L'observatoire de l'agriculture biologique du Nord-Pas de Calais 2015

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EDITION 2015

OBSERVATOIRE DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE NORD–PAS DE CALAIS

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L’OBSERVATOIRE UN OUTIL AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DES FILIÈRES BIO L’observatoire régional de l’agriculture biologique regroupe les données économiques de l’ensemble de la filière biologique en région Nord-Pas de Calais. Réalisé par A PRO BIO, ce véritable outil d’aide à la décision apporte une analyse du marché de l’agriculture biologique en Nord-Pas de Calais par type d’activités ainsi que par filière. Il permet notamment de dresser un état des lieux des filières biologiques en région, repérer les grandes tendances pour anticiper et adapter au mieux les stratégies de développement des opérateurs économiques et des politiques publiques. Ainsi, l’observatoire s’adresse à tous : les agriculteurs, les entreprises agroalimentaires, les collectivités, les institutions, les distributeurs, les consommateurs, les porteurs de projet, les étudiants et les structures de développement de l’agriculture biologique en région. Les informations présentées dans cet observatoire sont le fruit de la collecte de données existantes les plus récentes (données de l’Agence bio, du Gabnor, de la DRAAF…) et nouvelles. En effet, A PRO BIO a réalisé sur l’année 2015 une enquête quantitative et qualitative auprès de tous les opérateurs économiques et magasins spécialisés de la région sur leurs résultats 2014. L’ensemble des données a été traité pour mettre en place une véritable base de données dont les principaux enseignements sont rédigés dans ce document. Le document comporte également quelques focus sur 2015 lorsqu’une évolution était intéressante à souligner. Un comité de pilotage animé par A PRO BIO et associant le GABNOR, la Chambre d’agriculture, le Pôle Agroé et la DRAAF a permis de construire et valider la structure du document, les thématiques à développer ou encore les opérateurs à solliciter pour les témoignages.

Quelques rappels de définition des termes employés dans le document : - Parmi les professionnels de la filière biologique sont regroupés : - les professionnels de l’amont : les producteurs

*

- les professionnels de l’aval autrement appelés opérateurs : • les préparateurs : entreprises réalisant des opérations de transformation (transformateurs), conservation et/ou de conditionnement de produits agricoles biologiques • les distributeurs : entreprises de commercialisation de produits biologiques vers le consommateur final (détaillants) ou non (grossistes)

- Les termes de « production biologique » ou « production bio » englobent toutes les étapes qui permettent d’aboutir à un produit bénéficiant de la certification agriculture biologique, depuis l’amont (production agricole) jusqu’à l’aval (transformation et distribution).


p.1

SOMMAIRE p.6

PRODUCTION

p.12

TRANSFORMATION

p20

DISTRIBUTION

FILIÈRE OEUFS

FILIÈRE CÉRÉALES ET OLÉOPROTÉAGINEUX

FILIÈRE FRUITS & LEGUMES

p.28 p.32

FILIÈRE VIANDE

p.34

FILIÈRE LAIT

p.39

RESTAURATION COLLECTIVE

p.25

p.22

CONSOMMATION


PRODUCTION FRANCE

Graphique 1: Evolution des producteurs et des surfaces en production biologique (Agence Bio, 2014)

L’offre française poursuit sa croissance et se positionne dorénavant à la 3ème place européenne en termes de surfaces bio cultivées. Fin 2014, le bio représentait : • 26 466 fermes engagées soit 5.6 % des exploitations françaises • 1 118 120 ha soit 4.2 % de la surface agricole utile (SAU) française Le bio continue d’être attractif pour les producteurs puisqu’en un an, le nombre de producteurs certifiés bio a augmenté de 4 % par rapport à 2013 et a permis de générer plus de 66 000 emplois directs en équivalent temps plein (ETP). En 2014, avec 148 000 ha, les surfaces en conversion se situent au même niveau qu’en 2009 mais on observe une forte croissance dans le secteur des surfaces fourragères (+16 %) et un nouvel élan des grandes cultures (+37 %) après une phase de consolidation. En 2015, la barre des 200 000 ha en conversion a été passée (+40 % par rapport à 2014). Le développement de l’élevage bio concerne l’ensemble des espèces mais les filières les plus dynamiques sont le bovin allaitant et l’ovin laitier. Les élevages de monogastriques (poules pondeuses, poulets de chair, porcs charcutiers) directement liés à la production de grains connaissent également un nouvel essor. • • • •

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76 % des produits bio consommés en France provenaient de France. 1 producteur sur 2 vend une partie de sa production directement au consommateur. 1 producteur sur 4 déclare transformer tout ou partie de sa production à la ferme. Une mixité présente mais non majoritaire : 2 fermes sur 3 sont certifiées bio pour 100 % de leur activité.


