Catalogue (extraits) Expo « Carnets d’expédition botanique, voyage entre arts et sciences »

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L’Herbier de Félicien Rops (1833-1898)

Philippe Martin

L’intérêt pour la botanique de Félicien Rops, maître sulfureux de la gravure, est méconnu : son œuvre artistique ne s’en inspire pratiquement pas. Cette passion s’inscrivait dans une tradition bourgeoise du XIXe siècle, l’horticulture, comme application populaire d’une science en pleine apogée et signe extérieur de richesse. Son mariage avec Charlotte Polet de Faveaux, en 1857, lui en donnera les moyens, en embellissant leur propriété de Thozée par des choix originaux et essais d’acclimatation d’espèces plus ou moins exotiques. Deux cahiers, Horticulture et Hortus Thozeanus, consignent 800 végétaux, probablement plantés, et de nombreuses factures de grands pépiniéristes belges témoignent des sommes investies. Mais Rops observe le végétal sous un angle assurément plus émotionnel que scientifique. N’écrira-t-il pas, à propos d’une liaison avec une comtesse, à Monte Carlo en 1875 « je l’ai aimée… près d’une Sparmannie d’Afrique qui s’en souviendra ! ». C’est lors de ce séjour qu’il réalise un carnet-herbier, conservant quelques récoltes botaniques (comme en Norvège en 1874, et peut-être lors d’autres voyages, mais qui n’ont pas été retrouvées), jalonnant ses promenades, à défaut de croquis qu’il n’a jamais réellement développés pour la botanique, mais révélant ce qui l’a animé toute sa vie : « je veux te donner le goût des fleurs, cela m’a beaucoup consolé en mes solitudes », dira-t-il à son fils Paul, en 1874.

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