Design @ Home 65

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COLLECTION T E N D A N C E S • C R É AT I O N S • D É C O • A RT D E V I V R E • H I G H - T E C H • É VA S I O N S

LE DESIGN

KID DESIGN Les nouveautés 2017 pour les enfants

Osez, jouez avec votre intérieur ! Rencontre avec Eero Aarnio le Grand Enfant du design

DES CHAMBRES IRRÉSISTIBLES ! Lits d’exception, tables de chevet, linge de lit…

L 13152 - 65 - F: 12,90 € - RD

SALLES DE BAINS Baignoire, spa et hammam : le bien-être au rendez-vous

Janv. Fév. Mars. 2017 - N°65

Le cube, la tendance design pour des rangements sur mesure


Canapé ANDY et LA BIBLIOTHÈQUE FIL. Pierre Paulin. Créés et fabriqués en France. Catalogue: w w w.ligneroset.fr


ÉDITO

Une âme d’enfant

E

©Thomas Ledoux

t si on bousculait tout ? Les codes, les normes et les conventions ? Et si on portait un regard neuf sur le monde pour d’autant mieux s’émerveiller ? Et si on retombait en enfance avec la joie de s’étonner et le plaisir de se raconter des histoires et de s’amuser ? Par le principe de fonctionnalité qui guide la conception de toute création et l’exigence de rigueur qui marque chaque étape de fabrication, le design semble a priori loin d’être le champ propice pour réveiller notre âme d’enfant. Et pourtant… Il est bien des pièces de design dont le détournement de formes classiques arrête le regard et provoque le sourire. Pour peu que l’on fasse une pause, certaines font émerger nos souvenirs d’enfance et interpellent notre imaginaire à l’instar de cette petite lampe Olo de Jean-Baptiste Fastrez pour le dynamique éditeur Moustache. A l’origine conçue pour assurer un éclairage plus intense sur différents points précis de la pièce, elle devient un personnage Pixar, prêt à s’animer, encore que certains pourront y voir toute autre figure, des phares maritimes à des manettes de console de jeu vidéo. Ce qui fut conçu avec tout à la fois créativité et rigueur technique devient objet suscitant spontanément notre imaginaire et nos émotions, au point de s’approprier le sens

de cet objet et reléguer au second plan et la fonction et son créateur. Si le design peut provoquer la surprise et le sourire dans nos intérieurs, il fut aussi pour certains designers une façon de « bien s’amuser ». Le grand enfant de 84 ans qu’est Eero Aarnio, que nous avons rencontré à Helsinki, n’hésite d’ailleurs pas à le clamer lorsqu’il nous a raconté le processus de création des pièces tels le célèbre chien Puppy ou le pingouin Pingy. Plus qu’un grand designer, ce magicien a dû faire jaillir bien des rires et de la bonne humeur dans les foyers et à l’écouter, on se demande si le design n’est pas la recette miracle de la jeunesse éternelle. Pour l’heure, nous vous souhaitons une très belle année, ponctuée au fil des jours, de rires, de bonheur et d’heureuses surprises. De notre côté, nous vous préparons également quelques grandes surprises en 2017 qui, nous l’espérons, vous plairont et renforceront la fidélité que vous nous témoignez à chaque numéro. Merci à vous, et belle année 2017!

Nicole Maïon Directrice de la rédaction nmaion@beemedias.fr

www.designhome.fr www.facebook.com/DesignHome-Magazine instagram.com/DESIGN_HOME_MAGAZINE

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SOMMAIRE

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ACTUS

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La Tendance Cubes, modules et compagnie

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FLASH-BACK Cube, le module inspirant du design

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INTÉRIEURS 26 Piédestal Dori Design aménage un penthouse situé au nord de Tel-Aviv. Plutôt que de faire place nette à un séjour d’intérieur, la cuisine y est mise sur un piédestal. 32 Regard photographique Architecte et fondateur de l’agence danoise Norm Architects, Jonas Bjerre-Poulsenl a opté pour le mode

40 Forêt intérieure A Vilnius, un joli cocon conçu par l’agence Arch respire l’esprit nordique.

53 Manufacture de chocolat Les architectes d’intérieur du cabinet australien Eat ont transformé une ancienne usine de chocolat en une résidence lumineuse.

46 Montée en gamme L’agence Véronique Cotrel a transformé totalement un appartement en ruine pour en faire un écrin luxueux et chaleureux.

58 Une grille minimaliste Pour rénover un appartement filiforme à Tel-Aviv, Yael Perry, Dafna Gravinsky et Amir Navon ont employé un système de

de vie néorural, avec sa femme et leurs deux enfants, non loin de Copenhague. Visite.

grille qui ordonnance l’ensemble du projet, de la disposition spatiale à la conception du mobilier.

88 Shopping Linge de lit : dans de beaux draps ! Vaisselle : une table créative

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Univers 5 chambres pour rêver

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Best of 17 lits de créateurs 82 DECRYPTAGE La table de chevet

Focus Kid Un espace rien que pour eux ! 102 Archimania L’actualité architecturale Les îles urbaines


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Design addict le Design ludique Eero Aarnio / Magis Des créations propices à l’imagination La Chance et Note Design Studio Esprit décalé Kartell et Piero Lissoni La nature ludique de l’objet Moustache et JeanBaptiste Fastrez

Des objets ludiques malgré eux ! Jean-François Bellemère, spontanéité de l’enfance Kid design, l’histoire du design évolutif 126 Confidence Pierre Charpin, la pensée libre 130 Talents à suivre Cinq jeunes designers finlandais

134 Réeditions 138 Icônes et descendance LIFE STYLE 140 Actualités du design automobile

146 EXPOS Biennale internationale du design de St Etienne, le travail du futur 148 Côté Arts Adrian Falkner, sans bruit et sans fureur

142 Audi Q2

150 Hôtel Ho36, un lieu de partage W Goa, un comptoir contemporain

144 Amko Leenarts, Ford. Le design au service de l’expérience utilisateur.

152 Tech Le design à l’oreille Dans le smartphone de Quentin de Coster

155 Food Les actualités gastronomiques de la saison AMÉNAGEMENT 158 Carrelage, tendances 2017

156 Abonnement 176-178 Carnet d’adresses 177 Anciens numéros

164 Rituels de bien-être 172 24 heures de bien-être connecté

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TO DO LIST

IMMANQUABLES POUR EMBELLIR SON QUOTIDIEN

1 - S’ASSEOIR DANS CET INCROYABLE SOFA EN WENGÉ MASSIF, DESSINÉ ET RÉALISÉ ARTISANALEMENT PAR LE DESIGNER LUI-MÊME ET REPRENDRE CONTACT AVEC LA NATURE. GALERIE GOSSEREZ, SOFA ONE PIECE, CRÉATION VALENTIN LOELLMANN, PRIX SUR DEMANDE.

2 - Retomber en enfance et se balancer sur ce cheval à bascule revu et corrigé en cuir lisse et hêtre courbé avec humour par le studio Front Design. Gebrüder Thonet Vienna, cheval à bascule Furia, création Front Design, 830 €

3 - SE PLONGER DANS LA PROFONDEUR DES NOIRS DE CET ÉCRAN OLED 4K ULTRA-FIN DE 4,2 MM POUR UN RENDU AUSSI ULTRA HAUT DE GAMME QUE SON PRIX. LG, écran LG Signature, 77 pouces, OLED77G6V, 29 999 €

4 - PRENDRE LE TEMPS AU RYTHME DU LÉGENDAIRE PENDULE ATMOS, DONT LE DESIGN EST REVISITÉ PAR MARC NEWSON. JAEGERLECOULTRE, ATMOS 568, CRÉATION MARC NEWSON, CRISTAL DE BACCARAT, PRIX SUR DEMANDE.

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5 - S’éclairer avec le lampadaire de la collection Kushi et ses trois jolies pommes en verre opalin soufflé. Kundalini, Kushi Floor, création Alberto Saggia et Valerio Sommella,745 €


B e l g i a n

o u t d o o r

l u x u r y

06 SIFAS – MOUGINS, 0492183240 • 06 SIFAS – ANTIBES, 0492914200 • 14 HA DESIGN – CABOURG, 0685773724 • 20 SOLE E OMBRA – AJACCIO, 04 95 27 29 66 • 29 TERRASSE ET DEMEURE – CONCARNEAU, 0298978858 • 31 TRENTOTTO MOBILIER D’EXTERIEUR – TOULOUSE, 0561224307 • 33 SUN MOBILIER – BORDEAUX LAC, 0556501616 • 33 ACANTHE – LIBOURNE, 0557259767 34 VILLA CALAS – CLAPIERS, 0467559121 • 35 TERRASSE ET DÉPENDANCES – LA MEZIERE, 0299131247 • 41 ADH PAYSAGES – VILLIERS-SUR-LOIR, 0254727949 • 45 ADH PAYSAGES – LA CHAPELLE SAINT MESMIN, 0238251030 • 54 MEUBLES BRAJOU – NANCY, 0383962121 • 59 LE CEDRE ROUGE – SECLIN, 0362276153 • 68 MEUBLES MEIER – BARTENHEIM, 0389683510 69 IOMA DISTRIBUTION – LYON, 0478839560 • 74 SAUREL – ANTHY SUR LEMAN, 0450703088 • 75 LE CEDRE ROUGE VICOTRIA – PARIS, 0142337105 • 75 LE CEDRE ROUGE MIROMESNIL – PARIS, 0176783628 • 75 LE CEDRE ROUGE KENNEDY – PARIS, 0176783625 • 76 JARDIN PASSIONS – BOIS GUILLAUME, 0235591940 • 78 LE CEDRE ROUGE – FEUCHEROLLES , 0176783620 83 SIFAS – LA GARDE TOULON, 0494239110 • 83 SIFAS – PORT COGOLIN, 0494565866 • 85 SARL VILLA D’AZUR – LA ROCHE SUR YON, 0251310615 ARTOPIA – (CH) GENÈVE, 0041227868002 • GHEQUIERE – (BE) COURTRAI (AALBEKE), 0032 56412965 • COMPAGNIE DES JARDINS – (BE) BRUXELLES, 023757239


ACTUS

COMPOSÉE D’UNE DIODE ÉLECTROLUMINESCENTE ORGANIQUE, APPELÉE OLED,

Rembourré en éco-plumes, c’est un ovale de douceur au dossier amovible, sur lequel on s’abandonne. Son revêtement de cuir ou de tissu fait de lui un élément aussi décoratif que confortable et adaptable à toutes les ambiances. Désirée Divani, Canapé Milos, création Marc Sadler, prix sur demande.

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© EZIO PRANDINI

la lampe à poser Bell Mondo est inspirée des lucioles de nos jardins d’été. À la fois mobile et d’une esthétique délicate, cet intelligent petit luminaire illumine les intérieurs comme l’extérieur avec sa feuille de lumière de 2 mm d’épaisseur. Blackbody Bell Mondo, création Thierry Gaugain, diam. 13,5 cm x H. 27 cm, 592 €

BLACKBODY BELL MONDO ALL RIGHTS RESERVED

Le jardin mis en en lumière avec ce luminaire outdoor en Inox ultra-épuré, équipé d’une led : suffisant pour mettre en valeur un massif ou un élément fort d’une chambre de verdure. Royal Botania, luminaire Non-Side, prix sur demande.

Réalisée à la main, cette petite lampe à poser associant céramique, laiton et verre est l’une des premières créations de la toute jeune maison d’édition Haos, créée par Sophie Gelinet et Cédric Gepner. Haos, lampe 1.02, coloris rose, céramique, verre et laiton, H. 24 x diam. 27 cm, 410 €


www.ambiancebain.com


Des cartes de correspondance rangées dans un écrin aux allures design. Vingt-cinq coloris différents, pour un choix varié et une correspondance colorée. Galison, Adrift Correspondence Cards, création Natalie Stopka, 20 €

Greenery ! Telle est la couleur Pantone 2017. À la clé, un vent de fraîcheur dans nos intérieurs. On aime à ce titre la collection de coussins de l’éditeur de textile sud-africain Skinny laMinx, dirigée par la designeur Heather Moore. Skinny laMinx, coussin ZigZag, 39 €

LE DESIGNER ROBERT VAN EMBRICQS A TRAVAILLÉ SUR L’ESTHÉTIQUE ET LA FONCTIONNALITÉ PRINCIPALE DE L’OBJET. UN MARIAGE ÉTONNANT QUI DONNE VIE À UNE CHAISE COMPOSÉE DE LAMELLES DE BOIS À LA FOIS COMPLEXE ET TECHNIQUE.

ROBERTVANEMBRICQS,RISINGCHAIR,PRIXSURDEMANDE.

COMPOSÉE D’UN TAPIS AUX FORMES ORGANIQUES ET D’UN FAUTEUIL BAS,

cette collection autour de tapis et de fauteuils s’inspire des broderies de lingerie féminine tout en étant une ode au savoir-faire artisanal, les broderies et passementeries ayant été réalisées à la main par des artisanes indiennes. Gan, collection Valentina, création Alejandra Gandía Blasco, prix sur demande.

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en partenariat avec

Comme chaque année Cinna et ses partenaires ont donné rendez-vous à l’ensemble de leurs clients et amis. Plus de 300 personnes étaient présentes dans le magasin Cinna Lattes C.C. Le Solis,route de Carnon le 15 septembre pour la soirée « découverte de talents ». Ce fut l’occasion de découvrir la nouvelle collection Cinna.

SLICE – Pierre Charpin

Frédérick Lanneau et ses collaborateurs Angelotti Promotion

Sophie Bourel, Cécile Geswiller Perene

Matthieu Hagel, Olivier Nesvabda MH Déco

Cellier des Chartreux

Thierry Papereux Chocolatier

Michel Caulfield Tendance Audio/Yamaha

Champagne de Venoge

Restaurant L’Effet Jardin

LES PARTENAIRES DE L’ÉVÈNEMENT : Angelotti Promotion Castelnau-le-Lez, 04 67 22 12 22, www.angelotti-promotion.com – Yamaha/Tendance Audio Montpellier, 04 67 60 49 52, www.tendance-audio.info – Perene Vendargues, 04 67 70 93 74, www.perene.com - Chocolats Thierry Papereux Montpellier, 04 67 63 90 64, www.chocolats-thierry-papereux.com – MH Déco, 09 70 73 11 15, www.mh-deco.fr Buffet organisé par le restaurant l’Effet Jardin à Lattes, 04 67 22 40 17, www.restaurant-leffetjardin.fr Dégustation des vins* Cellier des Chartreux 04 90 26 30 77 et des champagnes* de Venoge 06 07 11 93 93.

*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.


LIVRES

230

Ettore Sottsass

Italie

Chaises Compas et Cylindre satin Acier laqué noir noir et cuir ou tissu Academy, 1983

Fauteuil Teodora Vitra, 1983

Lampe Tahiti métal Mélaminé et Memphis, 1981

brièvement à Paris et étudie t à Paris en 1949 Ubik baptisée ainsi 79, il crée sa sociétédébut des années 1980, , . Au and à l’Elysée Philip K. Dick de François Mitterr nt sa notoriété. ments privés nts à Paris, installe ment internationale place des Innoce écompensé et est édité par omaines, multi-r Starck e Philipp ocratisé le design, Il conçoit des hôtels à travers , etc. Baron Vert…), Le itra, Disform Nani, Japon (Nani Panzani, mmeubles au , des pâtes pour it pour les 3 Suisses iga à Bilbao, lieu de vie Alhond ve Jobs ou La intentions à ses premières qui le ramène est vulgaire ». élégant, le rare e populaire est

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Angleterre

Ron Arad

à fabriquer, les possiblespas dans la t sont les plus simp Mes produits i je veux tendre. Le plus n’es mentale ». s la « charge ut pas c’est ce vers quo ion, mais dan et surto icat », fabr sée la pen de « complexité « charge mentale », ou pas ce que c’est. sais bien ne dis Je tique. L’art, je dimension artis

io

Intramuros Edi

Isabelle Daëron

Light E23 Lampe Aerial le Acier, retractab télécommandée One Off, 1981

Les Topiques

collecteur de miroir de ciel, parti t l’eau de pluie, sitifs qui tirent du Fontaine filtran Topiques sont des dispo la lumière Les de pluie, le vent, rche menées feuilles, etc. els comme l’eau reche des flux natur ge retrace six années de de aussi l’occasion est Il n. Soleil. Cet ouvra à la Isabelle Daëro critique, à l’expertise et par la designer iciens. regard au , techn de objets ou soumettre ces de fiction, de théoriciens urs plume, d’aute sky, a r reflecting the use ater, a mirro make rainw g that es filterin devic book A dispenser Topiques are sunlight. This tor, etc. The ater, the wind, leaves collec Isabelle such as rainw by designer of natural flows of research carried out y to exchange years the opportunit retraces six s, also provided ts, fiction writer has It exper n. , Daëro critics objects with . through these icians techn and theoreticians Drugeon, e Caraës, Fanny Bertrand, Marie-Haud ric Avec / with : Coiffier, Frédé rme, Sophie André Guille Maytraud. and Thierry

Les Topiques

15 euros -1 ISBN 979-10-96842-00

Chair Fauteuil Rover en cuir, Siège de voiture structure acier One Off, 1981

L’UTOPIQUE DÉSIR D’HABITER LES FLUX

Collection Affinités 9 791096 842001

PASSION ARCHITECTURALE Pour continuer sur la ligne éditoriale de la collection des Dictionnaires amoureux, les éditions Plon s'intéressent à l’architecture avec la participation de l'un des architectes français les plus connus au monde : Jean-Michel Wilmotte. Le designer transmet son savoir par des expériences et des inspirations. Sous la forme d'une promenade culturelle personnelle, il analyse des grandes figures, des lieux, des couleurs, des tendances et des métiers. Du plus concret au plus abstrait, il apporte, tout en simplicité et en détails, un nouveau regard sur le rapport qu'entretient l'architecture avec les domaines culturels. Dictionnaire amoureux de l’architecture, JeanMichel Wilmotte, éditions Plon, 800 p., 25 €

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tions

Isabelle Daëron

Fontaine filtrant l’eau de pluie, miroir de ciel, collecteur de feuilles, etc., les Topiques sont des dispositifs qui tirent parti des flux naturels comme l’eau de pluie, le vent, la lumière du Soleil. Cet ouvrage retrace plus de cinq années de recherches menées par la designer Isabelle Daëron. Il est aussi l’occasion de soumettre ces objets au regard critique, à l’expertise et à la plume, d’auteurs de fiction, de théoriciens ou de techniciens. Ont participé à l’ouvrage : Isabelle Daëron (designer) ; Marie-Haude Caraës (politologue et chercheuse) ; Fanny Drugeon (historienne de l’art) ; André Guillerme (ingénieur et historien) ; Sophie Coiffier (écrivain) ; Frédéric Bertrand (architecte et urbaniste) ; Thierry Maytraud (urbaniste hydrologue. bilingue français-anglais, « Les Topiques », Isabelle Daëron CREE éditions, 80 p., 15 €

D80 – DESIGN, LES ANNÉES 80 D80 - Design, Les années 80, présente plus de 150 produits de cette décennie qui a vu naître le magazine Intramuros et émerger les grands noms du design contemporain. Présenté dans un coffret de luxe, ce beau livre de 256 pages, en édition limitée, est imprimé et façonné en France. De Ron Arad à Philippe Starck, de Marc Newson à Martin Szekely, de Gaetano Pesce à Ettore Sottsass plus de 60 designers sont mis à l’honneur dans cette édition de luxe, classés selon un critère géographique permettant de contextualiser leur apport sur la scène internationale. Des photos d’archives extraites des premiers numéros d’Intramuros rendront hommage à ces talents en devenir qui allaient penser, créer et améliorer le quotidien, soutenus dès 1985 par la forte vision prospective du magazine. Sont également au rendez-vous tous les fabricants et éditeurs sans lesquels la diffusion de cette culture D80 n’aurait pas eu lieu : Alessi, Alias, Cappellini, Cassina, De Padova, Driade, Knoll, Memphis, Molteni, Neotu, Vitra etc. Sous la direction de Chantal Hamaide, D80 - Design, Les années 80 rassemble des textes signés par Christian Simenc, journaliste spécialiste de design. La conception graphique de l’ouvrage a été confiée à Mateo Baronnet du studio B49. « Alors que les années 80 mettaient en lumière artistes, écrivains et musiciens et que personne ne suspectait comment l’objet pouvait être conçu et diffusé, Intramuros est apparu, dédié au design et à ses acteurs, pour mettre en avant tout un processus créatif et pour éclairer un public avide de pistes et de connaissances quant au monde de l’objet. Le Design est avant tout une histoire de projet, quelle qu’en soit sa nature, à perspective industrielle. Il s’exprime en rapport au corps, au geste et à la fonction. À la différence de l’art - initiative individuelle - le design est un projet d’équipe, qui induit un rapport intrinsèque et fort avec les entreprises » selon, Chantal Hamaide Après l’édition publiée en 2010 du coffret-anniversaire des 25 ans d’Intramuros, le magazine de référence du design international s’ouvre à l’édition d’une collection d’ouvrages sur l’histoire du design. Dans la perspective de dresser un panorama du design, chaque ouvrage sera dédié à une décennie et présentera les produits phares ayant marqué les périodes et l’histoire du design. D80, Design des années 80, Intramuros Editions, 200 €


I N T E R N AT I O N A L F I N E C R A F T & C R E AT I O N B I E N N I A L

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P H O T O D A P H N É C O R R E G A N © G I L L E S L E I M D O R F E R • D E S I G N B Y W W W. L A M A N U FA C T U R E . N E T

BIENNALE INTERNATIONALE MÉTIERS D’ART & CRÉATION

13/12/2016 14:42


ACTUS

© MAUD REMY LONVIS

ORIENT EXPRESS PRÉSENTE UNE SÉRIE LIMITÉE DE SIX PIÈCES,

créée en collaboration avec des artisans français et internationaux. Sac de voyage, nécessaire d’écriture, service à café, lanterne en bambou… Tout y est pour un voyage au pays des rêves. Orient Express, Six Pièces Manifestes, prix sur demande.

LE PRIX DU JAMES DYSON AWARD 2016 MISE SUR LA SÉCURITÉ

avec ce casque en papier recyclable de la créatrice Isis Shiffer. Conçu avec une structure alvéolaire, il peut être plié et protégera la tête des chocs. Le plus ? Une matière avec une durée d’imperméabilité de trois heures. EcoHelmet, création Isis Shiffer, prix du James Dyson Award 2016. 14

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© KIMBERLY MUFFERI

L’artiste et photographe Rolf Sachs a collaboré avec Leica autour d’un boîtier d’exception dédié au légendaire Leica M. À la clé, un habillage étonnant mais également fonctionnel avec ce revêtement en caoutchouc rouge à picots pour une prise en main facilitée. Leica, Leica M-P « grip » by Rolf Sachs, série limitée de 79 exemplaires, 14 750 €


Le designer Sebastian Herkner signe une collection pour Alcantara : un mélange de micro-reliefs et de laminage aux traditionnels aspects de la couture, comme la broderie. Alcantara, collection Wanderlust, création Sebastian Herkner.

ASSOCIANT MÉTAL ET BOIS, CETTE LAMPE EST IDÉALE POUR VÉGÉTALISER À SA FAÇON LES INTÉRIEURS. LightOnline, baladeuse Elmetta, création Tommaso Caldera, diam. 25 cm x H. 25 cm, 216 €

Erratum Dans le dernier numéro de Design@Home, une erreur s’est glissée dans la présentation de l’iconique lampe Tolomeo éditée par Artemide. Elle est signée par le maestro Michele De Lucchi.

Nouveau Monde DDB Toulouse © DR - Pixteur.com - Visiolab - Photos non contractuelles.

Gagnante du Grand Prix de la création 2016 de la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson, Eva Nielsen a joué sur l’accumulation de couches de sérigraphies et de photographies, avec de la peinture et de l’encre. Au final, c’est un trompe-l’œil envoûtant et intrigant. Eva Nielsen, Lucite, 2,20 x 3 m

L’art d’aménager l’espace.

archea.fr Un dressing dans la chambre, un nouveau rangement dans le salon et pourquoi pas un bureau sous les toits ? Pour tous vos projets d’aménagement, Archea vous propose des solutions créatives et sur mesure pour faire de votre espace un lieu unique, qui vous ressemble. Depuis sa conception jusqu’à sa réalisation, votre projet est entre de bonnes mains. Archea vous propose une étude préalable 100% personnalisée et met à votre disposition son savoir-faire et des outils dédiés. Styles, formes, matériaux, couleurs ou accessoires... Archea vous écoute, vous aide à faire les bons choix et donne vie à toutes vos idées.

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Véritables partenaires, nos experts vous garantissent un professionnalisme irréprochable et avancent avec vous main dans la main. Concepteurs, menuisiers- agenceurs, tous formés en interne, vous accompagnent pas à pas, dans le respect de vos goûts et de vos envies. Créateur-fabricant, toutes les solutions Archea sont réalisées sur mesure. Les espaces difficiles ne le sont plus ! Combles, escaliers, rangements intelligents, petites surfaces... Archea intervient partout, pour sublimer et optimiser le moindre recoin. Imaginez, nous faisons le reste !

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t o u t ,

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v o u s .

15/12/16 09:51


LA TENDANCE

CUBES, Imaginer, assembler, monter, construire, déconstruire… Tel est le jeu que proposent les marques avec ces rangements modulaires polyvalents, qui s’adaptent à tous les intérieurs et à toutes les pièces de la maison. Sélection. Anne Swynghedauw

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MODULES ET 1


COMPAGNIE Composition ADD+

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LA TENDANCE 1 /H En métal d’une grande finesse et d’une élégance extrême, sans soudure apparente, ce module est une interprétation très personnelle de la versatilité de la brique revue par Charles Kalpakian, dans une palette de couleurs chaleureuses. Bespoke Editions, module Brik, création Charles Kalpakian, à partir de 545 € l’unité. 2 /Tableau organisé Des éléments supplémentaires personnalisent la composition, tableau noir, ou magnétique, cadre photo, miroir ou horloge. Add+, pack Woodstock, ABS et bois, 125 €. 3 /Fraicheur nippone Laquées dans une palette de couleurs délicates, elles jouent avec l’empilement de cubes posés en équilibre. Cappellini, étagère Drop, création Nendo, chez Silvera, 2460 €. 1

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UN MODULE DE BASE ET LE TOUR EST JOUÉ ! Aujourd’hui, on ne peut plus s’en passer ; le cube est tellement intégré à nos habitats, qu’il est devenu un objet basique multifonction par excellence, qu’on utilise volontiers comme rangement, pouf ou table basse… Son universalité en fait un élément d’appropriation ludique, de jeu quasi enfantin, sa polyvalence ose toutes les audaces. Devenu module incontournable de l’ameublement, il se décline, sur le principe des célèbres petites briques de jeu de construction Lego, en multiples compositions créatives. Les nouvelles techno-

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4 /A la carte Le principe de ce système n’est plus à démontrer depuis sa création en 2006. Le système est selon les besoins, autoportant avec un support ou mural. Cubit, cube de rangement en MDF, à partir de 24 € le module.

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5 /Transparence Jouant avec la lumière et la technique de l’acrylique de couleur propre à la marque, il a été créé pour être un objet extra-ordinaire, empreint d’émotion. Kartell, cube Optic, création Patrick Jouin, 41 x 41 cm, chez Made in Design 245 €.

logies du numérique, et la mise en place de configurateurs sur les sites des fabricants, ont contribué largement à l’essor et à la diffusion de ces systèmes composables à l’infini. On peut désormais imaginer, concrétiser et matérialiser son système, en créant virtuellement sa propre construction, chez soi confortablement assis dans son canapé. Le principe du choix à la carte permet des variations de largeur et de profondeur, de matériaux et de couleurs des modules. L’idée innovante étant la capacité à s’adapter et à se fondre dans les pièces de la maison, sur tous types de mur, pour des systèmes muraux, et de sortir de la monotonie du linéaire des étagères du rangement classique.

LES COMPOSITIONS À L’INFINI, STRUCTURÉES OU DÉSTRUCTURÉES Fixées au mur ou autoportantes, ces nouvelles compositions sont destinées à l’aménagement intérieur contemporain, avec des combinaisons infinies. Elles reposent sur un système modulaire à assembler. Simple comme un jeu d’enfant. Séparations de pièces, ou éléments de mobilier, ces nouveaux meubles modulaires polyvalents sont l’expression des modes de vie contemporains. Ils déstructurent ou structurent l’aménagement intérieur. La simplicité des systèmes d’assemblage les rend accessible à tout un chacun, un peu habile de ses mains, dans les limites de la stabilité préconisée par les fabricants. Ils offrent la possibilité de composer une grande bibliothèque dans le

salon, d’inventer de nouveaux totems de rangement ou de créer des tables basses multifonctions. Ces solutions répondent au besoin de flexibilité des maisons individuelles et des appartements d’aujourd’hui, devenus plus compacts. Dans la mouvance du « do it yourself », les fabricants proposent une grande variation de finitions pour ces systèmes. Les couleurs, vives ou pastels, les matériaux, métal, bois composite ou matériau de synthèse, offrent un choix quasi illimité, presque trop parfois. En composant soi-même son univers personnel, ranger n’est donc plus une corvée ennuyeuse, mais un acte joyeux, organisé, rationnel, ouvrant sur de multiples possibilités de créer ses propres repères visuels et graphiques, dans un environnement ludique.


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LA TENDANCE

1 /Bien pensé Le caisson carré de base comporte des compartiments intérieurs à moduler, de même que les finitions de façades. A mixer sans modération ! Pastoe, Totem, création Vincent Van Duysen, prix sur demande. 2 /Rythmique Une fois réunis, les éléments forment un rangement plus ou moins large, et la façade ondulée, en clin d’œil, rompt la monotonie du linéaire. Magis, module Boogie-Woogie, création Stefano Giovannoni, ABS, 52 x 52 cm, 162 €.

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3 /Graphique Une épure qui tient comme par magie et donne l’illusion d’une construction fragile, à la fois légère et stable. La Redoute, AMPM, bibliothèque Sappari, métal, 429 €. 4 / Illusion d’optique Inspiré par un motif médiéval du palais municipal de Sienne, il donne à un objet plat un effet 3D grâce à un cadre, en bois noir entourant les éléments réfléchissants. Tonelli, miroir Guidoriccio, création Andrea Tempestini, prix sur demande. 5 /Indispensable Avec seulement 2 mm d’épaisseur, il défie les bibliothèques les plus audacieuses, joue les rangements malins, exposent les plus beaux objets de la maison. Quad, système de cubes modulaires, acier laqué brillant ou satiné, 35 x 35 cm, 135 €, l’unité.

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6 /Perspective Inspiré des motifs de marqueterie classique en trois dimensions, il joue les effets de trompe-l’œil, changeants selon le point de vue du spectateur. La Chance, buffet Rocky, création Charles Kalpakian, acier laqué, prix sur de mande. 7 /Jeu de Lego Sur le principe du jeu de construction, les frères designer en détournent l’usage initial pour un porte-parapluie, pas banal… Pedrali, Brik, création Pio et Tito Toso, prix sur demande.

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FLASH-BACK

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CUBE

Pour bon nombre d’architectes et de designers, le cube a été la base de systèmes mettant en œuvre la modularité afin de construire ou de déconstruire une forme. Flash-back. Anne Swynghedauw

LE MODULE INSPIRANT DU DESIGN 2

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l n’a pas été toujours aussi ludique, car le cube est avant tout une unité qu’on empile ou que l’on assemble pour apporter des solutions ou, mieux, créer des systèmes ingénieux de rangement flexible, en lien avec l’architecture et l’évolution de l’habitat moderne. Vers la fin des années 1950, Gianfranco Frattini, architecte et collaborateur de Gio Ponti, a montré son attachement au travail du bois et à la fabrication artisanale en signant des projets d’architecture intérieure. Les systèmes de bibliothèques, du sol au plafond, étaient très en vogue dans les années 1950 et 1960 en Italie et associés à cette période particulière, le neo- liberty, qui critiquait le conformisme de l’architecture. Dans cette mou-

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vance, la bibliothèque Albero a été imaginée comme un élément autoportant, une installation sculpturale plus qu’un produit destiné à la fabrication en série. Rééditée par Poltrona Frau en 2014, la structure en noyer massif est un travail complexe destiné à être le meuble central d’une pièce, et elle se distingue à la fois par un mécanisme de rotation à 360° et par des cubesétagères fixés à la crémaillère. Si l’idée modulaire est enclenchée, il faut attendre l’essor du design industriel pour la production en série. L’architecte japonais Kazuhide Takahama se pencha sur la question avec Dadà, un projet de cubes empilables et composables conçu en 1965 pour sa propre maison. Ce travail, de très haute qualité, en bois et avec des détails fonctionnels soi-

gnés, fut un succès immédiat pour l’entreprise Simon, qui le développa en 1969 à grande échelle. Dans sa réédition par Cassina, le système s’est enrichi, restituant des détails de l’original grâce à la collaboration avec l’historienne du design Elena Brigi. « Dadà est un élément minimal nécessaire pour construire un meuble infini et imprévisible », écrit Virgilio Vercelloni dans L’avventura del design: Gavina, en 1987. Alors que le style coloré et innovant du génial Verner Panton atteint son apogée, l’architecte designer invente le cube en fil d’acier en 1971, dans une grande pureté et une recherche d’infinie légèreté. Cet élément de 34,5 cm en fil d’acier ouvert sur deux côtés vient défier le principe immuable de stabilité d’une étagère classique, en propo-


1 / Montana, système modulaire, création Peter J.Lassen, 1982. 1

2 / Montana, module d’étagère Wire, création Verner Panton, 1971.

