Direct Matin - Edition Paris Ile-de-France 900

Page 6

Grand angle

6 N° 900 VENDREDI 10 JUIN 2011

WWW.DIRECTMATIN.NET

UN MILLIARD D’EUROS POUR LES AGRICULTEURS

LE PLAN ANTI-SÉCHERESSE SARKOZY-ROYAL, RETROUVAILLES Poignée de main glaciale. Les deux adversaires de

2007 se sont retrouvés en Charente où ils ont échangé une poignée de main glaciale. «Je garde un excellent souvenir de notre dernière rencontre. C’était en 2007 à la télévision», a ironisé par la suite le chef de l’Etat. Des huées pour Royal.

© R. DE LA MAUVINIERE/AFP

Ségolène Royal, qui n’était pas invitée à la table ronde, a demandé la parole. Des huées sont montées du public, acquis au chef de l’Etat. Nicolas Sarkozy s’est interposé : «Dans la situation inverse, je suis certain qu’avec votre tolérance bien connue, vous me donneriez la parole.» Un débat poli. Ne s’attachant qu’au fond, la présidente de la région a fait trois propositions, dont le blocage des prix des céréales. Réponse point par point, de Nicolas Sarkozy. «La souffrance n’est ni de droite ni de gauche», a-t-il concédé.

Nicolas Sarkozy, avec Nathalie Kosciusko-Morizet (d.) et Bruno Le Maire (à sa droite), hier à Montembœuf, en Charente.

Nicolas Sarkozy a annoncé hier un plan d’un milliard d’euros d’aides pour soulager les éleveurs, étranglés par une sécheresse inédite. Nicolas Sarkozy a sorti l’arrosoir pour étancher la soif des

En danger

éleveurs français. En visite hier en Charente pour prendre le pouls d’une filière bovine exsangue, le chef de l’Etat a annoncé une série de mesures importantes, estimées dans la foulée par François Fillon à près d’un milliard d’euros d’aides. «Pour l’essentiel, ce sera un plan de report d’échéances», a expliqué le chef de l’Etat, avant d’exclure la piste de nouvelles «allocations qui seraient déclarées illégales dans quelques mois» par l’Union européenne. Pas de subventions directes donc, mais des indemnisations, des reports de créances,

© RICLAFE/SIPA

des allégements fiscaux et un soutien logistique crucial en cette période de crise. Sauver la trésorerie des éleveurs Objectif numéro un du gouvernement : sauver la trésorerie des éleveurs assommés de dettes et privés de foin bon marché pour nourrir leurs cheptels. «Soit vous remboursez vos dettes, soit vous payez la nourriture de vos bêtes.» C’est ainsi que Nicolas Sarkozy a résumé le dilemme des agriculteurs, en proposant de reporter à l’an prochain le remboursement des sommes prêtées dans le cadre du plan de sauvetage de 2009.

L’Etat prendrait à sa charge les intérêts des prêts octroyés, avant d’accorder «une exemption de la taxe sur le foncier non bâti» d’un montant de 300 millions d’euros. Enfin, une enveloppe de 200 millions viendra gonfler le Fonds national de garantie contre les calamités agricoles. Ce coup de pouce de l’Etat devrait permettre le versement des premières indemnisations «dès le mois de septembre». La SNCF et l’armée à la rescousse La contribution sera aussi logistique. Tous les éleveurs sinistrés vont en effet devoir importer du fourrage, parfois de très loin et à grands frais. Hier encore, des éleveurs des Deux-Sèvres ont dû faire venir du Pays basque et du Béarn une cargaison de 20 tonnes de paille. Coût du transport, spéculation sur le foin, problèmes de stockage… le gouvernement entend donc mobiliser l’ar-

mée et la SNCF. Des «installations de la Défense nationale» pourraient être mises à disposition pour le stockage du fourrage en transit, a indiqué hier Nicolas Sarkozy, avant d’annoncer une réunion imminente entre le patron de la SNCF et les ministres de l’Agriculture, de l’Ecologie et de la Défense. Des initiatives saluées avec prudence par les agriculteurs, devenus sceptiques après la succession de crises agricoles de ces dernières années. «Les dégâts, on va les évaluer entre juillet et août. Est-ce que cette indemnisation suffira ? Il est beaucoup trop tôt pour le dire mais c’est un premier pas», notait hier le président des Jeunes agriculteurs, Jean-Michel Schaeffer. •

Visionnez la vidéo

L’élevage

Les forêts

Les cultures de blé

Confrontés à une pénurie de foin, de nombreux éleveurs sont confrontés à un dilemme cornélien : s’endetter pour importer, ou vendre à perte voire abattre leur cheptel.

Les forêts sont très vulnérables aux incendies, prévient l’Office national des forêts. Trente hectares ont brûlé la semaine dernière dans la Sarthe, l’un des départements les plus touchés.

La récolte de blé reculera cette année de 13 %, selon FranceAgriMer, établissement public en charge de l’agriculture et de la pêche. L’une des récoltes les plus faibles de ces dix dernières années.

© GIL MICHEL/SIPA

© P. PAVANI/AFP


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.