Mag n°8

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ROCK LA KASBAH

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ROCK LA KASBAH

Couverture : Jean-Jaques Fourny

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002 / édito

le MAG

isBACK

Jean-Jaques Fourny

Depuis des mois que la rumeur sur son retour courait dans la ville, il y avait comme une ébullition générale, une frénésie contenue, une attente latente à son égard… À laquelle sa sortie vient enŵn mettre ŵn. À l’occasion de la COP 22, le Marrakech MAG fait son grand comeback. On vous l’avait promis, le revoici ! Plus iconique que jamais, toujours dans l’esprit collector, ce magazine de luxe revient au plus fort de son aura, pour un numéro dédié à l’environnement, au climat, au développement durable et aux efforts en faveur de la nature. Au Ƃl des pages, vous y découvrirez les incroyables initiatives que Marrakech, le Maroc et le monde mettent en place pour faire de la préservation de l’environnement une priorité salvatrice. Vous y rencontrerez votre ville autrement, forte de ses projets verts, et fer-de-lance inspirant de la green attitude. Une mise au vert communicative, qui a gagné jusqu’à la couverture du MAG, avec cette photo symbolique témoignant de l’engagement du Maroc pour la planète – engagement qui nous rend ŵers, et que nous voulons suivre à a source.

Et aussi, comme à son habitude, le MAG vous propose des rencontres au sommet, avec les meilleurs designers, artistes, architectes que la ville ocre abrite, et où les concepts les plus fous prennent forme, étant à la fois dans l’air du temps, et en avance sur leur époque. Venez à notre suite admirer leur travail, leur univers, leurs concepts, et laissez-vous séduire par ces femmes et ces hommes au talent fou.



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004 4 / sommaire

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002 - Édito ima ma El Haite 006 - Hakima wss 008 - News 016 - Que faites-vous quotidiennement pour sauver la planète ? 018- Hommage à Leïla Alaoui 020- La culture des livres 022- “Asymmetria“ par Steph.Cop 026- Quand l’art s’engage pour l’environnement. Mahi Binebine 028- Art of Change 21 + Hassan Hajjaj 030- Noureddine Chater et la lettre 034- Tracing Morocco 036- “JE“ et matières en fusion. Jean-Bernard Yaguiyan 044- La photo vue autrement. Brigitte Détrée 048- Le Studio KO dessine le Musée Yves Saint-Laurent de Marrakech 050- Marie Lloret, interior designer et scénographe 054- Kader, le génie de la lampe signée CK Lighting Desing 058- Le recyclage plus tendance que jamais 060- Dans la peau de Mourabiti 066- La playlist de Pandi Pandi 068- Marrakech mémoire 072- Renouveau au passage Ghandouri 076- Écologie, introduction à la COP 22 078- Initiatives écologiques au Maroc 084- Clefs vertes d énergie verte vert 085- S.M.O., créateurr d’énergie ologiques dans le monde 086- Initiatives écologiques 090- L’habitat dans tous ses états cevoir une maison écologique ? 094- Comment concevoir 095- COY 12. Pour our et par les jeunes 096- Nos espècess en détresse ogie 100- Cinéma & écologie 102- Les 10 stars les plus engagées ! Cédaire écolo 103- ABCédaire 104- Solarr Impulse er sans polluer 106- Circuler ôtels se mettent au vert 110- Nos Hôtels ountry Club 118- Beldi Country lture biologique, agroécologie et permaculture 124- Agriculture 126- « Safran ». Chronique photo d’une épice en danger ech, berceau du style 132- Marrakech, de “verte“ 138- Mode 0- Shopping écolo chic 140142- Beauté bio 148- Les plus beaux spas de Marrakech ce Aboucaya, la fée du vegan au bô & zin 150- Lawrence 152- Tables, la sélection du Mag 58- Marrakech 100% musicale 15816 0 Carnet d’adresses 160Directeur de la publication et de la rédaction : Jean Jacques Fourny, jjf@anothereditions.com Responsable administrative & financière : Fatima Boukhouit. assistante@anothereditions.com Rédaction : Anastasia Chelini, Stéphanie Jacob, Michel Roussel, Julien Antinoff Marketing & Publicité : Amélie Proust. Tel. 06 61 52 43 46. amelie@anothereditions.com Direction Artistique : Mathieu Pasques. crocodilerouge@gmail.com Impression : Direct Print, Casablanca MARRAKECH MAG : Publication éditée par la Sarl Another Éditions Gérant : Jean- Jacques Fourny - Maroc R.C. : ww26171 - Patente : 45191132 - I.F. : 06520612 - CNSS : 7399464 - ICE : 000231459000026 Bureaux : 194-197 rue Mohamed El Beqal, Rés. Firdaous, Guéliz, 40 000 Marrakech, Maroc info@anothereditions.com. Tel. 05 24 42 02 49 - Fax. 05 24 42 21 28 - www.anothereditions.com Dossier de presse : 07/14 - Dépôt légal : 2007/0118 - ISSN : 2028-2079. Tous droits réservés (titres, textes et photos).



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006 / action

Par Michel Roussel

UNE SUPER CHAMPIONNE DU CLIMAT AUX COMMANDES DE LA COP 22 On la surnomme “la championne du climat”. Hakima El Haite, ministre déléguée à l’Environnement du Maroc, est en charge de l’organisation de la COP 22, qui se tiendra du 7 au 18 novembre à Marrakech. Depuis plusieurs mois, la ministre se bat sur tous les fronts – elle a participé en mai au Climate Action 2016 à Washington, s’est rendue à Paris en juin, et précise les priorités à mettre en place pour réussir cet événement planétaire. Nous l’avons rencontrée à Marrakech à l’occasion du Forum Carbone 360, où elle a débattu avec de nombreux experts internationaux pour préparer l’événement de novembre.

« Le Maroc est très heureux d’accueillir la COP 22. Cet événement va accélérer la mise en œuvre du développement durable dans tout le pays. Aujourd’hui, il n’y a pas une collectivité, un territoire, qui n’ait intégré cette problématique », a conƂé la ministre. Elle a identiƂé cinq priorités :

établir une feuille de route pré 2020 pour savoir qui fait quoi, quand et comment, booster la mobilisation, activer le déblocage des fonds à destination des pays les plus vulnérables, améliorer le transfert des technologies de base comme la photovoltaïque, et enƂn, dresser un agenda Ƃnancier post 2020 pour inciter les pays à honorer leurs promesses de contribution. « 2015 a été une année charnière pendant laquelle les leaders politiques ont décidé de prendre un nouveau tournant », a déclaré Hakima El Haite. « L’Accord de Paris a créé des attentes exceptionnelles dans les pays les plus vulnérables, auxquelles nous nous devons de répondre. La COP 22 sera un succès si nous arrivons à prolonger la solidarité qui a émergé entre les parties et à maintenir la conƂance qui a été reconstruite à Paris. » D’ailleurs, le royaume est « l’un des rares pays à avoir mis Ƃn aux subventions aux énergies fossiles pour le fuel industriel et l’essence », rappelle Mme la ministre. Nombre d’événements ont été organisés au Maroc pour la préparation de la grand-messe environnementale de Marrakech. Entre autres exemples, le Premier Forum Mondial des alliances et coalitions en juin à Rabat ; l’événement Carbone 360 sur la mise en place d’un prix carbone, qui aura lieu en juillet à Marrakech ; le premier sommet des multinationales du Sud en septembre à Rabat ; la conférence sur le plan d’action pour préparer 2020 ; les leaders féminins réunis à Skhirat début octobre pour parler des transformations mondiales ; ou encore, une pré COP en octobre, ainsi que le sommet africain de l’action à Marrakech début novembre. « Il est possible d’en faire plus pour inclure davantage de représentants des gouvernements nationaux et locaux, des entreprises et de la société civile des pays en développement », a conclu Mme El Haite. Son énergie, ses convictions et sa force de persuasion hors du commun ont démontré que le Maroc était Ƃn prêt à accueillir la COP 22, et à poursuivre la dynamique amorcée lors de la COP 21 à Paris.



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008 / news dans l’air du temps

1 ēīĕēij NEWS 1 #TALENTS FRANCO-MAROCAINS

JULIE GAYET EST À L’AFFICHE DU NOUVEAU FILM DE NARJISS NEJJAR, « APATRIDE », TOURNÉ DANS LA RÉGION DE MOULAY BOUSSELHAM. LA RÉALISATRICE MAROCAINE A FAIT APPEL AUX TALENTS DE LA COMÉDIENNE FRANÇAISE QUI PARTAGE L’AFFICHE DE SON NOUVEAU LONG-MÉTRAGE AUX CÔTÉS DE MOHAMMED NADIF, AVISHAY BENAZRA, AZIZ FADILI ET NADIA NIAZI.

#AU TOP

LE MAROC FAIT PARTIE DU TRIO DE TÊTES DES PAYS LES PLUS PROSPÈRES D’AFRIQUE. LE ROYAUME A ÉTÉ CLASSÉ 3ÈME SUR LES 38 PAYS AFRICAINS RÉPERTORIÉS DANS L’INDICE 2016 SUR LA PROSPÉRITÉ EN AFRIQUE. CE CLASSEMENT, PUBLIÉ CHAQUE ANNÉE PAR LEGATUM INSTITUTE, A PLACÉ L’AFRIQUE DU SUD SUR LA PREMIÈRE MARCHE DU PODIUM, SUIVIE DU BOTSWANA. CETTE 3ÈME PLACE CONFÈRE ÉGALEMENT AU MAROC LE TITRE DE « PAYS LE PLUS PROSPÈRE DU MAGHREB », DEVANT L’ALGÉRIE (5ÈME) ET LA TUNISIE (6ÈME).

#BRAVO LA RAM

LA ROYAL AIR MAROC REMPORTE À BRUXELLES, POUR LA DEUXIÈME FOIS CONSÉCUTIVE, LE PRIX « EUROPEAN AWARD FOR BEST PRACTICES 2016 ». LE PRIX A ÉTÉ DÉCERNÉ PAR LA SOCIÉTÉ EUROPÉENNE POUR LA RECHERCHE DE LA QUALITÉ (ESQR), ORGANISME RÉPUTÉ À L’ÉCHELLE MONDIALE POUR SES ÉVALUATIONS DU NIVEAU DES SERVICES DES GRANDES ENTREPRISES.

#ROYAL MARATHON

LE PRINCE HARRY D’ANGLETERRE VA FAIRE LE MARATHON DES SABLES 2017 AU MAROC. LE FILS DE CHARLES ET DIANA VA COURIR POUR L’ASSOCIATION « WALKING WITH THE WOUNDED », QUI SOUTIENT LA RÉÉDUCATION ET L’INSERTION DES VÉTÉRANS BLESSÉS DE GUERRE, ET POUR LAQUELLE IL A DÉJÀ PRIS PART À DES DÉFIS SPORTIFS. WELCOME.

#PRIX D’EXCELLENCE À ESSAOUIRA

COMME EN 2015, TRIPADVISOR CONSACRE CETTE ANNÉE ENCORE LE « MÉDINA ESSAOUIRA THALASSA SEA & SPA ». L’HÔTEL OBTIENT POUR LA DEUXIÈME ANNÉE CONSÉCUTIVE, LE CERTIFICAT D’EXCELLENCE. CETTE RÉCOMPENSE HONORE DEPUIS SIX ANS LES ÉTABLISSEMENTS TOURISTIQUES QUI ONT OBTENU LES MEILLEURS AVIS DE VOYAGEURS SUR TRIPADVISOR PENDANT L’ANNÉE ÉCOULÉE.

#ARTS CULINAIRES

LES CHEFS CUISINIERS DE MARRAKECH S’ASSOCIENT. LA FÉDÉRATION MAROCAINE DES ARTS CULINAIRES A CRÉÉ « L’ASSOCIATION DES ARTS CULINAIRES DE MARRAKECH », HISTOIRE DE RÉUNIR TOUS LES CHEFS ET CUISINIERS DE LA VILLE. SON PRÉSIDENT EST TARIK HARABIDA ET SON 1ER VICE PRÉSIDENT NOTRE AMI LE CHEF MOHA.

#FOOT. C’EST OFFICIEL!

L’INTERNATIONAL MAROCAIN MEHDI BENATIA REJOINT LE CLUB DE LA JUVENTUS DE TURIN. LE CAPITAINE DES LIONS DE L’ATLAS QUITTE DONC L’ALLEMAGNE ET LE BAYERN DE MUNICH POUR LE CHAMPIONNAT ITALIEN.

Par Michel Roussel


Derrière la porte, se dessine un paradis

N

iché dans une oasis de verdure, ce palais d’hôte au charme bucolique s’érige au cœur de l’Hivernage, à quelques pas du tout Guéliz. À l’abri d’une lourde porte promettant maints enchantements, Dar Rhizlane ménage à ses hôtes une entrée préfiguratrice d’un très beau moment. Dans cette retraite enchantée, où croissent des arbres fruitiers abondants et des palmiers généreux, on déjeune ou l’on dîne d’une cuisine marocaine et internationale, à l’ombre de la végétation en fleurs. Lieu féérique et préservé, Dar Rhizlane a quelque chose du palais privé et de la demeure de caractère, où le visiteur se sent l’hôte privilégié de l’art de vivre marrakchi, entre jardins luxuriants et finesse de la table. Telle une parenthèse bienfaisante loin de la frénésie de la ville, on y goûte une douceur de vivre inoubliable et précieuse, reprenant les codes d’un riche décor marocain authentique. Aux abords de la piscine paradisiaque, des tables ombragées se suivent, comme un appel irrésistible à la gourmandise ; tandis que dans les salons intérieurs, une ambiance feutrée accueille ses hôtes, entre cheminée et décor soigné, sur les accents profonds des luths. Dans les jardins, que ponctuent des bassins abritant des pétales de roses, un bar à l’esprit orientaliste prolonge la détente. Avec ses vingt chambres, suites et appartements, son spa intimiste, et l’excellence de sa table portée par la très réputée Chef Zakia, Dar Rhizlane vous fera oublier jusqu’au temps qui passe…

Réservation conseillée Ouvert tous les jours - Déjeuner 12h-18h / dîner 19h30-23h Rue Jnane el harti, Hivernage - Tel : 05 24 42 13 03 - www.dar-rhizlane.com


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010 / news dans l’air du temps

2 ēīĕēij NEWS 2 #PICASSO

UNE CENTAINE D’ŒUVRES DE PICASSO SERA BIENTÔT EXPOSÉE AU MAROC. « LE ROYAUME EST LE PREMIER PAYS ARABE ET AFRICAIN À ACCUEILLIR UNE EXPOSITION SUR LES ŒUVRES DE PICASSO », A DÉCLARÉ MEHDI QOTBI, LE PRÉSIDENT DU MUSÉE NATIONAL. CETTE DÉCISION INTERVIENT APRÈS LE SUCCÈS POPULAIRE QU’A CONNU L’EXPOSITION GIACOMETTI.

#LES MAROCAINS AUX JO

QUARANTE-CINQ SPORTIFS MAROCAINS ONT PARTICIPÉ DANS 12 DISCIPLINES AUX JEUX OLYMPIQUES DE RIO. 18 ATHLÈTES POUR L’ATHLÉTISME, SUIVI DE LA BOXE AVEC 7 REPRÉSENTANTS. ET POUR LA PREMIÈRE FOIS DE SON HISTOIRE, LE MAROC A PRIS PART AU CONCOURS OLYMPIQUE DE SAUT D’OBSTACLES, AVEC LE CAVALIER ABDELKEBIR OUADDAR ET SA MONTURE QUICKLY DE KREISKER, SACRÉS « MEILLEUR COUPLE MONDIAL 2015 ». QUANT À LA GOLFEUSE MAROCAINE MAHA HADDIOUI, ELLE A ÉTÉ LA PREMIÈRE FEMME MAROCAINE ET ARABE À SE QUALIFIER POUR LES JO DE RIO. ABSENT DEPUIS 1904, LE GOLF A D’AILLEURS FAIT SON GRAND COME-BACK AUX JO CETTE ANNÉE.

#NOOR CHANTE

DANSEUSE, ACTRICE, MANNEQUIN, ANIMATRICE, NOOR SE LANCE DANS LA MUSIQUE. L’UNE DES FIGURES DE LA JET-SET MAROCAINE A MIS SUR SA CHAÎNE YOU TUBE « #HASHTAG », SON PREMIER SINGLE, UN TITRE AUX ALLURES ÉLECTROKHALIJI OÙ ELLE APPELLE À FAIRE LA FÊTE, À DANSER ET À ÊTRE DE BONNE HUMEUR… ON LUI SOUHAITE UNE LONGUE CARRIÈRE !

#FIFM : ET DE 16 !

LE CINÉMA RUSSE SERA À L’HONNEUR POUR LA 16ÈME ÉDITION DU FIFM, QUI SE TIENDRA À MARRAKECH DU VENDREDI 2 AU SAMEDI 10 DÉCEMBRE. « LE CINÉMA RUSSE EST L’UN DES PLUS RICHES ET PROLIFIQUES EN EUROPE », A COMMENTÉ LA DIRECTION DE LA FONDATION DU FIFM.

#DISNEY AU MAROC

LE PREMIER PARC D’ATTRACTIONS DISNEYLAND D’AFRIQUE VA BIENTÔT S’INSTALLER À TANGER, SUR UNE SUPERFICIE DE 15.000 HECTARES AU CŒUR DE LA VILLE DU DÉTROIT.

#LAURIERS # LAURIERS

LLE EM MAROC AROC EST EST LE LE PAYS PAY PA AYS AFRICAIN AFRICAIN QUI QU C COMPREND OMPREND LLE EP PLUS LUS G RAND NOMBRE NOMBRE DE DE SITES SITES HISTORIQUES HISTOR QUES CLASSÉS CL LA ASSÉS PAR PAR GRAND LL’UNESCO, UNESC CO O, 9 AU AU TOTAL TOTA TO TAL – À É ÉGALITÉ GAL TÉ A AVEC VEC L’ LL’ÉTHIOPIE. ÉTH OP E. IIL L S’AGIT S AG T DES DES MÉDINAS MÉDINAS D’ESSAOUIRA, D’ESSAOU RA, FÈS, FÈS, EL EL JADIDA, JADIDA, DU DU KSAR KSAR AÏT A ÏT B BEN EN HADDOU, HADDOU, DE DE LA LA VILLE VILLE HISTORIQUE H STORIQUE DE DE MEKNÈS, MEKNÈS, DU DU SITE S ITE A ARCHÉOLOGIQUE RCHÉOLOG QUE DE DE VOLUBILIS VO V OLUB L S ET ET ENFIN ENFIN DE DE LA LA VILLE V LLE HISTORIQUE H STORIQUE ET ET MODERNE MODERNE DE DE RABAT, RABAT T, C CLASSÉE LA AS SSÉE D DEPUIS EPUIS 2 2012. 012

#ÇA PAIE LE FOOT !

SELON LE MAGAZINE AMÉRICAIN FORBES, LA STAR DU FOOTBALL PORTUGAIS CRISTIANO RONALDO EST LE SPORTIF LE MIEUX PAYÉ DE LA PLANÈTE, AVEC 88 MILLIONS DE DOLLARS DE REVENUS EN 2016 (77,2 MILLIONS D’EUROS).



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012 0 12 / n news ews d dans ans ll’air ’a r du du temps temps

3 ēīĕēij NEWS 3 #LAURIERS POUR LE ROYAL PALM

LE ROYAL PALM DE MARRAKECH A ÉTÉ CLASSÉ 9EME AU TOP 25 DES MEILLEURS HÔTELS DU MAROC, ET 21EME DU TOP 25 DES MEILLEURS HÔTELS DE LUXE DU ROYAUME. LES TRAVELERS’ CHOICE AWARDS SONT ORGANISÉS PAR LE SITE TRIPADVISOR.

#CINÉMA

LE FILM « LA ROUTE DU PAIN » DU RÉALISATEUR HICHAM ELLADDAQI A REMPORTÉ EN JUIN LE PRIX DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE AU FESTIVAL DE CINÉMA AFRICAIN (FCAT). IL ÉTAIT EN COMPÉTITION AVEC ONZE FILMS MAROCAINS. PRODUIT PAR OUALID TACT, LE FILM RACONTE LE QUOTIDIEN DES HABITANTS D’UN QUARTIER POPULAIRE DE MARRAKECH, QUI SE RASSEMBLENT CHAQUE JOUR DEVANT LES REMPARTS DE LA VILLE OCRE À LA RECHERCHE DE TRAVAIL.

#MUNICH-MARRAKECH

LA COMPAGNIE AÉRIENNE LUFTHANSA RELIERA MUNICH À MARRAKECH TOUS LES VENDREDIS ET DIMANCHES À PARTIR DU 30 OCTOBRE. À NOTER, C’EST TRANSAVIA QUI A OUVERT AU PRINTEMPS DERNIER LA PREMIÈRE LIGNE MUNICH-MARRAKECH.

#BEAUTÉ

DEUX MAROCAINES ONT ÉTÉ ÉLUES LES FEMMES LES PLUS BELLES DU MONDE ARABE : CHOUROUK CHELOUATI DE FÈS A ÉTÉ ÉLUE À BEYROUTH « PLUS BELLE FILLE DU MONDE ARABE », ET FATI JAMALI DE CASABLANCA A RAFLÉ LA COURONNE DE « MISS ARAB BEAUTY » LORS DU CONCOURS DE BEAUTÉ ORGANISÉ PAR LA CHAÎNE LIBANAISE MTV.

#AÉROPORT

LES TRAVAUX D’EXTENSION DE L’AÉROPORT MARRAKECHMÉNARA DEVRAIENT ÊTRE FINALISÉS AVANT LA TENUE DE LA CONFÉRENCE DE LA COP 22, A AFFIRMÉ LE MINISTRE DE L’ÉQUIPEMENT, DU TRANSPORT ET DE LA LOGISTIQUE, AZIZ RABBAH. LE NOUVEL AÉROPORT DISPOSERA D’UNE CAPACITÉ D’ACCUEIL DE 5 MILLIONS DE TOURISTES.

#ABEILLES

BONNE NOUVELLE POUR LES ABEILLES FRANÇAISES : LES NÉONICOTINOÏDES, PUISSANTS INSECTICIDES QUI MENACENT LES ÉCOSYSTÈMES, SERONT INTERDITS DANS L’HEXAGONE À PARTIR DU 1ER SEPTEMBRE 2018. POUR RAPPEL, CE TYPE DE PESTICIDES POLLUE LES SOLS ET PARTICIPE LARGEMENT À L’EFFONDREMENT DE LA POPULATION D’ABEILLES, ET SANS LES ABEILLES, C’EST TOUT UN ÉQUILIBRE QUI EST MENACÉ. ET À TERME, LA SURVIE DE L’ESPÈCE HUMAINE… LE MAROC DEVRAIT SUIVRE.

#ÇA TOURNE À MARRAKECH

LE DERNIER CLIP « ÇA ME VA » DE LARTISTE A ÉTÉ TOURNÉ EN PARTIE DANS L’UNIVERS ATYPIQUE DE DAR SOUKKAR DE MARRAKECH. « ON RIT, ON DANSE, ON CHANTE, ON PROFITE, C’EST ÇA NOTRE ESPRIT », A DÉCLARÉ LE CÉLÈBRE CHANTEUR À LA FIN DU TOURNAGE. IL EST AUSSI AUTEUR ET COMPOSITEUR.



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4 ēīĕēij NEWS 4 #ARCHIVES # ARCHIVES R ROYALES OY YA ALES

L’EXPOS TION ««LE LL’EXPOSITION LE M MAROC AROC À T TRAVERS RAVERS LLES ES Â ÂGES» GES» S SE ET TIENT ENT D DU U 12 DE 2 OCTOBRE OCTOBRE AU AU 30 30 DÉCEMBRE DÉCEMBRE AU AU MUSÉE MUSÉE D E L’ORDRE L ORDRE DE DE LA LA LLIBÉRATION IBÉRA AT TION À PARIS, PAR S, SOUS SOUS LE LE HAUT HAUT UT PATRONAGE PAT PA ATRONAGE DE DE S .M LLE ER O S.M. ROI MOHAMMED M OHAMMED VI. VI. ORGANISÉE ORGAN SÉE PAR PAR LA LA DIRECTION DIRECTION DES DES ARCHIVES ARCHIVES R OYALES EN EN COLLABORATION COLLABORA RAT ATION AVEC AV A VEC L’ORDRE L ORDRE D L’ E LA LA LIBÉRATION, L BÉRAT ATION, ROYALES DE CETTE C ETTE MANIFESTATION MAN FESTAT ON INVITE NV TE À R REDÉCOUVRIR EDÉCOUVR R 1 13 3S SIÈCLES ÈCLES DE D E L’HISTOIRE L H STO RE DU DU MAROC MAROC DEPUIS DEPUIS LA LA CRÉATION CRÉ ÉA AT A TION DE DE L’ÉTAT L ÉT TA AT A T M AROCAIN JUSQU’À JUSQU’À NOS NOS JOURS, JOURS, ET ET PERMET PERMET AUX AUX VISITEURS VIS TEURS DE DE MAROCAIN COMPRENDRE C OMPRENDRE L’ANCIENNETÉ L’ANCIENNETÉ DE DE L’ÉTAT L ÉTAT AT MAROCAIN. MAROCAIN.

#FRANÇAIS # FRANÇAIS D DU UM MAROC AROC S SUR UR M M6 6

JJUSQU’À USQU’À MI M DÉCEMBRE, DÉCEMBRE, LA LA CHAÎNE CHAÎNE FRANÇAISE FRANÇAISE M6 M6 DIFFUSE DIFFUSE UNE UNE CAPSULE C APSULE QUOTIDIENNE QUOTIDIENNE DE DE L’ONMT L’ONMT AVEC AVEC UN AV UN TÉMOIGNAGE TÉMOIGNAG AGE D’UN D UN FRANÇAIS F RANÇAIS DU DU M MAROC AROC QUI QU MONTRE MONTRE UNE UNE NOUVELLE NOUVELLE IMAGE IMA AG GE DU DU ROYAUME. R OYAUME SYDNEY SYDNEY TOLEDANO, TOLEDANO, PDG PDG DE DE CHRISTIAN CHR ST AN DIOR, DIOR, PIERRE PIERRE BERGÉ, B ERGÉ, HOMME HOMME D’AFFAIRE D AFF FA A RE ET ET MÉCÈNE, MÉCÈNE, RICHARD R CHARD ATTIAS ATTIAS OU AT OU ENCORE E NCORE L’ACTRICE L’ACTR CE MARION MAR ON GAME... GAME . METTENT METTENT LES LES PROJECTEURS PROJECT CTEURS CHAQUE MAROCAINE. C HAQUE JOUR JOUR SUR SUR LA LA CULTURE CULTURE M AROCA NE.

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UN NOUVEAU UN NOUVEAU TÉLESCOPE TÉLESCOPE À ÉTÉ ÉTÉ INAUGURÉ INAUGURÉ À L’OUKAÏMEDEN L OUK L’ KA AÏÏMEDEN A ME PENDANT P ENDANT LE LE LE LE 17 17ÈÈME F FESTIVAL ES ST TIVAL D’ASTRONOMIE D’ASTRONOMIE QUI QUI V VIENT ENT DE DE S’ACHEVER. S ACHEV EVER. ILL VA VA PERMETTRE PERMETT TTRE AUX AUX SCIENTIFIQUES SCIENT FIQUES D’AVOIR D’AVOIR ACCÈS ACCÈS À L’ENSEMBLE L ENSEMBLE DE L’ DE LA LA VOÛTE VOÛTE CÉLESTE, CÉLESTE ET ET QUI QUI SAIT, SAIT T, DE DE POUVOIR POUVO R DÉTECTER DÉTECTER UN UN JOUR JOUR UNE UNE EXOPLANÈTE EXOPLA LANÈTE DEPUIS DEPU S LE LE MAROC. MAROC.

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#RENCONTRE # RE R ENCONTRE D DE EM MINISTRES INISTRES

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#SUR # SUR L LES ES R RAILS AILS AI

L ONCF A PRÉVU L’ONCF PRÉ ÉV VU 4 IINITIATIVES N TIA AT TIVES P POUR OUR A ACCOMPAGNER CC C CO C OMPAGNER LLA AC COP OP 2 22, 2D DONT ONT LLA A MOBILISATION MOB L SAT ATION D D’UN ’UN T TRAIN RA N P POUR OUR S SENSIBILISER ENS BILISER À LLA AP PRÉSERVATION RÉSERVA VAT ON DU D U CLIMAT, CLIMA AT T, QUI QUI S SILLONNERA LLO LONNERA RA D DOUZE OU UZ ZE G GA GARES ARES D DU UR RO ROYAUME. OY YA AUME. U UN NA AUTRE UTRE TRAIN T RA R A N TRANSPORTERA TRA RAN ANSPORT TE ERA D DURANT URANT LLA AC CO CONFÉRENCE ONFÉRENCE Q QUELQUE UELQ LQUE 1 100.000 00 000 VOYAGEURS ENTRE MOHAMMED ET MARRAKECH. V VO OYA YAGEURS E NTRE L’ LL’AÉROPORT AÉROPORT M OHA AM MMED V E TM ARRAKECH



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016 / question

QUEL GESTE FAITES VOUS QUOTIDIENNEMENT

POUR

SAUVER LA PLANETE

?

Nous avons posé la même question à diverses personnalités de Marrakech : « Quel geste faites-vous quotidiennement pour sauver la planète ? » Toutes se sont prêtées au jeu et ont répondu de bonne grâce. Les réponses sont instructives. Elles démontrent en tout cas que personne n’est désormais indifférent à la protection de la nature et à l’avenir de la terre que nous laisserons à nos enfants.

DOCTEUR EL MANSOURI, responsable SOS Médecins Marrakech Dans la mesure du possible, je me déplace à pied ou en bicyclette pour aller visiter mes patients. Je récupère toutes les seringues jetables pour les incinérer et ne pas les laisser dans les poubelles à la portée du public. Et chaque fois que je croise un fumeur, je lui tiens un discours sur les risques pour sa santé, mais aussi pour lui donner des remords aƂn qu’il évite de polluer son entourage.

ÉRIC CONTE MOUSTAKIDIS, du Grand Café de la Poste

Je lutte tous les jours contre le gaspillage. J’ai mis en place des initiatives qui auront un impact quotidien sur la protection de l’environnement, comme la création d’un petit-déjeuner 100% bio et l’arrivée à la carte de six nouveaux plats, également 100% bio.

ABDEL KARMI, directeur de casting à Marrakech Je fais les gestes de base : ne pas jeter de papiers par terre (et je vais même jusqu’à ramasser ceux des autres.) Une fois, en voiture, j’ai apostrophé un monsieur qui venait de jeter son papier par la fenêtre. J’ai pris un risque... Mais tout s’est bien passé, il a gentiment ramassé ses petites affaires.

CYRIL, propriétaire associé du bô & zin

Je mange vegan et bien sur des fruits et légumes de saison. Je n’utilise que des produits naturels pour l’entretien de la maison, ainsi que des piles rechargeables, surtout quand on sait qu’une petite pile peut polluer jusqu’à 50 litres d’eau. EnƂn, et c’est indispensable au Maroc, j’ai opté pour le chauffeau solaire.

ALY HORMA, Grand Prix de Marrakech

Je roule en voiture hybride. Elle fonctionne en alternance entre le carburant classique et le bas régime, alimenté par une batterie électrique.

ALESSANDRA LIPPINI, styliste et designer Je suis en régime existentiel : recyclage dans tous les domaines (eau, vêtements, meubles, transports, energy green au sens large)


MARIE AUBOIRON ET MICHELLE ROSE FIEVET, Moon Garden Nous avons toutes les deux les mêmes réƃexes quant à la protection de l’environnement. Michelle ramasse tous les papiers qu’elle trouve à terre, et elle fait tout pour éviter une surconsommation d’eau. Quant à moi, je fais la guerre à mon Ƃls pour le sensibiliser au problème de l’eau dans le monde. Marie, elle, a équipé sa maison en énergie solaire, ce que tout le monde devrait faire ici à Marrakech étant donné le niveau d’ensoleillement…

AMAL TEMAR, actrice Je fais très attention à l’eau, ne pas la laisser couler inutilement, par exemple. Il y a d’ailleurs un verset du Coran qui dit que l’eau est à l’origine de la vie : « Nous avons fait de l’eau toute chose vivante ». L’eau est la richesse de notre planète et je suis horriƂée quand je vois la pollution des mers ou des rivières par des inconscients qui ne les respectent pas. M. MIRAOUI, président de l’Université Cadi Ayyad

Nous sommes la seule université d’Afrique à avoir mis en place un axe « Responsabilité sociale de l’Université » pour sensibiliser les étudiants et le personnel au développement durable, avec des gestes quotidiens qui ont un impact sur la protection de l’environnement, comme l’obligation d’éteindre les ordinateurs quand ils ne sont pas utilisés. Nous traitons les “eaux grises” pour l’arrosage des jardins, installons peu à peu l’énergie solaire pour l’éclairage et nous avons aussi commencé le tri des déchets.

ANNE-MARIE CHAOUI, manager Scènes de lin J’ai deux hectares de jardin dans lesquels ne rentre aucun pesticide ni produit chimique. Il y a des poules, pintades et canards qui détruisent tous les insectes nuisibles, et j’ai aussi des chèvres qui mangent tous les “déchets” de jardin…

HAMID BENTAHAR, président du CRT Marrakech J’essaie d’adopter des petits réƃexes chaque jour et si je ne le fais pas, mes Ƃlles me le rappellent ! Je suis sensible à la mise en place du LED, que ce soit à la maison ou dans mes hôtels, et je suis convaincu que l’économie est directement liée au respect de l’environnement.

MARCELLO, opérateur touristique italien

Mon geste écolo, c’est mon vélo. Je voyage avec lui de pays en pays depuis quelques années. Toutes mes rencontres et mes découvertes, je les Ƃlme et je les écris. Marrakech devait être une étape, mais aujourd’hui j’ai envie d’y rester, car cette ville est ma porte d’entrée vers un nouveau continent, de nouvelles rencontres et d’autres cultures.

MALIK MEZIANE, directeur artistique et RP du Radisson Blu

Je fais attention à l’eau dans mon usage quotidien, je ne la laisse pas couler quand je me savonne sous la douche par exemple. Je ne laisse plus les appareils en veille aƂn de réduire la consommation d’électricité, et je les fais fonctionner aux heures creuses (dans la mesure du possible).

FABRICE CASTELLORIZIOS, directeur général du Radisson Blu J’abandonne de plus en plus ma voiture au proƂt de mon vélo.

CHEF MOHA, Chef cuisinier de Dar Moha

Je cours tout le temps pour éteindre les lumières, et je ferme les robinets pour n’utiliser que le nécessaire d’eau, que ce soit à la maison ou au restaurant.


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018 / hommage

Par Michel Roussel

FONDATION LEÏLA ALAOUI POURSUIVRE LES COMBATS DE LA PHOTOGRAPHE

”CROSSINGS“

Le regard de Leïla Alaoui Poursuivre son combat, donner la parole aux populations les plus fragilisées du monde — les migrants, les femmes victimes de violences conjugales, les enfants atteints du cancer, les artistes qui se battent pour exister…—, telle est l’idée de la Fondation Leïla Alaoui, créée et présidée par sa maman Christine Alaoui, après la disparition brutale de la photographe en début d’année, à Ouagadougou. « Nous avons eu tellement de demandes, de témoignages du monde entier, amis, associations ou anonymes, qu’il nous a semblé évident de continuer à faire vivre l’œuvre de Leïla, en préservant le fonds nourri de milliers de photographies, qu’il faut d’ailleurs archiver », explique Soulaimane Alaoui, le frère de Leïla. Une vidéo sera présentée à la COP 22 dans le cadre de l’exposition « Essentiels Paysages » dans le tout nouveau Musée d’Art Africain qui ouvre ses portes à Al Maden, avec des images tournées par Leïla, commentées par les témoignages réels de migrants. « Avec son art et son talent, Leïla dénonçait dans un esprit artistique les situations des plus déshérités », poursuit Soulaimane. Le message est fort. Il sera sans nul doute entendu au cours de l’exposition qui se tient actuellement au palais présidentiel de Cascais au Portugal jusqu’à Ƃn novembre, et qui comporte des photographies jamais montrées jusque-là en Europe. Elle présente également quelques portraits de la série « Les Marocains », dont un sera vendu aux enchères au proƂt de l’association de la lutte contre le cancer présidée par Lalla Salma. « Crossings », une des dernières séries de Leïla. Facebook : Fondation Leila Alaoui


hommage


MMG#8

Par Anastasia Chelini

020 / la culture des livres

spécial nature Pour ce spécial COP 22, le MAG a retenu un consortium de beaux livres tous dédiés à une seule et même cause : la nature. Entre hommage à sa beauté, écrin de choix recueillant ses plus vibrants paysages, et plaidoyer pour sa sauvegarde et celle des espèces animales en danger, cette sélection en faveur de l’écosystème prône une prise de conscience des dégâts que le réchauffement climatique enclenche, et appelle à un changement impératif de nos pratiques. Ou quand la nature fait de son charme un cri – qui résonne de page en page.

