Bass Music Magazine #12

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J.ROBINSON | TR UTH | ARMA | SKEPTICAL | MORPHY | CYANTIFIC

BASS MUSIC magazine #12

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BASS MUSIC MAGAZINE N째12 MARS / AVRIL 2012 BIMESTRIEL GRATUIT

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BASS MUSIC MAGAZINE #12 | MARS / AVRIL 2012 BASS MUSIC MAGAZINE Édité par l’association Totaal Rez

EDITO

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ADRESSE Bass Music Magazine Julien Duclos 32, rue Notre Dame 69006 Lyon RESPONSABLE DE LA PUBLICATION Elizabeth Valat liza@totaalrez.com

Yo les massives !

Vous tenez entre les mains un des 2500 exemplaires papiers du Bass Mag. Gardez le précieusement, vous pourriez peut-être le vendre un jour une fortune sur ebay, qui sait ? Trêve de plaisanterie, vous êtes de plus en plus nombreux à nous lire et à nous suivre sur internet et ça fait vraiment super plaisir. Pourquoi j’ai l’impression de parler comme Norman en disant ça ? Des stars internationales comme Cyantific, aux jeunes pousses pleines de potentiel comme Arma, tous les artistes de ce magazine cultivent leurs singularités. Chaque interview vous permettra de rentrer dans un univers et d’en percer un peu plus les mystères. Sinon avez-vous déjà entendu parler du Glitch-Hop ? Vous vous demandez ce que c’est ? Rendez-vous page 16 pour un décorticage en règle par les musiciens du genre.

PUBLICITE com@bassmusic.fr RÉDACTEUR EN CHEF Julien Duclos asco@bassmusic.fr RÉDACTEURS NARY - Marie-Charlotte Dapoigny ROOTS - Cédric Routard KPUSH - Sébastien Zandrini SPANKBASS - Jérôme Le Floc’h MALIS - Morgane Mulot BEEFLEX - Nicolas Biremont M3T4 - Mattias de Barberin

Pour finir, je souhaitais juste rappeler que le Bass Mag est réalisé par de petites mains bénévoles et passionnées, et que toute aide est donc bienvenue : annonceurs, rédacteurs, aide sur la diffusion, etc... Bonne lecture ! Asco

GRAPHISME ASCO - Julien Duclos DISTRIBUTION Vibration Clandestine

SOMMAIRE

Bass Music Magazine est un bimestriel gratuit Ne peut être vendu Tirage : 2 500 exemplaires ISSN : 2114-2505

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04. 06. 09. 12. 14. 16. 21. 24. 28. 30.

CYANTIFIC ARMA TRUTH J.ROBINSON SKEPTICAL & MC FOKUS LE GLITCH HOP MORPHY KAMIKAZ CROSS FADER FREE DOWNLOAD CHRONIQUES

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INTERVIEW | CYANTIFIC | UK

Interview par Marie-Charlotte Dapoigny Photo : DR

CYANTIFIC

Cyantific, souvenez-vous, c’était deux artistes, Matt et Jon, formant l’un des duos phare du son Hospital de la fin des années 2000. Quelques années plus tard, nous retrouvons Jon, désormais seul tenant du titre Cyantific, qui semble vouloir revenir sur le devant de la scène avec un nouveau 12’’ plutôt bien produit à sortir sur Ram ce mois-ci. PEUX-TU D’ABORD NOUS PARLER UN PEU DU PROJET CYANTIFIC, CE QU’IL ÉTAIT LORSQUE MATT EN FAISAIT ENCORE PARTIE ? COMMENT EN ÊTES-VOUS VENUS À LA D&B, ET À PENSER CETTE PASSION COMME UN VRAI PROJET PROFESSIONNEL ? Nous nous sommes rencontrés au lycée, par des amis communs. Nous étions tous les deux vraiment passionés de musique, mais de différents milieux. Nous avons commencé à écouter de la D&B par les radios pirates. Puis nous avons décidé de nous essayer à la production, juste comme ça. C’était vraiment des choses très basiques, sur un programme informatique tout simple. Il s’est trouvé que nous avions ce qu’il fallait pour commencer à jouer nos morceaux à des gens. Nous avons fait un morceau pour le label de John B, et High Contrast l’a entendu… il l’a vraiment aimé et l’a joué à Hospital Records. Deux semaines plus tard nous avions un contrat de prêt avec eux pour un album complet, c’était

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complètement fou ! L’AVENTURE HOSPITAL, QU’EST CE QUE ÇA VOUS A APPORTÉ, EN TERME DE PRODUCTION ET DE CARRIÈRE ? Nous avons signé nos premiers singles pour eux, et un peu plus tard nous avons sorti notre album ‘Ghetto Blaster’ en 2006. Nous étions vraiment partis de rien, et ils ont fait quelque chose de nous. Ils avaient une manière vraiment intéressante de nous guider dans la bonne direction avec notre musique. L’album en était la preuve, nous le leur avons joué et leur avons dit ‘nous sommes prêts’. Ils nous ont fait attendre encore six mois et nous ont fait travailler sur la musique que nous avions déjà, si nous ne l’avions pas fait l’album aurait tout simplement été horrible ! ILS VOUS ONT FAIT TRAVAILLER SUR VOUS-MÊMES DONC… COMMENT CELA FONCTIONNAIT, LE TRAVAIL AVEC LA

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DIRECTION DU LABEL ? Je pense que le label a grandi avec les artistes qu’il a portés avec le temps. Le son évolue, il change. Nous n’étions peutêtre pas à la base ce que les gens attendaient du « son Hospital », mais maintenant nous sommes une part de leur histoire, une part de ce son.

DANCEFLOOR ET QUELQUE CHOSE D’UN PEU PLUS DEEP, EN SIGNANT QUELQUES ARTISTES DE MILIEUX PLUTÔT DIFFÉRENTS RÉCEMMENT. Oui, c’est ce qui fait que c’est un label très intéressant en ce moment. Je pense qu’ils arrivent à couvrir tous les genres, tous les styles de D&B, et pourtant cela fait toujours sens.

VOUS AVEZ TRAVAILLÉ UN PEU AVEC LOGISTICS. QUELQUES TRÈS BEAUX MORCEAUX SONT SORTIS DE CES COLLABORATIONS. COMMENT LA RENCONTRE S’EST ELLE PRODUITE ?

CERTAINS COMPRENNENT CELA COMME UNE FORME D’OPPORTUNISME, PARCE QU’ILS ONT VU DERNIÈREMENT QUE LES CHOSES AUTREFOIS PLUS UNDERGROUND COMMENCENT À GAGNER EN AUDIENCE AU FIL DES MOIS.

Je suis très bon ami avec Logistics, nous nous sommes tout de suite très bien entendus, dès notre première rencontre, et nous étions vraiment tous les deux intéressés par le travail de l’autre. Nous avons donc décidé de faire un morceau ensemble. Nous nous sommes assis pendant trois jours, et nous sommes arrivés à ‘Flashback’. Il a bien fonctionné, donc quelques temps plus tard nous avons fait ‘Brighter Day’, et peut-être que dans cinq ans nous ferons un nouveau morceau !

Je pense que c’est plus du au fait qu’Andy C aime tous les genres de D&B, tu peux l’entendre dans ses sets. Il aime cette musique plus que n’importe qui !

ET TU AS ÉTÉ RÉCEMMENT SIGNÉ SUR RAM RECORDS. QU’EST CE QUE ÇA REPRÉSENTE POUR TOI ? Je n’ai produit qu’un single pour eux, et j’ai un autre morceaux sur un EP réunissant plusieurs artistes, appelle ‘Infinity’, qui sortira le 16 Janvier. C’est un rêve qui devient réalité ! j’ai réussi à sortir des morceaux sur deux des plus gros labels de cette scène, c’est un très grand honneur pour moi ! QU’EST CE QU’ON DOIT ATTENDRE DE CYANTIFIC POUR 2012 ? Je viens de terminer un remix de Roger72, un morceau Disco nommé ‘You Take Me Higher’ qui va bientôt sortir sur Ministry Of Sound, puis un remix de Jakwob, un morceau intitulé ‘Electrify’, qui va aussi sortir bientôt, mais en Dubstep. J’aime m’essayer à de nouvelles choses quand je travaille sur des remixes.

CERTES. MAIS CERTAINS ARTISTES À L’EXEMPLE DE BREAK ONT TRAVAILLÉ PENDANT DES ANNÉES AUTOUR DE LUI SANS ATTIRER SON ATTENTION, POURQUOI LES SIGNER MAINTENANT ? Je pense qu’ils signent simplement la musique qu’ils aiment. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un projet à long terme avec Break. PEUX-TU NOUS CITER QUELQUES UNES DES PLUS INSPIRANTES FIGURES DU MOMENT SELON TOI ? En ce moment, je pense que c’est Wilkinson. Pas seulement parce que c’est un musicien très talentueux, mais nos studios sont vraiment très proches l’un de l’autre. J’étais dans un endroit où je trouvais très difficile d’écrire de la musique, mais Mark m’a proposé une salle dans l’immeuble de studios a côté du sien il y a environ deux ans, et ça m’a vraiment remotivé à travailler. C’est vraiment génial de pouvoir aider quelqu’un de nouveau qui est en train de percer, et en retour j’ai l’inspiration de voir une personne se faire sa place dans cette scène. Je ne suis pas sûr de savoir où je me trouverais en ce moment si les choses s’étaient passées différemment ! VOUS AVEZ DES PROJETS ENSEMBLE J’IMAGINE ?

DUBSTEP ? QUEL GENRE DE DUBSTEP ? Eh bien, ça sonne un peu comme si ça avait été fait dans les années 80.

Oui, nous avons produit quelques morceaux House ensemble déjà et nous projetons d’en faire davantage pour son album, puis quelques remixes pour d’autres artistes – nous aimons bien les faire ensemble, ça semble beaucoup plus facile !

ILS FAISAIENT DU DUBSTEP DANS LES ANNÉES 80 ? J’AI CERTAINEMENT MANQUÉ QUELQUE CHOSE ALORS ! BON D’ACCORD, JE N’ÉTAIS PAS NÉE, MAIS QUAND MÊME… AVEC DES SYNTHÉS ET TOUT ?

QUELLE EST TA POSITION FACE À L’ÉVOLUTION ACTUELLE DE LA SCÈNE D&B ?

Oui ! Et des guitares électriques ! ET DES DAMES EN COMBI FLUO ET COUPE AFRO QUI DANSENT SUR LA MUSIQUE ? Exactement ! CA A L’AIR PLUTÔT SYMPA, J’AI HÂTE DE VOIR LE RÉSULTAT. PLUS SÉRIEUSEMENT, QU’EST CE QUE TU PENSES DE LA RÉCENTE ÉVOLUTION DU LABEL RAM RECORDS ? J’AI LA VAGUE IMPRESSION QU’ILS ESSAIENT DE PROMOUVOIR QUELQUE CHOSE DE NEUF, ENTRE LE NU SKOOL

Les choses se portent bien je pense. Il y a beaucoup d’exposition mainstream – ce que les gens qui adorent l’underground détestent parfois, mais ce qu’ils oublient, c’est que sans Chase & Status, il n’y aurait pas de Rockwell. Il faut qu’il y ait les deux parties en présence, elles se nourrissent mutuellement. Sans l’aspect commercial, il est difficile pour les gens de l’extérieur de découvrir la musique. C’est la raison pour laquelle il y a une place pour chacun, pour toutes les sensibilités. Moins de négativité, plus d’esprit positif ! PEUT-ÊTRE UN DERNIER PETIT MOT POUR NOS LECTEURS ? Big Up au crew français, je vous verrai à Paris le 9 Mars !

