Cadanse Nº14 - Juin 2024

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LE PROGRAMME DU BÉJART BALLET LAUSANNE JUIN 2024

À L’AFFICHE

Hamlet de Valentina Turcu

Rhapsody in Blue de Giorgio Madia

Boléro de Maurice Béjart

CARTE BLANCHE

Henri Davila, L’adieu aux costumes

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Vive la nouveauté !

Directeur artistique par intérim

Béjart Ballet Lausanne

Cher public,

Vous avez devant les yeux le nouveau projet éditorial du Béjart Ballet Lausanne, le programme Cadanse en version numérique ! Avec ses reportages, interviews et décodages proposés gracieusement à la lecture, il complète l’édition d’un programme de salle réduit à l’essentiel distribué lors de nos représentations au Théâtre de Beaulieu.

Ce nouveau projet soutient un renouveau artistique. En plus de Boléro, le ballet signature de Maurice Béjart que j’ai l’infini bonheur de danser depuis tant d’années, nous sommes heureux de vous présenter deux créations en première mondiale : Hamlet, tout d’abord, de la chorégraphe slovène Valentina Turcu. Puis Rhapsody in Blue, du chorégraphe italien Giorgio Madia.

Tous deux sont intimement liés à l’histoire de notre compagnie, à Maurice Béjart. Après avoir suivi les cours de l’École­Atelier Rudra Béjart à Lausanne en 1992, Valentina Turcu a rejoint un temps les rangs du BBL. Giorgio Madia s’est, quant à lui, d’abord fait remarquer comme soliste au Ballet du XXe Siècle avant de suivre le Maître à Lausanne puis de s’envoler pour les États­Unis auprès de Rudolph Noureev. Menant désormais une brillante carrière internationale, les deux chorégraphes nous offrent leur vision de la danse: deux projets artistiques contemporains. Une époque de bruits et de fureurs, mais de tant de beauté aussi.

C’est la vocation du Béjart Ballet Lausanne que d’être en résonnance avec son temps. Je la porte avec fierté, jusqu’à la fin de la présente saison. Si la suite de l’aventure reste encore à écrire, il est d’abord l’heure de célébrer le retour du BBL à la maison, au Théâtre de Beaulieu, et de partager l’esprit de fête si cher à Maurice ! Je vous souhaite une belle soirée en notre compagnie.

3 L’ÉDITO

IMPRESSUM

Le programme de salle

paraît deux fois l’an

Éditeur

Béjart Ballet Lausanne

Chemin du Presbytère 12

1004 Lausanne

tél. +41 21 641 64 64

communication@bejart.ch

Éditeur responsable

Jean Ellgass

j.ellgass@bejart.ch

Rédaction

Jean Ellgass

Julien Favreau

Patrick Ferla

Giorgio Madia

Dominique Rosset

Valentina Turcu

Coordination et supervision

Margaux Zeler

m.zeler@bejart.ch

Correction

Monica D’Andrea

Conception et production

Avalanche.studio — Marc Bally

Sommaire

Deux créations

Hamlet , de Valentina Turcu

Rhapsody in Blue , de Giorgio Madia

Du répertoire

Boléro , de Maurice Béjart

Carte Blanche

Henri Davila, costumier

Galerie photo

Les danseuses et danseurs du Béjart

Ballet Lausanne, par Anoush Abrar

Prévention

Tout sur le plan santé de la compagnie

SUIVEZ-NOUS

Sur les réseaux sociaux et sur bejart.ch

CRÉDITS IMAGES

Anoush Abrar : 3, 43, 58–65 • Gregory Batardon : 4, 6–9, 13–17, 20–27, 52 (bas) • Bibliothèque Nationale de France : 38 • Ilia Chkolnik : 36, 72 • Henri Davila : 41, 42, 44–46, 48–52, 53, 54 • Flickr : 10 • Kiyonori Hasegawa : 66 • Admill Kuyler : 35 • Clarissa Lapolla : 33 • Francette Levieux : 47 • LaureN Pasche : 1, (couverture) , 12 • Media : 30–31 • National Portrait Gallery, London : 19 • Jean ­ Guy Python : 56, 69 • Jennifer Santschy : 57 • The Ira and Leonore Gershwin Trusts : 28 • Droits réservés : 68

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Hamlet

Le chef­d’œuvre théâtral de Shakespeare est encore aujourd’hui l’une des œuvres les plus jouées du monde, en raison sans doute de la folie permanente qui nous entoure, cette folie qui continue de nous provoquer et de nous fasciner.

Hamlet est d’une divine beauté, très physique et… métaphysique. Tous les rôles de cette tragédie sont présents dans nos vies. Ils nous hantent, ils sont pleins d’angoisses, de drames et d’amour intense aussi, de tendresse. Avec Shakespeare, nous plongeons dans une atmosphère hypnotique où les relations magnétiques qu’entretiennent les personnages sont révélées par les danseurs. C’est, leur ai­je dit, un vertigo que nous allons créer, un vertige : cette illusion de mouvement de ce qui nous entoure, cette sensation de déplacement de soi­même dans l’espace.

Entre les pas que j’invente, entre la musique, je parle avec Maurice Béjart à qui je souhaite rendre hommage, tant son influence se reflète indubitablement dans mon travail. Je me promène invisiblement avec chaque danseur en insérant le mouvement dans la parole et la parole dans un mouvement très rapide, très enlevé.

Mes œuvres sont toujours consacrées au comportement humain qui découle de motivations concrètes, d’états d’esprit et de sentiments présents, ainsi que d’univers secrets, mystiques, d’un autre monde, de vérités éternelles… Hamlet explore les marges et les souterrains de l’âme humaine. Il ouvre, avec une clé invisible, les portes, le cœur des hommes et des femmes : langue universelle, la danse est cette clé.

FICHE ARTISTIQUE

Chorégraphie

Valentina Turcu

Musique

Max Richter, Muse, Cigarettes After Sex

Première

Théâtre de Beaulieu — 14 juin 2024

Remerciements

Le Centre patronal et Batiplus pour leur soutien.

7 CRÉATION
— PAR VALENTINA TURCU

Valentina Turcu explore les marges et les souterrains de l’âme humaine

Avec Hamlet, la chorégraphe slovène signe un fascinant thriller shakespearien.

Solaire, Valentina Turcu retrouve ce soir le Béjart Ballet Lausanne. « Me voici de retour à la maison », dit ­ elle dans un éclatant sourire. Pour une grande création de 50 minutes, immersion shakespearienne, Hamlet . Rien que ça. Solaire… et indomptable. Valentina, danseuse et chorégraphe, a pratiqué la danse depuis sa plus tendre enfance — elle est née à Zagreb, sa patrie, en 1974. Elle a de qui tenir : ses parents — Marin Turcu et Maja Srbljenović Turcu —, danseurs étoiles, ont enchanté les plus grandes scènes. Ils ont vu leur fille dessiner des scénographies dès l’âge de 5 ans. « Si, à l’époque, tout le monde pensait que je danserais un jour, moi, petite ballerine star, je n’en rêvais pas. Je disais que je voulais devenir chorégraphe. Mon père m’a expliqué que, pour y parvenir, il fallait d’abord que je me mette à la barre. J’étais désespérée, car je ne voulais pas vivre ce qu’ils éprouvaient tous les jours en pratiquant, avec une exigence incroyable, un art si difficile, si épuisant — on se blesse souvent sur un plateau. »

Initiée très jeune, Valentina Turcu va élever sa technique classique au plus haut niveau de

virtuosité en suivant les cours de l’École­atelier Rudra Béjart Lausanne. Elle avait 18 ans en 1992 et elle n’a rien oublié de son arrivée à Lausanne.

« TU VAS GUÉRIR LE MONDE »

Elle se souvient de tout ce qu’elle doit à Maurice Béjart. « Maurice, le magicien, s’exclame­t­elle. Maurice qui cherchait la profondeur. Son regard, son énergie. Son rire. Il me fascinait. Il me disait : “ Quand tu rentres dans le studio, il y a du soleil. ” Moi, je tremblais, je ne savais pas comment réagir. Un jour, alors que j’attendais le bus sous une pluie battante, une voiture s’est arrêtée à ma hauteur. Il était au volant. “ Tu vas prendre froid ” et il me conduisit à la maison. Nous parlions souvent de livres et de littérature et je l’entends encore : “ Tu as une âme slave, tu vas guérir le monde. ” À ses côtés, j’ai grandi. Comme femme et comme artiste. Je me suis ouverte au théâtre, à l’opéra, à la musique, au cinéma. J’avais l’impression de ramasser des pierres, de quoi bâtir un jour une cathédrale ! »

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HAMLET

explore souterrains

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HAMLET

Qu’éprouve­t­elle ? La faim de danser. Le sentiment — sans doute aussi — que le monde lui appartient et que le spectacle vivant, elle dit éruptif, en relation avec son travail sur Hamlet est sa vie, et qu’elle peut la réinventer en la conjuguant sous d’autres formes. Éclatées.

Valentina a 20 ans. En répétition dans le studio de l’École­atelier, le chorégraphe lui fait signe. Si jeune, si talentueuse. Il choisit de la faire entrer dans sa compagnie. Défilent les chorégraphies : King Lear, L’Oiseau de Feu, Le Mandarin merveilleux, L’Amour me dit, Variations pour une porte et un soupir pour ne pas les citer toutes.

Une bande-son

signée Max Richter

Né le 22 mars en 1966 à Hamelin (Allemagne), compositeur de musique classique et contemporaine, Max Richter est rattaché au mouvement postminimaliste.

Les cinéphiles auront reconnu sa signature musicale dans les B.O. des films Valse avec Béchir , de Ari Folman (2008), Shutter Island, de Martin Scorsese(2010), Marie Stuart, reine d’Ecosse , de Florian Henckel von Donnersmarck (2018), Ad Astra, de James Gray (2019) ou Spaceman, de Johan Renck (2023), entres beaucoup d’autres.

« Je mets toute mon énergie dans une recherche de la combinaison idéale des sons », confiait ­ il dans un entretien au Monde en 2024. « Mon opus numéro un est sans aucun doute l’album Memoryhouse (2002), où se mêlent des sons trouvés, des éléments enregistrés comme les textes, de l’électronique, de la musique instrumentale.