« ARTICA – THE VANISHING NORTH » Éditions TeNeues 1.500 DH à la Grande Librairie Photos sublimes et paysages glacés constituent l’axe envoûtant de ce très beau livre, en anglais/français/allemand, signé Sebastian Copeland, photographe et activiste notoire. Un ouvrage dont le titre évocateur dit assez le danger qui menace l’Arctique : celui de disparition. Sur trois cent pages contenant deux cent clichés, règne une beauté pétriƂée et hiératique, à l’aura magnétique et essentielle, retraçant les banquises exsangues qui diminuent lentement. Le photographe nous entraîne à la poursuite de cette zone en passe de s’évanouir dans les limbes du souvenir, à cause du réchauffement climatique qui ne cesse de l’impacter, et qui cause aussi bien la fonte prématurée des glaces, que la mort accrue des ours polaires. C’est aussi à la suite de son rêve d’enfant que Sebastian Copeland nous conduit, un rêve qui l’animait suite à ses lectures de Jack London : visiter l’Arctique. Une passion qu’il nous communique, de cliché en cliché, tout en martelant le risque de voir ces contrées sublimes se consumer.

« THE GARDENER’S GARDEN » (“Le jardin du jardinier”) Éditions Phaidon 750 DH à la librairie Jardin Majorelle De la Nouvelle Zélande au Brésil, en passant par l’Angleterre, le Japon, le Mexique et l’Irlande, cet ouvrage nous emmène à la découverte des plus beaux jardins du monde, nichés aux quatre coins du globe. Quatre cent cinquante-huit pages d’immersion dans ces parcs et jardins d’exception, publics ou privés, historiques ou contemporains, dont le livre nous ouvre les portes. Dans la rubrique Maroc, on retrouve quatre jardins marrakchis : le Jardin Majorelle, celui de la Mamounia, celui du palais Bahia en médina, et celui de la Villa Aïn el Kassimou, nichée au cœur de la Palmeraie. Parmi les jardins les plus iconiques que le livre présente, on retiendra celui de la Villa Liebermann à Wannsee, écrin enchanteur où vivait l’écrivain Max Liebermann ; ainsi que les jardins en terrasses du château Sanssouci à Potsdam, prolongés par un parc où folies et statues s’épanouissent. Un livre façon bible, conviant tous les styles et les types de jardins, sur plus de mille deux-cents photos de pure luxuriance, présentant plus de deux cent cinquante jardins. Réalisé par Madison Cox – le paysagiste du Jardin Majorelle–, ainsi que par Ruth Chivers, Toby Musgrave et Ravindra Bhan.

« CHRONIQUE D’UNE TERRE DÉVASTÉE » Éditions de la Martinière 1.100 DH à la Grande Librairie C’est là une œuvre forte, sombre, prémonitoire, engagée, que signe le photographe animalier Nick Brandt, spécialisé dans la photo en noir et blanc. De fait, c’est dans la dualité de ces teintes exclusives que les clichés de l’auteur se dessinent, à mi-chemin entre la mise en garde et la complainte désenchantée, présentant au lecteur un monde dépeuplé, où animaux en danger se délitent, aux conƂns d’un déclin que l’on devine croissant. Consacré aux espèces animales en voie de disparition en Afrique, cet ouvrage crépusculaire, à la beauté visuelle poignante et mélancolique, met en scène des éléphants, des lions, des girafes, dans des postures qui ne laissent pas indifférent. Un ouvrage poético-réaliste, doté d’une singulière force de questionnement, prenant le lecteur à parti. Cent vingt pages de clichés artistiques, façon électrochoc. Après ce livre, on voit l’Afrique autrement. Une déclaration de guerre aux braconniers et au traƂc animal. Et un hommage aux animaux. « À l’heure où j’écris ces lignes, une apocalypse de toute la vie animale, aux dimensions d’un continent, se déroule en Afrique », déclare Nick Brandt. Cet ouvrage est le troisième d’une trilogie consacrée aux animaux d’Afrique, dont les clichés vont en s’assombrissant, à mesure que les espèces s’amenuisent…


« ALTERNATIVES AU GAZON » Éditions Actes Sud 500 DH à la Grande Librairie En ces temps de prise de conscience concernant la nécessaire mise en place de bonnes pratiques en faveur de l’environnement, quoi de plus ingénieux qu’un beau livre faisant le point sur les alternatives au gazon – qui, on le sait, est extrêmement vorace en eau, et nécessite d’être régulièrement renouvelé – . Sur deux cent trente pages de clichés didactiques, cet ouvrage d’Olivier Filippi est une œuvre de référence sur les jardins secs. Esthétique et pratique, ce beau livre vous guidera vers la création d’un jardin plus ecofriendly, car moins friand en eau. Depuis les jardins en couvre-sols adaptés au climat sec (steppe ƃeurie, plantes tapissantes et piétinables, graminées de saison chaude, tapis de ƃeurs, jardin sur gravier, prairies ƃeuries, arbustes et vivaces pour massifs…), en passant par la plantation et l’entretien (comment économiser l’eau, comment réduire l’entretien), pour conclure par la description de deux cent espèces et variétés de plantes, ce livre très complet est à offrir d’urgence à celles et ceux qui ont la main verte.

« JARDINS DE MARRAKECH » Édition Eugène Ulmer Eds 290 DH à La Grande Librairie 295 DH chez Chatr Ce beau livre d’Angelica Gray nous révèle les plus beaux jardins privés de Marrakech, grâce aux clichés bucoliques d’Alessio Mei. Il s’ouvre sur le Jardin de l’Agdal, suivi par celui de la Ménara et de la Koutoubia ; pour continuer par ceux du Palais Badi, qui cèdent ensuite la place à ceux du Palais Bahia. Puis ce sont les jardins du musée Dar Si Saïd en médina qui se mettent en scène, introduisant ceux de plusieurs riads d’exception, qui abritent en leur sein les jardins les plus paradisiaques et insoupçonnés qui soient. Les Deux Tours, le Palais Rhoul, le Beldi Country Club, l’Amanjena ou encore Ksar Char-Bagh nous enchantent à leur tour de leurs jardins privés, entre luxuriance et profusion. Le Musée de la Palmeraie révèle alors son jardin intérieur foisonnant, dont son impressionnant jardin de cactées ; la Mamounia fait de même, ainsi que l’incontournable Jardin Majorelle. Et aussi, le jardin el Harti de Guéliz, et le cyberparc en médina. Un livre must have pour tout marrakchi qui se respecte – ou pour tout amoureux de Marrakech. Parce que la ville ocre est aussi une ville verte.

« HYMNE À LA TERRE » Éditions National Geographic 2.000 DH à la Grande Librairie Montagnes majestueuses, régions polaires Ƃgées, déserts et savanes, îles et océans, forêts tropicales et fonds sous-marins : voilà de quelle matière est faite ce très beau livre, tel un « Hymne à la terre » sublimant les plus beaux espaces de la planète, et mettant en scène le rapport ténu qui unit l’homme à la nature. Plus de quatre cent cinquante photos – dont 80% totalement inédites – signées Art Wolfe, photographe spécialisé dans les clichés de nature, reviennent sur la fragilité et l’éclat de ces différents écosystèmes. Que le photographe n’a de cesse de défendre : à travers anecdotes et récits, il se fait le chantre d’une nature à préserver, multipliant les clichés tous plus hypnotiques et intenses les uns que les autres, qui emporteront le lecteur dans un voyage d’une beauté minérale à couper le soufƃe. Mention spéciale pour l’exceptionnelle qualité de fabrication du livre, grâce au procédé utilisé, le Chroma Centric. Avec « Hymne à la terre », partez à la découverte d’une nature plus enchanteresse que jamais, grâce à cet ardent défenseur du donné naturel, qui a parcouru le monde pendant quarante ans, et dont le travail s’est vu souvent récompensé.

« MAJORELLE – UNE OASIS MAROCAINE » Imprimerie Nationale Éditions 600 DH à la librairie Jardin Majorelle Consacré au jardin éponyme, « Majorelle – Une oasis marocaine » déploie cent vingthuit pages de photos retraçant les contours du jardin le plus célèbre de Marrakech. Des visuels verdoyants, tous plus beaux les uns que les autres, présentent au Ƃl des pages la végétation du jardin, ses allées bucoliques, le fameux bleu Majorelle ceignant les murs qui s’y élèvent… Une véritable promenade dans un monde végétal fascinant, qui dévoile sa beauté avec persuasion, offrant de charmantes variations au gré des saisons. Un souvenir immanquable de ce jardin mythique, pour l’emporter un peu avec soi… Textes de Pierre Bergé et Madison Cox, photos de Claire de Virieu.



Par Anastasia Chelini

Exposition dans le parc naturel du Morvan en 2014

© FG FINEART

Steph.Cop et le ARO

D’arbres tombés au creux de la forêt, Steph.Cop sculpte une œuvre d’art, libère d’eux une évidence jusqu’alors abritée par les stries centenaires. Profondément sensible à la nature, le sculpteur place depuis 2008 l’arbre au centre de son travail, duquel il tire des avatars en bois, les ARO. À l’occasion d’ « Asymmetria », un solo show événement présenté à la David Bloch Gallery, focus sur une démarche spontanément rattachée au donné naturel, bien que volant nettement vers ses horizons propres : l’étude d’un volume.

L'ARBRE. Encre sur papier. “ARO Copelini au milieu d'un arboretum de hêtres, en forêt du Morvan. L'abstraction anthropomorphique.“ Steph.Cop


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024 / art

• L’arbre est au centre de l’étude. • Ce qui me touche avant tout, c’est l’arbre. • L’arbre est notre contemporain ; en prendre soin est primordial. • L’arbre, c’est nous, ce n’est pas seulement quelque chose à préserver. • Je vois une symétrie entre l’arbre et nous. • Il est un sujet évident de société. • C’est l’arbre qui guide mon projet, et non pas l’arbre qui colle à mon projet.

Steph.Cop

Façade de la David Bloch Gallery

I

l a déjà exposé à la David Bloch Gallery, en 2012. Pour ce second solo show, Steph.Cop et ses ARO reviennent à Marrakech avec un double propos. Cette fois, les « Analyse Reƃex Obsessionnel », avatars symptomatiques du travail du sculpteur, peuplent la galerie de leur présence singulière ; en incluant à leurs lignes deux éléments nouveaux : la déconstruction des volumes, d’une part ; l’artiste jouant à dessein avec les proportions géométriques convenues, pour pousser plus avant son étude sur le volume. Et d’autre part, l’alliance inédite de matériaux a priori pas spontanément symbiotiques, celle du bois et du métal, réunis dans les ARO. Cette nouvelle série exclusive, au nom évocateur – « ARO Asymmetria » –, baptise d’ailleurs le solo show : « Asymmetria ». Moitié avatar en bois, moitié bloc de métal brut, cette version du ARO fonctionne comme une explication. Son demi ƃanc occasionne en effet une appréhension renouvelée du volume d’une sculpture, par l’effet de contraste entre la partie sculptée et la partie brute à laquelle elle est jouxtée. Elle permet au regardeur de visualiser différemment sa teneur réelle, d’en comprendre la compacité et les pleins qui la composent, de mesurer comment, d’un volume initial, on dégage une sculpture aboutie, faite de vides soustraits à un plein originel. L’opportunité, donc, de saisir l’amplitude du travail, et la largeur de l’arbre duquel le ARO fut extrait. Face aux sept « ARO Asymmetria » célébrant les noces du bois et du métal, et de deux « Asymmetria » tout en bois, l’exposition présente par ailleurs quatre « ARO Copelini », autre variation de l’avatar. Bras très élancés, physionomie générale plus Ƃne, cette lecturelà du ARO semble le ramener à l’arbre, dont il reprend la verticalité.

Et parce que Steph.Cop, non content d’insufƃer à l’arbre une seconde vie, rend souvent ce dernier à la nature – comme il l’a déjà fait dans la forêt du Morvan, où il a autrefois exposé des ARO–, c’est tout naturellement que l’exposition marrakchie préƂgure l’éventualité d’un projet rêvé : celui d’une sculpture de huit mètres, qui irait prendre place quelque part dans le désert marocain. Telle une question inŵnie dressée dans un espace inédit, à l’aune d’une temporalité particulière… Un vœu en devenir, donc, qui confère à l’exposition une dimension unique, lui donnant des allures de consortium d’études de ladite sculpture en gestation. Rendez-vous pour un solo show précurseur, oscillant entre hyper technicité et émotion afƃeurant au détour du bois fragile – fragile comme l’est notre monde. Jusqu’au 20 novembre Vernissage le 21 octobre 2016 8 bis, rue des vieux marrakchis, Guéliz, Marrakech Tel : 05 24 45 75 95 www.davidblochgallery.com



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Par Anastasia Chelini

026 / art

Quand l’art s’engage

pour l’environnement La COP 22, événement déclencheur d’une conscientisation massive, interpelle toutes les strates de la société, à commencer par les artistes. Chez ces derniers ƃeurissent en effet des projets porteurs, liés au questionnement sur l’environnement. Le plus spectaculaire d’entre eux étant le nouveau jardin de sculptures monumentales, impulsé par Mahi Binebine, artiste marocain engagé, proliƂque et incontournable. Pour qui la COP 22 était l’occasion parfaite de sertir la ville d’un poumon bienvenu : celui de l’art. Présentation d’une respiration artistico-culturelle, se dessinant sur fond de mécénat et d’éco-conscience.

E

lle fait planer sur la ville une ardeur contagieuse, entraînant une levée d’initiatives variées. Mais une fois passée, quelle empreinte tangible restera-t-il de la COP 22 à Marrakech ? Justement, l’artiste Mahi Binebine, entraînant avec lui une dizaine d’artistes phares de la scène artistique marocaine, apportent une réponse pérenne à la ville, pour faire perdurer l’effet boost enclenché par la COP 22, et pour ancrer durablement dans la vie des Marrakchis le questionnement sur le rapport à la nature. Cette initiative artistico-citoyenne prend la forme d’un jardin, abritant treize sculptures monumentales, toutes axées autour du thème de l’environnement, et réalisées bénévolement au proŵt de la ville. Prenant naissance à la lisière de la médina et de Guéliz, en Ƃn de l’avenue Mohamed V, ce jardin tout juste réhabilité fonctionne comme un musée à ciel ouvert, offrant au passant un nouveau point d’arrêt où rêver, déambuler, réƃéchir au développement durable, tout en côtoyant l’art au quotidien, via les sculptures géantes. Le double but de ce jardin consistant à sensibiliser le visiteur aux problématiques écoenvironnementales, tout en lui offrant l’opportunité de croiser de l’art dans son parcours urbain. Ouvert à tous, le jardin ménage même une aire de jeux sécurisée pour les enfants, telle une invitation aux familles à éveiller les bambins à l’art dès leur plus jeune âge. Autre élément louable de cette initiative, c’est l’engagement sociétal fort qu’elle incarne, puisque le jardin aux sculptures est soutenu par le Ministère de la Culture, et qu’il a pu être réalisé grâce au sponsoring et au parrainage d’entreprises, qui ont Ƃnancé le coût de réalisation de l’œuvre de leur choix. Quant aux artistes, c’est sans hésiter qu’ils ont offert leur sculpture à la ville, participant eux aussi à cet élan de générosité citoyenne. Mahi Binebine, lui, curateur du projet et également auteur d’une sculpture Ƃgurant dans le jardin, pense déjà à essaimer ce concept facteur de sens et d’écosystème sur d’autres grandes villes du royaume, comme Casablanca, Tanger, Essaouira… Où, là aussi, un jardin urbain se verra réhabilité. Parce qu’une ville sans jardin et sans art est une ville sans soufƃe. Et que l’art sans engagement s’arrête à mi-chemin de sa raison d’être.


L E S A RT I ST E S PA RT I C I PA N T AU P R OJET • Mohamed Melehi • Karim Alaoui • Mohamed Mourabiti • Yasmina Alaoui • Abdelkrim Ouazzani • Florence Arnold • Soukaina Aziz el Idrissi • Nicola Salvatore • Abdeljalil Saouli • Hassan Bourkia • Hassan Darsi • HaƂz Takorait • Abderrahim Yamou • Jean-François Fourtou • Bouchaib Habbouli • Fatiha Zemmouri • Hassan Hajjaj • Ilias Selfati • Ikram Kabbaj Maîtrise d’ouvrage assurée par bda


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Par Anastasia Chelini

028 / art

“S’il est vrai que je suis enthousiaste à l’égard de la COP 22, je me demande surtout ce qu’il adviendra une fois qu’elle sera passée. Quels bénéŵces concrets en restera-il ?”

ART OF CHANGE 21 + HASSAN HAJJAJ L’ART COMME VECTEUR D’UN MODUS VIVENDI PLUS ENVIRONNEMENTAL Parce que la COP 22 n’est pas que l’apanage des climatologues et autres scientiƂques, ni n’incombe uniquement aux décideurs politiques, voici qu’une association artistico-culturelle a mis la main à la pâte, pour impacter à son tour les mentalités, et tenter d’instaurer un nouveau rapport à l’environnement. Le MAG fait le point sur “Art of Change 21”, et dévoile ses projets sociétauxenvironnementaux, développés en partenariat avec Hassan Hajjaj, artiste mythique de la ville ocre, photographe et designer vivant entre Marrakech et Londres, et pratiquant historique de l’upcycling.

Créée il y a un an et demi à l’occasion de la COP 21, l’association Art of Change 21 co-conçoit des actions et expositions avec des artistes, des entrepreneurs sociaux, ainsi que des acteurs de la transition écologique. Pour la COP 22, elle revient avec un joli projet, BALAD_E, ofƂciellement labélisé COP 22, en partenariat avec la Fondation Schneider Electric et l’ONU Environnement. Au menu, de nombreuses activités et projets se succéderont, s’inscrivant autour d’un lieu central : le bien connu Riad Zima, rendez-vous artistique et culturel iconique de la ville ocre, que son illustre propriétaire a de tout temps dédié à l’art, l’échange, le recyclage, la mode et la musique. De fait, c’est sans hésiter qu’Hassan Hajjaj a accepté d’ouvrir son riad à l’association, pour y accueillir leurs projets communs. Cet artiste phare, pionnier en matière d’éco-conscience, et dont le travail s’axe depuis toujours autour du concept d’upcycling (réutilisation d’objets), a tout naturellement été séduit par BALAD_E. D’autant plus que ce projet reprend les préoccupations chères à l’artiste, à savoir, la valorisation des talents et des communautés locales. Ensemble, Art of Change 21 et Hassan Hajjaj ont donc mis au point un programme de rencontres foisonnant, destiné à impacter

durablement les mentalités des participants en faveur du climat. Du 10 au 17 novembre, une semaine intensive de conférences, tables rondes, performances artistiques, échanges et débats informels aura lieu, auxquels l’artiste prendra part. Les sujets traités iront des champs de l’innovation, à ceux du développement durable, en passant par la culture. Des concerts et des moments festifs prendront régulièrement le relais des séances de brainstorming. Tandis qu’aux murs, sera exposée une frise paléoénergétique, retraçant les avancées à travers le monde en matière d’énergies alternatives et renouvelables. Et le 11 novembre, Hassan Hajjaj himself aura carte blanche. À ne manquer sous aucun prétexte ! Notez également la performance de l’artiste Yann Toma, à base de lampes solaires, programmée le 15 novembre. Autre activité fun et originale mise en place par Art of Change 21 avec le Riad Yima, ce sont des parcours à vélo à travers Marrakech, qui emmèneront deux fois par jour qui le souhaite à la rencontre de lieux exemplaires d’un point de vue social et environnemental. En partenariat avec Pikala Bikes, les Pikala BALAD_E vous feront vivre une expérience touristique unique, décalée et engagée. Du 10 au 17 novembre, au départ du Riad Yima.


Un masque antipollution créé dans le cadre de Maskbook

. En parallèle, Art of Change 21 met également en place une exposition Maskbook au Café Clock (du 7 au 18 novembre), ainsi qu’un atelier Maskbook, prévu le 12 novembre au matin. Consistant à revisiter les masques antipollution traditionnels, le projet Maskbook invite qui le souhaite à customiser ou à repenser ces masques, de la façon la plus amusante et créative possible. Le but étant, bien entendu, de rappeler que si masque antipollution il y a, c’est que notre monde est pollué… Voilà qui conscientisera efƂcacement les apprentis artistes. En amont, une belle galerie de masques est d’ores et déjà disponible en ligne, sur le site maskbook.org .

Le Riad Yima de Hassan Hajjaj

Nicolas Hulot et son masque antipollution pour Maskbook

L’artiste Hassan Hajjaj

EnƂn, BALAD_E par Art of Change 21 aura son propre stand dans la Zone Verte, au cœur de l’espace “Art et Culture“ de la COP 22. Il accueillera aussi une exposition Maskbook, ainsi qu’une animation Caire Game – un autre outil ludique, permettant aux particuliers d’agir contre le réchauffement climatique, via des économies de CO2. Et parce que la COP 22 a lieu à Marrakech, Caire Game lancera le 10 novembre la version arabe de son site.

RIAD YIMA 52 derb Aarjane, Rahba lakdima, médina (derrière le restaurant Nomad sur la place des Épices) CAFÉ CLOCK Derb Chtouka, Kasbah


Par Anastasia Chelini

O U L’A L L I A N C E D E L A F O R M E ET DE LA BEAUTÉ

Ses toiles se dessinent sur des fonds patinés, sur lesquels courent des calligraphies aux teintes ƃambantes. Noureddine Chater, artiste marocain en pleine expansion, a fait de la lettre son credo, et de la couleur sa signature. Le MAG vous emmène à sa rencontre, et vous présente son alphabet réinventé, où beauté et recherche fusionnent.


our Noureddine Chater, entre lui et l’art, tout a commencé très tôt. Ce fut au détour d’un atelier de peinture pour les gamins du quartier, tenu par la Maison des Jeunes. Là, à peine âgé de neuf ans, il découvrit la calligraphie ; qui imprima à sa vie toute sa direction. Depuis, celui qui est plus connu par son nom de famille, Chater, a fait du chemin sur la route de l’art. À treize ans, il remporte un concours, auquel son atelier de calligraphie le fait participer. Parce qu’il a gagné, il est reçu par la reine Noor de Jordanie, en compagnie d’autres jeunes lauréats, pour un séjour qui restera gravé comme un souvenir solaire. De son propre aveu, ce voyage changera tout : c’est là que Noureddine décide de devenir artiste. Plus tard, c’est logiquement qu’il exerce en tant qu’enseignant d’arts plastiques, avant que l’art ne le rattrape totalement, le faisant mettre Ƃn à sa carrière de prof pour se consacrer exclusivement à son œuvre. Les expositions s’enchaînent, notamment à la Matisse Art Gallery, à ses côtés depuis les débuts. En 2006, il remporte encore un concours, « Le Maroc Avenir », lancé à l’échelle nationale par la Caisse d’Épargne et de Gestion, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du Maroc. Pour l’occasion, il propose cinquante versions du drapeau marocain ; et convainc le jury. En 2008, il reçoit cette fois une commande de l’ONCF, qui lui demande six toiles pour orner l’immense hall de la gare de Marrakech – où elles Ƃgurent toujours. Il a par ailleurs exposé au Musée de la Palmeraie à Marrakech, mais aussi à Paris à la Manufacture 111, en Espagne au Musée de la Méditerranée de Torroella de Montgri, au Portugal pour une exposition itinérante…


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U N D É T O U R P A R L’ A T E L I E R

Dans son atelier marrakchi, où l’espace s’étire en longueur, tel le pont d’un navire environné de soleil, partout les toiles s’exposent et ne se ressemblent pas. Des grands formats, des études, des petits formats, des diptyques, des quadriptyques, des polyptiques… À ces toiles variées, un point d’orgue impulse une grammaire commune, autour de laquelle la peinture de Chater se déploie : la lettre. C’est elle qui importe à l’artiste, c’est son dessin qui le fascine. Pour la pousser toujours plus avant, Chater n’hésite pas, de fait, à débarrasser la lettre de toute signiƂcation. « Je choisis des lettres dont j’aime la forme ; et j’en invente aussi parfois », pour qu’elles correspondent à son exigence esthétique. Infatigable explorateur du style et de la forme, Chater fait de ses toiles un territoire dédié à la lettre. Autre terrain d’expression privilégié de l’artiste, la matière. Pour support, il utilise du papier marouƃé sur toile, pour des effets de matières et de textures démultipliés, que renforce l’usage de techniques mixtes (pochoir, bombe, peinture…). Tandis que la composition des toiles permet à Chater d’atteindre un rendu visuel décuplé. Le tout prenant forme sur des fonds travaillés façon palimpsestes. Ce qui n’est pas sans rappeler le vocabulaire d’un certain street art, vers lequel le travail de Chater semble se diriger. En route vers le calligrafƂti ? L’artiste le conƂrme. Puis rappelle son essentiel : « partager ma culture de la calligraphie, la sortir du cadre ; l’amener vers quelque chose de plus contemporain. » Un pari réussi. www.noureddine-chater.com contact@noureddine-chater.com

Nourredine Chater vit et travaille à Marrakech. Il est né en 1975.



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Par Anastasia Chelini

g n i c M o r o c c o


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r e n c o n t r e

ouché par ces femmes et ces hommes aux destins simples, dépositaires d’un patrimoine socioculturel s’éteignant, l’artiste Hendrik Beikirch s’est lancé dans une vaste étude photographique puis picturale des Marocains représentatifs d’un monde secondarisé. À l’occasion de sa résidence à Jardin Rouge en 2015, il a donc présenté « Tracing Morocco », un hommage vibrant aux petits métiers du Maroc, comme aux personnes qui les incarnent. Fasciné par les gens ordinaires, l’artiste a trouvé une manière intensément poétique de lutter à sa façon contre la progressive disparition de cet univers-là, fait de savoir-faire traditionnels, d’humilité touchante et de simplicité conférant à l’essentialisme de la condition humaine. Pour ce faire, Hendrik Beikirch a réalisé vingt-deux portraits de ces ŵgures anonymes du quotidien, auxquelles il a rendu une identité, un statut, un tribut. Refusant ainsi le capitalisme et l’hypermondialisation qui mettent à mal les petits métiers. Exposées à Jardin Rouge en décembre 2015, ces toiles peintes à l’encre d’Inde, à la peinture acrylique puis à la bombe transmettent la profondeur saisissante qui habitent ces être sublimés. Pour prolonger l’impact et la visibilité de ces visages intenses, bruts, hypnotiques, porteurs d’une histoire inscrite sur les plis qui les dessinent, Hendrick Beikirch les a par la suite

d e s

reproduits dans des dimensions décuplées, les inscrivant cette fois au cœur du paysage urbain cosmopolite : sur les façades nues de murs immenses, d’abord à Marrakech, face à la gare ferroviaire ; puis à New York, Oslo, Rome, Copenhague, Naestved ; où ils indiquent leur vérité aux passants… Et rappellent la fragilité de leur condition. Ces murs ont été réalisés dans le cadre d’un voyage autour du monde, que l’artiste a débuté l’année dernière, et qu’il continue en 2016. Emportant avec lui ces visages à la force contenue, révélatrice d’émotions plurielles, et qui représentent un Maroc authentique, précieux : une richesse à défendre. À noter, aucune image n’a été volée ; toutes sont le fruit d’une rencontre entre l’artiste et ces personnes, auxquelles il a expliqué sa démarche. L’ensemble des portraits, ainsi que les images des murs sur lesquels ils ont été retracés, sont à retrouver dans un beau livre de cent soixante-seize pages, en vente à Jardin Rouge et à la librairie Chatr – 450 DH, en français, en anglais et en arabe. Et aussi, cinquante exemplaires collector ont été édités dans une version luxe, contenant chacun une œuvre originale de l’artiste. Voilà comment pérenniser ce plaidoyer artistique en faveur d’un monde émouvant. contact@jardinrouge.com www.montresso.com

M a r o c a i n s

Mohamed agriculteur Mohamed barbier Ahmed berger Mustapha menuisier Lahcen écrivain public Fadma hennayate Mustapha constructeur naval Mohamed marchand d’outil Mounir pêcheur Aïcha arganière Abdessadek briquier Aziz maçon Magdul marin pêcheur Abderraïm tisserand Maïzo créateur de zelliges Farid porteur de carossa Smiaa cuisinière Haj Ayachi ferronnier Elhachemi camionneur Issan boucher Brahim chauffeur de taxi Rakouch couturière


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Par Anastasia Chelini

036 / art

E T M AT I È R E S E N F U S I O N

Jean-Bernard Yaguiyan C’est en 2000 que cet artiste photographe, tout droit rentré des Antilles, s’installe au Maroc, dans la campagne d’Ounara, à vingt kilomètres d’Essaouira. Il se taille alors rapidement un nom dans l’univers de la photographie professionnelle, collaborant notamment avec des magazines prestigieux, comme « Maisons du Maroc », « 212 Magazine », « Maroc Prestige », ou le « Marrakech MAG ». En parallèle, Jean-Bernard Yaguiyan expose régulièrement ses photographies artistiques, entre le Maroc et la France, où leur teneur onirique ne cesse de séduire.



Cette série tente de capter l’essence qui s’exhale des matières en fuite ; auxquelles l’artiste appose son propre visage, telle une fusion délicate. Son faciès grave, pensif, devient alors la toile de fond des photographies, comme un témoin tangible d’une trace humaine dans ce travail dédié aux métaux, à la terre, à la matière.


Si c’est lui-même qu’il a choisi de faire ŵgurer en surimpression, c’est par pudeur pour les autres et leur image, par respect pour leur privacy inviolable. À leur place, il expose ainsi son visage, comme une matière première participative de sa démarche ; au même titre que le décor sur lequel celui-ci s’inscrit.


Ici, le thème de l’environnement afŶeure constamment : l’artiste ayant à cœur de faire œuvre de récupération. Par ses photos, il offre une seconde vie, artistique celle-là, à des objets tombés en désuétude, dont l’abandon manifeste les avait amputés de leur utilité.


Pour Jean-Bernard Yaguiyan, qui se décrit comme « un révolté en faveur de la nature », restructurer ce qui a vieilli est fondamental. Cela évite l’impasse de la surproduction vaine et aliénante, qui entrave la créativité tout en polluant la terre.


Le choix du lieu où les photos ont été prises n’est pas anodin : c’est à la « joutia » d’Essaouira, marché aux puces fameux de cette ville balnéaire, qu’il a réalisé ces clichés poétiques, emprunts d’une furtive mélancolie. Là, tout se réutilise : « c’est un dépôt un peu sale, un bric-àbrac de planches, de sommiers entassés, de matériaux de construction, de bouts de ferraille. Avec au bout, la mer ; surgie comme un mirage évocateur de départs ou de retours impossibles ».


Un lieu où le sens afŶeure, au milieu des pièces usagées. Tout entier pétri d’une quête contemplative, Jean-Bernard Yaguiyan, artiste intègre et habité, continue de chercher une correspondance entre l’âme et l’environnement. Avec, en ŵligrane, cette volonté constante de réconcilier l’homme à la nature.



Par Anastasia Chelini

C

ette styliste de formation a d’abord travaillé pour de grandes maisons parisiennes, comme Guy Laroche, pour ne citer qu’elle. Avant de rallier Marrakech, rattrapée par son goût immodéré du voyage et des terres inexplorées. Là, elle se lance dans la décoration d’intérieur, apposant avec brio sa griffe et son style à des restaurants renommés de la ville rouge – le Montecristo, le Lotus Club, les Terrasses de l’Alhambra sur la place Jemaa el Fna (sur le point de devenir le Zitoun Café…), et bien d’autres. Côté hôtels, elle n’est pas en reste, planchant actuellement sur le Kenzi Farah, auquel elle insufƃe un supplément d’âme, via un décor repensé. C’est un fait : Brigitte Détrée transforme tout ce qu’elle touche en or. Depuis deux ans et demi, elle exerce de surcroît une nouvelle activité : moduler des reproductions de photographies anciennes, pour en faire, là encore, des clichés touchés par la grâce.

