Héritage de la réduction en esclavage sur les hommes et les femmes

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Réseau UNESCO/UNITWIN Genre, égalité et autonomisation des femmes

Héritage de la réduction en esclavage sur les hommes et les femmes : Cas de quelques pays d’Afrique de l’Ouest

par Aminata Salamata Kiello

Texte basé sur une communication préparée à Niamey (Niger), puis à Easton, Pennsylvania (USA) et Ouagadougou (Burkina Faso) pour une Conférence intitulée : Africa and the Diaspora in the New Millennium, organisée par The University of Missouri-­‐Saint Louis, USA


©Aminata Salamata Kiello

Publié par le Réseau UNESCO/UNITWIN sur l’égalité, la culture et le développement centré sur l’humain à Boston, Massachusetts, USA : 2015

Les idées et opinions exprimées dans ce document sont celles de l'auteur et ne représentent pas nécessairement les vues de et n’engagent pas l'UNESCO, l'Université de Boston, ou le Réseau UNESCO/UNITWIN sur le genre, la culture et le développement. Les parties qui précèdent ne font aucune déclaration quant à l'exactitude, l'exhaustivité, la pertinence, l'originalité ou la validité de l'information présentée dans l'article et ne sera pas tenu responsable des erreurs ou omissions dans ces informations ou toutes pertes, blessures ou dommages résultant de son affichage ou l'utilisation.

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Résumé Dans cet article « Héritage de la réduction en esclavage d'hommes et de femmes au XXIème siècle », l’auteur examine l'impact sexospécifique de l’esclavage moderne en Afrique de l'Ouest. Elle explore son impact sur le développement des sociétés Africaines dans le but d'apporter sa contribution à la recherche de stratégies permettant de résoudre ce problème important, mais rarement reconnu et discuté. L’analyse met l’accent sur la nécessité d'aborder franchement cette tragédie, la mettre publiquement sur le tapis et sensibiliser le public sur ses méfaits, essentiellement la stigmatisation des personnes qui en sont victimes et le déni de la réalité de son existence par ceux qui tirent bénéfice de la situation et par les pouvoirs publics qui donc se refusent à le prendre en compte au niveau politique. Cela est particulièrement vrai dans le cas des femmes, qui sont doublement assujetties, et à l'intérieur de la structure familiale et dans la société. Elles sont sujettes, dans certains cas, à d'autres formes d'esclavage, telle la pratique de la wahaya, une forme de concubinage maître/esclave qui est sans conséquence pour le maître et ne comporte que des avantages pour lui, car les enfants issus de ces unions sont eux mêmes des esclaves. En analysant le développement de ces pratiques sous l'angle du genre, l’auteur apporte des éléments déterminants au plan socio-­‐économique et psychologique. Elle mène ses lecteurs des réalités de l'esclavage à un appel aux Africains du continent, aux Afro-­‐ descendants et aux Africains volontairement expatriés, à s’intéresser à ce drame pour son éradication le plus tôt possible. Pour ce faire, elle suggère d’opérer des changements dans les traditions et cultures Africaines, d’adopter des valeurs démocratiques qui facilitent l’émancipation des populations asservies. Ces changements, fait-­‐elle valoir, doivent être enracinés dans l'éducation qu’elle estime être « le fondement de l'évolution des mentalités, pour la transformation des conditions de vie des descendants d'esclaves ». Bien qu'il existe des barrières incontestablement plus complexes à l'éradication de l'esclavage et au changement des mentalités qui le maintiennent, l'auteur montre qu'un effort soutenu à ce niveau est impératif pour que le respect des droits des humains et la libération des femmes deviennent une réalité en Afrique. Introduction L’esclavage existe toujours de nos jours, en dépit des textes qui le suppriment officiellement. Des esclaves hommes et femmes, ainsi que leurs progénitures, restent la propriété à vie de riches dignitaires et hommes influents, leurs maîtres. Des rôles et tâches pénibles qui affectent leur vécu quotidien leur sont spécifiquement dévolus. Le rôle des femmes est déterminant dans la lutte contre ce système inique. En effet, elles en assurent la pérennité puisqu’elles mettent au monde des enfants nés esclaves et élevés à accepter ce statut qui perpétue l’interdit et le déni de tout droit à cette catégorie de populations dans de nombreux pays. De nos jours, aussi bien en Afrique que hors du continent, plusieurs voix s’élèvent et s’impliquent dans le combat contre les pratiques esclavagistes. Je les invite donc à mettre résolument l’accent sur des

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recherches sur la situation des femmes esclaves et de leur progéniture et s’atteler à leur sensibilisation par l’éducation. Mon objectif est d’apporter ma contribution à l’émancipation effective de cette tranche de la population Africaine. En effet, l’esclave ou son (sa) descendant(e), reste muselé(e), n’est rien et n’a rien, même dans des pays qui sont en porte à faux vis-­‐à-­‐vis de leurs options pour un système républicain et démocratique. Les conséquences dramatiques de la survivance de l’esclavage conduisent à des interdictions du droit de vote, et au non-­‐accès aux professions dites « nobles » ou nouvelles. Face à ce silence assourdissant du monde en général et des autorités des pays concernés en particulier, pour lever ces tabous et combattre ces injustices, des descendants(tes) d’esclaves s’organisent et même prennent des armes pour la liberté. Mais, imprimer une prise de conscience sur l’esclavage et ses séquelles dans des pays où l’on n’ose pas en parler librement, par crainte d’être menacé ou interpellé, ou même mis à l’écart de leur propre social, relève de la gageure. Par conséquence des forces qui profitent de ce système agissent dans l’ombre pour qu’on n’en parle pas. Les données ci-­‐dessous émanent des travaux et enquêtes réalisés par feu Professeur Diouldé Laya (Sociologue, Niger) et moi-­‐même. M’appuyant sur ces travaux, j’ai tenté d’analyser l’héritage de l’esclavage dans une approche genre, essentiellement au Niger, Burkina Faso, Mauritanie, avec quelques incursions au Mali (cf. Charte de Kurunkan Fuga définissant le rôle et la place de la femme dans le Mali ancien), en Guinée et d’autres pays. Ma recherche a notamment porté sur les caractéristiques de l’esclavage en Afrique, et les raisons pour lesquelles l’esclavage n’y a pas disparu. J’ai essayé de comprendre pourquoi, en dépit des révoltes d’esclaves au Liptako, au Fouta Toro, Fouta Bundu dans la région de Nioro du Sahel, l’esclavage s’y maintient, même s’il a évolué pour tenter de s’adapter au nouveau contexte, imposé par la colonisation. Ensuite, je me suis penchée sur le legs de l’esclavage actuel sur les hommes et les femmes, le sort des descendants/descendantes, leurs conditions de vie actuelles, leurs relations avec les maîtres et les descendants des maîtres. Enfin, j’ai fait quelques suggestions sur le maillage fructueux que les descendants/descendantes d’esclaves peuvent tisser avec les Afro-­‐descendants et les Africains volontairement expatriés, pour en finir avec ce mal. Selon le Professeur Kadir Abdelkader Galy du Niger, « les deux caractéristiques fondamentales de l’esclavage sont le racisme et l’inégalité sociale. La société esclavagiste se fonde sur la négation de la dignité humaine... L’esclavage [au Niger] est actif et se déroule au grand jour, au vu et au su de tout le monde ». L’Administration française, suite à une enquête faite en 1904 dans ses colonies du Dahomey (actuel Bénin), Haute-­‐Volta (actuel Burkina Faso), Niger, avait conclu dans un texte que l’esclavage n’existait plus. A l’analyse, la France autant que la Grande Bretagne s’étaient abritées derrière des considérations favorables à leurs desseins à leur entrée en Afrique pour ne pas éradiquer totalement l’esclavage. Le souci de ne pas beaucoup dépenser pour venir à bout d’un système d’exploitation et la

