Citad'elles 15

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N°15

NEW LOOK

VOTRE E ZIN MAGA

Soyez !

Reines!

Le féminin sans barreaux

Hiver 2017


CITAD'ELLES Revue éditée à 600 exemplaires • COORDINATION GÉNÉRALE : Les Établissements Bollec Ligue de l’enseignement d'Ille-et-Vilaine • COORDINATION ARTISTIQUE : Les Établissements Bollec • COMITÉ RÉDACTIONNEL : Anic Cloé Samia Mina Xavi Dominique Bettina Dominique Sisi Ata 22 Nouchine Ina • INTERVENANTS : Audrey Guiller Agathe Halais Alain Faure Delphine Marie Louis Colette David • PARTENAIRES : SPIP 35 Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine Centre pénitentiaire des femmes de Rennes Fondation Raja Fondation M6 Fondation Agir Sa Vie Fondation La Poste Le Géant des Beaux-Arts • REMERCIEMENTS : Anne-Héloïse Botrel-Kerdreux Anne-Sophie et Fanny Bérangère Matta Joanna Quelen Paula Vasquez Martine Delaunay Arthur Lutz Mustapha Laabid Gabriel Perlemuter Anaïs Melaye David Leray Adélaïde Fiche Daniel Scalliet Mathieu Sourisseau Franck Schrafstetter Céliane Pierre-François Lebrun Mikaël Marellec La médiathèque Les surveillantes du bâtiment J Merci à tous ceux qui nous ont généreusement apporté leurs compétences pour la réalisation de ce numéro. Illustration Couv : freepik.com Imprimerie Chat Noir - Rennes

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Soyez Reines Adieu 2017, bonjour 2018 ! Savez-vous que dans le jargon journalistique, reparler des mêmes sujets tous les ans s'appelle les marronniers. La rentrée et ses pleurs d'enfants en septembre, la neige et la gastro en hiver ou les glaces et les coups de soleils en été qui reviennent systématiquement à la même période. À Citad'elles, pas d'estivants qui se plaignent de la pluie en Bretagne, pas de skieurs qui déplorent le manque de neige, pas de Parisiens qui râlent dans les embouteillages. À Citad'elles, nous n'aimons pas que cela ronronne, alors pour ce N°15, nous vous emmenons rencontrer votre député, une exploratrice zen, une coiffeuse ou une architecte paysagiste. Nous vous invitons à cuisiner vos repas de fin d'année avec un chef cuisinier militant. À Citad'elles, nous vous proposons de la nouveauté puisque mine de rien, votre magazine change de format et de maquette pour son quinzième numéro. À Citad'elles, nous vous invitons enfin à retrouver tous les numéros du magazine sur www.citadelles.org, le site entièrement dédié à votre magazine et qui a ouvert ses portes au mois de septembre. Ce site qui vous permettra aussi de revisionner l'intégralité de Feuilles Libres, la mini-série documentaire consacrée à votre revue, de trouver un soutien dans la base de données des structures venant en aide aux détenu(e)s et à leur famille. Ce projet est ouvert à toutes, n'hésitez pas à venir rejoindre l'équipe pour nous proposer vos idées d'articles et d'illustrations. Citad'elles est un projet mené conjointement par le SPIP 35, la Ligue de l'enseignement d'Ille-et-Vilaine et l'association rennaise les établissements Bollec. Il n'existerait pas sans le soutien de nos partenaires privés que nous remercions au passage. Tous les numéros de Citad'elles sont également lisibles gratuitement sur le site etablissementsbollec.com Alain Faure, coordinateur du projet.


Sommaire Ailleurs

SOS Méditerranée ........................................................................ p.4 Bouthan, et si on décidait d'être heureux ? ............................... p.6 Joanna Quelen et sa turbine à bonheur ..................................... p.8 Venezuela, les clés pour comprendre la crise .......................... p.10

Ecologie

Les animaux en danger .............................................................. p.14 Bons à recycler, la seconde vie des déchets ............................ p.18

Initiatives

Avec Expression Carcérale, exprimez-vous sur Internet ......... p.20

Rencontre

Il fait quoi ton député ? .............................................................. p.21

Santé

Ces bactéries qui prennent soin de nous ................................. p.24 Rencontre avec notre microbiote .............................................. p.26

Beauté

Cheveux blancs portés fièrement ? ........................................... p.29

Cuisine

David Leray, un chef attaché aux bons produits bio ............... p.30

Médias

La fin du hasard ou le début de la manipulation...................... p.34

Bricoles

Tuto christmas crackers............................................................... p.38

Culture

Quand un conte se transforme en jardin .................................. Petit, rond, émotif : le smiley ..................................................... Mais pourquoi tu dis ça ?............................................................ Céliane, une chanteuse qui touche au cœur ............................ 7 mamies, 7 guitares. Rock 'n roll ..............................................

p.40 p.43 p.44 p.46 p.48

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ailleurs

SOS Méditerranée donne la parole aux invisibles

On en parle beaucoup, c’est un sujet d’actualité brûlant. Les « migrants », comme on les appelle, sont d’abord des personnes et elles sont rarement écoutées… SOS Méditerranée offre aux rescapés qu’elle a sauvés la possibilité de s’exprimer librement en racontant leur histoire. Parce que la parole est libératrice. Par Samia 5 000 morts l’an dernier

Depuis 1993, plus de 33 000 migrants sont morts pendant la traversée vers le pays qu›ils souhaitaient rejoindre, dont 5 000 hommes, femmes et enfants l’an dernier… « Pour sauver des vies et sensibiliser l’opinion », Klaus Vogel, un Allemand capitaine dans la marine marchande, et Sophie Beau, une humanitaire française, ont créé SOS Méditerranée au printemps 2015. Cette association de sauvetage en mer voulait ainsi « répondre à la crise humanitaire en Méditerranée. Face à ce drame humain inacceptable, des citoyens européens, choqués et outrés, ont fortement réagi », explique Bérangère Matta. Elle est responsable de l’antenne

Bretagne-Pays de la Loire de SOS Méditerranée. Ces « migrants », ces « réfugiés », comme on les nomme, quittent leur pays pour fuir la guerre, les persécutions, l’oppression, la famine ou la misère. Ils viennent en majorité de l’Afrique subsaharienne, d’Afrique de l’Est ou encore du Moyen-Orient. Ils prennent la mer au péril de leur vie, souvent au départ de la Libye. « L’Aquarius est un navire de 77 mètres de long loué par SOS Méditerranée pour porter secours aux naufragés, explique Bérangère Matta. Il est stratégiquement positionné à 450 km au large des côtes libyennes. Il s’agit de l’axe migratoire le plus dangereux au monde » De nombreux

autres navires sillonnent cette zone pour secourir des embarcations en détresse. À bord de l’Aquarius, trois équipes interviennent pour soigner, si besoin, les rescapés, pour les mettre à l’abri du froid et leur fournir un repas chaud. Il s’agit d’être présent, de les rassurer, les écouter. Les équipes mettent un point d’honneur à faire témoigner ces personnes.

« Un cauchemar », confient des rescapés

Abi est Nigériane : « La traversée du Niger s’est faite sans problème. Par contre, tout a basculé en Libye. Quelques heures après avoir passé la frontière, notre chauffeur a été arrêté

Il s’est vendu plus d’un smartphone toutes les 2 secondes en France en décembre 2016.

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par des miliciens. L’un de ces hommes nous a frappées, ma sœur et moi, nous avons hurlé de terreur. Puis deux autres miliciens ont abusé de nous. Nous avons été hissées dans une voiture et amenées à la ville suivante où nous avons été vendues aux propriétaires d’une maison de passe ». Ibrahim est Sénégalais : « Mon père est mort l’année dernière d’un accident du travail. Je suis l’aîné, c’était à moi de subvenir aux besoins de ma famille. J’ai cherché du travail mais sans diplôme, je n’ai essuyé que des refus. J’ai enchaîné les petits boulots, sans parvenir à m’occuper correctement des miens. J’ai donc décidé de partir pour pouvoir leur offrir une vie meilleure. Je suis parti tenter ma chance en Libye où de nombreux Africains travaillent. Je ne m’attendais pas à vivre un cauchemar ». Ces témoignages sont primordiaux pour SOS Méditerranée qui insiste pour les rendre publics. L'association en a réuni dans l'ouvrage Les naufragés de l'enfer. Té m o i g n a ge s re c u e i l l i s s u r l’Aquarius (Editions Digobar). « Il faut attirer l’attention des citoyens et des politiques sur ce drame humain qui semble sans fin », répète Bérengère Matta.

Dans les écoles et sur les réseaux sociaux

SOS Méditerranée, outre le sauvetage, a aussi pour mission

de sensibiliser l’opinion publique à la crise migratoire. Lui exposer les différentes problématiques, appeler aux dons et encourager la mobilisation citoyenne. « Deux chargés de communication se relaient afin de faire circuler les informations, les transmettre , répondre aux demandes des journalistes et du photographe qui vont, eux aussi, témoigner de la situation », explique Bérengère Matta. La médiatisation de l’action est cruciale, à la télévision, sur Internet et les réseaux sociaux. Les réactions des citoyens sont nombreuses et les demandes d’interventions dans différentes structures se multiplient. Dans les établissements scolaires, les jeunes semblent réceptifs et sensibles à cette crise qui suscite indignation et émoi. Ils souhaitent en savoir plus. Certains même désirent s’impliquer, s’engager. n

BioExpress Bérengère Matta Bérangère est la responsable du bureau régional Bretagne-Pays de la Loire de SOS Méditerranée et coordinatrice de projets. Après des études d’arabe et de sciences politiques, elle a travaillé pour le comité international de la Croix Rouge en Egypte. Puis en Syrie, dans les camps de réfugiés. Elle a été observatrice dans les prisons de Gaza (autorité palestinienne) auprès de détenus dits «politiques », puis en Israël. Elle a travaillé ensuite pour Médecins du Monde en Irak et au Liban, où elle a rencontré son époux. Elle s’investit dans l’aventure SOS Méditerranée avec son amie Sophie Beau, une des fondatrices de l’association.

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ailleurs

Bhoutan,

et si on décidait d’être heureux ? Le Bhoutan est un petit pays asiatique qui a choisi de mesurer son développement non selon son économie, mais selon le bonheur ressenti par ses habitants. Explications en chiffres. Par Nouchine

750 000 habitants

vivent au Bhoutan. Situé entre 2 grandes puissances : Inde et Chine, le Bhoutan est un pays de la taille de la Suisse.

SEULS 100 000

touristes par an

sont acceptés dans le pays. Soucieux de préserver sa culture, ses traditions et d’affirmer son identité, le Bhoutan ne s’est ouvert au tourisme qu’en 1974. Les rares touristes accueillis doivent obligatoirement dépenser 250 dollars par jour. Cette somme doit être réglée d’avance. C'est notamment pourquoi seuls les circuits organisés par une agence du pays sont autorisés.

1972

Le roi lance l’idée du BNB, le bonheur national brut. C'est un calcul du niveau de vie des habitants, qui prend à la fois en compte le développement économique et le degré de bonheur de sa population. Au lieu du seul PNB (produit national brut), instauré après la 2e guerre mondiale qui ne mesure que le redressement économique et la production de richesses d'un pays.

2008

Le roi du Bhoutan abdique en faveur de son fils, Jigme Khesar Wangchuck, car il veut que le pays soit géré par quelqu’un de jeune. Le pays passe alors d’une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle.

Le père Noël va recevoir plus d’un million de lettres dans son célèbre secrétariat de Libourne, en Gironde.

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Depuis 2012, le 20 mars est la journée mondiale du bonheur

Au Bhoutan, pas une journée d’école ne commence sans la séance de méditation matinale. L’optimisme est une philosophie jusque dans les manuels scolaires. Par exemple, dans le manuel d’anglais : on y suit les mésaventures d’un jeune garçon qui perd son ballon et ne peut pas sortir parce qu’il pleut. Mais qui, heureux d’avoir passé une journée sans problème grave, conclut « I am happy ». Dans le manuel d’arithmétique : autrefois il était écrit « un homme a 4 vaches, on lui en vole 2, combien lui en reste –il ? ». Aujourd’hui : « un homme a 4 vaches mais comme il a bon cœur il en donne 2 à sa fille. Combien lui en reste-il ? »

Tous les 3 ans,

un sondage est effectué auprès des habitants pour connaître leur niveau de bonheur. Il passe en revue 33 critères regroupés en 9 domaines, parmi lesquels la santé psychologique, la vitalité communautaire ou l’utilisation de son temps. Par exemple la façon dont on gère les 24h d’une journée (temps de travail, temps de détente et repos, temps passé avec ses proches, etc.).

Les 4 impératifs

du gouvernement pour gérer le pays et entretenir le BNB sont : la bonne gouvernance, un développement économique durable, la protection de l’environnement, la préservation de la culture. Tous les projets de loi présentés par les ministres sont soumis à la Commission du BNB dont fait partie le premier ministre. Le bien-être spirituel et émotionnel est la priorité.

1560 euros par an

C'est ce que gagne en moyenne un Bhoutanais.

ZÉRO CIGARETTE

Le Bhoutan est le premier pays à interdire la vente du tabac. Au Bhoutan, l’éducation et la santé sont gratuites. Il n’y a pas de feux de circulation, pas de buildings, pas de stades, pas de panneaux publicitaires.

La distribution de Cadeaux a un sacré impact écologique : la tournée dégage 0,545 kilo de CO2 par seconde.