L’idée lui est venue, telle une lubie inspirée, de coudre sur les photos ; pour les parer, comme un intérieur, d’un habit de lumière. Le procédé est simple et pourtant minutieux : à même la surface de la photo, Brigitte coud à la main des perles, des paillettes, des rubans, au gré de son intuition ; offrant aux protagonistes du cliché une dimension inédite, esthétique, fascinante. Comme redessinés, voici que ces personnages immobiles adoptent un contour rutilant, qui les rend soudain plus vivants. Ainsi, une mariée orientale prend des allures de Madone songeuse, tandis que son vêtement, désormais richement orné de Ƃls d’or, lui offre un statut nouveau ; une humble femme portant des paniers d’osier devient une marchande de rêve et de couleurs ; une jeune Ƃlle, dont la parure semble terne sous le noir et blanc du cliché, retrouve brillant et prestige grâce à ces broderies colorées, qui confèrent à sa tenue une opulence notoire ; un violoniste et son comparse adoptent une

tournure pop-rock, sous l’effet des strass dont Brigitte les revêt. Presque animées, ses photos ainsi révélées interpellent nouvellement le regardeur. Les thèmes de prédilection de Brigitte ? Les Marocains ; les Orientaux ; les Africains ; et l’Inde. En un mot, tout ce qui a trait à à un univers cosmopolite, exotique, pluriel, fait de variations et d’histoire(s). D’où son logo, qu’elle appose sur chacune de ses créations, façon cachet de la poste, revisité selon ses initiales : BD. À découvrir au concept-store marrakchi “33 Majorelle”, à la galerie “L’Aimance” à Casablanca, à “Las Chicas” à Tanger, ainsi que dans deux boutiques parisiennes, “Voyages immobiles” au 26 rue Taillandiers dans le 11è, et “Antouziastik” au 88 rue de Courcelles dans le 8è arrondissement. Tel : 06 61 23 77 38 bdetree@gmail.com


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046 / photo



MMG#8

Par Anastasia Chelini

048 / architecture

Studio KO

de Marrakech au monde entier

À

La ville ocre étant une muse inspirant de nombreux artistes, c’est tout naturellement qu’elle abrite depuis des années un duo d’architectes montant, dont la carrière connaît une expansion foudroyante. Restés Ƃdèles à cette destination où ils se sont forgés un nom, Karl Fournier et Olivier Marty, fondateurs du Studio KO, sont en passe de devenir des légendes du métier – bien qu’observant toujours une modestie égale, doublée d’une grande discrétion. Décryptage d’un talent fou, qui se conjugue sur un mode dual, à l’ombre des projecteurs.

la tête d’un nombre impressionnant de réalisations, et disposant maintenant de trois bureaux – un à Marrakech, un à Paris et un à Londres –, les deux fondateurs du KO Studio, jeunes quadragénaires français, imposent leur style et leur vision de par le monde. À Marrakech d’abord, où ils ont imaginé la décoration du Grand Café de la Poste, lieu de rendez-vous par excellence des socialites marrakchis, auquel ils ont insufƃé une scénographie de type colonial, d’inspiration mauresque et baignée de tons chauds, reprenant les codes d’un café littéraire british, chic et cosy. Ce sont eux également qui ont signé la rénovation du Musée Boucharouite de Marrakech, niché dans un riad de la médina datant du XIXe siècle, Dar Dallah. À Essaouira ensuite, on leur doit l’exquise décoration et la rénovation de L’Heure Bleue Palais, splendide riad estampillé “Relais et Châteaux”, où les inƃuences africaines, anglaises, portugaises et orientales font des salons et des chambres de véritables bijoux, donnant sur un luxuriant patio. À Londres, ils ont assuré l’architecture

d’intérieur et la direction artistique d’une ancienne caserne de pompiers, convertie en hôtel de luxe à l’irrésistible charme : le Chiltern Firehouse, devenu en quelques mois the place to be de la capitale british, point de convergence des stars, ministres et égéries – et où le commun des mortels ne peut espérer dîner sans avoir réservé au moins deux mois à l’avance. Tout récemment, c’est pour la maison de haute couture Balmain que le duo a œuvré, signant la nouvelle boutique newyorkaise de la griffe. Force est de constater que la patte KO s’exporte, voire qu’elle s’arrache. De fait, le duo aux mains d’or croule sous les commandes – tout en restant en retrait, refusant la surexposition ou tout autre processus de stariƂcation. Entre villas privées (Italie, Maroc, Corse, sud de la France…),


Façade du Musée YSL à Marrakech

réalisées pour de grands noms (Patrick Guerrand-Hermes, Pierre Bergé…) ; hôtels de luxe (comme le mythique Château Marmont à Los Angeles, pour lequel ils ont assuré de discrètes rénovations en 2015) ; restaurants étoilés ; boutiques ; et resorts (dont le Domaine Royal Palm de Marrakech, où ils ont signé des villas privées), ils sont partout. Le dernier projet de resort s’érigeant actuellement au Vietnam, sur une baie de Phu Yen, qu’ils élaborent pour le compte du groupe Zannier. Mais cette fois, Karl et Olivier ont frappé encore plus fort, s’apprêtant à entrer dans le panthéon de l’histoire. C’est à eux en effet qu’a été conƂée la conception du futur Musée Yves Saint Laurent de Marrakech. Commandité par la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, ce musée à l’architecture sculpturale ouvrira ses portes à l’automne 2017, dans la rue éponyme. Futur écrin destiné à recevoir une partie de la collection de la fondation (comprenant des milliers de vêtements, d’accessoires haute couture et de dessins du grand couturier), il s’étendra sur une surface globale de près de 4.000 m2, répartis en espace d’exposition permanente, salle d’exposition temporaire, auditorium, boutique-librairie, café-restaurant avec terrasse, et bibliothèque de recherche regroupant 5.000 ouvrages. Le bâtiment se présente comme un assemblage de cubes, sur lesquels court une dentelle de briques, tel un écho à la trame d’un tissu. Tandis que l’intérieur se fait lisse et lumineux, adoptant le velouté d’une doublure de vêtement. Dans ce projet pharaonique, on retrouvera bien

entendu la marque de fabrique du duo, cette formule imparable à l’origine de leur succès : une architecture minérale, sur laquelle règnent les lignes pures ; un ancrage dans la culture locale et son artisanat ; une communion-fusion avec l’environnement ; une poésie indicible surgissant des matières choisies. Le tout serti d’un minimalisme oscillant entre sobriété et luxe, doublé d’une quête de pérennité. Et toujours, ce sens d’une narration sur-mesure, chaque fois réinventée pour donner une âme au lieu, pour en faire un monde unique. L’architecture selon KO Studio, donc. Studio KO Marrakech 127 avenue Mohamed V, Guéliz Tel : 05 24 43 76 78 komarrakech@studioko.fr www.studioko.fr

Au centre de l'édiŵce, un puits de lumière crue


Morgane et Marie Lloret devant leur sapin de NoĂŤl au Palais Namaskar


Par Anastasia Chelini

Marie

carte blanche au décor Architecte d’intérieur, designer et scénographe, Marie Lloret, aussi connue sous le vocable « Made In Diva », enchante Marrakech de ses réalisations, toutes plus spectaculaires et mémorables les unes que les autres. Focus sur une créatrice d’émotions, une deus ex machina, qui tire du rien un décor fascinant, plongeant ceux qui y pénètrent dans un nouveau réel.


e plus en plus incontournable à Marrakech, Marie Lloret transforme hôtels, riads et palais privés en expérience chaque fois différente, au moyen de décors uniques, ultra narratifs, choyés au millimètre près, et polis à l’aune du rêve porté par les maîtres des lieux. Cette créatrice d’intérieurs et d’atmosphères signe une capacité horsnorme et inextinguible à créer encore et toujours du nouveau, à voir en un espace neutre un potentiel foisonnant, à convertir un lieu standard en un réservoir inŵni d’enchantements. Et à faire, invariablement, du jamais vu, où la fantaisie s’ébat librement. Intuitive, dotée d’un sens inné de la proportion, Marie Lloret sait résolument tout inventer, et même métamorphoser un défaut de fabrication en un élément facteur de charme. C’est en 2010 que Marie Lloret quitte la Suisse, où elle a ofƂcié des années durant, pour rallier Marrakech, y déclinant désormais sa science de la scénographie et de l’habillage des volumes, couplée à une certaine théâtralité. Dernièrement, elle a signé avec sa ŵlle Morgane l’époustouŶante décoration du resort The Source, route de l’Ourika. En à peine dix-huit mois – ce qui en soi est un tour de force, au vu de l’énormité du chantier à boucler, ainsi que du travail hyper détaillé et pluriel qu’elles ont fourni –, Marie et sa Ƃlle ont fait du resort un véritable bijou, dont le thème décoratif, la musique, a donné lieu à des trésors de créativité et d’inventivité, pour un résultat global d’une cohérence bluffante, conviant luxe et sérénité. Face à cet indéniable talent, c’est tout naturellement que Made in Diva, la société de Marie, connaît une expansion fournie. Elle termine actuellement la décoration du riad Karmela Princesse, axé autour d’un concept

D

décoratif encore une fois singulier : une couleur et un matériau par chambre. Un pari fou pour les uns, un révélateur d’idées pour Marie. Cette dernière en ayant à revendre, elle ne s’arrête pas à la seule sublimation d’un lieu, explorant au contraire tous les champs que la créativité irrigue. De fait, elle et sa société assurent également des événements pensés de a à z, entre décors créés de toutes pièces pour l’occasion, présence d’un orchestre, et vêtements confectionnés autour du thème… L’année dernière, Marie et sa Ƃlle ont notamment conçu les décors de la soirée de la Saint Sylvestre au Palace Es Saadi, en même temps qu’elles ont réalisé les sapins de Noël de l’hôtel, dont le sapin central de sept mètres de haut, constellé de centaines de roses en métal doré. Au Namaskar, elles ont participé au « Sapins des créateurs », le leur se déclinant autour d’une femme en métal, sertie d’une traîne lestée de roses épanouies, en métal aussi. Une autre fois, c’était cette fois la scénographie d’un mariage Missoni qu’elles ont orchestrée, depuis les tables aux tapis reprenant les motifs bariolés de la griffe. Et parce que rien n’arrête les ƃots créateurs qui habitent Marie, elle s’adonne aussi à la peinture, au croquis, et au design de meubles ; tout support étant toujours prétexte au bouillonnement de concepts tangibles, quels que soient la matière ou l’usage qui en sera fait. Entre excentricité mesurée, folie douce, fantasmagorie parfois – à la Tim Burton, voire à la Mugler –, Marie et sa composante diva savent savamment donner corps à tous les décors, du moment « qu’on s’y sent bien instantanément ». Avec, pour leitmotiv, trois maîtres-mots : « l’atypisme, la technicité, et la capacité de rendre au luxe l’artisanat ».

marie.lloret@madeindiva.com www.madeindiva.com madeindiva.over-blog.com

Trio d’intérieurs au resort The Source


Marie Lloret dans son décor Missoni, entièrement customisé selon les imprimés fétiche de la marque


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054 / design

Par Anastasia Chelini


LE

GÉNIE

DE

LA LAMPE


MMG#8

056 / design

À

perte de vue, des champs de pierres, une campagne sèche, un monde lunaire sur lequel la caillasse régente, quelque part en Ƃn de Palmeraie, sur la route de Casablanca. Et soudain, à la faveur d’un bout de piste, au détour d’un palmier solitaire, une bâtisse inattendue, mi-ferme mi-maison, surgit de l’inclinaison de ce terrain vaste et sans fond. Là, dans la partie basse de la ferme, un établi ouvert au grand air, transformé en atelier. C’est ici que Kader travaille, crée, dessine, confectionne, réalise, donne le jour… À des lampes. De fait, le luminaire est le domaine d’illumination créative de Kader – de son nom complet Abdelkader Oudainia. Cet ancien antiquaire, puis chef de chantier, est devenu designer, et s’attache depuis quatre ans à illuminer les intérieurs. Nombreux sont les hôtels de luxe, les concept stores et les restaurants haut de gamme à avoir cédé aux appels de phare des lumineux luminaires de Kader, qu’il présente sous sa marque CKLighting Design. Entre le “Radisson Blu” de Marrakech, l’hôtel “L’Amandine” à 60 kilomètres de Casa, le restaurant “Tokyo Eat” du Palais de Tokyo à Paris, le corner “Les 3 chouettes” à la Grande Épicerie du Bon Marché, ou encore le restaurant “Le Bouclard” à Paris, Kader a de quoi faire pour éclairer son monde. Récemment, il a réchauffé de ses feux le restaurant “Le Cabestan” à Casa, après avoir initialement tamisé le restaurant “Le Jacksiback” à Marrakech, ainsi que “La Cantine Parisienne”, et avoir illuminé l’hôtel “Oliver Palm”, à Marrakech également. Il a même dessiné une lampe pour le directeur artistique de Christian Dior. Côté stores, ce sont de grands noms du secteur qui sollicitent Kader ; de la maison de design scandinave “HAY”, qui commercialise sa production, à l’incroyable “Télécabine” de Villeurbanne – un loft concept, espace d’exposition et lieu de vie à la fois, articulé autour du design.

De fait, pour cet artiste de la lumière, tout est possible. Lampadaires, appliques murales, potences, suspensions, lampes de table, lampes de chevet, lampes de bureau, lampes d’appoint, lampes cloche, plafonniers, lustres, lampes boule, lampes tube, il n’y a rien que le maître des soleils artificiels ne sache faire. Dès que Kader

pétrit la matière, tout rêve de lumière se mue en éclairage tangible. Légères, fines, aériennes ; ou au contraire épaisses, volumineuses, centrales ; voire asymétriques, aux proportions renversées ; ou encore, décalées, originales, conceptuelles : ainsi vont les lampes de Kader. Réalisées en acier peint, mat ou coloré, en laiton brossé ou poli, ou encore en aluminium, elles se modulent selon une gamme de variations

inƂnies. Intensément design, parfois génialement rétros, souvent industrielles, elles épousent des abat-jours aux lignes changeantes, de formes coniques et iconiques, oblongues ou longues, ovales ou biseautées, recouvrant des ampoules claires ou au fond assombri de mercure, pour une ambiance devenue feutrée, intensiƂée par le revers doré du chapeau. Certaines sont carrément collector, comme la lampearaignée, dont les tiges s’arquent en direction du sol, toutes jaillies d’un tronc commun. D’autres allient pratique à design, comme ces lampes à branches multiples, rotatives, pivotant intégralement sur elles-mêmes. Car pour Kader, ce qui importe avant tout, c’est de créer. « Un plafond est un espace d’expression comme un autre, à exploiter comme le sol ou les murs », explique-t-il. « Justement, un luminaire va ponctuer cet espace, l’habiter d’une manière esthétique. » Ainsi naît l’idée de la lampe. Qu’il travaille avec le perfectionnisme brûlant des artistes, avec un même souci d’exception : « mes lampes, je les améliore tout le temps, jusqu’à ce qu’elles deviennent comme un bijou. » De fait, ses pièces, uniques et sur-mesure, ne portent plus la trace des soudures. Semblant avoir été confectionnées d’une traite, tirées d’une perfection immédiate. Tandis qu’il pétrit une lampe, sous l’œil aimant et vigilant de Cécile, sa douce – décoratrice d’intérieur et artiste peintre–, Kader n’a cure du paysage aride alentour. Dans son univers intérieur, inversement fertile, il pense déjà à la lampe suivante. Pour que l’illumination se propage. Deux boutiques, l’une en face de l’autre Bab el Khémis, entrée secondaire, parking face à la Wilaya Kissaria el fateh Première allée à gauche Tel : 06 32 26 32 30 designcklighting@gmail.com



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058 / création

Par Nathalie Rigoulet

LE RECYCLAGE PLUS TENDANCE QUE JAMAIS

C

es dernières années, le recyclage est devenu un concept central du développement durable. Les exemples en ce sens foisonnent ! C’est tellement mieux de faire du neuf avec du vieux ! D’ailleurs, on le voit tous les jours : réutiliser partiellement ou totalement les matériaux qui composent un produit en Ƃn de vie, pour en fabriquer de nouveaux, voilà qui est devenu monnaie courante. Objectif : préserver les ressources naturelles de notre planète. Premier pas : réduire le volume et le poids de nos poubelles, afin de limiter les risques de pollution de l’air et des sols|; et transformer nos déchets industriels ou ménagers en matières premières. Évidemment, tout n’est pas encore recyclé ; mais n’oublions pas qu’il n’y a pas si longtemps, l’incinération et l’enfouissement étaient les seules solutions ! Le tri sélectif s’est largement répandu, et on ne compte plus aujourd’hui le nombre d’objets fabriqués à base de matières recyclées. Utiliser les déchets verts pour le compostage, réparer les appareils défectueux au lieu de les jeter, donner une seconde vie à nos meubles, sont tout autant de solutions simples et efƂcaces. On peut aussi laisser s’exprimer son esprit créatif, d’autant plus que les idées originales de recyclage sont devenues tendance. Le terme branché du moment, “l’upcycling”, est d’ailleurs sur toutes les lèvres, désignant les déchets autrefois boudés, désormais considérés comme nobles, représentant carrément le top de la “branchitude”. Et oui, les temps changent.... Côté designers, ils redoublent d’imagination : sols vinyle, sacs de café en jute, ballons de basket, bâches publicitaires en PVC, gazon synthétique… Ils se transforment maintenant en poufs, luminaires, corbeilles à linge ou à papier, coussins, sets de table… Des chariots de supermarché deviennent des fauteuils de luxe, cartons et palettes se transforment en meubles, bocaux en verre ou bouteilles plastique se muent en luminaires... Il y en a pour tous les goûts et à tous les prix ! Artisans d’art et artistes se sont emparés du moindre petit ou gros déchet : pneus, chambres à air, ceintures de sécurité, composants électroniques, Ƃls électriques, canettes en fer,

plastique, boulons, etc. Même la mode, la haute couture et les marques de luxe surfent sur la vague du recyclage. JeanPaul Gaultier, toujours avant-gardiste, réalisait déjà en 1980 une robe “sac poubelle”, accessoirisée de bracelets en boîtes de conserves, et d’un sac tiré d’un cendrier. Diane von Furstenberg présente quant à elle des bracelets en perles et Ƃls de téléphone recyclés en Afrique. Yves Saint Laurent propose “New Vintage“, une mini collection « soucieuse du respect de l’environnement et fondée sur la récupération, le recyclage et la création durable », selon la volonté de Stefano Pilati. Viktor and Rolf, lui, présente une collection 2016 en Ƃbres recyclées. Même Hermès s’est doté d’une fondation œuvrant en faveur de l’écologie et du recyclage, à travers sa collection “petit h”. Les exemples ne manquent pas, et les boutiques vendant des créations à base de recyclage se sont multipliées.


Voici quelques exemples à Marrakech de créateurs qui ne manquent pas d’idées et qui surfent sur la vague décidément très tendance du recyclage.

L’ART DU RECYCLAGE Coïncidant avec l’organisation de la COP22 à Marrakech, l’Institut Cervantès invite deux artistes plasticiennes, RuƂna Santana et Isabel Renou, à dialoguer sur l’art de recycler à travers leurs œuvres. RuƂna Santana, artiste résidante à Lanzarote en Espagne, est licenciée en beaux-arts de l’Université de Barcelone. Son œuvre intitulée « Alphabet pour une île », constitue depuis 1990 le début d’une réƃexion sur la nature du jardin primitif, qu’elle développe avec des expositions baptisées « Archéologie du jardin », ou « Cartographies du jardin », qui se sont tenues au Sénégal, en France, au Japon, aux USA. Sa dernière expo, « Cartographie de l’eau » a été présentée au Frost Art Museum de Miami en 2015. Isabelle Renou est une artiste française qui vit à Marrakech depuis plus de 25 ans. Ses expositions et installations ont comme matière première des vieux livres et objets d’usage quotidien qu’elle transforme en éléments décoratifs et meubles originaux. Expo du 3 au 30 novembre à l’Institut Cervantès, 14 bis avenue Mohamed V. Marrakech Guéliz

LALLA MIKA RECYCLE LES SACS PLASTIQUE Le Maroc vient d’interdire la fabrication et la vente des sacs en plastique, lesquels s’amoncelaient et polluaient villes et campagnes. Il y a déjà longtemps que la créatrice Domino Leserre a créé sa marque à Marrakech, Lalla Mika — Madame Plastique en Français—, pour recycler les sacs plastique. Elle fait appel au savoir-faire de femmes d’un village proche de Marrakech, monte un atelier de fabrication et crée toutes sortes d’objets, sacs, ceintures, bijoux, accessoires... En exemples, le sac Nini en sabra, 100% végétal de Ƃbres d’aloès, à Ƃnition de gland en mika tricoté, ou encore les colliers en boules de mika crocheté ont fait fureur dans la boutique du Jardin Majorelle. La Ƃbre créatrice et l’imagination bouillonnante de Domino ont fait du recyclage un nouvel usage, bien avant que l’ensemble de la planète ne surfe sur le concept de la mode verte.

VIEUX JEANS ET BOUTS DE TISSUS DEVIENNENT DES TAPIS SUPER TENDANCE Des femmes d’un petit douar près de Marrakech, Touggana, n’ont pas attendu la COP 22 pour se lancer dans le recyclage : elles ont monté leur association et fabriquent les tapis et coussins « Boucharouette » avec de vieux jeans récupérés et des bouts de tissus, de la laine, du chanvre, du cuir ou du jersey. De véritables œuvres d’art, que la créatrice Anne-Bénédicte vend dans son showroom de Sidi Ghanem, Djeann. « Les artisanes travaillent en conservant les techniques de la pure tradition ancestrale berbère du Haut-Atlas, qu’elles revisitent pour donner aux tapis un aspect contemporain. Chaque pièce est unique et de grande qualité et chez Djeann, nous mettons un point d’honneur à concevoir des produits de luxe aux Ƃnitions impeccables, déƂnitivement haut de gamme », déclare cette créatrice passionnée de déco.& Autre élément original chez Djeann, c’est qu’il est possible de faire réaliser son propre tapis sur-mesure dans un esprit fashion et vintage.

LES SCULPTURES SUR PNEU DE LAHCEN IWI Lahcen Iwi se passionne pour la récup’ depuis toujours. À huit ans déjà, il aidait son père à fabriquer des seaux et des cruches avec des pneus et des chambres à air. Après des études d’anglais, son esprit d’artiste se réveille et il imagine des animaux sauvages sculptés avec des pneus usagés, qu’il commence à récupérer. Dans un premier temps, il dessine les modèles, puis les réalise sur des carcasses de bois, qu’il recouvre de bandes de pneus, leur donnant ainsi un aspect peau. Pour les dents et les défenses de ses bestioles, il sculpte de l’os et pour les yeux, il utilise de gros clous de tapissier… Effet magique garanti, les sculptures de Lahcen font grande impression à Marrakech –il en a exposé à la galerie Design and Cook–, ainsi qu’au Maroc en général, et endehors de ses frontières. Sans oublier que par son travail, l’artiste s’engage à sa façon dans la protection de l’environnement.


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060 / rencontre

Texte : Anastasia Chelini Photos : Jean-Bernard Yaguiyan


DANS LA PEAU DE MOURABITI D’UNE OEUVRE À L’AUTRE : SA MAISON D’ARTISTE ET SON TRAVAIL Il Ƃgure parmi les artistes les plus côtés et admirés du Maroc, sa renommée rayonnant par-delà les frontières. Exposé dans des collections privées et publics, à Sao Paulo, Londres, Paris ou New York, c’est à Marrakech que Mohamed Mourabiti a élu résidence, installé dans un village alentour. Pour ce spécial COP22, nous sommes allés à sa rencontre, dans la demeure qu’il a tissée à l’aune de ses rêves. Fondue en pleine nature, abritant chevaux et jardins, l’antre éclatante de l’artiste est une embellie veverdoyante, à la faveur de laquelle il s’est raconté.



ENTRE RETRAITE DÉVOLUE À LA CRÉATION, REPÈRE SACRÉ DE L’ARTISTE, RESPECT DE L’HÉRITAGE, ET LIEU DE TOUS LES ÉCHANGES, LA DEMEURE ÉLARGIE DE MOURABITI EST À L’IMAGE DE SON PROPRIÉTAIRE : FOISONNANTE, CHALEUREUSE, PROLIXE ; AVANT TOUT INCLASSABLE.

fonctionne comme une âme : elle s’est enrichie au Ƃl du temps, étoffée, agrandie, devenant le réceptacle d’un univers hétéroclite mais accordé, où souvenirs multiples, objets insolites, faïences et pièces chinées se tutoient, en une fusion des inƃuences et des styles. Articulée autour de la cuisine, son espace de vie et de rassemblement, la maison dispose notamment d’un consortium de vastes pièces mué en atelier. Dans cette partie préservée, le maître tisse son œuvre, sous de hauts plafonds, dans des volumes limpides, le tout ayant un accès direct au jardin, terreau de ses échappées. D’ailleurs, les neufs chevaux de Mourabiti, depuis leurs boxes attenants, l’appellent à des sorties régulières. L’équitation, son autre passion, le voit soigner ses chevaux avec l’attention d’une mère. Cavalier hors pair, il les promène quotidiennement, maintenant avec chacun un lien unique. Et puis le jardin continue, qui recèle parfois en ses plis quelque sculpture majestueuse, souvent exposée à travers le monde. Dans ce domaine champêtre, la quiétude se respire à pleins poumons. Une simple allée le sépare de la résidence d’artistes Al Maqam, que Mourabiti a fait s’élever juste en face. Ayant ainsi deux entités voisines : son monde propre, à deux pas de celui qu’il ouvre aux autres ; où piscine, jardins, chambres et espaces communs cohabitent avec un mémorial et un mini musée dédiés à l’artiste Farid Belkahia, son ami défunt. Tandis qu’en arrière-plan, se dresse l’atelier de Binebine, autre artiste marocain contemporain majeur, qui y travaille environné par la nature en paix.

A

u départ, sur ce vaste terrain débridé, il n’y avait rien. Rien que l’herbe folle d’une nature inviolée, située à la naissance d’une petite agglomération,Tahannaout, séparée de Marrakech par vingt-huit kilomètres. Mourabiti, qui jadis enfant passait ses vacances dans la région, s’est à ce point épris du coin, qu’il a souhaité y ériger sa maison, au creux de la verdure luxuriante. Une maison de rêves, fantaisiste, baroque, obéissant aux inspirations successives de l’artiste, à ses onirismes architecturaux. Ainsi l’a-t-il construite, au fur et à mesure de ses idées, depuis dix-sept ans qu’il y vit. Tout en la modelant selon une construction vernaculaire. Chaque coin et recoin, médités puis convertis en réel, ont abouti à une maison qui


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064 / rencontre

RETOUR SUR L’ŒUVRE UN ARTISTE ANTICONFORMISTE, EN QUÊTE DE SPIRITUALITÉ

H

abité par la fureur de vivre, par un questionnement métaphysique, une méditation sur l’au-delà et sur le rapport au divin, Mourabiti parsème son œuvre de symboles et de renvois au sacré. En témoignent les coupoles maraboutiques qui peuplent ses toiles. Dans le jardin d’Al Maqam, la recherche de spirituel continue : une tombe dressée vers le ciel, telle un déƂ à la mort,

incarne le mémorial dédié à Farid Belkahia. Cette bravade au trépas, on la retrouve dans la cuisine de Mourabiti, où une voûte en forme de tombe surplombe la table à manger, comme émergée de la terre, narguant la pesanteur ; ou transposant un demi ciel, selon. Dans ses toiles encore, des éléments verticaux s’élèvent. On y

relève aussi une Ƃgure récurrente, le triangle, pouvant aussi bien désigner le cosmos que la planète, et ayant la fonction d’une ƃèche, guidant le spectateur vers le haut, pour qu’il s’extraie du terre-à-terre et rejoigne le spirituel. Autre élément qui fait référence au sacré, ces seins, multiples, répétés, essentiellement repris dans la partie sculptée du travail de Mourabiti. L’artiste s’en fait le défenseur, quitte à heurter les consciences. À la base de ces sculptures, une réŶexion issue d’un jeu de mots : les « seins » se prononcent comme « saints » ; cette même énonciation réunit soudain ces deux concepts en une commune sacralité. Par leur représentation démultipliée, l’artiste s’attache à montrer que le sein n’est pas objet de consommation, pas non plus l’emblème exclusif de la maternité. En plus d’être un élément de vie par lequel tout commence, il est aussi un élément neutre, dénué de charge érotique ou de connotation nourricière. Il existe en tant que tel, et non en tant que Ƃnalité. En trait d’union à l’œuvre de Mourabiti, la profondeur, et comme une volonté d’élévation ; qui traverse de part en part cet homme imprégné de souŵsme. Habité par la responsabilité du devoir de transmission, Mourabiti déclare : « Je cherche, dans notre société, la manière juste, l’adéquation entre pratique et conviction. » Avec sérieux et persévérance, il s’essaie à épouser le rôle d’éveilleur de consciences incombant aux artistes. Résidence d’artistes Al Maqam Douar Lamgassem, entrée du village de Tahannaout Km 28 route de Taroudant Tel : 05 24 48 40 02 - 06 61 13 97 73 contact@almaqam.net www.almaqam.net



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066 / musique

la tracklist de C om m e to u s m e s d e r n i e rs s e t enregistrés sur soundcloud, j’ a i toujours p r i v i l é g i é d e s s o n s d e e p à f o r tes consona nces orienta les. D a ns cette pla y slist, v ou s tro u v e re z d e s DJ p ro d u cteurs dont je m’ inspire, et qui v ous f eront v oy a g e r à tra v e rs l ’ O ri e n t, d e l’ I ra n a u le Liba n, en pa ssa nt pa r le M a ghreb et I s ra ë l . Foll o w m e o n s o u n d c l o u d .

1 - p re c i o u s s t o r y / A RM E N M I RA N 2 - bayti / P HI L I P C H E D I D 3 - yaaburni / P HI L I P C H E D I D 4 - s h a ma s h / LU C I E N A S M A R 5 - summertime / F E AT O ST K J E X ( JA M IE JON E S ) 6 - hidden / J O N C HA RN I S 7 - b / J E ST RAY 8 - harpiks / O ST & K J E X 9 - orion / CHAIM 10 -inevitable ending / HRA AC H - A RM E N M I RAN 1 1 - f o rg o t t e n p a t h / P HI L I P C H E D I D 1 2 - h o w l i n g X ma c h i n a / C U B I CO LO R



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068 / exposition


La Maison de la Photographie de Marrakech a entrepris d’éditer le catalogue exhaustif des cartes postales sur Marrakech, « Le mellah de Marrakech », aux Éditions Limitées. Un premier numéro est consacré à ce quartier mythique de la ville ocre, assorti d’une exposition de cartes postales qui se tient à la Maison de la Photographie jusqu’en décembre.

L

es premiers clichés et cartes postales de Marrakech sont autant de témoignages qui dépeignent les brassages et métissages qui ont façonné l’histoire marocaine au carrefour des trois mondes : Arabomusulman, Afrique noire et Europe. Ouverte au public en 2009, La Maison de la Photographie de Marrakech regorge de trésors inestimables qui constituent une véritable mémoire de la vie de Marrakech au début de la photographie. Fondée par deux passionnés, Patrick Manac’h et Hamid Mergani, elle est installée dans un ancien fondouk en plein cœur de la médina pour constituer une archive photographique essentielle sur le Maroc. «Nous espérons être une passerelle d’émerveillement, de compréhension, entre les deux rives de la Méditerranée, expliquent en chœur les deux fondateurs. Nous avons rassemblé plusieurs milliers de photographies, documents, cartes postales, plaques de verre…» À l’exception de grands tirages d’exposition réalisés sur papier mat, la collection ne montre que des documents originaux. Les expositions changent régulièrement, conservant la thématique générale qui est une thématique linéaire, de 1870 à 1950 : les premiers âges de la photographie au Maroc, puis la période moderne, de 1910 aux travaux du Studio Souissi. Le visiteur peut aussi voir la donation Müller. La Maison de la Photographie propose également la diffusion du premier documentaire en couleurs réalisé par Daniel Chicault en 1957 qui retrace l’histoire des Berbères Seksawa, intitulé Paysages et Visages du Haut Atlas. Une salle d’autochromes complète la visite de l’exposition. « Partager ces témoignages fragiles avec les visiteurs, conclut Patrick Manac’h, et constituer un jardin pour une muse, est devenu une magniƂque raison d’être à Marrakech… »


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070 / exposition

1920 - Le Grand Hotel du Pacha, actuellement Le Grand CafĂŠ de La Poste




Par Anastasia Chelini

Tel un micro-quartier en plein Guéliz, le passage Ghandouri, adresse bien connue de la ville ocre, est en passe d’embrasser un nouveau statut, celui de place to be en matière d’art et de mode.

RENOUVEAU AU PASSAGE GHANDOURI Devenu un point de conƃuence drainant designers et artistes, il héberge en ses deux allées le récent musée MACMA, plusieurs galeries d’art, deux boutiques de créateurs, et le showroom de dinanderie de l’artiste designer Yahya. Le MAG vous emmène à leur découverte, au gré du dédale de ce passage mythique.

Passage Ghandouri : 61 rue Yougoslavie, Guéliz


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074 / lifestyle

Passage Ghandouri

MACMA

Matisse Art Gallery

Kaftan Queen

Fadila El Gadi

Yahya

Fadila El Gadi

Yahya

Fadila El Gadi

Matisse Art Gallery

l prend naissance à même la rue Yougoslavie, au numéro 61. Là, son entrée discrète, qui le préserve d’une foule trop nourrie, fait s’ouvrir le passage Ghandouri sur deux allées, qui distribuent chacune leur lot de boutiques. Un premier showroom se dresse dans l’allée gauche : celui de Yahya, annoncé par deux sculptures imposantes trônant à l’extérieur. Orfèvre de la dinanderie, à laquelle il insufƃe un design pur, Yahya présente ses créations fascinantes dans un bel espace s’étendant sur plusieurs étages, agencé comme les pièces successives d’une demeure. Entre luxe sobre et lignes épurées, ses œuvres de cuivre, argent, verre, maillechort, bois ou bronze transforment la matière en un rêve tangible. À sa suite, c’est au tour de la Matisse Art Gallery d’accueillir le promeneur. Témoin privilégié de la création artistique marocaine contemporaine, cette galerie expose des artistes phares, tels que Mahi Binebine, Chater, Hassan Hajjaj, Iqbi, feu Farid Belkahia… Mais ouvre aussi ses portes à des artistes orientalistes (Jacques Majorelle), ainsi qu’à de jeunes talents.

Juxtaposant la galerie, un showroom de mode déploie ses trésors à porter : bienvenue chez Kaftan Queen. C’est sous de hauts volumes aux tons clairs que l’univers de Sarah se découvre. La créatrice y décline une collection pour femme à la fois cosmopolite, moderne, élégante et gypsy style, aux accents bobo chic savamment dosés, pour un look plein d’allure. Sublimée par des touches marocaine et berbère, qui s’invitent par le truchement de broderies Ƃnes et autres pompons sur les vêtements et pochettes, cette ligne propose robes, gandouras, caftans revisités, gilets, tuniques, capes doublées et réversibles, vestes, pochettes, babouches, bijoux et sacs. Tout est fait main, avec service sur-mesure et service retouche sur place. L’adorable collection pour enfant complète idéalement cette adresse incontournable. L’allée gauche s’achève sur le musée MACMA (Musée d’Art et de Culture de Marrakech), superbe espace inauguré Ƃn février 2016 sous l’égide de Nabil el Mallouki. Après une première exposition, « Face à l’Histoire », qui réunissait les artistes Mahi Binebine et Najia Mehadji, le MACMA présente actuellement « L’Orient rêvé par

l’Occident » ; une exposition qui revient sur le mouvement orientaliste au Maroc. Disposée selon une scénographie en trois temps, elle met en scène, dans une première partie, les peintres orientalistes et leur vision onirique du Maroc d’alors. Puis ce sont des photographies du début du XXè siècle qui témoignent d’un Maroc plus Ƃdèle. EnƂn, l’exposition se clôture sur des portes antiques et des objets marocains issus de l’art populaire, dont l’origine se situe du XVIIè siècle aux années 1950. Ce périple en terre orientaliste révèle un Maroc perçu à travers le prisme d’un exotisme alors très en vogue, marqueur de l’Europe de cette époque. Le musée dispose par ailleurs d’une boutique riche en livres d’art, d’un coin salon, et d’un espace regroupant des œuvres issues de l’univers bariolé et précurseur d’Hassan Hajjaj. Sur l’autre versant de l’allée, c’est au tour du tout nouveau showroom de Fadila el Gadi de présenter les créations de la styliste star, plébiscitée de par le monde (Marrakech, Paris, Milan, Amsterdam, Madrid…). On y retrouve ce qui a fait le succès de sa ligne : un prêt-àporter très haut de gamme, aligné sur une certaine sobriété parisienne, à laquelle Fadila insufƃe une tradition marocaine seyante, pour un résultat universel et intemporel. Ainsi s’achève ce premier pan du passage Ghandouri, complété par le showroom Studio In marrakech, ainsi que par quelques snacks et cafés, offrant au visiteur l’opportunité d’une pause. La seconde allée du passage distribue quant à elle deux autres galeries d’art, la Galerie Kibari et la Galerie Philippe Demoulin, ainsi qu’une imprimerie, Imane Copy. Regagnant la rue Yougoslavie, le visiteur repartira séduit par l’atmosphère préservée du passage, garante du charme des lieux.



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Par Stéphanie Jacob

076 / action

L’ÈRE FOSSILE EST DÉMODÉE ! Dans un monde parfait, les émissions liées au charbon, au pétrole et au gaz n’existeraient plus. Les énergies renouvelables, propres et abordables n’auraient plus de secret pour personne et occasionneraient de très nombreux emplois. Les glaciers, la faune et la ƃore arrêteraient de disparaître, et le niveau de la mer de monter trop vite. Là serait en effet le monde parfait…

E

n attendant cette transition vers un futur énergétique 100% renouvelable pour tous, l’urgence est de limiter nos émissions. Pour éviter les scénarios catastrophes, la hausse de la température planétaire ne doit pas excéder 1,5°C. Au-delà, tout se dérègle. La sécheresse s’étend, les calottes glaciaires fondent, les inondations se multiplient, les cycles de vie se modiƂent et l’eau se raréƂe. Déjà, ceux que l’on appelle les écoréfugiés – c’est-à-dire les réfugiés écologiques, environnementaux et climatiques–, représentent des dizaines de millions de personnes et viennent de dépasser en nombre les réfugiés politiques. Les plus vulnérables étant les états insulaires, ceux de faible élévation par rapport au niveau de la mer, les zones arides ou semi-arides, ainsi que les pays en développement, aux écosystèmes montagneux fragiles. Tous doivent alors se lancer dans des stratégies d’adaptation pour limiter les dégâts engendrés par les 5 premières entités émettrices mondiales de CO2 : la Chine, les États-Unis, l’Union Européenne, l’Inde et la Russie… Alors la COP a des ambitions... La “Conference Of Parties”, ou COP pour les intimes, est l’organe de décision suprême de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Elle a été signée lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, et est entrée en vigueur en 1994. Avec cet instrument, l’ONU s’est dotée d’un cadre d’action pour lutter contre le réchauffement climatique. La COP aura connu une vingtaine d’éditions avant de voir enƂn tous les pays d’accord sur une même stratégie de gel des températures, par la limitation de leurs émissions de gaz à effet de serre. Rester sous la barre des 2°C d’ici à 2100. Dans cet objectif, chacun a remis sa contribution nationale, qui se doit d’être renouvelée à la hausse tous les 5 ans. Le hic, c’est que les études montrent que la trajectoire mondiale des émissions de GES dessinée par les contributions proposées nous situerait en 2030, nous menant à environ 3°C à la Ƃn du siècle. Les trajectoires actuelles, avant les engagements, nous menaient vers un réchauffement proche des 4,5 voire 6°C. Accélérer le mouvement est donc obligatoire. D’autant que le changement climatique n’a jamais été aussi rapide. Seul recours : atteindre la neutralité carbone à l’échelle de la planète d’ici la seconde moitié du siècle. Le 22ème volet au Maroc est attendu comme une conférence “challenge” dédiée à l’action et à la

mise en œuvre de l’Accord de Paris. Il permet également de se tourner vers les pays les plus fragiles face au climat, qui ne sont pourtant pas les plus pollueurs. Une COP africaine, donc, englobant les pays insulaires comme ceux du PaciƂque ou les Seychelles, invités par le Maroc. Car ici, dans le Royaume, la direction nationale de la météorologie projette une augmentation des températures moyennes estivales de l’ordre de 2°C à 6°C, et une régression de 20% en moyenne des précipitations d’ici la Ƃn du siècle… QUELQUES-UNS DES NOMBREUX ENGAGEMENTS PRIS PAR LE MAROC #Augmenter la part des énergies renouvelables à 42% et améliorer l’efƂcacité énergétique de 1% d’ici à 2020. #Établir en 2030 la part de l’énergie électrique produite à base d’énergies renouvelables à 52%. #Réduire les émissions de CO2 de l’ordre de 13% en 2030 selon le scénario “cours normal des affaires”, et de 32% au même horizon suivant certaines conditions qui seront réévaluées en 2020. #Atteindre 100% d’eau usée traitée en 2030. #Économiser d’ici à 2030, 2,4 milliards de m3 d’eau en irrigation par an. #Dessaler 285 millions de m3/an pour l’alimentation en eau potable de plusieurs villes et centres. #Substituer, dès 2020, les 85 millions de m3 par an prélevés à partir des nappes surexploitées, par des prélèvements à partir des eaux de surface. #Rationaliser l’utilisation des matières premières, notamment par le recyclage et la valorisation des déchets en visant à l’horizon 2020 le traitement de 20% des déchets, soit 7 millions de tonnes. #Réhabiliter les décharges non-contrôlées. #Valoriser les émanations de méthane des décharges. #Atteindre le “Zéro Mika”. #Renforcer la préservation et la gestion durable des ressources génétiques forestières par le reboisement, la lutte contre les incendies de forêts et l’économie de bois énergie d’origine forestière. #Rétablir l’équilibre pastoral sur l’ensemble des terres sur-pâturées. #Restructurer le secteur agricole et assurer sa mise à niveau.

