Fig. 1 : Photo de Gerd van Houten in H. van Witteloostuyn, Afrika. De Ten Houten Collectie van Afrikaans Kunst, Galerie De Ruimte-Jean Nies, Eersel, 1997.
Fig. 2 : Statue Baoulé de la collection Bloch, in Sotheby’s, Important Tribal Art, London, July 2nd, 1990, lot 71.
Le travail de recherche sur le vaste corpus de la statuaire baoulé, a permis de cerner les œuvres majeures de ce style grâce à l’avancée des recherches de Susan Vogel et de moi-même sur l’identification des styles régionaux et des mains de maîtres telle qu’elle a été démontrée dans l’exposition sur les « Maître de la sculptures de la Côte d’Ivoire » organisée par E. Fischer et L. Homberger et visible actuellement au Musée du Quai Branly. Très rares sont les statues de grande taille (plus de 50 cm) associant comme ici dimension, monumentalité et qualités plastiques remarquables. La statue offerte ici, a été achetée au marchand Georges Stœcklin qui l’aurait peut-être acquise auprès de son beau-frère Roger Bédiat, lequel avait déjà sorti les deux autres sculptures baoulé remarquables illustrées en fig. 3 et 4. Elle a été ensuite vendue au marchand hollandais Loed van Bussel il y a plus de trente ans à Gerd van Houten, homme d’affaires hollandais (1916-1995), (fig. 1), qui commença sa collection dans les années 50 suite à ses nombreux voyages en Afrique. La statue Ten Houten est iconique d’une épouse de l’au-delà, un exemple de la sécurité et des plaisirs qu’offre la vie au sein du village: la peau lisse
28. ART TRIBAL | 22 JUIN 2015. PARIS
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À divers
Fig. 3 : Statue Baoulé, ancienne collection R. Bédiat vers 1930, et ensuite Robert Rubin, New York, in S. Vogel, L’art Baoulé. Du visible et de l’invisible, Paris, Adam Biro, 1999, p. 15.
Fig. 4 : Statue Baoulé, ancienne collection R. Bédiat vers 1930 et ensuite Myron Kunin, Minneapolis, in S. Vogel, L’art Baoulé. Du visible et de l’invisible, Paris, Adam Biro, 1999, p. 61.
et saine de quelqu’un qui bénéficie du luxe de la propreté et la nourriture suffisante, la chevelure tressée qu’une amie a passé des heures à élaborer en un geste de pure affection, le port droit d’une personne de conduite morale et honorable aux contours fermes et à l’équilibre des formes. On doit souligner les conventions stylistiques très caractéristiques de cet artiste: une large tête majestueuse dont la finesse des traits et leur parfaite symétrie est accentué par la tension des courbes et la dynamique des diagonales du visage triangulaire la face se resserant dans la ligne aigüe du menton, la bouche aux lèvres finement ourlées, le corps puissant aux jambes galbées, les mains et les pieds aux articulations détaillées. La manière de sculpter le visage de la statue Ten Houten en forme de triangle avec des lèvres très légèrement ourlées est à rapprocher de trois autres superbes statues, notamment celle de l’ancienne collection Bloch, Los Angeles, (fig. 2), ainsi que deux magnifiques statues provenant toutes les deux des collections Roger Bédiat d’Abidjan vers 1920/30 (fig. 3 et 4). Bernard de Grunne