souvent trop peu profondes pour accueillir des chauvessouris. Les corniches, présentes uniquement sur les grands ouvrages en béton, constituent ici des gîtes potentiels marginaux (1,5 %). Cependant, la plupart des ouvrages ne comportent aucun gîte. Utilisation des ouvrages Les ponts ont été classés d'après leur utilisation (Tableau 7). La majorité a été érigée pour le passage du réseau routier (89,1 %). Les chemins, d'exploitation et de randonnée, ainsi que les voies ferrées ne constituent respectivement que 5,9 % et 4,1 % de l'utilisation des ouvrages. Enfin, 3 d'entre eux avaient une fonction ancienne indéterminée. Les ouvrages et les milieux environnants

Type de voie Voie Route Chemin Autre Total Type d’ouvrage ferrée Buse béton

10

-

-

-

10

Voûte tôlée

2

-

-

-

2

Pierre

94

4

6

1

105

Pierre & dalots

140

5

-

1

146

Pierre & briques

9

-

-

-

9

Pierre & béton

18

1

-

1

20

Brique

3

-

3

-

6

Béton

24

9

1

-

34

Béton & acier

1

1

4

-

6

Total

301

20

14

3

338

TABLEAU 7 UTILISATION PAR TYPE D’OUVRAGE

page 11

Le milieu dominant présent à proximité de chaque ouvrage a été relevé parmi quatre catégories prédéfinies (Tableau 8). Le bocage, composé de prairies permanentes ou Milieu Type d’ouvrage

Bocage Boisements Cultures

Milieu bâti

Buse béton

10

-

-

-

Voûte tôlée

2

-

-

-

Pierre

97

2

9

21

Pierre & dalots

140

8

3

13

Pierre & briques

8

1

1

-

Pierre & béton

18

-

-

3

Brique

6

-

-

1

Béton

31

-

-

10

Béton & acier

6

-

-

-

Total

318

13

13

48

TABLEAU 8 CARACTÉRISTIQUES SOMMAIRES DES MILIEUX ENVIRONNANT LES OUVRAGES

améliorées, constitue l'entité paysagère la plus présente dans le sud-ouest de la Manche. Par conséquent, il n'est pas surprenant de constater que 94,1 % des ouvrages se situent dans ce contexte environnemental pour seulement 3,8 % à proximité des cultures et des boisements. Pour le reste, 14,2 % des ouvrages se trouvent dans les villages, souvent situés sur les bords de cours d'eau. Aucune corrélation, positive ou négative, n'a pu être établie entre l'occupation des ouvrages et le milieu dominant en raison du faible nombre d'ouvrages occupés. De plus, le niveau de précision de la description du milieu s'est avéré insuffisant. Il serait nécessaire de détailler les caractéristiques de l'occupation du sol, la longueur du linéaire de haies, la distance précise des boisements… Cependant, les ponts occupés sont regroupés dans le secteur de Ducey, à proximité du bois d'Ardennes et des marais de la basse Sélune, ainsi qu'en amont de Brécey sur la Sée. La superficie en zones boisées disponible pour les chauves-souris dans ces deux secteurs s'avère sensiblement plus élevée que dans les autres secteurs possédant des gîtes potentiels sous les ponts. ANALYSE COMPARÉE DES RÉSULTATS Taux d'occupation des ouvrages Le taux d'occupation des ponts sur la Sée et la Sélune s'avère très faible (3,5 %) par rapport à la disponibilité en gîtes dans les ouvrages puisque 53 % des ponts disposent


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terrains et à ceux occupés dans les constructions humaines (Kunz, 1982 ; Lewis, 1995 pour revue).

de gîtes potentiels, soit plus d'un pont sur deux. Dans le Limousin, sur 376 ouvrages visités, le taux d'occupation atteint 20,2 % (Chamarat, 1988, 1991) mais cette région comporte beaucoup de vieux ponts en pierre très favorables. Outre-Manche, Billington & Norman (1997) constatent sur 2555 ouvrages un taux d'occupation de 12 % alors que dans le Cher, Arthur & Lemaire (1999) obtiennent un taux d'occupation de 7 % sur 1700 ouvrages.

