

‘‘ La place du Val d’Aran a été pendant un temps le nouveau centre. Le maire précédent, Alex Raymond, dans les années 70, décide de créer ce nouveau quartier, très moderne du Val d’Aran. On est à l’époque de l’urbanisme sur dalle des années 60-70 très en vogue. Vous savez, même dans l’urbanisme, il y a des modes. Et là, c’était la mode de l’urbanisme sur dalle. Il va décider que le nouveau centre hyper-moderne, c’est le Val d’Aran. Les plus anciens Columérines et Columérins comme moi s’en rappellent. Le Val d’Aran, c’était une superbe place à l’époque. Il y avait tous les commerces en pied d’immeuble, une fontaine, le fameux pâtissier ‘Latronche’. On commence à être vieux. C’était le nouveau centre. Puis dans les années 80 85, Colomiers poursuivit le développement qui avait été posé dans un plan d’architecte assez ambitieux. C’était l’architecte Viguier qui avait travaillé à l’époque, dans les 60, sur le développement de la ville de Colomiers, qui est ce qu’on appelle une ville nouvelle. Donc s’est construit le centre. C’est ainsi que s’est construit la rue du Centre, là où il y a le super U, le marché le samedi etc. Tout cela s’est créé dans les années 80. On a re-déplacé le centre. Les urbanistes et notamment le cabinet Interland, le cabinet d’étude qui a été missionné pour nous faire travailler ensemble sur le centre ville, vous l’expliqueront. Pour eux c’est une singularité qu’on ne voit nulle part ailleurs : un centre ville qui se déplace trois fois en l’espace de 3 décennies. Du village on est passé au Val d’Aran, du Val d’Aran au plein centre. Et finalement, nous, tout l’enjeu que nous avons, c’est de re-tisser les liens. Comment faire pour que tout cela fasse communauté ensemble ? Quels sont les espaces de circulation à créer pour relier en un seul centre ces trois centres qui se sont succédés au cours de ces décennies. ‘‘
‘‘ A l’époque, pour faire les photos aériennes, il y avait des avions qui passaient et ils arrivaient à faire des clichés. Ça a servi à faire les grandes cartes. Mais à l’époque ils avaient des appareils photos fabuleux. Il fallait que les avions fassent des passages et on faisait des bandes de photos. Il arrivait sur les hauteurs à faire des clichés localisés. ‘‘























Avant d’entamer la lecture, rendezvous sur Soundcloud.com, pour écouter un podcast enregistré par les enfants sur la passerelle du Val d’Aran. Taper ‘J’EMPRUNTE LA PASSERELLE’ dans la barre de recherche et cliquer sur le podcast proposé par l’association Bavard.e.s. Bonne écoute !








‘‘ A une époque, quand on traversait la passerelle, on voyait les jeunes qui faisaient des bêtises. Ils faisaient des feux de bengales. Une fois, j’étais chez le toubib, ils nous avaient balancé une boule puante dans la salle d’attente. C’était quand même des bêtises ! Mais là je n’en vois plus. ‘‘

“ Sur la passerelle, il y a deux gars qui se sont battus. Il y en a un qui a fini en bas dans les buissons. Visiblement, il y en a un qui était sur la passerelle et l’autre en bas. Je prenais le café sur le balcon avec la voisine. Ce n’était pas fun.“









‘‘ Maintenant, il y a presque beaucoup plus de gens qui passent en bas de la passerelle au lieu de passer dessus pour aller à Carrefour Market ou à la boulangerie. Moi le premier d’ailleurs ! Je n’utilise pas beaucoup la passerelle. ‘‘

“ C’est une bonne idée de laisser une sorte de belvédère sur la hauteur dans le nouveau projet. Bon, le coup de la passerelle c’est vrai que c’est un peu vieillot maintenant, c’est sûr ! Puis les handicapés il faut qu’ils soient musclés. Je crois qu’ils font le tour actuellement. “


“ Le problème il est là, c’est qu’il passe beaucoup de monde. Il passe énormément de monde. Vous n’allez pas empêcher les gens d’aller au boulot. Ils habitent partout à Léguevin, Pibrac etc. Tous arrivent par le boulevard, c’est la vie et ils continueront de passer.“
“ Ils vont détruire la passerelle mais les gens qu’est ce que vous voulez qu’ils viennent faire là ? Il n’y a rien. Ils traverseront au niveau de la circulation là en bas en plus. “
“ Normalement avec des passages cloutés si les gens ne vont pas trop vite et qu’il y a des ralentisseurs, les piétons peuvent bien co-habiter avec des voitures.“
‘‘ C’était l’époque du tout voiture oui ! Il n’y avait pour le piéton que les passerelles ! Par contre il y avait une bonne chose c’est les parkings silos. Il y en a trois, ça fait presque 4000 places de parking gratuites tout le temps. ‘‘

“ Je sais que des agents viennent chaque jour d’hiver mettre du sel dans la descente pour éviter que certains se ramassent parce qu’elle gèle mais elle reste une sécurité pour tous les piétons.”


“ Je voyais les gosses du collège qui vont à la piscine. Ici c’est vraiment sécurisé pour les piétons et pour tout le monde quoi.“





‘‘ -Mais où est le Super U ??




- Il y a avait rien encore et en plus c’était pas un super U mais un Euromarché.
- Il faut traverser la passerelle pour rejoindre Super U! ‘‘
passerelle‘‘ - Mais maman, qu’est ce qui a fait que d’un coup tout s’est décalé de l’autre côté du boulevard ? Parce qu’il n’y avait pas la mairie ni rien !
- Bah il y avait l’Euromarché. En fait, avant, il y avait le vieux Colomiers, le Val d’Aran et entre les deux c’était la campagne et ils ont voulu relier ça et en faire un centre élargi. A part que, entre le Val d’Aran et le centre actuel, il y a le boulevard qui crée une barrière physique gommée par la passerelle mais sans plus. Surtout avec ce qu’on appelle une locomotive commerciale qui s’est installée dans le centre qui était Euromarché à l’époque avant le Super U qui a drainé du monde. Autour se sont installés des gens comme Colofrais, il y avait les surgelés, les boulangers et tout ça. Donc, en fait, on avait tout ce qu’il fallait rue du Centre. Il n’y avait aucune raison de revenir au Val d’Aran. Lier les deux ça n’a pas marché parce que ça faisait doublon avec le Val d’Aran mais il n’y avait pas assez de gens pour acheter partout. ‘‘

‘‘ - Beaucoup ont arrêté les commerces à cause de la création de la passerelle et de la rue du centre. Les gens ne sautaient pas après la passerelle.
- Oui, ça a été la mort du Val d’Aran.
- La passerelle et la création des commerces de l’autre côté, oui ! L’un n’allait pas sans l’autre. Nous, commerçantes, on a vécu des années très difficiles quand ils ont ouvert ce passage. La passerelle a fait barrière. Nous, on a ouvert une boutique dans la rue du centre qui servait un peu de déco parce que les outils étaient dans l’atelier du Val d’Aran.
- Et oui, nous, dès lors que Colofrais a monté sa structure, on a du arrêter. C’était un concurrent proche et immédiat.
- Oui puis la passerelle ça a été le gros blocage, mon mari m’a dit qu’on ne pouvait pas rester là. Et on est partis faire affaire ailleurs. ‘‘
“ Quand on a visité la place, tout le monde expliquait qu’ils aimaient conserver la passerelle.“




‘‘ On est dans un quartier qui est proche du centre ville. On est dans un quartier qualitatif où il y a des services publics, des transports en commun etc. ‘‘

‘‘ Avant c’était une fourmilière cette place. ‘‘



‘‘ Sur la place, c’était des dalles de béton un peu gravillonnées. Quand on passait avec les patins à roulettes, ça résonnait et les gens du dessus ils criaient. Parce que, quand on faisait du patin, il y en avait un qui faisait du vélo et on étaient tous accrochés derrière avec les patins. Ça faisait un train de dix personnes. Avec le parking dessous ça résonnait, les gens là haut ne nous supportaient plus. Après on a arrêté les patins et on jouait au foot. Les passages dans les bâtiments nous servaient de buts. Les gens qui étaient garés derrière étaient fous ! ‘‘