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connivence avec les pouvoirs locaux, expliquaient maintes compromissions. Le principal handicap est qu’officiellement, on ne peut plus faire d’enquête sur l’esclavage, alors qu’en réalité, il persiste. Il y a non-­‐application des textes et des manœuvres pernicieuses permettent de ne pas enrayer ce fléau. I. Etat des lieux : Résultats issus des enquêtes, de la documentation, de la presse audio-­‐ visuelle & radiodiffusée ; difficultés Selon l’état des lieux, si l’esclavage n’est plus nié – le tabou est enfin brisé – son ampleur l’est davantage. L’actuel Chef de l’Etat du Niger a déclaré en 2012 à la télévision nationale, que « l’esclavage domestique et sexuel est une plaie pour le pays ». C’est là, une première, à saluer. En 2008, lorsqu’une femme « esclave » avait porté plainte contre l’Etat du Niger auprès de la Cour de Justice de la CEDEAO (ECOWAS), celle-­‐ci a fait juger l’affaire au Niger et l’Etat du Niger a été condamné ; cette victoire était aussi une première. C’est pourtant depuis 2003 que le Niger s’était positivement distingué en se dotant d’un texte visant à bannir cette pratique honteuse ; son application n’a pas suivi. Dans certains espaces, pour accéder à leur terre (c’est une question de propriété), les esclaves ont régulièrement défendu, par une lutte quotidienne et violente, leurs biens immobiliers afin de ne pas être éjectés. Autrement, leurs champs leur sont arrachés et la liberté des femmes est encore plus confisquée. Aujourd’hui, leurs descendants hommes et femmes qui réussissent à avoir de l’argent, rachètent des champs et des rizières. Au Burkina Faso, les séquelles de l’esclavage sont davantage visibles dans la zone du Sahel, au nord et aussi dans les cours des empereurs et chefs traditionnels où certaines pratiques n’ont pas été balayées par la Révolution (1983-­‐87) qui avait pourtant sévi en son temps, en dénonçant diverses pratiques esclavagistes des chefferies. Bien qu’il soit très peu question d’esclavage et de séquelles, des chercheurs Burkinabe traitent courageusement de la question (cf., Maurice Bazémo). Ce sont toutefois des cercles intellectuels, donc restreints, qui ont accès à leurs travaux. En Mauritanie, des luttes quotidiennes et de véritables plaidoyers ont permis d’aboutir à plus de visibilité sur l’esclavage et son héritage. Selon Thierry Hot, « la persistance d’un tel scandale au XXIe siècle est une honte pour l’humanité toute entière, et pour les Africains en premier. Aussi requiert-­‐il une mobilisation sans réserve de tous, en paroles et en actes » (2012, p. 5). Pourtant abolie depuis 1981, cette forme d’asservissement permet de distinguer les « Maures blancs ou Bidhans » des « Maures noirs ou Haratines ». Le terme « Noir » équivaudrait à « esclave » et le statut social serait celui d’un chien, étant sous entendu que le propriétaire d’un chien peut en faire ce qu’il veut, même lui donner la mort s’il en a envie, sans avoir à se justifier. Des combats multiformes contre les pratiques esclavagistes se sont soldés par l’exigence d’une application effective de la loi de 2007 criminalisant enfin l’esclavage. Le chercheur s’aperçoit que plusieurs inexactitudes continuent à être dites sur l’esclavage et son héritage en Afrique. Il est utile de différencier les aspects théoriques, de l’étape actuelle qui impose des mesures concrètes à prendre, compte tenu de la démocratie occidentale imposée (mondialisation)

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William Derman avait mené des recherches sur le legs de l’esclavage en Guinée sous le régime du Président Sékou Touré : les enquêtes historiques y sont présentement prises en charge par le Professeur Djibril Tamsir Niane et son équipe de chercheurs. Ces travaux me permettent d’analyser ce phénomène, ainsi que son impact distinct sur les hommes et sur les femmes, sous les angles (1) économique, (2) politique, (3) administratif, (4) juridique, (5) psychologique, (6) idéologique. I.1. Au plan économique Au plan économique, l’esclavage et ses séquelles relèvent d’une lutte de classes : les privilèges qui émanent de l’esclavage, doivent être maintenus, d’où les stratégies les plus contradictoires pour ne même pas révéler le système, à plus forte raison le combattre efficacement. Qu’il s’agisse d’agriculture ou de commerce, l’esclave, son descendant et surtout sa descendante, n’ont pas de repos. La limite de l’exploitation est directement négociée entre le travailleur et le maître : la caste des maîtres possède le travailleur (pudiquement appelé « paysan » à cause du travail de celui-­‐ci). Le « paysan » a le droit d’avoir un champ personnel, mis à sa disposition et qu’il cultive pour lui-­‐même. En réalité, cela présente le mérite pour la classe des maîtres de ne pas avoir à nourrir l’esclave. Mais, au bout de combien de temps le « paysan » en arrive-­‐t-­‐il là ? Assurément lorsqu’il a intégré le montage du système, donc sa condition d’exploité : c’est juste la nature des chaînes qui a changé. L’exploitation se calcule, après le « domptage » et le « passage au servage » lorsque le « paysan » homme, donne un nombre de bottes de grain à la caste des maîtres et la femme, un nombre plus élevé. Pour les maîtres, la femme coûte plus cher ; quand le maître perd un esclave, il perd simplement un géniteur, mais quand il perd une femme, il perd une reproductrice. Le « captif », en passant au statut de servage (corvéable et taillable à merci), est libre d’aller cultiver où il veut, pourvu qu’il paie la caste des maîtres (aujourd’hui, le chef de village, le chef de canton, les descendants des familles esclavagistes). En dépit de la libération de fait, les « paysans », par habitude surtout, se complaisent à perpétuer les dons aux familles des maîtres. L’aliénation est profondément enfouie en eux. Ceux d’entre eux qui réagissent, deviennent individualistes par la force des choses. I.2. Au plan politique En matière politique, qui peut supprimer la chefferie, puisque c’est une lutte de classes ? Les « paysans » pouvaient comprendre la démocratie, en même temps que la chefferie réduirait quelque peu, son pouvoir. Mais ces « paysans » sont intoxiqués psychologiquement et le chef est l’autorité qu’on ne touche pas : les esclaves hommes et femmes, sont même conditionnés pour voter le prince. Les progressistes sont donc confrontés à la suppression de la chefferie en Afrique. Pour tout démocrate, il faut mener la lutte pour l’égalité entre tous les citoyens, pour le droit d’exercer des fonctions (urbaines surtout).