Chamarat (1988, 1991, 1994) a contacté 10 espèces de chauves-souris en Haute-Vienne, Billingon & Norman (1997) 8 espèces en Angleterre, et Arthur & Lemaire (1999) 9 dans le Cher. Dans tous les cas, le Murin de Daubenton occupe le plus fréquemment les ponts et représente plus de 70 % des effectifs. Le Murin de Natterer (Myotis nattereri) est la seconde espèce la plus contactée dans les autres inventaires. Viennent ensuite en France, le Grand Murin (Myotis myotis), l'Oreillard roux (Plecotus auritus), l'Oreillard gris (Plecotus austriacus), la Barbastelle (Barbastella barbastellus) principalement en hiver, le Murin à moustaches (Myotis mystacinus), la Noctule commune (Nyctalus noctula) dans les ponts très hauts, les pipistrelles (Pipistrellus spp.), le Murin de Bechstein (Myotis bechsteini) et les rhinolophes (Rhinolophus spp.) plus occasionnellement. Il est ici fait abstraction des grands viaducs pouvant accueillir toutes les espèces ou presque.

La période de prospection pourrait expliquer le résultat plus faible obtenu dans le sud de la Manche. En effet, ces ouvrages semblent êtres occupés préférentiellement au printemps et en automne en tant que sites intermédiaires entre les sites d'hibernation et de reproduction (Malafosse, 1988 ; Chamarat, 1988, 1991 ; Arthur & Lemaire, 1999a). Les regroupements observés correspondaient pour le Murin de Daubenton à des sites de reproduction, à des regroupements de mâles ou de juvéniles, et à des mâles solitaires. A l'avenir, une visite de l'ensemble des ouvrages occupés et possédant des gîtes potentiels à ces périodes devrait permettre d'obtenir un taux d'occupation plus élevé et de découvrir peut-être que d'autres espèces occupent ces ouvrages. Des contrôles plus réguliers effectués en 2004 sous un pont du bois d'Ardennes ont permis de révéler la présence du Murin de Natterer (Myotis nattereri) et du Murin à moustaches (M. mystacinus) en compagnie de groupes d'Oreillard roux (Plecotus auritus) et de Murin de Daubenton (M. daubentoni).

La faible diversité spécifique observée dans cet inventaire s'explique probablement par le choix de la période de visite des ouvrages et par la faible disponibilité en milieux forestiers qui constitueraient, au printemps et en automne, des zones de chasse primordiales pour la plupart des espèces.

Espèces et effectifs présents

Sur l'ensemble des ponts occupés, l'effectif moyen dénombré lors de la visite est de 9,8 individus par pont (Tableau 9) alors qu'il est de 8,7 individus dans le Cher (Arthur & Lemaire, 1999a) et de 1,7 individus en Cumbria (Billington & Norman, 1997). Cette forte valeur s'expliquerait également par le fait que les rassemblements rencontrés en période estivale concernent principalement des colonies de femelles en reproduction, d'effectifs souvent supérieurs aux regroupements

Sur les quatre espèces contactées sous les ponts, le Murin de Daubenton (Myotis daubentoni) est l'espèce la plus fréquente et représente 94 % des effectifs toutes espèces confondues. La reproduction de cette espèce a été confirmée sur deux sites, utilisés probablement de longue date d'après les traces observées sur le substrat. Les Chiroptères s'avèrent très fidèles à leurs gîtes souInventaire Sée-Sélune Période

Inventaire Cher

Inventaire Limousin

Inventaire Cumbria (UK)

juin à août mars à octobre mars à octobre juin à décembre 2001 1987 à 1999 1985 à 1987 1996

Nombre d’ouvrages visités

338

1700

376

2555

Taux d’occupation

3,6 %

7%

20,2 %

12 %

Effectif moyen des ponts occupés

9,8 ind/pont

8,7 ind/pont

?

