La nature pour tous, et par tous: les biens communs d’infrastructure écologique PABLO SERVIGNE, ASBL BARRICADE, LIÈGE
Comment prendre soin de la terre ? Les forêts, les ruisseaux, les zones de pêche, la biodiversité, le climat, le vent, le silence, etc. ? Ces choses si complexes et si fragiles, ces processus dynamiques sans cesse renouvelés et dans lesquelles on puise sans compter. Que faire pour les protéger de notre économie boulimique ? Faut-il tout privatiser ? Voter plus de lois et de normes ? Organiser plus de sommets internationaux ? Changer les programmes d’éducation ? UN NOUVEAU PARADIGME
Il existe une piste crédible. Elle part d’une nouvelle conception de la science, qui explore la complexité de la nature, étudie son instabilité, ses lois du chaos, ses principes d’auto-organisation, d’émergence ou de systémique. C’est la « nouvelle alliance » (Prigogine et Stengers, 1978). Ce nouveau paradigme a touché les sciences politiques par l’intermédiaire d’Elinor Ostrom, qui a passé quarante années à démonter le mythe de la tragédie des biens communs. Ce mythe qui veut qu’en présence d’un bien commun (une pâture), les individus (qui ne pensent qu’à maximiser leur profit) finissent par épuiser la ressource (surpâturage). Le message de ce mythe était clair: la solution à cette tragédie passe soit par une privatisation, soit par une gestion publique par un organisme omnipotent et omniscient. Mais ces deux solutions s’appuient toutes deux sur des
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