Bio info 164 Octobre 2016

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ACTU / AUTANT PRÉVOIR

Avec Nature & Progrès

Le Bio, un modèle innovant et résilient qui inspire un monde agricole en crise ! Rien ne va plus dans le monde agricole. Le secteur laitier vit une crise sans fin, le temps humide a provoqué de nombreuses maladies dans les céréales et des moissons catastrophiques, l’élevage bovin et porcin peine à trouver une rentabilité, l’embargo russe met les producteurs de fruits dans l’embarras… Le modèle agricole conventionnel montre ses limites, tandis que le secteur biologique attire. Et pas uniquement pour les aides !

L

e Bio, des filières récentes et novatrices !

Le Bio est un mouvement récent. Il y a 25 ans à peine, le logo bio européen a vu le jour avec le premier cahier des charges européen pour l’agriculture biologique. En 1991, les producteurs bio étaient seulement 50, isolés, en Wallonie. Ils ont créé leurs propres filières, dont ils gardent la maîtrise aujourd’hui. Ils ont rencontré les consommateurs et en ont fait de véritables partenaires. L’autonomie est le maître-mot d’une ferme biologique : ne pas dépendre – ou le moins possible – de fournisseurs d’intrants, d’acheteurs industriels ou commerciaux et de marchés basés davantage sur les prix que sur la qualité.

La production Bio, économique et autonome En Bio, les vaches laitières broutent avant tout de l’herbe… quoi de plus naturel ! Démodé ? On pourrait le croire lorsque l’on écoute les avantages prônés du maïs, du soja, les calculs savants de rations alimentaires du troupeau… Finalement, en Bio, on met « bêtement » les vaches dans un pré ? Pas vraiment ! Différentes techniques de pâturage ont été développées pour valoriser un maximum l’herbe. En favorisant les trèfles des prairies, l’agri8 BIO INFO – OCTOBRE 2016 – N° 164

culteur bio se passe volontiers de fertilisation azotée et enrichit l’aliment de ses animaux en protéines. Pas besoin de soja issu de l’autre bout de la planète, ni, d’ailleurs, de cultures de maïs, le plus souvent gourmandes en fertilisants ! Cultiver de l’herbe est plus économique et le mieux adapté à la santé des vaches… What else ?

Le Bio, du producteur au consommateur ! En Bio, de nombreux éleveurs se réapproprient la transformation et la vente de leurs produits. C’est ainsi que les colis de viande et les boucheries à la ferme, alors en déclin, ont (re)fleuri dans nos campagnes. La vente directe au consommateur permet de se réapproprier un prix correct, sans pressions d’acheteurs, sans marges perdues chez des intermédiaires… Et le producteur profite directement des compliments du consommateur. Une fierté retrouvée pour nos fermiers !

En Bio, on n’arrête pas le progrès ! En Bio, point d’utilisation de phytos. Cela signifie-t-il que les champs sont remplis de mauvaises herbes ? Pas vraiment ! Si l’agriculture conventionnelle utilise, depuis 25 ans, les mêmes molécules pour détruire mauvaises herbes ou ravageurs (quand ils n’y deviennent pas résis-

Les fermiers biologiques sont plus autonomes, ont en mains leurs filières, entretiennent des liens étroits avec les consommateurs… Ils dépendent moins du marché ! Un modèle innovant et résilient qui inspire aujourd’hui un monde agricole en questionnement.

tants !), en Bio, on a misé sur l’innovation. En première ligne, il y a la prévention. La non-utilisation de fertilisants chimiques, le choix de variétés résistantes aux maladies et bien adaptées au climat et au sol donnent des plants plus vigoureux. Les techniques de faux-semis, l’utilisation de prairies permanentes en rotation avec les cultures limitent le développement d’adventices. En seconde ligne, dans les méthodes curatives, il y a le développement d’outils de désherbage efficaces comme la herse étrille utilisée en grandes cultures ou des outils plus spécifiques en maraîchage, sans cesse perfectionnés.

Le Bio, agriculture d’avenir ! L’agriculture biologique, en croissance et comptant ac-

tuellement plus de 10 % des fermes wallonnes, répond aux enjeux nouveaux de notre société, notamment d’ordre climatique et environnemental. La non-utilisation de produits chimiques de synthèse, mais aussi la préservation de la biodiversité, véritable partenaire de la santé des cultures et des élevages, ou le rôle des puits de carbone des prairies permanentes sont positifs pour notre environnement. L’agriculture biologique rencontre également les attentes d’une société de plus en plus attentive au lien social et à la qualité des produits. Elle est prête à relever les défis de demain ! Et vous ? Sylvie La Spina Agronome www.natpro.be


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