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FLASH-BACK

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sant un jeu flexible de construction de cubes qui s’adaptent à tous les moments de la vie, meuble hi-fi, bibliothèque, table, etc. Un résumé en quelque sorte de la philosophie du grand designer danois… Il sera par la suite réédité par l’entreprise danoise Montana en 1999, dont le fondateur, Peter J. Lassen, fut le collaborateur des architectes Arne Jacobsen, Jørn Utzon, Piet Hein et Verner Panton. Cet esprit danois a forgé le concept du mobilier Montana aux lignes simples et fonctionnelles, devenu un classique intemporel. En 1982, Peter J. Lassen,

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dessine son système modulaire qui fait encore référence aujourd’hui. Un sur-mesure dans une sobriété et un agencement professionnels, une infinité de possibilités dans toutes les pièces de la maison. Le principe repose sur un calcul mathématique assez compliqué, basé sur le chiffre précis de 5,7 cm. Mais comme tout principe du design danois, la fonctionnalité prime sur l’esthétique superflue. Chaque élément peut être combiné à l’infini : trente-six modules de base, quatre profondeurs, en MDF de 1,2 cm laqué, quarante-deux coloris…

L’accélération des modes de production, les manières de vivre actuelles, la révolution numérique ont changé la donne. Certaines entreprises se sont adaptées. Lago a su prendre ce virage, forte de son passé ancestral d’ébéniste et de concepteur d’ameublement. Déjà en 1997, le système composé de cubes de 40 cm de côté, offrant toutes formes de combinaisons de matériaux et de couleurs, est lancé par Daniele Lago. Depuis 2006, la quatrième génération chez Lago annonce par un manifeste un changement radical dans la conception

et dans les modes de production de l’entreprise familiale. Plus que du mobilier, elle propose un alphabet et prône un design accessible, personnalisable dans un esprit de partage. Lago va jusqu’à s’inspirer de la philosophie industrielle de Toyota, le kaizen, méthodologie japonaise qui vise à une amélioration continue, et du lean thinking, production uniforme visant à minimiser le gaspillage. Le design modulaire, vu comme une action militante, a pour effet, par extension, d’agir sur son propre environnement.


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1 / Cassina, système Dadà, création Kazuhide Takahama, 1965, . 2 / Lago, système modulaire Net, création Daniele Lago, 1997. 3 / Poltrona Frau, bibliothèque Albero, création Gianfranco Frattini 1950.

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INTÉRIEURS

PIÉDESTAL Dori Design aménage un penthouse situé au nord de Tel-Aviv. Plutôt que de faire place nette à un séjour d’intérieur, la cuisine y est mise sur un piédestal. Amélie Luquain Photos: Adi Cohen Tzedek

Côté cuisine, nichée au-dessus de l’évier, une vitre offre des vues directement sur la zone de nuit et sur le bureau, ce dernier étant également encastré.

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INTÉRIEURS

Les assises Comback de Patricia Urquiola chez Kartell dialoguent avec les Wire Basket de Trine Andersen pour Ferm Living. L’ensemble est éclairé de l’imposante Lightning d’Asaf Weinbroom chez Dwell. Dessinée sur-mesure par le studio Dori Design, la bibliothèque d’acier noir marque le seuil entre la cuisine et le séjour.

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énéficiant d’une belle vue au septième étage sur le nouveau skyline urbain de la cité israélienne Netanya, cet appartement se distingue par une scénographie intelligente pour définir les différents espaces, à commencer par la zone culinaire. Son auteur, l’architecte d’intérieur Dori Redlich, dirigeant du studio Dori Design, également professeur à l’école de design d’intérieur Design 6B à Tel-Aviv, a choisi ainsi de mettre en avant la cuisine, qui devient le cœur de l’appartement. L’espace est scénarisé par un socle épais en lévitation, dispositif souligné d’un rai de lumière. Y sont apposés un îlot bar à la surface laquée blanche et des placards encastrés noirs positionnés à l’arrière-plan. Pour souligner la séparation entre la cuisine et le reste de la zone de vie, le studio Dori Design a dessiné l’élément bibliothèque. Alors

qu’originellement l’objet n’a pour fonction que de recevoir une collection de livres ou de documents, il marque ici le seuil et dissimule ses arrières avec nuances, selon son remplissage. Lui faisant face, la salle à manger est constituée d’une table éditée par Kristalia au plateau fin noir et aux piétements en bois, égayée d’un melting-pot de suspensions sur lesquelles s’accordent les formes géométriques – cylindres, cônes et sphères – et s’harmonisent les couleurs et les matières – mat, transparent, noir, blanc et bronze. Les choix de pièces de design contemporain enjouées sont illustrés, entre autres, par les assises Comback de Patricia Urquiola chez Kartell, dans une version gris bleu et piétement hêtre laqué, belle réinterprétation du style Windsor. Également présents, deux Wire Basket conçus par Trine Andersen

pour Ferm Living, soit deux corbeilles de rangement qui, une fois coiffées d’un top en chêne fumé, se transforment en tables basses fonctionnelles. Le tout est surplombé par l’imposant luminaire réalisé en bois de façon artisanale par le créateur israélien Asaf Weinbroom et posé directement en applique. L’encastrement intelligent d’espaces tels que la cuisine ou le bureau est un concept également décliné dans les espaces de nuit. Ainsi, dans la suite parentale, la tête de lit s’adosse à une paroi vitrée dont la vue donne directement sur la salle de bains. De même, dans la chambre des enfants, le pan de mur principal intègre tout son long des placards blancs, comme un puzzle, tandis que sont nichés en creux des rangements relevés d’une couleur jaune ou noire. In fine, ce penthouse est un habitat agréable à vivre où les concepts se répètent sans jamais se mimer.

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INTÉRIEURS

Des placards agencés comme un puzzle, complétés de niches de rangements colorés, habillent le mur de la chambre des enfants.

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Moyennant un accès direct à la terrasse, la suite parentale s’exhibe, avec un lit placé en îlot et une salle de bains à découvert derrière une paroi vitrée.

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INTÉRIEURS

REGARD

PHOTOGRAPHIQUE Architecte et fondateur de l’agence danoise Norm Architects, Jonas Bjerre-Poulsen est aussi designer et photographe ; il a opté pour le mode de vie néorural, avec sa femme et leurs deux enfants, non loin de Copenhague. Visite. Anne Swynghedauw Photos : Jonas Bjerre-Poulsen

Au sol, une lampe inspirée par les moules à chapeaux, Hat Mould, Norm Architects. Fauteuil Fly, Space Coopenhague, &Tradition .

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INTÉRIEURS

Le mobilier graphique se dessine parfaitement sur le sol en béton teinté, une référence claire à la technique italienne du stucco marbré utilisé sur les murs.

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A

u Danemark, Vedbæk, petit village de pêcheurs, est devenu le lieu de villégiature très prisé des citadins, pour se ressourcer, plus proche de la mer, de la nature et à proximité de la ville de Copenhague. De nombreuses villas d’été ont été construites à la fin du xixe, le long du littoral. À cette époque, l’architecture de l’Allemagne du Sud et de l’Italie du Nord étant très en vogue, le style du Tyrol s’est exporté. Et l’on a vu fleurir les toitures hautes et pointues, flanquées de balcons en bois, les larges baies vitrées ouvertes sur la mer. Un peu désuet pour un architecte ? Pas pour Jonas Bjerre-Poulsen, qui a eu le coup de foudre pour cette maison de caractère construite en 1911 par H. Wright et E.V. Marston. Il en fera l’acquisition pour qu’elle devienne sa résidence principale. Si du point de vue de l’architecture, la structure est restée inchangée, hormis l’extension créée comme un jardin d’hiver pour y loger chambre et salle

de bains et quelques ouvertures bénéfiques pour l’apport de lumière, l’espace intérieur, en revanche, a été entièrement repensé. La maison d’origine laisse les traces de charme, d’ornements aux plafonds, de moulures en soubassements, imaginées par l’ancien propriétaire Fritz Johannsen, qui, au cours de ses voyages, a puisé ses inspirations en Italie et en France. En découle un foisonnement éclectique dans lequel se mêlent le néoclassique et le style Art déco. Un vrai trésor pour Jonas Bjerre-Poulsen… « Nous avions vécu à Vedbæk pendant sept ans avant d’acheter cette maison très mal agencée qui comportait une multitude de petits éléments, de recoins. Au fil des décennies, elle a fini par ressembler à un patchwork de styles invraisemblables », explique-t-il. Dans une précision quasi archéologique, l’architecte a fait table rase des cloisons intérieures, conservant certains des plus beaux détails d’ornementation et les cheminées en pierre. Et d’ajouter, « après les multiples reconversions, il n’y avait pas

moins de sept revêtements de sol, déposés couche après couche ! » Toute la conception intérieure repose en premier lieu sur la simplicité et la justesse des traitements de surface, en toile de fond. Au sol, le béton teinté, gris neutre, inspiré du stucco italien, embrasse toutes les pièces. Les murs blanc neige, quant à eux, subliment les éléments décoratifs et l’architecture d’origine. Le propriétaire a su traduire en volume les surfaces avec une infinité de nuances, de gris subtils soulignés par des lignes graphiques. Pas forcément de manière explicite, on y découvre les références à la photographie noir et blanc, dans un dialogue permanent entre objets personnels, pièces anciennes ou contemporaines radicalement graphiques. Les canapés, les tables basses des éditeurs de mobilier danois, les lampes, créations fétiches de l’agence Norm Architects, trouvent leur place dans les pièces de vie, comme une évidence, sous l’œil du photographe.

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INTÉRIEURS

La table noire accueille volontiers des chaises dépareillées. Suspension Mass, incrustation de marbre, Norm Architects.

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La cheminée fait partie de l’ornementation d’origine conservée par l’architecte. Fauteuil à bascule RAR, Charles&Ray Eames, Vitra.

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INTÉRIEURS

Modernité en noir en blanc dans le bureau entièrement rénové. Fauteuils In Between, Sami Kallio, &Tradition.

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Modernité en noir en blanc dans le bureau entièrement rénové. Fauteuils In Between, Sami Kallio, &Tradition.

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FORÊT INTÉRIEURE À Vilnius, capitale de la Lituanie, l’agence locale In Arch, Interjero Architektura, a conçu un joli cocon pour un jeune couple avec une enveloppe de bois étonnante, le tout dans un esprit de design nordique. À croire que la Scandinavie a traversé la mer Baltique ! Amélie Luquain Photos Leonas Garbacauskas

MODULARITÉ • Côté séjour, on apprécie la modularité du sofa Tufty-Time designé par Patricia Urquiola pour B&B Italia. À partir d’une pièce de base qu’est le pouf capitonné, sont associés des éléments centraux, angulaires et terminaux avec accoudoirs hauts ou bas, donnant naissance tant à des canapés traditionnels qu’à des assises-îlots.

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INTÉRIEURS EN HAUTEUR Les éléments hauts de cuisine pianotant sur une toile de fond noire conversent avec l’assise en bois sous la baie vitrée, également cache-radiateur. BONNE COMPAGNIE La table à manger est sertie des tabourets hauts Bouchon d’Orlandini & Radice, chez Domitalia, et éclairée par les suspensions Funk de Nordlux. ASTUCIEUX Des rangements sont intégrés sous l’escalier, le revêtement en parquet les dissimulant gracieusement.

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iplômée d’architecture en 2007 à l’université technique de Vilnius, Indré Sunklodien, forte de son goût pour l’esthétique, préfère s’orienter vers l’architecture d’intérieur. En 2015, la créatrice livre avec son agence lituanienne In Arch, Interjero Architektura, un logement de 85 mètres carrés destiné à un jeune couple. Situé à Vilnius même, la capitale de la Lituanie, le projet d’inspiration scandinave est dénommé Loft Town. Il abrite un salon en partie en double hauteur, éclairé par de grandes ouvertures sur deux côtés, ainsi que, au rezde-chaussée, une cuisine, un coin repas et un sanitaire ; à l’étage, une chambre à coucher avec, à l’arrière, un espace de travail et une salle de bains. Principale originalité du projet ? La création d’éléments aussi beaux que fonctionnels. Elle se fait ressentir dès l’entrée : celle-ci est délimitée par des éléments verticaux de différentes hauteurs en bois combinés à une paroi de verre, afin de limiter les courants d’air. Ces éléments de bois participent de l’unité du projet. On les retrouve en différents points, notamment en guise de tête de lit, celle-ci s’étirant jusqu’au plafond intégrant un éclairage. De même, le cache-radiateur forme une assise en devanture de fenêtres à partir d’éléments en bois espacés de quelques centimètres. Ce système d’intégration se

retrouve jusqu’aux éléments suspendus blancs laqués de la cuisine, qui semblent pianoter sur fond noir ; leurs différentes dimensions sont intentionnelles et dues à la chaudière intégrée et à l’inégalité du mur, la contrainte participant de l’esthétisme. Ces rangements font face à un bar en îlot serti des tabourets hauts Bouchon d’Orlandini & Radice, chez Domitalia, le tout étant éclairé par les suspensions Funk de l’éditeur Nordlux. De l’unité du projet se dégagent aussi les autres matériaux utilisés et la palette chromatique choisie. En effet, cette dernière reste neutre, avec des murs blancs, des éléments gris ou noirs, comme le tapis Sirius de Linie Design, des détails en bois – jusqu’aux encadrements de fenêtres –, le tout rehaussé d’une touche turquoise avec les fauteuils et les poufs. Le plafond reproduit un effet béton. Le sol est en parquet, ainsi que le mur sous l’escalier dans lequel sont intégrés des rangements. À l’étage, la chambre à coucher promet une vue plongeante sur le séjour grâce à une baie vitrée, à laquelle vient s’ajouter un lourd rideau gris pour s’isoler. En plus de la superbe tête de lit en bois, on y notera le lit Versa provenant de la marque lituanienne Subtila. Autant de choix faisant la liaison entre design local et scandinave pour accroître la simplicité contemporaine et chaleureuse de ce loft.

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INTÉRIEURS

La cuisine blanche laquée est conçue en L autour d’un îlot central. Fonctionnelle à souhait, elle comprend des éléments suspendus, dont les dimensions varient en fonction de la chaudière intégrée et de l’inégalité des murs.

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Remarquable, la chambre en mezzanine sur le séjour accueille le lit Versa, provenant de la marque lituanienne Subtila ; celui-ci est coiffé d’une tête de lit en bois qui se prolonge jusqu’au plafond pour y intégrer les éclairages.

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INTÉRIEURS

MONTÉE EN GAMME

Dans cet appartement haussmannien, l’architecte Véronique Cotrel a réussi à transformer totalement le lieu d’origine pour en faire un écrin luxueux et chaleureux. Nathalie Degardin Photos : Christophe Rouffio, Agence Cotrel

Dans ce grand salon lumineux, on est confortablement installé dans des canapés et des fauteuils choisis chez B&B Italia, autour d’un assemblage osé de trois tables basses.

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INTÉRIEURS

Dans un recoin de la cuisine, un espace bureau a été astucieusement organisé. Les chaises Ottawa de BoConcept accueillent les convives autour de la table, éclairée par la suspension de Quasar.

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iché au cœur du 6e arrondissement de Paris, cet appartement s’est offert une seconde vie. De retour de l’étranger, les propriétaires cherchaient à inscrire dans les lieux leur empreinte, leur passion pour les beaux objets et les pièces d’art dans un cadre élégant, qui reçoive et mette en valeur la cohabitation d’éléments divers, avec un souci de raffinement personnalisé. Dans le même temps, ils souhaitaient déterminer un espace qui puisse accueillir leurs enfants, tout en leur laissant une certaine autonomie. Pour relever le défi, Véronique Cotrel et son équipe ont, tout d’abord, restructuré l’espace : les anciennes cuisines, accessibles depuis les escaliers de service, comme c’est souvent le cas dans les immeubles haussmanniens, ont été converties en un studio chaleureux qui regroupe chambre, salle de bains et kitchenette et assure cette indépendance souhaitée dans l’accueil. L’agencement de l’appartement principal a été, pour sa part, pensé en trois zones desservies par un long couloir retravaillé telle une galerie. Dès l’entrée, le ton est d’ailleurs donné par la présence d’un vitrail

très lumineux aux accents Art déco. Ce couloir sépare, d’un côté, les pièces à vivre collectives et, de l’autre, les espaces plus intimes. Ainsi, les anciens salons et salle à manger ont été réunis dans une seule et même grande pièce baignée de lumière : on s’y rassemble pour déjeuner autour d’une table, installé sur les chaises Ottawa de BoConcept, puis, côté cheminée, on s’y repose, confortablement assis dans des canapés et des fauteuils choisis chez B&B Italia. L’élégance sobre des assises valorise d’autant plus les œuvres d’art et les curiosités, qui font aussi l’originalité de cet appartement. Cette pièce à vivre donne sur une cuisine très contemporaine avec des icônes design et un îlot central conçu sur mesure : difficile d’imaginer que cette dernière remplace une ancienne chambre tant son emplacement semble s’inscrire naturellement dans le prolongement ! Pour les espaces intimes, la chambre a été réaménagée en un lieu luxueux et serein, parfaitement adapté, avec le papier peint luminescent d’Élitis qui souligne la douceur élégante du lit, majestueux avec sa tête de lit capitonnée. L’attention portée au raffinement comportant une touche personnelle se retrouve dans la salle de bains.

Ainsi, à côté des vasques Roll de Flaminia, le regard s’arrête sur la mosaïque de Pierre Mesguich qui habille avec légèreté la douche. Pour appuyer cet esprit haute couture, les luminaires ont été soigneusement choisis et se posent subtilement en contrepoint. Ainsi, la suspension de Quasar au-dessus de l’imposante table de repas évoque ce scintillement que l’on retrouve dans les détails de l’appartement, tandis que, dans la suite des moulures haussmanniennes, les disques dorés du sublime luminaire Macchina Della Luce de Catellani & Smith apportent une note forte au coin salon. Dans la chambre, la suspension Heracleum de Marcel Wanders éditée par Moooi rappelle la ligne contemporaine de l’aménagement, quand la suspension PostKrisi de Catellani & Smith donne un éclat certain au dressing. Ainsi, en construisant un dialogue attentif avec les propriétaires, Véronique Cotrel, appuyée par la styliste Céline Hassen, a concocté un écrin personnel dans un cadre somptueux, concevant les menuiseries sur mesure, soignant les finitions, et elle a intégré aux éléments chinés par les propriétaires des pièces design qui renforcent le caractère unique du lieu !

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INTÉRIEURS

Ultra-contemporaine, la cuisine comprend la présence d’icônes, telles la table d’Eero Saarinen et les chaises DSW des Eames, et un îlot central conçu sur mesure par Leicht.

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L’espace intime commence avec la conception d’un dressing de rêve : depuis le tapis épais, que Patricia Urquiola a imaginé pour Chevalier édition, jusqu’aux poignées en cuir des rangements inscrits dans les murs, le moindre détail a été pensé pour en faire un lieu serein et fonctionnel.

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INTÉRIEURS

MANUFACTURE

DE CHOCOLAT Les architectes d’intérieur du cabinet australien Eat ont transformé une ancienne usine de chocolat en une résidence lumineuse où les pièces design renchérissent le côté savoureux du lieu. Amélie Luqain Photos : Derek Swalwell

La mezzanine dégage sous elle un espace de vie intime cadrant horizontalement sur la véranda. On y distingue un canapé de chez B&B Italia mais également la lampe Mantis du designer-sculpteur Bernard Schottlander.

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INTÉRIEURS

Le coin repas se compose de la table Atticus par Andrew Lowe et des chaises Splinter par le Studio Nendo chez Apato. Un ensemble éclairé par les suspensions Pakhus chez Louis Poulsen. Le banc de marbre et les baies vitrées en accordéon scénarisent le passage du séjour à la cour d’un espace plein bas. Là aussi des pièces iconiques, tels la table basse de la collection Fat-Fat de Patricia Urquiola chez B&B Italia et le fauteuil Paulistano de Paulo Mendes da Rocha pour Objekto. Élément singulier de cette reconversion, un pont suspendu en acier noir relie les étages entre eux, laissant toute liberté au grand vide en hauteur.

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’était une manufacture dont l’histoire fait encore saliver. Située à Fitzroy, à la pointe sudest de l’Australie, cette usine de chocolat désaffectée et sa peau de briques ont conquis ses futurs propriétaires qui ont souhaité en faire leur maison. Après avoir découvert quelques-unes de leurs réalisations, dont l’Elm et Willow House, les acquéreurs de la manufacture se sont adressés en 2012 aux architectes d’intérieur du cabinet Eat pour reconvertir l’espace industriel en habitat. Objectif de cette rénovation magistrale ? Créer une atmosphère accueillante tout en conservant le caractère industriel. L’intégrité de l’ossature d’origine a été conservée en l’état, exposant murs, planchers et poteaux détériorés, tandis que l’isolation thermique et acoustique a été, elle, renforcée. Les équipes d’Eat ont embrassé les quatre murs et la toiture en shed de l’existant, en créant des vides et des pleins délimités par l’enveloppe.

Si la construction de la mezzanine dégage sous elle une hauteur réellement faible, ces espaces bas sous plafond sont contrecarrés par des vides qui exposent la hauteur originale de l’entrepôt. On distingue trois vides principaux qui relient les espaces entre eux : la cour, sous une verrière à la menuiserie métallique quadrillée, est directement rattachée au séjour et à la cuisine ; la bibliothèque affiche l’ossature d’origine ; et un entre-deux est pensé comme dispositif séparatif entre les espaces de jour et les zones privées, bien que reliés à l’étage supérieur par un pont suspendu. Concernant ce dernier élément singulier, les architectes d’intérieur amènent la notion de phénoménologie, une science qui se concentre sur l’étude des phénomènes, de l’expérience vécue et des contenus de conscience. L’idée première était de concevoir un pont de corde, qui se balancerait sous chaque pas ; idée de jeu, de vertige, de se sentir être.

Pour des raisons de réglementations liées à la sécurité, Eat a finalement proposé une version suspendue en acier, qui conserve une certaine ductilité et dont la plaque d’acier perforé en plancher permet l’expérience de la hauteur. Le soleil projette ses rayons sur le pont et produit un jeu d’ombre animé sur le plancher de béton poli blanc. La palette chromatique choisie est discrète, silencieuse. La douceur laiteuse du bois lavé à la chaux contraste avec les lignes tendues d’acier peint en noir, que l’on trouve sur les menuiseries ou le mobilier. S’ajoutent quelques touches luxueuses, dont le marbre de Carrare utilisé aussi bien en finition dans la salle de bains qu’en plan de travail dans la cuisine ou en banc cerclant le séjour. Pour ce projet, Eat ne souhaitait pas de faux-semblants créant la sensation d’entrepôt, mais bien être dans l’entrepôt réchauffé de nouvelles étoffes architecturales, avec un mobilier choisi entre icônes, tel le fauteuil Paulistano, et pièces récentes de Patricia Urquiola pour B&B Italia.

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INTÉRIEURS

La véranda reprend la toiture en shed sous une verrière à l’allure industrielle, structurée d’un quadrillage défini par des menuiseries métalliques.

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La salle de bains, revêtue d’un marbre de Carrare, se glisse en mezzanine à l’arrière de la véranda sous la toiture en shed.

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INTÉRIEURS

UNE GRILLE

MINIMALISTE Yael Perry, Dafna Gravinsky et Amir Navon ont dû tenir sur la longueur. Pour rénover un appartement filiforme situé à Tel-Aviv, ils ont employé un système de grille qui ordonnance l’ensemble du projet, de la disposition spatiale à la conception du mobilier. Amélie Luqain - Photos : Itay Benit

Dans l’espace de vie aux atours minimalistes, la perspective filante est soulignée par les luminaires et la bibliothèque de fer blanc, jusqu’au balcon où les stores blancs protègent de la chaleur de Tel-Aviv.

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INTÉRIEURS

Le noir révèle l’espace monochromatique, avec ici l’encadrement de la loggia et le jeu colorimétrique des chaises. Réalisés sur mesure, les luminaires sont suspendus à un câble d’alimentation rouge et disposés géométriquement, cela leur confère une allure graphique. Dans la chambre d’ami, sont disposées deux tables de nuit en fer gris et, au-dessus, deux longs éclairages noirs sont suspendus à un câble rouge, non sans rappeler le luminaire du couloir.

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n appartement de 80 mètres carrés situé dans le centre de Tel-Aviv (Israël) a été transformé par les architectes d’intérieur Yael Perry et Dafna Gravinsky, en concertation avec l’architecte Amir Navon, en un espace aérien et minimaliste, ponctué d’une grille noir et blanche délicate. Dès sa première rencontre avec les clients, l’équipe de conception a très vite pris la mesure du projet : une longueur de 19 mètres par une largeur de 3,70 mètres seulement, des dimensions singulières qui ont nécessité un travail au millimètre près. L’appartement a été, dans un premier temps, subdivisé, séquençant les espaces à partir d’une grille d’ordonnancement. Se suivent ainsi cuisine, séjour et balcon à gauche de l’entrée, et, à droite, chambre principale et chambre d’ami adjointes à leur bloc de douche. Le dispositif de la grille est devenu l’élément de conception principal

du projet, que l’on retrouve aussi dans le mobilier et les éclairages, l’ensemble ayant été entièrement conçu sur mesure par les designers. L’espace de vie principal est doté en son centre de canapés modulaires, qui fournissent des variations de dispositions infinies. En prime, les trois tables rondes en marbre s’agencent selon les besoins de l’utilisateur. Soulignant la perspective filante, les luminaires et surtout l’étagère courent tout du long. Cette bibliothèque de fer blanc de 8 mètres de long et 20 centimètres de profondeur affiche avec légèreté livres, magazines et œuvres d’art. En face, le plan de travail de la cuisine a été placé dans une niche existante et les appareils et services de table ont été dissimulés dans des armoires blanches. Bien que conçu en nuances monochromatiques afin de procurer un sentiment de continuité, l’espace est révélé par des éléments noirs :

l’encadrement en balcon mais aussi le canapé ou les chaises noires seules parmi d’autres, blanches. À l’arrière, la chambre principale a été peinte dans plusieurs nuances de gris. La salle de bains, moderniste, est recouverte de carreaux blancs aux joints noirs reconstituant une grille. Les éléments y sont parfaitement intégrés, avec un évier en Corian blanc rond placé sur le dessus d’un pan de verre noir, supporté par une structure minimaliste en acier noir. L’ensemble se dissimule derrière un mur de verre gris clair qui aère et illumine le couloir, avant de mener à la chambre des invités dissimulée derrière une porte en verre noir mat. On pourrait presque lire un appartement composé de surfaces en deux dimensions, où la grille structurée de lignes noires se joue de sa toile de fond blanche. Un Rietveld contemporain, peut-être.

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INTÉRIEURS

La salle de bains principale se distingue par l’affirmation d’une grille graphique noire et blanche, tandis que la salle de bains secondaire est recouverte d’une couche de béton, associée à un verre blanc qui la sépare de la zone de couchage.

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NE RATEZ PAS VOTRE RENDEZ-VOUS DESIGN TENDANCE 2017

En vente chez votre marchand de journaux


UNIVERS

Bonaldo, lit Alvar, création Giuseppe Vigano, prix sur demande.

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5 CHAMBRES POUR RÊVER Valeur refuge, espace perso ou à partager… La chambre résidentielle, à la différence d’une chambre d’hôtel, concentre les désirs et évolue selon de nouveaux modes de vie. Pour dormir, rêver, lire, écouter de la musique, personnalisez votre chambre selon votre style, vos inspirations. Art design, bohème, connectée, néorétro ou ultramarine… En un mot, osez ! Anne Swynghedauw

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UNIVERS

ART DESIGN Pour amateur éclairé, passionné de belles pièces du design émergeant, elle est conçue à la manière d’un architecte ; tout concorde à la recherche de la justesse des proportions, de la perfection du moindre détail. Une harmonie créative et unique. À L’ITALIENNE Ocre jaune, un coloris inattendu pour ce lit tout confort au matelassage étudié. Il est disponible en plusieurs finitions. Miroir New perpective, création Alain Gilles. Bonaldo, lit Owen, création Giuseppe Viganò, l. 118/227 x L. 235/240 cm, 2 400 €

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SCULPTURAL Entre le bois massif et la finesse du miroir, les proportions s’équilibrent sans fausse note. Fixé sur son socle, il trône fièrement dans la chambre, comme une statue. La Chance, miroir Iconic, création Dan Yeffet et Lucie Koldova, chêne naturel, chez Made in design, H. 185 cm, 2 990 €

MILLE REFLETS Organiques, arrondis et ultra-light… En les multipliant sur les murs, leurs teintes fumées confèrent une intimité raffinée à la chambre. Muuto, création Anderssen & Voll, collection Framed, chez Home autour du monde, à partir de 249 €

TRENDY Dessins géométriques piqués de broderie… Voici une interprétation artisanale de ce motif très en vogue ! Kavehome, coussin déhoussable, collection Raydam, 30 x 50 cm, 32 €

ASYMÉTRIE Conçu pour le gratte-ciel de Manhattan Via 57 West, avec l’architecte danois Bjarke Ingels, qui signe le bâtiment, il est en passe de devenir iconique tant sa coque en angle fait figure d’élément modulable. Fritz Hansen, fauteuil lounge Via 57, création KiBiSi, à partir de 1 947 €

MINIMALISTE Cette structure en métal léger tendue de textile est le principe qui a donné naissance à une gamme de sièges non conventionnels dont la courbe flexible crée une silhouette énigmatique. Molteni, fauteuil Glove, création Patricia Urquiola, 890 €

CAPITONNÉ Inspiré des Chesterfield anglais, ce canapé fait partie d’une collection de mobilier imaginée autour du capitonnage appliqué à une literie haut de gamme. B&B Italia, canapé TuftyTim, création Patricia Urquiola, prix sur demande

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UNIVERS

BOHÈME Douceur des matières, influence ethnique… Autour du lit, les éléments composent une ambiance décontractée, hors des codes habituels de la chambre, en privilégiant le naturel, la simplicité. En toute liberté !

OPTION DOUCEUR La tête de lit sobre, épurée, est conçue comme un oreiller revêtu de lin. L’un des atouts d’une chambre vouée à la quiétude. Dorelan, lit Pillow, création Enrico Cesana, cadre et tête de lit rembourrés, revêtement déhoussable, à partir de 1 835 €

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MOLLETONNÉ Ce jeu de surpiqûres apporte un relief appréciable au textile dans une version contemporaine originale du matelassé. Fleux, coussin en coton, 60 x 40 cm, 49,90 €

TRICOT XL Réalisé en laine, issu de gros écheveaux peu filés, il fait le bonheur des fans de tricot ! Home autour du monde, plaid Chunky, 190 €

VINTAGE Inspiré de la Butterfly de Pierre Paulin, créée en 1963 pour Artifort, il joue la carte de la fonctionnalité. Idéal pour la détente. Functionals, fauteuil et repose-pied Miller Lounge, création Christoph Seyferth, fauteuil, 1 599 € ; repose-pied, 799 €

HAUTE COUTURE Confort absolu avec une tête de lit haute, design moderne associé aux matériaux naturels. Cette perfection témoigne de la grande exigence du designer belge. Molteni, lit Ribbon, création Vincent Van Duysen, prix sur demande.

COMPLÉMENT D’OBJET Il fait partie de la collection d’accessoires pour la maison, un plus pour l’éditeur de la mythique chaise Fourmi, et il reprend un motif dessiné par Arne Jacobsen. Fritz Hansen, coussin en tissu Vertigo, collection Objects, laine tricotée, chez Scandinavia Design, 118 €

RUSTIQUE CHIC Table d’appoint, chevet ou tabouret, cette pièce multifonction séduit par la robustesse du bois, la qualité des finitions façon ébénisterie. Ligne Roset, table d’appoint Monolin, création Maximilian Schmahl, noyer massif européen, 450 €

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UNIVERS

CONNECTÉE Objets nomades, assises et tapis moelleux… Avec les nouveaux mode de vie, la priorité est donnée au confort qui intègre, en mode soft, les moyens de communication à la pièce de repos.