LA RÉSILIENCE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE EST INSCRITE DANS LA MAJORITÉ DES STRATÉGIES ET PLANS D’ACTION DU ROYAUME. PLAN NATIONAL DE L’EAU, DE LUTTE CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE, D’ÉCONOMIE D’EAU, PLAN MAROC VERT ÉTANT QUELQUESUNES DES POLITIQUES MENÉES, PLAÇANT LE ROYAUME COMME CHEF DE FILE EN AFRIQUE. ENTRE 2005 ET 2010, LE PAYS A CONSACRÉ 64% DE SES DÉPENSES CLIMATIQUES À L’ADAPTATION, SOIT 9% DES DÉPENSES GLOBALES D’INVESTISSEMENT. FINIR PAR UNE BONNE NOUVELLE… LA REVUE AMÉRICAINE SCIENCE A RÉCEMMENT ANNONCÉ QUE LE TROU DE LA COUCHE D’OZONE S’EST RÉSORBÉ DE 4 MILLIONS DE KM2 DEPUIS 2000, ET DEVRAIT ÊTRE TOTALEMENT GUÉRIE EN 2050. LE BIENFAITEUR ? LE PROTOCOLE DE MONTRÉAL DE 1987 ET SES MESURES DE RÉDUCTION, VOIRE D’INTERDICTION DES SUBSTANCES RESPONSABLES DE LA DESTRUCTION DE LA COUCHE D’OZONE. COMME QUOI, TOUT EST TOUJOURS POSSIBLE...



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078 / écologie Maroc

Par Michel Roussel

DU PARC SOLAIRE NOUR À OUARZAZATE, EN PASSANT PAR LA STATION D’ÉPURATION DES EAUX USÉES ÉRIGÉE EN VUE D’IRRIGUER LES GOLFS MARRAKCHIS, POUR CONTINUER PAR DES PROJETS ÉCOTOURISTIQUES AUTONOMES OÙ PERMACULTURE, AGROÉCOLOGIE ET ENGRAIS NATUREL SONT LES MAÎTRES-MOTS, LE MAROC FOURMILLE D’INITIATIVES 100% GREEN, QUI DEVRAIENT FAIRE ÉCOLE AILLEURS DANS LE MONDE. LE MAG BRAQUE SUR ELLES SES PROJECTEURS, DANS UNE RUBRIQUE DÉDIÉE AUX EFFORTS MIS EN PLACE POUR PRÉSERVER LA NATURE.


EAU DESSUS, EAU DESSOUS

C’EST UNE SOLUTION ÉCO RESPONSABLE UNIQUE EN AFRIQUE QUI A ÉTÉ CHOISIE POUR L’ARROSAGE DES GOLFS DE MARRAKECH Depuis plusieurs années, Marrakech est devenue une destination privilégiée pour les golfeurs du monde entier, avec 150 trous en services et plus de 100 en construction. La ville ocre se transforme peu à peu en “Floride golƂque de l’Europe“. Se pose alors le problème de l’irrigation dans une région semi aride, si l’on sait qu’un golf de 18 trous – une cinquantaine d’hectares–, consomme entre 3.500 et 4.000 mètres cubes d’eau par jour, c’est-à-dire l’équivalant d’une ville de 30.000 habitants. Soucieuse de s’aligner sur un comportement écoresponsable, Marrakech a opté pour une solution unique en Afrique : la ville ne puise plus dans sa nappe phréatique, mais recycle les eaux usées grâce à une station d’épuration, avant de les diriger pour l’irrigation des golfs et des espaces verts. « On traite aujourd’hui 35 à 40 millions de mètres cubes par an », explique Adil Daoudi, responsable à la RADEEMA. « Six millions de mètres cubes sont réutilisés

aujourd’hui par les golfs et les espaces verts, après avoir subi un traitement tertiaire. Le reste, près de 34 millions de mètres cubes dont le traitement s’arrête au secondaire, retourne directement dans l’oued. » Huit golfs sur une dizaine utilisent aujourd’hui ce procédé pour l’arrosage ; reste à convaincre les derniers récalcitrants et ceux qui sont en construction, sachant que la station est équipée pour fournir de l’eau à une vingtaine de golfs. « Nous menons une campagne de sensibilisation et de pourparlers pour les inciter à se raccorder. S’il s’agit pour eux d’une question de coût, il faut savoir que le pompage de la nappe phréatique, comparé à celui des eaux usées, va du simple au double. De plus, qu’ils aient conscience que l’eau réutilisée par les golfs, c’est autant d’eau qui n’est pas tirée de la nappe, et qui est donc disponible pour d’autres usages de types domestique et agricole… » Aujourd’hui, la station d’épuration de Marrakech récupère

LE PREMIER ÉCO-VILLAGE VERT DE L’ÉLECTRICITÉ SOLAIRE POUR UN MILLION DE FOYERS

C’est à Oumnass, à 25 km de Marrakech sur la route du barrage, que se situe l’Aloé d’Agafay, premier projet “éco-touristique“ 100% autonome de la région, témoin du développement durable au Maroc. « J’ai souhaité faire prendre conscience et sensibiliser la population locale et étrangère au respect de l’environnement », explique Béatrice Bonnaire, propriétaire des lieux. « AƂn que tous deviennent des acteurs éco-responsables. » Outre la magie des paysages, l’endroit va permettre de découvrir les nouvelles techniques traditionnelles des constructions en terre et les installations à énergie renouvelable, mais aussi les techniques d’agro-écologie et de permaculture. Béatrice met tout en œuvre pour que son projet devienne une

vitrine des atouts écologiques de la région au moment des COY 12 et COP 22 : accueil des visiteurs par un guide qui expliquera les différents aménagements de l’écolodge, animations et ateliers avec des artistes locaux – fabrication d’objets de récupération, cuisine sonore, atelier terre, potager… Au programme également, la mise en place d’un bivouac en partenariat avec Terre de Fêtes de Marrakech, qui pourra héberger une trentaine de personnes ; et un espace bienêtre avec des soins de beauté traditionnels et surtout naturels, des massages et des soins énergétiques. À noter, la piscine bio, alimentée par de l’eau de source Ƃltrée naturellement par des plantes aquatiques. Un projet éco-tourisme qui présage de l’avenir révolutionnaire de l’hôtellerie au Maroc.

ALLEZ LES VERTS, EN VOITURE ! UN BUS GREEN AU MAROC

Un bus 100% écolo baptisé “Fridome“ : c’est le projet le plus original du moment, que va présenter Béatrice Bonnaire dans son écovillage l’Aloé d’Agafay, lors des COY 12 et COP 22. Un ancien bus de voyages classique transformé en camping car par son ami Guillaume, qui va le conduire depuis la Normandie française jusqu’à Ounmas, à quelques encablures de Marrakech sur la route du barrage. « L’idée, c’est de faire prendre conscience et sensibiliser la population locale et étrangère au respect de l’environnement, pour que tous deviennent des acteurs écoresponsables. Ce bus sera un support idéal pour la communication des entreprises sensibles à l’écologie », explique Béatrice. Acheté en 2013, le

véhicule a été progressivement transformé pour devenir le seul modèle au monde totalement écologique : toilettes sèches, récupération des eaux de pluie sur le toit avec un système d’épuration naturel, installation de panneaux solaires inclinables, chauffe-eau thermique… Et surtout, le bus roulera avec un carburant propre innovant, fabriqué avec de l’huile végétale pour zéro émission de gaz à effet de serre. En projet : après les COY et COP de Marrakech, le bus repartira sur les routes du monde, avec à son bord Béatrice et Guillaume, qui continueront à répandre la “verte bonne parole“ en animant des conférences et en organisant des ateliers consacrés à la protection de la planète.

les eaux usées de 980.000 habitants. Mais elle est dimensionnée pour 1,2 millions d’habitants, et prévoit une extension à 500.000 habitants supplémentaires. Outre l’irrigation des golfs et des espaces verts, des travaux sont actuellement en cours pour pouvoir alimenter en eaux épurées les deux palmeraies de Marrakech.


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080 / écologie

LE PETIT GÉNIE MAROCAIN

À QUINZE ANS, IL INVENTE UN PROCÉDÉ POUR RECYCLER LES DÉCHETS ÉLECTRONIQUES… À quelques semaines de la COP 22, les initiatives écologiques se multiplient un peu partout dans le monde, au Maroc en particulier. Pour faire face aux enjeux d’envergure de la conférence internationale, nombre de politiciens s’y intéressent pour s’impliquer dans l’action, l’innovation et le partage de solutions qui visent à réduire le réchauffement climatique. Mais pas seulement : Camil Chaari est un lycéen marocain de quinze ans en classe de seconde. Et il a inventé un système pour recycler les déchets électroniques au Maroc. Son idée a fait mouche, puisqu’elle a été remarquée par la Fondation Nicolas Hulot et par la délégation de l’Union Européenne au Maroc, qui a décidé de le soutenir. Camil a donc créé E-recycling, une petite entreprise dont la mission est de récolter à la source et de recycler les déchets électroniques

– ordinateurs, tablettes, téléphones portables, imprimantes en bout de course– dans les lycées, écoles, entreprises ou encore ambassades, comme celle des États-Unis au Maroc. Et la collecte se fait avec des recycleurs certiƂés marocains. « Cette initiative citoyenne vient combler un vide dans la protection de l’environnement », explique-t-on à l’ambassade de l’Union Européenne à Rabat. « Nous voulons saluer l’innovation, la vision et l’ambition écologique de ce jeune entrepreneur. » Le projet de Camil a reçu en octobre dernier le label COP 21 de la part du ministère français de l’Environnement. Il a déjà permis de recycler plus de 85 kilos de cartouches d’imprimantes, de collecter plus de 400 matériels informatiques, 60 kilos de batteries et 20 kilos d’ampoules électriques.

ATTENTION DANGER

!!!

Le danger des déchets d’équipements électriques et électroniques reste peu connu du grand public. La plupart des produits électroniques, comme les ordinateurs ou les téléphones sont sans danger lors d’une utilisation normale, mais lorsqu’ils sont à l’abandon, certains composants électroniques peu stables peuvent devenir toxiques. Ces déchets se composent également de substances toxiques comme l’aluminium, le cuivre, le plomb, le mercure... Des éléments qui doivent être traités avec grande précaution. Les conséquences environnementales et humaines peuvent être graves : le stockage des déchets électroniques affecte les sols, les sous-sols, et même l’air et l’eau. Il rend également impropre à la consommation les produits issus de la chaîne alimentaire affectée. Ils sont aussi à l’origine de nombreux cancers et infections, et l’exposition à certains métaux lourds peut déclencher de l’asthme.

NOOR

DE L’ÉLECTRICITÉ SOLAIRE POUR UN MILLION DE FOYERS

Le projet le plus ambitieux des initiatives marocaines environnementales est sans aucun doute le parc solaire Noor de Ouarzazate, dans le désert du Sahara, qui deviendra le plus grand complexe d’énergie solaire au monde. Selon ses promoteurs, sa capacité totale de production d’électricité sera de 580 mégawatts (MW). Une première partie, baptisée Noor-1, a été inaugurée en février 2016, et sera bientôt complétée par trois autres champs solaires, Noor-2, Noor-3 et Noor-4. La première phase, Noor-1, s’étale sur plus de 400 hectares. Mais lorsque les trois autres parties du projet seront terminées, la centrale devrait s’étendre sur 3.093 hectares, ce qui équivaut à la superƂcie de 3.437 terrains de football. Noor-1 aura une capacité de production de 160 mégawatts. « C’est la plus grande capacité jamais développée dans le monde », explique l’Agence marocaine de l’énergie solaire, Masen. « Les capteurs solaires comprendront plus de 20.000 collecteurs, qui suivront le déplacement du soleil tout au long de la journée. L’énergie produite

sera ensuite entreposée pendant trois heures, permettant ainsi d’alimenter les Marocains en électricité, même quand le soleil sera couché. Lorsque les quatre phases seront complétées, le parc solaire devrait fournir de l’électricité à un million de foyers. L’objectif de ce projet est d’alimenter le Maroc de 52% de ses besoins énergétiques en énergies renouvelables en 2030. » Outre la production d’électricité, le projet devrait permettre la réduction de quelque 6 millions de tonnes de CO2 en 25 ans d’exploitation avec Noor-1 – 240.000 tonnes évitées par an–, et 19 millions de tonnes de CO2, toujours en 25 ans, quand l’ensemble du projet sera fonctionnel. Quant à l’investissement, il est faramineux : 9 milliards de dollars seront nécessaires à l’achèvement du parc. Sont impliqués dans ce projet la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement et plusieurs partenaires privés. Aujourd’hui, près de 800 millions d’euros ont déjà été investis.


MARRAKECH VERSION LED

HARO SUR L’ÉCLAIRAGE PUBLIC À MARRAKECH LES AMPOULES CLASSIQUES SERONT PEU À PEU REMPLACÉES PAR DU LED Pas moins de 60.000 lampadaires et points de lumière vont être remplacés par du LED à Marrakech. La ville a en effet signé un contrat de 54 millions d’euros avec la société espagnole Enertika, qui va “mettre à niveau“ le réseau d’éclairage public. But de l’opération : optimiser la consommation d’énergie électrique des équipements publics, promouvoir l’efƂcacité énergétique, contribuer au développement durable, et surtout réduire de 40% la consommation électrique de la ville. La première étape du projet est de remplacer quelque 10.000 points de lumière avant le début de la COP. Le contrat avec les Espagnols prévoit aussi la surveillance et le contrôle à distance du parc de lampadaires, et plus généralement, la gestion du réseau d’éclairage public pendant la prochaine décennie.

L’IDÉE GÉNIALE QUI TRANSFORME LE BROUILLARD EN EAU POTABLE

DES FILETS POUR RÉCOLTER DE L’EAU POTABLE : DEPUIS 2014, CETTE MÉTHODE INGÉNIEUSE EST UTILISÉE DANS LE SUD DU MAROC

À 1.225 m d’altitude, d’étranges Ƃlets enserrent le sommet de la montagne Boutmezguida, dans le sud-ouest du Maroc. Dirigés en direction du brouillard, ils captent les gouttelettes d’eau à la manière d’une toile d’araignée. L’eau s’écoule ensuite dans une rigole, avant d’être

conduite dans un bassin où elle est Ƃltrée et mélangée à de l’eau de forage, histoire de la minéraliser. Et pour Ƃnir, des canalisations l’acheminent vers cinq villages situés en contrebas de la montagne. Ce projet original est l’œuvre de Aissa Dehrem, président de l’association Dar Si Hmad. « Je me suis inspiré des Ƃlets de brouillards installés au Chili et au Pérou par des ONG, et j’ai réalisé que ce projet pouvait être importé ici au Maroc, surtout quand j’ai vu les gardiens des antennes de télévision installées à Boutmezguida recueillir l’eau du brouillard qui se condensait sur les antennes. » L’idée géniale permet d’assurer les besoins quotidiens en eau potable pour environ 500 habitants, dans une région où l’eau est une denrée rare. « Avant, femmes et enfants devaient marcher plus de trois heures

QUAND LE CHARBON DEVIENT VERT…

UN CHARBON MOINS POLLUANT ET PLUS ÉCONOMIQUE... L’environnement est bien au cœur des préoccupations des jeunes entrepreneurs marocains. Titulaire d’un Master en entreprenariat et stratégie des PME de la faculté des sciences juridiques et économiques de l’Université Ibn Zohr d’Agadir, Hassan El Hemer propose une initiative originale : un charbon vert utilisable pour la cuisson et autres usages domestiques, et un charbon carbonisé “Biochar“, un engrais agricole fertilisant ; les deux produits étant moins chers et surtout moins polluants que le charbon de bois. Le nouvel engrais a déjà retenu l’attention d’une association néerlandaise spécialisée dans la reforestation, Justdiggit, qui prévoit de l’utiliser pour faire face à la sécheresse nuisant à la bonne croissance des

oliviers dans la région de Marrakech. Quant au charbon vert, il est fabriqué sous forme de briquettes à partir de plantes sous serre en Ƃn de saison – poivrons, tomates, haricots–, ou encore avec la biomasse des arbres fruitiers. Pour lancer son projet, Hassan El Hemer a fait appel à un incubateur de start-up, Cluster Solaire Maroc, afƂlié à l’Agence marocaine pour l’énergie renouvelable (MASEN), qui lui a permis de bénéƂcier d’une formation adéquate et du Ƃnancement nécessaire. Le jeune entrepreneur ne compte pas s’arrêter là : il cherche de nouveaux Ƃnancements pour créer son entreprise, et tentera de convaincre les hôteliers et restaurateurs de Marrakech au moment de la COP 22.

par jour pour aller chercher l’eau », poursuit Aissa Derhem. « Et lorsque le puits était à sec, il n’y avait pas d’autre choix que d’acheter l’eau au prix fort. » Cette année, en prévision de la COP 22, l’association marocaine s’est adjoint les services et l’expérience d’une ONG allemande, pour tester et mettre en place de nouveaux Ƃlets plus résistants, qui devraient permettre de fournir plus de 35 tonnes d’eau en moyenne par jour, et couvrir les besoins de l’ensemble des villages en contrefort de la montagne. L’accès direct à l’eau devrait non seulement permettre de lutter contre l’exode rural, mais aussi ouvrir de nouvelles opportunités d’activités, comme par exemple le recours à l’agriculture biologique. Un gage de développement économique pour toute une région.


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082 / écologie Maroc

RÉHABILITATION DES JARDINS PUBLICS

UN FINANCEMENT PARTICULIER POUR LE RÉAMÉNAGEMENT DES ESPACES VERTS 78 millions de DH : c’est l’enveloppe prévue pour la réalisation de projets environnementaux à Marrakech, en préparation de la COP 22. « Ce ŵnancement concerne l’aménagement des espaces verts en l’équipant d’un éclairage écologique solaire, la mise en place d’une station pour le traitement des déchets, l’aménagement de quartiers écologiques, le lancement d’un transport urbain écologique, alimenté par des énergies solaires outre l’application de l’efŵcacité énergétique au niveau de certains établissement publics », a précisé Mme El Haite.

Les espaces verts concernés sont notamment les jardins d’Issil, qui s’étalent sur une superƂcie de 1,5 hectare, Allal El Fassi (2,5 hectares), El Koutoubia (2 hectares), El Harti (5,5 hectares). Ils seront équipés d’un éclairage solaire, d’installations de loisir pour enfants, outre la réhabilitation des sièges et des équipements de nouvelles technologies dédiés à la connexion Internet et au rechargement des téléphones mobiles. Et c’est la ministre en personne, accompagnée du wali et du maire de Marrakech, qui a donné le coup d’envoi des travaux.

DU “FRIGO DU DÉSERT“ AU HAMMAM AMMAM ÉCOLO LE “FRESH’IT“, INCROYABLE FRIGO DU FUTUR Dans un pays célèbre pour ses températures caniculaires, voilà un projet original qui ne manque pas de fraîcheur : le “Fresh’it“, une espèce de “frigo du désert“, inventée par la start-up marrakchia Go Energy Less, créée par deux élèves de l’école Mohammedia des ingénieurs, en partenariat avec l’ONG Enactus qui met en avant les initiatives étudiantes. L’appareil fonctionne sans aucune dépense d’énergie : il est fabriqué avec deux simples pots de terre, le plus petit s’encastrant dans le plus grand. L’espace entre les deux pots est rempli de sable arrosé deux fois par jour. L’évaporation de l’eau permet de conserver la fraîcheur des produits entreposés et couverts par de la toile de jute jusqu’à trois semaines, contre seulement deux pour un réfrigérateur classique. Il n’existe pour l’instant que deux

modèles èl de èles d “Fresh’it“, “F h’i “ aux prix i de d 220 et 500 DH, qui seront bien sur présentés à la COP 22. 22 Autre projett du même genre, le hammam écolo lancé par ar l’ONG Energie, Solidarité, Environnement et par ar l’ONG Groupe Energies Renouvelables, Environnement nement et Solidarités. Il fonctionnera grâce à des combustibles alternatifs comme les coques d’argan ou les grignons d’olives, ou encore grâce e à la mise en place de panneaux solaires, c’est-à-dire st-à-dire sans pollution aucune. Et quand on sait qu’il ’il y a quelques 12.000 hammams au Maroc, qu’il faut entre une tonne et une tonne et demie de bois par jour pour les faire fonctionner, et que la combustion du bois provoque des émissions de gaz extrêmement polluants, ce projet de mettre les hammams au vert retient l’attention de nombreux entrepreneurs…

LÉGUMES ET POISSONS SOUS LA MÊME SERRE

UNE JEUNE SOCIÉTÉ D’INGÉNIERIE HYLYS VEUT IMPLANTER UNE SERRE HYDROPONIQUE POUR PRODUIRE DES LÉGUMES EN SYMBIOSE SE AVEC DES POISSONS L’initiative est inédite au Maroc et presque dans le monde : la société d’ingénierie Hylys lance le projet fou de construire début novembre, une serre urbaine, à deux pas du site de Bab-Ighli où se déroule la conférence climat. Il s’agit d’un projet intégré de culture

de légumes sur trois niveaux de 800 mètres de long et 35 mètres de large tournant en circuit fermé, qui intégrera même un élevage de poissons. Ce schéma de serre aquaponique a déjà été mis en œuvre au stade pilote dans des pays où l’eau et l’espace manquent, comme à Singapour dont le projet est l’un des plus connus en la matière. « Notre idée est de montrer qu’on peut déployer l’agriculture en milieu urbain et dans des zones à faible pluviométrie », explique Hylann Tran, directeur d’Hylys. Avec un investissement évalué à environ 6 millions de dollars, le projet d’Hylys se heurte encore à quelques problèmes d’autorisation administrative, loin de décourager Hylann Tran : « nous avons déjà acquis 72.208 m² de terrain, et nous avons toujours bon espoir de

conduire ce projet dans les temps, car il s’agit de structures légères et nous espérons bien faire de ce type de serre un grand succès. L’idée étant de la dupliquer ensuite dans d’autres villes marocaines. » Dans sa besace, Hylann Tran foisonne d’idées, dont des projets en association avec une Marocaine, un Italien et un Allemand, comme celui de construire une ville verte totalement intégrée, à 80 km d’Al Hoceima dans le nord du Maroc. Ce qui demandera une quarantaine d’années et mobilisera des milliards de dollars, ou encore la construction à Marrakech du siège social d’Hylys au sein d’un vaste complexe de green building à énergie positive et végétaliste, qui comprendrait des commerces et restaurants bios. Le coût de l’opération est évalué à 40 millions de dollars…


Par Anastasia Chelini

ALMA LA BALEINE Elle ƃottera au-dessus de la conférence internationale sur le climat, interpellant les gens, telle le porte-drapeau de l’océan, rappelant combien sa condition est précaire, et avec elle, celle des baleines en général – quand l’eau se retire, ces majestueux cétacés restent coincés sur la rive, où ils Ƃnissent par mourir… Tout cela, à cause du changement climatique, qui impacte lourdement les océans. Une fois la COP passée, Alma poursuivra sa route ailleurs au Maroc, pour propager son message partout. On doit cette initiative à Hassan el Youbi et à Pascal Molina, résidents de l’Emerging Business Factory, un incubateur d’entreprises à Marrakech qui a le vent en poupe.

UN « ARBRE DE VIE » À MARRAKECH

LA FORMULE E DÉBARQUE À MARRAKECH Le 12 novembre, la Fédération Internationale de l’Automobile accueillera la première course de Formule E jamais tenue à Marrakech, durant laquelle des monoplaces 100% électriques s’affronteront, pouvant pointer jusqu’à 225 km/h. Au cours de cet évènement ofƂciellement partenaire de la COP 22, ils Ƃleront à toute allure sur le circuit de la ville, sous les yeux de Leonardo DiCaprio, invité d’honneur de la COP, ainsi que du Prince Albert de Monaco et de Ségolène Royal. Tandis qu’au volant, d’anciens pilotes de Formule 1 reprendront du service, comme Sébastien Buemi ou Jean-Éric Vergne.

Pour la COP 22, l’artiste plasticien Abdellah Boukil présente sa sculpture « Arbre de vie », constituée de sable aggloméré et sculpté par addition. Très sensible à l’environnement, ce natif de Marrakech fait référence dans son projet à la symbolique de l’arbre, qui renvoie aussi bien à l’histoire de la chute de l’humanité selon les religions monothéistes, qu’à l’oxygène qu’il produit, ainsi qu’au caractère protecteur qu’il revêt, et à son aspect nourricier (via la production de fruits). L’objectif de la sculpture étant de rappeler combien la décimation des forêts est nocive, au même titre que l’extraction sauvage et excessive du sable, qui entraîne la salinisation des nappes phréatiques, et dérègle la vie aquatique, notamment celle des phytoplanctons. En journée, l’arbre aura une apparence maladive, rappelant à tous l’urgence d’agir ; la nuit, il reprendra vie, pour symboliser l’espoir que la COP représente. À découvrir en face de la Bank Al Maghrib sur l’avenue Mohamed VI.


MMG#8

Par Michel Roussel

084 / écologie Maroc

#80 clés vertes dans #25 villes marocaines

À

l’approche de la COP 22, la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement a annoncé que 80 établissements touristiques dans 25 villes du Royaume ont obtenu la Clé verte. Cet écolabel international – créé en 2002 par la Fondation pour l’Éducation à l’Environnement (FEE) et soutenu par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement– est destiné à récompenser les hôtels, villages de vacances, maisons d’hôtes, auberges, gites, écolodges, fermes d’hôtes… qui se sont engagés dans une démarche environnementale dynamique. Et rien que pour la ville de Marrakech, ce ne sont pas moins de 33 établissements hôteliers qui ont obtenu le sésame vert, – 15 lauréats cette année !–, un nombre qui a doublé entre 2015 et 2016. Deux d’entre eux se sont particulièrement fait remarquer pour leur green implication : Terre des Étoiles et le Beldi Country Club. En plein désert d’Agafay, aux portes de Marrakech, Terre des Étoiles s’est sérieusement engagé dans une démarche environnementale depuis trois ans avec une autonomie solaire, un potager impressionnant et un verger riche en variétés. Le Beldi Country Club a quant à lui choisi les nouvelles constructions en terre crue, la production directe de légumes pour sa table, initié des ateliers de potiers ou de textiles et repris les artisans d’une usine de Casablanca qui a fermé ses portes pour recycler du verre.

26 NOUVELLES CLÉS VERTES MAROCAINES EN 2016 #AGADIR

Club Med, Dar Maktoub, Domaine Villate Limoune, Paradis Plage

#BENI MELLAL

Tighmert Assif Melloul

#CASABLANCA Kenzi Tower Hotel

#MARRAKECH

Terre des Étoiles, Beldi Country Club, Club Med La Palmeraie, Club Madina, Domaine Royal Palm, Hivernage Hotel & Spa, Hôtel du Golf, Kenzi Club Agdal Médina, Kenzi Menara Palace, Sultana Marrakech, Jardins de la Médina, Mandarin Oriental, Palm Plaza, Royal Mansour et The Pearl.

#MEKNES Hôtel Swani

#TANGER

Club Med Yasmina

#TATA

Gîte Amerdoul

#ZAGORA

Kasbah Timidarte

LES HÔTELIERS DU MONDE SE METTENT AU VERT Au Maroc, où il a été introduit en 2007 par la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement, le label est attribué chaque année par un jury indépendant, constitué d’experts en lien avec l’activité touristique. Avec 2.400 établissements labellisés dans 53 pays, la Clé verte est aujourd’hui le label le plus représenté au monde. « Le Maroc grimpe à la 7ème place en nombre d’établissements labellisés », conclut Nicolas Toitot de Cazeco, la sociétéconseil en qualité environnementale basée à Marrakech, qui coache les candidats pour obtenir la Clé verte. Ce qui démontre bien que de plus en plus de touristes intègrent la protection de l’environnement dans le double choix de leur destination et de leur hébergement.


Par Anastasia Chellini

RÉVOLUTION SOLAIRE À MARRAKECH Le traitement des déchets, déƂ majeur du développement durable, a trouvé à Marrakech une réponse écolo qui va faire école. Tout commence par une machine d’un nouveau genre, SMO, (Solaire Micro-Onde), capable de transformer des déchets en électricité, grâce à l’énergie solaire. Le tout avec un bilan carbone neutre garanti. Présentation d’un projet prometteur, écoresponsable, fruit d’une initiative franco-marocaine, et d’un partenariat réussi entre entreprises marrakchies.

L

’histoire remonte à 2012, lorsqu’un chercheur guadeloupéen et sa société NST, porteurs d’un concept futuriste cleantech, rencontrent l’industriel marrakchi Hamza El Baroudi, chargé par l’entreprise Imperium Holding de monter un projet dans le domaine des énergies renouvelables. De cette rencontre décisive, s’ensuivra la création de PEPS (Pour Et Par le Soleil), Ƃlière d’Imperium Holding dédiée à la réalisation du prototype SMO. Quatre ans plus tard, et avec la collaboration de trois autres L’équipe au complet à l’origine de SMO entreprises marrakchies – HighWave Creation pour la partie informatique, CadVal en tant que bureau d’études, et Atraxion pour les pneus tout terrain–, ainsi que d’une convention avec le Lycée Technique Mohamed VI, le rêve est devenu réalité : dans la cour dégagée d’un local de Sidi Ghanem, trône la première SMO, tête de série Ŷambant neuve, rutilant sous le soleil, ses miroirs braqués vers le zénith. L’ensemble est impressionnant (il pèse une vingtaine de tonnes), et d’une précision folle (les miroirs suivent la position du soleil à 1 degré près), revêtant l’aspect d’une centrale solaire miniature. L’imposante machine, équipée de panneaux solaires disposés sur un chariot amovible, permet un double mouvement : celui des miroirs solaires, qui tels des tournesols suivent le soleil en permanence, grâce à la bascule du berceau sur lequel ils sont implantés ; et celui de toute la structure, qui opère une rotation sur elle-même tout au long du jour, pour épouser constamment le soleil en un axe parfait. Nec plus ultra, SMO se commande à distance, étant automatisé. Concrètement, l’action de SMO est triple : tout d’abord, cette pyrolyse

solaire micro-onde transforme en charbon des granulats de déchets carbonés, grâce à l’action du soleil, qui fait grimper la température sous vide autour de 400 degrés Celsius. La seconde étape que la machine réalise, via un module de gazéiƂcation cyclonique, consiste à convertir le charbon obtenu en gaz. En dernier ressort, le gaz est ensuite turbiné, produisant alors de l’électricité. Une vraie révélation, surtout lorsqu’on sait que la machine peut traiter jusqu’à 27 tonnes de granulats par jour, qui peuvent eux-mêmes aboutir à un rendement de 18 tonnes de charbon, à leur tour en mesure de produire jusqu’à 47 Mégawatt-heures par jour d’électricité. À l’heure actuelle, SMO s’apprête à connaître une nouvelle ampleur, via un premier projet industriel expérimental ; PEPS installera en effet trois machines sur le site de Ras El Aïn, situé à 40 km de Marrakech. Fort d’une capacité de traitement journalier de 54 tonnes, qui engendreront 2.4 mégawatts d’électricité, ce site devrait permettre à PEPS de vendre l’électricité produite, qui pourrait notamment assurer l’éclairage public d’une agglomération. Le tout à prix compétitif, et avec un bilan carbone neutre garanti. La première phase du projet, présentée lors de la COP 22, et qui bénéficie du soutien du Président du Conseil Régional de Marrakech-Safi, sera opérationnelle en novembre. Ouvrant alors la voie à une industrialisation de SMO. Tout cela, depuis Marrakech, décidément ville de tous les possibles. Facebook : pepsmaroc


MMG#8

086 / écologie

Par Michel Roussel

LE MONDE EST PLEIN DE RESSOURCES. ICI ET AILLEURS, DES CITOYENS OUVRENT DES VOIES INÉDITES EN FAVEUR DE L’ENVIRONNEMENT. PETIT TOUR DE LA PLANÈTE À LA RENCONTRE D’INITIATIVES CIVILES QUI POURRAIENT BIEN RÉVOLUTIONNER NOS SOCIÉTÉS DE DEMAIN. OU EN TOUT CAS, INITIER UN NOUVEAU REGARD SUR NOS RESPONSABILITÉS COMMUNES.


IL RÊVE DE NETTOYER LES MERS

Chaque année, 270.000 tonnes de déchets plastiques sont rejetés dans les océans. Il y a deux ans, Boyan Slat, un jeune étudiant néerlandais de 20 ans, crée une Fondation qu’il baptise Ocean Cleanup, avec la mission de nettoyer les océans des plastiques qui mettent en danger ces écosystèmes. Il choisit un site de Ƃnancement participatif et en quelques jours, 38.000 personnes de 160 pays ont dépensé plus de 2 millions de dollars (environ 1,54 millions d’euros) pour soutenir son projet. Le principe est simple : un système de longs bras ƃottants est placé sous l’eau à des endroits stratégiques pour bloquer les plastiques, qui seront ensuite stockés dans une tour ƃottante et récupérés par camionciterne pour être recyclés. L’audacieux lauréat du prix « Champion de la terre » décerné par les Nations Unies, compte s’attaquer au nettoyage de l’océan paciƂque avec le soutien d’une centaine de scientiƂques et d’ingénieurs bénévoles, et démontrer aux plus septiques que son projet est parfaitement réalisable. DES ROUTES UTILES

Une première mondiale française. La ŵliale routière de Bouygues, Colas, commercialise des dalles photovoltaïques à appliquer directement sur des routes ou parkings existants. En couvrir un kilomètre seulement avec revêtement permet d’éclairer une ville de 5.000 habitants grâce à sa production d’énergie solaire. Il faudrait, pour assurer l’indépendance énergétique de la France, qu’un quart de son réseau routier soit doté de ces dalles appelées Wattway. Le succès est tel que des dizaines de collectivités locales, de gestionnaires de lignes de bus et même la grande distribution pour ses parkings ont montré leur intérêt. Une bonne idée qui devrait vite se répandre dans d’autres pays européens.

UN EMBALLAGE À CROQUER

!

Ok pour l’emballage, pourvu qu’il soit réglo avec la nature. Alors pour le transport pratique de 6 canettes de bière, le pack devient comestible pour les poissons et les tortues de mer, car fabriqué à partir de résidus des ingrédients nécessaires à la bière, comme l’orge ou le blé. Une idée baptisée Edible Six Pack Rings, que l’on doit à la brasserie Saltwater, installée dans le sud de la Floride. Cette entreprise artisanale a choisi pour accroche : « alimenter les animaux au lieu de les tuer ». Ce sera donc le cas, quand l’emballage à anneaux pour canettes Ƃnira sa course dans les océans. LAVAGE À SEC

Un seul verre d’eau sufƂt à faire tourner la machine. La marque Xeros réinvente les appareils du quotidien avec une machine à laver le linge qui économise près de 80% d’eau, 50% d’énergie et tout autant de lessive. Le procédé ? Des milliers de granulés en plastique absorbent, tels des éponges, la saleté et les tâches. Ces petites billes sont actives pendant plus d’une centaine de lavages, pour être ensuite recyclées par l’entreprise. Une initiative d’autant plus précieuse qu’une machine à laver actuelle peut consommer, par lavage, jusqu’à 90 litres d’eau.

“WATER”, “FRIENDLY” ET “LIVELY”

Ou en condensé, Watly, le nom de cette invention italienne. Ce cylindre de 40 mètres et de 15 tonnes, recouvert de panneaux solaires, récolte l’énergie nécessaire à la purification de 3 millions de litres d’eau par an, à la production d’électricité pour 3.000 personnes, offrant même l’accès à Internet. Reste encore à trouver des fonds mais, après 3 ans de recherche, le prototype fait déjà des heureux au Ghana où il a été installé.

UN DEUX ROUES PAS COMME LES AUTRES

Tout simplement… Utiliser le bambou, matériau ultra écolo, pour l’armature des vélos qu’a imaginés la Ghanéenne Bernice Dapaah. Les prix et récompenses pleuvent, installant sa notoriété. Ces 2 roues ont été distribués à des écoliers du pays, car l’objectif de cette inventrice est de les fabriquer et de les vendre à ses co-citoyens, évitant ainsi l’importation et créant au passage de l’activité locale. En effet, ce sont surtout les femmes qui constituent la main d’oeuvre nécessaire au ramassage de cette plante à la fois souple et robuste, et donc durable. Une invention qui a fait son chemin, testée et approuvée par le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban KiMoon himself. C’est dire !