‘‘ - Après ils ont fait tout le sous-sol, j’y ai laissé les dents.
- Le jour du mariage de sa cousine ! Il a décidé de descendre en patin à roulettes les yeux fermés.
ennousservaientdepistepourpatinsàroulettesetautresskateboards.On abousillédespantalons!Onrentraitlesgenouxensangetnosmères joueràcache-cachedansleparkingsouslaplacedontlesrampesd’accès bateauxdenotreconfectionsurlebassin.Onpassaitdesaprès-midià AveclescopainsdelacitéGascogne,nousfaisionsnaviguerdespetits


- On avait l’habitude ! On le faisait accroupis les yeux fermés ! Comme il y avait les joints de dilatation, on entendait le clac-clac donc on savait ce qu’il fallait pas faire. Sauf que cette fois je suis parti après le premier joint de dilatation, ça a décalé et PIM j’ai pris l’angle du poteau. J’ai la cicatrice d’ailleurs et les fausses dents.
- T’es allé aux urgences ?
-nousréparaientçaavecunronddecuir. pantalons.Etj’yaimêmelaissélesdentsenplusdes -OuijemesouviensdetonsourireenV…’’
- Non, à l’époque c’est C. qui m’a recousu à vif.
- Il t’a reçu avec la clope au bec ?
- Et Eric est revenu et il avait récupéré les dents qui étaient plantées dans le pilier.
- Et deux heures après, il enfilait le costume pour aller au mariage ensanglanté.
- Ce parking, c’était un mystère, il n’était pas affecté encore. Il n’y avait pas de voiture. On pouvait rentrer mais c’était noir.
- La gendarmerie gardait les mobylettes. On stockait les vélos, les solex, les mobylettes. ‘‘
“ - L’ été, enfants, nous nous baignions dans le bassin tous ensemble. Que de bons souvenirs !

- Tu étais jeune fille quand je suis arrivée dans le quartier donc je ne t’ai pas vu faire des bulles dans le bassin à poissons ! Dommage !
- Moi non plus je ne t’ai pas vu faire trempette !
- Oh non, tu risques pas, j’ai peur de l’eau.

- On en a mis plus d’un dans le bassin !
C’était les années 70, les années du bonheur et de la joie de vivre à Colomiers.
On s’en rend compte aujourd’hui.
- C’est sûr ! Le bassin été le lieu des copains de la cité Gascogne et autres !
- Le grand bassin, nous parfois on se battait à celui qui allait réussir à faire le tour en vélo sur la marge ! “
la place Val d’Aran
‘‘ Oh mais regardez sur la photo ! C’est ma sœur et moi ! Je nous reconnais ! J’étais toujours à cet endroit ! J’ai toujours eu les cheveux longs et je reconnais la coupe au carré de ma sœur ! Je vais raconter mon histoire ! Il y avait un bureau de tabac et c’était le lieu de réunion de tous mes copains motards qui venaient s’acheter des clopes. Et nous, les filles, on était assises là un peu plus loin. On attendait de se faire draguer par la horde de bonhommes qui allaient acheter leurs cigarettes. Ils allumaient leurs motos et ils arrivaient devant nous VROUM comme ça ! Nous on était assises et ils savaient freiner à la hauteur de nos genoux. Moi depuis longtemps, je traînais avec des garçons. Je suis la troisième fille d’une fratrie où mon papa voulait un garçon alors j’ai été un peu garçon manqué. Un jour, je profite que Richard s’achète des cigarettes pour démarrer sa moto et aller voir mais copines en criant “J’arrive”. Sauf que moi je n’ai pas su m’arrêter. J’ai fini dans le bassin. La moto pliée en huit et Richard qui voit sa moto cassée. Il arrive vers moi, il m’attrape : “ T’as intérêt de me la payer ! T’as intérêt à me la payer !! ”. Comment je fais ? J’ai à peine quatorze ans. J’ai pas d’argent. Comment je peux payer sa moto ? Comment je vais rentrer chez moi et comment je vais le dire à mes parents ? Nous, on n’était pas des gens argentés. Je n’avais pas d’argent de poche. J’avais la trouille de me faire tuer par mes parents puisqu’il fallait que je rembourse la moto de Richard. Ce que j’ai fait, c’est que j’ai rien dit à mes parents et que j’ai dit à Richard “ Laisse moi deux mois, je m’en vais travailler au marché. Je vais vendre des fraises, je vais distribuer les journaux. Je vais bosser comme une malade.” Et un jour j’arrive, je donne l’argent à Richard et je lui dis : “on est quitte, on n’en parle plus” . Parce qu’en plus, il sortait avec ma sœur. Ma sœur m’en voulait, enfin le bordel ! En donnant l’argent de ma dette, il y a une histoire philosophique derrière. Et ça va me faire devenir la professionnelle que je suis. Je vais apprendre aux délinquants, puisque je m’occupe des délinquants, que ça sert à rien de voler parce que tôt ou tard on paie. J’apprends, pour moi même, que si je suis capable d’aller bosser pour rembourser, je peux tout à fait, m’acheter ma propre moto, ce que je vais faire par la suite. Cette anecdote va asseoir ma carrière professionnelle et à chaque fois qu’un délinquant va me voler un truc, je lui raconte mon histoire. Je lui dis “ Tu n’as pas l’impression d’être un con ? Tu vas être enfermé en prison, tu vas te priver de cette si belle liberté parce que tu n’as pas osé aller travailler ? ” Et c’est Yves, qui va m’apprendre à conduire. Je suis toute émoustillée parce qu’il a une 500 Yamaha. Un jour, il va me dire monte derrière moi. On tombe amoureux quand il me dit “Est ce que tu veux essayer de conduire ?”. Et on reste ensemble jusqu’à ce que j’aille bosser à Paris et que ce couillon il rencontre quelqu’un. [Rires] Ah mais, c’est pas vrai, c’est moi ! Regardez sur la photo ! C’est ma sœur et moi ! Je nous reconnais ! J’étais toujours à cet endroit ! J’ai toujours eu les cheveux longs et je reconnais la coupe au carré de ma sœur ! C’est fou ! ‘‘
‘‘ - Avant, d’avoir la voiture dans le parking, c’était un signe de richesse. Ton père garait l’Ariane là, non ? - Oui, puis celle où j’ai appris à conduire. Il commençait à y avoir un peu de délinquance mais papa n’ avait pas peur de ces jeunes-là ! ‘‘

‘‘ Après, il y a eu la suppression des bassins. Il y avait les supermarchés et on retrouvait les caddies dans le bassin et les parkings. Les parkings dessous, ils les ont supprimés. Moi je me garais là quand j’allais travailler, puis après ils ont interdit les accès. Ça a été ré-ouvert après ! ‘‘
‘‘ Nous de l’appartement, on regardait les deux qui avait acheté les Yamaha blanches. Quand ils descendaient, ils le faisaient en Y sur la roue arrière. On allait voir les motos quand ils les garaient derrière avec Éric. On a vraiment grandi dehors alors les souvenirs sont communs. Les jeunes aujourd’hui ils grandissent plus dans leur maison. Nous, les parents, pour nous appeler, ils nous sifflaient au balcon et on montait. Et on montait au premier sifflet, tu n’attendais pas le deuxième. ‘‘