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INTERVIEW | ARMA | FR/UK

Interview par Cédric Routard Photo : DR

ARMA, cela ne vous dit peut être rien, pourtant derrière ce nom se cache trois jeunes producteurs de talent. Avec des sorties en solo sur des labels D&B de légende, tels que Renegade Hardware & DSCI4, et supportés par les grands noms de la scène, il me semblait juste d’aller discuter avec la relève.

ARMA TOP 10 TRACKS Fis - The Commons Clarity - Fractured Alix Perez & Zero T - The Ladders Loxy & Resound - League Of Shadows Cern - Raven Row Hydro & Arma - Untitled Arma - Rift Nether - Glacial Dub Consequence - Injunction Spinline - Murdered Out

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POUR COMMENCER, UNE PETITE PRÉSENTATION DU PROJET ARMA S’IMPOSE AUX LECTEURS DE BASS MAG.

VOUS L’EXPLIQUER ? PAR QUI ET QUOI AVEZ VOUS ÉTÉ INFLUENCÉS ?

War : Nous sommes un trio de producteurs composé de Overlook (Bournemouth, UK), Mateba et moi même, War (Montpellier). Nous faisons principalement de la Drum & Bass et nous sommes signés sur Samurai Music et Alignment Records.

O: Personnellement, les films sont une grosse influence. Les bandes sons, les visuels, les personnages... J’aime essayer d’incorporer ça dans ce que je produis au sein d’Arma. Je pense que les atmosphères sont extrêmement importantes et qu’elles amènent une grande part de personnalité à la musique.

VOUS POUVEZ NOUS EXPLIQUER VOS PARCOURS DANS LA D&B ? COMMENT VOUS Y ÊTES ARRIVÉS ? Overlook : J’ai commencé à mixer de la Drum & Bass en 2009, des morceaux plutôt dancefloor. Alors que je progressais, mes goût se sont dirigés vers un style plus deep et j’ai commencé à faire de production en 2010. War : J’ai découvert la D&B en 2006 et j’ai commencé à en produire et en mixer la même année. Véritable coup de foudre ! Mateba : J’ai commencé à mixer et produire en 2009, après plusieurs années de pratique instrumentale intensive... COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE D’UNE COLLABORATION ENTRE MONTPELLIER & L’ANGLETERRE ? W: Fin 2010, j’avais déjà dans l’idée de monter un projet avec Mateba depuis un moment. Quand Jason (Overlook) m’a contacté pour m’envoyer ses premiers tracks, le courant est immédiatement bien passé. On a fait notre première collaboration à 3 en Janvier 2011 et Arma est né ! COMMENT VOUS GÉREZ CONCRÈTEMENT LA PRODUCTION DE VOS MORCEAUX, AVEC UN MEMBRE EN ANGLETERRE ET DEUX EN FRANCE ? W: Généralement, l’un de nous trois va commencer un projet dans son séquenceur et envoyer une idée aux deux autres. Celui qui se sent le plus motivé prend le projet et continue, et ainsi de suite. C’est vrai que ça pose parfois quelques problèmes au niveau du flot de production mais je trouve que jusqu’à présent on a géré ça plutôt bien ! PERSO, QUAND J’AI APPRIS QUE VOUS, WAR ET MATEBA, ÉTIEZ DE MONTPELLIER, J’AI HALLUCINÉ, ET JE ME SUIS DIS « ENFIN DU SON FRANÇAIS QUI SORT DU LOT ET QUI RINCE ! ». POURQUOI PRODUIRE CE GENRE DE D&B, ALORS QUE LA VIBE « DEEP » N’EST PAS ENCORE TRÈS DÉVELOPPÉE EN FRANCE ? M : On fait confiance à nos propres goûts sans tenir vraiment compte des conventions françaises du genre, qui ne nous correspondent pas vraiment. W: Je pense que sans Internet, notre style ne serait pas le même, dans le sens où les derniers mixes et sorties outremanche nous inspirent bien plus que ce que l’on entend en soirées en France. Il n’y a pas vraiment de «French Touch» quand on parle de D&B. VOUS ÊTES QUAND MÊME ASSEZ JEUNES, MAIS ON SENT UNE CERTAINE ATTIRANCE POUR LES SONS À L’ANCIENNE, LES GROSSES ATMOSPHÈRES. COMMENT POUVEZ

W: Je crois que cela vient surtout de la musique que l’on écoute plusieurs heures par jour (Photek, Breakage, Konflict, Optical...) et qui nous donne une certaine conscience vis à vis des origines de la musique que l’on fait, que d’autres producteurs n’ont pas forcément. On essaie souvent d’utiliser des sons dans le style de ces artistes pour en faire quelque chose de nouveau et d’intéressant. M : J’ajouterais seulement que la combinaison de nos personnalités et compétences très hétéroclites joue un rôle majeur... L’alchimie semble fonctionner ! LA SCÈNE D&B FRANÇAISE ÉTANT CE QU’ELLE EST, COMMENT VOUS VOYEZ VOUS AU MILIEU DE CELLE-CI ? COMMENT EXPLIQUEZ VOUS VOTRE MANQUE DE VISIBILITÉ ET DE DATES ? M : Il est vrai que l’on pourrait paraître un peu à l’écart de la scène... pour l’instant ! Personne n’est pressé, ça ne se voit pas forcément mais les choses se passent. On essaye de s’intégrer au maximum autant en France qu’ailleurs, cependant on n’a pas vraiment besoin de reconnaissance particulière pour continuer à explorer les possibilités offertes par la musique. Tendez l’oreille... SINON QUELLE EST VOTRE ACTUALITÉ, QUE CE SOIT AVEC ARMA OU EN SOLO? W : Pessimist & Arma - Canyon / Canyon (Cern remix) le 5 Mars sur Samurai Music ! Il y a également un remix Dubstep que l’on a fait avec Mateba qui va bientôt sortir sur Radio Los Santos avec Hubwar, Nekochan et 123mrk sur l’EP. M : J’ai actuellement un EP Dubstep sur Totaal Dubz qui devrait sortir bientôt, et son frère jumeau qui sera plus D&B/Dub sur Totaal Rez est en projet. Je reste quand même principalement impliqué avec Arma et il se peut que ça devienne ma seule et unique occupation musicale dans les mois à venir. O: J’ai un 12» en prévision sur Alignment Records et un autre sur DSCI4. ET SINON QUELQUE CHOSE À AJOUTER ? M: Merci à Hydro, Habstrakt, Mago et j’en passe ! O: Shout out to Ami, Codec, Endorse and the cabin crew. W: Big up à Presha, Cern, Spinline, Hydro, Pessimist, Clarity, Vega, Mat Harwood, Jason Kan, Tao, Ana et le crew de l’Eko sans oublier Naibu, Gunston et Gerwin qui sont pour moi les 3 producteurs les plus intéressants en terme de D&B frenchie. Bisous aussi à Rat, Lô, Skanz et Pale, et merci à Dr Roots d’avoir proposé cette interview !

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INTERVIEW | TRUTH | NZ

Interview par Sébastien Zandrini et Thibault Paillon de We Love Dub Photo : DR

TRUTH TRUTH, c’est Tristan Roake et Andre Fernandez un duo de producteurs néo-zélandais de Christchurch. Leur carrière commence en 2008 quand ils signent leur premier EP The Fatman / Stolen Children sur DEEP MEDi, le label de Mala. Cette sortie est suivie par deux autres sur le même label et de nombreuses autres sur Argon, Disfigured Dubz, Aquatic Lab, Boka, Optimus Gryme et Abyss Recordings. Ils ont collaboré avec des artistes prestigieux tels que Alix Perez, Lynx, Kromestar, Silkie ou encore Dutty Ranks. Nous les avions découvert lors du Outlook Festival 2011 et ça a vraiment été un réel coup de coeur: des basses lourdes et un set qui nous a fait vraiment transpirer sur la Deep Medi Boat Party. Nous sommes allés les revoir sur un sound system beaucoup plus conséquent le lendemain et avons pu apprécier tout le potentiel de leur musique. De retour en France, un rapide tour de nos amis nous a montré que au final peu de gens connaissait leur musique ici alors qu’ils font des tournées planétaires allant des clubs anglais jusqu’aux States en passant par l’Australie et bien sûr la Nouvelle Zélande. Ils ont bien voulu se préter au jeu de l’interview pour Bass Music Magazine et nos amis du blog We Love Dub et c’est avec plaisir que nous vous les faisons découvrir. VOUS AVEZ FAIT DEUX TOURNÉES AMÉRICAINES ET TROIS EN EUROPE, PLUS DE NOMBREUSES DATES PARTOUT DANS LE MONDE MAIS LA FRANCE SEMBLE UN PAYS DIFFICILE À CONQUERIR CAR SI JE NE ME TROMPE PAS, NOUS N’AVONS JAMAIS EU L’OCCASION DE VOUS VOIR EN FRANCE ? Et bien nous avons fait un show à Paris il y a trois ans en fait. Mais c’est effectivement notre seule expérience française. DITES NOUS COMMENT LES CHOSES ONT COMMENCÉ ET COMMENT VOUS VOUS ÊTES MIS À PRODUIRE DE LA

MUSIQUE ? Cela fait 3 ou 4 ans que l’on produit du Dubstep. A la base nous nous sommes rencontrés par le biais de la scène musicale de notre ville, Christchurch, en Nouvelle Zéland. On a commencé à faire quelques concerts ensemble alors que nous produisions individuellement depuis un bon bout de temps avant ça, mais pas en tant que groupe et on a décidé d’unir nos forces pour monter un projet commun. On adorait la musique qu’on entendait en concert et en soirée, et on a voulu se mettre à faire la notre.