Sur le plateau, Catherine Bradney, Christine Blanc, Maria Tosta, Gil Roman, Juichi Kombayashi, Domenico Levrè, Julio Arozarena…

Le 6 juin 1995, elle apprend la brutale disparition, à l’âge de 54 ans, de sa maman. Danseuse, chorégraphe et compositrice, elle était, écrit la presse, « la dame à qui appartenait la scène. Pour Maja, la danse était un rituel, une lutte pour le devenir d’une personne qui avait besoin de salut. »

Valentina qui vient de fêter ses 21 ans est effondrée. « Je pleurais, je ne comprenais pas comment la vie pouvait s’arrêter d’un coup. Assise près de

L’ensemble peut paraître hétérogène, poursuivait ­ il, mais il y a une raison à cela. Au ­ delà des notes se trouve une histoire qu’on essaie de raconter. Je pense que là se situe la constante de ma production. » Edité en 2012, son disque néoclassique Recomposed by Max Richter : Vivaldi – The FourSeasons (soit la recomposition complète des Quatre Saisons du musicien baroque vénitien) a connu un écho mémorable.

Deux titres complètent la bande son du ballet Hamlet : Apocalypse , de Muse, et Crush , de Cigarettes After Sex. — P.F.

10 HAMLET

Maurice, il m’a confié : “ Tu es trop jeune, tu ne peux pas comprendre. Ta maman n’est pas morte, elle est juste partie dans une autre dimension, elle est toujours là, à côté de toi. ” J’ai quitté la compagnie. Remets ­ toi, tu reviendras, m’a dit Maurice. J’ai promis. Aussi, quand Gil Roman m’a appelée pour une création, j’ai immédiatement accepté. Dans le souvenir de Maurice. Et j’ai donc retrouvé mon père et travaillé avec lui. » Ce père, Marin Turcu, grand artiste, qui se verra décerner en 2012, par la Société des artistes de ballet de Slovénie, le Prix Lydia Wisiakova pour l’ensemble de son œuvre réalisée — notamment — au Théâtre national slovène de Maribor.

À la remise de cette prestigieuse distinction, les membres du jury déclarent : « Que votre pas de danse et votre ravissement ne s’arrêtent jamais. »

L’apostrophe vaut pour Valentina. Couverte de prix, nominée pour le Prix de Kyoto en 2015, elle a encore reçu le Prix national slovène de l’art et de la culture « Prešeren Fund » (2018) et, notamment, le Prix du théâtre croate pour la meilleure production de ballet et la meilleure chorégraphie (2019).

Metteure en scène et dramaturge, elle a signé quelque 130 productions, ballet, théâtre et opéra.

RÉFÉRENCES MUSICALES

Max Richter

Titre : Mercy (Voiceless Mix)

Interprètes : Max Richter, Mari Samuelsen

Titre : Summer 2

Album : « The New Four Seasons – Vivaldi Recomposed »

Interprètes : Elena Urioste (violon), Orchestra Chineke!

Titre : Ionosphere

Album : « Songs from Before »

Titre : Dona Nobis Pacem 2

Inteprètes : Mari Samuelsen, Konzerthausorchester Berlin, Jonathan Stockhammer

Titre : November

Interpètes : Mari Samuelsen, Konzerthausorchester Berlin, Jonathan Stockhammer

Titre : Sleep

Album : « Tranquility Base »

Interprètes : Max Richter, Grace Davidson, Ben Russell, Yuki Numata, Caleb Burhans, Clarice Jensen, Brian Snow

Titre : Afterimage 1

Album : « The Leftovers : Season 1 »

Titre : De Profundis

Album : « The Leftovers : Season 1 »

Titre : Sarajevo – Cover version

Album : « Memoryhouse »

Titre : The Vel D’Hiv

Album : « Out of the Dark Room »

Muse

Titre : Apocalypse Now

Instrumental

Album : « 15 years of Absolution »

Cigarettes After Sex

Titre : Crush

Album : Crush

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Parmi ses réalisations les plus marquantes, Carmen (2011), Roméo et Juliette (2012), Eugène Onéguine, chorégraphie fondée sur le roman de Pouchkine (Théâtre national slovène de Maribor 2016), Mort à Venise (2018) et La dame aux Camélias pour le Ballet national de Brno (2020). À ces productions s’ajoutent des mises en scène pour le théâtre (Molière, Ionesco, Brecht, Ibsen), des collaborations en qualité de dramaturge (Don Juan , chorégraphie de Julio Arozarena, Ballet national de Lettonie, 2017).

« DIVINE BEAUTÉ »

Voici donc Hamlet , chorégraphie inspirée de l’œuvre du grand Will. Le succès de cette pièce, créée aux alentours de l’an 1600, ne s’est jamais

démenti : en 1911, au Théâtre d’Art de Moscou, Constantin Stanislavski et Edward Gordon Craig la mettent en scène. Comme le feront plus tard, liste non exhaustive, Georges Wilson, Benno Besson, Patrice Chéreau, Peter Brook, Dan Jemmett et, récemment, Christiane Jatahy, au Théâtre de l’Odéon – Théâtre de l’Europe.

Hamlet et l’écriture de pièces originales (BernardMarie Koltès, Heiner Müller, Éric ­ Emmanuel Schmitt avec Golden Joe, 1995). Sans oublier l’opéra et le cinéma avec Laurence Olivier, Franco Zeffirelli, Kenneth Branagh.

Pour Valentina Turcu, cette pièce, la plus jouée sur la planète, est une obsession : en 2004, elle assiste, travaillant sur l’art du mouvement des comédiens, Krešimir Dolenčić qui la monte en Slovénie.

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HAMLET

Pour l’avoir maintes fois relue avec une attention passionnée, elle sait le caractère profondément intemporel de cette œuvre dans le monde qui est le nôtre. Folie, vengeance, meurtre, solitude, fragilité du pouvoir… Une pièce, théâtre dans le théâtre, d’une « divine beauté, très physique et… métaphysique. Tous les rôles de cette tragédie sont présents dans nos vies. Ils nous hantent, pleins d’angoisses et de drames. Et d’amour intense, aussi, de tendresse. »

Les interprètes du BBL incarnent dix personnages auxquels Valentina Turcu ajoute, comme elle le fait souvent dans ses créations, un onzième protagoniste : El Sinor. Le Bim de Maurice Béjart version Valentina Turcu.

Onze danseuses et danseurs, onze chaises… et une réplique prononcée par Hamlet (acte V. sc. 2) qui a inspiré le travail de la chorégraphe : “If it be (now)’tis not to come; if it be not to come, it will be now; if it be not now, yet it (will) come. The readiness is all. ” (Si ce doit être pour maintenant, ce ne sera plus à venir ; si ce n’est plus à venir, c’est pour maintenant ; et si ce n’est pas pour maintenant, pourtant mon heure viendra. L’essentiel, c’est d’être prêt. 1

« Prêt à tout, prêt au destin, car l’homme n’est pas maître de ce qu’il quitte… »

« Avec Shakespeare, poursuit Valentina Turcu, nous plongeons dans une atmosphère hypnotique où les relations magnétiques qu’entretiennent les personnages sont révélées par les danseurs. C’est, leur ai­je dit, un vertigo que nous allons créer, un vertige, cette illusion de mouvement de ce qui nous entoure, cette sensation de déplacement de soi ­ même dans l’espace. Entre les pas que j’invente, entre la musique, je parle avec Maurice. Je me promène invisiblement avec chaque danseur. En insérant le mouvement dans la parole et la parole dans le mouvement… »

Sur une partition musicale minimaliste de Max Richter, dans des costumes simples (réalisés pour

la dernière fois par le costumier de la compagnie Henri Davila), à l’image de ceux que portaient les comédiens au temps du Globe Theater 2 , ce spectacle aux allures de thriller et de fragments cinématographiques, «très rapide, très enlevé», explore les marges et les souterrains de l’âme humaine.

Avec une folle énergie, ce ballet en quête de sensations inconnues « ouvre, avec une clé invisible, le cœur des hommes et des femmes. Langue universelle, la danse est cette clé. »

1 ou, selon les traductions : « Si mon heure est venue, elle n’est pas à venir ; si elle n’est pas à venir, elle est venue : que ce soit à présent ou pour plus tard, soyons prêts. Voilà tout. »

2 The Globe Theater (Théâtre du Globe), à Londres, théâtre élisabéthain (1599), a accueilli de nombreuses représentations des pièces de Shakespeare. En 1613, un incendie ravage le bâtiment qui a été reconstruit en 1996. On parle aujourd’hui du Shakespeare’s Globe. www.shakespearesglobe.com

15 HAMLET
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« Avec Shakespeare, nous plongeons dans une atmosphère hypnotique où les relations magnétiques qu’entretiennent les personnages sont révélées par les danseurs. »
— Valentina Turcu
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Les personnages d’ Hamlet

Une galerie de personnages complexes et fascinants traverse la tragédie shakespearienne

Hamlet. Au centre de l’intrigue : le roi Hamlet, dont le spectre hante le château du Danemark, révélant les circonstances troubles de sa mort à son fils, Hamlet.

HAMLET

Oscar Eduardo Chacón

Prince du Danemark. Il se lance dans une quête de justice et de vengeance, usant de la simulation de la folie pour démêler les fils de la trahison et de l’intrigue qui ont conduit à la chute de son père.

ROI HAMLET

Julien Favreau

Le roi du Danemark assassiné.

GERTRUDE

Solène Burel / Kathleen Thielhelm

Mère d’Hamlet. Elle incarne le dilemme moral et la fragilité humaine – elle a rapidement épousé Claudius, le frère de son défunt mari, et roi usurpateur. Claudius, quant à lui, est le parfait antagoniste, manœuvrant avec ruse pour asseoir son pouvoir sur le trône, même au prix du fratricide.

CLAUDIUS

Jeronimas Krivickas

Roi régnant du Danemark, oncle du prince Hamlet et son beau ­ père depuis son mariage avec Gertrude, veuve du roi Hamlet (père).

OPHÉLIE

Min Kyung Lee / Bianca Stoicheciu

Éprise d’Hamlet, elle est prise au piège entre les intrigues politiques et les tourments de son amour. Sa descente dans la folie culmine avec sa mort dramatique par noyade.

LAËRTE

Oscar Frame / Alessandro Cavallo

Frère d’Ophélie. Déterminé à venger son père et sa sœur, il devient lui­même un instrument de la tragédie.

POLONIUS

Angelo Perfido

Conseiller de confiance du royaume. Il se trouve déchiré entre ses devoirs envers la cour et ses préoccupations pour sa famille. En particulier pour sa fille, Ophélie, dont l’amour pour Hamlet précipite sa descente dans la folie et la tragédie.

HORATIO

Zsolt Kovacs / Oscar Frame

Ami loyal d’Hamlet et voix de la raison dans un monde de complots et de folie.