1,7 ind/pont

Diversité spécifique

4

9

8

8

Espèce dominante

Murin de Daubenton

TABLEAU 9 SYNTHÈSE COMPARATIVE DES RÉSULTATS OBTENUS DANS CETTE ÉTUDE ET DES TRAVAUX SIMILAIRES


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Inventaire des Chiroptères dans les ouvrages d'art des bassins de la Sée et de la Sélune Manche - Normandie

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FIGURE 2 DIFFÉRENTS TYPES DE GÎTES DANS LES OUVRAGES MODERNES

transitoires et aux rassemblements de mâles.

un élément important pour la conservation de cette espèce.

Cas particulier du Murin de Daubenton Le Murin de Daubenton représente la majorité des chauves-souris identifiées sous les ponts. Cette espèce consomme essentiellement des petits diptères, trichoptères, éphéméroptères (Vaughan, 1997 pour revue), qu'elle capture typiquement à la surface de l'eau. Sa répartition est fonction du réseau hydrographique et des points d'eau, même de faible superficie. Elle évolue également en milieux bocagers et forestiers, notamment au printemps et en automne, parfois loin des cours d'eau (Bogdanowicz, 1994, pour revue). De nombreux auteurs suggèrent que les gîtes offerts par les ponts présentent une grande importance pour cette espèce. Roberts (1989) considère que les ponts représentent les gîtes les plus importants pour le Murin de Daubenton dans le nord Yorkshire (Angleterre), et MacAney (1992) conclut en Irlande, où 200 gîtes de Murin de Daubenton sont connus, que cette espèce occupe presque exclusivement les ponts. Les colonies les plus importantes concernent généralement des femelles en reproduction bien que de grands rassemblements de mâles soient connus en été et en automne (Swift, 1996), notamment sous les ponts (Schober & Grimmberger, 1991). Un suivi régulier des sites occupés s'avère nécessaire afin de connaître la nature des rassemblements observés, en constatant la présence de juvéniles ou en capturant quelques individus au filet lors de la sortie du gîte. Dans deux cas, la reproduction a été prouvée à Saint-Aubin-de-Terregate et à Cure, près de Brécey. En zone continentale, les colonies de reproduction semblent principalement se trouver dans les cavités arboricoles (Nyholm, 1965 in Speakman, 1991 ; Schober & Grimmberger, 1991). Cependant, la rareté des boisements, les conditions climatiques et la position géographique du département de la Manche laissent à penser que les caractéristiques des populations normandes sont à rapprocher de celles d'0utre-Manche. Il se peut donc que les ouvrages d'art constituent localement

Les deux colonies de reproduction de Murin de Daubenton découvertes au cours de cet inventaire constituent les seules connues actuellement en Normandie (GMN, données non publiées). Localisation et caractéristiques des ouvrages occupés Les ouvrages occupés se concentrent dans deux secteurs aux alentours de Ducey sur la Sélune et de Brécey sur la Sée. L'élargissement des rivières, la présence de ponts plus hauts et comportant plusieurs arches ainsi que la proximité de secteurs forestiers pourraient expliquer le regroupement des sites occupés. Les ponts occupés comportent en général de nombreux espaces entre les dalots, des fissures et des drains. La profondeur, le plus souvent comprise entre 250 et 650 millimètres, constitue une caractéristique commune à ces trois types de gîtes. Des cavités peu profondes (< à 250 mm) et de largeurs inférieures à 350 mm ne semblent pas utilisées. Ces choix correspondent aux exigences rencontrées ailleurs dans des ouvrages similaires (Billington & Norman, 1997 ; Arthur & Lemaire, 1999b). Sur les deux sites où la reproduction du Murin de Daubenton a été prouvée, les disjointements entre dalots sont nombreux et semblent être occupés par alternance. Lors d'une inspection précise des disjointements non occupés le jour de la visite mais présentant des traces marquées de fréquentation, de nombreuses pupes de nyctéribies et des acariens ont été observés sur les parois. Un des facteurs à l'origine du changement régulier de gîte de reproduction chez des espèces arboricoles et cavernicoles semble être la surcharge parasitaire observée dans les gîtes (Wolz, 1986 in Masson, 1999). Le nombre de gîtes favorables disponibles par pont pourrait également conditionner l'installation et la fidélité au site des colonies de reproduction. Lorsque celui-ci est élevé, les animaux pourraient régulièrement changer de disjointement afin de limiter le parasitisme, notamment