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D’APRÈS CE QUE NOUS AVONS PU LIRE, VOUS AVEZ COMMENCÉ À PRODUIRE DE LA DRUM N’ BASS SOUS LE NOM URBAN NOTION. QU’EST-CE QUI VOUS A DONNÉ ENVIE DE VOUS METTRE À PRODUIRE DU DUBSTEP ? On est amoureux de Bass Music, sous n’importe quelle forme. Quand on est tombés dans la DnB vers la fin des 90′s, c’était le son le plus expérimental et différent que nous ayons pu entendre (tout en étant le plus ravageur en soirées). Donc nous étions naturellement attirés par lui ! Nous avons rencontré Mala en 2007 et il nous a fait écouter des dubplates qui allaient par la suite devenir des sorties sur Deep Medi et DMZ… On a été instantanément attirés par ce son. On s’est également dit que c’était un son que l’on pouvait produire. Le lendemain on a changé de tempo, fait quelques nouveaux morceaux, pris un nouveau nom et on n’est jamais revenu en arrière ! La liberté qui allait avec ce qui était un son relativement nouveau, sans préconceptions (NDLR: le dubstep donc) nous a donné l’espace pour expérimenter et vraiment arriver a quelque chose de satisfaisant. Nous n’avons plus fait de track DnB depuis. VOS PRODUCTIONS COUVRENT UN LARGE SPECTRE ALLANT DES MORCEAUX DARK, ÉPIQUES ET DEEP À UN DUB BEAUCOUP PLUS TRADITIONNEL. CEPENDANT, L’INFLUENCE TRIBALE APPARAIT COMME UN POINT COMMUN ET MÊME UNE SPÉCIFICITÉ NÉO-ZÉLANDAISE. QU’EST-CE QUI VOUS A FAIT PARTIR DANS CETTE VOIE ? Nous croyons fermement que le Dubstep est et devrait être un son large, varié, que l’on ne peut confiner dans des sousgenres fermement cloisonnés. Quand on joue un set, on utilise des tracks venant de tout le spectre Dubstep : profond sombre et triste, dancefloor, musical, épique, peu importe la manière dont vous voulez le décrire. Ça rend les choses plus intéressantes pour l’auditeur, et cela donne également plus d’impact aux tracks les plus lourdes et puissantes lorsqu’on les juxtapose avec quelque chose de plus minimaliste ou profond. Pour ce qui est de l’influence tribale, la Nouvelle Zélande a un héritage Dub et Reggae très fort, peut-être que ça a influencé la manière dont les kiwis font de la musique. Peut-être que ça a à voir avec notre mode de vie d’île retirée! D’OÙ VIENS VOTRE NOM? Y’A T’IL UN LIEN AVEC LE TABLOID NÉO-ZÉLANDAIS ? (NOUS SOMMES TOMBÉS DESSUS PAR ACCIDENT EN CHERCHANT DES INFORMATIONS SUR INTERNET!)

doute les synthés de Native Instruments comme Massive ou l’Albino de Rob Papen et les plugins Waves ou ceux de Sony Oxford pour le traitement. Il serait difficile d’en faire une liste et nous essayons toujours de nouvelles choses. En live, nous jouons notre musique en tant que DJ, généralement en back 2 back. Cela fait ressortir le meilleur de nous car on se « bat » l’un contre l’autre avec les morceaux. Plus tard dans l’année nous prévoyons d’incorporer plus d’éléments live dans nos sets. VOUS AVEZ SORTI VOTRE ALBUM « PUPPETS » SUR AQUATIC LABS L’AN DERNIER ET DE NOMBREUX VINYLES SUR DES LABELS VARIÉS DONT TROIS RIEN QUE SUR LE MOIS DE NOVEMBRE. QUE PRÉVOYEZ VOUS COMME SORTIES IMMINENTES ? NOUS VOULONS DES NOUVELLES EXCLUSIVES ! Eh bien, la fin de 2011 était très chargée. On a effectivement sorti trois vinyles 12” (The Emperor/Calling You Back, Direct Blow/Snake et Full Baked/Birds). On vient également de proposer un morceau en téléchargement gratuit via notre soundcloud lorsque notre fanpage facebook a dépassé les 10.000 likes. A paraître, nous avons un 12” plus sombre sur Tuba qu’on attend impatiemment (All Alone/Good & Evil), un EP et un single tous deux prévus sur Boka. Le single est prévu pour les alentours d’avril. Sinon nous avons discuté avec quelques labels de projets très excitants… Un second album est également définitivement dans les tuyaux ! NOUS SUIVONS DE TRÈS PRÈS LA SCÈNE NÉO-ZÉLANDAISE ET NOUS SAVONS QUE VOUS AVIEZ COLLABORÉ AVEC BULLETPROOF SUR UN PROJET ET VOUS SEMBLEZ TOUS TRÈS UNIS. D’AUTRES COLLABORATIONS PRÉVUES AVEC DES KIWIS ? Oui bien évidemment ! Nous avons quatre morceaux en cours avec Crushington et un EP à venir avec Dutty Ranks. La Nouvelle Zélande a de la Bass Music très forte en cours en ce moment. Vous devriez vraiment checker Perverse qui a un EP à venir sur Mindstep et un single sur Artikal, le nouveau label de J:Kenzo. QU’EST-CE QUE VOUS ÉCOUTEZ COMME MUSIQUE EN CE MOMENT ? On écoute de tout. Et de la bonne musique ! DES DATES DE PRÉVUES?

Haha! Le journal The Truth est un journal qui relate tout sauf la vérité… Non, notre nom reflète simplement la manière dont les choses sont dans le monde dans lequel on vit. Qu’est-ce que la vérité quand il y a tellement de versions auxquelles nous pouvons croire ? Chacun a la sienne, donc qui devez-vous croire?

On tourne en Australie puis au Canada en mars. Suivi d’une grosse tournée aux USA prévue pour avril.

LA QUESTION GEEK : QU’ESTCE QUE VOUS UTILISEZ COMME MATOS POUR LA PRODUCTION ET LE LIVE ?

Lors de notre dernière tournée aux USA, la sécurité a essayé d’arrêter la soirée parce que quelqu’un avait taggé dans les toilettes. On a fait chanter la foule “Fuck That Shit” pendant 20 minutes, et au final, qu’est ce qui s’est passé ? Et bien la soirée a continué, et la sécurité a jeté l’éponge. « Viva la revolucion! Gritsy Houston FTW! »

Pour la production, c’est tes oreilles qui te disent ce que tu vas utiliser, il n’y a pas de règle ou de choses établies. Ceci étant dit, nous utilisons pas mal du hardware comme le Juno 6 et Juno 106 pour la production et on séquence nos beats dans Fruity Loops Studio. Nos plugins favoris sont sans

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ET POUR FINIR, EST-CE QUE VOUS AVEZ UNE ANECDOTE MARRANTE À NOUS RACONTER À PROPOS DE VOS PERFORMANCE LIVE OU DE VOS FANS?

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— MAR. / AVR. 2012 — INFOS & BILLETTERIE SUR

SAM. 03 MAR.

FANTASY / STEPHAN BODZIN + NICOLAS MASSAYEFF + HADRA CREW... > 22H00

JEU. 08 MAR.

ANTHONY JOSEPH & THE SPASM BAND + MOHAMED ABOZEKRY & EZRA > 20h00

SAM. 17 MAR.

RUMBLE FESTIVAL / NOISIA + JOKER + BODDIKA... > 22h00

VEN. 23 MAR.

JAN DRIVER + APHTE PUNK + PYRAMID + SPORTING BUDAPEST > 23h30

SAM. 31 MAR.

LES FEMMES S’EN MÊLENT / MY BRIGHTEST DIAMOND + MENSCH + MIREL WAGNER > 19h00

05 > 08 AVR.

FESTIVAL L’ORIGINAL / IAM + ORELSAN + 1995 + M.O.P + POCKEMON CREW...

JEU. 12 AVR.

FOWATILE RELEASE PARTY + INVITÉS > 20H00

SAM. 28 AVR.

HIGH DAMAGE (HIGH TONE MEETS BRAIN DAMAGE) + DUB ADDICT + UZUL > 21H00

LE TRANSBORDEUR 3 BD DE LA BATAILLE DE STALINGRAD 69100 VILLEURBANNE BASS MUSIC

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CONCEPTION GRAPHIQUE : KOLLEBOLLE.COM

WWW.TRANSBORDEUR.FR


INTERVIEW | J.ROBINSON | UK

Interview par Marie-Charlotte Dapoigny Photo : DR

J.ROBINSON

SALUT JACK ! TU ES L’UNE DES PLUS JEUNES FIGURES DE LA SCÈNE D&B ACTUELLEMENT, POURRAIS-TU NOUS EN DIRE UN PEU PLUS SUR TON PASSÉ MUSICAL, ET CE QUI T’A AMENÉ À PRODUIRE DE LA BASS MUSIC, QUE CE SOIT DU DUBSTEP OU DE LA D&B ? Tout a commencé au lycée, je me suis rapidement plongé dans le Hip Hop et le Grime, puis mes goûts se sont peu à peu tournés vers le Reggae, la Soul, le Funk et un peu tous els styles de musique. Quand j’ai quitté l’école, j’ai rencontré Shima et il à cette époque, il était vraiment à fond dans la Drum & Bass. Je n’en avait jamais vraiment écouté, sauf peutêtre lorsque j’étais vraiment très jeune, sur une cassette que je me rappelle avoir volé à mon frère. Mais alors, quand j’ai entendu ce que Shima écoutait, j’ai vraiment eu un nouveau coup de foudre pour un moment, j’ai commencé à mixer… A ce stade je n’étais pas vraiment attiré par la production, ce qui allait bientôt changer : mon cousin utilisait alors Fruity Loops 6, et faisait des instrus de Grime, et je me souviens qu’il m’avait montré comment faire sur Myspace. J’ai immédiatement voulu me pencher dessus, j’ai récupéré le software, et j’ai commencé à produire toutes sortes de choses farfelues. (Rires) Mais au bout d’un moment, j’ai réussi à obtenir un rythme et un son à l’identité plus ou moins marquée à commencé à apparaître. C’était le son à l’influence tribale, half-time que je produis aujourd’hui. Pour un grande part influencé par par les voyages que j’ai fait avec mon père dans des endroits comme le Kenya, l’Afrique du Sud, Lesotho et la Tunisie qui a eu le plus d’influence sur moi, adaptant ma musique à quelque chose à l’influence plus world/tribale. POURRAIS-TU PRÉCISER UN PEU D’OÙ VIENT CETTE INFLUENCE TRIBALE ET CETTE FORME BIEN SPÉCIFIQUE QU’EST LE HALF-TIME POUR LA D&B ? QUELQUE CHOSE DE PARTICULIER, VOIRE UNE PETITE SCÈNE SEMBLE SE

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DESSINER ICI COMME UNE NOUVELLE TENDANCE. AU SEIN DE LAQUELLE TU FIGURES COMME L’UN DES PIONNIERS. Sans doute un mélange entre mes influences Hip-Hop, le Dancehall et le Reggae ! J’aime la puissance du Dancehall. Plus un soupçon de ce qui se fait de plus deep et de plus ténébreux musicalement, et qui vient donner de la texture à l’ensemble. Une musique à l’ambiance sombre ne veut pas spécialement dire que l’on soit une personne sombre soi-même, mais chaque personne a sa propre spécialité, et parfois le morceau le plus profond et le plus sombre peut être aussi puissant qu’une œuvre transcendante d’une musique plus lumineuse. OÙ SITUERAIS-TU LA PUISSANCE DANS CE TYPE DE MUSIQUE ? J’ENTENDS BEAUCOUP DE GENS AUTOUR DE MOI DIRE QUE CETTE MUSIQUE N’EST PAS ASSEZ DANSANTE, ILS N’Y SONT SANS DOUTE PAS VRAIMENT HABITUÉS, MAIS IL SERAIT INTÉRESSANT D’AVOIR TON POINT DE VUE SUR LA QUESTION, ET DE VOIR OÙ EST-CE QUE TU CONCENTRES TES EFFORTS POUR DONNER DE LA FORCE À TON SON. J’essaie toujours de laisser le kick prendre le pas sur le reste. Et des percussions intéressantes. Je tente de placer ainsi la toile de fond la plus solide tout en donnant une sensation de légèreté aux éléments du dessus, pour qu’au final les deux aient de l’espace pour respirer et s’accompagner le mieux possible. J’aime garder mes basslines assez sobres, sans trop de variations, ce qui donne un effet assez hypnotique à l’ensemble. Je pense qu’à trop vouloir compliquer quelque chose les gens perdent leur intérêt plus vite. ET COMMENT TE SENS-TU, JEUNE FRELUQUET DE 21 ANS AU MILIEU DE TOUS CES PONTES SI ÂGÉS DE LA D&B ? C’est parfois difficile. Evoluer parmi tant de gens qui ont