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ailleurs

Joanna Quelen et sa « turbine à bonheur »

Refusant de vivre une existence préprogrammée où l’héritage familial et les ambitions des autres pesaient trop lourds, Joanna Quelen, 40 ans, décide de se laisser guider par une philosophie : « Chaque expérience de vie est là pour nous apprendre quelque chose ». Par Nouchine Des voyages

Joanna Quelen décide d’explorer le monde et ses êtres. A 20 ans, sa quête de découverte la mène en Malaisie, pour y construire des bateaux. « J’étais dans une maison d’hôtes, attablée avec deux groupes différents : une jeune femme de mon âge dont la carrière était en train d’être planifiée selon les souhaits de ses parents. Et un homme en rémission d’un cancer qui avait décidé de ne plus avoir de projets et de se laisser porter par la vie. J’ai eu un déclic : et moi, qu’est-ce que je veux ? J’ai suivi l’homme qui avait frôlé la mort. Avec lui, j’ai passé des mois à observer des tortues et à tenter de les protéger des déchets de l’océan. » Joanna part ensuite au Guatemala, où elle participe à des fouilles archéologiques ; en NouvelleZélande, pour cueillir des pommes ; au Japon, comme serveuse … mais finit par se rendre compte que « trop de visions du monde rend la perception floue ».

Une carrière

Elle rentre en France et passe un diplôme d’acheteuse internationale à l’Ecole de management de Bordeaux, puis travaille pendant six ans pour de grands groupes. « La réussite professionnelle est au rendezvous, je gagne bien ma vie, mais est-ce que tout cela m’apportera le bonheur ? »

Encore formatée par le commerce, elle découvre la psychologie positive : « Au lieu de chercher à comprendre pourquoi des choses vont mal, essayez de décrypter comment les bonnes choses sont arrivées ». Aux Etats-Unis, une étude a suivi 70 ans une promotion de l’université de Harvard. Elle a conclu que le principal facteur de réussite de ces diplômés était la qualité des liens avec les gens, la famille… « Le bonheur : ça demande d’avoir de bonnes relations avec les autres. » Joanna Quelen crée alors Moodstep, un blog regroupant 142 interviews de philosophes, psychologues, économistes, artistes… sur le bonheur (1) . Au travers de leurs témoignages, c’est un véritable panel de parcours éclairants.

Un labo de recherches

Au gré des rencontres qu’occasionne Moodstep, elle fait la connaissance de Jessica Hollender, avec qui elle fonde Happylab (2), un laboratoire qui collecte et diffuse les différentes expertises sur le bonheur. Cette association ambitionne de faire monter la France sur le podium des pays les plus heureux du monde. Si si ! Riche de ses années d’exploration, c’est au travers de conférences et d’événements qu’elle invite les participants à définir leurs

moments heureux, et à en cultiver les ingrédients. Car pour elle, le bonheur est intime. Chacun est la source de son propre bonheur, une fois qu'il s'est débarrassé de ses jugements, sur lui-même et les autres. « Happylab se développant, et afin d’en améliorer la gestion, j’ai fait appel à une experte en gouvernance. A l’issue de l’entretien, j’ai réalisé - ce qui n’était pas prévu – que cette activité ne me convenait plus, et j’ai tout quitté ! »

Opératrice du bonheur

Joanna fonde alors « La turbine à bonheur » (3) où, cette fois, ce n’est plus un « gourou » ou une personne connue qui va intervenir lors d’ateliers. C'est chacun qui va aider l’autre à se connaître. « Je fais des petits groupes, et le but est de se mettre en empathie, de faire tomber les masques et travailler l’estime de soi. » Par exemple, au sein d’un groupe de salariés d’une société, chacun doit énoncer un talent qu’il trouve chez l’autre. n

Chaque année , 1,2 million de tonnes de paquets cadeaux sont livrés dans le monde à Noël.

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« Au lieu de chercher à comprendre pourquoi des choses vont mal, essayez de décrypter comment les bonnes choses sont arrivées ».

Allez plus loin sur le bonheur avec Joanna Quelen : (1) www.moodstep.com (2) Retrouver le compte Happylab sur Facebook. (3) turbineabonheur.com Joanna Quelen a donné une conférence TEDx à Rennes, sur le thème du bonheur "Mort, bonheur et parapluie", que l'on retrouve sur YouTube.

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ailleurs

Venezuela

Les clés pour comprendre la crise Voilà maintenant deux ans que ce petit pays d’Amérique latine bordé par la mer des Caraïbes est divisé en deux camps qui semblent irréconciliables. Paula Vasquez, chercheuse au CNRS et spécialiste du Venezuela, nous explique les enjeux de cette crise. Par Samia Citad'elles : Quel a été l’élément déclencheur de cette crise et pourquoi semble-t-elle s’éterniser ? Paula Vasquez, chercheuse au CNRS : Le 14 avril 2013, Nicolas Maduro, désigné par Hugo Chávez comme son successeur gagne les élections face à Henrique Capriles avec une différence minime. Comme vous le dites si bien, depuis décembre 2015, le Venezuela est englué dans une crise politique : l’opposition a re m p o r té l a m a j o r i té d e s sièges à l’Assemblée nationale et le gouvernement de Nicolas Maduro est allé jusqu’à suspendre les prérogatives du Parlement

pour instaurer une assemblée constituante dont la convocation n’a pas été, au préalable, validée par voie électorale. Aujourd’hui, cette "Constituante", n’a aucun projet de rédiger une nouvelle constitution (fonction d’une Constituante) ou de refonder la nation à partir d’un nouveau texte ! Son intention est uniquement de gouverner par décret et donc sans aucun contre-pouvoir. C’est assez clair depuis les élections régionales qui ont eu lieu il y’a quelques semaines : il faut que les gouverneurs d’opposition prêtent serment devant la Constituante,

manière de faire accepter et de légitimer ce pouvoir. C : Quels sont les défauts de Nicolas Maduro président ? PV : Maduro est très maladroit mais il a su gérer la crise et rester au pouvoir, en faisant des pactes avec les forces armées qui sont les véritables arbitres du jeu politique vénézuélien. Il est moins charismatique que Chavez, mais le projet reste le même. Le PSUV, sa coalition politique, est encore solide et ils sont là, au pouvoir. C’est un triomphe.

Riche en pétrole et farouchement opposé à l’hégémonie idéologique des Etats-Unis, le Venezuela, pays bolivarien allié historique de Cuba, traverse une profonde crise politique économique et sociale. RÉSUMÉ DES ÉPISODES PRÉCÉDENTS :

2013 14 avril 2013 Nicolas Maduro remporte les élections présidentielles de justesse. Il succède au très populaire Hugo Chavez emporté quelques mois auparavant par un cancer.

2014 Février 2014 Premiers rassemblements exigeant le départ de Nicolas Maduro. Il y a des dizaines de morts. Human Rights dénonce des atteintes aux droits de l’homme.

48% des Français avouent acheter les cadeaux par obligation.

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2015 Décembre 2015 Elections législatives remportées par l’opposition. Les antichavistes décrochent la majorité au parlement, pour la première fois depuis 17 ans.

2016 Mai 2016 Le camp anti-Maduro annonce avoir recueilli 1,8 million de signatures favorables à la révocation du président socialiste. Et au premier semestre 2016, 4000 manifestations ont lieu : les habitants réclament de la nourriture.

Septembre 2016 Enorme mobilisation. 1,1 million de personnes manifestent à Caracas pour dénoncer l’inflation, la pénurie alimentaire et demander le changement de gouvernement.

Ce bon vieux Père Noel est né en 1821 dans l’imagination du Pasteur Clément Moore, qui décrit un vieil homme, fatigué, sur un traîneau qui distribue des cadeaux aux enfants.

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ailleurs

C : L es co l o n n es d es m é d i a s internationaux dénoncent et critiquent le virage dictatorial du camp de Maduro. Est-ce avéré, selon vous ? PV : Oui, pour moi le Venezuela est un état autoritaire car il n’y aucune séparation des pouvoirs. La répression est très importante et la presse presque inexistante. Or, l’opposition se comporte comme si c’était une démocratie pour ne pas perdre le peu d’espace qui lui reste. C : Cette opposition est souvent qualifiée de violente, néolibérale et assoiffée de pouvoir. Que pensez-vous de cette analyse ? PV : Moi je pense que c’est assez faux. L’opposition est variée et hétérogène et aucun parti politique d’opposition n'est néolibéral dans la mesure où l’Etat intervient dans tous les secteurs de l’économie. Elle n’est pas violente, en tout cas. Ils n’ont pas d’armes et les prisons vénézuéliennes sont pleines de prisonniers de conscience. Les demandeurs d’asile vénézuélien prolifèrent partout, même en France. Sur le plan institutionnel, l'opposition est une coalition de

partis politiques qui regroupe des tendances très diverses : la Mesa de la Unidad Democratica (MUD). Si elle a obtenu une victoire très importante lors des élections législatives de décembre 2015, elle doit aujourd’hui redéfinir son horizon stratégique. Remarquons d’ailleurs que la composition et les valeurs portées par la MUD diffèrent énormément de celles de l’opposition maladroite qui a soutenu le coup d’état manqué contre Chavez, en avril 2002 : c’est justement cette opposition qui défend aujourd’hui la Constitution dite bolivarienne de 1999, issue de la Constituante convoquée par Chavez. Il ne me semble pas que cela soit de l’opportunisme, la Constitution de 1999 permet plutôt de poser les bases d’un régime démocratique. Certes, les groupes d’opposition peuvent être souvent idéologiquement hétéroclites (centre, centre gauche, secteurs conservateurs), mais l’idéologie de l’extrême droite n’est pas mobilisée au Venezuela sur le plan politique. Dire le contraire relève d’un certain eurocentrisme. Cela ne veut pas dire que le racisme,

par exemple, n’existe pas dans la société. Mais l’extrême droite n’est pas une idéologie politique présente dans le paysage politique vénézuélien. C : Quand se terminera cette crise, selon vous ? PV : Je suis très pessimiste : l e s n ive a u x d e ré p re s s i o n , d’intimidation, de représailles et le pouvoir dont jouissent les fonctionnaires de l’Etat vénézuélien est inimaginable. Le PSUV est un parti politique qui n’accepte pas d'être minoritaire, je ne vois pas comment ils accepteront un jour un résultat qui ne leur est pas favorable. Mais la question à se poser c’est : qu’est-ce qui va s e p a s s e r ave c l ’ é n o r m e crise humanitaire qui affecte la population pauvre vénézuélienne. Ces gens sont devenus invisibles. n

Hubert Reeves écrivait : “Devenir adulte, c’est reconnaître, sans trop souffrir, que le “Père Noël” n’existe pas“.

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Parmi les 20 cadeaux les plus redoutés à Noël, le fer à repasser et la perche à selfies ficgurent en première position.

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écologie

Les animaux en captivité, le visage caché de la souffrance

Récemment encore, les gens considéraient les parcs aquatiques comme un bonheur pour les mammifères marins. Mais eux, les animaux, comment réagissent-ils à la captivité ? En mai, un arrêté a interdit la reproduction des orques et des dauphins, ce qui suscite la colère et l’inquiétude des gérants de delphinariums. Par Ina Ina : Les orques et les dauphins « souriants » nous regardant de l’affiche avec leurs yeux presque humains. Une distraction appréciée par les grands et petits. Le plaisir de les voir s’amuser. Ou de nous amuser plutôt. Sont-ils tristes ou malades ? Ils portent une âme, tout comme nous. Ils peuvent souffrir, être malades. Souffrir, en se séparant de leurs bébés. Et pleurer en silence. Oui, pleurer. Car il s’agit de leurs sentiments. Ils peuvent se sentir tristes, oppressés, seuls devant la perspective de passer toute leur vie en captivité. J’ai contacté Franck Schrafstetter, le président de l’association Code animal, une association qui milite pour le respect de tout être vivant. Les adhérents, bénévoles, se mobilisent contre la détention des animaux sauvages. Citad’elles : Que pensez-vous de l'arrêté du 6 mai 2017 interdisant la reproduction des orques et des dauphins en captivité ? Franck Schrafstetter : C'est une très bonne nouvelle. Pour les delphinariums, il aurait été

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souhaitable que le retrait des animaux soit proposé avec des programmes de réhabilitation. C : L'interdiction de se reproduire ne va-t-elle pas agir sur l’équilibre mental et physiologique des cétacés ? FS : C'est un argument avancé par ceux qui ne veulent rien changer. La reproduction se fait principalement de manière artificielle, et n'a donc pas grand-chose à voir avec une véritable sexualité. Oui, les professionnels et les défenseurs de Marineland sont en colère. Ils se disent « inquiets ». Cette inquiétude est légitime. Ce modèle s'est construit sur un business de l'exploitation animale. On ne va pas cautionner la survie d'une exploitation inacceptable sous le seul prétexte économique. Car dans ce cas, il n'aurait pas fallu non plus fermer les zoos humains ou abolir l'esclavage, car cela faisait vivre de nombreuses familles. Par contre, il semble nécessaire d'accompagner ces professionnels vers autre chose. I : Le côté éthique pose un profond problème, il creuse un profond fossé entre l’homme et l’animal. La question concerne la domination à tout prix de

l’homme sur l’animal. Et par tous les moyens. L’ankus, le fouet …Tout est permis pour dompter un animal. Sous prétexte, par exemple, de faire rire les enfants malades qui viennent les voir. C : Selon vous, ces parcs n’ont vraiment aucune utilité, par exemple pour des malades, des groupes scolaires, des familles, qui apprennent ainsi à respecter le monde animal ? FS : Ces delphinariums servent à engranger des bénéfices et à divertir des personnes qui ne mesurent pas la souffrance que cela peut engendrer chez les animaux. Mais cela va au-delà : les parcs banalisent l'exploitation animale, ils posent comme une évidence le fait qu'un animal puisse être enfermé pour nous divertir. Éthiquement, cela pose un profond problème quant à notre place, nous les hommes, par rapport aux autres espèces. Je ne pense pas que l'on puisse apprendre le respect de l'animal sur la base d'une exploitation. L'animal n'est pas un outil, pas plus de divertissement que de thérapie. Le véritable contact avec les autres espèces doit se faire dans la nature, chacun étant libre d'y répondre ou pas.


