Bon temps magazine #1 Automne 2014

AUTOMNE 2014

CULTURE & LIFESTYLE SYLVAIN BARBEROT BERNARD BOUGEAULT LE BÀNH MI CHAY VERLATOUR

2 MUSIQUE ART MAGAZINE

WWW.BON-TEMPS.FR

AUTOMNE 2014

L’Édito

EN COUVERTURE

Sylvain Barberot, ©Ludovic Leleu

De tous temps nos artistes ont reculé les limites de la Somme, de la Picardie, pour conquérir notoriété et publics, de Clovis Trouille à Manessier, de The Name à Fabrice Planquette. La terre picarde a nourri le « Génie d’Ici » pour forger notre fierté. À l’heure du débat sur la réduction des régions, il importe de s’appuyer sur nos valeureux pionniers pour relever les défis que provoquent ces nouvelles configurations. Avec cette revue, notre objectif premier est de mettre en lumière nos artistes, nos acteurs culturels, notre richesse patrimoniale, notre architecture contemporaine, notre identité afin de les confronter aux autres régions limitrophes, sans toutefois omettre de regarder chez nos voisins.

La revue Bon Temps se veut, avec force mesure, le porte-étendard de nos talents, de notre actualité culturelle toutes pratiques confondues… Nous porterons ce message dans notre ville d’Amiens, riche de promesses, mais aussi en Picardie, à Lille, Reims et Rouen. Cette passion avouée pour notre génie créatif, c’est la confiance en notre ADN d’imagination, d’innovations, dans notre ancrage dans ce siècle et dans l’avenir. Ce magazine, nous l’avons rêvé, pensé, conçu pour vous. Il est désormais vôtre.

Pascal Sanson , DIRECTEUR DE PUBLICATION

3

Les échappées du samedI À la découverte d’Amiens, la contemporaine

© Crédits photo : Gaël Clariana

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Le samedi 4 octobre 2014 à 14h15 InformatIons / réservatIons

03.22.71.60.50 www.amiens-tourisme.com

AUTOMNE 2014

Le Sommaire

L’ÉDITO — 3 LE SOMMAIRE — 5 PORTRAIT CULTURE #1 Fabien Gaffez — 6.7 PORTRAIT CULTURE #2 Claire Gapenne —8.9 L’ŒUVRE #1 Hedi Xandt — 11 L’ŒUVRE #2 Maria Rubinke — 13 L’INTERVIEW ART #1 Julie Faure-Brac par P. Sanson — 14.17 L’INTERVIEW ART #2 Sylvain Barberot par P. Sanson — 18.21 LE PATRIMOINE Les chasses exotiques de Louis XV par P. Sanson —22.25 LE GRAPHISME Le poster d’Anna Esteje — 26.27 L’EXPOSITION Passions Secrètes au Tripostal de Lille par E. Belt — 29 L’ARCHITECTURE Bernard Bougeault par F. Bougeault — 30.31 L’OBJET DESIGN Layers Cloud chair de Richard Hutten — 33 L’INTÉRIEUR #1 La forêt — 35 L’INTÉRIEUR #2 La forêt — 37 LA MUSIQUE #1 Verlatour par R. Le Ruyet — 38.39 LA MUSIQUE #2 Black Strobe par R. Le Ruyet — 40.41

5

LA PLAYLIST par R. Le Ruyet — 43 L’ATTITUDE #1 par T. H. Hoang — 44.45 L’ATTITUDE #2 par P. Sanson — 46.47 LE FOODING le Bành Mi Chay de Cook’n’Asia — 49 L’AGENDA — 50

AUTOMNE 2014 DIRECTION DE LA PUBLICATION

SECRÉTARIAT DE RÉDACTION

& DE LA RÉDACTION

Christine Lesage

PUBLICITÉ

François Brigo

PÉRIODICITÉ

Trimestrielle

Pascal Sanson DIRECTION ARTISTIQUE

PHOTOS

BON TEMPS ASSOCIATION

Ludovic Leleu, Gaël Clariana

29 rue Philippe Lebon,

CONCEPTION GRAPHIQUE

www.bon-temps.fr

Wilhem Arnoldy, WAG&W

bontemps.mgmt@gmail.com

80000 Amiens.

Wilhem Arnoldy MAGAZINE

Thu Huyen Hoang, Régis le Ruyet, Pascal

IMPRESSION

Sanson, Eric Relt

Imprimerie Chartrez, Arras.

ISSN

en cours

DÉPÔT LÉGAL

à parution

La rédaction n’est pas responsable des textes, photos, illustrations et dessins qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Leur présence dans ce magazine implique leur libre publication. La reproduction, même partielle, de tous les articles, illustrations et photographies parus dans Bon Temps est interdite. Bon Temps décline toute responsabilité pour les documents remis.

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FABIEN GAFFEZ PHOTOGRAPHE

Ludovic Leleu

AUX COMMANDES, DEPUIS 2012, du Festival Inter-

national du Film d’Amiens,

Fabien Gaffez n’est pas

homme à se présenter sous les feux des projecteurs.

Et pourtant, le directeur artistique du FIFAM* compte parmi les têtes pensantes du cinéma. Responsable du comité courts-métrages de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes, collaborateur de la revue Positif, essayiste écrivain, ses activités lui ont forgé un solide flair pour présenter au public amiénois les tendances du cinéma et les talents de demain. Alors qu’il peaufine la 34e édition, ce passionné de Guitry et d’Eastwood nous parle sans fard du cinéma, du métier et du devenir du festival.

QUAND AS-TU PRIS CONSCIENCE DE L’IMPORTANCE

relles, conjoncturelles. Il y a la concurrence parfois

QU’ALLAIT PRENDRE LE CINÉMA DANS TA VIE ?

terrible entre festivals, une industrie en crise, la pré-

Le cinéma a toujours eu de l’importance. Au moins

sence de marchands d’art peu scrupuleux, etc. Il y

depuis que j’ai découvert en salle Le Bon La Brute et

a le passage au numérique qui nous met en grande

le Truand, à l’âge de sept ans. Les films entrent petit

difficulté, puisque le Grand Théâtre de la Maison de

à petit dans votre vie, ils la nourrissent, l’inspirent, la

la Culture, notre navire amiral, n’est pas équipé. Il

soutiennent. Le cinéma est à la fois un refuge et une

faut préparer, pendant plus d’un an, un événement

issue de secours. Il ne s’agit pas de fuir le réel, mais

qui ne dure que dix jours. Les nerfs sont mis à rude

de l’améliorer, de le contrarier, de lui donner des

épreuve. On joue sa peau à chaque match. Et on y

idées. La cinéphilie devient comme un art de vivre.

laisse des plumes. Il faut de la force de caractère, de

On collectionne les films, on veut en parler, écrire

l’énergie, et un peu d’inconscience.

AUTOMNE 2014

Portrait Culture #1

dessus, bref, faire durer le plaisir et le transmettre. Ce qui m’a tout de suite plu, c’est la part d’enfance du

QUELLE VA ÊTRE L’ÉVOLUTION DU FESTIVAL DANS

cinéma, sa capacité d’ouvrir un regard émerveillé

LES ANNÉES À VENIR ?

sur le monde. En revanche, je n’ai jamais eu l’ambi-

Le festival est aux portes d’une nouvelle ère, il peut

tion de travailler dans le cinéma. Cela ne m’a jamais

grandir encore, confirmer sa réputation, affir-

traversé l’esprit. Je me suis tourné vers de longues

mer son identité originale. Le FIFAM a l’étoffe pour

études de philosophie. Pour moi, la cinéphilie, ça

devenir l’un des festivals internationaux les plus

n’est pas un métier. Mais il y avait cette obsession

importants. Avec Hélène Rigolle — secrétaire géné-

de la transmission et je m’aperçois que toutes mes

rale du FIFAM — et la nouvelle équipe, nous avons

activités liées au cinéma avaient ça en commun :

construit un projet sur cinq ans, qui porte déjà ses

l’écriture, l’enseignement, les festivals. La difficulté,

fruits. Le FIFAM va évoluer en termes professionnels,

quand une passion se mue en métier, c’est de garder

avec une plus large implication industrielle : la distri-

intacte cette passion primitive.

bution en salle, l’édition de DVD et de livres, le cinéma 2.0, de nouveaux partenariats (Cinémathèque fran-

QUELS SONT LES AVANTAGES ET LES CONTRAINTES

çaise, Villa Médicis à Rome). Nous voulons continuer

D’ÊTRE AUX COMMANDES DE L’UN DES PLUS IMPOR-

de défendre les métiers du cinéma, développer la

TANTS FESTIVALS DE CINÉMA DE FRANCE ?

formation des jeunes, la transmission des savoirs,

La première des contraintes : tout faire pour garder

des savoir-faire. Notre implantation dans la ville et

sa capacité d’émerveillement devant les films. Il

sa région va ainsi encore s’approfondir. Avec une

s’agit d’un métier, avec toutes les complications

orientation que nous voudrions pluridisciplinaire et

et les angoisses qu’exigent tous les métiers. Mon

tout au long de l’année. Le FIFAM est au seuil de cette

premier contact avec le monde de la culture m’avait

transformation. Il nous suffit d’un coup de pouce.

désenchanté : je croyais n’y trouver que de grands passionnés. J’ai vite déchanté. Et puis, j’ai appris le

Les temps forts du FIFAM 2014 : carte blanche à

métier. Si être cinéphile est une condition nécessaire,

Pierre Richard, la Rétrospective Merian C. Cooper,

cela ne suffit pas à s’improviser programmateur. Il

une exposition de photographies par Jean-Chris-

faut avoir une grande connaissance de l’histoire

tophe Husson, l’hommage à Vittorio Storaro.

du cinéma, mais aussi avoir du flair pour capter

—

les nouvelles tendances du cinéma mondial. Il faut

* FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM D’AMIENS

avoir une mémoire vivante, tournée vers l’avenir.