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travaillé si dur pendant des années et des années, des ingés sons, des musiciens. Mais j’essaie simplement d’avancer tête baissée, sans relâcher mes efforts. Je pense que n’importe qui, quel que soit son âge, peut gagner le respect de ces gens s’ils travaillent suffisamment dur. Mais cela prend beaucoup de temps, beaucoup d’engagement. Mais le résultat en vaut la peine. Je pense que j’ai travaillé suffisamment dur pour en arriver au point où j’en suis aujourd’hui. Si tu es sérieux, que tu ne lèches les bottes de personne, si tu es suffisamment engagé dans ce que tu fais, rien n’est impossible. TU M’AS DIT AVOIR DES ORIGINES ORIENTALES ET ESPAGNOLES. TE SENS-TU PROCHE DE CES CULTURES, REPRÉSENTENT-ELLES QUELQUE CHOSE DE SPÉCIAL À TES YEUX ? J’ai beaucoup voyagé en Espagne, et je m’y sens comme chez moi. La musique espagnole a beaucoup compté pour moi, dans les rythmiques brutes, organiques. J’aime les pays qui usent de la musique et du rythme comme une pratique globale, plutôt que comme un simple plaisir d’écoute. Comme par exemple l’Egypte, les rythmes africains, etcetera. Ils le voient comme une danse religieuse, ce genre de chose. TU NE PENSES PAS QU’EN ANGLETERRE, AVEC LA MOUVANCE DES RAVES, LA MUSIQUE EST BEL ET BIEN DEVENUE UNE PRATIQUE GLOBALE ? Oui c’est vrai. Mais c’est devenu une mode. Et il y a beaucoup trop de gens dans l’expectative, simples spectateurs à Londres je trouve, qui veulent juste se montrer et critiquer. Dans le monde entier, les gens ne se figurent pas à quel point le relationnel, les egos peuvent prendre le pas sur la musique parfois.

NE PENSES-TU PAS CELA-DIT, QU’UNE SCÈNE TRIBALE EST SUR LE POINT DE SE FORMER, CONTRE TOUTES CES ATTITUDES QUE TU DÉCRIS ? TU N’ES PAS LE SEUL, TU ES ENTOURÉ DE GENS AVEC LESQUELS TU TRAVAILLES RÉGULIÈREMENT, COMME D BRIDGE, INK, DBR UK ETC. QUI ESSAIENT TOUS DE FAIRE NAÎTRE QUELQUE CHOSE DE NEUF DANS LA D&B. Si c’est le cas, je n’ai pas l’impression d’en faire partie en tout cas. Je fais juste mon petit truc à moi sans vraiment me préoccuper de l’aspect global et collectif que peuvent prendre les choses vues de l’extérieur. Cette musique est vouée à la Room 3 de la Fabric de toute évidence pour le moment. Mais je pense que si tout cela commence à être poussé du côté commercial des choses, comme de voir par exemple un Tshirt ‘Marka’ sur une fille complètement déjantée et défoncée aux ecstas, je perdrais définitivement mon attrait pour cette musique. LE PHÉNOMÈNE MARKA, TU EN PENSES-QUOI ? Le morceau a vraiment permis de planter un drapeau dans le sol : nous existons désormais. Pour nous autres plus petits je veux dire, c’est déjà une belle avancée. J’apprécie Skeptical, c’est un bon ami à moi, et il a été l’un des premiers à soutenir mes morceaux. Il y a peut-être bien une petite scène au final, de gens qui s’entraident. J’ai mon crew, je m’y tiens avec fidélité. Ce sont les gens qui te réconfortent, qui se motivent les uns les autres, qui jouent les morceaux des autres, se les échangent, etc. Il y a un lien très familial derrière tout cela c’est vrai. La scène D&B est bien plus profonde et étendue que ce que l’on peut imaginer au premier abord.

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INTERVIEW | SKEPTICAL & MC FOKUS | UK

Interview par Marie-Charlotte Dapoigny Photo : DR

Phil (Fokus) et Ash (Skeptical) ont uni leurs forces récemment pour une nouvelle sortie labellée Dispatch Recordings. Ce n’est pas la première fois, mais de plus, pour l’occasion, MC Fokus aurait rejoint son acolyte pour sévir du côté obscur de la force (la production). Skeptical restant à nos yeux l’une des figures montantes les plus impressionnantes du moment, tant comme DJ que comme producteur, nous avons saisi l’opportunité d’interroger deux des meilleurs hardcore workers de l’underground D&B.

SKEPTIKAL & MC FOKUS COMMENT VOUS ÊTES VOUS RENCONTRÉS, QU’EST CE QUI VOUS A VRAIMENT MOTIVÉ À TRAVAILLER ENSEMBLE ? F : Nous nous connaissons depuis des années, avant même que nous ayons les noms de Skeptical & Fokus. Nous avons grandi dans la même ville et on jouait dans les mêmes soirées locales et les mêmes radios pirate. J’étais passé à la maison de Ash un jour, et il m’a joué quelques morceaux sur lesquels il travaillait alors ; Je ne savais même pas qu’il produisait à cette époque. Ce n’était qu’une question de temps avant que nous décidions de travailler ensemble en studio. Avec les éléments d’amitié déjà en place, faire de la musique devient beaucoup plus facile. Nos styles se complètent, c’est aussi simple que ça vraiment. S : Phil ramène toujours une bouteille de Rhum brun, alors j’ai pensé que je le laisserai venir en studio avec moi ! COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS LA VIBE PLUS DEEP QUI SOUSTEND LA PRODUCTION D&B UNDERGROUND CES JOURS-CI,

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ET QUI VISIBLEMENT VOUS INSPIRE EN STUDIO ? S : Je pense que le son se retourne vers la vibe des années 90, celle des origines. Pour moi les années 90 ont été les meilleures pour la D&B. J’ai le sentiment que ce son va prendre racine pour un bon moment, je l’espère en tout cas. F : Je pense qu’un bon nombre de producteurs retournent aux origines. Je suis un grand fan de cette approche plus simpliste. Pas dans le sens ou la musique doit être vraiment minimale, mais j’aime qu’un morceau ne soit pas complètement saturé ou vraiment brutal. Du point de vue d’un MC, il y a plus de place pour travailler avec ce genre de morceau. L’influence Dub est aussi très présente chez un bon nombre de personnes actuellement, ce qui est selon moi une très bonne chose. SI JE ME SOUVIENS BIEN, VOTRE PREMIÈRE COLLABORATION AVAIT ÉTÉ SIGNÉE SUR LA PREMIÈRE COMPILATION DISPATCH NOMMÉE ‘TRANSIT ONE’, ET MAINTENANT, IL Y

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EN A UNE NOUVELLE SUR LE POINT DE SORTIR. QUELS SONT VOS SENTIMENTS AU SUJET DE CETTE NOUVELLE SORTIE, ÊTES VOUS CONTENTS DE TRAVAILLER AVEC DISPATCH À NOUVEAU ? F : Je suis vraiment content de travailler une nouvelle fois avec Dispatch. Ant Tc1, qui gère le label, est toujours sur la brèche et sort les morceaux au bon moment. La promotion, le marketing sont au point, les gens sont toujours impatients de voir les nouvelles sorties. Le label a vraiment pris une nouvelle dimension l’année dernière, et je suis vraiment fier d’en faire partie. Dispatch est devenu un signe de qualité pour beaucoup de gens. Je suis vraiment excité de voir l’effet de la nouvelle sortie, je pense que c’est une bonne représentation de ce que nous sommes tous les deux. S : Je suis vraiment content de voir la manière dont ont tourné ces deux morceaux. C’est une bonne chose d’avoir un contraste entre les deux faces d’une sortie. ‘The Thruth’ a pris quelques séances pour être vraiment terminée, alors que ‘Fluctuate’ semblait venir beaucoup plus naturellement. Les deux morceaux apportent quelque chose de frais, de différent par rapport à nos précédentes sorties. Et Dispatch est le meilleur foyer qui soit pour ce 12’’. AU SUJET DE ‘FLUCTUATE’ : ON PEUT FACILEMENT PERCEVOIR QU’IL N’Y A AUCUN VOCAL SUR CE MORCEAU, CE QUI SIGNIFIE QUE NOUS AVONS AFFAIRE À MC FOKUS PRODUCTEUR ! PHIL, PEUX-TU NOUS EN DIRE UN PEU PLUS SUR CE NOUVEAU TOURNANT DANS TA CARRIÈRE, TON RÔLE DANS LE PROCÉDÉ DE CRÉATION ET SI TU PENSES DONNER VIE À DE NOUVEAUX PROJETS DE LA SORTE ? F : Oui, ce morceau est bien celui de MC Fokus en co-prod ! Il semble que cela ait causé quelque confusion, les gens sur internet pense que c’est un morceau de Skeptical, avec ma voix de l’autre côté. Nous voulions faire quelque chose de plus percutant, le genre de morceau qui te fait tourner la tête quand tu l’entends en club. ‘Fluctuate’ était le résultat final. Les choses se sont mises en place assez vite, nous étions tous les deux d’accord qu’il ne nécessitait pas de voix supplémentaire. Je voulais entendre personnellement comment les autres MCs allaient se saisir du morceau. J’ai déjà fait quelques projets l’an dernier avec ma voix, et je ne veux pas me faire piéger dans une case « n’est qu’un MC » en ce qui concerne mes activités musicales. En ce qui concerne la production, j’apporte de nombreuses idées en studio. C’est sûr qu’Ash est aux commandes majoritairement, mais j’aime bien lui piquer le clavier de temps à autre. Nous arrivons à travailler de cette manière, alternativement, et je suis sûr que la plupart des gens seront d’accord – ça ne sonne pas comme un morceau purement Skeptical : pas de rim shots pour commencer ! Je veux vraiment travailler sur des choses un peu plus instrumentales à l’avenir. J’apprends chaque jour de nouvelles choses dans le studio, et si je suis assez patient je pourrais peut-être sortir quelques morceaux à moi dans un futur proche. A L’ÉCOUTE DE ‘THE TRUTH’, ON PEUT PERCEVOIR UNE PORTÉE UN PEU REVENDICATIVE DES PROPOS : IL Y A-T-IL UN MESSAGE PARTICULIER QUE NOUS DEVRIONS RETENIR ? F : Pas de message en tant que tel, plus quelque chose de l’ordre du rappel pour les gens qui grattent à la surface des