ROSENCRANTZ

Hideo Kishimoto / Konosuke Takeoka

GUILDENSTERN

Kwinten Guilliams / Liam Morris

Amis d’enfance d’Hamlet, ces deux courtisans se révèlent être des agents du roi. En trahissant ainsi la confiance du prince, ils contribuent à l’escalade du drame…

EL SINOR

Masayoshi Onuki

Le château du royaume. À travers le regard de la chorégraphe Valentina Turcu, c’est un personnage ironique, mais hypnotique. El Sinor semble être un témoin silencieux des intrigues et des trahisons qui se déroulent entre ses murs. Il incarne l’atmosphère oppressante et les secrets profonds qui y résident, telle une entité vivante imprégnée de l’histoire du protagoniste. Celui avec la force dont sont faits les rêves — comme dirait Shakespeare.

18 HAMLET

Shakespeare en bref

Dramaturge, poète et acteur anglais, William Shakespeare est né le 26 avril 1564 à Stratfordupon ­Avon (GB). Considéré comme l’un des plus grands poètes et dramaturges de langue anglaise, « le Barde » a laissé peu de traces de l’homme, suscitant nombre de spéculations sur son apparence physique, sa sexualité ou sa religion.

La majeure partie de son œuvre a été composée entre 1589 et 1613 : 39 pièces, 154 sonnets et des poèmes — tous ne lui sont toutefois pas attribués. Après la rédaction de comédies et de pièces historiques, Shakespeare s’est tourné vers la tragédie ( Hamlet , Othello , Le Roi Lear et Macbeth ). Il meurt le 23 avril 1616 à l’âge de 52 ans, pris de fièvre à la suite d’une soirée trop arrosée prétendra, vingt­cinq ans plus tard, le vicaire John Ward.

William Shakespeare repose dans l’église de la Sainte­Trinité de Stratford­upon­Avon, sa tombe est gravée de l’épitaphe suivante :

Mon ami, pour l’amour du Sauveur, abstiens-toi De creuser la poussière déposée sur moi. Béni soit l’homme qui épargnera ces pierres Mais maudit soit celui violant mon ossuaire

Ses pièces sont parmi les plus jouées au monde. Depuis des siècles, elles sont sans cesse adaptées, redécouvertes et réinterprétées, preuve — s’il en fallait une — de leur intemporalité. — J.E.

William Shakespeare (1564-1616).

De toutes les représentations du dramaturge, le portrait Chandos est le seul considéré comme ayant été peint d’après nature.

19 HAMLET
20 CRÉATION

Rhapsody in Blue

Après avoir voulu rendre hommage à mon premier et principal mentor, Maurice Béjart, avec Swan Song en 2016, j’ai souhaité cette fois­ci m’adresser à la compagnie en exprimant ce que j’aurais aimé voir sur scène en tant que spectateur. L’un des principaux credos de Béjart a été le concept d’énergie vitale, festive et archaïque de la danse. Il comprenait que la danse, en tant qu’événement festif né d’une impulsion primordiale, est spirituelle. C’est dans cette essence même que réside sa beauté et son charme.

Pour honorer cette vision, j’ai choisi un titre qui célèbre cette année son centenaire : Rhapsody in Blue, de George Gershwin. Ce qui m’inspire ici, c’est son absence de forme définie. La liberté totale du compositeur, allant du classique au jazz, me permet d’utiliser des formes et des langages de danse différents et éloignés les uns des autres, sans autre justification que celle suggérée par la musique elle­même. Gershwin décrit sa composition comme une sorte de fantaisie multicolore, un kaléidoscope musical représentatif d’un creuset culturel. D’un point de vue chorégraphique, je la considérerais comme un Capriccio ou une Folie. Ce n’est pas l’esthétique du corps mais l’esthétique de la musique à travers le corps.

En tenant compte des thèmes mondiaux de 2024, je suis conscient que créer quelque chose de frivole représente le summum du luxe. Mais j’aspire à célébrer la beauté et le pouvoir de la musique, comme expression directe de l’âme, en me mettant humblement et fièrement à son service. Peut­être dans l’esprit de la composition de 1924.

FICHE ARTISTIQUE

Chorégraphie

Giorgio Madia

Musique

George Gershwin

Première

Théâtre de Beaulieu — 14 juin 2024

Remerciements

Le Centre patronal pour son soutien.

CRÉATION
21
— PAR GIORGIO MADIA

Le « capriccio » de Giorgio Madia

En 2016, il nous avait offert Swan Song .

Pour son retour au BBL, le chorégraphe italien crée Rhapsody in Blue .

Giorgio Madia est né le 29 juillet 1965 à Milan. À l’âge de 11 ans, fasciné depuis son plus jeune âge par les arts de la scène, le théâtre et la musique, il se consacre à la danse après avoir suivi des cours à l’École de ballet du Teatro alla Scala. S’il affirme être arrivé à la danse « par hasard », celui­ci a bien fait les choses : en 1984, fraîchement diplômé et après avoir dansé dans la compagnie de La Scala — Roland Petit crée pour lui un rôle dans son ballet Le Mariage du ciel et de l’enfer — il assiste à Milan à la création de Dionysos, de Maurice Béjart. Coup de foudre, révélation. Tout l’enchante dans cette production : les costumes de Gianni Versace, la musique de Manos Hadjidakis, les décors de Yokoo Tadanori et la chorégraphie du Maître. « Béjart avait le feu », dit Giorgio qui sait, depuis ce jour­là, pourquoi la danse l’habite. Ce qu’elle pouvait être : « Quelque chose de plus que la danse, une joie, une célébration. Quelque chose qui me pousse tous les jours. »

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré pour la première fois Maurice Béjart ?

Cela faisait huit ans que je suivais les cours de danse classique à La Scala. Au cours de ma dernière année, avec deux amies, j’ai décidé de passer une audition chez lui. J’étais très jeune, très vert, très mince et très petit. Maurice nous reçoit. Ses yeux bleus me transpercent. Il sourit, mais me fait comprendre que je suis trop jeune pour intégrer sa compagnie. Qu’importe, je n’abandonne pas. L’année suivante, au mois de janvier, je me rends à Bruxelles où avait lieu une nouvelle audition. Nous étions 500, c’était la folie… À la moitié du cours, Maurice se lève et vient vers moi tout au fond de la salle. Il me demande qui je suis, d’où je viens et regagne sa place. L’audition terminée, restent en lice cinq danseurs. « On vous contactera. » Je rentre chez moi et ne pense plus qu’à ça. Deux mois plus tard, une lettre arrive

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RHAPSODY IN BLUE

qui me remercie d’avoir participé à cette audition et précise que trois candidats ont été retenus.

Vous étiez donc éliminé…

Je ne l’ai pas accepté… Au début du mois d’août 1985, je me suis présenté à la compagnie qui faisait sa rentrée. Où avais­je puisé le courage, l’audace d’agir de la sorte, je l’ignore. Béjart m’accueille : « OK, me dit­il, j’aime ta volonté, tu restes une semaine, tu travailles avec tout le monde, tu suis toutes les répétitions et tu apprends tout ce qu’il y a à apprendre.» Ce que j’ai fait. Il a ensuite demandé à son maître de ballet ce qu’il pensait de moi et m’a appelé dans le grand studio. C’était impressionnant ! Béjart m’explique alors qu’il n’avait malheureusement pas de contrat pour un danseur, mais seulement pour une danseuse. J’ai dit : “ Fantastique, je prends ! ” Et c’est ainsi que Béjart a transformé le contrat de dan ­

seuse en un contrat de danseur ! 31 danseurs, 29 danseuses.

En 1988, vous croisez Rudolf Noureev, alors directeur de la danse à l’Opéra de Paris.

Le BBL se produit au Palais des Congrès. Ce sera sans moi qui suis tombé malade. Un copain me parle d’un gala à l’Opéra de Paris. Je m’y rends, j’arrive en retard et croise dans le foyer Rudolf Noureev. Je n’ai pas de place pour le gala, Noureev m’invite dans sa loge. À la fin du spectacle, dînant avec un ami, la secrétaire de Noureev m’enjoint de le rejoindre à sa table. Je réponds que je ne peux pas, que je suis déjà invité, elle insiste et, finalement, je la suis… Noureev me demande ce que je fais :

Je suis danseur chez Maurice Béjart.

Maurice Béjart ? Alors, tu n’es pas un bon danseur… montre­moi ton pied.

Ici, à table ?

Oui.

Pas mal ! Tu es un danseur classique. Dès demain, tu suivras les cours avec moi, car tu as un potentiel pour faire autre chose. Tu quittes la compagnie.

J’ai suivi son conseil. De 1988 à 1991, à sa demande, j’ai accompagné Noureev pour sa tournée mondiale d’adieux. Ensemble, nous avons dansé Le chant du compagnon errant, de Maurice Béjart, et La Pavane du Maure, de José Limón. Des années au cours desquelles j’ai également travaillé aux États­Unis, notamment au Pennsylvania Ballet (n.d.l.r. aujourd’hui le Philadelphia Ballet) et au Ballet de San Francisco. »

De retour en Europe, Giorgio Madia emprunte « beaucoup de routes et d’autoroutes » : à Reggio Emilia, le voici premier danseur dans la compagnie de ballet italienne Aterballetto. On le retrouve ensuite à Bâle, à Berlin et au Teatr Wielki, de Lodz (Pologne), en qualité de directeur artistique avant d’être nommé, à Vienne, directeur du ballet et chorégraphe du Wiener Volksoper.

Ses premières chorégraphies et mises en scène datent de 1995. Tout l’inspire, danse, théâtre et opéra : Le Lac des Cygnes, Chopin imaginaire, Don Juan , Les Contes d’Hoffmann , Carmen , Arlequin, comédie dansée… un répertoire éclaté toujours exigeant qui lui vaut de nombreuses distinctions — en 2011, il est désigné « chorégraphe de l’année » (Prix L’Italia che danza).

UN GRAND POÈME SYMPHONIQUE

En 2016, c’était il y a huit ans — souvenez­vous ! —, le chorégraphe retrouve le BBL et y crée Swan Song. Après ce ballet en hommage à Maurice Béjart, à la demande, une nouvelle fois, de Gil Roman, Giorgio Madia est de retour au Palais de Beaulieu. Pour une chorégraphie originale, sur un air de Gershwin, Rhapsody in Blue.

Avant d’évoquer le travail du chorégraphe, rappelons que Rhapsody in Blue a été créée le 12 février 1924 au Aeolian Hall de New York sous le titre An Experiment in Modern Music . Il y a donc tout juste cent ans cette année !