À L’AISE Galbé, il agit comme un nouveau refuge, un autre espace de repli dans la maison. La large palette de coloris et de tissus permet de le personnaliser à la demande. Roche Bobois, lit Fantasq, création Samuel Accoceberry, structure en bois massif, tête de lit et cadre garnis de mousse et revêtus de tissu Oméga, à partir de 2 482 €

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LA PETITE NOMADE Ultra-contemporaine, elle répond aux modes de vie actuels, plus mobiles, et passe du salon à la chambre sans hésitation avec quatre variations d’intensité ! Flos, lampe Bon Jour, création Philippe Starck, câble de rechargement USB inclus, technologie Edge Lighting LED, autonomie de 6 h, 265 €

DESIGN ET ARTISANAT Influencée par la complexité du tissage et des fils qui s’entrecroisent, la conception de ce tapis s’apparente un peu au tartan écossais, version adoucie qui fait varier le sol de nuances subtiles. Nodus, tapis Check, collection Enjoy, création Ineke Hans, viscose, 200 x 300 cm, prix sur demande.

LE SON NORDIQUE De l’esprit scandinave au rendez-vous pour cette enceinte sans fil proposée par le danois Vifa. Sous le tissu Kvadrat se cache six haut-parleurs. Dotée d’une connectivité Wifi, AirPlay et Bluetooth, cette enceinte associe un design épuré à la technologie nécessaire pour profiter d’un son de belle facture. Vifa, enceinte Copenhagen, environ 700 €

GÉNÉREUX Bousculant les codes classiques du siège, la douceur et le confort de cette assise viennent renforcer l’esprit de sa conceptrice, marquée par la notion de partage. Petite Friture, fauteuil Nubilo, création Constance Guisset, 1 750 € AUDACIEUX Rembourré comme il faut, ce fauteuil a été conçu avec l’idée audacieuse d’emprunter le gainage traditionnel en l’épaississant de la tête aux pieds. Du style et de la classe… Molteni, fauteuil Glove Up, création Patricia Urquiola, prix sur demande.

ENVELOPPANT Accueillante, sa tête de lit courbée permet de lire confortablement avant de s’endormir. Il pourrait être rétro et il est pourtant furieusement élégant, habillé de blanc. Dorelan, lit Origami, création Odo Fioravanti, en 160 x 200 cm, à partir de 2 255 €

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UNIVERS

NÉORÉTRO Finitions d’ébéniste ou revêtement de velours… Les archétypes de la chambre, la coiffeuse, le valet, sont revus et corrigés, pour les inconditionnels des lignes classiques indémodables. En toute élégance…

LA PARISIENNE Invitant à la lecture, dans sa tête de lit en forme de coquille, il est plus qu’un couchage, presque un canapé de salon, un espace cocooning tout de velours vêtu. Cinna, lit Desdemone, création Nasrallah & Horner, couchage 140 ou 160 cm, à partir de 3 314 €


UNIQUE Considérée à tort comme désuète, archétype du mobilier féminin, la coiffeuse est remise au goût du jour, dans des formes arrondies tout en sensualité, élégante sous tous ses angles. Galerie Gosserez, coiffeuse Muse, création Piergil Fourquié, édition limitée à 12 exemplaires + 1 prototype, prix sur demande.

VELOURS IRREMPLAÇABLE Fabriqué dans la tradition nordique valorisant le travail artisanal d’ébéniste, il se fait une place dans la chambre avec ses proportions amples et confortables et son tissu en velours de haute qualité. &Tradition, fauteuil Fly, création Space Copenhagen, chez Fleux, 1 999 €

SILHOUETTE ARTICULÉE D’une forme familière inchangée depuis des décennies, il est pourtant d’une modernité époustouflante. Revu et corrigé, on découvre le plaisir de suspendre joliment ses vêtements. Ligne Roset, création Busetti, Garuti et Redaelli, valet de nuit Estenda, noyer massif d’Amérique, laiton, à partir de 735 €

CHIC Il reprend les codes du lit tapissier, tout en finesse, avec son piétement en bois et son revêtement textile. Un grand classique ! Molteni, lit Fulham, création Rodolfo Dordoni, prix sur demande.

COQUE ENVELOPPANTE Mad Queen joue sur l’exclusivité artisanale des détails. Poliform, fauteuil Mad Queen, création Marcel Wanders, prix sur demande.

ACCESSOIRE Tout doux pour se lover ou en complément sur le lit, il est le bienvenu dans la chambre. Blanc des Vosges, plaid Cuba, 100 % laine vierge mérinos, 159 €

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UNIVERS

ULTRAMARINE Couleur fétiche, simplicité des lignes... La chambre classique en bleu et blanc est une plongée dans la nuit, l’océan et reste toujours intemporelle. Sur un air de vacances ! PROGRAMME À LA CARTE Fabriqué en Belgique, il fait partie d’un ensemble d’éléments, à composer soi-même pour une chambre personnalisée, choisis en tissu de feutre pour la douceur et le chic. Habitat, lit Bedding, en 140 x 200 cm, tête de lit Jupiter, 752 € ; chevet, 421,50 € ; banc Asteroid, à partir de 451 € ; fauteuil MalletStevens, 751 €

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CONFORT Indispensable dans une chambre pour l’accueil de son assise et ses proportions généreuses, il sublime la profondeur de la couleur bleue. Pour se lover, lire ou rêver… Driade, fauteuil Ten, création Naoto Fukasawa, 1 896 €

À L’HEURE La gomme, emblématique de la marque, fait craquer tous les amoureux de beaux objets ! La nouvelle génération des designers enrichit ce design unique, fait de simplicité et de modernité. Lexon, réveil LCD Flip, création Jeremy & Adrian Wright, 29 €

ICONIQUE Ce rangement métallique pourtant conçu pour le salon trouve sa place aussi dans la chambre, pour y loger la télé. Vu et revu, il séduit encore et est idéal pour un premier studio. IKEA, armoire deux portes, création Nicholai Wiig Hansen, acier époxy peint, 85 €

ETHNIQUE En soie molletonnée, c’est un bon complément pour les frileux. Avis aux amateurs ! Élitis, plaid Zamora, 105 x 220 cm, 230 €

ORGANIQUE Mutation cellulaire ou réaction chimique ? Le designer belge s’est inspiré de ces concepts pour l’esthétique d’une gamme de formes (canapés, tabourets), tout en proposant sa propre interprétation du travail traditionnel du capitonné. Cappellini, tabouret Mutation, création Maarten De Ceulaer, mousse expansée, finition veloutée, prix sur demande.

EN KIT On le monte soi-même, mais on choisit aussi les finitions du cadre frêne teinté et de la tête de lit en tissu matelassé bleu marine. IKEA, lit Oppland, création Ehlén Johansson, tête de lit amovible, sommier à lattes, sans la literie, 459 €

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BEST OF

ENSEMBLE COORDONNÉ Cet ensemble sobre et contemporain attire par son confort visible (matelas d’une épaisseur de 24 cm) et par les petits détails pratiques, telle la tablette fixée au lit qui fait office de chevet. André Renault, tête de lit Lima, 525 € ; structure et matelas Maryland, 5 396 € ; tablette coulissante Delta, 152 € l’unité.

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17 LITS DE CRÉATEURS Évoluant avec les modes de vie, la chambre n’est plus seulement l’écrin de notre vie nocturne, on y vient en journée travailler, se détendre, regarder nos écrans…, confortablement installés sur notre lit. Plus que jamais, il est l’élément clé de cet espace, à vivre de jour comme de nuit. Nathalie Degardin

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BEST OF

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À CHACUN SA

TÊTE DE LIT

Parce qu’aujourd’hui on s’y adosse pour écrire nos e-mails ou lire confortablement, ou simplement parce qu’il trône au milieu de la chambre comme une zone de détente revendiquée, les designers n’hésitent plus à équiper leurs créations de têtes de lit bien calibrées, parfois surdimensionnées !

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1 /Nuit élégante

Ce lit comprend une tête de lit en HPL recouverte d’un coussinage matelassé. Living Divani, lit Rod, création Piero Lissoni, prix sur demande. 2 /Chacun son côté

Êtes-vous plutôt pied-de-poule ou

uni ? Avec cette tête de lit en deux parties, chacun choisit sa place. Made.com, lit Duet, création Ilaria Marelli, à partir de 899 € 3 /Bleu

pétrole

Outre sa forme originale, cette tête de lit est fonctionnelle : vous la réglez selon la position

souhaitée. Pour un bon confort, le revêtement est en tissu capitonné. Hülsta, lit Sera, 5 417 € 4 /High

level

Recouvert d’un tissu Alcantara, ce lit majestueux se distingue par sa tête de lit qui intègre possiblement des rangements. Savoir Beds, lit B,

création Sacha Walckhoff, 2 x 3 m (avec les rangements), 32 300 € 5 /Enveloppant

En multiplis courbé, cette tête de lit insiste sur un côté cocon tout en gardant une jolie forme. Lit entièrement déhoussable. Minotti, lit Creed, création Rodolfo

Dordoni, prix sur demande.

soni, prix sur demande.

6 /L’amour du détail

7 /Haute couture

En plus d’avoir une forme accueillante, ce lit est orné de coussins souples et d’un revêtement sinueux en cuir, écocuir ou tissu, aux finitions très soignées. Porro, lit Makura, création Piero Lis-

Avec sa tête de lit moelleuse aux coins arrondis, ce lit mise sur les finitions et quelques coutures apparentes (le tissu est directement fixé sur la structure) pour souligner sa ligne élégante. Flou, lit Softwing,

création Carlo Colombo, prix sur demande. 8 /Doudoune XXL

Les bandes horizontales de cette tête de lit accentuent l’impression d’accueil avec une belle discrétion. Zanotta, lit Ruben, création Damian Williamson, prix sur demande.

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BEST OF

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CLASSIQUES

REVISITÉS

Pour cet élément fort de notre intimité, les designers réinterrogent sans cesse les fondamentaux de la typologie afin d’améliorer son confort. Les créations se font ainsi plus larges, voire asymétriques, et surtout plus légères par des effets et des jeux de matières.

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1 /Pièce maîtresse

Cette réédition d’un best-seller se veut comme une plateforme où l’on glisse librement autour du cadre dessiné par la tête de lit, l’oreiller et le coussin, pour définir le positionnement qui nous convient. Ligne Roset, lit Peter Maly 2, à partir de 2 389 € 2 /Les

grandes largeurs

Ce lit semble posé sur un

plateau dont les contours soulignés de coutures se terminent dans une tête de lit légèrement asymétrique. Living Divani, Extrasoft, création Piero Lissoni, prix sur demande. 3 /Lit

de maestro

Créé par Mario Bellini, ce lit profite d’un revêtement cuir pour son élégance, depuis la tête jusqu’aux pieds .Cassina, Cab

Night, création Mario Bellini, prix sur demande. 4 /Intemporel

Avec sa ligne douce en bois revêtu de cuir ou de tissu, le lit Kelly s’inscrit dans des univers très divers, avec la même tranquillité. Poliform, lit Kelly, création Emmanuel Gallina, prix sur demande. 5 /Grand

standing

Ce sont les fifties

et leurs classiques lits bateau qui ont inspiré Roberto Lazzaroni pour ce lit très féminin : il a pensé les pieds effilés comme des talons aiguilles et revêtus de cuir, et il a enrobé la tête de lit de piqûres géométriques pour une évocation subtile de la maroquinerie. Poltrona Frau, lit Suzie Wong, création Roberto Lazzaroni, à partir de 6760 €

6 /Le

frère

petit

Jean-Marie Massaud livre cette année une version plus compacte de son GranTorino : on retrouve la tête de lit, plus fine, et l’impression moelleuse, due au rembourrage en ouate de polyester et aux piqûres faites à la main, qui peut être renforcée dans des versions bicolores possibles. Poltrona Frau, lit GranTorino Coupé, création

Jean-Marie Massaud,prix sur demande. 7 /Une

certaine personnalité

Sa tête de lit XXL lui assure un style un rien rétro, notamment dans le travail des détails des coutures et la volonté de rendre apparentes les fixations. Existe équipé d’un coffre. Bonaldo, lit Cuff, création Mauro Lipparini, 2 566 €

8 /Convivial

Avec son tour de lit en bois et ses gros coussins en plume, ce lit joue sur une certaine asymétrie quand on lui intègre une tablette pour chevet, certes, mais surtout sur une impression de chaleur bienveillante, issue d’une maîtrise parfaite de lignes pourtant géométriques. Porro, lit Taiko, création Piero Lissoni, prix sur demande.

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DÉCRYPTAGE

LA TABLE DE CHEVET C’est un meuble d’appoint… qui se révèle en fait essentiel : la table de chevet accueille les objets les plus personnels et est, de facto, en prise directe avec l’évolution des modes de vie. Aujourd’hui, sans perdre de vue sa fonctionnalité, les designers s’éloignent du classique rangement à tiroir pour envisager des coffres sur pied, plus proches d’un accessoire que du mobilier. Nathalie Degardin

PAULINE GILAIN & PIERRE-FRANÇOIS DUBOIS : ASTUCE MULTIFONCTIONNELLE À la croisée d’un lampadaire et d’une table de chevet, le système Josette créé par le duo Pauline Gilain et PierreFrançois Dubois n’est pas destiné à être placé seulement à côté d’un lit. Il est plutôt conçu comme un meuble d’appoint mobile, particulièrement adapté à un studio, accompagnant des moments de détente.

Comment concevez-vous la table de chevet ?

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Plus qu’une table de chevet, Josette est un guéridon, une lampe, un bout de canapé… C’est cet aspect multifonctionnel qui nous a intéressés dans ce projet. Nous avons abordé le dessin de ce produit à travers l’hybridation de diverses fonctions, telles qu’éclairer et poser des objets. Fonctions qui se retrouvent dans les tables de chevet ! Quel était votre brief pour la Josette ? Plus qu’une réponse à un brief, nous avons proposé ce produit

alors que nous étions chargés de la direction artistique de la marque Hartô, que nous avons créée en 2013 avec Amandine Merle. Nous voulions inventer une nouvelle typologie, astucieuse et sympathique ! Josette est un produit combiné, son caractère lui vient de ce grand abat-jour textile qui surplombe une tablette en bois. Et petit point pratique, sa tablette inférieure est en tôle. Hartô, meuble Josette, création Pauline Gilain & Pierre-François Dubois, chez LightOnline.


© JOHAN MEALLIER

PHILIPPINE LEMAIRE : LA BOÎTE À SECRETS Avec Couliss, Philippine Lemaire livre une vision personnelle de la table de chevet : une compagne discrète mais qui trouvera aussi sa place dans un petit salon. Réalisée en hêtre, elle comprend un plateau supérieur peint, qui laisse les veines du bois apparentes, et une tablette inférieure en métal laqué mat. Que représente pour vous la table de chevet ? La table de chevet est un élément essentiel, tout le monde en

a besoin : c’est un objet intéressant à travailler avec un nouveau regard car peu abordé, de nos jours on s’intéresse davantage à la table basse. Pourtant, ce mobilier nous accompagne, c’est le dernier que l’on voit avant de dormir, le premier au réveil. Quel brief avez-vous reçu ? Je n’ai pas eu de brief de Cinna ; je leur propose des projets, et ils regardent en fonction de leurs besoins et de leurs collections. Je voulais travailler sur l’ouvrant et sortir du tiroir en façade, avec un plateau qui surmonte la boîte, pour aborder

une autre gestuelle : on pousse au lieu de tirer, le degré d’ouverture étant calculé pour éviter un porteà-faux et garder une lampe en équilibre. Le plateau est en noyer massif, le coffre, en bois exotique laqué et le piétement, en acier. Je l’ai conçue dans l’esprit d’une boîte à secrets. Je n’ai pas prévu de passage de câbles, car je n’aime pas dormir à côté d’un portable. C’est une table de chevet, mais c’est un meuble qui peut aussi être déplacé et servir de bout de canapé. Cinna, table de chevet Couliss, création Philippine Lemaire, 468 €

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DÉCRYPTAGE

CONSTANCE GUISSET : UN OBJET INTIME En métal, cette table de chevet Ankara n’en est pas moins chaleureuse, grâce à la douceur de ses rondeurs et à sa déclinaison de coloris. Créée par Constance Guisset pour Matière Grise, elle trouve sa place aisément dans un intérieur très contemporain. Comment abordez-vous la conception d’une table de chevet ? Placée dans la chambre à coucher et près du lit, une table de

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chevet est un objet intime. Sa taille et sa forme doivent être pensées en relation avec d’autres éléments : le lit, le mur ou encore la lumière. La table de chevet idéale serait aussi une cachette, ne laissant rien transparaître. Quel était le brief pour la collection Ankara ? Comment êtes-vous venue à cette déclinaison en table de chevet ? La collection a tout d’abord été imaginée pour l’aménagement de l’Institut français d’Ankara.

Le brief était de réaliser une collection fabriquée par un seul artisan, dans une grande variété de formes et de tailles. L’idée du chevet n’est arrivée que plus tard, quand la collection a été éditée par Matière Grise. J’ai dessiné une petite version de la table, avec une étagère. L’imaginer au pied du lit fut une évidence !

Matière Grise, collection Ankara, table de chevet, création Constance Guisset, 39 x 39 x 50 cm, prix sur demande.


FRÉDÉRIC GAUNET : MOBILIER ÉVOLUTIF Lorsque Chantal Andriot reprend Tolix en 2005, elle demande à Frédéric Gaunet de développer une collection de rangements verticaux. Le chevet MT500 devient un élément fort de cette gamme, réadapté depuis dix ans à la demande du marché, notamment celui de l’hôtellerie. Que représente pour vous la table de chevet ? C’est une typologie qui a évolué avec nos modes de vie. On pose son livre, son iPhone, sa lumière,

ses médicaments dans un endroit discret. Ce stockage près du lit a évolué avec notre quotidien : il a diminué pour être plus fonctionnel. Tout tourne autour des objets que nous utilisons, ils ne sont pas figés. En hôtellerie, comme il y a les liseuses accrochées au mur, les chevets doivent être plus esthétiques. Quel était le brief de Tolix ? On est partis d’un tabouret de 50 cm de hauteur pour en faire un élément de chevet. Pour sa conception, on s’est appuyés sur des outils de Tolix : on a repris une forme de couvercle existante pour créer le

plateau, on en a fait des étagères. On a utilisé la présence de poignées pour faire passer les câbles. Puis le projet a évolué, notamment parce que le secteur de l’hôtellerie était intéressé et qu’il fallait répondre à ses contraintes : pour une production plus économique, on a enlevé les poignées et utilisé la tôle perforée, car la poussière passe à travers et que cela réduit le temps de nettoyage. Depuis dix ans, cet élément évolue et est pensé pour être de plus en plus polyvalent. Tolix, table de chevet MT500, création Frédéric Gaunet.

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DÉCRYPTAGE

MIST-O : ACCESSOIRE ESSENTIEL Conçue par Mist-O, composé de Noa Ikeuchi et Tommaso Nani, Moon est constituée de deux demi-cylindres en chêne qui comportent en leur sein des tablettes de rangement et s’articulent sous un plateau, pour former un bloc d’une grande élégance. Comment concevez-vous la table de chevet ? Nous considérons d’abord la table de chevet comme un accessoire d’un produit principal qui est le lit, elle doit être de proportions et de

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dimensions parfaites pour s’adapter à différentes tailles de lit et différentes chambres, à la fois privées ou d’hôtel. Elle n’est utilisée que la nuit et sert à placer quelque chose dessus ou à l’intérieur. La table de chevet doit être simple, facile à utiliser et ne pas déranger l’environnement. Quel était le brief pour Moon ? Il s’agissait de concevoir un produit à placer près du lit ou du canapé, avec un langage simple mais fort, et à utiliser dans les espaces privés ou publics. Nous avons réinterprété

la table de nuit ronde avec une approche contemporaine, en enlevant l’inutile jusqu’à obtenir un concept clair : un cylindre mono-matériel qui peut être ouvert juste en tirant le bord supérieur. C’est utile pour stocker des petits objets ou des livres, mais quand il est fermé, il ressemble à un objet pur. Nous voulions concevoir un produit issu du simple geste d’utiliser quelque chose pour soutenir et soulever ce dont vous avez besoin à côté du lit. Living Divani, table de chevet Moon, création Mist-O.


CONCEPT

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DANS DE BEAUX DRAPS !

LES NOUVELLES COLLECTIONS DE LINGE DE LIT PROPOSENT DES PARURES SOYEUSES ET COLORÉES ET VIENNENT SUBLIMER LE LIT DE RÊVE QUE L’ON S’EST CHOISI. Nathalie Degardin

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DE LA GAIETÉ En percale 100 % coton peigné, la collection Jardins Ivoire apporte une note florale à notre univers. Descamps, housse de couette Jardins Ivoire, 240 x 220 cm, à partir de 235 € ; coussin décoratif Épice, 25 x 45 cm, 35 € 88

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DE LA COULEUR, DES MOTIFS, DES MATIÈRES SOUPLES ET RAFFINÉES POUR EMBELLIR NOS NUITS!

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1 / Luxe et volupté

Brodé main sur satin de coton, ce linge de lit raffiné assure une ambiance sereine et luxueuse, comme un soupçon classique intemporel particulièrement mis en valeur dans un cadre très contemporain. D. Porthault, collection Fleurs de Jours, à partir de 1 390 € ; collection Hortensias, à partir de 1 790 €

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2 / En

3D

La collection Escale Argent offre des motifs géométriques pour se jouer de nos perceptions. Descamps, coussin décoratif, 80 € ; housse de couette Escale Argent, 200 x 200 cm, à partir de 295 €

3 / Raffinée

De belles matières et des tonalités travaillées pour des collections haut de gamme : cette housse de couette en lin lavé, douce et souple, séduit par sa couleur cumin éclatante. Gabrielle Paris, housse de couette en lin lavé, 240 €

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4 / Échappée belle

Inspirée du prêt-àporter des années 1920, cette collection décline des tonalités bleu navy, ambre caramel, entre graphisme formel et fantaisie : rayures, micromotifs graphiques, pluie d’étoiles, chrysanthèmes, plumes légères composent cette ligne automnale. Paul & Joe by Madura, coussin à partir de 45 € ; housse de couette, à partir de 219 €

5 / En

zigzag

Un esprit multicolore subtilement travaillé dans un motif jacquard stylisé. Le chic sobre de Missoni donne de la douceur à un motif dynamique. Missoni Home, Petra, housse de couette brodée à partir de 1 025 € ; taie brodée (2 pièces), à partir de 400 €

6 / Univers

floral

Dans la tendance du retour des motifs, Missoni mise sur les grands motifs floraux pour une collection à la fois graphique et contemporaine. Missoni Home, collection Anemones, housse de couette Sibilla, à partir de 268 € ; de gauche à droite : coussin Sestriere, 136 € ; coussin Salento, 167 € ; coussin Rabat, 132 € ; coussin Sorrento, 235 €

7 / En toute saison

En jacquard cotonlin, cette parure traitée Stone Washed (soit lavée avec des pierres de lave) assure avec douceur le confort en hiver et la fraîcheur en été. Blanc des Vosges, parure Népal, housse de couette 240 x 220 cm + 2 taies, 255 €

8 / Lumineux

Pour sa collection automne-hiver, Olivier Desforges trompe la grisaille de la saison avec une parure de lit d’inspiration japonisante, imprimé satin sur coton. Olivier Desforges, collection Hugo Boss, Stencil, housse de couette (finitions boutons) 240 x 220 cm, 239 € ; drap plat, 240 x 300 cm, 139 € ; taie d’oreiller, 65 €

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SHOPPING

VAISSELLE UNE TABLE CRÉATIVE Exit les tables strictement dressées avec la ménagère des grands jours : un vent de folie souffle sur les arts de la table depuis des années, libérant l’imagination des créateurs. Aujourd’hui, on dresse le couvert en osant les associations de formes et de couleurs. Nathalie Degardin

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LA COULEUR À TABLE Pour ceux qui ne se reconnaissent pas dans l’éternelle vaisselle blanche, un seul mot d’ordre : affichez sans complexe la couleur ! 1 /Bleu

galet

Chic et authentique, cette collection en grès et au relief satiné s’utilise aussi bien dans une esthétique monochrome qu’elle se marie avec les autres couleurs de la collection. Guy Degrenne, collection Modulo, assiette plate ronde, 8,50 € ; assiette creuse ronde, 21 cm, 7,50 € ; coupelle ronde, 10 cm, 7 € ; saladier, 24 cm, 35 €

2 /Délicat

3 /Arlequin

4 /Palette

5 /Esprit

Avec son motif vert d’eau, ce plat rond en faïence distille un esprit artisanal intemporel sans tomber dans le rustique. Côté Table, collection Lobellia, plat rond, diam. 41 x H. 8 cm, 75 €

à table

en verre

Pour Alessi, Marcel Wanders a imaginé une collection de 29 pièces inspirées de l’univers du cirque. Les motifs géométriques et les couleurs fortes caractérisent ces créations. Alessi, sous-assiette Circus, 145 €

Si vous souhaitez sortir des verres transparents, laissez-vous charmer par de la couleur, des formes personnalisées… et le savoir-faire toujours aussi séduisant de Vanessa Mitrani. Vanessa Mitrani, collection Traces, carafe, à partir de 210 € ; verre , à partir de 70 €

Elle attire le regard sur la table, avec sa couleur éclatante camel. Puis elle surprend par son motif, pour peu que l’œil s’y attarde : cette assiette en verre rappelle avec finesse dans ses motifs travaillés la matière végétale. Sibo Homeconcept, collection Lin, assiette camel, 33 cm, 12,55 €

nature

6 /Imprimé

origami Même vide, ce plateau rectangulaire au motif floral japonisant reste sur la table, comme un tableau. Rosanna Spring, collection Imagine, création Nathalie Chaize, plateau en mélaminé, 49 €

7 /Dégradé

En bleu, en rouge, en gris ou en mauve, ces couverts fabriqués en acier inoxydable finition poli miroir dynamisent à coup sûr les tables. Albert de Thiers, couverts de couleurs Tears, coffret de 24 pièces, 75 €

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ART DE LA TABLE

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DES CLASSIQUES INCONTOURNABLES Les créateurs saluent l’élégance des modèles plus classiques et leurs traits travaillés… quitte à les réinterpréter. 1 /Valeur

sûre

Entièrement réalisée en acier massif et fabriquée en France, la collection Mirage dévoile des couteaux particulièrement travaillés dans leur forme pour des tables contemporaines. Guy Degrenne, collection Mirage, couteau de table monobloc lame scie n° 2, 7,70 € ; coffret 24 pièces monobloc lame scie n° 2, 110 €

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2 /Précision

3 /Couleur

scientifique

Elle rappelle les fourchettes en argent d’autrefois, excepté qu’elle est en acier inoxydable et toute légère. Compagnie française de l’Orient et de la Chine, fourchette Mâlây, 14 €

Destiné aux vins mûrs et puissants, ce verre a une forme ovoïde étirée, calculée pour éviter tout mouvement brusque qui altérerait le bouquet par une aération excessive. Peugeot Saveurs, verre n°3, 35 €

argent

4 /Matière

maîtrisée

Le duo Jaune de Chrome, composé de Christian Le Page et de Catherine Badaire, est spécialiste de l’émail : son travail révèle des effets de matières incroyables. Jaune de Chrome, Granité rouge, assiette de mise en bouche, 29 cm Bolero Granité Rouge, 92€

5 /À

travers les siècles

La célèbre cristallerie française développe depuis des années une collection Harcourt, dont le modèle culte est inspiré d’un calice d’apparat. Une collection sans cesse revisitée par les designers. Baccarat, Harcourt Ice, création Nendo, prix sur demande.

6 /Symbole

français

Ce sont des couverts que l’on regarde avec respect : les lames sont forgées, les dos, guillochés et les finitions, réalisées à la main. Les manches sont, au choix, en ébène, olivier, amourette, buis, cocobolo ou bois de rose. Laguiole André Verdier, collection Prestige, à partir de 77 €


1

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DES FORMES INVENTIVES Des courbes, des lignes obliques… Les créations se libèrent des proportions habituelles pour offrir de véritables scénographies sur la table. 1 /Belle

envolée

La collection Ingrid décline des verres à vin et des flûtes à champagne, facilement reconnaissables à leur forme décalée. Habitat, verre à vin rouge Ingrid, à partir de 7,50 € ; flûte à champagne ou verre à vin blanc, 7€

2 /Petit

effet

Pour les petits budgets, ces gobelets bas animent la table avec leurs facettes plutôt sympathiques. E. Leclerc, gobelet bas Diamond, lot de 3, 4,20 €

3 /Tour

du cadran

Dans cette nouvelle collection, en porcelaine, Christian Le Page et Catherine Badaire s’amusent à styliser le cadran d’un réveil, à travers un motif géométrique. Jaune de Chrome, collection Heures de la nuit, assiette plate,78 € tasse à café + sous tasse, 95€, assiette à dessert Agora, 58 €

4 /Douces

rondeurs

Dans les mains de la créatrice Vanessa Mitrani, cette carafedécanteur semble revêtue d’une robe rouge serrée à la taille. Vanessa Mitrani, carafe Loop, à partir de 350 €

5 /Traits contemporains

La céramiste Hélène Morbu émaille de noir ses créations pour des graphismes très géométriques qui s’étendent jusqu’aux anses, complètement intégrées dans la forme globale de la tasse. Hélène Morbu, collection Nexus, prix sur demande.

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FOCUS

UN ESPACE RIEN La chambre des enfants de 0 à 12 ans est au centre de la maison et fait l’objet de toutes les attentions. On choisit pour eux le mobilier ou la décoration qui suivent la tendance des adultes mais pas tout à fait… Les juniors ont leur mot à dire ! Décryptage. Anne Swynghedauw

QUE POUR EUX 1

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Une chambre d’enfant gaie et joyeuse vue par la créatrice Cécile Figuette. Entre effet pointillisme et dripping à la Pollock, ce papier peint évoque un ciel imaginaire. Bien Fait , modèle Stardust,

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FOCUS

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1 /Tolix, Coffre à jouets

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2 /Magis, Chaises Alma, création Javier Mariscal.

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epuis les années 1950, la place des enfants a évolué au sein de la société. Faut-il rappeler la déclaration des droits de l’enfant de 1959 concernant le respect et la protection qui lui sont dus et celle de 1989 indiquant son droit de s’exprimer librement ? Après Mai 68, Françoise Dolto, psychanalyste, rappelle, « il ne s’agit pas de parler de l’enfant, c’est de lui parler à lui et de lui demander son avis ». Nos chers petits sont au centre des préoccupations éducatives et familiales, et la maison est son refuge, son repère affectif. La présence de la chambre est acquise et elle a vraiment son statut propre. « Aujourd’hui, la chambre d’enfant n’est plus seulement un espace accordé à l’enfant dans l’habitat, elle est devenue un univers matériel abondant, tant par les objets qu’elle abrite (livres, jouets, médias, etc.) que par ceux qui la constituent en tant qu’espace fonctionnel et esthétique (mobilier, décoration) : un univers qui mobilise les fabricants », écrit Annie Renonciat, professeure et chercheuse dans le domaine de l’enfance. Alors qu’auparavant on copiait le mobilier adulte avec des ensembles coordonnés en bois, de nouvelles marques et boutiques fleurissent. Créatives, inventives, elles ont su s’adapter en proposant un large choix de mobilier pratique, d’accessoires poétiques. Le mobi-

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3 /Eno, lampe Get out, création Clothide et Julien . 4 /Made.com, bureau Stroller, création Steuart Padwick.

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lier se diversifie, grâce aux talents des créateurs, et avec les couleurs, les matières, la chambre d’enfant devient l’espace gai et ludique dont rêvent les parents. La méthode Montessori, en vogue dans les années 1970, fait un retour avec son lot de bons conseils, de jouets éducatifs réédités chez Nature & Découvertes. La chambre doit être un espace épanouissant pour son éveil, une pièce au calme et épurée avec le moins d’obstacles possible pour bouger librement et tout à portée de sa main. Éducation et nouveaux modes de consommation accentuent la demande : les architectes d’intérieur sont sollicités par les parents pour des solutions astucieuses de gain d’espace ou de transformation d’une pièce dès la venue d’un nouveau-né et l’agrandissement

de la fratrie. L’agence Isa Mo s’en est fait une spécialité, du nid douillet de la petite enfance à l’espace ludique et pratique pour les 6-10 ans, jusqu’aux studios des ados. Sa philosophie est de mêler mobilier et décoration avec des éléments intemporels sans jamais paraître décalés. Hormis les tendances, la première préoccupation des parents est l’aspect pratique,

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Chambre Œuf NYC Lit évolutif, Leander.