160 millions d’euros de bénéfice sont générés par la vente de sapins.

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écologie

I : Le plaisir est surtout pour nous, les Humains. Le plaisir, le divertissement et bien sûr, les bénéfices matériels, coûte que coûte. Même si ça provoque une souffrance insupportable chez les animaux. L’esclavage humain a été aboli. Il est grand temps d’abolir celui des animaux. Parce que cet esclavage est fort présent aussi dans les cirques. C : C o n ce r n a n t l es a n i m a u x dans les cirques, quelles sont les conséquences d'années de dressage et d'entraînement ? FS : L'animal est cassé, il devient un exécutant sans possibilité d'échapper à ce que lui demande son dresseur. Il y a bien entendu différents types de dresseurs, mais au final, tous les animaux sont victimes de coercition. Nous considérons que cela s'apparente à de l'esclavage. D'ailleurs Dick

Gregory, militant pour les droits civiques auprès de Martin Luther King, déclarait : "Les animaux dans les cirques représentent la domination et l’oppression que nous avons combattue pendant si longtemps. Ils portent les mêmes chaînes et les mêmes fers." C : Et les coups de fouet ou l'ankus ? FS : Nous avons fait une enquête dans les cirques français et il ressort que tous les dresseurs d'éléphants utilisent un ankus, cette tige au bout aiguisé, pour rappeler à l'animal qui est le "chef". L’ankus est utilisé sur les zones sensibles de l'animal. C : Code animal a déjà porté plainte contre des mauvais traitements subis par Maya, une éléphante de 54 ans du cirque La Piste d’Or. Où en est la procédure ? FS : Nous avons déposé une plainte suite à de nombreux signalements. Après enquête et l'avis d'un spécialiste

des éléphants d'Asie, le docteur Rinku Gohain, cette éléphante est dans un état particulièrement inquiétant. Les troubles du comportement qu'elle développe sont très importants, sa posture est anormale, et sa détention seule sont autant de problèmes qui justifient cette plainte, instruite par le parquet de Béthune. L'enquête est en cours. C : De nombreux pays et villes ont interdit les cirques animaliers. Qu'en pensez-vous ? FS : 27 pays et plus de 60 communes interdisent la présence des animaux sauvages dans les cirques, ce qui marque l'évolution de la société sur ce sujet. Ce qui était acceptable hier ne l'est plus aujourd'hui, il faut que les cirques en prennent conscience et commencent leur mutation. 50 millions de Français ne vont pas dans les cirques animaliers et plus de 70% n'en veulent plus !

Le nombre d’enfants blessés par des jouets en Europe est d’environ 52 000 par an, soit 142 accidents avec des jouets chaque jour.

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C : Bientôt, on ne verra plus d'animaux dans les cirques ? FS : La question n'est plus de savoir si les cirques animaliers vont être interdits, mais quand. Il y a une véritable accélération de la mobilisation citoyenne sur ce sujet depuis deux ans. La fin est proche, mais nous espérons que le cirque traditionnel réagira rapidement, faute de quoi il risque de disparaître complètement. I : On attendra. Un jour peut-être, ce rêve va devenir réalité. Nager, plonger, danser librement avec les animaux LIBRES. Leur parler. Apprendre leur langage… Pourquoi pas ? Il suffit de donner des possibilités. Sans forcer les animaux pour autant, et sans violer leur univers. Et surtout leur liberté.

Autrefois, la bûche ne se mangeait pas, et n’était autre qu’une vraie bûche de bois que l’on mettait au feu en rentrant de la messe de minuit, afin qu’elle brûle jusqu’au lendemain.Pour ce qu’il en est de la pâtisserie, elle vu le jour qu’en 1945.

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écologie

Bons à recycler

la seconde vie de nos déchets

On recycle actuellement un quart de nos poubelles. A Rennes, plus de 20 000 tonnes de déchets sont ainsi triées et réutilisées chaque année. Les explications de Martine Delaunay, assistante d’exploitation au centre de recyclage Paprec Trivalo Bretagne, au Rheu. Par Sisi Citad’elles : Pourquoi faut-il recycler les déchets ? Martine Delaunay : Nos ressources naturelles ne sont pas inépuisables. Donc, il faut les économiser le plus possible, ne pas gaspiller. Recycler, c’est utiliser un déchet comme matière première. Certaines matières, comme l’acier, l’aluminium ou le verre, se recyclent à l’infini ! C : Depuis quand recycle-t-on ? MD : Le tri du verre existe depuis 1970 en France. Aujourd'hui, de 50 à 70% du verre est trié. A Rennes, on trie les déchets depuis 2003.

Actuellement, on recycle un quart de nos poubelles. Ce qui représente en moyenne 50 kg par an et par habitant en France. A Rennes, c’est plus de 20 000 tonnes par an ! C : Dans quelles conditions les employés travaillent-ils ? MD : Dans la métropole rennaise, le site du Rheu de Paprec emploie 45 personnes. Dans ces usines qui emploient beaucoup de femmes, on travaille souvent debout, il faut être rapide. Pour ne pas se blesser, les agents sont équipés de gants anti-coupure. Normalement, on ne devrait pas trouver de verre dans

les bacs qui arrivent au centre de tri. Les déchets dégagent de fortes odeurs. Pour atténuer la puanteur, les cabines sont pressurisées et la climatisation renouvelle l’air constamment. Si besoin, des masques sont à la disposition des équipes. C : Comment se passe le tri ? MD : Les déchets sont triés par catégorie. Au Rheu, on sépare papier, carton, briques alimentaires, plastiques, acier, aluminium. L’acier est aimanté. L'aluminium est « repoussé » grâce aux « courants électriques de Foucault ». Les différents plastiques sont détectés grâce à des séparateurs optiques. C : Quelles sont les différentes étapes de la transformation des déchets ? MD : Les matières triées sont acheminées vers des filières de recyclage. Là-bas, les impuretés sont enlevées et les matières sont préparées pour pouvoir être recyclées. Par exemple, si on veut enlever la couleur d'une boîte de conserve, il faut la chauffer. L'acier a un point de fusion de 1500°C. A cette température, pas grandchose ne résiste ! L’acier, ensuite, est conditionné en barres ou en plaque qui servent à fabriquer des pièces automobiles, des boîtes de conserve ou des outils de jardin... Quant au plastique, il est nettoyé de ses impuretés. Il est ensuite mis en paillette (cela ressemble à

La production de foie gras dans le monde représente 26.800 tonnes par an, dont les 3/4 en France qui est à la fois le premier consommateur et producteur de foie gras.

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Le centre de tri Paprec Trivalo Bretagne, au Rheu, peut se visiter. Durée : environ 1 h 30. Inscriptions en groupe ou en individuel à l'adresse mail : visite.trivalo.35@paprec.com ou au numéro vert 0800 22 24 88.

des confettis) ou en granules. Pour faire un pull en polaire : on chauffe le plastique, on l'étire (comme le gruyère chauffé : si on le tire, cela fait des fils). Puis, les fils de plastique sont tricotés pour faire de la polaire. Il faut 27 bouteilles de plastique pour faire un pull, et 1 à 2 bouteilles pour une écharpe.

SAVEZ-VOUS OÙ JETER DES...

C : Combien ça coûte, le recyclage ? MD : Le tri coûte moins cher à la collectivité que l'incinération. Car elle récupère l’argent de la vente du papier ou carton et obtient également des subventions. En plus, l’incinération des déchets est un traitement très onéreux. Une tonne de déchets triés coûte 4 à 5 fois moins cher en traitement qu’une tonne qu'on brûle. En recyclant l›acier, on économise 70% de l’énergie qui est nécessaire au départ pour le fabriquer. n

Ampoules : à déposer dans les magasins qui en vendent ou à la déchetterie.

Stylos : à déposer avec les ordures ménagères. Lunettes : peuvent être rapportées chez les opticiens. Sacs : donnés à des associations comme Le Relais. Ordinateurs : déposés en déchetterie, ils sont ensuite démantelés pour récupérer les composants et les plastiques.

Déchets verts et restes de nourriture : peuvent servir à faire du compost. Piles : dans les récupérateurs spéciaux, dans différents commerces. Les piles contiennent des éléments dangereux comme le cadmium ou le mercure. Deux usines en France récupèrent les piles (une sur trois est triée). Elles sont broyées. L’enveloppe en acier ressert à faire des objets en acier. L’intérieur de la pile, chargé en zinc, est utilisé pour faire des gouttières ou des panneaux de signalisation. Avec le reste, on fabrique d’autres piles.

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initiative

Avec Expression carcérale, exprimez-vous sur Internet ! L’association « Expression carcérale » milite pour la liberté d’expression des personnes détenues. Dès maintenant, écrivez-leur pour que votre texte ou votre dessin soit publié sur leur plate-forme Internet. Arthur Lutz, président de l’association, en explique le fonctionnement. Par Mina Citad’elles : Expression carcérale, qu'est-ce que ça ? Arthur Lutz : Une association. Certains de nos membres ont effectué des interventions en prison, et ils ont rencontré une richesse incroyable chez les personnes croisées au fil des ateliers. Les histoires, les poèmes, les petites phrases, les slams, les anecdotes entendues en détention méritent d’être connues, ainsi que les individus en question. Les personnes sont condamnées à une privation de liberté de mouvement, pas de liberté d’expression. Par ailleurs, à l’extérieur, nous baignons dans la culture d’Internet, qui permet de communiquer mais aussi de s’exprimer, de témoigner, de publier des contenus artistiques. Nous avons donc voulu faire le pont entre ces deux mondes. C : Quel est le but de l'association ? AL : Notre objectif est de rendre accessible aux personnes incarcérées le droit fondamental de la liberté d’expression. En publiant leurs textes sur Internet. Nous nous sommes largement inspirés d’une initiative lancée aux ÉtatsUnis nommée “Between the Bars” (Entre les Barreaux), qui existe depuis 2011 et publie des centaines d’auteurs incarcérés. Ce qui est intéressant, c'est de donner la parole directement aux personnes, sans transformation médiatique, sans tronquer cette parole, sans les “petites phrases” hors contexte, sans flouter, sans transformer les propos. Une réappropriation de l’expression publique en

quelque sorte. Cela fait partie d’un apprentissage du vivre ensemble et aussi d’une affirmation de soi, ce dont nous avons tous besoin, et peutêtre notamment en prison. C : Ferez-vous un tri dans les textes ? AL : Dans la tradition des blogs personnels, les auteur.e.s sont responsables de leurs contenus, nous n’avons donc pas de tri à faire. Nous sommes un intermédiaire technique, un hébergeur et un facilitateur. Nous ne sommes pas un éditeur ni un journal. En revanche, si les propos sont contraires à la loi, nous serons tenus de les retirer de la publication. Nous préviendrons bien évidemment l’auteur.e pour qu’il/elle puisse saisir les autorités compétentes s’ils sont en désaccord avec cette décision. Nous avons néanmoins un rôle d’accompagnant et de facilitateur dans cette prise de parole en public : nous effectuons donc un travail de pédagogie lors de l’inscription et des premières publications. Publier sur Internet n’est pas anodin et nous devons informer des tenants et aboutissants, accompagner au mieux sans paternalisme. C : Comment faire pour être publié ? AL : Les inscriptions sont ouvertes, donc la mise en ligne s’effectuera lorsque les premiers détenu.e.s inscrit.e.s publieront leurs premiers textes. Les inscriptions se font par simple courrier à l'adresse cidessous (1). Puis le ou la détenu.e nous envoie un texte ou dessin par la poste, avec l’autorisation de publication nécessaire du DISP

(Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires). Nous numérisons ce courrier pour le publier tel quel sur la plate-forme web d’Expression Carcérale. Le texte peut alors être retranscrit par les internautes volontaires (associations partenaires, grand public), pour qu’il soit plus lisible et plus accessible et qu'il soit indexé par les moteurs de recherche. Les lecteurs peuvent également publier des commentaires qui seront imprimés et renvoyés aux auteur.e.s par voie postale, permettant ainsi une discussion entre le dedans et le dehors. C : A quoi ressemble le site web ? AL : La plate-forme web utilise des logiciels libres et ne contient pas de publicité. L’initiative similaire au États-Unis a dû limiter le nombre d’inscriptions, ne pouvant pas gérer le trop grand nombre de courriers. Nous n’en sommes pas encore là, et espérons que les demandes d’inscriptions et de publication de textes vont être nombreuses. On attend avec impatience les premiers textes !

(1) Expression Carcérale 6 place de la Manu 44000 Nantes www.expressioncarcerale.fr

Il se vend plus de 61 millions de jouets pour une moyenne de 6 à 8 cadeaux par enfant.

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rencontre

Il fait quoi, ton député ? Mustapha Laabid est député de la 1re circonscription d’Ille-et-Vilaine, qui englobe tout le Sud de Rennes, de la gare à la rocade, de Bréquigny à La Poterie. Le CPF est au cœur de cette circonscription. Il est venu nous rencontrer à la rédaction. Collectif Il lutte contre les violences sexistes

Mustapha Laabid est membre de la commission des affaires sociales et de la délégation de l'Assemblée Nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Le 17 octobre dernier, il s'est fait connaître du grand public en intervenant devant ses collègues sur le sujet de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ce qui a conduit les députés présents dans l'hémicycle à l'ovationner longuement. Il préside également le groupe d'amitié et d’échange France-Maroc .

