Préface
Chose étrange, le titre de la partition gravée de Guillaume Tell indique une fausse date pour la première apparition de l’œuvre de Grétry Voici ce qu’on y lit : « Guillaume Tell, drame en trois actes, en prose et en vers, par le citoyen Sedaine, représenté pour la première fois sur le théâtre de l’Opéra-Comique, cy-devant la Comédie-Italienne, au mois de mars 1791, mis en musique par le citoyen Grétry » C’est le 9 avril et non au mois de mars 1791 que Guillaume Tell fit son apparition sur la scène de la Comédie-Italienne qui n’avait pas encore pris le titre d’Opéra-Comique National L’Almanach général des Spectacles, imprimé à la fin de 1790 pour l’année 1791, parle de la prochaine représentation de Guillaume Tell dont on s’occupe à la Comédie-Italienne et traite assez mal Sedaine pour les nouveaux sentiments qu’il affiche dans sa pièce, en vue d’obtenir un succès de popularité Il s’exprime dans les termes suivants : « On prépare à la Comédie-Italienne un nouvel opéra (Guillaume Tell), paroles de M Sedaine, musique de M Grétry Cette pièce, qu’on veut faire passer sous le nom si commode aujourd’hui de patriotisme, est remplie de traits qu’on appellera sans doute énergiques, mais auxquels les vrais patriotes ne se méprendront pas Il est vrai que M Sedaine, autrefois le panégyriste des grands, plie son caractère à toutes les circonstances et insulte à tort et à travers ce qu’il encensait jadis, pour le seul Plaisir d’exciter des troubles au parterre et de fomenter des haines que tout citoyen ami de l’ordre et des lois devrait chercher à éteindre Mais il gagnera de l’argent, dit-on, et ce patriotisme-là vaut son prix Aussi les Comédiens Italiens ont-ils si bien senti la conséquence de cette démarche hasardée, qu’ils retardent la représentation de Guillaume Tell jusqu’après le jour de l’an, parce que c’est le temps de la location des loges et que cette pièce les empêcherait d’en louer beaucoup, tant il est vrai que le civisme de ces Messieurs est subordonné à leur intérêt »
Dans l’Almanach des Spectacles de l’année suivante il est rendu compte de la représentation de Guillaume Tell, et le rédacteur, qui est décidément ce qu’on appelle aujourd’hui un réactionnaire, prend de nouveau Sedaine à partie, pour son prétendu patriotisme, dans la notice que voici : « Guillaume Tell, drame lyrique en 3 actes, paroles de M Sedaine, musique de M Grétry Cette pièce dont l’enthousiasme d’un parti a seul fait le succès, ne fait honneur ni au
génie, ni aux principes de M Sedaine Mais il a suivi l’impulsion du moment et s’il est condamnable en cela, il l’est en si nombreuse compagnie, qu’il n’y a pas moyen de lui en vouloir Si l’aristocratie était le parti dominant, M Sedaine serait aristocrate, il n’en faut pas douter ; d’ailleurs le succès excuse tout On retrouve dans la musique le génie créateur de M Grétry Aucun compositeur n’a plus d’esprit et ne connaît mieux la magie du théâtre Nous répétons là une vérité rebattue depuis vingt ans »
Le rédacteur de l’Almanach des Spectacles, en adressant ces reproches à Sedaine et à ceux qui spéculaient sur le mouvement des nouvelles idées, perdait de vue qu’on n’avait pas attendu l’heure de la fermentation des esprits, en France, sous l’influence des aspirations au régime démocratique, pour mettre en scène Guillaume Tell, Gessler et la libération de l’Helvétie Au mois de décembre de l’année 1766, une tragédie de Guillaume Tell, œuvre de Lemierre, avait été jouée à la Comédie-Française et l’on avait applaudi, sans aucune pensée révolutionnaire, aux tirades célébrant l’amour de la liberté Sedaine n’a fait que reprendre, après quatorze ans, le titre, le sujet et les principales situations de la pièce de Lemierre, pour fournir à Grétry, son collaborateur habituel, l’occasion d’employer son génie musical à l’exécution d’une œuvre appartenant à un ordre de conception et d’effets nouveaux pour lui Et, nous le disons autant pour Grétry que pour Sedaine, quel mal y avait-il à ce que les deux auteurs, le poète et le musicien, produisissent une œuvre qui répondit à l’état des esprits de leur époque ? N’a-t-on pas constaté, depuis longtemps, que le théâtre remplit sa véritable mission, lorsqu’il est un reflet des idées et des mœurs contemporaines ?
