Bolly&Co - Numéro 13

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Numéro 13

Gratuit

VOT RE M AG A Z I N E S UR L' UN I V E R S D U CI NÉMA I NDI EN DEP UI S 2010

M, adhuri Dixit

l intemporelle.

#GIRLPOWER

AWARDS SUD LA RÉVÉLATION RITIKA SINGH.

CRITIQUE PADMAAVAT, SECRET SUPERSTAR… QUE VALENT-ILS ?

PRESSE BHUMI PEDNEKAR SE LIVRE. NE PEUT ÊTRE VENDU

LE PALMARÈS DES BOLLY&CO AWARDS 2017 !

MODE JANHVI & SONAM KAPOOR : COUSINES STYLÉES

EN ACTION RETOUR SUR LE FESTIVAL DES CINÉMAS INDIENS DE TOULOUSE

ET PLUS ENCORE... PHOTOGRAPHIE EDITÉE PAR BOLLY&CO


P H OTOG RAP HIE P UB L IÉ E S UR L E COMPTE FACEBO O K DE L'ACTR ICE

WWW. FAC E B OOK .COM/ MA DH UR IDIXITNENE


édito C’est le printemps chez Bolly&Co ! Qu’il fasse beau ou pas, peu nous chaut ! Car nous venons vous amener notre treizième édition du e-magazine, tout juste prête à être dégustée. Nous y avons travaillé d’arrache-pied ces trois derniers mois avec beaucoup d’envie et de détermination. Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à la lire que nous en avons pris à l’écrire.

LE CINÉMA INDIEN A QUANT À LUI CONNU DE MULTIPLES REMOUS. Tout le pays a pleuré la tragique disparition de la grande Sridevi, en février dernier. Un deuil que les fans peinent encore à traverser. Chez Bolly&Co, nous avons été bouleversées par la nouvelle. Nous lui avions d’ailleurs consacré un numéro en 2014, qui demeurent l’une de nos parutions les plus populaires. Elle restera LA seule icône féminine de l’industrie indienne. Vous nous manquerez terriblement, Srideviji ! Durant le premier trimestre à Bollywood, deux actrices ont littéralement bluffé le public : Anushka Sharma et Rani Mukerji. La première s’essayait au registre du film d’horreur avec Pari tandis que la seconde revenait en fanfare après 4 ans d’absence pour le drame Hichki. Au sein des industries dravidiennes, d’autres comédiennes ont également surpris au travers de leurs sorties respectives. D’un côté, Anushka Shetty

enfonçait le clou après le succès de Baahubali en tenant le rôle titre du thriller Bhaagamathie. Un carton ! De l’autre, Manju Warrier excellait dans un rôle initialement prévu pour Vidya Balan dans le biopic Aami, revenant sur la vie de l’auteure Kamala Surayya.

Autant donc dire que les femmes ont donné le ton de cette année 2018, nous inspirant de fait le thème de ce nouveau numéro. En effet, notre treizième parution est placée sous le signe du ‘Girl Power’ ! Et qui de mieux pour incarner ce mouvement que l’incontournable Madhuri Dixit ? Avec la regrettée Sridevi, elle fait partie de cette génération de comédiennes à avoir révolutionné les rôles féminins au cinéma populaire. Il était donc indispensable pour nous de revenir sur son parcours en la mettant à l’honneur de cette édition exclusive. Comment vous remercier de votre soutien indéfectible ? Vous êtes de plus en plus nombreux à vous manifester, notamment via nos réseaux sociaux. Nous vous savons présents, prêts à nous accompagner tout au long de cette fabuleuse aventure qu’est Bolly&Co. Alors très modestement, merci. Nous vous souhaitons une excellente lecture, en espérant que vous savouriez cette édition inédite au même titre que les précédentes.

AS M A E B E N MANSO UR, RÉ DACTRIC E E N C H E F


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e r i a

apéro

Un peu de lecture (008) Private Talkies (010) Le palmarès des Bolly&Co Awards 2017 (014) Bolly&Co Awards 2017 : Le meilleur du pire (022) Bhumi Pednekar, et ce qui alimente la flamme qui est en elle (026)

the new face Sayani Gupta, l’imprévisible (034) CRITIQUE La saison des femmes (042)

pop corn

numé

ro

13

Movie Talkies (048) Bon voyage, Srideviji (052) A LA DÉCOUVERTE DE... Srishti Dixit (056) BILAN Taapsee Pannu (058) DOSSIER SPÉCIAL Les coups de pub à Bollywood (064) MOVIE GENRE Les films ‘female centric’ (068) FILM VS LIVRE Emma vs Aisha (088) MUSIQUE Lumière sur Jasmine Sandlas (094) PLAYLIST Les Items Boys (100)

on the cover MADHURI DIXIT Retour sur son parcours (106) L’actrice en 5 rôles (118) Ses danses mythiques (120)

Bolly&Co en action Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, le bilan (126)


une tasse de thé FLASHBACK (132) Kal Ho Na Ho CRITIQUES (144) Gelo (147) A Death In The Gunj (152) Padmaavat (159) Ek Hasina Thi (162) Secret Superstar en trois visions ET SI ON COMPARAIT LES REMAKES ? (168) Aashiqui 2 vs Une étoile est née

madhuri di it x

un parfum du sud (174) Les Immanquables des News Dravidiennes (176) Ritika Singh, la combattante CRITIQUES (182) Mili (185) Urvi (188) Fidaa (193) Godha PLAYLIST (198) Girl Power.

parlons mode (204) 5 acteurs qui ont créé leur marque CINÉMA (210) Pooja dans Dil To Pagal Hai TENDANCE (215) Pyjama Party DERNIÈRE MINUTE MODE (219) Les débuts mode de Janhvi Kapoor (223) C’est du déjà-vu, mais c’est Sonam Kapoor

la cerise sur le gâteau INSTAGRAM (226) Katrina Kaif THE MEETING PLACE (228) Huitième chapitre. CRÉDITS

es g a p 6 3 2


IRUMBU TH IRAI ACTUE L L E ME NT AU C INÉ MA !

Nig ht ED Fil ms LE VRAI CINÉMA INDIEN EN FRANCE ! Night ED Films, c'est aussi des articles dans de grands quotidiens français (le Monde), des interviews télévisées (France 2, Canal+, Télésud), des partenariats avec de grandes radios (OUI FM), des avant-premières avec les artistes, la venue de grandes stars en France, la promotion du cinéma indien à un autre public par le biais des Prix Henri Langlois à Paris, et bien d'autres surprises !

facebook.com/Night-ED-Films

facebook.com/Cinéma-Indien-en-France


LECTURE & PRESSE

... APÉRO


L L ECT U RE

UN PEU DE

lecture M OT S PA R AS M A E BE NMANSOUR

1.

La fiancée pakistanaise DE BAPSY SIDHWA Qasim, un montagnard, a perdu sa femme et ses enfants. Sur le chemin de la grande ville de Lahore, il recueille une petite fille dont les parents viennent d’être massacrés. Il la prénomme Zaïtoon. L’enfant grandit à la ville lorsque son père décide de la donner en mariage à un homme de son village natal, loin de tout. Et surtout loin de tout ce qu’est Zaïtoon.

Bapsy Sidhwa livre un ouvrage déchirant, loin d’être un portrait aseptisé et exotique sur le Pakistan. Tout est violent, insoutenable dans ce livre qui nous tient par la force de ses personnages. 008

BAPSY SIDH WA, PH OTO GRAPH IE DU SITE FAMO US PAKISTANI WO MEN (W W W.WO MAN. CO M.PK)


2.

Les secrets de l’Inde au temps d u Ta j M a h a l

»

DE JEAN-MICHEL BILLIOUD L’empereur Shah Jahan décide d’ériger un mausolée en l’honneur de sa bienaimée Mumtaz. Ce livre formidablement documenté et ponctué de très belles illustrations signées Annette Marnat et Frédérique Decré en font une source d’informations très accessible. Il se lit tout seul en nous enrichissant sur l’histoire et la construction du célèbre mais loin d’être inénarrable Taj Mahal.

3.

Le petit livre de l’Inde DE ISABELLE DE COULIBOEUF

Pourquoi l’Inde est-elle si riche et complexe ? Cet ouvrage est une véritable bible pour tous les amoureux du sous-continent tant il vient répondre à toutes les questions élémentaires autour de sa culture et de son histoire. Les images font de ce livre au petit format le compagnon idéal de votre prochain voyage. Incontournable ! 009


P PR I VAT E TA L KI ES

private talkies

TARA SUTAR IA ET R O H AN MEH RA, PH OTO GRAPH IE PUBLIÉE SUR LE CO MPTE INSTAGRAM DE L’ACTEUR (@R O H ANMEH RA)

M OT S PA R AS M A E BE NMANS OUR

C'est l'amour ! SELON LA RUMEUR, L’ACTRICE DE TÉLÉVISION KRITIKA KAMRA SERAIT EN COUPLE AVEC L’ACTEUR ET PRODUCTEUR JACKKY BHAGNANI. Les deux artistes se sont rencontrés sur le tournage du remake hindi de Pelli Choopulu, dont ils seront les vedettes. Ils se seraient grandement rapprochés au fil des jours, amenant à des suspicions quant à leur potentielle idylle. Kritika fera ses débuts à Bollywood avec ce métrage.

TARA SUTARIA, QUI LANCERA SA CARRIÈRE À BOLLYWOOD AVEC STUDENT OF THE YEAR 2 FACE À TIGER SHROFF, SERAIT EN COUPLE ! 010

En effet, elle fréquenterait un autre acteur, Rohan Mehra, qui devrait quant à lui lancer sa carrière d’acteur avec le film Baazaar, dans lequel il donnera la réplique à Saif Ali Khan. Rohan n’est autre que le fils de la star de cinéma Vinod Mehra. Star de la téléréalité, Prince Narula, qui a remporté la neuvième saison de l’émission Bigg Boss, s’est fiancé à l’actrice Yuvika Chaudhary, qu’il fréquente depuis sa participation au programme en 2015. Le couple a annoncé la bonne nouvelle sur leurs comptes Instagram respectifs en février dernier.

GAUTAM RODE, DEVENU UNE STAR AVEC LA SÉRIE SARASWATICHANDRA, S’EST UNI À L’ACTRICE PANKHURI AWASTHY LE 6 FÉVRIER LORS D’UNE CÉRÉMONIE GRANDIOSE


À ALWAR, DANS L’ETAT DU RAJASTHAN. Le couple s’est rencontré sur le tournage du programme Suryaputra Karn et s’était fiancé à l’occasion de la fête de Diwali 2017. Tous nos vœux de bonheur !

L’ACTRICE DE TÉLÉVISION DIPIKA KAKAR A ÉPOUSÉ L’ACTEUR SHOAIB IBRAHIM LORS D’UNE CÉRÉMONIE MUSULMANE LE 22 FÉVRIER 2018. Les deux comédiens s’étaient rencontrés sur le tournage de la série à succès Sasural Simar Ka, mais Dipika était à l’époque déjà marié à Ronak Samson. Cette dernière divorcera en 2013, une épreuve durant laquelle Shoaib l’a soutenu en ami. Tombés amoureux, ils ont participé ensemble au concours de danse télévisé Nach Baliye, durant lequel Shoaib demandera la main de sa belle. Toutes nos félicitations !

L’ACTRICE SHREYA SARAN A ÉPOUSÉ L’ANCIEN CHAMPION DE TENNIS RUSSE ANDREI KOSCHEEV LE 19 MARS À UDAIPUR EN COMPAGNIE DE LEURS PROCHES. Après avoir mis fin à sa carrière sportive, Andrei est devenu chef d’entreprise.

L’ACTEUR DE TÉLÉVISION SHAKTI ARORA A FAIT TAIRE LES RUMEURS DE SÉPARATION D’AVEC SA PETITE-AMIE DE LONGUE DATE NEHA SAXENA. En effet, le couple s’est marié dans le plus grand secret et a révélé les clichés de leurs épousailles sur leurs comptes Instagram en avril dernier. Les tourtereaux se fréquentaient depuis plus de 5 ans et

avaient participé ensemble à l’émission de danse Nach Baliye.

LE 22 AVRIL, LE MANNEQUIN ET COMÉDIEN MILIND SOMAN A ÉPOUSÉ SA PETITE-AMIE ANKITA KONWAR À ALIBAUG. C’est le deuxième mariage de l’acteur, qui avait été marié à la française Mylène Jampanoï de 2006 à 2009.

L’ACTRICE DRAVIDIENNE MEGHANA RAJ S’EST UNIE À L’ACTEUR KANNADA CHIRANJEEVI SARJA À DEUX REPRISES ! En effet, les amoureux se sont d’abord dits oui devant l’autel à l’occasion d’une cérémonie chrétienne le 30 avril. Ils ont ensuite procédé aux rituels hindous le 2 mai. Ils s’étaient fiancés en octobre dernier. >

PH OTO GRAPH IE PUBLIÉE PAR SH AKTI AR O RA SUR SO N CO MPTE INSTAGRAM (@SH AKTIAR O RA)


A NAND A H UJA E T S O N A M K AP OOR LORS DE L E UR M A R IAG E , P H OTO G RA PHIE P OSTÉ E PAR SONAM K A P O O R S U R I N STAGRAM ( @ S ONAMK AHUJA)

C’ÉTAIT LE MARIAGE ÉVÉNEMENT DE L’ANNÉE ! En effet, la superbe Sonam Kapoor a dit oui à son petit-ami Anand Ahuja lors d’une cérémonie mêlant traditions hindoue et sikh le 8 mai dernier à la résidence de la famille Kapoor à Mumbai. Le couple se fréquentait depuis 2014. Le tout Bollywood a assisté à l’événement. Deux jours plus tard, c’est l’actrice Neha Dhupia qui a épousé celui qu’elle présente comme son meilleur ami, le comédien Angad Bedi. Ils se sont unis en petit comité lors d’une cérémonie sikh traditionnelle à Delhi.

HIMESH RESHAMMIYA S’EST MARIÉ ! L’artiste a effectivement épousé sa petite-amie de longue date, l’actrice de télévision Sonia Kapoor lors d’une cérémonie intimiste à Mumbaï en date du 11 mai dernier. C’est le second mariage du chanteur de 45 ans. Félicitations !

L’ACTRICE SHWETA TRIPATHI DEVRAIT ÉPOUSER SON PETITAMI, LE RAPPEUR CHAITANYA SHARMA, EN JUIN PROCHAIN ! Le couple se connaît depuis près de 5 ans et devrait s’unir à Goa lors d’une célébration intimiste.

LA STAR DE TÉLÉVISION RUBINA DILAIK VA ÉPOUSER L’ACTEUR ABHINAV SHUKLA À SHIMLA LE 21 JUIN PROCHAIN ! 012

Carnet rose... NEIL NITIN MUKESH ET SON ÉPOUSE RUKMINI SAHAY ATTENDENT UN HEUREUX ÉVÉNEMENT ! Il s’agit du premier enfant du couple. Félicitations aux futurs parents ! PH OTO GRAPH IE PUBLIÉE PAR NEIL NITIN MUKESH PO UR ANNO NCER LA VENUE DU F UTUR BÉBÉ !


L’ACTEUR SHREYAS TALPADE ET SON ÉPOUSE DEEPTI SONT DEVENUS LES PARENTS D’UNE PETITE-FILLE NÉE À HONGKONG D’UNE MÈRE PORTEUSE. L’enfant a vu le jour le 4 mai dernier. La star de tennis Sania Mirza et son mari Shoaib Malik attendent également leur premier enfant.

SHAHID KAPOOR ET SA FEMME MIRA DEVIENDRONT PARENTS POUR LA SECONDE FOIS. Après la naissance de Misha, née en 2016, Mira devrait donner naissance à leur deuxième enfant en fin d’année 2018. L’acteur de télévision Karan Patel a annoncé la première grossesse de son épouse Ankita Bhargava sur son compte Instagram ! En effet, le couple accueillera le bébé pour la période de Diwali. P H OTO GRAPH IE PUBLIÉE PAR S H AH ID KAPO O R SUR INSTAGRAM (@ S H AH IDKAPO O R ) PO UR ANNO NCER QU’IL S E RA DE NO UVEAU PAPA !

The end. SUMEET VYAS CONFIRME SON DIVORCE À L’AMIABLE AVEC L’ACTRICE SHIVANI TANKSALE, SURVENU EN 2017. L’acteur officialise au passage sa relation avec la comédienne de télévision Ekta Kaul, de 7 ans sa cadette.

P HOTOG RAP HIE D’EKTA KAUL ET DE SUMEET VYAS P UB L IÉ E SUR LE CO MPTE INSTAGRAM DE L’ACTRICE (@EKTAKAUL11)

013


B BO L LY& CO AWA RD S

Bolly&Co AWA R D S

2 01 7

Depuis quatre ans consécutifs, l’équipe rédactionnelle de Bolly&Co tient à instaurer ses propres récompenses, à l’instar des Filmfare Awards, IIFA Awards et autres Screen Awards. Cette année encore, vous avez eu l’opportunité de voter pour vos oeuvres et artistes préférés de l’année 2016 !

Voici le palmarès des Bolly&Co Awards 2017...

014


ME I LLE U R FIL M DRAVI DI EN

KABALI Le grand retour du monstre sacré Rajinikanth était très attendu, après les résultats en demi-teinte de son projet Lingaa. Avec Kabali, il renoue avec le succès et prouve au passage qu’il est resté l’interprète d’exception que Kollywood a connu durant les années 1980 et 1990. C’est donc sans surprise qu’il constitue votre film dravidien favori de l’année 2016 ! TOP 3

1. KABALI (TAMOUL) 2. KALI (MALAYALAM) 3. DHARMA DURAI (TAMOUL)

MEILLEU R

D U O

MAWRA HOCANE & HARSHVARDHAN RANE Comment résister à ce couple devenu incontournable en un seul film ? L’alchimie entre les deux acteurs était plus que présente durant le métrage, au point de convaincre tout le monde qu’ils étaient le meilleur duo de 2016.

TOP 3

1. MAWRA HOCANE & HARSHVARDHAN RANE (SANAM TERI KASAM), 2. ANUSHKA SHARMA & SALMAN KHAN (SULTAN) 3. NAWAZUDDIN SIDDIQUI & VICKY KAUSHAL (PSYCHO RAMAN) 015


M EILLEU RE S ÉQ U EN C E DAN S ÉE

NASHE SI CHADH GAYI Avec Vaani Kapoor et Ranveer Singh, cette scène musicale qui introduit la rencontre des personnages de Dharam et Shyra se fait lors d’une soirée au bord de la Seine où les deux indiens se confrontent, prouvant qu’ils sont déjà faits l’un pour l’autre…

TOP 3

MEI LLE U RE CH ANTE U SE

NAYANTARA BHATKAL POUR «BEHOODA» C’est la surprise de ce palmarès ! Coiffant au poteau la très populaire Shreya Ghoshal, Nayantara Bhatkal vous a manifestement interpellés par son interprétation empreinte de mystère pour le thriller psychologique d’Anurag Kashyap. TOP 3

016

1. NAYANTARA BHATKAL (BEHOODA) 2. SHREYA GHOSHAL (REHNUMA) 3. KANIKA KAPOOR (DA DA DASSE)

1. NASHE SI CHADH GAYI (BEFIKRE) 2. KALA CHASHMA (BAAR BAAR DEKHO) 3. PASHMINA (FITOOR)


ME I LLE U R C H ANTE U R

BADSHAH POUR «KAR GAYI CHULL» Avec ce titre tiré du film Kapoor & Sons, Badshah s’est lâché. Véritable chanson d’été, le genre feel-good qu’on passe en boucle, on est persuadées que vous connaissez les paroles par coeur ! TOP 3

1. BADSHAH (KAR GAYI CHULL), 2. RAFTAAR (DHAAKAD) 3. AMITABH BACHCHAN (KYUN RE)

MEILLEU RE BAN D E-ORIGIN ALE

PRITAM POUR AE DIL HAI MUSHKIL L’album dans sa totalité est une perle. Entre la chanson titre, « Bulleya » ou encore « Channa Mereya », voilà des tubes qui sont passés en boucle chez moi, mais qui ont également laissé une trace parmi vous. Une bande-son teintée de sentiments intenses et torturés. Inoubliable.

TOP 3

1. PRITAM (AE DIL HAI MUSHKIL) 2. AMIT TRIVEDI (UDTA PUNJAB) 3. HIMESH RESHAMMIYA (SANAM TERI KASAM) 017


M EILLEU R FÉM IN IN

ES POIR

MAWRA HOCANE Habituée de la télévision pakistanaise, Mawra signera son tout premier métrage avec Sanam Teri Kasam, touchant le public par sa sincérité. Vous êtes tous convaincus de son potentiel. C’est une actrice qu’on ne demande qu’à revoir tant elle a marqué les esprits !

TOP 3

ME I LLE U R ES P OIR MAS C U LI N

HARSHVARDHAN RANE Avec le personnage d’Inder, Harshvardhan Rane parvient à trouver LE personnage dont les fans se souviendront toujours. Il se montre extrêmement convainquant dans ce rôle plus sensible qu’il n’y parait. Un début de carrière très prometteur !

TOP 3

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1. HARSHVARDHAN RANE (SANAM TERI KASAM) 2. DILJIT DOSANJH (UDTA PUNJAB) 3. JIM SARBH (NEERJA)

1. MAWRA HOCANE (SANAM TERI KASAM) 2. FATIMA SANA SHAIKH (DANGAL) 3. ZAIRA WASIM (DANGAL)


ME I LLE U R S ECON D RÔLE F É M IN IN

TABU Dans Fitoor, Tabu est absolument envoûtante, presque trop parfaite dans la peau de Hazrat Jaan. Elle est merveilleuse, remportant pour la seconde fois le Bolly&Co Award du Meilleur Second Rôle Féminin après sa première victoire en 2014 pour Haider.

TOP 3

1. TABU (FITOOR) 2. KONKONA SEN SHARMA (AKIRA) 3. SAYANI GUPTA (LA SAISON DES FEMMES)

MEILLEU R S ECON D R ÔLE M AS C U LIN

DILJIT DOSANJH Qui n’a pas été séduit par Sartaj Singh dans Udta Punjab ? Diljit y est tellement juste qu’on ne fait pas la différence entre l’acteur et le personnage. Attachant et déterminé, il est difficile de ne pas apprécier le talent quand il est évident.

TOP 3

1. DILJIT DOSANJH (UDTA PUNJAB) 2. RANDEEP HOODA (SARBJIT) 3. RAJKUMMAR RAO (ALIGARH) 019


M EILLEU RE

ACTRIC E

ALIA BHATT Dans la peau de Kumari Pinky alias Mary Jane, Alia Bhatt s’est dépassée. Impossible d’ignorer sa capacité à nous fendre le cœur dans la peau de cette jeune femme brisée, à la recherche d’une vie meilleure.

TOP 3

MEI LLE U R

ACT E UR

AAMIR KHAN En passant du lutteur expert au père de famille à la retraite, la transformation d’Aamir Khan et son jeu impeccable lui ont valu l’admiration de tous ! Aamir Khan est un acteur dévoué, qui se donne corps et âme à ses interprétations.

TOP 3

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1. AAMIR KHAN (DANGAL) 2. SHAHID KAPOOR (UDTA PUNJAB) 3. AKSHAY KUMAR (AIRLIFT)

1. ALIA BHATT (UDTA PUNJAB) 2. SONAM KAPOOR (NEERJA) 3. VIDYA BALAN (KAHAANI 2)


MEI LLE U R R É ALI SAT E UR

ANIRUDDHA ROY CHOWDHURY POUR PINK Pour ce projet marquant, vif et troublant, la caméra d’Aniruddha vous a conquis. Avec le travail qu’il a fourni pour Pink, l’œuvre n’est pas passée inaperçue et a dépassé les frontières indiennes. Une réalisation sensible qui méritait d’être sacrée !

TOP 3

1. ANIRUDDHA ROY CHOWDHURY (PINK) 2. SUJOY GHOSH (KAHAANI 2) 3. ANURAG KASHYAP (PSYCHO RAMAN)

M EILLEU R

FILM

DANGAL Réalisée par Nitesh Tiwari, cette histoire basée sur la vraie vie de Mahavir Singh Phogat vous a marqué, au point de la considérer comme le meilleur film de l’année 2016 ! Impossible de ne pas rire, pleurer et applaudir devant cette œuvre. TOP 3

1. DANGAL 2. NEERJA 3. AIRLIFT 021


BOLLY&CO AWARDS 2017 P R IX

D U

JU RY

Meilleur Acteur SHAHID KAPOOR POUR UDTA PUNJAB Deux ans après sa victoire dans la catégorie populaire pour Haider, nous avons décidé de décerner notre prix du jury à Shahid pour son jeu impeccable en DJ drogué dans Udta Punjab. Il est loin, le temps où l’acteur avait une image lisse avec ses rôles exclusivement romantiques ! Shahid Kapoor a prouvé qu’il était en mesure de tout incarner, et à chaque fois avec la même justesse. Bravo !

Meilleur Film PSYCHO RAMAN D’ANURAG KASHYAP Thriller psychologique déroutant, ce métrage nous a clouées sur nos sièges lorsque nous l’avions découvert lors du Festival du Film d’Asie du Sud, en 2016. Nawazuddin Siddiqui y est impérial, Vicky Kaushal incroyable tandis que Sobhita Dhulipala est une révélation. Un coup de cœur que l’on n’a pas vu venir !

Meilleure Actrice KALKI KOECHLIN POUR WAITING Cocorico ! Pour la deuxième année consécutive, notre prix de la Meilleure Actrice revient à la franco-indienne Kalki Koechlin. Mais point de nationalisme mal placé, la jeune femme était juste formidable dans le drame Waiting, dans lequel elle donnait superbement la réplique à l’institution Naseeruddin Shah. En épouse dans l’attente perpétuelle du réveil de son mari, tombé dans le coma, la comédienne marque par sa sensibilité et son aplomb. On adore !


BOLLY&CO AWARDS 2017 N OS

M E N T ION S

S PEC IALES

L A ME N T I ON D’ E LO DI E

LA M E N TIO N D’ASM A E

«Awargi» de Love Games Comme l’an dernier, ma mention sera musicale. Car l’année 2016 a été faste en matière de sons qualitatifs. Difficile de faire un choix et pourtant, il nous a fallu trancher pour établir notre liste de nominations. Dans le processus, «Awargi» a été sacrifié alors qu’il faisait partie de mes morceaux favoris. De fait, comment ne pas en parler ? Si le film est clairement dispensable, cette complainte intense est magnifiquement portée par les chanteurs Sangeet Haldipur et Rasika Shekar, qui insufflent de la profondeur à ce titre que j’écoute encore aujourd’hui.

Neerja, réalisé par Ram Madhvani Pour moi, cette réalisation est une véritable pépite du cinéma indien. Non seulement, il rend hommage à une femme exceptionnelle (Neerja Bhanot), mais en plus il nous fait vivre le moment avec intensité. Le cinéaste a, quelque part, brisé le quatrième mur, tournant parfois sans interruption pour nous fournir un métrage envoutant et troublant. J’aime les films qui me bousculent, tout en donnant de l’espoir et en ça, Neerja est fort. Le casting dans sa totalité est d’une justesse incroyable, en passant par la surprise du jeu de Sonam Kapoor ou encore le terrifiant Jim Sarbh. Un des films les plus beaux et sensibles de l’année.

LA MEN T I O N DE FAT I MA-ZAH RA

Arjun Rampal Arjun Rampal est l’un des acteurs les plus doués de sa génération. Après quelques années loin des projecteurs (Roy, sorti début 2015, a été tourné bien avant), l’acteur a marqué son retour au cinéma avec deux rôles différents en 2016 : Rock On!! 2, et Kahaani 2. Si le premier était une grosse déception pour moi, je dois dire que la prestation d’Arjun est la seule chose positive que je retiens du carnage. Quant au second métrage, qui est l’un de mes films préférés de l’année, le talentueux acteur a su se renouveler, même en campant le rôle vu et revu d’un policier, tout en tenant tête à l’excellente Vidya Balan. En espérant le voir davantage à l’avenir.


BOLLY&CO AWARDS 2017 L E

ME IL L E UR

D U

PIRE…

Et parce qu’on a également un très grand sens de l’humour (avec la voix de Shahrukh Khan pour le dire... ça vous dit quelque chose ?), l’équipe Bolly&Co vous propose des prix humoristiques, à prendre au second degré, bien sûr ! MOTS PAR AS MAE B ENMANSO UR

Dans la catégorie « Sunny Leone. » 1. MASTIZAADE dans les rôles de Lily Lele et Laila Lele.

2. ONE NIGHT STAND

dans le role de Celina/Ambar Kapoor

3. BEIIMAAN LOVE

dans le rôle de Sunaina Vemra

Et le Bolly&Co Award est attribué à... MASTIZAADE ! Entendons-nous bien, je n’ai rien contre Sunny Leone. Mais quand est-ce que l’industrie hindi va se décider à accorder un peu de respect à cette pauvre femme ?

Sa carrière dans le X est derrière elle et pourtant, les producteurs semblent déterminés à vouloir lui coller cette image de bombasse pulpeuse qui couche à tout-va… Dans Mastizaade, elle joue le rôle de jumelles qui tiennent un centre pour aider les personnes souffrant d’addiction au sexe… Tout ça pour que finalement, la caméra graveleuse de Milap Zaveri insiste lourdement sur sa poitrine plutôt que sur les enjeux de ses personnages.

#CENSURED

CE N’EST PAS SUNNY LEONE, LE PROBLÈME, MAIS LA MENTALITÉ DE L’INDUSTRIE.


Dans la catégorie « Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ? » 1. GHAYAL ONCE AGAIN ou l’histoire d’un mec qui a voulu faire du fric en se basant sur la notoriété révolue d’un film sorti 26 ans plus tôt.

Dans la catégorie « Je joue comme un pied mais on s’en fout, je suis beau gosse ! » 1. TIGER SHROFF dans le rôle de Ronny Singh pour Baaghi

2. KYAA KOOL HAI HUM 3

2. TIGER SHROFF

ou l’histoire d’un mec qui fait du porno, puis tombe amoureux et décide d’arrêter le porno. Merci. Au revoir.

3. TIGER SHROFF

3. SANAM RE ou l’histoire du trafic d’organe banalisé.

Et le Bolly&Co Award est attribué à... SANAM RE ! Ou l’histoire du trafic d’organe banalisé...

dans le rôle de Aman Dhillon pour A Flying Jatt dans le rôle de Hrithik Roshan pour… la vraie vie

Et le Bolly&Co Award est attribué à... TIGER SHROFF ! Dans le rôle de Hrithik Roshan pour la vraie vie. Oui, parce que le gosse n’a de cesse de vouloir plagier son idole, sans comprendre qu’il doit se créer sa propre identité.

Ajoutons à cela ses performances d’acteur magistrales et teintées d’une originalité impressionnante.

MERCI MON CHOU !

Non, vraiment, Hrithik… euh… Tiger, pardon, est déjà un grand nom de Bollywood !

025


P P RES S E

Bhumi P e d n e k a r, ET CE QUI ALIMENTE LA FLAMME QUI EST EN ELLE. TEXTE DE SHRADDHA JAHAGIRDAR-SAXENA TRADUCTION PAR ELODIE HAMIDOVIC PHOTOGRAPHIE PAR TARAS TARAPORVALA STYLISME PAR DIVYAK D’SOUZA ASSISTÉ PAR GAREEMA BANTHIA ET KEYURI SANGOI MAQUILLAGE ET COIFFURE PAR ELTON FERNANDEZ INEGA MODEL MANAGEMENT 026


Sans peur et assurée, l’actrice nous parle de ces choix atypiques qui l’ont amenée vers le succès, capturant l’imagination de l’audience et celle de la critique au passage.

LES PREMIÈRES APPARITIONS SONT CELLES DONT ON SE SOUVIENT – SURTOUT DANS UN MONDE DE PAILLETTES ET DE GLAMOUR . Les acteurs sont donc souvent très préoccupés par la première image qu’ils renvoient d’eux-mêmes. Nous pouvons donc dire que cette débutante a pris un sacré risque – un énorme risque – en interprétant Sandhya dans Dum Laga Ke Haisha. Mais ce défi a porté ses fruits, et elle recevra le prix du Meilleur Espoir. Deux ans et deux autres films plus tard (Toilet – Ek Prem Katha et Shubh Mangal Saavdhan), voilà que Bhumi Pednekar prouve à tout le monde que son premier film n’était pas une exception. Elle est là pour durer. Avec ces deux projets où elle fait face à deux acteurs populaires (Akshay Kumar et Ayushmann Khurrana), elle se prépare à travailler aux côtés de Sushant Singh Rajput dans le prochain film d’Abhishek Chaubey. Nous la retrouvons dans un studio au centre de Mumbai et au fur et à mesure que le tournage se déroule, il est clairement évident que la jeune femme de 28 ans, d’une famille qui n’est pas liée au cinéma, s’est parfaitement adaptée au monde de divertissement. Elle ne montre aucun signe de malaise, parfaitement à sa place, suivant les directives du réalisateur.

En fait, quand je lui parle juste après, j’apprends que cette assurance est naturelle chez elle. Je l’écoute ensuite me raconter le long chemin parcouru pour réaliser un vieux rêve, le tout avec une certaine fierté. Sa vie s’est déroulée presque comme un conte de fées et je me demande si elle se pince de temps en temps pour vérifier si tout cela est bien réel. Voici un extrait de notre conversation.

« Je savais qu’être actrice, c’était ma vocation. » Depuis mon enfance, j’ai toujours voulu être actrice. J’étais fascinée par les films et les actrices de cet univers. J’ai toujours admiré les femmes qui ont excellé à l’écran. Je suis une fan de Karisma Kapoor, Rani Mukerji et Kajol. J’ai vu beaucoup de films au cinéma, à la fois commerciaux et plus indépendants. J’ai rapidement commencé à aimer l’idée de vivre plusieurs vies. J’ai aimé Mandi (1983), Khatta Meetha (1978) et Mirch Masala (1987). Mais celui qui a eu le plus d’impact sur moi, c’est Rang De Basanti (2006).

Après l’avoir vu, je ne pouvais rien faire d’autre sauf faire partie de cette industrie. > 027


« Je n’ai pas pensé aux conséquences de jouer une ‘grosse’ à l’écran pour mon premier film. » Je ne viens pas d’une famille du cinéma et je n’ai aucun lien avec cette industrie. Mais je savais que c’était là que je devais aller. J’ai débuté en tant qu’assistante de directeur de casting pour Yash Raj Films, mais je ne faisais pas ce travail en pensant que j’allais décrocher un rôle. J’ai toujours su que je deviendrais actrice. Quand Dum Laga Ke Haisha m’a été proposé, ce qui était important pour moi, c’était que j’avais là droit à un rôle principal. C’était un film de Yash Raj Films, donc je ne pouvais pas l’ignorer. Je n’ai pas pensé aux conséquences de jouer Sandhya – je ne me suis même pas demandée si je pourrais un jour perdre tous ces kilos ! J’en ai parlé à ma famille et mes amis, et tout le monde m’a encouragé. Pour Dum Laga Ke Haisha, je suis donc passée d’une taille basique à une silhouette plus imposante. Je n’avais pas réalisé le poids que j’avais pris avant de me voir à l’écran. Tout au long du tournage, je suis souvent sortie faire la fête et les hommes me regardaient ! Donc je n’ai pas eu l’impression que c’était grave d’avoir pris du poids.

« LES TROIS PERSONNAGES QUE J ’A I J O U É S É TA I E N T DIFFÉRENTS. » 028

Je sais que j’ai commencé avec un rôle hors-du-commun et j’ai enchaîné ensuite avec les rôles de deux filles venues de petites villes, mais aucune d’entre elles ne se ressemblent. Chacune avait ses propres volontés.

Il est très important pour moi de comprendre les nuances de chaque personnage avant de l’interpréter. Dans Dum Laga Ke Haisha, Sandhya est une fille timide. Dans Toilet – Ek Prem Katha, Jaya est une féministe un peu extrême alors que Sugandha dans Shubh Mangal Saavdhan est une fille dévouée, prête à épauler l’homme qu’elle aime. Je veux essayer de ne pas tomber dans la répétition dans ma façon de représenter ces femmes. J’ai beaucoup appris de ces trois personnages. Je crois que si je n’avais pas joué Sugandha, et si je m’étais retrouvée en face d’un homme qui avait des problèmes d’érection, je l’aurais peut-être laissé tomber. Mais après Shubh Mangal Saavdhan, j’ai réalisé qu’on ne pouvait pas réduire une relation à du sexe. La beauté d’être un acteur, c’est de pouvoir comprendre plusieurs aspects des choses, découvrir des valeurs et des pensées que vous n’auriez jamais eues.

J’AI CETTE PEUR EN MOI QU’UN JOUR, EN REGARDANT MON TRAVAIL, JE ME TROUVE MÉDIOCRE. Mais ensuite, je me dis que si je me suis donnée à fond, que le film soit un échec n’a finalement pas d’importance.

« JE SUIS MON I N S T I N C T. »


Ma mère est ma personne favorite en ce monde – elle est intelligente et entreprenante. Souvent, nos choix sont similaires. J’ai eu la chance de commencer avec Yash Raj Films, car il y a tellement de personnes que j’admirais dont Aditya Chopra et puis aussi Shanoo Sharma (directrice de casting). C’est un peu comme une grande sœur. Je ne lui ai jamais dit que je voulais être actrice, parce que j’étais à fond dans mon travail et que je ne considérais pas ce poste comme un moyen d’entrer dans l’industrie. C’était plutôt un moyen d’en apprendre plus sur comment les choses fonctionnent, car de toute manière, quelque part, je savais que je ferais ce que je voudrais au moment venu.

« Je ne voulais pas faire un film ordinaire. » Je me suis rendue compte qu’il y avait un gros écart entre mes deux premiers films. Je n’étais pas inquiète d’être loin de l’œil du public, car je devais perdre du poids. Il m’a fallu un an pour grossir, alors il me semblait logique qu’il me faille un an de plus pour maigrir.

Je ne voulais pas faire un film comme les autres. Et il était stupide de faire des compromis après les efforts que j’avais fournis pour Sandhya.

destin, car le jour où j’ai appris que Manmarziyan ne sortirait pas, j’ai reçu un appel pour Toilet – Ek Prem Katha. Au départ, je n’avais aucune idée qu’Akshay Kumar jouerait dans ce film. Je l’ai signé, parce que j’ai beaucoup aimé l’histoire et le personnage de Jaya.

Je cherchais quelque chose de similaire, voire de meilleur. J’avais l’opportunité de faire un film dans lequel je ne croyais pas, mais qui est devenu un gros succès commercial. Je n’avais pas grand chose à faire, alors j’ai refusé. C’est peut-être le

« La pression m’encourage à faire mieux. » > 029


Le fait d’avoir participé à des films qui ont marché n’a pas ajouté de pression sur mes épaules. En fait, je n’ai pas fait partie d’un film qui était surexposé. Je suis allée vers des projets auxquels je croyais. Alors si ça marche ou non, ce n’est pas dramatique. La seule pression que j’éprouve, c’est celle de mon jeu d’actrice. Je sais que c’est encore tôt, mais j’ai peur de me perdre ou de perdre la flamme qui est en moi.

J’avais l’impression que si je pensais à un plan B, ça voulait dire que je n’étais pas certaine de ce que je voulais. Si ça n’avait pas marché, j’aurais réagi à ce moment-là et trouvé autre chose. Moi aussi, il m’arrive d’être en colère ou de pleurer durant un mauvais jour, mais à un moment donné, il vaut savoir prendre sur soi et passer à autre chose. Aujourd’hui, mon travail est tout ce qui compte et il m’arrive d’oublier le reste.

« Je ne suis jamais satisfaite de mon travail. »

« Je vis mon rêve. »

Après une scène, je ne suis pas toujours contente de ce que je fais, mais je ne le montre pas.

Si ça ne tenait qu’à moi, je ne saurais jamais quand m’arrêter. En tant qu’actrice, ce n’est pas à moi de décider si une scène est assez bien ou non. C’est au réalisateur de décider s’il en veut plus, c’est son film. Donc si je n’ai pas fait les choses selon sa vision des choses, alors je n’ai pas fait mon job correctement. Ma confiance en moi vient de mon éducation. Avec ma sœur, nous avons grandi ainsi. Je crois aussi que j’irai là où mon destin me mènera. Je suis aussi quelqu’un d’extrêmement positive. Je fais entendre ma voix lorsque c’est nécessaire, mais je pense que chacun a ses propres opinions et qu’il est inutile de forcer.

« Je n’ai jamais pensé à un plan B. » 030

Je suis reconnaissante de pouvoir me lever tous les matins et de faire ce que j’aime. Je réalise qu’il y a des milliers de personnes dans ce monde qui désirent faire ce job aussi. Je ne prendrais jamais mon métier pour acquis. Cela implique beaucoup de travail et beaucoup d’envie. Je me sens extrêmement humble d’être là où je suis.


BO LLY ’S RA NI

DE L’ASSOCIATION BOLLYWOOD STYLE BY RANI

L E S R E I N E S D U B O L LY W O O D Le groupe de danse Bolly’s Rani (qui signifie : reines du Bollywood ) a été créé par Afshi Rani, professeure franco-pakistanaise de danse Bollywood sur Lyon. Passionnée par sa culture, elle la transmet en premier lieu par la danse mais aussi par la cuisine, les tenues ainsi que la langue. Le groupe a commencé à se former il y a 8 ans et s’agrandit petit à petit. Il est composé de filles

d’origines différentes mais qui partagent toutes la même passion pour l’Inde et son univers. Les Bolly’s Rani dansent sur des musiques de films Bollywood, de l’enivrante "Ghoomar" en passant par des danses plus folles comme "Malhaari". Mais elles dansent aussi sur des musiques plus anciennes comme celles du répertoire de Madhuri Dixit..

www.facebook.com/bollywoodstylebyrani


C RITIQUE DU FIL M RANG O O N DISPO NIBL E SUR FANTASTIKINDIA !

fan tas tiki ndi a P R E M I E R P O R TA I L W E B FRANCOPHONE SUR LE CINÉMA INDIEN Fantastikindia est une association portée par la passion de ses membres, dont l'objectif est la promotion du cinéma indien sous toutes ses formes et dans toute sa variété du Nord au Sud.

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S AYA N I G U P TA

... THE NEW FACE 033


N N E W FAC E

Sayani Gupta

L’IMPREVISIBLE P H OTO G RA PHIE P UB L IÉ E S UR L E COMP TE INSTAGRAM DE SAYANI GUPTA ( @SAYA N I G UP TA) P OUR L A MARQUE OG AA N INDIA (@O GAANINDIA) MOTS PAR AS MAE B E NMA NSO UR

« Tu délivres une performance époustouflante. Mais ce n’est pas ce que je veux. Arrête de jouer. Je te demande d’être. » C’est ce que Shonali Bose, réalisatrice de Margarita With a Straw, a dit à Sayani Gupta sur le tournage du film. Un conseil qui a porté ses fruits tant la jeune femme est parvenue à durer dans une industrie de plus en plus clanique. A 32 ans, Sayani (prononcez Shayani) marque son territoire à chacune de ses apparitions, qu’elle soit expéditive ou percutante.

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Très proche de Radhika Apte et Richa Chadha, devenues ses meilleures amies, on sent qu’elle partage avec elles une sensibilité certaine pour les rôles sulfureux, loin de toute aseptisation.

CAR SAYANI S’APPLIQUE À MONTRER UNE INDE RÉELLE ET VÉRACE, MÊME SI ELLE NE SE PRIVERAIT PAS D’UN DÉTOUR VERS UN CINÉMA PLUS DIVERTISSANT ET COLORÉ. Mais qu’il s’agisse d’une romcom légère ou d’un drame néo-réaliste, l’actrice reste toujours la même : vraie et débordante d’énergie. >



« Mon père était musicien, chanteur et parolier pour la station All India Radio à Calcutta. Il a aussi aidé à la création d’un festival annuel de musique classique. » Mais point de place pour le Bollywood populaire car la famille de Sayani a davantage d’égard pour le cinéma intellectuel, de Jean-Luc Godard à Satyajit Ray.

« Bollywood, c’était un peu du porno chez moi, je n’avais pas le droit d’en regarder. » C’est là que tout commence pour la jeune fille. Pourtant, lorsqu’elle décide de faire de la comédie sa vocation, sa mère le vit très mal et menace de se suicider !

« Je savais qu’elle finirait par l’accepter. » Après avoir étudié au prestigieux Institut du Film et de la Télévision de Pune, Sayani fait ses premières armes au théâtre et prend son temps avant de tenter sa chance au cinéma. Son tout premier rôle sur grand écran, elle le décroche en 2012 avec le film bengali Tasher Desh de Qaushik Mukherjee, face à Tillotama Shome et Imaad Shah. La même année, elle débute en hindi en signant la romcom Second Marriage Dot Com, dans laquelle elle joue avec Vishal Nayak.

« A la même époque, j’ai fait un film bengali, des publicités, des pièces de théâtre et j’ai tourné pour le docu-fiction de Saeed Mirza Yeh Hai India Meri Jaan, 036

pour lequel nous avons traversé l’Inde intérieure. » A sa sortie, le film passe totalement inaperçu, et il faudra attendre 3 ans avant de retrouver la jolie bengalie au cinéma. Tout cela dans un projet beaucoup plus intimiste et surprenant…

E N 2 0 1 5 , C ’ E S T AV E C U N F I L M AT Y P I Q U E QU’ELLE SE RÉVÈLE. Effectivement, l’audience la découvre clairement dans Margarita With a Straw, réalisé par Shonali Bose. Captivante et mystérieuse, Sayani marque dans la peau de Khanum, une jeune femme aveugle qui revendique sa sexualité.

Pour le rôle, elle se bande les yeux au quotidien et apprend le braille. Le jeu de Naseeruddin Shah dans Sparsh l’inspire énormément pour ce film dans lequel elle donne la réplique à Kalki Koechlin et fait des émules auprès du public.