Génération 1 ‘‘ - Que c’était bien d’élever les enfants sur la place du Val d’Aran ! Ils avaient la liberté totale. Ludivine a beaucoup joué avec Xavier mais ils étaient nombreux ! Mes aînés aussi ont beaucoup joué !
Génération 3
- C’est ce que disait Tita ce midi, que les enfants étaient sur la place et qu’elle regardait à travers le balcon, par la fenêtre, elle vérifiait, quand maman était en primaire et au collège.
Génération 2 - On circulait à vélo, il n’y avait pas de voiture à l’intérieur du quartier. On me donnait le sous et j’allais acheter le pain.
Génération 1 - Il y avait l’esprit tranquille. On jetait un œil mais ce n’était pas une surveillance de tous les moments.
Génération 3
- Mais si tous les parents étaient en haut ? Qui vous surveillait en bas ?
Génération 1 - On jetait un œil, on les avait sous la main mais ils étaient libres. Il n’y avait aucun risque honnêtement. J’ai eu trois enfants, les trois ont joué sur la place.
Génération 2 - On a vécu dans une liberté que vous n’avez jamais connue. Nous on jouait dehors; il n’y avait pas de risques, ni les problèmes de maintenant. Après, c’était cadré, c’est-à-dire que papa et maman me fixaient une heure à laquelle rentrer. On n’errait pas non plus toute la journée comme des sauvages.
Génération 1 - C’est important ce qu’elle dit ! Il y avait beaucoup plus de liberté que pour les enfants maintenant.
Génération 2 - Bah oui moi j’ai jamais fait ça avec mes filles, je les ai jamais lâchées.
Génération 1 - Peut-être qu’il y avait moins de TV ou de numérique aussi. A la TV, on avait 3 chaînes maximum.
Génération 2 - Oui. On était beaucoup dehors en patins à roulettes, en vélo, entre amis. ‘‘
‘‘ Moi je suis née en 98 et j’étais à l’école à côté de Jules Ferry. Le quartier Val d’Aran c’est un quartier que j’ai connu plus tard où c’était la cité où il ne fallait pas aller. Ça détonne vraiment avec le discours de ma grandmère. D’ailleurs, tout à l’heure, elle en parlait encore. Elle raconte que tout le monde était dehors, que les enfants jouaient dehors, c’était un quartier hyper vivant et tout. Et moi, quand c’est arrivé à ma génération c’était un peu moins le quartier où on laissait des jeunes filles se balader ou ce genre de chose. Mes copains habitaient làbas : c’était vraiment très pauvre à l’intérieur des logements, un peu miteux. Nous, on faisait partie d’une politique de mixité sociale ou un truc comme ça donc on habitait dans un quartier pavillonnaire vers le lycée Victor Hugo. Ça m’a permis de croiser des gens que je n’aurais jamais croisés dans la vie et qui sont toujours mes copains d’enfance que je vois. ‘‘

‘‘ Je suis au 11 bis moi, j’ai de la chance je vais rester. Ils coupent juste ici. Je ne voulais pas partir mais si ils m’avaient obligé je serais parti. Je suis arrivé dans les années 80. Je fais partie du conseil citoyen encore maintenant,

malgré mes 90 ans. Avant il y avait les drogueurs ici. C’était infernal mais maintenant ça s’est calmé. Ils sont partis parce que les gens déménagent. Le parking est presque vide alors ils sont vus. Avant, ils étaient camouflés par la population. Avant, ils rentraient dans le hall, on ne pouvait pas passer dans les escaliers. Mais maintenant c’est terminé. Parfois, le matin quand je me levais il y avait les matelas par terre, ils couchaient là. Ils arrivaient avec les chaises et les divans puis ils laissaient tout. Dans les années 80, il y avait davantage d’animations, maintenant il n’y a plus rien. Après, on n’est pas loin des commerces, on a tout ici. “

‘‘ Le toboggan, il est resté là au moins 30 ans parce que je jouais dessus quand j’étais petite. J’ai joué j’avais 5 ans et mes gamins ont joué sur le même toboggan. Après, ils l’ont viré et ils ont mis un jeu qui a duré 6 mois et ils ont tout viré. C’est dommage parce qu’il y a plus rien pour les gamins. ’’
“ Je connais plein de gamins dans le quartier, je fais la baby-sitter. Je descends avec des craies et tout le monde descend des barres. ’’
jusqu’à la place Val d’Aran
‘‘ - Du balcon on voyait la fête foraine.




- On allait à la fête avec cinq francs en poche et des tickets demi-tarif distribués par les commerçants du Val d’Aran et on y passait une grande partie de la journée.
- C’est vrai et tous ces artistes qui sont venus ! C’était une vraie fête !
- Oui, à part Sylvie Vartan qui s’est faite huer tellement elle chantait mal en direct. ”
Fig 42 Fig 43 Fig 44 Fig 45‘‘ - Lors de la fête foraine, tous les commerçants du quartier avaient des bons de réduction. Quand on allait les voir, ils donnaient les bons demi-tarif. Nos parents nous donnaient 5 Francs ou 10 Francs et avec ça on passait l’après-midi entier. Et quand on allait là-bas, il y avait pas la passerelle. La fête foraine était là où il y a la mairie actuellement, où on jouait sur le terrain de foot. Il y avait le Kin’hu, le garage Citroën et derrière une station service Fina. En contrebas, il y avait un terrain de sport et il y avait des concerts. Il y a James Brown qui est venu chanter là. On a dansé sur ‘Sex machine’ ! Chaque année, à la fête, il y avait un concert gratuit. Une année, il y a eu Sylvie Vartan, elle s’était faite insultée parce qu’elle chantait comme une brêle. Il y a eu Johnny Halliday, Gérard Lenormand et ACDC, Madness, les Rollings Stones, Lou Reed, Maxime Le Forestier. Parfois les concerts étaient au Hall Comminges. Je suis tombée amoureuse encore ! J’étais tellement éprise de Gérard Lenormand que je lui ai fait un courrier. Je lui en veux encore de ne pas m’avoir répondu.

- Ah pas de moi ? Non toi ça vient après !
- Chaque année, on avait deux ou trois artistes qui venaient gratuitement. C’était pas un concert de deux heures chacun mais quelques chansons.
- Après, il y avait un groupe local qui s’appelait Block 24 qui joue encore. A l’époque c’était un jeune qui avait un handicap. C’était quelqu’un qui pouvait prendre n’importe quel instrument et en 10 secondes il savait jouer l’instrument. Il jouait avec eux en remplacement, une fois à la batterie, une fois à la guitare.
- Pink Floyd c’était à Toulouse, on est parti à pied de Colomiers et au retour on en pouvait tellement plus de marcher, qu’on s’est arrêté à l’Euromarché on a piqué les chariots et on est rentré. ‘‘

‘‘ À l’époque il y avait plein de fêtes à Colomiers. Il y avait la fête des vendanges, la fête Nationale et le carnaval qui faisaient toute l’ambiance de Colomiers. Maintenant, il y a la fête locale mais à mon âge, sortir le soir quand il fait nuit, je n’ose pas trop. Parfois, je vais au cinéma. Madi Mesplé, la grande chanteuse d’opéra venait de Colomiers, quand elle chantait pour les fêtes locales tout le monde se moquait d’elle. Mais maintenant, avec les anciens de Colomiers, quand on se voit, on est fiers. ‘‘


“

- Que de beaux souvenirs ! J’étais enfant, je courais partout sur cette place, on allait se cacher au 1er étage derrière les plaques de plexiglass bleues. On sautait d’un coin à l’autre du bassin et quelquefois on tombait à l’eau ! Les bonbons chez ‘Galinier’ ou au bureau de tabac ! Les gâteaux de chez ‘Latronche’ ! Les petits bassins devant l’assurance ! Le marchand de maquettes et aéromodélisme ! Une enfance vraiment heureuse !
- Quand j’attendais, Mme Latronche me donnait des petits gâteaux pour me faire plaisir et si tu étais petite, il y avait toujours des sucettes pour toi ! “



“ - Je suis arrivée à Colomiers en mai 1971. La place du Val d’Aran était plus que sympa, très attrayante. Nous avions tous les commerces : boucherie, charcuterie, primeur, poissonnier, boulanger, excellent pâtissier, fleuriste, chaussures, vêtements enfants et adultes, coiffeur, pharmacie, maison funéraire et j’en oublie ! Il y avait une supérette Casino. Au milieu de cette place, une magnifique pièce d’eau avec jets.
- Je me rappelle du propriétaire du tabac presse, Louis P. , arborant une superbe barbe !
- Les excellents gâteaux de la pâtisserie
- À l’époque ma fille était dans la classe du petit fils Latronche et la grand-mère les appelait les petits fiancés. C’était il y a 33 ans.
- Je me souviens du pâtissier ‘Latronche’ et de son gâteau au citron meringué ! Ça devait être dans les années 80.
- Les gâteaux de chez ‘Latronche’, une tuerie ! Le bassin carré au milieu de la place ! On s’amusait à en faire le tour en marchant sur le bord. La boutique ‘Betty Flor’, fleuriste, le magasin pour enfants, le boucher ‘Labatut’, la charcuterie ‘Fédélé’ et ses vol-au-vent inoubliables...

- L’adorable couple ‘Fédélé’ !
- Les gâteaux Russes de chez ‘Latronche’, le pâtissier, un délice !