24 RHAPSODY IN BLUE

L’exécution de cette œuvre, pour piano et orchestre, dure vingt minutes. « Vingt petites minutes est un minutage très difficile fait observer Giorgio Madia, car s’il y a des chorégraphes qui sont des chorégraphes de vingt minutes, tel n’est pas mon cas. Pour moi, la danse est théâtre, une cérémonie au cours de laquelle je tente, chaque fois, de faire se lever le spectateur de son siège. Pour le transporter plus loin… »

DÉSIR D’ALTÉRITÉ

« Comment y parvenir, comment travailler à un concept sur un si court espace­temps ? On a à peine commencé que c’est déjà fini… Dans ces conditions, quelle œuvre choisir ? Je me suis cassé la tête et, en écoutant Rhapsody in Blue, cette partition musicale, mélange de musique classique, de jazz et de comédie musicale, m’a subjugué. Un grand poème symphonique qui n’a pas de règles — c’est génial ! —, une œuvre qui renvoie à la célèbre note bleue des jazzmen et évoque New York, les années 20, l’entre­deuxguerres en Amérique…

La musique nourrit ma création. Elle m’inspire des images différentes et c’est elle que je veux servir dans cette chorégraphie. Est­ce suffisant ? Jadis, Maurice Béjart m’avait donné la réponse : la joie de la danse. D’où l’envie, dans ce ballet, interprété par une trentaine de danseuses et de danseurs, de faire du classique, du hip­hop, de la danse contemporaine, du théâtre, de la comédie musicale. Avant que n’éclate le Boléro.1 “Un capriccio.” 2

1 Maurice Ravel et George Gershwin se connaissaient. Lors de leur première rencontre en 1928, George Gershwin demanda à Ravel s’il pouvait lui enseigner la composition. Considérant qu’il n’avait rien à lui apprendre, Ravel répondit : « Pourquoi seriez-vous un Ravel de seconde classe alors que vous pouvez devenir un Gershwin de première classe ? » Tous deux sont morts la même année, en 1937. Source : www.radioclassique.fr/histoire/cinqanecdotes-maurice-ravel-1875-1937

2 Un « caprice »

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« La musique nourrit ma création. Elle m’inspire des images différentes et c’est elle que je veux servir dans cette chorégraphie. »

26 RHAPSODY IN BLUE

George Gershwin à Beverly Hills en 1937, peu avant sa disparition.

George Gershwin, une vie en mode express

Ses mélodies ont traversé le siècle, célébrées par Ella Fitzgerald, en duo avec ou sans Louis Amstrong, mais aussi Herbie Hancock, Miles Davis, Willie Nelson, Frank Sinatra, Billie Holiday, Coltrane…

Originaire de Saint ­ Pétersbourg, George Gershwin naît Jacob Gershowitz à New York le 26 septembre 1898, deux ans après son frère Israël, dit Ira, dans une famille juive prolétarienne heureuse. Son père Moïshe a fui les pogroms de la Russie tsariste en 1890 pour rencontrer Rosa Bruskin, une autre fille d’émigrés russes aux États­Unis avec laquelle il élèvera quatre enfants. C’est écrit, George et Ira feront la paire : le premier composera les musiques au piano (il y excelle), le second écrira les textes de ses mélodies. Pour la petite histoire, Al Jolson, l’artiste de music­hall les plus populaires du XXe siècle aux États­Unis, Ginger Rogers ou Fred Astaire se disputeront leurs chansons. On dit même que ce dernier leur devra son succès…

Rembobinons. George commence sa carrière à l’âge de 16 ans. Il est alors interprète et vendeur de chansons dans une manufacture de partitions, tout en produisant des rouleaux pneumatiques pour pianos mécaniques. Il n’a pas le droit de proposer ses titres ? Qu’à cela ne tienne : pianiste dans des spectacles de vaudeville à Broadway,

28
RHAPSODY IN BLUE

il les fournit accessoirement et anonymement en chansons quand un titre vient à manquer au répertoire de la comédie.

Tout vient à point. Embauché comme compositeur chez T. B. Harms Co, il connaît son premier succès en 1919 avec La, La, Lucille , premier « musical » dont il composa la partition entière, puis la consécration internationale avec la chanson Swanee grâce à sa reprise par Al Jolson. Ami de Paulette Goddard (actrice et compagne de Chaplin), de Schönberg, de Maurice Ravel qu’il rencontre à New York et Alban Berg, Kurt Weil ou Franz Lehár à Vienne, George est une star au côté des stars qui se pressent à ses « parties » à son domicile, autour de son piano.

En 1924, sa carrière amorce un tournant à l’enseigne du concert What is American Music : en cinq semaines, George Gershwin compose un concerto jazz qu’il présente le 12 février sur la scène de l’Aeolian Hall, concerto dont il interprète les solos du piano. C’est Rhapsody in Blue Ce n’est pas un succès, mais une déflagration.

What is American Music tourne à travers le pays, George tient un temps le piano avant de s’éclipser pour répondre à d’autres engagements, réaliser d’autres projets, à Londres, à Paris, à Vienne, à Boston… Ses œuvres triomphent au

RHAPSODY IN BLUE

RÉFÉRENCES MUSICALES

George Gershwin

Album : Schmitt – Arutyunian/Babadjanian –Rachmaninoff – Gershwin – Liszt

Titre : Rhapsodies for Two Pianos

Interprètes : Tami Kanazawa & Yuval Admony

Label : Roméo Records

Carnegie Hall, ses comédies musicales tiennent le haut de l’affiche (191 représentations pour Strike up the Band et 272 pour Girl Crazy), célèbre les 10 ans de Rhapsody lors d’une tournée américaine, anime son programme radio, déménage à Los Angeles pour composer (rêve ­ t ­ il), des musiques de film.

Tout lui réussit, ou presque… Enfin, il concrétise en 1935 une idée qui l’obsède depuis longtemps, la composition d’un opéra gospel­blues en trois actes pour personnages afro ­ américains : Porgy and Bess. Présenté à Boston et à New York, l’opéra, bien que populaire, est un échec commercial. Un échec attisé (?) par une frange artistique « de couleur » qui a remis en question son authenticité culturelle. Ainsi, Duke Ellington a des mots très durs : « Aucun Afro­Américain ne se laissera prendre par Porgy and Bess ! » Près d’un quart de siècle plus tard, c’est un autre immense artiste afro ­ américain qui fera oublier l’échec retentissant en soufflant dans sa trompette les notes de Summertime au cœur de son album Porgy and Bess : Miles Davis…

Jacob Gershowitz, alias George Gershwin, s’est éteint à Los Angeles, le 11 juillet 1937 des suites d’une tumeur cérébrale. Il avait 39 ans.

29

« Mon Boléro », disait Ravel, « devrait porter en exergue : Enfoncez­vous bien cela dans la tête. » Plus sérieusement, il expliqua :

« En 1928, à la demande de Mme Rubinstein (Ida Rubinstein, célèbre danseuse et actrice russe , ndlr), j’ai composé un boléro pour orchestre. C’est une danse d’un mouvement très modéré et constamment uniforme, tant par la mélodie que par l’harmonie et le rythme, ce dernier marqué sans cesse par le tambour. Le seul élément de diversité y est apporté par le crescendo orchestral. »

Maurice Béjart précise en ces termes sa conception de l’œuvre de Ravel : « Musique trop connue et pourtant toujours nouvelle grâce à sa simplicité. Une mélodie — d’origine orientale et non espagnole — s’enroule inlassablement sur elle­même, va en augmentant de volume et d’intensité, dévorant l’espace sonore et engloutissant à la fin la mélodie. »

Sans vouloir décrire davantage ce ballet évident par lui­même, remarquons que Maurice Béjart, dans un style très différent, rejoint l’esprit du Sacre du

30 RÉPERTOIRE

Boléro

Printemps, en ce sens qu’à l’inverse de la plupart de ceux qui ont illustré chorégraphiquement le Boléro avant lui, il répudie toutes les facilités du pittoresque extérieur pour exprimer uniquement — mais avec quelle force ! — l’essentiel.

Maurice Béjart confie le rôle central — la Mélodie — tantôt à une danseuse, tantôt à un danseur. Le Rythme est interprété par un groupe de danseurs. — BBL

FICHE ARTISTIQUE

Chorégraphie

Maurice Béjart

Musique

Maurice Ravel

Décors & Costumes

Maurice Béjart

Réalisation lumière

Dominique Roman

Première

Théâtre Royal de la Monnaie, Bruxelles – 10 janvier 1961

Ballet du XXe Siècle

31 RÉPERTOIRE

Ritournelle de la fin

Le geste, l’espace, la sensualité. La Mélodie, le Rythme.
La danse ne raconte pas d’histoire.
Elle est l’étoffe des rêves.
— PAR PATRICK FERLA, journaliste

Désir, beauté, violence : le Boléro. Maurice Béjart le crée à Bruxelles le 10 janvier 1961. Représenté et applaudi partout dans le monde depuis plus d’un demi ­ siècle, le Boléro est un must. Un classique dans la modernité du temps qui passe.

De grandes solistes, Suzanne Farrel, Tania Bari, Maïa Plissetskaia, Claude Bessy, et Silvie Guillem, notamment, ont servi la chorégraphie que Maurice Béjart avait conçue pour Douchka Sifnios. Mais le Boléro que Maurice Ravel compose, en 1928, à la demande de la danseuse russe Ida Rubinstein, n’a cessé d’être revisité. Par Béjart, puis par Gil Roman, chronique d’un fantastique retournement : à Paris, au Palais des sports, en janvier 1979, Maurice Béjart confie le rôle à Jorge Donn. Dans « Un instant dans la vie d’autrui », il s’en explique : « Comme ce ballet ne m’apportait plus rien (j’avais l’impression d’en avoir fait le tour), je me dis : “ Pourquoi ne pas intervertir la fille et les garçons ? ”»

Dès lors, le ballet revêt une autre signification : la table sur laquelle danse Jorge Donn est un lieu de culte qu’entourent une quarantaine de filles. Béjart, sans changer un seul mouvement de la chorégraphie, fait du Boléro une variation sur le thème de Dionysos et des bacchantes.

Quelques mois plus tard, à l’Opéra de Paris, Rolf Liebermann suggère à Béjart une nouvelle variante. Pour la première fois, Jorge Donn danse avec des garçons. Au ­ delà de l’inversion des sexes, le chorégraphe privilégie l’humain.

En 2013, Gil Roman propose une vision nouvelle du Boléro : Elisabet Ros et Julien Favreau se partagent, en alternance, le rôle principal. Tous deux entourés par un groupe de danseurs qui symbolisent le Rythme. Le choix du choré graphe confère au ballet une dimension métaphysique éclatée qu’on ne lui connaissait pas jusqu’ici, mélange d’abstraction prophétique

32 BOLÉRO

et de chamanisme. Dix ans plus tard, il offre à Mari Ohashi et Kathleen Thielhelm, deux solistes de la compagnie, de rejoindre le cast.