34e Festival International du Film d’Amiens, du 14 au 22 novembre 2014.

C’est d’ailleurs ce qui fait à mon avis la force du

SITE INTERNET

FIFAM. Les contraintes sont financières, structu-

www.filmfestamiens.org

7

8

CLAIRE GAPENNE PHOTOGRAPHE

Ludovic Leleu

FRONDEUSE DE LA SCÈNE MUSICALE AMIÉNOISE,

Claire Gapenne , de son premier concert en 2006 au

Babylone à son nouveau projet solo Terrine, ne se

laisse pas facilement coller d’étiquette. En un peu moins de dix ans, la musicienne-interprète aura endossé plus d’un costume : Babydoll de la scène rock avec Milk, chanteuse pop pour Oregone, voix electroclash éphémère de The Name, performeuse avec le poète et saxophoniste free jazz Jean Detrémont, musicienne bruitiste et métal no wave dans Couteau Twins, guitariste post punk d’Headwar…

C’est dans le circuit indépendant, dit « alternatif », notamment auprès du collectif d’artistes Accueil Froid, qu’elle explore, expérimente, incarne un univers musical encore trop confidentiel. Reine du « Do it yourself*», entre les tournées qui l’emmènent aux

À MOYEN TERME, QUELLE PRATIQUE, AUTRE QUE LA

travaille à développer et à promouvoir une « culture

MUSIQUE, AIMERAIS-TU EXPLORER ? —

autre», en marge du circuit institutionnel. Avec ses

Pour le moment, je vais essayer de faire de la

comparses, elle réussit le pari de faire exister cette

musique à plein temps !

AUTOMNE 2014

quatre coins de l’hexagone et plus, Claire Gapenne

Portrait Culture #2

scène dans le paysage amiénois, malgré le manque cruel de lieux artistiques indépendants. Pour que ce

ACTIVE AU SEIN DU COLLECTIF D’ARTISTES L’AC-

foyer créatif perdure, le collectif, après une première

CUEIL FROID, QUELLE LIGNE ARTISTIQUE ET MES-

tentative, continue sa quête d’un lieu où, pour sûr,

SAGES DÉFENDEZ-VOUS ? —

le spectateur trouverait son compte au gré des per-

Écoute, c’est assez simple et clair. On s’est défonçé

formances, concerts et événements. Au jeu simple

avec dix-sept copains et l’association Label Brique

des questions / réponses, l’enfant terrible Claire

pour louer un local en 2011. On payait un loyer tout

Gapenne nous en dit plus sur son intégrité artistique,

en étant en recherche d’emploi. On a tout aménagé

son parcours et ses priorités.

(bar, scène...) et on s’occupait de tout dedans : le catering, la communication, la technique, la pro-

ENGAGEMENT, SACERDOCE, LOISIRS, CONSOMMA-

duction, la programmation... sans hiérarchie de

TION, QUELLE EST TA VISION DE LA CULTURE ? —

groupe. C’était vraiment simple et fluide. On y faisait

Je crois que la culture est là où on veut bien la voir.

des concerts, du théâtre, des performances, des

C’est sûrement un engagement parce que ça fait

expos, des soirées cinéma, des brocantes... Ce lieu

partie de la vie de tout le monde et que c’est impor-

était nécessaire dans le paysage culturel amiénois et

tant, mais je ne me sens pas spécialement engagée.

représentait une scène artistique engagée.

La notion de culture ne me parle pas tant que ça, en fait.

COMMENT DÉFINIRAIS-TU LA SCÈNE ARTISTIQUE AMIÉNOISE ? DE QUELLE MANIÈRE CETTE VILLE

MUSICIENNE, INTERPRÈTE, PERFORMEUSE, PRO-

T’INSPIRE-T-ELLE ? —

GRAMMATRICE, MODÈLE À TES HEURES… CES DER-

Amiens n’est pas facile parce qu’il n’y a pas grand-

NIÈRES ANNÉES, TU T’ES RÉVÉLÉE UNE TOUCHE-À-

chose, mais en même temps c’est stimulant pour y

TOUT D’UNE EXTRÊME SINCÉRITÉ ARTISTIQUE. QUEL

faire quelque chose justement ! Tout le monde se

REGARD PORTES-TU SUR TON PARCOURS ? —

connaît et ça marche par « bandes organisées »

Touche-à-tout oui et non. C’est toujours un concours

(rires).

de circonstances. Au début je faisais de la danse.

J’ai ainsi découvert tout l’aspect performatif avec

QUE MANQUE-T-IL POUR QU’AMIENS, À L’INSTAR

mon ami le saxophoniste free jazz Jean Detrémont.

D’AUTRES VILLES, RAYONNE CULTURELLEMENT ? —

Après, j’ai commencé à faire de la musique d’ados.

L’ACCUEIL FFRROIIIIID !!!!! (rires).

J’ai essayé de trouver un boulot dans ce milieu,

Avec tout ce que cela sous-entend l’indépendance,

ce n’était pas évident… Puis avec mes copains, on

la solidarité, le « système D », les concerts, les perfor-

a monté le collectif l’Accueil Froid, pendant que

mances, l’ambiance, les festivals, les soirées événe-

d’autres s’occuperont de le fermer. Dans la foulée,

ments… L’accueil Froid quoi !

j’ai programmé des groupes à la Lune des Pirates

—

pour la Nuit Blanche. J’ai enfin trouvé un job dans cette salle tout en continuant la musique.

Aujourd’hui, je m’y consacre entièrement notamment avec les groupes Headwar, Couteau Twins ou mon projet solo Terrine.

SITE INTERNET

dubruitetdescoups.blogspot.fr headwarguimbalesettendressouvenirs.blogspot.fr labelbrique.over-blog.com * Fais le toi-même

9

10

abonnements : à partir du 1er septembre locations : dès le 15 septembre

AUTOMNE 2014

L’Oeuvre #1

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HEDI XANDT « Ray Apollo », Prototype, buste en or massif, marbre et béton, 2013 —

© Courtesy Hedi Xandt

www.hedixandt.com

V W U

M A I S O N D E L A C U LT U R E D ’ A M I E N S Centre eur opéen de c réation et de pr oduction

théâtre - création JE SUIS LE VENT production MCA Jon Fosse / Lukas Hemleb 30 septembre-7 octobre / MCA 9 et 10 octobre / Abbeville 14 octobre / Péronne théâtre OBLOMOV Ivan Gontcharov / Volodia Serre avec Guillaume Gallienne & la Troupe de la Comédie-Française 3 et 4 novembre

12

musique classique JULIA FISCHER & YULIANNA AVDEEVA violon & piano Bach - Prokofiev 15 octobre

chanson JULIEN DORÉ 18 octobre

cirque SÉQUENCE 8 / LES 7 DOIGTS DE LA MAIN Shana Carroll, Sébastien Soldevila 7 et 8 octobre

cirque SLAVA’S SNOWSHOW Slava et Viktor Kramer du 26 au 30 novembre

ET AUSSI :

THÉÂTRE n Orlando - Virginia Woolf / Guy Cassiers n Orchidées - Pippo Delbono n SuperamaX - Superamas n Youdream - Superamas n Chocolat, clown nègre - production-reprise Gérard Noiriel / Marcel Bozonnet - au Safran CIRQUE n Azimut - Aurélien Bory / Groupe acrobatique de Tanger DANSE n Tauberbach Alain Platel n Asa Nisi Masa, Asa Misi Masa - jeune public José Montalvo n Eifman Ballet, Saint-Petersbourg RODIN et son éternelle idole - Boris Eifman MUSIQUE n Youn Sun Nah Quartet - jazz vocal n Orchestre de Picardie Edmon Colomer / Cédric Tiberghien n Krakauer’s Ancestral groove - jazz n Vadim Repin & Boris Berezovsky violon & piano n Juliette Gréco chante Brel - chanson n Tigran - jazz n Katia Kabanova - Leos Janácek / André Engel / Irène Kudela - opéra EXPOSITION n Reiner Ruthenbeck n Impromptu 1 - composition de Lukas Hemleb / fracpicardie CINÉMA ORSON WELLES