- Et la boulangerie, elle était à l’endroit de la Parisienne, dans le recoin.
Je le sais parce que ma mère sortait avec le neveu originaire et maintenant j’y vis.
de la boulangère.
- La vitrine austère des pompes funèbres.
- Le poissonnier ! Sa boutique s’appelait ‘La méditerranée’ et sur la vitrine il avait fait peindre un chalutier du Guilvinec, dans le Finistère, on en avait bien ri avec lui à l’époque ! Mon ex mari en est


- Il y avait aussi la boulangerie, mon fils y avait fabriqué du pain



- On allait pêcher à la briqueterie et après on mettait les poissons dans le bassin.


- Mon père avait pêché une tanche dans la Garonne et on l’avait mise dans le bassin
... pour y trouver mon bonheur
- Il y avait la banque Caisse d’épargne aussi, bien plus tard c’était une animalerie avec des serpents reptiles etc.
- L’animalerie s’appelait ‘Chien cool’, ma fille allait souvent les aider !
- Si mes souvenirs sont bons il y avait un magasin de jouets à côté du fleuriste j’y achetais des maquettes d’avion.
- Le pressing ‘Netto’ , la mercerie...
- ‘Netto’, je m’en rappelle, c’était le pressing et il me semble que le fils Netto était avec nous à l’école.

- Et le salon de coiffure ‘Raymonde’ où on se faisait faire la coupe avant d’aller en boîte au ‘St Nicolas’.

- Que de souvenirs !
Quelqu’un se rappelle de comment s’appelait le magasind’électroménager, luminaires, disques et autres objets de bricolage? Ilétait sur la place, juste après la magasin de prêt-à-porter qui était aprèsle fleuriste. C’était vraiment au tout début.
- Au Val d’Aran, il y avait aussi chez ‘Bettina’, un magasin de sousvêtements, tenu par Violette et sa maman je crois ! Puis il y a eu l’esthéticienne et aussi M. Germain et son pressing, la caisse d’épargne avec au guichet un monsieur très grand (ou j’étais petite peut-être ) et avant les pompes funèbres il y avait un magasin de chaussures !

- J’allais y faire mes courses tous les jours dans les années 1985. Vous aviez un poissonnier, un charcutier, un boucher, une boutique cadeau, une pharmacie, une petite supérette, un boulanger, une super pâtisserie. C’était très vivant. Il y avait la fontaine, là. Les gamins faisaient du vélo. Il y avait la bibliothèque aussi.

- De ce côté là, il y avait le coiffeur, un magasin d’animaux, il y avait un magasin de papiers peints, il y avait une banque. De l’autre côté, c’était plein. Il y avait la pâtisserie. Il y avait une dame qui tenait un magasin pour les bébés, c’était assez grand. Après il y avait l’assurance, le bureau de tabac. Il y avait tout quoi. Il y avait du monde ici les jours de marché.
- Il y avait la pharmacie. Là, un magasin de meubles, après c’est devenu un truc de politique. Les boutiques, j’en ai connu. Là c’était ‘Latronche’, la pâtisserie où on a fait faire les gâteaux pour les communions de mes enfants.

LE MOT DE MADAME LE MAIRE
L’histoire urbaine de Colomiers est celle d’une ville neuve. Le quartier du Val d’Aran a été construit progressivement dans les années 70. Il constitua alors pendant deux décennies le nouveau centre de Colomiers avant que celui-ci ne se déplace vers le centre-ville actuel que nous connaissons aujourd’hui.
En proposant d’accompagner l’opération de rénovation urbaine du quartier du Val d’Aran par une résidence d’artiste, l’intention de la municipalité était de donner la parole aux habitants sur ce que fut et sur ce qu’est aujourd’hui le quartier Val d’Aran. Lison Domé et Hugo Leprince, membres du collectif Bavard.e.s, accompagnés dans leur démarche par le Pavillon Blanc Henri-Molina et la Maison Citoyenne du Val d’Aran, livrent avec ce fanzine une création qui fera date. Ecrit avec les habitants, il rassemble des paroles et des images souvenirs, mais aussi se fait l’écho de nouvelles attentes. Qui ne se souvient pas du pâtissier Latronche installé sur la place? Qui n’espère pas retrouver cette vie urbaine de proximité qui faisait le charme du Val d’Aran ? C’est tout le sens du projet de rénovation actuel : il redessine les circulations douces et les dynamiques qui permettront de relier le Val d’Aran au Plein centre. Durant l’automne, les artistes ont ainsi arpenté le quartier, collecté les mémoires, tissé des liens avec les habitants. La culture prend ici tout son sens ; c’est elle qui lie les Columérines et les Columérins entre eux. C’est leur culture qui s’exprime et les fait exister, c’est enfin la culture qui redonne au Val d’Aran le visage qui est le sien. Aussi, alors même que les deux artistes sont architectes de formation, ce n’est ni une construction ni une peinture qui finalise leur résidence et fait le portrait du Val d’Aran : c’est un fanzine, une création à la frontière du livre et de l’art, un véritable outil de mémoire crée par et pour les habitantes et les habitants.

Je vous souhaite à toutes et à tous d’avoir le plaisir de découvrir et de revivre parmi ces quelques pages l’évolution d’un quartier qui m’est cher et dont l’histoire est majeure pour la ville de Colomiers. Bonne lecture !

Chères lectrices, Chers lecteurs,
Nous sommes Lison et Hugo de l’association Bavard.e.s. Ensemble, nous sillonnons l’hexagone afin de collecter les récits d’espaces vécus, tout en proposant des initiations à des techniques d’expression et de création dans le but d’une recherche sur les transformations du territoire.

Voilà deux mois que nous explorons le quartier Val d’Aran à Colomiers, invités en résidence dans le cadre du renouvellement urbain du Grand Val d’Aran et de la politique de la ville. Pour cela, nous avons tendu l’oreille, les stylos ou les pinceaux pour collecter les histoires liées à la passerelle Val d’Aran et son environnement proche. Nous avons ainsi plongé dans les quotidiens d’un quartier ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine), à l’aube des premières démolition.
Notre travail de terrain nous conduit à vous livrer un fanzine, qui matérialise une analyse sensible de la vie du quartier. Composé de témoignages, il est à interpréter à la fois comme un journal intime, comme un récit ou comme un documentaire qui retrace l’histoire de celles et ceux qui habitent ou ont habité le Val d’Aran. Ce livret n’est en aucun cas exhaustif mais nous savons que les expériences communes et personnelles s’entremêlent, et nous espérons que chacun se retrouve quelque part à la lecture de ce recueil. Les histoires que vous lirez traversent les temps depuis la création du quartier dans les années 70. Il s’aventure parfois dans les imaginaires. Pour vous permettre une parfaite immersion dans le quartier, nous avons décidé de retranscrire les anecdotes telles qu’elles nous ont été livrées, sans les lisser, afin qu’elles traduisent une culture brute.
Nous avons organisé notre collecte en cinq parties qui composent une phrase équivoque questionnant la notion d’habiter dans le quartier Val d’Aran. Voici les clés pour peut-être mieux comprendre la composition du fanzine. (À celles et ceux qui voudraient l’interpréter à leur guise reprenait la lecture à la prochaine ***).
Le texte d’introduction (p.3) est issu du discours de Mme Karine Traval-Michelet lors de la restitution publique de la concertation participative au cinéma Le Central, le 05/10/2021.
Chapitre 1 : J’emprunte la passerelle ...
Recueil d’anecdotes en lien avec la passerelle, autour du jeu, de sa traversée, des enjeux de sa construction et de sa démolition.
Chapitre 2 : ... jusqu’à la place Val d’Aran ...
Recueil d’anecdotes retraçant les mutations de l’espace public qu’est la place du Val d’Aran; entre nostalgie d’une enfance joyeuse et dégradation de la qualité des espaces.
Chapitre 3 : ... pour y trouver mon bonheur ...
Recueil d’anecdotes autour de l’attractivité du quartier, due aux commerces principalement, ainsi qu’aux établissements publics et aux associations.
Chapitre 4 : ... puis je retourne d’où je viens ...
Recueil d’anecdotes autour des raisons des arrivées des premier.e.s habitant.e.s du quartier, puis de leur départ et parfois de le retour.
Chapitre 5 : ... sans emprunter la passerelle.
Recueil d’anecdotes d’une vie sans passerelle corrélant les discours sur sa future démolition et les histoires d’avant sa construction.
***
Il existe plusieurs annexes à ce fanzine qui permettent aux histoires de s’extraire sous différentes formes et reflètent d’autres nuances de la résidence. Nous vous invitons à aller écouter les podcasts ‘J’emprunte la passerelle’ et ‘Le Val d’Aran du futur’ que nous avons diffusés sur le Soundcloud de l’association Bavard.e.s. Aussi, vous trouverez dans cette édition, une affiche sérigraphiée en collaboration avec Jeanine Pol de l’association Léo Lagrange, représentant les cartes postales du Val d’Aran réalisées par la classe de CE2-CM1 de l’école Jules Ferry, en gravure sur polystyrène. En fin de lecture, vous pourrez lire les règles du jeu de société co-conçu, avec espièglerie, avec le Conseil Municipal des Jeunes. Ce jeu sera disponible au Pavillon Blanc HenriMolina de Colomiers.
La passerelle couverte pour un temps de mots, symboles d’un ‘‘au revoir’’ de ses usagers, prend des couleurs grâce à l’intervention des élèves de la classe de 5e du collège Léon Blum ainsi qu’à celle de l’ALAE de l’école Jules Ferry. Libre à vous de venir découvrir l’exposition au 5 allée du Val d’Aran, qui, sous la forme d’un cabinet de curiosité, retrace la résidence, les rencontres, les objets, les recherches. Les larges baies vitrées de la façade permettront aux habitant.e.s du Val d’Aran ou aux curieux.euses d’ailleurs de venir plonger dans l’univers d’une résidence de territoire en tout temps.