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accès

accès

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pas d’accès

FIGURE 3 GÎTES POTENTIELS SUR LA VOÛTE D’UN PONT EN PIERRE. L’ÉLARGISSEMENT DE L’OUVRAGE A PERMIS DE CRÉER UN ESPACE FAVORABLE. LE MORTIER EN BÉTON UTILISÉ SUR LA NOUVELLE PARTIE NE LAISSE PAS DE DISJOINTEMENTS PROPICES. (EXTRAIT DE MITCHELL-JONES & MCLEISH, 2004)

chez les juvéniles.

COMMENTAIRES ET PERSPECTIVES DE CONSERVATION Les espèces rencontrées confirment les résultats trouvés dans d'autres régions. Le taux d'occupation global est faible mais devrait, si les prospections étaient réalisées sur une année, se rapprocher de ceux obtenus dans les autres études. Les ponts disponibles sur les bassins de la Sée et de la Sélune offrent un fort potentiel d'accueil pour les chauves-souris. Il est probable, en raison des températures fraîches rencontrées au fond des fissures et des cavités, qu'un grand nombre d'ouvrages potentiels soient utilisés en tant que gîtes de transition au printemps, entre la période d'hibernation et de reproduction, et en automne, avant la période d'hibernation. Sous des climats tempérés, certaines espèces de chauves-souris recherchent des températures fraîches avant et après la période de reproduction afin d'entrer en léthargie diurne et ainsi économiser de l'énergie (Kunz, 1982). L'absence de ripisylves sur la partie amont de la Sélune ainsi que sur la partie aval de la vallée de la Sée pourrait expliquer le taux d'occupation, quasiment nul, observé en période de reproduction. Les résultats obtenus ici ne peuvent cependant pas être extrapolés à l'ensemble de la Normandie. En effet, chaque entité biogéographique dispose d'un parc de ponts variable avec des conceptions et des matériaux différents. Les ponts à dalots présents dans le sud du département de la Manche possèdent une structure très favorable mais leur avenir est incertain. Pour des raisons financières, ils seront peu à peu remplacés par des dalles béton ou des buses. Il serait intéressant, lors du coulage de nouvelles dalles, de mettre en place des gîtes artificiels (cf. Arthur & Lemaire, 1994) qui apporte-

raient des résultats probants. Au regard des résultats obtenus, le peu de ponts occupés sur le cours de la Sée, de la Sélune et de leurs affluents ne confère pas à ce type d'ouvrage une importance primordiale pour la conservation des chauves-souris. Cependant, la préservation de ces gîtes peut localement constituer un enjeu majeur. Par conséquent, il serait souhaitable de protéger en priorité les gîtes occupés et les gîtes potentiels. L'obturation des disjointements et des fissures ainsi que la reconstruction de certains ouvrages en béton constituent les principales menaces. Il faudrait contacter les services de la Direction Départementale de l'Equipement et les communes, chargés de l'entretien des ouvrages, pour intervenir en amont des travaux. Les équipes d'intervention ne sont pas formées à la conservation des Chiroptères et n'ont aucune consigne à ce sujet. Les techniques utilisées (projection de béton sur les piles et les voûtes, enduits de bétons qui remplacent les vieux mortiers..) s'avèrent particulièrement néfastes pour les Chiroptères qui meurent parfois dans le gîte. Il serait donc souhaitable de procéder à des contrôles réguliers de l'occupation des ponts devant être soumis à des travaux de réfection. Si la nature des cavités n'est pas considérée comme un facteur de risque pour la pérennité de l'ouvrage, il serait possible de les conserver. Une visite systématique des ouvrages dont la réfection est programmée pourrait permettre de localiser par marquage les gîtes à conserver pour les Chiroptères. En revanche, si la nature des cavités menace l'ouvrage, il serait possible de reporter la date d'intervention des travaux afin d'attendre le départ des animaux soit en fin de saison, soit en obturant l'entrée du gîte après le départ nocturne des animaux. Plusieurs techniques testées existent pour évacuer les hôtes des cavités (manchon en polyane, capture au filet…) mais elles sont à proscrire en présence de jeunes.