Avec la Carte de Fidélité de la Maison de la Culture, bénéficiez de 40 à 60% de réduction sur tous les spectacles et le cinéma www.maisondelaculture-amiens.com 03 22 97 79 77

saison 2014-2015

septembre - novembre

AUTOMNE 2014

L’Oeuvre #2

13

MARIA RUBINKE « Take on / off », © Courtesy Martin Asbæk Gallery

Porcelaine, 65 x 53 x 30 cm, 2013.14 — www.mariarubinke.com

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AUTOMNE 2014

L’Interview Art #1

JULIE FAURE-BRAC AUTEUR

Pascal Sanson PHOTOGRAPHE

Ludovic Leleu

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S’IL EST UN FIL CONDUCTEUR dans l’œuvre de

Julie Faure-Brac

, c’est sa farouche volonté à vous

QUEL ÉVÉNEMENT T’A DÉCIDÉE À EMBRASSER LA PROFESSION D’ARTISTE ? —

embarquer de l’autre côté du miroir, à la manière

Je n’ai pas le souvenir d’un événement en par-

d’un Bosch, d’un Lewis Carroll ou d’un Chaman.

ticulier. Petite, j’aimais dessiner, fabriquer des

Dans un univers exponentiel dont elle dessine

livres. Ma mère m’a encouragée à faire Arts Plas-

les contours étape par étape, alternant gravure,

tiques au lycée. Je lui en suis reconnaissante car

sculpture, vidéo, installation. Un monde autre, régi

c’est dans ces cours que je me sentais bien. Je me

par les lois de la forêt et du merveilleux, peuplé d’

rends compte aujourd’hui que ça me permet-

« humanimaux », d’esprits dont elle tire les ficelles

tait de m’exprimer et de m’épanouir, étant assez

telle une prêtresse, une Reine de sabbat. Pour cette

timide… Je dirais que le plus grand « émoi » artis-

œuvre singulière et incantatoire, l’ex-brillante élève

tique est venu à la fin de mes études lorsque j’ai

de l’Esad de Reims, aujourd’hui reconnue de ses

découvert la gravure. Apprendre cette technique

pairs, est devenue en quelques années une valeur

a été une révélation, et c’est devenu le fondement

sûre de l’art contemporain. Rencontre.

de toute ma pratique.

QUEL BILAN FAIS-TU DE CES PREMIÈRES ANNÉES

s’y sent bien, on retrouve la beauté, le sauvage, les

DÉDIÉES À L’ART CONTEMPORAIN ? —

mythes, les noirceurs profondes et les peurs aussi,

Je crois que j’ai été très chanceuse et je suis heureuse

mais surtout on ne se sent pas forcément à notre

des projets que j’ai réalisés et des rencontres que j’ai

place. La forêt est le seul endroit où j’ai envie de

faites. Parfois il y a des creux mais j’ai toujours des

créer des histoires.

projets qui me trottent en tête. Je vais à mon rythme, je ne me soucie pas d’un plan de carrière.

QUEL EST L’IMPACT DE TON CADRE DE VIE, DE TA

COMMENT DÉFINIRAIS-TU TON UNIVERS, TON ART

Je suis très attachée à ma région. La forêt des Ar-

RÉGION SUR TON TRAVAIL ? — DE MANIÈRE SUCCINCTE ? —

dennes m’inspire forcément. J’ai un cadre de vie

Le dessin, la ligne, le trait noir sont à la base de mon

assez simple mais chaleureux. J’ai la chance d’avoir

travail. Je crée un univers hors du temps, du monde

un bel espace de travail à Charleville-Mézières.

civilisé, peuplé d’hommes, de bêtes aux relations ambigües, magiques. Je montre le corps humain

ON CROISE DANS TON ŒUVRE NOMBRE DE PER-

dans ce qu’il a de primaire, sans pudeur, et repré-

SONNAGES HYBRIDES, MI-HOMMES MI ANIMAUX,

sente un monde débarrassé des bonnes manières,

ESPRITS, HOMMES PRIMAIRES. NE DÉVELOPPERAIS-

des traces de la civilisation, pour retrouver un état

TU PAS UN ÉTRANGE BESTIAIRE ? —

de nature. J’essaie de créer des œuvres qui vont

L’apparition des animaux, des hybrides, des humains

susciter des émotions profondes. Je ne raconte pas

poilus dans mon travail est venue en même temps

d’histoire, je laisse au spectateur le soin de se la

que ma redécouverte du dessin par le biais de la

créer lui-même.

gravure. Les corps à poils et à plumes sont fascinants

16

à faire naître, trait par trait. Ces figures animales ou TU USES DE MULTIPLES MEDIUMS DANS TON TRAVAIL,

humaines me permettent de questionner des rela-

AVEC LEQUEL TE SENS-TU LE PLUS À L’AISE ? —

tions, un rapport au monde.

Le dessin. La gravure. J’ai l’impression d’apprendre sans cesse, d’affronter le vertige des possibilités

JE NE PEUX PAS NE PAS ABORDER LA PART SOMBRE

techniques de ces outils avec appréhension mais

DE TON ŒUVRE. UN ENVIRONNEMENT TROUBLANT,

avec joie. Ils m’incitent à créer, me donnent envie.

UN PEUPLE DONT ON NE SAIT S’IL EST FÉÉRIQUE OU PLUS AMBIVALENT… PEUT-ON PARLER D’UNE

JE CONNAIS BIEN TON TRAVAIL ET JE SUIS IMPRES-

PORTÉE AUTOBIOGRAPHIQUE ? —

SIONNÉ PAR SON ÉVOLUTION. TOUT EN RESTANT

Je suis intimement liée à mes œuvres. Elles ne sont

FIDÈLE AUX IDÉES DE DÉPART, AUX FONDAMENTAUX,

pas explicitement autobiographiques mais ce qui les

CELUI-CI A GAGNÉ EN PUISSANCE, EN INTENSITÉ… —

compose, les questions qu’elles soulèvent, les peurs,

Je n’ai pas une conscience objective sur ce parcours

la part d’ombre me constituent. Le cycle de la vie,

accompli. Je suis plus dans le sensible. Aussi, avec le

la mort, notre présence et sa portée dans le monde

temps, je me sens plus libre de créer, sans contrainte,

sont des notions qui me questionnent. Ce ne sont pas

sans me demander ce que les autres vont penser…

des préoccupations religieuses, loin de là, mais j’ai besoin de créer du sacré, du mystère, d’imaginer

LA FORÊT, UN FIL ROUGE. QUE T’INSPIRE T-ELLE ? —

des êtres de l’au-delà, de les convoquer comme les

La forêt est source de joie, d’inspiration profonde.

chamanes le font.

J’aime le graphisme des troncs et des branches,

—

les détails et la vie invisible qu’on ressent comme

SITE INTERNET

un mystère. C’est un sentiment étrange en forêt, on

www.juliefaurebrac.com

AUTOMNE 2014

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— LE PORTEUR DE L’ESPRIT DU CORBEAU OBÈSE, 2008

Dessin à l’encre de Chine sur papier, 155 x 100 cm

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AUTOMNE 2014

L’Interview Art #2

SYLVAIN BARBEROT AUTEUR

Pascal Sanson PHOTOGRAPHE

Ludovic Leleu

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PHOTOGRAPHIES VÉRITÉ, INSTALLATIONS GRINÇANTES,

le corps synthétique et reproductible (Région cen-

DESSINS CAUSTIQUES, l’œuvre du plasticien amiénois

trale 2008), le corps contraint (Cellophane 1999,

Sylvain Barberot ne laisse personne indifférent.

Apnée 2006) et le corps narcissique (Ecoute-moi

Sombres mais non dénuées d’humour, ses pièces

quand je te regarde 2006). Aux hommes à l’échine

sont autant d’uppercuts assénés au spectateur, de

courbée succède une phase de création marquée

par leur portée symbolique sur des thèmes aussi

par la maladie et la mort de la figure paternelle.

intimes qu’universels que sont la survie du corps et de

En quelques œuvres, majoritairement des pho-

la mémoire. Force est de constater qu’elles résultent

tographies (Salpêtrière 2007- 2009) l’artiste tente,

d’un combat évident entre l’artiste et son œuvre,

entre autre, de reconstruire la mémoire de celui

chaque pièce relève de la bravoure technique,

qui l’a (qu’il a) perdu. Œuvres miroir, de Memento

dogmatique, dans laquelle S.B. confronte son corps,

Mori (2009) installation de 365 patchs de Discotrine

son endurance physique, son intégrité mentale à la

à In Memoria (2013), S.B. nous parle d’un Homme

matière, à l’œuvre. Sur la vingtaine de ses réalisa-

embourbé dans le mythe de Sisyphe, de l’instinct de

tions, deux périodes se dégagent : les expérimenta-

survie, de lui, de nous. Avec, malgré la vérité crue de

tions corporelles de 1999 à 2008, et de 2007 à 2013

certaines pièces, juste ce qu’il faut de décalage pour

les travaux sur l’amnésie du père. Les installations et

que les choses ne virent pas trop grave… Pour aller

sculptures de la première période mettent en scène

plus loin, l’homme à la silhouette de Joseph Beuys,

le corps relique comme dans Humeurs (2005 – 2008)

bien qu’il s’en défende, s’est plié pour nous au jeu

avec sa collection de 21 fioles de pertes corporelles ;

de l’interview.