Ainsi que nous l’avons dit, c’est le 9 avril 1791 qu’avait eu lieu, à la Comédie-Italienne, la première représentation de Guillaume Tell de Grétry Dès le 11 avril le Journal de Paris rend compte de cette soirée ; après avoir dit que le sujet ne pouvait pas exciter une grande curiosité, étant très connu (par la tragédie de Lemierre sans doute), le journaliste ajoute que la pièce respire la haine de l’oppression et l’amour de la liberté, et que tout ce qui a rapport à ces deux sentiments a été applaudi « A l’égard de la musique, des fêtes, de la fureur, des combats, voilà ce qu’elle exprime le plus souvent Dire qu’elle est de M Grétry, c’est annoncer qu’il s’y trouve des
morceaux du plus grand mérite On a demandé les auteurs à grands cris ; ils n’ont pas jugé à propos de se rendre à ces tumultueuses invitations »
Le Moniteur du 23 avril consacre un article assez étendu au compte-rendu de la première représentation de Guillaume Tell à la Comédie-Italienne Après avoir parlé de la pièce, en signalant les emprunts faits par Sedaine à la tragédie de Lemierre, il parle en ces termes de l’œuvre de Grétry : « La musique est digne en tout point du sujet et de la manière dont le poète l’a traité M Grétry, qui en est l’auteur, a toujours l’art de donner à son chant le caractère des situations et des personnages qu’il doit peindre Il a fait plus dans cet ouvrage ; Il a le style particulier du pays où se passe l’action » La recherche de la couleur locale, en musique, était alors chose peu usitée et la constatation de ce mérite, dans la partition de Guillaume Tell, n’est point à passer sous silence
L’article du Moniteur sur la première représentation de Guillaume Tell fait mention d’un incident dont ne parle pas le Journal de Paris et qui mérite d’être rapporté En voici le récit textuellement reproduit : « On a redemandé les auteurs, les acteurs et surtout l’acteur nouveau qui a rempli le rôle de Gessler sur le refus de M Chenard; M Philippe, Mme Desforges, M Elleviou ont paru Comme le nouvel acteur ne se montrait pas encore, le parterre impatient a franchi l’orchestre, brisé le rideau qui cachait la scène et est venu se plaindre, sur le théâtre, de ce qu’on tardait à se rendre à ses désirs » Cet envahissement du théâtre par la foule, exaspérée pour bien peu de chose, inspire au journaliste des réflexions fort justes qu’il n’aurait certes pas osé faire deux ans plus tard : « Nous ne savons pas quel droit le public peut avoir sur des acteurs hors de leurs fonctions et s’il est bien humain de les forcer ainsi de paraître demi-nus sur la scène, quelque danger que leur santé y puisse courir ; mais nous ne croyons pas que les auteurs qui ne livrent au public que leurs productions, puissent être encore obligés de leur livrer leur personne Cette marque d’honneur, qui n’en est plus une à force d’avoir été avilie, n’est plus que l’exercice d’un despotisme très repréhensible de la part d’un peuple qui ne connaît pas encore les véritables limites de la liberté »
On peut se demander pourquoi le public voulait absolument faire reparaître l’acteur nouveau, qu’on voyait pour la première fois dans le rôle de Gessler refusé par Chenard, un des bons comédiens de la troupe Ce n’était vraisemblablement pas pour
lui faire un succès ? Il est permis de supposer, au contraire, que, par un de ces caprices de la foule dont il a été donné plus d’un exemple, on se proposait d’invectiver, en sa personne, Gessler, le tyran, et que c’est pour échapper à ce désagrément, qu’il jugea bon de ne pas se montrer C’est pour ce même motif, à n’en pas douter, que Chenard refusa de représenter un personnage odieux aux patriotes, croyant faire par-là acte de civisme Quant aux réflexions si justes du journaliste sur la conduite pitoyable du parterre, il y avait un certain courage à les publier en 1791 Deux années plus tard c’eût été une imprudence qui aurait pu coûter la vie à son auteur Voici en quels termes le neveu de Grétry, auteur d’un livre intitulé Grétry en famille, fait raconter par le maître lui-même l’épisode du rappel des auteurs dans la soirée dont il vient d’être parlé : « Le jour de la première représentation de mon opéra de Guillaume Tell, je dis à Sedaine (auteur des paroles) : On a une bonne opinion de notre ouvrage, mon ami ; tout nous présage un grand succès et je sais même qu’on a formé le projet, dans le parterre, de vous appeler et de vous forcer à paraÎtre, vous qui n’avez paru à aucune de vos pièces. — Tant pis, me dit-il, car je ne paraîtrai pas. — Vous paraîtrez Sedaine, vous paraîtrez. — Eh bien, supposez que je paraisse ? — Eh bien vous ferez d’abord les salutations d’usage. — Je les ferai ou je ne les ferai pas ; mais je m’avancerai et je dirai au public : vous voulez me voir, me voilà ; mais que savez-vous si je n’ai pas chargé deux cents personnes de m’appeler ? Sedaine l’aurait fait comme il le disait L’ouvrage eut le plus grand succès, et ce ne fut qu’à minuit, et sur les ordres réitérés du commissaire de police qui parut sur la scène, que le public, lassé d’appeler Sedaine, voulut bien enfin se retirer »
Si les paroles de Grétry ont été exactement rapportées dans les lignes qu’on vient de lire, on trouvera que c’est de la part de l’auteur de la musique de Guillaume Tell, une grande abnégation de s’être exprimé de manière à faire supposer que Sedaine devait être seul appelé sur la scène, lui-même n’étant pas cependant habitué a être relégué au second plan, lorsqu’il s’agissait d’un des ouvrages composés en collaboration avec qui que ce fût La vérité est que les deux auteurs de Guillaume Tell furent appelés avec instances par le parterre Sans doute Sedaine ne voulant point paraître, Grétry n’aura pas cru pouvoir répondre seul à l’appel du public
L’erreur de date de la première représentation de Guillaume Tell, que nous avons signalée comme
une singularité du titre de la partition gravée, existe également sur celui de la pièce imprimée Elle s’explique, d’un côté comme de l’autre, par ce fait que la brochure et la partition ne furent publiées qu’en 1793 Deux ans après l’apparition de leur œuvre, les auteurs n’avaient plus le souvenir de la date précise de la soirée qui avait été pour tous deux un succès Il leur était cependant bien facile de se renseigner, et il est certain que, de part et d’autre, la méprise est étrange
De 1791 à 1793 bien des changements étaient survenus en France et Sedaine, lorsqu’il fit imprimer sa pièce de Guillaume Tell, éprouva le besoin d’affirmer de plus en plus ses sentiments patriotiques, justifiant quelque peu ce qu’avait dit l’Almanach des Spectacles de son penchant à profiter des circonstances dans des vues d’intérêt personnel Un avertissement, mis en tête de la pièce de Guillaume Tell, lui sert à faire parade de son civisme Il y expose comme quoi il désirait que cette pièce, faite en 1790, fût représentée sur les grands théâtres des départements, tels que ceux de Bordeaux, de Lyon, de Toulon, pour y alimenter le feu sacré du patriotisme, trouvant qu’il était aussi nécessaire : « d’étendre l’empire des pièces utiles à la cause commune, que de condamner au silence celles qui peuvent y nuire », ce qui voulait dire que les pièces de l’ancien répertoire devaient être, pour la plupart, interdites, faisant place aux œuvres animées du nouvel esprit public, et tout d’abord à Guillaume Tell, bien entendu Du reste la suppression des pièces pouvant prêter à des allusions indiscrètes et dangereuses, ne sera, suivant notre auteur, que momentanée : « un temps viendra, dit-il, où, lorsque l’on mettra sous nos yeux le tableau des anciens abus et des anciennes servitudes, nous saisirons avec plaisir cet instant pour nous applaudir d’avoir brisé des fers dont nulle puissance humaine ne peut plus nous accabler »
Après cet avertissement vient un : « Hommage aux mânes de Lemierre, auteur de la tragédie de Guillaume Tell, par Sedaine qui, vingt ans après lui, a traité le même sujet » Il est en vers, cet hommage, et Sedaine se plaît à y faire éclater l’ardeur de ses sentiments républicains dans des strophes boursoufflées Et ce n’est pas tout ; il y a plus fort que cela, dans le même ordre d’idées A l’avant-dernière page de la brochure, après les mots : « Fin du troisième et dernier acte », Sedaine exprime sous ce titre : « Scène patriotique proposée » le désir qu’il aurait eu d’agrémenter Guillaume Tell d’un ultime épisode exposé en ces termes :
« Je désirais que cette pièce, qui finit ainsi, pût (attendu les circonstances qui le permettent) se terminer par les scènes suivantes :
On entendrait en sourdine l’air des Marseillais :
Amour sacré de la patrie !