« A ce moment-là, je pensais que ce film pourrait lancer ma carrière comme y mettre un terme. Heureusement pour moi, il a marché, et les opportunités populaires ont suivi ! » C’est assurément ce projet qui la met sur le devant de la scène et qui lui permet de se faire remarquer par les producteurs. C’est d’ailleurs cette année-là qu’elle a >


SAYANI GUPTA ET KALKI KOECHLIN DANS LE FILM

MARGARITA, WITH A STRAW (2015)

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SAYANI GUPTA ET KATRINA KAIF DANS LE FILM

BAAR BAAR DEKHO (2016)

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l’opportunité de travailler aux côtés de nul autre que Shahrukh Khan dans le thriller d’action Fan. Elle y campe Sunaina, l’assistante de la star de cinéma Aryan Khanna, incarnée par le Baadshah. Pourtant, elle a bien failli passer à côté de cette opportunité. La directrice de casting Shanoo Sharma l’a sollicité via un message privé sur Facebook, que l’actrice ne verra que deux mois plus tard !

Elle est hélas sous-employée dans cette comédie romantique avec Sidharth Malhotra et Katrina Kaif. Ceci étant, le projet lui permet d’être à l’affiche d’une production destinée au grand public. C’est l’occasion pour elle de s’inscrire dans les esprits de l’audience, d’être identifiée par un public populaire mais aussi de diversifier ses expériences. Surtout, la jeune femme prend beaucoup de plaisir sur le tournage.

« J’ai rencontré Shanoo après qu’elle m’ait vu dans une pièce nommée Noises Off. Elle m’a dit que j’avais un physique intéressant. Mais que je ne pourrai jamais être une héroïne Yash Raj traditionnelle. »

« J’ai pratiqué le bharatanatyam pendant 16 ans. Mais malheureusement, personne ne me proposait de rôle avec des séquences musicales ! J’avais deux chansons sur lesquelles danser dans Baar Baar Dekho et je n’ai jamais été aussi heureuse. »

Elle décroche tout de même le rôle secondaire de Fan, production de la célèbre bannière, tenant ainsi sa revanche. Pour l’actrice, c’est un rêve. Et cette collaboration avec Shahrukh n’est que la confirmation de son désir de faire carrière à Bollywood.

« Je ne suis pas quelqu’un d’émotif. Mais j’avais les larmes aux yeux quand je l’ai (Shahrukh Khan, ndlr) rencontré la première fois. »

Octobre 2016, Festival du Film d’Asie du Sud à Paris. Notre équipe la redécouvre à l’écran dans Leeches, un court-métrage frissonnant dont elle est l’héroïne. Dans la peau de Raisa, Sayani livre une prestation à couper le souffle. Bouleversant, subversif et incroyablement pertinent, le film court puise sa force dans le jeu de son actrice pivot, Sayani portant l’œuvre sur ses solides épaules.

En juin 2016, nous la croisons sur le ‘green carpet’ des IIFA Awards, où elle interviewe les vedettes présentes à l’événement. Nous ne manquons d’ailleurs pas de la saluer lorsque nous quittons la cérémonie. A l’époque, Sayani jouit encore d’une timide renommée, mais notre équipe est déjà interpellée par cette artiste intrigante.

« J’adore ce format (le courtmétrage, ndlr) puisqu’il donne de la place à une façon de raconter des histoires plus courtes. C’est aussi un moyen de concrétiser des projets avec moins de temps et de budget. »

Toujours en 2016, on la retrouve à l’affiche de Baar Baar Dekho.

En 2017, elle livre une de ses meilleures interprétations dans un rôle bref mais > 039


mémorable. Pour le film Jolly LLB 2, elle est effectivement Hina Siddiqui, jeune veuve enceinte qui lutte pour faire la lumière sur les circonstances du décès de son époux. L’actrice est poignante dans un rôle difficile, parvenant même à faire de l’ombre au grand Akshay Kumar, auquel elle donne la réplique. L’actrice a pourtant failli renoncer à ce rôle pour sa petitesse à l’écran. Elle a bien fait de revenir sur sa décision.

Plus tard, Jagga Jasoos représente un sacré défi pour elle puisqu’elle y incarne une adolescente de 14 ans ! Pour autant, son rôle est largement coupé au montage, une déception pour la jeune femme qui a investi deux années de travail pour ce projet. Son métrage The Hungry est présenté au Festival du Film de Toronto en septembre 2017. Sayani est Loveleen, une danseuse de cabaret dans cette adaptation sanglante de Titus Andronicus, tragédie de William Shakespeare. Une sortie nationale en Inde se fait attendre pour ce film avec également Tisca Chopra et Naseeruddin Shah.

« Jouer dans The Hungry a constitué l’expérience cinématographique la plus satisfaisante de ma carrière. » Avec Inside Edge, la jeune femme prouve qu’elle ne se limite à aucune plateforme en faisant l’étalage de son talent dans cette 040

web-série produite par Farhan Akhtar et Ritesh Sidhwani. Le programme met en exergue les jeux d’argent et de pouvoir que cache le business du cricket. Sayani y joue Rohini, analyste sportive et sœur d’une vedette de la discipline. Cette année, on la retrouve dans une nouvelle web-série intitulée Kaushiki. Face à Rannvijay Singh, Sayani est formidable dans ce programme mystérieux, à classer dans le genre du thriller. Elle rêve de travailler avec Vishal Bhardwaj, Mira Nair et Shakun Batra. Mais surtout, Sayani s’imagine volontiers en héroïne populaire.

« Je meurs d’envie de faire un masala avec des chansons et de la danse. Ceci dit, mon personnage devra avoir du caractère et des opinions. Je ne jouerai pas un rôle de jolie fille sans cervelle. » Mais la comédienne fait un triste constat quant au fonctionnement de l’industrie hindi.

« Les gens comme nous ne sont pas en position de choisir. Personne n’attend à notre porte pour travailler avec nous. Je sais déjà que j’ai des rôles bien plus intéressants que d’autres gens dans ma situation. Mais la plupart des rôles principaux que l’on m’a proposés n’étaient pas acceptables à mes yeux. Il s’agissait juste de chanter pour le héros et de faire la belle. » Ce qui est sûr, c’est que Sayani Gupta est là pour durer. Loin d’elle l’idée de faire


SIDDHANT CHATURVEDI ET SAYANI GUPTA DANS LA WEBSÉRIE INSIDE EDGE (2017)

un passage éclair à Bollywood. Elle veut continuer à explorer, à se surprendre, et au passage à prouver à sa mère que ce choix de carrière était une bonne décision. C’est dans certaines rencontres inattendues que le travail de la jeune semble prendre tout son sens. En effet, elle reçoit l’un de ses plus beaux compliments lors du Festival du Film d’Asie du Sud de Los Angeles.

« Un vieil homme est venu à moi après la projection et m’a dit “Vous étiez fantastique.” Quand je l’ai remercié, il a déclaré : “J’étais le monteur du film Le Temps d’un Week-end. Al Pacino (qui jouait un aveugle dans le film, ndlr) était brillant mais après vous avoir vu, je pense que vous l’avez surpassé.” »

SAYANI GUPTA SUR LE TOURNAGE DU FILM JAGGA JASOOS (2017)

Le Rapid Fire Round de Sayani Gupta La mode pour moi c’est : Très personnel. Le mot qui me décrit le mieux : Excentrique. En tant que personne, je suis : Vive, imprévisible, directe et instinctive. Mon style vestimentaire : Fun, excentrique et élégant. 3 choses sans lesquelles je ne sors pas de chez moi : Mon téléphone, mes clés et mon portefeuille. Le film qui m’a donné une leçon de comédie : Blue Valentine.

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C CRITIQUE


LA SAISON DES FEMMES MOTS PA R AS M A E B E NMA N SO UR

C’était l’édition des films centrés sur les femmes. Avec en prime Sayani Gupta mise à l’honneur dans notre rubrique New Face. Le prétexte idéal pour voir le film Parched, sorti en France sous le titre La Saison des Femmes.

Récit. On a affaire à l’histoire de femmes qui cherchent à s’émanciper dans un environnement mené par les hommes. Sempiternelle opposition entre des mâles diabolisés et des femelles victimaires, me direz-vous ? Heureusement, on nous épargne ce travers. Rani (Tannishtha Chatterjee) élève seule son adolescent, Gulab (Riddhi Sen). Elle organise son mariage avec la jeune Janaki (Lehar Khan), mais cette union ne se passe pas comme prévu. Gulab est virulent, capricieux et obsédé par le sexe. De son côté, Lajjo (Radhika Apte) peine à avoir un enfant et subit les foudres de son mari. Bijli (Surveen Chawla) paie le prix de sa liberté en devenant prostituée, pour réaliser qu’elle n’en est pas moins instrumentalisée par les hommes. Ces femmes, chacune à leur manière, vont alors tenter de se soulever contre le système patriarcal qu’elles subissent pour atteindre le bonheur auquel elles aspirent…

Déjà-vu. Dans son intention comme dans son ton, La Saison des Femmes m’a fait penser à un autre métrage au titre semblable : La Source des Femmes, qui narrait la lutte de villageoises maghrébines pour que leur voix soit entendue. Avec La Saison des Femmes, la réalisatrice Leena Yadav frappe d’abord en nous montrant un fonctionnement phallocrate totalement normalisé, notamment par les femmes elles-mêmes. Dans la première partie du métrage, elles sont effectivement spectatrices de leur condition, certaines allant même jusqu’à conforter le propos des hommes tant elles n’ont rien connu d’autre.

LA CINÉASTE MET AINSI EN AVANT QU’EN PLUS DE SUBIR DES ATROCITÉS, CERTAINES FEMMES EN SONT PARFOIS COMPLICES. Car oui, quand elles sont conditionnées à un fonctionnement guidé par les hommes, ces femmes peuvent croire que leur vie est normale et que leur position est légitime. Qu’il s’agisse de Rani, Lajjo ou Bijli, leur indépendance financière ne signe en rien leur émancipation. Puisque les hommes qui jalonnent leurs vies (Gulab pour Rani, Manoj pour Lajjo et le tenancier du bordel pour Bijli) les renvoient à leur place réductrice et forcément subordonnée. > 043


Perspectives. Les femmes vivent dans un environnement où elles sont tenues responsables de tout. Lajjo ne tombe pas enceinte, c’est parce qu’ELLE est stérile. Le mari de Janaki va aux putes parce qu’ELLE ne sait pas le tenir. Le fils de Rani est incontrôlable parce qu’ELLE l’a mal éduqué. Les femmes portent le fardeau des déviances des hommes qui les côtoient. Ils les briment, les limitent dans leurs potentialités et leur font en plus porter le poids de pêchés qui n’appartiennent pourtant qu’à eux ! Mais c’est l’apanage de nombre de sociétés, où les femmes doivent et où les hommes peuvent. La Saison des Femmes met parfaitement ce phénomène en avant pour mieux en dégager l’injustice.

To u t n ’ e s t p a s p e r d u . Dans sa seconde moitié, le film prend une tournure plus engageante et entre de fait dans le thème de ce numéro : le Girl Power.

Car on voit ces femmes oser dire non, s’insurger contre l’ordre établi et agir pour changer leurs situations respectives. La force des protagonistes qui nous sont proposés s’appuie sur leurs atouts. Rani comme Lajjo sont des femmes qui travaillent et qui cherchent à s’accomplir. Bijli a quant à elle décidé de devenir prostituée et le revendique au travers de la liberté certaine qu’elle a pu y trouver.

Leena Yadav fait respirer ses héroïnes qui, malgré leur quotidien étouffant, s’autorisent à rire et à prendre la vie avec beaucoup de légèreté. Le récit n’est jamais misérable ou plombant. Rani, Lajjo et Bijli sont emplies d’humanité et en deviennent ainsi des plus attachantes.

LA MODERNITÉ SEMBLE INCARNER L’ESPOIR DE CES FEMMES. En effet, c’est en possédant un téléphone


portable que Rani fait la connaissance d’un homme qui semble enfin disposé à prendre soin d’elle. Aussi, l’arrivée de la télévision dans le village est vectrice d’ouverture sur une autre réalité, qui fait une vraie place aux femmes. Cette avancée fait d’ailleurs peur à certains hommes, qui y voient une menace pour l’emprise qu’ils ont sur les femmes.

un pouvoir qui devraient revenir aux hommes. Mais ça ne l’arrête pas. Leena Yadav a bien fait de nous montrer quelqu’un comme Kishan qui, lui, n’entre pas dans le carcan du mâle dominant et vindicatif. Les hommes peuvent aussi être doux, sensibles et soucieux du bien-être de leur partenaire.

Au-delà de ces maux, le film s’attache également à la question du désir.

Embrasement final.

Lajjo, habituée à la brutalité et à la violence extrême d’un mari hermétique à toute interaction, découvre que l’acte sexuel peut être synonyme d’amour, de douceur, de partage et de plaisir.

Où est Sayani ? Mon véritable regret réside dans la trop courte apparition de Sayani Gupta. Dans un rôle au potentiel indéniable, la jeune femme est clairement sous-employée. Certes irréprochable dans la peau de Champa, l’actrice ne dispose malheureusement pas de suffisamment d’espace pour vraiment s’imposer.

Il y en a. Oui. Il y en a, des hommes gentils et dépourvus de vice. La réalisatrice a pris le soin de ne pas mettre tous les hommes de son film dans la même case antagoniste. On entrevoit aussi des hommes qui font du bien autour d’eux, qui respectent et soutiennent les femmes en tentant notamment de les amener à devenir plus fortes et indépendantes. Kishan (Sumeet Vyas) est de ceux-là. Et il est mal perçu par les autres. Dénigré parce qu’il ose donner aux femmes

Sans entrer dans les détails, la scène conclusive est puissante dans ce qu’elle symbolise. Le feu qui consume la violence, la dévalorisation et le mépris pour laisser sa place au bonheur. Le feu qui illustre également le regain d’énergie et de verve de ces héroïnes qui décident enfin de contrer leur condition dans l’espoir d’un avenir meilleur.

En conclusion La Saison des Femmes est un vrai film sur le ‘women empowerment’. Je vous l’accorde, ça commence très mal. Leena Yadav choisit un contexte particulièrement rétrograde, qui semble laisser peu d’espoir à la moindre évolution. Les femmes elles-mêmes s’enlisant dans leur situation. Mais la seconde partie est celle qui nous embarque. Qui nous donne envie de croire que ces trois amies parviendront à fuir ce village, à appréhender ce qu’est l’amour, la bienveillance et le respect dans un lieu qui y soit propice.

CAR PARFOIS, LE SEUL MOYEN DE CHANGER SA DESTINÉE, C’EST DE TOUT QUITTER.

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B O L LY C I N É FRANCE BOLLYCINÉ est une association nationale dont la mission depuis 2012 est de promouvoir, démocratiser et développer la diffusion des films indiens et plus spécifiquement Bollywood dans nos cinémas français par tous les moyens à sa disposition. Bollyciné, c'est 25 films soutenus sur le terrain, 35 équipes à travers la France et 30 cinémas partenaires. Depuis 2 ans, l'association est suivie par l'acteur indien Salman Khan et ses proches.

www.bollycine.fr


NEWS & CINÉMA

... POP CORN


M M OV I E TA L KI ES

movie talkies M OT S PA R FAT I M A Z A HRA E L AHMAR

Ranbir Kapoor dans le premier film d ’A b h i j a t J o s h i Après avoir écrit des films comme Mission Kashmir, Lage Raho Munna Bhai et 3 Idiots, Abhijat Joshi prépare son premier projet en tant que réalisateur. Il semblerait que Ranbir Kapoor y tienne le rôle principal. Si l’acteur n’a pas encore confirmé l’information, des sources affirment qu’il est vivement intéressé par cette proposition. Les producteurs seront Rajkumar Hirani et Vidhu Vinod Chopra. Abhijat Joshi est également le co-scénariste de Sanju, film biographique sur Sanjay Dutt qui sortira cet été avec Ranbir Kapoor, Sonam Kapoor, Dia Mirza ou encore Anushka Sharma.

En addition à cela, Ranbir sera également à l’affiche de Bramhastra, réalisé par Ayan Mukerji, ainsi que du prochain film de guerre de Yash Raj Films, intitulé Shamshera. 048

Rajkummar Rao dans Swagat Hai Après Shahid, CityLights, Aligarh et Omerta, il semblerait que l’acteur Rajkummar Rao et le réalisateur Hansal Mehta préparent leur cinquième collaboration. Intitulé Swagat Hai, les détails du projet restent pour l’instant secrets. Cependant, si l’on en croit les dernières rumeurs, l’actrice Patralekha partagerait l’affiche de ce métrage avec Rajkummar. Cela sera leur second film commun après CityLights, sorti en 2014.

En attendant d’en savoir plus sur Swagat Hai, le talentueux acteur se concentre sur ses autres projets : Fanney Khan avec Anil Kapoor et Aishwarya Rai Bachchan, Ek Ladki Ko Dekha Toh Aisa Laga avec Sonam Kapoor, Anil Kapoor et Juhi Chawla, Stree avec Shradha Kapoor et Mental Hai Kya avec Kangana Ranaut. Janhvi Kapoor et Kartik Aaryan dans le prochain film de Karan Johar La maison de production de Karan Johar ne semble jamais s’arrêter. Avec une lignée de films en préparation, un nouveau projet est en train d’être construit. Réalisé par le débutant Raj Mehta, le métrage n’a pas encore de titre mais a déjà une grande partie de son casting.


KART IK AARYA N , K A RA N J O H AR E T ROHIT SHE TTY, PHOTOGRAP H I E P U BL I É E S U R L E COMP TE TWITTE R D E KA RT I K (@THE AARYANK ARTIK )

En effet, Kartik Aaryan et Janhvi Kapoor viennent s’ajouter à Kareena Kapoor Khan pour ce métrage multistarrer. Nous ne savons pas grand-chose sur l’histoire en elle-même, mais les rôles principaux seront partagés entre deux couples. Si les deux jeunes acteurs sont presque confirmés pour être le second couple, il reste encore à voir qui sera l’homme face à Bebo. Le nom de Sidharth Malhotra était pressenti dans un premier temps. Cependant, il semblerait que son mentor Karan Johar ait changé d’avis et serait actuellement à la recherche de quelqu’un d’autre.

Si tout cela s’avère vrai, ce sera le deuxième film de Janhvi chez Dharma Production, et le premier pour Kartik Aaryan. Parineeti Chopra dans Shotgun Shaadi

Après le succès de Ek Villain en 2014, Ekta Kapoor a décidé de proposer le rôle masculin de sa prochaine production à Sidharth Malhotra. Le nom de Shraddha Kapoor a également été associé au projet selon certaines rumeurs. Toutefois, il semblerait que ce soit Parineeti Chopra qui rejoigne Sidharth pour cette aventure. Une confirmation officielle de l’actrice est attendue. Pendant ce temps, l’acteur a déjà commencé à se préparer pour le rôle. Les évènements de Shotgun Shaadi se dérouleront à Bihar et tourneront autour d’un phénomène criminel particulier dans cette région de l’Inde : le « jabaria shaadi », ou groom kidnaping en anglais. Les célibataires éligibles sont kidnappés par des familles et forcés à épouser une de leurs filles sans recevoir de dot.

A r j u n K a p o o r, l’agent secret Après la sortie récente de Raid, Rajkumar Gupta reviendra avec ce qu’il aime faire le plus : les histoires inspirées de faits réels. Intitulé India’s Most Wanted, son prochain métrage sera un thriller basé sur une mission secrète qui a eu lieu en 2012 pour capturer un terroriste indien parmi les plus recherchés. La présence d’Arjun Kapoor a été officiellement confirmée. Il sera le héros du film et tiendra le rôle d’un agent du RAW (l’agence de renseignement extérieur de > 049


l’Inde). Le tournage débutera en juillet de cette année, et se fera au Népal et à Delhi. « C’est

un événement récent dont les détails restent inconnus pour beaucoup de monde. Cela m’intrigue en tant qu’acteur de jouer ce rôle, et cela m’excite en tant que spectateur aussi. Je vais avoir une chance de faire découvrir cette histoire sur grand écran.», a déclaré Arjun Kapoor. Pour l’instant, l’acteur est en tournage de son film Namaste England avec Parineeti Chopra. Il sortira le 19 Octobre 2018.

Shahid Kapoor confirme le remake d ’A r j u n R e d d y

Actuellement occupé par le tournage de Batti Gul Meter Chalu avec Shraddha Kapoor et Yami Gautam, l’acteur a utilisé ses comptes sur les réseaux sociaux pour annoncer sa participation au remake d’Arjun Reddy. Partageant un selfie de lui en compagnie des producteurs Murad Khetani et Ashwin Varde, en plus du réalisateur Sandeep Vanga en disant « la team d’Arjun Reddy est prête !! On y va. Souhaitez-nous bonne chance les gars. ».

Le film original tourne autour d’un chirurgien qui déraille quand sa petite-amie épouse un autre homme. M r. I n d i a 2 n’aura pas lieu Avec toutes les rumeurs sur la production de seconds volets de films, il y a bien un titre qui n’aura jamais de suite : Mr. India, de Shekhar Kapoor, blockbuster des années 80. L’idée de produire un Mr. India 2 est sortie il y a quelques années. Malheureusement, suite à la mort soudaine de Sridevi, les producteurs ont communément décidé d’abandonner le projet.

PH OTO GRAPH IE PUBLIÉE PAR SH AH ID KAPO O R SUR SO N CO MPTE TW ITTER (@ SH AH IDKAPO O R ) PO UR ANNO NCER LE R EMAKE D’AR JUN R EDDY !


VIR DAS,DERNIÈRE RECRUE INDIENNE DE LA TÉLÉVISION AMÉRICAINE Connu pour ses spectacles de stand-up et ses rôles secondaires au cinéma indien, Vir Das s’apprête à élargir ses horizons. Durant l’une de ses tournées aux EtatsUnis, le comédien a décroché l’un des rôles principaux de la série américaine Whiskey Cavalier.Produite par Warner Brothers, Doozer et Scott Foley, la série sera diffusée sur la chaîne ABC. « C’est

quelque chose que l’univers m’a envoyé durant ma tournée aux États-Unis. J’ai rencontré Bill (un des producteurs) et son équipe. Et nous avons créé ce personnage ensemble. J’ai passé un très bon moment durant le tournage. Ramener des voix indiennes à la télévision américaine est excitant. J’ai hâte de sauver le monde avec des gens aussi hilarants. », a annoncé Vir. L’histoire

tournera autour d’un agent du FBI, Will Chase (interprété par Scott Foley) dont le nom de code est Whiskey Cavalier. Vir a passé trois semaines à Prague pour tourner le pilote.

TOUTEFOIS, IL A PRÉFÉRÉ ATTENDRE QUE LA SÉRIE SOIT OFFICIALISÉE EN VUE DE LA RENTRÉE 2018/2019 POUR EN PARLER.

PR EMIER APER ÇU DE LA SÉR IE W H ISKEY CAVALIER

Disha Patani dans Bharat. Après la sortie de son film Baaghi 2, face à Tiger Shroff, l’actrice Disha Patani se prépare pour son prochain rôle. Confirmant la présence de la jeune femme au casting de son métrage, le réalisateur Ali Abbas Zafar a déclaré : « Je suis heureux d’accueillir

Disha. C’est une étoile montante. Pour Bharat, nous avions besoin de quelqu’un d’athlétique, mais qui possédait également une certaine vulnérabilité. Disha est parfaite pour le rôle. Son couple avec Salman, au cœur d’un cirque des années 1960, tout dans ce projet est excitant et inhabituel. » BHARAT EST UN DRAME QUI SE DÉROULE DURANT LES ANNÉES 1960. La jeune femme y incarnera une trapéziste, face à Salman Khan. L’actrice principale du métrage sera Priyanka Chopra. Bharat est l’adaptation indienne officielle du film coréen de 2014 Ode to My Father. Son tournage aura lieu à Abu Dhabi et en Espagne en plus de l’Inde. Il sortira durant la période de l’Aïd 2019. 051


S S RI D E V I

Bon Voyage,

SRIDEVIJI M OT S PA R AS M A E BE NMANS OUR

SRIDEVI NOUS A QUITTÉS. Impossible de ne pas en parler. Et pourtant, je ne me voyais pas écrire un article revenant sur sa carrière. J’avais déjà tout dit en 2013, dans notre édition qui lui était consacrée. Si elle a fait partie du paysage cinématographique de millions de fans, c’est en travaillant sur le numéro précité que j’ai appris à la connaître. J’ai creusé dans sa filmographie comme dans son histoire. 052

Pendant ces longs mois de rédaction, Sridevi a fait partie de ma famille. Elle m’a accompagnée en formation, en stage et dans ma maison. Ses films ont rythmé mes soirées et mes week-ends durant cette période. Et sans m’en rendre compte, j’étais devenue fan. Eblouie. Et en même temps un peu honteuse. Comment avais-je pu passer à côté d’un tel phénomène, moi qui me présentais alors comme une fan avertie de cinéma indien ?


Pourtant, c’était le cas. Avant d’écrire sur Sridevi, je n’avais vu aucun film de la comédienne. Et je n’en avais pas envie. Quand j’y repense, je me dis que j’avais sacrément tort, tant cette femme m’a marqué à chacune de ses apparitions. J’ai commencé par les classiques. Le DVD de Chandni attendait vainement que je le visionne. Comme une âme en peine, il prenait la poussière sur mon étagère depuis quelques années. C’est clairement avec ce métrage que j’ai eu envie de découvrir qui était Sridevi. Aussi bien l’artiste que la femme.

QUELQUE CHOSE S’EST PRODUIT PENDANT QUE JE REGARDAIS CHANDNI. Pendant la séquence musicale « Mere Haathon Mein Nau Nau ». Durant les scènes romantiques qui l’unissaient à Rishi Kapoor, et dans lesquelles sa candeur et son regard lumineux prenaient toute la place. Mais aussi en l’admirant danser le taandav dans une tenue d’un blanc immaculé.

Et puis, tout s’est enchaîné. Sadma, Chaal Baaz, 16 Vayadhinile, Lamhe, Mr India, Roop Ki Rani Choron Ka Raja, Army… Je me suis jetée sur tous les films dans lesquels elle jouait, les classiques comme les nanars. Sans regret car dans tous ses projets, l’actrice était merveilleuse. Incroyablement hypnotique. Tellement habitée par ses personnages. Le temps de la pellicule, elle devenait successivement Rekha (Himmatwala), Nehalata (Sadma), Rajni (Nagina), Seema (Mr India), Heer (Heer Ranjha) ou encore Kajal (Judaai). Et puis, elle a tout arrêté. Pour fonder une famille. Devenue la mère de deux filles, Sridevi s’est longtemps faite désirer. En 2004, elle tourne

une série que je n’ai jamais réussi à trouver : Malini Iyer.

C’est grâce à la sortie de English Vinglish que notre équipe porte son attention sur elle. Le but étant de prouver à la jeune génération de fans français qu’à Bollywood, il n’y a pas que Shahrukh Khan et Kajol qui soient intéressants. Mais je n’étais pas beaucoup plus éclairée. Il m’a fallu faire de nombreuses recherches, me plonger dans ces innombrables visionnages pour réaliser l’ampleur de la carrière de Sridevi, comme son incommensurable contribution aux cinémas indiens. Car en plus de briller en hindi, elle a tourné dans de multiples industries dravidiennes, du tamoul au télougou, en passant par le malayalam.

SRIDEVI, C’EST 300 FILMS. 6 Filmfare Awards du nord au sud. Un premier rôle à l’âge de 4 ans. Un National Award à titre posthume. Et une carrière inégalée. Personne ne pourra jamais prétendre à un tel parcours. Personne ne supportera la comparaison. Car à mes yeux, Sridevi est et demeura à jamais la plus grande actrice que l’Inde ait connu. Oui, plus grande que Nargis. Plus grande que Madhubala. Plus grande que Hema Malini. Plus grande que Rekha. Plus grande que Madhuri Dixit. Plus grande que Rani Mukerji. Plus grande que Deepika Padukone. Grande, tout simplement.

QUI PEUT AUJOURD’HUI SE VANTER D’AVOIR CONSTRUIT UNE CARRIÈRE SOLIDE DANS TOUTES LES LANGUES ? > 053


D’AVOIR À CHAQUE FOIS RENCONTRÉ LE SUCCÈS DANS DES FILMS EN HINDI, EN TAMOUL OU ENCORE EN TÉLOUGOU ? TOUT CELA SANS JAMAIS SACRIFIER L’ÉCRITURE DE SES PERSONNAGES ?

Personne. Sridevi prouvait qu’on pouvait être une interprète d’exception en plus d’une véritable figure populaire. Elle fait indéniablement partie du patrimoine culturel indien. Lors de son décès, l’Inde entière était endeuillée. Et moi, dans le 36m² de ma campagne du Nord, je l’ai pleurée. Je n’ai même pas compris pourquoi. Après tout, je ne la connaissais pas intimement. Elle ne fait pas partie des personnes qui m’ont accompagnée dans les instants charnières de ma vie. Pourquoi étais-je à ce point éprouvée par la disparition d’une actrice qui ignorait même mon existence ?

Peut-être parce que les films de Sridevi m’ont donné des leçons qu’aucun livre ou qu’aucun psychologue n’est parvenu à m’apporter. Des leçons sur la force de l’amour sincère (Chandni), la rupture des conventions (Lamhe), le droit au respect et la construction de l’estime de soi (English Vinglish), la puissance incroyable de l’amour maternel (Mom), les conséquences de la cupidité (Judaai), la possibilité de vivre et d’être heureux malgré le handicap (Sadma). Je ne dirais pas que tous les films de Sridevi m’ont enrichi. Ce serait excessif. Mais certains d’entre eux ont vu mûrir ma vision du monde, et tendre vers une meilleure 054

version de moi-même. Et puis, il y a ces films dans lesquels elle faisait le show, qui ne recouvraient aucun message mais dans lesquels Sridevi était solaire, généreuse et magistrale. Himmatwala, Chaal Baaz, Mr India… Autant de projets dans lesquels l’actrice prouvait qu’aucun registre n’était trop compliqué pour elle.

Clairement, Sridevi savait tout faire. Je n’arrive pas à accepter qu’on dise d’elle qu’elle est morte. Car dans chacun de ses films, elle respire le dynamisme et la vitalité. Sridevi incarnait la vie, tout simplement. Et si elle nous a quittés, il va sans dire que son œuvre témoignera encore et encore de son talent. Alors tout simplement, je voulais lui dire merci.

MERCI D’AVOIR TANT DONNÉ AUX CINÉPHILES QUE NOUS SOMMES. Sans réserve ni avarice. Merci d’avoir redéfini la place des femmes dans le cinéma indien populaire. Dévorant au passage le reste du casting qui l’entourait.

Car Sridevi est un monument. Elle en impose. Comment exister face à elle ? Difficile. Et comment exister après elle ? Aucune idée.



D D ÉCO U VE RT E

A la découverte de...

Srishti Dixit M OT S PA R AS M A E BE NMANSOUR

L'INDE NE SE RÉSUME PAS À BOLLYWOOD... TEL EST NOTRE LEITMOTIV DEPUIS LE LANCEMENT DU E-MAGAZINE BOLLY&CO, EN 2010. C’est ainsi que nous y parlons également de littérature, de mode tout en mettant en avant les cinémas dravidiens à travers notre Rubrique Sud. Mais l’Inde est si riche, si complexe que nous passons tout de même à coté de nombre d’acteurs, de chanteurs, de métrages et d’autres œuvres qui ne relèvent ni Bollywood, ni des cinémas du sud du pays. En ce sens, nous vous proposons désormais de partir à la découverte de ces artisans indiens quelque peu différents, et ce qu’il s’agisse de cinéma, de musique, de danse ou de télévision…

Srishti Dixit, qui est-ce ? Pourquoi vous intéresser à elle ? Vo i c i 4 b o n n e s raisons de devenir complètement fan de la jeune femme ! 056

PH OTO GRAPH IE DE SR ISH TI DIXIT (INSTAGRAM : @SR ISH TIPATCH )


1.

Parce qu’elle fait partie de l’équipe de Buzzfeed India ! Ce site existe dans presque tous les pays, et son pendant indien est parmi les plus savoureux. Buzzfeed India, c’est beaucoup d’humour, des articles à la fois informatifs et amusants ainsi que des séquences filmées d’anthologie !

2.

Parce qu’elle est hilarante ! Oui, elle n’a rien à envier aux grandes actrices de Bollywood. Le ‘comic timing’ de Srishti est impeccable, sa capacité à tout interpréter avec ce soupçon de théâtralité qui fait toute la différence donne ainsi à voir un véritable phénomène.

3.

4. Parce qu’elle reprend Kareena Kapoor à la perfection. On ignore si elle est fan de Bebo, mais Srishti nous a livré certaines de ses meilleures vidéos en reprenant deux de ses rôles les plus célèbres : Poo de La Famille Indienne et Geet de Jab We Met. Car oui, on s’est tous demandés ce que donneraient de telles personnalités dans la vie quotidienne. Et bien, Srishti vient répondre à nos interrogations et dépasse même tout ce qu’on peut imaginer par son jeu et nous tord de rire par sa générosité. Surtout, elle s’éclate et c’est communicatif.

OÙ LA TROUVER ?

Parce qu’elle se moque avec pertinence de tout ce qui fait l’Inde actuelle.

Sur Buzzfeed :

Qu’il s’agisse de parodier la téléréalité, les soaps opera hindi ou les conventions sociétales, Srishti sait y faire ! La jeune femme est l’héroïne de nombreuses vidéos sur ces thèmes, qui provoquent une incontrôlable hilarité tant elles sont bien menées. Sans énormes moyens et avec ses collègues de bureau comme partenaires, Srishti déchire et on adhère !

Sur twitter :

www.buzzfeed. com/srishtidixit @srishtidixit Sur intagram :

@Srishtipatch Et retrouvez toutes ses vidéos sur la chaîne youtube de BuzzFeed India !


B BILAN

T A A P S E E

P A N N U

La Coriace MOTS PAR AS MAE B ENMANSO UR IL LUSTRATION PAR E LOD IE H AMIDOVIC 058


J’avais écrit sur Taapsee Pannu en 2012 dans le cadre de notre Rubrique Sud. A l’époque, la jeune femme lançait sa carrière d’actrice dans les industries dravidiennes, où elle fera ses premières armes pendant de nombreuses années. Depuis, il va sans dire que l’actrice a fait du chemin, marquant le cinéma hindi par sa sincérité et son audace. Loin de jouer les potiches, la comédienne s’est effectivement illustrée dans des rôles de femmes combattantes et triomphantes face à la société phallocrate dans laquelle elles évoluent.

A DÉSORMAIS 30 ANS, TAAPSEE PANNU EST SANS NUL DOUTE L’UNE DES INTERPRÈTES LES PLUS INTÉRESSANTES DU CINÉMA BOLLYWOOD POPULAIRE DE CES DERNIÈRES ANNÉES. Allez savoir pourquoi, mais j’ai perçu le potentiel de Taapsee dès la première fois où je l’ai vu dans un film. En 2012, je tombais sous son charme en la découvrant dans le métrage télougou Mr Perfect, dont elle n’était pourtant pas l’héroïne. Dans un second rôle oubliable, la jeune femme m’a marquée. Je m’étais alors empressée d’écrire à son sujet dans notre sixième numéro. C’est pourquoi je ne vais pas m’étaler à outrance sur les prémices de sa carrière, que vous connaîtrez déjà bien si vous avez lu l’article précité. Mais je souhaitais évoquer une seconde fois cette actrice dans le cadre de notre édition #GirlPower tant elle a depuis fait du chemin. Et pas des moindres ! D’ailleurs, lorsque Taapsee signe son

premier film à Bollywood, je suis ravie. Nous sommes en 2013 et la belle donne la réplique à deux acteurs que j’adore : Ali Zafar et Siddharth Narayan.

« Louuuurd ! Mes bébés réunis dans un seul et même projet ! #dansedelajoie » Je m’empresse donc de voir Chashme Baddoor pour finalement me résigner à la fin du visionnage : Taapsee n’y sert absolument à rien ! Pourquoi ?!

« Non mais c’est quoi, ce délire ? C’est vraiment avec ce film qu’elle espère marquer des points à Bollywood ? » Syndrome de la cruche creuse. Taapsee est là pour faire la belle. Point final. J’aurais pas dû m’enflammer… Comme il fallait s’y attendre, Chashme Baddoor fait un bide. Et Taapsee se fera oublier. Retour dans le sud où elle continue d’être productive.

Pourtant, le choix de l’actrice était calculé. Elle avouera dans une interview pour Hindustan Times qu’elle ne voulait pas démarrer sa carrière à Bollywood dans un film trop expérimental. Son objectif était avant tout de prouver sa valeur commerciale et sa capacité à rassembler. Raté ! Car ce n’est clairement pas avec Chashme Baddoor qu’elle y arrivera. Erreur de calcul pour la belle qui continue son chemin dans le sud avec des films comme Gundello Godari (dans lequel elle incarne une prostituée) et Arrambam (grâce auquel elle reçoit une nomination pour le South Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin). > 059


Bref, si Bollywood l’ignore royalement, Taapsee peut se satisfaire de surprendre le public dravidien à chaque nouveau métrage. Quand je vous parlais de potentiel, je n’étais pas emphatique ! Avec Baby, sorti en 2015, elle accepte un rôle secondaire dans ce suspense hindi face à Akshay Kumar. Elle retente ainsi sa chance à Bollywood avec un vrai projet. Bonheur !

« Elle a retenu la leçon, la p’tite ! Du contenu et de l’intelligence, en plus d’un casting du tonnerre pour l’accompagner…Taapsee a tout compris ! » Elle y campe Shabana Khan, une espionne. Un personnage qu’elle retrouvera au passage quelques années plus tard. Mais ne nous emballons pas !

C’EST AUSSI EN 2015 QU’ELLE S’ESSAYE AU FILM D’HORREUR AVEC LE FILM TAMOUL KANCHANA 2, OÙ ELLE S’AFFICHE AUX CÔTÉS DE RAGHAVA LAWRENCE, VÉRITABLE FIGURE DU GENRE. Car Taapsee ne lâche pas Kollywood et Tollywood pour le cinéma hindi, comme ont pu le faire d’autres vedettes locales comme Ileana D’Cruz et plus anciennement Asin Thottumkal Taapsee sait qu’elle doit tout à ses fans tamouls et télougous. Et elle ne les délaissera pas.

Avec Pink, elle me met une sacrée claque ! Dans un rôle difficile qui dénote clairement de ses projets très enlevés dans le sud, 060

Taapsee démontre qu’elle est une interprète démentielle avec laquelle il va falloir composer à Bollywood. D’autant qu’elle en partage l’affiche avec une légende de l’industrie : Amitabh Bachchan. Pourtant, pas une fois elle ne se fait bouffer par celui-ci, parvenant à exister et même à nous éblouir à ses côtés.

« Mais c’est quoi, ce film de malade ? Mais c’est avec ça qu’elle aurait dû faire ses débuts ! Bravo Taapsee ! » Le succès est tel que certains producteurs décident de surfer sur l’engouement déclenché par le film (et par sa vedette) pour dépoussiérer un projet qui n’était alors jamais sorti en salles : Running Shaadi. Dans cette comédie romantique, la jeune femme donne la réplique au non moins talentueux Amit Sadh. Si le film passe relativement inaperçu à sa sortie en salles, il reste l’indicateur d’un intérêt prégnant pour la belle, qui s’impose doucement mais sûrement comme l’une des comédiennes les plus prometteuses de Bollywood. E T ÇA, L E RÉ AL ISATE UR SH IVAM N AIR L’A BIE N CO MP RIS ! En effet, il fait revivre le personnage de Shabana Khan dans un métrage qui tourne principalement autour d’elle : Naam Shabana. Evidemment, il fait de nouveau appel à Taapsee pour incarner ce rôle d’espionne dont on va ici explorer l’antériorité. Qui est-elle ? Quels incidents dramatiques l’ont amenée à devenir l’espionne féroce que l’on a découverte dans Baby ? Avec ce film, Taapsee passe un cap artistique, mais aussi quant à son statut dans l’industrie. Car désormais, des producteurs osent financer des projets >


NAAM SH ABANA


dont elle est l’unique tête d’affiche, preuve de son indéniable popularité. Les projets The Ghazi Attack et Anando Brahma lui permettent de retrouver l’audience télougoue, qu’elle n’avait finalement délaissé que quelques temps. Le premier remportera un National Award tandis que le second fera un carton en salles. Preuve que ses fans sont partout !

Lorsqu’elle signe quelques temps plus tard Judwaa 2, j’avoue que je ne comprends pas. Taapsee avait eu la chance de redonner à sa carrière bollywoodienne une nouvelle dynamique, tout ça pour faire la cruche dans un film de David Dhawan ?! Ô, mais attendez une minute… David Dhawan est celui qui a tenté de la lancer en 2013 dans Chashme Baddoor… Taapsee fait sans nul doute preuve de reconnaissance envers son mentor en jouant dans sa nouvelle réalisation. Ouf !

POUR AUTANT, IMPOSSIBLE DE NIER LA PLATITUDE DE JUDWAA 2. Et du rôle que campe la jeune femme. Face à un Varun Dhawan qui frise l’exhibitionnisme (pourquoi nous montre-t-il son torse dans presque toutes les scènes ?!), la comédienne n’a aucune place à tenir, sauf celle de la jolie plante verte. Ayant découvert le métrage sur grand écran avec mes acolytes de Bolly&Co, nous étions toutes les trois estomaquées par ce film.

« Je suis pas venue ici pour souffrir, ok ?! » Dépenser près de 11 euros pour voir Varun 062

se rendre ridicule, Jacqueline cabotiner à mort, pendant que Taapsee se fait oublier…

ETAIT-CE UNE BONNE DÉCISION ? ON PEUT SE LE DEMANDER TANT JUDWAA 2 N’A NULLEMENT PERMIS DE METTRE EN VALEUR LE TALENT DE L’ACTRICE. Mais Judwaa 2 a fait un tabac au box-office. Et peut-être était-ce là le véritable objectif de Taapsee en acceptant ce métrage : prouver qu’elle pouvait fédérer et que son nom au générique pouvait permettre de générer des bénéfices. Après tout, c’était déjà son intention en 2013 en intégrant la distribution de Chashme Badoor. Et malgré la médiocrité du métrage, c’est un pari gagné.

En 2018, Taapsee est à l’affiche d’une comédie romantique sympathique mais oubliable : Dil Junglee, dans laquelle elle joue aux côtés du séduisant Saqib Saleem. #monbébé


J U DWAA 2

(Oui, j’ai 173 bébés, ne me jugez pas !) Vous êtes en train de vous dire que sa carrière va en pâtir ? D’autant que ce film a résulté en échec commercial et d’estime. Un point noir consécutif dans la filmographie passionnante mais aussi inégale de Taapsee. J’avoue que j’ai également pensé que c’était fini pour elle. Ou du moins qu’elle était sur une pente descendante. Mais ce qui me permet de croire avec certitude que son avenir est plein de promesses, ce sont ses projets à venir.

En effet, Taapsee sera notamment la partenaire de Diljit Dosanjh dans le biopic Soorma, qui promet d’être ni plus ni moins qu’excellent. Ce projet reviendra effectivement sur l’histoire du champion de hockey Sandeep Singh et sur son dramatique accident survenu en 2006. De quoi augurer un film poignant ! Mais surtout, Taapsee sera l’héroïne de Manmarziyaan, prochaine réalisation du grand Anurag Kashyap dans laquelle elle fera face à Vicky Kaushal et Abhishek Bachchan. Elle y campera la gérante d’une boutique d’équipement de sport, fan de hockey.

« Elle va bosser avec Anurag, un de mes cinéastes favoris ! Et s’il a décidé de miser sur elle, c’est qu’il a conscience de sa capacité à faire honneur à l’histoire de Manmarziyaan. J’ai hâte ! »

Taapsee est une ‘self made woman’. Elle s’est faite seule, sans compter sur des parents starlettes ou sur un gourou influent. Oui, nombre de ses projets sont dispensables. Mais Taapsee ne voulait pas se répéter, ni entrer dans le carcan de l’héroïne, à l’image de Kangana Ranaut qui a dû attendre le succès de Tanu Weds Manu puis de Queen pour réellement en sortir.

ELLE SAIT QU’IL LUI FAUDRA FOURNIR DEUX FOIS PLUS DE PROJETS CONCLUANTS POUR PÉRENNISER SA CARRIÈRE, LÀ OÙ UN SEUL SUFFIRAIT POTENTIELLEMENT À UN ENFANT DE STAR. Et même si la qualité de ses deux derniers métrages est toute relative, Taapsee Pannu a donné le ton avec Baby, Pink et Naam Shabana. Des films forts dans lesquels ses rôles n’ont nullement besoin des hommes. Et c’est en cela qu’elle incarne formidablement la philosophie du #GirlPower au cinéma.

MANMAR ZIYAAN


D DO S S I ER S P ÉC I AL

LES COUPS DE PUB À B O L LY W O O D MOTS PAR FATIMA ZAHRA EL AH MAR

UTILISER UN ÉVÉNEMENT DE SA VIE POUR CRÉER LE BUZZ ET ATTIRER L’ATTENTION DU PUBLIC EST CHOSE COMMUNE À BOLLYWOOD. C’est un processus qui est d’usage partout ailleurs, et pas uniquement en Inde. Si, dans le passé, cette méthode devait être plus étudiée pour ne pas mal tourner, avec l’avancée technologique, il suffit qu’une célébrité poste une simple photo d’elle sur les réseaux sociaux pour enflammer la toile et les fans. Dénicher une information alléchante sur son acteur favori ou sur son prochain projet est chose excitante, il n’y a pas le moindre doute là-dessus.