La Mélodie, le Rythme. La lumière. La partition créée par Dominique Roman dévoile une main, puis un bras, puis le corps tout entier de l’interprète dont la transe s’achève en un mouvement perpétuel. Formidable spectacle onirique, d’une forte intensité érotique, que ce ballet dont la musique de Ravel emporte tout sur son passage. Une musique que Maurice Béjart considérait comme «trop connue et pourtant toujours nouvelle grâce à sa simplicité. Il précisait : “ Une mélodie (d’origine orientale et non espagnole, ndlr) s’enroule inlassablement sur elle ­ même, va en augmentant de volume et d’intensité. Dévorant l’espace sonore et engloutissant à la fin la mélodie.” »

Si la danse ne raconte pas d’histoire, il arrive qu’elle en suscite. Dans un bel et sombre roman en hommage à sa mère, Jean­Marie Le Clézio dit ce qui l’a conduit à écrire Ritournelle de la faim. 1 « Ma mère, quand elle m’a raconté la première du Boléro a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte […] Longtemps après, ma mère m’a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le Boléro n’est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l’histoire d’une colère, d’une faim. Quand il s’achève dans la violence, le silence qui s’ensuit est terrible pour les survivants étourdis […] » Le Boléro, ritournelle de la fin.

1 Jean-Marie Le Clézio, Ritournelle de la faim, 2008, Gallimard.

De l’obsessionnel à la transe

« Le Boléro n’est pas une musique espagnole, disait Maurice Béjart.
C’est une œuvre abstraite […], une lutte entre des mélodies orientales et un rythme implacable. »
— PAR DOMINIQUE ROSSET, journaliste

Lorsque, en 1928, la danseuse, amie et mécène

Ida Rubinstein lui commande un ballet, Maurice Ravel pense Espagne, projetant d’orchestrer des extraits d’Iberia, suite pour piano du défunt Isaac Albéniz, dans le même élan de curiosité et d’expérimentation qui l’avait poussé à orches trer six ans auparavant les Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Comme si, en excellent pianiste qu’il était, il avait parfois besoin d’explorer librement tous les timbres de l’orchestre pour multiplier les possibles, injecter et diffracter une lumière qui ne quittait dès lors plus son imaginaire. Il n’obtient pas les droits d’orchestration d’ Iberia . Qu’à cela ne tienne. Il se lance un défi absolu : créer une œuvre symphonique à partir de presque rien. Table rase. Ravel, âgé alors de 53 ans, s’était toujours imposé des contraintes, une forme d’ascèse qui aiguisait ses sens et son goût de la précision. « Un horloger suisse » disait de lui Stravinski, faisant allusion à sa personnalité méticuleuse et à ses racines paternelles genevoises. Œuvres pour piano, pour ensembles instrumentaux jamais identiques et souvent étonnants, pages pour voix, pour orchestre, ouvrages scéniques, chacune de ses compositions s’impose un cadre précis, à chaque fois renouvelé. Ravel déteste se répéter et pourtant il va, cette fois, plonger dans l’obsédante redite.

Il opte pour un rythme immuable qu’il fera défiler 169 fois à la caisse claire — rythme à trois temps du boléro, danse andalouse qu’il ralentit quelque peu. Deux motifs mélodiques, toujours les mêmes et répétés deux fois, vont alterner pendant dix­sept minutes. Débute alors, à partir de ces paramètres contraignants, le plus pur exercice d’orchestration et de style. Tandis que les instruments rejoignent un par un — ou par groupes — le cortège orchestral, les timbres ne font pas que s’additionner, ils se répondent et contrastent. Un souffle jazz transparaît d’ailleurs dans l’élocution glissante des vents et des cuivres. Ravel revient juste d’une tournée de concerts aux États­Unis lors de laquelle il a rencontré et découvert, entre autres, les talents d’improvisation du pianiste George Gershwin et sa Rhapsody in Blue pour lesquels il a la plus grande admiration. Il y a fréquenté assidûment des clubs de jazz, ce qui lui a fait dire : « Vous, les Américains, prenez le jazz trop à la légère. Vous semblez y voir une musique de peu de valeur, vulgaire, éphémère. Alors qu’à mes yeux, c’est lui qui donnera naissance à la musique nationale des États ­ Unis. »

34 BOLÉRO
35 BOLÉRO

Composé comme un exercice d’orchestration à la portée de n’importe quel étudiant de conservatoire, disait ­ il, son Boléro est créé à l’Opéra par Ida Rubinstein et sa troupe de danseurs.

Pour décors, une salle d’auberge. « Le long des murs, dans l’ombre, des buveurs attablés, qui causent entre eux, décrit Henri de Curzon. Au centre, une grande table, sur laquelle la danseuse essaie un pas. Avec une certaine noblesse d’abord, ce pas s’affermit, répète un rythme… Les buveurs n’y prêtent aucune attention, mais, peu à peu, leurs oreilles se dressent, leurs yeux s’animent. Peu à peu, l’obsession du rythme les gagne ; ils se lèvent, ils s’approchent, ils entourent la table, ils s’enfièvrent autour de la danseuse… qui finit en apothéose. Nous étions un peu comme les buveurs, ce soir de novembre 1928. Nous ne saisissions pas d’abord le sens de la chose ; puis nous en avons compris l’esprit. »

Côté public, c’est la stupeur, la fascination et l’approbation unanime de la critique. Le Boléro va faire le tour du monde, assure à son auteur une notoriété qu’aucune de ses œuvres précédentes n’avait égalée, il sera enregistré en 1930 déjà, prélude à une avalanche d’enregistrements à venir. Quoi de mieux que le Boléro et ses effets sonores contrastés pour faire état de la qualité d’un orchestre, d’une prise de son, d’une installation d’enceintes ? Sans compter l’ego de nombreux chefs d’orchestre qui, face à cette partition dont la rigueur mécanique provoquait la transe, se sent(ai)ent pousser des ailes et des velléités d’interprétation souvent plus sentimentales qu’implacables. Ravel déplorait les libertés que prenaient des chefs aussi intouchables et respectés que Mengelberg ou Toscanini qui variaient le tempo, l’accéléraient, surjouaient des thèmes simples qui n’avaient aucune prétention autre que leur ligne

dépouillée et pure. Pour lui, le Boléro devait demeurer une expérience d’œuvre « sans musique », au déroulement immuable et au crescendo progressif, en aucun cas virtuose. Un mécanisme imperturbable d’une durée de dix ­ sept minutes, temps à la fois linéaire, martelé par la caisse claire obsédante, et densifié par l’orchestration. Les ingrédients rigoureux et rudimentaires de la transe.

La chorégraphie de Maurice Béjart reprend l’esprit et la trame du Boléro d’origine. D’autres, comme celle de Roland Petit, s’appuient sur l’alternance des deux thèmes en miroir et dessinent une parade amoureuse, pas de deux d’abord observateur, à distance, puis de plus en plus intrépide et charnel. Côté cinéma (clin d’œil à Fantasia des Studios Disney), le film d’animation italien Allegro ma non troppo , sorti en 1977, reprend l’idée de la tabula rasa : le Boléro suscite la création du monde à partir de quelques gouttes laissées au fond d’une bouteille de Coca ­ Cola abandonnée on ne sait où par les habitants d’un engin spatial. De l’amibe originelle à nos jours, en passant par toutes les étapes de l’évolution… jusqu’au paroxysme de l’effondrement final. Dans Les uns et les autres , sorti en 1981, le cinéaste Claude Lelouch fait du Boléro (réorchestré, raccourci, vocalisé, et dansé par Jorge Donn selon Béjart), le point de rencontre atemporel et symbolique de plusieurs générations et nationalités meurtries par la Seconde Guerre mondiale.

Le Boléro est l’œuvre phare de Maurice Ravel. Il donne de lui une image hiératique, glorieuse et bien évidemment réductrice. Ravel est aussi le compositeur de La valse , en 1920 (que Diaghilev refusa net de chorégraphier), « tourbillon fantastique et fatal » qui évoque les fastes d’avant ­ guerre dans une grimaçante et ironique nostalgie. Il y a aussi le Concerto pour la main gauche, composé en 1929 pour le pianiste blessé de guerre Paul Wittgenstein. Ou L’enfant et les sortilèges , sur un livret de Colette,

sommet d’élégance et d’enchantement poétique. Ou L’heure espagnole , opéra un brin libertin, Histoires naturelles burlesques, sur des poèmes de Jules Renard, Daphnis et Chloé pour les Ballets russes en 1909, Ma mère l’Oye … À chaque fois un autre regard. « Le travail de Ravel a été de montrer, plus loin qu’on ne le fait de coutume […], des types musicaux généralement très simples. L’enchantement qu’il vous procure, c’est de le voir transfigurer, porter si loin de leur donnée première ces formules simples auxquelles il s’applique », note Ernest Ansermet, qui lui vouait une profonde admiration.

Né en 1875 à Ciboure, près de Saint­Jean­de­Luz, Ravel meurt à Paris en 1937 des suites d’une maladie cérébrale qui lui fait perdre peu à peu ses facultés de motricité, de mémoire, de parole. Ansermet raconte l’avoir rencontré à Lausanne, un après­midi de printemps de 1934, traversant le pont Bessières : « Un Ravel plus voûté qu’à l’ordinaire, le visage gris et le regard étrangement voilé [...]. Voilà bien ma veine, me disait­il, je n’ai jamais eu autant d’idées que maintenant, mais sitôt que je veux les saisir, elles fuient. »

On peut reprendre à son compte ce que Ravel disait du Groupe des Six en 1933. Sa tâche était accomplie. Il avait « rompu publiquement avec l’art de luxe que constituait l’impressionnisme d’avant­guerre et essayé d’orienter la sensibilité contemporaine vers un idéal plus amer, plus âpre et plus fort ».

37 BOLÉRO

Ravel en bref

Né le 7 mars 1875 à Paris, Ravel fut, avec Claude Debussy, l’un des compositeurs les plus influents de la musique française de son temps. La densité de son œuvre, inscrite dans le courant dit « impressionniste » du début du siècle dernier, est inversement proportionnelle à son éclat : elle ne compte « que » 86 pièces originales et 25 orchestrées ou transcrites. Bien que comparaison ne soit pas raison, Mozart en a composé plus de… 600, Beethoven 500, ou son aîné Debussy 300.

Sa production, caractérisée par une grande diversité des genres, s’épanouit sur plus de quarante ans. Contemporaine de Stravinsky (il fut de ceux qui défendirent le compositeur russe lors de la présentation houleuse du Sacre du Printemps le 23 mai 1913 au Théâtre des Champs­Élysées), Gershwin, Bartók ou Prokofiev, elle est le fruit d’influences variées : de Rameau ou Couperin aux couleurs des rythmes du jazz et de la musique espagnole.