LES

“SUPER” GRAINES DE PASCAL POOT

Chez lui, sur les hauteurs de Lodève dans l’Hérault en France, point d’eau, ni pesticides, ni engrais, ni entretien, et pourtant les tomates Poire jaune et Noires de Crimée poussent en abondance. Mais quel est donc le secret de cette ferme hermétique à la modernité ? Les graines. Ce cultivateur, qui s’appuie sur sa seule expérience, les fait germer sur du fumier en décomposition. Résultat : la chaleur augmente, la serre chauffe et la magie opère. Reste ensuite à les planter sur le terrain caillouteux et à les laisser faire leur vie, comptant sur leur incroyable capacité d’adaptation. Une méthode ancestrale quelque peu oubliée aujourd’hui. Sauf chez ce Pascal, qui au bout de quelques années, avec les graines de ces tomates livrées à elles-mêmes, obtient des récoltes abondantes à faire pâlir les voisins. Un paysan plein de bon sens qui va jusqu’à inspirer les chercheurs. RECORD DU MONDE

!

Ils étaient 800.000 Indiens à participer à un record mondial, celui de planter 50 millions d’arbres en seulement 24 heures. Rarement un record n’a eu autant de sens… Pour le gouvernement indien, il s’agit là d’une opération de communication destinée à réveiller les consciences, et lutter contre la déforestation. Un record jusque-là détenu par le Pakistan, où 300 personnes avaient planté près de 850.000 arbres. D’UNE BRIQUE, DEUX COUPS

Il n’y a pas qu’au Maroc qu’on s’intéresse de près au recyclage des sacs en plastique, surtout si l’on sait que le matériau met quelque 500 ans à se dégrader dans la nature… En Colombie, un certain Oscar Mendez a trouvé une idée géniale : il recycle les déchets plastiques en briques, qui serviront à la construction de maisons pour les plus démunis. Avec un triple impact : environnemental, social mais aussi économique, puisque lesdites briques sont fabriquées à très bas coût. Il offre une deuxième vie aux déchets plastiques en

“GEEK”

récupérant les emballages plastiques, les vieux pneumatiques et même les résidus électroniques qui vont servir à fabriquer la fameuse brique. “Conceptos Plasticos” – c’est le nom de son entreprise– a aujourd’hui une capacité de recyclage de 100 tonnes de plastique par mois. « Nous voulons parvenir à 300 tonnes, ce qui permettrait la construction de 50 habitations par mois. » Nul doute que le Maroc, qui vient d’interdire la fabrication, l’importation et même l’utilisation des sacs plastique, s’inspirera de l’idée de l’entrepreneur colombien…

Ce robot jardinier au doux nom de FarmBot, imaginé par l’Américain Rory Aronson, fait tout à votre place. Planter, désherber et surtout arroser pile poil à l’endroit programmé via le logiciel auquel le robot obéit. Tel une imprimante 3D, son bras se balade armé de différents outils et suit la programmation et ses réglages. Où planter la graine, quand arroser, comment se porte la terre… Une invention distribuée clé en main à toute personne intéressée, même celles qui n’ont ni la main verte, ni la passion de l’informatique.

DE L’EAU EN VALISE

LES ROUTES PLASTIFIÉES DU

Sunwaterlife est une marque toulousaine qui a mis au point et commercialise le système Aqualink. Parce que l’eau potable n’est pas une réalité pour tout le monde, il s’agit là d’une technologie qui produit de l’eau propre à partir d’une source contaminée, comme une mare, un puits ou une rivière. Ces systèmes portables, dotés d’une pompe, de filtres et de panneaux solaires, produisent au choix 300 ou 800 litres d’eau à l’heure. La version “home”, idéale pour les ecolodges ou tout bâtiment en zone isolée, produit 360 litres d’eau potable par heure, et s’installe directement et simplement sur l’arrivée d’eau. De quoi également répondre aux besoins des dispensaires, des zones sinistrées ou des populations lors d’opérations de secours. Un Made in France bien utile. UNE CHAUSSURE RÉVOLUTIONNAIRE

Présentée pour la COP 21, la première paire de baskets fabriquée à partir de plastique recyclé et retiré des océans est le fruit de l’union entre Adidas et le groupe de protection des océans Parley for the oceans. Autre bon point : sa semelle intermédiaire est imprimée en 3D. Résultat : réduire le recours à des matières premières vierges pour créer des produits neufs. Vieux Ƃlets de pêche et plastique en tout genre qui polluent les océans pourraient, grâce à cet engagement, Ƃnir à nos pieds !

JARDINER EN VERSION

TOGO

En 2010, le Français Walter Gauvrit et le Togolais David Chateau-Gaitou ont créé l’association Addel (Aide au développement durable économique local), dans l’idée de lutter contre la pollution des sachets plastiques à Lomé, la capitale du Togo. L’initiative a même été récompensée par le Tremplin Solidarité Internationale en 2012. Quelques années plus tard, l’association a mis en place un atelier de recyclage pour transformer les sachets plastiques en pavés de voirie. En résumé, les plastiques sont mélangés à du sable, et sont chauffés progressivement pour obtenir une pâte, qui sera ensuite refroidie à l’eau. Les premières études démontrent que ”le pavé de Lomé“ est six fois plus résistant qu’un pavé en ciment, avec une durée de vie d’environ 12 ans.



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Par Stéphanie Jacob

090 / maison

L’ d a n s

t o u s

s e s

é t a t s

L’habitat se doit d’être aujourd’hui durable. Peu consommatrice d’eau et d’énergie, non seulement pour sa construction, mais bien sûr pour son quotidien, la maison idéale est aussi faite de matériaux propres, sans rejet de toxiques. Le tout épousant au mieux son environnement. Alors que nous promet l’avenir, que l’on souhaite proche, de notre logement ? De judicieuses briques, de la verticalité, des maisons naturelles et bon marché… Le choix s’élargit de jour en jour tant le créneau est porteur.

RÉHABILITONS LE BÉTON ! C’est en France que cette solution a été trouvée. Deux hommes, David Hoffmann et Julien Blanchard, ont mis au point le HP2A, pour Haute Performance Activation Alcaline. Un mélange magique qui rend l’argile aussi dur que le béton. Sans cuisson, sa consommation carbone est en plus très allégée. Mais ce n’est pas tout… Là où le ciment dit classique génère beaucoup de CO2 et se mélange uniquement avec du sable naturel grappillé aux plages et aux rivières, ce ciment argileux peut quant à lui se mélanger avec tout type de sable. Une véritable innovation d’avenir.


LA MAISON-ARBRE Elle est belle, rafƂnée, longiligne, mais peu propice à l’intimité. La maison imaginée par l’architecte venu du Kazakhstan, Aibek Almassov, se déploie tout autour de l’arbre sans jamais lui voler la vedette. Tout en transparence, le projet intègre bien sûr énergie solaire et traitement des eaux. La version moderne et poétique de la cabane dans la forêt. POTAGER D’INTÉRIEUR Certains imaginent déjà la récolte de légumes frais à la maison. Et oui, dans la cuisine du futur, on y trouvera un véritable potager, histoire d’aller plus loin que son persil et sa ciboulette plantés en pots sur sa fenêtre. Une idée poursuivie par Hyundai avec son Kitchen Nano Garden. Une étagère à tiroirs où poussent toute l’année légumes et plantes aromatiques, sans désherbant, sans engrais ni pesticides. Une technologie coréenne qui aura un coût important et qui a encore besoin d’être améliorée quant à sa consommation d’énergie. Mais un bon début, et le meilleur moyen de s’assurer de ce qu’il y a dans son assiette.

DE LA BOUTEILLE AU PARPAING Répondre à la crise du logement et oeuvrer pour la nature. Ce judicieux deux en un est le fruit de plus de 10 ans de travail et de recherche pour le Colombien Oscar Mendez. Via son entreprise Conceptos Plasticos, il a mis au point une brique très facile à poser et faite à partir de déchets plastiques recyclés. Son objectif premier étant de construire rapidement des logements pour les sans-abri ou les victimes de catastrophes naturelles. Une sorte d’alternative – en dur– aux bidonvilles de son pays. Le meilleur est que ces briques se montent avec une facilité déconcertante. À faire soi-même donc. Sachant notamment qu’une bouteille en plastique met 400 ans à se fondre dans la nature, l’initiative est réellement bonne à prendre ! www.changemakers.com/ globalgoals2015/entries/re-cycled-house-closingcycle-plastic

LE PHÉNOMÈNE SKYFARM L’idée de ferme verticale ne date pas d’aujourd’hui. Le premier à l’avoir transformée en concept en 1999 s’appelle Dickson Despommier, aidé de ses étudiants en écologie médicale de l’université Columbia de New York. Faire une agriculture dite verticale sur des tours urbaines pour alimenter les Ƃlières courtes de produits alimentaires pour les populations locales. L’avantage certain étant le gain en espace agricole et l’économie sur le transport de ces marchandises, sans parler de la consommation en eau nettement réduite. Bref tout un tas d’avantages. Si en plus, elles sont équipées de systèmes de traitement des eaux usées, ces tours frisent la perfection. La plus grande se trouve à Newark dans le New Jersey et permet une trentaine de récoltes par an, sans pesticides ni OGM.

“NID D’EAU” La WaterNest 100 est le nom choisi pour cette maison Ŷottante, fruit de l’imagination de l’architecte italien, Giancarlo Zema. Ce projet, soutenu par EcoFloLife, réunit des matériaux de construction issus du recyclage à 98%, un toit solaire, le contrôle de la consommation d’énergie et d’eau, un système de chauffage qui assure une température ambiante automatique… Le tout, pour un logement, une boutique ou un bureau, à poser sur l’eau. Les pièces de ce 100 m² sont modulables à l’envi, avec baie vitrée et terrasse pour proƂter du paysage, de la lumière et de la chaleur. Le rêve. AUTOSUFFISANCE ET PARADIS Ils l’ont appelée la crique de la liberté. Tout un programme… Wayne Adams et Catherine Roi sont à la fois artistes et Canadiens. Depuis plus de 20 ans, ils bâtissent, au large de l’île de Vancouver, leur domaine, à partir de matériaux recyclés, se servant uniquement de ce que la nature leur offre. Le poisson, les fruits et les légumes, l’eau de pluie et celle d’une source voisine, pour se nourrir. Généreuse, cette île unique en son genre est ouverte à ceux qui ont le même rêve.


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092 / maison

...Pendant ce temps-là au Maroc

DES CONSTRUCTIONS BON MARCHÉ C’est possible au Maroc avec l’entreprise EcoDôme Maroc. Encore faut-il vouloir habiter dans une maisons atypique aux formes arrondies, qui a ainsi l’avantage de résister aux catastrophes naturelles. Ces maisons aux matériaux bon marché font 72 m² et sont vendues à 140.000 DH. Une aubaine. La société s’occupe de tout, de la construction aux équipements sanitaires et électriques. Faites à partir d’un mélange de terre et de ciment, elles restent fraîches l’été et tempérées l’hiver, tout en bénéƂciant d’une bonne isolation acoustique et thermique. Que demander de plus ? L’UNION FAIT LA FORCE Professionnels de la construction et du développement durable, architectes, bureaux d’études ou encore universités composent le 1er cluster au Maroc dédié à la performance énergétique dans les bâtiments. Cette mise en réseau d’entreprises au sein du Cluster EMC a permis de réaliser un premier logement social à énergie positive dans la région de Settat. L’objectif étant d’ouvrir l’accès au confort thermique et acoustique à tous les citoyens. D’autres projets innovants devraient bientôt naître grâce à ce cluster. Affaire à suivre. EXPÉRIENCE ÉCOLO EN LIVE Le projet est lancé. Le Maroc prévoit de construire, dans le quartier Ziaten de Tanger, sa première Maison de développement durable. Financée par la Fondation Mohammed V pour la Solidarité et gérée par l’Association marocaine pour un environnement durable (AMED), elle regroupera à terme des ateliers thématiques sur le cycle de l’eau, la gestion des déchets ou les énergies renouvelables. L’objectif étant de sensibiliser le public aux problématiques environnementales et d’initier chez le plus grand nombre les nouveaux gestes écolos. Ce laboratoire, destiné à la fois aux jeunes générations comme aux professionnels soucieux de mieux comprendre les enjeux de demain, sera doté de son jardin botanique, d’un lac artiƂciel, d’équipements solaires, éoliens… Bref en plein dans la tendance.

MA CABANE AU… MAROC Qui n’a jamais rêvé de construire sa propre cabane en bois ? C’est aujourd’hui possible au Maroc. Des maisons en bois et en kit sont importées de France avec une première offre : 100 m² de surface pour 250.000 DH. Quand le succès sera au rendez-vous, les offres vont s’élargir. On pourra alors choisir sa surface, le nombre de pièces, avec ou sans garage,... Ces maisons en bois en auto construction s’inscrivent dans une démarche d’énergie maîtrisée et de développement durable. A monter soi-même, épaulé par les experts.



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Propos recueillis par Anastasia Chelini

094 / écologie

COMMENT CONCEVOIR UNE MAISON ÉCOLOGIQUE Les efforts en matière de développement durable s’appliquant aussi dans notre quotidien, pouvant notamment s’étendre à notre habitat, Marrakech MAG fait le point sur les techniques de conception et de réalisation d’une maison écoresponsable. Tour d’horizon des bonnes pratiques, sous l’égide de Fadi Chlela, docteur ingénieur en énergétique, expert en développement durable et spécialiste de la conception des bâtiments écoresponsables.

MARRAKECH MAG : QU’EST-CE QU’UNE MAISON ÉCOLOGIQUE ? FADI CHLELA : C’est tout d’abord une maison dont l’architecture est bioclimatique, c’est-à-dire entièrement pensée de manière à réduire au maximum ses besoins énergétiques, tout en garantissant un confort optimal à ses habitants. Cela passe par l’orientation et la répartition des façades, le taux de vitrages, le choix des protections solaires dont la maison est équipée, les matériaux à faible impact environnemental utilisés pour la réaliser, la conception des murs et de la toiture, etc. Une fois l’architecture établie, une seconde étape est à mettre en place pour aboutir à une maison écologique : il s’agit des installations techniques dont sera équipée la maison (pour la chauffer, la refroidir, etc), à choisir en fonction de leur faible consommation d’énergie, mais aussi des possibilités qu’offre le contexte climatique local. À Marrakech par exemple, il est une solution technique dont l’usage est recommandé, au vu du fort taux d’ensoleillement : les capteurs solaires thermiques et photovoltaïques. Ils permettent d’assurer la production d’eau chaude et l’électricité de la maison grâce au soleil. En dernière analyse, le comportement des occupants détermine également le degré d’écologie de la maison. Dans ce cadre, des solutions techniques dites « intelligentes » existent, qui aident l’occupant à optimiser l’exploitation écologique de sa maison. EnƂn, les économies d’eau et la gestion des déchets sont des aspects importants de toute maison écologique.

MM : QUELLES SONT CES « SOLUTIONS INTELLIGENTES » QUE VOUS ÉVOQUEZ ? FC : Ce sont des solutions de supervision et de contrôle à distance des installations techniques de la maison. Elles permettent aux occupants de surveiller leur consommation d’eau (arrosage, eau chaude sanitaire), d’électricité (éclairage, climatisation, chauffage, pompes), de gaz (cuisine, eau chaude), et de toute autre source d’énergie. Ce qui évite la surconsommation et le gaspillage d’énergie. Le tout peut se faire même à distance. MM : QU’EN EST-IL DE L’ARCHITECTURE MAROCAINE TRADITIONNELLE, COMPORTE-T-ELLE DES ÉLÉMENTS ÉCOLOGIQUES ? FC : L’architecture bioclimatique applique souvent des concepts de constructions millénaires, bien connus au Maroc. Prenons l’exemple des riads : l’absence de larges baies vitrées exposées au soleil, le patio central rafraîchi par un bassin d’eau et par la végétation, les murs massifs permettant de stocker la fraîcheur nocturne, tous ces éléments sont des concepts bioclimatiques, qui tempèrent naturellement l’habitation. Il y a aussi les ksars, ces forteresses traditionnelles composées d’habitations et de greniers, qui sont en pisé, un matériau naturel et écologique notoire ; il assure à l’habitat une inertie thermique, la régulation de l’humidité, et une isolation thermique relative. fadi.chlela@gmail.com


Par Michel Roussel

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COY 12

Pour et par les jeunes

Comme à chaque fois qu’il y a une COP, la jeune génération se mobilise grâce aux Nations Unies, qui délèguent au pays hôte la mission d’organiser une conférence spéciale jeunes, baptisée COY (Conference Of Youth – ou Conférence de la Jeunesse en français).

Le Maroc n’échappera pas à la règle, puisque Marrakech accueillera, du 3 au 5 novembre, la COY 12, à la fac des Sciences et Techniques de l’Université Cadi Ayad, et à l’École Nationale des Sciences Appliquées. En mai dernier, le comité de pilotage de la COY 12 – composé du groupe « Enfants et Jeunesse », des Nations Unies (YOUNGO), et de plusieurs ONG marocaines –, avait déjà donné à la jeunesse marocaine l’occasion de s’exprimer et de préparer la COY 12, en organisant à Rabat une rencontre nationale. Le thème : « La jeunesse marocaine se mobilise pour la lutte contre les changements climatiques ». Lors de la COY 12 de Marrakech, près de 3.000 jeunes du monde entier seront invités à faire entendre leur message, et à proposer des solutions qui devraient servir les générations futures. « Les jeunes du monde se dressent aujourd’hui pour demander que les changements climatiques fassent l’objet d’une sérieuse attention », explique Yassine Aabbar, porte-parole de la COY 12. « Parce qu’ils vont les affecter dans tous les aspects de leur vie, et représentent une réelle menace pour le développement. Aussi est-il crucial de doter la jeunesse des capacités voulues, pour la faire réagir et lui faire prendre conscience des dangers inhérents à la problématique du réchauffement climatique. D’autant que le monde compte plus de jeunes qu’auparavant. » Au programme de la COY 12, deux espaces : l’un étant réservé à la réƃexion, et l’autre à l’action. Avec, cette année, une nouveauté de taille : la focalisation sur les problématiques africaines et sur les pays de la région MENA. « L’impact des changements climatiques se fera le plus sentir dans les pays en voie de développement », poursuit Yassine Aabar ; « à savoir, en Afrique et dans

a

la région MENA, parce qu’il risque d’entraver l’accès à l’eau, aux ressources vivrières, à l’assainissement et à la sécurité, entre autres exemples. » Dans l’espace Réƃexion, des conférences, des ateliers et des tables rondes vont permettre aux jeunes de débattre, de faire part de leurs inquiétudes et de proposer de nouvelles mesures pour lutter contre les effets des changements climatiques. Quant à l’espace Action, il proposera des initiatives concrètes – expositions, concours de photos, théâtre ou musique –, destinées à la mise en œuvre des politiques climatiques axées sur la jeunesse. Il y aura même une “halqa verte” : “halqa”, car fonctionnant comme les cercles animés par des conteurs sur la place Jeema El Fna ; et “verte“ parce que les contes traiteront de la protection de l’environnement... N’oublions pas l’espace enfants, où les plus petits présenteront leurs projets préparés avec leurs enseignants, sous l’égide de la Fondation Mohammed VI pour l’Environnement. « La COY 12 entend délivrer le message de la jeunesse du monde juste avant la COP 22. Conscients des limites de notre modèle actuel de société, les jeunes sont prêts à enclencher un véritable changement, et à s’impliquer très concrètement pour tendre vers une société plus durable et plus désirable. Pour un meilleur avenir, dont ils sont déjà les acteurs », conclut Yassine Aabbar.

---------------------------------------------------------------------------------------------------Yassine Aabbar

Engagé pour la jeunesse

Jeune prof de philo au lycée El Waha de Marrakech, Yassine Aabbar est doctorant en sociologie politique et bosse en particulier sur les thématiques inhérentes à la société civile. Son parcours associatif l’a conduit à s’intéresser de près aux droits humains de la jeunesse marocaine. En 2007, il a intégré le groupe de jeunes « Action Jeunesse », dont il est aujourd’hui le coordinateur national. Depuis plusieurs années, il mène un plaidoyer pour que les lois, la justice sociale et les politiques publiques soient conformes aux problèmes liés à la jeunesse de son pays. Il s’est engagé auprès de la jeune génération pour mener le combat contre le réchauffement climatique en particulier, et plus généralement pour la protection de l’environnement.


MMG#8

! Par Stéphanie Jacob

096 / menace

NOS ESPÈCES EN DÉTRESSE

Au Maroc, ce sont quelque 613 espèces considérées rares ou menacées, soit 2,5% de la faune nationale. La Ŷore est elle aussi touchée puisqu’un millier d’espèces ou sous espèces sur les 4.700 recensées sont rares ou menacées. Le paysage est posé. Au cours du siècle dernier, certaines ont déŵnitivement quitté nos contrées sauvages, comme le lion de l’Atlas, un emblème régional perdu dans les années 40, la panthère et le guépard, l’oryx ou encore le cerf, qui pour ces deux derniers ont été réintroduits dans les parcs nationaux. Encore aujourd’hui, rien n’est gagné pour des résistants comme le mouŶon, la loutre ou le chat sauvage. Les oiseaux ne sont pas épargnés. Fin de règne pour l’aigle impérial, le vautour oricou et l’autruche à cou rouge, et disparition proche de l’ibis chauve, pour ne citer qu’eux. Et encore plus loin dans le temps, grâce aux gravures mises au jour près de Ouarzazate et dans le désert du Sahara, crocodiles, éléphants et léopards avaient élu domicile dans la région, avant de disparaître.


LE SINGE MAGOT DEVENU MENDIANT Pour nous amuser, pour en faire une attraction touristique, le magot résident de la région d’Azrou est passé de l’état sauvage à la dépendance humaine. Pourtant espèce protégée par la Convention sur le commerce international des espèces de ƃore et de faune sauvages menacées d’extinction, signée par le Maroc, leur milieu de vie au coeur de la forêt de cèdres s’amenuise et le contraint à quémander aux bords des routes de quoi boire et manger. Car à force de surpâturage des troupeaux de moutons et de chèvres, il n’a plus accès aux points d’eau nécessaires à sa survie. Là encore, l’homme s’est déployé sur un terrain habité sans souci de partage. Pendant les mois les plus chauds, de nombreux magots sont victimes de déshydratation. Le reste du temps, ils le sont de la chasse et du braconnage. Car certaines informations ont défrayé la chronique, comme ces deux singes magots saisis à la frontière d’Hendaye, illégalement importés du Maroc. Dans sa région de prédilection, la partie centrale du Moyen Atlas, le nombre de ces singes a chuté de 65% en trente ans. Tout est dit. ET QUE DIRE DE NOS ABEILLES ? Naturellement, avec une ƃore aussi riche que variée, les abeilles sont nombreuses au Maroc. Pourtant, la production de miel ne colle pas avec le potentiel du pays. En cause, le manque de “technologie” dans ce créneau. Pour être efƂcacement productive, l’espèce a besoin des bons croisements, de se pencher sur une insémination artiƂcielle qui viendrait fortiƂer le rendement. Toute la chaîne est négligée. Lieux performants de production et de conditionnement étant les grands absents. Ici, l’apiculture reste majoritairement traditionnelle. Différentes variétés de miel sont commercialisées, en fonction des régions, avec en vedette de la production nationale le miel d’eucalyptus des forêts du Gharb. Plus au Sud, dans le Souss, les abeilles sont victimes, comme ailleurs, des pesticides utilisés pour les nombreux champs d’agrumes. Les producteurs de miel ont tiré la sonnette d’alarme en 2015 face à l’usage intensif de produits phytosanitaires responsable de leurs pertes sèches. Mais ce dilemme abeilles / pesticides

touche le monde entier. Une surmortalité alarmante qui a des conséquences, lorsque l’on sait que 40% des produits alimentaires proviennent, directement ou indirectement, du travail des abeilles par la pollinisation des plantes, fruits et légumes. Leur disparition annoncerait-elle la nôtre ? TOUS COUPABLES ? La cause de toutes ces disparitions est due au changement climatique et aux facteurs socioéconomiques. Une ronde sans Ƃn puisque cette pression humaine exercée sur les ressources naturelles engendre en retour des impacts négatifs sur la qualité de vie des populations, en réduisant des potentialités économiques. Pourtant, le Royaume possède une quarantaine d’écosystèmes de la forêt aux plaines, en passant par ses lacs, ses vallées, ses montagnes, déserts et plages. Tout cela bénéƂciant d’un climat des plus diversiƂés. Avec ses deux façades maritimes, permettant au contact des barrières montagneuses de bénéƂcier de précipitations importantes, et l’aridité des zones Sud et Est, le Maroc a toutes les conditions pour voir se développer une ƃore exceptionnelle, suscitant un réel intérêt pour tous les botanistes. Il faut dire que nos 2.500.000 hectares de forêt y sont pour quelque chose. On y trouve notamment de belles espèces de cèdres, palmiers, dattiers, oliviers, et bien sûr l’arganier, dont le Maroc est le seul pays au monde à disposer de cette espèce, inscrite au patrimoine mondiale de l’UNESCO.

AU COMBAT ! En juillet 2011, le Royaume sort sa loi n°2905 relative à la protection des espèces de ƃore et de faune sauvages et au contrôle de leur commerce. Suivant les dispositions de la Convention internationale sur la diversité biologique, le pays a également mis en place un plan d’action dédié à la promotion d’une gestion rationalisée et d’une exploitation durable de ses ressources biologiques. PLAN D’ACTION “PALMERAIE DE MARRAKECH” Si les souffrances de la palmeraie de Marrakech ont commencé dans les années 90 à la naissance du phénomène d’urbanisation, un plan pour sa sauvegarde a été initié en 2006, sur demande royale, par la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement. Renforcement de l’arsenal juridique, délimitation des 12.000 hectares de la palmeraie et bien sûr la replantation. Le tout renforcé par de nouvelles mesures d’irrigation, comme celles sur le raccordement au réseau des eaux recyclées de la station d’épuration. Résultat : cette oasis collée à la ville ocre a retrouvé de sa splendeur. Quelque 7 ans après son lancement, le programme avait permis d’aller au-delà des objectifs avec 542.000 plants qui ont été plantés, dont une part dans le cadre du programme de compensation volontaire carbone. À terme, il s’agirait d’y créer un espace préservé d’intérêt écologique et biologique. Affaire à suivre…


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098 / menace

LE PARC NATIONAL DE TOUBKAL, UNE RÉSERVE D’ESPÈCES PROTÉGÉES La préservation des ressources naturelles au Maroc date des années 30. L’administration des Eaux et Forêts s’est alors vue conƂer la gestion des forêts et la mise en place de parcs nationaux et de réserves naturelles. Le Parc National de Toubkal, à 75 kilomètres au Sud de Marrakech, est le plus ancien. Fondé en 1942, il est le pionnier. En parallèle, le pays s’est organisé à travers 4 biosphères : l’Arganeraie, les Oasis du Sud du Maroc, la biosphère intercontinentale de la Méditerranée et la cédraie dans le Moyen-Atlas, toutes inscrites au réseau mondial des réserves de biosphère de l’UNESCO. Ce parc national est un lieu enchanteur qui abrite le plus haut sommet de l’Atlas, le Jbel Toubkal, des villages traditionnels construits en matériaux locaux, des forêts de chênes verts, de thuyas et de genévriers, et une faune de mouƃons à manchettes (la plus

importante population d’Afrique du Nord), de truites et d’aigles royaux. De plus, le Parc National de Toubkal renferme près de 24 espèces ƃoristiques strictement endémiques à la zone. Au total, 38.470 hectares de richesses naturelles, renforcés par 61.530 hectares en périphérie. L’organisation d’un tourisme responsable et durable est le déƂ de cette région. Dotée de tous les atouts nécessaires à son essor, elle compte bien maîtriser une fréquentation qui pourrait fragiliser cette n a t u r e sauvage. Connu pour être un lieu de randonnées, le parc est aussi l’occasion de découvrir les gravures rupestres encore visibles et les expositions de son écomusée, qui est aussi un espace de développement socioéconomique local. En tant que laboratoire à ciel ouvert, le monde scientiƂque vient y faire ses observations, diagnostics et prélèvements. Un foisonnement d’idées et d’activités pour les Marocains eux-mêmes et les visiteurs étrangers.

LE MAROC, TERRE DE DÉCOUVERTES Dans la province de Boulmane, des fouilles ont permis de découvrir des ossements de Proboscidiens, une espèce ancienne d’éléphants. Des traces de la civilisation préhistorique, alors que dernièrement, dormant dans un tiroir d’un musée italien, un os vient d’être rendu à son illustre propriétaire : un dinosaure carnivore appelé abelisaure, vieux de quelque 95 millions d’années et habitant les rivières et les marécages qui s’étendaient sur toute l’Afrique du Nord. Si la découverte au Maroc du premier dinosaure semiaquatique, le Spinosaurus aegyptiacus, a fait la une des revues scientiƂques, le travail de nos chercheurs nationaux est passé inaperçu dans leur propre pays. Ce prédateur massif vivait dans la période du Crétacé, voilà quelque 95 millions d’années. Grâce à lui, le monde des dinosaures s’éclaire sur une variété d’adaptations aquatiques, qui étaient jusque-là inconnues. Le Maroc prouve là encore sa richesse historique en terme de fossiles. Dans le désert marocain, des fouilles ont mis au jour des dents de requin vieilles de 60 millions d’années. 60 millions d’années, c’est aussi l’âge de ce crâne d’Ocepeia, le plus vieux mammifère africain connu, retrouvé dans les gisements de phosphates du Bassin minier des Ouled Abdoun. Des traces de l’océan maintenant. C’est au chasseur de fossile marocain Mohamed Ben Moula que l’on doit la découverte d’un animal disparu depuis 520 millions d’années. Ressemblant à nos actuelles baleines, il appartenait à la famille disparue des anomalocaridides. Nos chercheurs n’ont déƂnitivement pas la reconnaissance qu’ils méritent… AILLEURS EN AFRIQUE… Nous connaissons tous la lente agonie des éléphants et rhinocéros africains. Puisque la demande de défenses, d’os et de cornes de ces animaux sauvages ne fait qu’augmenter, accompagnée d’une offre Ƃnancière importante pour ces produits de contrebande, les ravages continuent eux aussi leur progression. C’est simple. Ce commerce illicite d’espèces de faune et de ƃore sauvages constitue, avec le traƂc d’armes et de drogue et la traite d’êtres humains, l’un des crimes transnationaux organisés les plus proƂtables au monde. La fameuse loi de l’offre et de la demande…



MMG#8

Par Michel Roussel

100 / cinéma

ÉCOLOGIE

Com mmeent l’écoologiie s’iimpoose au cin néma ? Depuis une vingtaine d’années, un nouveau genre a fait son apparition au cinéma : le Ƃlm écologique. Ces documentaires choc se sont fait une place de choix sur les écrans, mais le mouvement écolo ne s’arrête pas là puisqu’il compte bien gagner les plateaux de tournage hollywoodiens. Yann Arthus-Bertrand, Jacques Perrin, Nicolas Hulot, ces noms sont, désormais indissociables du Septième Art. Grâce à leurs Ƃlms qui mêlent déclaration d’amour à notre planète et témoignage angoissant sur l’avenir de la terre, ce trio truste les premières places du box-ofƂce, aux côtés des Spielberg, Allen et autres Audiard. Qui aurait imaginé qu’un Ƃlm documentaire retraçant la vie d’un climatologue et glaciologue, tentant de percer les mystères de l’Antarctique, puisse un jour être présenté en clôture du si glamour Festival de Cannes ? Et pourtant, « La Glace et Le Ciel » de Luc Jacquet a eu cet honneur en 2015 ! Précurseur, le comédien Jacques Perrin produit, dès 1989, « Le Peuple Singe », puis réalise « Le Peuple Migrateur », en 2001,

un succès retentissant qui marque la véritable entrée des Ƃlms documentaires dans les salles obscures. Si Jacques Perrin a démocratisé ce genre au cinéma, Nicolas Hulot l’a popularisé à la télévision grâce à son émission « Ushuaïa », diffusée pendant plus de vingt ans sur TF1. Figure médiatique du militantisme écologique, le reporter a écrit de nombreux ouvrages sur la question et a réalisé le Ƃlm « Le Syndrome du Titanic », qui aborde les questions de l’évolution de l’environnement et de la biodiversité. Mais le maître incontesté du Ƃlm documentaire reste Yann ArthusBertrand. Le célèbre photographe s’est fait connaître avec son doc «La Terre vue du ciel». Suivront ensuite « Home », vu par plus de 600 millions de spectateurs à travers le monde, et « Human ». « Il n’y a pas de droits, il n’y a pas de copyright, montrez-les à un maximum de gens », a déclaré le réalisateur ; les deux documentaires sont donc disponibles gratuitement sur internet. Si l’écologie crève l’écran, les bons réƃexes ne sont pas encore tous présents sur les plateaux de tournage.


Du reccycllagee à Holllyw woodd « L’industrie du cinéma est le pire ennemi de l’écologie parce qu’il y a un énorme gâchis sur les plateaux », explique le metteur en scène et scénariste Atom Egoyan. Hollywood est ainsi classé parmi les plus gros pollueurs de Californie. Les raisons ? La surconsommation d’électricité, les tonnes de déchets laissées sur un tournage, le transport des équipes, la création de décor non recyclé. Comme le rapporte Studio Ciné Live, la palme du non respect de l’environnement revient, probablement, au tournage « d’Expendables 2 », qui a eu lieu dans une grotte abritant une colonie préservée de 22.000 chauves-souris. Résultat : plus de la moitié sont mortes. Mais Hollywood essaye de s’améliorer, notamment les blockbusters. Ainsi, « Matrix Reloaded » a recyclé 11.000 tonnes de décors et « Jurassic World » a offert les plantes et les arbres utilisés, sur le tournage, à un institut de la NouvelleOrléans. Petit à petit les LED prennent la place des ampoules, les générateurs au méthanol remplacent ceux à l’essence et les camions hybrides suppléent les voitures diesel. L’industrie américaine n’est pas la seule à blâmer. Selon une étude réalisée par Ecoprod, un organisme qui lutte pour le respect de l’environnement au sein du secteur audiovisuel français, le bilan carbone annuel de ce secteur est d’environ un million de tonnes de CO2, soit autant que 410.000 allers-retours Paris New-York en une année. Des deux côtés de l’Atlantique, des progrès restent à faire. Bien installé dans l’agenda des sorties ciné, le Ƃlm documentaire devrait peut-être braquer ses caméras sur les coulisses de sa propre industrie.

Demaiin, ce ser ra biien ! Sortie en pleine COP 21, le Ƃlm documentaire « Demain », co-réalisé par l’actrice Mélanie Laurent et l’ex directeur de l’ONG Colibris Cyril Dion, a connu un important succès en France avec plus d’un million d’entrées dans les salles et un César du Meilleur Ƃlm documentaire. Ce road movie, qui emmène le spectateur dans neuf pays (France, Inde, Suède, Islande, etc) s’intéresse aux initiatives menées par des inconnus pour répondre aux déƂs environnementaux et sociétaux du XXIe siècle. Le doc aborde de nombreux sujets alimentation, énergie, économie, éducationavec un optimisme débordant. « Demain » nous fait envisager demain avec sérénité !


