Magazine arts martiaux budo international janvier 2014

Page 94

« Anciennement, on n'avait aucun intérêt à enseigner à personne. Au contraire. La connaissance d'une technique de combat vous assurait une position de supériorité sur vos possibles rivaux. Ainsi, non seulement on n'avait aucun intérêt à enseigner à personne, mais encore, on essayait d'occulter ce savoir, de le crypter et même de rendre invisible toute connaissance à ce sujet au reste des pratiquants (adversaires potentiels). » compétences. Le WingTsun n'en est pas exclu. Finalement, les arts martiaux sont des instruments pour acquérir des habiletés (physiques ou mentales) et il existe dès lors deux parties différentes mais inséparables : la connaissance technique et tactique et la découverte de soi. C'est peut-être le deuxième point celui que nous avons coutume d'oublier dans la pratique. 1. La première phase, c'est connaître la technique, la tactique, la philosophie, le point de vue du système, etc. Cela ne fait pas de doute. Sans base, sans contenu technique et sans réalisation correcte, il n'est pas possible de faire un pas en avant. La connaissance des formes de notre système (qui possèdent la connaissance ancestrale) est donc fondamentale ainsi que les situations que celles-ci engendrent. 2. Une fois le système complété, lorsqu'on y retourne, il convient d'introduire des éléments qui engendrent une incertitude dans l'application. Autrement dit, réaliser des exercices qui nous sont connus et que nous maîtrisons avec deux ou trois éléments que nous ne contrôlons pas. Nous savons ce que nous devons faire, mais pas quand et à quelle distance nous devrons le faire. Ces petits éléments qui échappent à notre adversaire et où nous situe notre partenaire ou notre instructeur nous font faire les premiers pas à la recherche de l'autonomie. 3. Il nous faut faire des exercices de sparring dans lesquels nous nous obligeons à travailler avec la technique du système WingTsun et donc à l'utiliser dans des situations imposées à un rythme changeant (toujours pacté avec le partenaire). Ce troisième élément commencera à nous apporter deux points très importants. Le premier, prendre conscience des distances, des visées, de l'usage de la puissance et de la connaissance du rythme pour nous approcher du non-rythme. Le deuxième nous permettra de faire confiance à ces mouvements qui, seuls, ne servent pas à grand-chose, mais que nous osons tester dans la pratique dans une situation à moitié libre. À mesure que la confiance augmentera, augmenteront aussi la vitesse, la force et la puissance des exercices. 4. Le travail libre. Les exercices en dehors des schémas fixés où j'oblige un des pratiquants (même s'il est libre) à essayer d'appliquer les techniques que nous avons essayées de pratiquer avec les camarades dans les phases antérieures. Peut-être ne serons-nous parfois pas capables de le faire, mais si nous réduisons simplement un peu la vitesse, nous commencerons à voir quoi, quand et où… il sera toujours temps après d'augmenter la vitesse ou l'intensité, mais ça ne sert à rien de se battre comme des fous.

5. Obliger à la prise de décisions. Bien que notre style ne soit pas particulièrement riche en techniques ou en tactiques (il existe des styles chinois avec un arsenal technique largement supérieur), nous pouvons nous mettre dans des situations où nous devons prendre une décision. Chaque prise de décision, nous situe devant la possibilité de l'erreur. Ne jamais corriger un pratiquant qui prend des risques ou commet des erreurs, mais analyser pourquoi et où elle réside. Et encourager toujours à être courageux dans la pratique. Si nous commençons à travailler avec ces simples paramètres, un jour le WingTsun pourra arriver plus loin qu'il ne l'a jamais fait. Peut-être pas avec moi, ni avec nous. Peutêtre une prochaine génération… mais elle y parviendra sûrement. Ces dernières années en Europe, le WingTsun a souffert une croissance effrénée quant au nombre de pratiquants, d'écoles, etc. Bien que cela ait du bon, ça a aussi du mal. J'ai coutume de dire aux passionnés de ce style que le moment est venu de « baisser la tête », de travailler en silence, de suer sang et eau, d'utiliser la caboche pour penser et d'être les numéros 1 en humilité ! Sinon nous oublierons que le WingTsun peut être un style absolument merveilleux (amusant, passionnant, durable et efficace) ! Merci à tous pour votre appui.

MÉMOIRE OU ADAPTATION ?


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.