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I.3. Au plan administratif Au niveau administratif, jadis, l’Administration refusait les villages indépendants aux esclaves ; aujourd’hui, elle n’applique pas les textes et dispositions permettant aux descendant(e)s d’esclaves de bénéficier du même traitement que les bienheureux nés du bon côté de la barrière sociale. En représailles, les descendant(e)s boycottent l’Administration quand l’occasion se présente, refusent quelquefois de payer leurs impôts, ce qui fait perdre aux chefs des ristournes (avec moins de personnes imposables). Cette Administration héritée du colonialisme, système à dessein, lourd et injuste, surtout inefficace, les Africains auraient gagné à la refonder, mais elle est hélas un excellent recours pour régler les comptes aux descendant(e)s d’esclaves. I.4. Au plan juridique Au plan juridique, bien que l’histoire ait laissé un grand nombre d’actes d’affranchissement, l’esclave et/ou ses descendant(e)s, peinent à se libérer effectivement. En matière de genre, la pratique de la wahaya, mérite une attention spéciale et des mesures plus vigoureuses sont à appliquer. L’Association anti-­‐esclavagiste Timidria créée au Niger en 1991, définit la wahaya comme «une fille ou femme, corvéable a merci, qu’achètent certains dignitaires (pour la plupart, des leaders religieux et hommes riches communément appelés « El-­‐Hadji »). La wahaya est utilisée comme une main d’œuvre gratuite à vie et pour satisfaire à volonté aux assauts sexuels du maître en dehors des moments réservés aux épouses légitimes ». C’est une femme ‘qui n’est pas de bonne naissance, qui n’est pas franche’, prise en concubinage (et non en mariage, alors que c’est humiliant dans son contexte) ; elle est la « non-­‐née », elle n’a d’existence que si elle procrée pour les maîtres (selon les enquêtes de Diouldé et Kiello). Vendue, achetée, elle et ses descendant(e)s, appartiennent à vie, jusqu’aujourd’hui, au maître et à sa lignée. Des sortes de codes noirs/arabes règlementent les conditions d’afffranchissement de la wahaya et ces conditions sont loin d’être accessibles. Il ressort de l’analyse de Mahaman Tidjani Alou que les dirigeants de Timidria, en quête de citoyenneté, revendiquent plus de 300.000 membres. Timidria « opère simultanément par dénonciation et par action », au nom de « la République pour tous », « inscrit son discours sur l’Etat de Droit… pour appeler à l’application de l’ordre républicain et démocratique sans distinction de région et à tous…, aux conventions internationales qui engagent l’Etat en matière de droits de l’homme » (Galy, 2012). Egalité et Fraternité constituent son projet d’avenir. La base de données du Professeur Kadir Abdelkader Galy faisait ressortir en 2010, un total de 870.363 esclaves dénombrés – chiffre qu’il recommande de manier avec précaution, selon chaque déclaration (Galy, 2010). Il est choquant qu’à ce jour, les Africains d’un même pays, soient tantôt régis par un « code coutumie r» avec des dispositions archaïques, tantôt par un code dit « moderne » (il date de Napoléon Bonaparte !), créant une justice à deux vitesses et ouvrant la voie à d’incroyables arbitraires.

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I.5. Au plan psychologique L’aspect psychologique se détecte par diverses formes d’intoxication. Il est savamment ancré dans la tête des esclaves et/ou descendant(e)s que si le maître les maudit, les conséquences seront graves pour eux, ils tomberont même dans la déchéance (rappelons que leur statut est identique à celui d’un chien). Le Professeur Diouldé Laya a fait enquêter sur les conditions actuelles des descendant(e)s d’esclaves au Niger, leurs réactions et la façon dont l’enfant est éduqué pour prendre la suite de ses parents. L’enfant, fille comme garçon, accompagne ses parents aux champs, apprend les rapports entre maîtres et esclaves, vit concrètement sa situation dont il prend progressivement conscience. Les conditions l’inhibent et pourtant il y a des révoltes, ce qui mérite réflexion. I.6. Au plan idéologique Le volet idéologique est le plus difficile à cerner. Il repose sur la vanité et la suffisance humaines et c’est pour cela que notre propos s’inscrit dans le cadre plus général d’un monde en transformation. Les enquêtes sur l’avenir des esclaves et/ou descendant(e)s révèlent qu’ils continuent à ne même pas être visibles : la majorité des citoyens ne sait pas qu’ils existent. Eux-­‐mêmes précisent leur statut d’éternels inexistants : même quand une lettre arrive pour eux, on leur fait remarquer que : « ils sont sans valeur » pour recevoir un courrier. C’est encore pire pour l’esclave femme, inféodée aux épouses des maîtres et devant subir quotidiennement leurs jalousies et sarcasmes, quelque fois des coups, puisqu’elles sont des rivales au plan sexuel et aussi en matière d’héritage concernant les enfants du maître. Certes les valeurs sociales ne se gomment pas du jour au lendemain et la psychologie du système rend le combat plus ardu : il existe actuellement des services mutuels que les familles des maîtres et celles des descendant(e)s d’esclaves, se rendent. Mieux, les descendant(e)s reconnaissent que lorsque « la situation devient critique pour les maîtres, ce sont les descendant(e)s qui prennent la charge ». Le statut du « kortè » existe jusqu’aujourd’hui, c’est celui de l’esclave ou descendant, qui détient tous les secrets du maître, mais qui ne trahit jamais. Même pour les enquêteurs Africains, la difficulté est qu’il est d’office admis que moralement, on ne doit pas enquêter sur le malheur : par exemple, en période de famine (la famine est l’une des séquelles de l’esclavage dont femmes et enfants sont les couches les plus vulnérables), on n’enquête pas, ce n’est pas bien et cela ne se discute même pas. II. Quelques propositions d’actions et de solutions, en Afrique (dans notre zone), au niveau de la 6ème Région (communautés Afro-­‐descendantes), et actions communes (maillage Afrique/Afro-­‐descendance) En Afrique, lorsque fut instauré le khalifat de Sokoto (Nigeria), la règle était que dans tous les Emirats, il y a l’émir et le cadi (l’esclave) !

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II.1. Il faut pouvoir décortiquer tous les non-­‐dits pour déverrouiller le tabou. Quand on parle d’esclavage et de legs, les gens craignent de ternir la réputation d’un pays ou par hypocrisie, redoutent de « déclencher la Révolution ». II.2. La vulgarisation de recherches ciblées révèlera l’importance de l’accès à la propriété, en particulier pour la femme, permettra d’aboutir à la résolution du problème du « paysan sans terre », du « berger sans troupeau », selon nos enquêtes sur le terrain. On ne pourra jamais vaincre la famine si la terre n’est pas correctement distribuée, si agriculteurs et bergers ne vivent pas en bonne intelligence. Or, on ne peut pas assurer l’autosuffisance alimentaire avec une telle division du patrimoine familial : petit lopin de terre conservé au prix du sang par les descendant(e)s d’esclaves, sans compter ceux qui n’ont plus de terre. Lorsque des terres d’Afrique sont bradées, le citoyen Lamda (l’homme de la rue, ordinaire) ne sait pas à qui l’on arrache ces terre : ce serait important de clairement dénoncer le statut d’esclaves et/ou descendant(e)s de ceux qui sont dépossédés de leurs terres. II.3. Aujourd’hui, un problème majeur est qu’il n’y a pas de statistiques sur les paysans sans terre et les éleveurs dépouillés et il faut y remédier [les chiffres sont volontairement sous-­‐estimés]. La réalité est qu’il y a en ce moment, le paysan sans terre, mais aussi l’éleveur sans bétail, le berger sans troupeau. On a des éleveurs qui ne sont plus éleveurs, qui sont simplement bergers. En plus, comme les animaux crèvent, ce n’est pas toujours que les bergers ont quelque chose à garder (cf. Diouldé Laya, 1979, enquête commandée par l’UNESCO) : au moment de la sécheresse, des femmes avaient été abandonnées par leurs maris, au Sénégal et très peu de gens l’ont appris. Il faut changer la situation dans les deux domaines (absence de statistiques et non-­‐dits), ensemble. La loi a des moyens pour obtenir des statistiques fiables et combattre certains héritages de l’esclavage : si l’Etat mettait en place des mesures d’accompagnement adéquates permettant aux personnes libérées grâce au combat des associations, de se prendre en main, les affranchi(e)s ne retourneraient plus vers leurs anciens maîtres comme c’est quelquefois le cas. II.4. Les rois arnaqueurs ont la possibilité de piller leurs sujets en raison de l’analphabétisme du plus grand nombre, du bas niveau de scolarisation et de la connivence entre certains gouvernements et les pouvoirs Africains dits « traditionnels », qui, du reste, ne sont pas aussi « traditionnels », selon les lieux. Les « paysans » ne sont pas suffisamment formés et il faut résoudre ce problème. En Europe, a la sortie d’un Moyen Age obscurantiste, les choses ont basculé et se sont améliorées seulement quand les femmes sont allées a l’école puisque ce sont elles qui éduquent. Tant qu’il n’y aura pas une fraction dynamique progressiste luttant pour changer effectivement les mentalités, il ne se passera rien de significatif. Mais ces mentalités-­‐là, qui les connaît vraiment ? II.5. Sous certains cieux, il n’y a pas eu de campagne d’alphabétisation parce que tous les textes constitutifs sont écrits dans des langues occidentales. Au Burkina Faso, les textes sont traduits dans les principales langues du pays depuis le Projet d’Égalité d’Accès des Femmes et des Jeunes Filles à

