Au sortir de l’horreur qu’a connu le peuple rwandais entre avril et juillet 1994, la volonté d’échapper à la tentation de la vengeance a été affirmée avec force. Il fallait mettre fin au cycle de l’impunité, identifier et sanctionner les coupables, et rendre justice aux victimes. C’est dans cette voie que le législateur rwandais s’est résolument engagé, dans la conviction que la justice était un préalable indispensable à toute possibilité de réconciliation. Mais il était entendu que la justice ne pourrait contribuer à rendre concevable l’idée de vivre à nouveau
ensemble qu’à condition qu’elle distingue les innocents des coupables et que ses décisions inspirent le respect. Ce n’est qu’en étant aussi équitable que possible, que la justice pourrait être perçue comme telle, et jouer le rôle essentiel dont elle était investie.