A plus long terme, nous nous donnons rendez-vous au printemps pour vivre ensemble les premières modifications de l’espace public.
Et puis, si on se donnait rendez-vous dans 7 ans ?
En attendant, vous pouvez nous envoyer des photos des transformations du quartier sur la page Facebook ‘Souvenirs du Val d’Aran’ où vous retrouverez sans doute de vieilles connaissances.
Edition de restitution de la résidence ‘‘ La passerelle bavarde ‘‘ menée du 14 septembre au 13 décembre 2021 au Val D’Aran, à Colomiers par le collectif Bavard.e.s, composé de Lison Domé et Hugo Leprince. Ce fanzine rassemble leur collecte, avec les habitants, de la mémoire du quartier et de la passerelle qui relie le quartier au centre-ville qui disparaîtra dans le cadre du projet de rénovation urbaine.
Cette résidence de territoire a été initiée à l’occasion du projet de rénovation urbaine du Val d’Aran par la Ville de Colomiers avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie Pyrénées-Méditerranée, de la Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée, de l’Agence nationale pour la cohésion des territoires et d’Altéal, partenaires des résidences dans le cadre de la Politique de la Ville. Menée au Val d’Aran, la résidence a été conçue et mise en œuvre en relation étroite entre la Maison citoyenne du Val d’Aran et le Pavillon blanc Henri-Molina, Médiathèque Centre d’art de Colomiers, pilote du projet des résidences d’artistes à Colomiers dans les quartiers de la politique de la Ville depuis 2016.

Direction de la publication : Karine Traval-Michelet Photographies, textes, dessins, paroles : les habitants du quartier Val d’Aran avec les artistes Lison Domé et Hugo Leprince Direction éditoriale et conception graphique : Bavard.e.s - Lison Domé et Hugo Leprince

‘‘ - J’ai travaillé à l’épargne ‘Casino’ en tant que stagiaire. Les patrons s’appelaient Monsieur et Madame Bousious. Ensuite quand j’ai eu 16 ans, j’ai travaillé chez le primeur, et après j’ai travaillé à Euromarché.
- Je me souviens de vous ! ‘‘
‘‘ - Il y avait aussi un magasin de lunettes chez ‘Lamorisse’. Ma maman y a travaillé.
- La mienne travaillait à la mercerie face au petit bassin, chez Mme Verdier. ’’


pour
trouver mon bonheur
‘‘ - Je me souviens aussi de la boutique pour bébés, du tabac presse et du magasin de chaussures qui a été remplacé par des pompes funèbres, il me semble. J’ai connu ce quartier en 1975, et j’y ai travaillé pendant 31 ans à partir de 1982.


- Et avant cela il y avait des champs, où nous construisions des cabanes. La voie ferrée également. Puis plus tard, nous allions faire les magasins.
Je me rappelle du magasin de chaussures et de ‘Baby Layette’. C’était une place très vivante et joyeuse. L’été on jouait avec l’eau du bassin.
- Tu as raison chaussures ‘Savignac’ ! On a dû se croiser ! Moi, c’était cité Gascogne.
- Oui je pense que l’on se connaît. ”
‘‘
C’est le Val d’Aran de jadis ! Quand il y avait ‘Latronche’ et tout ça. La pharmacie était installée sur la place. Il y avait le marchand de journaux, le tabac. Tout ça, ça n’existe plus ! Il y avait le poissonnier. Il y avait un boucher. Les deux étaient très bien. Le poissonnier était curieux. C’était un pied-noir qui avait un accent pied-noir à couper au couteau. C’était amusant. Il y avait une vie là-bas. Maintenant il n’y en a plus. Il y avait une banque, un magasin d’animalerie. Il y avait des assurances. ‘‘

Et mon mari a entraîné les juniors. On jouait à droite à gauche puis on faisait les troisième mi-temps, c’était génial ! On gagnait tout le temps et quand on perdait on allait derrière les buts adverses et hop on soulevait le maillot. On avait trente ans. ‘‘






‘‘



- On reconnaît la cité Gascogne où j’ai grandi, et un petit bout dela piste d’athlétisme de l’école Jules Ferry qui servait de punition àcertains instits dont je tairais le nom qui nous faisait faire des tourset des tours... Même sous la pluie…
- Pas que les instits et le prof de sport alors celui là en a distribué descoups de pieds dans les fesses pour nous faire monter à la corde…
- Sauf qu’il officiait à Léon Blum si mes souvenirs sont bons... À Jules Ferry,je me souviens que c’était JC S. qui jouait au stade toulousain qui nousfaisait gym.
- Non ! JC est arrivé après. Il n’était pas encore prof mais en formation. À l’école primaire, nous n’avions pas plusieurs instits et c’est souvent nos instits respectifs qui nous faisaient un semblant de gym improvisé. Je me souviens de Monsieur E. qui nous faisait gym en costume marron en velours côtelé. Beurk! Et oui c’était la mode ! Bon peut-être que ma mémoire me joue des tours !
- C’était lui, avec ses grands pieds qu’on prenait dans les fesses si on nemontait pas à la corde ! S. c’était Léon Blum il nous faisait traverser leterrain avec sa marche en canard et si on n’allait pas assez vite on finissaiten position de la chaise contre le mur des vestiaires.
- G. était grand, brun avec une moustache et toujours en survet avec lapoutre apparente non? Je crois que la mémoire me revient. ‘‘
‘‘ - À l’école, il y avait S. en prof de sport et maintenant c’est devenu ungrand joueur de rugby et son fils y joue encore. Et il nous faisait marcheren canard. Moi j’ai été recruté par S. pour jouer au rugby quand j’étais àLéon Blum avec JL Sadourny. Moi ça n’a pas marché mais Sadourny...
- Mais si ! Tu en as fait du rugby !