Cependant, et c’est une triste constatation de ces dernières années, les célébrités et leur équipe ne savent pas toujours tracer la ligne rouge à ne pas dépasser. 064

Parfois, nos stars prennent la notion de « bad publicity is good publicity » (en français : toute publicité est bonne à prendre) un peu trop au sérieux. Et leur public, un peu trop pour – excusez-moi du terme – des idiots. Pour ne rien vous cacher, l’idée de cet article m’est venue il y a quelques années, au moment où le scandale de Kangana Ranaut contre Hrithik Roshan a explosé. L’afflux de détails que l’un et l’autre dévoilait devenait graduellement insupportable à maintenir. Le fait que plusieurs personnes soient impliquées n’arrangeait en rien les choses et cela a posé le problème sur cette affaire :

qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Cette question n’est jamais simple à résoudre. Sans annonce officielle publique de la part des parties concernées, les fans ne peuvent jamais être certains de qui est quoi quant à la véracité des faits. Tenir un débat autour de ces histoires est donc quasiment impossible


car au final, tout ce que nous avons est une suite infinie de « il a été dit que ».

N’IMPORTE QUEL SCANDALE RÉCENT PEUT ÊTRE DÉCORTIQUÉ, PELÉ, ET CRÉER TROIS GROUPES OPPOSÉS DE PERSONNES : ceux qui sont complètement désintéressés, ceux qui y croient dur comme fer et ceux qui crient au complot. Je me tiens généralement dans le premier groupe. Ou le troisième. Tout en essayant de ne pas m’en soucier plus que de raison.

Pour résumer ce scandale qui a enflammé Bollywood : tout a commencé en 2016. Parmi les noms pressentis pour partager l’affiche d’Aashiqui 3 se tenaient Hrithik Roshan et Kangana Ranaut. Selon une rumeur de l’époque, l’acteur a refusé de travailler avec son ancienne co-star. Dans une des interviews de Kangana, un journaliste lui a ouvertement demandé si cette rumeur était fondée, et si elle avait perdu le rôle à cause d’Hrithik. La réponse de l’actrice ? Les ex-copains font tout pour attirer l’attention, mais c’est un chapitre clos. Cette insinuation a provoqué une longue et interminable bataille médiatique entre le père de famille et la jeune femme.

QUI A RAISON ET QUI A TORT ? Peu importe si la préférence du public va vers l’un ou l’autre, la conclusion reste la même. Que ce soit Kangana ou Hrithik, ils avaient toujours l’air de choisir le bon tempo pour riposter. Et pour être entièrement objective, l’actrice semblait le faire encore plus. Si au début, elle était saluée pour son courage, son audace de révéler les

KANGANA RANAUT ET H R ITH IK R O SH AN DURANT LA PR O MOTIO N DU F ILM KR R ISH 3

dessous de cette histoire, ses cris au scandale ressemblaient de plus en plus à un publicity stunt (coup de publicité).

Quand tout le monde pensait que l’affaire Kangana-Hrithik faisait partie du passé, l’actrice a décidé de partager à nouveau son expérience. Courageux, peut-être, si ce n’est pour le timing suffisamment douteux. Un an après le scandale, tout est remis sur le tapis de nouveau peu de temps avant la sortie du film Simran. Je pourrais m’étaler sur cette affaire des heures durant, mais la réalité est que ce genre d’histoire n’est pas isolé. Certes, la manière de dévoiler la vie privée de quelqu’un de façon aussi publique est marquante. Cependant, ce n’est pas > 065


la seule fois où un acteur ou une actrice ont été soupçonnés ou accusés de laver leur linge sale pour attirer l’attention. Voire même de fabriquer des faits, montés de toute pièce, pour cette même raison. Ranbir Kapoor et Katrina Kaif qui se quittaient et se remettaient en couple sans cesse, à l’approche des sorties de leurs films, cela vous dit quelque chose ? Ranveer Singh et Deepika Padukone qui font parler de leur couple supposé dès qu’un film de Sanjay Leela Bhansali commence son tournage, cela ne vous semble pas familier ?

Au bout du compte, les fans ne peuvent rien faire à part se fier à leur logique. Décider par eux-mêmes de croire une rumeur plutôt qu’une autre. Cependant, essayer de démêler le vrai du faux peut être amusant.

BOLLY&CO FAIT UN RETOUR SUR CES VIEILLES RUMEURS.

Bollywood a connu un bon nombre de coups de publicité, certains plus évidents que d’autres.

Qualifiées à l’époque de coup de publicité qui n’a pour but que de créer le buzz, elles sont aujourd’hui presque oubliées. Ditesnous donc : coup de pub ou malheureuse rumeur ?

1. La conversation téléphonique entre Salman Khan et Aishwarya Rai Bachchan.

2. Le baiser sulfureux de Kareena Kapoor et S h a h i d K a p o o r.

Les relations de Salman Khan avec des gangsters à une époque ont contribué à son image de bad boy durant sa jeunesse. En 2005, à la veille de la sortie de son film Maine Pyaar Kyun Kiya, une conversation téléphonique suspecte de lui avec Aishwarya a refait surface. Elle a eu lieu en 2001. L’enregistrement a créé une fureur sans précédent : durant leur échange, Salman menaçait sa petite-amie de l’époque. L’insultant pour la forcer à danser pour un gangster du nom d’Abu Salem. 066

Que ce soit la décision des stars ou de leur équipe de relations publiques.

En 2004, une image de l’ancien couple en train de s’embrasser dans un lieu public a fait la une des journaux indiens. Après avoir nié qu’il s’agissait d’eux, Shahid et Kareena ont menacé de traîner le média Mid-Day en justice.

QUELQUES JOURS PLUS TARD, DIL MAANGE MORE (AVEC SHAHID KAPOOR À L’AFFICHE) A FAIT UN TABAC AU BOXOFFICE INDIEN AUPRÈS DE LA JEUNESSE.


3. Mallika Sherawat et Antonio Banderas. Durant ses années de célébrité, Mallika Sherawat était connue pour ses manières sulfureuses. Aussi bien dans ses tenues que dans son attitude. En 2014, elle a fait parler d’elle au moment où sa carrière hollywoodienne devait décoller. Durant le festival de Cannes de cette année-là, le styliste Ivan Bitton a filmé Mallika dans les bras d’Antonio Banderas. Bitton s’est amusé à détailler dans des interviews la présumée liaison entre les deux, affirmant même qu’ils ont voyagé ensemble. L’acteur d’origine espagnole était marié à ce moment-là. Son divorce s’est produit quelques mois plus tard. L’actrice a nié cette relation, de toute évidence. Mais encore une fois, le timing de ces fuites est particulièrement suspect.

4. La bagarre de Saif Ali Khan. Un soir, après avoir dîné avec ses proches, Saif Ali Khan se retrouve entraîné dans une bagarre.

IL EST ACCUSÉ D’AVOIR FRAPPÉ UN HOMME PRÉSENT AU RESTAURANT. PLUSIEURS ARTICLES ONT INONDÉ LA TOILE, RETRAÇANT LES ÉVÉNEMENTS ET INTERROGEANT LES TÉMOINS PRÉSENTS SUR PLACE. Pourtant, juste après la sortie de son film Agent Vinod, nous n’avons plus entendu parler de cette histoire.

5. La comédie romantique avec Natalie Portman. En parlant du célèbre Nawab, un autre coup publicitaire a émergé en 2012. Un jour, Saif a annoncé son futur projet : une romcom avec la star hollywoodienne Natalie Portman.

Deux jours plus tard, les avocats de l’actrice ont contacté l’équipe de Saif pour lui présenter une notice juridique. Dans cette notice, il a été précisé qu’il devait cesser d’utiliser le nom de Natalie Portman. Par ailleurs, elle a également demandé à Saif de présenter des excuses publiques, sans quoi une action en justice serait engagée à son encontre.

Vous pouvez ajouter à cette listes tous les couples qui se sont faits et défaits durant un tournage. Toutes les images scandaleuses qui fuitent par le plus pur des hasards. COÏNCIDENCES OU FINE ORCHESTRATION ? N’hésitez pas à partager avec nous ce que vous en pensez.

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G GE NR E

Les films female centric à Bollywood M OT S PA R FAT I M A Z A HRA E L AHMAR

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POUR LA MAJORITÉ DES FANS DE CINÉMA À TRAVERS LE MONDE, LIRE OU ENTENDRE LE MOT « FEMME » OU L’EXPRESSION « FEMME FATALE » NE SIGNIFIE QU’UNE SEULE CHOSE.

Des personnages de part et d’autre qui gravitent toujours autour d’un homme : le père, le frère, l’amant. Au fil des années, Hollywood a pu évoluer avec son cinéma indépendant et moins populaire. Pour chaque Angelina Jolie habillée en Lara Croft, l’audience pouvait aussi avoir une Julianne Moore dans Still Alice.

Une image spécifique que les films ont contribué à dessiner. Une femme est une gazelle. Gracieuse, belle, séductrice et sensuelle. Ce sont les traits que les rôles féminins les plus connus du monde partagent. Seulement, ce sont des rôles qui n’ont jamais évolué seuls.

Le premier exemple n’est pas mon préféré, je dois admettre, mais c’est l’un des plus connus dans sa catégorie. Et depuis très longtemps, Bollywood essaye d’instaurer sa propre version de Lara Croft. Sauf qu’en plus de ses talents dans les arts-martiaux, elle est censée savoir danser à la perfection.


AU FIL DES ANNÉES, DES TENTATIVES DE REPRÉSENTER CONVENABLEMENT UNE FEMME FORTE SUR GRAND ÉCRAN ONT VU LE JOUR. Malheureusement, la caractérisation de beaucoup d’entre elles reste superficielle. Parler de femmes dans l’industrie cinématographique indienne revient à dire : une déesse sensuelle qui séduit le héros de tous ses charmes, parce qu’au final, c’est bien le monsieur qui fera tout le travail.

Il faut admettre que le cinéma hindi continue à surprendre son public. Si l’on s’éloigne de la production purement commerciale qui existe, on pourra découvrir des œuvres émotionnelles, humaines, taillées pour refléter des réalités culturelles et sociales. Ce qui change rarement en revanche, c’est le sexisme représenté. Estce dû à la triste réalité, qui est que le monde a souvent été dirigé par des hommes ? Peutêtre, mais cela n’empêche que de temps à autres, certains réalisateurs et scénaristes prennent le temps d’imaginer, de créer et de croire en des œuvres qui pourront changer ces idées reçues sur les femmes.

La réalité est que, depuis des décennies, des réalisateurs ont tenté de raconter les histoires de ces femmes différentes, oppressées par les sociétés dans lesquelles elles ont grandi. Et durant chacune de ces décennies, certaines actrices ont su briller en apportant à leur audience de l’audace. Elles ont osé changer de registre. Le triste constat étant

que, malgré tous leurs efforts, beaucoup finissent par les définir par leurs rôles les plus glamour.

EN PLUS DE 100 ANS DE CINÉMA, L’INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE INDIENNE CONTINUE AUJOURD’HUI À ÊTRE PERÇUE COMME UN TERRITOIRE DOMINÉ PAR LES HOMMES. Une lueur d’espoir est tout de même présente. Car cette idée peut être cassée et remodelée, et de plus en plus de personnalités font des efforts pour soutenir des films dits « female centric ». Surtout maintenant. Il y a une cinquantaine d’années jusqu’à il y a 20 ans, les films sans la présence dominatrice d’un rôle masculin ne marchaient pas et ne généraient aucun bénéfice commercial. Mais ces dix dernières années, cette règle a changé. Il faut admettre que les films basés sur l’histoire d’une femme ont été créés à plusieurs reprises, depuis les débuts du cinéma hindi.

Malheureusement, plusieurs d’entre eux sont tombés immédiatement dans l’oubli, à tel point qu’en faisant mes recherches pour cet article, je suis tombée sur les titres de plusieurs œuvres du genre qui ne sont disponibles nulle part. J’aurais bien aimé les visionner, afin de vous montrer également l’évolution que ce thème bien spécifique. Au lieu de cela, je vais me contenter de vous présenter ces films que j’ai vu, en grandissant, qui m’ont marqué sur le thème de la femme. > 069


BLAST FROM THE PAST Quand il faut hausser la dose de mélodrame dans un film pour vendre, nous serons rapidement à court de bon contenu. Bien que j’adore les classiques de Bollywood, il faut admettre que peu de films tiennent la réputation d’œuvres iconiques. Encore moins quand il s’agit de films « female centric ». Pourtant, c’est une ère qui a amené un nombre incalculable d’actrices talentueuses. Les citer sans en oublier une seule constitue clairement une mission impossible. Entre celles qui n’ont pas connu de succès commercial et celles qui se sont éteintes bien trop tôt, la liste est longue.

Le cinéma indien des années 1970, 1980 et 1990 est connu pour ses innombrables masala, son côté kitsch et ses performances un poil exagérées. Pour ne rien changer aux règles du jeu, les actrices étaient toutes aussi gracieuses les unes que les autres. Amenant le glamour et le charme à une image dominée par les hommes. Pourtant, même à cette époque, nombre de femmes ont su se démarquer. Entre la défunte Sridevi qui n’a guère besoin de description et la talentueuse Madhuri Dixit, les amoureux des films hindi ont eu droit à des perles durant cette période pourtant marquée par des têtes d’affiche essentiellement masculines. Même si ces deux actrices ont participé à beaucoup de métrages commerciaux, elles ont contribué à leur manière à développer les films female centric dans leur pays. Vous pouvez en lire davantage dans notre parution dédiée à Sridevi, ainsi que dans 070

l’édition que vous lisez actuellement, qui met Madhuri à l’honneur.

ET LA LISTE DE CES MERVEILLEUSES FEMMES NE S’ARRÊTE PAS LÀ. Avec une carrière qui s’étend sur plusieurs décennies, Rekha est l’un des meilleurs exemples pour représenter ce qu’est une actrice de calibre. Elle fût l’une des icônes les plus admirées et respectées de son époque. Si ses débuts dans les années 1960 n’étaient pas mémorables, c’est vers la fin des années 1970 et le début des années 1980 que sa carrière explose. Jouant des rôles féminins puissants, elle a aussi eu droit à des succès commerciaux en plus de films artistiques divers (connus en Inde sous le nom de cinéma parallèle).

Plusieurs de ses rôles et films ont été revisités par la suite, comme Umrao Jaan avec Aishwarya Rai Bachchan et Khubsoorat avec Sonam Kapoor. En 50 ans de carrière, l’actrice a prouvé sa diversité en s’illustrant autant dans des rôles comiques que dramatiques. Rekha est également un symbole de survie. Avec une carrière aussi longue, l’actrice a connu des hauts et des bas, revenant glorieusement à l’écran avec le bon projet et le bon rôle. En 1981, son chemin croise celui d’une autre actrice de calibre dans le métrage Ek Hi Bhool : Shabana Azmi.


R EKH A DANS LE F ILM UMRAO JAAN

Pour son premier rôle dans Ankur (1974), Shabana a marqué les esprits. Débutante, elle a accepté un rôle que plusieurs autres actrices ont refusé. Sa prestation dans ce métrage a été décrite comme « une performance

psychologiquement marquante et entièrement différente de tout ce qui a pu être vu dans le cinéma hindi contemporain, » selon le site

upperstall.com, basé sur le cinéma indien classique. Si aujourd’hui, nous lisons sans cesse des articles sur la mésentente entre deux actrices, la vieille époque ne fait pas exception à cette triste règle. Parmi les rivalités les plus discutées de ces années-là, il y a celle entre Shabana Azmi et Smita Patil.

SMITA ET SHABANA AVAIENT BEAUCOUP DE POINTS COMMUNS.

Cette dernière n’est créditée que pour une apparition spéciale, mais son chemin est déjà tout tracé. Détentrice de 5 National Film Awards de la Meilleure Actrice (un record !), Shabana a fait ses débuts en 1974, pour ensuite de devenir l’une des actrices phare du cinéma parallèle indien. Cette forme étant nouvelle à l’époque, aussi bien pour le sérieux de son contenu que pour le réalisme de ce qu’elle offre au public, c’est au travers d’artistes féminines comme Shabana Azmi que ce style est parvenu à perdurer.

Elles partageaient toutes les deux une même vision : soutenir des films qui changent la vision de la société sur les femmes. Elles soutenaient la cause féministe et ne s’en cachaient pas. Pourtant, les deux actrices ne s’entendaient pas plus que ça. « Hélas, nous n’avons jamais

pu être amies. La rivalité entre nous a causé une friction. Autant les histoires fabriquées par les médias que les vrais problèmes. Nous avons essayé de nous réconcilier et sommes parvenues à rester cordiales. Cependant, ça ne s’est jamais transformé en amitié, » se remémore Shabana Azmi dans une interview pour Deccan Chronicle en 2016. >

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Elles ont collaboré pour la première fois pour le métrage Nishant. Un film de Shyam Benegal dans lequel les deux actrices ont partagé l’affiche en compagnie de l’excellent Naseeruddin Shah. Smita Patel y tient le rôle de l’épouse et représente l’image de la jalousie, de la colère et de la douleur lorsque son mari kidnappe une autre femme et la ramène chez eux. Ce fut d’ailleurs l’une de ses premières apparitions. Ses premières années en tant qu’actrice étaient dédiées à ce type de projets : humbles, sans un énorme budget, avec un message social puissant à communiquer.

Comme beaucoup de femmes dans ce domaine, Smita Patil a accepté des rôles plus commerciaux pour survivre dans le cinéma. Dans une de ses interviews de l’époque, elle expliquait : « J’ai dédié mes cinq

premières années à ce genre de cinéma, en refusant toutes les offres commerciales qu’on me proposait. Aux alentours de 1977-1978, le cinéma indépendant a commencé à grandir et il avait besoin de grands noms à l’affiche. On m’a retirée de plusieurs projets. Ça m’a beaucoup affectée. Je me suis dite : je ne me suis jamais souciée de l’argent ou de la gloire. J’ai refusé un grand nombre d’offres pour me consacrer à ces petits films, et qu’est-ce que j’ai obtenu en retour ? » , c’est à partir de ce

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S HABANA AZMI DANS L E FIL M ANK UR

moment-là que Smita a changé sa vision des choses, acceptant les films mainstream.

CES FEMMES SONT RESTÉES ATTACHÉES À LEUR IDENTITÉ. Tout comme d’autres dames du cinéma indien, elles ont parfois tenté l’expérience du glamour et du commercial sans pour autant oublier ce qui les rendait uniques. Sans courir après la célébrité et en utilisant leur notoriété pour la mettre au service de projets qui véhiculent un véritable message. Comme Manisha Koirala qui a su maintenir un parfait équilibre entre le cinéma commercial et parallèle durant les années 1990. Mais aussi Urmila Matondkar qui s’est imposée dans le genre du thriller en plus de ses quelques comédies romantiques durant la même décennie, ou encore Raveena Tandon qui a également contribué aux films women centric au sommet de sa carrière. Malheureusement, à cause du manque de source pour les visionner, la liste de films à voir des anciens temps n’est pas exhaustive. N’hésitez pas de partager avec Bolly&Co vos coups de cœur des précédentes décennies, pour étayer au mieux cette liste.


Mother India (1957) Qui ne l’a pas vu au moins une fois dans sa vie ? Pour être tout à fait honnête, Mother India fait partie de ces films que je n’ai pas aimé au premier visionnage. Peutêtre parce que je ne voyais que le côté mélodramatique. Comme son nom le suggère, Mother India représente l’essence d’une mère, prête à tout sacrifier pour ses enfants et ses convictions morales. Un métrage spécial pour son temps, et à jamais.

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Aandhi (1975)

Meena Kumari est sans doute l’une des plus belles actrices que le cinéma indien ait connu, et sa prestation dans Sahib Bibi Aur Ghulam ne fait que le prouver. Atulya Chakraborty (Guru Dutt) est un servant. Ebloui par la beauté de Chhoti Bahu (Meena Kumari), l’épouse de son patron, il se rapproche d’elle pour mieux connaître son histoire.

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> Sahib Bibi aur Ghulam (1962)

Drame politique et social, Aandhi offre à Suchitra Sen l’un de ses plus beaux rôles. Aarti Devi (Suchitra Sen) est une femme sur le terrain des hommes. Une femme qui gère ses propres choix. Une politicienne qui croise à nouveau le chemin de l’homme qu’elle a toujours aimé, J.K (Sanjeev Kumar). Choisira-t-elle d’être définie par cet homme ou par sa carrière ? A l’époque de sa sortie, le métrage a été banni par Indira Gandhi car apparemment adapté de l’histoire de sa vie. Cette controverse a mis l’œuvre de Gulzar sous les projecteurs. Deux ans plus tard, il a bénéficié de sa première diffusion à la télévision indienne.

Il est vrai que le métrage est davantage centré sur le personnage de Guru Dutt. Mais Meena Kumari est de toute évidence l’âme de Sahib Bibi aur Ghulam. 073


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Bhumika (1977) Connu comme l’un des premiers films du cinéma parallèle à faire l’objet d’un grand plébiscite populaire, Bhumika retrace la vie d’une actrice qui débute sa carrière alors qu’elle est encore enfant, avant de grandir et de devenir une star de son temps. Le métrage est inspiré de l’histoire réelle d’une actrice des années 1940, Hansa Wadkar. Smita a obtenu son premier National Award pour ce rôle, 3 ans seulement après ses débuts au cinéma.

Umrao Jaan (1981)

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Si l’adaptation de 2006 était tout sauf un succès, la tentative de Muzaffar Ali dans les années 1980 était différente. Dans les années 1840, une petite fille est kidnappée de son village avant d’être vendue à la propriétaire d’une maison close. Cette enfant devient à ce moment Umrao Jaan (Rekha), une courtisane qui marque rapidement les esprits par sa beauté, son talent et sa capacité à charmer les hommes. Rôle culte de la carrière de Rekha, cette dernière remportera le convoité National Award de la Meilleure Actrice pour ce rôle.

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Arth (1982)

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Personne ne peut parler des meilleurs films des années 1980 sans évoquer Arth. Signé Mahesh Bhatt, le métrage s’inspire d’ailleurs de sa propre histoire. Inder (Kulbhushan Kharbanda) est un réalisateur. Après avoir entretenu une relation extra conjugale avec une actrice, Kavita (Smita Patil), il décide de quitter sa femme Pooja (Shabana Azmi) pour refaire sa vie auprès ce nouvel amour. Arth représente le chemin que parcourt une femme pour retrouver son identité, après avoir mené la même vie d’épouse pendant tant d’années.


Mandi (1983) Rukmini Bai (Shabana Azmi) est une tenancière de bordel qui est prête à tout pour ses filles, notamment Zeena (Smita Patil) et Basanti (Neena Gupta). Vu l’emplacement stratégique de cette maison au cœur de la ville, des politiciens cherchent à s’en emparer en utilisant les mœurs et la morale comme raison de leur révolte. Actuellement, Shahrukh Khan tient les droits de ce métrage, ce qui laisse à penser qu’un remake pourrait être initié dans les années à venir.

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Mirch Masala (1987)

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> Khoon Bhari Maang (1988)

L’un des rôles les plus connus et appréciés de Smita Patil, Mirch Masala est aussi l’un de ses films à être sorti après son décès. Se déroulant en Inde durant les années 1940, Sonbai (Smita Patil) s’oppose à un percepteur d’impôt (Naseeruddin Shah) qui use de son pouvoir dans un village pour arriver à ses fins. En 2013, Forbes a inclus la prestation de l’actrice dans sa liste des 25 meilleures performances du cinéma indien.

Après avoir enchainé des rôles dans des films à multi cast, c’est avec ce métrage que Rekha a marqué son retour en tant qu’actrice principale. Après avoir perdu son mari, Aarti (Rekha) rencontre Sanjay (Kabir), qu’elle épouse après l’insistance de son entourage. Sanjay, qui ne cherche qu’à hériter de la fortune d’Aarti, tente de l’assassiner. Il croit d’ailleurs y être parvenu. Revenue avec un nouveau visage et une nouvelle identité, Aarti décide de se venger. 075


Damini (1993) C’est l’un des derniers films de Meenakshi Seshadri ainsi que l’une de ses meilleures performances. Ayant assisté à un viol commis par un membre de sa famille, Damini (Meenakshi Seshadri) décide de se battre pour que justice soit faite, allant à l’encontre de tout pour y arriver. Le casting inclut également Rishi Kapoor dans le rôle de Shekhar, l’époux de Damini et Sunny Deol dans le rôle de Govind, un ancien avocat qui aide cette femme dans sa quête.

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Anjaam (1994)

Film biographique sur la vie de Phoolan Devi, Bandit Queen était pour moi une agréable surprise. Née au sein d’une basse caste, Phoolan (Seema Biswas) a grandi en ne connaissant que la pauvreté et la misère. Le métrage retrace sa vie depuis son enfance jusqu’à son incarcération en 1983. Seema Biswas y tient brillamment le rôle principal.

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> Bandit Queen (1994)

Premier métrage à réunir Shahrukh Khan et Madhuri Dixit, Anjaam donne à voir une Madhuri qui s’accapare toute l’attention. Vijay (Shahrukh Khan) est un riche jeune homme qui a toujours eu ce qu’il voulait. Après avoir croisé Shivani (Madhuri Dixit), il découvre pour la première fois de sa vie ce que le fait d’être rejeté signifie. Graduellement, sa fascination pour cette femme se transforme en une obsession qui fait de l’existence de Shivani un enfer.


MODERN DAYS Un nouveau courant de réalisateurs qui s’intéressent aux femmes en tant que telles, à travers leur vision et leurs projets, a su capturer l’essence de la féminité. Ce n’est pas seulement une image physique de fragilité, mais également une variété d’émotions. Aussi bien une vulnérabilité qu’une force. Si je garde un amour nostalgique pour les vieux films, en termes de qualité, la liste qui suivra l’emporte largement.

La raison est simple : aujourd’hui, les réalisateurs ont plus de liberté. Même si la censure reste pour certains une problématique (peut-être que Bolly&Co en parlera un jour), la limitation dans les sujets à aborder et la manière dont ils doivent être présentés restent considérablement moins réductrices qu’à une certaine époque. Plusieurs thèmes considérés comme tabou par le passé sont de nos jours transformés en films, véhiculant des messages poignants. Mettant en scène des femmes pour prouver qu’elles ne sont pas nécessairement des êtres faibles. Montrant qu’elles peuvent aussi être synonymes de pouvoir, de force et de confiance en soi. Si je prends les années 2000 comme point de départ de ces temps modernes, je ne pourrai pas poursuivre sans parler de deux actrices qui, par leurs choix, ont ouvert la porte à d’autres afin de suivre leur exemple. Le fait qu’il s’agisse de mes deux actrices préférées n’est d’ailleurs qu’une coïncidence. Je parle effectivement de Rani Mukerji et de Vidya Balan.

Après avoir commencé sa carrière comme beaucoup d’autres actrices de son époque, c’est en 2002 que Rani a su s’imposer réellement, avec le film Saathiya. Accompagnée de Vivek Oberoi, c’était la première fois que son rôle avait autant d’importance que celui de l’homme qui partageait l’affiche avec elle. Il est vrai que l’actrice a délivré de belles performances avant cela, que ce soit dans le fameux Kuch Kuch Hota Hai, ou l’intéressant Chori Chori Chupke Chupke. Cependant, et en toute objectivité, elle restait quelque part la belle dame qui faisait chavirer le cœur du héros. Un élément de l’histoire qui n’est là que pour apporter le support émotionnel nécessaire au mâle alpha.

Suite au métrage de Shaad Ali qui lui a valu son premier Filmfare Award, la star a maintenu cette importance partagée dans la majorité des projets qu’elle a signés par la suite. Que ce soit dans Chalte Chalte, face à Shahrukh Khan, ou dans Hum Tum, face à Saif Ali Khan. Sa montée en puissance dans les métrages qui représentent convenablement la femme indépendante s’est faite graduellement. En 2005, la sortie du film Black, signé Sanjay Leela Bhansali, donne à Rani tout ce dont elle a besoin pour prouver que les rôles féminins peuvent tout autant prendre l’audience au dépourvu. Sa prestation est poignante, puissante, émotionnelle. Les femmes deviennent ainsi un modèle de courage et de persévérance. > 077


PARALLÈLEMENT, C’EST DURANT LA MÊME ANNÉE QUE VIDYA BALAN FAIT SES DÉBUTS À BOLLYWOOD AVEC UN AUTRE FILM FEMALE CENTRIC : PARINEETA. Surnommé à l’époque le « Devdas à la fin heureuse », le métrage de Pradeep Sarkar marque les premiers pas vers une carrière florissante de son actrice principale. D’ailleurs, il faut noter que Pradeep reste l’un de ces réalisateurs à contribuer activement à la création de rôles féminins importants. A part Parineeta, nous lui devons également l’émotionnel Laaga Chunari Mein Daag (2007), le puissant Mardaani (2014) et prochainement Eela, avec Kajol en tête d’affiche. 078

Une autre actrice a également marqué le début des années 2000 par sa présence : Karisma Kapoor. Peu importe mon appréciation personnelle pour des actrices plus jeunes, comme Kangana Ranaut, Priyanka Chopra ou autres, loin de moi l’idée de remettre en question leur parcours et tout ce qu’elles ont fait.

Cependant, Karisma fait partie de ces femmes qui se sont affirmées, puis que l’on a oublié, alors que ses projets étaient très puissants, en particulier ceux qui ont précédé son mariage en 2003.


RA N I M U K E RJI E T AMITAB H BACH CH A N DANS L E FIL M B L AC K

Entre Zubeidaa, Fiza et Shakti, l’ainée des sœurs Kapoor était bien lancée pour redonner un boost supplémentaire à ce genre d’œuvres. Suffisamment connue pour compter sur la participation de grands acteurs comme Shahrukh Khan, et suffisamment talentueuse pour donner l’ampleur nécessaire à ses rôles. A son nom peuvent s’ajouter ceux d’Urmila Matondkar et de Manisha Koirala qui après avoir atteint le sommet de leurs carrières respectives dans les années 1990, se sont éloignées de l’orbite bollywoodien rapidement.

Je pourrais également m’étaler sur la carrière de Tabu qui a délivré de très belles performances à cette époque-là, mais je préférerai vous laisser redécouvrir notre numéro à son sujet. Et heureusement qu’elle est restée active dans l’industrie. La seconde partie des années 2000 était certes marquée par l’apparition furtive de quelques métrages centrés sur leurs actrices principales, mais c’est bien durant les années 2010 que la révolution s’est réellement enclenchée.

Parce qu’en plus du succès auprès des critiques, les films avec une femme à leur tête ont commencé à générer des profits. L’année 2011 était particulièrement marquante, non seulement parce qu’il y avait une diversité de rôles féminins (que nous approuvions ou non leur qualité, nous avons

eu des comédies romantiques comme Turning 30 et Tanu Weds Manu et un thriller en l’occurrence 7 Khoon Maaf), mais aussi parce qu’elle a été marquée par deux métrages : No One Killed Jessica et The Dirty Picture.

SANS DIVAGUER OU TRANSFORMER CET ARTICLE EN UNE LETTRE D’AMOUR DESTINÉE À VIDYA BALAN, NUL NE PEUT NIER SON IMPACT SUR LE CINÉMA ACTUEL. Avec ses choix osés, elle a motivé d’autres actrices à faire de même. Après ses succès répétés, prouvant avec les recettes de ses films qu’une femme peut vendre, d’autres réalisateurs et producteurs ont tenté de donner aux projets female centric de nouvelles chances et un nouveau souffle.

Toutefois, j’ai récemment eu l’impression qu’à partir de la fin d’année 2017, l’industrie cinématographique indienne a fait un pas en arrière sur ce point. Le nombre de projets annoncé pour cette année est infiniment minime, en comparaison aux années précédentes qui ont offert au public de véritables pépites !

DANS L’ESPOIR QUE TOUT CELA NE SOIT QU’UNE PHASE PASSAGÈRE AVANT QUE LES FEMMES REVIENNENT À LA CHARGE AVEC UNE DIVERSITÉ DE RÔLES INTÉRESSANTS, DÉCOUVREZ UNE SÉLECTION DE FILM FEMALE CENTRIC À NE PAS RATER… > 079


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Fiza (2000)

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Rares sont les films qui traitent de manière mature du thème des relations extraconjugales. Tourné simultanément en deux langues (hindi et marathi), Astitva a pu compter sur son talentueux casting pour relater son histoire. Aditi (Tabu) hérite la fortune de son ancien professeur de musique. Cet évènement fait douter son mari, Shrikant (Sachin Khedekar), sur les raisons qui auraient poussé le défunt musicien à agir de la sorte. Dans un mariage étouffant, aux traits pourtant heureux, Aditi tente comme elle peut de trouver sa propre identité dans un monde clairement chauvin.

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Durant l’année 1993 et suite aux émeutes de Bombay, Amaan (Hrithik Roshan) disparait sans laisser de trace. Six ans plus tard, sa sœur Fiza (Karishma Kapoor) décide de prendre la situation en main en partant à sa recherche. Usant de tous les moyens possibles pour y arriver. Accompagnés de Jaya Bachchan qui interprète leur mère, les acteurs brillent dans leurs rôles respectifs. Khalid Mohammed capture avec finesse la détresse de deux femmes qui perdent l’homme de la famille. Maintenant, elles doivent compter sur elles-mêmes dans une société patriarcale.

Astitva (2000)

Lajja (2001) L’un des rares exemples bollywoodiens qui prouvent qu’un film multistarrer n’a pas besoin d’être stupide. En regroupant la crème de la crème de l’époque, le réalisateur Rajkumar Santoshi a pointé du doigt une multitude de problèmes que les femmes rencontrent quotidiennement dans la société. Vaidehi (Manisha Koirala) est le personnage central de ce drame. Ne supportant plus les excès de son mari à son égard, elle se retrouve enceinte et mise à la porte. Ses aventures la poussent à croiser le chemin de plusieurs femmes (et hommes, accessoirement), qui vivent leurs vies comme elles le peuvent malgré les circonstances.


Chandni Bar (2001) Madhur Bhandarkar était à une époque un réalisateur de calibre. Chandni Bar est le premier film à valider cette image de cinéaste fin et engagé. Un métrage qui se déroule dans un monde cruel et sans scrupule. Mumtaz (Tabu) n’a jamais eu la vie facile. Danser dans le Chandni Bar lui permettra de surmonter nombre de ses épreuves, tout comme il déclenchera sa descente aux enfers.

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Zubeidaa (2001)

Vous pourrez lire une critique plus détaillée de ce film dans les pages de cette édition, mais Ek Hasina Thi est vraiment un film à voir. Les métrages de vengeance ont toujours été un des thèmes fétiches du cinéma indien. Voir les rôles s’inverser, une femme prendre son destin en main reste toujours agréable, à condition que le scénario et les prestations s’y prêtent. Ek Hasina Thi, c’est l’histoire d’un amour qui se transforme en haine. Une injustice subie qui ne doit pas demeurer impunie. Urmila y est excellente, et Saif Ali Khan ne manque pas cette occasion pour montrer sa capacité à tenir un rôle négatif.

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> Ek Hasina Thi (2004)

C’est avec Riyaz (Rajit Kapur) que le film Zubeidaa commence. Un jeune homme qui n’a jamais connu sa mère décide de partir à sa recherche. Ou du moins, à la recherche de son histoire, qu’il souhaite connaître plus que tout. Actrice de confession musulmane, elle est forcée d’épouser un homme qu’elle ne connaît pas. Après un mariage malheureux, Zubeidaa (Karisma Kapoor) part à la recherche de son propre bonheur, laissant derrière elle son fils après s’être mariée une seconde fois. Dans la vraie vie comme dans les films, les histoires de princes qui tombent amoureux d’actrices sont innombrables. Ici, Zubeidaa doit tenir tête aux obstacles de la société pour s’accomplir.

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> Black (2005) Inspiré de l’histoire réelle d’Helen Keller, une militante politique américaine aveugle et sourde, Black est le seul film de Sanjay Leela Bhansali à obtenir le National Award du Meilleur Film Hindi. Le film s’attarde sur Michelle (Rani Mukerji/Ayesha Kapur), aveugle et sourde depuis l’âge de deux ans. Elle narre sa vie, ainsi que sa relation avec un professeur spécialisé qui s’occupe d’elle, Debraj (Amitabh Bachchan). Si vous n’avez pas encore vu ce métrage, arrêtez ce que vous êtes en train de faire et foncez ! 082

Wa t e r ( 2 0 0 5 ) Est-ce que la vie d’une femme doit s’arrêter au même moment que l’existence de son mari ? C’est une question née d’une vieille tradition indienne sur laquelle le film se focalise. Un groupe de veuves est forcé à vivre dans la pauvreté au sein d’un temple qui les accueille après la mort de leurs époux. Kalyani (Lisa Ray), l’une de ces femmes, croise le chemin de Narayan (John Abraham). Leur histoire d’amour lui donne l’espoir d’un futur et d’une nouvelle vie. Water est le dernier volet de la trilogie des éléments de Deepa Mehta, précédé par Fire (1996 avec Nandita Das et Shabana Azmi), puis Earth (1998 avec Aamir Khan, Nandita Das et Rahul Khanna).

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Un film avec des rôles féminins puissants était rare à une époque. Un film avec un sujet aussi sensible que les maladies mentales l’est encore plus, et ce même aujourd’hui (et par cela, je veux surtout dire de bons films). 15 Park Avenue est une de ces petites perles qui prennent l’audience par surprise. Peu connu et peu promu, il dispose pourtant d’un casting de rêve. Mitali (Konkona Sen Sharma) est une jeune femme souffrant de schizophrénie. Sa sœur Anjali (Shabana Azmi) prend la responsabilité de s’occuper d’elle, avec l’aide de sa mère (Waheeda Rehman).

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15 Park Avenue (2005)


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Ishqiya (2010)

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Un casting discret et un script intéressant font de Dor un film à voir pour les amoureux des rôles féminins intéressants. C’est l’histoire d’une amitié naissante entre deux femmes que tout sépare. Zeenat (Gul Panag) est une musulmane citadine de l’Himachal Pradesh. Meera (Ayesha Takia) est une femme traditionnelle hindoue du Rajasthan. Leurs chemins se croisent au moment où le mari de la première est accusé du meurtre de l’époux de la seconde. Accompagnées de Shreyas Talpade, les deux actrices ont ici l’occasion de montrer leur calibre dans des rôles qui les éloignent de ce qu’elles avaient l’habitude de faire à l’époque.

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La séduction semble être un critère primordial pour toute femme fatale. Quand il est utilisé à bon escient, le résultat peut être un rôle féminin parfaitement modelé. Comme c’est le cas de Krishna, interprétée par Vidya Balan dans le premier métrage d’Abhishek Chaubey. Après avoir pris la fuite, Khalu (Naseeruddin Shah) et Babban (Arshad Warsi) se réfugient dans un petit village où leur chemin croise celui de cette femme. Veuve ayant récemment perdu son mari dans une explosion, elle les accueille chez elle. S’en suit alors un enchainement de péripéties que les deux hommes n’ont pas vu venir.

Dor (2006)

No One Killed Jessica (2011) Une histoire vraie qui a tourmenté l’Inde pendant plusieurs années. Jessica (Myra Karn) vient d’une famille simple. Son droit à la vie lui est brutalement arraché par le fils d’un politicien qui l’assassine gratuitement et s’en tire en toute facilité. Le film raconte les tourments de sa sœur Sabrina (Vidya Balan) qui ne cherche que la justice pour sa défunte sœur, épaulée par Meera (Rani Mukerji), une journaliste. 083


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The Dirty Picture (2011) Manifestement inspiré de la vie de Silk Smitha, The Dirty Picture est une vision. Une critique honnête d’une industrie sans scrupule quand il s’agit de traiter ses artistes féminines. Reshma (Vidya Balan) est une villageoise avec un grand rêve : celui de devenir une star. Dans un monde contrôlé par les hommes, par la chair et non par la qualité, celle qui devient alors Silk se retrouve à arpenter une voie qui n’est pas sans obstacle.

Kahaani (2012)

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Une femme est signe de vulnérabilité. Encore plus quand il s’agit d’une femme enceinte. Pourtant rien n’empêche Vidya Bagchi (Vidya Balan) de faire tout le trajet depuis Londres jusqu’à Calcutta, à la recherche de son mari disparu sans laisser de trace. Mais qu’est-ce que cette quête va lui réserver ? Et si les apparences étaient particulièrement trompeuses ?

English Vinglish (2012) Qui n’a pas aimé le retour triomphant de Sridevi sur grand écran ? Et c’est le cas de le dire ! Le métrage de Gauri Shinde s’inscrit dans le registre de films dont on ne se lasse jamais. Positif et léger, tout en étant porteur d’un message impactant. Shashi (Sridevi) est une femme au foyer qui quitte son Inde natale pour la première fois, afin d’assister au mariage de sa nièce à New-York. Là-bas, elle découvre un tout autre mode de vie. Mais surtout, elle se redécouvre en femme vivante, ambitieuse et obstinée à s’imposer dans la vie.

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> Déesses Indiennes en Colère (2015)

Margarita With A Straw (2015) Réunissant des acteurs de plusieurs pays, Margarita With A Straw est une preuve de diversité, en plus d’être une preuve de courage. Quittant son Inde natale pour étudier un semestre aux États-Unis, Laila (Kalki Koechlin) surmonte son handicap physique en se découvrant elle-même et en s’ouvrant à ses nouvelles connaissances. Kalki y délivre la prestation de sa carrière dans le rôle le plus compliqué de son parcours d’actrice.

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Comparé par certains médias au film Taken avec Liam Neeson, Mardaani est un métrage que son réalisateur utilise pour sensibiliser son public à un fléau criminel important en Inde. Shivani (Rani Mukerji) est une inspectrice de police qui découvre, en suivant les traces d’une jeune fille kidnappée, un monde de trafic humain et d’esclavage sexuel. S’inscrivant dans le genre du thriller criminel, le film de Pradeep Sarkar relève également plusieurs questions concernant le système judiciaire indien, sa corruption indéniable et la force que peut avoir une femme dans de telles circonstances.

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Mardaani (2014)

Des histoires d’amitié féminine, il en manque ! Pan Nalin a tenté de rectifier le tir avec l’excellent Déesses Indiennes en Colère. Un film particulier, traitant de plusieurs sujets sensibles, tout en finesse. C’est l’histoire d’une bande d’amies, toutes différentes les unes des autres qui se réunissent pour le mariage de l’une d’elles. Durant 8 jours, cette cohabitation nous plonge dans le monde de ces femmes. Brillantes, chacune à sa manière. 085


Avec un casting peu connu à l’exception de son actrice principale, NH10 fait partie de ces films sombres qui montrent à quel point la vie peut basculer en un instant. Anushka Sharma y délivre sa prestation la plus sincère et captivante, tandis que le reste des acteurs qui l’accompagnent ne manquent pas de talent non plus.

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NH10 (2015)

Chanda, une mère indienne (2016)

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L’une des belles surprises de 2016 est ce film d’Ashwiny Iyer Tiwari. Il relate d’une relation mère-fille particulièrement honnête. Chanda (Swara Bhaskar) est une mère célibataire qui enchaine plusieurs boulots afin de pouvoir offrir à sa fille l’éducation qu’elle n’a pas pu avoir elle-même, ayant arrêté ses études au lycée. Apu (Ria Shukla) est quant à elle complètement désintéressée par les études. Dans le but d’aider l’adolescente dans la pratique des mathématiques, Chanda décide de suivre les mêmes cours que sa fille, ce qui crée une multitude de péripéties.

Tu m h a r i S u l u ( 2 0 1 7 ) Un rôle féminin peut être fort tout en incarnant une vraie légèreté. En prêtant ses traits au personnage de Sulu, Vidya Balan délivre une prestation remarquable dans cette dramedy attachante. L’histoire suit cette femme au foyer de classe moyenne tentant de concrétiser ses modestes rêves. Le métrage aura droit à un remake tamoul avec Jyothika dans le rôle principal. 086


MENTIONS SPÉCIALES Pour ces films, certes portés par un homme, mais seulement pour apporter son support aux femmes qui les accompagnent.

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Chak De ! India (2007) AVEC SHAHRUKH KHAN Signé Yash Raj Films, Chak De ! India est l’un des rares films de Shahrukh Khan que j’ai su apprécier à sa juste valeur depuis 2007. Centré principalement sur le personnage de Kabir Khan, sur ses rêves et ses ambitions, il n’en reste pas moins un bon film pour le #GirlPower. En compagnie de toutes ces jeunes femmes, avec des histoires différentes, qui cherchent à prouver ce dont elles sont capables.

Pink (2016) AVEC AMITABH BACHCHAN

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À l’exception des fans d’Amitabh et de Taapsee, beaucoup de personnes n’attendaient pas grand-chose de ce film. Pourtant, Pink arrive avec un message important. Deepak (Amitabh Bachchan) est un avocat qui fait tout son possible pour gagner l’affaire de trois jeunes femmes, impliquées dans un crime dont elles sont indirectement les victimes.

Secret Superstar (2017) AVEC AAMIR KHAN Sujet de notre triple critique pour cette édition, je vous laisserai la lire pour découvrir mon avis sur ce film. Quoiqu’il en soit, pour l’esprit positif qu’il dégage au travers de son personnage principal féminin, il est à voir ! 087


F

FILM VS L I VR E

Emma ÉCRIT PAR JANE AUSTEN, EN 1815. JANE AUSTEN

EMMA VS AISHA RAJSHREE OJHA

Emma Woodhouse vit à Hartfield avec son père. Cette jolie jeune femme ne cherche point à se marier. En revanche, elle réussit fort bien à trouver ceux qui seront parfaits l’un pour l’autre, comme avec sa gouvernante, Miss Taylor, qui a récemment épousé Mr Weston… Un jour, en rencontrant Harriet Smith, celle-ci se dit qu’elle serait parfaite pour Mr Elton, sans se rendre compte des sentiments du garçon à son égard...