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Inventaire des Chiroptères dans les ouvrages d'art des bassins de la Sée et de la Sélune Manche - Normandie

Aménagement des nouveaux ouvrages Les ponts existants ne font pas toujours l'objet d'une réfection. Lorsqu'ils sont trop dégradés ou que les voies les empruntant sont modifiées, les ouvrages sont généralement détruits puis remplacés. L'intégration de gîtes artificiels dans les nouvelles constructions serait donc possible. Pour remplacer les cavités de drainage, de moins en moins utilisées dans les nouveaux ouvrages, différents types de gîtes peuvent être intégrés dans la structure du pont. Leur incorporation dans le coffrage en béton apporte au gîte une stabilité thermique très favorable aux chauves-souris (cf. Arthur & Lemaire, 1994, 1999a&b). De volume variable, ces gîtes peuvent accueillir des colonies d'effectif important. Il existe également des solutions simples et peu onéreuses à réaliser pour créer des gîtes artificiels. Un faux disjointement peut, par exemple, être créé en ôtant une planche de bois ou de polystyrène logée préalablement dans le coffrage. Sur les nouveaux ouvrages, le colmatage des corniches par injection de béton est un procédé coûteux et sans utilité. Il serait possible d'abandonner cette opération et de sauvegarder ainsi des gîtes potentiels. La pérennité du potentiel d'occupation des ouvrages d'art par les Chiroptères dépend de la sensibilisation et de la formation des personnes chargées de la construction et de l'entretien des ponts. PROTECTION DES ESPACES NATURELS L'occupation des ponts par les chauves-souris doit également être mise en relation avec la disponibilité en proies des milieux naturels proches. La conservation de zones de chasses favorables aux Chiroptères le long du réseau hydrographique s'avère également primordiale pour espérer leur maintien. La disparition des ripisylves, des prairies humides permanentes au profit des prairies drainées améliorées et des cultures, notamment de la maïsiculture, l'entretien excessif des milieux rivulaires, la disparition des zones marginales à végétation buissonnante, l'utilisation abusive de produits phytosanitaires sont autant d'éléments qui conduisent à la banalisation et à la disparition progressive de l'entomofaune ainsi que des gîtes potentiels pour les Chiroptères (Kunz, 1982 ; Schober & Grimmberger, 1991 ; Roué & Barataud [coord], 1999 ; Arthur & Lemaire, 1999b). CONCLUSION La visite de 338 ouvrages d'art présents sur les cours de la Sée, de la Sélune et de leurs affluents a permis de découvrir 12 ponts occupés par des Chiroptères