Melktal père dirait : Qu’entends-je ? vas voir ce que c’est, Guillaume Tell Il irait, reviendrait et dirait : ce sont les Français, les braves sans-culottes de la nation Française »
Alors paraîtraient les Sans-Culottes : l’un deux dirait aux Suisses sur l’air des Marseillais : (ici deux strophes dont voici la première)
‚O ! vous qui donnâtes l’exemple
Pour conquérir la liberté !
Ne renversez jamais le temple
Que votre sang a cimenté
Ne protégez jamais l’empire
Des rois et de leurs attentats
Qu’ils ne dirigent point vos pas
Et ne nous forcez point à dire
Aux armes, citoyens !‘ etc
Ensuite Français et Suisses, Suisses et Français, chanteraient ensemble :
‚Amour sacré de la Patrie !‘ etc « Et je suis persuadé que cela ferait un bon effet », ajoute naïvement
Sedaine en terminant
Il est très vraisemblable que Sedaine proposa à Grétry d’ajouter cette scène pour la reprise de 1793, puisqu’en exposant son beau projet il dit : Je désirais que cette pièce… etc Le compositeur ne se sera pas prêté à cette fantaisie ridicule de son collaborateur, voulant que la pièce finit, comme en 1791, par le chœur :
« Servons aux siècles à venir
Et de guides et de modèles… » etc
ne se souciant pas qu’on ajoutât à sa partition des chants quelconques, fussent-ils patriotiques
Guillaume Tell avait donc été repris en 1793 ; mais il ne faisait que de rares apparitions sur l’affiche, tandis que les autres ouvrages de Grétry : l’Épreuve villageoise, les Événements imprévus, la Fausse Magie, l’Amant jaloux, le Jugement de Midas, alimentaient chaque jour le répertoire de l’Opéra-Comique National De temps à autre, quand les comédiens éprouvaient le besoin d’affirmer leur patriotisme, ils donnaient une représentation de Guillaume Tell, accompagné d’une pièce de circonstance comme La Fête civique de Village ou Marat dans le souterrain, le Jour du 10 Août, fait historique en deux actes
Si Guillaume Tell ne faisait pas, par lui-même, une plus brillante fortune, c’est que la pièce de Sedaine
le 24 Mai 1828, et c’est seulement le 9 Août 1829 que l’Opéra présenta le sien au public
Disons que le Guillaume Tell de 1828 n’est plus du tout celui de Sedaine et reste fort peu celui de Grétry, grâce aux mutilations qu’on lui a fait subir La pièce d’abord est en grande partie refaite par M Pelissier, auteur dramatique d’un mérite fort ordinaire, qui, sous prétexte d’améliorer l’œuvre de Sedaine, fit disparaître les passages qui auraient pu froisser les susceptibilités administratives La censure de la Restauration n’était pas aussi sévère que celle de l’Empire, mais elle n’aimait pas cependant qu’on fit sonner trop haut le mot de liberté, à ce point qu’à l’Opéra-Italien on avait dû, dans le Don Giovanni de Mozart, changer les paroles du Chœur : Viva la Libertà en Viva l’ilarità.
