L'architecture de la Renaissance à travers les livres anciens

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LE LIVRE D’ARCHITECTURE Rémy Cordonnier

Les livres d’architecture dans les collections audomaroises Le catalogage scientifique des ouvrages du XVIe siècle présents dans nos collections a permis de mettre en lumière plusieurs traités emblématiques de la redécouverte de l’architecture de l’Antiquité à l’époque moderne (XVIe- XVIIIe siècle). L’influence de ce que l’on appelle par la suite « le langage classique de l’architecture » sur l’architecture occidentale est fondamentale, chacun des auteurs a contribué à sa manière au développement et à la diffusion de cette esthétique, dont nous proposons de redécouvrir l’héritage illustré par les témoins conservés à la bibliothèque. Parmi les volumes exposés, plusieurs d’entre eux présentent des provenances communes qui mettent en lumière des centres d’intérêt personnels ou communautaires locaux pour l’architecture classique. Six de ces livres proviennent de la bibliothèque du chapitre cathédral, fondée par testament en 1618 par Jacques Blase (1540?-1618), évêque de Saint-Omer de 1601 à 1618. Quatre de ces livres ont pu appartenir en propre à Blaseus : les Régles generales d’Architecture de Serlio (Anvers, 1550) relié avec Vande vijf colomnen van architecture te weten d’Hans Blum (Anvers, 1572), le De architectura de Vitruve (Genève, 1586), la Perspective de Vredeman de Vries (Leyde, 1604) et Les Quatre livres de la proportion des parties et pourtraicts des corps humains de Dürer (Amsterdam, 1613). Mention d’entrée dans la bibliothèque Blazéenne (St-Omer, BA, inv. 1466)

Deux autres ouvrages sont arrivés plus tard : Le Muet en 1690 et Blondel en 1710. À ces volumes s’ajoute le Livre de toutes sortes de fortifications du maréchal d’Audrignac (Paris, 1670), qui appartenait à Louis-Alphonse de Valbelle (1641-1708) évêque de Saint-Omer de 1684 à 1708, constructeur de l’aile sur cour du palais épiscopal (1701-1702). L’abbaye de Saint-Bertin possédait les deux volumes de Bochius relatifs aux grandes entrées des archiducs, qui témoignent des relations étroites entre l’abbaye audomaroise et la puissance séculière.

Louis Alphonse de Valbelle

L’architecture et art de bien bastir d’Alberti (Paris, 1553) vient d’une figure locale intéressante : Michel de Roberti, natif d’Anvers, échevin de Saint-Omer de 1624 à 1658, anobli en 1652 en devenant seigneur d’Ocoche. De sa bibliothèque sont conservés au moins quatre volumes, l’un contenant des textes alchimiques, deux autres consacrés à des traités sur l’art de la guerre et le traité d’architecture ici présenté. Ses livres passent ensuite à son fils Charles-Philippe, qui augmente la collection d’ouvrages traitant de sciences naturelles, d’histoire et de philosophie.

Ex-Libris de Roberti

Enfin, signalons trois ouvrages (Vitruve, Vignole, du Pérac), qui viennent de Louis-Eugène d’Herbécourt (1815-1884), architecte d’origine audomaroise, qui, après ses études à Louvain, poursuit sa carrière à Paris comme professeur de dessin au Collège Chaptal et comme sous-inspecteur des travaux publics à la Préfecture du département de la Seine, attaché à la construction du Palais de Justice de Paris.

Blason des Roberti d’Ocoche : d’azur, à deux chevrons d’argent, accompagnés en chef de deux étoiles d’or, et en pointe d’une tête de lion d’argent, armée et lampassée de gueules (Un autre auteur donne les deux chevrons d’or et en pointe une tête de griffon d’argent, armée et lampassée de gueules)

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