Il grandit dans un quartier populaire

Mustapha Laabid est né à Rennes en 1969. Il a grandi dans le quartier du Blosne, un quartier populaire au sud de Rennes. "Mon père était ouvrier et ma mère, femme de ménage. J'ai étudié dans le quartier jusqu'au lycée. Pour mes études supérieures, j'ai commencé à faire du droit puis de l'espagnol. J'ai terminé par un master en gestion des ressources humaines", explique-t-il. Il a commencé à travailler comme surveillant en collège puis comme professeur d'espagnol. "A 25 ans, j'ai monté une entreprise dans le domaine du

transport. J'ai commencé seul et j'ai fini au bout de 10 ans avec 35 salariés. Ensuite, j'ai décidé de me lancer dans une nouvelle aventure et je suis parti au Maroc mais, cette fois-ci, sans succès."

L'associatif, c'est bien, mais il n'y a pas de sous

Mustapha revient à Rennes en 2005, au moment où des émeutes ont lieu dans les quartiers. Il met en place des "cafés citoyens" et créé une association pour que les gens puissent se rencontrer et parler. "A l'époque, les jeunes disaient que s'il y avait du travail, les incivilités cesseraient. On encourage les jeunes à poursuivre des études comme garantie de trouver du travail, alors que la réalité dans le quartier était à l'opposé. Plus les jeunes étaient diplômés, plus ils avaient du mal à trouver un emploi." A l'inverse, moins ils étaient diplômés, plus ils trouvaient du boulot."Grâce à ces actions, Mustapha est repéré par la fondation "Agir contre l'exclusion". Rapidement, il devient responsable de la section rennaise de l'association qu'il dirigera pendant 12 ans. Le monde associatif, c'est bien, mais pour chercher des sous, c'est compliqué. Quand on est parmi les décideurs, c'est plus facile."

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rencontre

Il rencontre Emmanuel Macron en 2015

"Je voulais créer une école du numérique dans les quartiers et, à l'époque, il était ministre de l'économie et du numérique. Plus tard, on est revenu vers moi pour me demander si j'étais intéressé par la politique et pourquoi pas par un siège de député. Jusque-là, j'étais en lien avec la politique sans vraiment en faire. Pour moi, l'engagement associatif, c'est de la politique au sens noble. Prendre la décision d'entrer vraiment en politique, c'était s'engager avec sa famille, mettre en jeu son équilibre de vie professionnelle et familiale.» Pourquoi En marche ? "C'est un mouvement tout neuf. On a cherché ce que pensaient les gens pour construire le programme. On s'est vraiment assis autour d'une table pour parler des dossiers, avec des gens du terrain experts de chaque domaine. Il y avait une vraie dynamique."

Députés : 214 petits nouveaux

A l'Assemblée, 214 nouveaux députés issus de la société civile, qui n'avaient jamais fait de politique. "C'est aussi la première fois qu'il y a autant de jeunes et de femmes qui arrivent d'un coup d'un seul. Il y a 49 % de femmes. Ça donne un nouvel élan. Ça va bouleverser la manière de travailler de l'Assemblée Nationale." Depuis longtemps, il y a une forte abstention lors des élections. Mustapha Laabid espère stopper les clivages. "Macron à l'habitude de dire : "Je suis de Gauche et de Droite". Moi, je dirai plutôt : "Je ne suis ni de Gauche, ni de Droite". C'est difficile de sortir du bipartisme." Pour lui, 214 nouveaux, ça donne de nouvelles couleurs, de nouvelles façons de

penser la représentation nationale. "C'est une force et une très grande richesse."

Le vrai problème, le chômage de masse

"Quand on regarde la France de l'étranger, on se dit que tout va bien mais quand on regarde la France depuis la France, on se dit que tout va mal. Le vrai problème, c'est le chômage de masse. En sortir, c'est prendre des décisions et c'est difficile car il y a toujours des détracteurs." Qui créé les emplois ? interroge le député. "Ce sont les entreprises. Il faut leur redonner confiance pour recruter. On a déjà essayé la politique de consommation, ça n'a pas marché. On va essayer la politique de l'entreprise. Il faut réussir à maintenir la balance entre le libéralisme et le protectionnisme. Moi, personnellement, je suis davantage pour le protectionnisme."

Mission : voter des lois

Les députés rédigent des amendements pour les projets de loi. Ils les déposent devant le gouvernement qui les communique à l'Assemblée nationale qui vote une première fois. Ensuite, la loi part au Sénat et revient ensuite devant l'Assemblée Nationale. "Le rôle d'un député consiste à élaborer la loi et à voter le budget du gouvernement. Normalement, je dois me nourrir de ce que pensent les gens de ma circonscription et porter leurs couleurs au Parlement. On doit écouter la population, les sollicitations associatives ou individuelles et faire remonter à Paris. Être député, c'est aussi être pédagogue et savoir expliquer. Le député protège aussi les Français par le contrôle de l'action du gouvernement. Pour ça,

on peut écrire des amendements aux lois et pour avoir plus de poids, on peut faire cosigner les amendements par une majorité de députés." Mustapha Laabid a suivi une formation de trois semaines pour se mettre à niveau. "On est souvent candide au début. Il peut y avoir quelques erreurs mais pour celui qui veut apprendre vite, tout s'apprend. Seul le sage sait qu'il ne sait rien. En tant que député, on a le droit d'embaucher trois ou quatre collaborateurs."

Quelle politique carcérale pour En marche ?

"On a le projet de construire 15 000 places supplémentaires et de rénover les prisons". Pour les autres alternatives à la prison, Mustapha Laabid reconnait que ce sont des réformes difficiles à porter. "On a l'impression que, pour beaucoup de gens, mettre de l'argent pour les personnes incarcérées, c'est scandaleux. Moi, je pense qu'il faut prévenir, faire un travail en amont sur l'insertion pour éviter la récidive, faire en sorte que chaque détenu ait une formation. Il faut impliquer les entreprises. Il faut travailler en amont sur l'emploi et sur ce qui tourne autour : la santé, le logement pour s'insérer dans la société». Le député, qui se décrit comme "humble, connecté à la réalité et humain" est pour dire "stop au tout carcéral et pour les alternatives à la détention". C'est une opinion largement partagée par "En marche". «Il faut ouvrir un peu plus la prison sur le monde extérieur, l'emploi, la culture. Moi je souhaiterais plus d'ouverture." n

C’est en 1521, que le fameux sapin de Noël fit son apparition, et en Alsace !

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« Je ne suis ni de Gauche, ni de Droite. C’est difficile de sortir du bipartisme. »

Argentine : Felices Pasquas Y felices ano Nuevo - Italie : Buone Feste Natalizie

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santé

soin de nous

Ces bactéries qui prennent Nous avons tous entendu parler de la flore intestinale. Des chercheurs l’ont étudiée et ont découvert un nouveau monde peuplé d’êtres vivants, qu’ils ont rebaptisé le microbiote intestinal. Le professeur Gabriel Perlemuter, co-auteur du livre Les bactéries, des amies qui vous veulent du bien (Solar) nous en dit plus. Par Ata 22

A

mis pour la vie. Le microbiote, c'est tous les micro-organismes qui vivent en nous : bactéries, champignons, virus. On a plusieurs microbiotes : dans le tube digestif, dans le vagin, sur la peau, dans les poumons. « Nos microbiotes sont extrêmement importants, explique Gabriel Perlemuter, chercheur et chef du service d'Hépatogastroentérologie et nutrition à Hôpital Antoine-Béclère (APHP), à Clamart. Ils nous aident à digérer, à construire notre immunité, à fabriquer des vitamines, à détoxifier. Si nous prenons soin de notre microbiote, il prend soin de nous. Plus les bactéries sont nombreuses et diversifiées, meilleure est notre santé. » Inversement, un mauvais microbiote peut favoriser un diabète, l’obésité ou les allergies. L’importance de l’accouchement. « On forme notre microbiote en 1000 jours clés », explique le professeur. Pendant le dernier trimestre dans le ventre maternel et les trois premières années de notre vie. « Un enfant naît stérile de bactéries. Il

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est exposé aux bactéries du vagin et du rectum lors d'un accouchement par voies naturelles ou aux bactéries de la peau lors d'une césarienne. En fonction du mode d'accouchement, de l'allaitement, l'alimentation, la consommation d'antibiotique, un microbiote différent apparaît. » 3 règles d'or pour un bon microbiote. 1. Eviter les antibiotiques inutiles, car ce sont des bombes atomiques pour nos bactéries. 2. Arrêter de consommer des aliments transformés (industriels) qui contiennent des édulcorants, des émulsifiants, et des pesticides. 3. Adopter une alimentation diversifiée et riche en légumes, ça aide le microbiote à fabriquer des produits bons pour notre santé. Partenaire minceur ? « Avoir un bon microbiote joue un rôle dans la possibilité de perdre du poids », explique Gabriel Perlemuter. C’est même le nouveau régime à la mode... Lors d'expériences, des rats qui ont les mêmes habitudes alimentaires prennent du poids ou

non, selon qu›ils ont un mauvais ou un bon microbiote. « Mais la bonne santé du microbiote dépasse largement cette histoire de poids. Elle peut jouer sur la tolérance à l’alcool, l’anxiété, la dépression, et même les troubles du spectre autistique ». Microbiote du futur. Les recherches sur le microbiote ouvrent plein de perspectives pour développer des nouveaux traitements médicaux. « Dans le futur, on analysera votre microbiote pour connaître vos risques de développer telle ou telle maladie », présage le professeur. On pourra réaliser des greffes de bactéries ou introduire certaines bactéries dans l'alimentation d'un patient pour rééquilibrer son microbiote et le soigner. n


Le saviez-vous ? • On a 100 000 milliards de bactéries vivantes en nous. C’est-à-dire autant que le nombre de cellules vivantes de notre cerveau. Ça fait 1 kilo et demi de bactéries. • Dans notre corps, il y a plus d'ADN bactérien (l’ADN des bactéries) que notre propre ADN, celui de nos cellules. Cela veut dire que nous ne sommes pas tout seuls, nous vivons en symbiose avec nos bactéries. • L’intestin est l’organe le plus long du corps, il mesure 4 mètres de long. Quand on le regarde au microscope, on découvre des milliers de tous petits replis, les villosités. Si on s’amusait à les déplier, on pourrait recouvrir un terrain de tennis. • Les enzymes sont nécessaires pour nous permettre de digérer les aliments, 10 000 enzymes ont été identifiés dans notre microbiote, alors que notre propre corps n’en dispose que d'une vingtaine. • Les prébiotiques sont des sucres non digestibles qu'on trouve dans les fibres alimentaires. Elles ont un effet bénéfique sur notre santé. On en trouve entre autres dans l’ail, la chicorée, le chou, les oignons, les pommes et poires. Les probiotiques sont des bactéries, des levures ou des moisissures dont la consommation est bénéfique pour la santé.

EXPÉRIENCES

Analyser des selles et faire picoler des souris Gabriel Perlemuter a découvert la magie du microbiote en partant d'une question : pourquoi, à consommation d'alcool équivalente, certains d'entre nous vont bien et d'autres développent de graves maladies ? Gabriel Perlemuter est hépatologue, comprenez : spécialiste du foie. Il suit donc des patients alcooliques. Ils ne comprenaient pas pourquoi certains résistaient mieux que d'autres à l'alcool. La question est la même avec le surpoids : pourquoi certaines personnes qui mangent autant que les autres ne grossissent pas ? Si ce

n'est pas une histoire de gènes, c'est peut-être une histoire de bactéries... Pendant près de dix ans, le médecin a recueilli les selles de tous ses patients alcooliques. Des analyses ont montré qu'à consommation équivalente, les personnes malades du foie avaient un mauvais microbiote. Pour vérifier, son équipe de recherche a fait des tests sur des souris, vierges de toute bactérie. Elle a implanté à un groupe A un mauvais microbiote et à un groupe B un bon microbiote. Les chercheurs ont fait boire de l'alcool aux souris. Les A sont devenues malades. Pas les B...

Dans certains pays, ce n’est pas le Père Noël qui ramène les cadeaux. En Espagne, ce sont les Rois Mages le 6 janvier. En Suède, c’est Jul Tomte le petit lutin et Befana la sorcière en Italie.

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santé

Rencontre

avec nos hormones…

Adrénaline, mélatonine, œstrogène… Coup de projecteur sur l’hormone, une substance indispensable à tout être vivant pour le bon fonctionnement de son organisme. Véhiculée par le sang, elle est responsable de l’interaction entre les organes. Par Bettina

O

n désigne sous le nom d’hormones (du grec « hormaô » : je mets en mouvement, j’excite), des substances de nature organique élaborées par certaines glandes ou tissus.

D’où viennent-t-elles ?

Une hormone est générée par une glande endocrine ou une glande exocrine. Le volume et la forme de ces glandes diffèrent selon l’organe ciblé. Notre corps sécrète et fait circuler cinquante hormones différentes.

librement : elles sont en majeure partie accolées à des protéines, qui les inactivent et les protègent pour qu’elles remplissent leurs missions. L’hormone générée par une glande exocrine déverse ses produits de sécrétions à la surface de la peau (glande sébacée, par exemple) ou dans une cavité naturelle communiquant avec le milieu extérieur (glandes digestives, par exemple).

À quoi servent-elles ?

Les hormones assurent la régulation du fonctionnement de l’organisme parallèlement au système nerveux. Leur rôle primaire consiste à communiquer les informations entre les organes du corps. Par ailleurs, l’hormone sert de stimulant pour initier les actions des différents organes du corps.

Comment fonctionnent-elles ?

L’hormone générée par une glande endocrine (hypophyse, thyroïde, gonades, pancréas, surrénale…) déverse son produit de sécrétion directement dans le sang qui la conduit jusqu’à sa destination. Les hormones ne circulent pas

La mélatonine pour faire de beaux rêves.

Cette hormone est sécrétée par l’épiphyse. Elle régule notamment les rythmes biologiques. C’est notre marchand de sable. Sa production nous aide à l’endormissement. La lumière du jour ralentit puis stoppe la production de cette hormone.