Considéré comme « une expérience d’orchestration dans une direction très spéciale et limitée » par son créateur, Boléro naît le 22 novembre 1928 à Paris. La presse s’enflamme ! Gravée sur disque puis diffusée dès 1930, la pièce (deux thèmes et une mélodie inlassablement répétée pendant un peu plus de quinze minutes) connaît un succès aussi planétaire qu’exalté… au grand

Maurice Ravel (1875-1937) en 1925

dam de son auteur qui voit, lui, une partition « vide de musique ».

Dans sa biographie consacrée à Maurice Ravel (1986), Marcel Marnat rapporte l’anecdote d’une femme qui, après avoir entendu Boléro , s’est écriée « Au fou ! » L’assertion ne déplut pas à Ravel, qui s’exclama : « Celle ­ là, elle a compris ! »… Ses deux dernières œuvres majeures (deux concertos pour piano et orchestre) impriment les années 1929 à 1932, une tournée triomphale suit quand le sort frappe à la porte l’année suivante. Une maladie cérébrale incurable condamne Ravel au silence les quatre dernières années de sa vie. Il s’éteint le 8 décembre 1937 à Paris. Sa tombe est visible au cimetière de Levallois ­ Perret.

RÉFÉRENCES MUSICALES

Maurice Ravel

Album : Boléro, La Valse, Rapsodie Espagnole, Alborada del Gracioso

Titre : Boléro

Directeur : Charles Dutoit

Interprètes : Orchestre Symphonique de Montréal

Distribution : DECCA

38 BOLÉRO

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41 CARTE BLANCHE
Henri Davila Le costume fait roi

Ci-contre : La Mer

Page 41: Échographie d’une baleine

42

L’histoire ne dit pas les milliers de mètres de tissus coupés et encore moins les kilomètres de fils de soie utilisés. Le lundi 22 juillet prochain, quand la compagnie s’éparpillera aux quatre coins du monde pour les vacances, Henri Davila fermera la porte de l’atelier costumes du Béjart Ballet Lausanne pour la dernière fois… vingt­trois ans après l’avoir ouverte, un lundi. « C’était le 8 janvier », se souvient ­il. Hasard ou coïncidence du calendrier… Mais c’est sûr : le chef costumier range son mètre­ruban et ses aiguilles pour embrasser une nouvelle vie. Définitivement ? « D’abord trois mois de vacances ! » prévient le futur retraité dans un sourire malicieux.

Bien qu’il soit Lausannois depuis son arrivée au Béjart Ballet en 2001, son accent, qui révèle des origines toulousaines, ne l’a jamais quitté. Aussi, il ne parle pas, il chante le sud, mais pas seulement. De son parcours, il clame sans hésiter : « Je me suis éclaté ! » Manière de dire qu’il ne regrette rien, toujours en souriant : «Je vais continuer à travailler dans le costume, peut­être, mais plus calmement », prévient ce tapissier décorateur de formation.

Pendant près d’un quart de siècle, il a régné en maître sur le département des costumes de la compagnie. Attrapé par Maurice Béjart qui l’avait remarqué cinq ans auparavant alors qu’il faisait danser le Groupe 13 en 1996, une petite compagnie formée des élèves de l’École­Atelier Rudra Béjart, il a fait du BBL sa famille.

Responsable costumier pendant 23 ans, Henri Davila rend son mètre ruban et ses ciseaux.

Alors intermittent du spectacle, formé « en autodidacte » à la construction de décors pour le compte d’une troupe de théâtre, les débuts de sa carrière ont eu lieu à l’opéra de Monaco. Entré comme habilleur en 1992, Henri Davila se met à tailler dans le tissu sur un coup de bluff : « On m’a demandé si j’étais capable de faire des costumes, j’ai répondu oui. » Il n’avait pas tort : une saison plus tard, il fonde l’atelier costumes de l’institution monégasque, qu’il servira pendant neuf ans.

Maurice Béjart, Gil Roman, Alonzo King, Julio Arozarena, Giorgio Madia. Valentina Turcu… la liste des chorégraphes dont il a habillé les pièces chorégraphiques n’est pas exhaustive. « Se mettre au service », tel aura été son bon plaisir. « Mettre en lumière le travail, essayer de concrétiser des désirs en partant de maquettes, de dessins », a animé ses jours et un peu de ses nuits.

Du 14 au 20 juin, le public du Théâtre de Beaulieu pourra admirer une (toute petite) partie de ses créations dans les foyers : 23 costumes comme autant de jalons d’une vie rêvée et, dans les pages qui suivent, une sélection de ses plus belles maquettes. Pour le plaisir de faire plaisir.

43 CARTE BLANCHE — HENRI
DAVILA
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Aliziam O-est Aria
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46
Aliziam O-est
« On m’a demandé si j’étais capable de faire des costumes, j’ai répondu oui. »
— Henri Davila
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Le tour du monde en 80 minutes

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Casino des esprits

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« Pendant 23 ans ? Je me suis éclaté ! »
— Henri Davila
51
Aria
52 Syncope
La Mer

Échographie d’une

baleine 54

Maurice Béjart

Des Ballets de l’Étoile à Paris en 1955 à la création du Béjart Ballet Lausanne en 1987, le chorégraphe a marqué à jamais le monde de la danse.

Maurice Béjart naît à Marseille le 1er janvier 1927. Il entame sa carrière de danseur à Vichy en 1946, la poursuit auprès de Janine Charrat, de Roland Petit et surtout, à Londres, au sein de l’International Ballet. À l’occasion d’une tournée en Suède avec le Ballet Cullberg (1949), il découvre les ressources de l’expressionnisme chorégraphique. Un contrat pour un film suédois le confronte une première fois à Stravinsky, mais, de retour à Paris, il se fait la main sur des pièces de Chopin sous

l’égide du critique Jean Laurent. Le danseur se double dès lors d’un chorégraphe.

En 1955, à l’enseigne des Ballets de l’Étoile, il sort des sentiers battus avec Symphonie pour un homme seul. Remarqué par Maurice Huisman, le nouveau directeur du Théâtre Royal de la Monnaie, il règle un triomphal Sacre du Printemps (1959).

L’année suivante, le chorégraphe crée, à Bruxelles, le Ballet du XXe Siècle, une compagnie internationale à la tête de laquelle il sillonne le monde entier, tandis que la liste de ses créations s’allonge : Boléro (1961), Messe pour le temps présent (1967) et L’Oiseau de Feu (1970).

En 1987, le Ballet du XXe Siècle s’installe dans la capitale olympique et devient le Béjart Ballet Lausanne. En 1992, Maurice Béjart décide de réduire la taille de sa compagnie à une trentaine de danseurs pour « retrouver l’essence de l’interprète » et fonde, la même année, l’École­Atelier Rudra Béjart Lausanne. Parmi les nombreux ballets créés pour le BBL, citons Le Mandarin merveilleux, King Lear – Prospero, À propos de Shéhérazade, Lumière, MutationX, La Route de la soie, Le Manteau, Enfant-Roi, La Lumière des eaux et Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat.

Metteur en scène de théâtre (La Reine verte, Casta Diva, Cinq Nô modernes, A-6-Roc), d’opéra (Salomé, La Traviata et Don Giovanni), réalisateur de films (Bhakti, Paradoxe sur le comédien...), Maurice Béjart a également publié plusieurs livres (roman, souvenirs, journal intime, pièce de théâtre). En 2007, à l’aube de ses quatre­vingts printemps, il donne naissance à La Vie du danseur racontée par Zig et Puce. Alors qu’il crée ce qui sera sa dernière œuvre, Le Tour du Monde en 80 minutes, Maurice Béjart s’éteint à Lausanne le 22 novembre 2007.

BIOGRAPHIE 56

Julien Favreau

Voilà trente ans que

Julien Favreau a intégré le Béjart Ballet Lausanne.

On ne compte plus les nombreux rôles marquants des ballets de Maurice Béjart et de Gil Roman que Julien Favreau a interprétés comme soliste au cours de sa carrière. C’est donc logiquement que le Conseil de Fondation du Béjart Ballet Lausanne a nommé directeur artistique par intérim ce serviteur intime de l’œuvre du fondateur du BBL le 1er mars 2024.

À la conduite de la compagnie, Julien Favreau revendique à son tour la préservation de l’héritage qui lui est confié, de son authenticité, tout en y apportant une énergie contemporaine.

Prix des Étoiles de Ballet 2000 à Cannes en 2006, Premio Positano « Leonide Massine» per la danza en 2012, Julien Favreau a étudié la danse classique et contemporaine à l’École Nationale de Musique et de Danse de La Rochelle sous la direction de Colette Milner.

Il intègre l’École ­Atelier Rudra Béjart Lausanne en 1994. L’année suivante, remarqué par Maurice Béjart, il rejoint la compagnie. Dès lors, le Maître lui confie d’importants rôles créés sur mesure, dans Zarathoustra, le chant de la danse, L’Amour-la Danse, Elton Berg, La Route de la Soie, Enfant-Roi et Casse-Noisette. Lors de reprises de ballets, il lui confie plusieurs rôles phares comme dans Le Sacre du Printemps, Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat, Serait-ce la Mort ? , Brel et Barbara , La Flûte enchantée, Dibouk, Le Teck ou Bhakti.

Sous la direction artistique de Gil Roman, dès 2007, il reprend des rôles de solistes dans les ballets

alors au répertoire du BBL, à commencer par celui, célèbre, de La Mélodie dans Boléro, mais aussi dans Light, Le Concours, Le Marteau sans maître, Sonate à 3, Béjart fête Maurice, La IXe Symphonie, le solo dans Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui et Wien, Wien, nur du Allein. Julien participera également aux créations de Gil Roman, dans Casino des Esprits , Anima Blues , Aria , Tombées de la dernière pluie, t ’M et variations… et Tous les hommes presque toujours s’imaginent. Il figure aux génériques des pièces créées par les choré graphes invités du BBL, tels Sthan Kabar­Louet, Tony Fabre, Marc Hollogne, Yuka Oishi et, enfin, Valentina Turcu.

Invité de nombreux galas internationaux, Julien Favreau a fait l’objet d’un documentaire réalisé par Michel Dami en 2005, Julien Favreau, en attendant Zarathoustra, pour la Télévision Suisse Romande.