choses et tentent de lire entre les lignes. C’est important d’aller chercher plus au fond des choses, plutôt que d’accepter les choses telles qu’elles nous sont données par les pouvoirs en place. Prenez vos propres décisions, connaissez votre propre esprit. QUELS SONT VOS ESPOIRS ET VOS ATTENTES POUR L’ANNÉE À VENIR, EN TANT QU’ARTISTES, MAIS AUSSI POUR L’ENSEMBLE DE LA SCÈNE QUE VOUS PORTEZ ? F : En tant qu’artiste, je veux continuer à sortir un maximum de choses. Skeptical et moi avons beaucoup d’autres choses à venir, et vous nous verrez bientôt travailler ensemble plus fréquemment dans les clubs. J’ai entendu que les scènes D&B devenaient très intéressantes dans le monde entier, et j’aimerais avoir l’opportunité de voyager et de les explorer. La scène dans son ensemble me paraît vraiment en pleine santé. S : J’aime passer du temps en studio en ce moment, à composer des morceaux. J’ai quelques gros projets en route, et mon agenda de DJ est vraiment bien rempli. Après le succès de ‘Marka’, je veux faire durer ce moment de gloire. Je pense que ma musique commence à toucher une audience plus grande. LES PERSONNES LES PLUS INSPIRANTES QUE VOUS AYEZ RENCONTRÉES ? S : Ma copine. F : Difficile a dire sur la simple base des gens que j’ai vraiment rencontrés. Ce fut pour moi une vraie inspiration de voir Method Man en live. Je suis aussi allé à une soirée Wu Tang il y a quelques années et Meth a tout simplement fait tout le show. La manière dont il contrôlait la foule et l’énergie brute qui se dégageait de sa performance était vraiment bluffante. Sans hésiter la personne la plus captivante que j’aie vue sur scène. Mais je ne l’ai pas rencontré en personne après la soirée. VOS CINQ MORCEAUX PRÉFÉRÉS DU MOMENT ? Code 3 – Living Proof VIP DBR UK & DP3 – NTZ 48 Dub Phizix feat. Fox – Never Genotype – Fuel To The Fire Loxy & Resound – Conquer X UN DERNIER MOT, UN DERNIER CONSEIL POUR LES JEUNES PRODUCTEURS QUI VOUS LIRONT ? F : J’aimerais dire un grand merci à tous les gens qui sortent et qui dépensent tout leur argent dans la musique, que ce soit en vinyle, en mp3, qu’importe. A une époque où nous courrons le risque que la musique devienne un confort gratuit, il est bon de savoir qu’il y a toujours de vrais fans là dehors qui veulent faire vivre la scène. Big up à tous les DJs de chambre qui jouent nos morceaux dans leurs sets. S : Producteurs, continuez à faire ce que vous faites, essayez toujours d’apprendre de nouvelles techniques. N’ayez pas peur d’expérimenter de nouvelles sonorités. Vous les aurez à la fin.

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DOSSIER | GLITCH-HOP

DOSSIER GLITCH HO

Nous vous avions brièvement présenté le Glitch-Hop « Selecta du Digga » du numéro 6 (mars 2011) mais c s’imposant rapidement nous avons décidé d’approfon de vous faire entrer plus encore dans cet univers étr Tout d’abord rappelons que le terme GLITCH vient d erreur de lecture, d’un crack numérique, de plein de p «ratés» qui vont devenir sa marque de fabrique. Expl dans plusieurs styles de musiques comme l’IDM ou la D & Bass, des artistes tels que Aphex Twin, Squarepush Plug (Luke Vibert) vont dans les années 90 pousser l’extrême ces petits échantillons pour leur donner u aspect mélodique et rythmique devenant par la suit un genre de musique à part entière. Pourtant, dans les années 2000, le Glitch s’est vu repris par bien d’autres style avec des artistes comme Jimmy Edgar, The Flashbulb ou encore Prefuse 73, ne le limitant pas à un genre mais continuant de caractériser certains courants et artistes toujours en recherche. Mélange des cultures et des époques, les choses continuent d’évoluer et à son tour le Glitch a développé une sous-catégorie le « Glitch-Hop « qui a fait son entrée il y a quelque mois en tant que tel sur plusieurs plateformes de téléchargement. Mais qu’est-ce que le Glitch-Hop ? Comment décrire ce courant apparu aux alentours de 2006 et quel sera son avenir ? Nous avons interrogé quelques artistes du genre pour savoir comment eux le voyaient, au présent comme au futur.

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Dossier par Jérôme Le Floc’h et Morgane Mulot Photos : DR

KNOWA KNOWONE Scratcheur, producteur et co-fondateur du label « Ritual Street » Knowa n’est pas un novice de ce mouvement, il est en effet un acteur dynamique de la scène glitch californienne depuis 2008 et nous revient en ce début d’année avec un EP très réussi « champagne and kittens » sur 1320 Records.

OP

dans la ce style ndir et range. d’une petits loité Drill her, rà un te

« Glitch-Hop est le terme communément utilisé pour les styles de musique électro basées sur des modèles de beat et tempo Hip-Hop. Pour faire simple, on peut dire que c’est la rencontre entre le Hip-Hop et l’électro moderne. Ayant produit du Hip-Hop depuis longtemps je vois cela comme l’évolution logique des productions de sons HipHop qui finalement formeront la base d’une nouvelle forme de Hip-Hop proprement dit. Quelques artistes comme moi utilisent les samples de manière similaire à la production Hip-Hop traditionnelle tandis que d’autres plus influencés par le Dubstep n’en utilisent qu’une partie synthétique ne gardant que la batterie et le tempo. Ce n’est pas un genre aussi basé sur le tempo que le Dubstep et il peut atteindre des rythmes allant de 60 à 110 bpm. De bien des manières le Glitch-Hop est une bass musique alternative plus dansante que le dubstep spécialement en tempo élevé. »

« Je crois que le Glitch-Hop deviendra de plus en plus populaire et reconnu (surtout aux USA) dans les prochaines années. En effet, je pense que le Dubstep et sa rigidité rythmique fera du Glitch-Hop une super alternative pour les DJ, MC, producteurs et surtout les danseurs qui en demandent plus de la Bass Music et sont à la recherche de neuf avec le Hip-Hop. La Bass Music est de plus en plus reconnue aux USA et je pense que les MC et producteurs de Hip-Hop traditionnels se tourneront rapidement vers des productions plus influencées par le Dubstep et le Glitch-Hop. J’ai déjà vu cela arrivé bien des fois cette année. Beaucoup de MC et artistes Hip-Hop reconnus en viennent à de nouveaux styles musicaux et c’est plaisant à voir. Je pense que les débuts du GlitchHop que nous voyons aujourd’hui seront la base de la prochaine évolution du Hip-Hop. »

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ELFKOWITZ Producteur de Detroit, Ian Lefkowitz n’est pas là par hasard. Tomber dans le studio de musique de « The Bass Brother (Grammy winning producer / Eminem)» ça donne de la motivation à l’âge de 14 ans. Il participe à la prochaine compilation officiel de Dark Side of the Moon remix album des Pink Floyd. Et oui rien que ça. « C’est difficile à dire, le Glitch-Hop est l’un des genres musicaux les plus ouverts. Nous apercevons seulement ce que ces programmes de production peuvent faire. Découpant chaque son en une entité propre et rassemblant le tout dans une œuvre d’art syncopée. J’ai l’habitude de décrire le Glitch-Hop comme la plus belle musique électro qu’on ne pourra jamais entendre, des artistes comme Telephon Tel Aviv sont carrément tuants. Ça a tellement muri depuis pourtant, il y a tellement de styles de GlitchHop, tant de gens en ont leur propre adaptation. C’est tellement drôle de voir tout ce que chacun peut en sortir car c’est un genre vraiment inexploité »

« Je pense qu’une fois que les gens l’auront écouté ils ne pourront y résister. Je veux dire par là que la moitié des plus gros DJ sur le marché passent du Glitch-Hop dans leur sets, les gens ne savent juste pas de quoi il s’agit. C’est le seul genre de musique électro qui ne sonne plus comme une musique lambda. Je pense que le phénomène sera énorme !»

SUGARPILL Originaire de la mythique scène glitch de L.A, producteur très actif, il apporte sa touche Hop au Glitch, maniant à la perfection les beats Hip-Hop et son style West Coast, agrémenté de basse et de voix coupées au rasoir. Il vient tout juste de participer à une compilation sur Muti Music en compagnie de Stephan Jacobs, ill-esha, +verb, ChrisB...

« Cela vient d’une multitude de styles différents un peu comme le Hip-Hop. La partie dite « glitch » c’est le fait de prendre quelque chose qu’on a négligé un peu comme par erreur et de le transformer en quelque chose de musical et d’intéressant».

« Je pense que le Glitch-Hop est définitivement en plein essor. Surtout maintenant que les gens se rendent compte que sous ce simple terme stylistique se cache une variété de sons et de tendances. Ce qui aide aussi c’est que les gens commencent à comprendre que les artistes font des choses vraiment uniques qui ne sonnent pas simplement comme des erreurs au hasard. Je suis aussi rassuré de voir tant de nouveaux producteurs sortir des choses nouvelles qui sonnent vraiment bien. »

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PLANET SOAP Planet Soap est un duo italien aux influences sombres. Ils partagent un gout assuré pour les ambiances industrielles et brutes. Ils viennent récemment de collaborer avec le producteur russe Damscray sur le projet « Planet Terror ». « Je vois et j’espère un futur glorieux pour le Glitch-Hop et la Bass Music. Je découvre un nouvel artiste tous les jours. Les idées viennent de part le monde entier, des super progs rythmiques de la Russie à l’Angleterre, de l’Italie à l’Amérique, beaucoup de blogs et d’articles (aussi en Italie !!!!) parlent de cette musique ». « Le Glitch-Hop est une grande évolution du Hip-Hop instrumental, des basses Hip-Hop alliées à des sons éclatés, brisés, du 8-bit style jeux vidéo qui claquent. Je veux croire que tout commence avec le Donut’s album de J Dilla : Nintendo et Uk Bass dans un même morceau ! »

FX : « Pour moi le Glitch-Hop c’est la rythmique Hip-Hop new yorkaise et binaire des 90’s mélangée à des sonorités électroniques et des effets qui cassent les sons et le rythme. On constate qu’un croisement entre le Hip-Hop et la musique Électronique des années 2000 s’est créé, et ceci a donné un nom à un nouveau genre, comme Afrika Bambaataa dans les années 80 (Electro-Hip-Hop). L’artiste emblématique de cette scène reste Edit (Glitch Mob) à mes yeux. »

DAMS : « Oui ce sont tous ces bugs, défauts et effets sonores que nous éditons et mélangeons dans nos compositions. C’est vrai qu’Edit est un des pionniers et a fortement aidé au développement de ce nouveau genre. On a d’ailleurs eu la chance de jouer avec The Glitch Mob l’an dernier, c’était bien frais même si ce qu’ils font désormais s’éloigne un peu de ce style musical».

TURNSTEAK Pour représenter notre territoire c’est le duo Turnsteak qui s’y colle. Dams et FX sont en effet, des frenchy très actif en matière de Glitch-Hop, concours de jeunes talents, nouveau EP « Engrenage » accompagné d’un clip, l’année 2012 risque d’être mouvementée pour ces deux compères originaire du scratch. FX: « Comme tous les (sous) genres musicaux, il y a énormément de mélanges qui se créent. On voit en ce moment de nombreux producteurs qui mélangent les déconstructions propres au Glitch-Hop à des rythmes moins binaires et très actuels… Certains y ajoutent des basses modulées, des arrangements proches de la skweee et de la musique 8bit… »

DAMS : « On assiste déjà à une mutation de ce courant qui devrait s’accentuer à l’avenir, avec tous les nouveaux producteurs venus d’horizons différents, qui poussent les effets et les délires de plus en plus loin. Ceci est d’ailleurs vraiment bon pour l’évolution du genre et des musiques électroniques en général. »

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INTERVIEW | MORPHY | UK

Interview par Cédric Routard Photo : DR

MORPHY Morphy, producteur D&B de Glasgow connu dans le milieu pour ces productions hors des sentiers battus, fait partie de ces artistes qui font leur petit bonhomme de chemin sans se soucier des conventions établies et qui insuffle un grand vent de fraicheur au mouvement. Il nous a fait la faveur d’une petite interview afin d’en savoir un peu plus sur qui il est et ce qu’il nous prépare pour cette année.

