Lettre à Grand-père

Page 1

Avec Tout L'honneur et le Mérite

Père, parler de vous a toujours été ma vocation la plus chère, mais maintenant, si vous me le permettez, je voudrais vous parler à travers cette lettre.

Cher grand-père :

Aujourd'hui, 132 ans se sont écoulés depuis le jour de votre décès, en septembre 1891, et me voici déambulant dans le cimetière comme je le faisais chaque jeudi après-midi. Cette fois, les choses sont différentes et ma visite a pris un autre caractère. Cela dépassait mes capacités, car j'ai été saisi d'émotion à la lecture d'une de vos lettres adressées à vos distingués enfants. Les larmes me montèrent aux yeux j'éprouvais un frisson de nostalgie de votre personne rayonnante. Perdu, poussé et aussi dépourvu de volonté, contrairement à la réalité, je me suis mis à inspecter les tombes comme si je cherchais une vision.. Hélas! ce moment de distraction fut vite dissipé par la douce voix d'un cheikh récitant une sourate du Coran, lecture qui m'a conquis; je l'ai vraiment apprécié, alors j'ai terminé le reste avec lui.

Cher grand-père :

La récitation terminée, nous avons levé nos paumes en signe de supplication, priant le Seigneur pour sa miséricorde et son pardon pour tous les morts. Je me tournai ensuite pour partir, et sur le seuil du cimetière, les images d'une majestueuse procession défilèrent devant moi. Conduite par quatre-vingts « Talebs » à leur tète, des centaines de rangées de foules accomplissaient la prière sur votre corps. J'ai suivi les traces de l'arrivée du cortège par la voie qui passe devant la mosquée "Al-Ras" en montant, mais quand j'ai commencé à descendre, j'ai été accueilli par des voix d'enfants lisant sur leurs tablettes dans la "Mahdara" d'El-Fattacha. Et comme j'ai tourné à droite vers la cour d'Al Rahba, le marché ( souk ) m'a enlacé avec les cris des gens mêlés au grognements de chameaux. D'en haut et à l'ouest, les maisons d'Al-Fattacha se dressent majestueusement, racontant le passé d'une génération immortelle qui comblait ce vide depuis la création de cette métropole. Les histoires de ceux qui sont morts continuent de briller, laissant derrière elles des pages de gloire, dont les médailles sont aujourd'hui plaquées avec fierté sur nos poitrines..

Cher Grandpere

Vous voici, ô grand, illustre magistrat et juriste rayonnant de toute dignité, assis sur le (Dokana), occupé à écrire, à rédiger la sève de la pensée d'un savant dont la valeur semble difficile d'accès ou de découverte, pour les nôtres qui veulent incarner des pratiques déjà méprisées et longtemps rejetées. Ce fut un moment unique et un spectacle majestueux. Je voulais hardiment envahir votre intimité, mais j'étais confus. La peur se mêlait à la joie, mais l'hésitation l'emportait sur l'enthousiasme.

Grand-père bien-aimé:

Avec tout le respect et la révérence, je me tiens aujourd'hui sur vos traces, ô cher pere. C'est vous qui vous êtes décrit, et vos manuscrits en témoignent lorsque vous avez dit : " Al-Messadi, foyer et natif..." en 1861, et les gens, les compréhensifs et les connaisseurs d'histoire ont toujours attribué votre lignée à Messaad, que vous aviez l'habitude d'élever en l'appelant (Mossaad) avec un « O » majuscule, cette étreinte et ce lien ont obligé son juge à écrire : « Le titulaire est le juge Sidi Mohamed ben Al-Fattacha, président du Conseil de Laghouat Al-Messaadi", dans un de vos actes de propriété un jour béni du mois de Shawwal en 1867. Pour vous c'était Messaad par sa tendre féminité qu'elle incarnaie, elle representait la mère et la patrie, et elle l'est toujours, coeur et âme, pour vos petits-enfants!

Vous avez élevé cette appartenance et adhesion aux yeux de tous grâce aux actions d'un homme d'honneur de "Shorfa", et vous avez dépassé au-dessus de la fierté de la tribu et ( A'arch ) auprès de certains qui avaient hâte de surfer sur cette vague; cela s'etait produit avant qu'ils ne réalisaient la valeur de cette affiliation et l'honneur qui en découle. De votre type, combien de vraies personnes y a-t-il comme vous ? Deux, trois, peut-être... Plus, j'en doute !

Grand-père,

Votre memoire restera, malgré toutes les tentatives actuelles, et toutes les douleurs, tribulations et sacrifices du passé sont difficiles à mourir. Bien sûr, cela continuera chaque fois que le muezzin de la mosquée Al-Safah se lèvera et dira : « Allahu Akbar ». L'histoire se souviendra de vous à chaque fois que le mot "Messaadi" sera prononcé, ou à chaque fois que ces gens simples, ainsi que les grands messieurs de Tell et au-delà, se précipiteront pour récupérer leurs papiers alors que la peur devient grande et que la menace les frappe...

Vous resterez dans la mémoire des chevaux et cavaliers (Ouled Nail) qui, grâce à votre attitude, ont non seulement échappé en soutenant une des invasions de l'occupant mais aussi au châtiment qui aurait suivi. Qui d’autre, avec son courage, oserait défier ? Il n'est autre que quelqu'un comme Mohamed, le descendant d'Al-Fattacha et, avec toute sa vertu, porteur du nom du Messager de la Guidance, Mohamed, le protecteur de l'antre de la religion et de ses adeptes. Vous resterez grand, redoutable, une légende vivante et nous continuerons de parcourir votre chemin avec fierté et dignité.

Cher Grandpere

Jusqu'au moment de nos retrouvailles au paradis éternel avec les martyrs et les justes de la nation de Mohomed, que les meilleures prières soient sur lui, Qu'Allah ait pitié de vous et de tous nos pères.

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
Lettre à Grand-père by benfmeb - Issuu