L’insuline pour stocker les sucres. Accro à l’adrénaline.

Les adeptes des sports extrêmes sont des toxicos sans drogue. Ils carburent à l’adrénaline. Cette hormone est sécrétée par les glandes surrénales. Elles avertissent le cerveau en cas de danger. Elles entraînent une réaction en chaîne (augmentation de la pression artérielle, dilatation des bronches, oxygénation accrue du cerveau et des muscles). En pratiquant ré g u l i è re m e nt d e s a c t iv i té s extrêmes, on devient dépendant à la sensation de suprématie liée

34.000 tonnes de chocolat sont achetées pour Noël.

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à la fabrication de l’adrénaline ou la dopamine. Comme avec les drogues, le seuil de tolérance augmente et il faut repousser les limites sans cesse…

Cette hormone hypoglycémiante est sécrétée par le pancréas. Elle est responsable de l’absorption et du stockage du sucre dans les cellules. Elle intervient au niveau du fonctionnement de certains organes comme les artères. L’insuline est utilisée, en injections quotidiennes, pour le traitement du diabète insulinodépendant.

Les œstrogènes, notre part féminine.

Elles sont sécrétées par l’ovaire, assurant la formation, le maintien et le fonctionnement des organes génitaux et des seins, chez la femme. Selon un cycle dit « cycle


MÉLATONINE

INSULINE

ADRÉNALINE ŒSTROGÈNES

CITAD’ELLES N°15 - 27


santé

menstruel », dont les règles sont la manifestation. De la puberté à la ménopause, une femme connaît environ cent cycles dont la succession est interrompue par les grossesses. Les oestrogènes sont responsables du développement des organes féminins au moment de la puberté. Elles agissent également sur le cerveau, participent à la consolidation des os, féminisent la voix et jouent un rôle important dans la qualité de la peau et des cheveux. Elles sont également responsables de la répartition de la graisse sur les hanches et les cuisses et rendent les femmes plus sensibles aux problèmes veineux (phlébite). La progestérone produite par les ovaires après l’ovulation complète et contrôle les effets des œstrogènes.

d’œstrogène. Les symptômes les plus courants : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, incontinence, troubles du sommeil ; poitrine plus dense, prise de poids, modification de la silhouette, perte de cheveux, pilosité du visage, problèmes émotionnels. Il existe des solutions pour atténuer ces troubles, comme la relaxation, l’exercice physique régulier et non intense, une hygiène de vie saine sans alcool ni tabac, une alimentation moins épicée, moins de caféine. On peut également consommer du soja, des pois chiches, des graines de lin, des céréales complètes qui contiennent naturellement des phytœstrogènes. Ainsi que des vitamines D, du magnésium et du calcium.

Le cap périlleux de la ménopause.

En préparant cet article, j’ai pris conscience que bientôt, je devrai faire face à un changement hormonal d’importance : la ménopause ! La ménopause survient naturellement entre 45 et 55 ans, en deux étapes. La préménopause, qui dure plusieurs années, correspond à l’apparition des symptômes et des fluctuations hormonales. L’ovulation continue, mais les cycles sont de plus en plus irréguliers. La ménopause est définie par une interruption des règles pendant douze mois consécutifs. De nombreuses femmes ont peu, voire aucun symptômes gênants au cours des deux étapes, mais d’autres sont sujettes à des désagréments extrêmement perturbants qui sont surtout dus à la baisse du taux

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Traitement : le THS pour toutes ou pas ?

Une étude américaine avait fait très mauvaise presse au THS (Traitement Hormonal Substitutif ). En réalité, cette étude portait sur des femmes plus âgées, souvent obèses ou en surpoids (pour les 2/3) et hypertendues, ce qui augmentait leur risque cardio-vasculaire. Par ailleurs, les hormones utilisées n’étaient pas naturelles, et prises à fortes doses, et par ingestion. En France, le traitement se fait par voie cutanée, à doses modérées et adaptées et n'utilise que des hormones naturelles.

Le THS permet de passer en douceur le cap de la ménopause en supprimant ou en atténuant nettement les bouffées de chaleur, les troubles de l’humeur et de la sexualité, les insomnies et la fatigue. Il protège mieux les os, la peau, les artères et les articulations, de certains effets du vieillissement. Le THS pour toutes ? Chaque femme étant différente, le choix du traitement doit se décider en concertation avec un médecin. Sa prescription doit être réévaluée une fois par an.

Réussir à parler du « monstre »

Deux femmes ménopausées ont bien voulu répondre à mes questions. La première a opté pour une méthode naturelle : comprimés de soja et de plantes naturelles. Elle en est satisfaite, même si les bénéfices sont longs à venir. La seconde a opté pour le THS. Le traitement a duré six ans, il a été très efficace, mais les bouffées de chaleurs sont revenues quelque temps après l’arrêt. Elle a donc choisi un traitement à base de plantes à dose homéopathique, qu’elle suit avec succès depuis deux ans. Pour ces deux femmes, la difficulté est surtout d'oser parler de la ménopause, comme ça, en toute simplicité. Juste pour désacraliser le « monstre » afin de le combattre au mieux, de trouver des solutions et surtout, de transmettre leur expérience. n


beauté

Cheveux blancs portés fièrement ?

Blondes, brunes, rousses ? Et pourquoi pas blanches ? Au naturel, de plus en plus de femmes s’assument. Plus besoin d’artifice pour plaire, le cheveu se libère. Par Sisi Pourquoi nos cheveux blanchissent-ils ?

Anaïs Melaye, coiffeuse depuis quinze ans, dirige le Salon Mouch' à Rennes. C’est le seul salon de coiffure rennais installé... sur une péniche !

Anaïs : « Les cheveux blancs proviennent de l’arrêt de fabrication de la

mélanine, cette molécule responsable de la pigmentation des cheveux. Nous n’avons pas tous des cheveux blancs au même âge. Dans ce domaine, nous ne sommes pas tous égaux ! C’est en partie dû à la génétique, à nos parents et grands-parents. Entre les hommes et les femmes, il n’y a pas vraiment de différence. Mais plus on avance âge, plus nous avons des cheveux blancs. Aujourd’hui plus qu’avant, les femmes se posent vraiment la question de garder leurs cheveux blancs. Les teindre n’est pas forcément nocif pour la santé : des produits à base de plantes et complètement naturels existent. Mais les cheveux blancs deviennent tendance. Nous, les coiffeurs, sommes là pour écouter et conseiller les clientes, selon leur nature et couleur de cheveux. Ne pas se teindre, c’est rester naturelle, c’est moins d’entretien et moins coûteux aussi. Une couleur-shampooing-coiffage coûte entre 58 et 68 € dans un salon. »

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Salon Mouch' - Quai saint cast - 35000 Rennes - 06 63 61 43 53

Danielle «J’ai 60 ans, j’ai décidé de ne plus me teindre les cheveux depuis une dizaine d’années. Je me sens plus libre. Avant, il fallait aller chez le coiffeur tous les 3 semaines. C’est un coût. Tout le monde me dit que ça me va bien.» Alain-Hervé «J’ai incité ma chérie a arrêter de se teindre les cheveux. Je ne voulais pas qu’elle utilise des produits nocifs pour sa santé. Je l’ai aidée à passer le cap des racines blanches. Elle est toujours aussi belle. Mon regard sur elle n’a pas changé.» Bettina «Avant, je faisais des couleurs. J’allais chez le coiffeur pour changer de tête. Depuis mon incarcération à 41 ans, je n’ai pas refait de couleurs. Ici, on ne peut pas acheter de produits naturels. Et puis je ne veux pas me teindre les cheveux pour plaire aux autres. On me prend comme je suis. Je ne me maquille pas non plus. C’est la «beauté» au naturel. Mes cheveux blancs font partie de mon identité. Pour moi, c’est un signe extérieur de sagesse, de tout le travail que j’ai fait en détention.» Sylvie «Je ne supporte pas les cheveux blancs. Pour moi c’est signe d’un grand âge, de vieillesse. La beauté passe par la couleur.»

On mange l’équivalent de 41 dindes toutes les minutes le mois de décembre en France, autrement dit, 2,47 millions de dindes finissent dans nos assiettes de Noel.

CITAD’ELLES - 15 - 29


cuisine Pour chaque numéro un ou une Chef(e) relève le défi de concocter pour vous un menu original avec les listes de cantines.

David Leray Un chef attaché aux bons produits bio

La Froment du Léon, la Canadienne, la Pie Noire,... Cela évoque quelque chose pour vous ? Collectif

Pour trouver notre chef invité, il faut remonter la Rance en direction du barrage hydroélectrique et accoster sur la cale du Minihic-sur-Rance. C'est là dans ce petit coin de Bretagne déserté par les touristes l'hiver que vous retrouverez celui qui à élaboré pour vous le menu de fête de ce numéro. En haut de cette cale, il a installé son repère : une épicerie de proximité. Mais lorsque l'on est David Leray, est-ce que l'on ouvre une simple épicerie ? Après être passé par le Lycée hotelier de Dinard, David s'est fait une solide réputation en ouvrant des établissements gourmands avec son

complice Thomas Martin dans le nord de l'Ille-et-Vilaine. Il a assis cette solide réputation en travaillant avant tout des produits d’une rare qualité, locaux et bios. Il a ainsi établi son vrai bon carnet d'adresses de producteurs. Ces producteurs que l'on retrouve aujourd'hui à la fois sur les étals du rayon boucherie-charcuterie, mais aussi dans les étagères de l'épicerie ou la cave à vin de son commerce. À côté de tous les produits nécessaires au quotidien, les Minihicois disposent désormais d'une offre alimentaire exclusive élaborée par David et Thomas décidèment inséparables. Ils offrent en plus un service traiteur que l'on retrouve sur pas mal d'évènements de la région. De quoi réveillonner entre terre et mer. n

La Cale Gourmande 31 rue du Général De Gaulle 35870 LE MINIHIC SUR RANCE Tél. : 02 99 88 53 97

Sachez que le plus grand bonhomme de neige du monde fut construit en 1999 aux USA et il mesurait 37 mètres !

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Ce sont les fêtes,

les proportions des recettes sont pour un tablée de 20 personnes !

Rillettes de sardines, salade aigre douce Sardines en boite 8 boites Echalotes 400 g Persil 1 botte Radis 4 bottes Miel 50 g Pommes de saison 2 kg Salade feuille de chêne 4 Huile d'olive 50 cl Huile de tournesol 25 cl Moutarde 250 g Vinaigre de cidre 25 cl Sel, poivre

Eplucher les échalotes et les ciseler. Hâcher le persil. Dans un saladier mélanger les sardines, les échalotes et le persil, ajouter une pointe de miel, le vinaigre de cidre 10 cl et l’huile d’olive 25 cl. Saler, poivrer et rectifier les saveurs acidité avec le vinaigre, pointe sucré avec le miel et huile d’olive. Réaliser la vinaigrette en mélangeant deux belles cuillères de moutarde, sel, poivre, vinaigre de cidre 15 cl, une pointe de miel, et la monter au fouet avec l’huile de tournesol, goûter et rectifier si besoin. Préparer les radis, les nettoyer, couper les fanes et les tailler en bâtonnets. Laver les salades. Couper les pommes en bâtonnets. Mélanger la salade avec les radis, les pommes et la vinaigrette. Dresser les rillettes en quenelles avec la salade.

Bulgarie : Tchestita Koleda ; Tchestito Rojdestvo Hristovo - Surinam : Vrolijk Kerstfeest

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cuisine

Côtes de veau, purée maison et carottes aux agrumes et curry Côtes de veau 20 Crème épaisse 2 litres Champignons de paris frais 3 kg Echalotes 500 g Pommes de terre 8 kg Beurre salé 450 g Huile d’olive 10 cl Jambon cru 20 tranches Carottes 3 kg Curry 250 g Oranges 2 kg Oignons 2 kg Sel fin, gros sel et poivre

plucher les échalotes et les ciseler E Nettoyer les champignons et les tailler en lamelles Eplucher les pommes de terre les mettre dans une casserole avec de l’eau froide et du gros sel, mettre à cuire. Eplucher les carottes et les oignons, les tailler en cubes, les faire revenir dans un plat au four à 200 ° C avec 5 cl d’huile d’olive et 50 g de beurre, une cuillère à soupe de curry, saler. Une fois colorés, déglacer avec le jus des oranges et laisser confire au four à 120 °c. Rajouter de l’eau en cour de cuisson si le jus d’orange est réduit. Mettre les tranches de jambon cru sur une plaque et les faire sécher au four à 150 °c, les retirer du four une fois légèrement colorisées et séchées. Dans une poêle, faites revenir le 5 cl d’huile d’olive et 100 g de beurre. Une fois la poêle très chaude faites revenir les côtes de veau. Les colorer des deux faces, retirer les côtes et les réserver. Dans la même poêle, faites revenir les échalotes et les champignons. Une fois qu’ils sont colorés, rajouter la crème, saler, poivrer, laisser cuire deux minutes et remettre les côtes dans la sauce, maintenir à feu doux. Une fois les pommes de terre cuites, les égoutter et les mettre ensuite dans un grand cul de poule avec 350g de beurre. A l’aide d’un fouet, écraser le tout. Dresser

Le tout premier SMS a été envoyé le 3 décembre 1992 par Neil Papworth, un jeune ingénieur anglais. Ce message envoyé à un collègue en test n’était autre que « Merry Christmas !».