57 BIOGRAPHIE

Les danseuses et danseurs du Béjart Ballet Lausanne

Masayoshi Onuki Kanagawa, Japon Kathleen Thielhelm Sheboygan, États-Unis Elisabet Ros Barcelone, Espagne Julien Favreau La Rochelle, France
58
— PAR ANOUSH ABRAR, photographe Kwinten Guilliams Malines, Belgique Jasmine Cammarota Salerne, Italie Mari Ohashi Fukuoka, Japon
59 LA COMPAGNIE
Denovane Victoire Port-Louis, Île Maurice Oana Cojocaru Bucarest, Roumanie Vito Pansini Molfetta, Italie Chiara Posca Catanzaro, Italie Federico Matetich Padoue, Italie Dorian Browne Paris, France
60
Solène Burel Paris, France Angelo Perfido Avellino, Italie Valerija Frank Hambourg, Allemagne Floriane Bigeon Quimper, France
61 LA COMPAGNIE
Bianca Stoicheciu Bucarest, Roumanie Antoine Le Moal Brest, France Clara Boitet Lons-le-Saunier, France Hideo Kishimoto Tokyo, Japon Min Kyung Lee Daegu, Corée du Sud Liam Morris Melbourne, Australie Daniel Aguado Ramsay Madrid, Espagne Oscar Eduardo Chacón Cali, Colombie
62
Konosuke Takeoka Toyama, Japon Cyprien Bouvier Suresnes, France Alessandro Cavallo Brindisi, Italie
63 LA COMPAGNIE
Edoardo Boriani Sarzana, Italie Jule Deutschmann Wiesbaden, Allemagne Andrea Luzi L’Aquila, Italie Zsolt Kovacs Budapest, Hongrie Kateryna Chebykina Kiev, Ukraine Oscar Frame Londres, Grande-Bretagne Emma Foucher Vannes, France
64
Carolina Fregnan Danseuse stagiaire Trévise, Italie Jeronimas Krivickas Vilnius, Lithuanie Gohar Mkrtchyan Erevan, Arménie

L’équipe artistique

Elisabet Ros Assistante à la direction artistique

Barcelone, Espagne

Répétiteur

Francavilla

Juichi Kobayashi Maître de ballet Tokyo, Japon

Enseignement de la

Moscou,

Domenico Levré Fontana, Italie Azari Plissetski danse Russie
65
LA COMPAGNIE

DIRECTION GÉNÉRALE

Directeur général

Giancarlo Sergi

Administration, finances et ressources humaines

Secrétaire de direction

Christel Welsch

Responsable des finances

Christophe Barbezat

Le Béjart Ballet Lausanne

Infrastructure, projets et bâtiment

Responsable infrastructure et projets

Jean Ellgass

Responsable cafétéria

Anne Bovay

Assistante cafétéria

Corinne Friedl-Barbé

Marketing et communication

Responsable communication

Margaux Zeler

Chargée de communication

Valentine Mottaz

Responsable billetterie

Cyril Pittet

Production

Responsable de production et diffusion

Annalisa Pozzi

Coordinatrice des tournées

Shannon Donné

66

DIRECTION ARTISTIQUE

Directeur artistique par intérim

Julien Favreau

Secrétaire à la direction artistique

Marie-Thérèse Jaccard

Équipe artistique

Maître de ballet

Juichi Kobayashi

Assistante à la direction artistique

Elisabet Ros

Répétiteur – Régie plateau

Domenico Levré

Enseignement de la danse

Azari Plissetski

Pianiste

Ilia Chkolnik

Danseuses et danseurs

Danseuses

Floriane Bigeon

Clara Boitet

Solène Burel

Jasmine Cammarota

Kateryna Chebykina

Oana Cojocaru

Jule Deutschmann

Valerija Frank

Min Kyung Lee

Gohar Mkrtchyan

Mari Ohashi

Chiara Posca

Elisabet Ros

Bianca Stoicheciu

Kathleen Thielhelm

Emma Foucher

Danseuse stagiaire

Carolina Fregnan

Danseurs

Daniel Aguado Ramsay

Edoardo Boriani

Cyprien Bouvier

Dorian Browne

Alessandro Cavallo

Oscar Eduardo Chacón

Julien Favreau

Oscar Frame

Kwinten Guilliams

Hideo Kishimoto

Zsolt Kovacs

Jeronimas Krivickas

Antoine Le Moal

Andrea Luzi

Federico Matetich

Liam Morris

Masayoshi Onuki

Vito Pansini

Angelo Perfido

Konosuke Takeoka

Denovane Victoire

Équipe technique

Directeur technique

Lucas Borgeaud

Adjoint au directeur technique

Emmanuel Derclaye

Coordinatrice technique et régisseuse lumière

Gabrielle Petit

Costumier

Henri Davila

Couturières – Habilleuses

Leïla Chételat

Leila Challandes

Responsable son

Éric Maurin

Technicien son

Cédric Jacomet

Technicienne son

Anne Vadagnin

Chef machiniste et accessoiriste

Gilles Pourchier

Aide-machiniste

Zacharie Destraz

Techniscéniste

Maico Pagnano

67 L’ORGANISATION

Fondation Maurice Béjart

Présidée par Renée Auphan-Fitting, la Fondation Maurice Béjart soutient le Béjart Ballet Lausanne.

Créée en 2007 par le chorégraphe, la Fondation

Maurice Béjart veille à la protection du nom « Maurice Béjart » et gère les droits de propriété intellectuelle de son œuvre. Elle soutient financièrement le Béjart Ballet Lausanne et accorde des bourses à trois danseuses stagiaires.

Depuis la rentrée 2016, elle finance l’intégralité du plan santé du BBL qui met à disposition de toutes les danseuses et tous les danseurs de la compagnie un suivi médical préventif sous la conduite de médecins, de spécialistes de la médecine du sport et de thérapeutes.

CONSEIL DE FONDATION

Présidente

Mme Renée Auphan-Fitting

Membres

Mme Carla Heuvelmans Perret

Mme Anne Hebeisen

Mme Marie-Claude Jequier

M. Michel Pierre Glauser

M. Stéphane Lagonico

M. Jean Lermier

M. Hugo Vergez

Secrétaire de la Fondation

Mme Marie-Thérèse Jaccard

CONTACT

Fondation Maurice Béjart

Avenue du Léman 2

1005 Lausanne

Tél. +41 79 417 55 25 info@maurice-bejart.ch maurice-bejart.ch

68

Fondation Béjart Ballet Lausanne

La Fondation Béjart Ballet Lausanne a pour buts l’accueil et le fonctionnement du BBL ainsi que la promotion d’activités en relation avec la danse.

CONSEIL DE FONDATION

Président par intérim

Vice-Président

M. Grégoire Junod

Membres

M. Yves Braunschweig

Mme Anne Hebeisen

M. Pierre-Antoine Hildbrand

M. Philippe Kenel

M. Michael Kinzer

M. Hugo Vergez

M. Marc Zolliker

Présidents d’honneur

M. Peter Berger

M. Jean-Paul Maire

M. Jean Pierre Pastori

Mme Solange Peters

CONTACT

Fondation Béjart Ballet Lausanne

Ch. du Presbytère 12

1004 Lausanne

Tél. +41 21 641 64 64 admin@bejart.ch bejart.ch

69

HOLMES PLACE PREMIUM FITNESS CLUB

LAUSANNE

CHAQUE CHOSE QUE NOUS FAISONS CHEZ HOLMES PLACE EST DESTINÉ À VOUS RENDRE SÈANCE DE SPORT PLUS AGRÉABLE, À COMMENCER PAR NOTRE SITUATION CENTRALE DANS LE BÂTIMENT GLOBUS, AINSI QUE LA MISE À DISPOSITION D’UN SET DE LINGE ET DE PRODUITS DE SOIN.

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Prévention santé

Financé par la Fondation Maurice Béjart, un plan réunissant une équipe de spécialistes multidisciplinaires offre un encadrement complet et spécifique aux danseuses et danseurs du Béjart Ballet Lausanne.

Les artistes, au même titre que les sportifs d’élite, méritent un encadrement complet et une prise en charge spécifique. Grâce à la Fondation Maurice Béjart, le Béjart Ballet Lausanne peut offrir à ses danseuses et danseurs, sous la direction du Dr Cuttat, un Plan de prévention santé ambitieux à ses danseuses et danseurs. Ce plan réunit les compétences du Centre Enmouvement dirigé par Véronique Lugrin, les services du groupe Hirslanden ainsi que les compétences des D rs Borloz et Chollet, tous deux médecins du sport accrédités auprès des cliniques Hirslanden Cecil et Bois­Cerf.

Comme pour d’autres disciplines de haut niveau, le risque de blessure est élevé dans une compagnie professionnelle : 82 % des danseurs subissent entre une et sept blessures au cours de leur carrière. Le pied et la cheville sont les sites les plus fréquents (40 %), suivis par le bas du dos (17 %) et le genou (16 %) 1 .

Ces indisponibilités touchent inévitablement les répétitions et les représentations. Afin de pallier les risques de blessure et d’optimiser la prise en charge de ces dernières, le Plan santé offre un encadrement multidisciplinaire où chacun articule ses compétences autour du danseur. Le danseur, le chorégraphe, l’équipe médicale soignante (médecin du sport, physiothérapeute, ostéopathe, massothérapeute et chirurgien) et l’équipe paramédicale (préparateur physique, psychologue et nutritionniste) doivent collaborer afin

d’amener l’athlète à exploiter pleinement son potentiel. Cet encadrement ainsi que la centralisation des ressources humaines permettent un gain de temps, d’efficacité et facilitent la communication. Il contribue non seulement à potentialiser les performances des danseurs et à améliorer leur état de santé général, mais aussi, par des mesures de prévention, à augmenter la longévité de leur carrière et à diminuer le risque de blessure.

Le Centre Enmouvement met à disposition ses professionnels du sport et ses infrastructures afin de permettre aux danseurs un suivi et un entraînement sur mesure pour réaliser leurs exercices enseignés par le physiothérapeute et pour accompagner, en collaboration avec le massothérapeute et l’ostéopathe, leurs routines quotidiennes. En cas de blessure, les D rs Borloz et Chollet interviennent dans les plus brefs délais.

Telle est l’ambition du Plan santé : assurer le meilleur accompagnement et soutien aux artistes dans leur travail quotidien. Le Béjart Ballet Lausanne est l’une des seules compagnies semi­privées du monde à pouvoir bénéficier d’un tel encadrement.

Soutenir le Plan santé ? Rens.: j.ellgass@bejart.ch (mention « Plan santé »)

1 J. Dance Med. Sci. 2012 Mar. 16 (1) :17-25. Injuries In Professional Modern Dancers: Incidence, Risk Factors, And Management Shah S., Weiss D. S., Burchette R. J.

71

Le Cercle des Amis

COMITÉ

Président

M. Jean Stalder

Vice-présidente

Mme Sandra Muller

Trésorier

M. Christophe Barbezat

Secrétaire

Mme Marie-Thérèse Jaccard

Membre

M. Olivier Michaud

CONTACT

Chargée de projets

Myriam Genier

Assistante administrative Christel Welsch

Association du Cercle des Amis du Béjart Ballet Lausanne

Ch. du Presbytère 12

CH-1004 Lausanne

Tél. +41 21 641 64 94 cercledesamis@bejart.ch

bejart.ch/partenaires/cercle-des-amis

IBAN: CH73 0024 3243 3996 3501 N

72
Spectacle organisé pour le Cercle des Amis dans les locaux du BBL (Espace Plan_B).

Grâce à leur précieux soutien, les membres du Cercle des Amis du BBL contribuent à l’activité créatrice du Béjart Ballet Lausanne.