POUR COMMENCER, EST CE QUE TU PEUX NOUS EN DIRE UN PEU PLUS À PROPOS DE MORPHY ?

EST CE QUE TU POURRAIS NOUS DÉCRIRE LE SON « MORPHY » ?

Je suis un producteur originaire du Royaume Uni. J’ai plusieurs releases à mon actif, sur des labels comme Alphacut, Voodoo, Translation, Exit, CX et Foundation X.

C’est un melting pot de toutes les choses que j’aime; le Dub, la Jungle, la « World Music » et l’Ambient. Un track typique de Morphy est plein de percussions, d’effets de dingue et une grosse bassline dubwise ! Pour le décrire rapidement, je dirais que c’est du « Dub with fast drums » et c’est comme ça que ça sonne pour moi.

D’OÙ TE VIENS CE SURNOM DE « MORPHY THE DUBMONGER » ? Il m’a été donné par Professa Fresh de Capitol 1212 qui faisait partie du Crew D&B Pangea. J’ai joué pour eux en 2007 et ils avaient écrit sur le fly « The Dubmonger est de retour! ». Ça me correspondait plutôt bien et je l’utilise depuis! Big up à Professa Fresh!

TA MUSIQUE EST CLAIREMENT INSPIRÉE PAR LE DUB ET LE REGGAE. POURQUOI PRODUIS TU CE STYLE PLUTÔT QU’UN AUTRE ? Quand je commence un track, je n’ai pas vraiment de plan. La

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question n’est donc pas pourquoi je produis ce style au lieu d’un autre, je fais simplement ce qu’il me plait. Évidemment, je suis un grand fan de Dub, mais la plus grande inspiration du genre pour moi vient de l’utilisation expérimentale des effets et tout le concept de la table de mixage qui est un instrument à part entière. Je continue à utiliser beaucoup de matériel analogique dans ma musique et presque tous mes effets sont créés hors de mon ordinateur, et pour moi c’est ce qui fait que ma musique est la plus étroitement liée au Dub, plus que les grosses basslines et les échos de fou, même si bien sûr ils sont toujours aussi agréables ! QUELS ARTISTES ET MORCEAUX ONT PARTICULIÈREMENT INFLUENCÉS TA MUSIQUE ? La liste est sans fin ! Je tire mes influences d’une multitude d’artistes et de différents genres de musique. Mais les artistes qui m’ont le plus influencés au fil des années sont The Orb, Mad Professor, King Tubby, Scientist, Bill Laswell and Pete Namlook. Je pourrais probablement te faire une liste des morceaux qui m’ont inspirés, mais je pense que demain j’y serais encore! Mais voilà ceux qui me viennent à l’esprit en premier : The Orb - Towers Of Dub Sly & Robbie - Burial Dub The Future Sound of London - Papua New Guinea Aphex Twin - Tha The KLF - What Time Is Love (Moody Boys Remix) Massive Attack - Rising Son TU AS DÉJÀ SORTI PLUSIEURS TRACKS SUR VOODOO MUSIC. COMMENT AS-TU FAIS LA CONNEXION AVEC RAIDEN ET SURTOUT QU’EST-CE QUE ÇA TE FAIT DE FAIRE PARTIE DE CETTE AVENTURE ? Raiden est entré en contact avec moi après avoir entendu un track, que j’ai fait avec 9 Tails Fox, qui s’appelle « Disco ». Il l’avait joué dans un de ses mixes et la percussion était dans un délire similaire à ce qu’il avait travaillé après être rentré de sa tournée en Amérique du Sud où il avait découvert la musique latine. Nous avons beaucoup en commun et il n’a pas fallu longtemps avant que je travaille avec lui sur son dernier label Voodoo Music. Le label grandit toujours, mais se révèle déjà être une plate forme incroyable pour un large éventail de styles musicaux, D&B et autre, comme le nouveau projet de Raiden, Kamikaze Space Programme.

J’AI ENTENDU DIRE QUE TU AVAIS UN PROJET DE LABEL EN COURS AVEC LXC, NOMMÉ 457 ? 457 est le nom d’un projet de label DIY, qui aura pour vocation de presser des 7» dubwises en édition limitée de producteurs que nous apprécions. LXC gère le label Alphacut Records, pour qui j’ai fait trois sorties vynils. Ce mec est un génie dans l’art du mastering et du pressage de vinyl, mais c’est aussi un wicked producteur. Donc gardez un oeil sur ce label et les prochaines releases limitées de Flatliners, Phuture T, LXC et moi même. IL Y A TROIS MOIS, TU AS PARTAGÉ UN LIVE SUR TA PAGE SOUNDCLOUD. EST-CE QUE TU PENSES QUE LA D&B DOIT AVANCER DANS LA DIRECTION DE LA PERFORMANCE LIVE OU EST-CE QUE TU PENSES QUE LE DJ AURA TOUJOURS UNE PLACE CRUCIALE DANS LE MOUVEMENT ? C’est une question délicate, en fin de compte je pense que le DJing est crucial, mais il est également agréable d’avoir un peu de variation. Il est bon de voir les DJ utilisant les nouvelles technologies disponibles pour rendre leurs shows plus excitants et variés. Mais l’essentiel est qu’il y ait de la bonne musique qui sorte des speakers et que les gens s’amusent et alors c’est tout bon. EST CE QUE TU PEUX NOUS FAIRE LE TOP 5 MORPHY DE TES TRACKS PRÉFÉRÉS ? La questions est difficile, donc à la place je vais te donner 5 morceaux que j’ai appréciées récemment : 1. The Orb – Latchmere Allotments (Nocturnal Sunshine Remix) 2. Massive Attack Vs Burial – Four Walls 3. Curve – Falling Free (Aphex Twin Remix) 4. LXC – Eleven Eleven 5. Pinch & Shackleton – Jelly Bones ON VA FINIR CETTE INTERVIEW PAR QUELQUES QUESTIONS PLUS TRANQUILLE ! BIÈRE OU WHISKY ? La bière! Les Ales et les Stouts sont mes préférées, particulièrement les Ales de Sam Smith et la Oatmeal Stout est incroyable! HAGGIS OU FISH&CHIPS ?

EST-CE QUE TU AS UN LP DE PRÉVU PROCHAINEMENT OU ENCORE DES COLLABORATIONS? Il y a un LP de Morphy qui se profile à l’horizon, mais il est plus probable qu’il soit pour la fin de l’année. En attendant, je travaille sur deux nouveaux, l’un pour Voodoo Music et l’autre pour Translation Recordings. Du côté des collaborations, j’ai un track avec l’étonnant Mc 2shy « Speaker box » à venir sur Voodoo Music, ainsi qu’un EP avec Flatliners, un bon ami, à venir plus tard dans l’année sur CX, le label de Loxy. Nous avons fait quatre tracks pendant que j’étais à Istanbul. Nous envisageons d’ailleurs maintenant de retravailler ensemble, car ca sonne vraiment bien !

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Je voudrais opter pour le haggis, mais c’est une décision difficile! UN DERNIER MOT POUR LA FIN? Big up à Brian & Steph @Translation, LXC, Raiden, Scott @ ithinkitsnice.com, 9 Tails Fox, Flatliners, Paul Reset and Cliff @ Phuturelabs, Untouchables, Loxy, Bay B Kane, 2Shy, Meth, Ges E and Osmani and all at Nasha Records, Digital, Bailey, Flight, Phuture T, Ortokore, Gremlinz, Genotype, Mental Forces, Double 0, Mantra, Mr Bang E, The 13th Tribe, Enuui, Nebulus, Alcane, Reza, Saskia Mode Blue, Dub One – et tous ceux que j’ai oublié dans ce moment particulier! Et bien sûr toute l’équipe de Bass Music Magazine.

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INTERVIEW

Interview par Nicolas Biremont Photo : Jean-Philippe Carlier Make-up : Vanessa Coupe

Qui a dit que la Bass Music et le Dubstep en particulier n’étaient pas bien représentés en bretagne ? Pour faire taire les mauvaises langues et prouver une fois pour toute que le mouvement est réel et que les activistes se bougent et font avancer les choses en pays bigouden, impossible de faire l’impasse sur Kamikaz Cross Fader ! Fondé par trois passionnés de musiques électronique tombés sous le charme du dubstep à ses premières heures, ce net-label s’est rapidement développé autour d’une idée simple : promouvoir les producteurs français par le biais de compilations en téléchargement libre. Leur catalogue s’est enrichi au fil des contacts et collaborations et propose désormais des EP et mixs exclusifs et gratuits de qualité, toujours dans un esprit de promotion et de partage avec la communauté de france et de navarre. Au menu : présentation des effectifs pour les néophytes, petite mise à jour sur les sorties récentes pour les initiés, et état des lieux du Dubstep en guise de dessert. Bon appétit !

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CE QU’EN PENSENT LES PRODUCTEURS : «Je kiffe KCF parce que c’est vraiment pour l’amour du son : pas de prise de tête, que du kiff !!» - Broadrush «Des mecs qui font une telle masse de boulot, sans chercher les fleurs, sans chercher à gagner de l’argent, juste pour le plaisir de faire avancer la bass music française et mettre en avant de nouvelles têtes... c’est dur d’en penser du mal !» «J’ai souvent l’occasion de bosser avec eux, et à chaque fois, c’est dans la bonne humeur. Ils sont à l’origine d’une véritable initiative, et je trouve que ca mérite d’être supporté.» - AltaZer «Bonne démarche, ils ont envie de faire les choses et vont dans le bon sens. Je les encourage a continuer sur la même lancée.» - Spankbass

BONJOUR ET BONNE ANNÉE À TOUS ! POUR PAS MENTIR AUX LECTEURS, JE COMMENCE À VOUS CONNAITRE ET VOUS AVEZ L’AIR D’UNE BONNE BANDE DE POTES ! COMMENT VOUS ÊTES-VOUS RENCONTRÉS ? Ludo : Biloon et moi on se connait depuis le collège. Puis au fil des années et rencontres, la bande de potes s’est agrandie et Romu était dans ce lot.

a vraiment impulsé le truc c’est quand je bossais dans une salle de concert (la Citrouille) : on travaillait pas mal sur des problématiques liées au monde de la musique en general (la prod , les labels, etc...) donc j’ai pas mal développé mes ambitions en bossant là-bas au fil des rencontres. Ludo : Et il nous a fait sa propagande à Romu et à moi... C’EST DE LÀ QUE VIENT LE LOGO DE VOTRE ASSO D2C ?

Biloon : On a surtout sympathisé par la création d’un soundsystem Techno en 2002. Free party, drogue, filles faciles, tout ça quoi! (Rires) L’asso D2C est venue plus tard, en 2008.

Biloon : Non rien à voir ! D2C ça veut dire Défonceur de Citrouilles !

COMMENT AVEZ-VOUS DÉVELOPPÉ D2C ET COMMENT EN ÊTES VOUS ARRIVÉ À KAMIKAZ CROSS FADER (KCF) ?

Ludo : À la base c’est juste un délire entre potes. La salle de concert où Biloon bossait ça a été une coïncidence !