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Pain perdu et duo pommes poires caramélisées Pommes 4 kg Poires 4 kg Pain sec 40 tranches Lait 3 litres Oeufs 12 Miel 250 g Sucre cassonade 500 g Beurre salé 1 kg

ans un cul de poule, mélanger les œufs, 500 g de D sucre, puis rajouter les 3 litres de lait. Dans un plat, mettre les tranches de pain sec et verser dessus le mélange. Eplucher les pommes et les poires, tailler en quartiers, retirer les trognons. Dans une grande poêle, faire revenir 500 g de beurre et 250 g de miel. Une fois le mélange légèrement caramélisé, plonger les pommes et les faire revenir une minutes. Ajouter les poires et faire revenir à feu vif durant 5 minutes. Dans une grande poêle, faire revenir 500 g de beurre et 250 g de sucre. Une fois le mélange légèrement caramélisé, poser les tranches de pain bien imbibées et faire caraméliser des deux côtés. Dresser

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médias

La fin du hasard ou le début

de la manipulation Yuval Noah Harari, l’écrivain du futur, nous entraîne dans ce monde des algorithmes qui régissent désormais notre quotidien, pour le meilleur et pour le pire... Par Cloé.

N

otre vie est régie par les algorithmes. Un exemple simple : tous les matins, vous buvez un café. Si la boite de café est vide, il y a de fortes chances que vous vous rabattiez sur le thé. Voici un algorithme. Un algorithme est une suite finie d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème ou d’obtenir un résultat. Ce sont des probabilités, des hypothèses de la manière dont les choses évoluent et les gens se comportent dans l’avenir. À la croisée entre le darwinisme et l’évolution de l’homme avec l’informatique et les algorithmes.

Les statistiques d'Angelina Jolie

Dans son dernier livre Homo Deus : une brève histoire de l’avenir (1) Yuval Harari, auteur israélien, imagine l’évolution de l’homme dans le futur. Ce livre est basé sur un certain nombre de probabilités de ce qui se passera dans le futur, pour l’homme.

Selon lui, dans le futur, l’homme sera complètement dépendant des algorithmes. Notre vie aujourd’hui est déjà soumise à ces fameux calculs savants de probabilités, appelées algorithmes ! Selon Yuval Noah Harari, dans le futur on sera à même de détecter la moindre faille du corps humain, la moindre maladie ou cancer, avant même qu’il ait commencée ! Car, l’homme, qui est en permanence connecté, est en fait en permanence analysé… Le phénomène est d'ores et déjà en marche, puisque les décisions médicales reposent de plus en plus sur des calculs informatiques. Regardez Angelina Jolie : en 2013, l’actrice américaine à découvert, grâce à un test génétique, qu’elle portait une dangereuse mutation du gène BRCA 1. Selon les bases de données statistiques, 87% des femmes portant cette mutation ont une probabilité de développer un cancer du sein. Ainsi, Angelina Jolie a décidé de faire entièrement confiance aux algorithmes et procédé à une double mastectomie.

BioExpress Yuval Noah Harari est un auteur israélien, historien, né le 24 février 1976, à Kiryat Ata. Connu dans le monde entier, il propose dès 2014 des conférences (gratuites) sur le web. Ce qui l’a fait connaitre auprès du public c’est son best-seller : Sapiens une brève histoire d’humanité (Albin Michel) qui retrace en 400 pages l’histoire de l’humanité de Sapiens jusqu’à aujourd’hui ! Il arrive à synthétiser tout une partie de l’histoire et cela se lit très facilement. C’est même devenu l’auteur préféré de Barack Obama ! Harari est bouddhiste, il pratique 2 heures de méditation par jour. Il est également végétalien.

424 millions d’escargots consommés par an, essentiellement à Noël et dans l’Est de la France.

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médias

Scrutés, analysés, connectés

Le problème, c’est surtout que nos suites d’actions, qui pourraient paraître anodines, nos petits algorithmes, sont désormais scrutés. Sur internet, on nous dit d’avance quels livres vont nous plaire, quels probables profils de partenaires nous devrions choisir pour vivre une union heureuse. C’est inquiétant, dans son ouvrage Yuval Noah Harari pose la question : « que deviendrons nos démocraties quand Google et Facebook connaitront nos goûts et nos préférences politiques m i e u x q u e no u s - mê mes ? L es algorithmes, de plus en plus intelligents, pourront se passer de notre pouvoir de décision». Pour l’auteur, Google est devenu en quelques années la nouvelle autorité,remplaçant ainsi l’Église, et la référence indispensable en matière de savoir ! Puisque, dès que l’on a une question, on se précipite dessus… Ainsi, la nouvelle religion du XXI e siècle est le Dataïsme ! Cela fait froid dans le dos de se dire que chacun de nos geste est scruté, analysé. Tout est public, la vie privée n’existe plus ; rien n'est personnel

puisque nos données sont revendues. Pour Yuval Noah Harari, l’homme est rempli d’algorithmes chimiques (ce qui n’est pas faux !) et lors d’une rencontre sur le plateau de l’émission de la Grande librairie sur France 5, Boris Cyrulnik (célèbre neuropsychiatre), qui n’était pas tout à fait d’accord, a précisé que c’est le corps de l’homme qui est rempli d’algorithmes chimiques, mais que l’homme en lui-même n’est pas un algorithme … Il y a d’un côté la biologie, avec nos algorithmes naturels, et de l’autre, les algorithmes informatiques qui donnent lieu à de savants calculs sur nos comportements. n (1) aux éditions Albin Michel 2017.

POUR ALLER PLUS LOIN Trump et les algorithmes Un documentaire de Thomas Huchon, sur France 5, « Unfair Game : comment Trump à manipulé l’Amérique » explique comment un milliardaire, mathématicien, Robert Mercer, s’est rapproché de Donald Trump. Il a placé auprès de Donald Trump trois personnes pour s’occuper de sa campagne politique. Mercer finance une entreprise de psychométrie à Londres Cambridge Analytica qui utilise les algorithmes pour faire des prédictions et connaitre l’électorat, grâce à la collecte de données personnelles des gens. Les algorithmes calculent leurs habitudes et leurs opinions politiques. Le

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système a repéré les potentiels électeurs de Trump et leur a envoyé des messages, les Darkpost, disant par exemple : Sais-tu qu’Hilary Clinton va te retirer ton arme ? pour finir de les influencer et de les manipuler. Bien sûr, cela a été envoyé dans les trois États où les algorithmes avaient repérés le plus grand nombre d’électeurs en faveur de Trump. C’est là que les algorithmes, plus la vente de nos données, mises entre de mauvaises mains peuvent être véritablement catastrophique… Aujourd’hui c’est Trump, mais demain ce sera qui ?


é t i c i l b u P ! b e w e st sur l

e

Vous y retrouverez gratuitement T OUS LES NUMÉROS PUBLIÉS depuis 6 ans en version numérique Feuilles Libres, la mini-série documentaire de Pierre-François Lebrun consacrée AU MAGAZINE EN INTEGRALITÉ LES LIENS VERS LES PARTENAIRES qui soutiennent activement le projet

PRATIQUE !

LA BASE DE DONNÉES remise à jour régulièrement.

Les structures venant en aide au détenu(e) et à leurs proches sont regroupées par thématique.

une seule adresse : citadelles.org CITAD’ELLES N°15 - 37


bricoles

LE TUTO

Christmas crackers Le matériel pour le cracker

• 3 rouleaux de sopalin ou papier toilette • du papier à motifs • du ruban • de la colle • des ciseaux • des petits cadeaux pour l’intérieur Découpez votre papier pour former un rectangle. La taille changera en fonction de la taille de votre rouleau. Prévoyez néanmoins assez de marge sur les côtés pour refermer le paquet. Disposez vos trois tubes sur le papier, en centrant celui du milieu. Placez de la colle sur un des côtés longs et roulez le papier autour des tubes en carton. Avec un ruban, passez entre les deux tubes et serrez bien. Remplissez votre tube de petits cadeaux ou bonbons. Refermez le paquet de la même manière que vous avez déjà fait de l’autre côté. Dans certains pays, la tradition veut que l’on glisse une couronne dans le Christmas cracker. Vous n’avez pas de couronne ? No problemo, c'est hyper facile d’en fabriquer une à partir d’un sac en papier. Prenez-le assez grand pour qu’il soit plus large que la tête de celui qui recevra le crackers. Une bande suffira pour confectionner une couronne.

Des idées de petits mots à glisser dans votre craker ! Quelque chose que tu as perdu va réapparaitre./La roue tourne./Après la pluie, le beau temps. Oups… Mauvaise pioche !/Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. Ce message porte 100% bonheur./Con comme un gland ou fort comme un chêne ? Une bonne écharpe vaut mieux qu’un bon rhume./Vous allez vivre une belle et longue vie. La réalité n’est rien, les rêves sont mieux. /L’amour est pour les chanceux et les braves.

Hindi : Shub Naya Baras - Vietnam : Chung Mung Giang Sinh

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Les crackers sont le «must» de Noël en Grande-Bretagne. Ces papillotes en forme de tubes, traditionnellement dotées d’un mécanisme provoquant une mini-explosion ou un craquement (d’où leur nom), sont nées en 1850. Même sans explosion, elles sont faciles à faire et sympa à offrir. Collectif

Le matériel pour la couronne • un sac en papier, à récupérer (ou alors du papier kraft) • une paire de ciseaux • de la colle en bâton (ou du ruban adhésif) • peinture ou bien feutres, gommettes, paillettes Commencez par enlever les anses du sac et découper une bande de papier dans le sac en papier, en coupant le haut du sac, dans le sens de la largeur. La bande doit mesurer entre 10 et 15 cm de haut. Pliez cette bande en accordéon ou bien en deux plusieurs fois : il faut obtenir un rectangle de 5 à 6 cm de large. Dessinez un motif de couronne ou bien tracez un V à l’envers au milieu. Découpez le long du trait. Décorez selon vos envies. Assemblez les deux extrémités de la couronne pour que ça tienne sur la tête, avec du scotch ou de la colle. Avec un seul sac, on peut faire plusieurs couronnes.

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culture

Quand un conte se transforme

en jardin

Faire d’une friche un agréable jardin pour les habitants du quartier : des détenues ont participé à ce projet mené par Adélaïde Fiche. Par Dominique

T

out commence par u n e c o n f é re n c e à l a médiathèque du CPF : « Les travaux de la gare et les nouveaux aménagements ». A priori, pas particulièrement floral, ni poétique… On nous présente des images et des plans de la nouvelle ligne TGV Paris/Rennes et des transformations de la gare, juste à côté du CPF. Adélaïde Fiche, paysagiste, prend la parole. Ça m’interpelle. Dans ce quartier en mutation, elle a l’idée de transformer une friche

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en un jardin participatif, à partir d’un conte. Autour des thèmes de la nature, l’imagination, le vivre ensemble et la biodiversité, ce jardin éphémère (il restera 10 ans) mêle la participation des habitants du quartier Sud gare, des écoles et du CPF. Adélaïde Fiche nous propose de créer une calade à l’entrée du jardin et de tapisser le mur du fond du jardin de dessins floraux à la bombe de peinture. Comme la plupart des détenues, je ne savais pas ce qu’était une calade. En réalité, on en a tous vue une. C’est un tapis de galets représentant

un ou plusieurs motifs. Quand Adélaïde nous montre des modèles, je me demande : « Est-ce-que l’on est capable de la concevoir ? » C’est un boulot d’artiste… mais la paysagiste croit en nos capacités.

Les fleurs vagabondes

Pour créer ce jardin, Adélaïde Fiche s’est inspirée d’un conte qu’elle a elle-même inventé : « Les Vagabondes ». C’est l’histoire d’une voyageuse venue de l’Ouest qui voulait domestiquer des fleurs qu’elle appelait « Les Vagabondes ». De ses voyages, elle ramenait des fleurs sauvages, des fleurs des champs… Passionnée par leur fougue et leur caractère spontané, elle décide de leur offrir un lieu pour les observer. Mais un jour, elle finit par trop les aimer. Alors, pour mieux en prendre soin et les protéger, elle construit des clôtures, de grands paniers, des tables de bouturage et de multiplication, de grandes cages dans lesquelles grimper… Et dans sa folie, elle va même jusqu’à relier le jardin aux trains si proches. Elle met en place quelques rails et un passage secret menant aux dépôts de la gare, situés derrière le mur du jardin. Mais un jour, alors qu’elle revient d’un


long voyage, elle réalise que toutes ses fleurs se sont échappées. On n’enferme pas des sauvageonnes ! Devant la force de cette mutinerie, elle décide d’abdiquer et de laisser les fleurs faire comme bon leur semble. Elle leur dédie alors ce lieu, ainsi qu’aux enfants du quartier, à l’imagination fertile et indomptable comme ces fleurs.

Des ateliers créatifs

Ce projet a donné lieu à deux ateliers et deux sorties. Le terrain se situe au 21-23 rue Quineleu, à 5 mn du CPF. Lors du premier atelier, nous avons utilisé notre imagination pour dessiner une calade sur une feuille blanche, grandeur nature. Quant au deuxième, il a été consacré à la

création de pochoirs représentant des fleurs. Nous avons ensuite appliqué notre création collective au jardin. Nous sommes passées par différentes étapes : mesurer le cadre de la calade, disposer le dessin sur le cadre, tracer avec une pointe le contour des motifs, mélanger les matières, étaler le mélange, positionner les galets et les fixer à l’aide de joints. Pour moi, c’était une première d’apprendre à manier des matières comme la chaux, le sable et l’eau. Le jardin a ouvert au public début octobre. n

Valérie, une détenue qui a participé aux ateliers « J’ai aimé voir l’évolution d’une friche en jardin. La calade a été une grande découverte et en même temps m’a demandé beaucoup d’efforts physiques. Les jours suivants, j’avais mal aux jambes. j’avais déjà eu l’occasion de me servir de pochoirs, mais pas de les fabriquer. C’était intéressant de voir la façon de procéder. Ce projet a commencé à l’intérieur du CPF avant de se mettre en place à l’extérieur des murs. C’est toujours agréable de passer deux jours dehors. De plus, les créations sont visibles de tous les rennais ce qui fait de nous des artistes (lol). »

Tahiti : ‘ia ‘oa’oa e teie Noera

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culture

QUESTIONS À

Adélaïde Fiche, paysagiste et conteuse florale Le projet des Vagabondes, qu’est-ce que c’est ? Un jardin pour enfants et habitants, un jardin partagé de fleurs et d’imaginaire. C’est un projet temporaire, le temps des travaux de la gare, le temps d’occuper l’espace et de créer un lien avec les habitants. J’ai déjà travaillé sur 6 autres jardins, dont Les mille ruisseaux et Le château de la mécanique. Le projet des Vagabondes a coûté 20 000 €. Quels sont les objectifs et les intérêts ? Valoriser le fleurissement en intégrant la biodiversité (papillon, insectes) aux bâtiments existants. Offrir un jardin aux enfants, monter un projet avec les écoles. Comment ça s’est passé ? Il faut d'abord du temps pour créer l’histoire. On s’est inspiré de l’idée du voyage, parce que le jardin est à côté de la gare. Ensuite, il faut mettre l’histoire en place dans le terrain. On a du ensuite récupérer des plantes et du matériel (recyclage ou dons) pour créer le jardin. On a aussi du prévoir le financement.