DEPUIS COMBIEN D’ANNÉES TE CONSACRES-TU À

DEUX SUJETS REVIENNENT DANS TON TRAVAIL,

L’ART CONTEMPORAIN ? ET POURQUOI ? —

LA FIGURE DU PÈRE ET TOI ? —

Une douzaine d’années à peu près. En tous les cas

La figure du père revient à certains moments. Deux

que j’y réfléchis et y travaille. Après, c’est le langage

fois, pour être précis. L’une avec un important

qui me convient le mieux en fait.

travail photographique : La Salpêtrière et l’autre, une récente installation In Memoria. Avec cette ins-

COMMENT DÉFINIRAIS-TU TON TRAVAIL ? —

tallation, ce tas de cendres, y’a pas de doute, on est

Tout tourne autour du corps et de l’espace qu’il

dans une esthétique sombre. Mais c’est, à la fois, une

occupe. Et l’espace qu’il occupe numériquement, je

image drôle : c’est reproduire le poids de quelqu’un

dirais. Dans numériquement, j’entends la surface im-

au moment de sa mort en le représentant par son

matérielle telle la mémoire. Le corps, sa matérialité

poids en cendres. Ce n’est que de la matière. De la

et sa possible non matérialité. La mémoire comme

cendre, rien que de la cendre… À propos de mon

objet immatériel et sa possible matérialité… Tu vois,

père, ma seconde « naissance » est arrivée le 30 mai

ce n’est pas super excitant, en fait…

1993. Au moment de son accident. C’est un basculement dont je ne me suis même pas rendu compte

QUELS MÉDIUMS UTILISES-TU ? DES PRÉFÉRENCES ? —

mais il y a eu un revirement total. J’ai alors amorcé

J’utilise une bonne partie des médiums possibles :

un long travail photographique, artistique là-dessus.

dessin, vidéo, sculpture, installation, photographie,

Sans savoir réellement où ça allait m’emmener mais

peinture (que je ne montre pas). Mais le médium ne

tout en sachant que c’était un événement fondateur.

me satisfait pas en soi. J’utilise un médium pour ce

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qu’il a d’utile dans le projet lui-même. Celui dans

ET TOI ? —

lequel je me projette le plus facilement reste l’instal-

Moi, parce que je fais beaucoup de moulages, et je

lation. Sans conteste.

ne me vois pas, d’une, mettre quelqu’un d’autre à ma place et de deux, parce que faire un moulage

AVEC QUELS MATÉRIAUX ES-TU LE PLUS À L’AISE ? —

est une expérience assez douloureuse.

Les matériaux de synthèse, résine, élastomère. Mais les matériaux qui m’intéressent le plus sont les ma-

QU’EST CE QUI A ÉVOLUÉ DANS TON TRAVAIL ? —

tériaux que je n’ai pas encore utilisés ou rarement

Je pense que ce que l’on produit au début se définit

comme l’huile de vidange, le cuivre, le lait, l’acier, le

au gré du temps. Ce que j’ai produit à la faculté,

bronze. Des matériaux puissants.

il y a 15 ans, n’était que le synopsis de mon œuvre actuelle. L’évolution n’est que technique et plastique

PARLE-MOI DE TES SOURCES D’INSPIRATION ? —

mais tout est déjà écrit.

Les matériaux. C’est toujours eux qui donnent le fil…

Et je m’intéresse principalement à ma famille, à la

QUEL EST TON PREMIER BILAN ? —

mémoire, à ma propre mémoire…

Un déficit financier, un déficit d’exposition, certainement. Mais mon implication, ma détermination et

TON ŒUVRE EST ASSEZ SOMBRE, MARQUÉE PAR

mon excitation sont intactes. Je me lève toujours le

L’IMPACT D’ÉPISODES DOULOUREUX… —

matin avec « la trique » pour aller à l’atelier.

C’est assez sombre. Soit. J’ai toujours été attiré par

—

les choses lourdes. C’est ce qui me parle comme les

SITE INTERNET

travaux de Steve McQueen, Boltanski. Ce qui m’intéresse dans l’Art c’est la possibilité de toucher au plus vite, au plus près les gens. Il faut que ce soit sensible.

www.sylvainbarberot.com EXPOSITION

Sylvain Barberot, 02 au 16 octobre 2014, le café, 17 rue Flatters, 80000 Amiens

AUTOMNE 2014

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— ET POURTANT JE NE ME SOUVIENS PLUS DE RIEN, 2012

Installation, mousse polyurethane, élastomère de silicone, resine epoxy, bois, acier, 170 x 80 x 80 cm

22

— CHARLES ANDRÉ, DIT CARLE VAN LOO (1705 – 1765)

La Chasse de l’autruche (détail), huile sur toile, collection du Musée de Picardie

AUTOMNE 2014

Le Patrimoine

LES CHASSES EXOTIQUES DE LOUIS XV AUTEUR

Pascal Sanson PHOTOGRAPHE

Marc Jeanneteau / Musée de Picardie

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TRÉSOR Ô COMBIEN INESTIMABLE, les Chasses exotiques ou en pays étrangers de Louis XV portent à

son paroxysme la passion des Bourbons pour l’Art

de la chasse, dit Art cynégétique. Réalisées entre 1735 et 1757 pour les châteaux de Versailles et de Choisy, les onze peintures sont œuvres des plus renommés peintres d’histoire, de fêtes galantes et de batailles : Boucher, Van Loo, Parrocel… Des appartements royaux à la mairie d’Amiens, les toiles auront parcouru un long périple avant de venir compléter en 1923, dans leur intégralité, les collections XVIIIe du

race de Jean-Jacques Bachelier viendront parfaire

Musée de Picardie.

cette incroyable série. Privilège d’un cercle restreint

24

d’invités, les chefs-d’œuvre étaient présentés dans C’est pour agrémenter la petite galerie de Versailles,

un espace confiné. Accrochées à 60 cm du sol, les

au second étage de la cour de marbre, que Louis XV

scènes de chasse, les figures humaines en butte

commanda ce décor pictural d’exception. Les neuf

à de féroces prédateurs, les paysages exotiques

premières toiles furent livrées entre 1737-38, com-

pouvaient ainsi être admirés à hauteur d’homme.

prenant la Chasse aux lions de Jean-François de

Conçues pour impressionner les convives, leur

Troyes, la Chasse de l’éléphant de Charles Parrocel,

impact était garanti. Comment ne pas être troublé

la Chasse au tigre de Nicolas Lancret, la Chasse au

par la tension dramatique des sujets et la violence du

léopard de François Boucher, la Chasse de l’ours de

combat ? Comment ne pas être ébloui par cette per-

Carle Van Loo, la Chasse chinoise de Jean-Baptiste

fection de l’Art français et ce tournant du goût pour

Patter, la Chasse du taureau sauvage de Parrocel,

l’exotisme ? À l’image d’un livre, les Chasses sont une

la Chasse de l’autruche de Van Loo et la Chasse du

ouverture sur le monde. Un Ailleurs, plus fantasmé

crocodile de Boucher. Ce n’est qu’en 1757, et pour

que réel, où l’on croise un roi de Chine, des chasseurs

le petit château de Choisy, que la Chasse au lion

turcs, espagnols, polonais, égyptiens confrontés à

d’Afrique combattu par des dogues et la Chasse

ce que la faune compte de plus effrayant. Dans un

à l’ours de Pologne arrêté par des chiens de forte

décor magnifié constitué de pyramides, de rotondes

1

AUTOMNE 2014

— NICOLAS LANCRET

(1690 – 1743)

La Chasse du tigre,

1736, huile sur toile, collection du Musée du Louvre, dépôt au Musée de Picardie 2

FRANÇOIS BOUCHER

(1703 – 1770) La Chasse du

crocodile, huile sur toile, collection du Musée de Picardie

antiques, de pagodes, de nature luxuriante, des

Le décor pictural reste en place jusqu’en 1767, avant

taureaux sauvages, des tigres à rayures d’Asie, des

d’être mis en dépôt dans les magasins de la surin-

hyènes, des léopards mouchetés d’Afrique, des cro-

tendance de Versailles, suite aux réaménagements

codiles, des éléphants et des ours bruns livrent ba-

de la petite Galerie. À partir de 1794, pour la pre-

taille à mort. On notera que le réalisme des animaux

mière fois depuis leur création, le public découvre

reste dans l’ensemble approximatif, ces derniers

ces trésors de l’Art français au Musée national de

étant esquissés à partir de récits d’explorateurs,

Versailles. Les années suivantes, les Chasses sont

d’œuvres d’autres peintres tels Rubens et Tempesta.