Rencontre avec Timur Yoro, responsable du showroom Silvera Kids.

Pourquoi avoir ouvert un univers dédié à l’enfant ? Les clients viennent pour notre savoir-faire historique en matière de mobilier contemporain, depuis plus de vingt ans, avec leurs projets d’aménagement et des problématiques précises : gain de place, recherche d’un premier bureau ou d’une table à dessin, choix de lits superposés ou d’un lit évolutif… À chaque transition de la croissance de l’enfant, on nous demande une solution. Mais nous ne sommes pas décorateurs, nous avons plutôt un rôle de conseiller auprès des parents. Quelles sont les marques phares du showroom ? Battistella, une marque italienne, est notre best-seller pour son offre transversale de lits, mezzanines, armoires, coussins… La marque américaine Oeuf NYC, avec ses lignes de mobilier nordique épurées, un peu vintage, plaît beaucoup aussi. Le design nordique est une tendance forte que les marques ont intégrée et qui prône la juste place de l’enfant. Il est prescripteur de tendances avec une tradition très forte du mobilier en bois. L’une des tendances du moment n’est-elle pas aussi la miniaturisation des pièces iconiques du design par les grandes marques ? Oui, tout à fait, elles nous permettent de signer et de structurer un projet, de le valoriser par l’ajout d’une chaise de Charles & Ray Eames chez Vitra, de la chaise Diamant chez Knoll ou d’autres modèles chez les éditeurs Magis, Poltrona Frau, B&B Italia, Cherner, Artifort ou Cassina. C’est aussi une façon pour les parents, dont certains sont des passionnés ou des collectionneurs, d’éduquer l’œil de leurs enfants et de leur transmettre cette passion du design.

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FOCUS

1 /Petite Friture, tabouret, création Hanna Ernsting. 2 /Laurette, lit superposé. 3 /Kartell, chaises Loulou Ghost kids, Philippe Starck 4 /Jiedlé, lampe de bureau. 5 /Nobodinoz, tipi démontable.

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privilégié dans un projet d’aménagement de chambre d’enfant. Les besoins en mobilier, tels le lit, le bureau, le rangement, représentent souvent le premier achat. Du berceau pour le nouveau-né au lit évolutif puis superposé ou en mezzanine, lorsque la famille s’agrandit. On recommande, à partir de 4 ans, le lit à mi-hauteur pour le câlin du soir ou remettre facilement en ordre la literie. Mais le petit nouveau est le lit combiné, ou lit-cabane, avec rangements et bureau intégrés ! Il constitue une micro-architecture au sein de la chambre qui répond parfaitement à ses envies d’autonomie. Seconde préoccupation parentale, le rangement… Bien que la chambre désordonnée fasse partie intégrante de leurs jeux, le rangement des vêtements, des jouets et autres petits bazars dicté par les parents trouve de nombreuses solutions multifonctionnelles et ludiques. Commodes à tiroirs, armoires légères pour les vêtements, coffres à jouets sur lesquels on peut s’asseoir, bacs à roulettes, sont autant d’éléments qui ne peuvent qu’inciter à chaque

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âge à ranger, et cela à sa hauteur. La décoration et le design sont des éléments qui stimulent l’imaginaire et l’univers des enfants. Le papier peint en fait partie. Loin d’être mièvres ou conçus spécifiquement pour les plus jeunes, les nouveaux dessins ouvrent la chambre vers un monde magique, instaurent un dialogue ludique avec ses petits occupants. La jeune marque Bien fait, créée par Cécile Figuette, connaît un franc succès avec ses créations aux couleurs vives ou dégradées et aux motifs animaliers grandeur nature. Grâce aux modes d’impression numérique, tout est possible en matière de reproduction. Chez Au fil des Couleurs, les murs se couvrent de photos, de cartographies, de personnages naïfs. Le papier peint finalise la chambre, enveloppe l’enfant dans un monde qu’il s’approprie, et ce, jusqu’à son autonomie.


Rencontre avec Pierre et Virginie Guigard, fondateurs de File dans ta chambre, site de vente en ligne de mobilier design pour enfants.

Quelle est l’évolution du marché en matière de mobilier pour enfant ? Étant nous-mêmes parents, nous avons créé le site en 2005 car rien n’existait de semblable auparavant. Notre objectif est la chambre d’enfant design, soit 80 % pour le junior et 20 % pour les bébés, avec une offre de plus de quatre-vingts marques. Une petite part est consacrée aux ados, mais c’est un marché particulier. Les ados choisissent eux-mêmes selon leurs goûts, pas forcément selon ceux des parents qui, en général, financent le projet ! C’est donc compliqué ! Pour s’y retrouver face à une telle offre, quelles sont les tendances ? Nous proposons des produits à forte valeur ajoutée qui s’adressent à une classe moyenne. D’un point de vue esthétique, il y a une tendance au vintage. Les couleurs pastel reviennent en force, avec une gamme de gris, vieux rose, vert d’eau, bien que le blanc constitue la majorité des ventes. Le bois naturel revient, il est mixé à des laques et ses lignes plus rondes rappellent les années 1960. Côté pratique, il y a une forte demande qui répond au rangement et à la gestion d’un espace réduit. Nous avons créé notre propre marque, FDTC, avec un lit combiné, tout en un, à mi-hauteur pour y travailler et dormir.

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Quelles sont vos meilleures ventes ? Sans hésitation, le tipi. Un vrai succès ! Chez Nobodinoz, Bloomingville, le tipi est à la fois un jeu, un espace dans la chambre, il se range facilement et rappelle la tente à deux pentes que les parents ont connue quand ils étaient petits ! Nous vendons aussi beaucoup les lits de chez Flexa et FDTC…

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ARCHIMANIA

L’ACTUALITÉ ARCHITECTURALE Musée, cinéma, centre d’art et espace de vie urbain… Ces quatre nouvelles réalisations, non contentes de leur fonctionnalité, sont chargées de sens par leur seule enveloppe. Amélie Luquain

LE SILENCE EXPRESSIF Si le centre d’art de Tours logeait dans des locaux modestes, un rez-de-chaussée d’immeuble des années 1970, son déménagement dans un bâtiment en centre-ville construit par les frères lisboètes Aires Mateus équivaut à une sortie de la clandestinité. Le CCC-OD a pris la place de l’ancienne école des beaux-arts, ne retenant de l’existant que le bâtiment d’entrée, pur produit de l’architecture de la reconstruction, au caractère rigide et monumental. L’essentiel des surfaces d’exposition se trouve dans un nouveau bâtiment, dont le gabarit semble avoir été calculé pour s’effacer complètement derrière l’existant, et loge dans un bloc compact et minéral construit sur les parties détruites de l’école, dont il reprend les fondations, l’ensemble composant un plan en équerre. Au volume inscrit dans le sol, extraverti par la longue baie vitrée qui l’enveloppe, se superpose un bloc monolithique intraverti. La simplicité est la plus grande provocation du centre, une masse muette au silence bavard. Centre de création contemporaine Olivier-Debré, Aires Mateus.

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© MAXIME DELVAUX

©TAKUJI SHIMMURA © GUILLAUME GUERIN

LE CINÉMA DÉMULTIPLIÉ Manuelle Gautrand reconstruit le cinéma Alésia (Paris 14e), projetant le spectacle en ville. Autrefois Montrouge-Palace, comportant une salle unique de 2 800 places, l’actuel complexe Gaumont-Pathé de sept salles a été entièrement détruit pour faire place à un équipement neuf, qui se fait remarquer par sa façade ; l’architecte y a installé un dispositif lumineux dynamique. Longue de 25 mètres et haute de 21 mètres, la paroi de 500 mètres carrés est divisée en onze bandes verticales mises en relief par un jeu de pliures, qui se retournent en partie basse pour se transformer en marquises. 229 500 points lumineux LED répartis sur 3 730 barrettes se substituent aux traditionnelles affiches de film. À l’intérieur, le parti pris sculptural joue sur le prolongement-inversion des gradins. Les circulations sont scénarisées, entrecoupées de vide. Des gradins offrent des pauses dans le mouvement continu vers les salles. Le public peut y assister à des projections en off, une façon de démultiplier les écrans. Un dispositif généreux, suffisamment rare dans une architecture commerciale pour être souligné.

LA PROCLAMATION D’UNE IDENTITÉ Le Musée national estonien traduit la volonté d’un petit pays d’affirmer son identité. Une question posée à des architectes pluriculturels, DGT, qui ont eu l’audace de bousculer la demande du concours en installant le musée sur une ancienne piste militaire d’atterrissage soviétique, présence physique d’une histoire douloureuse liée à des siècles d’occupations diverses. Là, le musée incise le territoire, tirant un trait dans le paysage. Sa finesse n’a d’égale que son imposante stature au dessin minimaliste, avec ses 70 mètres de large et ses 350 mètres de long. Le sol semble se soulever ; l’entrée béante invite le visiteur à s’y engouffrer. Une grande procession linéaire séquencée s’ouvre à lui, le hall d’accueil répartissant des fonctions dans des boîtes séparées par des vides. Jusqu’à la fin du parcours, aucune échappée ne semble possible. La hauteur du plafond s’amenuise et le bâtiment disparaît, jusqu’à s’ouvrir sur la piste. La multiplicité que génère ce corps s’oppose à son enveloppe aux atours radicaux. La peau miroitante reflète le paysage ; un mimétisme qui va jusqu’à rendre l’édifice irréel, l’effaçant dans le paysage.

Cinéma Alésia, Manuelle Gautrand.

Musée national estonien, DGT.

SQUELETTE MULTIFONCTION Le Lieu de Vie conçu par l’agence Muoto, sur le campus Paris-Saclay, est un édifice destiné à la vie urbaine, regroupant espaces sportifs et de restaurations dans un volume compact. De prime abord, le bâtiment s’affiche sans cérémonial et s’exhibe comme un grand volume aride à la structure brute. Son ossature en étagères semble inachevée. Le bâtiment est entièrement décapoté, et tout second œuvre est minimisé, afin de privilégier la surface à la surenchère de matériau. Squelette à habiter, les architectes sont venus le remplir de diverses fonctions, lesquelles sont mises sous vitrine, quand elles ne sont pas laissées à l’air libre, l’exemple le plus probant étant le terrain de sport simplement posé sur la toiture. L’ensemble invite à un parcours ascensionnel, chaque plateau étant desservi par un grand escalier central, qui, bien que situé dans l’intériorité du volume, est extérieur. Antonymie du construire, le projet consiste à retirer de la matière et bâtir le vide, les architectes s’inscrivant dans une tendance néobrutaliste qu’ils affirment. Lieu de Vie, Muoto.

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ARCHIMANIA

LES ÎLES

URBAINES

Historiquement cœur des cités, les îles se sont manufacturées, industrialisées pour enfin être parfois abandonnées. Elles font l’objet aujourd’hui d’une reconquête architecturale pour reprendre vie. Focus sur cinq îles en pleine mutation. Amélie Luquain

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©NICOLAS GROSMOND

Vu de l’atlas, le monde pourrait être synonyme d’archipel sur toile de fond maritime. En resserrant le cadrage, rien n’empêche de s’intéresser aux îles alluviales, longtemps en errance, sans contour, ni assise, dérivant à souhait, s’agglutinant ou se divisant, parfois submergées par les flots. Jadis fluctuantes, elles sont aujourd’hui fixées par le travail de l’homme, construites et artificialisées jusqu’à devenir, sous l’ère industrielle, des mégastructures autonomes entourées d’une infrastructure liquide. Face à la disparition progressive de l’industrie dans les années 1960, les îles sont démantelées, laissant leur surface nette, telle une tabula rasa. Les surfaces disponibles et les bords d’eau sont des sites prisés, voire gentrifiés, les opérations d’urbanisme de grande ampleur prônant un retour aux loisirs avec une mixité des activités. Si le Pavillon de l’Arsenal s’est récemment intéressé aux îles de la Seine, notre cas d’étude portera sur cinq îles – ou presqu’îles – en France, coulant sous les flots d’une urbanisation contemporaine. À la découverte d’île en île !


L’île Seguin, de l’île industrielle à l’île industrieuse

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L’île Seguin, historiquement « île-machine » sous l’emprise des usines Renault, continue sa reconversion lancée par Jean Nouvel. Anciennement île Madame, l’île Seguin, du nom de son premier propriétaire, fut acquise en 1919 par Louis Renault, qui y construisit une usine vitrine. À sa livraison en 1929, l’activité de construction automobile couvre la quasi-tota-

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lité de l’île et, dix ans après, une centaine d’hectares de Meudon à Boulogne-Billancourt. L’absorption de la topographie par les constructions en a fait une « île-machine », véritable navire industriel. Mais, en 1992, les infrastructures ne correspondent plus aux nouveaux processus de production et ferment. Se pose la question de la reconversion et s’engage un débat sur sa valeur patrimoniale. Le 6 mars 1999, Jean Nouvel réagit à la possible tabula rasa de l’île et publie un article retentissant dans Le Monde en faveur de la sauvegarde du patrimoine industriel, intitulé « Boulogne assassine Billancourt ». Pour autant, 10 000 tonnes de ferraille tombent, et les bâtiments sont intégralement détruits, avant que s’amorce un projet de reconversion pour lequel Nouvel est désigné architecte coordinateur en 2009. Bien que « l’option de la transformation des structures industrielles est malheureusement caduque », selon ses mots, il propose une « éco-cité » insulaire, à forte attractivité culturelle. Elle devra réinterpréter la mémoire de l’île bâtie sur son socle tout en s’ouvrant au contexte de Boulogne, Meudon, Saint-Cloud ; elle devra se tourner vers l’eau par la promenade sur les rives tout en préservant son intériorité avec un grand jardin de 2 hectares dessiné par le paysagiste Michel Desvigne. Figure de proue de la métamorphose en cours, la Cité musicale de Shigeru Ban et de Jean de Gastines, au nid de bois tressé protégé par un voile photovoltaïque en mouvement, sera ouverte au public en avril 2017.

Maîtrise d’œuvre urbaine : Ateliers Jean Nouvel Localisation : Boulogne-Billancourt (92) Surface de l’île : 11 ha (1 100 x 150 m) Surface de projet : 255 000 m2 2009

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De la Prairieau-Duc à l’île de Nantes

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Autrefois archipel marécageux inhabité, l’île de Nantes mute lentement d’une infrastructure industrielle vers une infrastructure de loisirs, aujourd’hui territoire insulaire aux identités multiples. «  Comment un fait géographique, l’île, est-il devenu le cœur d’un projet urbain ? » interroge Jean-Louis Violeau, sociologue. Après-guerre,

© VALÉRY JONCHERAY/SAMOA

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sa physionomie rappelait l’une de ses dénominations, la Prairie-auDuc, bien que l’ancien archipel s’offrait déjà comme une île d’un seul tenant. Confrontée à la désindustrialisation, l’île scelle sa vocation industrielle en 1987 après la fermeture de ses chantiers navals, tandis que la croissance démographique de l’aire urbaine nantaise entre 1990 et 1999 annonce la félicité du futur projet urbain insulaire. Dans le même temps, des revendications patrimoniales se dessinent, et la municipalité s’interroge sur le devenir du site que Grether et Perrault nomment l’île de Nantes. Sa reconquête s’amorce en 2000 avec la prise de site par le palais de justice de Nouvel et la prise de territoire à travers le plan-guide de Chemetoff ; une première phase qui, à partir de la lecture d’un territoire existant, s’attache à la reconfiguration des espaces publics tout en révélant le patrimoine. La seconde phase est lancée en 2010 par Marcel Smets et Anne Mie Depuydt (uapS) à partir d’un plan des transformations. Les emprises industrielles et les voies ferrées libèrent les terrains au sud-ouest de l’île, faisant place au Quartier de la création, dont on connaît déjà Les Machines et la reconversion en cours des halles Alstom par Franklin Azzi. À venir, un parc métropolitain de 14 ha et un CHU de 250 000 m2 en 2025. Appelée métacentre par les urbanistes, l’île s’affirme comme pôle d’attraction métropolitain.

Maîtrise d’œuvre urbaine : Alexandre Chemetoff, Marcel Smets et Anne Mie Depuydt (uapS) Localisation : Nantes (44) Surface de l’île : 337 ha (5 000 x 1 000 m) Surface de projet : 80 ha (phase 2) Date : 2000-2009/2010

© EUROMÉTROPOLE DE STRASBOURG

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Presqu’île Malraux, de brique et de verre 3/

Insérée dans une géographie puissante, Strasbourg a longtemps contenu son expansion entre les bras de l’Ill. Elle s’étend aujourd’hui en reconquérant des zones portuaires devenues obsolètes. Au sud du centre historique de Strasbourg, le bassin d’Austerlitz a peu à peu abandonné ses fonctions portuaires, faisant la part belle à l’actuelle presqu’île André-

Malraux. Anciennement occupée par les Armements Seegmuller, une compagnie d’armateurs navals, elle se distingue par trois principaux bâtiments qui étaient des entrepôts et des silos aux façades de briques rouges soulignées d’une ossature en béton armé blanc, ensemble représentatif des années 1930 inscrit dans la mémoire collective des Strasbourgeois. Souhaitant préserver les traces d’une architecture industrialoportuaire, Christian Devillers, architecte conseil, invite à réhabiliter les bâtiments désaffectés en équipements culturels et en logements. On notera la médiathèque André-Malraux, constituée d’un

volume opaque blanc et d’un autre habillé de verre, signée Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart ; la Maison universitaire internationale (MUI), dont seules les façades ont été préservées par les architectes Weber et Keiling ; les Dock’s, soit un bâtiment mixte regroupant logements, bureaux, commerces et une fabrique du numérique dite Shadok, pour lesquels l’agence strasbourgeoise Heintz-Kehr a renforcé la structure poteaux-poutres des années 1930 ainsi que l’aspect des façades en brique, tandis que l’ancienne toiture à pente laisse place à trois niveaux de logements à la signature contemporaine. Autre projet emblématique dont la livrai-

son est prévue d’ici à 2017-2018, les trois tours d’habitation Black Swan d’Anne Démians, dont la singularité tient en la double peau métallique noire, contrastant avec le parement de la deuxième façade colorée et réfléchissante en bleu ou en rouge.

Maîtrise d’œuvre urbaine : Christian Devillers Localisation : Strasbourg (67) Surface de la presqu’île : 5 ha (700 x 70 m) Surface de projet : 5 ha Date : 2011

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La presqu’île de Caen : de l’édifice signature à la grande mosaïque

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© VILLE DE CAEN / FRANÇOIS. DECAENS

Caen, la « petite discrète qui a toutes les qualités d’une grande  », souhaite sortir de l’anonymat. Une volonté soulignée par des signatures architecturales ambitieuses sur la pointe de la presqu’île.

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Ceinturée par le canal de Caen à la mer, prenant sa source dans le lit de l’Orne, la pointe de la presqu’île de Caen s’impose comme le centre névralgique du renouvellement de la ville. La reconquête de cette friche industrielle laisse place à des équipements d’envergure, aux écritures marquées et indépendantes. Récemment, le Dôme de l’agence Bruther, le palais de justice signé Christian Hauvette – repris par Pierre Champenois, en association avec Baumschlager Eberle – et la bibliothèque d’OMA, en association avec Clément Blanchet, imposent la cohérence de leur dialogue bien qu’il n’y ait eu aucune consultation préalable entre les différents projets : le verre, les semi-transparences, l’aluminium, les façades bombées, les lignes verticales et rythmées se répondent. Une uniformité née d’un heureux hasard ! L’ensemble est ordonnancé dans un espace paysagé conçu par Michel Desvigne, avec une reconversion des bords de l’Orne et la mise en valeur de l’immense pelouse de Philippe Panerai, le vide dans les villes devenant un luxe. Mais ce territoire de 11 ha n’est que les prémices d’un plan directeur bien plus vaste de 600 ha et 7 000 logements, projeté par l’agence néerlandaise MVRDV. Sa proposition, inhabituelle, ne serait-ce que parce qu’elle s’étend sur trois communes – Caen, Mondeville et Hérouville –, est une vision structurale consistant à concevoir une méthodologie plus qu’une


composition urbaine prédéfinie et figée. En témoigne le nom donné au projet : la Grande Mosaïque.

Maîtrise d’œuvre urbaine : MVRDV Localisation : Caen Surface de la pointe de la presqu’île: 11 ha (400 x 300 m) Surface de projet : 600 ha Date : 2013

L’écoquartier fluvial de l’île Saint-Denis : transformer la contrainte en atout

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Alors que l’île Saint-Denis semblait dénuée de tout intérêt, sa reconversion entamée avec l’agence d’architecture Philippon-Kalt promet de transformer l’essai. L’île Saint-Denis, autrefois déchetterie de la métropole servant d’entrepôts aux grands magasins (Printemps et Galeries Lafayette), est devenue un petit lieu de paradis en région parisienne. Entourée par deux bras de la Seine, l’île en forme de croissant longiligne est une commune à elle seule. Le long de ces sept kilomètres se déroule un territoire au séquençage marqué :

parc départemental, équipements publics, centre-ville et entrepôts désaffectés se succèdent, avec en figure de proue la grande nef de l’Île-des-Vannes. À ce territoire très pollué, l’écoquartier fluvial projeté par Philippon-Kalt s’étend sur 22 des 100 hectares de l’île, de part et d’autre de l’A86. L’enjeu est d’y tisser des liens nord-sud et de transformer la contrainte en un atout. Pour ce faire, les urbanistes surenchérissent le séquençage du parcours ; une façon de diminuer la perception des distances et d’offrir une vision plurielle du site. Les nuisances de l’autoroute, elles, engendrent la création d’un mur antibruit, le Ponkawall, qui produit de l’énergie positive grâce à des photovoltaïques et développe, via le QR code, une interface de communication. L’eau, qu’elle provienne des pluies ou des crues, participe du façonnement paysager, développant de nouveaux biotopes dans des bassins pour confiner la pollution. S’ajoute une morphologie bâtie spécifique à chaque bras de Seine : une ambiance sauvage et intimiste

sur le petit bras, et un alignement plus ordonnancé sur le grand bras. Sans oublier que le quartier de l’Île-Saint-Denis-Pleyel a été choisi pour accueillir le village des athlètes à la candidature de Paris pour les JO 2024. De quoi accélérer sa mutation.

Maîtrise d’œuvre urbaine : Philippon-Kalt Architectes Localisation : Seine-Saint-Denis (93) Surface de l’île : 100 ha (7 000 x 250 m) Surface de projet : 22 ha Date : 2006

© HERVÉ ABBADIE

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Eero Aarnio 1932 : naissance à Helsinki. 1962 : création du Studio Eero Aarnio. 1968 : création de Bubble Chair et de Pastil Chair. 2005 : création du chien Puppy avec Magis. 2016 : exposition monographique, Design Museum, Helsinki.

DES CRÉATIONS PROPICES À L’IMAGINATION En septembre 2016, l’exposition au Design Museum d’Helsinki a consacré une fois encore l’immense œuvre du designer finlandais Eero Aarnio. Ce grand monsieur du design conserve son intégrité, son humour et son âme d’enfant. Anne Swynghedauw

Barbara Minetto 1970 : naissance à Venise . 1990 : études à l’université de Ca’Foscari, à Venise, en business et économie. 1996 : rejoint Magis comme responsable de la coordination, marketing et communication. 2004 : lancement de la collection Me Too pour enfants. 2016 : 40 ans de Magis.

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Célèbre designer finlandais, Eero Aarnio a créé et innové de nouvelles formes inscrites dans l’histoire du design moderne. Sur plus de soixante années, son œuvre oscille entre le langage moderniste finlandais et une forme d’avant-gardisme international. Après ses études à l’Institut des arts industriels d’Helsinki, il travaille pour l’entreprise Asko, située à Lahti, spécialisée dans le mobilier de bureau. Dès les années 1960, Eero Aarnio expérimente les matières plastiques, les couleurs vives et les formes organiques, rompant avec les codes conventionnels du mobilier. Ses créations de fauteuils en plastique, désormais emblématiques, sont l’expression joyeuse de la culture pop, d’un nouveau style de vie. Ball Chair en 1963, Pastil Chair, Bubble Chair en 1968, ou Tomato en 1971, les plus célèbres, figurent dans les musées prestigieux du monde entier, Victoria and Albert Museum à Londres,

MoMA à New York et Vitra Design Museum à Weil am Rhein. À partir des années 2000, Eero Aarnio se tourne résolument vers un univers plus ludique. Trente ans après le début de ses créations phares des années 1960 et 1970, il effectue un come-back triomphant avec Magis, marque fondée en 1976 par Eugenio Perazza. Quand celui-ci sollicite le designer finlandais, la complicité des deux hommes fonctionne immédiatement. Eugenio Perazza avec Barbara Minetto surfent sur la tendance du mobilier design pour enfants, lançant en 2001 Me Too Collection. « Nous voulions créer une collection pour les toutpetits, de 2 à 5 ans, qui ne soit ni une collection évolutive ni une miniaturisation du mobilier pour adulte. Nous avons donc imaginé des produits différents du monde des adultes, spécialement pour eux et adaptés à leur monde et à leur imaginaire. » À la pointe du design accessible, des nouvelles techniques et des

matériaux innovants, l’entreprise italienne Magis accueille Aarnio les bras ouverts, un peu comme quelqu’un faisant partie de la même famille. « Le premier nom qui nous est venu à l’esprit est celui d’Eero Aarnio. Nous étions des fans de son travail des années 1960 et 1970 ; son univers ludique, comme la chaise Pony, était en phase avec ce que nous avions imaginé. » S’en sont suivies une collaboration intense et fructueuse et une belle série de sièges, de jouets, Trioli, Puppy, Pingy, Dino, explorant les formes animalières dans leur quintessence, les courbes douces et ludiques, les couleurs fraîches… Le succès du chien Puppy a été fulgurant et a propulsé le style ludique d’Aarnio à l’international, vers d’autres éditeurs italiens, Alessi, Serralunga, l’espagnol Vondom… Aujourd’hui, Eero Aarnio poursuit son travail, dans une joie de vivre évidente. « C’est l’enfant terrible du design finlandais », écrit Jukka Savolainen, directrice du Design


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Magis chien Puppy, en trois tailles

Museum. Son exigence sans compromis, son esprit ouvert et déterminé restent intacts. « J’ai toujours regardé vers l’avant, je ne me suis jamais tourné vers le passé. » Cultivant son indépendance, il a encore, à 84 printemps, la volonté farouche de créer, avec des projets plein la tête.

EERO AARNIO

Eero Aarnio, racontez quelle est votre démarche pour aboutir à cette esthétique qui vous est propre. Peut-on parler de design ludique concernant votre œuvre ? Je suis designer freelance depuis 1962 et, avant cela, j’ai travaillé comme photographe professionnel et designer graphique. J’ai conçu des meubles de bureau pour deux des plus grands fabricants de meubles de Finlande et les revenus de ces emplois

m’ont permis de concevoir des produits très différents de meubles classiques et de lancer mon propre studio de design. Au milieu des années 1960, j’ai participé à un concours de design scandinave pour concevoir du mobilier pour les jardins publics. J’ai proposé à échelle 1 des tabourets en forme de champignon en béton de couleur claire, des fontaines à eau. Avec ces projets, j’ai gagné le premier prix à Stockholm. Au début des années 1970, j’ai dessiné à nouveau à échelle 1 ma première silhouette animale. L’idée était qu’un siège ne soit pas toujours une chaise, mais peut-être un rocher, une souche d’arbre, une marche d’un escalier. Pour ce projet, ce fut un poney sur lequel vous pouvez vous asseoir comme bon vous semble. Mais vous pouvez aussi regarder simplement Pony, ce qui vous mettra de bonne humeur ! Comment avez-vous colla-

boré avec l’éditeur italien Magis, quand vous avez conçu le chien emblématique Puppy ? Après quelques années de conception de mobilier de bureau, à nouveau, il était temps pour moi de faire autre chose ! L’idée a débuté quand le fondateur de Magis, Eugenio Perazza, est venu me voir en Finlande pour solliciter plusieurs designers afin de concevoir des produits qui s’adressent aux enfants sans être des jouets. Il a créé Me Too Collection. De là, j’ai entrepris la conception d’une famille de produits dans cet esprit ludique. Le chien Puppy intéresse les enfants aussi bien que les adultes, avec ses formes arrondies et sa silhouette épurée. J’ai souvent dit que j’ai réussi à concevoir un produit dont personne n’a besoin mais que tout le monde veut acheter ! La chaise Trioli a plusieurs usages ; c’est un siège ou un cheval à bascule avec une poignée, selon le sens dans lequel

il se trouve. Elle a obtenu le Compasso d’Oro en 2008. Le Dino est, quant à lui, un véritable jouet sans fonction précise. Il a été produit par Melaja en Finlande en 2009. Et en 2011, Pingy a fait son apparition dans la collection, un drôle de pingouin avec une base arrondie, un poids à l’intérieur qui lui permet de se balancer d’avant en arrière et latéralement quand on le pousse. Je me suis bien amusé en concevant ces produits ! Avez-vous imaginé ces produits comme des icônes intégrées à une collection intemporelle ? Lors de la conception de meubles classiques, en plus de l’esthétique, vous devez faire attention à l’ergonomie puisque ces produits sont utilitaires. Lors de la conception pour les enfants, l’accent est mis sur la création de quelque chose de beaucoup plus fascinant, car pour eux, tout est possible, ils ont une imagination sans limites…

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Magis pingouin culbuto, Pingy

BARBARA MINETTO, DIRECTRICE MARKETING CHEZ MAGIS Vous devez laisser de l’espace pour leur imagination et, de cette façon, ces produits deviennent également sans âge. Durant votre longue carrière, avez-vous un rêve, un projet que vous n’avez jamais fait et que vous rêveriez de réaliser ? Je pourrais dire que chaque fois que je commence un nouveau projet, mon désir est de le faire aussi bien que je peux, au moment voulu. J'aimerais prolonger cette expérience aussi longtemps que possible. C’est cela mon rêve…

Il y a quelques années, vous avez développé Me Too Collection. Quand l’avez-vous lancée, et pourquoi une entreprise telle que Magis s’est-elle intéressée à l’univers des enfants ? Me Too Collection a été lancée la première fois en 2004, pendant le Salon du Meuble de Milan. L’idée est née quelques années plutôt, lorsque nous avons commencé à réaliser qu’il y avait un écart et un manque sur le marché de l’offre de produits de qualité pour les enfants avec non seulement de bonnes caractéristiques esthétiques, mais aussi avec une vraie valeur éducative et ludique.

Comment avez-vous travaillé avec Eero Aarnio ? Eero Aarnio a été le premier que nous avons sollicité, avec le designer espagnol Javier Mariscal. La collaboration avec Eero a débuté non pas pour créer des produits permanents de Magis mais pour cette collection spécifique dédiée aux enfants. Les échanges ont été très agréables ; sa coopération a été intense pour le développement du projet de la conception à la fabrication. Avec Eero, tout est très amical et facile. Il est capable de transmettre au travers de ses dessins un profond sentiment de bonheur, mais en même temps, dans ses projets, rien n’est jamais vraiment acquis… Le projet Puppy est-il devenu l’archétype du chien, plus qu’un produit pour enfants ? Puppy a été un projet passionnant à développer avec Eero Aarnio. Telle une évidence. Il n’y a pas eu beaucoup de remise en cause. Tout s’est bien déroulé et le processus de fabrication a été assez rapide. Puppy est devenu le projet le plus emblématique de Me Too. Quel a été exactement lechallengede cette collection pour le marché et le consommateur ? Nous avons eu la chance de ne pas avoir à faire face à de nombreux défis pour le marketing. Les produits de Me too sont devenus intemporels et tellement reconnaissables… Une vraie réussite !

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Jean-Baptiste Souletie et Louise Breguet 2012 : création de la maison d’édition La Chance. 2012 : édition du tabouret Tembo. 2013 : Tembo obtient le Wallpaper Design Awards. 2014 : participation à la Biennale Interieur de Courtrai. 2015 : participation au salon Maison & Objet, à Paris.

Note Design Studio 2008 : création de Note Design Studio. 2011 : création du tabouret Bolt, édité par La Chance. 2012 : création du tabouret Tembo, édité par La Chance. 2015 : exposition « Greenhouse », Stockholm Furniture & Light Fair. 2016 : création du canapé Tonella pour Sancal.