MMG#8

Par Michel Roussel

102 / acteurs

Les 100 sta ars les pllus en nga agééess ! Bono, Gisèle Bundchen et Leonardo DiCaprio ont de nombreux points communs ; l’argent, la célébrité mais surtout l’écologie. Depuis une vingtaine d’années, de plus en plus de stars soutiennent le mouvement écolo, que ce soit en créant leur fondation, en faisant des dons ou en mangeant bio. Nous avons choisi les cinq femmes et les cinq hommes les plus mobilisés ! • LEONARDO DICAPRIO/Acteur Passionné par la nature depuis son enfance, Leo créé, en 1998, la Fondation Leonardo DiCaprio, aŵn de soutenir les organisations dédiées à assurer un développement durable pour la planète. À travers cette organisation, l’acteur de Titanic a, entre autres, versé 2.2 millions de dollars au fonds mondial pour la nature (WWF), ou encore 3 millions de dollars à Oceana, qui lutte pour la protection des océans. Leonardo DiCaprio a également produit le documentaire « La 11e heure, le dernier virage » qui porte un regard sur l’état de l’environnement. Au quotidien, la star hollywoodienne a très vite pris les bons réŶexes, puisqu’il a équipé sa maison en panneaux solaires et qu’il conduit une voiture hybride. En 2014, Leonardo est nommé «messager de la paix» des Nations Unies, avec pour priorité la lutte contre le réchauffement climatique. • GISÈLE BUNDCHEN/Mannequin Top model le mieux payé de l’histoire, Gisèle Bundchen met son argent au service de nobles causes. La Brésilienne s’est notamment offerte une maison 100% écolo pour la modique somme de 20 millions de dollars. L’ex reine des podiums, également ambassadrice de plusieurs marques, a obtenu qu’une collection de tongs Ipanema soit entièrement bio, comme sa ligne de cosmétiques Sejaa Pure Skincare. Désignée ambassadrice de bonne volonté auprès de l’ONU, pour la défense de la tortue de mer, la belle fait partie du conseil d’administration de l’ONG Rainforest Alliance, qui a pour objectif de préserver la biodiversité. • BIXENTE LIZARAZU/Footballeur et Consultant TV Amateur de surf et de plongée, Bixente Lizarazu a fait de la protection et de la sauvegarde du littoral sa priorité. Après avoir apporté son soutien à Surfrider Foundation

Europe, le champion du monde 98, originaire de la Côte Basque, créé sa propre association «Liza, pour une mer en bleus», suite au naufrage du pétrolier Prestige. L’objectif étant de sensibiliser les jeunes à la protection des océans et du littoral, en organisant notamment des nettoyages et ramassage de déchets sur les plages. • JULIA ROBERTS/Actrice L’actrice de « Pretty Woman » est très concernée par le réchauffement climatique, elle a donc souhaité que son domicile de Malibu soit une maison verte. Pour 20 millions de dollars, elle a fait équiper sa maison d’une alimentation en énergie solaire, installer une éolienne sur le toit ou encore un système de récupération des eaux de pluie et des eaux usées. L’Américaine roule également écolo, puisqu’elle conduit une voiture hybride et réŶéchit à investir dans un véhicule fonctionnant à l’huile végétale. Depuis 2006, Julia est aussi porte-parole de la société Earth Biofuels, spécialisée dans la recherche et la mise au point de carburants alternatifs. • BONO/Chanteur Bono, de son vrai nom Paul Hewson, a mis sa notoriété au service de grandes causes et d’associations comme Apartheid, War Child ou Amnesty International. Si son association One a pour but premier de lutter contre la pauvreté, le chanteur du groupe U2 œuvre aussi en faveur de l’environnement via Edun, sa marque de vêtements équitables ou Nude, la chaîne de fast-food bio dans laquelle il a investi. En 1992, Bono et les autres membres de U2 s’étaient fait remarqués en montant à bord d’un bateau de Greenpeace pour protester contre une centrale nucléaire. • NATALIE PORTMAN/Actrice Comment concilier vie professionnelle et écologie ? Natalie Portman a la réponse

puisqu’elle s’est associée à la marque newyorkaise Té Casan pour créer une collection de chaussures écolos pour femmes, dont 5% des proŵts seront reversés à l’association de protection de la nature The Nature Conservancy. Les souliers écolos, c’est le dada de Natalie ; en effet, l’actrice de « Black Swan » est également l’ambassadrice de la nouvelle ligne de chaussures écologiques de la maison Dior, fabriquées sans cuir. Enŵn, la jeune femme porte une bague de ŵançailles composée d’or platine recyclé éthique et de diamants extraits d’une mine propre. Un bijou écolo à 25.000 euros ! • GEORGE CLOONEY/Acteur Le fantasme de ces dames est un fervent défenseur de la planète. Depuis de nombreuses années, l’acteur possède dans son garage deux voitures électriques : un Tango, une citadine passe-partout et une Tesla, un monstre de performance ! La star d’Hollywood a également investi dans une entreprise suisse qui développe des innovations autour des énergies propres. L’acteur utilise aussi ses rôles pour faire passer un message, comme dans le ŵlm « Michael » Clayton, où il interprète un avocat luttant contre une multinationale agrochimique aux intentions douteuses. • MARION COTILLARD/Actrice Élevée dans Le Loiret, Marion Cotillard a été sensibilisée, très jeune, aux questions d’environnement. Dès 2001, «La Môme» devient porte-parole de Greenpeace sur des sujets comme la protection des forêts primaires, la chasse à la baleine ou la défense de l’Amazonie. Elle passe des mots à l’action en achetant une parcelle de forêt amazonienne sur laquelle 150 arbres sont replantés. Fervente militante - elle a refusé un contrat avec la marque L’Oréal car celle-ci pratique des tests sur les animaux- Marion s’intéresse à de nombreuses causes :

les pesticides, le sort du Bengladesh, les jets de mégots dans la rue, le rejet de la fourrure, le commerce équitable, etc. En 2015, l’actrice oscarisée a accompagné François Hollande aux Philippines, aŵn de prononcer un discours de sensibilisation sur le réchauffement climatique. • BILL GATES/Entrepreneur Bill Gates peut-il sauver la planète ? Le milliardaire s’en donne, en tout cas, les moyens puisqu’il a décidé, en 2008, de reverser 95% de sa fortune, estimée à 75 milliards de dollars, à sa fondation. Cette dernière couvre de nombreux domaines - la santé, le développement et les problèmes liés à la pauvreté, l’éducation et l’information-, mais aussi l’écologie. Ainsi, en marge de la COP 21, le fondateur de Microsoft a annoncé le lancement d’un fond de plusieurs milliards de dollars qui a pour objectif de faciliter le ŵnancement d’entreprises écologiques. Ce projet est soutenu, entre autres, par Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, Jeff Bezos, PDG d’Amazon ou Xavier Niel, cofondateur de Free. • STELLA MCCARTNEY/Styliste Être une reine de la mode et défendre la cause animale, c’est possible, comme le démontre au quotidien Stella McCartney. 100% végétarienne, la ŵlle du Beatles a banni les animaux de son alimentation et de ses collections, puisqu’elle n’utilise ni cuir ni fourrure. Un autre bon point pour Stella, les boutiques de la marque sont chauffées par Ecotricity, un fournisseur anglais d’électricité verte. L’Anglaise a également lancé une ligne de cosmétiques bio, labellisée Ecocert, une ligne de lingerie bio-éthique et s’est engagée auprès de la célèbre organisation PETA. Avec sa sœur et son père, elle a fondé l’association Meat Free Monday qui sensibilise à la surproduction de viande responsable du réchauffement climatique.


Par Julien Antinov

CB A > Agriculture

Le berceau de l’alimentation, pourtant entaché par sa réputation de gros consommateur d’eau et producteur d’organismes génétiquement modiŵés. À adapter d’urgence aux nouvelles exigences du climat sous peine de ne plus produire assez pour une population toujours plus grandissante.

B > Biodiversité

Composé des mots «biologique» et «diversité», ce terme représente l’ensemble des êtres vivants et des écosystèmes : faune, Ŷore, espèces animales ou humaines... Une biodiversité régulièrement délestée de quelques-unes de ses espèces...

I >Initiative civile

Ensemble des décisions prises par des associations ou par des individus pour contribuer à des actions, comme la sauvegarde de l’environnement.

J >Jardin écologique

Les jardins dits «écologiques» signiŵent qu’ils sont conçus, gérés, organisés et cultivés dans le respect de la biodiversité et du développement durable.

K > Kyoto

R > Réchauffement Climatique

Phénomène d’augmentation des températures qui a des conséquences désastreuses sur l’environnement : fonte de la banquise, recul des glaciers, élévation du niveau de la mer, changement climatique...

S >Santé La pollution de l’environnement fait apparaître des pathologies qui ont une incidence, plus ou moins importante, sur notre santé.

Le Protocole de Kyoto porte le nom de la ville japonaise où l’accord international visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre a été signé en 1997.

T >Taxe Carbone

C > COP

L >Labels écologiques

U > Uber Green

COP signiŵe Conférence des Parties (Conférence Of Parties en VO), la première s’est tenue à Berlin en 1995. Elle réunit, aujourd’hui, 196 États et l’Union Européenne.

Il en existe des centaines voire des milliers qui divergent selon les pays. Ils concernent différents domaines comme l’agriculture, les déchets, le bois, les cosmétiques, les textiles, etc.

D > Déchet

M >Marrakech

Service lancé par la société américaine de VTC Uber, en collaboration avec Derichebourg, mis à disposition des participants à la COP 22 et des habitants de Marrakech pour leurs déplacements en voiture électrique.

Ville hôte de cette COP 22, Marrakech avait déjà accueilli l’évènement en 2001, lors de la COP 7, beaucoup moins médiatisée à l’époque.

V > Verte

Désigne une économie qui contribue à éviter, réduire ou supprimer les nuisances faites à l’environnement.

Entre 3.400 à 4.000 milliards de tonnes de déchets par an sont produits sur terre, soit 80 à 126 tonnes par seconde.

E > Énergies

Elles peuvent être éolienne, solaire, photovoltaïque, biomasse, géothermique, hydraulique et font toutes parties de la famille des énergies renouvelables. Le nouvel eldorado pour durer dans le temps.

F > Fossiles

Les énergies polluantes dans la ligne de mire... Pétrole, gaz naturel et charbon qui font marcher 80% du transport, du chauffage et de l’électricité dans le monde.

G > Gaz à effet de serre

N > Nature

Ensemble des éléments qui composent notre planète et que l’homme doit protéger.

O > Organisme Génétiquement Modifié (OGM) Éléments qui créent la polémique puisque les grandes industries y sont favorables tandis que de nombreux gouvernements et associations y sont opposés, invoquant une menace pour la biodiversité.

Le plus connu de ces gaz est le dioxyde de carbone ou CO2 qui participe activement au réchauffement de la planète. Pour combattre ce phénomène, les États se sont ŵxés l’objectif de réduire leurs émissions de CO2 de 50% d’ici à 2050, et de 100% d’ici à 2100.

P > Permaculture

H > Habitat

Q > Quota d’émission

L’habitat est un ensemble d’éléments qui offrent les ressources naturelles sufŵsantes à une population d’espèces pour qu’elles y vivent et qu’elles s’y reproduisent.

Méthode qui s’inspire de l’écologie naturelle et qui est basée sur trois principes : prendre soin de la nature, prendre soin de l’humain, créer l’abondance et redistribuer les surplus. Que du bon sens ! Quantité de gaz à effet de serre allouée à une activité. Ce principe, mis en œuvre au sein de l’Union Européenne, vise à réduire l’émission globale de CO2.

Taxe environnementale qui vise à réduire les émissions de dioxyde de carbone.

W >Water Une richesse indispensable à la vie des espèces. Si elle se fait rare dans nos verres avec le temps, elle se gaspille allègrement un peu partout, pendant que son niveau monte dans les océans... Tout cela réuni noircit les perspectives d’avenir.

X et Y> >

Les chromosomes responsables à 95 % du réchauffement climatique...

Z >Zéro Mika

Opération initiée au Maroc en juin dernier, pour combattre la prolifération des sacs plastique dans la nature. Grands distributeurs comme petits commerces ont troqué leur mika pour des sacs écolos réutilisables.


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104 / exploit

IMPULSE

ou la réalisation d’un rêve impossible

C’EST L’EXPLOIT LE PLUS FANTASTIQUE DE CE XXIÈME SIÈCLE QUE VIENNENT D’ACCOMPLIR LES SUISSES BERTRAND PICARD ET ANDRÉ BORSCHBERG : LE TOUR DU MONDE EN AVION SOLAIRE, SANS UNE SEULE GOUTTE DE CARBURANT. “Solar Impulse“, le premier avion électrique et solaire à zéro émission, a parcouru 43.041 km en dix-sept étapes et vingt-trois jours de vol, piloté par Bertrand Picard et André Borschberg, qui se sont relayés pour réaliser cet incroyable rêve. « J’ai eu l’idée de réaliser le tout premier tour du monde de l’histoire en avion solaire, et depuis le début, mon objectif a été de promouvoir les technologies propres pour améliorer la qualité de vie sur la planète », a déclaré Picard en atterrissant à Abu Dhabi en juillet dernier. « Pour incarner cette vision, j’ai voulu démontrer que les énergies renouvelables pouvaient réaliser l’impossible… » Mais en réalité, cet exploit historique n’est que le début d’une aventure puisque les deux pionniers suisses sont déjà à pied d’œuvre pour présenter de nouveaux projets innovants : ils ont créé le Comité international des technologies propres, et planchent avec le même enthousiasme et la même passion sur le développement de drones solaires, entre autres idées. « Nous voulons aller bien au-delà de Solar Impulse, et utiliser l’expertise et la technologie acquises au Ƃl des années pour développer des projets relatifs à l’aviation électrique et solaire ». Sur la piste d’atterrissage d’Abu Dhabi, lorsque les hélices s’arrêtèrent de tourner, il fallut garder à l’esprit que ce remarquable tour du monde signalait plus que jamais un nouveau départ, celui de l’après Solar Impulse, le projet de toute une vie...

Par Michel Roussel


Un projet fou L’idée de Solar Impulse est née en Égypte, à la Ƃn du tour du monde en ballon sans escale que Bertrand Picard a réalisé avec Brian Jones en 1999. « Dans les derniers moments du voyage, alors que nous étions presque à court de carburant, je me suis promis pour ma prochaine aventure de m’affranchir de cette dépendance à l’énergie fossile », raconte Bertrand. « L’idée d’un avion solaire capable de faire le tour du monde en volant perpétuellement a germé dans ma tête, marquant le début du projet. » Un projet ambitieux, qui a pris forme grâce à l’École polytechnique fédérale de Lausanne qui a réalisé l’étude de faisabilité initiale, les soixante partenaires individus et institutions qui ont fourni les technologies et les fonds, et la rencontre avec André Borschberg qui a dirigé l’équipe technique pour fabriquer les deux prototypes de Solar Impulse. « Notre rapport de travail a mûri pour devenir une amitié solide et sincère reposant aussi bien sur l’admiration et le respect mutuel que sur une certaine émulation. Nous avons rencontré un grand nombre d’obstacles humains, techniques, météorologiques et administratifs qui ont fait partie intégrante de l’aventure, mais qui ont stimulé la créativité et l’excellence de toute l’équipe, donnant à chacun l’envie de se dépasser. »

Bertrand Picard, l’homme de tous les déƂs Aéronaute et aviateur passionné, Bertrand Picard relève des déƂs considérés comme impossibles : il accomplit le premier tour du monde en ballon sans escale, accomplit la mission “Crossing Frontiers“ à destination du Maroc, puis celle baptisée “Across America“, et initie bien sûr le projet d’avion solaire Solar Impulse, avec lequel il réalise un tour du monde en 17 étapes, se relayant aux commandes avec André Borschberg, sans une seule goutte de carburant. Mais Picard est aussi médecin-psychiatre : il tire de sa formation en hypnose et de son intérêt pour les philosophies orientales un regard différent qui met l’être humain et la qualité de vie au premier plan. À travers ses livres, conférences, interviews et rencontres, il s’efforce de promouvoir une vision humaniste qui fait une large place à l’esprit de pionnier et à l’innovation dans la vie de tous les jours.


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Par Michel Roussel

106 / transport

i CIRCULER SANS POLLUER

DES BUS ÉCOLOGIQUES, DES VOITURES ÉLECTRIQUES… MARRAKECH MET LE PAQUET AU MOMENT DE LA COP 22 POUR DÉVELOPPER UN SYSTÈME DE TRANSPORT URBAIN SANS POLLUTION.

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us, voitures, motos et même vélos… On va bientôt rouler à l’électricité à Marrakech ! Les premières voitures électriques marocaines devraient circuler dans la ville ocre dès novembre, des “Renault Zoé“ ou des “Nissan Leaf“ qu’il faudra recharger avec des cartes, sur des bornes électriques installées par la société Schneider Electrics. Les cartes seront quant à elles fournies par le spécialiste de solutions monétiques M2M. Et c’est Maroc Telecom qui devrait héberger la plateforme logicielle de gestion de la ƃotte des véhicules électriques. Il y a quelques semaines, une convention de partenariat a été signée à Tanger entre les Marocains et la société chinoise Guo Ying-Famei pour la fabrication de bus et de voitures électriques. Marrakech va se doter d’une trentaine de bus écologiques qui fonctionnent à l’énergie propre, et des sociétés privées comme la Française Derichebourg et l’Américaine Uber s’allient pour créer un mode de transport urbain écologique en lançant le nouveau produit “UberGreen“, avec la mise en circulation de voitures électriques. « Nous avons pensé à cette solution de mobilité bâtie sur le respect de l’environnement et l’utilisation des nouvelles technologies », explique Thomas Derichebourg, DG de l’entreprise française. Même son de cloche du côté d’Uber, déjà très présent à Rabat et à Casablanca : « Nous avons transformé la mobilité urbaine pour des milliers de marocains en introduisant un mode de transport sécurisé, ŵable et économique pour se déplacer en ville », ajoute Meryem Belqziz, la directrice d’Uber Maroc. « La vision de la COP 22 et d’Uber sont

similaires : la technologie peut contribuer au succès des smart cities tournées vers le développement durable et l’efƂcacité énergétique pour le futur. » Uber fournira la solution technologique qui permettra de mettre en relation les chauffeurs de véhicules électriques et les passagers, Derichebourg Maroc exploitera les véhicules électriques. Quant à la mairie qui donne l’exemple en introduisant les bus écologiques au niveau du transport urbain, elle reste ouverte à toute initiative censée améliorer la mobilité propre dans la ville.


LA “NOSMOKE“ : REMAKE D’UN JOUJOU DES ANNÉES 60

Copie conforme de la Mini Moke qui a fait fureur à Saint-Tropez dans les années 60, la Nosmoke électrique est fabriquée en Chine et ŵgnolée en France. Silencieuse et agréable, elle conjugue la nostalgie au futur. C’est Noun Electric qui lance ce petit véhicule de plage électrique, de 3,81 m de long, 1,45 m

TESLA LANCE LA VOITURE ÉLECTRIQUE LA PLUS SPEED

Révolution dans le monde automobile : Tesla Motors lance la voiture électrique la plus rapide du monde, presque capable d’accélérer comme une Ferrari ou une Porsche 918 Spyder ! Et la Tesla “Model SP 100 D“ n’est pas une voiture de course, mais une bonne berline familiale à quatre portes qui peut transporter toute une petite famille. Le bolide accélère de 0 à 100 km/h en seulement 2,5 secondes – comme la Bugatti Chiron–, avec une batterie qui consomme 100 kilowatt/h et une autonomie de 613 km. « C’est la voiture de production la plus rapide du moment », assure Elon Musk, le big boss de Tesla Motors. Elle sera vendue en premier lieu aux États-Unis pour 120.000 euros.

de large et 1,55 m de haut. Un véhicule zéro émission qui peut être conduit par les titulaires du permis A1 dès 16 ans, avec un moteur électrique de type Brushless délivrant 10 KW. Le temps de la recharge est de 8 heures sur une simple prise domestique, et son autonomie est de 100 km. La Nosmoke – sans fumée en français–, peut faire des pointes 70 km/h et atteindre 50 km/h en 8,5 secondes. Elle est commercialisée en France dans cinq couleurs au prix de 15.990 euros.




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110 / initiatives hotels

Par Anastasia Chelini

Ils n’ont pas attendu la COP 22 pour mettre en place toute une série de mesures écoresponsables au sein de leur établissement. Du Royal Palm au Mandarin Oriental Marrakech, en passant par l’hôtel Es Saadi, le Selman Marrakech, le Four Seasons ou encore La Mamounia, tous se sont équipés en faveur de l’environnement, pour le léser le moins possible, et l’impacter a minima. À l’heure de la COP, le MAG vous fait faire le tour des initiatives bio de nos palaces et resorts marrakchis. Parce que quand c’est bio, c’est bien !


LE ROYAL MANSOUR MARRAKECH C’est en vertu de son extrême maîtrise de la sécurité sanitaire que le Royal Mansour Marrakech s’est vu remettre la certiŵcation alimentaire HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point, ou Méthode de Maîtrise de l’Hygiène Alimentaire), qui garantit l’excellence de l’hôtel en matière de management de la qualité. Le palace a été consacré Meilleur Garant de l’Hygiène Alimentaire suite à un audit réalisé cet été, par la société SGS Maroc, leader mondial de l’inspection dans les domaines du voyage et du tourisme notamment. Par ailleurs détenteur du label Clef Verte, décerné par la Fondation Mohammed VI, le Royal Mansour se distingue par ses efforts en termes d’éducation à l’environnement, de gestion environnementale générale, et de gestion des déchets, de l’eau et de l’énergie. Et pour mettre toujours plus de vert au sein de son domaine, le Royal Mansour est sur le point d’ouvrir un nouveau jardin, façon oasis foisonnante, où croissent oliviers, palmiers, parterres de ƃeurs et jasmin autour de pièces d’eau romantiques, alternant zones ombragées et clairières baignées de soleil. Le tout dans le style du jardin arabo-andalou, lieu de vie et d’épanouissement spirituel.


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112 / initiatives hotels

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1/LE ES SAADI ET LE PALACE ES SAADI Cela fait plus de 15 ans que les fruits et légumes servis sur les tables du Es Saadi proviennent pratiquement tous du potager et du verger du Bled, la ferme familiale située dans la vallée de l’Ourika. Là, graines, aromates, agrumes et légumes poussent à l’abri des pesticides, conformément à la culture biologique. Autre initiative green de l’hôtel, sa slow food, ou sustainable local organic wholesome. Cette cuisine riche en Ƃbres, aux recettes équilibrées boostant l’organisme, utilise des éléments faibles en calories et en matières grasses. De plus, les plats sont élaborés avec des produits locaux, ce qui permet de se sustenter tout en s’inscrivant dans la veine développement durable. Et pour toujours plus de bio attitude, le Bar à Salade Bio du Palace propose légumes crus et cuits, céréales, condiments et herbes fraîches, pour faire le plein de vitamines grâce à la smart food dopant l’organisme – spiruline, micro-algues, graines de lin riches en Oméga 3… Le tout s’accompagnant d’un jus ou smoothie détox fait maison. À commander au Bar à jus, où une vingtaine de recettes sont à découvrir. Pour Ƃnir, saluons l’effort quotidien du Es Saadi en matière d’environnement, qui a installé une station de recyclage de l’eau pour l’arrosage des jardins, ainsi que des panneaux solaires fournissant l’eau chaude du Palace.

2/LE NAOURA BARRIÈRE Détenteur depuis 2013 du label Clé verte, le Naoura est très actif en matière d’écoresponsabilité, devenant même le premier utilisateur au Maroc d’une chaudière biomasse. La sienne est alimentée par des noyaux d’olives concassés. Remplaçant les chaudières à gaz, elle chauffe à elle seule toute l’eau du resort (celle de la piscine, du spa, des chambres). Ce qui a permis à celui-ci de réduire de 35% sa facture énergétique annuelle. Par ailleurs, le Naoura fait partie d’un test pilote, orchestré par le Ministère du tourisme, pour un étiquetage environnemental. Il recevra d’ailleurs son étiquette pendant la COP 22. De plus, l’établissement dispose d’un menu « bon pour le climat », qui calcule l’énergie utilisée et l’impact en émission de CO2 de chaque ingrédient. Ainsi, les consommateurs peuvent eux aussi écoparticiper, en optant pour les recettes les moins voraces en CO2 ! Et parce que décidément, le souci de l’environnement est au cœur de son développement, le Naoura a disposé des ŵches d’information sur les bonnes pratiques dans chacun de ses départements. Il assure aussi le tri sélectif du carton, tient un suivi journalier des consommations d’énergies, a mis en place des économiseurs d’eau au niveau

des douches et lavabos des chambres, et a installé un éclairage spots Microleds 5W, dont un tiers de l’hôtel est équipé. Son jardin aromatique, la collecte des huiles alimentaires usagées, le média Ƃltrant installé dans certains des parcours aquatiques et piscines de riads, ainsi que son partenariat avec l’APROCIB – une association de protection des cigognes–, achèvent de placer le Naoura dans la catégorie établissements écoresponsables.


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3/RADISSON BLU Au Radisson Blu, le tri du plastique, du verre et de l’aluminium se pratique rigoureusement. De plus, l’hôtel est équipé exclusivement de luminaires LED. Par ailleurs, des détecteurs de lumière dans les toilettes et les couloirs limitent eux aussi la consommation d’électricité. Quant à la chaleur dégagée par le groupe frigoriŵque, elle est récupérée pour produire de l’eau chaude sanitaire, tout en chauffant l’eau de la piscine. Autre bel effort écoresponsable, la gestion de la climatisation par un ordinateur GTC, qui optimise son usage au quotidien ; grâce à lui, seules les chambres occupées sont climatisées. Du côté des cuisines, les bacs à graisse sont traités de façon biologique par des enzymes. Dans l’immense patio comme dans les salles de réunion, les robinets des sanitaires sont équipés de détecteurs de mouvement pour parer à tout gaspillage d’eau. Pour Ƃnir, le Radisson Blu soutient deux associations, “Sidi Bel Abbas” qui lutte contre le handicap et l’indigence ; et “Jood”, qui assure une collecte de fonds pour préparer et distribuer des repas aux sans-abris. Encore une belle démarche.

4/LE SELMAN MARRAKECH Dans ce somptueux palace aux décors signés Jacques Garcia, des panneaux solaires thermiques ont été installés dès l’ouverture de l’hôtel, en vue d’assurer la production d’eau chaude sanitaire. En outre, l’établissement s’est doté dernièrement d’une chaudière biomasse, lui permettant de réaliser une économie de plus de 20% sur sa facture énergétique au niveau du propane. Côté éclairage, plus de la moitié est LED, qui a déjà permis une réduction de consommation énergétique de 5% ; en sachant que d’ici six mois, ce sera la totalité de l’éclairage de l’hôtel qui deviendra LED. Concernant cette fois les équipements sanitaires, ils sont de type hydro-économe sur l’ensemble du site, avec limiteur de débit dans les douches et lavabos. Dans les jardins, seuls des produits biologiques sont utilisés, aƂn de préserver la faune et la ƃore. Au potager bio du Chef, légumes de saison bio et herbes aromatiques sont cultivés avec soin, au moyen d’engrais naturels uniquement, en vue d’agrémenter les menus biolight de l’hôtel.


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5/DAR RHIZLANE En vue d’obtenir le label Clef Verte, cela fait longtemps que le palais d’hôtes Dar Rhizlane met tout en place pour s’inscrire toujours plus dans une démarche écoresponsable. Ses efforts commencent par un arrosage goutte à goutte, installé au pied des plantes ; de plus, le jardin abrite des végétaux choisis en vertu de leur faible besoin d’eau. Par ailleurs, les produits phytosanitaires, les désherbants et les pesticides ont été bannis du jardin. Dar Rhizlane dispose également d’une ferme écologique, située à dix kilomètres de la ville, où le goutte à goutte est là encore de rigueur ; là, une magniƂque roseraie côtoie des légumes saisonniers, des herbes aromatiques et des oliviers, qui produisent une huile d’olive bio. Et bien sûr, le compostage s’effectue sur place. Concernant l’usage des ressources énergétiques, cela fait un an et demi que l’établissement est totalement équipé d’éclairage LED. Quant à l’eau sanitaire, elle est partiellement chauffée par des panneaux solaires, tandis que la

piscine est chauffée au moyen d’une pompe à chaleur produisant moins d’énergie qu’un autre média. En cuisine, les huiles sont recyclées par Collecte. Du côté des chambres, leur entretien est assuré par des produits écologiques, et le linge est nettoyé par des produits écologiques également. EnƂn, Dar Rhizlane n’utilise que des bouteilles en verre ; exit le plastique !

6/LE MANDARIN ORIENTAL, MARRAKECH Dans ce resort verdoyant, on prend l’écoresponsabilité très au sérieux. De fait, à peine a-t-il ouvert que le Mandarin Oriental, Marrakech a d’ores et déjà reçu le label clé verte, venu reconnaître son effort ecofriendly. Autre démarche qu’il a enclenchée en faveur de l’environnement, un accord pour l’installation et l’exploitation d’une unité de chauffage industriel à la biomasse bois. Trois chaudières biomasse, d’une puissance totale de 900 KW, permettent désormais une substitution du propane pour une partie importante de l’établissement et de son spa. De plus, l’utilisation de cette biomasse bois a pour effet de réduire les émissions de CO2, à hauteur de 1.000 tonnes par an. EnƂn, le resort est doté d’un potager de 1 hectare, où le biologique est de mise, et le compost organique. Et où aucun engrais n’est utilisé. Côté investissement dans le tissu social local, le Mandarin soutient l’association Sur le Chemin de l’école, participant ainsi à la création d’un foyer de jeunes Ƃlles aux environs de Marrakech.


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7/ACTIVITÉS ECOSPIRIT AU ROYAL PALM Pour la COP 22, le Royal Palm propose des activités bucoliques pour s’immerger dans la nature. On commence par une visite à la ferme biologique du domaine, où déguster un déjeuner champêtre à base des produits bio du potager, entouré de lapins, chevaux et poules. De son côté, le Kids Club organise des ateliers verts, aƂn de sensibiliser nos bambins au respect de l’environnement. On poursuit l’incursion dans le vert par une sortie d’une journée dans la vallée de l’Ourika, région montagneuse et préservée, où l’on découvrira une coopérative d’huile d’argan, puis les cascades de Setti Fatma. Côté restauration, la volonté éco-responsable se poursuit, grâce à un repas du terroir au restaurant L’Olivier, concocté sous l’égide du Chef Yan Meinsel. Au menu, pain sans gluten aux herbes, tarte de légumes du potager et condiments de girolle, turbot cuit à plat, écrevisses aux agrumes, coulis d’une laitue, et chèvre frais d’Essaouira. EnƂn, une expérience bio au spa nous attend, grâce aux produits naturels de la marque Marokissime, un hammam aux sept plantes des terres du Maroc, et un massage aux pochons d’herbes aromatiques.

8/LE FOUR SEASONS RESORT MARRAKECH Depuis son ouverture en 2011, le Four Seasons a fait de la préoccupation environnementale un impératif majeur de sa feuille de route. Aussi a-t-il pris soin de faire fonctionner ses chaudières avec un combustible biologique, à base de coquilles de noix d’argan. Il est par ailleurs équipé à 90% d’ampoules type LED, écoénergétiques et écologiques. Du côté des jardins et espaces verts, l’arrosage se fait exclusivement avec l’eau des puits, aƂn de réduire la consommation d’eau. De plus, l’établissement déploie des actions de sensibilisation auprès de ses équipes, ce qui inclut notamment la bonne gestion de l’occupation des bâtiments, laissés éteints en cas de basse occupation. Sinon, le resort privilégie le papier recyclé pour ses bureaux, et les équipes sont incitées à éteindre lumières et équipements informatiques en quittant les locaux. Les cuisines, elles, veillent à ce que les huiles utilisées soient recyclées, tandis que l’usage de l’eau y est contrôlée. Les restes de nourriture sont quant à eux donnés aux fermes. Pour Ƃnir, le resort a disposé une “carte verte” dans chaque chambre, permettant aux clients de limiter s’ils le souhaitent les changements superƃus des draps et serviettes de bain. EnƂn, le Chef propose des visites de son potager et jardin botanique, pour sensibiliser les clients à la saisonnalité des fruits et légumes. Et à venir, la mise en place de nouvelles mesures ecofriendly !

9/LA MAMOUNIA Du côté de La Mamounia, hôtel mythique de la ville ocre et participatif de son aura, un potager de 1.500 m 2 se dessine en fin de parc, à l’abri des arbres immenses et du calme parfait des jardins. C’est là que les restaurants du palace s’approvisionnent. Ils ont le choix entre une très grande variété de tomates – quinze au total, dont la noire de Russie–, des navets, différentes salades, et des herbes aromatiques en nombre – coriandre, verveine, citronnelle de Madagascar, menthe Borji, violette, basilic, capucines, origan… Au total, ce ne sont pas moins de trente espèces de légumes, salades et plantes qui croissent sur cette superficie composée uniquement de terre avec du compost naturel bio. Depuis les courgettes vertes et jaunes, aux potirons et pâtissons, en passant par la betterave blanche, les carottes rouges, les petits radis croquants et les radis noirs, pour conclure sur la rhubarbe, tout est là pour agrémenter l’assiette de la plus belle façon. Le tout étant encadré de figuiers, pêchers, orangers et citronniers verts.


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10/THE SOURCE Au resort The Source, l’huile d’olive et le pain sont faits maison, et les aromates sont cueillis directement dans le potager. Aussi, l’établissement a investi dans des panneaux solaires permettant de chauffer l’eau de l’ensemble du complexe. Pour ce qui est de l’entretien du parc et des jardins, aucun pesticide n’est utilisé. L’arrosage se fait via un ingénieux système de goutte à goutte, qui évite toute déperdition d’eau. Quant aux eaux usées, elles subissent une double ŵltration, avant d’être envoyées dans le puits perdu. Niveau bâtiments, les murs sont faits de briques en terre et de paille, ce qui garantit une meilleure isolation, tout en évitant une surutilisation du béton.

11/LE SOFITEL Au SoƂtel, établissement labélisé Clef Verte depuis 2012, tout un panel de pratiques écoenvironnementales ont été mises en place, à l’attention des clients comme des représentants de l’hôtel. Ces initiatives vertes commencent par une lutte afƂrmée contre le gaspillage alimentaire, à travers des plans de communication interne et externe. Pour s’assurer de réduire sa consommation d’énergie, le SoƂtel est par ailleurs équipé d’ampoules LED à hauteur de 90% dans la partie hôtel, et à 40% dans les chambres. De plus, sa piscine est chauffée au moyen de matelas solaires, tandis que les pièces d’eau sont équipées de robinets détecteurs de mouvements, pour éviter tout gaspillage d’eau courante. Du côté des loisirs, le SoƂtel met à la disposition de ses clients des vélos et des gyropodes Segway, attractions à la fois fun et responsables. Sinon, l’hôtel s’est engagé, dans le cadre de Planet 21, à encourager la préservation de l’eau à travers diverses actions – comme par exemple la réutilisation des serviettes de bain. Avec les économies ainsi réalisées, le SoƂtel participe à planter des arbres en zone rurale, en collaboration avec une association dédiée au développement durable. Par ailleurs, le jardin aromatique en plein air recèle plantes aromatiques et médicinales servant à parfumer les plats des restaurants. EnƂn, des ateliers jardinage sont prévus pour les enfants dans le cadre de la Kids Suite ; cet apprentissage de l’entretien du jardin les éveille au respect et à la préservation de la nature.

12/OASIRIA, PARC AQUATIQUE ÉCORESPONSABLE Lui aussi fait partie de la vie des marrakchis, se situant à mi-chemin entre le lieu de loisirs et un véritable parc. Et parce qu’il souhaite limiter son impact sur l’environnement, le parc aquatique Oasiria s’est doté, depuis ses origines, d’un ensemble de dispositifs écologiques le plaçant dans la lignée des infrastructures éco-conscientes. Tout commence par l’optimisation de l’eau ; celle du parc est captée, Ƃltrée puis décantée, aƂn de servir à l’arrosage. C’est ensuite un système de gouttes à gouttes courant sur tout le parc qui irrigue l’abondante végétation des lieux, de nuit uniquement. De plus, les arbres sont abreuvés en continu par des jarres poreuses enterrées à leur pied. Ainsi, zones ombragées et tunnels végétaux maintiennent un taux d’humidité optimal. EnƂn, les techniques de traitement des eaux des bassins permettent de limiter les effets sur l’environnement. Autre effort de taille réalisé par le parc, l’architecture écoresponsable des bâtiments, privilégiant les matériaux locaux et ecofriendly (paille de chaume, bois…). Quant à la végétation, elle été choisie en vertu de sa faible consommation d’eau (oliviers, palmiers, pins, eucalyptus, orangers, plantes tropicales…), toujours en vue de minimiser l’usage des ressources hydrauliques. EnƂn, les restaurants du parc s’attachent à servir une cuisine de saison, aƂn de limiter la durée des circuits en matière d’approvisionnement. Pour Ƃnir, les déchets du parc font tous l’objet d’un tri sélectif.


Artisan glacieŻ MÉNARA MALL - JEMAA EL FNA - Z.I. HAY ZITOUN

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118 / green and lifestyle

Par Anastasia Chelini


BELDI COUNTRY CLUB

éden écoresponsable

Véritable coin de paradis niché dans quinze hectares de verdure, le Beldi Country Club se dessine sous les contours d’une nature généreuse, à quelques encablures du tout Marrakech. Articulé autour d’un jardin immense, d’une roseraie éclatante et d’oliviers bicentenaires, ce resort plein de charme se distingue par son engagement en matière de développement durable, multipliant les initiatives écologiques. Entre sa table savoureuse, son spa feutré et ses piscines, il s’ingénie à trouver des solutions toujours vertes. Plein cap sur cet écrin verdoyant et écoresponsable.