dispersées en plusieurs lieux au gré du pouvoir. Pour

Le cycle des Chasses suit, à peu de choses près, les

exemple, la chasse du taureau sauvage de Par-

mêmes règles de composition : au premier plan une

rocel passe du Louvre, à la vénerie de l’empereur

chasse, au second un paysage décoratif suivi d’une

Napoléon III, au Ministère de la guerre, au palais de

ouverture sur l’horizon et un vaste ciel. Héritage de

l’Elysée, au musée de Calais avant d’être déposée à

l’Art Baroque, les couleurs intenses reflètent le goût

Amiens. En vue de la signature de la Paix D’Amiens,

de l’époque, tout comme la luminosité vaporeuse.

une partie des toiles est exposée en novembre 1801 à l’hôtel de ville. En 1923, dépôt du Louvre au Musée de Picardie, complétées ultérieurement par des achats, les onze chasses de Versailles et Choisy, soit la totalité des commandes royales pour la première fois réunie, témoignent aux yeux du grand public de l’excellence de la peinture française du XVIIIe. Convoitée, parfois même sujet sensible, la collection des Chasses exotiques du roi Louis XV enrichie d’esquisses, retrouvera après achèvement des travaux du Musée, les cimaises d’un salon d’angle aménagé spécialement pour elle. L’occasion d’une redécouverte exceptionnelle par les amiénois et visiteurs, de l’un des joyaux du Siècle des Lumières.

25

26

AUTOMNE 2014

Le Graphisme

27

SARAH ESTEJE, « Bacon Stripes », dessin au stylo Bic, 2011 —

www.abadidabou.tumblr.com

© Wim Delvoye Trophy (détail), 1999

28

© Kris Martin T.Y.F.F.S.H, 2009

AUTOMNE 2014

L’Exposition

PASSIONS SECRÈTES TRIPOSTAL DE LILLE AUTEUR

Eric Belt

du « Trophy » de Wim Delvoye, avec le baiser profond de l’accouplement d’un chevreuil, à l’installation organique et chevaline « Een » de Berlinde de Bruyckere. Grâce à cette manifestation, sort de l’ombre belge, en particulier, l’animalerie tranchante de Ruben Bellinck. Une oblique du parcours découvre le « Féminin », fantasmes et rêves… de Bettina Reims, Tracey Moffatt, au coup de cœur « After Vivian Leigh » de Yasumasa Morimura. Puis un volet critique sur l’Amérique des 60’s et 70’s, vu et corrigé par des artistes radicaux : Paul Mac Carthy, Matthew Day

QUI A DIT QUE LE CENTRE DU MONDE EST À PER-

Jackson, Wayde Guyton… Sur la boussole de l’art

PIGNAN ? Aujourd’hui, le centre du monde contem-

contemporain, c’est le Nord qui désormais nous

porain se trouve à Lille, au Tripostal, où la saga des

éclaire de ses talents et de ses « amateurs ». Une ex-

collectionneurs et artistes, après François Pinault,

position à ne pas rater, ces passions secrètes excitent

Saatchi Gallery, Emmanuel Perrotin, se poursuit

les sens et font sens.

avec 18 collectionneurs flamands qui dévoilent

—

leurs passions secrètes pour l’Art et vous proposent les œuvres de 80 artistes de tous horizons et mouvements, balisées par les hautes figures, entre autres, de Joseph Beuys et Louise Bourgeois. Sur les sentiers de l’exposition, la vie revisitée des animaux,

PASSIONS SECRÈTES (COLLECTIONS PRIVÉES FLAMANDES)

Tripostal, Av. Willy Brandt Lille, du 10-10-2014 au 04-01-2015.

Tarifs 7/4€. Fermeture lundi et mardi.

SITE INTERNET

www.lille3000.com

29

30

LA VILLA NORMAND DE BERNARD BOUGEAULT PHOTOGRAPHE

Gaël Clariana

BIEN TROP CONFIDENTIEL, l’architecte

Bougeault

Bernard

aura, bien plus qu’Auguste Perret,

marqué de son empreinte, entre 1961 et 1976, la ville d’Amiens. De la maison de verre jouxtant NotreDame à l’église d’Etouvie, de la résidence Delpech à la Villa Normand, son engouement pour une architecture dans la continuité de Le Corbusier et Niemeyer, prône un retour à l’horizontalité, aux ma-

tériaux traditionnels et à l’artisanat, loin des grands ensembles en vogue à cette époque. Synthèse de sa vision architecturale, la Villa Normand, dans le quartier Henriville, détonne par son style moderniste modéré en rupture avec la verticalité des maisons bourgeoises avoisinantes. L’architecte François Bougeault lève pour nous le voile sur le travail de son père et sur cette villa aux étranges inspirations californiennes.

POURQUOI AVOIR BAPTISÉ CETTE VILLA DU NOM DE

DE L’EXTÉRIEUR, CETTE MAISON JOUE LA CARTE DU

VILLA NORMAND ? —

MODERNISME MODÉRÉ, DE L’ÉQUILIBRE ENTRE INTÉ-

Toutes ses villas portaient le nom du client, ici le Dr

RIEUR ET EXTÉRIEUR, DES MATÉRIAUX NOBLES... —

Normand. Le bâtiment comprend l’habitation et le

Tout à fait.

AUTOMNE 2014

L’Architecture

cabinet médical.

QUEL FÛT L’IMPACT DE CETTE CONSTRUCTION, QUI EN QUELLE ANNÉE FUT-ELLE LIVRÉE ? —

À BIEN DES ÉGARDS RESSEMBLE PLUS AU STYLE

Permis de construire en 1965 et livraison en 1967.

WEST COAST AMÉRICAIN, JE PENSE AU CASE STUDY HOUSES DE LOS ANGELES, QU’AUX MAISONS STAN-

DANS LA CARRIÈRE DE VOTRE PÈRE, À QUEL MOMENT

DARD D’AMIENS ? —

INTERVIENT LA RÉALISATION DE CETTE MAISON? —

Beaucoup de ses villas, bien que de style moderne,

La 5e année de son installation à Amiens, le volume

ont des murs en brique, des toits d’ardoise. Il reste

de ses affaires s’est considérablement étoffé ; il a

peut-être à celle-ci la référence aux murs à pans de

déjà réalisé nombre de villas, bâtiments publics,

bois des fermes picardes : Pas de murs porteurs, mais

immeubles de logements collectifs… À cette période,

une ossature en poutrelles métallique et un rem-

il conçoit déjà minutieusement le plan d’aménage-

plissage léger pouvant évoquer le torchis. Notons

ment et débute la réalisation de l’ensemble des 29

aussi l’ensemble menuisé de la façade sur le jardin.

villas et habitats collectifs du Parc Delpech.

On retrouve bien entendu un vocabulaire emprunté aux grands maîtres du modernisme : un parti-pris

QUEL EST SON PROCESS DE CRÉATION ? —

privilégiant les lignes horizontales et un dessin de

L’implantation et l’orientation des maisons sont

façade à la Mondrian.

31

étudiées sur maquette afin d’obtenir un ensemble harmonieux. La maison individuelle est un exercice

QUELLES ÉTAIENT RÉELLEMENT SES INFLUENCES ? —

qu’il privilégie tout au long de sa carrière. Il reçoit

Ses influences sont multiples et se conjuguent dans

longuement ses clients, mari et femme, dans l’huis

le prisme de son regard : Monuments historiques,

clos de son bureau, les travaille au corps pendant

architecture traditionnelle bourgeoise ou paysanne,

des semaines en crayonnant des esquisses succes-

architecture moderne qu’il explore régulièrement

sives. Il tient compte de leurs moindres exigences

lors de ses nombreux voyages en Europe, plus parti-

fonctionnelles, mais reste seul maître à bord en ce

culièrement en Finlande à cette époque.

qui concerne la mise en forme. Surpris du résultat inattendu dicté par leurs besoins, certains clients se

À LA SUITE, QUELLES FURENT SES RÉALISATIONS ? —

révoltent en découvrant le projet, bien éloigné des

De nombreuses réalisations : la résidence Delpech,

clichés qu’ils s’étaient forgés en arrivant au cabinet,

l’église Saint-Paul d’Etouvie… avec toujours ce souci

et reprochent à leur architecte d’être inflexible. Mais

d’équilibre, de proportions (le nombre d’or), de lisi-

il leur tient tête. Les clients les plus malmenés ont pu

bilité du principe constructif retenu.

devenir d’inconditionnels fanatiques… L’intérieur et l’extérieur sont dessinés à grande échelle ; les

EN QUOI POURRAIT-ELLE ÊTRE REPRÉSENTATIVE

meubles déterminent les volumes ; ils sont toujours

DE SON ŒUVRE ? —

mis en place sur les plans quand ils ne sont pas

Pour toutes ces raisons, elle l’est.

conçus eux-mêmes. Les détails et le choix des maté-

—

riaux sont étudiés, les fenêtres et portes d’entrées font l’objet de plans d’exécution et sont spécialement réalisés par un menuisier.