Pourquoi solliciter la participation des femmes du CPF ? Elles ont été sollicitées car elles font partie de la ville de Rennes. Je n’avais aucune appréhension de travailler avec les femmes et je n’ai rencontré aucune difficulté. Je les ai trouvées pleine de créativité et habiles : elles utilisent bien le calque. J’ai aimé le contact et les échanges que nous avons eus ensemble. Qu’avez-vous retiré personnellement de cette expérience ? Elle fut enrichissante, elle m’a permis de belles rencontres. J’aime le fait d’apporter une petite pierre à l’édifice pour la biodiversité. Et le résultat est vraiment à la hauteur ! Les riverains sont contents, car il n’y a plus de squat et ni un terrain en friche. Ils ont été sensibles à ce que des détenues participent au chantier du jardin. Cette expérience m'ouvre les idées pour d’autres projets. J’ai envie de continuer à faire des jardins, toujours en intégrant des participants d'horizons différents. Le prochain chantier de jardin aura lieu à Melesse, début 2018. Il s’intitulera « A pas de loup ».

La chanson « Petit Papa Noël » de Tino Rossi est rééditée tous les mois de décembre, battant tous les records de vente: 300.000 exemplaires par an.

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culture

Petit, rond, émotif : le smiley Le smiley, qui vient de l’anglais «smile» (sourire), est le dessin extrêmement stylisé d’un visage souriant coloré en jaune. Au départ, il exprimait l’amitié. Par Sisi Le tête de bonhomme ronde et souriante a plus de 50 ans ! La première apparition d'un smiley remonte à 1953, dans un journal américain. Les journalistes utilisent des signes du clavier, deux points et une parenthèse :) pour signifier un

visage qui sourit. En 1963, Harvey Ball invente la version ronde et jaune du smiley pour une société d’assurance américaine qui voulait améliorer le moral de ses employés. Le smiley a ensuite été repris en tant qu’emblème de la culture new beat

et de la musique techno. En bon Français, on devrait plutôt utiliser le terme « frimousse ». A la place de smiley, les Québécois, eux, emploient le mot : « binette ». n

Ouin ouin

Avoir peur

Tirer la langue

Fâché - En colère

Timide

Voilà !

Réfléchir

Bouder

Perplexe

Froid

Se moquer

Ah Ah Ah !

Bayer - fatigué

Observer

Attention !

Cool

Ouais, mon œil !

Auto stop

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culture

Mais pourquoi tu dis ça ?

Connait-on l’origine de tous les dictons, proverbes et expressions que l’on utilise au quotidien ? Petit voyage dans le temps pour mieux les connaître, avec Catherine Mory, auteure de Au bonheur des expressions françaises. Par Bettina Il reprend du poil de la bête

On croyait autrefois que pour soigner une morsure, il fallait appliquer sur la plaie un poil de l'animal qui avait attaqué, moyennant quoi le malade allait guérir. En Angleterre, on dit qu'« il faut manger un poil de la bête qui t'a mordu ».

Quand les hirondelles volent bas, les pavés se prennent pour des nuages

Traditionnellement, le vol bas des hirondelles annonce le mauvais temps. François Cavanna, l'un des fondateurs de Charlie Hebdo, s'est amusé à détourner ce dicton météorologique en inventant une phrase devenue à son tour proverbe. Cette expression signifie que, quand la discussion est d'un niveau peu élevé, les imbéciles se prennent pour des intellectuels !

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Il baisse les bras

Au Moyen Âge, les litiges graves se réglaient devant Dieu. Le plaignant et le défenseur étaient placés debout, les bras à l'horizontal. Dieu était censé faire perdre le coupable et accorder la victoire à l'innocent. Quand l'un des deux finissait par baisser les bras, il prouvait sa culpabilité, tandis que son opposant gagnait le procès (et des douleurs musculaires pour au moins un mois...)


C'est le tonneau des Danaïdes

Se dit pour une besogne interminable. Les cinquante filles de Danaos, roi d'Argos (Grèce) épousèrent le même jour leur cinquante cousins (ennemis de son père). Danaos donna à ses filles, les Danaïdes, une longue épingle qu'elles dissimulèrent dans leur chevelure et il leur ordonna de l'enfoncer dans le cœur de leur maris, la nuit de leurs noces. Elles furent condamnées, dans les Enfers, à remplir un tonneau percé et ce, à perpétuité.

L'argent n'a pas d'odeur

C'est à l'empereur Vespasien (Ie siècle) que l'on doit se proverbe. Le monarque avait instauré une taxe sur l'urine récupérée par les teinturiers dans les commodités publiques. L'urine, riche en ammoniaque, servait à dégraisser et blanchir les vêtements. Titus, le fils de Vespasien, s'offusqua de cette démarche. Son père lui mit sous le nez des pièces d'or que cette taxe lui avait rapportées en lui demandant : « sententelles mauvais ? »... L'épisode a été raconté par Suétone (historien latin mort en 126).

Tenir la chandelle

Autrefois, la nuit, les couples fortunés ayant une envie subite de se faire un câlin, appelaient valet ou soubrette, qui étaient alors priés de tenir la chandelle pendant que leur maîtres s'en donnaient à cœur joie. Évidemment, ils devaient garder le dos tourné. Aujourd'hui, cette expression désigne un tiers qui, tenant compagnie à un couple enamouré, se sent de trop.

Payer en monnaie de singe

L'Âne frotte l'âne (Asinus, asinus fricat)

C'est la gesticulation de toute passation de pouvoir. Le successeur loue le travail accompli par son prédécesseur tandis que le prédécesseur loue les mérites de son successeur. Ils se frottent le dos comme le font les ânes lorsqu'ils ont des démangeaisons. Les imbéciles se complimentent entre eux.

Au XIIIe siècle, pour franchir les portes de Paris, les jongleurs et autres saltimbanques devaient payer une taxe de passage (l'octroi). Ils faisaient exécuter à leur macaque quelques prouesses afin d'amuser les gardes, puis traversaient le petit pont en toute légalité. Un curieux édit autorisait les amuseurs publics à « payer en monnaie de singe ». Aujourd’hui, l'expression désigne de vaines promesses ou des belles paroles...

A lire pour en savoir plus : Au Bonheur des expressions françaises, de Catherine Mory, Larousse.

Brésil : Boas Festas e Feliz Ano Novo - Basque : Zorionak eta Urte Berri On!

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musique

Céliane

une chanteuse qui touche au cœur

Céliane est une chanteuse amatrice qui est déjà venue jouer deux fois au CPF. Sa sensibilité et ses paroles touchent vraiment ceux qui l’écoutent et sont un soutien dans les coups durs. Citad’elles l’a interviewée. Par Anic Citad’elles : Quand avez-vous commencé à chanter ? Céliane : Dès l’âge de 17 ans et j’en ai... 46 ! A 17 ans, j’habitais en Bretagne, près de Rennes. Mes parents m’ont offert une guitare pour mon anniversaire et j’ai appris à jouer seule, à composer des musiques. Y compris à jouer sur le piano familial et à y apposer des paroles de mon cœur, puisées dans mon vécu déjà douloureux à l’époque. Mais aussi vivifiées par mes espérances et mon ressenti profond d’amour pour les autres. Ainsi, depuis mon adolescence, je compose les paroles et musiques de mes chants. En plus de mon travail de secrétaire de mairie. Pour moi, le chant est un support pour transmettre ce qui me parle et me traverse. Mes chants s’adressent à l’âme, à la profondeur, à la réflexion et touchent à la réalité crue de la vie et aux valeurs existentielles nobles. Je chante dans des lieux intimes, généralement face à une petite assistance comme dans les centres sociaux, les collèges, maisons de retraite, mais aussi pour soutenir des associations. Je passe aussi plusieurs heures par jour à répondre à des personnes en deuil, en difficulté dans leur vie et qui me contactent après avoir découvert mes chants sur Internet, principalement YouTube. C : Où trouvez-vous l'inspiration? Céliane : Dans la nature, la puissance des saisons, les hauts sommets qui m’entourent là où je vis. La vie est comme la météo, elle a ses saisons

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et ses changements, ses périodes de soleil et les autres, plus nuageuses voire tempétueuses. J’y puise chaque jour les notes et les mots. Les variations et les vibrations de mon être, ainsi que les rencontres m’inspirent également. L’essentiel de mon inspiration vient de mes racines, mon expérience de vie soutenue par ma foi chrétienne, que j’ai depuis toute petite fille. C’est le plus beau cadeau de vie que m’ont fait mes parents. L’un de mes rouages dans mon travail est la conviction. J’ai grandi en allant à la messe, j’ai aussi intégré un groupe scout encadré par des protestants. Si j’étais née dans un pays musulman, je serais très probablement musulmane. Si j’étais née au cœur d’une tradition bouddhiste, je serais une bouddhiste sincère. En tant que bretonne devenue montagnarde, j’ai appris qu’il n’y a pas qu’un seul chemin pour atteindre le sommet... C : Beaucoup de vos chansons parlent de religion. Pourquoi ? Céliane : J’ai effectivement écrit q u e l q u e s c h a nt s s p i r i t u e l s . Le terme de religion n’est pas dans mon vocabulaire. Ce que je transporte en moi n’est pas religieux, n’appartient à aucun « clocher ». Pour moi, la spiritualité concerne avant tout l’individu. Elle concerne l’intime. Elle est nourrie par le sens que chacun trouve à sa propre raison de vivre et d’exister. Selon le cheminement de chacun, certains l’appelleront Dieu, d’autres «forces» ou «lois de vie» ou encore «évolution».

Ce que je porte est intimement lié à l’amour de l’humain et de la Vie avec un grand V. Je considère que la vie n’est pas le fruit d’un hasard. Elle est belle, grandiose et mystérieuse. Elle a un créateur, un chef d’orchestre qui, au-delà des apparences et interprétations trompeuses, maîtrise le temps et l’histoire de nos vies, le temps et l’histoire tout court. J’ai le souvenir, depuis que je suis petite fille, d’avoir ressenti une confiance en l’avenir. Je me souviens avoir toujours eu la foi en quelque chose de plus grand que moi et de favorable à ma vie. Je n’étais jamais seule. Si je peux apporter une petite part de cette conviction par mes chants au travers de qui je suis, alors mon engagement depuis près de 30 ans trouve tout son sens.

Anic « La première fois que Céliane est venue chanter ici, à la chapelle, j'ai été envoûtée par les paroles de ses chansons. Beaucoup d’entre elles me rappelaient certaines périodes de ma vie. Depuis, je possède, je pense, toutes ses chansons. Ses CD passent en boucle dans ma cellule. Je m’endors avec elle et le matin, dès mon réveil, je l’écoute en buvant mon café. Ses paroles et ses textes sont tellement beaux que l’on ne peut pas y rester insensible. Il ne me tarde qu’une chose, c’est qu’elle revienne faire à nouveau un concert ici.»


C : Je me retrouve beaucoup dans vos chansons, pourquoi ? Céliane : Que l’on soit roi, prince, altesse, président, que l’on soit coiffeur ou chauffeur de bus, patron ou employé, nos vies sont toutes traversées par des joies, des peines, des douleurs, des maladies, des inquiétudes. Ou encore la perte d’un être aimé et le face à face avec notre propre finitude. Nous sommes de même nature. Vous le savez. Vous, vous êtes aujourd’hui détenues et en prison. Mais certains prisonniers sont bien plus libres que beaucoup qui sont dehors et déambulent dans les couloirs interminables et confus de leur vie. C : Une de vos chansons dit : « n'ôtez pas les pierres des ruisseaux ». Estce que vous pensez que les épreuves aident à avancer ? Céliane : Je le pense, car c’est mon expérience de vie. L’épreuve est tout autant une conséquence qu’une cause. L’épreuve est un langage, un « lanceur d’alerte » et si elle est bien comprise, elle peut être une opportunité. « Il faut s’aimer vivants », dit une de mes premières chansons, que j’ai écrite à 17 ans et qui conclut tous mes concerts depuis bientôt 30 ans. C : Avez-vous chanté dans plusieurs prisons ? Céliane : Au CPF de Rennes et à la maison d’arrêt des hommes, à Vezin. Pour l’instant, je n’ai pas d’autres projets mais, en tant que Bretonne, j’ai un cœur particulier pour ces deux établissements et j’y reviendrai, c’est certain. Je reste bien entendu disponible et ouverte aux opportunités. Je tente aussi de garder un lien écrit avec les détenus qui me l’ont demandé. C : Pourquoi ne trouve-t-on pas vos CD ailleurs que sur internet ? Céliane : Parce que je ne suis pas une star ! Parce que, par rapport aux « grands » de la chanson, je suis dans un mode confidentiel et non populaire. n

S’AIMER VIVANTS Par Céliane. L’amour est le chemin où se croisent les êtres. Il ne te coûte rien, juste un sourire peut-être. Partage la tendresse avec tes vieux parents. Donne ta joie sans cesse, tant qu’il est encore temps. Refrain : Il faut s’aimer vivants quand on est là sur terre. Donner l’amour avant que s’éteigne la lumière. D’une voix douce et légère, chantons nous des mots d’amour, sans fusil et sans guerre, avec l’espoir d’un nouveau jour. Nos vieux nous abandonnent, nous quittent chacun leur tour. Leurs derniers vœux résonnent, « il faut s’aimer toujours ». Quand s’endorment leurs corps, on meurt un peu aussi. Et viennent les remords, des mots qu’on n’a pas dits. On pense alors soudain, au temps qu’on a perdu, à repousser la main qui nous était tendue. L’amour est le chemin où se croisent les êtres. Il ne te coûte rien, juste un sourire peut-être. Auteur – Compositeur : Céliane Chante la Vie. Références Sacem : cdlpbc1-2014

Vous pouvez acheter les CD de Céliane ou soutenir son engagement sur son site : www.celianechantelavie.com

En général, un verre de lait et des gâteaux sont laissés pour le père Noël, mais en Irlande la tradition veut qu’on lui laisse comme collation, une pinte de bière brune, un verre de whisky, ou du pain de viande !