MOTS PA R E LO D I E H A MI DOV I C

Les films racontent une histoire, tout comme les livres. Cela n’a rien de nouveau, que ce soit en Inde ou dans n’importe quelle autre industrie cinématographique, beaucoup de scripts sont basés sur des récits déjà écrits par des auteurs littéraires. Mais que se passe-t-il quand ces histoires se transforment visuellement ? Comment l’adaptation se fait-elle ? Où les cinéastes ont-ils échoué ou, au contraire, réussi leur pari ?Μ

BOLLY&CO A DÉCIDÉ DE SE PENCHER SUR CES PROJETS OFFICIELLEMENT INSPIRÉS D’OUVRAGES… 088

Aisha RÉALISÉ PAR RAJSHREE OJHA, EN 2010 Dans la haute société de Delhi, Aisha (Sonam Kapoor) est une jeune et riche célibataire qui a un don pour trouver les partenaires idéaux pour ses amis, sa tante fraîchement mariée en est la preuve. Sous l’œil critique de son voisin et ami Arjun (Abhay Deol), elle tente de rapprocher sa nouvelle amie Shefali (Amrita Puri) de Randhir (Cyrus Sahukar), un ami de longue date fortuné dont elle ne remarque pas les sentiments à son égard...


L' H I S T O I R E GÉNÉRALE. Avant de commencer, il faut savoir qu’à sa sortie, Aisha a été énormément critiqué : il y avait effectivement beaucoup de Clueless (film américain adapté d’Emma, sorti en 1995) dans Aisha. Pourtant, il y avait aussi des différences. Par exemple, le personnage de Pinky Bose ne peut être relié qu’à celui de Dionne, puisqu’inexistant dans l’œuvre de Jane Austen. Les clins d’œil sont nombreux, les deux histoires se déroulant dans un milieu moderne et riche où le personnage féminin est une addict du shopping, franchement pourrie gâtée. Pour ma part, je ne veux pas pointer du doigt Aisha et le balancer dans la catégorie du plagiat puisque ce n’est vraiment pas le cas.

D’AUTANT QU’AISHA SUIT UN PEU PLUS LE LIVRE ET C’EST POUR CELA QUE J’AI TENU À FAIRE LE LIEN. La trame est là. Les liens sont peut-être moins évidents à trouver sous la dose de fringues de haute couture digne du Diable s’habille en Prada, mais l’évolution d’Aisha est en tout point similaire à celle d’Emma, écrit des siècles plus tôt.

A mes yeux, Aisha a réussi son pari de film moderne, sympathique et léger, adaptant une histoire déjà vue et revue pour un public jeune qui pourra s’identifier aux personnages et à leurs situations.

Il propose aussi quelque chose de nouveau à Bollywood, sans être décalé. Loin d’être une comédie romantique basique, le film a décidé de suivre le même cheminement que le livre : aller plus en profondeur sur le quotidien de ses protagonistes, creusant les jugements parfois hâtifs qu’on peut avoir sur eux. De plus, il met en lumière le mélange occidental et traditionnel indien, très présent dans les hautes sphères, où certains délaissent volontiers Sabyasachi pour du Dior.

LES PERSONNAGES. Emma Woodhouse/ Aisha Kapoor Jeune, jolie, riche, sociable… Emma et Aisha sont les mêmes. Mais Emma est bien plus antipathique et prétentieuse que sa version indienne, dont le principal défaut est surtout sa superficialité. Les deux femmes veulent bien faire, négligeant parfois l’essentiel et interprétant de travers les situations. Sonam Kapoor était le choix idéal pour jouer les Emma des temps modernes. Pas parfaite, un peu creuse, le physique d’une mannequin…

Elle est Aisha à 100%, avec ses défauts, ses petites crises, ses larmes, ses objectifs et son entêtement. Emma/Aisha fait attention à ses proches, à ceux qu’elle aime, mais s’éloigne très vite de ceux qui n’ont pas un statut social équivalent au sien ou qui risquent d’influencer sa propre réputation. Un cliché, certes, mais aussi une réalité. Les nobles ne se mélangent pas… > 089


Pinky Bose Le personnage n’existe pas dans le livre de Jane Austen. Pourtant, il constitue l’un de mes favoris. Pinky Bose, c’est la meilleure amie décalée, indécise, ouverte et sans tabou. Elle est la meilleure amie de toujours, celle qui a grandi avec Aisha et qui la connait parfaitement. D’une certaine façon, elle est aussi celle qui ramène Aisha sur terre.

Mr Knightley/Arjun Burman Tout comme le livre, Arjun est le petit-frère du beau-frère d’Aisha. Voisin, ami de longue date, il a en quelques sortes toujours fait partie de sa vie.

COMME DANS LE LIVRE, IL EST CELUI QUI CONFRONTE TOUJOURS AISHA DANS SES DISCOURS.

Mr Elton/Randhir Gambhir

Il la remet en question, comprenant toujours ce qu’elle ne saisit pas. Cependant, ici, Abhay Deol livre une prestation très légère. Loin d’avoir les 37 ans de Mr Knightley, il est celui avec qui Aisha se chamaille constamment, donnant très vite à voir un lien sincère entre les deux personnages.

Beau, bien éduqué, il est le parti idéal pour toutes les jolies femmes en recherche d’un mari convenable.

Abhay est formidable, très attachant et au regard très expressif. Il apprécie Aisha, malgré ses défauts et ses faux pas, et c’est bien pour ça qu’il agit avec elle de la sorte. Mr Knightley possède ce même trait, car en face d’Emma, son affection est palpable. Il fait attention à elle, il s’intéresse à elle et il la considère pour ce qu’elle est réellement, l’ayant vu grandir et s’épanouir. 090

Mr Elton est « parfait ». Du moins, c’est ce que tout le monde pense à Highbury.

Mais pas pour Emma qui, ayant pourtant conscience de ses atouts, ne s’imagine pas une seconde à ses côtés. Dans Aisha, il est directement dépeint comme un looser. Une connaissance de longue date qui la suit depuis toujours et qu’elle n’apprécie pas des masses. Un peu lourd, un peu maladroit, pas forcément des plus attirants malgré l’argent de sa famille. Finalement, j’ai assez apprécié ce décalage, qui rendait très humain un Mr Elton parfois trop effacé. Dans les deux cas, une chose ne change pas : l’admiration que le garçon a pour Emma/Aisha et que tout le monde remarque, à part elle…


AMRITA P URI (SH E FAL I), SO NAM KAPO O R (AISH A) E T IRA DUBE Y (P INKY)

En plus.

Harriet Smith/Shefali Thakur AMRITA PURI EST LA RÉVÉLATION DE CE CHICKFLICK. Dans la peau de Shefali, la jolie demoiselle orpheline qui deviendra la nouvelle amie (et le nouveau projet) d’Aisha, elle est impeccable, pleine de tendresse et de bonne volonté. Elle incarne une fille bien, généreuse, sensible et un peu gauche. Tout comme dans le livre, c’est une orpheline. Mais contrairement à l’ouvrage, ce n’est pas une campagnarde à la recherche d’un mari ! Pourtant, c’est l’excuse parfaite pour adapter son histoire dans la version indienne, la première scène étant sa rencontre maladroite avec Randhir, lançant tout de suite Aisha dans sa mission : ils sont parfaits l’une pour l’autre, il faut qu’ils se marient ensemble ! Un coup d’œil et le tour est joué. Le décalage entre Shefali est Aisha est évident, mis parfaitement en lumière par le jeu irréprochable d’Amrita Puri.

Le père d’Emma et celui d’Aisha ne se ressemblent pas vraiment. Interprété par M. K. Raina dans le film, celui-ci est un homme plutôt doux. Robert Martin, clairement celui dont Harriet s’était éprise, est désormais Saurabh Lamba, un garçon assez simple qui, aux yeux d’Aisha comme d’Emma, n’est pas à la hauteur de son amie. Le personnage est très juste et Saurabh (joué par Anand Tiwari) est excellent dans ces petites scènes, clairement amoureux de Shefali sans savoir comment l’exprimer.

ENFIN, DANS AISHA, ON RETROUVE ÉGALEMENT FRANK CHURCHILL (ICI DHRUV SINGH). Dans le roman, Frank Churchill est pendant un long moment fantasmé par Emma. Elle se l’imagine en parfait parti pour elle. Dans Aisha, celle-ci a oublié son existence pour finalement le retrouver plus beau que jamais et donc, potentiellement envisager une relation avec lui. Une action qui accentue son côté superficiel et son sens du jugement clairement pas optimal. Enfin, Lisa Haydon est Aarti Menon, soit la Jane Fairfax indienne. Grande, belle, aussi froide et discrète sur sa vie privée que Jane.

Aarti est également un élément de jalousie pour Aisha, comme pour Emma qui, quoi qu’il se passe, n’arrive pas à la comprendre réellement. > 091


L’A M B I A N C E G LO BA L E . EMMA EST UN PEU LOURD À LIRE, ET UN PEU LONG. AISHA DONNE UN COUP DE FRAÎCHEUR À CE QUOTIDIEN ANGLAIS, TRANSPOSÉ DANS UNE VIE MODERNE INDIENNE. Les événements principaux sont là, mais le quotidien est moins « ennuyant » puisqu’au XXIème siècle, le mode de vie est totalement différent. En 5 minutes, les présentations sont faites. Qui est qui, qui est lié à qui et surtout qui est Aisha. J’ai vite eu un coup de cœur pour ce métrage, qui certes peut paraître un peu trop américanisé, mais qui en même temps a tous les éléments d’un film de Bollywood classique. Le métrage se regarde sans complication, suivant les différents protagonistes aussi aisément que dans l’œuvre littéraire. La réalisation a beau

utiliser tous les éléments d’un chick-flick, c’est bien le quotidien d’Aisha qui est mis en lumière, ses petits matins comme ses aprèsmidis shoppings, en passant par ses sorties entre amis.

C’est ce qui est d’ailleurs très intéressant dans le livre. Jane Austen a donné toutes les informations possibles sur la façon de vivre et de penser de cette communauté vivant à Highbury. Même les plus petits détails ont leur importance, offrant une vraie proximité avec les personnages et leur environnement. C’est certes un peu banal, un peu lent, mais c’est une réalité. Il y a des analyses bien plus complexes qui ont été réalisées sur l’oeuvre de Jane Austen, mais je vais m’en tenir à sa première lecture pour ne pas entrer dans tous les détails. Car il y a des messages plus profonds, des critiques sincères et drôles sur la vie à la fin du XVIIIème siècle qui, forcément, n’étaient pas adaptables dans un Bollywood du XXIème.

Aisha n’est pas que pour les «filles», et ce n’est pas non plus une oeuvre qui se veut féministe.

ABH AY DEO L (ARJ UN)


LA NOTE D ’A D A P TAT I O N : 4 / 5

S ON AM K AP OOR ( A IS HA ) E T ARU NODAY S I NG H ( D HRU V )

Du moins, à mon sens, je le trouve très juste dans ses propos et dans sa manière de dépeindre un Delhi bourgeois, vivant dans une sphère de soirées mondaines et de matchs de polo. Mais aussi dans une volonté de ramener à la «réalité» ces personnes qui n’ont pas toujours conscience du monde qui les entoure.

CAR AU FINAL, SHEFALI ET AISHA NE SONT PAS SI DIFFÉRENTES, ET CE N’EST PAS LEUR STATUT QUI DEVRAIT LES SÉPARER. Même, Shefali est peut-être bien meilleure que ne l’est Aisha, malgré toutes les bonnes intentions de cette dernière.

J’ai trouvé Aisha franchement sympathique et très réfléchi ! Le récit d’Emma est présent, mais dilué dans une certaine actualité. Contrairement à des adaptions indiennes où l’inspiration est parfois complètement effacée et ré-appropriée, j’ai finalement apprécié de reconnaître qui était qui.

La fin d’Aisha est digne des comédies romantiques classiques, répondant parfaitement à l’univers dans lequel cette Emma indienne vit. Ce n’est certes pas parfait, mais je me demande ce que cela aurait donné si au lieu de se dérouler à Delhi au XXIème, l’histoire avait pris place dans une Inde à la même période, dans une aristocratie sans doute proche d’une oeuvre comme Devdas.

J’aime finalement le fait qu’Emma, malgré sa vie dans une Angleterre de principes et d’apparence, ait vécue une histoire qui n’a finalement rien perdu de son mordant à l’heure actuelle. 093


M MUSIQUE

La musique indienne occupe une place primordiale dans le cinéma indien et constitue une composante essentielle du succès d'un film. La musique a évolué, au même titre que le cinéma lui-même, et incarne à elle seule le syncrétisme culturel dû à la globalisation. Cependant, l'Inde reste l'un des rares pays à avoir su sauvegarder son folklore, phénomène remarquable à travers la musique notamment.

Par le biais de cette rubrique musicale, vous découvrirez les grands artisans de la musique indienne d'hier et d'aujourd'hui. Chanteurs, paroliers et compositeurs, les classiques comme les jeunes révélations...

LU M I È R E 094

S U R . . .


Jasmine Sandlas MOT S PA R AS MAE B E NMANS OUR P H OTO G RA PHIE DE JAS MINE SANDL AS ( @ JASMINESANDLAS)

Comme beaucoup de fans de cinéma hindi, j’ai découvert Jasmine Sandlas sur le morceau « Yaar Naa Miley » du blockbuster Kick, en 2014. Loin des timbres fluets d’artistes comme Shreya Ghoshal, Monali Thakur ou encore Tulsi Kumar, Jasmine s’impose avec un grain de voix rauque et affirmé, qui fait passer le rappeur Yo Yo Honey Singh (qui partage le morceau avec elle) pour un petit joueur ! En chantant, Jasmine marque son territoire, nous faisant au passage bien comprendre qu’il n’y a pas que sa voix qui est pleine de personnalité ! Jasmine Sandlas naît et grandit au Pendjab auprès de sa famille. Sa mère l’encourage à faire de la scène, la fillette baignant dans les influences de musique folk punjabi que lui font partager ses parents. Pourtant, ces derniers ne pensent pas que la musique puisse la mener quelque part. Jasmine devrait soit devenir enseignante, comme sa mère, ou faire du droit, comme son père.

MAIS COMME L’ARTISTE AIME À LE DIRE DÉSORMAIS, « J’ÉTAIS REBELLE ».

Elle a 12 ans lorsque sa famille emménage en Californie. Elle y découvre le rap américain et étoffe son style. Car aux Etats-Unis, tout le monde s’exprime et vit à sa guise. C’est un choc culturel pour Jasmine, ce qui la pousse à concrétiser ses aspirations. C’est ainsi qu’à l’âge de 16 ans, elle écrit ses premières chansons et sait avec certitude qu’elle fera carrière dans la musique. L’adolescente met alors tout en œuvre pour se faire remarquer. Elle distribue ses démos dans les stations-services, dans les boutiques de quartier et même dans les boites de nuit. Or, elle n’a pas encore 21 ans et attendra la fermeture de ces établissements pour déposer ses travaux.

En 2008, l’artiste Mixman Shawn la sollicite afin qu’elle participe à la compilation D-Unit 2 sur le titre « Muskan ». Deux ans plus tard, elle sort son premier album : The Diamond, pour lequel elle retrouve Mixman Shawn. > 095


Pourtant, tout s’effondre. Son équipe lui tourne le dos et l’attaque même en justice, voulant s’approprier son travail. La toute jeune artiste est ébranlée par cette affaire, qui la mène devant les tribunaux. A cette époque, elle se questionne sur sa capacité à poursuivre la musique. Elle est dépossédée de sa voix et est interdite de studios dans l’attente de la décision de justice.

Mais la jeune femme ne se laisse pas faire et continue son combat. Elle remporte son procès, lui permettant surtout de poursuivre son rêve. Galvanisée, Jasmine reprend l’écriture et s’associe à de nouveaux artistes dans lesquels elle a confiance. Devenir célèbre n’est pas sa priorité, elle veut d’abord se saisir de son droit de chanter librement.

SES CHANSONS SUIVANTES SONT ÉCRITES AVEC LES TRIPES. MAIS JASMINE N’A PAS D’ARGENT. Elle tourne ses clips de façon très artisanale. Ses amis lui prêtent une caméra, la maquillent et lui fabriquent des fringues, son frère joue quant à lui les chauffeurs. Lorsqu’elle publie ses vidéos sur le net, elle attire l’attention de multiples artistes. En 2012, elle participe à l’album de Bohemia en posant sa voix sur le titre « Na Suno ». Ce dernier composera le deuxième opus de la jeune femme, Gulabi, qui sortira plus tard la même année. Mais surtout, Yo Yo Honey Singh la remarque et l’appelle en personne pour lui proposer « Yaar Naa Miley », qu’il compose et interprète avec elle. « Yaar Naa Miley » sert grandement à la promotion du film Kick et révèle Jasmine au grand public, 096

bien au-delà de sa fanbase punjabi. L’industrie hindi lui fait des propositions alléchantes, qu’elle refuse. Car Jasmine a des choses à dire. A cette époque, elle veut écrire des morceaux qui parlent aux jeunes, qui les inspirent et les amènent à se dépasser. C’est ainsi qu’elle sort « Punjab De Javak », qu’elle dédie à la jeunesse punjabie. Ce qu’elle veut, c’est avoir de l’impact sur ses auditeurs. A Bollywood, les morceaux auxquels elle prend part restent dans le même ton : des mélodies métalliques, qui s’appuient principalement sur la voix atypique de Jasmine. On ne fait pas vraiment attention à l’instrumentation tant le timbre de la chanteuse est puissant.

Mais Jasmine priorise ses compositions indépendantes. Et sa thématique majeure, c’est la force des femmes. Les femmes qui n’en ont cure des hommes, les femmes qui se soulèvent, qui se rebellent. Qu’il s’agisse de chansons pour le cinéma ou indépendantes, Jasmine a clairement un univers bien à elle. Appartenant à la scène ‘urban desi’, la chanteuse cultive son style sexy et imposant sur chacune de ses contributions. On le voit sur des titres comme « Bamb Jatt » (qu’elle partage avec Amrit Maan), « Illegal Weapon » (en duo avec Garry Sandhu) ou encore « Raat Jashan Di » du film Zorawar (pour lequel elle collabore avec Yo Yo Honey Singh). L’empreinte urbaine de ces sons vient mettre l’accent sur le timbre grave et direct de l’artiste.

Mais Jasmine déborde également de féminité dans ces contributions aux tonalités plus pop, moins ‘heavy’. >



Tout cela en ponctuant ces instrumentaux de sonorités qui rappellent le bhangra, car cela fait indéniablement partie de son identité artistique. Des morceaux tels que « Lv Di Jean » le prouvent. Elle participe aussi à des mélodies plus enlevées comme « Veera », qu’elle porte seule et qui constitue le titre parfait pour une fête de mariage. Dans cette chanson, son identité punjabie est palpable et sa voix est plus légère et enjouée. Jasmine revient aussi à un registre de musique punjabi plus traditionnel avec « Punjabi Mutiyan », où elle glorifie les beautés et la force des femmes du Pendjab.

A travers ce son, Jasmine réaffirme ses racines, qu’elle revendique et dont elle est particulièrement fière. Jasmine communique également sa joie par la danse, et se fend de quelques chorégraphies dans nombre de ses clips, où elle étale sa maîtrise du bhangra. Car détrompez-vous, sa chevelure rouge feu ne marque en rien une rupture avec ses origines, qu’elle exploite largement dans sa musique.

PH OTOG RAP HIE DE JAS MINE SA N D L AS ( @ JAS MINESANDL AS)

Jasmin e Sandla s

MAIS LA CHANTEUSE AIME AUSSI SURPRENDRE ET ILLUSTRER LA POLYVALENCE DE SON EMPREINTE VOCALE. Avec « Vachari », elle nous propose un son à la fois lancinant et jazzy, où son timbre se pose pour nous enivrer irrémédiablement. Ce qui ne l’empêche pas de persister et signer en interprétant tous ses titres en langue punjabi, là où d’autres artistes de la scène ‘desi’ chantent souvent en anglais, comme Zack Knight, Arjun ou encore


Mickey Singh. On la sent plus décadente, comme sur une pente glissante, avec la poignante « Baddal » qui n’a pourtant rien de lacrymal dans sa composition. Mais cette chanson dénote avec les rythmes plus soutenus de ses autres morceaux par sa propension à prendre son temps.

Car Jasmine aime quand ça bouge, même lorsqu’elle s’essaye à des sons plus romantiques comme « Pinjra », en duo avec le rappeur Badshah. Le titre est tout de même relevé par des beats qui sont la signature de la jeune femme.

TOUS LES GRANDS NOMS SE L’ARRACHENT, DE DR ZEUS À YO YO HONEY HONEY, EN PASSANT PAR BADSHAH ET BOHEMIA. Jasmine Sandlas transforme tout ce qu’elle touche en or, et fait de toutes ses chansons de véritables tubes. Le duo Meet Bros la sollicite pour la bande-originale de One Night Stand, pour laquelle Jasmine contribue au titre pop « Ishq Da Sutta ». Dans le sud, c’est le célèbre compositeur télougou Devi Sri Prasad qui fait appel à elle pour l’item song « Ratthallu » du film Khaidi No. 150. Avec cette séquence musicale, elle expérimente un registre qui lui est inédit : le dappankuthu.

à prendre part au programme Angels of Rock, sur la chaîne MTV. A ses côtés, on retrouve Shalmali Kholgade, Anusha Mani et Akasa Singh. Le quatuor traverse l’Inde à la rencontre de femmes qui brisent les stéréotypes, tout cela ponctué d’intermèdes musicaux qui constituent avant tout des instants de partage. La musique n’est ici qu’un vecteur d’interaction, Jasmine et ses acolytes s’attachant à mettre en valeur les femmes qu’elles rencontrent avant ellesmêmes. Cette expérience la transforme et lui permet de retomber amoureuse de son pays, de sa complexité et de sa richesse.

Difficile de conclure tant cette jeune femme nous réserve sans doute d’autres surprises. Mais Jasmine Sandlas est incontestablement l’une des artistes les plus fascinantes de la scène musicale indienne contemporaine. Surtout, elle se démarque par sa véracité et son intention.

« Le succès, pour moi, c’est quand tu arrives à toucher quelqu’un, à l’inspirer. Parce que les gens oublieront tout le reste. Mais ils n’oublient pas ce que vous leur avez fait ressentir. »

Au-delà de la musique, Jasmine Sandlas marque par son engagement. En 2016, elle est l’une des quatre chanteuses 099


P P L AY L I ST

playlist LES ITEM BOYS Quand les filles peuvent enfin se rincer l’oeil devant un item number masculin. MOTS PAR E LODIE HAMIDOVIC JOHN AB RAHAM DANS L E FIL M DESI BOYZ

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1. Oh Oh Jaane Jaana

4. The Mutton Song

DE PYAA R K I YA TO DA R N A K YA ( 1 9 9 8 ) COMP O S É PAR JAT IN L A L IT, HIM ES H RES H AM M I YA E T SA JID -WA JID INTE R P R É T É PA R K A M A A L K HA N

D E LUV KA TH E E ND (2011) COM PO SÉ PAR RAM SAMPATH I NTE RPRÉ TÉ PAR KRISH NA BE URA

Le torse à l’air, dansant sur une scène, Salman Khan était peut-être bien le premier ‘item boy’ à exhiber ses charmes pour le plaisir de ces dames ! Impossible de le quitter des yeux et d’oublier cette chanson. Depuis, l’acteur ne manque plus une occasion de nous dévoiler son corps.

2 . J a b S e Te r e N a i n a DE SAAWAR I YA (2 007 ) COMP O S É PAR M O N T Y S HA R M A INTE R P R É T É PAR S HA A N Dans cette ballade, Ranbir Kapoor pense à l’élu de son cœur, juste après une douche, une serviette sur le corps pour seul vêtement. Une séquence musicale qui n’est pas sans nous rappeler la jeune Kajol dans ‘Mere Khwabon Mein’ de Dilwale Dulhania Le Jayenge.

3. Make Some Noise For The Desi Boyz DE DES I BOY Z (2 01 1 ) COMP O S É PAR P R ITA M INTE R P R É T É PAR K K Dans le film Desi Boyz, Akshay Kumar et John Abraham sont escortes et font le plaisir de ces dames lors des soirées les plus folles. Un duo qui fonctionne dans une comédie hilarante et juste, avec plusieurs séquences musicales sympathiques !

S’il existait un prix pour l’item boy le plus drôle de Bollywood, Taaha Shah le remporterait haut à la main ! Il est absolument divin en Ruksana, pointant du doigt avec humour les item songs de l’industrie.

5 . I H a t e Yo u ( L i k e I L o v e Yo u ) D E DE L H I BE L LY (2011) COM PO SÉ PAR RAM SAMPATH I NTE RPRÉ TÉ PAR KE E RTH I SAG ATH IA, SH AZ NE E N ARE TH NA, S ONA MO H APATRA ET AAMIR KH AN A l’occasion d’une apparition spéciale, Aamir Khan s’est déchaîné dans cette chanson hommage à l’univers disco des années 80. L’acteur dévoile son humour tout en bougeant de manière très suggestive.

6. Dard-E-Disco D E O M SH ANTI O M (2007 ) COM PO SÉ PAR VISH AL DADL ANI E T S HE KH AR RAVJ IANI I NTE RPRÉ TÉ PAR SUKH W INDE R S IN G H , MARIANNE D’C RUZ , NISH A M ASCARE NH AS E T CARAL ISA Dans le genre sexy, il y a cette séquence musicale mettant en scène un Shahrukh Khan au top de sa forme. A 42 ans à l’époque, l’acteur n’avait assurément rien perdu de son charme ! > 101


7. P u m p I t U p D E CH A NCE P E DA N C E ( 2 01 0) CO M P O S É PAR A D N A N SA M I I N T E R P R É T É PA R V IS HA L DA D L A N I Si cette séquence sert surtout à démontrer les talents de danseur de Shahid Kapoor, elle nous permet aussi d’observer son corps plutôt bien bâti ! Shahid a bien grandi depuis ses débuts et ça se voit.

8. Besharam D E BES H A RA M ( 2 01 3 ) CO M P O S É PAR L A L IT PA N D IT I N T E R P R É T É PA R S HR E E D E T IS H Q BECTOR Babli se croit beau et particulièrement apprécié par les femmes. Mais non. Dans son costume doré en cuir, Ranbir Kapoor se défoule, sans gène, et nous embarque dans une soirée électro délirante.

9. Galat Baat Hai D E M A I N T E RA HE R O ( 2 01 4) CO M P O S É PAR SA JID -WA JID I N T E R P R É T É PA R N E E T I M O HA N E T JAVED AL I Dans le genre «j’adore montrer mon corps», Varun Dhawan est un champion.

Pour Main Tera Hero, il joue celui qu’Ileana D’Cruz et Nargis Fakhri désirent. Dans le même genre que ‘Galat Baat Hai’, il y a ‘Aa Toh Sahii’ de Judwaa 2 pour lequel Varun s’est dédoublé. Il serait vraiment parfait pour un Desi Boyz 2.

1 0 . Ta t t a d Ta t t a d D E G O L IYO N KI RASL E E L A - RAML E E L A (2013 ) CO M P OSÉ PAR SANJAY L E E L A B HANSAL I I NTE RP RÉ TÉ PAR ADITYA N ARAYAN Quelle meilleure façon d’introduire un personnage que de le présenter comme un Roméo sexy et coureur de jupon ? Ranveer Singh est des plus convaincants dans cette danse un peu loufoque, mais non moins sensuelle !

Bonus M a i n Te r a B o y f r i e n d D E RAABTA (2017 ) CO M P OSÉ PAR PRITAM I NTE RP RÉ TÉ PAR ARIJ IT SING H , N E H A KAKKAR ET ME E T BRO S Kriti Sanon passe inaperçue à côté de Sushant Singh Rajput qui dévoile ici à quel point il est très bon danseur (et à quel point il est très agréable à regarder).

RANVE E R S INGH DANS LE F ILM G OL IYON K I RAS L EELA - RAM-LEELA

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MADHURI DIXIT

... ON THE COVER


M M A D H U RI

M AD HUR I DIX IT RETOUR SUR SON PARCOURS MOTS PAR AS MAE B E N MANSO UR

Madhuri Dixit est l’incarnation de la grâce à l’indienne. Visage de poupée, sourire angélique et regard scintillant, l’actrice a fait de son physique l’un des solides atouts de sa carrière. A la différence qu’elle s’y est prise avec intelligence. Loin du ‘skin show’ et des scènes torrides qui font le sel de vedettes comme Zareen Khan et Sunny Leone, Madhuri est devenue la petite fiancée de l’Inde. Celle que les hommes rêvent d’épouser, à laquelle les jeunes filles veulent ressembler et que les mères souhaitent voir devenir leur bru.

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DEPUIS SES DÉBUTS EN 1984, ELLE S’EST IMPOSÉE COMME L’UNE DES GRANDES STARS DU CINÉMA HINDI, AUX CÔTÉS DE SHAHRUKH KHAN, SALMAN KHAN OU ENCORE AAMIR KHAN.

bourrés de testostérones et aficionados de séquences de combat particulièrement sanguinolentes.

Avant elle, seule Sridevi était réellement parvenue à créer un consensus à ce point considérable autour d’elle.

Si des métrages centrés sur les personnages féminins existaient bel et bien, il s’agissait davantage d’œuvres à petit budget qui relevaient du cinéma dit ‘parallèle’.

Car soyons honnêtes, l’industrie hindi des années 1990 ne fonctionnait pas du tout de la même manière qu’aujourd’hui. A l’époque, Bollywood focalisait son attention et basait principalement sa production sur les héros,

Dans les gros blockbusters, les femmes avaient généralement une fonction décorative et servaient plutôt à donner une vie amoureuse au protagoniste masculin… Le bonheur ! Mais au cœur de ce système, Madhuri Dixit a brillé.

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Campant des femmes attachantes et affirmées, la comédienne est devenue l’égal de ses collègues masculins. A l’instar de Sridevi, c’est sa présence au casting d’un film qui générait la passion des fans. C’est pour venir voir « le nouveau projet de Madhuri Dixit » que le public se déplaçait en masses dans les salles obscures. La star a relégué au statut de faire-valoir ses costars, de Shahrukh Khan dans Dil To Pagal Hai à Akshay Kumar dans Aarzoo, en passant par Salman Khan dans Hum Aapke Hain Koun. >


15 mai 1967 Naissance à Bombay, dans l’Etat du Maharashtra. Issue d’une famille brahmane de classe moyenne, Madhuri apprend les fondements de la danse kathak dès l’âge de 3 ans. Au sein de cette famille fusionnelle, Madhuri devient très proche de sa sœur Bharti, qui l’accompagnera plus tard sur ses tournages pour veiller sur elle. Dès l’enfance, Madhuri est curieuse du monde qui l’entoure et a soif d’apprendre.

« J’étais partout à l’école. Je faisais du théâtre, de la danse et je prenais même des cours de diction. Je participais à des débats, je chantais… J’étais très enthousiaste, vous savez. » Pourtant, elle ne rêve pas de gloire ou de paillettes. Ses valeurs sont simples tout comme l’éducation qu’elle a reçue. C’est ainsi que lorsqu’un membre de la maison de production Rajshri sollicite ses parents pour la lancer au cinéma, ces derniers répondent d’abord par la négative. Hors de question que leur fille délaisse sa scolarité pour un projet cinématographique ! Mais l’équipe insistera, assurant au passage que la jeune fille puisse poursuivre ses études à côté.

10 août 1984 Madhuri Dixit a 17 ans lorsqu’elle est à l’affiche de son tout premier projet à Bollywood : Abodh, produit par la maison Rajshri. En villageoise ingénue qui se confronte à la réalité du mariage, la comédienne débutante excelle. Pourtant, Abodh fera un bide à sa sortie, tout comme tous les autres films de la jeune femme 108

qui sortiront les années suivantes.

« Après Abodh, un journaliste a écrit à mon sujet : ‘‘Elle n’a pas les épaules d’une héroïne.’’ Et j’ai pensé, ‘‘Comment ?! Je vais lui prouver le contraire.’’ » 11 novembre 1988 Tezaab sort ce jour-là. C’est son premier plébiscite populaire. Dans ce masala, elle donne la réplique au ‘bankable’ Anil Kapoor. Mais c’est grâce à une séquence que la jeune Madhuri devient une star : la scène musicale « Ek Do Teen », qui vient à la fois révéler ses talents de danseuse mais aussi faire émerger l’aura unique qu’elle dégage. Véritable accélérateur de carrière, le métrage permet à Madhuri d’acquérir une notoriété fulgurante.

« J’étais à l’étranger quand Tezaab est sorti. Mon manager m’a alors appelé pour me dire que le film était un succès. J’étais contente mais je ne savais pas ce que cela représentait. Je n’avais jamais rencontré de succès populaire, avant. » Elle sera par ailleurs nommée pour le Filmfare Award de la Meilleure Actrice. Une nomination qui sera la première d’une longue liste.

POURTANT, MADHURI N’EST PAS ENCORE CERTAINE DE VOULOIR FAIRE CARRIÈRE AU CINÉMA. >


TEZAAB (1988) 109


KHALNAYAK (1993) 110


Elle envisage sérieusement de se remettre aux études. Sauf qu’elle signera le projet Ram Lakhan de Subhash Ghai, sorti en 1989, qui l’amènera à investir définitivement la voie de la comédie.

1991 Année particulièrement faste pour Madhuri. C’est d’abord en 1991 qu’elle reçoit son premier trophée de la Meilleure Actrice aux Filmfare Awards, après avoir été de nouveau pressentie un an plus tôt pour Prem Pratigyaa (aux côtés de Mithun Chakraborty). Elle est récompensée grâce à sa prestation dans le drame romantique Dil, qui l’oppose à Aamir Khan. C’est également en 1991 qu’on la retrouve dans le triangle amoureux Saajan, relecture moderne du classique Cyrano de Berjerac. Face à Salman Khan et à un certain Sanjay Dutt, l’actrice est une fois de plus captivante et reçoit une nouvelle nomination pour le prix d’interprétation féminine aux Filmfare Awards.

Sur le tournage, il se passe quelque chose entre Sanjay et elle. Il est pourtant déjà marié et père d’une petite fille. Mais les deux acteurs semblent sincèrement épris l’un de l’autre et auraient même envisagé de s’unir. Cependant, l’implication de Sanjay Dutt dans les attentats de Bombay de 1993 mènera Madhuri à mettre un terme à leur idylle.

3 avril 1992 De nouveau en forte tête depuis son rôle dans Dil, Madhuri Dixit est cette fois la vraie vedette du projet Beta, dans lequel elle

retrouve l’un de ses partenaires de prédilection : Anil Kapoor. Pour ce drame dirigé par Indra Kumar, elle est à la fois déterminée, sensible et sensuelle. Madhuri incarne une féminité qui s’assume sans jamais sombrer dans l’indécence avec le numéro musical « Dhak Dhak Karne », où son déhanché a fait fumeur auprès des masses. Avec Beta, elle hérite non seulement d’un second Filmfare Award de la Meilleure Actrice mais surtout du surnom qu’on lui connaît désormais : celui de ‘Dhak Dhak Girl’.

1994 L’année précédente, la belle provoque un tollé avec une chanson dans laquelle elle figure : « Choli Ke Peeche » du film Khalnayak. Traduisible par « que cache le corsage ? », le morceau comme sa chorégraphie ont autant divisé qu’ils n’ont rencontré le succès. Bien au-delà de cette scène dansée, la performance de la jeune femme en inspecteur de police lui permettra d’être nommée en 1994 pour la statuette de la Meilleure Actrice aux Filmfare Awards. Plus tard, elle est à l’affiche d’Anjaan, un thriller psychologique sombre dans lequel elle est tout bonnement bluffante. Dans la peau d’une mère de famille dont la vie a été détruite par son harceleur, l’actrice est absolument magistrale. Pour ce rôle trouble, Madhuri est pressentie une nouvelle fois pour le Filmfare Award de la Meilleure Actrice. Prix qu’elle remportera par ailleurs pour un autre métrage : Hum Aapke Hain Koun. Retrouvant pour l’occasion Salman Khan, elle s’illustre dans l’un de ses personnages devenus cultes. En jeune fille qui sacrifie son amour pour sa famille, la ‘Dhak Dhak Girl’ > 111


devient la bru idéale aux yeux d’une Inde qui souhaite renouer avec une certaine tradition.

« Soudain, je n’étais plus une vedette distante. Je suis devenue membre de la famille de tous les gens qui m’ont vu dans ce film. Des mamies me prenaient dans leurs bras et me pinçaient les joues. » 31 octobre 1997 Dil To Pagal Hai sort en salles. Après Sridevi, Madhuri Dixit devient la nouvelle muse du réalisateur Yash Chopra dans cette comédie musicale incontournable. Avec Shahrukh Khan, Akshay Kumar et Karisma Kapoor à sa distribution, le projet donne à voir l’aisance de Madhuri dans toute sa splendeur en ce qui concerne la danse. Son jeu séduit également et lui vaut son quatrième prix de la Meilleure Actrice.

Madhuri a alors 30 ans lorsqu’une nouvelle génération de comédiennes commence à s’imposer, de Kajol à Manisha Koirala, en passant par Raveena Tandon et Tabu. Elle travaille moins et choisit des projets plus surprenants. C’est notamment en 1997 qu’elle est au casting de Mrityudand, drame engagé de Prakash Jha qui s’éloigne de sa filmographie très commerciale.

17 octobre 1999 Elle épouse le chirurgien indo-américain Sriram Nene lors d’une cérémonie 112

intimiste. Lorsqu’on lui pose la question de savoir pourquoi elle a décidé de se marier, sa réponse est très simple et en même temps très sincère.

« Parce que j’étais amoureuse. » Les deux jeunes gens se sont fréquentés trois mois avant de s’engager, Sriram ignorant d’ailleurs la teneur de la carrière de son épouse. Et c’est ce qui a plu à Madhuri. Qui était en quête d’un époux qu’il l’aimerait pour ce qu’elle était et non pour ce qu’elle représentait pour les gens. Aussi, Madhuri avait besoin de recréer le cocon bienveillant dans lequel elle avait grandi.

« Après le mariage, j’ai trouvé une famille dans laquelle mes beaux-parents ont la même mentalité que mes parents. » La fiancée de l’Inde n’est plus un cœur à prendre et suivra son mari à Denver, où elle vivra pendant près de 10 ans. Ce qui ne l’empêche pas de faire plusieurs trajets vers l’Inde pour les besoins de divers tournages. Déjà quelques jours après sa lune de miel à Hawaï, elle retourne travailler pour compléter les projets sur lesquels elle s’était impliquée alors.

C’est ainsi qu’elle continue de tourner, bien que ses apparitions se fassent plus rares. En 2000, elle marque en amante blessée qui mue en femme manipulatrice dans Pukar, un autre rôle pour lequel elle est nommée aux Filmfare Awards. La même année, elle surprend dans un OVNI incompris au boxoffice : Gaja Gamini, dans lequel elle incarne une muse à la beauté évanescente. >


DIL TO PAGAL HAI (1997) 113


DEVDAS (2002) 114


Cette ode à la sensualité magnifie l’incroyable prestance de Madhuri Dixit dans cette œuvre magnétique et complètement décalée.

pendant près d’une décennie. Madhuri Dixit ne veut plus être une star. Son nouveau rêve, sa nouvelle ambition, c’est de fonder une famille.

2002

15 janvier 2007

Elle est d’abord nommée pour le prix du Meilleur Second Rôle grâce à l’un de ses rôles les plus audacieux. Dans Lajja, elle est effectivement Janki, une artiste de théâtre qui tombe enceinte en dehors des liens du mariage. Diminuée par les hommes qui l’entourent, Janki s’insurge contre les préjugés dont elle fait l’objet et ne se conforme pas aux attentes de la société dans laquelle elle vit. Madhuri est incroyable dans ce rôle engagé qui dépasse largement sa beauté fatale.

Deux ans après la naissance de son second fils, Rayaan, les plateaux de tournage lui manquent. Elle fait un aller-retour dès la date précitée pour tourner Aaja Nachle, le projet de son grand retour.

Plus tard, elle est à l’affiche d’un métrage devenu un classique de Bollywood : Devdas. Dans la peau de la courtisane au grand cœur Chandramukhi, Madhuri Dixit a marqué toute une génération de fans qui a vu en elle l’incarnation moderne de l’inoubliable Madhubala. Qu’il s’agisse de ses répliques ou de ses séquences chorégraphiées, l’actrice de 35 ans à l’époque donne tout dans cette fresque romanesque de Sanjay Leela Bhansali. Plus rayonnante que jamais, elle reçoit le trophée du Meilleur Second Rôle Féminin en début d’année 2003, alors qu’elle est enceinte de son premier enfant : un petit garçon qu’elle nommera Arin. Elle mène ensuite une vie modeste avec son mari dans le Colorado. Elle fait ses courses au supermarché comme une personne lambda et vit l’existence d’une inconnue

« Aaja Nachle m’a gâtée. Yash Raj (l’équipe de production de la bannière, ndlr) m’a traité avec tant d’attention. » Madhuri apprécie particulièrement le fait de pouvoir passer du temps avec ses fils, venus à Mumbaï pour le tournage. Sorti en novembre de la même année, l’accueil populaire est mitigé, mais le public comme la critique s’accordent sur le charme inébranlable de Madhuri Dixit. Sans surprise, elle reçoit une nouvelle nomination dans la catégorie de la Meilleure Actrice.

29 janvier 2011 Ce soir-là, Madhuri Dixit reçoit un Filmfare Award d’honneur célébrant ses 25 années de carrière et saluant son immense contribution au cinéma hindi. C’est là un appel du pied que fait Bollywood à la comédienne, pour lui signifier que son retour est attendu avec de beaux projets au cinéma. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. En octobre de la même année, Madhuri Dixit, son époux et leurs deux fils viennent vivre en Inde. L’actrice est alors membre du jury de la quatrième saison de Jhalak Dikhhla Jaa, le Danse avec > 115


les Stars local. Le rythme des tournages est moins soutenu et cette stabilité lui convient, Madhuri pouvant rentrer à des heures raisonnables pour investir son rôle de mère. Sriram a quant à lui quitté son poste prestigieux de Denver pour officier en tant que chirurgien dans un hôpital public, préférant aider les personnes les plus démunies. De son côté, l’actrice se complait dans ce rôle de jurée et prendra part au programme pendant 4 saisons, avant de céder son siège de juge à un certain Shahid Kapoor.

Dans l’intervalle, elle fait quelques apparitions, notamment dans le carton commercial Yeh Jawaani Hai Deewani où elle enfile de nouveau son costume de séduisante courtisane pour la séquence musicale « Ghagra », avec Ranbir Kapoor pour lui tenir compagnie. 31 janvier 2015 Madhuri Dixit vient de battre son propre record. Elle reçoit sa quatorzième nomination pour le prix de la Meilleure Actrice grâce au film Dedh Ishqiya, qui l’illustre en poétesse enivrante. Elle assure un come-back réussi avec ce film puisque son second projet de l’an 2014, Gulaab Gang, fait un flop à la fois commercial et d’estime.

La suite ? Madhuri Dixit fera ses débuts au cinéma marathi dans sa première production Bucket 116

List. Aussi, elle jouera aux côtés d’Anil Kapoor dans la comédie Total Dhamaal, avec également Ajay Devgan. Enfin, elle remplacera la regrettée Sridevi dans Kalank, prochain film d’Abhishek Varman, avec Alia Bhatt et Varun Dhawan.

« Je n’ai jamais rêvé de devenir actrice, mais quand je le suis devenue, je voulais être la meilleure. Je voulais danser et jouer du mieux que je le pouvais. » Car Madhuri Dixit n’a jamais cru dans le fait de se comparer à la concurrence. La presse lui a longtemps prêté une rivalité avec Sridevi, qu’elle a toujours nié en bloc. Pour la ‘Dhak Dhak Girl’, l’important était d’abord de se surpasser et de se satisfaire de ses choix artistiques.

« J’ai eu la chance de jouer des rôles différents dans des films populaires. » Dans les années 1990, c’était suffisamment rare pour être mentionné. Une actrice qui fédère à la manière d’un homme, dont les personnages tiennent une vraie place dans l’intrigue, tout cela au service de productions destinées au grand public… Ce qui est sûr, c’est que nul ne peut aujourd’hui nier le parcours impressionnant de Madhuri Dixit. A désormais 51 ans, l’actrice fait office de figure incontournable du cinéma hindi. Au même titre qu’un Shahrukh Khan ou qu’un Amitabh Bachchan, elle est devenue une légende vivante de l’industrie. Et elle risque encore de nous surprendre…


DEDH ISHQIYA (2014) 117


M M A D H U RI

EN 5 RÔLES COMMENT MADHURI DIXIT A-T-ELLE CHANGÉ LA PLACE DES FEMMES A BOLLYWOOD ? M OT S PA R AS M A E BE NMANS OUR

Candide ou féroce, belle de village ou NRI sophistiquée, délicate ou agressive, géniale quel que soit le contexte… Bolly&Co fait le bilan de ces rôles électrisants que l’on doit à l’unique Madhuri Dixit. Ces rôles qui sont surtout venus redéfinir la place des femmes dans le cinéma hindi populaire.

ET TOUT CELA SOUS VOS APPLAUDISSEMENTS, S’IL VOUS PLAÎT. 118

1. Paro DANS PARINDA (1989) Dans cette réalisation de Vidhu Vinod Chopra, Paro incarne l’espoir d’une vie meilleure pour Karan (Anil Kapoor), en particulier aux yeux de son frère Kishan (Jackie Shroff) qui souhaite avant tout que les siens soient épargnés par la vie de horsla-loi qu’il a choisi de mener. Aussi, le frère de Paro (Anupam Kher) a été assassiné par des malfrats, et cette dernière entamera une lutte sans merci pour que justice soit faite.


2.

4.

Madhu

Nisha

DANS DIL (1990)

DANS HUM AAPKE HAIN KOUN (1994)

Pour ce drame romantique de facture relativement classique, Madhu s’impose comme une forte tête, actrice et non spectatrice de sa destinée et surtout de son combat pour faire valoir son amour. Elle s’oppose fermement à son père et à l’ordre établi qui lui dicte de ne pas épouser Raja, au prétexte qu’il est issu d’une caste inférieure à la sienne. Madhu personnifie cet amour aussi entier que destructeur. On la voit s‘abimer dans cette histoire qui la torture. Avec ce rôle, Madhuri Dixit ne cherche jamais à séduire le spectateur par sa plastique, mais à le toucher par les blessures que subit son personnage. Dans le film, Madhu est logée à la même enseigne que Raja, le héros. Ils contribuent l’un et l’autre à faire avancer la trame sans que Raja ne prenne l’ascendant sur sa partenaire.