SITE INTERNET

www.bernard.bougeault.free.fr BIBLIOGRAPHIE

F. SAUVE, Bernard Bougeault, un architecte,

une agence 1961-1976, Itinéraire du Patrimoine, juil. 2005

32

SAISON 2014/2015

RETROUVEZ TOUTE LA PROGRAMMATION SUR

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03 22 71 62 90

(24, RUE ST-LEU)

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AUTOMNE 2014

L’Objet Design

33

LAYERS CLOUD CHAIR Richard Hutten —

PRÉSENTÉ À MILAN EN AVRIL 2014,

le Layers Cloud Chair du désigner néerlandais Richard Hutten, s’amuse à brouiller les pistes entre Design et Art contemporain. Commande de la marque Kvadrat, pour célébrer son emblématique textile Divina, ce fauteuil suggère le paysage désertique de l’Arizona. Sa conception aura nécessité 840m2 de tissu, 545 couches de toile, plus de 100 coloris, 400 heures de préparation et un mois et demi de fabrication manuelle — www. kvadrat.dk — www.richardhutten.com

Caritas

Histoires, paraboles et rêves

Francis Alÿs Marcel Broodthaers William Kentridge

Exposition-parcours

Pierre Lagarde

10 octobre 2014 - 18 janvier 2015

Jules Lefebvre Liliane Lijn

Safran

Franz Anton Maulbertsch Aimé Nicolas Morot Tony Oursler

34 Citadelle

Michel Paysant Samuel Rousseau

Ésad

Elisabetta Sirani Joseph Marie Vien Église Saint Leu

Franz West Lucas & Joannes Van Doetecum

Palais de Justice Courrier Picard

Musée de Picardie

Le projet Au-delà du bleu-Waide a été sélectionné dans le cadre du programme européen de coopération transfrontalière INTERREG IV A France (Manche) Angleterre, cofinancé par le FEDER.

MuséE dE picardiE, 48 rue de la République, Amiens 03 22 97 14 00 / blue-waide.eu

AUTOMNE 2014

L’Intérieur #1

CAROLINE OLSSON, « Skog lamps », Lampe, bois de

ERIC SCHMITT, « Souche n°1 », Tabouret, souche

chêne, cristal soufflé — www.carolineolsson.no

d’arbre, bronze poli — www.ericschmitt.com

35

AM.PM, « Mushroom », Lampe champignon,

résine — www.laredoute.fr

WHITE FAUX TAXIDERMY, « Black bear head »,

Trophée tête d’ours, résine —

VAN DER VENET, « Lapin vert », résine —

www.whitefauxtaxidermy.com

www.lecomptoirdeladeco.fr

La petite planète des musiques actuelles

Programme septembre • décembre 2014 25 AU 27.09 MER. 01.10 JEU. 02.10 MER. 08.10 VEN. 10.10 SAM. 11.10 36

MAR. 14.10 MER. 15.10 VEN. 07.11 MAR. 18.11 MER. 19.11 JEU. 20.11 JEU. 27.11 MER. 03.12 JEU. 11.12 MAR. 16.12

MUSIQUES DE JAZZ ET D'AILLEURS "Toute une vie" Exposition : BLOOD BROTHER SHELTER + Concerts : EAGLES GIFT + GIANTS OF PANAMA TALISCO + USS YOUNGBLOOD BRASS BAND + ARRACHE FANFARE BLACK STROBE + KING AUTOMATIC NUIT BLANCHE AMIENS BRUITS DE LUNE : une émission radio en salle de concert NATAS LOVES YOU + KID WISE GASPARD ROYANT + THE SWINGING DICE BRUITS DE LUNE : une émission radio en salle de concert Projection : UN JOUR PEUT-ÊTRE, UNE AUTRE HISTOIRE DU RAP FRANÇAIS + GÉRARD BASTE Picardie Mouv : BEAT ASSAILANT + CRESCENDO Celebration Days Records : PRISMA CIRCUS + CHEAP WINE ISAAC DELUSION + JULIA LOSFELT SALUT C'EST COOL + MUSEUM + VERLATOUR + L'ETIQUETTE BRUITS DE LUNE : une émission radio en salle de concert 17 quai Bélu • St-Leu - Amiens • 03 22 97 88 01

www.lalune.net

AUTOMNE 2014

L’Intérieur #2

HOERL OTTMAR, « White Hermelin », Hermine

OLIVIER DOLLÉ, « Black tree branch », Bibliothèque,

blanche, résine — www.ottmarhoerl.de

chêne ou noyer — www.olivier-dolle.com

37

DONNA WILSON, « Fox plate », Assiette, porcelaine

de Chine — www.donnawilson.com

FÄRG & BLANCHE, « Layer Armchair », Fauteuil,

contreplaqué cousu, cuir —

PHILIPPE STARCK / KARTELL, « Saint Esprit », Table

www.fargblanche.com

d’appoint, résine — www.madeindesign.com

38

VERLATOUR AUTEUR

AUTOMNE 2014

La Musique #1 Mon intention était d’ouvrir sur une ambiance « expectative », des arpèges annonçant la grande cavalcade. Le track Rituel a un caractère beaucoup plus house, dancefloor. Pour le dernier titre Cavale,

Régis Le Ruyet

j’emprunte des voies analogiques et planantes. J’ai

PHOTOGRAPHE

Ludovic Leleu

trouvé une vraie cohérence à associer ces titres, ainsi

MAGISTRALE INCURSION dans les musiques électro-

tique. Pour les lives à venir, je m’oriente vers une

niques que celle de l’amiénois

que le remix de Museum, plus mental voire hypno-

Jocelyn Soler aka

formule hybride entre le Dj set et le live. Je combine

Verlatour, remarqué pour sa participation, entre

et mixe mes tracks avec ceux d’autres artistes tout

autres, aux groupes The Name et Wolves & Moons.

en jouant aussi des pads électroniques, du clavier.

Aux trois questions aussi basiques que Pourquoi ?

Au final, mes sets sont indéniablement dancefloor.

Comment ? Quand ? il revient sur la genèse, le process

QUAND ? Le prochain Ep, sortie prévue pour

de création et l’avenir de son nouveau projet musical

novembre, ne s’émancipe pas trop du premier.

en solo.

J’affirme mon style tout en continuant mon exploration de l’electronica, l’IDM, la house… Je planche

POURQUOI ? À l’été 2013, après la série Bref pour

aussi sur un inédit pour la 1re compilation du label

Canal+, je suis parti changer d’air à Berlin. C’est

Bon Temps, où l’on croisera des musiciens tels

là-bas qu’est né le désir de ce projet solo. Le fait

Museum, l’amiénois Plastic Yogi Janski Beeeats, Frau

de travailler quelques morceaux sur place et l’am-

SilberFischder... Ce label, on l’a monté avec Pascal

biance créative de cette ville ont suffi à agir sur

Sanson, c’est une structure du genre « bicéphale »

moi tel un déclencheur. Je disposais de pas mal de

dédiée à la musique et à l’art contemporain. Je gère

morceaux dans des styles Electronica, Indie Dance,

plutôt la branche musique mais chacun a un regard

que j’avais envie d’explorer. En tant que batteur, j’ai

avisé sur ce que fait l’autre, c’est hyper stimulant.

toujours aimé me mettre au service de l’émulsion

C’est un travail collectif, passionnant, humain. En

collective (Apollo, Vadim Vernay…). Avec Verlatour,

marge de Verlatour, qui fut la 1re signature du label,

c’est nettement plus introspectif. C’est l’occasion

nous sommes en discussion avec des artistes, plutôt

d’aller au bout de mes idées, de ma conception des

émergents, sur des projets d’Eps pour 2015. Promou-

musiques électroniques.

voir, valoriser les artistes électroniques en devenir,

COMMENT ? Je n’ai pas de règles. L’idée peut partir

qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, c’est l’un de nos pre-

d’un beat, d’une mélodie, de triturages de synthés

miers objectifs. Nous n’avons pas d’ambitions déme-

analogiques. Je pose une ambiance et la fais

surées, pas plus qu’avec Verlatour je n’ai de plan de

évoluer. Sur mon 1er Ep Meurtrière, j’ai collaboré

carrière, le plus important est d’avancer, d’explorer,

avec les musiciens Romain Caron de John Makay,

d’agir, de concrétiser. Tant que le plaisir reste intact.

pour les arrangements des titres Meurtrière et

—

Cavale, pour les guitares Fabien Desjardins d’Infected Society et le précieux Emilien Bernaux aka MIM pour le mixage. Les titres de l’Ep sont sur une même lignée, écrits dans le même laps de temps.

