Citad'elles N°19

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études

Etudier à l’ombre, au CPF de Rennes

Les détenues de Rennes ont participé à l’exposition de l’université de Rennes 2 sur les études supérieures en détention. 42% des Français de 25 à 29 ans ont un diplôme de l’enseignement supérieur. En détention, 0,4% des détenus suivent des études supérieures ! Par Ata 22

LA PAROLE À

Anne Rubin

Responsable Ligue Enseignement (RLE), chargée du suivi des étudiantes au CPF de Rennes. « Les détenues arrivantes sont reçues par le RLE pour savoir quel est leur niveau scolaire et si elles veulent suivre des cours. L’administration pénitentiaire ne gère pas les études supérieures. Le pôle scolaire en détention dépend de l’Éducation nationale. Les étudiantes post-bac ne sont pas le public prioritaire, notre mission première c’est l’alphabétisation, la lutte contre l’illettrisme et le FLE (Français Langue Etrangère) c’est-à-dire apprendre le français aux détenues étrangères. Moi, par exemple, je suis professeure des écoles Dans notre académie, l’argent n’est pas un frein, par contre on doit rendre des compte : il n’y a pas d’obligation de réussite de la part des étudiantes, mais une obligation de se présenter aux examens. L’université de Rennes 2 a voté la gratuité des études pour les détenus de la ville. Ici, au CPF de Rennes, nous nous occupons des inscriptions à Rennes 2, nous sommes aussi centre d’examen. Les filières proposées sont psychologie (cas particulier, il y a une préinscription à faire 1 an avant), anglais, AES, histoire, géographie, lettres modernes. Si une détenue veut s’inscrire en maths, elle peut s’inscrire à la fac de Besançon. Mais il faut alors que les détenues aient quelqu’un à l’extérieur pour faire la liaison avec les cours et autres infos... Les études supérieurs à distance, c’est assez difficile, car aujourd’hui tous les cours à distance se font via internet. Les cours en version papier reste une exception. Or il n’y a pas d'accès à Internet en détention. Avant, les étudiantes pouvaient s’inscrire sur le Cned (cours pas correspondance) mais maintenant, c’est très compliqué. »

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En chiffres

(Source : Ministère de la Justice)

En 2013, 25% des personnes détenues suivaient une formation : 63% : formation de base (alphabétisation, illettrisme, remise à niveau, CFG) 27% : préparation au brevet, CAP, BEP 8.4% : BAC ou DAEU 1.6% : études supérieures À lire : Etre étudiant en prison. L'évasion par le haut, de Fanny Salane, La Documentation Française, 2010.


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