Lothar’s sinon rien La marque culte des années 70 est née d’une alchimie entre trois talents : Lothar’s Mauch, le mannequin, son frère Wolfgang chanteur d’opéra et Shahla, l’épouse de ce dernier, une jeune pianiste d’origine iranienne. « Wolfgang était la tête de notre trio, c’est lui qui a lancé le fameux bleu délavé, à l’origine de notre succès, Lothar s’occupait des relations publiques et moi je collaborais avec eux» raconte Shahla Mauch. L’histoire commence en 1969 dans le deuxième arrondissement de Paris : « Pour notre boutique Passage Choiseul, nous sommes partis en Iran faire des achats. Dans nos valises, des soieries, des foulards et des gilets en mouton retournés, brodés à la main, que Jean Bouquin a pris dans sa totalité, pour créer des tenues tout à fait fantastiques. Nous fabriquions des tuniques, de longues jupes gitanes, une mode très caractéristique de l’époque mais nous avons connu le succès par un seul et unique produit dont je vais vous raconter l’histoire. Un jour, une jeune styliste frappe à notre porte, le Club Méditerranée qui l’emploie ne veut pas de ses créations. Il s’agit de trois modèles, une saharienne, un blouson et un pantalon “pattes d’eph” taillés dans un tissu bleu délavé en coton très léger. Mon mari s’ exclame “Nous le prenons”. Ce tissu indigo, porté par les touaregs, lancera notre marque. » « Puis Lothar’s qui connaissait tous les spots de la planète, nous a emmené à Saint-Tropez… ». Il ouvre une première boutique rue Sibilli en face de l’actuelle gendarmerie, « associé avec Paul Pallardy et Philippe Salvet, deux autres mannequins alors très en vue à Saint-Tropez. » Shahla et Wolfgang, dirigent l’atelier parisien, situé à côté de celui de Kenzo. « Tous les soirs, nous partions gare de Lyon pour acheminer les commandes de Saint-Tropez. » Le déménagement sur le port « à côté de l’Escale de Félix Giraud » va multiplier les ventes. « Les gens s’arrachaient nos créations ! La marque a vécu ses plus belles années de 1971 à 1975. Il suffisait de s’asseoir à la terrasse de Sénéquier, pour assister à un défilé de mode permanent » se souvient Shahla Mauch.
Le fameux bleu Lothar’s
« Wolfgang a fait le voyage en Mauritanie pour apprendre la technique de teinture. Nous avons commandé des kilomètres de tissu en coton, des tonnes d’indigo et dû faire appel aux étudiants des Beaux-Arts pour nous aider à préparer la fameuse couleur, avec la technique des vendangeurs. Le tissu était foulé aux pieds dans de grandes bassines, puis tordu avant de sécher sur l’herbe. Plus tard, le succès nous a permis d’acheter une véritable teinturerie et un atelier de fabrication à Clichy composé de 200 employés.» Cette technique très artisanale garantissait un délavage réussi et un côté stretch, novateur pour l’époque. Le procédé est rapidement étendu aux autres couleurs. Le succès est tel que les boutiques se développent en France, mais surtout à l’étranger : New York, Los Angeles, Londres, Genève, « 90 % de notre production était exportée » résume Shahla. Les 60
Jean’s délavés et “pattes d’eph” pour toute la famille Faded jeans and flares for the whole family
Lothar’s or nothing
The cult brand of the seventies is born of three talents: model Lothar’s Mauch, his opera singer brother Wolfgang and the latter’s spouse, Shahla, a young pianist of Iranian origin. Wolfgang was the head of our trio; it is he who launched the famous faded blue, the origin of our success. Lothar’s dealt with public relations and I collaborated with them” tells Shahla Mauch. It all started in Paris , in 1969: “We went to Iran to make purchases for our boutique, filling our suitcases with silk wear, foulards, sheep skin jackets, hand-stitched, that Jean Bouquin used for creating fantastic clothes. We made tunics, long gipsy dresses, a characteristic fashion of the time, but we owe our success to one, unique product only. The story goes: one day a young stylist knocks at our door; the Club Méditerranée who employed her didn’t want her designs. These were composed of three models: a sahara tunic, a jacket and flared trousers made in a faded blue, very light cotton. My husband exclaimed “We take it”. This indigo fabric, worn by touaregs, was to launch our brand”. Then Lothar’s, who knew all the spots on the planet, took us to Saint-Tropez… He opened his first boutique in rue Sibilli. Shahla and Wolfgang ran the Paris workshop next to Kenzo. “Every evening, we would go the gare de Lyon to dispatch our orders for Saint-Tropez”. Moving to the port, next to l’Escale, resulted in soaring sales. “People rushed to buy our collections! The brand was highly successful from 1971 to 1975. One could see a non-stop fashion show just by sitting at the Sénéquier café terrace” remembers Shahla Mauch.
The famous Lothar’s blue
“Wolfgang went to Mauritania to learn the tinting technique. We ordered kilometers of cotton tissue, tons of indigo and we had to rely on the help the Beaux-Arts students to prepare the