NORD-PAS DE CALAIS En 2014, on dénombrait : • 296 fermes en agriculture biologique (173 dans le Nord et 123 dans le Pas-de-Calais) soit 2,2 % des fermes de la région • 7 328 ha conduits selon le cahier des charges de l’agriculture biologique, ce qui représente 0,9 % de la SAU régionale (contre 0,8 % en 2012).

Tableau 1: Exploitations et surfaces en agriculture biologique (GABNOR, 2014)

Ces deux dernières années les conversions se sont accélérées dans le département du Nord (+21 exploitations) à l’inverse de ce qui s’est produit dans le Pas-de-Calais. Les départs à la retraite et déconversions ont doublé entre 2013 et 2014 (16 contre 8 départs ou déconversions) mais se sont compensés par les nouvelles conversions et installations. En effet, en 2014, le nombre d’exploitations a augmenté de 4 % par rapport à 2013. En revanche, les surfaces n’ont augmenté que de 2 % sur cette même période. Cette moindre évolution s’explique notamment par des installations sur des petites surfaces en maraîchage.

Evolution des surfaces et exploitations L’agriculture biologique régionale a connu un fort développement entre 2008 et 2012, aussi bien concernant les surfaces que le nombre d’exploitations. L’année 2013 a été compliquée, témoin de la première baisse des surfaces certifiées depuis 2004. Mais l’année 2014 amorce une nouvelle phase de croissance (qui se confirmera en 2015), preuve du renouveau en région et du dynamisme des conversions pour la filière lait. Cette reprise s’explique aussi par le dynamisme du maraîchage et de l’élevage (hors bovin lait).

Graphique 2: Evolution des surfaces et du nombre d’exploitations en agriculture biologique (GABNOR, 2014)

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Le maraîchage et l’élevage bovin laitier sont les deux principales productions régionales. Mais ces deux productions ne doivent pas occulter la grande diversité des cultures pratiquées. L’orientation économique des fermes bio est très différente de la moyenne régionale avec notamment une sous-représentation des fermes de grandes cultures et une surreprésentation des fermes maraîchères (activité principale pour un tiers des exploitations) et arboricoles.

Exploitations Bio Nord-Pas de Calais

296 fermes

Toutes exploitations (conventionnelles et bio) Nord-Pas de Calais

13 455 fermes

Graphique 3 : Orientation des fermes bio (GABNOR, 2014)

Graphique 4 : Orientation des fermes régionales (RGA, 2010)

Surfaces Bio

Nord-Pas de Calais Si le maraîchage et l’élevage laitier sont les deux principales productions régionales, l’élevage occupe avec la surface toujours en herbe (STH) et les cultures fourragères, les trois quarts des surfaces certifiées.

Graphique 5 : Orientation des surfaces agricoles biologiques (GABNOR, 2014)

Surfaces Conventionnelles et Bio Nord-Pas de Calais

Les grandes cultures occupent 20 % des surfaces bio régionales. En conventionnel, les grandes cultures occupent 70 % des surfaces régionales. Cela montre que les grandes-cultures accusent toujours un retard de conversion important par rapport aux autres productions régionales.

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Graphique 6: Orientation des surfaces régionales (RGA, 2010)


ORIENTATION PRINCIPALE DES FERMES Arboriculture Autres productions animales Bovins Lait Caprins Bovins Viande Légumes Plein-Champ Maraîchage Grandes-Cultures Poules Pondeuses Autres productions végétales (PPAM, Plants, ...)