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ESPRIT DÉCALÉ Tembo, édité par La Chance et créé par Note Design Studio, a été la première pièce marquante de l’aventure de la French touch du design et de la création de produits pour Note Design Studio. La Chance édite des pièces à forte personnalité, de belle facture. Sans se diriger pour autant vers la pièce unique ou l’œuvre d’art, son précepte, tel un manifeste, a toujours été de révéler une facette, une expression du style français, du luxe sans être ostentatoire. Sous la double influence ludique et créative du mouvement Memphis et du style Art déco, cette jeune maison d’édition a su faire les bons choix au bon moment, mêlant créateurs émergents et confirmés. Jean-Baptiste Souletie et Louise Breguet, les fondateurs, ont appliqué la philosophie de la marque en lançant en 2012 Tembo, ce tabouret singulier, bien loin du principe du fonctionnalisme, « Form follows function ». Revendiquant ses filiations haut et fort, La Chance produit des pièces qui ne passent pas inaperçues. Dénicheurs de talents, ils ont eu le coup de foudre pour ce tabouret imaginé par Note Design Studio, un collectif de sept designers basé à Stockholm ayant une vision multidisciplinaire du design et de l’architecture intérieure. Anne Swynghedauw

JEAN-BAPTISTE SOULETIE ET LOUISE BREGUET Racontez-nous dans quel contexte vous avez travaillé avec le collectif Note Design Studio. Le brief donné aux designers était la continuité de notre démarche et de la philosophie de la marque. En lançant notre maison d’édition, nous ne savions pas encore quels

objets pouvaient incarner notre volonté esthétique. Quand nous avons découvert Note Design Studio, le collectif faisait plutôt de la direction artistique et pas encore du design de produits. Leur exposition « Marginal Notes » en 2011 a été le déclencheur. La thématique était les «  gribouillis  » aléatoires que l’on fait en écoutant de la musique ou en parlant au téléphone… C’était un événement incroyable, un peu fou, présentant dix pièces éphémères pas vraiment assemblées. Bref, de la conception pure !

L’une d’entre elles a attiré notre attention, le tabouret Tembo, et Cristiano Pigazzini, l’un des fondateurs de Note Design Studio, nous a demandé tout de suite de le produire. L’ensemble du développement s’est fait avec eux, virtuellement, sans même se rencontrer ; il nous a envoyé une vidéo de sa fille jouant avec le tabouret ! Ce fut une relation à la fois distante et intime. Nous sommes fiers d’avoir été le déclencheur de leur création de produits. Tembo est un tabouret-sculpture à la fois décalé et très confortable.

NOTE DESIGN STUDIO Peut-on parler de design ludique concernant votre approche multidisciplinaire du design ? Si notre travail est ludique ? Difficile de répondre. Essayer d’être ludique n’a jamais été quelque chose que nous avons envisagé en tant que tel. En revanche, notre leitmotiv serait plutôt de faire sourire. Nous sommes passionnés et nous espérons que le fruit de notre travail puisse contribuer à donner une vibration positive aux utilisateurs. Nous faisons attention à notre environnement, aux objets tactiles. La passion nous anime quel que soit le projet, d’architecture intérieure, de création de mobilier, pour l’esthétique, la couleur et la forme, afin de proposer quelque chose d’unique.


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Tabouret Tembo, création Note Design Studio, La Chance.

Comment avez-vous travaillé avec l’éditeur français La Chance pour le projet du tabouret Tembo ? Nous avons réellement conçu Tembo pour nous-mêmes, comme un prototype avec lequel nous avons étudié des formes étranges mêlées aux combinaisons de couleurs et de matériaux. Lorsque nous avons lancé le projet, l’éditeur La Chance nous a immédia-

tement contactés pour produire ce tabouret en série. Nous étions bien sûr très heureux, et nous avons été impressionnés par le courage de cette jeune entreprise ! Ils ont pris un vrai risque en développant ce produit.

Quel a été le défi pour cet objet ? Comment l’avezvous imaginé ? Tembo est un projet particulier né autour d’une collection entière de fragments de mobilier intéressants et bizarres, avec des dizaines de croquis. Nous avons appelé la collection Marginal Notes, en se référant aux esquisses en marge des blocs-notes, qui ne deviennent normalement jamais réalité de par leur forme complexe ou leur esthétique incertaine. Nous voulions voir ce qui se passait si nous les aidions à prendre vie. L’expérience a été réussie et très excitante !

La collection est devenue le commencement de notre activité de studio de design d’objets et de mobilier ; elle nous a permis de se donner une identité dans ce domaine.

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Tracteur Testacalda, création Piero Lissoni, Kartell Kids.

Kartell 1949 : fondation de Kartell par Giulia Castelli. 1967 : Joe Colombo crée la chaise Universale (premier modèle mondial moulé par injection). 1979 : Kartell reçoit un Compasso d’Oro. 1988 : Claudio Luti prend la tête de Kartell. 2002 : Louis Ghost par Philippe Starck. 2016 : lancement de Kartell Kids.

Piero Lissoni 1956 : naissance à Sereno. 1986 : crée le Studio Lissoni. 1989 : premières collaborations avec Living Divani et Porro. 1995 : première collaboration avec Cappellini. 1996 : première collaboration avec Cassina. 2000 : première collaboration avec Kartell. 2004 : première collaboration avec Glas Italia. 2008 : collaboration avec Alessi.

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LA NATURE LUDIQUE Au dernier Salon de Milan, Kartell dévoilait sa nouvelle gamme spécifiquement dédiée aux enfants. Pour ce faire, la maison italienne a travaillé en famille et a demandé à cinq designers de renom, avec lesquels elle avait déjà collaboré, de proposer un produit. Retour sur cette première avec Claudio Luti et Piero Lissoni. Nathalie Degardin

CLAUDIO LUTI, PRÉSIDENT DE KARTELL Qu’est-ce qu’un design ludique pour vous ? Le design intègre par définition une composante ludique mettant en jeu l’imaginaire et le rêve parallèlement à l’aspect concret et à la fonctionnalité de l’objet. Dans ce sens, la ligne Kartell Kids est une parfaite interprétation de l’esprit de la marque. Rappelons d’ailleurs que la première chaise Kartell a justement été conçue pour les enfants : la 4999 de Marco Zanuso et Richard Sapper en 1964, récompensée par le Compasso d’Oro et première chaise au monde entièrement réalisée en plastique. Quelles sont les caractéristiques d’un objet ludique ? Avec des concepts axés sur les thèmes de l’exploration, de la recherche et de l’innovation, Kartell est depuis toujours intimement liée à la curiosité inhérente à l’enfance. En effet, nos produits sont par essence non seulement fonctionnels mais aussi amusants et émouvants. Des caractéristiques qui définissent bien, selon moi, la nature ludique d’un objet.

À quelle demande correspond-il ? Qu’attend aujourd’hui le consommateur ? Avec la ligne Kartell Kids, nous avons voulu reprendre un projet appartenant à l’histoire de Kartell et créer une nouvelle gamme répondant à un besoin du marché dans le respect le plus total du style Kartell et de sa contemporanéité. Nous avons souhaité donner une identité précise au segment enfants (3 à 8 ans), non seulement en utilisant des produits du catalogue Kartell revisités et adaptés aux exigences conceptuelles des espaces pour enfants mais aussi en concevant de nouveaux articles pensés spécialement pour ce « public cible ». Les objets ludiques s’inscrivent-ils dans une tendance « adulescente » ?

Sont-ils pour vous intergénérationnels ? Le mélange des genres est l’un des maîtres mots du style Kartell et, incontestablement, l’aspect ludique et enfantin des produits Kartell Kids exerce et subit l’influence du reste des produits de la marque. Pour citer un exemple, l’une des dernières tendances du marché est la personnalisation du produit. Cette exigence est bien sûr intergénérationnelle et s’applique aussi aux produits pour l’enfance. C’est la raison pour laquelle nous avons ajouté à la ligne Kartell Kids la personnalisation de Lou Lou Ghost : le client pourra ainsi commander la plus célèbre chaise signée Philippe Starck (miniature du record des ventes Kartell) agrémentée du nom de son enfant ou d’une dédicace spéciale. Comment le design ludique trouve-t-il sa place dans votre ligne éditoriale, dans l’esprit Kartell ? Considérez-vous la nouvelle ligne Kartell Kids comme un prolongement naturel de cet esprit ? Kartell aime jouer avec le design, et Kartell Kids nous a permis d’apporter une forte valeur ajoutée à notre catalogue grâce à une ligne exprimant à la perfection toute la magie des produits pensés pour


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DE L’OBJET

les tout-petits, une magie qui va de pair avec la recherche et l’innovation permanentes caractérisant chacun de nos produits. Un objet ludique peut-il être intemporel ? À mon avis, ce qui rend un objet intemporel, c’est son histoire et les valeurs qu’il véhicule. Kartell investit dans ses créations un maximum d’efforts en termes de recherche de qualité des matériaux, d’innovation technologique et de design. Cet ensemble de valeurs, constitutif de notre ADN, se retrouve dans la ligne Kids où le jeu et l’imagination jouent incontestablement un rôle de premier plan.

PIERO LISSONI, DESIGNER Qu’est-ce que le design ludique pour vous ? Comme beaucoup de designers, j’aime l’idée de légèreté. Peut-être que le design ludique, c’est une sorte d’insouciance, de sourire que l’on apporte en plus, nous sommes des adultes, mais cela touche les enfants que nous restons. Les objets ludiques ont une caractéristique fun, amusante, ou un côté ironique : vous les regardez avec la distance d’un adulte. Après, quand on travaille précisément pour des enfants, c’est aussi la capacité à changer les proportions, à les adapter, qui compte pour faire un objet pour jouer.

Quel était le brief que vous aviez pour la voiture Discovolante et le tracteur Testacalda ? Quand Claudio Luti m’a proposé de créer un élément de la gamme Kids, j’ai été très surpris et honoré. Avant tout, je me suis rappelé ce que c’est que d’être un enfant, ce avec quoi je jouais. J’ai conçu déjà de nombreux jouets, quand vous êtes père et designer, c’est une évidence. Mais c’est le premier d’une collection éditée ! J’étais totalement libre dans la typologie, mais j’avais un brief technique très précis sur les matériaux, la technologie à utiliser. Ce sont des petits véhicules à quatre roues, le tracteur Testacalda et la voiture de course Discovolante sont fabriqués à partir de feuilles de plastique teinté (en PMMA), qui sont façonnées en siège et châssis. On joue aussi sur la transparence et la couleur.

Voiture de course Discovolante, création Piero Lissoni, Kartell Kids.

Vous avez choisi des modèles qui sont un rien vintage. La voiture de course est, par exemple, inspirée de modèles anciens. Une façon de les garder intemporels ? Créer un objet pérenne, ce doit être une qualité que recherche tout bon designer, alors oui, même si l’approche développée est spéciale, l’objet ludique doit perdurer, il reste un objet. Dans le cas de la voiture Discovolante ou du tracteur Testacalda, je voulais rester dans l’imaginaire des enfants, avec des objets qui aient une force métaphorique.

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Moustache 2009 : création de Moustache par Stéphane Arriubergé et Massimiliano Iorio. 2010 : participation à la Milan Design Week à SuperStudio. 2012 : les lampes Vapeur d’Inga Sempé entrent dans les collections du FNAC. 2013 : la chaise Bold entre au MoMA. 2015 : exposition « Alphabet » à la Villa Noailles durant le festival Design Parade.

Jean-Baptiste Fastrez 1984 : naissance. 2010 : diplômé de l’ENSCI/ Les Ateliers. 2011 : création de son studio. 2011 : Grand Prix du jury Design Parade à la Villa Noailles. 2012 : exposition « Stones and Bones », à la Villa Noailles. 2015 : Wallpaper Design Awards pour le vase Scarabée.

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DES OBJETS LUDIQUES M À mi-chemin entre un travail classique d’éditeur et celui d’une galerie, Moustache assume depuis sa création une présence affirmée sur la scène design, avec des collections très contemporaines, qui flirtent avec le monde de l’art, sans jamais perdre de vue leur raison d’être fonctionnelle. Au dernier Maison & Objet, ils dévoilaient la lampe Olo, créée par Jean-Baptiste Fastrez, qui semble sortir d’un cartoon. Ils nous ont confié leur vision du design ludique. Nathalie Degardin

STÉPHANE ARRIUBERGÉ COFONDATEUR DE MOUSTACHE Comment le design ludique trouve-t-il sa place dans votre ligne éditoriale ? Nos objets sont ludiques malgré nous ! Ils restent avant tout des objets sérieux. Ce n’est pas une dimension que nous insufflons dans nos briefs, cela apparaît de façon autonome. Ce n’est jamais une volonté de créer des objets ludiques, mais quand on décide de s’éloigner de caractères consensuels, on insiste sur la couleur, les effets de matériaux, et de ce fait nos collections ont une certaine personnalité, cela fait partie de notre ADN. À titre d’exemple, la chaise Bold de BigGame est tellement graphique et simple que l’on pense à un personnage de BD ou à cet ancien dessin animé La Linea, dont le trait s’anime et se gonfle pour former un personnage. Les gens utilisent cette chaise pour habiller l’espace,

créer un impact visuel, un effet de surprise. Avec des pièces si fortes, quel marché visez-vous ? On vend en France, on travaille en Italie sur de la moyenne série, et on exporte beaucoup dans les pays scandinaves et au Japon, et c’est certainement notre caractère atypique qui séduit. Selon les produits, on travaille les objets sur des petites ou moyennes séries. On s’adresse à une cible restreinte : ce sont des objets qui impliquent les gens. Ils achètent souvent nos produits pour «  réveiller  » leur intérieur. On essaie de produire des objets qui racontent quelque chose sur la société dans laquelle on vit. Aujourd’hui, certains éditeurs remettent sur le marché des objets qui font partie de l’histoire. Nous, on n’a pas de nostalgie, on se projette en avant. On demande à nos designers d’imaginer comment demain peut s’incarner dans une maison ! Ça nous oblige à chercher des solutions nouvelles, possibles aujourd’hui. Nos objets sont des marqueurs temporels, c’est toujours important dans

notre brief : ils ont une sorte de pérennité par leur caractère fort à un moment donné de l’histoire, qui vient en rupture d’une convention. Si on est ravis quand des objets intègrent des collections permanentes, on essaie que nos produits aient un caractère culturel mais qu’ils restent accessibles. Quelles sont pour vous les caractéristiques qui rendent la lampe Olo ludique ? Plus que ludique, c’est un objet multipiste dans lequel les gens projettent de nombreuses histoires possibles, ce qui facilite son appropriation. Au départ, le brief était de concevoir un tout petit luminaire, un outil pour éclairer des zones précises dans la maison, comme des projecteurs, créer un éclairage dramatique, dans le sens étymologique du terme, pour créer des ambiances de clair-obscur. Cette typologie d’éclairage a disparu du marché depuis vingt ans. Notre intention était de créer un projecteur contemporain, plus petit, avec deux sources lumineuses pour qu’il y ait plus d’intensité et plu-


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MALGRÉ

sieurs positions. Ce sont ces caractéristiques qui l’ont rendu ensuite ludique. La double source crée un regard, et, de ce fait, de l’empathie, de la sympathie. Dans Olo, on voit le robot Wall-E, une caméra Super 8 ou un outil de visée militaire. Et c’est en agglomérant ces projections qu’il crée une sorte de consensus à son tour, parce que cet objet fort parle pourtant à des gens très différents. C’est vraiment paradoxal ! C’est très compliqué d’insuffler autant dans un objet. En revanche, on l’a construit dans une sorte de discussion en ping-pong, ce qui est ludique finalement, c’est la façon dont on l’a conçu !

JEAN-BAPTISTE FASTREZ, DESIGNER Qu’est-ce qu’un design ludique pour vous ? Il y a deux façons pour un objet d’être ludique : soit on joue avec l’objet dans son assemblage, soit c’est un objet qui a dans son expression quelque chose qui peut

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Lampe Olo, création Jean-Baptiste Fastrez, Moustache.

prêter à sourire par un jeu de décalage, par un twist, un détournement de références communes. Si on prend par exemple les Algues des Bouroullec, les assembler comporte un degré de composition, d’interprétation, mais l’objet en soi n’est pas amusant. Dans mes projets, en revanche, il y a toujours une surprise, quelque chose d’inattendu, produit par un mélange de codes, qui fonctionne au quotidien chez soi, comme une présence amusante. Qu’est-ce qui rend alors un objet ludique ? La force de l’objet ludique va être d’exprimer un twist sur sa typologie initiale. Il va évoquer quelque chose d’autre, il sort de sa fonction première pour raconter une histoire avec ce que la personne y projette. On ne doit pas imposer l’histoire que la personne met dans l’objet, l’objet est un média. Comme Starck et son presse-agrumes, à chacun d’y projeter une araignée,

un vaisseau spatial… L’idée n’est pas de fabriquer un objet qui fait une blague, on s’en lasserait très vite. Pour que cela fonctionne, l’objet a, certes, un côté décalé mais garde sa rigueur fonctionnelle. Il faut que ce soit bien dosé. Comment un designer transmet-il cette part d’inattendu ? Dans mes objets, j’ai ce jeu de références, je travaille sur l’hybridation, entre le quotidien et des codes un peu pop, de science-fiction, de culture populaire. On relie tous spontanément des objets à des

usages : la lampe de poche doit être en plastique, le bol, en céramique… Un projecteur en céramique, c’est inhabituel ! C’est dans ce décalage que le ludique transparaît. C’est une évocation subtile, à la frontière, presque invisible, qui arrive dans un deuxième temps. Par exemple, les motifs des tapis sont plutôt végétaux, organiques. Dans le tapis Neon que j’ai fait pour Tai Ping, j’ai trouvé intéressant d’explorer référence urbaine et trait géométrique. Son côté ludique, c’est que tout le monde s’amuse à marcher dessus comme pour exploser les néons. Cela flatte la partie enfantine en nous. Comment avez-vous procédé pour Olo, par exemple ? Pour la lampe Olo, au début, j’avais dessiné une seule optique comme un projecteur classique. Après, on est partis sur l’idée d’articulation et de chandelier, et le regard du personnage est apparu. Il incarne l’objet. Le twist, c’était de saisir ce croisement entre le chandelier et le projecteur !

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Jean-François Bellemère 2002 : création de la bibliothèque Mikado. 2003 : lancement de Compagnie, édition d’objets et de mobilier. 2008 : label Via pour la table Versailles. 2013 : participation aux D’Days. 2014 : participation à l’exposition « Jeux de design », à la Villette.

SPONTANÉITÉ DE L’ENFANCE Architecte, éditeur et designer, Jean-François Bellemère se consacre à plein temps à cette activité d’édition de mobilier qui le passionne. Avec Compagnie, il conçoit des produits poétiques, éthiques et durables. Anne Swynghedauw

Concevant déjà des éléments de mobilier intégré, ses projets d’architecture l’ont conduit vers l’édition de mobilier, du dessin au prototype jusqu’à la fabrication. À la fois créateur et entrepreneur déterminé, Jean-François Bellemère fonde en 2003 sa propre maison d’édition, Compagnie, faisant fusionner les deux disciplines. Cette farouche indépendance dans l’édition représente aussi les valeurs fondamentales de son mode de travail et sa manière d’envisager l’habitat. Fabriquer en France est un acte militant, et concevoir des produits durables en nuisant le moins possible à l’environnement et avec des valeurs éthiques est aussi une évidence. De même que trouver la meilleure collaboration entre designers et industriels français avec des matériaux nobles, respectueux de la nature, autour des mêmes valeurs. Issus du bois local, ces produits pour l’intérieur sont transformés dans une menuiserie à proximité, dans le Jura. Un circuit court, du fabri-

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cant au client, sans intermédiaire. « Le made in France, je ne le mets pas en avant, mais il fait partie intégrante de la conception et de la fabrication du produit. » Créée en 2002, et premier produit édité, la bibliothèque Mikado est reconnue et bien installée sur le marché, et l’on déplore déjà ses nombreuses copies ! Jean-François Bellemère l’a conçue comme une mise en valeur poétique du livre plutôt à l’opposé d’un meuble de rangement absolument linéaire. Sollicitant d’autres designers, il collabore avec l’architecte Olivier Chabaud, entre autres. À partir de leurs échanges et partages d’idées avec les enfants durant les D’Days 2013, ils ont imaginé l’étagère ludique Max, conçue au départ pour les juniors mais adaptée aux adultes en quête d’éléments de rangement audacieux, tel un jeu de construction de compositions multifonctionnelles. Comment avez-vous conçu Mikado, cette drôle de bibliothèque ?

En observant chez un ami à Barcelone des piles de livres posées au sol qui créaient un paysage si harmonieux, je me suis posé les questions suivantes : pourquoi, pour une fois, ne pas montrer les livres ? Comment les ranger tout en conservant l’image très graphique des piles et en accentuant le côté désorganisé et poétique. Mikado est née de la dynamique d’une structure évoquant le jeu d’adresse très ancien, composé de ces petites baguettes pointues, et du détournement de la structure rigide que représente la bibliothèque classique. J’ai voulu qu’elle soit durable. On l’a reçoit en kit, elle est facile à monter malgré ses grandes dimensions, 220 x 215 centimètres. Les barres en bois semblent assemblées de façon aléatoire, comme un jeu de Mikado, mais suivent pourtant le plan d’un montage précis. La structure est légère et malgré tout très solide et résistante. J’ai éliminé le superflu pour montrer l’essentiel : les livres. Enfin, le bois est issu de forêts françaises gérées durablement. C’est


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Étagère Max, création Olivier Chabaud, collection Pièces Complices, Compagnie.

l’idée de la recherche de l’équilibre entre le fonctionnel et l’histoire que l’on raconte. Tout comme l’incroyable succès de la chaise Stökke, qui répond à un besoin bien précis plus qu’à une consommation. Ce succès démontre la valeur de la transmisson de l’objet d’une décennie à l’autre grâce à son principe évolutif. C’est aussi ma démarche. Au dernier salon des Puces du Design, j’ai exposé mes pièces au sein de cette manifestation consacrée au vintage. Je m’inscris dans cette démarche de transmettre des choses, de trouver un second marché. Avez-vous prévu une extension de la famille Mikado avec de nouveaux produits ? Non, à part la version des 160 ans du BHV avec les coloris de la marque, noir et orange. La question que je pose à chaque projet n’est pas d’ordre esthétique ou de collection en termes commerciaux. Je m’inscris dans une démarche qui questionne le produit,

je cherche à lui donner une dimension poétique pour aller contre l’austérité ambiante. Quand, par exemple, je travaille sur un projet de table, je me demande tout simplement ce qu’est une table. J’essaie d’y apporter des réponses les plus justes possible. Vous sollicitez d’autres designers, tel l’architecte Olivier Chabaud. Comment s’effectuent ces collaborations ? Nous nous connaissons très bien avec Olivier. Pour lui, travailler avec Compagnie est un moment de détente, sa récré, en quelque sorte ! Notre relation d’amitié s’est concrétisée avec des projets pour enfants. Nous avons sollicité nos propres enfants pour imaginer l’étagère Max. C’était formidable, on les a fait réagir autour de dessins, de maquettes en carton. On a travaillé ainsi trois mois, accompagnés par le regard des enfants. À partir de leurs réflexions, de leur regard, on a développé différents projets, dont l’étagère Max.

Elle a été conçue d’après une image issue de leur imaginaire et d’un numéro de spectacle de magie, celui de la boîte truquée, bien évidemment, qui fait illusion ! C’est de cette image d’enfant qu’a découlé le principe de l’emboîtement de deux éléments, d’une planche en massif dans laquelle se glisse un caisson coloré. Le tout devient un paysage de modules, dans une palette de vert inspirée des montagnes de Sardaigne. D’après vous, y a-t-il un design ludique, travaillezvous dans ce sens ? Non, pas vraiment, mais je cherche à réaliser des produits dans une certaine éthique, d’apporter des réponses à des questions de la vie quotidienne, éclairé par le regard de l’enfance. Si on écarte le monde de l’enfance de notre vie, on se prive de quelque chose d’essentiel, de la spontanéité, du jeu. Ainsi, quand je travaille sur un projet, mon fils est mon premier « DA » (comprenez « directeur artistique ») !

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KID DESIGN, L’HISTOIRE DU DESIGN ÉVOLUTIF En prenant le pas sur la fabrication artisanale, l’évolution du mobilier pour enfant suit la révolution du design industriel mais aussi celle des nouveaux modes de vie. Avec un espace qui obtient son statut propre de chambre d’enfant. Anne Swynghedauw

Chaise haute, création Jørgen et Nanna Ditzel 1955, Kold Sawaerk.

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Bien que dans les années 1920 et 1930 le Bauhaus, la firme Thonet ou Marcel Breuer soient précurseurs en imaginant un univers complet dédié aux enfants, le mobilier pour les petits fait partie de l’histoire récente du design. Après la guerre, la période de la reconstruction voit naître les grands chantiers de relogement mais aussi d’infrastructures… En découle la production en série de mobilier pour les collectivités, en particulier celui des écoles, conçu entre autres par l’architecte Jean Prouvé et fabriqué dans ses ateliers à Maxéville, ainsi que les maisons démontables. Ce développement a donné forme aux nouveaux habitats qui se démocratisent. S’ensuit entre la Seconde Guerre mondiale et le premier choc pétrolier de 1973 la période d’essor économique des Trente Glorieuses. Les intérieurs alors se modulent : le living deviendra plus tard la pièce à vivre, la cuisine se remodèle avec l’électroménager, et la chambre d’enfant est aménagée selon ses besoins. Cette nouvelle répartition des espaces trouve sa place au sein de la maison. Du mobilier pour les tout-petits et de l’espace leur sont

consacrés. L’enfant est au cœur de la famille moderne, de la société. Au Salon des Arts ménagers, sont exposés des espaces types, tels qu’une chambre d’enfant complète déclinée en tube d’aluminium, selon un procédé industriel, signée du décorateur Jacques Hitier. La vague des designers français, avec en tête Marcel Gascoin, Pierre Guariche, Geneviève d’Angle, impose un style pratique et rationnel à la chambre avec des matériaux tels que le bois, le tube d’acier ou d’aluminium, le contreplaqué, issu du mobilier scolaire. Dans les années 1950, les designers nordiques, précurseurs, se penchent sur l’univers des petits, l’enfant étant au centre de la famille. L’architecte finlandais Alvar Aalto et son entreprise Artek développent le procédé de la chaise pour enfant modèle 65, grâce à la technologie de cintrage mise au point avec son célèbre tabouret tripode 60. On ne peut que s’émouvoir aussi de toute l’attention du couple de designers danois Jørgen et Nanna Ditzel, qui, jeunes parents, ont conçu pour leurs jumelles, Lulu et Vita, une version revisitée et tellement contemporaine de la chaise haute traditionnelle !


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Chaise et bureau Peter, création Hans J. Wegner 1944, réédition Carl Hansen.

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Quelques années avant, en 1944, le designer Hans J. Wegner eut l’audace de concevoir le bureau et la chaise Peter, un cadeau au fils d’un ami, entièrement démontables par un enfant et ce, sans outil. En 1945, le couple Charles & Ray Eames a imaginé l’Éléphant en contreplaqué tel un simple jouet. Il deviendra un objet emblématique, produit en série et édité par Vitra des années plus tard, dans un matériau plus moderne, le polypropylène. Le beau pachyderme à l’œil paisible est de nouveau au cœur de l’univers des bambins…

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Pour aménager l’espace de l’enfant, deux tendances se dessinent : d’une part, la miniaturisation du mobilier, d’autre part, la création de modèles adaptés pour eux. Certaines pièces iconiques des adultes sont produites en version réduite pour les petits. Les éditeurs l’ont bien compris. Dès 1950, Knoll lance la célèbre Diamant de Bertoia en version miniature. Fritz Hansen réédite la Fourmi d’Arne Jacobsen conçue pour l’école en trois tailles, s’adaptant ainsi à chaque âge. Plus tard, cet engouement se confirme avec divers modèles réduits :

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le fauteuil Utrecht chez Cassina, le Mushroom chez Artifort ou le Big Mama chez B&B Italia… Par ailleurs, la notion de mobilier évolutif, qui accompagne la croissance et les moments de vie de l’enfant, a toujours préoccupé les designers. Influencé par Kaare Klint et le Bauhaus, le Danois Kristian Vedel invente, en 1957, la chaise qui se métamorphose en balançoire, table ou jeu. Avec l’âge d’or du plastique, dans les années 1960, IKEA ou Prisunic démocratisent le design, et les matériaux modernes se substituent au bois traditionnel

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ou au contreplaqué pour un coût de production moins élevé. Le mobilier n’est pas seulement utilitaire mais devient aussi un élément ludique de la chambre, une pièce d’un jeu de construction que l’enfant s’approprie. Richard Sapper et Marco Zanuso proposent une chaise en polyéthylène empilable qui allie solidité et jeu, éditée chez Kartell. La géniale Nanna Ditzel, avec son tabouret bobine Trissen en trois tailles, dessine un élément de la chambre qui reste ludique et accessible dans sa conception. Les années 1970 vont de pair avec


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les formes d’éducation innovantes et les nouvelles utopies qui bouleversent les modes de vie, dans lesquelles la notion de jeu est prise en compte. Cabanes et structures pour les enfants font leur entrée dans la maison. La grande distribution, comme Prisunic, développe du mobilier joyeux et coloré. Module hybride, facilement transportable, Zocker, du designer Luigi Colani, invente une autre façon de s’asseoir avec ses formes rondes tour à tour siège ou table. Enfin, Bruno Munari, plasticien et auteur de livres pour enfants, va plus loin,

proposant une micro-architecture, Abitacolo, éditée par Robots, répondant aux différentes actions d’un enfant, dormir, jouer, écrire… Un espace modulable composé de structures en acier intégrant le lit et les rangements et primé en 1979 par le Compasso d’Oro. Comment ne pas évoquer la chaise que tout le monde possède ou a vu et ce, dans le monde entier ? La chaise Tripp Trapp, éditée par Stökke, a été conçue par le designer norvégien Peter Opsvik pour son fils Tor, ajustant de façon ingénieuse son assise et son dossier afin

d’adapter la position au bébé, puis à l’enfant. Cette chaise est devenue universelle, tant son ergonomie est confortable. Une échelle de la vie qui a encore de beaux jours devant elle avec plus de dix millions de modèles vendus à travers le monde depuis sa création en 1972. À lire, le très joli ouvrage Mobilier design pour enfants, paru en 2009 et disponible aux éditions Piqpoq, dans lequel l’auteur, Carole Daprey, collectionneuse et éditrice, s’est intéressée, avec Pierre Gencey, historien, à cet aspect du design des juniors, de 1920 à 1970.

1/ Chaise Fourmi, création Arne Jacobsen 1955, réédition Fritz Hansen. 2/ Tabouret Trissen, création Nanna Ditzel 1962, réédition Snedkergaarden. 3/ Chaise évolutive, création Kristian Vedel 1957, réédition Architectmade. 4/ Fauteuil Mushroom, création Pierre Paulin 1960 version adulte, Artifort. 5/ Chaise Diamant, création Harry Bertoia 1952, réédition Knoll. 6/ Fauteuil Utrecht, création Gerrit Thomas Rietveld 1935 version adulte, Cassina. 7/ Tabouret Éléphant, création Charles & Ray Eames 1945, Vitra.

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CONFIDENCES

PIERRE CHARPIN LA PENSÉE LIBRE

©MORGANE LE GALL

Designer, plasticien de formation, Pierre Charpin explore les champs du possible, de la création d’objets, de mobilier, jusqu’à la scénographie. Rencontre avec un designer inclassable. Anne Swynghedauw

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Proche de la créativité des Italiens tels qu’Alessandro Mendini, Ettore Sottsass ou Enzo Mari, Pierre Charpin est designer depuis les années 1990. Qu’il soit confronté aux contraintes de l’industrie, de la série limitée ou de la pièce unique, il est le même. Intègre dans ses pensées, créateur de formes courbes sinueuses, de couleurs expressives, attentif aux modes de fabrication qu’il ne connaît pas forcément… Alors que Maison & Objet le consacre Créateur de l’année 2017, parce qu’il n’a pas suivi le cursus classique de l’école de design et c’est tant mieux, son travail peu connu du grand public acquiert une notoriété grandissante. Immergé dans l’univers artistique dès son plus jeune âge, né en 1962 de parents artistes, le dessin est son moyen d’expression. Une nécessité, un plaisir aussi, auquel il s’adonne à chaque projet, tout comme à celui de la couleur. Sa formation de plasticien doublée de son contexte familial ont largement contribué à faire de lui un créateur à part, dont l’œuvre singulière tend à être universelle. Ces objets, d’une qualité formelle exigeante, tissent un lien familier,

comme la carafe d’eau créée en 2004 pour le concours lancé par la Société anonyme de gestion des eaux de Paris (aujourd’hui Eau de Paris), produite à 80 000 exemplaires, afin de promouvoir la qualité de l’eau municipale. Un peu privilégié et doué, il a appris, menant des projets de recherches entre 1998 et 2005 avec le Cirva ou le Craft, et apprend encore à chaque projet de nouvelles techniques. On ne compte plus les entreprises qui le sollicitent pour son écriture si particulière : Alessi, Cristallerie Saint-Louis, Design Gallery Milano, Hermès, Ligne Roset, ou encore la Manufacture nationale de Sèvres, Post Design, Tectona, Venini, Wrong for Hay. Primé à plusieurs reprises, une première monographie, en trait d’union, publiée par l’éditeur JRP Ringier, Pierre Charpin, créateur et artiste complet, aime le partage qu’offre le métier de designer. Comme une évidence, il a conçu des scénographies, notamment celles des deux expositions consacrées à son travail au Grand-Hornu en Belgique et à la Villa Noailles à Hyères. Si l’on devait choisir un objet résumant l’humour, la rigueur et la fan-


© MICHEL BONVIN.