Biloon : Au départ D2C est un sound-system Techno créé avec une dizaine de potes. Notre objectif était de faire des soirées et de la radio. KCF s’est développé en 2009, Ludo et Romu m’ont rejoint par amour du Dubstep ! Après ce qui

Biloon : Un nom débile pour une période où tous les noms étaient Tekcircus, Meuble en Tek, Tek machine, bref, on a dit : «On chie dedans !». C’était lié aussi un peu à notre état d’esprit de l’époque.

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Ludo : En gros D2C c’est un gros délire de mecs de 20 ans qui voulaient faire la teuf et qu’en avaient rien à foutre de tout. [...] Biloon : Romu va arriver... Romu : Yo les filles ! Biloon : Enfin, putain de fouteux!

ACTUELLEMENT, COMMENT VOUS ORGANISEZ-VOUS EN INTERNE ?

Romu : Mais t’es fou tu connais pas ! 5ème minute Locminé tire sur la barre, 0-0 à la mi-temps... Bref y’a eu 2-1 pour PSG, mais Locminé à failli créer l’exploit ! (NDLR: Locminé est une commune bretonne) OKAY, MAINTENANT QUE VOUS ÊTES AU COMPLET, ON PEUT FAIRE LES PRÉSENTATIONS ? AGE - SEXE - VILLE ... Romu : Donc Romu aka Gromu, 28 ans, Vannes, monteur en réseaux électriques. Ludo : Ludo L.D.V. 28 ans, Rennes, spectateur. Biloon : Thomas aka BilooN, 28 ans, Saint Brieuc. BILOON, T’AVAIS UNE IDÉE PRÉCISE DE CE QU’ALLAIT DONNER KCF AU DÉPART ? Biloon : Pas du tout ! Au départ, c’était pour me la péter et me faire inviter gratos aux soirées. Mais finalement je suis jamais invité et comme je veux m’intégrer je claque un fric monstre - mauvais calcul... Non en gros le but était de se faire plaisir en compilant des artistes pas connus. En gros c’est un peu un délire de DJ, sortir des tracks que personne ne connait. Après y’a eu le projet Dubstep français et là ça a commencé à se structurer et à avoir un vrai but et une vraie ligne directrice. JUSTEMENT, COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE DE LANCER UNE COMPILATION DUBSTEP FRANÇAIS ? SURTOUT QUE SI MA MÉMOIRE EST BONNE, LA PREMIÈRE ÉTAIT INTERNATIONALE ? Romu : On voulait promouvoir la scène française, parce qu’elle regorge de producteurs inconnus. Et on voulait apporter quelque chose à cette scene là, en donnant du free. Surtout en donnant du FREE ! Biloon : Il n’y pas vraiment de lien entre la première compile et le projet KCF tel qu’il est aujourd’hui. Aujourd’hui on la considere un peu comme un premier essai et comme ça a bien marché ça nous a donné les couilles de faire le projet pour la scène francaise ! La compile internationale c’est un peu l’enfance de KCF... PRÉCOCE LE KID ! JUSTEMENT, QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ APPRIS DE CETTE PREMIÈRE COMPILE ? Biloon : Pas grand chose finalement, ça nous a servi de tremplin et on s’est dit que c’était à notre portée. CONCRÈTEMENT, ÇA DONNE QUOI ? QU’EST-CE QUE VOUS NE REFERIEZ PAS SUR LES PROCHAINES COMPILES ? Romu : Rien, on est des pros ! (rires)

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Biloon : Anticiper les délais, prévoir les masterings... Les compiles c’est un peu un projet qui evolue et qu’on ameliore. A notre niveau et au vu de notre experience on a pas fait trop d’erreurs encore ! On essaye d’être bon en toute modestie, on apprend au jour le jour, on essaye vraiment d’anticiper les problèmes et puis surtout on échange avec beaucoup d’autres acteurs de la scène pour avancer. En gros on est des artisans : on fait les compiles comme on le sent en essayant de le faire bien !

Biloon : La direction artistique est commune, chacun cherche de nouveaux artistes de son côté mais la sélection est collégiale. Chacun coordonne la mise en place de la sortie en fonction de son rôle : ça va de la prise de contact au suivi du projet jusqu’à la release. Les rôles sont distribués comme suit : Biloon - Free EP, émission de radio, média, booking. Romu - Compilations French Dubstep, relation artistes. Ludo - DJs mixes. Romu : Le point de départ pour une compilation c’est d’avoir une sélection de 5-6 artistes qui nous réservent un track en exclu. Partant de là, on se fixe une deadline (à un mois près) pour la sortie de la compilation. A partir de là, la principale difficulté c’est de récupérer toutes les tracks en temps et en heure en prenant en compte le mastering et les différentes contraintes des artistes. Un des écueils que l’on a appris à éviter c’est de bien choisir la date de sortie : on évite les vacances scolaires et les sorties trop rapprochées les unes des autres ! Biloon : L’objectif au départ était de sortir une compilation par trimestre. Mais on tourne plutôt à deux par an, du fait des nombreuses contraintes que ça implique. On commence à voir notre travail comme un outil de promotion au service des artistes français. Les gens viennent nous voir maintenant, ce qui n’était pas le cas encore récemment. Le free EP c’est une manière de faire un projet plus personalisé d’un artiste, d’aller plus loin. Des fois ils ne sont pas sur des compiles, genre Issra il peut pas parce qu’il est espagnol. Mais le cheminement logique reste compile -> free EP. POURQUOI SORTIR UNIQUEMENT DU FREE DOWNLOAD ? Biloon : D’une part on trouvait que filer les tracks était le meilleur moyen pour qu’elles soient écoutées et diffusées. Et d’autre part on est assez militant pour tout ce qui est musiques libres, logiciels libres, etc… et le DO IT YOURSELF ! Donc filer des tracks ça correspond bien a notre manière de concevoir KCF… Après c’est aussi une manière pour nous de montrer que ce n’est pas parce que tu ne sors pas de vinyles ou de MP3 sur Beatport que ton son est pas de bonne qualité et que n’a pas le droit à un peu de visibilité (quand tu vois les merdes qui sortent des fois...) C’est un peu un pied de nez à ce système qui ne laisse pas de place pour tout le monde et qui souvent laisse des très bons artistes sur la touche… On sait bien qu’en continuant à filer la musique sans la vendre, on participe un peu à notre échelle à la destruction des shops, de l’industrie du disque vinyle et tout ça… On est d’ailleurs très tristes que les disquaires de chez nous

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ferment les uns après les autres, notamment Switch Rec – shop de Rotator ( peace off) - RIP ! (NDLR : le shop existe toujours, mais en ligne). Par rapport à notre objectif premier - promouvoir la scène et les artistes - filer les tracks c’est le moyen le plus efficace ! On insiste toujours auprès des auditeurs pour qu’ils achètent les tracks, supporter les artistes même si on sait pertinemment qu’ils gagnent vingt centimes par track et que c’est loin de payer tout le travail accompli… Ce qui est important c’est de bouger aux soirées, que les organisateurs payent correctement les artistes et que la magie s’opère entre artistes et public.

partagent des morceaux gratuitement, où les échanges avec les blogs notamment se font assez librement et que ce genre s’est développé autour de cet échange. Le Dubstep devient un genre de musique électronique à lui tout seul avec tous les dérivés qui en découlent, mais la tendance est au durcissement des sonorités, un peu comme la Techno en son temps.

QUELLES SONT VOS DERNIÈRES SORTIES EN DATES ?

Romu : À moyen terme, le genre va continuer sur ses acquis, mais il est tellement ouvert qu’il est quasiment impossible de prévoir son évolution à long terme ! Biloon : Le Dubstep est parti sur les chapeaux de roues ! Actuellement il stagne un peu, mais ça va repartir. L’essor du Moombahcore en particulier me plait bien ! Le Dubstep a créé une manière de produire qui est en train de se faire récupérer par d’autres styles musicaux.

Biloon : Le Baudruche EP de Broadrush est disponible et on est plus que satisfaits de la qualité des tracks ! Dubmentalist suivra d’ici fin janvier, ensuite la compile French Dubstep 03. Les Free EPs sortiront au rythme d’un par mois en moyenne. On a déjà ISSRA et DAVTH de confirmés pour les prochains mois. Ludo : Pour la partie DJ Mixes, c’est tout frais ! On a fait un appel début novembre et on a eu un retour d’une vingtaine de mixes du 23 novembre au 3 décembre. Chacun écoute, et on vote par «likes» dans le groupe secret de Kamikaz Cross Fader, avec un droit de véto. Pour cette première release on a gardé Akoufen : il nous a sorti un mix sombre mélant Dubstep Drumstep, Électro et le tout cohérent du début à la fin. Ça devrait sortir très vite. JE SUIS DJ ET JE CHERCHE À PROMOUVOIR UN DE MES MIXES. SI JE VOUS CONTACTE, QUELS SONT LES CRITÈRES DE SÉLECTION ? Ludo : Une cohérence dans le set, et surtout une bonne qualité de mix; c’est a dire pas balancer track sur track en faisant des pull-ups a tout va ! Romu : Oui voilà, un truc qui a de la personalité et qui se démarque par un univers propre et cohérent. Venant de la Techno, on recherche principalement des enchaînements logiques et que le tout nous fasse voyager !

PERSONNELLEMENT, JE PENSE EFFECTIVEMENT QU’IL RESTE ENCORE PLEIN DE GENRES À FUSIONNER AVEC LE DUBSTEP, QUE CE SOIT LE FUNK, LE BLUES, LA SOUL... QU’EN PENSEZ VOUS ?

TU PENSES À DAVID GUETTA, PREMIER DES CHARTS DUBSTEP ? OU MÊME JUSTIN BIEBER QUI PRÉVOIT UN ALBUM DUBSTEP... Biloon : Pour moi ça restera du Justin Bieber avec une technique de production propre au Dubstep (rythmique, basses, wobbles, etc ...). L’industrie change et le Dubstep a déjà intégré le mode de fonctionnement le plus approprié à ce changement. Normal que les grosses pointures se l’approprie ! Romu : Qu’on l’aime ou pas Skrillex par exemple apporte au Dubstep une notoriété auprès du grand public et permet de différencier le côté «commercial» du coté «underground». L’avenir du Dubstep est impossible à prédire mais une chose est sûre, il n’est pas prêt de s’arrêter. Même si de plus en plus de monde pense que le genre ne se renouvelle plus autant qu’à ses débuts, il y aura toujours des producteurs pour aller défricher des sentiers novateurs. UN MOT SUR VOTRE GRAPHISTE ?

VOS PROJETS À MOYEN ET LONG TERME ? Biloon : Pour ma part, je cherche à développer l’émission KCF Radio Show. Une heure toutes les semaines, un artiste français par mois, 15-20 minutes de news subjectives et un focus sur un label. C’est plus une émission de vulgarisation pour les néophites mais les initiés peuvent aussi se mettre à niveau sur les news. On trouvait que ça manquait en france, une émission qui ne se contente pas de passer des mixes mais qui présente un peu les artistes et les labels. Et la mise en place d’un site internet aussi. LA QUESTION QUI TUE : COMMENT VOYEZ VOUS L’ÉVOLUTION DU DUBSTEP DEPUIS SES DÉBUTS À AUJOURD’HUI ? Romu : Ça part dans toutes les directions ! Ça a commencé avec le Deep, actuellement il y a beaucoup d’influence électros. Biloon : Tout le monde va en écouter ! Une des particularités du Dubstep qui m’a le plus plue depuis ses débuts c’est que c’est un des rares styles musicaux où les producteurs

Biloon : On cherchait quelqu’un capable de suivre nos releases de près et de motivé. Il est actuellement en formation et se fait un book avec nos productions. ON RETROUVE ASSEZ SOUVENT DES MORTS VIVANTS ET DES ZOMBLARDS SUR VOS COVERS. EN CAS D’INVASION ZOMBIE, QUELS TRACKS METTREZ-VOUS DANS VOTRE I-POD, ET QUEL MATOS DANS VOTRE BESACE ? Biloon : Je prends mon ordi (pour avoir toutes ma discothèque) mon casque, mon sérato, des BD, une casquette, des clopes et des bouteilles de Jack Daniels ! Romu : Requake, Excision, Habstrakt, Silent Frequencies, du vin rouge, un saucisson et une nappe à carreaux ! Ludo : Platines vinyles, des morceaux de Nero en Dubstep et Drum sur une clé usb, mes vinyles Drum, ma bite et mon couteau.

