L'illustration

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Editeurs particulièrement ATTENTIFS à l’illustration « L’éditeur est beaucoup plus important qu’il n’y paraît à première vue. […Il] reste l’un des partenaires importants de la création. Sa sélection dans la masse de la production internationale correspond à une intention » 37. Le père Castor est une collection lancée en 1931 chez Flammarion par Paul Faucher. « Ardent défenseur des idées de l’éducation nouvelle 38, [Paul Faucher] souhaite faire du livre un outil démocratique de développement et d’autonomisation de l’enfant, en même temps qu’un objet d’initiation littéraire et artistique. […] L’image, à ses yeux, ne doit plus être considérée comme la servante du texte. » 37 Les aspects formels – format, typographie, mise en page, lisibilité – sont pris très au sérieux et font l’objet de beaucoup d’attention ; l’éditeur fait appel à des artistes pour illustrer ses livres, comme par exemple Jean de Brunhoff, Samivel, Gerda Muller, Feodor Rojankovsky, Nathalie Parain, Elisabeth Ivanovsky…

Robert Delpire

Nathalie Parain

Baba Yaga

Flammarion, 1996 (Père Castor)

Priorité est donnée ici aux projets d’artistes. « Les livres publiés par Robert Delpire se sont libérés des intentions éducatives et du carcan pédagogique » 36. Selon Michel Defourny, tout le futur de l’album de la deuxième moitié du 20e siècle était déjà inscrit dans sa politique éditoriale. Robert Delpire a notamment publié André François, ou le Suisse Hans Fischer. André François

Les larmes de crocodile Delpire, 2005 (Dix sur dix)

Réédition de l’album paru en 1956.

Michel Defourny. Des éditeurs, des images, des albums. Contribution dans : Images des livres pour la jeunesse. Annick Lorant-Jolly et Sophie Van der Linden (dir.). 38 Courant pédagogique qui préconise la participation active des individus à leur propre formation. 39 http://www.editions-memo.fr/-documentation40 http://www.lerouergue.com/catalogue/graphisme-illustrations 37

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Pour François Ruy-Vidal « il importait surtout d’ « ouvrir les yeux de l’enfant sur le monde » ; pas de « couleurs fades et douceâtres, pas de « propos édulcoré ». […] Refusant de cibler son public,François Ruy-Vidal contesta la spécificité de la littérature enfantine. […] Du côté de l’image, il recruta des jeunes graphistes novateurs, influencés par les tendances dominantes d’alors, comme le courant psychédélique ou le Push Pin Style. Ces nouveaux illustrateurs négocient audacieusement le rapport avec le texte. […] Tandis que le texte s’adressait à la partie acquise de l’individu, l’image s’adressait à sa nature première. » 37 Il a œuvré entre 1967 et 1978, en éditant notamment des artistes tels Etienne Delessert, Nicole Claveloux, Henri Galeron, Alain Gauthier ou encore Claude Lapointe.

Christian Bruel a lancé à partir de 1976 les éditions du Sourire qui mord (devenues ensuite Etre). « Révolutionnaires sur le plan idéologique,

les albums du Sourire qui mord, d’allure parfois austère, en raison de choix esthétiques différents, le furent également sur le plan de l’image et du rapport texte/image. Ainsi, pouvait-on lire dans le manifeste Pour un autre merveilleux, l’image ne sera pas la plate illustration du texte : nous chercherons à donner toute son autonomie au graphisme, à le libérer du récit toujours perçu comme « histoire officielle », pour permettre à l’enfant […] d’avoir sa propre lecture, celle de l’image. » 37 Editeur, entre autres, de Nicole Claveloux et Wolf Erlbruch.

Les éditions du Rouergue à travers leur département jeunesse fondé en 1994 et dirigé par Olivier Douzou, ont misé sur un travail exigeant avec les auteurs et les illustrateurs pour éditer des titres d’une qualité graphique reconnaissable et qui ont marqué durablement le monde éditorial. Actuellement, les éditions du Rouergue explorent plusieurs pistes graphiques à travers leur ligne éditoriale « Graphisme et illustration : lorsque les illustrations, les images s’invitent dans le livre pour les plus grands » ou la collection « Touzazimute : un espace d’expression sous forme de cahier réservé aux illustrateurs où la parole est à l’image » ou encore leurs « Romans graphiques : des livres qui expérimentent de nouvelles formes de récits dans la rencontre du texte et de l’image » 40.

Editions Notari Luca et Paola Notari ont fondé leur maison

d’édition en 2006, à Genève, à partir d’une passion commune pour les livres et pour les images. Ils ont débuté leur activité éditoriale avec des projets de livres d’art, auxquels se sont très vite ajoutés des livres illustrés destinés à la jeunesse. Les titres de cette dernière catégorie de publications sont, tout naturellement, édités en fonction de leur valeur artistique. Les éditions Notari soutiennent des créations originales, œuvres d’artistes confirmés ou émergents. >>> Pour aller plus loin : http://www.editionsnotari.ch/

Taschen

Editeur de livres d’art qui propose des reproductions de bonne qualité à des prix abordables. De 1980 à 1990, Jacques Binsztok et Brigitte Morel aux éditions Albin Michel et Le Seuil « favorisent le métissage des codes de la BD, du dessin de presse, du graphisme en général et publicitaire en particulier, et de l’album. Sous leur influence, les albums de ces deux maisons ont cessé d’être réservés uniquement à l’enfance » 37. Plus proches dans le temps, « Les éditions MeMo éditent depuis 1993 des livres d’artistes et d’écrivains pour la jeunesse » peut-on lire sur leur site : « Tous nos livres sont mis en pages et édités avec grand soin. Chaque album a sa police, son format et ses couleurs. Notre papier est un papier assez épais, proche du papier à dessin ». 39

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Les éditions Atrabile

Maison d’édition genevoise incontournable ! Depuis plus de 15 ans elle contribue au développement de la bande dessinée alternative, principalement à Genève mais également à l’étranger. Grâce à elle beaucoup de nouveaux auteurs et illustrateurs originaux ont pu être édités. >>> Pour aller plus loin : http://atrabile.org/


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