3.

Saraswati DANS BETA (1992) Loin de baisser les yeux au moindre conflit, on a ici une héroïne qui se bat pour défendre les intérêts et l’intégrité de son mari. C’est elle qui lui porte secours et non l’inverse. Saraswati, c’est la revendication. Elle vient prouver que les femmes ont aussi leur mot à dire, qu’elles ne sont pas des éléments décoratifs. Elles pensent, ressentent et manifestent !

Nisha, c’est la bru idéale, qui porte les valeurs traditionnelles et la culture de son pays. Pourtant, Nisha est le personnage le plus vif du métrage de Sooraj Barjatya, par sa candeur et sa malice.

Taquine et pétillante, elle prouve qu’une héroïne peut à la fois posséder une identité forte tout en étant profondément attachée à une certaine tradition.

5.

Anjali DANS PUKAR (2000) Anjali est avant tout une femme blessée qui, par vengeance, mue en être manipulateur. Cependant, elle n’est jamais diabolisée mais démontre plutôt les conséquences dramatiques d’une déception amoureuse.

Elle laisse parler sa colère et n’entre pas dans le carcan de l’héroïne noble et sacrificielle. Madhuri Dixit a campé ce rôle complexe avec beaucoup de sensibilité, parvenant à nous rendre accessible la psychologie d’Anjali et les motivations qui l’animent.

119


M M A D H U RI

SES DANSES MYTHIQUES M OT S PA R AS M A E BE NMANS OUR

Madhuri Dixit est une danseuse d’exception. C’est de notoriété publique. Mais du coup, comment lui consacrer un numéro sans évoquer ses séquences dansées les plus emblématiques. Autant vous le dire tout de suite, choisir a été cornélien. Avec un article qui devait ne comporter que 5 titres, je me retrouve à en évoquer 8. Car tout ce que Madhuri touche semble se transformer en or. Chacune de ses danses possède ce supplément d’âme qui la rend incontournable. De « Are Re Are » dans Dil To Pagal Hai à « Maar Dala » dans Devdas, Madhuri Dixit fait partie des rares grandes dames à avoir su allier la comédie à l’exercice périlleux de la scène chorégraphiée. Car il faut à la fois rester dans la peau de son personnage tout en assurant ses pas sur le plan technique.

MAIS POUR LA ‘DHAK DHAK GIRL’, AUTANT DIRE QUE C’EST DU GÂTEAU ! 120

1. « E k D o Te e n » DE TEZAAB (1988) Cette séquence musicale enjouée est la représentation de l’innocence de son héroïne. Entourée d’hommes qui la lorgnent avec perversion, Mohini danse de tout son cœur et sans arrière-pensée malsaine. Elle n’est pas là pour séduire, mais pour s’exprimer. Mohini, c’est la jeunesse, et ce numéro musical devenu culte le prouve parfaitement.


« Choli Ke Peeche » DE KHALNAYAK (1993) Titre subversif à double-sens, « Choli Ke Peeche » fait tout de même office de référence dans la carrière de Madhuri, qui brise son image lisse et enfantine avec cet item number sexy et lancinant.

2.

« D i d i Te r a D e v a r Deewana » DE HUM AAPKE HAIN KOUN (1994)

3.

Joviale et ludique, cette séquence musicale est avant tout un grand numéro de comédie pour la jeune femme, qui joue avec son visage très expressif pour taquiner le personnage de Salman Khan. Dans « Didi Tera Devar Deewana », Madhuri Dixit revient à un univers très enlevé et à son image d’attendrissante femme-enfant.

« Akhiyaan Milaoon Kabhi » DE RAJA (1995) La chorégraphie est ici moins technique et s’appuie plutôt sur l’extrême expressivité de Madhuri, qui grimace et s’amuse sur cette danse qui ne se prend pas au sérieux.

4.


« Key Sera Sera » DE PUKAR (2000)

5.

« Key Sera Sera » est d’abord l’un des titres les plus efficaces sur lesquels Madhuri ait dansé. Sophistiquée et moderne, cette chorégraphie dansée constitue l’un des essais les plus laborieux de la carrière de la star car très éloigné de son style qu’est le kathak.

6. « Kahe Chhed Mohe » DE DEVDAS (2002) Exercice de kathak pur, ce morceau donne à voir Madhuri en enivrante poétesse qui séduit avec ce qu’il faut de nuance et d’élégance. « Kahe Chhed Mohe » vient illustrer une femme consciente de ses charmes, qui s’assume sans s’exhiber.

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« Aaja Nachle » DE AAJA NACHLE (2007) Retour aux sources pour la reine du kathak, cette danse enflammée la met formidablement en lumière dans un style flamboyant. Si le film en lui-même n’a pas fait d’étincelle, le grand retour de Madhuri Dixit restera une réussite tant il a été marqué par cette séquence.

7. 8. « Ghagra » DE YEH JAWAANI HAI DEEWANI (2013) Niché entre la subversion de « Choli Ke Peeche » et la grâce mesurée de « Kahe Chhed Mohe », « Ghagra » bénéficie d’un rythme plus soutenu qui reste en tête. Avec ce morceau, Madhuri montre au passage qu’elle n’a littéralement pas pris une ride et que son aura unique opère toujours la même magie sur le spectateur.



FCIT & RENCONTRE

... BOLLY &CO EN ACTION


F F EST I VA L

le bilan DU FESTIVAL DES CINÉMAS INDIENS DE TOULOUSE M OT S PA R AS M A E BE NMANSOUR

Pour la deuxième année consécutive, Bolly&Co est associé au Festival des Cinémas Indiens de Toulouse. L’an dernier, Elodie avait couvert l’événement seule, en assistant à la majorité des projections malgré son activité professionnelle et le rythme soutenu des séances.

On y va… ou pas ?

Je sais, je suis une championne ! Mais je minimise. Hors de question d’aller à l’hôpital pour arriver à Toulouse en béquilles. Encore moins d’annuler mon séjour ! Je l’ai promis à Elodie : nous vivrons ce festival ensemble. Et puis, mon billet était non remboursable. #rapace C’est parti ! Nous sommes en pleine période de grève, la compagnie Air France annonce qu’elle prendra part au mouvement, et je dois prendre mon avion pour Toulouse sur cette compagnie !

J’attends ce festival depuis des mois. Ce qui ne m’empêche pas de me casser la figure en beauté la veille même de mon départ, me tordant sérieusement la cheville.

Le destin ne m’empêchera pourtant pas d’arriver à bon port, et dans les délais. Et pour cause, mon vol est l’un des rares qui ne sera ni annulé ni décalé. Quelle bénédiction !

Cette année, je me suis proposée de lui prêter main forte, alors direction la ville rose !

126


Une organisation s’impose. Arrivée sur place, je retrouve Elodie. A peine le temps de poser mes valises que nous nous installons dans un salon de thé pour établir le programme des festivités. Quels films sont en compétition ? Qui va voir quoi ? Comment nous organiser pour la rédaction des critiques ? Comme lors de tous les festivals auxquels nous avons participé précédemment, le rythme va être soutenu. Tous les matins, debout à 8 heures pour rédiger les critiques et mettre à jour le site comme la page de Bolly&Co. Il faut jongler entre les 5 lieux où se tiennent les différentes projections, les transports en commun et cette foutue cheville qui n’a eu de cesse de me mettre en difficulté. On devait courir, mais pas trop ! La sélection de cette édition est très hétéroclite, entre petits métrages indépendants et projets hindi reconnus. Il y a probablement des œuvres que je n’aurais jamais regardé spontanément, comme Lady of the Lake ou Sound of Silence. D’autres que j’attendais de pied ferme, telles que Newton et Thondimuthalum Driksakshiyum.

Il va y avoir du sport ! Pendant toute la semaine, nous avons couru entre chaque séance pour arriver à l’heure, en mangeant parfois sur le pouce histoire de ne pas crever la dalle durant le film. D’autant que l’équipe nous proposait plusieurs ‘Chai Bar’ à l’occasion desquels nous avons dégusté des laddoo et autres samossas concoctés par Vaani (membre de l’équipe du festival) et sa maman. Un régal !

Let’s dance ! Le vendredi, une Bollywood Party est organisée au Moloko Bar dans une ambiance des plus festives. Musique disco et virgin mojito, de quoi passer une excellente soirée ! Mais Elodie et moi ne devons pas tarder pour ne pas manquer le dernier bus de la soirée. Nous quittons la fête sur l’air entraînant du bhangra « Wonderland » du film punjabi Lakeeran. Balle balle ! La journée de samedi est devenue une constante du festival. Un film Bollywood plus conventionnel y est projeté lors de chaque édition. Pourtant, le choix de l’équipe de programmation n’est pas tout à fait attendu cette année. Frédérique et ses collègues ont effectivement choisi de mettre à l’honneur le métrage Ki & Ka, comédie romantique sur fond d’égalité des sexes avec Kareena Kapoor Khan et (mon nounours préféré) Arjun Kapoor. Et figurez-vous que je n’avais jamais vu le film, littéralement massacré par la critique lors de sa sortie en 2016 !

POURTANT, JE L’AI ADORÉ ! Si les codes du film indien commercial sont fortement marqués, Ki & Ka possède pour lui l’intelligence et la sagacité de son propos. Et en plus, la musique était chouette ! La projection était précédée d’une prestation dansée de la jolie Pyrène, qui nous a livré une performance magistrale sur un medley de chansons indiennes. Parmi elles, on a notamment reconnu les excellentes « Entammede Jimikki Kammal », « Badri Ki Dulhania », « Ghoomar » ou encore « Mere Rashke Qamar ». Elodie et moi n’avons pas pu nous empêcher de fredonner et de bouger les épaules face à ce très joli spectacle. > 127


Et oui, j’avoue, j’ai jalousé la superbe chevelure de la danseuse, qui n’avait rien à envier à celle d’Aishwarya Rai dans Devdas !

Rencontres au sommet. Sur place, nous faisons notamment la connaissance d’un certain Agi Lane, à la tête de la boîte de distribution Aanna Films. Mais cette fois, il a laissé son costume d’entrepreneur pour revêtir celui de cinéphile. Nous prenons beaucoup de plaisir à vivre ce festival en sa compagnie tant il nous communique sa passion pour le cinéma indien. Et comme cela fait plusieurs années que nous le souhaitions, nous profitons de l’occasion pour l’interviewer. Et autant vous dire qu’on a appris des choses très intéressantes. Ca arrive très vite !

Le festival des Cinémas Indiens de Toulouse, c’était aussi l’opportunité idéale pour enfin rencontrer Sana, fondatrice et

unique gestionnaire du compte Instagram à succès Bollyfrance ! Comment vous dire que nous nous sommes parlées comme si nous nous connaissions depuis toujours ? Cette jeune femme pleine de vie, pétillante et clairement investie par son amour pour la culture indienne nous a cueillies, Elodie et moi-même ! Une fois de plus, un festival a été pour nous le vecteur de très belles rencontres.

LORS DE LA CÉRÉMONIE DE CLÔTURE, NOUS AVONS EU LE PRIVILÈGE DE NOUS ENTRETENIR AVEC LE RÉALISATEUR TAMOUL LENIN BHARATHI, VENU SPÉCIALEMENT POUR PRÉSENTER SON MÉTRAGE WESTERN GHATS. Son implication dans son art comme sa désarmante humilité nous ont touchées. Cette entrevue fait d’ailleurs partie de mes meilleurs souvenirs.

Palmarès. Les gagnants étaient attendus. En effet, malgré la grande richesse de la sélection de cette année, deux métrages sortaient clairement du lot. D’abord Western Ghats, film tamoul magistral sur le destin difficile d’une communauté rurale dirigé par Lenin Bharathi. Une œuvre bouleversante qui prend aux trippes. Et puis,

LENIN BH ARATI, DURANT LA CÉR ÉMO NIE DE CLÔTUR E, AVEC SO N PR IX DU PUBLIC. PH OTO GRAPH IE PAR PIER R E R IEU


il y a eu Newton qui, sans surprise, s’est imposé comme un des favoris du public. Comédie satirique sur un fonctionnaire indien qui tente de tenir un bureau de votes au cœur d’une jungle hostile, le métrage d’Amit V. Masurkar avait déjà fait l’unanimité en Inde, notamment grâce à la prestation de haut vol d’un certain Rajkummar Rao. Le premier remportera une mention spéciale du jury ainsi que le prix du public, qu’il partage avec Newton. Ce dernier est d’ailleurs auréolé du Prix du Jury en plus de sa récompense populaire.

ET JE NE POUVAIS QU’ÊTRE EN ACCORD AVEC CE RÉSULTAT. Western Ghats m’a cueillie. Ma rencontre avec Lenin m’a d’ailleurs permis de comprendre davantage les enjeux de cette œuvre au message fort, tout comme l’intention de son réalisateur. Car Lenin veut que son cinéma ait du sens pour le public. Loin de lui l’idée d’illustrer une Inde fantasmée et aseptisée. Il veut que les histoires qu’il défend soient proches de l’audience. Il souhaite surtout se saisir de sa caméra en tant que citoyen, interpellant les masses sur certaines réalités occultées par le cinéma indien populaire, idéaliste et flamboyant. De son côté, Newton a constitué mon agréable coup de cœur durant l’événement. Car j’ai fait le constat qu’à chaque festival auquel j’ai pris part depuis 2016, il y avait toujours un film qui était davantage parvenu à me charmer, au point de le revoir sans cesse par la suite. A Toulouse, c’est Newton qui occupe cette place dans mon cœur de spectatrice. Allez savoir, je m’attendais à un métrage beaucoup plus noir et plombant dans son propos. Je pensais m’indigner et fondre en larmes. Clairement, ça a été le cas. Mais j’ai surtout ri énormément ! Quelle

merveilleuse surprise ! Newton est aussi fin qu’il n’est lumineux. Et il n’a pas volé cette double reconnaissance de la part du festival.

Goodbye, my friend. Dès le lendemain, retour à la réalité. Ma cheville commence à devenir bleue, comme si elle s’était contenue pendant toute la durée du festival afin de me permettre de le vivre pleinement. Il nous faut préparer ma valise, qui déborde de partout ! Elodie s’y colle. « T’inquiète, je gère. » Et c’est vrai. Elodie gère toujours. Je suis la grande folle qui panique. Elle est l’apaisement incarné. Toujours positive. Et pleine de ressources. Encore une fois, heureusement qu’elle était là pour me soutenir durant ce festival. Elle m’a guidée et épaulée. Encore merci à elle. Mon avion décolle le lendemain à 14h45. Il sera à l’heure. J’emporte avec moi de formidables souvenirs de ce festival. Et je compte bien y revenir dès l’an prochain !

Je tenais tout particulièrement à adresser mes remerciements à Frédérique et son équipe, dont l’accueil m’a permis de vivre cet événement avec beaucoup de plaisir. Merci également à Agi Lane pour sa gentillesse et son humour, ainsi que pour sa sincérité. Merci à la belle Sana, dont la présence est venue amener un supplément d’âme à ce séjour. Et merci à vous, chers lecteurs qui, par votre soutien perpétuel et votre sollicitude, nous permettez de vivre encore de beaux projets sur le terrain. Je vous assure que ce ne sera pas le dernier. 129



CRITIQUES DE FILMS

... UNE TA S S E DE THÉ


F F L AS H BAC K

KAL HO NA HO MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR

Kal Ho Naa Ho pour notre numéro ‘Girl Power’ ? Vous devez probablement vous dire que je suis tombée sur la tête, non ? Et pourtant, le film n’a de raison d’être que pour un seul personnage : Naina Catherine Kapur. Cette femme brisée qui se barricade dans son pessimisme, qui se montre inaccessible pour éviter d’exposer ses fêlures.

Ce personnage féminin sensible et différent m’avait interpellée. Parce que je n’y avais pas été habituée dans ma découverte de Bollywood. Les héroïnes étaient toujours parfaites, solaires ou réservées, mais jamais illustrées sous un jour disgracieux. Ici, Naina est grincheuse, presque acariâtre. Mais le tour de force de l’écriture de Karan Johar, c’est de justement ne pas en faire l’ennemie du spectateur. Au contraire, je me suis terriblement identifiée à Naina qui, par son imperfection, semblait plus réelle que toutes les Anjali du monde. Enfin une héroïne qui avait des défauts, comme moi et comme tout le monde !

IL S’AGIT À MES YEUX DE L’UN DES PERSONNAGES FÉMININS LES PLUS JUSTES ET SINCÈRES DE CINÉMA HINDI POPULAIRE. En particulier au cœur d’un métrage devenu culte. Sans avoir de connotation ‘womancentric’ et se basant sur une historie d’amour 132

des plus classiques, Kal Ho Naa Ho réussit la prouesse de nous montrer les femmes dans toute leur splendeur. Il y a effectivement Naina. Mais aussi sa mère, Jennifer, à laquelle on s’attache inévitablement. Et au risque de vous faire bondir, j’avoue m’être également retrouvée dans un protagoniste plus loufoque du film : Sweetu, la meilleure amie romanesque et accro à la nourriture de Naina. Complètement barrée, la jeune femme rêve de rencontrer le prince charmant et, dans l’attente, comble son vide affectif par la bouffe ! Et vous allez me faire croire que vous ne connaissez personne qui ressemble à cette description ? En tout cas, Kal Ho Naa Ho est incontournable. Merveilleusement porté par son casting féminin ET masculin.

Mais vous, qu’est-ce qui vous a marqué dans Kal Ho Naa Ho ? Au travers de cet article, j’ai restitué vos avis, vos visions et vos expériences de ce métrage devenu ni plus ni moins qu’un classique.


Meghna Kal Ho Na Ho est un des incontournables non seulement de l’acteur Shah Rukh Khan mais aussi des films de Bollywood à voir. Il fait partie de ma liste de films que je propose à mes proches qui souhaiteraient découvrir Bollywood. Etant donné qu’un des acteurs principaux du film est Shah Rukh Khan, The King of Romance ou Badshaah of Bollywood comme certains l’appelleraient, il est mondialement connu et en tant qu’adepte de Bollywood, ce film est à proposer ! C’est selon moi une histoire intense, poignante et bouleversante. Tous les acteurs ont su rendre justice à cette histoire, que ce soit Shah Rukh Khan dans le rôle d’Aman, ayant pour objectif de rendre le bonheur à une famille déchirée, Preity Zinta dans la

peau de Naina qui a très bien su nous présenter un personnage réservé et traumatisé par la perte de son père ou encore Saif Ali Khan, fidèle à lui-même. Les rôles comiques sont selon moi son point fort, on retrouve ici ce personnage de clown assez rigolo qui apporte un côté comique au film malgré l’amour non réciproque qu’il ressent pour Naina. Je me rappelle avoir vu ce film lorsque j’avais 11 ans, et je me souviens aussi avoir pleuré toutes les larmes de mon corps ! A 11 ans ! C’est quand même étonnant, et cela nous prouve bien que les rôles avaient très bien été joués. J’ai apprécié le rôle de Naina, je dirais même que de tous les rôles de Preity Zinta, c’est sa prestation dans la peau de Naina que j’ai le plus appréciée. Malgré ses problèmes, elle reste forte, elle ne se laisse pas submerger par ses émotions. Elle est indépendante, étudie... > 133


Brice Kal Ho Naa Ho, c’est le film par excellence d’une Inde en pleine transition entre ses traditions d’antan et le modernisme de notre style de vie actuel. Tout amoureux de films hindi digne de ce nom n’a pas pu faire l’impasse sur ce que nous qualifierons avec plus ou moins de justesse de chef d’œuvre du 7ème art. L’histoire n’est en soit pas des plus inventives, quand nous regardons des classiques comme Anand (sorti en 1971 avec Amitabh Bachchan et Rajesh Khanna) où un malade auquel il ne reste d’un court laps de temps, voit mais surtout fait voir à quel point la vie est belle. Il nous donne de beaux moments où nous nous remettons en question sur notre existence sur terre, pourquoi sommes-nous ici et dans quel but concret. Je ne peux que parler en mon nom, et je me sens sur ce point souvent comme une exception. Shah Rukh Khan est un bon acteur, oui, mais il est tellement loin d’avoir cette place de favori dans mon cœur. Et pourtant, son personnage d’Aman est l’un des plus beaux si ce n’est le plus beau de sa longue filmographie, aussi consistant, dans la nuance, qu’extravagant, c’est son personnage qui marque, et si nous avons cette mauvaise habitude de penser à lui et à sa fin, nous ne devons pas oublier qu’il est celui qui apporte le sourire dans les maisons de ce quartier new-yorkais. Preity Zinta est une actrice qui a de l’audace, depuis toujours, et qui a ce merveilleux don de transmettre mille sensations (bonnes ou mauvaises) en un seul regard. Naina nous 134

interpelle, à tel point que nous avons du mal à démêler le vrai du faux dans ce qui ne reste qu’une fiction, de retournements en retournements, elle incarne cette femme banale, grincheuse de par son histoire, qui n’a pas eu le choix que de devenir responsable des siens, qui ne sait plus vivre en paix avec elle-même. Elle lui colle à la peau, et de la plus belle des manières. Saif Ali Khan tient enfin cette mauvaise caricature du playboy au nom glorieux, qui ne loupe jamais une occasion de se faire voir, bien que ses plans ne soient pas toujours des plus concluants. Son personnage de Rohit est finalement assez complexe, car ce trop plein d’assurance qui le caractérise cache en fait un profond manque de confiance en lui. Il est naïf, au point de croire tout ce qu’on lui raconte, sans l’ombre d’un doute. Alors qu’il avait 12 ans de carrière dans le milieu à la sortie de Kal Ho Naa Ho, ce film lui a réellement permis d’avoir la visibilité qu’il méritait, offrant au passage une des plus belles interprétations masculines de tous les temps.

Le film n’est à manquer pour rien au monde, pour comprendre le sens de la vie, pour son histoire absolument bouleversante, pour le conseil d’écouter les désirs qui sommeillent en nous, pour ses acteurs principaux complètement démentiels aussi bien en solitaire qu’en collectif, sans oublier ses acteurs de second plan comme Jaya Bachchan, Sushma Seth, Reema Lagoo, Sonali Bendre ou encore Satish Shah tous brillants de justesse et de vérité. Pour sa musique devenue incontournable, pour son sens des traditions bollywoodiennes, mais surtout pour cette charmante KantaBen !


Regina

Karima

Ce qui m’a marqué chez Naina, c’est qu’elle ne soit pas une héroïne classique.

Kal Ho Naa Ho c’est un des premiers films de Bollywood que j’ai vu.

Elle a ses failles, ses blessures. Ce n’est pas la fille parfaite dont tout le monde tombe amoureux au premier regard. Je pense que c’est un des personnages centraux auxquels on arrive le plus à s’identifier.

D’abord j’ai misé sur le casting. Des valeurs plus que sûres que sont Shah Rukh, Preity, Saif ou encore Jaya. Ensuite, l’histoire est douce et jolie. Une jeune fille qui souhaite s’évader, qui ressent un peu de pression à cause de problèmes familiaux... Un voisin qui s’en rend compte et qui fait tout pour lui redonner le sourire. Tellement bien que les deux tombent amoureux l’un de l’autre. La grandeur d’âme de Shah Rukh qui abandonne son amour parce qu’il sait qu’il va mourir. C’est une histoire qui semble bateau mais qui regorge de bonté et de complexité.

Pour Jennifer, sa mère, c’était la première fois que je voyais Jaya Bachchan dans un rôle «moderne», sans sari etc... J’ai aimé le fait qu’elle soit décrite comme une mère courage, qui garde au fond d’elle les secrets de famille (j’essaie de pas spoiler mais j’espère que tout le monde a vu ce film quand même !) et qui essuie les brimades de sa belle-mère. Le côté traditionnel justement est interprété par cette méchante bellemère qui semble sortie des contes. Mais elle est quand même assez moderne au travers de sa petite histoire romantique avec son voisin, ça casse un peu le stéréotype, c’était pas mal ! Sweetu, c’est aussi un personnage auquel on s’attache, parce qu’on a tous une copine comme elle qui tombe amoureuse tous les 15 minutes. Le personnage féminin le plus taré et loufoque reste la grande sœur de Sweetu qui est très émancipée, sexy, dragueuse.... Bref, il y en a pour tout le monde et chacune peut s’identifier à ces bouts de femmes, surtout les indiennes qui ont émigré, je pense... Et j’ai failli oublier la mère d’Aman ! Pareil que Jaya, une mère courage qui est trop mignonne avec ses joues. On a envie de l’embrasser pendant tout le film, cette actrice me manque.

On se sacrifie pour le bonheur des autres simplement parce qu’on a une vision simple et réelle de ce qu’est la vie, surtout quand on sait qu’on peut partir à tout moment. Preity représente l’insouciance et la naïveté. Saif, c’est le beau gosse par excellence : un peu maladroit mais qui fait tout pour garder son amoureuse auprès de lui. Et bien-sûr, Shah Rukh qui créé finalement le fameux couple et règle les soucis dans la famille de Preity par simple bonté d’âme, encore une fois. Ça montre que l’amour existe, il est si fort qu’on accepte de le céder à ceux qui ont encore le temps d’en profiter. C’est aussi l’amitié. Et puis autour de cette histoire, il y a la musique et les décors qui mêlent tradition et occidentalisme. > 135


Maya Kal Ho Naa Ho est un film familial agréable à regarder. Le mélange entre dialogues comiques, scènes tristes, triangle amoureux sur fond d’un secret de famille, est très intéressant. Ce que j’ai aimé dans ce film, c’est que l’histoire se déroule au sein d’une famille indienne vivant à New-York, entre tradition et modernité américaine. Les chansons sont sublimes. Le personnage de Naina, joué par l’excellente Preity Zinta, est très attachant.

Naina est une jeune femme de 23 ans mais elle est aigrie comme si elle en avait 50, oubliant de vivre pour elle, de s’amuser comme n’importe quelle jeune femme de son âge. Elle dédie son temps à sa famille et ses études, jusqu’a ce que Aman fasse éruption dans sa vie et la change pour toujours. Qui sait de quoi demain sera fait ? Kal Ho Naa Ho est un hymne à la vie.

Elodie La première fois que j’ai vu Kal Ho Na Ho, j’ai failli jeter le DVD contre le mur ! C’est de la faute au King Khan. Il y a une scène en particulier avec Shahrukh Khan, au milieu du film, qui a particulièrement arraché mes larmes. Moi qui pensais me retrouver face à une comédie sympathique avec un trio du feu de dieu, me voilà face à du drame. J’allais finir 136

par croire que Bollywood, c’était ça : des twists mélodramatiques à souhait, conçus pour vous envoyer en dépression. J’étais, du coup, pendant un long moment, en colère et déçue de cette fin. Ah non, je n’étais pas d’accord, moi ! Pas du tout ! Je me sentais un peu trahie et menée en bateau par cette production Dharma. Laissant le DVD de côté, j’avais fini par oublier ce qui m’avait déplu pour retenter l’expérience quelques années plus tard, pas franchement emballée à l’idée de le revoir. Mais ma mère m’a motivée.

J’ai eu la sensation de découvrir une toute nouvelle histoire. Mais surtout, j’ai compris certains des détails, des références, des blagues que je n’avais pas pu saisir à l’époque de mes 13 ans – normal. Je ne pouvais m’empêcher de m’identifier à Naina, la binoclarde, dont la famille était loin d’être parfaite. Les problèmes qui se confrontent à ses ambitions, l’empêchaient parfois de réaliser que la vie n’était pas si moche que ça.

Ce que je trouve très pertinent dans Kal Ho Na Ho, c’est qu’il est devenu intemporel. Les histoires qu’il narre n’ont rien perdu de leur force, 15 ans après sa sortie. Kal Ho Na Ho, c’est une belle traduction de la philosophie du carpe diem, au fond. Mais surtout, plus âgée et plus mature, j’ai finalement saisi la fin de l’histoire et surtout acceptée celle-ci. Car c’est ce que le métrage de Nikkhil Advani nous explique : quoi qu’il arrive, quels que soient nos malheurs, avec un peu de courage et de temps, rien n’est impossible. Kal Ho Na Ho c’est aussi le premier film que j’ai vu une deuxième fois et qui, lors de ce


second visionnage, s’est transformé aux yeux de la spectatrice que j’étais. Depuis, je retente parfois l’expérience pour des raisons x ou y : une meilleure qualité de l’image, des sous-titre mieux traduits ou alors parce que j’en ai simplement envie. (Qui n’a pas déjà vu son film préféré 15 fois ?) Vraiment, Kal Ho Na Ho est le genre de Bollywood à conserver et à avoir vu au moins 6 fois...

Sonakshi Jennifer a été mon personnage féminin préféré du film !

Une femme tellement forte et courageuse qui a toute sa vie pris des coups durs et des blâmes de la part de sa belle-mère qui ne lui facilite pas la vie ! Mais elle fait avec pour le bien de ses enfants, pour les protéger d’une vérité que certains peuvent avoir du mal à accepter... Naina est au premier abord la fille que les autres trouvent barbante, grincheuse, pas très sociable... Mais en réalité, elle est à l’image de sa mère : courageuse et battante car elle a un vécu difficile et n’en parle pas du tout ! Sweetu est plus divertissante, cool et rêvant de l’homme parfait... >


La sœur de cette dernière, tout le monde en connait une dans son entourage haha ! La femme qui est toujours au top physiquement, mais qui ne réussit pourtant jamais à se caser ! La grand-mère… ah lala, on la déteste mais elle nous fait bien rire, quand même ! Une vieille aigrie qui trouve toujours son mot à dire !

Evelyse Avec Kal Ho Naa Ho, Karan Johar a vu les choses en grand : une distribution incroyable, la grande ville de New-York comme décor, des grands sentiments définitifs, de toujours et de jamais, de naissance et de mort... En bref, Kal Ho Naa Ho est un film de la démesure. Pour son premier film, Nikkhil Advani parvient à imposer son univers : foisonnant, varié mais surtout unique. En effet, la réalisation est plutôt originale voire inédite dans l’industrie bollywoodienne, surtout dans sa première partie comique. Le réalisateur utilise des arrêts sur image au cours desquels les personnages s’adressent directement à la caméra, des split-screan et également des effets d’avance rapide et de ralenti. Ces effets amènent de la fraicheur au métrage, le spectateur est désarçonné et ça fonctionne ! Les précédentes productions de Karan Johar tout aussi grandioses sont détrônées, pour ma part.

KABHI KHUSHI KABHIE GHAM BIEN QU’ÉMOUVANT, N’ÉTAIT PAS AUSSI BOULEVERSANT QUE KAL HO NAA HO. 138

Kal Ho Naa Ho détrône également dans mon cœur le culte Kuch Kuch Hota Hai, auquel on peut reprocher un scénario bancal et une fin interminable avec un aspect trop pathos. Kal Ho Naa Ho bien que très rythmé, sait prendre son temps. En effet, plusieurs moments correspondent à ce que j’appellerais des moments suspendus, des moments hors du temps. La lecture de l’agenda par Aman à la gare, par exemple. Ce qui est magnifique dans cette scène, c’est que le personnage qu’incarne Shahrukh Khan rapporte les mots inscrits dans le journal intime de Rohit, mais ces mots correspondent également aux sentiments qu’éprouve réellement Aman à l’égard de Naina. Les yeux d’Aman se détachent du carnet et il laisse parler son cœur. Pour la petite anecdote, Karan Johar a avoué dans une interview que Shahrukh Khan s’est permis d’improviser dans cette scène. Cette information rend encore plus spéciale cette scène.En outre, les retrouvailles sur le pont d’Aman et de Naina sont déchirantes, de même pour la scène du mariage. Mais ma scène favorite, ma scène préférée de tous les temps reste celle de la confrontation entre les deux protagonistes Aman et Rohit, qui se retrouvent sur la terrasse de ce dernier après la révélation du lourd secret d’Aman. « Kaash main tumhari jagah hota Kaashhh » (si seulement j’étais à ta place, si seulement…). L’émotion dans les yeux de Rohit après ces mots d’Aman est si puissante qu’elle nous bouleverse instantanément. Les mots sont lourds et s’entrechoquent, la vérité est douloureuse. Toutes ces scènes à la fois magiques et intenses sont possibles notamment grâce au talent et à la justesse du jeu du roi de l’émotion, j’ai nommé Shahrukh Khan.


Tout au long du film, on pleure, on rit, mais surtout on vit avec Aman. Son personnage célèbre et incarne la vie dans ce qu’elle a de plus beau. Il va faire rayonner sa lumière dans le chaos ambiant de la vie de Naina. Mais Shahrukh nous a habitué à cette justesse dans l’émotion. Il confirme simplement le fait que dès que je m’apprête à regarder un film dans lequel il joue, je suis obligée de prévoir la maxi boite de kleenex avant de le visionner ! Mais l’acteur le plus surprenant dans le film reste Saif Ali Khan. En effet, l’un des personnages les plus touchants est celui de Rohit. Saif a un charme unique et parvient à se démarquer et même à s’imposer face au grand Shahrukh Khan.

PREITY ZINTA NE ME FAIT PAS REGRETTER KAREENA KAPOOR INITIALEMENT PRÉVUE AU CASTING. Preity nous marque elle aussi par son charme, sa candeur et sa fraicheur. Néanmoins ce n’est pas sa meilleure interprétation, son jeu est moins naturel que le jeu de ses deux costars. Le film dure un peu plus de 3h mais il n’est pas indigeste, aucune scène n’est à jeter. Kal Ho Naa Ho est aussi une ode à New-York, le film m’a réellement donné envie de m’installer dans la Big Apple. En effet, la ville parait vivante, animée et cosmopolite. De plus, les prises de vue de Nikkhil Advani sont magnifiques. La bande-son signée Shankar-Ehsaan-Loy nous offre des morceaux à couper le souffle. La musique titre « Kal Ho Naa Ho » et ses notes de piano envoutantes vous suivront très longtemps après le film. J’émets cependant une réserve quant à la reprise de

« Pretty Woman » que je ne trouve pas très réussie et assez inutile au final.

En conclusion, les émotions sont pures et vraies, les kitscheries sont assumées, la mise en scène est originale, et les acteurs sont brillants. J’ai rarement vu un film aussi bouleversant. Suite au premier visionnage, je pleurais encore deux heures après la fin du film. « Kal Ho Naa Ho » est un crédo, une philosophie, des mots qui résonnent dans la tête et dans le cœur, des mots justes et transparents. L’idée qui ressort le plus de ce film est l’idée de sacrifice : l’amour intense n’a aucun scrupule à faire des sacrifices considérables.

Rani Reena A la demande de ma chère Asmae, c’est avec grand plaisir que je rédige à cet instant une critique. Du moins sans prétention aucune en tant que simple passionnée, mon retour personnel sur Kal Ho Naa Ho. Tout d’abord, je souhaite faire un retour de manière subjective : ce film fait partie des seuls films que j’ai regardé à l’époque en français, donc il y a plus de 10 ans de cela, sous le nom de New-York Masala, tout comme Mission Kashmir, Kabhi Khushi Kabhie Gham, Devdas, Coup de Foudre à Bollywood, Jodhaa Akbar ou encore Videsh – Heaven on Earth. Des films doublés en français et connus au niveau mondial, un succès qui je pense est grandement dû à la présence des mêmes acteurs : Kajol, Preity, > 139


Aishwarya, Shahrukh, Hrithik… Des années en arrière, en tant que novice dans le domaine du cinéma indien, ce film était sans honte attaché à la seule présence de Mister SRK et Miss Preity comme une romance à l’eau de rose assez dramatique à la sauce Bollywood. En 2018, avec du recul, mon regard est plus pointilleux, et je vais ainsi pouvoir mettre en avant les caractéristiques de ce film, qu’elles soient positives ou négatives. Kal Ho Naa Ho, pour ceux qui ne le savent pas, signifie «Que demain soit ou ne soit pas», un titre qui prend tout son sens quand on connaît le scénario et sa fin plus ou moins tragique, et quand on sait qu’au départ, il devait s’appeler Kabhi Alvida Naa Kehna, surprenant !

Je ne cache pas que j’en ai versées des larmes devant ce film, une émotion inexplicable tellement elle prend au cœur, un sentiment que j’ai ressenti également devant Dosti, et ceux qui l’ont vu sauront pourquoi. Différent des précédents films de Karan Johar, il définit celui-ci comme “a cool film”. Dix ans en arrière, ce film était excellent pour moi, un bon moyen d’étayer une filmographie, après je dirais que c’est les aléas de la vie qui font que l’on apprécie un film plus ou moins pour ce qu’il est. A l’époque, il était au top ! Mais aujourd’hui, mon avis est tout autre. Il reste un bon film mais pas l’un des meilleurs pour moi, off course ! Pour commencer, je vais mettre en avant les points négatifs pour mieux finir sur le positif. J’espère ne pas me faire taper sur les doigts par les fans inconditionnels de Kal Ho Naa Ho ! 140

Tout d’abord, sans être dur mais objectif, le scénario est un genre de coup de foudre à New-York, assez banal dans le fond, une histoire peu atypique, mais qui reste fonctionnelle. Le gros point négatif est pour moi un ensemble de scènes surfaites et/ ou inutiles qui surplombent le film, des émotions surjouées à certains moments qui au départ ne me dérangeaient pas, que j’appréciais grandement quand on pense à Shahrukh avec ces émotions fortes qui lui appartiennent mais qui aujourd’hui, en recherche de plus de naturel, de subtilité, ne me satisfait plus. Ce film garde tout de même les caractéristiques type d’un film bollywoodien, mais en version plus occidentale, c’est ce que j’ai apprécié.


Du côté positif, ce qui peut d’une autre manière vous donner l’envie de regarder ce masala, c’est la simplicité du film qui se laisse regarder facilement, une grande note d’humour, un grand casting. On retient surtout Shahrukh, Saif, Preity et Jaya Bachchan. La musique reste la réussite majeure du film avec mes préférés « Kuch To Hua Hai », la chanson titre « Kal Ho Naa Ho » avec sa mélodie assez mélancolique qui traverse les années, et de l’autre côté la plus festive « Maahi Ve » avec une chorégraphie impeccable. Bien sûr que j’ai essayé de la reproduire seule dans ma chambre, mais chut ! C’est top secret. Beaucoup apprécient « Pretty Woman » et « It’s The Time To Disco », une fusion entre la mélodie indienne et la musique occidentale, ce que je respecte mais je préfère grandement le traditionnel.

Kal Ho Naa Ho est un film qui met nettement le casting masculin en avant, avec deux hommes qui sont Shahrukh alias Aman et Saif alias Rohit dans ce trio amoureux avec Preity alias Naina. Mais si on regarde plus méticuleusement, ce film est porté par un casting majoritairement féminin et de qualité, on voit effectivement une maison remplie de femmes. Tout d’abord Preity Zinta. Actrice majeure du film, elle illumine l’écran par sa fraîcheur, son sourire majestueux, sa petite fossette. D’une grande élégance, elle passe de la fille renfermée à lunettes à la femme épanouie par la magie de l’amour, que c’est beau ! Jaya Bachchan que j’ai découvert ici totalement différente de ses précédents rôles, en citadine de New-York, vêtue de jeans, de t-shirt et de baskets. Elle incarne effectivement Jennifer, une mère de

famille forte et aimante qui porte sa famille composée de ses trois enfants et sa bellemère à bout de bras. Forte de convictions, elle porte un fardeau que seule une mère pourrait porter, la voir s’épanouir au fur et à mesure du film est vraiment réjouissant. C’est pour moi le grand tournant du film, cette histoire familiale un peu chaotique. Ensuite, Sushma Seth alias Lajjo, la bellemaman très traditionnelle qui par son dur tempérament, ajoute une vraie touche d’humour, avec notamment sa romance avec son voisin. Jhanak Shukla alias Gia, qui joue la fille de Jennifer, soit disant adoptée mais qui l’est sans l’être réellement, amène une vraie note de douceur et d’innocence dans ce monde d’adulte. La scène dans « Maahi Ve » où elle est dans un palanquin et dit au revoir à sa sœur, m’a particulièrement touchée. La meilleure amie de Naina, Delnaaz Irani alias Jaspreet «Sweetu», en recherche de l’âme sœur, qui se console dans la nourriture. On en reconnaît plus d’une dans ce style ! Ensuite, sa sœur ainée Lilette Dubey qui campe Jazz, une vraie cougar indienne, qui aime séduire les hommes plus jeunes. Reema Lagoo, la maman d’Aman qui égale son rôle dans Kuch Kuch Hota Hai, est une mère douce et compréhensive qui accompagne son fils dans son cheminement. Sonali Bendre que j’apprécie tout particulièrement, apparaît comme le médecin et l’amie de Aman. Enfin, les apparitions spéciales de Kajol et Rani m’avaient à l’époque fortement ravie.

J’EN OUBLIE SÛREMENT, MAIS L’OBJECTIF ÉTAIT DE MONTRER QUE CE FILM EST GRANDEMENT BASÉ SUR UN CASTING FÉMININ MALGRÉ LA PREMIÈRE IMPRESSION BASÉE SUR CE TRIO AMOUREUX. > 141


Il ne faut pas oublier qu’un film est fait majoritairement de seconds rôles souvent effacés par les premiers, mais qui font le film et qui y ajoutent un réel plus. #GirlPower En tout cas, je vous invite à le voir si vous ne l’avez pas encore visionné et ainsi vous faire votre propre avis dessus car on est tous différents, et aussi bollywoodement.

Amina Kal Ho Naa Ho ou bien l’un des classiques intemporels que nous a offert Bollywood. C’est au choix. Ce drame romantique narre l’histoire d’une famille indienne installée à New-York et submergée par des problèmes tant familiaux que financiers. Mais l’arrivée d’Aman, personnage joué par Shahrukh Khan, bouleversera leur quotidien familial et ce pour le meilleur…

C’EST L’UN DES FILMS QUI A REDÉFINI POUR MOI CE QU’ÉTAIENT L’AMOUR, L’AMITIÉ ET LE SACRIFICE. Ce qui m’a saisie dans ce métrage, c’est son intrigue assez singulière. Cette dernière ne tourne pas autour d’une « simple » relation amoureuse… Je dis simple car à Bollywood, aucune histoire d’amour ne l’est. En effet, c’est le récit d’un homme incapable de confesser ses sentiments amoureux, étant en phase terminale d’une maladie et de sa volonté de rapprocher son ami de la femme qu’il aime.. Vous me suivez toujours ? Car l’amour, c’est quoi après tout ? C’est de contribuer au bonheur de la personne aimée…Et c’est exactement ce qui se passe ici. C’est cependant le personnage tenu 142

par la belle Preity Zinta qui me touchera le plus. Cette performance lui vaudra d’ailleurs le Filmfare de la Meilleure Actrice en 2004.

EN EFFET, TRÈS ACCLAMÉE PAR LA CRITIQUE, PREITY A SU JOUER AVEC AISANCE ET FACILITÉ LE RÔLE D’UNE FEMME PESSIMISTE ET RENFERMÉE SUR ELLE-MÊME, EN PARTIE DEPUIS LE DÉCÈS DE SON PÈRE. Prisonnière de ses problèmes familiaux et harcelée par sa grand-mère pour enfin se faire passer la bague au doigt, Naina Kapur semble porter le poids du monde sur ses épaules. La venue d’Aman l’encouragera à voir au-delà de ses problèmes et lui permettra même d’aspirer, elle aussi, à une vie épanouie.

Ce métrage est bien entendu rythmé par des chansons riches et délicieuses, tantôt tristes tantôt joyeuses. Il y a en une qui me tient particulièrement à cœur. Je ne vous surprendrai pas si je vous dis que c’est la chanson titre du film… What a song ! Je ne peux que conclure en disant que Kal Ho Naa Ho est définitivement un film que tout ‘bollywood lover’ se doit de voir. Mais pas que. C’est une expérience cinématographique à tenter tant ce film vous bouleversera. Je voulais compléter ma pensée avec une réplique tirée du film. Simple mais saisissante.

« Vis, sois heureux, souris. Qui sait ? Demain peut ne pas être. »


Sakina On ne présente plus Kal Ho Na Ho. Il fait partie de ces œuvres qui se disent incontournables. Je pourrais en dire des tonnes dessus car de la bande-originale à la photographie, en passant bien évidemment par le casting et le récit, tout y est pour s’imposer comme un film à succès. Mais je dirais même plus. C’est un film qui a grandi en moi. Je le considérais comme une œuvre à la fois inoubliable et poignante. L’an dernier, je l’avais perçu comme insoutenable tellement mes larmes avaient coulé. Pour le bien de cet écrit, je l’ai visionné pour la énième fois sans voir la fin, et j’ai vraiment apprécié les scènes d’humour. Tout cela pour dire que Kal Ho Naa Ho est riche en facettes. Alors oui, si tu ne l’as pas encore vu, il n’est jamais trop tard. Pendant que tout le monde avait les yeux rivés sur Aman (Shahrukh Khan), je m’attardais davantage sur Naina (Preity Zinta). Entendons-nous bien, tous les personnages sont attachants, mais Naina Catherine Kapur m’a intriguée dès la première fois. Tout simplement car elle me rappelle sous plusieurs aspects l’adolescente fermée que j’étais. On dit souvent qu’une fleur ne peut éclore si son environnement est néfaste. C’est exactement ce qui se passe ici. Naina vit et a grandi au sein d’une famille déchirée, victime d’un destin tragique. Son père étant décédé, elle partage le foyer familial avec son petit frère, sa petite sœur, sa mère et sa grand-mère paternelle. Tous les matins, elle subit les tensions entre ces deux dernières. Tous les matins, Naina pique une crise de nerfs, car l’ambiance électrique devient insoutenable. Tous les matins, Naina quitte

la maison sur une note négative. Naina n’a presque plus de repère paternel, vivant dans une famille où deux femmes jouent au choc des titans, elle se retrouve souvent le cœur désarmé, retenant ses larmes. Elle n’ose même pas penser à l’amour. Pour elle, tous les hommes sont les mêmes : ils finissent toujours par partir. Ce chagrin qu’elle garde en elle ne fait que déteindre sur son caractère. Naina ne sourit pas, elle est introvertie malgré un cercle d’amis assez sympathique. Même pour pleurer, Naina se cache. Elle s’est créée, sans même le savoir, une carapace aussi solide que du béton. Aman jouera un rôle crucial dans sa vie, il sera son ange-gardien. A mon humble avis, il ne l’a pas sauvée des flammes de la dépression à proprement parler. Il n’est pas décrit comme le preux chevalier servant d’une femme frêle et en détresse.