Pièces uniques en verre soufflé, collection Cirva, 1998 à 2001, exposition Mudac, Lausanne 2011.

taisie de son œuvre, ce serait sans doute un vase de la collection Kiko pour la Galerie kreo, pièce unique peinte à la main sertie d'un simple élastique avec son nez de clown. Bravo l’artiste ! Au sein du processus créatif, parfois long et fastidieux, voyez-vous une différence entre la conception du design industriel et celle effectuée pour une galerie ? Je n’établis pas de hiérarchie entre le design de masse et la petite série. Les deux éveillent ma curiosité d’égal à égal. Ce qui m’intéresse, c’est la question du contexte qui

est différente à chaque fois. J’essaie d’en comprendre la logique, les limites, d’analyser ce que je peux faire avec ma propre sensibilité pour tel ou tel produit, et je me demande à chaque fois comment exprimer mon écriture… Dans votre parcours, à quel moment avez-vous effectué un virage pour devenir designer ? Quelle influence le milieu artistique a-t-il exercé sur votre activité ? Depuis les Beaux-Arts de Bourges, le cheminement a été lent… J’ai effectué une grande courbe et non un virage à 90° ! Mon père

était sculpteur. Ma mère est artiste licière. Dans ce milieu très engagé, mes parents ne m’ont jamais poussé à devenir artiste. Pendant mes études, j’ai découvert l’art conceptuel américain, le minimalisme, mouvement artistique qui était déjà sur le déclin. Les étudiants se dirigeaient vers le mouvement figuration libre en peinture, la photographie ou la vidéo ; les nouveaux vecteurs des arts plastiques étaient très en vogue dans les années 1980. Quant à moi, ouvrant les revues de design italien, telles que Domus, j’ai découvert la grande époque du design italien, dont la liberté créatrice m’a ouvert

une voie nouvelle. J’y ai décelé la possibilité de travailler sur la forme dont la destination était beaucoup plus imbriquée dans l’histoire de la vie, par opposition aux arts plastiques que je pratiquais auparavant. Ce fut une rencontre, une ouverture plus qu’une rupture. Apprendre la production des objets, capter l’incidence aussi sur le dessin, copier les grands maîtres pour les comprendre et s’en détacher… L’ensemble de ces découvertes a forgé mes propres expériences, avec le dessin pour point de départ de tous mes projets. Lorsque j’enseignais, j’expliquais à mes élèves que le dessin existant

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CONFIDENCES

© SYLVIE CHAN LIAT.

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© SYLVIE CHAN LIAT.

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1/Console haute M&C, marbre noir Marquinia, Galerie kreo 2015.

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2/Vases peints Marbles & Clowns, collection Kiko, porcelaine émaillée, bande élastique, pièces uniques peintes à la main, Galerie kreo. Photo Sylvie Chan Liat. 3/Boîte Oggetti Lenti, collection Scatola 9, 2005, bois laqué, édition limitée, Design Gallery Milano/ Haute-Définition Paris.

© ILVIO GALLO.

4/Vase Triplo, verre soufflé et élastique, 2003, nommé pour le Compasso d’Oro 2005, Venini.

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en tant que tel n’est pas seulement la finalité pour trouver la solution d’un projet, les proportions justes, l’équilibre des formes ; c’est un acte physique, là pour désencombrer l’esprit de ses pensées, le libérer, en quelque sorte… Lorsque je dessine, je jette fréquemment les premiers croquis.

ment cette intemporalité. J’utilise une sorte de langage formel, de vocabulaire commun fait de courbes, de géométrie, qui parle dans un jeu de formes sensuelles et de couleurs. Paradoxalement, j’ai le sentiment que ce langage ne m’appartient pas. Je me l’approprie.

Dans votre travail, vous semblez traverser les décennies sans vous soucier des tendances, avec votre propre langage. Vos objets sont-ils intemporels ? On dit souvent cela de mon travail, mais je ne recherche pas forcé-

Vous êtes élu Créateur de l’année 2017 par Maison & Objet, que représente cette nomination pour vous ? C’est une forme de reconnaissance de mon travail de la part d’un grand salon professionnel, un moment agréable de ma carrière.

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5/Table basse Large, aluminium brossé et laqué, série « Platform », 2005, série limitée, Galerie kreo. 6/Coupe bois et laque, Hermès Maison 2016.

Mais cet événement ne change en rien ma façon de travailler, ni de penser. Pensez-vous qu’il existe un design français, tout comme un design scandinave, belge, ou italien ? Il me semble qu’il y a des designers et des bons designers français, connus et reconnus sur la scène internationale. Je ne sais pas s’il existe un design qui serait particulièrement français, car les individualités sont assez fortes. En revanche, dans notre histoire artistique et industrielle, les créateurs sont sans cesse tiraillés entre le

design industriel et les Arts décoratifs. C’est une réalité qui est peutêtre en train de changer avec la jeune génération. Avez-vous des matériaux de prédilection ? Chaque projet me donne l’occasion de travailler avec des matériaux très différents : céramique, verre, bois, métal, mosaïque… Je n’ai pas d’affection particulière pour un matériau, et il est rare que ce soit la matière qui dicte le projet. Hormis avec la Manufacture de Sèvres, pour lequel la porcelaine m’était imposée, ou bien la Galerie kreo qui m’avait demandé


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© FABRICE GOUSSET.

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d’utiliser la mosaïque de Bisazza, dès 2007, pour la création de la série « All’ Aperto », et en 2012 pour la série «  Crescendo  ». En réalité, nous avons adapté l’un de mes dessins sur ordinateur pour le transmettre au fabricant. Une fois les pièces réalisées, j’ai pu constater que la mosaïque avait restitué exactement la vibration du dessin manuel initial. Dans le design, on n’est jamais seul, j’ai des collaborateurs de la conception à la réalisation. On est dans le partage, à la différence des arts plastiques pour lesquels l’objectif n’est pas le même. Mais dans l’art contemporain, les œuvres actuelles font ap-

pel de plus en plus à la technicité et aux techniciens. Sur quels projets travaillezvous en ce moment ? Je travaille sur les décors de carrelage pour Ceramiche Piemme. Un fabricant industriel qui brasse de gros volumes et avec lequel il y a beaucoup de contraintes. Et je dessine la prochaine médaille du marathon de Paris 2017, un projet complètement inattendu. Avez-vous un objet ou un désir à concrétiser ? La meilleure façon d’avoir des rêves est de ne pas en avoir et

les rêves arrivent d’eux-mêmes… Je pourrais comme tout designer être désireux de créer une chaise, que je n’ai par ailleurs jamais faite. J’ai fabriqué un prototype en 1993, que j’aime quand je le regarde avec ses défauts et ses qualités mais qui n’est jamais entré en production. En 1998, Jasper Morrison a réalisé une chaise pour le couvent de La Tourette en fonction d’un lieu bien précis, le réfectoire. De la même façon, je suis un peu comme un architecte, le contexte m’intéresse, celui du fabricant aussi, l’histoire de l’éditeur également. Je n’ai pas le fantasme absolu du designer de dessiner sa chaise.

Bio en 5 dates 1984 : diplôme de l’École des beaux-arts de Bourges cursus arts plastiques 2005 : collaboration exclusive avec la Galerie kreo pour des pièces en série limitée 2011 : exposition personnelle au Grand-Hornu, Belgique 2014 : monographie publiée par l’éditeur JRP Ringier 2015 : exposition personnelle lors du Festival international de design à la Villa Noailles, Design Parade

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TALENTS À SUIVRE

CINQ JEUNES

DESIGNERS FINLANDAIS L’édition 2016 du salon Habitare à Helsinki a exposé les créations de multiples talents émergents, révélant la formidable bonne santé du design finlandais. Rencontre avec cinq d’entre eux. Anne Swynghedauw Grâce à une formation multidisciplinaire en design, art, architecture et nouvelles technologies, ces jeunes pousses du design ont déjà des projets personnels finalisés et, sur le marché du travail, un pied chez les éditeurs reconnus. L’excellence, la créativité au cœur de l’innovation caractérisent cet enseignement pratiqué en Finlande, en témoigne l’Aalto University de Helsinki, de renommée internationale, résultat de la fusion depuis 2010 de l’École supérieure de commerce, de l’Université des technologies et de l’École supérieure Aalto d’art et de design. L’anniversaire du centenaire de l’indépendance de la Finlande, en 2017, est l’occasion de mettre en lumière la dimension nova-

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trice de ce pays ravagé par la Seconde Guerre mondiale et qui a dû se reconstruire. Depuis l’ère des designers architectes iconiques des années 1950 à 1960, Alvar Aalto, Tapio Wirkkala et Eero Aarnio, architecture et design sont étroitement mêlés et accompagnent le quotidien, partout, dans les lieux publics, cafés, musées, à la maison ou ailleurs. À côté des marques emblématiques, Artek, Marimekko, Fiskars, Nokia ou Iittala, pour ne citer que les plus connues, la jeune garde du design finlandais affiche son dynamisme, boostée par ces entreprises. Le dernier salon Habitare et la Design Week à Helsinki sont deux événements de taille moyenne, loin du gigantisme de Maison & Objet

à Paris, et ont offert au public et aux professionnels une dimension à échelle humaine, à l’image de ce design si accueillant. D’une part, l’espace dédié aux jeunes designers, The Block, supervisé par les commissaires d’exposition Elina Aalto, Krista Kosonen et Saara Renvall d’Imu Design, regroupait les talents à venir au sein d’un minishowroom, Talentshop. « Notre objectif est de présenter des designers qui ont déjà leur propre identité et qui ont aussi démontré leurs compétences, mais qui restent inconnus du grand public. Les sélectionnés suivent leur propre chemin, c’est pourquoi nous osons affirmer que ces noms sont les créateurs de l’avenir », confirment les commissaires. D’autre part, Protoshop,

autre vivier de jeunes talents, réunissait les projets libres à l’édition, issus des écoles de design, avec pour thème des idées innovantes pour la maison. « Les produits montrent les tendances de notre époque : les formes douces et les couleurs actuelles. Les projets finalistes forment un tout qui porte aussi un message de nouveauté, la rugosité primitive émerge à côté de la sensibilité et de la douceur », raconte Saara Renvall. Parmi ces jeunes talents, focus sur la démarche d’Anni Pitkäjärvi, d’Elina Ulvio, d’Hanna-Kaarina Heikkilä, de Riku Toivonen, de Salla Luhtasela et de Wesley Walters et sur leurs créations abouties qui réenchantent le quotidien, et pour lesquelles il reste à conquérir le grand public !


Suspension O, feuilles de contreplaqué issu de l’aéronautique, création Anni Pitkäjärvi, 2016.

Sa formation en architecture l’oriente vers la recherche fusionnelle de l’espace et de la forme afin de donner naissance à une nouvelle dimension au mobilier. Déjà reconnue par la profession, elle est primée en 2013 au concours de design du salon Habitare, sélectionnée au Talentshop 2015. En 2016, Wallpaper la présente comme l’un des meilleurs talents du monde. Membre du collectif Luomo, elle poursuit ses études avec une maîtrise en design à l’Aalto University et travaille en tant que designer freelance. Fas-

cinée par les reflets de la lumière, elle crée ses petites tables Kuu, dont la couleur change en tournant le plateau, et ses miroirs Lampi à double emploi, qui se démarquent par un style personnel et une vraie identité. Autre facette de son talent, la rigueur. Elle réinvente les fondamentaux de l’assise, avec une sobriété et une géométrie stricte, dans le dessin minimaliste de la chaise Kuu. Elina a conçu la collection LSD, un ensemble remarquable, au-delà du design, synthétisant ses recherches, une exploration des frontières de la forme,

Collection LSD tablette, table, lampe et chaise, l’univers d’Elina Ulvio au complet.

©ANNIKKI VALOMIELI

Originaire de la ville de Jyväskylä, elle est diplômée en design industriel au sein de la North Karelian University of Applied Sciences de Joensuu. Aujourd’hui, elle complète sa formation avec une maîtrise en design produit et d’espace à l’Aalto University. Déjà dans la vie active, elle a travaillé pour des sociétés finlandaises et internationales telles qu’Artek, Aarikka et Hakola Ltd. En 2015, elle fait un stage chez le suédois Ikea à Älmhult. Ces produits, l’étagère Lempi et le porte-manteau Pinna, sélectionnés en 2014 et 2015 dans le Protoshop, lui ont permis de trouver un éditeur en un temps record. Ils ont été exposés également à Milan, Stockholm et Helsinki. « Mon univers est clair et jamais ennuyeux. J’aime concevoir du mobilier et des objets inventifs qui dégagent aussi une force émotionnelle. » Elle participe aux expositions avec le collectif Luomo, qui promeut le meilleur du design finlandais, et est déjà présente dans la presse internationale, telle que Wallpaper*, Domus, Fiera… Avec l’étagère Tovi, Anni Pitkäjärvi explore la ligne et la surface d’un produit simple basé sur

©ALEKSI TIKKALA

©ALEKSI TIKKALA

Elina Ulvio, des limites de l’espace aux objets

©ALEKSI TIKKALA

l’adaptabilité, qui se glisse en divers endroits et recoins, offrant plusieurs matériaux de finitions. La suspension O fait référence à la palourde de sa région natale, ponctuée d’une constellation de lacs, au centre de la Finlande. Elle s’est inspirée d’une coquille très mince et fragile, tout en douceur et en rondeur. Bien conçue et conditionnée en paquet plat, marketing oblige…

Anni Pitkäjärvi, objets fonctionnels voire émotionnels

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TALENTS À SUIVRE

de l’espace et de la lumière. « Je me suis inspirée de mon expérience en architecture et de mon intérêt pour le subconscient, en rompant les limites entre l’objet et l’espace et en utilisant la lumière, l’ombre, la réflexion et le mouvement. »

Originaire de Kemi, petite ville du nord de la Finlande, Hanna-Kaarina Heikkilä possède deux casquettes. Architecte, elle collabore à différents projets, au sein des agences OOPEAA et Sou Fujimoto. Designer, elle étudie à l’Aalto University, travaille chez Artek, Woud, et poursuit son apprentissage chez Ikea, au siège social à Älmhult, en Suède. Déterminée, elle continue ses expériences à l’internationale en immersion totale, à Copenhague, à Tokyo et en Suède. Elle s’intéresse aussi bien aux différentes cultures qu’à la diversité des matériaux et aux méthodes de fabrication. « Travailler à l’étranger avec mes propres projets devient peu à peu une priorité. L’année prochaine, je vais au Mexique pour collaborer avec une usine locale de céramique. » Hanna-Kaarina Heikkilä applique les savoir-faire à différentes échelles et adopte une approche multidisciplinaire en proposant

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Installation d’éléments Keshiki, verre soufflé teinté, création Hanna-Kaarina Heikkilä.

de nouvelles créations, afin de générer des expériences uniques et de nouvelles histoires. L’un de ses moyens d’expression favoris est le verre, qu’elle utilise avec la technique de soufflage artisanal. Une technique à la fois maîtrisée et aléatoire qui laisse libre cours à son imagination. Avec l’installation Keshiki, elle compose des paysages aquarellés ; avec la lampe Henki, elle plonge le spectateur dans des atmosphères mystiques épurées et dissimule la source lumineuse dans son support. Hanna-Kaarina Heikkilä recherche en permanence de nouveaux défis afin d’étendre sa créativité. Ses œuvres ont été récemment exposées à Milan, Helsinki, Londres, Stockholm, au Mexique et dans des magazines prestigieux tels que Wallpaper, Asun et Icon Magazine.

Riku Toivonen, de l’humour sur fond de nature

©ALEKSI TIKKALA

©ALEKSI TIKKALA

©KIMMO METSARANTA

Hanna-Kaarina Heikkilä, le partage en mode local

Fraîchement diplômé, en 2016, de la Lahti Institute of Design and Fine Arts en design mobilier, Riku Toivonen poursuit ses études à l’Aalto University en design mobilier et design d’espace et travaille en parallèle chez Aito Projects. Son expérience ? Une licence en menuiserie en poche et des montages de décors pour des scénographies de théâtre. Avec ce bagage, Riku Toivonen tient à préserver son imagination débordante. Ce Finlandais pur jus adore se ressourcer en se baladant en forêt, écouter la quiétude de la nature et se détendre au sauna ! « Dans le design, mon objectif est de résoudre les problèmes de la vie quotidienne avec une touche d’humour. Je pense que cela peut rendre la vie bien meilleure. » Le résultat de ses premières créations est déjà prometteur ; ses produits sont innovants, fonctionnels, écoconçus, tenant compte des défis environnementaux actuels.


moelleux. Ce projet de fin d’études a été conçu pour le mobilier du futur campus de l’université des sciences appliquées de Lahti, sur le thème de la technique de tissage du tissu d’ameublement, dans un processus expérimental et détourné. Riku Toivonen n’hésite pas à se mettre en scène, allongé ou assis sur son canapé fétiche, joueur, rieur, sérieux en aucun cas…

Studio Kaksikko, influence nippone et design nordique

mique et le mobilier en bois, ils se passionnent pour les formes fonctionnelles, les qualités tactiles de chaque matériau et le processus de production. Étudiants, ils se sont rencontrés à l’Aalto University et collaborent ensemble sur un large éventail de projets sous le nom de Studio Kaksikko. La fibre de Salla ? Son expérience en tant que confiseur a aiguisé sa sensibilité à la forme et à la présentation impeccable. Quant à Wesley, il a été fortement baigné dans la culture japonaise, et parle la langue. Pas courant ! Le duo est déjà bien ancré dans la vie professionnelle. Première création sur le marché : un tabouret produit par la célèbre société finlandaise de meubles Nikari

pour Finnish Design Shop. Kaksikko a été élu afin de représenter l’un des talents émergents du design finlandais, avec d’autres designers plus connus, pour célébrer le centenaire de l’indépendance de la Finlande. Il a imaginé des produits d’art de la table autour du projet Koti, à Paris, en 2017. Ce projet est une guest house, remettant au goût du jour la cabane en bois traditionnelle, au sein même de l’Institut finlandais. Que ce soit avec la chaise Korematsu, conçue pour un cabinet d’ostéopathie au Japon, ou la cafetière Piippu à double usage, Kaksikko sublime la justesse des proportions et la sensualité du bois, de la porcelaine, tout en retenue.

Un duo, un tandem… Salla Luhtasela et Wesley Walters ne font qu’un. Designers spécialisés dans les objets en céra-

Canapé Tuohinen 1, bouleau et polochons tissés, création Riku Toivonen et Mikko Lanne, 2015.

©CHIKAKO HARADA

Le créateur adopte volontiers les techniques appropriées pour chacun de ses projets tout en restant ludique. Avec Taneli Kakkonen, le porte-manteau se régénère. Il utilise la technique de découpe du contreplaqué par jet d’eau haute pression, qui engendre peu de déchets de matériaux. Avec Tuohinen, le canapé se réinvente dans un tissage de polochons super

©CHIKAKO HARADA

Chaise Korematsu, prototype chêne massif et laminé, création Studio Kaksikko, 2015.

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RÉÉDITIONS

Seconde jeunesse Avec leur savoir-faire et grâce à l’évolution des techniques, les éditeurs font revivre ces pièces iconiques tout en étant conformes à la conception du modèle original. Anne Swynghedauw 1

Articulée

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Tous les chineurs la connaissent bien… Désormais très recherché en VO, ce modèle a été créé et distribué par la Société nouvelle des établissements Jumo, avec ses soixante-dix pièces assemblées à la main, ses matériaux, cuivre et bakélite, d’origine. Cet incontournable du luminaire est équipé d’une ampoule nouvelle technologie led chaude, et, une fois fermé, il révèle sa forme galbée sensuelle. New Jumo, Concept Lampe Classique, création 1944, disponible en noir ou en blanc, chez Fleux, 580 €

Influence nippone

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Jamais entré en production, ce prototype remporte néanmoins le prix de la Première Exposition Selettiva au Concours international du meuble de Cantù, devant un jury prestigieux composé de Gio Ponti, Alvar Aalto, Romano Barocchi, Carlo De Carli et Finn Juhl. Inspiré du Japon, ce système de construction particulier est basé sur un joint articulé à trois fourches. Molteni & C, commode, création Werner Blaser 1955, édition limitée et numérotée à 100 exemplaires, prix sur demande.

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Encore et toujours

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On ne la présente plus. En 2016, elle fait son entrée dans une nouvelle finition exclusive en chêne teinté gris chaud et piétement assorti bronze, laissant apparent le veinage de l’essence du bois de chêne avec un look un brin patiné. Une autre façon de souligner la ligne parfaite et organique de cette chaise. Fritz Hansen, chaise Fourmi, création Arne Jacobsen 1952, à partir de 385 €

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Nouvelle version

Masquant le mythique treillage d’acier qui a fait son succès, elle conserve pourtant toute l’intemporalité de son style, gainée de cuir, comme une seconde peau. Knoll, chaise Bertoia Chair, création Harry Bertoia 1950, prix sur demande.

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RÉÉDITIONS

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Mythique

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Le prototype d’origine, en plastique, a été anéanti sous l’effet de la chaleur, et le projet, voué à l’échec ! Par la suite, la lampe fut fabriquée en verre soufflé. Aujourd’hui, grâce à l’évolution des techniques et à l’invention de la led, l’éditeur a réussi le pari de la fabriquer dans son matériau initial, mais plus performant et pérenne, pour aboutir à une forme parfaite. Flos, lampe Taccia, création Achille & Pier Giacomo Castiglioni 1962, en polyméthacrylate, source lumineuse à faible émission calorifique, chez Made in design, 1 250 €

Danish

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C’est grâce en partie à l’entreprise britannique CWF France et à ses partenariats avec les designers que le style Danish Modern des années 1950 à 1960 a connu son essor en Europe puis aux États-Unis. Destiné au marché américain, ce fauteuil a une conception simple adaptée à la production industrielle. Onecollection, fauteuil FJ 136, création Finn Juhl 1956, prix sur demande.

Diagonales

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Disparu il y a dix ans, Vico Magistretti se plaisait à dire que « le monde aura toujours besoin de plus d’authenticité poétique ». Ce modèle en est un bel exemple, jouant librement avec ses structures inspirées des tipis des Indiens d’Amérique. Il est, de plus, réalisé avec le savoir-faire artisanal de l’atelier de Cassina à Meda. Cassina, bibliothèque Nuvola Rossa, création Vico Magistretti 1977, prix sur demande.

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Rééditions chez Nemo À l’occasion de la Biennale Interieur 2016 à Courtrai en Belgique, l’éditeur de luminaires franco-italien Nemo a exposé des rééditions emblématiques. Depuis plus de dix ans, Nemo réédite les grands maîtres, Le Corbusier, Vico Magistretti, Franco Albini, Charlotte Perriand ou Kazuhide Takahama. Dans un parcours composé d’esquisses, de photographies et de prototypes de luminaires, l’exposition « La Luce » a fait revivre les modèles du Corbusier ou de Charlotte Perriand, créés pour des lieux ou des projets d’architecture : la Potence Pivotante, le Projecteur 165

et 365, l’applique et la lampe de Marseille, la lampe Escargot, le lampadaire Parlement, la Borne Béton… « Le travail entre Nemo, la Fondation Le Corbusier et les Archives Charlotte Perriand a été d’affiner une multitude de détails, de finitions et de versions, à partir des dessins techniques, des photographies, sans jamais altérer l’essence de ces produits, sans jamais tomber dans la nostalgie », résume Federico Palazzari, directeur de Nemo. D’une simplicité déconcertante et conçus pour la fonctionnalité avant tout, ces luminaires ont été imaginés exclusivement pour des architectures dans un

projet global et définitif. Nemo se veut interprète des grands maîtres, les rendant accessibles au grand public. Certaines archives, rares et précieuses, ont révélé des ruptures stylistiques, comme la Potence Pivotante de Perriand, conçue dix ans avant celle de Jean Prouvé. Dans les années 1920, Charlotte Perriand, fascinée par la lumière, a utilisé des projecteurs de cinéma Kodak ou des phares de voiture pour l’éclairage des maisons. « Ses luminaires sont à la fois fonctionnels et minimalistes, conçus comme les meubles, à une échelle architecturale. Ce ne sont pas des luminaires de designer, mais bien des luminaires

d’architecte, utilisant les volumes et les proportions, comme élément d’un tout au service de l’espace », explique Pernette PerriandBarsac. De même pour son approche radicale et fonctionnelle, Le Corbusier a aligné trois ampoules nues attachées par des tubes au plafond de la salle à manger de la Maison La Roche à Auteuil en 1925. « La conception des luminaires, leur positionnement, leur puissance sont en permanence au point de tension entre ombre et lumière, entre les besoins et le confort, entre simplicité et mystère », précise Michel Richard, directeur de la Fondation Le Corbusier.

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ICÔNE & DESCENDANCES

LE BUTTERFLY UN PAPILLON SUR LES SOLS Entre Orient et Occident, le Butterfly de Sori Yanagi virevolte dans les intérieurs comme un rêve épinglé. Une parenthèse enchantée qui fleure bon l’ici et l’ailleurs, le mid-century modern style et la tradition nippone. Laurent Montant

Ailes du désir Aussi sculptural que la Coffee Table d’Isamu Noguchi, le tabouret Butterfly de Sori Yanagi (contreplaqué cintré laqué) se décline en érable naturel et en palissandre. Avant d’être reliées par une tige de laiton, ses ailes s’empilent et voyagent en mode économique. Démonstration d’intelligence et d’équilibre nippons ! Vitra, Butterfly, création Sori Yanagi, 1954, contreplaqué cintré laqué, laiton, H. 39 x 42 cm, 569 € en érable naturel et 773 € en palissandre.

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semblées, incurvées et jumelles reliées entre elles par une tige en laiton. Deux ailes de papillon aux allures de sculpture minimaliste ou d’idéogramme qui évoquent aussi les torii, ces portails traditionnels marquant l’entrée des sanctuaires shintoïstes. Au début des années 1940 – bien avant de devenir le designer industriel que l’on connaît –, Sori Yanagi est l’assistant de Charlotte Perriand, qui séjourne alors au pays du Soleil-Levant. La grande dame transmet au designer sa vision et son humanisme, relayant l’influence d’un père, Soetsu Yanagi, promoteur

du mouvement Mingei, qui défend l’artisanat et l’art populaire fait par et pour le peuple. Six ans plus tard, pour donner corps à sa petite assise, Yanagi empruntera encore à Charles et Ray Eames la technique du contreplaqué moulé. Au royaume des tatamis, le parti pris est audacieux ! Reste que le dialogue noué entre le Japon, l’Europe et les ÉtatsUnis, d’une part, la modernité et la tradition, d’autre part, retient l’attention des professionnels de la Triennale de Milan qui, trois ans après la création de celle-ci, décerneront une médaille d’or au « Papillon ». Certains verront

dans cette figure aérienne une réponse du Japon au fonctionnalisme d’après-guerre. Aujourd’hui élevé au rang d’icône du design, le tabouret continue de séduire par sa dimension organique estampillée seconde époque du modernisme. « La beauté vraie n’est pas faite, avançait Yanagi, elle naît naturellement. » N’est-ce pas minimiser le rôle de celui qui la poursuit comme on chasse, enfant, les lépidoptères et autres éphémères ? Ce qui est certain, c’est qu’avec son Butterfly le designer a su attraper les souvenirs collectifs dans le filet à papillons de la mémoire.

©KIN-ICHI.OGATA/OGATAINC

Le Butterfly s’est imposé dans la maison en un battement d’aile. Envolé de l’imagination libre et débridée de Sori Yanagi (19152011), ce petit tabouret créé en 1954 ne l’a plus quittée, ponctuant chambres et salons comme une respiration. Devenu modèle et mètre étalon pour qui veut créer au ras du sol, le Butterfly inspire les designers. De Giancarlo Mino à Prospero Rasulo, beaucoup lui inventent une filiation où renaissent ses traits singuliers. Point de convergence entre la tradition nippone et la modernité occidentale, l’objet prend pied sur deux pièces as-

PAPILLON NOIR Hommage au rotin et à l’emblématique Butterfly, ce tabouret homonyme est issu de la collection Vintage de la CFOC. Sept étapes de fabrication sont nécessaires pour obtenir cette finition de rotin, matière souple, résistante et intemporelle, dont le tressage s’enseigne depuis des décennies aux Philippines. Compagnie française de l’Orient et de la Chine, Butterfly, 2016, rotin tressé main et acier, H. 61 x 41 x 51 cm, 230 €

AILE ALONE Le Mirlino de Giancarlo Mino – Premier Prix du concours Cinna Révélateur de talents 2008 – évoque à bien des égards la silhouette du Butterfly. Un papillon dont le designer suisse n’aurait conservé qu’une aile tout en lui forçant les traits… Ce qui ne retire rien à son assise, loin s’en faut. Cinna, Mirlino, création Giancarlo Mino, 2009, multiplis moulé plaqué noyer, H. 53 x 41 cm, 567 €

IDÉOGRAMME À la fois table basse et tabouret, le Toy de Prospero Rasulo est empreint d’enfance mais aussi d’Orient. Très graphiques, ses lignes géométriques rappellent un bonhomme ayant perdu la tête ou un signe calligraphique proche des idéogrammes japonais. Empilés, ils forment un claustra malin. Slide, Toy, création Prospero Rasulo, polyéthylène rotomoulé, différents coloris, H. 42 x 50 x 35 cm, 108 €

TRASHY Il ne faut pas se fier aux apparences ! Pour preuve, ce tabouret qui semble fait de carton et d’adhésif alors qu’il est en cuir de Suède et en cuir verni tendus sur une armature de fer. Il est signé par le designer japonais Kin-ichi Ogata. Iconoclaste ! Kin-ichi Ogata, X Stool, cuir de Suède, cuir verni et fer, H. 49 x 40 x 53 cm, 3 850 €

RECONNAISSANCE DE PATERNITÉ Double paternité pour ce tabouret de FannyLaure. D’un côté, le Butterfly, de l’autre, le Savonarole, siège de la Renaissance italienne, d’où son nom, Butt & Roll. Jeu de mots, ce nom signifiant aussi « le derrière qui bouge » ! Lignes courbes, parallèles, pleins et vides complètent avantageusement le trait d’humour. FannyLaure, Butt & Roll, 2012, hêtre placage chêne clair, H. 43 x 43 x 27 cm, série limitée 25 ex. estampillés et numérotés, 1 500 €

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LIFESTYLE

L’ACTUALITÉ DU DESIGN AUTOMOBILE Décryptage de quatre nouveaux modèles présentés par des marques de légende premium.

BMW Série 5 : Classe Business La nouvelle Série 5 s’inscrit dans la lignée de ses aînées. Pas de révolution stylistique, donc, mais plutôt de nombreuses petites évolutions qui, misent bout à bout, renforcent l’imposante présence de la berline luxe. Comme à l’accoutumée, la sobriété extérieure cache un écrin prestigieux qui fait la part belle aux matériaux nobles et aux technologies de pointe. Le dessin de la console centrale, désormais hexagonale, est plus ramassé. L’ergonomie devrait s’en ressentir. La planche de bord au sommet de laquelle trône un imposant écran tactile présente des lignes douces qui fluidifient et apportent de la dynamique à l’habitacle. L’excellence, en résumé. Fiat 500 Riva : irrésistible La finition qui coiffe la gamme 500 reprend les codes stylistiques de Riva avec l’indémodable teinte bleue Sera, contrastée par des notes chromées et un ceinturage bleu aigue-marine. C’est dans l’habitacle que l’ambiance Riva est le plus marquée, avec la sellerie en cuir Poltrona Frau couleur ivoire qui ne dépayse pas les amateurs de yachts. De nombreux éléments sont en bois d’acajou dans lequel sont incrustées, à la main, des notes d’érable. Le procédé de fabrication est bien spécifique : la couche de bois est appliquée sur une pièce en carbone avant d’être vernie à la main. Le résultat est raffiné, stable et robuste. Sophistiqué, l’ensemble est une invitation au voyage et à la rêverie.