Castil-Blaze, le critique du Journal des Débats, rendant compte de la reprise de Guillaume Tell, dans son feuilleton du 29 Mai 1828, exprime de singulières idées sur les procédés assez cavaliers dont on avait usé à l’égard de l’opéra dû à la collaboration de Sedaine et de Grétry Suivant lui : « Guillaume Tell ne pouvait pas être mis en scène sans subir de notables changements Ce drame renfermait des discours qui étaient alors analogues à la circonstance et dont il fallait tempérer l’ardeur, afin de les abaisser à l’unisson de 1828 Le diapason politique a changé depuis trente-six ans » Voici pour la pièce ; le critique passe ensuite à la partition « Il eut été imprudent de reproduire sans précaution la musique de cet opéra M Berton a pris soin d’élaguer de la partition les morceaux les moins remarquables et les a remplacés par des airs et des duos pris dans Céphale et Procris, Elisca, Aucassin et Nicolette, Callias, opéras du même maître depuis longtemps abandonnés et qui ne sauraient être remis au théâtre Guillaume Tell avait besoin de ce précieux renfort » Et plus loin le critique parisien s’exprime d’une manière plus significative encore dans le sens de ses étranges idées : « Je pense que beaucoup de partitions, que leur vétusté tient éloignées de la scène, pourraient y reparaÎtre et s’y maintenir, si l’on prenait soin de les rajeunir ; mais il faudrait faire ce travail avec une pleine liberté et n’être jamais arrêté par un respect mal entendu et par des considérations qui n’ont d’autre résultat que de nuire au succès Le travail de M Berton est fait avec trop de sagesse C’est un beau défaut sans doute ; mais c’en est un Il a trop respecté le texte de Grétry et les auxiliaires introduits dans l’orchestre ne se sont montrés en force que dans l’air de Gessler et dans le finale »
Ces théories sur le peu de respect qu’il serait permis d’avoir pour les œuvres des anciens compositeurs nous semblent et sont, en effet, des énormités ; mais on pouvait, à la rigueur, les formuler, il y a soixante-dix ans, en France où l’éducation du public était encore à faire, n’étant pas même complète à l’heure qu’il est, il faut bien le dire Nous parlons du gros public, de celui qu’on appelle la masse CastilBlaze avait des raisons pour soutenir la nécessité d’arranger l’ancienne musique, lui qui a spéculé toute sa vie sur ces sortes d’arrangements, lui qui a arrangé les chefs-d’œuvre de Mozart, de Weber, de Rossini et qui a fait fortune en mutilant les créations du génie des maîtres On comprend moins qu’un compositeur du mérite de Berton ait consenti à faire la triste besogne dont on le chargeait
Berton, dans l’arrangement qu’il avait fait de la partition de Guillaume Tell, avait supprimé d’une part et avait ajouté de l’autre La Revue Musicale de 1828 donne d’intéressants détails sur les manipulations dont la partition de Grétry fut l’objet pour la reprise en question Les nouveaux metteurs en scène estiment que plusieurs des morceaux de Guillaume Tell de 1791 ne peuvent pas être conservés, parce que le style en a vieilli N’est-ce pas là ce qu’on dit toujours de la musique qui n’est pas d’aujourd’hui ? Un tableau d’autrefois est ancien, et c’est une qualité de plus, quand il en a d’autres naturellement La musique de jadis est vieille, et c’est le pire des défauts On fut d’avis que plusieurs scènes avaient besoin d’être renforcées d’airs, de duos et de morceaux d’ensemble L’orchestre, jugé trop faible pour des oreilles accoutumées à l’instrumentation bruyante des nouveaux opéras (l’instrumentation bruyante de 1828 !) avait besoin d’être augmenté de quelques instruments pour produire de l’effet M Berton, chargé d’opérer tous ces changements, fut loué pour la manière dont il s’était acquitté de sa tâche Trois nouveaux morceaux avaient été ajoutés au premier acte C’étaient, comme il est dit dans l’article qui nous fournit ces détails : « De jolis couplets d’Amphitryon, ancien opéra de Grétry, que Mme Rigault chanta à merveille ; un duo que M Berton a arrangé d’après un motif de Guillaume Tell et un air suisse, et le duo de Céphale et Procris dans lequel on a coupé quelques longueurs » C’est-à-dire que c’était un vrai massacre Que penser de ce procédé de Berton qui se permet de composer un morceau en combinant un motif de la partition originale avec un air suisse ? Poursuivons, en citant textuellement : « Le duo comique des soldats d’Aucassin et Nicolette a
été placé au second acte de Guillaume Tell dans une situation analogue Le public n’a pas compris ce que vaut cet excellent morceau, mais il est vrai que les acteurs l’ont chanté en charge L’air de Melktal fils est tiré d’un opéra de Grétry qui n’a jamais été gravé et qu’on a représenté, dans la révolution, sous le titre de Callias. M Berton a cru devoir ajouter quelques instruments de cuivre dans l’air de Gessler ; c’est, en effet, un des morceaux qui pouvaient le mieux supporter l’excès du bruit L’air d’Edwige, au troisième acte, est tiré d’Elisca. Il n’a pas la forme de la musique moderne ; mais il est plein de phrases charmantes et d’un sentiment vrai Ce n’est ni le savoir ni les perfections de l’art qu’il faut chercher dans la musique de Grétry ; mais un instinct heureux qui lui faisait rencontrer à chaque instant l’expression des sentiments vrais et des passions Quand on sait se dépouiller des préjugés de la mode, on trouve dans cette musique, au milieu de formes vieillies, des éclairs d’inspiration que la nature refuse souvent à de plus savants »
La reprise de Guillaume Tell modernisé fut un succès à l’Opéra-Comique Voici dans quels termes il est constaté dans un recueil du temps : « Un intérêt de curiosité avait attiré de nombreux specta-