VERLATOUR & ZOMBIE ZOMBIE , 14 novembre 2014,

Inauguration 34e festival international du film d’Amiens, New Dreams MCA, Réservations la Malle à disques 03 22 72 01 86, Fnac

39

© Arnaud Rebotini par Quentin Caffier

40

BLACK STROBE AUTEUR

AUTOMNE 2014

La Musique #2 BLAKE STROBE ACTE 2.

Dix ans après le premier manifeste, sur fond de brouille et d’ego, tandis que le premier disque long format Burn your own church est en route, Ivan Smagghe part en solo pour Londres. Arnaud Rebo-

Régis Le Ruyet

tini seul aux commandes en profite pour prendre le

C’EST AVEC IVAN SMAGGHE, collègue au rayon dance

rouages et brûle la chapelle techno sur l’autel du

de chez Rough Trade, le temple du vinyle installé rue

rock. Au milieu de l’album, poussée par les riffs mé-

de Charonne à Paris, qu’Arnaud Rebotini monte en

talliques des guitares, la reprise electro rock d’ I’m a

1997, sur des fondations électroniques et gothiques,

man de Bo Diddley fait effet. Elle figure d’abord au

le duo

. Vendeurs le jour, les deux pro-

générique du film de gangsters Rock’Nrolla de Guy

ducteurs allument le soir les pistes de danse sous

Ritchie puis Quentin Tarantino invite l’homme sur la

leurs lumières noires. Tout deux regardent alors,

bande originale de Django Unchained. Désormais

non sans dédain, s’épanouir la vague French touch

ami avec les esprits du bayou, Arnaud Rebotini trace

qui viendra s’écraser au pied de leur électro clash

dans les méandres du Mississipi un rock graisseux.

vénéneuse.

Le bouilleur de cru, d’un mètre quatre vingt seize,

Black Strobe

micro, remet une bonne dose de gomina dans les

arpente dès lors les scènes du monde dans des set BLAKE STROBE ACTE 1.

animal en front man très mâle fidèlement entouré

Fin des années 90, à rebours du joyeux mouve-

de trois musiciens. À la suite, Black Strobe creuse

ment des adeptes de la disco filtrée et compressée,

le sillon vinylique sudiste et paraissent en 2012 les

Arnaud Rebotini et Ivan Smagghe clament sous le

maxis Boogie in zero gravity et The girl from the

pseudonyme de Blake Strobe Paris Acid City. Le duo

bayou. Deux ans plus tard, toujours serrée dans son

a emprunté à Tony Cook la ligne de basse de On

mini short, on retrouve la fantasmatique fille des

the floor, un classique électro-funk de 84 considéré

marécages ainsi que neuf autres titres au générique

comme l’ancêtre des disques de house. Nappé d’un

du deuxième opus Godforsaken Roads. Enregistré en

voile mélancolique, d’accents cybernétiques et d’un

compagnie de Mathieu Zub aka Museum, guitares,

pied lourd sur le dancefloor, le titre tranche des pro-

Benjamin Baulieu basse / claviers et Mathys Dubois,

ductions ambiantes. Ce premier single séducteur va

batterie, Arnaud Rebotini continue d’égrener ses

ouvrir alors la voie aux demandes de remix qui éma-

complaintes d’amour et de déchirure sur un climat

neront aussi bien de Rammstein, Depeche Mode

de musique rock électro et bluesy. Après I’m a man

que du « Monde m’appartient » de David Guetta.

c’est à la reprise vivifiée par l’excitation électrique

En parallèle le groupe poursuit sa carrière, édite

de Johnny Cash Folsom Prison Blues que Black

une flopée de maxis, Innerstrings, Italian Fireflies,

Strobe fait sourdre son énergie sombre.

Me and madonna ou Chemical sweet girl qui mar-

—

queront les clubs de leurs douceurs amères avant le divorce.

BLACK STROBE & KING AUTOMATIC, 10 octobre 2014,

La Lune des pirates, 17 quai Bélu Saint Amiens. Rens. 03 22 97 88 01

41

© DIRCOM RÉGION PICARDIE

www.picardiemouv.com www.facebook.com/festivalpicardiemouv JEUDI 13 NOV

SAMEDI 15 NOV

ELISPACE

LE FORUM

CHINESE MAN GROUNDATION ASWAD POSITIV’SIGHT

OWLLE GRAND BLANC KINK DROP

LE SPLENDID

Beauvais

Beauvais

42

Chauny

L’OUVRE-BOÎTE

BLITZ THE AMBASSADOR ÈRE +1 PARTIE

AMP FIDDLER CHERRY BOOP & THE SOUND MAKERS

CSC ETOUVIE

CITÉ CARTER

Saint-Quentin

Amiens

IMBERT IMBERT LES PINAILLEURS

THÉÂTRE MUNICIPAL Abbeville

IBRAHIM MAALOUF PARADOX

Amiens

MAGIC MALIK WILD SIDE

LA GRANGE À MUSIQUE Creil

Crépy-en-Valois

LOW END PICARDIE 4.0 ADRIAN SHERWOOD & PINCH MALA BARON RÉTIF & CONCEPCION PEREZ PHILIPPE LAURENT

MERMONTE LOUIS AGUILAR

LA MANEKINE

LA FAÏENCERIE

HOLLYSIZ THE BUNS

CHRISTOPHE INTIME TOUR MOÏRA

MARDI 18 NOV

LA BRIQUETERIE

VENDREDI 14 NOV

MJC

Creil

Amiens

NÄO TURNSTEAK

Pont Saint-Maxence

MAISON DE LA CULTURE ET DES LOISIRS Gauchy

DAN AR BRAZ MAM

THÉÂTRE LES DOCKS Corbie

ZEBDA OAK KARIMOUCHE

MERCREDI 19 NOV

THÉÂTRE DU BEAUVAISIS Beauvais

ROSEMARY STANDLEY MOÏRA

SALLE SAINT-GOBAIN Thourotte

COMÉDIE DE PICARDIE

SAMEDI 22 NOV

KENT + 1ÈRE PARTIE

ESPACE CULTUREL SAINT-ANDRÉ

Amiens

THÉÂTRE DU CHEVALET Noyon

FRANÇOIS AND THE ATLAS MOUNTAINS ANTONIN LASSEUR

SALLE MUNICIPALE

VENDREDI 21 NOV

SALLE DES ARTS ET LOISIRS Tergnier

SALLE SOCIOCULTURELLE

Château-Thierry

LA BISCUITERIE LES SEMEURS DU TEMPS LES TAMBOURS URBAINS

LE SAFRAN Amiens

HK ET LES DÉSERTEURS LES PINAILLEURS

Mers-les-Bains

LA LUNE DES PIRATES

VINCENT SEGAL ET PIERS FACCINI LILJU

LE PALACE

BEAT ASSAILANT CRESCENDO

Amiens

Tracy-le-Mont

MADEMOISELLE K THE BUNS

JEUDI 20 NOV

CINÉMA G. PHILIPPE

SALLE DE L’HORLOGE

Laon

FLAVIA COELHO JAY’S BAND FAMILY

ELECTRO DELUXE LIRO

FINALE DU TREMPLIN DES JEUNES

IMAZ’ELIA BELTUNER MOISE MELENDE

MAISON DES ARTS ET LOISIRS

ORCHESTRE TOUT PUISSANT MARCEL DUCHAMP THOMAS ALBERT FRANCISCO

Feuquières-en-Vimeu

Abbeville

Montataire

SUSHEELA RAMAN VADIM VERNAY

Rosoy-en-Multien

ASKEHOUG + 1ÈRE PARTIE

THÉÂTRE DES POISSONS Frocourt

FRANK MONNET LA GAMBERGE

SALLE DE L’EDEN Hirson

SIDILARSEN EMPIRE OF NOÏSE

LE ZÉNITH Amiens

LA FEMME RODRIGO Y GABRIELA SUPERDISCOUNT 3 LIVE THE BUNS + GUEST

LOCATIONS www.fnac.com / Fnac - Carrefour - Géant - Magasins U – Intermarché - www.carrefour.fr - www.francebillet.com / sur votre mobile Réseau TICKETNET : Auchan, cora, cultura, e.leclerc - www.ticketmaster.fr / Réservation téléphonique : 0 892 390 100 (0.34 euros TTC/min)

TODD TERJE —

«Anthologie et musiques

«It’s album time»

de film» (Divers )

(Olsen Records – Pias)

Souvent désigné comme

Après le carton house Inspec-

le Ennio Morricone français,

teur Norse, le norvégien Todd

François de Roubaix imprima

Terje, apôtre du nu-disco, rap-

de sa marque les génériques télévisés et le cinéma

pliquait au printemps avec 11 titres nous jouer la

populaire des années 60 et 70. De nombreuses

mélodie du bonheur. Avant même que l’album ne

rééditions et compilations rendent hommage au

se classe au top des charts, la parution en février

compositeur de Chapi Chapo et de la Scoumoune.

du maxi Delorean Dynamite préludait déjà un

D’autres, à l’égal de Missy Elliott, Robbie Williams

classique du dancefloor. En peu de temps, l’oreille

et Snoop Dog n’hésiteront pas à piocher allégre-

est séduite par ce cocktail de nappes hydrophiles

ment dans ses arpèges synthétiques comme dans

et boucles magnétiques qui vous emmènent gam-

une usine à samples.

bader dans les champs d’endomorphines.