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Jaguar i-Pace : le premium électrique La marque anglaise présente un véhicule 100 % électrique baptisé i-Pace. L’absence de moteur thermique et les contraintes liées à la motorisation électrique ont permis aux designers de bousculer les codes stylistiques de la maison. Il en résulte une auto très sportive, ramassée avec une ligne de toit basse, un cockpit avancé, un capot court et des lignes acérées. Ce style très réussi sert l’aérodynamique – le nerf de la guerre dans le design auto –, avec un coefficient de traînée faible (Cx 0,29). De quoi optimiser l’autonomie du véhicule alimenté par quatre moteurs électriques situés dans les roues. Cette architecture offre plus de liberté et d’espace dans l’habitacle avec notamment la console centrale suspendue. Le tableau de bord, quant à lui, fait la part belle au digital avec un grand écran et un pavé tactile. La version de série est prévue pour fin 2017. Lexus Kinetic Seat : prime à l’ergonomie Basé sur une structure en filet façon toile d’araignée, le Kinetic Seat Concept a été développé pour assurer un confort inédit. Articulés autour d’un pivot central, l’assise et le dossier enveloppants suivent les mouvements du corps, réduisant ainsi les forces exercées sur la colonne vertébrale. Le centre du siège, point de départ de cette toile d’araignée, est placé au niveau des omoplates. Une conception qui épouse les mouvements naturels du torse et assure la stabilité de la tête. Ce design est concrétisé par un matériau baptisé Qmonos. Conçue par le suédois Spiber, cette fibre synthétique se compose d’une protéine obtenue par fermentation microbienne. Un procédé de filature et de transformation permet ensuite de fabriquer ce matériau que Lexus assure aussi résistant que l’acier.

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LIFESTYLE

DESIGN AUTOMOBILE

AUDI Q2

L’HEURE DU CHANGEMENT Inclassable. C’est ainsi qu’Audi définit son Q2. Ce crossover urbain préfigure un renouveau stylistique de la marque. Laurent André S’il y a un reproche que l’on peut faire depuis quelques années à certains constructeurs premium, dont Audi, c’est l’absence de prise de risques dans le design des nouveaux modèles. L’argument est recevable : pourquoi changer une recette qui marche ? Certes, chaque millésime apporte son lot de petites retouches, mais globalement l’esthétique évolue très peu et l’œil novice peine à s’y retrouver. En s’essayant au crossover urbain, segment très apprécié des jeunes familles et de la clientèle féminine, Audi préfigure un tournant esthétique qui devrait s’affirmer dans les prochaines années. Et pour mieux symboliser le pas, la marque aux anneaux a décidé de présenter l’auto dans un cadre étonnant : le Lisbonne alternatif. Loin des clichés touristiques, nous

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nous retrouvons à l’Underground Village, en périphérie de la ville. Cet espace de coworking destiné aux artistes, designers et autres créateurs a été conçu par, entre autres, Mariana Duarte Silva, dans le prolongement du Village Underground de Londres. Le Q2 se fond à merveille dans cet environnement très coloré. Ne nous trompons pas, s’il est plutôt agréable en gris ou noir, c’est le bleu, le rouge, l’orange ou encore le jaune qui l’honorent le mieux. Reprenant les codes du SUV pour les deux-tiers bas et du coupé sportif pour le tiers haut, le Q2 demeure très compact et rompt avec l’aspect mastodonte de ses aînés. L’homogénéisation de ces deux univers est rendue possible par une ligne qui part de la calandre pour parcourir le profil, avant de

se diviser en deux pour souligner les épaules et annoncer un arrière musclé. Cela a pour effet d’appuyer la sensation de cockpit enfoncé et d’intégrer le haillon. Une belle trouvaille esthétique qui nuit malheureusement à la visibilité à l’intérieur, en créant un important angle mort. Autre astuce design pour minimiser l’aspect massif : les montants des vitres en noir et les side blades colorés. Cela empêche les éléments verticaux de nuire à la dynamique enclenchée par les arêtes vives qui ceinturent la carrosserie. Le capital sympathie se retrouve également à l’intérieur avec un habitacle dont la qualité des matériaux est à la hauteur de la réputation d’Audi. Il y règne une ambiance raffinée et moderne. On note immédiatement les

boutons «  piano  » qui habillent une console centrale épurée. On regrettera tout juste que l’écran qui trône sur la planche de bord ne soit pas plus orienté vers le conducteur, ce qui aurait offert une lisibilité optimale. Heureusement que l’on peut disposer en option de l’excellent Virtual Cockpit, un tableau de bord entièrement numérique. Ultime détail : les inserts décoratifs à leds sous la planche de bord. Inutiles donc indispensables, ils ajoutent une certaine dose de charme et de fun. Avec le Q2, Audi réussit un double pari : l’incursion dans le segment du crossover premium, encore peu développé, et le début d’une renaissance esthétique qui devrait se poursuivre au cours des prochaines années.


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LIFESTYLE

DESIGN AUTOMOBILE

FORD GT

AMKO LEENARTS, FORD

LE DESIGN AU SERVICE DE L’EXPÉRIENCE UTILISATEUR Depuis dix ans, l’intérieur des voitures a considérablement évolué. Généralisation des écrans, pavés tactiles, aides à la conduite, intégration des smartphones… Autant d’éléments qui ont forcé les designers à repenser le rôle et la structure de l’habitacle, au détriment parfois de l’émotion. Explications avec Amko Leenarts, directeur du design intérieur chez Ford. Laurent André Comment a évolué votre travail ces dernières années ? Les équipements et les technologies ont pris une place prépondérante dans la conception d’un véhicule. Les discussions s’articulent autour de cela, « j’ai telle option, on va mettre cette nouvelle technologie ». Et cela avant même que l’habitacle soit dessiné. Son design est donc conçu à partir et pour servir ces éléments. Cette démarche a changé l’approche du travail. Chez Ford, nous avons décidé de redéfinir le rapport design/équipe-

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ments. Cela ne veut pas dire que nous allons arrêter d’innover mais nous allons faire en sorte que les technologies soient intégrées à un design qui a du sens, qui crée une expérience, une relation émotionnelle avec les passagers. Avec la généralisation des écrans, ne va-t-on pas justement vers une épure totale, un habitacle seulement habillé d’un écran géant, comme chez Tesla ? Il y aura toujours des boutons

dans l’habitacle. L’écran ne peut pas être l’unique accès à toutes les fonctionnalités. On ne peut pas voir six ou sept sous-menus comme sur un smartphone, pour la simple et bonne raison que l’on est en mouvement et que l’attention doit être focalisée sur la route. Nous devons rendre les choses simples tout en proposant une expérience utilisateur la plus optimisée possible. Le conducteur doit pouvoir accéder à toutes les fonctions qu’il souhaite facilement et naturellement.


HABITACLE FORD FIESTA 2017

FORD GT

Comment définit-on cela ? Nous faisons beaucoup de recherches et de développement auprès des utilisateurs, et notre base de travail est la vraie vie. Nous observons les gens dans leur vie quotidienne : ce qu’ils regardent en premier, comment ils utilisent l’auto, comment ils interagissent avec leur environnement et entre eux. Nous travaillons sur des notions qui semblent évidentes et basiques, mais dont le perfectionnement fait la différence : comment interagir avec tel ou tel élément, le déroulé lors d’un arrêt au péage, où ranger le téléphone portable. Nous avons même mesuré l’activité cérébrale lors du toucher d’un volant ou d’un bouton afin de mieux comprendre ce qui attire l’attention et ce que ressentent les utilisateurs. Cette démarche ne vise-t-elle pas l’amélioration de l’existant plutôt que l’innovation ? Certes, posséder nombre de données est important, mais cela ne

fait pas tout. C’est la façon dont elles sont interprétées qui est capitale. Le but étant de donner du sens à ces voyages. On pourrait se laisser aller à toutes les fantaisies, mais nous nous focalisons sur l’expérience utilisateur. S’ensuivent alors des phases de dessin et de tests jusqu’à ce que nous arrivions à un résultat qui nous satisfasse pleinement. Nous voulons créer des moments mémorables tout en répondant à des besoins dont les gens n’ont pas encore conscience. Outre les fonctionnalités, qu’en est-il des émotions, des sensations ? J’ai l’habitude de dire que l’on tombe amoureux du design extérieur, mais que l’on se marie avec son intérieur. Quand vous louez une voiture, vous vous faites un avis sur l’habitacle en quelques secondes, et c’est très aléatoire : ambiance de la voiture, ressenti au toucher, forme de la clé.

FORD GT

Il faut donc créer de l’émotion, ce qui n’est pas facile avec un produit composé majoritairement de plastique. Le choix des matériaux qui offrent une sensation plus noble est important, le reste se joue dans le dessin. Sur la nouvelle Fiesta, qui est un modèle très important pour Ford, nous avons réduit au minimum les raccords et le nombre d’éléments. La planche de bord n’est composée que d’une seule pièce. Cela permet d’améliorer l’impression de qualité ressentie tout en réduisant un certain nombre de problèmes industriels liés à l’assemblage des pièces. Après, il faut composer avec les contraintes. Pour des questions légales de sécurité, il ne peut y avoir d’angles pointus ou de pièces trop fines là où le corps est susceptible de se cogner en cas de collision. Mais c’est possible dans les espaces où ce n’est pas le cas, comme l’intérieur d’un videpoche, par exemple. Jouer avec ces contraintes permet d’être plus

créatif. Il y a également les faits propres à chaque marché. Aux États-Unis, les routes sont faites de façon que l’on roule sur un axe soit nord-sud soit est-ouest. À un moment de la journée, le soleil va nécessairement se refléter dans l’écran tactile. Il faut prendre cela en considération dans le dessin. Ainsi, dans la nouvelle Fiesta, l’écran est vertical pour éviter les reflets et placé assez haut pour que le conducteur quitte des yeux la route le moins longtemps possible. C’est l’accumulation d’une infinité de détails qui, au final, fait que les voyages prennent du sens. Amko Leenarts 2000 : Master of Arts, design automobile, Collège des arts de Londres 2000 : Designer intérieur chez PSA 2009 : Directeur du design intérieur Peugeot 2012 : Directeur monde du design intérieur Ford. Il supervise 9 studios et 45 modèles dans le monde.

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LIFESTYLE

EXPOS 10E BIENNALE INTERNATIONALE DU DESIGN SAINT-ÉTIENNE DU 9 MARS AU 9 AVRIL 2017

LE TRAVAIL DU FUTUR Pour sa 10e édition, la Biennale internationale du design s’inscrit plus que jamais au cœur des questions de société : les mutations du travail seront le fil rouge de cet événement baptisé « Working Promesse ». Bienvenue dans un monde meilleur ? Nathalie Degardin

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De mars à avril, Saint-Étienne accueille une nouvelle fois la Biennale du design avec une sacrée gageure : inciter le public à réfléchir sur les enjeux actuels du monde du travail et à interroger le rôle du design dans les mutations en cours. Intervient-il comme facilitateur, accélérateur de ces évolutions ? A-t-il un positionnement critique ? Propose-t-il des alternatives ? Selon Olivier Peyricot, directeur scientifique de la Biennale et directeur du pôle recherche de la Cité du design, cette réflexion sur le travail commence dans l’histoire du design en 1840, avec la parution du traité d’économie domestique de Catharine Beecher pour optimiser les tâches de l’habitat. Si cet essai visait la transposition des techniques utilisées dans l’industrie pour améliorer la tenue d’un foyer, les décennies suivantes ont logiquement vu le développement de l’électroménager. De nos jours, avec l’avènement du numérique, la porosité entre sphères privée et professionnelle mettent à nouveau en question l’organisation de notre vie quotidienne. Ainsi, les designers sont tenus de prendre en compte aujourd’hui la façon dont le digital invente un autre rapport à la tâche, avec des formes douces, intuitives, mais surtout modifie les cadres de vie, touche la structuration de

tous les espaces, et notamment les plus intimes : on travaille partout, dans un train, chez soi ou à son bureau, et l’on voit apparaître des nouveaux modes relationnels avec les pratiques collaboratives ou le coworking. La Biennale entend s’interroger sur ces usages, leurs impacts sur notre organisation sociale, questionner le fondement de ce qui ne se voit pas – comme les algorithmes derrière les interfaces que nous utilisons –, notre rapport à la productivité, la question de l’expérience… Quels seront les futurs métiers ? Et quels seront les objets qui accompagneront ces nouveaux savoir-faire ? Par un panorama des mutations en cours, la Biennale veut prouver combien, dans nos vies, selon Olivier Peyricot, « le design est un composite aujourd’hui et non pas une approche stylistique ». En réunissant des designers, mais aussi des artistes, chercheurs, philosophes et scientifiques, elle nous partage leurs projections, un pied dans un imaginaire créatif, entre utopie et science-fiction, et un autre dans le réel, entre rétrospective des avancées du siècle dernier et présentation de projets pilotes. Expositions dans trente lieux, ateliers, débats seront bien sûr au rendezvous, sachant que d’autres villes comme Paris ou Lyon feront écho à l’événement au même moment.


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EN PREVIEW

Parmi les nombreuses expositions présentées à la Cité du design ou sur le territoire, Design@Home a repéré pour vous : « Panorama des mutations du travail » Des objets domestiques et industriels aux objets communicants présents dans la cuisine, en passant par les robots, ce parcours s’interrogera sur les formes émergentes du travail, à l’ère du digital. « La fin du travail », installation de Stéphane Degoutin & Gwenola Wagon Le public déambulera dans un call center abandonné installé dans une forêt tropicale. Sur des moniteurs, des vidéos en boucle interrogent le travail : des stratégies de survie aux biorythmes, des modes de résistance à sa disparition. Entre posture philosophique, humour, critique et détournement, autant de pistes dont le design se nourrit. À noter, en complément, le musée de la Mine présentera une exposition sur l’automatisation. « Design Matrice », exposition à la Cité du design Retour sur l’accompagnement de cinq entreprises régionales pour leurs premiers projets design par le pôle entreprises et innovation. « Extravaillances Working Dead » Robots, intelligence artificielle, objets du futur analysés par des archéologues, univers où l’on se cote, où l’on s’évalue en permanence… La science-fiction s’invite à la Biennale ! Le pu-

blic est invité à traverser cinq zones et, allongé dans des espaces de détente, à être littéralement à l’écoute de capsules qui racontent ces mutations. École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne L’école présentera quinze projets spéciaux, dont « Demain, c’est loin », qui présentera les projets des diplômés, et le projet « Archi Meublé » dans lequel les étudiants détournent les codes habituels du mobilier. « Lucky Larry’s Cosmic Commune » Jerszy Seymour propose un refuge-hôtel : une expérience d’économie circulaire. Les visiteurs ne paient pas mais doivent apporter quelque chose, jardiner, cuisiner, créer un merchandising pour faire connaître le lieu… Banc d’essai Test dans la ville de vingt prototypes de mobilier urbain. Rue de la République Utilisation des pas-de-porte vacants pour présenter des jeunes créateurs.

Programme complet sur www.biennale-design.com

©DMITRIY SHIRONOSOV

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1 /« Panorama des mutations du travail », exposition « La fin du travail », Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon. 2 /« WIP (Work in progress) », à la Comédie de Saint-Étienne, centre dramatique national. Pauline Sales a demandé à quatre jeunes auteurs (Penda Diouf, Vincent Farasse, Pauline Peyrade, Guillaume Poix) d’écrire quatre textes sur les mutations du travail, qui seront joués par les élèves de la promotion 28 de l’École de comédie de Saint-Étienne.

Detroit, ville innovante De ville sinistrée, en faillite, Detroit est devenue le symbole d’une cité qui se réinvente, grâce à une attitude proactive, authentique, des artistes et des entrepreneurs conscients de cette unicité et qui l’ont replacée sur la scène internationale. Ville créative Unesco de design, elle est l’invitée logique de cette Biennale de design, avec une carte blanche donnée au studio Akoaki qui témoignera de la façon dont les habitants réinventent leurs manières de travailler et de vivre. Au cœur de la Manufacture, le café ShiftSpace accueillera des rencontres et des ateliers autour des interconnexions entre design, technologie, politique et économie.

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LIFESTYLE

CÔTÉ ARTS

ADRIAN FALKNER, SANS BRUIT ET SANS FUREUR Il est passé du graff à la peinture sur toile. Il a laissé derrière lui Smash 137 pour revenir à son patronyme de naissance, Adrian Falkner. Et pour accompagner sa mue, il a repris des études et passé une maîtrise à l’Academy of Art and Design de Bâle. Nous l’avons rencontré chez Franck Le Feuvre le 24 mai dernier au vernissage de son exposition « Thinking Hand ». Interview Louis Collet

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Ta rencontre avec Chus Martínez a-t-elle été déterminante dans le choix de revenir à une création plus institutionnelle ? Chus Martínez, directrice du MacBa à Oslo et curatrice de la Biennale de Kaboul, a accepté de diriger ma maîtrise. Sa curiosité, son énergie, sa confiance ont été des moteurs essentiels dans ma formation. Elle renoue avec l’idée qu’un lien fort existe entre l’art et la science. Il est vrai qu’à la Renaissance on était à la fois philosophe, peintre, homme de sciences (tel Léonard de Vinci). Les pointillistes se sont appuyés sur les théories de Chevreul. Le futurisme crée des typologies du bruit, etc. Lectures, conférences, séminaires ont été les meilleurs outils pour disséquer l’art et tenter de cerner le marché postcontemporain, pour le moins déconcertant. Bien sûr, mon travail n’a pas de lien direct avec des recherches aussi poussées, mais il répond à de nombreuses interrogations sur la représentation de la perfection et de l’imperfection. !

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« L’homme est plein d’imperfections, mais ce n’est pas étonnant si l’on songe à l’époque où il a été créé », disait Alphonse Allais. (Rires.) As-tu quitté Smash 137 parce qu’il appartenait à une époque révolue ? La transition s’est faite en douceur, en 2014. J’ai fait une exposition signée Smash/Adrian, puis est venu Adrian:Smash. Je ne renie pas ce que j’ai fait sous le nom de Smash, mais je prends un autre chemin, et je suis certain que le public va accepter cette transition et comprendre ce que je fais sans me renvoyer à ma période graffiti. Il va certainement falloir un peu de temps, deux à trois ans, pour que la séparation soit claire, mais il faut que je l’accepte. J’ai commencé à peindre sur les murs à l’âge de 12 ans. J’ai toujours de plaisir et d’émotion quand je me balade et que je retrouve ce que j’ai fait. Mais c’est un art de rue, et je n’ai pas envie de le transposer en galerie, j’aurais l’impression de regarder un tigre dans un zoo ! Il faut accepter d’évoluer, et mon évolution me pousse vers les musées, les galeries. Pour « Thinking Hand », tu fais usage de pinceaux, de brosses, mais aussi de bombes pour peindre des cercles, un tourbillon de lignes. Qui dirige quand tu peins, la main et/ou le cerveau ? En fait, j’ai voulu évoquer le transfert de pouvoir du cerveau à la main et voir comment ce couple

fonctionnait. Quand on peint, on a l’impression que la main est presque autonome, qu’elle agit avec une précision liée à des gestes antérieurs, à des souvenirs tactiles. La bombe a toujours été une extension de la main, surtout dans les mouvements circulaires. On se laisse entraîner comme si on ne réfléchissait plus. J’ai parfois l’impression que je suis aux commandes pour mettre en place la structure du tableau, et que ma main prend le relais sans me demander mon avis ! Un peu comme l’eau prend le chemin le plus facile, mes mains prennent la direction la plus limpide pour faire écho à ce que demande mon cerveau. Bien évidemment, je ne délaisse pas la partie rationnelle du cerveau, et je réfléchis longuement à la composition. Mais je crois que j’ai habitué mon cerveau à penser avec les sens, essentiellement le toucher, la vue, l’ouïe. Tu peins des cercles, des lignes. Ces formes sont-elles plus chargées que d’autres de tes émotions et de ton expérience, ou trouves-tu ainsi le moyen d’interroger l’espace ? Chaque point appartenant au cercle est à la même distance du centre. L’être humain n’est pas capable de dessiner un cercle parfait à main levée, à l’exception de Léonard de Vinci, paraît-il. Les yeux ne discernent pas le cercle, tout est basé sur une illusion. Qu’importe d’où ma main commence et/ou si le cercle tend vers l’ovale, puisqu’il s’agit toujours d’interroger la structure. Mon travail relève essentielle-

ment de la recherche géométrique et structurale. Que signifient tes cercles inachevés ? Est-ce une manière de te dégager de la structure, ou agis-tu parfois contre la logique ? J’ai développé un appétit pour l’imperfection, notamment avec certains de mes outils : la bombe de peinture quand elle est inclinée vers le bas ou un pinceau détérioré. Je conserve les compétences issues de mon expérience et je les adapte aux imperfections matérielles et corporelles. Aujourd’hui, on fabrique des objets parfaits avec des machines et cela m’ennuie. À l’inverse, l’imperfection est une particularité de l’être humain et questionner la structure de l’imperfection me passionne ! As-tu des peintres de référence ? Je n’ai personne en particulier, mais j’essaie de voir un maximum d’expositions et je lis beaucoup. En arrivant, je suis allé au Centre Pompidou pour revoir les Rothko, Pollock et Soulages de la collection permanente. J’aime essentiellement l’abstraction. Qui était l’invité de la Collection de l’Art Brut, en mars dernier : Smash 137 ou Adrian Falkner ? Les deux y sont allés en tous cas ! (Rires.) On ne refuse pas une invitation quand il s’agit de parler de Dubuffet et de son rapport au graffiti. N’a-t-il pas dit, « Tout est paysage » ?


EN PARTENARIAT AVEC

Untitled(DirtyRed)2013_140x120cm

! !

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LIFESTYLE

HÔTEL

Ho36

UN LIEU DE PARTAGE Plus qu’un hôtel, cet établissement lyonnais se dédouble pour accueillir les familles, les voyageurs amoureux de déco stylée comme les jeunes souhaitant poser leur valise à peu de frais. Nicole Maïon Un hôtel et un hostel, un restaurant et un bar… Le nouvel établissement Ho36, dans les faits, échappe à toute définition mais surtout raconte à sa façon les nouvelles manières de voyager. Situé dans le quartier lyonnais de la Guillotière, en pleine mutation, cet établissement est le point de rencontres entre les voyageurs, les étudiants, les commerçants et les habitants du quartier et devient

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un lieu de partage et d’échanges. Son fondateur, Franck Delafon, s’est inspiré de ses expériences de voyages en famille pour concevoir ce lieu un peu hors norme. Pas de télévision dans les chambres mais des jeux dans l’espace de vie au rez-de-chaussée, où l’on se restaure, brunche, et déguste des bons petits plats – ou tout simplement des fromages de qualité dénichés par le jeune fromager du

quartier –, où l’on joue ou où l’on prend un verre. D’une superficie de 1 000 mètres carrés, les cinq étages du Ho36 sont répartis en deux zones. D’un côté du palier, on peut louer des chambres spacieuses à la déco trendy, dont certaines, familiales, réunissent un vaste lit parental et des lits superposés pour les enfants. De l’autre côté, des chambres proposent huit lits en dortoir pour

jeunes en vadrouille. La décoration intérieure signée par l’architecte Alexandra Malgrain respire la convivialité travaillée de façon actuelle, entre pièces chinées et mobilier contemporain choisi chez HK Living ou IKEA, mais surtout avec des lits garantissant un sommeil parfait avec une literie Epeda. In fine, une déco stylée et chaleureuse pour se sentir comme chez soi.


W GOA

UN COMPTOIR CONTEMPORAIN Pour sa première implantation en Inde, la chaîne W Hotels vient d’inaugurer un établissement à la tendance ethnique chic particulièrement réussie. Nicole Maïon

C’est le cinquantième hôtel implanté dans le monde et le premier créé en Inde par l’ultradesign chaîne hôtelière W Hotels Worldwide. Pour cette première implantation en Inde, c’est la ville de Goa, chargée d’histoire et riche d’un fort métissage culturel, qui a été choisie. Ancien comptoir portugais, emblème de la contre-culture hippie, berceau de la transe psychédélique…

Autant dire que Goa et ses multiples facettes ne pouvaient qu’inspirer les équipes de W pour décliner leur philosophie : créer des lieux de vie multiculturels au sein d’hôtels reflétant les tendances design. Surplombant la plage Vagator située au nord de la cité, l’établissement déploie quelque 160 chambres et villas bénéficiant chacune d’un panorama d’exception.

L’aménagement et les choix en matière d’architecture intérieure sont une ode à la la tendance ethnique chic. Les codes de l’Inde sont déclinés et brassés avec un vent de modernité ébouriffant. Les revêtements des assises racontent à leur façon l’histoire millénaire de l’Inde en matière de textile, du batik à l’ikat, les textures chatoyantes de la soie et du coton étant animées de

motifs personnalisés. Le mobilier en bois s’enrichit de gravures revisitées sur un ton résolument contemporain, tandis que les arabesques travaillées de manière minimaliste courent d’une pièce à une autre, dans chacune des suites de cet hôtel. Ainsi, c’est une décoration épicée qui raconte sur un mode actuel Goa et ses nombreuses caractéristiques excentriques.

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LIFESTYLE

TECH

LE DESIGN

À L’OREILLE Comment la conception d’un casque audio, envisagé tel un accessoire de mode, reflète les tendances design ? Explications de Yannick Lenormand, Senior Art Director et Trends Analyst de Gibson Audio. Nicole Maïon

Une collection de meubles en polycarbonate finition métallisée, des luminaires en laiton, des poufs travaillés tels des galets, des assiettes dessinées comme des pierres plates… et un casque audio. Le point commun entre ces objets ? Le reflet de tendances apparues depuis deux ans et révélant les évolutions de nos modes de vie. Ce nouveau casque ultra-léger de la collection Flite a été imaginé comme un accessoire de mode, mais c’est surtout le fruit d’une étude menée dès 2014 par les équipes de design intégré de

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Philips-Gibson Audio, installées à Hong Kong. « Nous avons constaté l’émergence de plusieurs tendances et autant de signaux que nous filtrons afin de créer nos propres tendances », explique Yannick Lenormand, Senior Art Director et Trends Analyst de Gibson Audio. « Ce travail a débuté dès le début 2014 avec, notamment, la découverte des nouveautés lors de la Design Week à Milan. Nous avons défini deux tendances majeures, à savoir ce que nous avons appelé la tendance “nest ”, qui marque le principe de la technologie cachée et la tendance néoclassique avec

des designers comme Tom Dixon qui retravaillent les matériaux tel le métal et revisitent les archétypes classiques. » La démonstration technologique laisse place désormais à la part émotionnelle, tandis que la simplicité d’utilisation est évidente. Illustration avec le thermostat connecté Nest : « Ce dernier n’apparaît pas technique pour ne laisser plus que de l’émotionnel, alors qu’il est intelligent, facile d’utilisation et qu’il contrôle tout. Ce mouvement a été renforcé avec l’Apple Watch, un produit très technologique mais qui, en apparence, est juste une belle pièce de design. » Le choix des matériaux, de la forme, comme les coloris proposés pour le casque Everlite participent à ce titre de la volonté de transformer cet équipement high-tech en objet design répondant aux attentes actuelles, à commencer par celle du retour de codes rassurants. D’un côté, le clin d’œil aux matériaux de facture classique,

tels que le cuivre et le laiton, de l’autre, l’effet naturel, seconde peau, qui plus est, essentiel pour un objet à porter.

Philips-Gibson Innovations, collection Flite, casque Everlite, 40 €


Tom Dixon, collection de luminaires Beat.

« Nous avions noté cette tendance néoclassique à Milan avec notamment les nouvelles collections de luminaires Beat de Tom Dixon mais aussi la collection présentée par Kartell », raconte Yannick Lenormand. On se remémore en effet la collection Precious qui avait fait briller le stand de l’éditeur Kartell au Salon du Meuble italien avec ses icônes en plastique au rendu métallique, à l’instar de la Masters scintillante d’effets dorés. « On ne voulait plus voir du plastique mais des surfaces à l’effet métallique. À la clé, l’effet précieux et glamour de cette finition métallisée même si on sait que c’est du plastique, un matériau moderne, et non de l’or ou du cuivre. » Le casque Everlite se devait d’être léger, confortable et robuste, le tout à un prix abordable d’où l’utilisation du plastique à la finition métallique. « Nous avons utilisé la technique du vacuum metalizing, soit des particules de métal qui s’appliquent sur le plastique. » Quatre coloris ont été choisis en référence à la couleur de la peau. Ainsi, le blanc n’est pas immaculé mais en version crème. Le côté organique a été travaillé avec les lignes du casque qui suivent les contours du visage.

« L’ovale est la forme le plus ergonomique autour de l’oreille. La coque en revanche est légèrement asymétrique. » Et Yannick Lenormand de citer en exemple les formes asymétriques des poufs Kipu présentés par l’éditeur italien LaPalma en 2014 ou encore les assiettes Namasté dessinées par Jean-Marie Massaud pour la marque Kartell. In fine, cet objet léger s’intègre naturellement au visage, se plie pour se loger dans un sac et laisse volontairement sa technologie invisible bien que fonctionnelle pour écouter sa musique. « C’est un produit tellement simple que la seule question qui se pose est de savoir quelle couleur choisir entre le noir, le blanc, le rose gold et le noir chromé. » En résumé, un véritable accessoire de mode et, plus encore, un objet design, aussi esthétique que fonctionnel, qui raconte à sa façon nos préférences et notre manière de vivre la musique au quotidien.

Kartell, collection Precious. LaPalma, collection Kipu.

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LIFESTYLE

TECH

QUENTIN DE COSTER

Huawei, P9 Lite, 299 €

DANS LE SMARTPHONE D’UN DESIGNER Le smartphone est un outil de communication et de travail mais laisse voir aussi notre personnalité. Alors qu’il dévoilait en avant-première sur ses comptes Facebook et Instagram sa dernière création minimaliste, Satellite, Quentin de Coster, jeune et talentueux designer belge, nous révèle un peu son téléphone et ses usages. j’avais mis un de mes projets comme fond d’écran, mais je l’ai retiré car je trouve ça narcissique. J’ai besoin d’avoir un arrière-plan uni qui ne me déconcentre pas dans mes tâches quotidiennes.

Quel est le modèle de votre smartphone ? Un iPhone 5 noir 16Go. Je l’ai depuis près de cinq ans. Comme je n’ai jamais mis de coque (je trouve cela dommage de dénaturer un objet si fin et épuré), l’anodisation noire commence à partir. Je projette d’acheter un nouveau smartphone prochainement, car l’appareil photo est dépassé et la mémoire trop limitée. Votre usage au quotidien ? Mon smartphone est omniprésent dans ma vie de tous les jours. Il me réveille, me permet de gérer mes finances en quelques secondes, m’oriente lors de mes déplacements à l’étranger, etc. Mais je dirais qu’il me sert principalement à communiquer par e-mails, téléphone et les réseaux sociaux. C’est un objet dont je ne saurais vraiment plus me passer. Votre fond d’écran ? Un dégradé bleu et vert standard fourni avec iOS. À un moment,

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Votre photo favorite dans votre galerie d’images ? Un coucher de soleil photographié depuis les Twin Peaks à San Francisco où je séjourne actuellement. La lumière est sublime, pas besoin de filtre ou autre retouche artificielle. J’adore la Californie !

LinkedIn (même s’il manque cruellement d’ergonomie), Instagram (rien à redire) et un peu Twitter (pour la forme). Utilisez-vous votre smartphone pour répertorier des sources d’inspiration, dessiner, créer ? Oui, clairement. Il m’arrive souvent de prendre une photo d’une situation ou d’un objet qui m’interpelle pour ensuite m’en ins-

pirer. Lorsque que je ne suis pas au studio et que j’ai un déclic, j’ai pour habitude de l’inscrire dans l’appli Notes pour être certain de ne pas l’oublier. J’ai un petit côté anxieux même si j’ai une bonne mémoire. L’écran de l’iPhone 5 est trop petit pour y dessiner, mais c’est quelque chose que j’envisage de faire sur mon prochain smartphone, car c’est très pratique. Instagram.com/quentindecoster/

Écoutez-vous de la musique sur votre téléphone ? Bien sûr. En général, je trouve que les paroles sont un peu inutiles dans la musique, donc principalement de la minimale (Apparat, Moderat, Christian Löffler, Stereoclip, The xx, pour ne citer qu’eux) mais aussi pas mal d’artistes pop comme Lana Del Rey. Quelles sont vos applications favorites ? Google Maps, Google Traduction, Shazam, Airbnb, Couchsurfing, Uber, Smart Banking ING. Côté réseaux sociaux ? Facebook (même si je trouve l’interface très moche et qu’ils font des mises à jour vraiment nulles),

Van Den Weghe, lampe Satellite, création Quentin de Coster.