— PAR JEAN STALDER

Président du Cercle des Amis du BBL

L’association du Cercle des Amis du Béjart Ballet

Lausanne rassemble des passionnés soucieux non seulement de préserver l’héritage d’un des plus grands chorégraphes de notre temps, mais aussi de favoriser la création de nouvelles œuvres qui viennent enrichir le répertoire.

Les membres du Cercle des Amis du BBL ont à cœur de soutenir les activités créatrices en participant à leur financement, contribuant ainsi à leur rayonnement.

Nous souhaitons offrir aux Amis des moments d’exception et des prestations à l’image de la renommée de la compagnie. Dans ce but, nous organisons de nombreux événements et proposons des avantages exclusifs permettant à nos membres de tisser des liens plus étroits avec la compagnie et de découvrir le quotidien des danseuses et danseurs tout au long de l’année.

Nous remercions chaleureusement les membres actuels du Cercle des Amis du BBL de leur précieux soutien et nous réjouissons d’être rejoints par celles et ceux qui partagent notre passion.

ÊTRE MEMBRE DU CERCLE, C’EST AUSSI

• Assister à des répétitions dans les studios en toute intimité

• Participer à la journée portes ouvertes du BBL pour le Cercle des Amis

• Suivre la compagnie pendant les tournées à l’étranger

• Recevoir la Gazette du Cercle semestrielle

• Profiter de l’accueil et du bar VIP au Théâtre de Beaulieu, à Lausanne

• Pouvoir réserver ses billets 14 jours avant le grand public pour les spectacles au Théâtre de Beaulieu

• Être invité à des événements inédits

• Bénéficier d’un rabais de 10% sur la boutique en ligne du BBL

• Une mention nominative dans le programme Cadanse et sur le site internet du BBL

LISTE DES CATÉGORIES

Ballerine junior (moins de 25 ans ou étudiants) chf 50.–/an

Chausson d’argent chf 250.–/an

Chausson d’or chf 500.–/an

Chausson de platine chf 1000.–/an

Barre d’argent chf 2000.–/an

Barre d’or chf 5000.–/an

Barre de platine plus de chf 5000.–/an

73 LE CERCLE DES AMIS
W W W . F O N T A N N A Z . C H A N D R É F O N T A N N A Z E T F I L L E S V É T R O Z V A L A I S

BARRE DE PLATINE

Gilberte De Meyer / Fondation Notaire André Rochat

Fondation Préville Émile, Marie et Marcel Favre / The Paloma Picasso Foundation / Yteqam S.A.

Marie-France Bindler / Marie-Laure Meslin / Anke et Federico Perlingieri / Daniela et Pascal Roux / Claire-Françoise et Walter Stresemann / Helga Würbel

CHAUSSON DE PLATINE

Anne et Édouard Argi / Lily Bafandi / Sylvie et Yves Beyeler / Laure Brolliet et Patrick Schwarz / Pascal Buchser / François Cadosch / Irène Chaubert / Kikou et Patrick de Balthasar / J. & M. Dizerens SA / Isabelle et Serge Gabellon / Christine et Cyrille Gay-Blum / Ralph Gebhard / Peter Geiser / Anne-Claire Givel Fuchs / Michèle Harrop / Intervalle C.-E. Wilhelm / Martine et Philippe Kenel / Carmela Lagonico / Brigitte Lescure / Françoise Longchamp / Vlasta et Christophe Mercier / Béatrice Métraux / Valérie et Christophe Nicolas / Isabelle Nicolazzi / Ormendes SA / Frédéric Pletscher / Dominique Radoux / Catherine Reichlin / Bernadette Schindler Velasco / Jacqueline et Jean Stalder / Istvan Szabo / Miki Takeuchi / Christine Vuagniaux / France

Viviane Authier / Odile Batty / Annick et Peter Berger / Catherine Biner Bradley / Chantal Bloch Desorgher / Yves Braunschweig / Lauriane Bridel / Nathalie Büchler / Etienne Chatagny / Martine Chiaradia / Doris Cohen Dumani / Alexandra Cook / Anne Dao-Sickert / Frédéric Davier / Danièle et Jean-Jacques De Chanteloup / Daniel Decleyre et Béatrice Binetruy / Franco et Françoise Del Pero / Hildegard Dossenbach / Isabelle et Daniel Fauchez / Sylviane et Bernard Firmenich / Antonietta George / Christine et Michel-Pierre Glauser / Catherine Gouget / Jennifer Greilsamer / Yva et Michel Gros / Patricia Hatch / Anne et Philippe Hebeisen / Barbara et Roger Herren / Isoz Bonadei / Yvette Jaggi / Nishida Kazuko / Monique Kramer / Beth Krasna / Michèle et Olivier Maus / Andreane et Jean-Marc Meier / Sandy Menoux-Ciocca / Vera Michalski / Françoise Müller / Sandra et Olivier Müller / Jean-Pierre Papazyan / Josette Perrin / Rose-Marie Repond / Marianne Reymond / Elisabeth Mô et Francis Scherly / Thierry Schiffmann / Christine Schläfli / Claude Senly / Catherine Sonolet / Véronique et Alain Soulier / Christiane Steck / Yvonne et Raymond Steck / Marie-Louise Stoffel / Renée Streuli / Ayako Suzuki / Chantal Tedeschi / Laurence Villard / Andreas Wagner / Adrian Zurbriggen

CHAUSSON D’ARGENT

Laurence et Chahin Achtari / Rita Akkayan / André Amiguet / Pia-Maria Anderson-Gamma / Brigitte Arthaud / Delphine Arvengas / Mélanie Badoud / Sibylle et Yves Baillod / Annah Lena Bär / Christophe Barbezat / Isabelle Barrault / Dominique Benoît et Joël Colon / Charlotte Biedermann / Mirka Binggeli / Michèle Bonnard / Petra Bratfisch / Dominique Brustlein-Bobst / Janine Buche / Emmanuelle Bugna / Claude et Jean-Hugues Busslinger / Pascal Butty / Viviane Cagneux / Sabrina Campana / Elvira Carenini / Yolande Cassigneul / Jacqueline Chanel / Sylvie et Jean-Michel Chauveau / Valérie Chavez / Carole Choisy / Maryline Clerc / Florence et Rémi Collignon /

75 LE CERCLE DES AMIS

Afin de proposer des contenus adaptés aux besoins de nos audiences et une nouvelle lettre d’information hebdomadaire le samedi.

agefi.com

Sabine Corminboeuf / Alain Cosandey / Elisa et Raoul Cruchon / Claire Dasen / Mariadele De Goumoëns / Michèle De Preux / Nicolas De Quay / Annick Décoppet / Eliane Den Os / Carole Dessaux / Liliane Drollinger / Christiane Dutoit / Marie-Christine Dutoit Schalch / Leila Edelmann / Suzanne Eichenberger / Anne-France et Robert Equey / Madeline Felix / Sophie Fourques de Ruyter / Huguette Gardel / Anne-Lise Gétaz Granoli / Luc-Régis Gilbert / Micheline Gioria / Soun et Pierre-Marie Glauser / Daniel Gredig / Gérald Gremion / Emmanuella Guenova / Paola Gysin-Doffini / Jarmila Haering / Eduard Helfer / Janine et Jean-Daniel Hostettler / Lesley

Imhof-Laver / Liuna Jung / Layal Kaufeler / Kristina Kessel / Margaret Kings / Martina Knufermann / Catherine Kopitopoulos / Edyta Kubska / Valdone Kupsienè / Stéphane Lagonico / Katarina Langer / Josette Lauener / David Lyons / Martine Mailler / Hélène Maire de Riedmatten / Colin Maltby / Dominique Marty / Maisy Martzen / Michèle Massy / Gilbert Mathez / Emmanuelle Mazzitti-Foglini / Christine Menthonnex / Elke Margarete Menz / Alain Mermoud / Mélanie et Pascal Métral / Catherine Meystre van Bogaert / Jacqueline et Olivier Michaud / Anne et Gianni Moretti / Nicole Mühlemann / Claudine Mützenberg / Violette Niquet / Christiane Nydegger / Anne-Christine Oneyser / Danièle et Pierre Opman / Anastasia Orlova-Sitdikova / Alain Petitpierre / Philippe Pillonel / Colette et André Pugin-Panchaud / Denise Ramel / Maurice Rapit / Olivier et Susana Rau / Gioia Rebstein-Mehrlin / Marie-Laurence Remy / Emilie Richer / Gioia Roccia / Brigitte Rochat / Martine Rognon / Anne Roulin / Frances Ryser / Carole Semon / Nilly Sikorsky / Sandrina Silva Marques / Michel Sordet / Nicole et Olivier Steimer / Marguerite Terrier / Philippe Tschanz / Leila Ungün / Eva Ursprung / Elie et Dominique Vannier-Merlot / Lucienne Vasserot / Catherine Vauclair / Nicole et François Vautier / Maria Velasco / Hélène Veyre-Tschumi / Manuella Vindice / Brigitte Violier / Atalanta Vourecas-Petalas / Judith Webster / Farida Wieland / Diana Wildhaber / Bertrand Willi / Massouma Ziai / Régina Zwahlen

BALLERINE JUNIOR

Elsa Bauwens / Chloé Bertholet / Alexandra Brunner / Céline Bugna / Ornella D’Andrès / Chloé Fee / Justine Heinzer / Noémie Heinzer / Camille Jacquod / Juliette Loesch / Gloria Marazita / Talia Middelmann / Emma Narbel / Zélie Piguet / Emilie Schalch / Fredy Schönenberger / Myriam Sotirov / Alexandra Truffer / Nicolas Truffer / Cassandre Verholen

Et les anonymes…

Liste mise à jour le 30 avril 2024 77 LE CERCLE DES AMIS

Le BBL remercie

SES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS

SES MÉCÈNES

SES PARTENAIRES MÉDIAS

SES FOURNISSEURS

78

DES NOUVEAUTÉS À LA BOUTIQUE

SACS EN TOILE

3 MODÈLES AU CHOIX

25.–

BOUGIES PARFUMÉES FIGUIER / OUD / AMBRE

GRANDE (180 g) 40.– /PETITE (75 g) 25.–

DÉBARDEUR IMPRIMÉ 100% COTON BIO ROSE

29.–

T-SHIRT BRODÉ 100% COTON BIO GRIS, UNISEXE

25.–

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