ÉCONOMIE DE LA CONTRIBUTION ET ENTREPRENEURIAT
8. La considération de l’impact de l’informatique L’informatique, et les technologies qu’elle rend possible, crée des usages qui transforment les cultures. Ces usages obligent l’acquisition de nouvelles compétences directement liées au design des systèmes développés. Les logiciels propriétaires, ou « privateurs », engendrent un effet de « prise en otage » des compétences et de la culture. La viabilité et la capacité de pouvoir bénéficier des compétences acquises dépendent alors des fabricants des logiciels. Si les fabricants des logiciels venaient à disparaître, décidaient d’arrêter leur développement ou rendaient économiquement inaccessible leurs mises à jour, les compétences acquises pourraient être mises en péril et potentiellement devenir obsolète. L’Économie de la Contribution promulgue l’utilisation exclusive de logiciels libres comme un moyen concret de se prémunir de ces mécanismes, et de pérenniser la viabilité des compétences acquises. Un logiciel libre propagé et utilisé au sein d’une communauté, même si son fabricant disparaît, restera toujours existant et sa continuité sera soutenue par sa capacité à être copié, modifié et maintenu librement par la communauté elle-même.
Notion de responsabilité informationnelle vs responsabilité numérique •
La responsabilité numérique est définie ici comme une responsabilité avec une vision « technique » ;
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La responsabilité informationnelle est quant-à-elle définie ici comme une responsabilité avec une vision « sociétale ».
L'informatique nécessite de prendre en compte des aspects tant techniques, que sociétaux, de part les pouvoirs importants qu’elle apporte et les impactes qu’elle engendre pour la Société. La responsabilité informationnelle s'applique par le design des systèmes informatiques développés (Privacy by design, Secure by design, Society-in-the-loop, etc.) . Par exemple, Facebook ou Über pourraient être considérés comme des acteurs faiblement responsables au niveau informationnel vu leurs impacts disruptifs sur la Société, directement issus de leurs designs de services et des enjeux encourus par la centralisation de leurs données. Ils demeurent néanmoins des acteurs pouvant être considérés comme responsables au niveau numérique de part la qualité, l'ergonomie et les performances techniques de leurs systèmes.
Dans une dimension contributive, il est important de considérer l’informatique comme une extension des capacités humaines, une opportunité pour l’expansion des activités professionnelles. La considération de l’informatique sous une forme « patrimoniale », rendue possible grâce au cadre juridique proposé par la démarche contributive, permet un changement de paradigme important : l’informatique n’évolue plus uniquement dans une posture de « produit » et de « charges fonctionnelles », mais aussi dans une posture de « propulseurs » et de « patrimoine informationnel ». L’importance de l’informatique prend dès lors une nouvelle signification et permet d’envisager des stratégies de développement qui n’auraient pu être envisagées avant.
L'informatique et les technologies créent des usages et des pratiques, le logiciel et les interfaces homme-machine en sont les vecteurs : attention aux mécanismes de « piège des savoirs et des données ».
EC1 | Auteur : Lionel Lourdin | lionel@contribution.ch | https://contribution.ch/Lionel-Lourdin/
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