LIFESTYLE

FOOD Pression Art déco Heineken révèle sa nouvelle collection de machines à bière pression. Un mariage entre design et utilité, qui lie Art déco et style rétro, signé du duo Stills & Strokes. Avec des poignées sur mesure et un récolte-gouttes en laiton et marbre, cette machine à bière devient un objet design à part entière, reconnu pour sa facilité d’utilisation. Avec ces fûts qui proposent un large choix de saveurs venues du monde entier, on retrouve tout le bon goût d’une bière pression à la maison ! Heineken, The Sub x Beertender Art Deco Collection, prix sur demande. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

Caviar haute couture Prunier, l’un des grands noms du caviar français, s’inspire des élégantes cartes de vœux d’Yves Saint Laurent pour ses coffrets Love. À la clé, un coffret contenant 500 g de caviar Love, une bouteille de vodka de 20 cl, signée Prunier et la Distillerie de Paris et accompagnée de deux cuillères en nacre et de deux verres à shot. Prunier, coffret Love Caviar, 189 €

Healthy design Ce sont les équipes de La Chance qui signent la métamorphose de cet ancien garage en café-restaurant fort sympathique. Outre l’architecture intérieure, on y retrouve quelques pièces de La Chance pour y déguster une cuisine healthy. Du frais, du sain, du bon et du beau ! Café Moco, 177, boulevard Voltaire 75011 Paris.

UN REPAS ÉCRIT ET LU/DIQUE LE BILLET D’OSCAR CABALLERO CHRONIQUEUR GASTRONOMIQUE ANCIEN MEMBRE DE L’ACADÉMIE INTERNATIONALE DU VIN On oublie souvent les tartes à étages, d’où sortait une belle femme ; on oublie que Maxim’s n’était pas un restaurant gastronomique mais une brasserie, où les petits-maîtres se croisaient au bras de leurs jouets (les mondaines et demie) pour laisser à la postérité des mots d’esprit, du genre “on a servi dans le même corps” (de la Castellane). C’est-à-dire qu’on oublie la première fonction des restaurants inventés à Paris à la suite de la Révolution, opérés grâce aux métiers de bouche débouchés, puisque les bouches des nobles qui les employaient étaient partis avec leur tête ou, dans le meilleur (ou le pire, selon) des cas, en exil. Alternativement, ces endroits n’attiraient pas que pour le verre et l’assiette. Amu-

ser et s’amuser ; parfois se réchauffer, raison pour laquelle, après la drôle de guerre, Simone de Beauvoir et Jean-Sol Partre (dixit Boris Vian) écrivaient dans les cafés. Pour s’amuser aussi, les arts de la table ont créé des pièges à parvenus dont l’effet se fait sentir parfois aujourd’hui, comme avec ces couverts pour le poisson dont l’inutilité du couteau est inversement proportionnelle à la confusion de celle ou de celui qui l’empoignait pour la première fois. Et quoi dire du rincedoigts, tant de fois bu, du moins dans la littérature. C’est dans ce sens-là que les jeunes cuisiniers d’El Bulli, perdus avec leur restaurant dans une baie improbable de la Méditerranée, ont mis par la première fois les solides dans un verre (1992) ; ont détourné,

aussi par la première fois, le siphon de la pâtisserie pour façonner une sorte de meringue d’eau de mer qui couronnait une praire (1994) ; ont chargé une seringue avec le contenu juteux de la tête d’une gamba – cette sorte de sauce américaine nature –, pour irriguer la mâche de sa queue (2001) ; ont façonné des mini-boules de pomme pour remplir une vraie-fausse boîte de caviar (2003) ; ont introduit la pince qu’emploient aujourd’hui tous les chefs, mais en lui ajoutant une cuillère pour que la boucle soit bouclée (2006). Et quoi dire de la boîte à chocolats, colossal rêve gourmand qui arrivait après les quinze plats d’une saga, le menu dégustation ouvert, par exemple, avec une sucette de betterave ou un bonbon, dont le cara-

mel cachait un œuf mollet de caille (implosion en bouche !), et clos par huit desserts ? Dire que ne se trompe pas Disney qui a donné à un avatar de Ferran Adrià la tâche de présenter les produits et sa cuisine aux enfants. À l’ancienne pédagogie qui leur interdisait de jouer avec les aliments, peut-être parce qu’en avoir était rare, la société de la satiété répond avec l’incitation contraire. Faire du repas un jeu de mets. Et pas seulement pour les enfants.

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AMÉNAGEMENT

CARRELAGE : TENDANCES 2017 Chaque automne, les nouveautés en matière de revêtements, carrelage en tête, sont dévoilées lors du Cersaie de Bologne. Rendez-vous essentiel pour les architectes d’intérieur et prescripteurs, le Salon international de la céramique pour l’architecture et des ameublements pour salle de bains est un incomparable révélateur de tendances pour le décor. Claudine Penou Dans la salle de bains, le carreau est roi. Carte maîtresse du décor qu’ils personnalisent, faïence, grès et mosaïque impriment leur marque durablement dans la pièce. La céramique se réinvente, avec une multitude de créations. De qualité supérieure, ces propositions foisonnantes apportent une plus-value certaine et durable à chaque projet en le singularisant. En 2017, la tendance sera aux effets de matière brute (béton, ciment) avec inclusions de métal et des aspérités en surface (griffures, poinçons, incisions…), dans la veine du style industriel (fausses plaques en métal vieilli, acier Corten avec rivets rouillés, surfaces patinées ou craquelées, bois contreplaqué…). Plus enveloppantes mais elles aussi vectrices de sensations visuelles et tactiles, les textures textiles en léger relief (tweed, lin, jean, tartan, dentelle, cachemire, jersey…) ont également la faveur des collections. Avec des rehauts de plus en plus marqués, les surfaces en 3D sont associées à des jeux de superposition ou d’asymétrie. Des calepinages savants créent des géométries dynamiques, notamment par l’emploi de briques posées en diagonale, en épi, dont les joints colorés soulignent les jeux graphiques. Le mix graphique associe carreaux de bois, marbre et pierre plus vrais que nature à diverses tailles et finitions (mat, brillant). Aux nouveaux motifs morcelés façon opus incertum (dallage de pierres aux formes irrégulières) ou au faux terrazzo (fragments de pierre naturelle et de marbre agglomérés au ciment) s’oppose une vision grand format de la décoration murale avec des dalles XXL qui imitent clairement le papier peint ou l’art : aquarelle ou esquisses géantes au crayonné, surfaces balayées de coups de brosse…

PIERRE ET CHEVRONS Cette nouveauté reproduit numériquement la pierre de Burlington, contenant fossiles et motifs, avec un fini soyeux. 7 formats rectifiés (20/80 x 160 cm, 20/60 x 120 cm, 30/60 x 60 cm, 45 x 90 cm), 5 couleurs (Islanda, Danimarca, Norvège, Svezia, Finlandia), 3 finitions (mat, poli, anti-glisse). En photo : Nordic Stone Islanda, 80 x 160 cm, Islanda Mosaico Chevron, 28 x 32 cm ; Alnus Mandorla, 20 x 160 cm. Italgraniti. Nordic Stone.

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FLABELLUM DE PORCELAINE

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CADRES ENCHÂSSÉS

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Cinq textures incisées en référence à d’illustres artistes (Miró, Monet, Klimt, Dalí, Picasso) combinées à cinq formats, dont certains en 3D, et cet éventail d’inspiration Art déco appelé Escama, « flocon », en espagnol. 7,5 x 30 cm, 13 x 11,4 cm, 16,3 x 31,5 cm, 6,5 x 5,7 cm, 34 x 32,6 cm. En porcelaine extrudée. Natucer, collection Art, Escama.

Mêlant la rigueur toute architecturale d’un grand nom du design aux influences orientales – et internationales, la firme Cotto étant située en Thaïlande –, cette collection offre quelque chose de complètement différent avec des carreaux qui semblent être encastrés dans des cadres en bois, constituant une accumulation de tableaux monochromes. Existe en deux coloris (coquille d’œuf et graphite) et deux formats (30 x 30 cm et 30 x 60 cm). Cotto, PatchworkBoiserie, création Piero Lissoni.

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BRODÉ SUR LE MOTIF

Empreint de dentelle dont les entrelacs révèlent la matière, le motif Rilievi (« reliefs », en italien) existe en quatre couleurs (Baltico, Luna, Pietra et Bianco) et deux formats (37,5 x 75 cm, 75 x 150 cm). Refin, Arte Pura, création Daniela Dallavalle.


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MÉTAL (É)TONNANT

Nouveauté de la marque Faetano (groupe Del Conca) présentée au Cersaie de Bologne, ce carreau en grès pleine masse proposé dans des tonalités de gris et de beige plonge le décor dans l’atmosphère postindustrielle des usines de la fin du xxe siècle, reproduisant des éléments spécifiques des matériaux métalliques tels que rivets, goujons et autres plaques aux motifs ultra-techniques. 10 x 30 cm. Faetano, Cor-Ten.

MIROIR DORÉ

ACIER ESTAMPÉ

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Ava, marque de La Fabbrica, présentait sur le Cersaie cette céramique (grès cérame coloré dans la masse, 11 mm), disponible notamment en grand format, 32,1 x 96,2 cm, dont les quatre graphismes (Neutre couleur, Isper, Plissè, Fleur) et les trois couleurs (Fandango, Vaniglia et Bianco) offrent une finition brillante très élégante. Eden est également renforcée par une large gamme de décors, de mosaïques et de listels. En photo : Eden Fandango Lucido, avec son décor aux effets métallisés qui font miroiter sa surface, 32,1 x 96,3 cm. Ava Ceramica, Eden.

Carreau « métallique »… en grès cérame (pleine masse pour le sol, bi-cuisson pour le mur) à structure légèrement martelée. Quatre coloris : noir (type acier travaillé au feu et assombri), marron foncé (imitation Corten), gris clair (façon fine plaque d’aluminium), blanc (style tôle émaillée). Sol : 75 x 75 cm , 37,7 x 75 cm, 37,5 x 37,5 cm ; Mur : 7,5 x 30 cm. Leonardo, District.

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AQUARELLE SUR LIN

La trame naturelle du lin, l’un des plus anciens tissus au monde, toujours plébiscité en décoration intérieure pour son apparence brute à la simplicité raffinée, a inspiré cette collection de carreaux-tableaux en grès cérame conçus comme des aquarelles géantes, avec leurs tonalités naturelles comme délavées, aux couleurs Cotton, Navy Blue ou Sage. 120 x 240 cm, 60 x 120 cm. Fondovalle, Dream.

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ÉDEN AU POCHOIR

DOUX MODELÉ

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Collection de carreaux en céramique bi-cuisson entièrement artisanaux (peinture à main levée sur pochoir au fini mat). Son nom évoque des lieux légendaires, l’empreinte des jardins aériens de Babylone et du paradisiaque Éden, dans un décor hachuré de feuillages luxuriants parcourus de dégradés. Existe en White & Black, Blue Delft, Smoke, White (Concrete Light), Brown (Copper). 40 x 40 cm. Ceramica Bardelli, Eve, création Marcel Wanders.

Le plâtre et le ciment ont inspiré la collection d’esprit postindustriel tempéré par l’emploi de teintes pastel : Ash, Pearl, Biscuit, Quartz et Watery (en photo). Produisant un effet surprenant, des surfaces « molles » sont caractérisées par des matériaux nacrés alternant surfaces satinées et arrière-plans en 3D. Mur : Crea Ash, 30 x 120 cm ; mosaïques Watery et Circle Watery, 30 x 30 cm ; listel Colorful Sea. Sol : Legend White, 20 x 120 cm. Ariana, Crea


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DÉCOR CRAYONNÉ

Telles des œuvres monumentales, ces mégadalles en Kerlite, sur lesquelles Cotto d’Este (Panaria Group) a peint, réalisent la jonction inédite entre la décoration murale artistique et le grès cérame ultrafin renforcé de fibres de verre, léger mais très résistant. Ces douze décors au design élégant, imprimés en haute définition, offrent de beaux effets de matières à choisir : Neoclassic, Sketch (en photo), d’affiche (Script), d’aquarelle (Lotus, Venice) ou des motifs décoratifs et graphiques (Leaves Blue, Patchwork, Ritmi). 100 x 300 cm. Cotto d’Este, Wonderwall.

LE GESTE DE LA MAIN

CONTREPLAQUÉ

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Nouvelle marque du groupe Target consacrée aux grandes surfaces (ép. 6 mm, 100 x 300 cm ou 160 x 320 cm) et à la créativité débridée. Valorisant le geste humain dans un produit actuel né de la fusion de l’artisanat et de l’industrie, la céramique peinte à la main avant cuisson acquiert les caractéristiques du grès cérame : résistance à l’usure et aux agents chimiques, à l’intérieur comme à l’extérieur. Forme di Colore de Fuoriformato.

Un design inspiré des panneaux agglomérés en bois recyclé, de plus en plus utilisés en décoration. En grès cérame finition mate. Deux formats : 59,3 x 59,3 cm (uniquement en couleur naturelle) ; 59,3 x 119,3 cm (Strand-R, en six couleurs neutres : Natural, Gris, Avellana, Cemento, Azul et Blanco, en photo). Vives, Strand.

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AMÉNAGEMENT

24 HEURES DE BIEN-ÊTRE CONNECTÉ Les objets connectés posent leurs meubles dans nos intérieurs. Chauffage, éclairage, divertissement… Leur vocation est également de rendre nos vies plus saines et plus sereines. Et c’est au quotidien qu’ils veulent nous accompagner pour accomplir leur mission. Christophe Séfrin Ce pourrait être une journée comme les autres. Pourtant, en ce début d’année 2017, elle s’annonce totalement connectée. Mais attention : il n’est pas ici question d’être branché «  H24  » sur les réseaux sociaux et encore moins de rester la tête dans le guidon de ses e-mails et autres SMS ! Non, cette journée sera saine et zen. Elle démarre à 7 heures, avec Aura, le réveil lumineux de Withings. Sur le principe du simulateur d’aube, Aura et sa lumière bleue, dont l’intensité a progressé depuis plusieurs minutes, ont fait diminuer votre taux de mélatonine (l’hormone responsable du sommeil) et vous ont réveillé naturellement. Durant votre nuit, les capteurs de cet objet au design énigmatique ont mesuré la température de votre chambre, sa luminosité ou encore son niveau sonore. Grâce à son application, Aura vous aide à optimiser la qualité de votre sommeil en vous permettant d’agir sur

les éléments pouvant le perturber… Vous avez choisi Aura, mais ce pourrait être Sensorwake. Grâce au premier réveil olfactif, vous quittez les bras de Morphée et vous vous réveillez de bonne humeur à l’aide d’un parfum ! Brise de bord de mer, arôme de chocolat chaud et, pourquoi pas, herbe coupée : les sept parfums proposés prennent ici la forme de petites cartouches recyclables, valables pour trente réveils. Il suffit de les loger dans une fente, sur le dessus de Sensorwake. Pas forcément branché lueurs ou senteurs artificielles ? Bonjour, le réveil intelligent du constructeur français Holî, vient de boucler haut la main son financement participatif sur la plateforme de crowdfunding Kickstarter. Ce réveil nouvelle génération se programme à la voix : « Réveillemoi demain à 7 heures s’il fait beau. S’il ne fait pas beau, laisse-moi dormir. » Le matin, Bonjour vous informe des conditions météorolo-

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1 /Miliboo, miroir connecté Ekko, 399 €

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2 /Fitbit, Flex 2, 99 € 3 /Terraillon, balance Web Coach Easy View, 129 € 4 /Withings, montre Steel, 170 € 5 /Apple, Apple Watch Series 2, à partir de 319 €

giques et de celles du trafic sur le chemin qui vous mène au travail. Vos principaux rendez-vous de la journée vous sont également rappelés par ce réveil d’un nouveau type. Mais juste si vous le lui demandez. Disponible en juin 2017, Bonjour affiche également sur son écran central le nombre de pas que vous effectuez dans la journée si vous êtes équipé d’un capteur d’activité de la marque Fitbit, comme la montre Blaze. Laquelle montre effectue automatiquement sans que vous lui demandiez

quoi que ce soit un petit relevé cardio au moment de votre réveil. Cette donnée, secrètement stockée dans le cloud et accessible à tout moment depuis une application, vous permet de veiller sur votre santé : au réveil, un rythme cardiaque trop rapide peut être synonyme de surmenage, voire de risque cardiovasculaire. Puisque cette journée est déjà placée sous les auspices des objets connectés dédiés à la santé et au bien-être, direction la salle de bains. Vous avez remisé sur les


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Netatmo, station Healthy Home Coach, 100 €

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AMÉNAGEMENT

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1 /Holî, Sleep Companion, prix sur demande. 2 /TomTom, bracelet Touch, 149 € 3 /Tanita, balance RD-953, 200 € 4 /Hydrao, Hydrao First, 90 €

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5 /Holî, réveil Bonjour, disponible à partir de juin 2017, 250 € 4

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étagères de l’oubli votre ancestral pèse-personne pour une balance Wi-Fi design et flambant neuve. À peine les pieds posés sur son plateau en verre, son écran vous indique la météo et la température du jour, mais surtout l’évolution de votre poids depuis votre dernière pesée ou encore celle de votre indice de masse corporelle. Que ce soit la Body Cardio de Withings, l’Index Smart Scale de Garmin, la Web Coach Easy View de Terraillon… toutes ces balances partagent la même philosophie : ne plus être de simples objets inertes, mais devenir des parte-

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naires capables de vous épauler au quotidien pour atteindre un objectif de poids idéal et surveiller votre santé. Pour les femmes enceintes, les personnes souffrant de surpoids, ou les seniors, la balance Terraillon a même déporté son écran : sans fil, on peut le fixer à hauteur de vue pour éviter d’avoir à se baisser. Les applications dont ces pèse-personnes disposent sont autant de tableaux de bord qui recueillent au fil des jours des informations capitales, propices à votre bien-être. Vous voilà déjà face à votre miroir connecté Ekko. Dominant votre

lavabo, il vous indique, lui aussi, la météo et vous donne également ses conseils forme avec des tutos wellness puisés dans YouTube. Au programme, des exercices de musculation, des étirements, mais aussi les bons gestes de dépistage du cancer du sein… Pour vos bambins, une fonction Chronomètre les aide à se brosser les dents la durée nécessaire. Et chacun peut écouter sa playlist préalablement programmée, sa radio préférée, voire suivre ses flux d’actu, histoire d’être au courant des nouvelles de la nuit. La journée commence vraiment. Puisque «  connecté  » rime avec « activité », rien de tel pour vous maintenir en forme que de garder un œil sur votre rythme physique quotidien. Montres de sport et bracelets connectés sont ainsi devenus des outils fiables et pratiques pour surveiller votre santé. TomTom et son bracelet Touch, Garmin et son Vivosmart HR, Misfit et son Shine 2…, on ne compte plus ces partenaires forme et bienêtre qui s’accrochent au poignet, qui alertent en cas d’inactivité prolongée, qui comptent les pas quotidiens, qui évaluent en continu le rythme cardiaque, qui… Repos ! Le Flex 2 de Fitbit ou l’Apple Watch Series 2 vous permettent d’effectuer un break de quelques minutes. Grâce à de petits exercices respiratoires hyper-simples à réaliser, vous diminuez le rythme de votre respiration pour déstresser dans le rush du boulot. Durant votre absence de la maison, Netatmo et sa station Healthy Home Coach vérifient en permanence

que votre home sweet home reste sain : qualité de l’air, température, taux d’humidité et même niveau sonore sont constamment analysés. Si besoin, l’application de ce super capteur vous prodigue des conseils pour remédier aux problèmes détectés. Votre journée s’achève mais vous restez (encore) connecté. Une douche bienfaitrice vous prépare pour une nuit apaisée. Le pommeau Hydrao First éclaire le jet d’eau en fonction du volume d’eau consommé, vert, bleu, violet, ou rouge, selon que vous avez déjà utilisé moins de 10, 20, 30 ou 40 litres d’eau. Au-delà, le jet devient rouge et clignote pour vous indiquer que votre bien-être passe aussi par celui de la planète et de votre porte-monnaie, et qu’il est temps de fermer le robinet. L’application Hydrao Smart Shower mémorise les volumes d’eau consommés. À vous de vous challenger pour les optimiser ! Accrochée au plafond de votre chambre, l’ampoule connectée Awox AromaLight diffuse ses huiles essentielles et nimbe la pièce de la couleur que vous avez choisie à travers son application. Vous vous préparez à dormir du sommeil du juste. Durant votre nuit, le capteur Beddit veille sur la qualité de votre sommeil. Placé sous votre matelas, il analyse votre rythme cardiaque, votre respiration, et même… vos ronflements. Au petit matin, un résumé de votre nuit 2.0 vous est fourni via son application et vous aide à optimiser votre sommeil. De quoi, pour l’heure, faire de beaux rêves…


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UN SÈCHE-SERVIETTE CONNECTÉ Ce concept exclusif de sèche-serviette électrique mue l’objet courant en réalisation d’exception. En plus d’une performance remarquable (chaleur enveloppante, montée en température rapide et d’une ergonomie bien pensée), ces modèles de fabrication française offrent un véritable kit de bienêtre holistique grâce à un panel de fonctions additionnelles : ambiance lumineuse feutrée par rétroéclairage à led basse consommation, diffusion d’huiles essentielles par chaleur douce, système d’enceinte haute fidélité sans fil… Outre un niveau de personnalisation poussé à l’extrême, ce concept connecté intégré à la domotique en collaboration avec Somfy (compatible avec l’application TaHoma) est simple d’utilisation (écran tactile, pilotage via smartphone, boîtier de commande et sonde de température déportés, programmation hebdomadaire). EVHome Design, EVH, 50 W, 140 x 56 x P. 12 cm, 1 825 € H.T. (EVH Full Color), 2 116 € H.T. (EVH Full Color + kit bien-être).

Terraillon, lampe-enceinte connectée Omni, prix sur demande. Withings, réveil Aura, à partir de 190 €

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ACTUS

Alcantara, www.alcantara.com Blackbody, www.blackbody.fr ENSCI, www.ensci.com, Editions Plon, www.plon.fr Eva Nielsen, www.eva-nielsen.com Galerie Gosserez, www.galeriegosserez.com Gebruder Thonet Vienna, www.gebruederthonetvienna.com Galison, www.galison.com Gan, www.gan-rugs.com Haos, www.haos.fr Jaeger Lecoultre, www.jaeger-lecoultre.com Kundalini, www.kundalini.it/fr/ Leica, /fr.leica-camera.com/ LightOnline, www.lightonline.fr Orient Express, www.orient-express.eu Robert van Embricqs, www.robertvanemqs.com Royal Botania,www.royalbotania.com Skinny Minx, skinnylaminx.com Tapisserie d’Aubusson, www.cite-tapisserie.fr

LA TENDANCE

Add+, www.add-plus.design, Bespoke Editions, www.bespoke-edition.com Cappellini, www.cappellini.it Cubit, 09 75 18 36 20, www.cubit-shop.com,: Kartell, www.kartell.com La Chance, www.lachance.fr La Redoute, www.laredoute.fr Magis, www.magisdesign.com Pastoe, www.pastoe.com Pedrali, www.pedrali.it Quad35, www.quad35.com

FLASHBACK

Cassina, www.cassina.com Poltrona Frau, www.poltronafrau.com Montana, Montana, www.montana.dk Lago, www.lago.it/fr Tonelli, www.tonellidesign.com Zalf Mobili, www.gruppoeuromobil.com/ita/zalf

UNIVERS

B&B Italia, www.bebitalia.com, Blanc des Vosges, www.blancdesvosges.fr B&B Italia, www.bebitalia.com Bonaldo, www.bonaldo.it Capellini, www.cappellini.it Cinna, www.cinna.fr Dorelan, www.dorelan.it/ Driade, www.driade.com Elitis, www.elitis.fr Flos, 01 53 85 49 90 www.flos.com,,-

Fritz Hansen, www.fritzhansen.com Funtionals, functionals.eu Galerie Gosserez, www.galeriegosserez.com Home autour du monde, www.bensimon.com Ikea, www.ikea.com Kave Home, kavehome.com La chance, www.lachance.fr Lexon, www.lexon-design.com Ligne Roset, www.ligneroset.fr Made in Design, www.madeindesign.com Metalarte, metalarte.com Molteni&C, www.molteni.it/fr Nodus, www.nodusrug.it Paris au mois d’août, www.parisaumoisdaout.org Petite Friture, www.petitefriture.com Roche Bobois www.roche-bobois.com Silvera, www.silvera.fr Taï Ping, houseoftaiping.com

BEST OF

Art de la table Albert de Thiers, www. albertdethiers.fr,: 04 73 80 11 52 Alessi, www.alessi.com Compagnie française de l’Orient et de Chine, www.cfoc.fr, 0142791315 Côté Table, www.cote-table.com E.Leclerc, www.e-leclerc.com Guy Degrenne, www.guydegrenne.fr Habitat, www.habitat.fr Hélène Morbu, www.morbu.fr Jaune de Chrome, www.jaunedechrome.com Laguiole André Verdier, www.andre-verdier.fr Missoni Home, www.missonihome.com Peugeot Saveurs, www.peugeot-saveurs.com Rosanna Spring, www.rosannaspring.com Silo Homeconcept, www.sibohomeconcept.fr Vanessa Mitrani, www.vanessamitrani.com,, 01 48 45 61 82

FOCUS

Andre Renault, www.andre-renault.fr Bonaldo, www.bonaldo.it Cassina, www.cassina.com, Flou, www.flou.it Habitat, www.habitat.fr Hülsta, www.hulsta.com Ligne Roset, www.ligne-roset.com Living Divani, www.livingdivani.it Made.com, www.made.com Minotti, www.minotti.com, Poliform, www.poliform.it, Poltrona Frau, www.poltronafrau.com Porro, www.porro.com Savoir Beds, www.savoirbeds.fr Zanotta, www.zanotta.it

Au fil des couleurs, www.aufildescouleurs.com Elements Optimal, eo.dk Fil dans ta chambre, www.filedanstachambre.com Fleux, 01 42 78 27 20, www.fleux.com Kartell, www.kartell.com Laurette, www.laurette-deco.com Leo le pirate, www.leolepirate.com Lorena Canals, lorenacanals.com Made in Design, www.madeindesign.com Magis, www.magisdesign.com/fr Martinelli, www.martinelliluce.it Nobodinoz, www.nobodinoz.com/fr Petite Friture, www.petitefriture.com Plust, www.plust.it Silvera kid, 01 46 22 27 22, www.silvera.fr

DÉCRYPTAGES

DESIGN ADDICT

Cinna, www.cinna.fr Hartô, www.hartodesign.fr Living Divani, www.livingdivani.it Matière Grise, 04 78 34 95 28, www.matieregrise-decoration.fr, Tolix, 03 85 86 96 70, www.tolix.fr,

SHOPPING Linge de lit Blanc des Vosges, www.blancdesvosges.fr, 03 29 63 23 33 Descamps, www.descamps.com D. Porthault, 01 84 17 27 37, www.dporthault.fr,: Gabrielle Paris, www.gabrielle-paris.com Olivier Desforges, www.olivierdesforges.fr Maison de vacances, www.maisondevacances.com Missoni Home, www.missonihome.com

Compagnie, www.editioncompagnie.fr Eero Aarnio, eeroaarnio.com La Chance, www.lachance.fr Jean-Baptiste Fastrez, www.jeanbaptistefastrez.com Magis , www.magisdesign.com/fr Moustache, www.moustache.fr Norm Architects normcph.com Note Design Studio, notedesignstudio.se Pierre Charpin, www.pierrecharpin.com

Saga Kid design Artifort, www.artifort.com, tel : +31(0)73 658 00 40 Architectmade, www.architectmade.com Artek, www.artek.fi Carl Hansen, www.carlhansen.com Cassina, 01 42 84 92 92, www.cassina.com, Fritz Hansen, www.fritzhansen.com

Knoll, www.knoll.com Snedkergaarden, www.snedkergaarden.com Vitra, www.vitra.com

AMÉNAGEMENT Carrelage ABK, www.abk.it Arcana Ceramica, www.arcanatiles.com, Ariana, www.ariana.it Ava Ceramica, www.avaceramica.it/fr Bisazza, www.bisazza.it Ceramica Bardelli, ceramicabardelli.com, Cotto d’Este, www.cottodeste.it Faetano, www.delconca.com Flaviker, www.flavikerpisa.it Fondovalle, www.fondovalle.it, Italgraniti, www.italgranitigroup.com Leornardo District, www.leonardoceramica.com Peronda, www.peronda.com Piemme, www.ceramichepiemme.it Natucer, www.natucer.es Refin, www.refin-gres-cerame.com Vives, www.vivesceramica.com Maison connectée Apple, www.apple.com Awox, www.awox.com Evhome Design, www.evhomedesign.com, Fitbit, www.fitbit.com Holi, www.holi.io/fr, Hydrao, www.hydrao.fr Miliboo, www.miliboo.com Netamo, www.netatmo.com Sensor Wake, www. sensorwake.com Terraillon, www.terraillon.com Tomtom, www.tomtom.com Withings, www.withings.com Rituels de bien-être Aquarine, www.aquarine.fr Condor Paris, 03 22 20 67 89, www. condorbalneo.fr, Duravit, www.duravit.fr Effegibi, www.effegibi.fr Grandform, www.grandform.fr Glass 1989, www.glass1989.fr Hafro Geromin, hafrogeromin.it Kaldewei, www.kaldewei.fr Kinedo, www.kinedo.com Klafs, www.klafs.com, Kos, www.zucchettikos.it Nordique France, www.nordiquefrance.com Paiova, www.duravit.fr Pertosa, www. pertosa-design.com Preti France, www.preti-france.com Teuco, www.teuco.fr Villeroy & Boch, www.villeroy-boch.fr


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MFTL SARL 9, place du Général Catroux 75017 Paris Tél. : 01 44 05 50 25 Fax : 01 44 05 50 09 Directeur de la publication : Thibault Leclerc Rédaction : Éditeur délégué : Laurent Lyard Directrice de rédaction : Nicole Maïon nmaion@beemedias.fr Responsable des relations institutionnelles : Yves de Kerautem Rédactrice en chef adjointe : Nathalie Degardin Ont collaboré à ce numéro : Laurent André, Anne-Françoise Cochet (rédactrice-réviseuse), Capucine Colin, Chloé Courant, Manuella Garnier (rédactrice-graphiste), Stella Garnier (rédactrice-graphiste), Françoise Marchenoir, Laurent Montant,

Ophélie Moris-Guichard, Claudine Penou, Christophe Sefrin, Anne Swynghedauw. Conception-Direction artistique : Jean-Marie Colrat Régie publicitaire /Bee Medias régie Directrice Commerciale Pôle Grand Public : Sandrine Prevot, sprevot@beemedias.fr ; tél. : 07 61 46 36 91 Directrice de publicité : Angélique Mermet, amermet@beemediasregie.fr tél. : 06 23 24 06 68 Responsable événementiel: Ellen Froissard Vente au numéro : MEDIASDIF (réservé aux dépositaires de presse) Olivier Le Potvin, tél. : 02 32 45 44 43 olepotvin@wanadoo.fr Abonnement : Design@Home magazine / Service Abonnement

12350 Privezac – France tél : 05 65 81 54 86 Fax : 05 65 81 55 07 contact@bopress.fr Prix du numéro France : 12,90 € TTCAbonnement 4 numéros France : 38 € TTC (Europe/Dom : 43 € Afrique/ Amérique 53 €, Tom/Moyen-Orient 68 €, Asie /Océanie 93 €) Offre d’abonnement : p 156 Distribution kiosque : MLP Imprimeur : Valpaco – Imprimé en Union européenne. Commission paritaire : 0516K87799 Dépôt légal : à parution – ISSN : 1778-9133 Design@Home magazine est une publication de la société MFTL SARL au capital de 500 000 € RCS Paris B 353 020 977 Principal actionnaire : Thibault Leclerc

L’envoi des textes, photos ou documents implique l’acceptation par l’auteur de leur libre publication dans le magazine. Les documents ne sont pas retournés. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservés à l’usage privé du copiste et non destinés à une utilisation collective, et, d’autre part, que les analyses et courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droits ou ayant cause est illicite. (Alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefacon sanctionnée par les articles 425 et suivants de l’ancien code pénal. Crédits photo et copyrights, tous droits réservés. Les prix indiqués dans les pages de ce magazine sont TTC. Ils sont donnés à titre purement indicatif, succeptibles de changements, et ne sont là que pour fournir une indication approximative des prix pratiqués sur le marché. Couverture : KNOLL


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