‘‘ - En fait, je m’aperçois que l’on a tous des souvenirs inoubliables de cet endroit ! On a tous bu une bière au Flanker… C’était le premier bar du quartier, la rotonde bleue avait enfin trouvé sa destination !
- Et fait des parties de baby-foot !
- On s’y est sûrement croisé !
- Sûrement ! ‘‘
‘‘ Moi, je détestais. C’était le vieux PMU où on allait avec notre grand père le matin après avoir fait le marché. C’était que des vieux, ça sentait le tabac, l’alcool. J’étais petite, c’était encore le Flanker. Moi, j’ai pas du tout connu ce que mon grand père et ma mère racontent. Moi il y avait trois Kebabs et c’est tout. ‘‘
trouver mon bonheur

‘‘ Nous, ça fait 40 ans d’amitié et tout a commencé au Val d’Aran. Moi, je suis arrivée en 82 et j’ai intégré l’association des commerçants. C’est comme ça que j’ai rencontré M. G., que j’ai bien taquiné pendant des années avec la sonnette. On a des bonnes anecdotes ! M. L. nous avait tellement bien vendu sa boucherie et, en fait, c’était pile poil le moment où arrivait Colofrais alors ça nous a mis un peu … Bon, on travaillait très bien ! Mais, à un moment, on s’est dit que c’était plus possible et on est allés faire affaire ailleurs. On a pris les devants. On a préféré partir quand le chiffre d’affaire était au taquet. Et derrière, j’ai vu tous les commerces fermer. ‘‘


‘‘ - Maintenant, il va y avoir le numérique qui va détruire un peu les commerces aussi. Les supermarchés, ils prennent chers là, ils baissent.
- Oui, beh, je ne vais pas les plaindre. On traitait les petits commerçants de voleurs. Nous, on vendait des collants DIM. On en avait avant qu’il n’y ait Euromarché. On passait par le représentant pour s’en procurer. Puis, petit à petit, on sentait bien que le marché du collant ne marchait plus. Donc, on se renseigne et le représentant vient à la maison. Il nous dit que le prix où, nous, on achetait le collant, était plus cher

que le prix où il était vendu dans le supermarché. Et les voleurs c’était nous ! Il faut connaître le système du commerce pour pouvoir en parler. Et oui, ils achetaient d’énormes quantités et ne passaient pas par les représentants eux ! Ils passaient par le circuit direct, avec la maison DIM, alors que nous on était obligé de passer par le représentant et donc avec un intermédiaire de plus à payer. C’est très malin comme système.


- Nous, pour la viande, on ne vendait pas plus cher qu’au supermarché, c’est pas vrai, c’est une idée reçue et ça l’est encore !
- Le vent a tourné pour les commerçants du Val d’Aran le jour où ils ont ouvert le supermarché en 82 je crois. On a tenu bon parce que nous avons ouvert un commerce de l’autre côté. On avait la laverie dans le centre et toutes les machines étaient au Val d’Aran. Mon mari avait la camionnette et il était obligé de faire tout le tour pour venir de l’autre côté. Mais on avait besoin d’une façade. ‘‘





‘‘ - Salut Papane ! C’est Thierry Garcia ! Ça fait un bail que l’on ne s’est pas vu ! - Papane ! Ça doit faire longtemps que l’on ne m’a pas appelé ainsi.
- Et tu crois que ça ne me fait pas drôle quand tous les copains d’avant du collège m’appellent encore Titi.
- Tu as vu Bernard, il nous dépasse de 2 têtes. Il a le maillot trop court. On lui voit le nombril. ’’
Fig 71

‘‘ Le rond-point c’était notre terrain de foot dans les années 70. Moi j’allais au kin’hu. ‘‘


“ - Quand je suis arrivée ici, il y a 18 ans, j’avais peur avec tous les ronds-points.
- Et est ce que vous savez pourquoi il y a autant de ronds-points à Colomiers ?
- Non je ne sais pas.
- Parce qu’à Colomiers pendant de très très nombreuses années, c’était la seule commune de France où il n’y avait pas de feux rouges.
- Ah ok, mais c’est pour ça, j’avais peur avec les priorités à droite. ”
‘‘ Tout Colomiers a été fait par Viguier, un grand architecte, dans les années 60 je crois. Et donc c’était une ville qui a été faite pour la voiture. C’était l’époque Pompidou, la voiture, à l’américaine. De Gaulle nous disait d’ailleurs “ vous serez aussi riches que les américains”. Cette passerelle a dû être faite dans les années 70. J’ai entendu qu’ici il y avait un plan d’eau. Cet immeuble là, il a été créé en 62 pour les rapatriés d’Algérie. Moi, je suis arrivé là en 95 parce que je travaillais à Nantes Airbus et j’ai été muté et j’ai eu un logement ici.’’
... Puis je retourne d’où je viens ...

‘‘ Après l’Algérie, on est allé directement à Paris chercher du travail. À Paris, il y a Mai 68, la révolution. Ma mère et mon père ont commencé à avoir peur de revivre des événements violents. On avait de la famille à Toulouse qui a dit ‘’ descendez, il y a une cité des rapatriés d’Algérie, la cité Gascogne pour vous accueillir ”. Et on a été logé au numéro 31. On ne se connaissait pas mais on s’est soudé très vite. On louait des salles pour faire des fêtes de fin d’année. Parfois on le faisait chez nous. ‘‘
‘‘ Mes parents sont arrivés avec l’exode Toulousain. La ville de Colomiers, ville neuve, construisait beaucoup de logements sociaux qui étaient, contrairement à aujourd’hui, sans liste d’attente. Si quelqu’un faisait la demande, on lui répondait d’autant plus vite si il travaillait dans une entreprise de la ville. C’était du pavillonnaire ou des copropriétés accessibles ou du logement social. Il y en avait pour tout le monde. Encore aujourd’hui, il y a un peu de tout. Donc il y a eu cette arrivée des gens de la ville qui pouvaient avoir accès à des logements plus salubres aussi. Nous, comme on venait de Toulouse, on ne voulait surtout pas être isolés. Et la place du Val d’Aran correspondait très bien puisqu’on avait pratiquement tout autour, l’école et les commerces. ‘‘


‘‘ Dans ces quartiers neufs arrivaient des gens qui étaient logés dans du logement social, ce qui était notre cas. Puis mes parents ont pu accéder à la propriété. Du coup, ils ont acheté dans un autre quartier. C’est comme ça que les gens du début partent. La population a changé avec moins de pouvoir d’achat, peut être avec la crise économique aussi. J’étais petite je ne m’en souviens plus. Du coup, la population des logements a changé avec un pouvoir d’achat différent que ce qu’il y avait quand nous on y était donc de 70 à 85. ‘‘


‘‘ Moi j’ai grandi là au Val d’Aran, j’ai habité quelques temps à Toulouse et ensuite avec mon ex mari on est venus s’installer à Colomiers, pas dans le quartier du Val d’Aran mais à Colomiers. Moi, j’ai grandi là donc je suis allée à l’école à Jules Ferry. Et, il se trouve que par le biais du périmètre scolaire, mes filles sont allées à l’école Jules Ferry. Et aujourd’hui, je suis en train d’acheter une maison Allée d’Aspin donc je reviens dans le quartier. Dans une semaine, je serai propriétaire. ‘‘
“ Mes parents ont habité au Val d’Aran en 68 et donc j ai toujours habité ce quartier. C’est un morceau de ma vie ce Val d’Aran. ”
... Puis je retourne d’où je viens ...
Fig 76 Fig 77‘‘ On a tous nos parents ici, mais on a tous un peu bougé, à Toulouse ou ailleurs pour les études. J’ai des copains qui voulaient s’installer à Colomiers, qui ont grandi à Colomiers dans la barre du Languedoc, mais c’était trop cher. Puis, pour demander les logements sociaux, c’est un temps d’attente qui est énorme. C’est un petit budget. C’est des jeunes qui commencent leur vie active avec des petits revenus mais des revenus quand même. C’est un couple avec deux petits CDI. Mais il y a trop de demandes et ils ont dû louer à trente bornes après un an et demi de recherche. ‘‘
‘‘ Nous on se souvient de notre enfance, mais nos parents ils auraient des belles histoires à raconter. Ils sont arrivés et ils ont posé les valises dans un tout nouveau quartier. Mais aujourd’hui ils sont morts ou pas très en forme. ‘‘
‘‘ Il y a beaucoup de gens comme moi qui ont grandi à Colomiers, qui partent et qui reviennent. Finalement, notre banlieue on l’aime bien. ‘‘
‘‘ Il y a des jeunes de tous les âges ici. ‘‘