10 4

9 10

18

6

33 17

21 9

5

16

9

5

Nombre d'exploitation bio par scot

2

Moins de 5 5 à 14

73

15 à 20

16

21 à 60

33

Plus de 60

20

nombre de fermes bio 0

Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

35 km

Carte 1 : Nombre d’exploitations bio par SCOT et par orientation économique (données GABNOR, 2014)

Une répartition inégale selon les territoires L’Avesnois concentre près d’un quart des producteurs de la région essentiellement sur des élevages laitiers, ce territoire représente 45 % des surfaces certifiées régionales, orientées quasiment en totalité vers la production de fourrages. Les zones de Lille et des 7 Vallées sont également des pôles de production conséquents. L’assolement des arrondissements de l’ouest du Pas-de-Calais révèle la présence d’exploitations orientées vers la polyculture élevage. Au centre de la région les surfaces sont plus faibles mais les assolements plus diversifiés et orientés vers des cultures à forte valeur ajoutée comme les légumes. ORIENTATION PRINCIPALE DES CULTURES Vergers et Autres Cultures Céréales Cultures Fourragères Jachère Légumes et Fraises Oléo-Protéagineux Cultures Industrielles Pommes de Terre Prairies Permanentes

71 92

219

350

107

126 213 109

812 258 SAU bio et en conversion par scot Moins de 100 ha

166 121

60

381

13

De 100 à 200 ha De 200 à 500 ha De 500 à 1000 ha Plus de 1000 ha

182

675

3408

165

surface (en ha)

Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

0

Carte 2 : SAU bio et en conversion par SCOT et utilisation des surfaces (données GABNOR, 2014)

35 km

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Exploitations Bio - Nord

Exploitations Bio - Pas de Calais

Graphique 7 : Orientation des fermes biologiques (Nord et Pas-de-Calais) (GABNOR, 2014)

Les données économiques et sociales La grande majorité des chefs d’exploitation de la région ont entre 40 et 60 ans, mais certaines activités comme le maraîchage et l’élevage (surtout en « bovin viande ») attirent de jeunes agriculteurs. A l’inverse, le secteur caprin est vieillissant (33 % des chefs d’exploitation ont plus de 60 ans et 100 % ont plus de 40 ans).

Tableau 2 : Répartition des chefs d’exploitation selon l’activité principale et la classe d’âge (GABNOR, 2014)

LA TRANSMISSION DES EXPLOITATIONS : DES AGRICULTEURS BIO TRÈS MOTIVÉS POUR TRANSMETTRE Pour développer l’agriculture biologique en région, les installations et conversions sont nécessaires mais il est surtout primordial de maintenir les fermes en bio lors du processus de transmission. Le stage coordonné par CEDAPAS, Gabnor, Terre de Liens au premier semestre 2015 a permis d’éclaircir cette question en région Nord-Pas-de-Calais : 24 entretiens ont été réalisés auprès d’agriculteurs en fin de carrière ou ayant cédé leur ferme. Sur les 16 fermes bio ayant disparu en 2014 seulement 4 agriculteurs arrivés en fin de carrière n’ont pas transmis en bio.

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Les raisons qui ont poussé un agriculteur à passer en bio vont déterminer son approche de la transmission : un producteur ayant réalisé sa conversion pour des raisons économiques sera moins enclin à transmettre que celui motivé par des valeurs éthiques. Ce dernier voudra en effet davantage voir perdurer les efforts qu’il a consentis. Les freins économiques ou humains à la transmission sont les mêmes qu’en agriculture conventionnelle. Par contre, il semble que la motivation à transmettre soit plus répandue parmi les agriculteurs bio en fin de carrière. D’ailleurs sur les 19 agriculteurs bio rencontrés pendant le stage et ayant déjà cédé leur ferme, 15 ont réussi à transmettre leur ferme en bio (79 %). Alors que dans la population générale agricole, on compte 1 transmission pour 3 départs en retraite. L’agriculture biologique a également été le moyen pour 7 des agriculteurs rencontrés de céder leur ferme viable en AB alors qu’elle était jugée «trop petite» en conventionnel.

La question de la transmission doit se poser très en amont de la fin de carrière. Les structures d’accompagnement ont un rôle à jouer pour favoriser le questionnement des agriculteurs au moins 5 ans avant la fin de la carrière et pour les mettre en relation avec des porteurs de projets entreprenants, formés et crédibles.