Et c’est exactement pour cette raison que Kal Ho Naa Ho sort du lot. Il est là pour lui rappeler que la vie est pleine de surprises mais surtout que quoi qu’il arrive, il faut en profiter car on ne sait jamais de quoi est fait demain. C’est d’ailleurs le leitmotiv de cette œuvre. Il agira plutôt comme un professeur de la vie, faisant briller le potentiel de cette femme au passé douloureux. Parfois, certaines personnes passent dans ta vie pour une raison particulière, et quand il est temps pour elles de partir, tu te sens grandi(e). Au début de la trame, on voit Naina comme une jeune fille avec une vie en chantier, on la retrouve à la fin comme une femme accomplie. C’est un film magique retraçant le voyage, non sans obstacle, d’une femme attachante aux airs candides mais plus forte que jamais. 143


C CRITIQUE

GELO MOTS PA R AS M A E B E NMA N SO UR

C’est désormais notre règle.

Dans chaque édition du magazine, nous évoquerons au moins un film indien qui ne vient ni de Bollywood, ni des industries dravidiennes.

CAR EN INDE, IL Y A LE CINÉMA MARATHI, BENGALI, BHOJPURI, KHASI, ASSAMAIS… Pour la seconde fois consécutive, c’est sur l’industrie punjabi que je me suis penchée. Si j’ai hésité entre diverses oeuvres, je me suis attardée sur une production modeste mais pleine d’intention : Gelo. Gelo (Jaspreet Cheema) est amoureuse de Raama (Gurjit Singh), issu d’un rang inférieur au sien. Mais la famille de la jeune femme s’oppose violemment à cette union, bouleversant l’existence de Gelo à tout jamais… Il s’agit de l’adaptation du roman du même nom écrit par Ram Sarup Ankhi, grand nom de la littérature punjabi. Au travers de son œuvre, le réalisateur Manbhavan Singh délivre le portrait d’une femme essayant de se reconstruire après l’horreur. 144

Gelo m’a fait penser au film sri-lankais Burning Birds, dans lequel l’héroïne était frappée par la fatalité. A la différence que les premières minutes de Gelo sont génératrices d’espoir. On croit en la possibilité pour Gelo de vivre son amour avec Raama en surmontant les épreuves qui leur tombent dessus. De chansons romantiques en scènes de retrouvailles, le réalisateur entretient chez le spectateur cette espérance de voir le couple triompher de sa condition. Mais il nous confronte finalement à une cruelle réalité qui donne surtout le ton du reste du métrage. En effet, Gelo ne chantera plus et ne rêvera plus.

LA PHOTOGRAPHIE DU MÉTRAGE VIENT MARQUER CETTE RUPTURE ENTRE LES ASPIRATIONS DE GELO ET LA RÉALITÉ DE SA CONDITION.


Au début fraîche et bariolée, l’image se ternit et perd en luminosité. Le travail visuel de photographie de Jatinder Sairaj est très intéressant tant il semble avoir vraiment nourri ses plans du personnage principal et des traumatismes multiples qu’elle traverse.

Jaspinder Cheema porte le film sur ses épaules par l’amplitude de sa performance. Elle fait de Gelo une femme aussi admirable d’abnégation que poignante de vulnérabilité. Si l’œuvre a bien une raison d’exister, elle réside dans la générosité de l’actrice, qui se donne corps et âme dans sa prestation. A ses côtés, Pavan Malhotra réussit à se rendre détestable malgré une inconstance certaine dans l’écriture de son personnage. Gurjit Singh, époux de Jaspinder Cheema à la ville, campe de son côté le tendre Raama. Il est vraiment adorable en amoureux entier mais démuni.

ALORS DU COUP, VOUS VOUS DITES PROBABLEMENT QUE GELO EST UNE RÉUSSITE ? Et bien non. Il faut se l’avouer : ça ne marche pas. Il y a de l’intention, des idées originales et une histoire puissante. Mais la production finale est décevante. Avec le sentiment que le boulot a été bâclé. Oui, je m’attendais sans doute à autre chose. Ravie de parler d’un film punjabi se centrant sur un protagoniste féminin, je pensais clairement être cueillie par cette histoire. Il n’en sera pourtant rien. Gelo est un ratage complet. Aussi bien sur le plan scénaristique que technique. Ca manque de consistance, de solidité et de soin. Surtout, ça manque de professionnalisme. J’entends bien que l’industrie de Pollywood soit en pleine mutation, qu’elle se cherche pour mieux

grandir. On sent que les réalisateurs titubent entre la facilité, qui consiste à proposer des productions populaires assez répétitives en disposant pour cela d’investissements pécuniaires conséquents, et la prise de risque, qui implique une absence de guidance et un budget réduit. Gelo a au moins le mérite de ne pas avoir suivi le sillage classique. Pour autant, le résultat n’est pas satisfaisant.

Le message de Gelo est fort et percutant. Cependant, le film ne tient pas la distance. Les maladresses de fabrication sont trop grosses pour ne pas altérer l’expérience que l’on fait du métrage. Il en va de même pour la direction d’acteur. Le casting fonctionne en roue libre, donnant lieu à des séquences qui manquent de concordance comme d’impact. Le résultat est trop diffus, trop amateur pour réellement être efficace. Il ne s’agit pas d’une question de budget. >


Le cinéma indien a prouvé à de maintes reprises qu’un film fait avec peu de moyens pouvait être bouleversant par la force de son histoire et la justesse de sa distribution. Hélas, ici, il n’existe aucun fil conducteur entre les différents éléments pour nous faire entrer dans la trame. On passe du drame romantique au drame social sans réellement comprendre comment. Les comédiens font ce qu’ils peuvent, l’excellente Jaspinder Cheema en tête. Mais au final, Gelo s’éparpille et perd notre attention.

C’EST DOMMAGE. ET PEUTÊTRE QUE LE PROBLÈME DE FOND NE VIENT PAS DE L’ÉQUIPE DE GELO. Mais de la manière dont fonctionne l’industrie cinématographique punjabi. Alors oui, il y a du changement ces derniers temps avec la sortie de films engagés à gros budget comme Sajjan Singh Rangroot,

avec la star Diljit Dosanjh. Mais dans les faits, les blockbusters populaires sont avant tout des comédies enlevées ou des romances contrariées. Peut-être que les principaux financeurs doivent apprendre à placer leur argent et leur confiance dans des projets plus atypiques et audacieux.

En conclusion Je pense que votre incursion dans le cinéma punjabi ne doit pas se faire avec Gelo. Cela pourrait fausser votre regard sur la qualité des œuvres de cette industrie. Et ce serait une erreur de croire que tous les métrages du Punjab sont comme Gelo. Heureusement, il y a aussi des films soignés et agréables. Donc ne manquez pas de vous y intéresser. Car Pollywood risque de livrer quelques surprises à l’avenir…


C CRITIQUE

A DEATH IN THE GUNJ M OT S PAR ASMA E BEN MA N SO UR

SI LE GRAND PUBLIC CONNAÎT L’ACTRICE KONKONA SEN SHARMA POUR SES CONTRIBUTIONS À DES FILMS COMME LAAGA CHUNARI MEIN DAAG, AAJA NACHLE OU ENCORE WAKE UP SID, LA BENGALIE DE DÉSORMAIS 39 ANS EST AVANT TOUT L’UNE DES AMBASSADRICES DES PRODUCTIONS D’ART ET D’ESSAI DU SOUS-CONTINENT. En 2017, elle nous fait découvrir sa première réalisation, A Death In The Gunj.

Loin d’annoncer sa mort, le cinéma indépendant indien n’a de cesse de surprendre avec des films inventifs qui détonnent de la production populaire actuelle à Bollywood. Et A Death In The Gunj a indéniablement ce désir de se dissocier des blockbusters indiens sans pour autant chercher à exclure qui que ce soit.

La cinéaste évite le travers de tomber dans une précision élitiste et marginalisante pour le spectateur. Au contraire, le résultat est des plus enthousiasmants.

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Shutu (Vikrant Massey) part en vacances avec sa famille dans la ville de McCluskiegunj, pour tenter d’oublier son échec à ses examens semestriels. Sur place il retrouve ses cousins Vikram (Ranvir Shorey) et Nandu (Gulshan Devaiah), Bonnie (Tillotama Shome), la femme de ce dernier ainsi que sa tante Anupama (Tanuja). Il y a aussi la petite Tani (Arya Sharma), fille de Nandu et Bonnie ainsi que deux amis de la famille : le sympathique Bryan (Jim Sarbh) et l’envoûtante Mimi (Kalki Koechlin). Ce séjour qui devait unifier les cœurs va davantage venir éveiller les maux et les rancœurs…

Cette première réalisation de Konkona Sen Sharma est courageuse tant elle est inspirée. Les influences bengalies de l’artiste sont clairement palpables. La jeune cinéaste nous livre ici une œuvre introspective dont les acteurs intériorisent et refoulent avec une maîtrise affolante. Loin d’être ronronnant, A Death In the Gunj instaure méticuleusement son atmosphère pour nous mener doucement mais intelligemment sur le terrain du thriller psychologique.

Vikrant Massey ne force jamais le trait dans la peau de Shutu, livrant une prestation feutrée et intimiste, porteuse d’une fragilité qui s’éloigne largement de ses premières expériences à la télévision hindi. 148

A Death In The Gunj tire tout son intérêt de sa prestation captivante en introverti que l’on découvre écorché vif. Il sait exprimer les tourments étouffés de Shutu en un regard. On sent ce dernier dévoré par des démons intérieurs. La mort de son père est venue exacerber cette vulnérabilité. Tout semble s’écrouler autour de lui : ses études, sa famille… Quand Mimi lui accorde de l’attention, on le voit s’animer et même esquisser quelques sourires pour la première fois.

Mimi, c’est la beauté exotique et ténébreuse, séductrice et ravie de l’être. Shutu n’est pour elle qu’un palliatif afin d’oublier Vikram, qui en a récemment épousé une autre. Mimi exploite sa sexualité pour obtenir l’attention qu’elle convoite sans jamais tomber dans le cliché de la petite fille en manque d’amour.

SHUTU POSSÈDE LE PULL EN CACHEMIRE DE SON DÉFUNT PÈRE. Il semble être resté l’enfant devenu orphelin, qui ne parvient pas à faire sa place dans ce monde d’adultes, entre tromperies et faux-semblants. « Ce n’est qu’un gosse, » dit Bonnie de lui. Un enfant qui n’investit que la compagnie d’un autre enfant, sa nièce Tani (remarquable Arya Sharma). Taciturne et inhibé, A Death In The Gunj donne à voir un protagoniste qui ne s’impose pas, qui semble même s’excuser d’être là où il est, ne bénéficiant d’aucune place au sein de cette famille qui est pourtant la sienne. Konkona Sen Sharma suit le quotidien de ce jeune homme perdu, pénètre son intimité et le regarde souffrir, espérer et chercher son souffle jusqu’à l’inévitable suffocation.


Le récit se déploie au rythme de la lente prise de conscience du jeune homme, avant le lâcher prise final. L’acteur se soulève sous une impulsion d’une force plus vigoureuse que lui. Il semble cueilli par une transe qui le dépasse et qui colle pourtant si bien à ce que son personnage traverse. Je vous le dis, il est impérial !

Le fil conducteur du métrage réside dans le besoin d’être aimé, intégré et considéré des protagonistes, qu’il s’agisse de Shutu, de Mimi ou de Tani. Cette carence affective est par ailleurs la cause de leurs passages à l’acte ou de leurs tourments. Les fêlures des protagonistes sont facilement identifiables tant elles sont mises en scène avec réalité. Le génie de Konkona Sen Sharma réside dans sa compréhension de la complexité du genre humain. Elle ne met aucun de ses héros dans une case. Elle les respecte et accorde à chacun le même soin.

KONKONA SEN SHARMA A DIRIGÉ SON CASTING D’UNE MAIN DE MAÎTRE, NE NÉGLIGEANT AUCUN DES PERSONNAGES. En effet, ils émaillent tous ce thriller à la monotonie étouffante, dont le caractère ordinaire sublime le propos. Sans même avoir vu le film, on sait que quelqu’un mourra. Bah oui, c’est écrit dans le titre ! Et dès les premières minutes, on voit Nandu et Bryan s’interroger sur la manière dont ils peuvent optimiser l’espace du coffre de leur voiture. « On le met comment ? En position fœtale ? » Mais quoi donc ? Ou plutôt qui donc ? Chacun des personnages vient > 149


contribuer à l’instauration de cette ambiance noire, énigmatique mais jamais sinistre. L’œuvre de Konkona Sen Sharma n’est pas frontale et gagne en corps et en vigueur graduellement. Le rythme ne s’emballe pas et prend délibérément son temps pour mieux nous choper à la gorge lors de la scène finale. Impressionnant.

Dans ce tableau finement dépeint, seul Jim Sarbh semble avoir été négligé. Si l’acteur est excellent, son rôle reste le plus limité de tous. A ses côtés, Gulshan Devaiah livre une prestation électrique en père de famille instable. Ranvir Shorey délivre quant à lui une performance hallucinante en bourreau sans pitié. Loin des personnages benêts et attachants auxquels il a longtemps été cantonné, il trouve ici l’un de ses rôles les plus prégnants. A Death In The Gunj incarne l’expression « Le calme avant la tempête. » Ce calme qui semble discordant dès le début de l’œuvre tant la dynamique de cette famille laisse vite apparaître de multiples fissures, personnifiées par Shutu et son silence désarmant. Le fonctionnement familial de A Death In the Gunj a une puissante résonnance. Il est aisé de s’y projeter et même de s’identifier à tel ou tel membre de ce système bouillonnant.

Les personnalités se mêlent et se confrontent dans des instants de vie ordinaire, entre une partie de ‘kabaddi’ et une leçon de conduite. Les individualités se révèlent pour mieux signifier les heurts que cache cette feinte 150

harmonie familiale. Le métrage montre également la déconstruction d’un être aux fragilités palpables, dont l’environnement familial et amical a été l’instrument majeur.

Comment, par quelques mots déplacés ou quelques situations maladroites, on peut amener quelqu’un à ne plus croire en la vie. C’est un meurtre symbolique auquel chaque entité de la bande contribue sans le savoir. L’absence manifeste de bienveillance conduit donc à une mort, comme le titre du film l’explicite. Mais les circonstances de ce décès forment l’enjeu de l’œuvre. Qui meurt, certes. Mais plus encore, pourquoi.

LE RAPPORT À LA MORT EST ÉGALEMENT PRÉPONDÉRANT DANS A DEATH IN THE GUNJ. Lors d’une séance de spiritisme, on sent les insécurités des uns s’éveiller pour que les autres puissent en tirer profit. La peur de mourir prend successivement les visages de Shutu et de Tani, l’un faisant face à une terrible perte tandis que l’autre disparaît mystérieusement, rappelant à tous la fragilité de cette notion qu’est la vie.

De plus, le métrage vient questionner la notion de masculinité. La sensibilité de Shutu est perçue comme une faiblesse par ses cousins. « Tu pourrais être une fille, » lui balance même Mimi, interloquée par la réserve du jeune homme. Mais au final, qu’est-ce que ça veut dire, être un homme ? Shutu est fustigé pour sa sincérité, là où les autres hommes de la >


famille affirment leur genre par l’arrogance et la véhémence. Konkona Sen Sharma met ces incohérences en exergue avec brio et propose un film aux lectures multiples.

Mais plus que tout, le résultat est une réflexion passionnante sur les notions de santé mentale et de fragilité psychologique.

En conclusion

LA RÉALISATRICE AUSCULTE CETTE BANDE QUI SE DÉCHIRE DANS UNE MISE EN SCÈNE PRÉCISE COMME UN SCALPEL.

A Death In the Gunj est un pur produit de festival, où il a d’abord fait ses preuves avant sa sortie nationale en 2017.

Un premier long-métrage aussi minimaliste qu’il n’est monumental. 151


C CRITIQUE

PADMAAVAT M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C

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SI ON PEUT PARLER D’UNE FAN DE SANJAY LEELA BHANSALI DANS LE TRIO DES RÉDACTRICES DE BOLLY&CO, C’EST BIEN MOI .

tout le monde avec une histoire à des années lumières de celle de Paro. Avec Black, il montre qu’il n’a pas oublié ses premières amours : raconter l’histoire de personnes atypiques, qui nous prend aux tripes et nous donne aussi le sourire.

De Khamoshi - The Musical, sa toute première (et sous-estimée) œuvre à Padmaavat, le cinéaste a fait du chemin ! Mais surtout, il a développé un style qui n’appartient qu’à lui. C’est un véritable metteur en scène, jouant avec les lumières, les couleurs, les costumes et les prises de vue. Ses histoires se développent dans un monde à part, souvent très inspiré de la culture de son pays. Avec Devdas en 2002, il fait le tour du monde, faisant de son film l’incarnation du « Bollywood » par excellence. Trois ans plus tard, il surprend

Sanjay Leela Bhansali fascine, tout comme il touche. Mais après Black, il ne parviendra pas à me satisfaire totalement (et je parle bien de moi et non de tous, car j’écris cette critique selon mon point de vue). J’avais la sensation qu’il tournait en rond. Soit en réadaptant des ouvrages comme il l’avait fait avec Devdas (on peut également citer Saawariya avec Les Nuits Blanches de Dostoïevski, que j’ai souvent l’impression d’être la seule à avoir


apprécié, Goliyon Ki Raasleela : Ram-Leela inspiré du classique Roméo et Juliette de Shakespeare ou encore Bajirao Mastani, en grande partie adapté du roman marathi Raau de Nagnath S. Inamdar). Soit en se tournant vers un personnage particulier comme il avait fait avec son tout premier film (Guzaarish raconte l’histoire d’un ancien magicien paralysé qui souhaite mettre fin à ses jours. D’après les rumeurs, c’est un remake non-officiel de Mar Adentro, réalisé par Alejandro Amenabar en 2004, luimême inspiré de l’histoire vraie de Ramón Sampedro).

Et en 2018 sort Padmaavat. Pourquoi je vous dis tout ça ? Car il est important pour moi de vous expliquer à quel point je suis ce réalisateur de près. Encore une fois, on a affaire à une adaptation. Mais il s’agit ici d’un poème, ce qui laisse beaucoup plus de place au réalisateur qui fait de nouveau équipe avec Prakash Kapadia (avec qui il a collaboré pour Bajirao Mastani, Saawariya, Black et Devdas).

JE VAIS REVENIR LÉGÈREMENT EN ARRIÈRE QUAND, EN 2013, EST SORTIE LA BANDEANNONCE DE RAM LEELA. Jusqu’ici, le seul à avoir adapté Shakespeare au cinéma avec une force magistrale, c’était Vishal Bhardwaj. Entre Maqbool, Omkara et plus tard Haider, je n’avais rien à redire. Alors quand Sanjay Leela Bhansali touche à Roméo et Juliette, j’ai peur. Et j’ai eu beaucoup de mal à le regarder une première fois. Puis je suis allée jusqu’au bout la seconde fois. Dans l’ensemble, malgré l’énorme travail et l’émotion, j’étais un peu déçue. Puis, il y a eu Bajirao Mastani. Autant être honnête, j’ai eu du mal à accrocher.

D’une part, j’ai l’impression qu’en tant que française, il me manquait des informations pour tout comprendre. D’une autre, je m’ennuyais ! En voyant Kashibai, je me disais que ce Bajirao était bien stupide. Mais surtout, le film se lançait dans les épopées historiques avec de la 3D un peu partout. Et si Deepika se bat dans une scène, elle ne redevient qu’une jolie princesse après. Alors forcément, quand la bande-annonce de Padmaavat sort, je me pose quelques questions.

D’abord, c’est la première fois que Sanjay Leela Bhansali enchaîne le même genre de film. Alors l’univers peut paraître familier. Là encore, il y a de la guerre et une princesse qui n’a pas peur de prendre une épée. Là encore, il y a deux femmes, mais le trio amoureux n’en est pas vraiment un ! Pas de comparaison possible, Padmaavat n’a rien à voir. La méthode est peut-être un peu la même, mais l’histoire est complètement différente. Et si j’étais persuadée de ne pas aimer Bajirao Mastani, j’étais plus mitigée à la sortie du film de Padmaavat. Était-ce mieux ? Était-ce pire ? C’était quoi l’histoire, déjà ?

Pourquoi je n’aime pas ? Le storytelling. Raconter la trame comme un conte en séparant l’histoire d’amour et l’ascension du sultan, avec cette voix off, nous irrite plus qu’elle nous aide. Les sentiments naissants entre Padmavati et Ratan Singh sont bien trop rapides et superficiels. Je n’y ai pas cru une seule seconde. J’aime les couples dont les sentiments fleurissent à l’écran. > 153


Alors forcément, je trouvais ça dommage au point de vouloir plus de scènes entre Padmavati et Ratan, ne serait-ce que pour mieux comprendre la force qui les lie.

LA PREMIÈRE PARTIE DU FILM EST VRAIMENT LONGUE ET SI LE RYTHME EST MEILLEUR PAR LA SUITE, J’AI TROUVÉ LE MÉTRAGE TERRIBLEMENT INÉGAL. Je n’ai pas arrêté de me poser dix-milles questions, sachant que 70 scènes ont été coupées au montage pour permettre sa sortie. Un autre problème, c’est le temps. Des mois défilent, mais rien ne nous indique que les jours passent. On a donc forcément un peu de mal à suivre et surtout, on se demande si c’est cohérent. Nous sommes en plein dans un drame d’action et pourtant, tout semble aller si lentement…

Pourquoi j’aime ? Un antagoniste au sommet. Quand je parle d’inégalité, c’est surtout dans le fait que l’histoire du Sultan soit bien plus précise et travaillée, tant en matière de décor que de personnalité.

Alauddin Khilji est impitoyable, méprisable, horrible. Il n’y a pas de lumière en lui, c’est un manipulateur né prêt à tout pour arriver à ses fins. Ranveer est impressionnant dans ce personnage parfois proche des vilains de cartoon, mais si bien porté par l’acteur qu’on y croit ! On le déteste ! On se demande pourquoi personne ne se retourne contre lui pour le renverser. Et malgré ça, à la fin du film, on éprouve presque de la peine pour ce sultan obsédé par ce qu’il ne peut avoir.

C’est un enfant, un enfant qui a goûté à tous les vices et à qui la vie a finalement dit « non ».

Pourquoi j’aime ? La réalisation. Sanjay Leela Bhansali est un magicien. Il nous force à porter notre regard sur une chose, pour nous détourner de ce qui ne va pas. C’est tellement beau qu’on s’amuse


à regarder tout, à droite et à gauche, à la recherche des détails. Le travail de Sudeep Chatterjee est fantastique, sans parler des costumes créés par Rimple et Harpreet Narula. Parce que ce que le réalisateur nous montre a son importance, sa force dans l’histoire. Cela nous aide à mieux comprendre le contexte du récit, la puissance du sultan ou encore les traditions rajput.

Le réalisateur n’a rien perdu de son aise dans sa façon d’utiliser l’espace. Pourtant, l’impression de déjà-vu pourrait faire défaut à certains, le comparant à Bajirao Mastani à cause de ses tons identiques. De même pour les dialogues, parfois délivrés sans émotion, ce qui leur fait perdre leur force.

Pourquoi je n’aime p a s ? L’ a b u s d e s larmes. Pour une fois, je crois bien que je n’ai rien à dire sur le casting. Vraiment. Si j’ai trouvé Shahid un peu plat, limité par son personnage de prince parfait, j’ai trouvé Deepika Padukone très juste ! Bien meilleure que dans Bajirao Mastani ou dans Ram-Leela.

Il faut dire que c’est son troisième film avec le réalisateur et elle sait comment il fonctionne. Il est du genre à lui demander de tourner la scène de la fin avant le début !

Elle charme dans la première partie, puis grandit petit à petit, tenant tête à ceux qui lui font face. MAIS. Les yeux rouges H24, ça me rappelle les vieux films des années 90 dans lesquels Shahrukh Khan pleurait pendant des heures. Je n’ai rien contre, surtout quand c’est nécessaire. Mais alors pleurer dès qu’elle apparaît à l’écran… Elle fait une allergie, peut-être ? J’ai donc souvent ressenti un décalage, entre la femme forte qu’elle devait être, et cette fragilité excessive. Non, ce n’est pas réaliste de parler pendant 5 minutes sans verser une larme en ayant des yeux pareils !

Pourquoi j’aime ? Des personnages secondaires déments. > 155


Comme je le disais, l’histoire du Sultan est bien plus détaillée et par conséquent, les personnages qui l’entourent le sont aussi. Aditi Rao Hydari est Mehrunisa, la femme d’Alauddin. Elle est l’innocence, la pureté, mais aussi la foi. La soumission dont elle fait preuve, malgré son dégoût pour l’homme qu’elle avait un jour aimé, dérange. Interpelle. A côté, Jim Sarbh est l’élément comique indirect du film. En esclave dévoué et amoureux, il est celui qui participe à faire grandir l’ego surdimensionné du sultan. L’acteur ne se limite pas dans ses expressions et se donne à 100%. Enfin, si Anupriya Goenka, qui apparaît en première femme capricieuse et lâche, aurait mérité plus de scène, il n’était cependant pas question de développer cette partie-là qui aurait beaucoup trop fait écho Kashibai et Mastani.

Pourquoi je n’aime pas ? Historique… ou pas. ILS AURAIENT PU CHANGER TOUS LES NOMS, INVENTER DES ÉLÉMENTS, QUE ÇA AURAIT MIEUX MARCHÉ. Pour le coup, l’histoire n’a rien d’historique et ne ressemble pas du tout au poème. Il y a un problème. On a l’impression que le réalisateur a envie de faire un truc basé sur des faits réels, tout en proposant quelque chose tout droit sorti de l’imaginaire. Il faut savoir. Car à la fin, c’est surtout pas du tout réaliste. Il faudra qu’on m’explique comment une princesse venue du Sri Lanka connait si bien les us et coutumes des rajput. 156

Et derrière, pourquoi ses racines passent inaperçues ? Elle était née pour être rajput ou quoi ? Et Ratan Singh ? A quel moment du film on nous parle de ses valeurs à lui ?

CE N’EST PAS PARCE QU’ILS FÊTENT HOLI EN TEMPS DE GUERRE QU’ON VA LES TROUVER TROP COOL. Il manquait un je-ne-sais-quoi pour nous faire adhérer à cette fierté. Ils auraient pu être n’importe quoi d’autre, que ça n’aurait rien changé. Mais vous comprenez, c’est eux, les gentils…

Sans parler des méchants. Les musulmans. Le Sultan est barge. Il n’a aucune idée de ce à quoi Padmavati ressemble. Pourtant, il emmène ses troupes en guerre pour elle. Ils sont tous barbares, violents, infidèles. Pour ma part, j’ai détaché Khilji de sa religion, car dès les premières scènes du film, il avoue lui-même être au-dessus de toute foi. Par conséquent, il n’y a qu’une incarnation du mal dans le film, et c’est lui. Tout comme il n’y a qu’un « bon » dans le film, et c’est Ratan Singh. Cependant, ça commence à devenir lourd, car c’est bien pour se protéger des potentiels « viols » que les femmes rajput s’immolent en masse. Pour le coup, le film n’a pas été très subtil et stigmatise les mauvais, tout comme il survend les bons.

Néanmoins, le personnage de Mehrunisa est là pour contraster. Elle est juste, forte et tolérante. Hélas, ce n’est pas suffisant.

Parlons maintenant de la fin du film.


JE NE SPOILE PERSONNE, PUISQUE C’EST MÊME DÉJÀ DANS LA BANDE-ANNONCE. MAIS SI JAMAIS VOUS NE SAVEZ RIEN, PASSEZ AU POINT SUIVANT ! En fait, j’étais très très perplexe. D’un côté, je comprends. Ces femmes utilisent cette coutume à leur façon, elles se l’approprient pour se sauver. D’un autre, je rappelle que de nos jours, c’est une tradition qui a été pointée du doigt, combattue pour être oubliée tant elle est horrible. Alors voir des femmes de tous les âges être si sûres d’elles dans cette pratique, ça me fait un peu peur... Peut-on vraiment renoncer à la vie de cette façon ? Ou est-ce que dans ce genre de situation, personne n’a le droit de vivre ? Maintenant, encore une fois, le défaut, c’est la manière dont tout nous est raconté. C’est ce qui fait que non, j’ai pas versé ma petite larme à la fin pendant les 15 minutes de slowmotion durant lesquelles je me demandais : mais pourquoi la peau de Deepika ne fond pas ? (aussi proche des flammes aussi...)

Pourquoi j’aime ? S h a h i d K a p o o r. Si dans certaines scènes, je me demandais quelle quantité de laque avait été épuisée dans sa chevelure de « lion », combien de litres d’huile a été déversée sur son torse imberbe, l’acteur est là quand il le faut.

Et lorsque je dis quand il le faut, c’est surtout lors d’une scène où le Roi se confronte au Sultan. Le face à face est tout bonnement génial.

Le combat final entre les deux hommes est aussi sublime. Shahid est le bien incarné. Il n’est pas parfait, mais c’est un homme bon, franc, noble. L’opposé parfait du sultan. Il est à croquer. Si parfois, il parait un peu robotique, il est puissant en face de Ranveer. Comme s’il se réveillait, et il incarne alors le Roi dans toute sa splendeur, dévorant presque son adversaire en un regard.

Pourquoi je n’aime p a s ? L’ a u t r u c h e . Je m’explique. Quand je parle de l’autruche et si vous avez vu le film, vous savez pourquoi. Ce que je veux dire par là, c’est que les films en 3D de guerre au je-ne-saisquel siècle, j’en peux plus. >


Surtout quand on peut voir la différence entre ce qui est digitalisé ou non. Franchement, ça fait « cheap ».

Le Seigneur des anneaux dont le premier volet est sorti en 2001, avait de meilleurs effets spéciaux que les derniers films en 3D indiens qui sont au cinéma actuellement. Alors oui, pour donner une impression de chiffre, je comprends l’utilité. Mais l’autruche ! Et j’en profite : on en parle de la fausse cicatrice sur le visage de Ranveer ? Il est passé où, l’argent pour le département de maquillage ? Pas dans le CGI j’espère !

En conclusion PEUT-ÊTRE QU’AVEC UN PEU PLUS DE SIMPLICITÉ, LE FILM AURAIT EU PLUS D’IMPACT. J’aurais aimé voir Padmaavati s’adapter à sa nouvelle vie, en dehors de ses grottes et de sa jungle. J’aurais aimé voir le Roi s’ouvrir face à cette femme qu’il ramène dans son palais. J’aurais aimé voir leurs deux caractères se compléter et évoluer du film.

J’aurais aimé que le sultan soit déjà en conflit avec le roi, pour ponctuer une haine qui aurait donné plus de valeur à cette guerre, tout comme j’aurais préféré que Khilji ait vu Padmavati une fois, pour que son obsession soit plus légitime. 158

J’aurais aussi aimé qu’à la fin, Mehrunisa prenne les choses en main et balance son mari dans le fond d’une prison.

Franchement, on s’en fout de l’aspect historique, surtout quand il n’est de toute manière pas suivi ou qu’il est transformé. Ça m’a rappelé Bajirao Mastani et la façon dont le réalisateur avait limité un personnage féminin qui était bien plus imposant dans la réalité (allez lire l’article de Fatima-Zahra dans notre neuvième parution) !

SANJAY LEELA BHANSALI AURAIT DÛ SE LÂCHER PLUS QUE ÇA, MAIS IL SEMBLAIT EN CONFLIT PERMANENT ET JE ME DEMANDE SI LE SUCCÈS DE BAAHUBALI N’A PAS UN PEU FAIT PENCHER LA BALANCE…


C CRITIQUE

EK HASINA THI M OTS PA R FAT I M A-Z A HRA EL A HMAR

Avant que Ram Gopal Varma ne tombe dans les tumultes puis dans l’oubli, il était considéré comme l’un des meilleurs producteurs de l’Inde. Connu pour s’aventurer dans des genres particuliers et de manière singulière, il lui arrivait d’offrir à son public de belles surprises. En s’associant à lui, Sriram Raghavan a délivré avec Ek Hasina Thi un premier film haut en couleur, et très prometteur pour la suite de sa carrière.

Si vous avez vu Badlapur ou Johnny Gaddaar, vous savez que Sriram est un réalisateur qui a une affection particulière pour les films de trahison et de vengeance.

Le métrage mettant en lumière Saif Ali Khan et Urmila Matondkar n’est pas une exception à la règle, il constitue même la première tentative de Raghavan dans le genre.

Karan (Saif Ali Khan) et Sarika (Urmila Matondkar) sont deux personnes aux caractères assez similaires. De nature professionnelle et ayant chacun une belle carrière. Les deux tombent rapidement amoureux l’un de l’autre, et démarrent donc une vie commune, teintée d’affection et d’attraction.

DU MOINS, C’EST CE QU’IL SEMBLAIT… > 159


D’une histoire d’amour urbaine et sophistiquée pour son époque, le film se transforme rapidement en ce qu’il est censé être : une preuve de plus qu’il ne faut jamais sous-estimer la force intérieure d’une femme. L’homme qui lui promettait monts et merveilles s’avère être un manipulateur qui ne faisait qu’utiliser Sarika. Le résultat de sa confiance aveugle en Karan mène la jeune femme en prison, un endroit qui la transforme entièrement et la pousse à adopter une nouvelle perception de la vie. Obstinée à reprendre les choses en main, c’est en toute logique que le personnage féminin se voue à l’unique mission de démolir la personne responsable de sa propre destruction.

Si la trame narrative de Ek Hasina Thi est aujourd’hui suffisamment familière, il faut admettre qu’au début des années 2000, cette position dans la narration était souvent accordée au héros. Aujourd’hui encore, nous continuons à vivre dans ce schéma. Si vous tapez une simple recherche Google du « top revenge movies in bollywood », ne soyez pas surpris en ne voyant que Kahaani comme film ‘female centric’ sur les listes que vous trouverez.

AVEC SA PREMIÈRE RÉALISATION, SRIRAM A RÉUSSI À DÉLIVRER UNE FINE EXÉCUTION D’UNE NARRATION RELATIVEMENT PRÉVISIBLE. 160

L’évolution de Sarika part de l’être naïf et romantique pour devenir une femme forte et résistante. Même si cette transformation est maculée de sang et de violence, la réalisation utilise ces éléments pour établir le côté sombre du film, sans pour autant s’aventurer dans le gore pur et dur. L’ensemble reste réaliste avec un montage qui permet de maintenir un rythme agréable.

IL Y A PEU DE SCÈNES QUE L’ON PEUT JUGER INUTILES QU’ELLES SOIENT DANS LE FILM. Cependant, le point fort de Ek Hasina Thi est son casting. Si les acteurs secondaires sont oubliables, parce que les acteurs principaux ont toute la marge de manœuvre, ces deux derniers excellent dans ce qu’ils présentent à l’audience.

Bien qu’elle soit l’une des meilleures actrices de son temps, Urmila ne s’est évertuée à sortir de sa zone de confort que dans quelques-uns de ses films, et celui-là en fait partie.


Saif, de son côté, démontre sa capacité à porter un film sur ses épaules, avec un charisme mystérieux. Lui qui ne s’est essayé à des rôles négatifs que très rarement dans sa carrière donne un bel exemple avec sa prestation dans la peau de Karan : tous les vilains ne sont pas forcément moches, et tous n’ont pas l’air d’être méchants. C’est un homme qui génère beaucoup d’émotions, tout en jouant sur son allure de brun ténébreux.

SI VOUS AVEZ VU DOUBLE JEU (AVEC TOMMY LEE JONES ET ASHLEY JUDD), EK HASINA THI NE PRÉSENTERA PAS DE SURPRISE POUR VOUS, SI CE N’EST LA CONFIRMATION QUE DE TEMPS EN TEMPS, REMODELER UN FILM AMÉRICAIN POUR L’AUDIENCE INDIENNE PEUT FONCTIONNER. Après tout, l’idée de base est similaire, mais le chemin parcouru ainsi que la destination ne le sont pas.

Le film signé Ram Gopal Varma poursuit une narration fine, sans présence de danses folkloriques ou d’item number qui n’ont rien à y faire. Toute la concentration est portée sur les personnages de Sarika et Karan, pour leur laisser tout l’espace nécessaire afin d’évoluer.

En conclusion Sous mon regard curieux de 2004, Ek Hasina Thi était un film différent, rafraîchissant, et intelligent. En avançant graduellement dans l’histoire j’ai même fini par oublier les clichés du début qui annonçaient un film romantique sans queue ni tête.

Il constituait somme toute une agréable surprise, et une opportunité de plus d’apprécier les talents de Saif Ali Khan et d’Urmila Matondkar. 161


C TRIPLE C RI T I Q U E

1.

L’A V I S D ’A S M A E BENMANSOUR

SECRET SUPERSTAR Ode à la mère. Ce qui m’a personnellement marquée dans Secret Superstar, c’est le portrait poignant de la mère qui y est tissé. Najma déploie tout ce qu’elle peut pour soutenir les aspirations et les rêves de sa fille Insia. C’est une mère humble mais déterminée, timide mais aussi féroce quand il s’agit de protéger les intérêts de ses enfants. Meher Vij signe ici une prestation absolument magistrale et n’a franchement pas volé son Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin. La relation qui unit Insia à sa mère est le coeur de Secret Superstar. Bien au-delà du rêve de gloire d’une adolescente, le métrage

162

vient mettre en lumière la capacité d’une mère à tout sacrifier pour soutenir son enfant. Najma prend des risques, se met en difficulté pour même parfois tutoyer le danger, tout cela afin d’amener Insia à concrétiser ses aspirations.

The voice. Une autre femme sublime Secret Superstar : Meghna Mishra. Non, elle ne joue pas dans le film mais prête sa voix unique à Zaira Wasim sur toutes les chansons du métrage. Il s’agit de sa première contribution pour une bande-originale, et quelle prouesse ! La jeune artiste a un timbre superbe,


merveilleusement mis en valeur par les compositions d’Amit Trivedi. Avant de découvrir le métrage, j’adorais « Main Kaun Hoon » tant il prenait sens à mes yeux. Mais pendant le visionnage, j’ai versé quelques larmes à l’écoute de « Meri Pyaari Ammi », qui vient rappeler qu’Insia ne serait rien sans l’amour et le soutien de sa mère.

Mais le titre le plus marquant de l’album reste « Nachdi Phira » tant il dégage la puissance vocale de Meghna. Pour ce morceau, elle remportera le Filmfare Award de la Meilleure Chanteuse. Amplement mérité !

E s p o i r. L’espoir que génère le film, qui donne envie de croire en ses rêves et de tout mettre en œuvre pour les concrétiser. Insia est porteuse de cet espoir et l’incarne avec une vivacité déconcertante. Zaira Wasim est d’ailleurs formidable dans ce rôle principal qui vient confirmer ses débuts prometteurs dans Dangal, pour lequel elle recevra le National Award du Meilleur Second Rôle Féminin. Et oui, rien que ça.

ET PUIS ZAIRA WASIM, C’EST UN PEU NOTRE NOUVEL ESPOIR POUR LE CINÉMA DE BOLLYWOOD. Investie, généreuse et incroyablement juste, on lui prédit un très bel avenir. Cette jeune fille de seulement 17 ans a d’ailleurs remporté le prix de la critique aux Filmfare Awards dans la catégorie ‘Meilleure Actrice’ pour Secret Superstar. Et on comprend pourquoi.

2.

L’A V I S D ’ E L O D I E HAMIDOVIC

N’importe qui peut être sceptique face à la trame de Secret S u p e r s t a r. Moi la première, je n’étais pas certaine de vouloir regarder une énième production sur un rêve de musique et de paillettes. Je pense avoir eu ma dose avec les dizaines de productions Disney qui ont défilé durant mon adolescence. L’Inde aussi a eu son lot de pépites musicales dans le genre.

ALORS, QU’EST-CE QUE SECRET SUPERSTAR ALLAIT-TIL AMENER DE PLUS ? C’est dans cette optique que j’ai visionné le métrage d’Advait Chandan, en me disant que peut-être, ce serait un bon film du dimanche, mon expression favorite pour balancer dans un panier des films pas désagréables, mais pas parfaits et souvent pas très réfléchis.

Pourtant, j’étais aussi curieuse de retrouver la jeune Zaira Wasim que j’avais trouvé exceptionnelle dans Dangal. Aussi, je savais que la bande-son serait à la hauteur, Amit Trivedi étant aux commandes. Depuis ses débuts, j’écoute en boucle ses albums comme ceux d’Aisha, Ishaqzaade, Kai Po Che!, Lootera, Udta Punjab ou dernièrement PadMan. Et encore, ce n’est qu’une petite brochette. Ce compositeur arrive à trouver l’univers musical > 163


approprié aux films qui lui sont confiés, jonglant d’un style à un autre, posant parfois sa voix pour certains des titres. Il est d’ailleurs excellent chanteur ! C’est donc sans surprise qu’à la sortie de la chanson «Main Kaun Hoon», celui-ci a fait le buzz en ligne. Pourtant, je me retenais d’écouter l’album, par crainte de gâcher mon futur visionnage.

On peut faire confiance à Aamir Khan pour prendre soin de ses productions. Mr Perfectionnist a encore frappé. Mais pas complètement. Je me souviens d’une interview de la jeune Zaira Wasin racontant qu’elle avait suggéré certains détails durant le tournage pour être la plus réaliste possible. Ainsi, le crayon au bout de sa guitare, c’est elle. Aamir Khan a aussi complimenté la demoiselle en disant qu’elle était une actrice née, très naturelle dans son jeu et soucieuse des détails. Et ça se ressent complètement.

Les acteurs de Secret Superstar sont tous particulièrement excellents. Et cela va au-delà de Zaira, car Meher Vij est divine dans le rôle de la mère d’Insia. Raj Arjun est facilement détestable, là où Aamir Khan est délicieusement drôle. Tirth Sharma, l’interprète de Chintan, est attachant au possible et il en va de même pour le petit Kabir Sajid Shaikh. 164

UNE HISTOIRE QUI VA PLUS LOIN QUE CELLE DE LA JEUNE RÊVEUSE. Oui, Insia rêve d’être célèbre, de chanter devant le monde entier, de gagner un prix de la meilleure chanteuse, mais elle se bat avant tout pour une passion qui lui est interdite. C’est sa mère qui tentera de l’aider, de trouver une voie dans laquelle elle puisse s’épanouir et durant tout le film, Insia gagne en maturité face aux obstacles et complications qui lui font face. Petit à petit, le rêve d’Insia se transforme pour être bien plus que celui d’une adolescente rêvant de gagner une statuette. Devenir chanteuse devient un moyen pour elle d’aider sa famille, d’aider sa mère et de trouver une certaine liberté.


Secret Superstar n’en fait pas trop.

3.

Oui, la chanson d’Insia finit par fonctionner sur Youtube et voilà le buzz ! Mais ce n’est pas aussi simple de se retrouver dans une salle d’enregistrement, face à des producteurs. Et le souci de réalisme se ressent dans de nombreux points. Son entourage n’est pas seulement là pour l’encourager et lui dire qu’elle a un don, ils sont ceux qui l’aident à monter les marches vers son rêve. Et il y a tellement de détails dans lesquels le spectateur peut se projeter. Qui n’a pas déjà mis en place des combines pour demander l’autorisation de ses parents ? Moi la première, j’ai peut-être bien trouvé les 101 manières pour que mon père finisse par accepter de me laisser faire des choses comme dormir chez une copine, aller au cinéma ou même faire du théâtre.

Prédire la qualité d’un film avant qu’il ne sorte en salles est de coutume assez difficile. Maintenant que toutes les personnes dans l’industrie cinématographique semblent suivre le même schéma pour créer leurs métrages, les signes indiquant l’efficacité d’un produit final ne sont pas évidents à trouver.

La voix de demain. L’une des choses que j’ai le plus appréciées dans le film, c’est la voix de Meghna Mishra. Mise en avant, le plus souvent simplement accompagnée d’une guitare, le métrage ne nous ment pas. Insia a un don. Une voix des plus charmantes qui pourrait bien transformer sa vie.

Impossible de ne pas vouloir que cette fille aille jusqu’au bout de son rêve. Je me suis retrouvée à applaudir, à pleurer, à rire. Secret Superstar est finalement très loin du film du dimanche auquel je m’attendais et c’est tant mieux !Ce fut une vraie surprise, avec un vrai message pour une nouvelle génération de passionnés. Je ne suis pas prête de l’oublier.

L’A V I S D E FAT I M A ZAHRA EL AHMAR

Cependant, quand le nom d’Aamir Khan est associé à un projet, on ne peut s’empêcher de s’attendre à un très bon résultat. Insia Malik (Zaira Wasim) est une adolescente comme bien d’autres. Obligée d’aller à l’école parce qu’il le faut, sa passion est tournée vers sa guitare et sa musique. Ce qu’elle cache est une rage générée par la violence de son père, et l’environnement d’abus dans lequel elle a grandi. Son quotidien est rendu meilleur le jour où Insu se permet de rêver. Vêtue d’une burqa pour cacher son identité, elle lance sa chaîne Youtube et devient un phénomène. Une superstar secrète.

DANS SES PRÉMICES, SECRET SUPERSTAR CONFIRME UNE RÈGLE DE BASE QUE BEAUCOUP DE RÉALISATEURS SEMBLENT OUBLIER À BOLLYWOOD : IL N’Y A RIEN DE PLUS EFFICACE QUE LA SIMPLICITÉ. A condition que cela vienne avec un casting capable de délivrer au public les émotions adéquates. L’histoire parsemée de mélodrame, décorée d’une histoire > 165


d’amour entre adolescents et dosée de l’humour excentrique d’une célébrité cache sous cette couche commerciale un beau message. La violence conjugale est le thème moteur de ce métrage dans lequel Zaira excelle en prêtant ses traits à la jeune Insia. Tout peut sembler prévisible, et la bande-annonce a déjà donné une idée de ce que serait le film. Mais la manière dont le tout a été exposé est captivante.