teurs à cette espèce de solennité C’était, en quelque sorte, la lutte de la nouvelle musique et de l’ancienne Celle-ci a triomphé des ses adversaires Deux partis étaient en présence L’un annonçait une chûte éclatante, l’autre présageait un succès réparateur ; les intentions bénévoles de celui-ci ont prévalu Le chœur qui termine le second acte et qui exprime la situation où les femmes excitent les Suisses à la révolte a surtout produit grande impression A la fin de la représentation le public a demandé le buste de Grétry et ce buste a été couronné par Huet et par Lafeuillade » Ainsi Grétry qui n’avait pas voulu paraître, demandé par le public à la première représentation de Guillaume Tell, paraÎt en effigie à la reprise qu’on donne de ce même opéra à trente-sept ans de distance ; incident curieux et qu’on n’a guère eu d’autre occasion d’enregistrer
C’était moins à l’auteur de Guillaume Tell que s’adressait, il faut le dire, cet hommage, qu’au créateur de tout un répertoire d’œuvres charmantes dont avait vécu, durant de longues années, la Comédie-Italienne, et qui brillaient encore sur la scène du théâtre de l’Opéra-Comique
Edouard Fétis
Vorwort
Merkwürdigerweise gibt das Titelblatt des ersten Stichs der Partitur von Grétrys Guillaume Tell ein falsches Datum für die Erstaufführung des Werkes an Folgendes ist dort zu lesen: „Guillaume Tell, Drama in Drei Akten, gereimt und in Verse gesetzt durch den Bürger Sedaine, zum ersten Mal zur Aufführung gebracht im Théatre de l’Opéra-Comique, ehemals bekannt als Comédie-Italienne, im März 1791, zur Musik gesetzt durch den Bürger Grétry “ Tatsächlich fand die Uraufführung des Guillaume Tell am 9 April, nicht im März, des Jahres 1791 auf der Bühne der Comédie-Italienne statt, welche noch nicht den Namen Opéra-Comique National trägt Der Almanach général des Spectacles in seiner Ende 1790 für das Jahr 1791 gedruckten Ausgabe bespricht die bevorstehende Aufführung des Guillaume Tell, die an der Opéra-Italienne vorbereitet wird, und findet wenig schmeichelhafte Worte für die von Sedaine
im Libretto zum Ausdruck gebrachten neuen Empfindungen, die alleine dem Ziel dienen, einen Publikumserfolg zu verzeichnen Folgendes steht dort zu lesen: „An der Comédie-Italienne ist eine neue Oper in Vorbereitung (Guillaume Tell), Text von Hr Sedaine, Musik von Hr Grétry Dieses Werk, welches man dem heutzutage leichthin verwendeten Begriff des Patriotismus zuzuordnen gedenkt, ist zweifelsohne voller drastischer Züge, jedoch können diese von wahren Patrioten nicht missverstanden werden Tatsächlich beugt Hr Sedaine, einst Lobredner der Mächtigen, seinen Charakter allen Umständen und beleidigt zu Unrecht und auf Grundlage dessen, was er einst beweihräucherte, zum einzigen Vergnügen, Aufruhr im Parkett zu erzeugen und jenen Hass zu schüren, den ein Recht und Ordnung wohlgesonnener Bürger zu ersticken versucht. Jedoch, so heißt es, wird er daran verdienen, und diese
nicht zeigte, durchquerten die ungeduldigen Parkettbesucher das Orchester, durchstießen den Vorhang, der die Bühne verdeckt, und beschwerten sich beim Ensemble darüber, dass man sich Zeit damit lasse, ihren Wünschen nachzukommen “ Dieser Sturm auf das Theater durch die von einer Kleinigkeit aufgebrachten Menge inspiriert den Journalisten zu sehr zutreffenden Überlegungen, die er zwei Jahre später zweifelsohne nicht angebracht hätte: „Wir wissen nicht, inwiefern es dem Publikum zusteht, über Darsteller außerhalb ihrer Funktion zu verfügen, und ob es menschenwürdig ist, sie solcherart halb nackt auf die Bühne zu zwingen, ungeachtet der Gefahren, denen ihre Gesundheit dadurch ausgesetzt wird; jedoch glauben wir nicht, dass die Urheber, die dem Publikum nur ihr Produkt liefern, auch noch gezwungen werden können, ihm auch ihre Personen zu liefern Diese Anstandsbekundung, welche durch fortwährende Entwürdigung keine mehr ist, ist nur noch die Ausübung eines äußerst verurteilenswerten Despotismus durch ein Volk, welches die wahren Grenzen der Freiheit noch nicht kennt “ Es stellt sich die Frage, warum das Publikum unbedingt den neuen Darsteller sehen wollte, den man zum ersten Mal in der Rolle des Gessler zu Gesicht bekam, die Chenard, ein guter Schauspieler der Truppe, abgelehnt hatte Es war doch vermutlich nicht, um ihm einen Erfolg zu bekunden? Es sollte erlaubt sein anzunehmen, dass, ganz im Gegenteil, die Menge aus einer jener öfter zur Demonstration gebrachten Launen heraus im Begriff war, ihn stellvertretend für Gessler, den Tyrannen, zu beschimpfen, und er, um dieser Unannehmlichkeit zu entgehen, es für besser befand, sich nicht zu zeigen Ohne Zweifel war dies auch der Grund, weshalb Chenard sich weigerte, eine für Patrioten abscheuliche Figur darzustellen, wohl im Glauben, dass er damit im Sinne seiner staatsbürgerlichen Pflichten handelt In Bezug auf die sehr zutreffenden Gedanken des Journalisten über das erbärmliche Verhalten der Parkettbesucher bleibt zu sagen, dass ein gewisser Mut daraus spricht, diese im Jahr 1791 zu veröffentlichen. Zwei Jahre später hätte es sich dabei um einen Leichtsinn gehandelt, der seinen Urheber das Leben hätte kosten können Grétrys Neffe, Autor des Buches Grétry en famille, lässt den Meister selbst in folgendem Wortlaut über die oben beschriebene Episode bei der Proklamation der Verfasser sprechen: „Am Tag der Premiere meiner Oper Guillaume Tell sage ich zu Sedaine (Autor des Textes): ‚Man hat eine gute Meinung von unserem Werk, mein Freund; alles deutet auf einen