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l’Éducation. Depuis que l’alphabétisation se fait dans les langues du terroir, les femmes alphabétisées sont conscientisées. La Constitution, transcrite en langues Africaines, devient accessible à un plus grand nombre, ce qui permet aux populations, les femmes davantage, de connaître leurs droits et d’en évaluer l’effectivité. S’il est indispensable que nos textes soient produits dans nos langues, il faut surtout qu’ils circulent, qu’ils soient diffusés et diffusés au maximum. II.6. Les Africains peuvent être pour ou contre la reconnaissance de l’existence d’esclaves et de leurs descendant(e)s, mais il faut en sortir : c’est la lutte pour le changement qui compte. Il faut désintoxiquer psychologiquement les descendant(e)s d’esclaves. Le chercheur sait que leur comportement va de l’hébètement, à l’incapacité de réagir, jusqu’à la révolte. Le système est à revoir pour étudier la réaction des gens : dans les brousses, l’esclave peut aller très loin, disparaître, car la résistance y est plus facile. Mais, si l’on est intoxiqué au point de considérer que l’on n’est pas soumis, on n’éprouve plus le besoin de se sauver. Pour les maîtres qui se sentent sous la menace permanente de fuites d’esclaves et de leurs descendant(e)s, il reste le verbe pour les insulter (rarement frappés depuis peu, mais traités de « sales », « malpropres »…). Ces descendants pratiquent la redoutable épreuve du Soro (un rituel d’initiation : tristement célèbre bastonnade des Peuls). Si dans quelques rares villages, leurs danses montrent une forme de résignation, souvent, les descendants d’esclaves organisent le « concours de la pavane », de l’élégance, font de la provocation envers les maîtres, chassent des fauves qu’ils choisissent de tuer avec bravoure, malgré moult dangers, pour narguer les maîtres et leurs descendant(es). Le risque de mort est pourtant élevé. Par ailleurs, l’ensemble des recherches sur l’esclavage interne de feu le Professeur Diouldé, notamment les enquêtes sur le dénombrement des esclaves par les colonisateurs, la condition des descendant(e)s d’esclaves, etc., gagnerait à être publié et largement diffusé. * La 6ème Région d’Afrique regroupe d’une part l’ensemble des Afro-­‐descendants et d’autre part, les Africains qui s’expatrient volontairement. Le rôle et la place effectifs de ces deux types de communautés doivent être résolument définis. En économie, le flux financier envoyé en Afrique en 2010 par les expatriés volontaires Africains, évalué à 30 milliards d’euros, est supérieur aux aides budgétaires. Ces envois financiers servent au moins pour moitié, à soutenir, familles et régions. Le flux financier n’entre donc pas intégralement dans l’investissement. Dans les faits, Afro-­‐descendants et expatriés volontaires jouent un rôle important concernant le grave problème de la famine, l’adduction en eau potable en milieu rural, le manque d’infrastructures… ils soulagent la souffrance de populations nécessiteuses, contribue à rendre les femmes plus autonomes, à valoriser la mode en mariant par exemple les couleurs Africaines aux produits de l’Occident, etc. (les Afro-­‐descendants d’Amérique s’intéressent spécifiquement à l’art produit en Afrique, la musique, la culture, le « patrimoine immatériel » de l’Afrique). En matière juridique, il y a opposition entre légalité [justice moderne des riches et des urbains] et légitimité [pratiques locales des communautés], quand des propriétaires terriens se superposent, après

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retour des conflits. La justice à l’occidentale fait un perdant et un gagnant (une opposition), tandis que les populations Africaines procèdent par des consensus. Les populations locales se rendent compte qu’elles acceptent les méthodes de la justice à l’occidental, tandis que celle-­‐ci n’intègre pas leurs visions et leurs pratiques basées sur des consensus issus de discussions avec tous les représentants des protagonistes d’un problème. En matière d’éducation, autrefois, en Afrique, à l’école, chacun parlait dans sa langue, mais tout le monde se comprenait parce que chacun parlait au moins deux langues locales (la langue maternelle et la langue dominante de la zone) et même s’il y avait des différences entre les ethnies, l’étranger ne s’en rendait pas compte ; aujourd’hui, c’est perdu. Quant aux chercheurs Africains, s’ils se cantonnent seulement à opposer le passé de l’Afrique (esclavage, colonisation, travaux forcés…) au monde d’aujourd’hui, ils auront peu d’écho. Bien qu’il faille préserver la vie et les traditions les plus constructives, il serait plus utile de travailler l’image d’une Afrique qui bouge et de propager l’idée d’une Afrique qui émerge, par exemple avec des « femmes de vision » (voir à equalityburkina.blogspot.com). Précisons que dans la conception Africaine, la vie de l’Africain ne lui appartient pas, elle appartient à sa communauté, cette conception est fondamentale et explique que les Africains déportés aient opté pour supporter les pires horreurs afin que la race ne disparaisse pas. Il ressort de mes investigations qu’Afro-­‐descendants et expatriés Africains volontaires pourraient, sans exhaustive : 1) Continuer le travail sur la mémoire de l’esclavage, en procédant (pour les Amériques notamment) à des vérifications et investigations encore indispensbles par genre – hommes, femmes, jeunes –) sur les techniques de survie et de résistance ; 2) Analyser les mutations successives (place et rôle des femmes), le niveau progressif d’assimilation et d’intégration dans le pays d’accueil, les éventuels dysfonctionnements ; 3) Vulgariser, depuis les différents pays de résidence, les résultats des enquêtes sur les legs de l’esclavage, les conditions de vie actuelles des descendants d’esclaves ; 4) Etudier les valeurs Africaines ayant résisté aux chocs exogènes et utilisables pour souder les communautés à l’extérieur : certaines pratiques ont été mieux conservées dans les pays d’exil, quelquefois sous forme plus secrètes que celles de l’initiation en Afrique. Par exemple, savoir pourquoi l’excision des filles n’a pas été pratiquée par les déportés dans les Amériques, alors qu’elle l’est au niveau de Africains volontairement expatriés en Europe ; savoir aussi comment la circoncision des garçons a été traitée, hors d’Afrique ; 5) Reconnaître une double appartenance aux Afro-­‐descendants et Africains volontairement expatriés est un avantage pour l’émergence de l’Afrique en matière de développement et il faudrait une coopération novatrice pour une Afrique/diaspora conquérante et qui combat l’injustice de traitement envers les esclaves et leurs descendant(e)s.