Dès sa première scène, le réalisateur a su miser sur le réalisme de ses techniques. J’ai pu voir le monde de cette gamine à travers sa vision. Comme toute autre fille dans ces conditions, on arrive facilement à comprendre ce qu’elle traverse : sa colère contre la vie, son incompréhension face aux choix de sa mère, son espoir de rêver, ainsi que son désespoir quand son avenir commence à s’assombrir. Cependant, il y a bien une chose qui m’a empêchée d’adorer le film : après une première partie très réussie, Advait Chandan a un peu bâclé les choses dans la seconde partie.

Aamir Khan est l’un de mes acteurs préférés. Je conçois que sa présence eut été fondamentale pour soutenir sa propre production. Mais je trouve que son personnage constitue le maillon faible du métrage pour la simple raison qu’il n’a pas été très bien utilisé. Shakti Kumarr (avec double r, pour le fun) est excentrique, c’est le moins que l’on puisse dire. Son duo avec Insu est insolite. Elle arrive à le rendre plus humble, plus 166

authentique vis-à-vis de sa vision de la musique. Mignon, je l’admets. Cependant, l’intégralité de leur lien repose sur l’alchimie qu’Aamir Khan et Zaira Wasim partagent et rien d’autre.

LE PERSONNAGE D’INSU PASSE DE « MON DIEU, QUELLE RACLURE ! PLUTÔT MOURIR QUE DE LE SUPPORTER » À « C’EST MON ANGE GARDIEN » EN UNE JOURNÉE. J’exagère peut-être, or je trouve que les deux n’ont pas eu suffisamment le temps d’interagir pour réellement établir la relation de mentor-protégée que Chandan exposait. En toute honnêteté, j’aurais préféré que le réalisateur prenne la route d’un Taare Zameen Par pour sa seconde partie, en laissant suffisamment d’espace à ces deux personnages pour évoluer. Ce n’était peutêtre pas le but, mais c’est une chose que j’aurais aimé voir.

Secret Superstar est bien. Simple, adorable, avec un message plein de courage et d’espoir. Ses détails auraient pu être mieux travaillés mais le métrage reste agréable et ne déçoit pas quand il s’agit de donner au public ce qui lui a été promis.



R

ADITYA R OY KAPUR ET SH RADDH A KAPO O R DANS LE F ILM AASH IQUI 2

RE M AK E

J U DY G A R L A ND E T JAMES MASON DANS L E FILM UNE ÉTO ILE EST NÉE 168


vs

Une étoile est née Aashiqui 2 MOTS PAR AS MAE B ENMANSO UR

L'Inde a pour habitude de miser sur les remakes, qu'ils soient régionaux ou internationaux. En effet, réadapter une œuvre aux coutumes nationales voire régionales fait office de véritable tendance dans les industries indiennes, à Bollywood comme dans les capitales dravidiennes. En 2013 sort en Inde la romance Aashiqui 2, fausse suite d’un métrage à succès de 1990 dirigé par Mahesh Bhatt. Le métrage n’a en fait rien à voir avec son prédécesseur et fera un tabac à sa sortie, demeurant à ce jour l’un des drames romantiques les plus populaires de la décennie. Pourtant, Aashiqui 2 n’est pas un film original. En effet, il s’agit du remake non officiel du métrage américain Une étoile est née, avec James Mason et Judy Garland.

Aashiqui 2 constitue-t-il une adaptation ratée ? Quels sont les atouts de cette version 'made in India' ? U N E É TO IL E EST N É E Réalisé par : George Cukor Industrie : Hollywood Année : 1954 Distribution : James Mason, Judy Garland Musique : Ray Heindorf

A ASH IQUI 2 Réalisé par : Mohit Suri Industrie : Bollywood Année : 2013 Distribution : Aditya Roy Kapur, Shraddha Kapoor Musique : Jeet Gannguli, Mithoon et Ankit Tiwari

Norman Maine/Rahul Jaykar (James Mason/Aditya Roy Kapur) est une vedette sur le déclin, ravagée par l’alcool. Un soir, il découvre la chanteuse Esther Blodgett/ Aarohi Keshav Shirke (Judy Garland/Shraddha Kapoor) et la prend sous son aile. Plus la carrière de la jeune femme prend l’ampleur, plus celle de son mentor s’éteint. Et malgré les sentiments qui l’unit à sa protégée, Norman/Rahul semble prisonnier de son addiction.... >

169


Une étoile est née en 3 points... 1. Une Judy Garland magistrale C’est clairement la grande Judy Garland qui porte le film sur ses épaules.

A la fois attachante, vive et bouleversante dans la peau d’Esther, on ne voit qu’elle dans ce qui reste la meilleure performance de sa carrière. Au travers de son jeu, on voit les différentes phases par lesquelles passe Esther, entre espoir et déception, entre sincérité des sentiments et désarroi profond jusqu’à la perdition totale. Exceptionnelle, tout bonnement.

2. Critique du système

Une étoile est née va bien au-delà de sa trame romantique et vient mettre en lumière le fonctionnement de l’industrie de Hollywood, qui peut rapidement devenir destructeur pour tous ceux qui y prennent part. On y voit effectivement Norman passer du statut de grand nom du cinéma à celui de pique-assiette décrié. Le système l’abîme pour mieux le faire sombrer.

A HOLLYWOOD, LA GLOIRE EST ÉPHÉMÈRE, ET SI LE STUDIO NE VOUS SOUTIENT PLUS, VOTRE CARRIÈRE EST FINIE. C’est aussi en cela que l’union entre Norman et Esther est mal vue par les producteurs.

3. Une mise en scène superbe

La réalisation est l’un des atouts majeurs 170

du métrage. En particulier pour un film de l’époque. Les séquences musicales du film sont réellement impressionnantes, portées de plus par la prestation habitée de Judy Garland. Les chansons viennent sublimer une image riche et soignée, qui n’a rien à envier à ce qui peut se faire aujourd’hui aux USA. Réellement, on a affaire en tous points à un classique. Ni plus ni moins.

Aashiqui 2 en 3 points... 1. La bande-originale magistrale S’il faut retenir quelque chose d’Aashiqui 2, c’est indéniablement sa musique.

L’album est effectivement un joyau de la scène musicale hindi. De l’incontournable « Tum Hi Ho » au plus rock « Milne Hai Mujhse Aayi », Aashiqui 2 est venu révéler au grand public le talent d’un certain Arijit Singh, depuis devenu coutumier les bandes-son de Bollywood. Mais l’intégralité de la musique du métrage est inoubliable, de « Chahun Main Ya Naa » à « Bhula Dena », en passant par « Sunn Raha Hai » et « Aasan Nahin Yahan ». Bref, des morceaux magnifiques qu’il ne faut pas manquer.

2. Incroyable alchimie

Ce qui fonctionne dans ce film, c’est l’osmose qui unit Aditya Roy Kapur à sa partenaire, Shraddha Kapoor. La force de leur couple et la sincérité de l’amour qui les lie nous fait pleinement croire en leur idylle. Et si Aditya est formidable en musicien alcoolique et écorché vif, Shraddha surprend en amoureuse entière, prête à tout pour sauver l’homme qu’elle aime.


IL S’AGIT SANS DOUTE DE SA PRESTATION LA PLUS NUANCÉE. C’EST AAROHI QUI PORTE À BOUT DE BRAS RAHUL POUR QUE LEUR AMOUR TRIOMPHE. Au-delà de la romance qui se joue entre eux, Aashiqui 2 a su adapter d’Une étoile est née la combativité et la douceur de son héroïne, en illustrant cette femme qui se fiche de la gloire, et pour laquelle seul le bien-être de son amoureux compte.

3. Une trame bâclée

Là, on touche à un point sensible. Car il aurait été sans doute suicidaire de copier Une étoile est née dans son entièreté tant le métrage est inimitable. Pour autant, Aashiqui 2 lui ressemble trop pour réellement se distinguer. La fabrication de ce remake est plus sommaire, bien moins inspirée que celle d’Une étoile est née, pourtant produit en 1954. L’écriture aussi manque cruellement d’étayage.

Si l’histoire d’amour fonctionne, il manque à Aashiqui 2 une analyse plus étoffée de la psychologie de ses personnages, qu’on peine à comprendre et à cerner. J U DY G A R L A N D ET JA MES M AS O N DA N S LE F I L M U N E É TO I L E EST N É E

En conclusion Si Aashiqui 2 est une très belle romance dramatique, Une étoile est née est un chefd’œuvre ! Ce qu’il faut en tout cas retenir des deux métrages, c’est la puissance de leurs héroïnes. Leur vulnérabilité, leur générosité et leur honnêteté. Judy Garland est impériale. Et s’il n’y a pas lieu de comparaison avec elle, Shraddha Kapoor s’en tire impeccablement et se livre comme jamais dans ce qui reste son rôle le plus impactant.

LA MORALE, C’EST QUE MÊME EN AMOUR, LES FEMMES SONT FORTES ET DÉTERMINÉES.


KAAL A, AU C INÉ MA L E 7 J UIN P RO C H AINE ME NT DANS VO S SAL L ES !

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NEWS & CINÉMA

... UN PA R F U M DU SUD


N

Les Immanquables des News Dravidiennes

NE WS

MOTS PAR ASMAE BENMANSO UR

VI JAY S E T H U PAT HI E T AI S H WARYA RAJ ES H DANS L E F IL M PANNA I YAR U M PA DM I NI Y U M

1.

2.

Vijay Sethupathi face à Anjali. Le célèbre ‘Makkal Selvan’ enchaîne les projets ! Parmi eux, il donnera la réplique à l’actrice Anjali dans le prochain métrage d’Arun Kumar, qui collabore pour la troisième fois avec Vijay après les films Pannaiyarum Padminiyum et Sethupathi. Il s’agira d’une road-movie aux aspects de thriller dont la musique sera composée par Yuvan Shankar Raja.

Vidya Balan dans un film télougou ! En effet, l’actrice devrait donner la réplique à l’acteur Nandamuri Balakrishna dans le biopic consacré au père de ce dernier, ancien acteur et homme politique. Elle y incarnerait sa première épouse dans cette réalisation de Teja.

174

3.

Nivin Pauly signe un nouveau projet. Il travaillera effectivement avec Vyshak, réalisateur du succès populaire Pulimurugan. S’il y a peu d’informations concernant ce film, on sait toutefois qu’il s’agira d’un film familial sur fond de vie étudiante. Le tournage devrait débuter en septembre prochain.


FA H ADH FAAS IL DA N S L E F I L M T H OND IM U T HA LU M DR I K SA K S HIY U M

4.

Fahadh Faasil et Catherine Tresa réunis. Le comédien officiera dans les débuts de cinéaste de Vivek en homme urbain et libéré, loin de ses rôles rugueux dans les films Maheshinte Prathikaram et Thondimuthalum Driksakshiyum. Il fera face à la jeune Catherine Tresa, qui revient à Mollywood après 8 ans d’absence et son dernier film malayalam, The Thriller, sorti en 2010. Les acteurs vétérans Alencier Lopez et Renji Panicker seront également de la partie.

5.

Tamannaah Bhatia rejoint Chiranjeevi. La belle sera au casting du projet télougou Sye Raa Narasimha Reddy, film ambitieux avec Chiranjeevi et dans lequel Amitabh Bachchan fera une brève apparition.

LE MÉTRAGE CONSTITUERA UN BIOPIC SUR UYYALAWADA NARASIMHA REDDY, L’UNE DES PREMIÈRES FIGURES DE LA LUTTE CONTRE LA COLONISATION BRITANNIQUE. P H OTO G RA P HIE LO RS D U TOU R N AG E D U F IL M SY E RA A N A RAS IM HA R E D DY

Le projet sortira également en tamoul et en hindi. 175


R R I T I KA S I N GH

RI TIKA SING H la combattante

MOTS PAR AS MAE B ENMANSO UR P H OTO G RAP HIE DU COMP TE INSTAG RAM DE L’ACTR ICE (@R ITIKA_O F F L)

Personne ne l’attendait. Une ancienne boxeuse en starlette des cinémas dravidiens ? Cela peut surprendre, moi la première ! Pourtant, Ritika Singh a mis tout le monde d’accord dès ses débuts face caméra. Et si l’industrie hindi n’a pas su optimiser son potentiel, la jeune femme est devenue l’une des actrices les plus en vogue à Kollywood puis Tollywood. Indubitablement, il faudra compter avec la singulière Ritika Singh, qui vient marquer le sud de sa pugnacité, avec la même énergie que la championne de boxe qu’elle est, oubliant les bourre-pifs pour les troquer avec les séquences dansés.

176


Originaire de Kalyan, banlieue lointaine de Mumbaï, elle est entraînée à la boxe dès l’enfance par son père, lui-même ceinture noire de karaté et champion de kick-boxing. Son frère Rohan est également de la partie et est formé à ses côtés. Ritika fait ses débuts sur la scène internationale en tant que kick-boxeuse. En effet, elle participe Jeux Asiatiques en salle de 2009, où elle s’incline en quart de finale face à la kazakh Shagiya Zhamalova. Trois ans plus tard, elle prend part à la saison inaugurale de la Super Fight League fondée par l’acteur Sanjay Dutt et l’entrepreneur Raj Kundra.

ELLE REMPORTE SON PREMIER COMBAT EN NOVEMBRE 2012 À MUMBAI, FACE À AYA SABER. Pourtant, la jeune athlète essuie plusieurs échecs qui la fragilisent. R. Madhavan la découvre lors d’un de ses combats.

« J’ai été mauvaise, ce jour-là, et j’ai été éliminée. J’étais blessée au genou et je n’arrivais même plus à marcher correctement. Je n’avais que 18 ans et j’étais convaincue que ma carrière était fichue. » La jeune femme est contactée par l’acteur, également producteur de l’œuvre, et passe une audition qui sera un succès. L’équipe du film souhaite effectivement solliciter une boxeuse professionnelle et fait donc appel à Ritika en toute logique. Cette dernière accepte immédiatement.

« C’est un rêve devenu réalité ! Je n’y ai pas réfléchi à deux fois, j’ai juste dit oui. Imaginez

jouer dans une production de Rajkumar Hirani avec Madhavan, qui peut obtenir un meilleur rôle que celui-là ? » Il faut dire que la jeune femme adore jouer avec la caméra. Grâce à l’application Dubsmash, elle danse et reprend ses scènes favorites du cinéma indien. Cependant, c’est avec R. Madhavan qu’elle fera face à un plateau de tournage pour la première fois de sa vie. Pour ce projet, la jeune femme tourne à la fois en tamoul et en hindi. Elle met un frein aux compétitions et consacre 4 années au métrage. Au départ, la transition entre fiction et réalité est quelque peu délicate pour la sportive.

« Dans un vrai match, tes coups sont durs et vifs. Au début du tournage, je me battais comme si j’étais dans un vrai combat. Puis j’ai réalisé que je ne pouvais pas frapper si fort. » Pour la version Kollywood, elle apprend phonétiquement ses répliques et peut s’appuyer sur le soutien de son partenaire aguerri, qui n’est autre que l’excellent R. Madhavan. Intitulé Irudhi Suttru en tamoul et Saala Khadoos en hindi, le métrage vaut à l’actrice débutante des retours dithyrambiques ainsi que nombre de récompenses. C’est un véritable virage pour l’aspirante actrice.

« En tant que sportifs, nous sommes entraînés afin de contrôler nos émotions, là où les acteurs doivent exprimer chaque nuance de leur personnage. > 177


Dans le kick-boxing, tu ne peux pas te permettre de montrer ta faiblesse dans le sens où ton adversaire peut en profiter. Pour ce film, je jouais une boxeuse qui portait un casque à longueur de temps, tout en étant en mesure d’émouvoir. » Dans la peau de Madhi, une poissonnière des bidonvilles de Chennai qui devient boxeuse sous la houlette d’un champion déchu de la discipline, Ritika Singh est une révélation. Récipiendaire d’une mention spéciale aux National Awards, elle remporte le Filmfare Award du Meilleur Espoir Féminin pour la version Bollywood de la production ainsi que le South Filmfare Award de la Meilleure Actrice pour son pendant kollywoodien.

« C’est le premier trophée de ma vie. Ô mon Dieu… c’est incroyable ! Les gens reçoivent des prix après plusieurs années de carrière. J’en ai reçu un pour mon tout premier film. » Elle se souvient également du soir des Filmfare Awards durant lequel elle sera sacrée pour ses débuts en hindi. Ce soir-là, c’est aussi son allure qui a interpellé les médias, loin des tenues de grands créateurs.

« Je portais une robe pour les Filmfare. J’allais presque quitter la maison quand j’ai fait demi-tour. J’ai dit à mon frère que je ne le sentais pas. Il fallait ajouter quelque chose. 178

Du coup, j’ai mis mon perfecto par-dessus. Et là, c’était moi, Ritika Singh. Allons-y ! » Plus tard dans l’année, elle signe le film tamoul Aandavan Kattalai, un drame satirique dans lequel elle donne la réplique à Vijay Sethupathi. L’actrice a adoré collaborer avec le célèbre Makkal Selvan de Kollywood.

« Il est fantastique. C’est un incroyable interprète. Et il a un cœur d’or. Il est gentil avec tous les gens qu’il croise. » Elle reprend le rôle qui a fait sa gloire dans le remake télougou de Irudhi Suttru, intitulé Guru. Pour ce film, elle fait ses débuts à Tollywood et donne la réplique à la vedette locale Venkatesh. Lorsqu’elle reçoit le trophée de la ‘Trouvaille de l’Année’ pour ce projet lors des Zee Golden Awards, la jeune femme se livre avec émotion.

« Je me souviens avoir dit à mon père en regardant Million Dollar Baby que si un tel film sur la boxe était fait en Inde, j’adorerais le faire ! Je le disais à l’époque sans vraiment y croire, c’était un rêve de gamine. » D’ailleurs, l’actrice note quelques différences entre son personnage dans la version télougou et celui qu’elle a campé pour les films en tamoul et en hindi.

« Mon personnage dans Guru est cool. Elle est plus >


RITIKA SINGH DANS LE FILM

IRUDHI SUTTRU (2016) 179


charismatique. Alors que dans Saala Khadoos et sa version tamoule, elle est plus impétueuse, plus impertinente et rugueuse. » Elle avoue s’être grandement inspirée de Pawan Kalyan pour irradier cette présence plus marquée à l’écran. Plus tard, elle s’essaye au film d’horreur avec Shivalinga, dans lequel elle joue face au spécialiste du genre : Raghava Lawrence. En épouse en quête de sensations fortes, la comédienne s’impose et prouve qu’elle a définitivement raccroché les gants pour se consacrer à sa nouvelle vocation.

« J’ai choisi le film à cause de mon personnage. En voyant le film, vous comprenez pourquoi j’ai décidé d’y prendre part. Le personnage est génial. Il a tellement de nuances. Quand j’ai pris connaissance du scénario, la première fois, j’ai eu peur. Je pensais ne pas être à la hauteur. Que je devrais peut-être dire non. Puis j’ai pris conscience que c’était justement parce que ce projet me faisait peur que je devais absolument l’accepter. » En mars dernier, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Ritika jouait dans #Iamsorry, un court-métrage dirigé par Ashiwi Chaudhary qui évoque les troubles mentaux par lesquels passent les femmes. Le projet donne l’alerte sur l’absence de dispositif d’aide aux femmes en profond mal-être. Aucun numéro 180


d’urgence n’a été initié par l’Etat indien. Par le biais de ce petit film, l’actrice montre son engagement et sa sensibilité pour les rôles forts et périlleux.

CETTE ANNÉE, ELLE SERA L’HÉROÏNE DE VANANGAMUDI, UN FILM D’ACTION AVEC L’UN DE GRANDS NOMS DU CINÉMA TAMOUL DES 1990’S : ARVIND SWAMY. Nous vous en parlions dans notre précédente édition : la comédienne jouera également avec Taapsee Pannu dans la production à venir de Kona Venkat. Il s’agira d’un thriller dans lequel la jeune femme changerait de look, selon l’équipe du film. Le projet fera par ailleurs l’objet d’une version en langue hindi, capitalisant sur la popularité de Taapsee ainsi que sur l’intérêt nouveau que suscite Ritika.

« J’incarne une jeune fille de la haute société. Loquace et directe, c’est aussi ce que je suis dans la vie. Mon réalisateur me laisse la liberté de rendre ce rôle réaliste. » Ritika Singh est aussi naturelle à l’écran qu’à la ville. Lors de ses interviews, elle n’en fait jamais trop, vêtue d’une chemise ample et d’une paire de jeans. Lucide sur la difficulté de pérenniser une carrière au cinéma, la jeune femme a déjà réfléchi à un plan B.

combattre sur la scène mondiale en rendant l’Inde fière de moi. » MAIS POUR L’INSTANT, RITIKA EST LÀ. Elle enchaîne les projets. Sa chevelure bouclée, son implication et sa simplicité ont séduit l’Inde du sud. Ce qui la différencie de ses collègues, c’est probablement son authenticité et ses choix artistiques audacieux. Loin d’elle l’idée d’entrer dans le carcan de l’héroïne glamour et superficielle. Ritika veut que ses rôles aient une vraie place à tenir dans la narration. La jeune femme se satisfait de l’accueil reçu par les industries tamoule et télougoue à son endroit.

« Le public m’a acceptée chaleureusement. J’apprends la culture du cinéma ici. Aussi, je reçois de plus en plus d’offres de films dans le sud et j’apprends les deux langues (le télougou et le tamoul) en observant les équipes sur le tournage. Jusqu’ici, j’ai vécu une superbe expérience. » Et pour sûr, elle n’est pas terminée !

« Si je ne réussis pas au cinéma, je peux toujours refaire du sport. Je continue de m’entraîner au karaté et au kick-boxing. Mon rêve est de > 181


C CRITIQUE

MILI M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR

Thème ‘Girl Power’ oblige, j’ai choisi d’évoquer un film malayalam centré sur son personnage féminin. Et contrairement à d’autres industries dravidiennes comme Tollywood ou Sandalwood, il y en a à la pelle ! Et après avoir longuement pensé aux dernières œuvres de l’excellente Manju Warrier, j’ai finalement décidé de remonter un peu plus loin, plus précisément jusqu’en 2015.

C’est effectivement cette annéelà que sort Mili, réalisation du regretté Rajesh Pillai, disparu un an plus tard. 182

Mili (Amala Paul) va mal. Très mal. Mais elle ne le sait pas. Du moins, elle ne se doute pas de la mesure de sa souffrance. Tout le monde la trouve agaçante, voire antipathique. Son père (Sai Kumar) croit qu’elle a juste mauvais caractère. Pourtant, la jeune femme va être forcée de travailler sur ces émotions qui la dévorent de l’intérieur, pour mieux envisager l’avenir. Naveen (Nivin Pauly) est le premier à lui tendre la main dans cette voie…

AVANT QUE BOLLYWOOD NE S’Y ATTARDE AVEC LE MÉTRAGE DEAR ZINDAGI, MILI PARLE DE LA DÉLICATE QUESTION DE LA DÉPRESSION. Mais contrairement au film hindi où le cheminement de l’héroïne se construit dans la relation duale qui la lie à son psychothérapeute, Mili puise sa force de vivre dans tous les pans de son existence. Mili ne cède pas au misérabilisme. Au contraire, ce portrait de femme est mis en scène avec beaucoup de nuance.


Pas de drame, jamais un mot plus haut que l’autre, encore moins d’hystérie. Pourtant, il s’agit bien d’une œuvre sur l’extériorisation. Mili apprend à se découvrir pour mieux s’écouter.

Dans un de ses rôles les plus bouleversants, Amala Paul m’a cueillie en jeune femme démunie face à sa détresse. Je me suis d’ailleurs beaucoup vue en elle après avoir traversé une phase également délicate. Car la question de la dépression est aussi difficile à identifier que compliquée à évoquer. Il y a ce sentiment de honte qui nous envahit, car au fond, on n’est pas malade. Et en même temps, on somatise de tous les côtés, entre maux de ventre et migraines à répétition. Plus rien ne prend sens autour de nous et tout ce qui constitue notre existence s’effrite.

CONSCIENTISER SA DÉPRESSION EST DÉJÀ UNE ÉTAPE DIFFICILE. Admettre qu’on va mal et le verbaliser l’est encore plus. Il y a aussi ces regards malveillants et jugeants qui peuvent nous mettre en plus des bâtons dans les roues. Mili passe par toutes ces phases avant de s’autoriser à décompenser ce mal qui la ronge, pour ensuite être en mesure de rebondir. Elle se reconstruit à travers son projet professionnel et son travail auprès des enfants qui semblent être les seuls à l’accepter telle qu’elle est. Au-delà de l’état dépressif périodique que traverse Mili, le film vient questionner les fonctionnements parentaux où la valorisation, l’écoute et la réassurance ne sont pas toujours au rendez-vous.

Car en chaque adulte en mal de vivre réside un enfant ou un adolescent qui doute de sa valeur. Mili en est le parfait exemple. Cette jeune femme s’est déconstruite face aux attentes qui lui étaient imposées et auxquelles elle n’était pas en mesure de répondre. En grandissant, elle souffre d’un énorme complexe d’infériorité qui l’amène à s’isoler.

Sai Kumar est excellent en père à la fois bienveillant et pressurisant, qui peine à supporter les tergiversations de sa fille dont il ne saisit pas la cause. Nivin Pauly tient ici un rôle plus secondaire dans la peau d’un coach en développement personnel, qui identifie le mal-être de Mili pour mieux l’accompagner dans le travail qu’elle mène dessus. L’acteur démontre au passage qu’il n’a pas besoin d’être au centre d’un métrage pour y prendre part. Il porte sur Mili un regard bienveillant, celui qui lui a si longtemps manqué. Et ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est qu’on ne nous a pas vendu de romance entre ces deux protagonistes, là où c’est le schéma narratif qui aurait été attendu tant il a été exploité au cinéma par le passé. Naveen n’a pas vocation à séduire Mili, ce n’est pas sa place ni son intention. Il fait davantage figure de personne ressource dans le cheminement de la jeune femme, lui qui a su déceler les indicateurs de sa souffrance.

Rajesh Pillai livre un métrage ‘coming of age’ distillé et sensible. Son propos est finement rodé et son approche artistique est aussi émotionnelle que visuelle. > 182


Le cinéaste raconte effectivement son histoire en s’attachant aux détails, qu’il sème tout au long du récit. La musique de Gopi Sundar met en relief le propos de Mili. J’ai personnellement eu un vrai coup de cœur pour « Manpatha Neettunna », interprété par le merveilleux Shaan Rahman.

En conclusion MILI EST UNE ŒUVRE POSITIVE QUI MONTRE COMMENT UNE JEUNE FEMME AU BORD DU GOUFFRE DÉCIDE DE METTRE EN PLACE DES LEVIERS POUR ÉVOLUER ET FAIRE ENFIN L’EXPÉRIENCE DU BONHEUR. Amala Paul n’a pas volé son prix de la critique aux South Filmfare Awards tant elle touche par sa vulnérabilité et sa délicatesse,

sans jamais s’éparpiller ni s’agiter pour rien. Au contraire, c’est dans les petits regards perdus, les fines larmes et les silences que la comédienne nous rend l’histoire de Mili plus réelle et poignante. Et quelle meilleure incarnation du ‘Girl Power’ qu’une femme qui, malgré des démons qui lui appartiennent, lutte contre une souffrance intérieure pour enfin s’épanouir ? Car être une femme forte, ce n’est pas forcément être en opposition vis-à-vis d’un oppresseur, généralement personnifié par un membre de la gente masculine. Oui, il existe (je sais, c’est dingue !) des hommes bons et encourageants qui voudront du bien aux femmes.

Mili ne lutte pas contre des humains qui la limitent. Elle se bat contre elle-même. Et remporte son combat haut la main.


C C RI T I Q U E

URVI MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR

POUR LA PREMIÈRE FOIS, JE REGARDE UN FILM EN LANGUE KANNADA DANS LE CADRE DU MAGAZINE. Il s’agit d’Urvi. Un thriller porté par une distribution largement féminine. Impeccable pour notre édition thématique ‘Girl Power’. Sauf que je me suis heurtée à quelques déconvenues lors de ce visionnage. Déjà parce que c’est plombant au possible. Pas la peine de vous dire que je ne pétais pas la forme après avoir vu Urvi.

Ceci étant, je ne peux pas dire que je me sois ennuyée.

La trame est en mouvement perpétuel, parfois même au point que ça puisse être difficile de tout suivre. On sent beaucoup d’intention de la part de l’équipe du film, qui livre une vraie production ‘women centric’ dans une industrie kannada où ce sont les stars masculines qui fédèrent. J’avais donc envie de donner sa chance au métrage. Urvi vient mettre en opposition l’existence emplie de promesses d’Asha (Sruthi Hariharan), jeune étudiante en médecine avec le quotidien de Suzie (Shraddha Srinath) et Daisy (Shweta Pandit) où aucune place n’est faite aux rêves et aux espoirs.

QU’EST-CE QUI FONCTIONNE ? > 185


Le casting. Si le film fonctionne, c’est par les prestations honnêtes de ses trois héroïnes, à commencer par Sruthi Hariharan. Dans la peau d’Asha, l’actrice est impressionnante de justesse et de sensibilité, entre force et fragilité. Face à elle, Shraddha Srinath (révélée au cinéma tamoul dans le succès Vikram Vedha) fait un virage à 180° en incarnant Suzie, prostituée au passé tragique. Brisant délibérément son image de jeune fille sage, la comédienne insuffle beaucoup de douceur à son personnage et surprend dans ce nouveau registre.

De leur côté, Bhavani Prasad comme Achyut Kumar (respectivement Bobby et Devru) sont de déroutants antagonistes. L’une comme l’autre contribuent à instaurer l’ambiance suffocante du métrage. Ils prouvent à quel point ils brillent en nous rendant leurs personnages respectifs particulièrement détestables.

La direction artistique. La photographie est intéressante puisqu’elle joue avec la lumière et les teintes pour plonger le spectateur dans les différentes atmosphères qui jonchent le récit, tantôt vive et colorée, tantôt sombre et dépareillée.

186

auxquelles on a tout pris. Entre blessures et espérances, l’album du métrage vient sublimer les prestations de ses actrices, donnant à voir (et à entendre) un mariage harmonieux entre le travail visuel et auditif autour du film. Le titre qui reste particulière en mémoire, c’est « Urvi Theme Song », morceau rugueux et ardent sur lequel les héroïnes se débattent pour sauver leur peau.

QU’EST-CE QUI NE FONCTIONNE PAS ?

L’ é c r i t u r e d e l a trame. Urvi part hélas dans tous les sens. Le réalisateur ouvre des parenthèses qu’il ne ferme jamais, pour certaines. Il y a notamment l’amoureux voyou de Suzie qui fait des apparitions éclairs mais dont la présence à l’écran ne recouvre aucun enjeu réel. Aussi, l’enfance traumatique de Suzie n’est pas suffisamment exploitée et ne sert finalement de toile de fond.

Urvi avait un potentiel scénaristique fort, mais se perd dans la concrétisation de son histoire à l’écran. Difficile de comprendre là où le cinéaste veut en venir, également de comprendre où il veut nous mener.

La musique.

Les variations de genre.

Lauréat d’un Grammy Award, Manoj George livre une bande-originale puissante et inspirée de la force résiliente de ces femmes

On passe du drame néo-réaliste au thriller psychologique, entre deux séquences romantiques et enlevées.


C’est très déstabilisant pour le spectateur. D’autant qu’ici, l’ambiance fluctuante ne sert pas vraiment l’histoire. Ca peut avoir son intérêt lorsque le quotidien d’un personnage est bousculé au possible, passant du rêve au cauchemar, du calme à la tempête. C’est ici le cas du personnage d’Asha, qui sombre dans la prostitution malgré elle et voit son devenir compromis sans s’y attendre. Mais étrangement, c’est sur l’histoire de Suzie que le réalisateur change d’atmosphère, là où la jeune fille a toujours été confrontée à une vie très noire. Alors peut-être que son histoire d’amour naissante peut être vectrice d’espoir. C’est sans doute ce que le cinéaste a voulu nous montrer. Hélas, le résultat est trop abrupt et incohérent pour nous embarquer.

La fin. La conclusion du métrage gâche tout. Déjà parce que le revirement de mentalité du grand méchant de l’histoire n’a rien de crédible. On comprend l’intention du cinéaste, qui est de montrer que les femmes exploitées sexuellement ont aussi des parents qui peuvent être perturbés par leur condition. Mais dans les faits, cette altération psychique sonne terriblement faux.

scène, le ‘twist’ qui suit est aussi surprenant qu’il n’est déconcertant. Pourquoi y avoir eu recours ? On a le sentiment que le réalisateur ne savait pas comment finir son film. Hélas, à ce niveau, c’est un échec cuisant.

En conclusion DU COUP, JE SUIS UN PEU EMBÊTÉE. Vous allez sûrement vous dire que les films de l’industrie de Sandalwood (oui, ça s’appelle comme ça, ne rigolez pas) sont à proscrire… Personnellement, ce n’est pas la leçon que j’ai envie d’en tirer. Déjà, je suis rassurée sur un préjugé que j’avais avant de m’intéresser aux films kannada : non, toutes les productions locales ne sont pas des masala réducteurs et misogynes.

Je sais donc que Sandalwood est en mesure de proposer des films différents et audacieux.

COMMENT DEVRU PEUT-IL PASSER DU BARON LIBIDINEUX SANS PITIÉ AU PÈRE ÉPLORÉ RONGÉ PAR LE REMORD ?

Urvi s’est planté dans son ambition. S’il avait été plus modeste, s’il avait moins eu cette envie de parler de plein de sujets différents, il aurait sans nul doute gagné en pertinence et en efficacité. On est loin du carnage cinématographique, certes. Mais dans le genre, je préfère largement vous recommander un film comme La Saison des Femmes, par exemple, dont je vous parle également dans ce numéro.

Aussi, le revirement de situation qui est proposé en épilogue laisse pantois. En quoi cela servait-il le propos de l’œuvre ? Si le changement de vision Devru prenait sens malgré la grande maladresse de sa mise en

Cela dit, sachez que j’irai mettre mon nez plus régulièrement dans les productions du Karnataka, en espérant pouvoir vous faire connaître de belles surprises et, pourquoi pas, quelques pépites méconnues... 187


C CRITIQUE

FIDAA M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR

SAI PALLAVI ET VARUN TEJ FONT PARTIE DES ACTEURS DE LA JEUNE GÉNÉRATION DRAVIDIENNE QUE JE SUIS AVEC ASSIDUITÉ. J’attendais particulièrement Varun tant son film précédent, Mister, m’avait déçue. En 2017, ils sont tous les deux à l’affiche de Fidaa, comédie romantique de Tollywood qui a fait des ravages à sa sortie. Bref, autant vous dire que ce projet me faisait envie. Parce que si j’avais déjà fait l’expérience d’un film lamentable avec Varun, j’avais jusquelà toujours été enchantée par le travail de Pallavi dans chacun de ses métrages. Fidaa recouvrait donc deux énormes enjeux : me réconcilier avec Varun Tej et conforter mon affection grandissant pour la célèbre Malar de Premam.

Qu’en est-il finalement ? Varun (Varun Tej) vit avec ses frères aux Etats-Unis. L’aîné, Raju (Raja Chembolu), souhaite se marier et embarque toute la fratrie en Inde à la recherche de sa future épouse. Son union est finalement arrangée avec Renuka (Saranya Pradeep), dont la jeune sœur Bhanumati (Sai Pallavi) fait des étincelles… 188

La trame semble s’inspirer des classiques de Jane Austen, entre frustration et aveux avortés. Une héroïne caractérielle face à un héros hautain et dédaigneux, qui se détestent pour finalement ne plus pouvoir se quitter…

OUI, C’EST ASSURÉMENT DU DÉJÀ-VU !


L’écriture de Bhanu n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Roopa dans le film Anand, une des réalisations antérieures de Sekhar Kammula. Dans son esprit libre, son caractère affirmé mais aussi dans sa propension à danser sous la pluie avec élégance.

Sekhar Kammula a fait de la romance son fer de lance, avant de s’essayer à un autre registre avec Leader, sorti en 2010.

LE POINT DE DÉPART NARRATIF SEMBLE RÉCHAUFFÉ À BIEN DES ÉGARDS, EN PARTICULIER DANS LA SCHÉMATISATION DES PROTAGONISTES. Varun, c’est le beau gosse immigré et quelque peu arrogant. Bhanu, c’est la ‘village belle’ et l’incarnation d’un retour aux sources.

Mais leur évolution dans la trame nous permet de les entrevoir avec plus de corps et d’épaisseur.

Pour Fidaa, le cinéaste revient à son genre de prédilection et doit parvenir à surprendre l’audience. Pari gagné puisque Fidaa est un film aérien, formidablement interprété et visuellement accrocheur. Le réalisateur a sollicité pour sa photographie Vijay C. Kumar, avec lequel il a pour habitude de collaborer. C’est effectivement à lui qu’il s’est adressé pour obtenir l’image vive et colorée d’Anand et Happy Days notamment. Les plans sont aussi soignées qu’authentiques, Vijay s’appliquant à mettre en valeur la beauté brute du Telangana.

La force de Fidaa réside dans la relative humilité de son intrigue. Si le cheminement jusqu’à l’épilogue n’est pas très originale, le cinéaste évite toute dramaturgie poussive et marque par la sobriété de la restitution de cette jolie love story. Certains détails font toute la différence. On voit Varun préparer un thé à Bhanu et non l’inverse. Aussi, le mariage de Renuka et Raju n’est pas remis en cause par rapport au fait que ce dernier soit issu d’une caste inférieure. Bhanu a surtout de vives convictions puisque son environnement familial y a été propice. > 189


FIDAA EST CERTES CONTEXTUALITÉ DANS UNE ATMOSPHÈRE RURALE, MAIS RIEN N’EST RÉTROGRADE, ENCORE MOINS PHALLOCRATE. Le seul élément regrettable dans la narration, c’est la raison expliquant la séparation des amants, trop cliché et ne collant pas à l’ambiance somme toute assez réaliste du film. A travers cela, Fidaa vient nous rappeler hélas que le cinéma télougou, même guidé par l’ambition, reste globalement prisonnier d’une certaine facilité.

Du côté du casting, Sai Pallavi s’éloigne de son image de jeune fille sage et pondérée en incarnant la volcanique Bhanu, étudiante en agriculture tempétueuse et indomptable. Elle est le point d’impact de l’œuvre et sans elle, Fidaa manquerait cruellement de saveur. Pour ses débuts au cinéma télougou, la star de Premam nous livre une prestation fine et en relief, elle en impose à tel point qu’au final, elle est la seule qui capte durablement notre attention. Elle joue avec son physique naturel et sans fioriture pour attraper la caméra et ne plus la lâcher, incarnant Bhanu avec son énergie habituelle. Bhanu est une héroïne très ‘austenesque’ dans sa construction, entre la Lizzie d’Orgueil & Préjugés et la Emma de l’œuvre éponyme. En effet, elle puise chez l’une son tempérament de feu et son aversion initiale pour le héros pour prendre chez l’autre son souhait de prioriser son père à tout projet de mariage. Bhanu est entière, ce qui est particulièrement appréciable pour un film


télougou destiné au grand public. Son caractère est étoffé, sa personnalité criante. Sa relation avec son père est emplie de bienveillance. Mais surtout, Bhanu est une femme libre et affirmé, qui se revendique par ailleurs comme une féministe. Bhanu est transparente, elle exprime son mécontentement, sa surprise comme sa déception sans filtre.

BHANU NE LAISSE PAS VARUN LA DIMINUER, ENCORE MOINS LUI FAIRE SENTIR QU’ELLE NE LE MÉRITE PAS. C’est un autre ressort qui rappelle Orgueil & Préjugés, quand l’amoureux éconduit rappelle à l’objet de son amour qu’il lui est supérieur. Lizzie comme Bhanu ne se laissent pas faire et revendiquent leur valeur.

On a aussi affaire à une héroïne qui prend du recul. Oui, elle aime Varun, mais est-il en mesure d’assurer son bonheur ? Bhanu ne se laissera pas attendrir au premier mot doux. Parce que la déclaration d’amour n’est pas le point final d’une histoire. Il n’en est d’ailleurs que le commencement. Varun avoue ses sentiments, mais quel sens met-il derrière ces mots ?

Bhanu est surtout une femme qui se protège. Elle a eu le cœur brisé et refuse de céder aux avances faciles de Varun. Car aimer n’est pas suffisant. Bhanu n’hésite pas à riposter pour montrer à Varun la souffrance par laquelle elle est passée.

LE PERSONNAGE MASCULIN N’EST PAS EN RESTE. Varun a grandi avec ses deux frères sans repère parental réel. Depuis toujours, il est très autonome et ne s’appuie sur aucune femme pour lui faciliter la vie. J’attendais de retrouver le Varun Tej fin de Kanche, et j’ai été servie. Plus charmant que jamais, l’acteur est subtil et généreux dans la peau de Varun.

De plus, il est rare qu’une vedette de cinéma télougou populaire accepte de jouer les seconds rôles derrière une femme. Varun démontre avec ce projet qu’il n’est pas comme ses célèbres cousins (Allu Arjun et Ram Charan Teja) et qu’il privilégie la qualité de son histoire à son temps d’apparition à l’écran.

IL FAUT LE SAVOIR, SAI PALLAVI EST ÉGALEMENT UNE DANSEUSE D’EXCEPTION. Si ses talent ont été timidement exploités dans Premam, elle a l’occasion de montrer ce qu’elle sait faire avec Fidaa. La séquence musicale « Vachinde » en est la preuve puisque c’est la jeune femme qui la porte par ses pas de danse à la fois envolés et maîtrisés. La bande-originale signée par Shakthi Kanth Karthick est en parfaite harmonie avec le film et son ambiance.

Un bonheur pour la spectatrice que je suis ! > 191


En conclusion POUR UNE FOIS, UNE ROMCOM TÉLOUGOUE ADOPTE LA PERSPECTIVE DE L’HÉROÏNE. Ca semble anodin et pourtant, c’est suffisamment rare à Tollywood pour être mentionné. Les enjeux du métrage tournent autour de Bhanu, de ses sentiments et de ses tourments.

C’est elle qui mène la danse et qui fait avancer l’histoire. Pour être tout à fait honnête, j’avais peur que cette première incursion de l’actrice dans le cinéma télougou soit une déception par la place qui lui serait faite. Mais j’ai été davantage séduite que désappointée. Si le personnage de Bhanu semble prendre racine d’un archétype bien connu des comédies sentimentales, Sekhar Kammula prend soin de son héroïne et la fait grandir, étoffe son propos et nous la rend absolument attachante. 192

Que dire, si ce n’est que j’ai passé un moment délicieux face à ce film ? Alors c’est sûr, il faut être amateur du genre pour adhérer. Si vous êtes davantage attiré par les thrillers sombres, passez votre chemin. Non pas que Fidaa dégouline de niaiserie, mais son avalanche de bons sentiments pourrait vous filer des hautle-cœur. Personnellement, c’est tout à fait ce qui me plait dans le cinéma indien. Pas étonnant que je me sois éclatée en le découvrant.

C’EST FRAIS, BIEN INTERPRÉTÉ ET JOLIMENT MIS EN SCÈNE. RIEN DE TRÈS NOVATEUR ET EN MÊME TEMPS, ON SENT QUE LE CINÉASTE A DONNÉ DE L’AMOUR À SES PERSONNAGES, QU’IL A ÉCRIT AVEC SOIN. C’est peut-être ça, l’élément qui fait la différence : la psychologie étayée des protagonistes. Et dans une romance qui se veut légère et distrayante, c’est vraiment intéressant.


C C RI T I Q U E

GODHA MOTS PA R ELO DI E HAM IDOVIC

Je fais des listes pour tout, notamment pour le cinéma. Depuis 2015, je m’amuse à lister les métrages qui me font envie et j’essaye de suivre le plus possible ces listes pour me mettre à jour. J’ai ainsi une liste Hollywood et Bollywood. Mais cette année, après un an 2017 franchement pas terrible du côté Bollywood, j’ai décidé d’ajouter une liste supplémentaire : Mollywood. Depuis 2015, je suis amoureuse de la délicatesse des réalisations du Kerala. Je n’ai pourtant pas souvent pris la peine de fouiner dans les œuvres de cette

industrie, tant je n’avais pas la moindre idée de là où je devais commencer ! J’ai donc pris les choses en main, cherché parmi les critiques et les sorties quelques titres qui me feraient envie sans forcément toujours savoir sur quoi j’allais tomber.

Je pars donc à l’aventure et je vous embarque avec moi.

C’est ainsi qu’en établissant la liste des titres des métrages qui ont marqué l’industrie malayalam en 2017, je suis tombée sur Godha. > 193



Ni une, ni deux, je lance le visionnage en m’arrêtant dès la première minute : après Dangal et Sultan, était-je vraiment sûre de vouloir regarder un autre film sur la lutte ? Parce que c’est comme ça que Godha commence. Il nous montre le passé d’Aditi Singh (Wamiqa Gabbi) en cinq minutes, jeune enfant passionnée de lutte, mais freinée par son frère. Aditi est une force de la nature, fière de ses racines punjabi, décidée à suivre sa passion quoi qu’en disent les hommes qui l’entourent. Puis soudain, direction un petit village perdu au Kerala, où un match de cricket est sur le point d’avoir lieu sur un ancien terrain vide. Dans l’équipe du village se trouvent Das (Tovino Thomas) et ses amis. Le problème, c’est que sur ce terrain, se déroulaient à une époque des tournois de lutte. Une vieille tradition que certains souhaitent préserver. Ainsi, quand le père de Das (Renji Panicker) décide d’arrêter le match, on se demande : mais quel est le lien entre Aditi et ce village ?