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appartenant à quatre espèces différentes. Les types d'ouvrages présents possèdent un fort potentiel d'accueil, notamment les ponts à dalots en granit et les ponts en pierre, mais ils semblent malgré tout peu fréquentés. Ce faible taux d'occupation s'explique peut-être par l'absence de zones forestières dans ce secteur de la Manche et la rareté des ripisylves sur les deux bassins. Les ponts occupés se regroupent dans deux secteurs et abritent un minimum de deux colonies de reproduction de Murin de Daubenton (M. daubentoni). La nature des autres rassemblements de Murin de Daubenton devrait être déterminée ultérieurement. Des prospections complémentaires aux périodes intermédiaires, c'est à dire de mars à mai et de septembre à novembre, plus favorables, permettraient de découvrir si les ponts possédant des gîtes potentiels sont utilisés et par quelles espèces. En terme de conservation, il conviendrait de protéger en priorité les sites qui accueillent les rassemblements d'effectifs importants et ceux où la reproduction est prouvée. Il conviendrait également de surveiller la réfection des ponts possédant des gîtes potentiels et éventuellement de favoriser la création de gîtes dans les nouveaux ouvrages en prenant contact avec la Direction Départementale de l'Equipement. La conservation des prairies humides et des ripisylves, principales zones de chasse des chauves-souris, s'avère également indispensable. Des études similaires pourraient être réalisées dans d'autres secteurs de la Normandie afin de confirmer ou d'infirmer le faible taux d'occupation observé puisque les matériaux utilisés et les types de ponts diffèrent d'un " pays " à l'autre. REMERCIEMENTS Cet inventaire n'aurait pu être réalisé sans l'aide des bénévoles du Groupe Mammalogique Normand et sans l'aide financière de l'Agence de l'Eau Seine-Normandie, direction Bocages Normands. Merci également à François Leboulenger, Dominique Benoist et Karine Gilain pour la relecture critique du manuscrit. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ARTHUR, L. & LEMAIRE, M. (1994) - Résultats des premiers aménagements d'ouvrages d'art pour les Chiroptères dans le département du Cher. Gestion et protection des chauves-souris : de la connaissance aux aménagements. Assoc. Fr. Ingénieurs Écologues, 45-50. ARTHUR, L. & LEMAIRE, M. (1999a) - Relations entre les ponts et les Chiroptères en dehors de la période d'hibernation dans le département du Cher. Arvicola, 11(1) : 13-19. ARTHUR, L. & LEMAIRE, M. (1999b) - Les Chauves-


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Adresses utiles

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LE PETIT LÉROT N°63

Inventaire des Chiroptères dans les ouvrages d'art des bassins de la Sée et de la Sélune Manche - Normandie

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ADRESSES UTILES Siège social du GMN et adresse postale :

Fiches d'observations à envoyer à :

GMN GMN GMN Mairie d'Epaignes Mairie d'Epaignes Mairie d'Epaignes Place de I'Eglise Place de I'Eglise Place de l'Église 27260 ÉPAIGNES 27260 ÉPAIGNES 27260 ÉPAIGNES ' 02 32 42 59 61 ' 02 32 42' 5902 6132 42 59 61 Courriel : groupemammalogiquenormand@orange.fr Courriel : groupemammalogiquenormand@orange.fr courriel : groupemammalogiquenormand@orange.fr Président : François MARCHALOT 8 rue des Cordeliers 27500 PONT-AUDEMER ' 02 32 42 76 17 Vice-président(e)s : Basse-Normandie : Roald HARIVEL Le Casier 61210 LA FORÊT AUVRAY ' 06 20 13 74 77 Haute-Normandie : Aurélie LEMESLE 8 rue des Cordeliers 27500 PONT-AUDEMER ' 02 32 42 76 17 Secrétaire : Dominique BENOIST 810 rue du Quesnay 76160 PREAUX ' 02 35 61 23 50 Secrétaire-adjoint : Laetitia FAINE La Cavelière 14220 CULEY-le-PATRY ' 06 21 69 28 10

Responsable mammifères marins : Roland JAMAULT (coordonnées du GMN) Coordonnateur chiroptères Basse-Normandie : Emmanuel PARMENTIER 28 rue Doncaville 50760 VALCANVILLE ' 06 82 19 11 07 Coordonnateur chiroptères Haute-Normandie : Christophe RIDEAU Le Cour Mabon 14590 OUILLY-du-HOULEY ' 02 31 63 97 43 Petit Lérot : François LEBOULENGER Hameau le Beau Soleil 1104 Route de la Crique 76110 Bretteville du Grand Caux ' 02 35 98 00 75 Lettre du Petit Lérot : Dominique BENOIST (cf. secrétaire) Photothèque et crânothèque : GMN (cf. ci-dessus) COTISATIONS 2008 : Cotisation normale : 16 €

Trésorier : Nicolas AVRIL Le Crétil 109 route de Breteuil 27250 BOIS-ARNAULT ' 02 32 07 19 22 Trésorier-adjoint : Loïc NICOLLE La Cour Chemin St Hipollyte 14100 SAINT-MARTIN-de-la-LIEUE

Cotisation petit budget : 8 € Cotisation de soutien : 30 €


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