großen Erfolg hin, und ich weiß, dass man im Parkett den Plan geschmiedet hat, Sie auszurufen und zum Erscheinen auf der Bühne zu zwingen, Sie, der Sie noch nie nach einem Ihrer Stücke erschienen sind.‘ — ‚Schade‘, antwortet er mir, ‚denn ich werde nicht erscheinen.‘ — ‚Das werden Sie, Sedaine, das werden Sie.‘ — ‚Nun gut, nehmen wir an, ich erschiene?‘ — ‚Nun, dann machen Sie zunächst die gebräuchlichen Grüße.‘ — ‚Die werde ich machen oder auch nicht; aber ich werde nach vorne gehen und zum Publikum sprechen: Ihr wollt mich sehen, da bin ich; aber was wisst ihr, ob ich nicht zweihundert Leute engagiert habe, um mich auszurufen?‘ Sedaine hätte es zweifelsohne genau so getan Das Werk hatte den größten vorstellbaren Erfolg, und erst um Mitternacht, und nur auf die wiederholten Order des Polizeikommissars hin, der auf der Bühne erschien, war das Publikum müde, Sedaine auszurufen, und bereit, sich zurückzuziehen “
Sollten tatsächlich Grétrys Worte in diesen Zeilen wiedergegeben sein, so handelt es sich um einen Akt großer Selbstlosigkeit seitens des Komponisten des Guillaume Tell, sich so auszudrücken, dass man glauben mag, die Proklamationen hätten nur Sedaine gegolten, war es doch untypisch für ihn, sich selbst bei einer Gemeinschaftsarbeit, ganz gleich, mit welchem Partner, in die zweite Reihe zu verbannen Die Wahrheit ist, dass beide Schöpfer des Guillaume Tell vom Parkettpublikum zum Erscheinen gedrängt wurden Zweifelsohne wollte Sedaine dem nicht nachkommen, und Grétry sah sich außer Stande, alleine dem Ruf des Publikums zu folgen
Der Fehler bezüglich des Datums der Uraufführung des Guillaume Tell, den wir als Eigenheit des Titelblatts vom ersten Stich der Partitur genannt haben, existiert auch in der gedruckten Fassung des Werkes Er erklärt sich in beiden Fällen dadurch, dass Partitur und gebundene Ausgabe erst im Jahr 1793 publiziert wurden. Zwei Jahre nach dem Erscheinen ihres Werkes konnten sich die Urheber nicht mehr an das genaue Datum des Abends erinnern, der für beide ein Erfolg gewesen war Es wäre ihnen jedoch ein Leichtes gewesen, Erkundigungen einzuziehen, und so ist es ein in jeder Hinsicht merkwürdiger Fehler
Eine Vielzahl von Veränderungen hatte sich von 1791 bis 1793 in Frankreich vollzogen, und so verspürte Sedaine bei der Drucklegung seines Guillaume Tell das Bedürfnis, mehr und mehr seine patriotischen Empfindungen zu bestätigen, womit
In seinen Mémoires beschreibt Grétry die Umstände, unter denen er die Musik zu Guillaume Tell komponierte Soeben hatte er Schlag auf Schlag zwei seiner drei Töchter verloren Um die dritte von ihrer düsteren Vorahnung abzulenken, dass sie vom selben Schicksal bedroht sei wie ihre Schwestern, und um sie einem gesundheitsförderlicherem Klima als dem von Paris auszusetzen, brachte er sie nach Lyon, wo er sich im Vorjahr recht lange aufgehalten hatte: „Wir kehrten also nach Lyon zurück, und ich erstellte während des Sommers die Musik zu Guillaume Tell Ich arbeitete vom Morgen an im Zimmer meiner Tochter; eines Tages sagt sie mir: ‚Deine Musik trägt immer den Duft des Gedichts; diese hier riecht nach Thymian ‘“
In einem anderen Abschnitt seiner Mémoires beschreibt Grétry die Art und Weise, nach der seiner Meinung nach die Musik zu Guillaume Tell konzipiert werden müsse, um mit Thema, Handlung und den im Stück ausgedrückten Empfindungen konform zu gehen: „Im Guillaume Tell musste sich die revolutionäre Energie bemerkbar machen; zwischen den Empfindungen des Schreckens erscheinen jedoch immer wieder ländliche Züge, die auf die Arglosigkeit der Schweizer hindeuten, als wollten sie sagen: ‚Um unsere Tugenden zu bewahren, rebellieren wir ‘“
Die Absichten des Lokalkolorits in Grétrys Musik zu Guillaume Tell wurden nicht verkannt Sie wurden von mehreren Kritikern des Werks zu seiner Uraufführung verstanden und beschrieben: „ein weitgehender und tiefgründiger Stil“, heißt es im Esprit des Journaux, „unterscheidet seine beiden Finali, seine situativen Arien und vor allem seine Ouvertüre, in welcher er jene Melodie einführt, die uns Rousseau am Ende seines Dictionnaire de Musique aufgeschrieben hat, welche sich ‚Ranz des Vaches‘ nennt und die den Schweizern so teuer ist, dass es (um mit Rousseau zu sprechen) unter Todesstrafe verboten ward, sie den Truppen vorzuspielen, da es all jene zum Desertieren brachte, in Tränen ausbrechen oder sterben ließ, die sie hörten, so sehr erweckte es in ihnen das glühende Verlangen, ihr Land wiederzusehen. — Die jungen Rinderhirten spielten sie auf ihren Dudelsäcken, während sie ihre Herde hüteten Hr Grétry setzt sie in jenem Moment ein, in dem sich der Vorhang hebt und man den jungen Tell auf den Bergen sitzend den ‚Ranz des Vaches‘ auf dem Dudelsack spielen sieht “
Die Ouvertüre, die nichts weiter als ein langes instrumentales Vorspiel ist, spielt zum offenen Vorhang, wie aus folgender Anweisung in der Par-
titur ersichtlich wird: „Die Bühne stellt die Schweizer Berge bei Sonnenaufgang dar, ein kleiner Viehhirte, Guillaume Tells Sohn, sitzt in der Ferne auf einer Felsspitze; er spielt den Rhans (sic) des Vaches. Zwischen den Bergen sieht man Vieh- und Schafhirten vorbeiziehen “ Weiterhin stehen zwischen den Notenzeilen Angaben wie: „Man sieht eine Herde Rinder durch die Berge ziehen — Eine weitere Herde ist zu erblicken — Während die Ouvertüre hier endet, steigt der kleine Tell vom Berg herab, erklimmt einen Baum und von dort einen Ast, von dem aus er an einen Fensterladen klopft “ Neben diesen Regieanweisungen findet sich bei einer bestimmten Violinpassage der Ouvertüre eine Anweisung, die nicht unerwähnt bleiben sollte: „dieses (7--) (konventionelles Zeichen) zeigt an, dass der Finger im Stile Tartinis eine Kreisbewegung auszuführen hat, ohne die Saite loszulassen “ Als weiteres Zeugnis der Sorgfalt, mit der Grétry dafür sorgt, nichts auszulassen, was dazu beiträgt, die von ihm intendierten Effekte zu erzielen, seien folgende Anmerkungen erwähnt, die sich unter den Notenzeilen finden: „Cornet oder Kuhhorn; im Verlauf des Stückes gibt es derer drei in verschiedenen Stimmungen. — Cornet, klagender Klang — anderes Cornet“.