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FREE DOWNLOAD | FREE TRACKS

Textes par Sebastien Zandrini

LA SELECTA DU DIGGA /// REQUAKE – FREQUAKE EP Le duo belge nous fait le plaisir d’offrir cet EP pour fêter leur 4000ième likes sur Facebook. Les morceaux sont assez deep et mental comme à leur habitude. http://bit.ly/requake

/// DODGE & FUSKI – PYTHON Il devient assez rare de voir des artistes qui brulent tous les dancefloors mondiaux faire des petits cadeaux mais les anglais de Dodge & Fuski échappent à cette règle puisqu’ils offrent ce morceau que vous avez sûrement déjà entendu en soirée. http://on.fb.me/u1NrAN

/// XV FEAT WIZ KHALIFA – GOBSTOPPER (FIGURE REMIX) Une bonne rubrique free download ne se fait pas sans un morceau de Figure qui est décidémment très généreux !! Il nous offre ce remix Crunk-Drumstep de XV feat Wiz Khalifa qui sera parfait à écouter dans votre voiture, le coude posé sur la fenêtre lunette de soleil chicos sur le nez, new Era trop grande et grosse chaine en or autour du cou, swag ! http://bit.ly/figureXV

/// EMMURE – CHILDREN OF CYBERTRON (HULK REMIX) Il faut croire que les gars de Hulk droppe un morceau en téléchargement gratuit à chaque fois que je suis en train d’écrire cette rubrique !! Dailleurs le morceau ne vous sera probablement pas inconnu. Les gars sont assez productifs et il y a plusieurs morceaux en téléchargement gratuit qui sont tombés ces deux derniers mois, allez faire un tour sur leur soundcloud. http://bit.ly/hulk2

/// DREAM – GO HARD (CRIZZLY REMIX) Ca n’est pas la première fois que je vous propose un morceau du jeune Crizzly et une fois de plus, la qualité est au rendez vous, le morceau est formaté pour vous faire sauter sur le dancefloor et ça n’a pas échappé non plus à Downlink et Mark Instinct qui l’on placé dans leurs DJ sets. http://bit.ly/crizzly

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/// SKREAM – PROFUSE (OMG REMIX) OMG donne plutôt dans le Brostep et il est tout naturel de les voir remixer ce morceau de Skream qui avait fait un peu la contreverse chez les puristes lors de sa sortie fin 2011. http://bit.ly/omgskream

/// SYNDICATE REMIXES Flux Pavillion, Skrillex et Digitalism ont travaillé sur des remixes de la bande son du Jeu de EA Sports qui est sorti le 21 Février dernier, les morceaux sont téléchargeables sur le site facebook du jeu a cette adresse: http://on.fb.me/syndicateremix

/// DARK ELIXIR – LOST IN YOU REMIX Dark Elixir qui nous avait habitué à des morceaux plus dur ou sombres surprend avec ce remix popstep du morceau de Dusky feat Janai et nous prouve par là même que c’est un excellent producteur. http://bit.ly/darkelixir

/// AUDIO SLEAZE – BODY MOVE Un morceau dub mental avec une sub basse lancinante juste monstrueuse!! Celà faisait quelques mois qu’ils n’avaient rien sorti mais apparemment des morceaux sont en préparation et on devrait voir arriver du nouveau dans quelques temps. http://bit.ly/audiosleaze

/// NESSTRAK – MIDNIGHT LP On continue dans le Dub mental et deep avec ce LP de Nesstrak. Une premiière release assez réussie pour le Netlabel Lowers: on attends avec impatience de voir la suite!! http://bit.ly/nesstrak

/// DANK007 – MANU CHAO – ME GUSTAS TU (DEE:SEE REMIX) Cette fois ci, personne ne pourra dire qu’il ne connaissait pas l’original !! Ce remix Drum n’ Bass est assez simple et sans fioritures mais pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple et efficace http://bit.ly/dank007

/// D-JAHSTA – RAGGED JUNGLE D-Jahsta qui a drop ce morceau sur son soundcloud pour feter les 7000 likes sur sa page Facebook en aura dérouté plus d’un avec ce morceau Old skool Jungle et ses amen breaks sur pitchés qui est aux antipodes de ses productions actuelles. C’est une Façon de rappeler qu’il produisait d’abord ce type de musique avant de se mettre a a faire du Dubstep. Il sera présent pour le Rumble Festival sur la soirée Carte Blanche Bass Freak Dogz, ne le ratez pas!! http://bit.ly/djahstajungle

/// 12TH PLANET – THE END IS NEAR Scion A/V qui nous avait déjà fait le cadeau il y a quelques semaines d’un Free EP de Skream & Benga réitère cette fois ci avec l’Américain 12th Planet. Les morceaux sont assez classiques mais après quelques écoutes la mélodie de « The End is near » va vous coller aux oreilles et c’est à ça que l’on reconnais les productions de qualité. http://bit.ly/12thplanetfree

/// GETTER – SMASH YA FACE Getter fait partie pour moi des Artistes Californiens incontournables du moment. Le son est minimal pour se morceau mais il tape autant dans le registre bourrin que classique et chaque morceau est une vraie surprise et rarement une mauvaise!! http://bit.ly/gettersmash

/// ABCD&DMG CREW- BEIRUT EP Beirut EP c’est une compilation d’artistes libanais comprenant Balkansky, Cooh, Loop Stepwalker, Spets, Radio KVM, Rise 1969, Dub Snakkerkr et Joh. Vous aviez surement déjà entendu Balkansky et Loop Stepwalker sur des morceaux beaucoup plus noirs, torturés et à la limite du breakcore sursaturé mais ils nous offre quelque chose de beaucoup plus calme (enfin de façon relative par rapport a leurs prods habituelles!!) et l’EP mlagré sa qualité inégale se laisse bien écouter. Le téléchargement est gratuit et sur donation, donc n’hésitez pas a mettre quelques Euros si vous avez apprécié, on oublie trop souvent de soutenir les artistes surtout quand ils font cette démarche tout a fait louable: « Si tu kiffe pas, tu paye pas et puis c’est tout!! » http://bit.ly/coohfree

RETROUVEZ L’INTÉGRALITÉ DE LA RUBRIQUE DU DIGGA EN VERSION EXTENDED BIENTÔT SUR LE BLOG : WWW.BASSMUSIC.FR

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CHRONIQUES | REVIEWS

Goth-Trad New Epoch

Kamikaze Space Programme Hass Effect EP

Deep Medi

On en parle depuis plus de trois ans, Goth-Trad, le fervent représentant du Dubstep nippon, sort enfin son album sur Deep Medi, le label du mystique Mala. Un album particulièrement atypique et étonnamment minimal, une touche que l’on n’attend pas forcément du « sound originator », qui sait surprendre et attiser l’attention de l’auditeur avec son album au tracklist «presque» impeccable. Chronique ! C’est sur «Man in the maze» que Goth ouvre son album, qui se démarque par sa longue intro et l’usage du violon. Pièce maitresse de l’album, c’est aussi le point de départ d’un voyage atypique qui nous mène au travers de productions mêlant électronique, acoustique et autres musiques concrète, une alchimie que l’on retrouvera dans de nombreux morceaux. Sans pousser l’expérimentation trop loin, Goth-Trad nous délecte d’une musique puissante, personnelle tout en restant dancefloor, chose assez rare pour être signalée dans le paysage « dubstep » actuel. Pourtant l’album subit le titre « Babylon Fall ». Alors oui, c’est sans doute un titre phare (et le seul featuring de l’album) parce que déjà sortit l’année dernière en maxi vinyl, mais dans le contexte de « New Epoch », le morceau se détache et détonne. Situé en plein milieu de la playlist, il tronque «légèrement» l’expérience d’écoute. Bref, un petit point d’ombre qui ne saurait ternir les bijoux que recèlent cet album. MB

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Textes par Mattias De Barberin et Cédric Routard

Decarythm

Sur la lancée de son premier Ep sur Decarhythm au mois d’ Octobre dernier, Kamikaze Space Programme aka Raiden, remet le couvert avec un Ep nettement plus sombre – L’hiver Estonien peut être, qui sait ? - . Au programme, 4 titres très éclectiques : Black Lagoon, morceau résolument techno, « Minus 28 » qui ravira les aficionados de Boddika , Bok Bok et consort , « Crusoe on Mars » , track house/techno hybride rythmé par les sons de cloches bizarroïdes. Enfin pour clôturer cet opus, KSP nous gratifie de « Trouble », qui n’est pas sans rappeler certains morceaux d’Addison Groove avec sa rythme ciselée, ses basses 808 et ce sample qui te répète « Trouble », un rince dancefloor. Bref, le genre d’Ep qu’on aime tant chaque morceau est différent et qui nous montre que KSP n’a pas fini de nous étonner! Enfin on l’espère! CR

Scuba Personality Hotflush

Avec le temps, les pionniers du mouvement dubstep semblent s’éloigner du mouvement qu’ils ont pourtant contribué à ériger. On n’est pas là pour en faire la liste non plus,

mais il reste pertinent de s’intéresser aux évolutions de carrière des uns et des autres. Aujourd’hui Scuba revient à nous avec un album plus techno tu meurs et qui pourtant montre une couleur pas si exogène que ça. Chronique ! De son propre aveux les textures et le son de « Personality » sonne très 80’s, surement des sonorités qui auront marqué le petit Paul Rose lors de ses années d’écolier. Samples de voix très «cliché» et autres synthés rétro à la spatialisation exagérée, le son recèle pourtant une multitude de détails qui viennent lécher l’oreille : field recordings et autres sons concret s’invitent pour une expérience musicale finalement très Scuba. Le son du boss de Hotflush est là et démontre que si certains veulent faire du surplace dans leurs recherches musicales, d’autre sont décidés à avancer. Parce qu’il serait un peu rapide de s’arrêter sur l’aspect général des choses : s’il laisse entrevoir une couleur singulière, l’album est d’une cohérence certaine et s’écoute très bien. Entre les phases downtempo au sound design léché (Underbelly) et celles plus intenses (The Hope, Action), ce disque offrira une fraîcheur certaine à vos oreilles, un peu d’eau de source comme qui dirait. Et au final ça fait plaisir, très plaisir même, de voir que le pionnier Scuba est avant toutes catégorisation un artiste, le genre de mec qui fait de la musique comme bon lui semble et qui ne se sent pas obligé de suivre la mouvance générale d’un courant dont il n’est certainement plus l’un chef de file. Décidément, c’est frais. MB

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