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* En ce qui concerne le maillage Afrique/Afro-­‐descendants, l’esclavage s’est développé avec les traites, en tant que système ; mais de quelle époque date-­‐t-­‐il réellement dans le monde ? Il importe aujourd’hui de répondre à une question fondamentale : pourquoi cette incapacité à mettre fin à l’esclavage et à ses séquelles multiformes ? Les legs de l’esclavage sur lesquels les peuples d’Afrique, les Afro-­‐descendants et les Africains volontairement expatriés peuvent travailler ensemble concerneraient, entre autres : 1) La nature et la composition des potions que les esclavagistes font boire à leur cheptel humain pour que ceux-­‐ci oublient leurs liens familiaux, leur identité (cas actuel de Gotèye au Niger, selon les enquêtes sur le terrain). Ces gens enlevés et vendus ont été tellement dopés sans doute par des produits, des breuvages, des traitements psychologiques spéciaux, qu’ils ne reconnaissaient plus les propres membres de leurs familles d’origine ; 2) L’approfondissement de l’étude sur le domptage, façon d’apprivoiser, de faire accepter sa condition. Il serait utile de frapper un grand coup en mettant à nu, puis en médiatisant fortement, tous les rites consistant à effrayer les esclaves et leurs descendant(e)s, à annihiler leur volonté, notamment la façon de les conditionner pour qu’ils se soumettent à leur statut et qu’ils n’éliminent pas les maîtres. Les différents interdits fabriqués par le système, méritent examen ; 3) Ce qui se passe exactement dans les débéré, terme soninké désignant le quartier des esclaves parce que les esclavagistes jouent beaucoup sur la division. Je signale que le 14 février 2015, j’ai répéré un village dénommé débéré sur la route Téra [Niger]/Dori [Burkina Faso]. La personne qui accède au débéré, a auparavant accepté sa condition servile et les rapports entre la caste des maîtres et les esclaves & leurs descendants. Leurs rapports sont devenus ceux de parents utérins, d’où l’importance de connaître ses « parents à plaisanterie » ; 4) Approfondir l’étude de certains rituels relatifs aux animaux (manière de nourrir les caïmans sacrés, de tuer l’animal, de le dépecer, de le découper, de le partager, etc.) et surtout le statut des personnes qui s’en occupent car ce sont des révélateurs de leur identité de sous-­‐hommes ou sous-­‐femmes ; 5) Réexaminer la place et le rôle de la tradition orale, ciment de l’identité Africaine. Les Afro-­‐ descendants et Africains volontairement expatriés pourraient enregistrer tous les chants (même sans les comprendre) et les formules secrètes ; ensuite, les Africains rechercheraient leur signification (utilité du Haoussa ancien, du Soninké ancien, du Gourmantché ancien, de l’Egyptologie). Le recueil des chants anciens en Casamance (Sénégal), de tous les chants en langues dites anciennes ou secrètes [langues des gens d’avant] contribuerait à une meilleure connaissance du « patrimoine immatériel » du Continent. Dans la langue d’initiation des Peuls par exemple, certains passages ne sont pas en Peul et restent jusqu’à ce jour, incompréhensibles. Le manque de moyens adéquats n’a pas encore permis au Centre d'Etudes Linguistiques et Historiques par Tradition Orale (CELHTO/UA), de réaliser un tel programme. «

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L’épopée des musiques noires » existe et la Journée Internationale du Jazz est acquise ; mais il reste encore à développer une tradition de la lecture ; 6) Contribuer à apprendre à mettre au point différentes techniques de sortie de la domination et de l’exploitation, quand les rapports de force sont inégaux et extrêmes. Il serait plus structurant de remédier à l’opposition entre l’égalité et légitimité en Afrique, d’obtenir, malgré toutes les barrières, des dédommagements symboliques pour ceux qui ont souffert de l’esclavage, de la traite, et leurs descendants encore marginalisés. * Même si tout est urgent en Afrique (il faut d’abord pouvoir manger, boire, se loger, se soigner), l’éducation est le socle du changement de mentalité, de transformation des conditions de descendants d’esclaves profondément blessés dans leur honneur. Diffuser déjà largement toutes les vérités sur leurs meurtrissures, les réparer en reconnaissant, puis en supprimant, le maximum d’injustices subies, serait un pas appréciable. Il faut, tous ensemble, détruire un statut dégradant pour que la citoyenneté l’emporte. A cet effet, le rôle de l’audiovisuel se situe au premier plan et une attention particulière est à accorder au cinéma. L’esclavage, son héritage surtout, sont des « sujets sensibles, qui exigent de se nettoyer le cœur ». Les difficultés pour les éradiquer portent sur le manque de moyens financiers, la fiabilité des données, le nécessaire combat de toute l’idéologie élaborée autour de l’esclavage et surtout des visions mêmes de chacun(e) sur ce thème. Au Congo Brazzaville, il est créé la Délégation Générale chargée de la Réparation des Séquelles de Guerre, le Haut Commissariat à la Réinsertion des ex Combattants. Ne pourrait-­‐on faire de même pour les descendants d’esclaves ? En envisageant par exemple, des commémorations à grande échelle d’une Journée Internationale de lutte contre les séquelles de l’esclavage ? Pour une mutualisation des compétences, lors de la mise en œuvre de certains programmes de coopération Afrique/diaspora, la 6ème Région se situera-­‐t-­‐elle comme « enfant de père », ou comme « enfant de la mère », par rapport à l’Africain ? Si l’Africain(e) décide que l’enfant de Afro-­‐descendant(e) est accueilli en Afrique comme « enfant de père », ce sera un concurrent potentiel puisqu’il aura les mêmes droits que ceux qui sont sur place ; les règles de l’adversité s’appliqueront alors à l’enfant Afro-­‐ descendant et l’enfant Africain devra prendre toutes les dispositions pour atteindre et mieux, dépasser, son « fils de père » ; dans une telle option, le seul lien les unissant, sera celui du sang. En revanche, si l’Africain(e) considère l’enfant Afro-­‐descendant comme « enfant de la mère », au-­‐delà du lien sanguin paternel, le lait maternel le préservera de toute concurrence : avec « l’enfant de la mère », l’enfant Afro-­‐descendant sera celui de la fraternité, le frère utérin : les rapports seront ceux de l’égalité et il faudra aider « l’enfant de la mère », parce qu’il ne faudra pas d’injustice [si la mère est mécontente et lève le sein, c’est la malédiction]. C’est réciproque pour le fils Afro-­‐descendant par