‘‘ - Arrivé à la cité Gascogne en 70 ( bâtiment A je crois ) pour le travail de mon papa. Départ en 81 avec de très bons souvenirs.
- Arrivée en 78, pas loin de la place - juste au-dessus de la bibliothèque.
- Arrivé en 83 au Tourmalet côté Jules Ferry, parti de Colomiers en 2018.
- Moi aussi j’ai habité au Tourmalet de 70 à 85.
- J’étais au numéro 6.
- Moi au numéro 7.
- Arrivé en 1963. Dans les anciens courriers de mes parents sur l’adresse apparaissait ‘Bâtiment des rapatriés, cité Gascogne.’
- Pour moi 1963, cité Gascogne.
- Pour moi 1967.
- 22 ans au 27 allée du Val d’Aran, partie en 2011 !
- Je suis né 29 allée du val d’aran en 1968.
- Et oui la cité Gascogne avait été construite en prévision de l’arrivée des pieds-noirs. Comme quoi, l’histoire était déjà écrite par avance. Alors “Je vous ai compris ...” Oui oui Charles ! On a bien compris que tu as couillonné tous les pieds-noirs. En même temps, je me demande si je serais là si il n’y avait pas eu “les événements” puisqu’on les appelait ainsi. En ce jour de Toussaint, j’ai une pensée émue pour mes aïeux qui sont morts en Algérie et dont les caveaux ont été saccagés après l’indépendance.
- J’y ai passé toute ma petite enfance. Que de bons souvenirs ! J’habitais au-dessus de ce qui est à présent Léo Lagrange. Mme Latronche me donnait toujours une sucette le dimanche, quand on allait à la pâtisserie acheter des gâteaux sublimes…
- Ce bâtiment est en phase de destruction par Alteal. J’ai vécu au 31 allée du val d’Aran du 7 juillet 2012 au 15 mars 2021. Maintenant je suis au Tourmalet, la tour du milieu.
- Oui je savais qu’il devait être démoli. Je pensais que ça avait déjà été fait. De nombreux anciens voisins ont été relogés depuis un moment déjà.
- J’étais une des dernières le 15 mars.
- Nous on était les premiers locataires au 11 du Tourmalet, allée des Pyrénées, à côté de la petite rotonde, après c’est l’Aubisque. ‘‘
‘‘ J’ai passé 12 ans au Val d’Aran, ça représente toute mon enfance et mon adolescence en fait, de mes 5 ans jusqu’à mon lycée de 70 à 82. ‘‘
‘‘ - Avec Stéphane on faisait le con quand c’était en travaux. On se cachait. Et tous nous recherchaient. Mais comme c’était le noir total dans le bâtiment en construction, ils avaient peur.
- Après, ils ont fait d’autres bâtiments. Ils nous ramenaient des pyramides de graviers. On allait chercher, à côté de chez les pompiers des lance-pierres, parce qu’il y avait un magasin qui vendait des vrais lance-pierres en bois. Et les tas de graviers nous servaient de munitions. Et on se battait, bâtiment contre bâtiment. On a fait des batailles fantastiques. Les voisins, ils en avaient tellement marre de nous qu’ils criaient. Le gardien nous chassait à coups de bâton. Du coup, après on allait se battre au presbytère.

- Mais moi j’ai jamais abîmé les gens, j’ai jamais lancé les pierres.
- Mais toi tu étais trop sage.
- Ne racontez pas ça dans le journal parce que j’ai appelé la mairie pour leur dire qu’on était un immeuble de gens solidaires, fraternels. Chez nous, il y avait la société des échanges. Il n’y avait pas de délinquance. “
‘‘ La station Fina, je me rappelle ! Nos parents totalisaient les points et quand ils avaient un certain nombres de points, ils se les distribuaient aux trois familles pour avoir un cadeau : le ballon Fina “tout le monde a eu le ballon ? Ouais”; après c’était les bouées Fina “tout le monde a eu les bouée ? Ouais”; après c’était le matelas pneumatique Fina “tout le monde a eu le matelas ? Ouais”. Ça c’était la solidarité des pieds-noirs ! Quand on allait pique-niquer le dimanche à Ondes au bord de l’eau, on avait tous le ballon Fina, la bouée Fina, le matelas pneumatique. ‘‘
‘‘ - Une fois, on a fait une bataille de pistolets à eau dans les cages d’escalier. Une voisine s’était fâchée. “Vous avez de la chance que je ne le dise pas à vos parents.’’
- Ah oui dans la cage d’escalier ça gueulait ! Mon père faisait les 3 huit et ça résonnait beaucoup. Ma mère s’était d’ailleurs fâchée avec tout le monde à cause de ça parce qu’elle criait pour qu’on dorme. ‘‘

‘‘
- Madame M. , elle disait qu’elle avait des souris chez elle dans le couloir, qui passaient le soir. Je me souviens, ça m’avait traumatisée ça !
- Moi, le seul souvenir que j’ai, c’est les odeurs de bouffe. Ça sentait les beignets, ça sentait le couscous. On savait exactement ce que chaque voisin faisait parce que c’était pas bien insonorisé.
- Ah oui ! Quand la famille L. allumait la lumière des toilettes on le savait ! Pourtant les toilettes étaient le long de la cage d’escalier. ‘‘
‘‘
- Alors vous votre visage me revient, nous avons fait le réveillon ensemble chez vos parents ?
- Moi c’était mon voisin. C’était mon premier amoureux. Euh non mon deuxième. C’est parce qu’il avait une moto.
- Oui une 500SR.
- Lui il est resté dans le quartier mais nous on est tous un peu parti.
- En quelle année tu es arrivée ici ?
- Dans les années 70.

- Moi ça venait d’être construit. ‘‘
“ C’était un quartier très familial. C’était vraiment agréable. Moi je m’y plaisais. Mais on a construit à Léguevin parce que Colomiers c’était trop cher. Mais maintenant c’est Léguevin qui est plus cher que Colomiers. ’’
‘‘ On est parti parce qu’ils nous ont foutus dehors. Ils cassent tout alors ils nous ont foutu dehors. Je connais une voisine qui est relogée au Fenassiers. Je vais la voir parce qu’elle a 85 ans. J’y étais depuis 1995 et jusqu’à l’année dernière.’’

‘‘ On a su vers 2018, 2019 qu’on allait devoir partir, on avait été convoqué. Ça m’a rendu malade. J’ai été hospitalisée puis je suis revenue et on a déménagé le 28 septembre. Nous, on ne voulait pas partir. Puis on a déménagé. Colomiers Habitat nous a fait visiter les appartements. On a visité avec la fille, elle a dit il y a appartement au 5e, il y a deux chambres alors on a pris celui-là. Au départ on voulait trois chambres, mais bon. En 2000, on aurait déjà dû être démontés, mais après il y a eu 2001 avec AZF donc ça ne s’est pas fait. Mais les balcons étaient déjà prêts à dégringoler. Il y avait le petit jardin qu’ils ont supprimé et déjà les gens étaient plus tristes, deux sont décédés. Autrement, il y a deux dames qui vivaient là avant mais qui sont relogées vers La Poste, elles se retrouvent ensemble encore sur la place Val d’Aran même avec les petits enfants. Nous on voit nos copines aussi par hasard au milieu sur la place Val d’Aran, on revient tous voir notre quartier. On se met là on discute ensemble. Mon mari a eu du mal dans le nouveau logement, il avait l’impression d’être en vacances, parce que lui il connaissait tout le monde. Il parlait avec tout le monde quand il allait faire les courses, plus que moi. ‘‘
‘‘ On explique à froid aux gens mais quelqu’un qui a projeté sa vie, qui achète ou même qui est locataire, il a de l’affect. Certains pleurent quand ils l’apprennent. Certaines personnes âgées, les enfants préfèrent ne rien dire pour les laisser tranquilles tracer la route. Certains avaient aussi envie de partir alors ça a juste accéléré leurs démarches. ‘‘
‘‘ On ne va pas le regretter mais bon c’est une page qui se tourne alors ça fait toujours un pincement au cœur. Parce que même si je suis partie, je le côtoie encore parce que mes parents sont là. ‘‘


‘‘ Moi j’ai demandé à une copine mais pourquoi tu ne passes plus par là ? Elle m’a répondu parce que je ne veux plus passer au Val d’Aran. Parce que c’est trop dur pour nous qui y avons tenu un commerce. En plus elle est moche, donc aucun intérêt de passer par le Val d’Aran. Si ils la refont peut être mais enfin, il n’y aura pas de commerces alors je n’y crois pas. ‘‘

“ Peut-être que sans la passerelle les commerçants seraient toujours en place malgré le centre commercial. Le Val d’Aran d’aujourd’hui est quasi mort, plus de commerces, de bruit, de monde ... “
‘‘ Les magasins étaient là. Et quand le grand centre commercial s’est ouvert, tout le monde est allé là bas. Cet immeuble je l’ai vu se construire, j’y habite d’ailleurs. ’’
‘‘ J’habitais ici en 70. Il n’y avait pas de passerelle donc on passait déjà en bas. Il y aura plus de circulation maintenant, alors le passage piéton avec la vitesse à laquelle ils passent... ’’
‘‘ - Le boulevard a aussi été baptisé en rue. Et ils vont ralentir la vitesse.
- Enfin, c’est un boulevard à 30 déjà et personne ne le fait.
- Non mais là, avec les travaux, je pense qu’ils vont contraindre beaucoup plus les voitures.
- Ils ne vont pas modifier le trajet du bus, après tout ce qu’ils ont fait pour ce bus ! Au final, je ne vois pas en quoi ça va beaucoup changer. ‘‘
‘‘ J’ai 12 ans et j’habite ici depuis 6 ans, je ne veux pas la démolition de la passerelle, ni celle de la maison de quartier, elle nous a servi à plein de choses ! ‘‘

... sans emprunter la passerelle.