JE POURRAIS VOUS EN DIRE PLUS, VOUS RACONTER QUE DAS SERA ENVOYÉ AU PUNJAB PAR SON PÈRE POUR ÉTUDIER, QU’IL VA AINSI RENCONTRER ADITI... MAIS JE VAIS M’ARRÊTER LÀ. Parce que le film regorge de petites pépites, ne s’enfermant pas dans sa trame originelle. Ce n’est pas un film centré sur la lutte et le sport. Ce n’est pas non plus qu’une comédie romantique. Enfin, ce n’est pas un simple métrage sur la famille, les traditions et la fierté. Une chose est certaine : j’ai pleuré comme une madeleine, pas parce que c’est

un drame, mais parce que c’est un film qui touche. Un film qui vous embarque sans que vous ayez à vous poser trop de question et qui vous amène là où il faut, quand il le faut.

1. Le mélange Kerala/Punjab. Le mariage est puissant. D’un côté, il y a Aditi, indépendante et forte, elle maîtrise ceux qui l’approchent sans complexe et se dévoile comme une femme un peu têtue, et même un peu effrayante pour les autres. Lorsque Das arrive à l’université de la ville, la différence est évidente. Lui est au contraire doux comme un agneau. Il a bon cœur, il est un peu timide et n’a pas vraiment réussi à tenir tête à son père qui, quelque part, possède quelques traits de ressemblance avec la jeune femme.

La culture de Das n’est pas la même que celle d’Aditi, mais ces différences ne vont pas les éloigner. Das découvrira le Punjab dans toute sa splendeur tout comme Aditi découvrira le Kerala plus tard. Il n’y a pas de valorisation d’une culture au détriment de l’autre, mais un échange et un partage des richesses de ces deux régions.

2.La réalisation de Basil Joseph et l’histoire de Rakesh Mantodi. Je suis toujours captivée par la manière dont une histoire est racontée, par ce que > 195


disent les images qui apparaissent à l’écran. La réalisation de Basil Joseph (ce n’est que son deuxième film) est fraîche et dynamique. Les techniques utilisées durant certaines séquences sont remarquables. On ne s’ennuie pas. Godha est un vrai film de divertissement et quand il y a un silence, ce que l’on voit nous satisfait amplement. L’histoire est peut-être un peu prévisible, avec un léger sentiment de déjà-vu, mais ça ne gâche absolument rien. Les clichés qu’il est possible d’apercevoir sont utilisés avec tellement de douceur qu’on ne s’y attarde pas. L’écriture de Rakesh Mantodi est fluide et honnête, ajoutant un réalisme sincère aux conversations parfois en hindi, parfois en anglais et parfois en malayalam.

décisions. Elle n’est pas parfaite, et peutêtre bien qu’elle est assez rustre au premier abord. Mais elle sait tendre la main quand il le faut. Ce que j’ai trouvé très juste, c’est la manière dont elle parvient à s’épanouir face à des personnes qui ne la limitent pas à une fille à marier.

3 .W a m i q a G a b b i .

4. La musique.

Une surprise totale. En réalité, le casting du métrage dans sa totalité est excellent. Renji Panicker est émouvant et inébranlable en tant que père de Das, surnommé Capitaine. Aju Varghese est délicieux en ami un peu maladroit. Tovino Thomas signe quant à lui un rôle évolutif où il peut prendre l’espace qu’il désire et conquérir le cœur du public. Mais c’est tout de même Wamiqa Gabbi que l’on retient. Elle est formidable dans la peau de cette punjabi sans gêne qui veut réaliser ses rêves.

Elle possède une force d’interprétation qui la rend attachante dès la première seconde. Elle est indéniablement le héros de ce film. Et en soi, c’est l’un des aspects que j’ai le plus apprécié de film. Aditi est une femme réelle, elle se bat contre une société qui refuse de la laisser prendre ses propres 196

Godha met ainsi en lumière la nécessité d’une société égalitaire. Ils ne la laissent pas faire de la lutte parce qu’une médaille d’or est en jeu. Ils l’épaulent parce qu’elle a un rêve et qu’ils partagent ce rêve avec elle.

L’ALBUM, COMPOSÉ PAR SHAAN RAHMAN, EST UNE TUERIE ! Proposée à des moments cruciaux du film, elle nous accompagne tout au long de l’histoire sans jamais déranger. Au contraire, elle permet d’accentuer certaines émotions et situations. «Aaro Nenjil» est une belle ballade, soutenue par la voix de Gowry Lekshmi. Un coup de cœur. La chanson introductive du père de Das, «Kannanjunnoru Naadu» est des plus entraînantes, mise en image via une séquence en slowmotion et en flashback typique au cinéma malayalam. «Welcome to Punjab» permet de découvrir la région en question, mais aussi les percutions classiques dans l’univers musical punjabi. Le tout avec la voix de Shaan Rahman luimême, ce qui offre un mélange vraiment saisissante. «Innalekalil» chanté par Niranj Suresh nous embarque dans le travail


acharné d’Aditi, le soutien qui lui est apporté et la force d’esprit dont elle fait preuve. Un rythme plein d’espoir. L’album est vraiment à découvrir et à savourer en boucle.

5.Un feel-good movie. IMPOSSIBLE DE FINIR LE FILM SANS UNE LARME DE JOIE, SANS LE SOURIRE AUX LÈVRES ET SANS CHERCHER LA BANDE-ORIGINALE SUR LE NET POUR L’ENTENDRE DE NOUVEAU.

Godha possède tous les ingrédients pour réchauffer les cœurs. Evidemment, je l’ai inconsciemment comparé – au début – avec Sultan et Dangal, mais ça m’est très vite passé. Pourquoi ? Parce que Godha ne raconte pas du tout, mais alors pas du tout, la même histoire. Il se concentre plutôt sur ses personnages, leurs ressentis et leurs ambitions. C’est un film avant tout humain et authentique. Et le personnage d’Aditi ne partage rien de commun avec Aarfa (Anushka Sharma dans Sultan) ou encore Geeta Phogat (Fatima Sana Shaikh dans Dangal) en dehors de leur passion commune pour la lutte. 197


P P L AY L I ST

playlist GIRL POWER MOTS PAR AS MAE B E N MANSO UR

ANUSHK A S H ETTY DANS LE FIL M INJI IDU PPAZH AGI

198


1. Size Sexy

4. Kanmaniye

DE INJ I I DU P PAZ HAG I ( TA MO U L ) SORTI E N 2 0 1 5 COMP O S É PAR M . M . K E E RAVA N I INTE R P R É T É PAR N E E T I M O HA N, RAMYA BEH A RA, M O U N IM A, M O HA N A B HOGA RA J U E T N O E L S E A N

D E MIL I (M AL AYAL AM ) S ORTI E N 2015 COM PO SÉ PAR G O PI SUNDE R I NTE RPRÉ TÉ PAR MINMINI

Véritable ode au ‘body positive’, « Size Sexy » illustre la belle Sweety (Anushka Shetty) qui décide d’assumer son corps sans se soucier du diktat de la minceur.

2. Pogiren DE 3 6 VAYADH I NIL E ( TA MO U L ) SORTI E N 2 0 1 5 COMP O S É PAR SA N T HO S H NARAYANA N INTE R P R É T É PAR K A L PA N A RAGH AVENDAR

Mili (Amala Paul) se remémore la petite fille qu’elle était alors qu’elle traverse une terrible dépression. La tendresse de ces souvenirs va l’aider à reprendre le contrôle de sa vie.

5. Oododi Poaraen D E KANDE N KADH AL AI (TAM OUL ) S ORTI E N 2009 COM PO SÉ PAR VIDYASAG AR I NTE RPRÉ TÉ PAR L AVANYA E T RASH MI VIJAYAN

La voix de Kalpana Raghavendar vient mettre en valeur la quête existentielle de Vasanthi (Jyothika), sur une composition magistrale de Santhosh Narayanan, qui gagne en puissance grâce à la présence de violons dans son instrumentation.

Anjali (Tamannaah) est amoureuse ! Elle exulte à l’idée de retrouver l’homme qu’elle aime, sans se rendre compte que son compagnon de route Shakthivel (Bharath) pose sur elle un regard des plus tendres. « Oododi Poaraen » est le chant enjoué d’une femme qui vit à fond son premier amour.

3. Ey Sandakaara

6. Ladio

DE IR U DH I S U T T R U ( TA MO U L ) SORTI E N 2 0 1 6 COMP O S É PAR SA N T HO S H NARAYANA N INTE R P R É T É PAR D HE E

D E I (TAM OUL ) S O RTI E N 2015 COM PO SÉ PAR A. R. RAH MAN I N TE RP RÉ TÉ PAR NIKH ITA G ANDH I

Sur ce titre, Madhi (Ritika Singh) s’attache naïvement à son entraineur, sans pour autant oublier son objectif : devenir une championne de boxe.

Diya (Amy Jackson) est une star et nous le fait savoir ! Mannequin international, on la découvre dans toute sa splendeur dans « Ladio ». La jeune femme est au top de sa carrière et n’a jamais été aussi glamour. > 199


7. U r v i T h e m e S o n g

9. Ekkadekkada

DE U RVI ( K ANN ADA ) SORTI E N 2 0 1 7 COMP O S É PAR M A N OJ G EO R G E INTE R P R É T É PAR SY LV EST E R PRADEEP

D E VE E RA (TÉ LO UG O U) S ORTI E N 2011 COM PO SÉ PAR S. TH AMAN I NTE RPRÉ TÉ PAR RAMYA NSK

Porté par une voix masculine, ce titre vient pourtant incarner la force de femmes qui se dépassent pour se sortir de leur condition, qu’il s’agisse d’Asha (Sruthi Hariharan), de Suzie (Shraddha Srinath) ou de Daisy (Shweta Pandit).

Titre fun et sexy, il nous fait découvrir Aiki (Taapsee Pannu), une femme audacieuse qui ose solliciter l’attention des hommes, là où les films indiens ont tendance à montrer des femmes qui sont davantage les spectatrices d’une cour assidue. Ici, c’est le contraire, servi par la voix rauque et affirmée de Ramya NSK.

8. Amma Amma

10. Damn Damn

DE V EL AI I L L A PAT TA D HA R I ( TA M O U L ) SORTI E N 2 0 1 4 COMP O S É PAR AN IR U D H RAVICH A NDE R INTE R P R É T É PAR D HA N U S H, S . JANA K I

D E VANAMAG AN (TAM O UL ) S ORTI E N 2017 COM PO SÉ PAR H ARRIS JAYARAJ I NTE RPRÉ TÉ M. M. MANASI E T S HE RIN SH AH ANA

Hommage à la figure maternelle, « Amma Amma » est une complainte poignante où Raghuvaran (Dhanush) pleure la disparition de la femme qui l’a mis au monde, celle qui constitue son seul repère.

Kaviya (Sayyeshaa Saigal) veut s’amuser et se lâche sur ce titre. Sayyeshaa est accessoirement une excellente danseuse et exécute une chorégraphie généreuse en ne dissimulant pas son pouvoir de séduction. Surtout, elle est belle parce qu’elle s’amuse.

SAYYESH AA SAIGAL DANS LE F ILM VANAMAGAN


KA A L A , AU CI N É M A L E 7 JU IN P R O CHAI NE M E NT DANS VO S SA L L ES !

Bci nem a LE CINÉMA INDIEN C O M M E V O U S L'A I M E Z ! Fondé en 2013, Bcinema est un groupe de jeunes passionnés du cinéma indien chargé de la promotion des films indiens sortant en France, en partenariat officiel avec l'ensemble des distributeurs, cinémas et divers prestataires. Actif et accueilli massivement au sein des réseaux sociaux, la vocation principale de ce groupe reste avant tout de partager sa passion pour le cinéma indien.

www.bcinema.fr


BEI NG HUM AN CLO THI NG EUR OPE Being Human, la fondation de Salman Khan a été créée en 2007 afin de permettre aux plus démunis l'accès à l'éducation et aux soins en Inde. La fondation ne fait pas d'appel aux dons, ses fonds proviennent principalement des revenus de Salman Khan (films, publicités) et de la marque de vêtements éthique et solidaire qu'il a créée : Being Human Clothing. Chaque vêtement contribue ainsi à améliorer et sauver la vie de centaines d'enfants à travers l'éducation et la santé.

www.beinghumanclothing.eu P HOTOG RAP HIE B E ING HUMAN CLOTH ING


TENDANCES & FA U X P A S

... PA R L O N S MODE


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MODE

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qui ont créé leur marque IDO VIC MO TS PAR ELO DIE HAM 204


Deepika Padukone & All About You

DEPUIS OCTOBRE 2015

SA PARTICULARITÉ

Utilisant la plateforme de vente en ligne Myntra, Deepika Padukone a été l’une des premières actrices populaires à associer son nom à une marque de vêtements qu’elle gère elle-même.

Sa communication est vraiment basée sur les femmes d’aujourd’hui, mettant en avant les acheteuses et leurs looks made in All About You. Deepika Padukone s’éloigne volontiers des feux des projecteurs pour laisser la place aux clientes. Il y a un côté honnête, réaliste et léger qui charme !

SON OBJECTIF

« All About You encourage les femmes à être elles-mêmes. » Pour ce projet de création moderne et exclusive, l’actrice a fait appel à l’agence française Carlin afin d’étudier les tendances et de proposer des pièces abordables et influencées par la haute couture occidentale. L’idée étant que ses vêtements doivent être ‘confortables, romantiques, féminins et fun’.

Depuis 2015, le succès est largement présent et All About You est devenue une marque très appréciée en Inde. 205


Shraddha Kapoor & Imara DEPUIS FÉVRIER 2015 Créant la surprise, Shraddha Kapoor a fondé Imara en début d’année 2015, qu’elle gère sur sa propre plateforme et avec ses propres idées. Ses collections sont inspirées des contes de fée. SON OBJECTIF

« Imara est une adaptation contemporaine des tenues classiques indiennes. » Pour ce projet, l’actrice n’est pas seule. Elle a fait appel à Universal Sportsbiz Private Limited, une agence de création de plateformes de vente en ligne qui possède tout un réseau de manufacture dans la mode. Le nom de la marque est une fusion de deux mots indiens signifiant force et résistance.

D’une certaine façon, l’actrice a voulu prouver la résistance des racines indiennes et la force de l’évolution actuelle des femmes qui sont indépendantes et modernes. 206

SA PARTICULARITÉ Très ethnique, Imara possède une vraie identité et propose des pièces accessibles faites par l’Inde, pour l’Inde. Ce n’est parce qu’une femme veut être moderne, qu’elle doit forcément porter une tenue occidentale. En 2018, Jacqueline Fernandez est devenue la nouvelle égérie de la marque !


Shahid Kapoor & Skult DEPUIS OCTOBRE 2016 La mode n’est pas uniquement un domaine de femmes ! Shahid Kapoor a décidé, en 2016, de lancer ses propres tenues basées sur ses préférences et ses influences. SON OBJECTIF

« Skult est une mentalité pour les hommes d’aujourd’hui. » Pour ce projet aux allures de streetstyle, Shahid s’est inspiré de sa propre transformation. A ses débuts d’acteurs, il reconnait avoir eu du mal à se trouver un style qui le définissait, enchaînant parfois des erreurs grossières, avant de finalement s’intéresser aux tendances et devenir un véritable influenceur.

Aujourd’hui, il espère aider une nouvelle génération d’hommes avec des looks simples au style sportif.

SA PARTICULARITÉ Shahid Kapoor a validé tous les designs ! L’acteur a conscience des regards qui sont posés sur lui. Il s’est alors concentré sur sa marque pendant plus d’un an, vérifiant chaque détail afin qu’elle corresponde à ce qu’il cherchait à transmettre : des looks pleins d’énergie. Une façon d’être et de vivre, en quelque sorte. 207


Sonam Kapoor + Rhea Kapoor & Rheson DEPUIS MAI 2017 En 2015, Sonam Kapoor et sa sœur Rhea parlent de Rheson, leur future marque de vêtements, qui ne sera lancée qu’en mai 2017 ! Des années de préparation pour des vêtements qui se vendront comme des petits pains. SON OBJECTIF

« Rheson, c’est pour les indiennes d’aujourd’hui, à la fois chics, actuelles et décalées. » Pour ce projet, elle se sont associées à Shoppers Stop et après avoir revisité les années 90, elles se sont attaquées aux années 80. Comme une marque de haute-couture, les deux sœurs dévoilent souvent des collections capsules, parfois sur des imprimés originaux, parfois sur des accessoires comme le sac !

Véritable touche à tout, Rheson est le moyen idéal pour elles de s’exprimer et de permettre à toute l’Inde de s’habiller comme elles. 208

SA PARTICULARITÉ La popularité des goûts de Rhea Kapoor, qui habille sa sœur depuis toujours. De nombreuses actrices portent du Rheson, quelle que soit l’occasion et la marque offre des tenues uniques qui s’imposent ! L’univers de Rheson est un vrai mélange de haute-couture et de tenues de tous les jours, de quoi combler les envies de chacune.


Anushka Sharma & NUSH DEPUIS OCTOBRE 2017 NUSH est une autre surprise, puisque personne ne prévoyait qu’Anushka Sharma se lance dans la mode ! Pourtant, fin 2017, elle dévoile la première collection automne-hiver de NUSH en avouant que cela faisait des années qu’elle rêvait de créer sa propre marque. SON OBJECTIF

« Nush se veut avant tout confortable et pratique pour la vie quotidienne. » Pour ce projet, elle a fait les choses en grand ! Après un an et demi de travail, l’actrice a pris les réseaux sociaux en main et a envoyé des petits paquets surprise à tous ses amis.

A ses yeux, la mode devrait être une chose facile et elle a tenu à créer des vêtements qui ne compliquent pas les choses. Qui soient accessibles pour tous et faciles à accorder. Mais surtout, qui puissent se porter à toutes les occasions.

SA PARTICULARITÉ Anushka Sharma a été complètement transparente lors du lancement de NUSH, dévoilant tous les détails de cette nouvelle aventure. Un vêtement est plus que du tissu, c’est aussi une expression, une deuxième peau. Une valeur qu’elle a pris en compte à chacune de ses créations. 209


C C I NÉ M A

Pooja MOTS PAR ELO DI E HA M IDOVIC

Dans un film, le rôle des stylistes est de trouver l’univers vestimentaire adapté aux personnages. Les vêtements qui vont apparaître sur nos écrans doivent refléter la personnalité du protagoniste, tout cela dans un but bien précis : nous convaincre que ce que nous voyons est réel.

210

En 1997 est sorti le film Dil To Pagal Hai. La garde-robe des deux actrices principales, Madhuri Dixit et Karisma Kapoor, était alors confiée à une seule et même personne : Manish Malhotra.

Matondkar dans Rangeela. Avant le succès de Kuch Kuch Hota Hai, c’est dans Dil To Pagal Hai qu’il s’essaye à mixer vêtements occidentaux et traditionnels. Une réussite inattendue qui fait écho à la jeunesse.

Manish a fait ses débuts pour le cinéma avec la garde-robe de Juhi Chawla en 1990 pour le film Swarg, avant de réellement se présenter comme l’homme qu’il faut en 1995, en remportant le Filmfare Award du Meilleur Styliste pour son travail avec Urmila

Retour sur le personnage de Pooja, l’innocence indienne moderne, dont les looks sont devenus iconiques à la fin des années 90.


La femme de ses rêves « Maya est tout, mais elle est aussi simplement Maya. »

1.

L’introduction du personnage de Pooja est dépeinte à travers les mots de Rahul (interprété par Shahrukh Khan) dès les premières minutes du film. Il parle du personnage principal de son prochain projet, Maya, comme étant la femme parfaite. Dans cette première scène, Pooja est toute de blanc vêtue. Un salwar kameez transparent et brodé, dévoilant sa silhouette. Elle porte un châle – qui n’a clairement aucune utilité si ce n’est rappeler qu’elle est la fille aux ‘bonnes manières, typiquement indienne’ – et son make-up est nude, presque inexistant.

Pooja est une fille simple. Une passionnée de danse qui ne montre pas son nombril et qui préfère les justes-au-corps colorés, une fille qui aime ses vêtements confortables et traditionnels. Elle ne porte rien d’autre et pourtant, chacun de ses salwar kameez est particulier, et porte son propre message. C’est une rêveuse, Pooja. Une rêveuse qui porte du blanc même la nuit et qui ne se lasse pas de cette teinte. Pooja incarne la pureté et la sincérité. Elle ne ment pas, elle ne joue pas. > 211


2.

La femme qu’il découvre C’est lorsqu’elle part avec son ami d’enfance Ajay (Akshay Kumar) que Pooja s’essaye à des looks plus occidentaux.

ELLE JOUE LE JEU AVEC UNE CERTAINE CLASSE, FOULARD ET LARGE PANTALON. Elle n’est alors plus la fille simple et douce. Elle montre qu’elle peut aussi devenir la femme affirmée et actuelle.

Mais a-t-elle vraiment besoin de porter des vêtements différents pour être elle-même ? Non. Lors de sa rencontre avec Rahul, Pooja se livre à une danse enivrante, toujours dans un blanc parfait. Pooja porte ce qui la représente. Sa garderobe est le reflet de son identité. ELLE NE C H ANG E PAS P O U R LES AU T RES , EL L E S ’AS S UME . Indépendante et idéaliste, elle se connait. Cependant, nous pouvons voir un léger changement dans ses choix de couleurs, désormais un peu plus vives et remarquables, à l’image de ses uniformes de danse criards. La vie de Pooja n’est plus si blanche que ça, et sans doute à cause de Rahul. Celui-ci ne voyait en elle que la représentation parfaite de sa Maya, mais son regard va changer. 212


3. L a fe m m e q u ’ i l a c c e p te e t q u ’ i l a i m e

Nisha ne porte que des marques étrangères, des petites robes et des ensembles sportifs courts, elle incarne la nouvelle génération dont le style est inspiré de l’Occident.

Il y a un léger retour en arrière lorsque Pooja rencontre Nisha (Karisma Kapoor). A ce moment du film, la confrontation des styles est mise en évidence.

POURTANT, LES DEUX FEMMES ONT DE NOMBREUX POINTS COMMUNS, ELLES SE > 213


RESSEMBLENT DE BIEN DES FAÇONS. Parmi ses costumes les plus remarqués, il y a l’indémodable combinaison bleue. En comparaison avec toutes ses précédentes apparitions dans le film, c’est la première fois que Pooja ne cache pas entièrement son corps.

De la même manière, c’est la première fois dans tout le film qu’elle porte du noir. Pooja est une femme sensuelle et sexy. Dans la séquence musicale «Dholna»,

elle incarne cette beauté affirmée, jonglant avec des saris minimalistes, colorés et modernes.

Rahul n’aime pas Pooja parce qu’elle est sa Maya, il aime Pooja parce qu’elle est Pooja. Pour la dernière scène du film, l’actrice porte un sari noir en dentelle et en velours, synonyme de la tristesse dans laquelle elle sombre petit à petit. Mais pas de panique, elle trouve son happy ending qu’elle conclut dans son blanc habituel. Pooja est restée fidèle à elle-même sans jamais être la Maya de Rahul ou simplement la remplaçante de Nisha.


T T E N DA N C E

PYJAMA PA R T Y ! MOTS PAR ELO DI E HAM IDOVIC P HOTO G RAP HI E D’A LI A BHAT T PAR AM I PAT EL (I N STAG RAM : @STY LEBYYAM I)

La révolution est en marche. > 215


Le pyjama n’est plus seulement une tenue pour aller dormir, c’est désormais un ensemble chic pour sortir. C’est aussi ce que les magazines de mode appellent le ‘Sleepwear’. Les actrices indiennes n’ont pas résisté à cette tendance, mais on se souvient tous de Ranveer Singh en pyjama et peignoir – et ça n’avait rien de très élégant !

Petit à petit, les ensembles dignes des pyjamas préférés de Sonam Kapoor se sont trouvés une place dans la rue comme une évidence. Sonam s’est elle-même inspirée de cette nouvelle vague pour sa marque Rheson, transformant des saris avec des motifs de sucreries inspirés des années 90.

(CI- DES S US ) S O N A M E T R HEA K A P O O R P O UR LA MA R QU E R H ES O N , (À D R O I TE) PA RI N EETI CHO P RA

AISHWARYA RAI BAC HC HAN POUR GRAZIA INDIA, SEPT EM BRE 2017


Mais est-ce une tendance qui marche ? PAS TOUJOURS. Il est très facile de faire un faux pas – ce qui explique pourquoi vous en voyez pas mal sur cette page. Pourtant, c’est un style qui fonctionne. Si certains mixent et n’utilisent que des pieds à la tête (parce que c’est quand même super confortable), c’est le total look qui se démarque davantage. Même motif des pieds à la tête, il est possible de rajouter quelques éléments supplémentaires (un tee-shirt sous sa chemise, par exemple). SUR CETTE PAG E, (DE HAUT EN BAS, D E G AUCHE À DRO I TE) : KATR I N A K A I F, KI ARA A DVA N I , P R I YAN KA CHO P RA, DEEP I K A PADUKO N E ET HUMA Q UR ESHI

L’idée étant qu’avec un ensemble pareil, il vaut mieux ne pas trop en faire ! > 217


Ce qu’il ne faut pas faire NE PAS MIXER SPORTSWEAR ET SLEEPWEAR AU RISQUE D’AVOIR L’AIR DE SORTIR DE TROIS JOURS D’ENFERMEMENT DEVANT NETFLIX ET D’AVOIR AVALÉ SIX KILOS DE GLACE À LA VANILLE. Kangana Ranaut le prouve : elle n’a rien de glamour ou d’élégant, c’est même plutôt l’inverse. Et non, ce n’est pas un look d’aéroport, mais bien une tenue pour un événement télévisé.

Ce qu’il faut faire PORTER VOTRE ENSEMBLE COMME UN COSTUME. C’est certes plus léger, mais la transformation « vêtement de nuit » à « vêtement de jour » ne va pas se faire toute seule. Des talons, des bijoux, des cheveux parfaitement maîtrisés. Comme Deepika Padukone, le côté sensuel est même conseillé.

Le pyjama ne doit pas être une excuse pour se relâcher. SUR C ET T E PAGE ( DE HAUT EN BAS, DE GAUC HE À DROIT E) : KANGANA RANAUT, SONAKSHI SINHA, PRIYANKA C HOPRA ET DEEPIKA PADUKONE


M D E R NI È R E MINUTE MODE

LES DÉBUTS ‘MODE’ DE

JANHVI KAPOOR

M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C P H OTO G RA PH I E D U COMP TE I N STAG RAM D E JA N H V I K A PO O R (@JA N HV I KAP O O R )

DÈS LES PREMIERS CLICHÉS DE JANHVI ET DE SA SŒUR KHUSHI – PUBLIÉS PAR LEUR MÈRE SRIDEVI SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX EN 2015 – LES DEUX DEMOISELLES SE SONT IMPOSÉES PARTOUT. Toutes les deux grandes, jolies et jeunes, les voilà étiquetées comme les «futures stars de demain», sans qu’aucune n’ait demandé quoi que ce soit. Leurs comptes Instagram sont, dans un premier temps, privés, malgré certaines fuites en ligne. Les rumeurs s’enchaînent avec une rapidité digne du

web : Janhvi a pris des cours d’art dramatique à Los Angeles, sa sœur est sur la même voie, c’est décidé ! Les deux filles de Boney Kapoor vont devenir actrices…

Sridevi n’avait alors qu’une mission à accomplir à travers son compte Instagram : préparer l’arrivée de ses deux anges dans une industrie où son nom ne passe pas inaperçu. Pendant plusieurs années, les deux filles se démarquent l’une de l’autre. > 219


Khushi est la modeuse assidue, prête à tester les nouvelles tendances et à les porter avec assurance. Jhanvi, elle, est plus classique, enchaînant dès le début des années 2010, des petites robes de cocktail assorties aux looks de sa mère.

DEPUIS NOVEMBRE 2017 ET L’ANNONCE OFFICIELLE DE SON ARRIVÉE À BOLLYWOOD, L’ACTRICE DOIT S’ÉMANCIPER DES APPARITIONS MÉDIATIQUES ACCOMPAGNÉE DE SES PARENTS. Compte Instagram ouvert (après sans doute un petit nettoyage qui ne laisse que les photos de paysages et de vacances), la promotion de Dhadak commence, ainsi que ses premiers pas dans le monde fabuleux des tapis rouges.

IT’S A COLORFUL WORLD. Vous avez dit classique ? Non, oubliez. Janhvi ne veut pas être une fille comme les autres. Les robes courtes de soirée, les talons trop hauts, Janhvi les a abandonné. Maintenant, elle prend les choses plus sérieusement car chaque apparition compte et sera méticuleusement étudiée par le public. A 21 ans, elle souhaite se montrer 220

plus femme que jamais. Mais surtout, elle veut casser l’image que les médias lui ont collée depuis les photos scandales de son baiser avec son petit-ami de l’époque, Shikhar Pahariya.

ELLE SE VEUT MATURE, INTELLIGENTE ET PRÊTE À FAIRE SES DÉBUTS DANS L’INDUSTRIE.


Pour l’aider Tanya Ghavri, l’ancienne styliste de sa mère, mais pas seulement : Aishwarya Rai Bachchan, Kareena Kapoor Khan, Shraddha Kapoor, Katrina Kaif ou encore Neha Dhupia lui font déjà confiance. Alors, pour la première apparition officielle de la jeune Kapoor, elle a choisi un ensemble Anamika Khanna, qui redéfinit à sa manière les courbes de la femme indienne moderne. Ce n’est pas leur première collaboration.

Tanya travaille avec Janhvi depuis le début de l’année 2017, construisant ainsi un vrai style pour la jeune première.* Ce que l’on remarque Des motifs imposants, des couleurs vives, parfois complètement décalées. Des ensembles atypiques, mais pas vulgaires. Janhvi ne veut pas être ignorée, elle ne veut pas non plus ressembler à une débutante. Voilà plus d’un an qu’elle prépare son image, travaille ses préférences.Ses futures apparitions pour la promotion du film Dhadak, qui sortira en salles en juillet 2018, vont marquer le début de sa carrière.

ELLE EN A PARFAITEMENT CONSCIENCE. >


On se souvient tous des fashion faux pas répétitifs d’Alia Bhatt à ses débuts en 2012, ou des looks fades de Kriti Sanon en 2014. En 2015, Athiya Shetty avait changé la tendance des « pauvres petites new face sans style et sans personne pour les aider », en se tournant vers Ami Patel (Priyanka Chopra, Kangana Ranaut, Madhuri Dixit et Alia Bhatt aujourd’hui !). Quelques mois après la sortie de la bande-annonce de Hero, elle a remporté le prix de la « Fresh Face » des Vogue Beauty Awards. Aujourd’hui encore, le style d’Athiya est souvent comparé à une nouvelle version de Sonam Kapoor, un exploit ! Janhvi Kapoor espère sans doute parvenir à la même chose, mais à sa façon !

S U R CE T T E PAG E : JA N HV I K A P O O R LO R S D U G RA ND F INA L D E L A L A K M É FASHI O N W E E K EN FÉ V R I E R 2 0 18 222


M D E RNI È R E MINUTE MODE

C’est du déjà-vu.

MAIS C’EST SONAM. M OT S PAR ELODIE HAM IDOVIC

En moins de deux mois – durant la promotion frénétique du film PadMan duquel elle est à l’affiche avec Akshay Kumar et Radhika Apte – Sonam Kapoor a porté pas moins de quatre fois, quatre costumes trois pièces différents. De quoi nous donner, sans le moindre doute, une grosse sensation de déjà-vu.

ELLE N’A SUIVI QU’UNE SEULE RÈGLE : LE TOTAL LOOK*. Pas de mélange, pas d’imprimé, pas de classique veste pantalon. Pas de jeu de texture, de décolleté dentelle, pas de manche bouffante – bien qu’elle en ait porté plusieurs ces derniers mois – l’actrice est restée simple tout en faisant la différence. Sonam a exploité quatre styles qui pourtant se rapprochent les uns des autres, portant même l’un des ensembles à l’aéroport – comme si c’était facile. A première vue, ce besoin soudain est lié au film et à sa volonté d’être prise au sérieux. Clairement, il n’est jamais difficile de se moquer d’un look, alors Sonam brise les barrières et s’impose quitte à se montrer stricte et redondante.

P H OTO G RA P H I E D U COMP TE I N STAG RAM D E S O N A M K A P O O R (@SO N A MKAP O O R ) *PORTER DES VÊTEMENTS D’UNE SEULE ET MÊME COULEUR

Au moins, elle sait capter l’attention et changer les détails de chaque apparition pour annoncer la couleur. 223


1

L’ensemble frais bleu océan de Mother of Pearl, accompagné d’accessoires ornementés de perles.

2

Le trois pièces kaki Bouguessa, à l’ambiance militaire et décidée.

3

De nouveau en Bouguessa, mais cette fois en rose délicat, lèvres et chaussures assorties.

4

Dans un costume Kojak Studio, Sonam joue le jeu de la couleur avec la promotion de son film PadMan.

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I N S TA G R A M & STORY

... LA CERISE SUR LE G AT E A U


I IN STAGRA M

Instagram, c'est le réseau social qui permet de jeter un œil sur la vie aussi bien professionnelle que privée de nos stars favorites. Outre les démarches de promotion de leurs projets, elles en profitent aussi pour publier des photos plus personnelles qui nous permettent ainsi d'en savoir un peu plus sur qui elles sont hors caméra. Plongeons ainsi dans l'Instagram de...

Katrina Kaif

M OT S PA R E LO DIE HAMIDOVIC - P HOTOG RAP H IES DE L' INSTAGRAM DE L’ACTR ICE

www.instagram.com/katrinakaif


Type de profil

La fille qui maitrise son image. Katrina Kaif, c’est celle qui ne voulait pas se dévoiler en ligne et qui, pendant très longtemps, a gardé ses distances avec les réseaux sociaux. Mais à peine arrivée, l’actrice a su utiliser son compte à profit afin de briser l’image de la beauté froide qui lui colle à la peau depuis toujours. Katrina se dévoile naturelle, sincère et (très) drôle quand il le faut.

Ce qu’elle veut

Se rapprocher de ses fans en faisant plus que de la promotion de produits et de films. De temps en temps, c’est elle qui gère (elle a avoué, lors de l’émission Vogue’s BFF, qu’elle demandait souvent à Alia Bhatt quelques conseils d’utilisation). Surtout, Katrina n’hésite pas à se dévoiler durant les tournages, donnant un aperçu de sa personnalité hors-caméra.

Ce qu’elle adore

Se montrer sous un coucher de soleil, sans make-up, au bord d’une plage.

Katrina sait prendre son temps et se reposer, elle sait nous faire rêver ! Mais aussi, sa passion pour la gym est au centre de son compte. Les clichés de l’actrice en plein entrainement sportif ne manquent pas. Katrina semble incarner le parfait équilibre entre travail et vacances. 227


The meeting place M OT S PA R AS M A E BE N MANSOUR P H OTO G RA PH I E D E V I DYA BAL AN P OUR FIL MFARE DÉC EMBR E 2 016

Bolly&Co est certes un magazine d'information sur le cinéma indien et son univers, mais nous avons également une imagination débordante. A la suite d'une conversation groupée durant laquelle nous déplorions de ne pas voir nos acteurs favoris réunis dans un seul et même projet, nous en sommes venues à l'écriture de 'The Meeting Place ', thriller d'action avec ce qu'il faut de rebondissements et de drames pour vous divertir. Alors, lorsque l'équipe rédactionnelle de Bolly&Co se la joue scénariste, ça donne ça... VIDYA BALAN ... PARINEETA/PARI SUBRAMANIAM SHAHID KAPOOR ... ARAAV SENGUPTA EMRAAN HASHMI ... RAJA SHARMA AKSHAY KUMAR ... PARESH/PAGLU TIWARI FARHAN AKHTAR ... KISHORE/KISHU TALWAR RANI MUKERJI ... AMALA SENGUPTA IMRAN KHAN ... IMRAN KAPUR SURESH OBEROI ... ANAND SUBRAMANIAM GENELIA DESHMUKH ... KALYANI/KAALI TALWAR NAZRIYA NAZIM ... REVATHI NAG 228



Huitième chapitre Parineeta était donc avec Paresh. Amala l’avait envoyé pour l’aider dans sa mission. Aussi, elle cherchait à témoigner son soutien à Pari. Une façon de lui dire « je suis avec toi, ma sœur. » Ma sœur. Elles n’avaient jamais été proches. Jamais été sœurs, même. Elles se parlaient comme de lointaines voisines qui ne veulent pas trop en savoir sur l’autre, se fendant juste de quelques formules de politesse. Leur relation était empreinte d’animosité et de rivalité. A qui serait la favorite. Amala s’était toujours sentie laissée pour compte. Pari occupait une place singulière au sein de la famille, à tel point qu’il n’en restait plus pour son aînée. Jamais elles n’avaient partagé quoique ce soit ensemble. Amala était pleine de rancœur envers Pari. Et Pari pleine d’amertume. Le décès de leur père ne les avait pas rapprochées. Bien au contraire. Il est venu marquer une scission entre elles. Amala était déstabilisée. Et Pari révoltée. Quand cette dernière a décidé d’établir un plan pour faire tomber les responsables, Amala avait d’abord refusé de s’en mêler. Elle n’était pas assez forte pour ça. Mais elle avait quelque chose à régler. A réparer en quelque sorte. Elle voulait surtout prouver à Pari qu’elle était une bonne personne. Meilleure que dans ses souvenirs. Revathi était en face d’elle. Elle avait besoin de savoir qui était Amala. Qui était partagée entre une inquiétude certaine, et son désir d’accorder sa confiance à cette femme. Surtout, Amala avait confiance en Paresh. Il lui avait tendu la main quand elle s’était retrouvée seule. Il voulait faire d’elle quelqu’un de meilleur. 230

Et par-dessus tout, il lui avait promis de l’aider dans cette affaire, quoiqu’il en coûte. Si Pari était auprès de lui, rien ne pouvait lui arriver. C’est ainsi qu’Amala se décida à enfin tout révéler à son avocate. Du meurtre d’Anand aux manœuvres vengeresses de sa cadette. Après son récit, durant lequel Revathi avait minutieusement pris des notes, Amala conclut ainsi. « Vous savez tout, à présent. Mais j’ai oublié un détail. Avant tout ça, j’ai essayé de tuer Pari. » Kaali m’épuisait. Elle crapahutait dans tous les sens, s’éparpillait pour tenter de retrouver une femme qu’elle n’avait rencontré qu’une seule fois. J’étais moimême déboussolé. Je cherchais à tout pris à gagner son pardon. J’étais alors prêt à tout pour ça. Quitte à me perdre. Je l’avais menée au Manashasthra Hospital où était manifestement interné Paresh Tiwari, auquel Pari rendait régulièrement visite. Sur place, nous n’étions pas au bout de nos peines. La standardiste refuse d’abord de nous répondre, au nom du secret médical. Nous insistons. « Madame, je vous le répète, nous avons impérativement besoin d’une réponse ! Où peut-on trouver votre patient du nom de Paresh Tiwari ? Paresh Tiwari ! » Lorsque je ponctue le nom de l’homme que nous cherchons, le visage de mon interlocutrice change. Comme si quelque chose clochait. Face à ma véhémence, elle se décide à parler. « Monsieur, inutile d’insister, il n’y a pas de patient de ce nom ! Monsieur Paresh est le fils du Professeur Rajkumar Tiwari, qui exerce dans cet hôpital ! » Le fils d’un médecin ? Kaali était estomaquée. D’un ton ébranlé, elle posa


une ultime question. « Et vous êtes sûre que son fils n’est pas suivi ici ? – Ecoutez, Mademoiselle, je travaille ici depuis 20 ans. Et je vous assure que Monsieur Paresh n’a jamais eu de problème de ce genre. » Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? Pendant tout ce temps, Paresh avait feint la folie ? Ou bien Pari était-elle parfaitement au courant, sa visite à Paresh ne constituant qu’un prétexte ? J’étais sonné. Je comprenais en tout cas que cet homme était forcément mêlé aux manigances de Pari. Sinon, quel était l’intérêt de se faire passer pour quelqu’un de limité ? Je me risquais alors à une dernière question auprès de la standardiste. « Madame, je vous prie de m’excuser de mon ton quelque peu virulent de tout à l’heure. Nous devons remettre un document très important à Monsieur Tiwari et nous souhaiterions savoir où il se trouve pour le lui remettre. Nous devons le lui transmettre en mains propres, il m’est donc impossible de vous le laisser. » D’abord sceptique, elle semblait vouloir se débarrasser de nous. Pour finalement nous dire : « Ecoutez, je sais pas exactement où il est. Mais je l’ai entendu dire à son père qu’il partait pour Bangalore, pour gérer une affaire urgente. Désolée, mais je peux rien vous dire de plus. » Peut-être était-ce un gros mensonge pour qu’on lui fiche la paix. Mais c’était la seule piste dont on disposait. Kaali et moi avons donc pris un vol pour Bangalore dès le lendemain matin. Sans idée exacte de l’endroit où nous diriger. Si ce n’est le bureau de l’avocate d’Amala, Revathi Nag, justement implanté à Bangalore. Ca ne pouvait être une coïncidence. Son nom de famille m’avait fait penser au Karnataka, et après vérification, je m’étais demandé pourquoi elle avait fait un si long chemin pour défendre quelqu’un comme Amala. Et bien, nous nous apprêtions à le découvrir…

Pari ignorait alors que nous nous rapprochions dangereusement d’elle. Elle repensait à Amala. Cette femme qui avait risqué la prison pour elle. Pourtant, ça n’avait jamais été son genre. Amala avait toujours été frileuse. Si les souvenirs de sa petite enfance restent flous, elle se rappelle cependant qu’Amala a longtemps été absente du foyer. Elle a vécu chez leur tante Asha, sans en connaître la raison. Pari avait toujours vécu ce départ comme une trahison, comme un abandon. Elle estimait qu’Amala lui avait signifié, au travers de ce départ, le fait qu’elle ne l’aimait pas. A l’adolescence, Pari avait nourri une colère profonde pour sa sœur. A ses yeux, Amala était une lâcheuse. Comment avait-elle pu les laisser ? Pourquoi avait-elle pris la fuite ? Lorsque son père a été tué, Pari avait rejoint Amala au domicile de leur tante. Cette épreuve ne les avait pourtant pas unies. Au contraire, Pari n’avait aucune confiance en sa sœur et ne lui avait pas révélé la nature de ses actions. L’intervention d’Araav ne lui avait pas donné d’autre choix que de tout avouer à Amala. Cette dernière l’avait sermonnée, un discours qui avait particulièrement agacé Pari. « De quel droit tu portes un jugement quand tu nous as abandonnés lâchement, Papa et moi ? » Amala avait alors menacé de tout dire à la police. Elle ne voulait pas être mêlée à ça. Mais Pari avait été intraitable. « T’as pas intérêt à l’ouvrir, Amala. Tu nous dois bien ça, après tout. » Pari avait toujours su jouer avec le sentiment de culpabilité de sa sœur, qui était palpable. Amala irait donc bien voir Araav, mais pas pour lui divulguer les faits. Il ne l’avait jamais vu et ignorait leur lien de parenté. D’autant qu’Amala ne pourrait pas le nom de famille d’Anand, Subramaniam. Car en réalité, Anand n’était pas son père. > 231


Mais Araav n’en savait rien. Il était d’ailleurs trop occupé à vouloir faire la peau à son ex-femme. C’est d’ailleurs probablement ce détail qui avait permis à Amala de le berner. C’était donc décidé : il s’associerait à Kishore pour obtenir sa vengeance. Araav avait perdu son éthique en apprenant qu’il avait été trahi par la femme qu’il aimait. Il n’y avait d’ailleurs plus aucune place pour l’amour dans son cœur, où seuls régnaient la colère et le ressentiment. Arrivé au bureau, il avait décidé de se saisir du dossier concernant Pari afin de tout remettre à Kishore. Mais sur place, il ne le retrouvait pas. Il avait eu beau tout retourner, impossible de remettre la main dessus. Où avait-il pu bien passer ? Personne n’avait accès à cet espace. Personne, excepté… Raja. En effet, Raja s’était procuré le dossier et l’avait emmené chez lui. Il devait le potasser de son commencement à aujourd’hui. Il ne devait plus foncer tête baissée et apprendre à être méthodique. Car la vie, ce n’est pas comme dans Zanjeer, le film qui lui a donné envie d’entrer dans la police. 232

Raja devait redescendre sur terre et prendre conscience que le métier qu’il a fantasmé toute sa vie n’avait rien de filmesque. Au contraire, Raja s’était confronté à la paperasse, à des affaires parfois barbantes... Mais surtout, il s’était heurté à la corruption. A ses yeux, Araav était l’incarnation de la droiture. Il l’idolâtrait presque. Mais les récents événements l’avaient amené à revoir son jugement. Et si Araav n’était pas si intègre que ça ? En feuilletant le dossier, Raja tomba alors sur un post-it avec un numéro de téléphone, suivi de la lettre K. A qui appartenait-il ? Et que faisait-il dans le dossier de Parineeta ? Raja composa le numéro en appel masqué. Puis se rétracta. Il devait vraiment arrêter de foncer ! Ce numéro allait lui servir à géolocaliser son propriétaire. Et à comprendre en quoi il était concerné par l’affaire Subramaniam…

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... THE END


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N O US RAPP E LO NS QU'IL EST FORME L L E ME NT INTE RDIT D E PRE NDRE L ES TE XTES E T IM AG ES SANS L'ACCO RD DE L E URS AUTE URS RESPECTIFS DA NS L E CADRE DU MAG AZ INE B OL LY&CO. Les photographies des films qui se trouvent dans le magazine Bolly&Co sont des images libres de droit à but commercial mises à disposition par les producteurs afin de mettre en avant leurs oeuvres. Pour cette raison, la grande majorité de nos images sont des stills de métrages et ne sont pas créditées dans notre liste. Seules les photographies professionnelles et licenciées figurent dans nos crédits.


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