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rapport à celui de l’Afrique. Chaque partie déterminera, à titre individuel, sa perception et sera responsable de son choix. L’histoire de l’humanité regorge de discriminations spécialement subies par les femmes. Pete Moore (2003) souligne un fait exceptionnel avec la Polonaise Marie Curie, récompensée par deux prix Nobel en France à une époque où la reconnaissance de la femme était rare et pourtant des fonds d’aide à la recherche n’ont été proposés qu’à son seul époux, Pierre. « Avant l’invention de la photographie, l’étude la plus exhaustive du ciel a été réalisée au XVIIIe et XIXe siècles par Caroline Lucretia Hershel » et sa famille, mais l’histoire n’a pas retenu son nom. (Cf. Pete Moore, Les grandes idées qui ont changé notre monde : Paris, 2003). Et de nos jours, au printemps 2013, deux expatriés m’ont confié avoir repéré une fillette d’à peine 13 ans, enchaînée toute la journée par ses maîtres et pleurant sans cesse ; il convient d’en référer aux Associations de lutte contre l’esclavage et la traite des personnes humaines, pour la faire discrètement libérer. Le genre est vraiment important dans une Afrique d’essence matrilinéaire, à qui le patriarcat a été imposé. Toutefois, lors des cérémonies et des rituels les plus importants (mariages, cérémonies de fécondité, décès, rituels de chasse, de pêche, etc.), ce sont les valeurs matrilinéaires qui dominent et sont encore en application jusqu’à ce jour. La femme est beaucoup plus importante qu’on ne croît : son pouvoir est profond, et réel. Il ne faut pas s’en tenir aux seules apparences dans les cas les plus importants de la vie. Je déduis qu’il faudra donc en Afrique savoir marier harmonieusement les valeurs du patriarcat et du matriarcat, pour promouvoir les droits de la femme (qu’elle soit « esclave » de naissance ou de la mondialisation), ainsi que le progrès de la communauté tout entière.

Note : Texte basé sur une communication initialement préparée en avril 2012 pour une Conférence intitulée : Africa and the Diaspora in the New Millennium, organisée par The University of Missouri-­‐Saint Louis, USA, October 30-­‐November 1, 2012 (Theme 3 : Reviewing Transnational Crossings : Old and New Movements of People; Sub-­‐theme : Legacy of Enslavement). Texte non présenté (empêchement de voyage par Hurricane Sandy), repris à Easton, Pennsylvania, USA, en Novembre 2012 et revu avec Scholastique Kompaoré à Ouagadougou, Burkina Faso, en février 2013 et 2015.

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BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE Archives Nationales du Sénégal, Dakar (nombreux documents consultés) Ba, Boubacar. Les problèmes agraires et l’esclavage en Mauritanie : l’exemple des Tagat du Brakna, Paris, EHESS, mémoire du DEA Bazémo, Maurice. Esclaves et esclavage dans les anciens pays du Burkina Faso, Paris, novembre 2007 Boutillier, J. I. Les captifs en A.O.F. (1903-­‐1905), Bulletin de l’I.F.A.N. T. XXX, sér. 13, n° 2, 1968 Burkina Faso : Gender Equality and Women’s Empowerment, Ouagadougou and Boston : 2009-­‐2015, blogspot (http ://equalityburkina.blogspot.com/) Centre d'Etudes Linguistiques et Historiques par Tradition Orale (CELHTO), La Charte de Kurukan Fuga. Aux sources d’une pensée politique en Afrique. Introduction de Djibril Tamsir Niane, Conakry, Guinée, SAEC, Paris, Editions L’Harmattan, 2008 Cissé, Youssouf Tata et Wa Kamissoko. La grande geste du Mali 1. Des origines à la fondation de l’Empire, Paris, Editions Karthala/ARSAN, 1988 ; La grande geste du Mali 2. Soundiata – la gloire du Mali, Paris, Editions Karthala, 1995 Delmond, Pierre. Essai de classification des Peuls de Dori, Ministerio das Colonias, Junta de Investigacoes Coloniais, Lisboa, 1952 Derman, William with the assistance of Louise Derman, Serfs, Peasants and Socialists – A former Serf Village in the Republic of Guinea, University of California Press, Editions Berkeley, Los Angeles, London, 1973 Diakité, Tidiane. Esclavage en Afrique – La traite des Noirs et ses acteurs Africains, Editions Berg International, 2008 Galy, Kadir Abdelkader, L’esclave au Niger – Aspects historiques et juridiques, Editions Agence Universitaire de la Francophonie, Karthala, Paris, 2010 Galy, Kadir Abdelkader, et Moussa Zangaou, La Wahaya – L’esclavage domestique et sexuel au Niger – 10 Récits de vie, Editor Anti-­‐Slavery, Department for International Development (DFID), et Association Timidria Niamey, Niamey, 2012 Hot, Thierry. « Plaidoyer contre l’esclavage en Mauritanie », dans Périodique Notre Afrique N° 19, février 2012, p. 5 Jeune Afrique N° 2674-­‐2675, avril 2012, « Dossier Culture & Médias Histoire, L’Avant-­‐garde nègre », pp. 155 à 164 Kadi Oumani, Moustapha. Un tabou brisé – L’esclavage en Afrique : Cas du Niger, Préface de Djibo Hamani, Editions L’Harmattan, Paris, 2005 Kiello, Aminata Salamata. Séances de travail avec le Professeur Cheikh Anta Diop, Dakar, Paris, Niamey, 1978 à 1985 ; Thèse de Doctorat sur l’esclavage et la traite transatlantique ; Alex Haley, 20 ans après [hommage à titre posthume à Alex Haley] ; diverses communications sur le thème de l’identité, en relation avec l’esclavage, la traite transatlantique, l’identité afro-­‐américaine, la culture africaine et le

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défi des innovations en Afrique (Université de Twasne à Pretoria, Afrique du Sud), présentation de la conception animiste de la vie à Easton, Pennsylvanie, USA Kompaoré, Scholastique and Brenda Gael McSweeney with Jennifer Hilda Frisanco, The Quest for Gender Equality in Burkina Faso : Female Workloads, Education and Empowerment. Paris : UNESCO Social and Human Sciences Portal, 2007. L’Administrateur-­‐Adjoint, Résident de France au Gourma, Rapport sur l’esclavage, AOF-­‐Dahomey et Dépendances – Résidence du Gourma N° 46, Fada N’Gourma, 18 janvier 1904 [L’Administrateur de la France], Réponse au questionnaire annexé à la circulaire de Monsieur le Délégué du Gouverneur en date du 18 Janvier 1904 – Au sujet de la captivité – Sénégambie-­‐Niger, 1er Territoire Militaire – Résidence de Dori, 21 mars 1904 Laya, Diouldé. « Soudanais sans Dieu ni maître – Esclavage et traite transsaharienne dans le Soudan sénégalo-­‐nigéro-­‐tchadien avant 1800 », dans Kwessi Kwaa Prah (ed.), Reflexions on Arab-­‐Led Slavery of Africans, Cape Town, Casas Book Series N° 35, 2005 ; « Les Etats Hawsa », dans Ogot B.A. (Dir Volume), Histoire générale de l’Afrique, Volume V, L’Afrique du XVIe au XVIIIe siècle, UNESCO, Paris, 1999 ; Inédit, Le contrôle de la terre dans l’Arrondissement de Say, Niamey, avril 1995 ; « La brousse est morte », Dakar, ENDA, 1979 ; Séries inédites d’interviews sur le Bitinkodji et la région de Say, Niger, 1973 à 1982 Lousteau, Réponse au questionnaire… au sujet de l’esclavage, Colonie du Dahomey et Dépendances – Cercle de Say (Administrateur) N° 6, Say, 22 Janvier 1904 Moore, Pete, Les grandes idées qui ont changé notre monde, Editions Acropole, Paris, 2003 Olivier de Sardan, Jean Pierre. Quand nos pères étaient captifs – Récits paysans du Niger, Paris, Editions Nubia, Collection Kora, 1976 UNESCO/UNITWIN (University Twinning) Network on Gender, Culture, Development website, 2007-­‐2015 (http://unitwin.blogspot.com/).