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musique

7 Mamies, 7 guitares.

Rock'n Roll.

Le 7 octobre dernier, des Mamies Guitares sont venues donner un concert au CPF de Rennes. Retour sur cette aventure artistique, orchestrée par Daniel Scalliet et Mathieu Sourisseau, qui donne parole et pep’s à 7 mamies aventurières. Par Ata 22 Des mamies non musiciennes

Le principe est simple : prendre 7 mamies non musiciennes et 7 guitares électriques, les encadrer par deux artistes, Daniel Scalliet et Mathieu Sourisseau, pour 5 ateliers et 2 concerts. Ils ont monté ce projet dans le cadre du festival rennais Les Tombées de la Nuit. Les 5 ateliers sont partagés en deux temps, une partie écriture collective, où Daniel fait un

Josie, une des Mamies Guitares. « Ce qui m’a donné envie de participer au projet, c’est le défi, l’inattendu, l’originalité du projet. Je me suis habillée avec des éléments que chaque fille m’a apporté. C’était très intéressant. J’ai rencontré des femmes formidables et les deux intervenants aussi. C’était fatigant. Tous les jours on apprenait à jouer des choses différentes. Sur la scène, on suit les instructions de Mathieu. Ça change en live. J’ai écrit mon texte de A à Z. J’ai écrit un texte sur la vie en détention, mais calme et apaisé, apaisant. Il y avait des textes de révolte, qui invitaient à l’action. Moi, je voulais faire redescendre la tension. Pendant le concert en détention, je me suis sentie très à l’aise. Même si on n’entend pas très bien sur scène, on ne sait pas ce que ça donne. Dehors, j’ai plus senti le trac. Ils ont du refuser des gens à l’entrée, j’étais fière.»

travail de collectage de parole : le groupe invente et lui écoute, note, réécrit et les aide à structurer des textes. « Leurs textes sont issus des discussions de la semaine », dit-il. Il y a aussi une partie guitare où Mathieu propose aux participantes une approche différente de la musique écrite. Elles travaillent sur l’improvisation et l’apprentissage de signes correspondant chacun à une donnée musicale. Par exemple, faire résonner toutes les cordes en une fois, jouer fort ou prendre un objet pour frotter la guitare. « C’est important qu’elles ne sachent pas jouer de la musique, si elles avaient été un peu musiciennes, ça aurait été difficile de leur faire faire n’importe quoi », explique Mathieu au public. Pendant les concerts, les participantes improvisent en direct, suivant les codes donnés par Mathieu, qui dirige le groupe comme une chorale. « Ce n’est pas simple de se laisser diriger et elles l’ont fait », sourient Daniel et Mathieu.

Rock'n roll au CPF

Sur la scène, les mamies sont disposées en arc de cercle. Chacune assise, guitare en main et ampli pas loin. L’ambiance est joviale et gaie.

Quand les lumières s’éteignent, les spectatrices sont à l’écoute et totalement dans le spectacle, elles applaudissent volontairement avec enthousiasme. Mathieu dirige les Mamies du côté de l'estrade. Elles se lèvent une par une et lisent leur texte, pendant que le reste de l’équipe suit les instructions du chef d’orchestre. Les spectatrices rigolent spontanément et reprennent même en cœur le slogan « osons les filles, osons » prôné par certaines Mamies. Les textes sont féministes et prônent la liberté au sens large, sur différents tons. En arrière-plan, les guitares donnent le rythme et passent d’un air gai à des sonorités plus stressantes pour repartir vers d’autres ambiances. n

Après Toulouse (2014), Brest (2015) et Dijon (2016), le projet "Mamies Guitares" est arrivé à Rennes, via le festival des Tombées de la Nuit. Cette "création participative pour sept mamies non musiciennes, sept chaises, sept amplis et sept guitares" a rassemblé des femmes qui ne se connaissaient pas, dont une détenue qui pouvait bénéficier de permissions de sortir. Pendant cinq jours, elles ont travaillé ensemble (trois jours au Centre Régional d'Information Jeunesse et 2 jour au Centre pénitentiaire) avant de présenter leur performance mêlant textes et musique à la prison puis le lendemain, au CRIJ.

L’huître est un animal dangereux… ce mollusque incontournable des fêtes serait en effet responsable de plus de 2.000 accidents par an, la plupart pendant les fêtes.

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QUESTIONS À

Daniel Scalliet et Mathieu Sourisseau, inventeurs du projet Mamies Guitares. L’idée. « On aime la pratique amateur, on avait envie de donner la parole à des femmes qui ont vécu au XXe siècle, qui ont l’âge d’être nos mamans, qui ont vécu mai 68, vécu une époque où il y a eu tellement de changement pour les femmes ». Le message. « Le spectacle n'a pas de message. On donne la parole au groupe, ce sont leurs expériences, leurs vies. Nous, on ne fait qu'écouter ce qu'elles racontent ensemble. Ça peut être utopique ou mensonger, drôle, politique ou farfelu. Chaque groupe à son propre message. » L’électrique. « On nous a dit que mettre une mamie avec une guitare, ça fait racoleur. Mais pourquoi ce serait étrange que des

mamies prennent des guitares électrique ? C’est de leur génération ! La vraie question, c’est pourquoi ces questions se posent encore pour les femmes : le droit à la pilule et à l’avortement, le droit de prendre une guitare électrique. Après tout ce qui s’est passé en 68... » L’humain. « Dans ce projet, on redécouvre la bienveillance, l’humanité juste, sincère, honnête. Ça peut paraître bateau, mais on accepte la différence de chacun. Souvent, on voit un visage et on se fait un avis directement. On essaye de saisir les gens trop vite. Alors qu'on se rend compte au final, quand on commence à les connaitre, qu’on ne savait rien de ce qu'était vraiment cette personne. »

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libres

Bref…

Ces lois stupides La loi nous contraint. Pourtant, certains textes de loi encore en vigueur sont complètement farfelus. Par Nouchine. • Si vous vous arrêtez aux Pays-Bas et décidez de vous reposer dans un coffee shop, un café où consommer du cannabis est autorisé, ne sortez pas votre cigarette : c'est interdit !

Pardonner

Par Anic.

M’accepter moi-même telle que je suis dans la joie. Regarder ce que j’ai reçu pour en rendre grâce. Et ce qui me manque encore, pour m’en plaindre. Accepter l’autre tel qu’il est, en commençant par le plus proche, son mari ou sa femme, ses parents, ses frères et sœurs, ses voisins, sa famille. Dire du bien de l’autre, et le dire tout haut. Ne jamais le comparer à un autre car la comparaison ne pourra mener qu’à l’orgueil ou au découragement. Vivre dans la vérité, appeler le bien, bien et le mal, mal.

• En Iran, ce sont les cheveux des hommes qui sont dans le collimateur de la Justice. La coupe « mullet » (court dessus et sur les côtés et long dans la nuque) est formellement interdite depuis 2010, jugée "décadente" et "non-islamique" par les autorités.

• La rumeur dit qu'en France, il est illégal d'appeler son cochon Napoléon. Mais on ne trouve aucune loi de ce type dans la législation française. Il s'agit sûrement d'un vieil arrêté municipal ou préfectoral sur le thème de l'"offense au chef de l'état". La jurisprudence étant périmée, vous pouvez appeler votre cochon "Napoléon" sans aucun risque...

Résoudre les conflits non par la force, mais en se parlant, et ne pas se monter la tête par un monologue intérieur. Ni se plaindre ou dire du mal de l’autre en son absence, mais entrer aussi vite que possible dans un vrai dialogue avec lui. Dans le dialogue, commencer par ce qui unit, pour repasser ensuite à ce qui oppose. Prendre l’initiative du dialogue et essayer de se réconcilier le jour même. « Que votre colère ne dépasse pas le coucher du soleil. » Croire fermement que « pardonner vaut plus qu’avoir raison ».

Les feuilles mortes

Par Anic.

Les blessures que l'on reçoit dans la vie sont un peu comme les feuilles mortes qui restent accrochées tout l'automne à la branche de l'arbre. Il faudra bien qu'elles tombent pour laisser la place aux bourgeons. Cela ne veut pas dire qu'en se détachant, ces blessures seront oubliées. Mais la vie ne s'arrête pas à une saison. Pour cicatriser, il est important de s'ouvrir comme les feuilles d'un arbre. C'est le cycle de la vie. Un arbre qui n'accueille pas une nouvelle floraison se dessèche et finit par mourir. Pour les hommes, les femmes et surtout les enfants que la vie a meurtris, c'est exactement pareil. Laisser tourbillonner le passé, c'est permettre à l'avenir de fleurir.

Breton : Nedeleg laouen na bloavezh mat - Anglais : Merry Christmas

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Bref…

Cellule 18

Par Cloé

(Chanson/rap. Seconde partie, partie féminine.) Ouais gros… J’ai failli faire une TS J’ai pas eu ma PS j’m'accroche à nous Pour ne pas péter les plombs. J’veux pas être à genoux J’veux une vie de princesse Chanter comme une déesse Monter sur le ring Courir les castings De « the voice » à la « nouvelle star » De « the voice » à la nouvelle schtar. Gravir les marches une à une, Oublier les rancunes, Chanter comme Shakira, La bonté de mère Teresa Prendre la route de Gandhi, Revenir où j’ai grandi… Une carrière à Broadway, Un duo avec Mariah Carey.

Et voilà, La crème de la voyoucratie, The queen baby ! Princesse de la street, Le son qui met la pression, Une ténor des barreaux, Qui veut se barrer par la voie des airs, Ou l’épistolaire, J’veux un carré d’as, Comme à Las Vegas, Sœur Dorothy, Pour sauver l’Amazonie, Blanche de peau, Noire à l’intérieur, « I have a dream » à la Martin Luther King.

J’ai des projets, des rêves Dans 7 m2, le jour se lève… Je suis ta dame de cœur Qui tombe à pique

Triste mélodie, Les heures coulent, Le temps me saoule… Je suis ivre du temps, Il est mon dernier amant, La patience est un diamant, L’impatience est mon tourment… La vie est un manège, remplie de sortilèges ! En ton absence, mon sang se glace, Vénus s’est voilée la face… En panne d’essence, sur la route de la chance, Ovni musical, dans mon univers intersidéral, La nuit, je rêve, je mets des mots sur mes insomnies, Mon cœur de papier, est tombé dans ton encrier. Les mots en suspension, Je m’accroche à nos virgules, La vie en majuscule, Mes fautes en minuscules… Tu vois, je boxe avec les mots, Comme dans le box des accusés, Je suis en mode winner, Dans c’monde game over, Entre toi et moi c’est night fever…

Je voyage sur la route des sentiments, Gitane sans caravane Princesse sans couronne, La mélodie m’a embarquée Me suis laissé kidnapper… Dur retour à la réalité De cette porte fermée Tornade cérébrale Loin du carcéral. J’rape ma vie en SMS J’ai mis le GPS Pour le maton Dans l’œilleton… J’fais des rhapsodies en rapologie D’autres des parodies en musicologie… Je danse sur Tupac Rends hommage à Notorius B.I.G. Tu t’empiffres de Big mac Et bois des packs.

J’ai des projets, des rêves Dans 7 m2, le jour se lève… Je suis ta dame de cœur Qui tombe à pique.

Ma vie sans TV par Ata 22 J’ai décidé de ne plus avoir de télé pour plusieurs raisons. D’abord pour me dégager du temps, parce qu’on ne s’en rend pas forcément compte, mais on en perd beaucoup à regarder des programmes qui ne nous intéressent pas tant que ça, au final. Je voulais également minimiser les sources de stress. Pour la plupart des gens, la TV est là pour distraire, mais il y a aussi beaucoup de programmes « négatifs ». Les thèmes abordés sont souvent violents, vulgaires ou sans aucun intérêt. La majorité des programmes surfent sur le trash ou le glauque. Maintenant que je n’ai plus cet écran hypnotisant, je fais beaucoup plus de choses qui me plaisent vraiment. Je lis, j’écoute de la musique, je fais de «vraies» choses, et je sais ce que je fais de mon temps. Alors que la télé me figeait dès que je l’allumais, et me laissait vide et perplexe quand je l’éteignais : « J’ai passé tout ce temps à regarder ce programme qui ne m’a rien apporté de positif ». Franchement, ça ne vaut pas le coup. Alors, à votre tour de tenter l’aventure ? Jetez vos télés à la poubelle et recommencez à vivre réellement.

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