Guillaume Tell verbleibt während der gesamten revolutionären Periode im Repertoire Die kaiserliche Zensur verbot selbstverständlich die Aufführung Unter der Herrschaft Napoleons war es nicht erlaubt, auf der Bühne die Liebe zur Freiheit, selbst in musikalischer Form, zu zelebrieren 1828 wird Grétrys Werk an der Opéra-Comique wiederaufgeführt Wenn wir hier von Grétrys Werk sprechen, so handelt es sich hier eher um eine Redewendung in Anbetracht der Umstände, unter denen diese Wiederaufnahme vorbereitet und durchgeführt wurde Die Leitung der Opéra-Comique hatte bei zwei Gelegenheiten den seltsamen Einfall, eine Art Kampf mit der Grand-Opéra zu etablieren, indem sie hastig Stücke auf die Bühne brachte, die in letzterer angekündigt wurden und mit deren Vorstellung sie ihr voraus war So wurde, als man erfuhr, dass an der Opéra Scribes und Aubers Muette de Portici einstudiert wurde, an der Opéra-Comique schleunigst der Masaniello von Carafa vorbereitet, welcher am 27 Dezember 1827 gespielt wurde, wohingegen die Muette erst am 29 Februar 1828 in der Opéra zur Uraufführung kam Wenig später, als man davon Nachricht erhielt, dass Rossini mit der Komposition einer Guillaume Tell-Oper beschäftigt sei, die die Académie Royale de Musique von ihm erwartete, erinnerte man sich
an der Opéra-Comique daran, dass man einst einen Guillaume Tell von Grétry im Repertoire gehabt hatte, der wiederum hastig vorbereitet wurde, nicht ohne ihn einer Metamorphose zu unterziehen, deren Details wir im Folgenden noch beschreiben möchten
Die Opéra-Comique führt den Guillaume Tell am 24 Mai 1828 auf, die Opéra präsentiert den ihren erst am 9 August der Öffentlichkeit
Man kann sagen, dass der Guillaume Tell von 1828 durch die Verstümmelungen, die ihm zuteilwerden, nichts mehr mit dem von Sedaine und nur wenig mit dem von Grétry zu tun hat Zunächst wurde das Stück weitestgehend von Hr Pelissier umgeschrieben, einem Bühnenautor ohne besonderen Verdienst, der unter dem Vorwand, Sedaines Libretto zu verbessern, alle Textzeilen verschwinden ließ, die den Verdacht der Behörden erregt hätten
Die Zensur der Restaurationszeit war zwar weniger streng als jene des Kaiserreichs, jedoch beliebte es ihr nicht, dass das Wort Freiheit allzu laut zu Gehör gebracht wurde, so wenig zumindest, dass man an der Opéra-Comique in Mozarts Don Giovanni den Text des Chores Viva la Libertà in Viva l’ilarità ändern musste
Castil-Blaze, der Kritiker des Journal des Débats, äußert in seinem Bericht im Feuilleton des 29 Mai 1828 über die Wiederaufnahme des Guillaume Tell eigenartige Ansichten über die recht ungehörige Vorgehensweise, die man hinsichtlich der Oper aus Sedaines und Grétrys Zusammenarbeit angewandt hatte So schreibt er: „Guillaume Tell konnte nicht ohne merkliche Veränderungen inszeniert werden Dieses Drama enthält Sichtweisen, die den damaligen Umständen gemäß sind, deren Inbrunst jedoch einer Mäßigung bedurfte, um sie dem Konsens von 1828 anzupassen Der politische Einklang hat sich in den letzten 36 Jahren geändert.“ So viel zum Libretto, hernach der Kritiker zur Musik: „Es wäre unvorsichtig gewesen, die Musik dieser Oper ohne Vorkehrungen umzusetzen Hr Berton hat dafür gesorgt, die Partitur um die weniger bemerkenswerten Stücke auszudünnen und sie durch Arien und Duos aus den Opern Céphale et Procris, Elisca, Aucassin et Nicolette und Callias des gleichen Komponisten zu ersetzen, die seit langem aufgegeben wurden und deren Aufführung ein Ding der Unmöglichkeit ist Guillaume Tell hatte diese wertvolle Unterstützung nötig “ Später äußert sich der Pariser Kritiker im Sinne seiner merkwürdigen Ansichten erneut und aufschlussreicher: „Ich denke, dass viele Partituren, deren Überalterung sie von der Bühne fernhält, dort
wieder dauerhaft in Erscheinung treten könnten, wenn man sich die Mühe machte, sie zu verjüngen; jedoch muss diese Arbeit mit vollster Freiheit geschehen, und sie darf niemals gehemmt werden durch fehlgeleiteten Respekt und Erwägungen, die einzig zum Resultat haben, dass der Erfolg geschmälert wird Die Arbeit von Hr Berton ist zu vorsichtig ausgeführt Dies ist zwar ein gut gemeinter Fehler, jedoch bleibt es ein Fehler Er erweist Grétrys Vorlage zu viel Respekt, und so entfalten die dem Orchester beigefügten Hilfen nur in Gesslers Arie und im Finale ihre Kraft “
Solche Theorien über den geringen Respekt, der gegenüber den Werken alter Komponisten vorzubringen ist, erscheinen uns heute ungeheuerlich, und sie sind es auch; man konnte sie allenfalls vor siebzig Jahren formulieren, in einem Frankreich, dessen Publikum noch einer Erziehung bedurfte, die zugegebenermaßen zum heutigen Tage noch nicht abgeschlossen ist Wir sprechen hier vom großen Publikum, jenem, das man als Masse bezeichnet Castil-Blaze hatte gute Gründe, die Notwendigkeit des Arrangierens alter Musik zu unterstützen, so spekulierte er sein Leben lang mit dieser Art der Arrangements, hatte er doch die Meisterwerke von Mozart, Weber und Rossini bearbeitet und ein Vermögen mit der Verstümmelung der Geniestreiche der Meister gemacht Weniger verständlich ist, dass ein Komponist, der sich in Bertons Maße verdient gemacht hat, dem tristen Unterfangen, das man ihm auftrug, zugestimmt hat