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ENGLISH VERSION The Legacy of Enslavement of Men and Women: Cases from West Africa by Aminata Salamata Kiello English Summary by Cassandra Fox UNESCO/UNITWIN Network: Gender Equality and Women’s Empowerment in Burkina Faso Text is based on a speech prepared in Niamey (Niger), and in Easton, Pennsylvania (USA) and Ouagadougou (Burkina Faso) for a Conference titled: Africa and the Diaspora in the New Millennium organized by The University of Missouri-­‐Saint Louis, USA

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Abstract In her paper “The Legacy of Enslavement of Men and Women in the 21st Century,” Aminata Salamata Kiello examines the gendered impact of historical to modern-­‐day slavery in West Africa, and explores its impact on the development of African societies with the goal of illuminating strategies to address this significant but seldom-­‐discussed barrier. In her analysis, Kiello points to the importance of honest discussion and public advocacy, highlighting that modern-­‐day slavery carries a strong stigma and is often officially ignored, making it challenging to address at a policy level. This is especially true in the case of women, who face a double-­‐subjugation within the family structure and society, and who are susceptible in some cases to additional forms of slavery, such as the practice of wahaya, a particular kind of sexual slavery where low class women are sold as sexual slaves for men to use outside of their marriages. Analyzing the development of these practices through a gender lens, Kiello brings in economic, social, and psychological determinants to lead her readers through the realities and rationalizations that have formed the basis of slavery over the course of its existence. She then calls on continental Africans and the diaspora to address this problem, and thus remove a significant obstacle to the development of the continent as a whole. To do so, she proposes a shift in thinking that embraces African cultures and traditions over imported occidental values, encourages pride in African heritage, and helps empower subjugated populations to change their situation. This change, Kiello argues, must be rooted in education, which she claims is “the foundation of changes in mentality, of the transformation of the conditions of the descendants of slaves.” While there are inarguably further complex barriers to eradicating slavery and shifting the global mentalities that surround it, Kiello makes the case that promoting open dialogue and education is a crucial step in the rise of Africa, fulfillment of human rights, and liberation of women. Introduction Slavery exists in the modern world, despite having been officially outlawed. Men, women and children remain the property of rich dignitaries and influential men—their masters. The role of women is particularly important to this unjust system, because they bring children into the world that are born slaves, and raised to accept this status that perpetuates what has been banned—to deny basic rights to populations around the world. Today, there are many voices in Africa and abroad that speak out against these practices. The author thus invites them to focus on research on the situation of female slaves and their offspring, and on the education of these groups. The purpose of this paper is to contribute to the effective emancipation of this marginalized portion of the African population. In her analysis of slavery in West Africa, Kiello’s objective is to break the silence of the world in general and the authorities of the countries concerned with issues of slavery. Because of the taboo around these issues, the forces that profit from slavery have perpetuated the practice in secret. To bring the issue to

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light, Aminata Kiello worked with the late Nigerien Sociologist Diouldé Laya to conduct the research that informs the following analysis. Kiello examines the legacy of slavery in West Africa through a gendered lens, focusing specifically on the characteristics of slavery, and the reasons it has not yet been eradicated. Kiello’s focus is on modern-­‐day slaves, their lifestyles, and their relationships with their masters. The goal of this study and analysis is to identify concrete ways that the African population and the diaspora can work to finally end this harmful practice. As stated by Professor Kadir Abdelkader Galy of Niger, the fundamental characteristics of slavery are racism and social inequality. When these characteristics are present in a culture, slavery is likely to result. Although the French officially banned slavery in their colonies in 1904, both France and Great Britain continued to perpetuate the practice. However, because it was officially “no longer a problem,” it became very difficult to fight. I. The Current Situation and its Challenges: Results of surveys, documentation, and the role of the press According to research findings, if the existence of slavery is no longer denied, then the taboo will be broken and it will be easier to address. Making progress in this realm, the Head of State in Niger declared on national television in 2012 that “Domestic and sexual slavery is a plague on the country.” In an earlier victory, a female slave brought a case against the Republic of Niger to the ECOWAS (the Economic Community of West African States) Court of Justice in 2008. The Nigerien government had already released a statement in 2003 banning slavery; however, its implementation left much to be desired. In many cases, slaves and their descendants have had to fight to defend their property, and have often had it taken from them, further limiting the freedom of women in these situations. In Burkina Faso, the legacy of slavery has become more visible in the northern Sahel, because of certain chiefs and emperors who continued the practice post-­‐revolution (1983-­‐87). Burkinabe researchers have investigated these cases, but the findings are available only to a limited intellectual elite audience. There are many inaccuracies perpetuated about the state of slavery in Africa, and it may be useful to distinguish theoretical aspects from the current situation that dictates the steps that may actually be implemented, taking into account imposed western democracy and globalization. Anthropology professor William Derman led research on the legacy of slavery in Guinea under the regime of president Sékou Touré: historic investigations are currently led by Guinean historian and professor Djibril Tamsir Niane, and his team of researchers. This research makes it possible to analyze

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the phenomenon and its distinct impact on men and women from economic, political, administrative, judicial, psychological, and ideological standpoints. Kiello sets out that from an economic perspective, slavery is perpetuated by a kind of class warfare that aims to preserve the status quo, where certain classes are exploited to the benefit of their “masters” in the higher classes. In this system, “peasants” are exploited in a kind of indentured servitude but are still given certain rights, including the right to use a ‘personal field’ (which conveniently serves as a way for the controlling classes to avoid having to feed their workers). In this system, peasantry is simply a new form of slavery, where peasants are free to cultivate where they wish, but are required to give a certain (unfairly high) amount of their harvest to their “masters” – with women giving the most. In this system, as in traditional slavery, females are particularly valuable commodities, given their ability to reproduce, creating a larger workforce. This master-­‐slave mentality is deeply engrained and transferable across generations, and thus while slaves have since legally been liberated, this tradition of paying higher caste families continues. There must therefore be a shift in mentalities in order to rectify the situation. On a political level, what other than a war between the classes can end this system? However, while citizens understand democracy, they have been conditioned to accept the current status quo, and are hesitant to challenge their leaders. A shift in this mentality is necessary in order to restore their rights. At one time, the Administration refused to recognize the independent villages of slaves. Today, it refuses to grant the descendants of slaves equal treatment and benefits under the law. In response, citizens retaliate by boycotting the Government and refusing to pay taxes whenever possible. It is necessary for Africans to move past this unjust colonial system and thus settle the score for the descendants of slaves. From a judicial standpoint, although there have been many acts of emancipation, ultimately the slave and/or his/her descendants are left struggling to effectively liberate themselves. From a gendered perspective, the case of wahaya merits special attention and even more vigorous measures. The anti-­‐ slavery organization Timidria (meaning “solidarity” in a local language) defines the wahaya as “a girl or woman who is purchased by certain dignitaries (for the most part, religious leaders and rich men called El-­‐Hadji)”. The wahaya is used as free labor and as a means to satisfy sexual desires outside of the standard time with each wife. They are women who “are not of good birth, who are not free,” taken as concubines outside of marriage. These women Kiello indicates are not treated as human, and have no value outside of their ability to reproduce for their masters. Even today, they are bought and sold, and passed down along family lines. Their emancipation is regulated by black and Arab ethnic group codes, and is far from being accessible. Research carried out by Professor Kadir Abdelkader Galy in 2010 found a total of 870,383 slaves remaining. In response to this issue, citizen engagement in Timidria is strong, with over 300,000 members. Timidria “operates simultaneously by denunciation and action,” calling on

