Galerie Sismann – Renaissance 2021
Ecce Homo
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Giovanni Battista Da Corbetta (v. 1500-1589) (?)
Giovanni Battista Da Corbetta (c. 1500-1589) (?)
Ecce Homo
Ecce Homo
Bois polychrome Italie du Nord, Milanais V. 1550 H. 109 ; L. 50 ; P. 27 cm
Polychrome wood Northern Italy, Region of Milano C. 1550 H. 109 ; W. 50 ; D. 27 cm
Provenance : Marché de l’art, Paris
Provenance : Art Market, Paris
Résumé de l’article de Susanna Zanuso, disponible sur demande.
Abstract of the entry by Susanna Zanuso available upon request.
Les caractéristiques stylistiques de cet Ecce Homo nous invitent dans le cadre de son attribution à orienter nos recherches vers la célèbre dynastie lombarde des « da Corbetta », une lignée de sculpteurs sur bois actifs durant tout le xvie siècle dans le duché de Milan. L’importance de la production de cette entreprise familiale n’a été révélée que récemment, à la suite de la découverte dans les archives locales de plusieurs documents relatifs à la vie et à l’activité d’Andrea « da Milano » ou Andrea « da Saronno », connu également sous le nom d’Andrea da Corbetta (vers 1492-1537). Ce dernier se révèle être à ce jour le membre le mieux connu du clan da Corbetta. Les archives nous renseignent ainsi sur ses multiples collaborations avec son père, Giovanni Pietro (documenté de 1491 à 1529), son oncle, Santino (documenté de 1480 à 1532) mais également son cousin, Giovanni Battista (vers 1500-1589). C’est à ce dernier que Susanna Zanuso propose d’attribuer cette sculpture d’une intensité émotionnelle inouïe. Loin de se traduire par des accents expansifs, celle-ci se déploie avec mesure au sein de
notre Ecce Homo dont l’attitude introspective et mélancolique évoque la force expressive tranquille de l’Adoration des Mages sculptée par Giovanni Battista dans la commune de Varèse 1. Les comparaisons avec cet ensemble peuvent être étendues à l’attitude gracieuse et souple des mains, aux draperies élégantes et sinueuses des étoffes, ainsi qu’au naturalisme poussé dans le rendu des anatomies. En cela, Giovanni Battista da Corbetta s’éloigne du style plus traditionnel qu’il avait assimilé dans l’atelier de son cousin, Andrea, pour se rapprocher davantage des nouvelles expériences maniéristes qui circulent alors dans le duché milanais. La confrontation des apôtres qu’Andrea sculpte pour le sanctuaire Santa Maria dei Miracoli de Saronno 2, et de l’impressionnant Dieu le Père, réalisé par Giovanni Battista en 1554, donne à voir cette évolution stylistique 3. Ainsi, les figures aux accents classiques d’Andrea se teintent sous le ciseau de Giovanni Battista de riches étoffes emphatiques et d’une puissante théâtralité. À ce titre, sa représentation de Dieu le Père constitue un intéressant point de comparaison avec notre sculpture.
1. Andrea et Giovanni Battista da Corbetta ?, Adoration des Mages, bois polychrome, Varese, Santa Maria del Monte. 2. Andrea da Corbetta, Apôtres, bois polychrome, Saronno, Santuario di Santa Maria dei Miracoli. 3. Giovanni Battista da Corbetta, Dieu le Père, bois polychrome, 1554, Milan, Museo del Duomo.