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ans ces lieux préservés où il fait bon vivre, le respect de l’environnement commence dès la table, où la vaisselle est l’œuvre du potier du domaine. Disposée sur des nappes elles aussi confectionnées artisanalement, elle côtoie d’élégants verres épurés, dits “verres Beldi”, directement issus de l’Atelier du Verre Beldi, une authentique verrerie où trente artisans s’appliquent à soufƃer du verre recyclé, préalablement glané via un système efƂcace de récolte de verre usagé. Vases, cendriers et luminaires obéissent à la même provenance, épousant des lignes pures, tout en perpétuant l’existence de ce verre emblématique du Maroc, qui sans cette fabrique aurait disparu. Dans l’assiette, l’esprit développement durable continue : le pain, confectionné sur place, est cuit par le boulanger dans un four à bois ; tandis que soupes, conŵtures et huile d’olive sont le produit du potager et de l’oliveraie, eux-mêmes jouxtant deux serres à graines, et une mini ménagerie (pintades, canards, poules et lapins) qui fait le bonheur

des enfants. EnƂn, la carte à l’ardoise du restaurant s’axe sur la production saisonnière, dans un vrai respect de la terre et de son rythme. Second point central d’effort écologique du resort, le recours à la production d’énergie renouvelable. Elle est réalisée par le truchement des panneaux solaires, qui ƃeurissent discrètement sur les toits des bâtiments, fournissant l’électricité des pompes d’arrosage du site, et chauffant l’eau du spa et de l’hôtel.




Sur cette double page, on retrouve les paysages sublimes de la Kasbah Beldi, un resort intensément bucolique érigé par le Beldi Country Club, qui témoigne d’un même esprit de communion avec la nature. Située à cinquante kilomètres de Marrakech, la Kasbah Beldi s’érige face au Lac Lalla Takerkoust, qu’elle surplombe pour offrir au visiteur une vue imprenable sur ses contours. S’étendant sur quinze hectares, ce domaine écoresponsable respecte les traditions et les matériaux de la région, et dispose bien entendu d’un vaste potager.

Autre initiative concernant l’eau, l’arrosage goutte à goutte, qui parcourt l’ensemble du jardin et de la roseraie, évitant ainsi toute déperdition d’eau. Des séguias acheminent elles aussi l’eau parmi les plans de végétation et le potager. Quant à l’arrosage manuel, il se fait le soir, pour une moindre consommation et une moindre évaporation d’eau. Côté bâtiments, les procédés green ne manquent guère. Les constructions sont en pisé, (mélange de terre et de paille), matériau naturel assurant un bon confort thermique, ce qui permet un moindre recours à la climatisation. De plus, de nombreuses cheminées et poêles à bois agrémentent les espaces de vie, les chambres et le spa, pour chauffer les lieux tout en minimisant l’impact environnemental. Et parce que développement durable rime aussi avec solidarité, l’établissement a créé, sous la houlette de Marielle Laymarie, l’Association Écoles et Ateliers de l’Atlas, qui permet aux femmes d’avoir un métier solvable et un lien social grâce à la broderie, et qui Ƃnance également des rénovations et la construction d’écoles dans leur région. C’est donc en écho à cette politique louable d’utilisation de procédés green que le Beldi Country Club s’est vu attribuer, en juillet 2016, le label Clé Verte, ratiƂant son engagement écologique de longue haleine ; engagement impulsé par Jean-Dominique Laymarie et sa famille, depuis toujours attentifs à la préservation des traditions et des savoir-faire locaux. Le Beldi Country Club, un paradis ingénieux, où tout est fait pour tirer parti de la nature, tout en la respectant au plus près.


MMG#8

124 / agriculture

Par Nathalie Rigoulet

CULTURES ALTERNATIVES Ces dernières années, les médias se sont largement emparés des sujets sensibles autour du réchauffement climatique. Parmi les thèmes qui fâchent, l’agriculture industrielle et ses effets dévastateurs sur les sols, le climat, les écosystèmes, l’énergie et la santé sont largement pointés du doigt. Il apparaît urgent de changer de modèle agricole. Permaculture, agriculture biologique, agro-écologie sont mis sur le devant de la scène, mais êtes-vous bien certain d’avoir saisi les différences entre chacune d’elles ?

L

a révolution verte lancée dans les années 70, avec son lot de variétés hybrides, de pesticides toujours plus performants, l’explosion des rendements, la généralisation de la monoculture, la mécanisation lourde, et le rêve délirant de nourrir indéfiniment la planète, ont fait des ravages ! Le bilan est sans appel : notre planète n’en peut plus...Heureusement, des personnes bienveillantes de par le monde ont proposé des solutions, propres à assurer une agriculture qui puisse non seulement nourrir la planète, reconstruire les sols, prendre soin des agriculteurs et de nous tous, stabiliser le climat, et structurer les écosystèmes, sans puiser pour autant dans les ressources non renouvelables.

L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE L’agriculture biologique ne date pas d’hier ! D’irréductibles courageux fondent les bases de l’agriculture biologique (AB) dès le début du XXe siècle, mais elle reste largement anecdotique jusqu’à l’apparition du mouvement écologiste, dans les années 70. L’AB cherche une reconnaissance des pratiques traditionnelles et du rôle central des sols, une préservation des liens sociaux et des structures paysannes, refuse les produits de synthèse, et produit des aliments sains et savoureux. Mais voilà ! Le temps passe et les préoccupations écologiques et humaines d’alors se relâchent sous la pression des acteurs qui souhaitent développer massivement le label Bio. Aujourd’hui, le cahier des charges du label AB n’inclut plus les préoccupations humaines, et les critères écologiques sont bien moins stricts. En réalité, ce qu’il reste du label est bien loin de ce qu’il était à l’origine. Pour résumer, cultiver bio veut dire ne pas utiliser d’intrans, ni de produits phytosanitaires issus de la pétrochimie. De toute évidence, l’AB, qui reste quand même un beau projet de société, doit son salut aux circuits courts qui se sont développés un peu partout, en évitant soigneusement les circuits longs de la grande distribution.

L’AGROÉCOLOGIE Si les pays riches ont activement détruit leur classe paysanne depuis la révolution industrielle, les paysans des pays dits “pauvres” ont lancé un mouvement mondial de contestation, et bien leur a pris. Centré sur la problématique de l’autonomie paysanne, et largement relayé par l’altermondialisme, le mouvement résonne bien au-delà du monde paysan. Car ce sont bien les pratiques culturales ancestrales de ces paysans qui favorisent la biodiversité, respectent les cycles du vivant, valorisent et enrichissent les sols. Il a quand même fallu attendre les années 80 pour que la science moderne redécouvre ces techniques, mises aux oubliettes. Le monde à l’envers... Deux chercheurs américains se sont donc nourris de ces pratiques ancestrales, et ont lancé l’agroécologie ; proposant enƂn un nouveau projet de société qui place toute son attention sur la production alimentaire, et sur l’ensemble du système alimentaire, de la production à la consommation, en passant par le transport des marchandises, les particularités des cultures et des humains qui le font fonctionner. Écologie, biologie, agronomie, économie, politique, sociologie, psychologie, anthropologie, une véritable démarche transdisciplinaire qui place l’humain au centre du projet. En plus de techniques comme le compostage, la recherche de complémentarité entre les espèces, la culture sur buttes…, elle va chercher à intégrer dans sa pratique l’ensemble des paramètres de gestion écologique de l’espace cultivé, comme l’économie et la meilleure utilisation de l’eau, la lutte contre l’érosion, les haies, le reboisement, etc. Des études menées ces dix dernières années démontrent que l’agroécologie peut non seulement accroître la productivité au niveau local, mais aussi réduire la pauvreté rurale; via la création d’emplois, amélioration de la nutrition, biodiversité et adaptation au changement climatique.


LA PERMACULTURE La permaculture n’est pas à proprement parler un système agricole. Son objet est plus vaste. Elle consiste à construire des installations humaines durables et résilientes. Elle va donc intégrer l’ensemble des pratiques de l’agriculture biologique et de l’agroécologie, mais aussi les énergies renouvelables, l’écoconstruction… La permaculture va chercher à recréer la grande diversité et l’interdépendance qui existent naturellement dans des écosystèmes naturels. C’est un fonctionnement en boucle, où chaque élément vient nourrir les autres. L’idée est ici d’étendre les principes du vivant non seulement à la conception de systèmes alimentaires, mais aussi à la conception de tous les systèmes humains... C’est en 1978 que deux Australiens lancent ce concept révolutionnaire, s’inspirant pour ce faire d’écosystèmes stables tels que les forêts, aƂn de créer des systèmes agricoles pérennes ; comme par exemple, une forêt intelligemment aménagée, qui produirait un maximum de nourriture pour les humains. Même si aujourd’hui, la permaculture reste principalement appliquée à l’alimentation, on utilise aussi ses principes de design (issus de l’observation des principes du vivant : cycles, réseaux, auto-organisation, etc) pour l’énergie, la construction d’habitats, l’économie, la culture, l’eau ou même l’organisation des groupes. Elle peut être utilisée par tous, en ville comme à la campagne, et à toutes les échelles (balcon, maison, champ, quartier, ville, vie, groupe...). L’efƂcacité et l’économie énergétique sont toujours recherchées en priorité aƂn d’anticiper les futures crises et augmenter la résilience (capacité d’un système de se remettre d’un

choc sans altérer ses fonctions vitales) des communautés qui ont choisi de vivre cette belle aventure. Un grand merci aux publications piochées ça et là, qui ont éclairé ma lanterne et qui m’ont permis de découvrir le nombre incalculable de villages associatifs alternatifs, écovillages, communautés, coopératives... qui ont ƃeuri à travers le monde. Des personnes qui ont fait le choix d’essayer de vivre en autonomie, d’arrêter la consommation à outrance, de s’entraider, mutualiser, échanger... Bref, de penser le monde autrement, pour échapper au modèle consumériste qui, de toute évidence, va droit dans le mur. Ce site vous fera voyager, immersion assurée dans un autre monde possible :

decroissons.wordpress.com

Pierre Rabhi, pionnier de l’agroécologie.


MMG#8

126 / art

Par Anastasia Chelini


CHRONIQUE PHOTOGRAPHIQUE D’UNE ÉPICE EN DANGER

Le safran, épice rare et menacée, s’expose dans toute sa beauté au Musée Boucharouite de Marrakech, dans le cadre d’une exposition manifeste, « Safran », qui lui offre une mise en lumière façon appel aux consciences. Ou quand l’art s’engage pour la planète, dans le sillage de la COP 22.


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128 / art

J

ean-Luc Petit, photographe et globetrotteur travaillant notamment pour l’agence parisienne Gamma, s’intéresse de près à l’écologie et à la nature. Aussi est-il parti en octobre 2015 à Taliouine, capitale du safran, située dans le contre-atlas, pour y suivre la récolte de cette épice en voie de raréfaction, que le réchauffement climatique ne cesse d’impacter. Là, dans ce Ƃef du safran marocain, il a documenté le laborieux travail de récolte, de tri, puis d’extraction du précieux pistil pourpre, qui s’étire du coeur de la Ŷeur tel un trio incandescent de ŵlaments rougeoyants. Au plus près de l’or rouge, il en est revenu avec des clichés d’une puissance visuelle hypnotique, oscillant entre onirisme et hommage au travail des femmes, petites mains oubliées à la dextérité pourtant essentielle. Un reportage unique, chromatique, agissant comme une mise en garde, et retraçant sur trente clichés cette récolte très physique, effectuée quelque part en terre berbère, entre précision du geste et minutie renforcée, ce dès la naissance de l’aube. Érigée sous l’impulsion de la COP22, cette exposition artistico-écologique s’est choisie pour écrin un lieu artistico-engagé, forcément. En l’occurrence, le Musée Boucharouite de Marrakech, habituellement dédié à l’art populaire des femmes berbères. Dans la douairia du musée, les trente clichés de « Safran » explosent en deux axes de couleurs : le mauve délicat de la ƃeur de crocus d’une part, et l’orange soutenu du pistil qu’elle contient, lui-même formé de trois stigmates, s’étirant de l’orange foncé au rouge sombre. L’excellence de cette épice bio, réputée pour ses vertus et extraite si péniblement, fait d’elle l’épice la plus chère au monde – 30 Euros le gramme. Un trésor venu de l’Atlas, à préserver sans relâche.

Jusqu’au 7 janvier 2016 40 DH l’entrée Du lundi au samedi, de 9h30 à 18h 107 derb El Cadi Marrakech, quartier Azbeste, médina Tel : 05 24 38 38 87 museeboucharouite@gmail.com Photographe Jean-Luc Petit Tel : 06 62 11 03 19 www.jeanlucpetit.fr


Un petit village à Ŷanc de montagne, où les habitations abritent des femmes aux doigts de fée : c’est là que vivent les ouvrières qui récoltent le pistil pourpre




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Par Stéphanie Jacob

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Ça ne date pas d’hier, qui déjà voyait Yves Saint Laurent s’éprendre de Marrakech, où il retrouvait l’inspiration, entre couleurs et lumières. Justement, aujourd’hui plus que jamais, Marrakech s’impose comme le rendez-vous de la mode, où designers, stylistes et grands couturiers s’épanouissent. Le MAG est parti à la rencontre de quatre d’entre eux, pour une sélection tout en excellence et glamour, qui rend hommage à ces femmes et ces hommes confessant une indétrônable addiction au style. À la découverte de ces orfèvres de l’habit.

Virginie W design MADAME “COULEURS” À MARRAKECH Virginie W fabrique des bijoux et accessoires de mode et déco qui lui ressemblent. Colorées pour leur charge d’émotion, toutes ses créations sont réalisées à partir de matières précieuses ou au contraire recyclées. Installée à Marrakech depuis plusieurs années, elle y développe des collections signées Chic 2 Luxe, sa marque lancée en 2007. Une inspiration toujours couture pour un style unique. Le Ƃl, sa matière de prédilection. La couleur, son art de vivre. Virginie W Design imagine des bijoux et accessoires de mode depuis l’enfance. Un diplôme de styliste modéliste en poche, elle fait ses gammes à Paris dans la mode et la cosmétique. Puis vient le grand saut. Sa première collection de bijoux sous la marque Chic 2 Luxe est lancée en 2007. Mais le voyage la tiraille. De la capitale parisienne, elle s’envole alors pour Marrakech, ville de toutes les inspirations et de tous les possibles. Aujourd’hui, l’aventure est pleinement aboutie. Ses créations, exposées dans les plus grands palaces,

séduisent pour la perfection de leurs Ƃnitions, la qualité des matières, et le pétillant des couleurs. Chaque bijou est unique. Un rafƂnement sans bling bling où les pierres Ƃnes, les perles de rocaille, le bois, le cuir ou le métal s’unissent au roulé, tressé et torsadé du coton, de l’or et de l’argent. De la pure poésie. Pour sa nouvelle collection, Virginie s’est amusée à tailler des chemises pour “Ailes et Lui” qui nous donnent des airs d’ange. Ces ailes, également déclinées en écussons, se posent partout où l’on en a envie. Virginie W Design, c’est aussi des services, des conseils et un beau carnet d’adresses de créateurs et d’artisans pour l’aménagement et la décoration d’intérieurs et d’extérieurs auprès des professionnels comme des particuliers. Un travail d’orfèvre, qui se dévoile en conƂdentiel, de bouche à oreille… Parce que “Be Unique” tout simplement !


Par Anastasia Chelini

Norya Ayron LE STYLE EN PARTAGE Dans sa boutique environnée de verdure, surplombant le restaurant « Le Jardin » en médina, la créatrice Norya Ayron compose ses collections ethnique-chic, façon pièces uniques. Entre gandouras revisitées, tuniques polychromatiques, combinaisons et kimonos, sa ligne éclatante épouse des imprimés chatoyants. Pleins phares sur celle qui, à treize ans déjà, confectionnait elle-même ses vêtements, pour « ne pas être habillée comme les autres ».

Elle crée sa propre mode, son univers vestimentaire, débarrassée des diktats du moment et autres impératifs stylistiques éphémères. Loin du mimétisme prôné par les tendances, Norya Ayron a fait de sa ligne un vestiaire unique, où le confort s’allie au style, et l’élégance à la décontraction. Intensément métissées, mêlant l’Orient à l’Occident, ses créations mixent les codes et les inƃuences, et subliment la femme active, moderne et cosmopolite, qui souhaite conjuguer style à pratique. « Je fais des vêtements pour les femmes qui ont envie d’être belles, sans se compliquer la vie pour autant », dit-elle. Une garde-robe esthétique et simple, donc, qui

repose sur des lignes ƃuides, des matières souples ƃattant la silhouette, des coupes oversize seyantes, du loose maîtrisé. Et toujours, un tombé parfait. L’avantage absolu de la ligne Norya Ayron étant son côté passepartout, qui fait de chaque pièce une tenue daywear et casual chic totalement bobo, se transformant en tenue du soir, glamour et habillée, une fois auréolée d’une paire de stilettos et d’accessoires. Côté pochettes et sacs, la marque décline quelques modèles iconiques, taillés dans des cuirs italiens chinés à Milan, et rehaussés de doublures en tissu ciré aux motifs pluriels. Depuis trois ans qu’elle existe, la ligne Norya Ayron tutoie

intimement le succès ; entre les clientes célèbres qui plébiscitent ses créations – parmi lesquelles Ƃgurent Monica Bellucci et Sharon Stone–, et son nouveau corner à la boutique de La Mamounia, Norya et ses créations s’arrachent. Elle prépare d’ailleurs une collection pour hommes, à paraître début 2017, dont l’univers sera le pendant de celui de la femme. Et à venir aussi, l’export de sa marque à l’international – elle est déjà présente au Royal Palm de l’Île Maurice. Rationnelle face à cet engouement croissant, Norya persiste avec élégance à rester dans une production limitée ; convaincue que l’omniprésence n’est pas synonyme de qualité…


MMG#8

134 / mode

Par Anastasia Chelini


Nadia LE VÊTEMENT, PORTE-ÉTENDARD D’ATTITUDE Elle a fait son entrée sur la scène marrakchie il y a tout juste un an. Depuis, Nadia Acimi est en passe de rallier les modeuses à sa cause, tant sa ligne de prêt-à-porter couture dresse les contours d’une silhouette glamour, sexy et powerfull, dopant l’attitude comme le style. Ou quand le dressing offre aux femmes une audace accrue.

C’est rock, c’est chic, c’est intense, c’est mode au plus haut point, mêlant sobriété à éclat lumineux d’un destroy maîtrisé, tandis que le long du vêtement, court comme un vague parfum d’aplomb et de panache. Voilà de quelle matière est faite la garde-robe signée Nadia Acimi, créatrice dont le talent à ƃeur de tissu la place d’entrée de jeu parmi les grands. Parce que ses vêtements portent la trace exacte de la recherche perpétuellement remise en jeu ; parce qu’ils ont pour fonction de sublimer la femme et de la rendre plus forte, féminine, pourquoi pas libertaire, rayonnante sûrement, à des années-lumière d’une image effacée. Parce que, surtout, ils sont le fer-de-lance d’un style consacré, intemporel et indémodable : celui de la parisienne bobo, ultra cosmopolite, mixant sexy en diable à garçon manqué, sophistication à beauté effortless, subtilité à afŵrmation. Oui, il y a déƂnitivement quelque chose de rebelle chez Nadia Acimi, qui impulse à ses créations une énergie ramassée, un côté modeux mais de niche, travaillé, subtil,

précis, taillé près du corps, pour en épouser les lignes et le mouvement, pour en souligner la puissance féline. Remisée au placard, donc, la posture de second plan ; la femme Nadia Acimi, indubitablement, a matière à conquérir, et porte haut l’habit. Au carrefour des inŶuences, son vestiaire embrasse sensualité et retenue, sobriété et lumière. Avec, de loin en loin, un côté tribe, parfois gothique, qui la propulse en reine d’un soir, entre corsets de cuir et dentelles Ƃnes. De fait, il n’est pas faux de dire que Nadia Acimi Ŷirte avec les contrastes : sa ligne est à la fois intense et modérée, claquante et concise, nomade et un brin dandy. Du chic voyageur, donc ; de l’épure rehaussée d’un style ethnique, voire ibérique pour les emprunts à l’habit des toréadors. Façonnés sur une base classique, ses modèles semi uniques puisent leurs coupes aussi bien chez les hommes que chez les femmes, accumulant les ensembles vestepantalon, les pantalons coupe droite, les pantalons Estéban à cordons, les vestons et autres vestes andalouses. Joueuse,

inclassable, interchangeant les styles, la femme Nadia Acimi sait aussi se glisser dans des jupesfoulard, des robes de soirée au glamour métallique, des vestes twiggy… Tandis que sur chaque pièce, doublures réversibles et broderies prolongent le ludisme du vêtement. Côté matières, Nadia Acimi fait dans le noble : tulle, mousseline, soie, coton de soie, cachemire, laine peinte, dentelle. Elle rapporte ses tissus d’Italie et de France, avant de leur donner corps dans son atelier-showroom. Où elle s’attache à maintenir un travail de fabrication 100% artisanal et traditionnel, à contrecourant d’une industrialisation dénaturante. « Parce que les savoir-faire ancestraux sont le garant d’une vraie montée en gamme, d’une maturité aboutie des créations », précise-t-elle. À découvrir d’urgence. Showroom : Km 9 route de l’Ourika Tel : 06 30 45 32 27 nadia@nadia-acimi.com www.nadia-acimi.com FB Nadia Acimi À retrouver aussi au 33 Majorelle


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Par Anastasia Chelini

136 / mode

Noureddine ENTRE ART ET STYLISME, LES “ROBES-SCULPTURES” Son travail se situe aux conƃuences de l’art et de l’art du vêtement, là où la grâce tisse entre ces deux mondes un lien parfait. Noureddine Amir, grand couturier marocain, signe des créations stupéƂantes, auxquelles il insufƃe une tournure sculpturale. Qui confère à son œuvre une dimension unique : celle d’une union entre la sculpture et l’habit.

Au centre de son travail, la matière ; qui soufŶe à Noureddine Amir les formes à conquérir. La matière, que tel un chercheur consommé, il décrypte, module, fabrique, façonne pour donner naissance à ses robes, dont les contours semblent tout droit sortis d’un vestiaire onirique. C’est elle qui nourrit sa créativité, elle encore qu’il pétrit avec la maestria sidérante d’un sculpteur de métier ; et dont il tire soit un vêtement-sculpture, soit une sculpture tout court – Noureddine étant aussi sculpteur à ses heures. Comme un soleil duquel tout découle, la matière est pour lui « celle qui me guide, et non l’inverse. » Pionnier à sa façon, avant-gardiste aussi, Noureddine Amir applique à ses robes une sobriété puriste, un essentialisme absolu, qui les rendent indémodables ; sans les exempter pour autant d’une fantaisie profonde, couplée à une présence visuelle forte. Entre spectaculaire et retenue,

ses robes ovni se tissent à partir de laine, de jute, de mousseline de coton, de raphia tressé ou de bzioui tissé. Le tout se parant de teintes issues de mélanges inédits, où henné, safran et écorce de grenade se rejoignent, entre autres substances traditionnelles. Féministe enƂn, Noureddine Amir l’est à sa manière : « je suis admiratif des femmes fortes », conŵe-t-il ; c’est pour elles qu’il confectionne ces robes-manifeste, parce qu’elles prennent l’espace, parce qu’elles aident la femme à conquérir les lieux, à s’assumer pleinement, désormais secondée par son armure de matière. Face à ces créations provocatrices d’émotions, nul ne reste indifférent. Pierre Bergé, fashion mogul entre tous, réputé pour son exigence envers les créateurs, a lui aussi succombé à la densité fascinante de ces « robes-sculptures ». Il a d’ailleurs consacré à Noureddine Amir l’ultime exposition orchestrée à la Fondation

Pierre Bergé-Yves Saint Laurent à Paris. Fin 2014, c’était l’Institut du Monde Arabe qui accueillait auparavant les créations de cet inventeur génial d’un style minéral, au sein de l’exposition événement « Le Maroc contemporain. » Tandis que le Musée de la Mode d’Anvers présentait son univers en 2003, suivi par le Musée du Monde de Rotterdam, en 2005-2006. Mais puisqu’au quotidien, les « folies mettables » de Noureddine Amir sont, de son propre aveu, peu compatibles avec la vie active, le créateur décline en parallèle une ligne de prêt-à-porter haut de gamme, proposant des séries limitées. Elles sont à retrouver à la boutique du Royal Mansour, à celle de l’Amanjena, ainsi qu’au concept store 33 Majorelle. Ou comment emporter chez soi un peu du rêve que Noureddine Amir confectionne. www.noureddineamir.com



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Par Nathalie Rigoulet

QUAND LA MODE DEVIENT GREEN À l’occasion de la COP 21 s’est tenue la première édition de “Changer la Mode pour le Climat”, événement labellisé par Mme Ségolène Royal, ministre française de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie. La Charte d’engagement fut signée à Paris par nombre de citoyens et d’acteurs de la mode. La COP 22 de Marrakech sera l’occasion de rassembler et espérons-le de convaincre les acteurs marocains, africains et internationaux du secteur textile à s’engager à leur tour pour le Climat. La Conférence prévue le 18 Novembre de 9h à 10h30 sera suivie d’un cocktail à l’espace conférence de la zone verte.

À

l’initiative de cet événement majeur, Isabelle Quéhe, qui est par ailleurs l’initiatrice et organisatrice d’”Ethical Fashion Show” depuis 2004, première plateforme internationale d’une mode exigeante, éthique, différente, qui respecte l’homme et l’environnement. Soutenue par Universal Love, association qui défend depuis vingt ans une création différente, Isabelle mobilise toute son énergie pour promouvoir les savoir-faire séculaires du monde entier. Allons un peu voir pourquoi cet évènement est primordial pour l’avenir du Maroc et de notre planète. N’oublions pas que les secteurs textiles et de l’habillement représentent le premier pourvoyeur d’emplois au Maroc. Sachant que cette industrie est aussi dans le top 3 des plus polluantes au monde et grande consommatrice de matières premières, d’eau et d’énergie, elle contribue pour une grande part aux émissions de gaz à effet de serre, aussi bien au niveau de la production, du transport, que de l’entretien (Source Carbon Trust 2011). Autant dire que la marge de progrès dans ce domaine est immense... Voici en bref quelques chiffres alarmants de source ofƂcielle. On estime que la production mondiale de vêtements correspond à environ 3% des émissions mondiales de CO2. Pas moins de 8.000 produits chimiques sont utilisés pour transformer les matières premières en vêtements et nombre d’entre

eux sont évidemment toxiques et polluants ! (Source Greenpeace). On recense 20.000 cas de morts par an consécutives à un empoisonnement au pesticide, pour la plupart lors de la culture du coton dans les pays en voie de développement. (Source EJF). La mode est la deuxième industrie, après le pétrole, en termes d’impact sur l’environnement, et la deuxième source de pollution de l’eau potable derrière l’agriculture. (Source Danish Fashion Institute 2013). Face à ce désastre écologique et humain, des initiatives positives voient le jour et la mode écologique semble avoir un bel avenir. Elle se place enƂn au cœur des préoccupations de certains professionnels du textile et de l’habillement, des leaders d’opinion, des porteurs de projets tendance, mais aussi des médias et du grand public. Isabelle Quéhé souhaite à Marrakech transmettre la Charte d’engagement de la Mode pour le climat et proposer un échange d’expériences entre le Maroc, la France et l’Afrique. L’idée est bien entendu de mettre en avant les solutions possibles pour la protection de l’environnement. Parmi les thèmes abordés : durabilité, éco-conception, importance du choix des matières, procédés de production ayant le moins d’impact sur l’environnement, modes de distribution générant le moins de gaz à effet de serre, les labels, les recommandations d’entretien, le recyclage textile, concevoir des vêtements faits pour durer et renaître, allier créativité et


contraintes environnementales et sociales, favoriser les procédés de production économes en eau et en énergie tout en contrôlant les rejets dans l’eau, dans l’air et dans le sol, oeuvrer au développement des Ƃlières de recyclage. À découvrir également, l’exposition ludique “Le revers de mon look, quels impacts ont mes vêtements sur la planète ?” qui sera présentée sur le pôle citoyen de la COP 22. Douze panneaux dans lesquels on peut passer sa tête et se faire photographier dans différents looks seront là pour sensibiliser les publics aux enjeux du développement durable. Ils guideront le public à la découverte du cycle de vie des vêtements, de leur impact sur l’environnement et autres sujets passionnants. Une autre exposition appelée “Parures” fera la part belle au recyclage textile, à la créativité et aux savoir-faire marocains et africains. Des parures qui se métamorphosent en accessoires, embellissent et apportent du caractère aux tenues quotidiennes. Quel programme ! Sont attendus à la tribune des acteurs phares de l’industrie textile et de la mode, des artisans, créateurs, des marques qui oeuvrent pour une production responsable à partir de matières recyclées, locales et écologiques au Maroc. Les Parrains pressentis pour ce bel événement : Nourredine Amir, Pierre Bergé, Saïd Mahrouf.


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N O U V E A U

T E N D A N C E

L’arrivée de la COP 22 a donné de très belles idées aux créateurs marrakchis. Surfant sur la vague écolo, ils nous offrent de superbes créations alignées sur ce thème, et toutes made in Morocco. Robes légères ethniques, pochettes en toile de jute recyclée, bijoux berbères, sacs shopping…Un look de caractère qui fait du bien à la planète !

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1 - Cabas en tissu et sacs en cuir.

Minha Moubber, 33 Majorelle, Guéliz www.minhamoubber.com Robes Ŷuides et légères aux motifs ethniques. Collier bohème au design Afrique, en pierres et bois naturels, signés StellaH. Showroom StellaH, QI Sidi Ghanem n°220

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Bottines motardes, boots en daim, à mixer avec des tenues ethno-bohème. Galerie des Tanneurs, 4 avenue Moulay Rachid, Guéliz - www.galeriesdestanneurs.com

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4 - Pochette “Romy Greeny”en toile de jute recyclée, de fabrication artisanale et marocaine. La Petite Romy, 33 Majorelle, Guéliz “Cabas Tapis“ LALLA made in Morocco, au look écolo-chic. LALLA, 33 Boulevard el Mansour Eddahbi, Guéliz

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6 - Veste militaire coupe oversize by Sarah Maj, avec broderies. Showroom Sidi Abdel Azize, Amsfeh 88, médina 7 - Manteau ample en print léopard de la collection “Boho Africa” de Max & Jan, collier en résine et argent. Soŵtel : Haroun Errachid, Hivernage Concept store : 14 rue Amsefah, Sidi AbdelAziz, médina - max&jan.ma

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142 / beauté

trouver

des

produits bio

àMarrakech Bien plus qu’une tendance passagère portée par l’actuelle déferlante de l’ecofriendly, la beauté bio est un must à adopter, parce qu’elle chouchoute et répare notre peau, à des années lumières des additifs chimiques peuplant nombre de produits cosmétiques. Le MAG vous présente un petit inventaire des meilleures marques de beauté bio à Marrakech, et fait le tour des boutiques et concept-stores où les trouver.

Par Anastasia Chelini


O

n commence par Ayaso, charmant concept-store situé en plein Guéliz, pratiquement accolé à l’un des ƃancs du cinéma Le Colisée. Là, vous trouverez tout ce qui se fait en matière de produits de beauté et de soin bio, avec une prédilection pour les produits marocains, soigneusement sélectionnés pour leur extrême qualité et leur provenance. Chez Ayaso Ƃgurent aussi bien de l’huile d’argan certiƂée bio, que des huiles essentielles, des crèmes de soin, du dentifrice et du déodorant, ainsi qu’une foule de produits aussi bio que bons – car pour faire rayonner la peau, il faut d’abord bien manger. Alors on n’oublie pas de passer par les rayons épicerie, où faire le plein de super produits alimentaires, comme la spiruline ; et aussi, on peut petit-déjeuner, déjeuner et dîner au concept-store, d’une cuisine végétarienne, saine et gourmande, en salle ou en terrasse. Le tout accompagné d’un jus de fruits et légumes frais. Également centre de conférences, lieu de rencontres et d’ateliers, Ayaso est un véritable pôle du bio, dont la mission informative et didactique fait de nombreux fans.

Du côté des cosmétiques naturels, la marque Nectarome est un incontournable du genre, dont les produits luxe sont plébiscités par les plus beaux spas de Marrakech – celui du Royal Mansour, du Mandarin Oriental, du Pearl, du SoƂtel, du Four Seasons, du Namaskar, du Beldi Country Club… Créé en 1997 par trois scientiƂques marocains (un pharmaco-chimiste, un phytoaromathérapeute et un docteur en pharmacie spécialisé dans les huiles essentielles), cette marque d’excellence reprend les recettes de beauté marocaines traditionnelles, auxquelles elle ajoute l’expertise scientiŵque, pour donner naissance à des produits exclusifs, ne contenant que des actifs naturels et bio, sans aucun parabène, ni sulfate, ni parafƂne, pour un effet maximal sur la peau. Au choix, 140 produits, dont l’huile d’argan certiƂée bio – à noter, tous les autres produits Nectarome sont certiƂables bio. En plus, cette entreprise familiale, qui a toujours eu à cœur de sensibiliser ses clients à la cause écologique, se distingue par sa forte dimension sociale, puisqu’elle emploie essentiellement des femmes, issues de la région où est implanté le showroom, le jardin bio-aromatique et l’usine de fabrication de Nectarome, sur la route de l’Ourika. Une marque qui a tout bon. Et qui a deux boutiques en ville, l’une au Menara Mall, la seconde au centre Almazar.


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144 / beauté

Toujours dans la veine de la beauté nature et bio, rendez-vous cette fois au Centre holistique Terre d’Éveil route de Targa, ou à la boutique Terre d’Éveil en médina. Créés par Rachid Jaafari, ces espaces dédiés à la cosmétique bio déclinent une gamme de produits de soin 100% naturels. D’une très grande qualité, ils sauront combler tous les besoins de votre peau. La beauté passant aussi par le bien-être, la boutique comme le Centre proposent des conférences et ateliers dédiés au développement personnel (nutrition, savonnerie, aromathérapie, cuisine sans gluten…), ainsi que de la relaxation et de la permaculture. Ne ratez pas non plus la librairie-tisanerie et le bar à jus du Centre ; et faites aussi un tour par le bar à air (bol d’air Jacquier), ou par le coin restauration végétarienne. Le Centre Terre d’Éveil propose aussi des cours de yoga, de pilates, de sophrologie, de taï chi et d’autres disciplines conviant au calme et au bien-être. Tandis qu’un espace de consultations vous recevra (naturopathie, ayurvéda, phyto-aroma, biorésonnance, oligo-thérapie, homéopathie, médecine chinoise…) Ainsi qu’une salle de soins/massages (réƃexologie, acupression, acupuncture, su-jok, massage thaï…) Et bien sûr, le Centre dispose d’un magniŵque jardin et d’un potager bio-aromatique, avec ateliers d’apiculture.

EnƂn, Trace By Naturom, marque marocaine de produits naturels, propose dans ses deux boutiques toute une collection colorée et bénéƂque de sels de bain, gommages, savons, bains moussants, sérums, masques hydratants ou détoxiŵants, crèmes diverses, barres de massage fondant sur la peau, laits corporels… Le tout ayant la forme de pâtisseries craquantes – macarons, tiramisus, mufƂns, boules de glace, brownies…) C’est beau et c’est bon pour le corps ! Et aussi, essayez la gamme de plantes médicinales, en ƃacon roll-on pour un effet immédiat. (On vous recommande l’anti-migraine, à l’efƂcacité surprenante, ou encore l’anti-acné.) Tout est fait main, produit localement, exclusivement à base de plantes, d’argiles, d’huiles végétales, et sans tests cruels sur les animaux. À découvrir ou re-découvrir.


NECTAROME Km 35 Route de l’Ourika, Trine Ourika Haouz Tel : 05 24 31 00 17 www.nectarome.com AYASO 6 Boulevard Zerktouni, Guéliz Tel : 05 24 43 41 45 FB : Ayaso Concept Stores TERRE D’ÉVEIL Tel : 06 73 46 02 09 www.terredeveilmaroc.com CENTRE TERRE D’ÉVEIL Route de Targa, quartier Soŵa, lotissement Harouchi BOUTIQUE TERRE D’ÉVEIL 141 Place des Épices, médina (dans la rue parallèle à la place) NATUROM 213 Riad Zitoune Jdid, médina (après le Palais Bahia) Tel : 05 24 38 37 84 14 Essouaŵne, souk Lakbir, médina Tel : 05 24 38 15 74 naturom.marrakech@gmail.com www.naturom.fr


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Par Anastasia Chelini Remerciements à Monica, directrice du concept-store Ayaso

146 / beauté

Du côté des produits naturels bio qui font des merveilles sur le corps, voici ceux que l’on retient, ainsi que l’usage à en faire. Avec, pour leitmotiv, un retour à l’essentiel, aux produits simples, dont l’efƂcacité est reconnue depuis des millénaires. Suivez le guide !