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members of all political parties to unite and protect human rights, in the name of “a Republic for all,” upholding the values of equality and fraternity. The psychological aspect of slavery manifests itself as a form of “intoxication”. Skillfully anchored in the minds of slaves and their descendants is the idea that if slaves anger their masters, the consequences will be extremely serious, which effectively keeps them in submission. Professor Diouldé Laya conducted a study on the current conditions of slaves and their descendants in Niger, their reactions, and the ways in which children are primed to continue the roles of their parents. The children, both boys and girls, accompany their parents to the fields and observe the relationship between masters and slaves. They actually live the situation, and thus become more aware of it. The conditions are oppressive, and occasionally there are revolts, which merits reflection. The ideological component is somewhat harder to identify. Studies on the future of slaves and their descendants reveal that they continue to remain invisible: the majority of citizens do not know that they exist. Those enslaved reflect the same mentality, seeming not to perceive value in themselves. It is even worse for the female slaves, subservient to the wives of their masters and regularly subject to their jealousy and sarcasm, and sometimes, physical violence, because they are perceived as sexual rivals. While social values are not erased overnight and the psychology behind a system makes the struggle more difficult, there are efforts by many to address the situation and shift the balance of power. II. Proposals for Action and Solutions: in Africa, for the diaspora, and joint action Suggestions for Africans: 1. First, it is necessary to break the silence around this taboo. As it stands, people are afraid to talk about the legacy of enslavement for fear of damaging the reputation of their country, or sparking a revolution. 2. Research has shown the importance of equitable distribution of land, with particular emphasis on female ownership of land, to combat famine and achieve food self-­‐sufficiency. This is complicated in a post-­‐colonial and in some cases post-­‐conflict Africa, and therefore efforts must be made to clearly restore land to former slaves and their descendants. 3. There is currently a lack of statistics on not only the number of slaves, but also the number of displaced people, farmers without land, herders without livestock, etc. Thus, governments must also collect reliable statistics and help to provide liberated slaves and their descendants with the means to re-­‐start their livelihoods. 4. Lack of education and literacy among the masses is another major problem, and leads to the exploitation of the peasant class by the powerful and educated minority. 5. Compounding the problem of low literacy rates is the fact that education is typically carried out in Western languages. In Burkina Faso, texts are translated into the main local languages thanks to the Project for Equal Access of Women and Girls to Education. Often in Africa, students are not taught to

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read and write in their native languages. This is especially problematic for women, who have on the whole less access to education. If students were taught in local languages, and important legal documents were written in them, citizens would be much more likely to understand and embrace their rights. 6. It is necessary for all Africans to put aside fears of reputational damage or revolts and to fight for change. The largest barriers to eradicating slavery are psychological, and this must be recognized in order for progress to occur. It is also important for the diaspora community to engage in this issue. Given how much of the African economy is fueled by remittances from the diaspora, it is important to factor them into the longer-­‐term plan for Africa. They help to alleviate poverty and famine, increase rates of education and equality, and preserve African music and art. From a judicial standpoint, there is some conflict between what is legal and what is considered culturally legitimate, highlighting differences between African culture and the imposed occidental culture. While occidental judicial law focuses on resolving problems by choosing a winner and a loser, African culture is more focused on mediation and compromise, and is thus better suited to address these problems. Given globalization and the supreme reign of capitalism around the world, it is more important than ever for Africans to maintain a sense of community, which extends beyond ethnic boundaries. Working as a community, Africans will be able to strengthen their continent and portray a unified image of an emerging Africa (including of its female leaders – see at equalityburkina.blogspot.com). As such, it is important to acknowledge the impact that the diaspora population can have. Suggestions for African descendants abroad and the diaspora: 1. Continue to work on crafting the story of slavery, with a particular focus on its gendered impact. This serves the double purpose of illuminating the truth about one’s own history, and also dispelling false conceptions and concretely demonstrating the evolution of a society. 2. Analyze changes over time in the role of women and their integration into society within their host countries. 3. Publicize research conducted on the legacy of slavery, including its impact on the lives of descendants of slaves 4. Study African values, which have the capacity to bind overseas populations. In some cases, traditions have been preserved in countries of immigration, and not in others. For example, female excision is rarely practiced in communities where African descendants have lived for generations (the Americas), and is often practiced in countries where more recent immigrants have come for economic reasons. 5. Recognize that the diaspora plays a key role in the redistribution of wealth/filling gaps in Africa, and that creative partnership between Africa and the diaspora will be key going forward.

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Concerning the relationship between continental Africans and the diaspora, it is undeniable that slavery has historically played a role. Given the occidental demand for slaves for development, African countries thus became producers of this human commodity. Given this legacy, it is important to ask today why we have been unable to eradicate the many forms of slavery. Suggestions for collaboration: 1. Working to understand and put a stop to the practices that make exploited populations forget their familial lines and identity. 2. Continuing the study of the methods of ‘taming’ slaves and making them adapt to their environments and accept their situation 3. On a similar note, more closely examining what goes on within slave quarters (“the débéré”), which seems to be a major factor in the slave mentality. 4. Deepen the study of certain animal-­‐related rituals, especially concerning the status of the people that perform them. 5. Reexamine the role of oral tradition, which is the “cement” of the African identity. Members of the diaspora can record the secret songs and expressions that construct the intangible heritage of the continent. 6. Contribute to developing different techniques to end the domination that has characterized the history of the continent, and help the victims of this exploitation (including slaves and their ever-­‐ marginalized descendants) to receive commensurate compensation. Conclusion Although all issues in Africa are pressing, education is the key factor that will change mentalities and transform the conditions under which the descendants of slaves live. It is up to Africans and the diaspora to organize themselves in solidarity around a common goal, creating a more equitable distribution of resources, equality among genders and classes, and meeting the challenges of globalization. Audiovisual media will be important in this campaign, allowing the messages to be heard and for audiences to interact. Slavery and its legacy are delicate subjects; the difficulty in eradication stems from financial and psychological factors. To address these, options include creating a special reparations commission, sharing experience through International Days for the Abolition of Slavery, and undertaking public awareness campaigns. It is also necessary for continental Africans and the diaspora to come to terms with their relationship and commit to working together to address the eradication of slavery and the advancement of Africa. Furthermore, it is important to recognize that the subjugation of women is also a barrier in Africa’s development; there is much to be gained from remembering the matriarchal system

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that once governed Africa. The balance between the genders began to shift with the transition from agriculture to animal husbandry, and from animal husbandry to industry; this balance has not yet been restored, to the detriment of society. Women thus face a “double enslavement,” within their own societies and the system created by globalization – to be tackled by the pursuit of women’s rights. © Aminata Salamata Kiello Published by the UNESCO/UNITWIN Network on Gender, Culture and People-­‐Centered Development in Boston, Massachusetts, USA: 2015 The ideas and opinions expressed in this document are those of the author and do not necessarily represent the views of and do not commit UNESCO, Boston University, or the UNESCO/UNITWIN Network on Gender, Culture & Development. The foregoing parties make no representations as to the accuracy, completeness, suitability, originality or validity of the information presented in the article and will not be liable for any errors or omissions in this information or any losses, injuries or damages arising from its display or use. For exact interpretation, please note that the French version of the text takes precedence. See also the French version for a complete bibliography.

United Nations Cultural Organization

UNESCO/UNITWIN Network on Gender, Culture, and People-Centered Development

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