Hugo Les Travailleurs de la mer

Page 1

Travailleurs de la mer Les

Sommaire

Les Travailleurs de la mer

Victor Hugo, la pieuvre et les caricatures

Sous le vent de Gilliatt.

Quarante années de navigation dans le sillage de Hugo

Les Travailleurs de la mer dans les collections

de la Maison Vacquerie - Musée Victor Hugo

Dorion-Peyronnet

des œuvres prêtées

À Jersey – à Guernesey. Petite sélection de la correspondance de l’exil à la Maison Vacquerie-Musée Victor Hugo

Préface 7
David Charles 9
Gérard Pouchain 33
Édouard Launet 51
Caroline
67
148
Catalogue
154 Sources et bibliographie sélective 174

Les

Travailleurs de la mer dans les

collections de la Maison Vacquerie Musée Victor Hugo

Caroline Dorion-Peyronnet Conservateur en chef du Patrimoine Chargée de missions scientifiques

Les Travailleurs de la mer, entièrement conçus pendant l’exil (fig. 1), sont parus en trois tomes en mars 1866. Le roman s’inspire largement du cadre de vie de Victor Hugo, celui de sa proscription à Guernesey, exil volontaire depuis l’amnistie décrétée par Napoléon iii en 1859.

Mais le roman a aussi étonné par « la simplicité de la fable » (Charles Baudelaire1). Pour Émile Zola, « il a seulement pris, dans la réalité, une mer irritée, un garçon crédule et fort, une fille douce et cruelle, et il a heurté ces trois êtres2 ». Quand l’œuvre est éditée, Victor Hugo est établi depuis onze ans à Guernesey. D’ailleurs, c’est à cette île, « rocher d’hospitalité et de liberté », que le poète dédicace ce nouveau roman.

Avant l’exil, le motif maritime est présent dans l’œuvre de Victor Hugo. Mais c’est véritablement lors de son séjour sur les îles anglo-normandes (Jersey puis Guernesey), de tout ce qu’il peut contempler de son « nid d’aigle », du look-out, que naissent des textes largement inspirés par « cet immense rêve de l’océan ». Néanmoins, c’est son roman Les Travailleurs de la mer qui rend le plus complètement compte de son exil insulaire : « Pour ceux qui, par les hasards des voyages, peuvent être condamnés à l’habitation temporaire d’un écueil dans l’océan, la forme de l’écueil n’est point chose indifférente » (Les Travailleurs de la mer, ii, 1, 5).

67

Cat. 1

Island of Jersey / Saint-Aubin’s Bay Frères Neurdein (actifs, 1864-1918)

Photographie, tirage sur papier albuminé Vers 1870-1879

Don Gomis, décembre 2019 Inv.2021.1.2

« Je suis en pleine poésie, cher poète, au milieu des rochers, des prairies, des roses, des nuées et de la mer, et tout naturellement je pense à vous. Si vous étiez ici, quels beaux vers vous feriez ! Les vers sortent en quelque sorte d’eux-mêmes de toute cette splendide nature. Quand l’horizon n’est pas magnifique, il est charmant. »

Lettre à André Van Hasselt, Jersey, 18 août 1852.

L’exil dans les îles anglo-normandes

« Qui a vu l’archipel normand, l’aime ; qui l’a habité, l’estime. »

Victor Hugo, L’Archipel de la Manche, 1882, xxiv

Après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, Victor Hugo quitte clandestinement la France. Il se réfugie d’abord en Belgique entre le 12 décembre 1851 et le 1er août 1852. C’est lors de cette première période en Belgique que lui et 65 autres députés sont déclarés proscrits par décret impérial.

Jersey

5 août 1852

31 octobre 1855

« […] Dans ce moment, c’est un peu sauvage à cause des coups de vent et de la grosse mer. Mais, par le soleil, c’est gai comme la Normandie. »

Auguste Vacquerie, lettre à sa sœur, 1852, Maison Vacquerie-Musée Victor Hugo, inv. 1972.12.78 [1447]

Et pourtant, quelques années plus tard, Auguste Vacquerie écrit :

« Je n’oublierai jamais l’impression de désappointement que j’eus en abordant à Jersey. On m’avait promis une île verdoyante, un jardin parfumé, le bouquet de l’océan : j’avais devant moi un rocher à pic et à vif, sans un arbre, sans un brin d’herbe. […] Un canon et un gibet, voilà les fleurs que Jersey vous présente quand vous débarquez. »

Auguste Vacquerie, Les Miettes de l’histoire, « Épilogue, Trois ans à Jersey », 1863, p. 362-363

Avec l’édition de Napoléon le Petit, Victor Hugo doit de nouveau partir. Cette fois, il rejoint Londres puis l’île de Jersey. D’abord installé à Saint-Hélier, capitale de l’île, il peut apercevoir la baie et le port de Saint-Aubin. (cat. 1)

À partir du 19 août 1852, la famille s’installe dans une maison baptisée Marine Terrace, au sud-est de Saint-Hélier, sur la commune de Saint-Clément. (cat. 2)

70

Dans la même lettre adressée à André Van Hasselt (Jersey, 18 août 1852), Victor Hugo décrit la maison de Marine Terrace : « Je m’installe demain dans une petite niche au bord de la mer que les journaux de l’île qualifient ainsi : une superbe maison sur la grève d’Azette. C’est une cabane, mais dont l’océan baigne le pied. »

Cat. 2

Marine Terrace

Charles Hugo (Paris, 1826-Bordeaux, 1871) Vers 1853-1854

Tirage original sur papier salé Extrait de Profils et Grimaces (inv.1976.1.1 [1705]), p. 9 Inv. 1976.1.1.3 [1705.3]

71

Fig. 2

La mère de mouche (écoutant Phèdre) Auguste Vacquerie Photographie, tirage sur papier salé, vers 1853

Extrait de Profils et Grimaces , p. 78 Don Gaveau, 1976 Inv. 1976.1.1.19 [1705.19]

72

Fig. 3

Victor Hugo écoutant Phèdre Auguste Vacquerie Photographie, tirage sur papier salé, vers 1853

Extrait de Profils et Grimaces , p. 74

Don Gaveau, 1976 Inv. 1976.1.1.18 [1705.18]

Fig. 4

Le petit Le flo Auguste Vacquerie Photographie, tirage sur papier salé, vers 1853

Extrait de Profils et Grimaces , p. 62

Don Gaveau, 1976 Inv. 1976.1.1.14 [1705.14]

ISBN : 978-2-900314-45-6 •20 € OCTOPUS éditions

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.