À CHAQUE EFFET RECHERCHÉ, SON PRODUIT STAR • ANTI-ÂGE : pour lutter contre les signes de l’âge, l’huile d’argan, l’huile de pépins de Ƃgues de barbarie pure, et l’huile d’amande douce font des miracles. Et pour décupler leur pouvoir, ajoutez un peu d’eau de rose, profondément régénératrice pour le corps, et riche en actifs anti-âge. • ÉCLAT : pour rendre tout son éclat à la peau, utilisez de l’huile essentielle de citron (le soir uniquement). En masque, optez pour de l’écorce d’orange. • ANTI FATIGUE : l’huile de persil combat les cernes sombres, tandis que des rondelles de concombre bio et frais posées pendant 15 minutes sur les paupières closes feront dégonƃer le contour inférieur des yeux, tout en le réhydratant. Aussi, stimulez la peau du visage au moyen d’efƃeurages légers et brefs avec un glaçon ; il boostera la circulation, et donc son éclat. • ANTI ACNÉ : ayez recours à de l’huile essentielle d’arbre à thé, très efƂcace contre les boutons. Et aussi, l’huile de Nigelle, autrement appelée l’huile de cumin noir, guérit nombre de problèmes de peau, dont l’eczéma. Pensez également à l’huile essentielle de citron, qui puriƂe la peau. • ANTI ROUGEURS : parfaite pour lutter contre les rougeurs, l’eau de rose pure et distillée Ƃgure parmi les meilleurs produits cosmétiques qui soient, et dont l’usage remonte à l’Antiquité. Elle préserve aussi la peau du vieillissement. • ANTI SÉCHERESSE : pour réparer la peau sèche, on a le choix entre l’huile de germe de blé, et le beurre de karité, qui la nourrit en profondeur. Pour les peaux matures, l’une comme l’autre sont à coupler avec de l’huile de pépins de Ƃgues de barbarie, un anti rides ultra puissant. Cette huile est par ailleurs excellente pour les lèvres et les cheveux – à appliquer en masque sur les pointes.

• CHEVEUX : renforcez vos cheveux avec de l’huile d’argan, du ghassoul – une argile cosmétique naturelle et bio–, ou de l’huile d’ail. L’huile de ricin est elle aussi très indiquée pour les cheveux, les cils et sourcils, dont elle favorise la pousse. Sinon, l’huile de coco est optimale pour la chevelure, en plus de diffuser un agréable parfum. • MASQUES POUR LE VISAGE : Une ou deux fois par semaine, faites-vous un masque à l’argile blanche, rouge ou verte selon votre type de peau, à l’effet nettoyant et nourrissant. Pour rendre votre peau plus douce que la soie, optez pour un masque de riz, qui la lissera parfaitement (idéal juste avant de se maquiller). Pour un effet gommant, faites un masque de ghassoul, de miel et d’huile d’argan. Pour détendre et apaiser la peau, pensez à l’huile de ƃeur d’oranger. Et pour la sublimer, un masque au miel fera des merveilles. • SOIN DES MAINS : du bicarbonate de soude pour retirer les peaux mortes autour des ongles ; de l’huile d’olive sans sel ajouté pour leur rendre douceur et nutrition ; et enƂn, rincez vos mains avec une peau de citron : tel est le détonnant cocktail à appliquer sans faute pour préserver la jeunesse de vos mains !

Les super aliments : conjuguez forme et beauté ! - LA SPIRULINE : cette algue miraculeuse, d’un élégant bleu-vert, a la particularité d’être animale et végétale à la fois. Très riche en protéines, elle booste l’énergie du corps, aide à créer du muscle, et lutte efƂcacement contre la fatigue. - LA STEVIA : parfaites pour les diabétiques, les feuilles de stevia contiennent des glycosides naturels, dont le stévioside, qui à lui seul recèle un pouvoir sucrant 250 à 300 fois plus élevé que le sucre de canne, tout en étant non caloriƂque. Imparable ! - LE RADIS NOIR : il s’agit d’un excellent anti fatigue. À boire en sirop pur, pour un bel effet boostage du corps. - LE SAFRAN : ses pistils rougeoyants améliorent la vision, une fois plongés dans l’eau. Conseils d’utilisation :

• SOIN DES PIEDS : pour les adoucir, trempez vos pieds pendant vingt minutes dans de l’eau avec du vinaigre et du sel. Ensuite, tartinez-les de pâte comprenant huile d’olive, miel simple et gros sel. Puis emballez vos pieds dans de la cellophane, et attendez 20 minutes. Retirez le tout en frottant énergiquement : et revoilà vos pieds de bébé !

Stockage : pour conserver au mieux les bienfaits de vos produits naturels bio, veillez à les stocker à l’abri du soleil, idéalement dans un placard. Optez aussi pour des ƃacons foncés, qui protègent très bien leur contenant, plutôt que pour des ƃacons transparents, laissant Ƃltrer la lumière. Et bien sûr, ces produits étant sans conservateurs, utilisez-les rapidement !

• EFFET BRONZAGE : l’huile de carotte est idéale pour parfaire le bronzage, ou pour conférer un joli reƃet doré à la peau, grâce au carotène qu’elle contient. À noter, elle possède aussi des vertus protectrices pour la peau.

Utilisation : le mieux, c’est d’appliquer votre huile ou votre crème directement sur la peau encore mouillée, au sortir de la douche, sans vous séchez avec la serviette au préalable. C’est là que votre peau absorbera le mieux les précieux actifs du produit.



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148 / bien-ĂŞtre

* Mamounia

Par Anastasia Chelini


QUAND LE SPA PARTICIPE AU RÊVE Si Marrakech est un joyau, c’est aussi grâce à ses spas, tous plus éblouissants et opulents les uns que les autres. De fait, le MAG s’est décidé en leur faveur, et vous livre, pêle-mêle, ses impressions sur les plus beaux établissements de la ville, où bien-être, beauté et soin du corps se déclinent selon un luxe envoûtant.

e spa du Royal Mansour ouvre le bal de cet inventaire en terre du bien-être, avec son majestueux atrium se dessinant dans la pureté d’une blancheur évanescente. Moult fois primé, ce paradis du soin et de la beauté invite à la détente et au relâchement, grâce à l’excellence des produits qu’il propose – marocMaroc, Sisley, Chanel et Dr. Hauschka–, ainsi que des protocoles de soin utilisés. Les jardins du spa et le tea lounge prolongent cette expérience inclassable, entre suites privées, immense piscine abritée sous les arceaux d’une verrière baignée de lumière, studio de pédicure-manucure, et espace cheveux.

Royal Mansour

Du côté du Selman Marrakech, la griffe Jacques Garcia a fait du spa un écrin oscillant entre tons ébènes envoûtants et clarté des colonnes centrales, entre lesquelles naît une piscine intérieure d’un bleu lagon. Reconnu de par le monde pour ses soins Chenot, et encensé fréquemment par des récompenses, ce spa d’exception vous convie à entrer dans une atmosphère luxueuse et feutrée.

Selman Marrakech

Au Mandarin Oriental, c’est tout en longueur que le spa s’étend, s’élevant sous des ogives en brique rouge à l’aura hiératique, qui confèrent au lieu une intimité bienvenue, tout en évoquant les cathédrales andalouses. Là, des soins pétris du savoir-faire asiatique vous seront dispensés dans une atmosphère tamisée, pour

un voyage au service des sens, entre senteurs précieuses d’aromathérapie, et maîtrise séculaire de l’art du massage.

Royal Palm

Mandarin Oriental

Le spa du Palace Es Saadi s’érige quant à lui autour d’un eucalyptus centenaire, qui impulse aux lieux une majesté particulière, tout en opérant comme un centre névralgique, convoquant la nature en son sein. Le Dior Institut et l’Oriental Thermae chouchouteront leurs hôtes, ainsi que le salon Phyto. Des cours de yoga et de méditation achèveront ce moment privilégié au coeur d’un établissement couronné de prix. À La Mamounia, des bassins d’eau chaude et une piscine idyllique rythment la quiétude du spa, en écho aux riches zelliges tapissant les sols. Dans cette enƂlade de pièces à l’opulence bon ton, tout est fait pour que les échos d’un bien-être total délassent les hôtes qui s’y rendent. Aussi, un véritable salon de coiffure saura rendre beauté et souplesse à vos cheveux, pour une parenthèse bienfaisante dans ce havre de paix. Au Four Seasons, chaque salle de soin, que la lumière naturelle éclaire, dispose de sa terrasse où croissent des plantes aromatiques. Côté marques de soins, marocMaroc, Natura Bissé pour le visage, ILA pour le corps, et Ormana prendront soin de votre peau. Et pour les couples ou amateurs de soins privilégiés, le Pavillon du Spa abrite deux suites luxueuses et un hammam contemporain. Au Royal Palm, le Spa by Clarins s’organise autour d’un immense patio central, s’élevant tel un cube paradisiaque, entre blancheur laiteuse des parois et des piliers, et intensité cristalline de la piscine. Un jardin attenant perpétue l’impression d’évoluer à l’intérieur d’un cocon ouaté. Un bar à jus de fruits frais, un bar manucure, un sauna avec douche cascade, des massages sous affusions, une douche à jets et de la balnéothérapie Ƃgurent parmi les douceurs à s’offrir.

Au Pearl, on renoue avec l’univers Jacques Garcia, qui plonge le spa dans des notes profondes, opulentes et captivantes. Tandis que la piscine revisite l’esprit des thermes romains. Dans son habitat concentrique, le spa emporte ses hôtes vers les rives de la relaxation. EnƂn, le spa du Palmeraie Golf Palace dispose d’une très vaste salle de Ƃtness entièrement vitrée, qui laisse contempler à loisir le golf alentour. Comme immergé dans la nature, on y pratique toute une gamme de sports toniques, entre stretching, pilates, zumba, body bus, circuit minceur, aquatraining, samba/salsa, Ƃt combat… La piscine au bleu limpide s’étend quant à elle sur une longueur grandiose. Outre les palaces et resorts de luxe, Marrakech propose aussi de nombreux spas citadins, où proƂter de massages et de hammams très haut de gamme. Retenons notamment Les Bains de Marrakech, institution incontournable de la ville ocre, au charme irrésistible et persistant. Sinon, le Kosyspa de la place des Ferblantiers vous immergera dans une bulle de bien-être et de chic. Retenons également le spa du Riad El Fenn, ainsi que celui de La Sultana, tout en magniƂcence. Et pour les golfeurs, le spa de l’Atlas Golf bénéƂcie d’un excellent rapport qualité/prix. À découvrir et redécouvrir !

Bains de Marrakech


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Par Anastasia Chelini

150 / fooding

vegan * la fée du *

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au bô & zin

Adoubée par les plus grands, parmi lesquels Alain Ducasse, qui a fait appel à elle pour sa carte sans viande du Plazza Athénée, Lawrence Aboucaya a démocratisé la cuisine du mieux-être, sans pour autant lui sacriƂer la gourmandise. Rencontre avec la papesse de la “cuisine haute vitalité”, qui a marqué Marrakech de son empreinte, en imaginant une nouvelle carte vegan pour le restaurant bô & zin.

L

es cuisines biologique, végétarienne, végétalienne, vegan, sans gluten, crue ou cuite, anti oxydante, detox et consorts n’ont plus de secrets pour elle. Pionnière dans les années 2000 de la cuisine haute vitalité, c’est à Paris que Lawrence Aboucaya a mis au goût du jour un nouvel art de vivre culinaire, instauré dans son restaurant/bar à jus/boutique d’alors, le “Pousse-Pousse”. Là, les graines germées, le jus d’herbe, le jus vert d’orge, ou encore la cuisine crue apportaient de savoureuses variantes à la cuisine traditionnelle, ainsi qu’un supplément santé. Plébiscitée pour son approche culinaire couplant forme et plaisir, elle assure désormais des missions de consulting auprès de restaurants prestigieux, dispense des cours de cuisine en France et à l’étranger, et prépare un livre de cuisine. MAG : QU’EST-CE QUE LA CUISINE HAUTE VITALITÉ ? L.A. : C’est une cuisine biologique, principalement végétarienne, composée d’aliments frais et de germes. Elle propose une alimentation énergisante et pleine de goût, faite de plats crus, cuits, et/ou sans gluten. On y trouve aussi de nombreux jus, car un jus fraîchement pressé procure une bonne dose de vitalité, grâce aux vitamines et aux enzymes qu’il contient. MAG : VOTRE PASSION POUR LA CUISINE VEGAN NE DATE PAS D’HIER… L.A. : Il y a quinze ans de cela, je me suis rendue compte qu’il y a des gens pour qui manger de la viande n’est pas pensable, pour des raisons philosophiques, digestives… J’ai alors vu comme un challenge le fait de mettre au point une cuisine tenant compte d’un certain nombre de contraintes, sans la priver toutefois de l’indispensable côté gourmand. Le temps a prouvé que cette cuisine libre d’apport en protéines animales ou en gluten est bien plus digeste et bénéƂque au corps. Disons que je m’y suis intéressée bien avant que le courant actuel de la vegan food ne débute. À l’époque, j’ai vu en elle un mouvement de fond, pour un mode de vie plus sain.

MAG : VOUS AVEZ CRÉÉ LA NOUVELLE CARTE VEGAN DU « BÔ & ZIN ». PARLEZNOUS DE CETTE COLLABORATION. L.A|: Ça a été un bel échange entre le Chef du bô & zin et moi. Nous avons étudié ensemble diverses possibilités, toutes élaborées en fonction des produits que l’on trouve au Maroc, et des aliments bio vendus localement. J’ai aussi veillé à ce que la carte intègre le savoir-faire du Chef et de ses équipes. Par ailleurs, je leur ai montré des techniques de germination, de déshydratation, etc, propres à parfaire leur maîtrise de la cuisine haute vitalité. MAG : QUEL EST L’ESPRIT DE CETTE CARTE ? L.A. : Elle repose entièrement sur un déƂ : celui de n’utiliser ni beurre, ni crème, ni œuf, ni rien qui soit d’origine animale. Le but était de revisiter des recettes gourmandes, tout en remplaçant les produits classiques par des produits bien meilleurs pour la santé. Voilà qui a donné lieu à un résultat très créatif : comme cette chantilly réalisée à partir de crème de coco. Ou bien, ces crèmes mayonnaise de belle texture, obtenues grâce à des oléagineux (noix, noisettes, amandes, pistaches, pignons, graines huileuses…). Nous avons, de plus, optimisé au maximum le contenu nutritionnel de l’assiette, choisissant notamment les aliments en fonction de leur valeur nutritive. Par ailleurs, nous avons eu recours à la germination, pour intégrer du cru au cuit. De manière générale, nous nous sommes employés à utiliser des graisses de meilleure qualité. Au Ƃnal, c’est un véritable travail sur la nutrition qui a été effectué pour cette carte, couplé à une présentation très aboutie. MAG : QUE CONSEILLEZ-VOUS CÔTÉ ALIMENTATION QUOTIDIENNE ? L.A. Évitez le gluten ! Sinon, utilisez des graines le plus possible : pour leur goût, pour leur croquant, et pour leurs bienfaits. Consommez aussi les laits ou crèmes d’oléagineux ; pensez par exemple à une purée d’amande pour remplacer le beurre. Et aussi, mangez des fruits et légumes, ainsi

que des herbes. Plutôt que d’avoir recours à des œufs, confectionnez une sauce à base d’avocat ! Aussi, nourrissez-vous de ce que l’on appelle les super aliments, comme la spiruline, le cacao cru, les fruits secs. Sucrez avec des dattes au lieu du sucre traditionnel. Et pour bien démarrer la journée, faites une cure d’eau tiède avec du citron ; c’est excellent pour le foie et la détox. EnƂn, préparez-vous des cocktails de jus vert, confectionnés à partir de fruits et légumes verts. Voici deux exemples de mélanges : le premier mêle fenouil, pomme, céleris et menthe. Le second mélange poivron, épices et cumin. MAG : PRÉSENTEZ-NOUS VOTRE LIVRE DE CUISINE À VENIR. L.A. : Il contiendra un ensemble de recettes : végétariennes, végétales, sans gluten, vegan, crues ou cuites, toutes pensées autour des trois appareils dont je me sers depuis des années : un extracteur de jus à froid (qui produit des jus beaucoup plus riches en nutriments et en goût, et qui permet aussi de réaliser des réductions de sauces, des caviars végétaux…) ; un super blender (très puissant, on s’en sert pour faire des purées, sauces, smoothies, avec pulpe) ; et des déshydrateurs (éliminant l’humidité, ils apportent un maximum d’enzymes aux crackers, chips et légumes séchés qu’on peut réaliser avec). Sortie prévue pour 2017 au plus tard. pro.poussepousse@gmail.com www.lawrenceaboucaya.com FB : lawrence.aboucaya


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1* bô & zin 2* croquettes de sarrasin et quinoa, sauce yuzu citronnelle et cacahuètes 3* mousse au chocolat coulis de fruits 4* pad thaï 5* caponata sicilienne, polenta 6* wok de légumes verts 7

7* triƃe

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152 / fooding

* Sur l’immense bassin de L’Amanjena, l’artiste Lotti Bobi assurait une prestation intensément onirique lors de la soirée de clôture de la 6ème édition de la Marrakech Biennale. Les clients du restaurant japonnais L’Amanemu ont savouré ce spectacle unique depuis la terrasse, tout en dégustant les mets variés de la carte.

Par Michel Roussel


Tables l a

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Pour sa rubrique fooding, le MAG vous propose une jolie sélection de bonnes tables à Marrakech, pour les gourmets, les amateurs de bonne chère, mais aussi pour les petites faims. On vous présente également les brunchs dominicaux, les endroits fashion pour les plus branchés, et l’on vous dit où aller pour manger sur le pouce. Bref, vous aurez l’embarras du choix dans la ville ocre, depuis les cartes ou menus, à la cuisine typiquement marocaine, en passant par la gastronomie française, avant de se mettre aux couleurs de l’Italie, ou d’épouser le rafƂnement de la cuisine asiatique. Nous voilà donc partis pour se mettre à table ; ce qui, à Marrakech, est un vrai moment de plaisir !

Le Jackisback


Les Jardins de la Médina

La Paillotte

bô & zin

Dar Rhizlane

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ne carte 100% bio, réalisée uniquement à partir des produits des maraichers, poissonniers et agriculteurs de la région : voici ce que nous propose Chef Philippe Duranton au Grand Café de la Poste, pour coller au plus près de la tendance bio insufƃée par la COP 22. On retiendra le velouté de potimarron aux châtaignes, le gigot de lotte rôti au poivre pamplemousse, le vrai poulet fermier élevé dans les champs… N’oublions pas toute la gamme de sorbets originaux aux légumes, fruits ou herbes aromatiques, pour conclure sur une note sucrée. Au bô & zin, c’est un menu totalement bio qui vous attend pendant tout le mois de novembre, composé de fruits et légumes frais de saison, issus de l’agriculture biologique. Taboulé d’épeautre aux petits légumes et à l’huile d’olive de l’Atlas et jus de citron ; cuisse de poulet au miel de chardon bleu ; granité d’orange et citron à la menthe douce, tels sont les bonnes choses qui vous y attendent. Et pour tous ceux qui ont fait le choix du vegan, optez pour le menu végétalien gourmand, accompagné de cocktails sans alcool confectionnés avec les fruits de vergers de la vallée. Ambiance cosy du côté du Jackisback, où une belle diversité de nouveaux plats vous font de l’œil, de la fameuse entrecôte et son os à moelle, à la poêlée de calamars ou de cèpes. Et bien sûr, craquez pour les incontournables pizzettas, ou encore les planches de charcuterie et de fromage… À des prix très doux ! Et aussi, retrouvez tous les jeudis soirs le DJ Pandi Pandi qui met le feu au dîner ! Pour déjeuner ou pour dîner dans un beau décor safari, c’est à La Paillote que ça se passe ; là, carpaccio de poulpe accompagné de sa composée de tomates à l’huile de noix,

magret de canard aux pêches rôties et sa purée de pommes au gingembre, ou encore osso bucco façon tangia vous régaleront… Une carte d’automne à partager en famille ou entre amis, dans l’enceinte bucolique d’Oasiria. Au restaurant Le Cocotte du golf Montgomerie, une nouvelle carte se dessine dans cette ambiance brasserie, où retrouver de nombreuses soirées à thème culinaire, comme la soirée tapas ; ainsi qu’un show de danse et des lives de guitare. Le tout, juste à côté des stars du burger, à savoir le O’Mammy Burger, où une offre variée de burgers vous attend, qui vous fera tout simplement saliver ! Mention spéciale au menu Kids, et aux desserts sympas comme la sphère tiramisu ou le fondant au chocolat. À l’Hivernage, mettez-vous au vert à Dar Rhizlane, où vous dégusterez une cuisine marocaine revisitée surƂne ou bien une cuisine internationale, toutes deux concoctées avec maestria par Chef Zakia, bardée de récompenses. Si vous êtes de passage à Guéliz, foncez au Kechmara, l’institution du quartier ; avec son Ƃsh and chips tellement british, son wok de poulet, ses penne au gingembre et son entrecôte béarnaise, vous aurez de quoi vous régaler. Et aussi, beau choix de burgers, mini carte spécial midi avec clubs, wraps et sandwichs, et menu pour les kids. Qui ne connaît pas Bagatelle, l’autre spot incontournable de Guéliz ? Avec sa carte de bistrot français, ce restaurant et sa superbe terrasses ombragée propose andouillettes grillées, rognons, escargots de bourgogne, entrecôte cordon bleu, magret de canard au miel… Et aussi, des tagines et une pastilla de poulet contenteront ceux qui désirent manger local. En dessert, on retrouve la tradition

Le Café de La Poste

française, avec une crème caramel, mousse au chocolat, proƂteroles, baba au rhum… Authentique gastronomie chinoise au Ling Ling by Hakkasan du Mandarin Oriental. Canard rôti à la truffe noire, travers de porcs fumés au thé jasmin, coquilles Saint Jacques Shumaï, rouleaux croustillants de canard… Finissez le dîner par un yaourt vanille au four et ses beignets chauds d’ananas épicé, ou par les boules vapeur au chocolat. Tellement rafƂné ! Au 16 Café et au tout nouveau 16 Kawa en face du Jardin Majorelle, tout est fait maison : pâtisseries, viennoiseries, glaces et sorbets,


Bagatelle

Radisson Blu

Ling Ling

salades, quiches, plats du jour, conƂtures du bled à l’heure du thé… Et menus du jour pour les kids. Du côté des brunchs, ne cherchez plus : c’est au Naoura Barrière que ça se passe. Au menu, viennoiseries, tarte de rouget, canellonis de calamar, poissons du jour, huîtres de Dakhla, brochettes de poulet curry au lait coco, homards, gambas, terrines, jambons à la découpe, fromages… Tandis qu’au Fouquet’s, le steak tartare vous laissera pantois, à déguster dans un cadre de rêve. Le Comptoir Darna, rendez-vous immanquable de Marrakech, propose une carte classique dans son décor à mi-chemin entre le cabaret oriental et le lounge occidental. Ne ratez pas son célèbre « Tigre qui pleure », à déguster dans une ambiance de folie, face aux danseuses et sur les notes de musiques choisies par le DJ star du moment. À Dar Moha, riad authentique d’un grand Chef marocain, on fond pour une cuisine marocaine modernisée, proposant des recettes inventives, devenues mythiques. Le petit plus : l’accueil très chaleureux de Moha en personne – quand il n’est pas retenu par ses obligations de jury sur 2M dans l’émission « Master Chef » !–. La nouvelle table chic et branchée de Guéliz, c’est le Lila du Radisson Blu, parfaite pour dîner et s’amuser. On y trouve les meilleures viandes bio et poissons du jour, simplement grillés dans le fameux four Josper. À l’espace lounge, proƂtez des bibliothèques au coin d’une cheminée, puis sirotez un cocktail sur-mesure au comptoir Island du Lila Bar, vous à un live band ou à un DJ sur la scène. Pour une restauration plus légère, gagnez le patio, avec sa carte de tapas et sushis, et une sélection des meilleurs vins. Cantine asiatique au Katsura à Guéliz, entre spécialités vietnamiennes, japonaises et

Kechmara

chinoises, et hommage à la cuisine thaï. Un des meilleurs asiatiques de Marrakech. À L’Amanjena, la table japonaise se nomme L’Amanemu, où goûter des plats simples et traditionnels, comme le tartare de thon et son dressage au sésame, le chicken yakitori, les sashimi, les maki rolls… En dessert, craquez pour le croquant au caramel salé ou pour le chocolat surprise. Impossible de ne pas se rendre à La Mamounia, le palace incontournable de la ville, aux trois restaurants : Le Français et son déjeuner bistronomique signé Chef Jean-Pierre Vigato, L’Italien, et l’excellent Marocain. Incontournable. Majestueux et intimiste, le restaurant Assyl du Selman Marrakech invite tous les sens au voyage. Homard en pastilla, épinards comme un aïoli au safran de Taliouine, poulet fermier en fricassé de jambonnette au foie gras mauve, Ƃlet de bœuf grillé minute purée de céleri vanille, loup en croûte de harissa, avant l’orange gelée à l’arabica, la mousse d’orange et crumble à la cannelle ou la tentation autour du caramel… Le dimanche, le brunch se déguste devant une parade des plus beaux pur-sang du Maroc. Au The Pearl Marrakech, la gastronomie fait partie intégrante de la philosophie des lieux, qui va jusqu’à dédier plus d’un tiers de l’espace de l’hôtel à la restauration et aux banquets. Le tout, selon une palette des plus belles nuances de gastronomies marocaine, française, italienne et asiatique. Les Jardins de la Médina inventent quant à eux une carte originale s’inspirant d’ici et d’ailleurs, selon la saison et l’imagination de Chef Sanaa Gamasse. La carte des vins français et marocains est l’une des plus belles de Marrakech, la sélection offrant une découverte de terroirs méconnus. Au Four Seasons, c’est dans un nouveau décor que le restaurant Inara propose sa carte gourmande : sélection de mezze,

Naoura Barrière

Le Fouquet’s

grillades au feu de bois, et les fameux pide. Idéal pour l’afterwork ou pour l’apéro, et pour faire la fête le week-end sur les rythmes gnaoui, ou pour prolonger la soirée avec la chanteuse Yousra. N’omettez pas de vous rendre au Es Saadi, au restaurant La cour des Lions, réputé pour être l’une des meilleures tables de Marrakech, tenue par la très réputée Chef Fatéma Hal. Le restaurant L’Olivier du Royal Palm, dirigé par le Chef Philippe Lourdin, Meilleur Ouvrier de France, propose quant à lui une cuisine contemporaine pour le déjeuner et le dîner ; on s’y laissera séduire par un wok ou un tandoori, la sélection de mezzés méditerranéens, les saveurs indiennes, thaïlandaises et marocaines. Pour les plaisirs sucrés, on retiendra les Petits pots de chocolat, ou le Crumble aux fruits de saison.


Assyl

Pearl

Selman Marrakech

L’Olivier

Cantine asiatique au Katsura à Guéliz, entre spécialités vietnamiennes, japonaises et chinoises, et hommage à la cuisine thaï. Un des meilleurs asiatiques de Marrakech. À L’Amanjena, la table japonaise se nomme L’Amanemu, où goûter des plats simples et traditionnels, comme le tartare de thon et son dressage au sésame, le chicken yakitori, les sashimi, les maki rolls… En dessert, craquez pour le croquant au caramel salé ou pour le chocolat surprise. Impossible de ne pas se rendre à La Mamounia, le palace incontournable de la ville, aux trois restaurants : Le Français et son déjeuner bistronomique signé Chef Jean-Pierre Vigato, L’Italien, et l’excellent Marocain. Incontournable. Majestueux et intimiste, le restaurant Assyl du Selman Marrakech invite tous les sens au voyage. Homard en pastilla, épinards comme un aïoli au safran de Taliouine, poulet fermier en fricassé de jambonnette au foie gras mauve, Ƃlet de bœuf grillé minute purée de céleri vanille, loup en croûte de harissa, avant l’orange gelée à l’arabica, la mousse d’orange et crumble à la cannelle ou la tentation autour du caramel… Le dimanche, le brunch se déguste devant une parade des plus beaux pur-sang du Maroc. Au The Pearl Marrakech, la gastronomie fait partie intégrante de la philosophie des lieux, qui va jusqu’à dédier plus d’un tiers de l’espace de l’hôtel à la restauration et aux banquets. Le

L’Amanemu

tout, selon une palette des plus belles nuances de gastronomies marocaine, française, italienne et asiatique. Les Jardins de la Médina inventent quant à eux une carte originale s’inspirant d’ici et d’ailleurs, selon la saison et l’imagination de Chef Sanaa Gamasse. La carte des vins français et marocains est l’une des plus belles de Marrakech, la sélection offrant une découverte de terroirs méconnus. Au Four Seasons, c’est dans un nouveau décor que le restaurant Inara propose sa carte gourmande : sélection de mezze, grillades au feu de bois, et les fameux pide. Idéal pour l’afterwork ou pour l’apéro, et pour faire la fête le week-end sur les rythmes gnaoui, ou pour prolonger la soirée avec la chanteuse Yousra. N’omettez pas de vous rendre au Es Saadi, au restaurant La cour des Lions, réputé pour être l’une des meilleures tables de Marrakech, tenue par la très réputée Chef Fatéma Hal. Le restaurant L’Olivier du Royal Palm, dirigé par le Chef Philippe Lourdin, Meilleur Ouvrier de France, propose quant à lui une cuisine contemporaine pour le déjeuner et le dîner ; on s’y laissera séduire par un wok ou un tandoori, la sélection de mezzés méditerranéens, les saveurs indiennes, thaïlandaises et marocaines. Pour les plaisirs sucrés, on retiendra les Petits pots de chocolat, ou le Crumble aux fruits de saison.



MMG#8

Par Julien Antinov

158 / sortir

MARRA KECH 100% MUSICALE

Marrakech, ses palmiers, ses températures douces et bien évidemment ses célèbres soirées… La ville compte de nombreuses adresses réputées pour leurs shows : entre live bands, revues ou gnawas, il y en a pour tous les goûts ! Si vous avez envie de bouger sur des notes musicales bien pulsées, vous êtes à la bonne page. Le MAG vous entraîne dans les endroits où la musique est bonne !

HIVERNAGE Débutons la soirée par un petit tour à L’Épicurien, pour écouter « The Kech Experience ». Le groupe propose un vaste répertoire, allant de Sting à Rihanna, en passant par Lionel Ritchie ou Katy Perry. Une richesse musicale qui séduira un public large. Poursuivons la tournée quelques mètres plus loin, au mythique Jad Mahal. Pionnier en matière de live band, l’établissement a depuis ajouté des danseuses et autres performeurs pour rendre le spectacle encore plus époustouƃant et glamour. Puisque nous sommes à Marrakech, une pause orientale s’impose. Du coup, direction le Comptoir Darna, où a lieu chaque soir un live de musiciens et de gnawas. Pour une fusion réussie entre Orient et Occident ! Il est temps maintenant de reprendre la route, pour découvrir cette fois le spectacle de la revue OhLaLa au Lotus Club. Toujours aussi

chic et sensuelles, les danseuses vous éblouiront, avant de laisser la place au guitariste Mood. Son duo avec le DJ, aux belles sonorités électro, illuminera la soirée. Un véritable bonheur auditif ! À l’Hivernage toujours, quartier préféré des noceurs, on fait bien sûr une halte au célèbre Buddha Bar. Depuis quelques semaines, cinq danseuses ultra pro ont pris possession des lieux, offrant des tableaux rythmés et originaux aux spectateurs. Ajoutez à cela un cadre envoûtant, et vous aurez réunis en un seul et même lieu tous les ingrédients d’une soirée mémorable. On termine cette virée nocturne tout en paillettes et en émerveillement par un passage inratable au So Lounge, où un live band reprend les classiques de la variété internationale. Vers minuit, les lieus se transforment en véritable boîte de nuit, pour le plus grand plaisir des clubbers !


Jad Mahal

L’Epicurien

Strass

Comptoir Darna

African Chic

Fuego Latino

Buddha Bar

EXTÉRIEUR Envie de vous déhancher sur des musiques endiablées ? Le Fuego Latino vous attend ! Samba et autres sonorités latines rythmeront votre soirée. Préparez-vous à danser jusqu’au bout de la nuit… Au Strass, on plébiscite le dîner-spectacle bluffant, où danseuses, showman et acrobates se succèdent pendant plus d’une heure et demie. Dans cette ambiance de cabaret parisien, la revue “Waww” fait appel à des danseuses issues de l’école anglaise, évoluant sur une chorégraphie alternant french cancan, samba, pop et jazz, le tout sur une vingtaine de tableaux, entre glamour, burlesque et sensualité. Et aussi, des tours de magie et des tours d’adresse. Côté plats, on aura le choix entre des sushis, nems, raviolis, risotto, viandes et poissons, tajines, méchouis et pastillas… EnƂn, le resort The Source propose chaque week-end des lives sur son roof-top enchanteur, ou au bord de sa piscine. Le choix des artistes est hétérogène et l’endroit dépaysant. Quant au cocktail, il sera parfait pour décompresser après une semaine éprouvante !

Lotus

GUÉLIZ Au cœur du quartier le plus vivant de la ville, j’ai nommé Guéliz, faites un tour à l’African Chic. Le groupe propose des morceaux variés, entre soul, pop, rock et r’n’b dans une ambiance ultra conviviale et festive, qui vous fera danser sans retenue !

Épicurien Rue Ibrahim El Mazini Tel : 06 70 85 71 12 Jad Mahal 10 Rue Haroun Errachid Tel : 05 24 43 69 84 Comptoir Darna Avenue Echouhada Tel : 05 24 43 77 02/10 Lotus Club Rue Ahmed Chawki Tel : 05 24 42 17 36 Buddha Bar Avenue Prince Moulay Rachid Tel : 05 24 45 93 00 So Lounge Rue Haroun Errachid Tel : 05 24 42 56 10 African Chic 6 Rue Oum Errabia Tel : 05 24 43 14 24 Fuego Latino Palmeraie Resort, circuit de la Palmeraie Tel : 06 19 27 29 45 Hôtel The Source Km 10 Route de l’Ourika Tel : 05 29 80 21 07 Le Strass Av. Mohammed VI, Marrakech Agdal Tel : 05 24 37 79 87


CARNET D’ADRESSES

FOODING / GOING OUT

HOTELS

FOUR SEASONS : +212 5 24 35 92 00 HIVERNAGE : +212 5 24 42 41 00 LA VILLA DES ORANGERS : +212 5 24 38 46 38 LES JARDINS DE LA MÉDINA : +212 5 24 38 18 51 LE MANDARIN : +212 5 24 29 88 88 LA MAMOUNIA : +212 5 24 38 86 00 PALACE ES SAADI : +212 5 24 33 74 00 PALAIS NAMASKAR : +212 5 24 29 98 00 PALMERAIE PALACE : +212 5 24 33 43 43 PULLMAN : +212 5 25 07 10 00 RADISSON BLU : +212 5 25 07 70 77 ROYAL MANSOUR : +212 5 29 80 80 80 ROYAL PALM : +212 5 24 48 78 00 SELMAN : +212 5 24 45 96 60 SOFITEL MARRAKECH LOUNGE & SPA : +212 5 24 42 56 00 SAVOY LE GRAND HOTEL : +212 5 24 35 10 00 THE SOURCE : +212 5 29 80 21 07

AZAR : +212 5 24 43 09 20 BAGATELLE : +212 5 24 43 02 74 BÔ&ZIN : +212 5 24 38 80 12 B-FOR : +212 5 24 43 00 39 BUDDHA BAR : +212 5 24 45 93 00 COCOTTE-O MAMMY BURGER : +212 5 24 37 14 18 COMPTOIR DARNA : +212 5 24 43 77 02 DAR MOHA : +212 5 24 38 64 00 DAR RHIZLANE : +212 5 24 42 13 03 FOUQUET’S MARRAKECH : +212 5 24 45 90 50 GRAND CAFÉ DE LA POSTE : +212 5 24 43 30 38 JACK IS BACK : +212 5 24 43 38 90 JAD MAHAL : +212 5 24 43 69 84 KATSURA : +212 5 24 43 43 58 KECHMARA : +212 5 24 42 25 32 LA COLLINE : +212 5 25 06 07 71 LE BLISS POINT : +212 5 24 42 12 05 L’EPICURIEN : +212 6 70 85 71 12 LA PAILLOTTE : +212 6 63 87 96 05 LE ZINC : +212 5 24 33 59 69 LE 16 CAFÉ : +212 5 24 33 96 70 LOTUS CLUB : +212 6 24 42 17 36 MARINSKI : +212 6 61 15 11 89 FUEGO LATINO : +212 6 19 27 29 45 THÉATRO : +212 6 64 86 03 39 AMANJENA : +212 5 24 43 90 00 BARRIÈRE LE NAOURA : +212 5 24 45 90 50 BELDI COUNTRY CLUB : +212 5 24 38 39 50 DAR RHIZLANE : +212 5 24 42 13 03


JE LIS

La Tribune DE MARRAKECH

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