In seiner Bearbeitung der Partitur des Guillaume Tell hat Berton sowohl beseitigt als auch hinzugefügt Die Revue Musicale von 1828 gibt aufschlussreiche Details über die Eingriffe, die für die Wiederaufnahme an Grétrys Partitur vorgenommen wurden Die neuen Regisseure befanden, dass mehrere Stücke des Guillaume Tell von 1791 nicht beibehalten werden können, da ihr Stil veraltet ist Sagt man dies nicht immer von Musik, die nicht eben aktuell ist? Ein Gemälde von damals ist antik, und es handelt sich dabei um ein Qualitätsmerkmal, so sich denn andere hinzugesellen Musik von einst ist alt, und es handelt sich dabei um den schlimmsten Makel Man war der Meinung, dass mehrere Szenen um Arien, Duette und Ensemblestücke verstärkt werden müssen Das Orchester befand man als zu schwach für Ohren, die sich an die lärmende Instrumentierung der neuen Opern gewöhnt hatten (lärmende Instrumentierung von 1828!), und es musste um einige Instrumente erweitert werden, um effektvol-
ler zu sein Hr Berton, der mit den Veränderungen beauftragt wurde, wurde auf Grund der Art und Weise, wie er seinen Aufgaben nachkam, gelobt Dem ersten Akt wurden drei neue Stücke hinzugefügt Laut dem Artikel, der uns diese Details liefert, handelte es sich hierbei um „Schöne Verse aus Amphitryon, einer älteren Oper von Hr Grétry, wunderbarst vorgetragen von Fr Rigault; ein Duett, welches Hr Berton nach einem Motiv aus Guillaume Tell und einer Schweizer Weise arrangiert hat, und das Duett von Céphale et Procris, aus welchem einige Längen gekürzt wurden “ Es war sozusagen ein Gemetzel Was soll man von dieser Vorgehensweise Bertons halten, der es sich erlaubt, ein Stück zu komponieren, indem er ein Motiv aus der Originalpartitur mit einer Schweizer Weise kreuzt? Weiter im Text: „Das komische Duett der Soldaten aus Aucassin et Nicolette wurde an einer vergleichbaren Stelle im zweiten Akt von Guillaume Tell eingearbeitet Das Publikum vermochte den Wert dieses exzellenten Stückes nicht zu verstehen, jedoch muss man zugeben, dass die Darsteller einen angestrengten Vortrag boten Die Arie des Sohnes von Melktal stammt aus einer Oper Grétrys, die nie gedruckt wurde und zu Revolutionszeiten unter dem Titel Callias aufgeführt wurde Hr Berton war der Ansicht, der Arie Gesslers einige Blechbläser hinzufügen zu müssen; in der Tat verträgt dieses Stück den Exzess an Lärm noch am besten Die Arie der Edwige im dritten Akt stammt aus Elisca Die Form entspricht nicht moderner Musik; jedoch ist sie voller bezaubernder Melodien und aufrichtiger Empfindungen Wissen um Kunst und fehlerfreie Kunst sucht man bei Grétry vergebens; hingegen findet man einen glücklichen Instinkt, der ihm jederzeit zum Ausdruck aufrichtiger Empfindungen und Leidenschaften verhalf Weiß man sich den Vorurteilen der Mode zu entziehen, so
findet man in dieser Musik inmitten veralteter Formen Geistesblitze, die die Natur oftmals selbst den Gelehrten verweigert “ Die Wiederaufnahme des modernisierten Guillaume Tell war ein Erfolg für die Opéra-Comique Der folgende Abschnitt aus einem zeitgenössischen Sammelband zeigt, wie sie ihrerzeit aufgenommen wurde: „Interesse und Neugierde hatten zahlreiche Besucher zu dieser Art Feierlichkeit geführt Es war gewissermaßen der Kampf der neuen Musik gegen die alte Letztere konnte sich gegen ihre Gegner durchsetzen Zwei Parteien waren zugegen Die eine kündigte einen eklatanten Sturz an, die andere sagte einen stärkenden Erfolg voraus; letzterer gut gemeinte Absichten haben sich durchgesetzt Der Schlusschor des zweiten Aktes, welcher die Situation darstellt, in welcher die Frauen die Schweizer zur Revolution anstiften, machte besonderen Eindruck Nach Ende der Vorstellung verlangte das Publikum nach der Büste Grétrys, und jene wurde von Huet und Lafeuillade gekrönt “ Hatte sich Grétry zur Premiere nicht auf der Bühne zeigen wollen, so tat er dies mit 37 Jahren Abstand zur Wiederaufnahme im selben Opernhaus in Form eines Bildnisses; ein kurioser und an kaum einer anderen Stelle erwähnter Umstand
Diese Hommage richtet sich zugegebenermaßen weniger an den Schöpfer des Guillaume Tell als vielmehr an den Schöpfer eines ganzen Repertoires bezaubernder Werke, von dem die ComédieItalienne lange Jahre zehren konnte und die noch auf der Bühne der Opéra-Comique strahlen konnten
Edouard Fétis
Übersetzung aus dem Französischen: Thierry Gelloz
Personen
Wilhelm Tell
Vater Melktal
Melktals Sohn
Ehefrau Tell
Marie, Wilhelm Tells Tochter
Gessler
Ein Offizier
Ein alter Mann
Surlemann
Ein Reisender
Seine Frau
Kleines Mädchen
Soldaten des Kaisers
Characters
Guillaume Tell
Melktal, the father
Melktal, the son
Madame Tell
Marie, Guillaume Tell’s daughter
Guesler
An officer
An old man
Surlemann
A traveller
Traveller’s wife
Traveller’s litte girl
Soldiers of the emperor
Personnages
Guillaume Tell
Melktal père
Melktal fils
Mme Tell
Marie, fille de Tell
Gessler
Un Officier
Un Vieillard
Surlemann
Un Voyageur
Sa femme
La petite fille
Les Soldats de l’Empereur