‘‘Ilyavaitlesbus.Avecmesfrèresons’amusaitàfairedubusgratuit toutelajournéeparcequeçaamusaitlemonde.Àl’époquec’était presquelaludothèque.Maintenantjeleprendsplus. Ilyavaitdeuxlignesetpuisonmontaitdanslebusetonallaitse


‘‘
Sur ces avenues, il n’y avait personne. Ce boulevard, il n’y avait pas grand monde qui roulait. C’était le royaume des gamins à vélos. Il y avait juste quelques voitures. J’avais un pote, on se portait sur le même vélo. On se faisait arrêter par les gendarmes. Ils n’avaient que ça à faire. Ils nous arrêtaient parce qu’on était deux sur le vélo : moi sur la barre et Bernard derrière. ‘‘
‘‘ À cause de cette purée de passerelle, on ne pouvait plus passer à vélo. Il y avait un fossé avant, qui nous servait de tremplin. Il y avait une butte et quand ils ont construit la passerelle, ils ont tout détruit. Avant, sur la passerelle, nous on faisait du cross. On enlevait les garde-boues des vélos. Au bout il y avait un talus, ça descendait sur le boulevard. Tu avais après un terre-plein central et tu remontais. ‘‘


‘‘
À chaque nouveau bâtiment les maçons se faisaient livrer des tonnes de graviers qui nous servaient de munitions pour nos lance-pierres. ’’

‘‘ On habite là depuis 71. Quand on a pris l’appartement, les travaux n’étaient pas finis. On en a vu. Autant on a été bien, vraiment bien, autant… mais ça s’arrange maintenant. Il faut toucher du bois. Avant c’était beaucoup plus sympa, c’était convivial et tout. Il vaut mieux avant que le futur. Mais je crois qu’à la fin des rénovations ça sera bien. J’ai vu les maquettes, ça sera bien. Même la passerelle, ça sera bien, ça va traverser. Pour les personnes qui marchent difficilement ça sera mieux ou qui glissent. Je pense à ceux qui sont un peu handicapés ou qui sont en fauteuil. Certains vont le regretter mais je pense que quand ils auront notre âge, ils réfléchiront. L’autre jour je suis tombé avec la maçonnerie qu’ils ont fait, il y a le nez de marche qui se casse. Moi ça va mais d’autres se sont blessés. ‘‘
‘‘ Des histoires il y en a à raconter. Quand vous arrivez à la boulangerie, là, de l’autre côté, c’était une station essence, le reste c’était des champs et le cirque se mettait derrière. Il y avait des rochers et tout mais maintenant, c’est tout construit. Mon frère quand il était petit, il y a belle lurette, on était gamins, il y avait un petit ruisseau, il allait pêcher les têtards. Là où il y a les maisons, allée du Comminges. Je ramassais les “séquettes”, je promenais le chien. On voyait la neige à l’époque.’’

... sans emprunter la passerelle.

‘‘ Il n’y avait pas beaucoup de monde à Colomiers. On était 1200 habitants,
mais quand même il y avait le clan d’en haut et le clan d’en bas. Avec tous les
jeunes on se réunissait même avec les campagnes environnantes.Pour les bals comme le bal des pompiers ou les bals tous les dimanches, on dansait.

On faisait bande à part. Il y avait tout le temps des bagarres.Il y avait la bande de St Cyprien qui montait à Colomiers. On pouvait dire
sans couteau ou pétard pas comme maintenant. ‘‘
d’avance que vers 1h du matin il y avait une bagarre. Mais des bagarres

‘‘
- J’ai connu le quartier quand il n’y avait rien que des champs et la micheline qui passait en direction de la gare à côté d’Alteal.
- On a même connu les vaches qui passaient en bas en direction du puits.
- Je l’ai connu il n’y avait rien que des champs derrière Gascogne, un champ avec un cerisier et terrain pour le feu de la Saint-Jean; que de souvenirs !
- Oui, je me rappelle de ce cerisier. On y passait des après-midi. Même que je suis tombé. Quelle bonne époque !
- Au tout début, bien avant les reptiles ou tapisseries, il y avait un magasin d’électroménager ou l’on pouvait aussi acheter des 33 tours et 45 tours, un prêt-à-porter…
- J’ai vu le Val d’Aran se construire mais avant le train passait sur la place. Cette place avait un bassin où on mettait les poissons que l’on pêchait dans les deux petits bassins dans le renfoncement de la boulangerie ‘Galinier’ et du bar. ’’


‘‘ Je suis de Colomiers. Ici c’étaient que des champs. Le boulevard et l’autoroute n’existaient pas. L’allée de Comminges c’était une nationale devant. Il y avait beaucoup de fermes tout ça. Sur la place Val d’Aran, il y avait des commerces et tout ça, c’était plus vivant. Il y avait le géant ‘Casino’. Ça remonte aux années 8085, mon fils était petit et il a 46 ans maintenant. La maison du projet avant c’était une halte-garderie. Sur la place, il y avait des bancs, c’était agréable comme tout. Ici devant aussi on avait des bancs. Ils nous les ont enlevés parce que c’était détérioré. Mais quand les enfants sortaient de l’école, on pouvait les laisser en liberté en bas, ça ne risquait rien. ‘‘

‘‘ Je suis arrivée à Colomiers en 1951. Il n’y avait rien, seulement le vieux Colomiers : la rue du Prat, la rue Gilet, la rue du Fort. Et après il y avait la rue du Couderc. Après c’étaient que des fermes avec des champs. J’habitais au Garroussal, ça fait deux kilomètres après Colomiers quand on va vers Cornebarrieu. Je partais avec la mobylette. Je traversais ici, c’étaient des champs et j’allais travailler à En Jacca. Et là, il y a une petite ferme, juste derrière le bâtiment. Il y avait une dame qui avait toujours un béret et qui partait avec son bâton et ses vaches et qui traversait tout Colomiers et qui allait faire paître ses vaches là où il y a le château d’eau par là-bas. À l’époque, M. Raymond qui connaissait très bien mon père voulait lui faire acheter les maisons allée du Gers qui étaient les premières. Moi je me disais ”c’est pas possible, j’y passe tous les jours à mobylette et je ne vois rien’’. Et en fait, un jour, en regardant, j’ai vu que c’était piqueté et je me suis dit ‘‘ en effet c’est là qu’ils vont faire les premières maisons”. C’est l’immeuble en rond, de ce côté de la rocade. Même la rocade n’y était pas, c’était des champs. Moi, à l’époque j’ai vu construire ces bâtiments puisque je passais tout le temps à côté et je disais “mais comment font ces gens pour habiter dans ces cages à poules ?’’; sans penser que moi, un jour, j’y habiterai.” Mon père était régisseur au Garroussal. Il partait avec le cheval et la charrette livrer du lait dans la cité en bas où il y a maintenant la zone industrielle, où il y a les avions. Les gens venaient avec la bouteille. Tous les gens de Colomiers venaient acheter de la volaille, et venaient vendanger au Garroussal. ‘‘
En tournant ces prochaines pages, vous embarquez dans l’imaginaire des enfants de la classe de CE2-CM1 de Mme Boraso de l’école Jules Ferry. Pour mettre des mots sur les illustrations qui suivent, écouter le podcast ‘LE VAL D’ARAN DU FUTUR’ sur le Soundcloud.com. de l’association Bavard.e.s. Bonne écoute !
... sans emprunter la passerelle.
























