Mémoire - Se cogner à

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Nous pouvons en faire une brève description illustrative : Le Plein est ce qui est conceptualisé, il est représenté par l’architecte, c’est l’architecture en tant qu’idée, il définit l’espace dans sa nature, il est déterminant. Symboliquement c’est la pyramide3, objet exclusif (au sens premier de «qui exclut»), pure extériorité, toujours conçu mentalement. Le vide est ce qui est expérimenté, il se présente à l’habitant, c’est l’architecture sensible, il définit l’espace dans ses limites, il est le lieu de l’existentialisme. Symboliquement c’est le labyrinthe, objet immersif, pure intériorité, toujours uniquement perçu, vécu. Un mur, par exemple, est un plein, il aura été pensé, puis représenté une fois construit, il définit en son sein un espace vide, c’est ce vide qui est vécu, expérimenté par les gestes corporels, ce vide est en même temps limité par le plein. Le mur n’est jamais vécu sinon par les surfaces extérieures qu’il nous présente. Le plein intervient avant dans sa conception construction, le vide en est comme sa conséquence, il apparaît après, la construction qui est une sorte de matérialisation de concept. Plein et vide sont associés aux doctrines déterministes et existentialistes. Nous prendrons ici les amorces sartriennes, sans pour autant les suivre dans leurs conclusions, en particulier les rapports entre essence et existence4. Le plein est associé à l’idée de déterminisme (l’essence précéderait l’existence), c’est à dire par exemple qu’une chaise par essence fait que l’on s’assoit dessus. Son essence impose le comportement. Le vide est associé à l’idée d’existentialisme (l’existence précéderait l’essence), c’est à dire par exemple que l’ on peut se tenir debout sur une chaise ou même s’asseoir face au dossier, son essence ne nous contraint pas, c’est l’existence qui se manifeste avant.

2. Apories Cette conception binaire rencontre inévitablement des contradictions insolubles puisque les deux termes s’excluent mutuellement, du reste nos études de cas ont déjà relevées ces oppositions. «The logic of object and the logic of man are independent in their relation to the world, they inevitably face one another in an intense confrontation. Any relationship between a building and its users is one of violence, for any use means the intrusion of human body into

3 Cette association avec la notion de pyramide est de Tschumi, de même pour la notion de labyrinthe (Architecture and disjunction, op. cit.) 4 Des rapports de prédominances : «l’existence précède l’essence» (SARTRE Jean-Paul, L’existentialisme est un humanisme, Gallimard, 1996, Paris, p. 29)

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