EXUMA —

MATIAS AGUYO —

«Exuma » (Mercury)

«Ay Ay Ay » (Kompak)

Esotérique, s’il fallait classer

En 2009 le Dj Chilien

le 1er disque Exuma, c’est à ce

et résident berlinois Matias

qualificatif qu’il se rattache-

Aguyo publiait sur Kompakt

rait le mieux. Mélange

un surprenant Ay Ay Ay. En se

de vaudou, de calypso, d’Afrique et de folk

constituant comme le principal instrument de ses

psychédélique, l’album enregistré en plein flower

morceaux, le compositeur et interprète excentre

power vibre comme une incantation hippie aux

et expérimente une nouvelle écriture électronique.

esprits. Tout juste paré d’une guitare acoustique,

Une vision musicale singulière qui fait danser sur

de tambours et sifflets, l’auteur compositeur et

des soupirs, des hoquets et gémissements. Dès lors,

interprète bahaméen Anthony McKay réveille

lignes de basse, nappes et collages rythmiques

de sa voix éraillée les chimères du bayou.

s’imprègnent de la chaleur humaine. Un classique.

DIAPOSITIVE —

LANA DEL REY —

«Morning games EP » (Tcheaz)

«Ultraviolence »

On connaît ces deux frangins

(Polydor – Interscope)

marseillais depuis 2013,

Pour ceux qui ne le sauraient

quand le graphiste et

pas, Lana Del Rey, veuve

le musicien montèrent le label

AUTOMNE 2014

La Playlist

FRANÇOIS DE ROUBAIX —

de marin perdue à Los Angeles,

Tcheaz pour sortir leur propre musique. À l’époque,

continue son exploration du Hollywood Sad Core.

un 1er titre July ride, nous donnait à entendre sur

Sur ce magistral et incandescent 2nd opus ;

une belle ligne de basse un fond de deep house

de la nostalgie en réverbe, un cœur qui saigne,

aux accents joyeux. En mars 2014, leur 3e paru-

un soupçon d’irrévérence et la voix lynchéenne

tion Morning games file ce même et bon coton

de la belle californienne. A dimension cinémato-

houssy avec son ciel de flamands roses, ses nappes

graphique, la magie opère avec son lot de cartes

synthétiques en suspensions et touches acides.

postales : belles carrosseries, langoureuses sorties

D’agréables jeux du matin.

de piscine, soleil au zénith, coolitude jazz.

43

Manchette WONDERWOMAN, en laiton plaqué or et pixels de résine, design Hirschell Paris — www.hirschell.fr

44

Sac LE PLIAGE MADBALLS, en toile et cuir, design Jeremy Scott pour Longchamp — www.longchamp.fr

AUTOMNE 2014

L’Attitude #1

Derby EN CUIR VERNI, semelle épaisse en cuir et gomme, design Stéphane Kélian — www.galerieslafayette.com

45

Perfecto EN VEAU VELOURS VERT, design Caroll — www.caroll.com

Montre ANALOGIQUE ACTIVITÉ CONNECTÉE IOS, bracelet en cuir, design Withings — www.withings.com

46

Boots KILY BOOTS BLACK ÉLASTIQUE EN PARMADOC, design Jean-Baptiste Rautureau — www.jeanbaptisterautureau.fr

AUTOMNE 2014

L’Attitude #2

Casque « R695 », blanc laqué sur noir laqué, collection Belvédère, design les Ateliers Rubis — www.lesateliersruby.com

47

Tee-shirt EN COTON BIOLOGIQUE, motif « Sam Fux », design Silberfischer — www.silberfischer.com

48

BÀNH MI CHAY AU MIEL

—

Sandwich franco-vietnamien, le Bành Mi fusionne

AUTOMNE 2014

Le Fooding le croustillant de la baguette aux saveurs asiatiques. Déclinaison végétarienne, le Bành Mi Chay, présenté ici sur un pain de tradition française, associe le tofu, le miel aux légumes d’accompagnement ; concombre frais, carottes râpées, radis blanc.

La touche addictive reste son assaisonnement, modulable à souhait, mais principalement composé d’huile de sésame, de vinaigre de riz, de sauce soja, de sucre, de piment et de coriandre. De 3,60€ à 5 €.

COOK’N’ASIA

5 rue Henri Barbusse, 80000 Amiens www.facebook.com/cookasia

© Wilhem Arnoldy

49

L' Agenda

ENVOYEZ-NOUS vos actualités culturelles sur bontemps.mgmt@gmail.com

23.09.14 &

CIRQUE JULES VERNE — «BoO

26.09.14

24.09.14

CirkVOST» Un mikado géant de 368

12.10.14

PICARDIE — Plus de 40 expositions

GRATUIT

bambous pour un spectacle d’acro-

www.invita-

d’arts plastiques sur l’ensemble de la

Durée 50mn

batie aérienne magique.

tionsdartistes. picardie.fr

10E INVITATIONS D’ARTISTES EN

© DirCom Région Picardie - Photo : Fotolia

03 60 01 02 40

AU

Picardie. Une initiative Région Picardie.

MAISON DU THÉÂTRE — «Artaud –

16.10.14 &

MAISON DE LA CULTURE — «Orlando»

03.10.14

Barrault» Lettres et souvenirs croisés

17.10.14

Une virtuose adaptation d’un roman

03 22 71 62 90

sur le théâtre entre Antonin Artaud et

03 22 97 79 97

de Virginia Woolf par le grand

30.09.14

AU

Durée 1h30

Jean-Louis Barrault.

Durée 1h45

metteur en scène Guy Cassiers.

50

24.10.14 &

FESTIV’ART — «Airnadette» Invitée

07.11.14

LUNE DES PIRATES — «Gaspard

25.10.14

du festival, la comédie musiculte

03 22 97 88 01

Royant» Le rock rétro futuriste

03 22 72 01 86

d’Airnadette menée par le trublion

de ce dandy français est digne d’un

Gunther Love. Déjanté !

épisode d'« Happy Days ».

COMÉDIE DE PICARDIE — «Où donc

14.11.14 &

LIVE AU 34E FESTIVAL INTERNATIONAL

15.11.14

22.11.14

DU FILM D'AMIENS — Zombie Zombie

19.11.14

est tombée ma jeunesse» Poèmes de

www.filmfes-

& Verlatour en inauguration et Orfaz

03 22 22 20 20

l’ouvrage Les poètes de la Grande

tamiens.org

& 2fresh en clôture.

Durée 1h30

AU

Guerre de J. Béal, lus par Tchéky Karyo.

AUTOMNE 2014

IVES RÉTROSPECT MERIAN C. COOPER

NS COMPÉTITIO RNATIONALE

RES DE LES AVENTUde King Kong

Le créateur

N INTE re COMPÉTITIOmétrages venus des quatdu

’AFRIQUE NIMATION D que CINÉMAS D’As films d’animation en Afri

> Sept longs anète. Un état des lieux en coins de la pls manières de le mettre monde et de scène.

La diversité de e subsaharienn

NIQUE L’ŒUVRE Uur s d’un seul film

NE N EUROPÉEN COMPÉTITIO ges dix Courts-métra ion qui, depuis plus de a tit ném > Une compé les jeunes auteurs du ci e ans, distingu européen.

Les réalisate

INÉASTE GURU DUTT Ce légende de Bollywood Intégrale d’un

E qui N FRANÇAIS COMPÉTITIO ition d’une compétition qui éd s et > Cinquième les jeunes talents françai é », met en valeursion d’un format « mal-aim aide à la diffu rage. le moyen mét

PARRAIN 2014AROUN LEH H MAHAMAT SA chad)

réalisateur (T jury international. > Président du > Masterclass

PANORAMAS PÉCIALES & SECTIONS S

51

re de l’hémisphè s films venus Panorama de Sud

PLEIN SUD

COMME IL VA LE MONDE ire s Documenta

HOMMAGE

P VOLKER KOEP llemagne) réalisateur (A

I HEL KIBUSHza lle) JEAN-MIC(C ongo-Bra vi réalisateur

RARO ie (Italie) VITTORIO STO la photograph

14 -22 NOV 2014 Rejoignez-nous

&

(@FilmFestAmiens)

www.filmfestamiens.org

Mise en page : Von von prod.

directeur de

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