ZOOM SUR


TRANSFORMATION FRANCE

Graphique 8 : Professionnels de la filière biologique et marché national (Agence Bio, 2015)

En 2014, les entreprises certifiées ont été créatrices de croissance et d’innovations pour l’économie française. Elles ont enregistré une hausse de leur chiffre d’affaires bio de +14 % en 2013, pour atteindre 2,86 milliards d’euros en sortie de production quand l’activité des entreprises agroalimentaires était en hausse de +2 %. L’étude réalisée par Astères estime à 2,3 % de la production agroalimentaire la part réalisée par les entreprises certifiées bio en 2013. Quel que soit le segment, les entreprises bio sont plus dynamiques que leurs concurrentes conventionnelles. En effet, les effectifs des transformateurs biologiques ont cru de 3 % quand l’emploi salarié reculait de 1 % dans l’industrie agroalimentaire. Depuis 2005, les capitaux propres des entreprises certifiées sont en hausse régulière. Pourtant les segments boissons, céréales et boulangeries sont encore sous capitalisés contrairement aux secteurs de la viande et des produits laitiers pour lesquelles le rapport capitaux / chiffre d’affaires est supérieur aux entreprises conventionnelles. La mutation structurelle des filières de production bio, portée par la croissance économique du secteur s’accompagne d’une réduction de la marge nette des transformateurs. Cette marge est en baisse depuis 2009 tombant à 2,8 % en 2013 sous l’effet du renforcement de la concurrence entre les transformateurs et du pouvoir grandissant de négociation des réseaux de distribution. En baisse, la marge nette des transformateurs reste supérieure à celle de leurs concurrents conventionnels pour les fruits et légumes, les viandes et les produits laitiers. La baisse de la marge nette réduit la capacité à investir, pour dynamiser l’investissement, les transformateurs sont amenés à se concentrer et à se recapitaliser. Selon l’enquête, les investissements des transformateurs certifiés étaient globalement en hausse en 2013 quand au niveau macroéconomique l’investissement des entreprises reculait de 1 % en France. L’innovation de produits est une des clés du dynamisme de la transformation bio : en 2013, 42 % des transformateurs interrogés dans l’enquête Astères ont lancé un nouveau produit bio. Source: Etude menée par Astères pour Natexbio (2014)

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NORD-PAS DE CALAIS En 2014, 257 préparateurs et grossistes négociants ont une activité bio dans un des domaines d’activité suivants :

Graphique 9: Répartition des transformateurs par domaine d’activités (A PRO BIO, 2014)

« Quelle est votre activité principale ? » Plusieurs réponses étaient possibles • • • • •

139 entreprises ont une activité de transformateur 70 entreprises ont une activité de grossiste / négociant 2 centrales d’achats 9 collecteurs 11 entreprises de transport, entreposage et logistique

ACTIVITÉ MIXTE OU 100% BIO :

11 % EN 100 % BIO 89 % EN ACTIVITÉ MIXTE

« Quelle est votre activité secondaire ? » Plusieurs réponses étaient possibles • •

19 ont une activité d’import – export 40 une activité de conditionneur

La grande majorité des professionnels de la région a une activité mixte (89 %, +2 % par rapport à 2013). Cela s’explique par le nombre important d’entreprises historiques du paysage agroalimentaire régional ayant fait le choix de développer un complément de gamme en bio. Plus de 92,5 % des entreprises biologiques régionales ont été certifiées pour la première fois après 1998.

En région les entreprises sont principalement certifiées par Ecocert (65,2 %) et Bureau Veritas (25,8 %).

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« Pourquoi une gamme bio ? »

Graphique 10: Raisons de l’ouverture d’une gamme bio (A PRO BIO, 2014)

97 entreprises se sont lancées avec un objectif de diversification de leur gamme et l’exploration d’un nouveau marché. 101 entreprises se sont certifiées pour répondre à des demandes venant de leurs clients privilégiés qui souhaitaient trouver du bio sans changer de fournisseur. 52 entreprises déclarent avoir fait le choix du bio pour être en cohérence avec leurs valeurs et pour ce que l’agriculture biologique représente tant d’un point de vue environnemental que social ou qualitatif. La demande de certains producteurs a également été un élément déclencheur au sein de plusieurs coopératives régionales.

L’évolution du chiffre d’affaires Lors des entretiens, la majorité des entreprises sont confiantes en ce qui concerne la conjoncture actuelle du marché bio. Même si une majorité des sondés n’a pas souhaité s’exprimer sur cette question, la tendance est positive : 84 % des entreprises considèrent que leur activité bio est stable et/ ou à la hausse dans les 2 années à venir. Sans avis 6%

Graphique 11: Evolution pressentie du CA en 2015 (A PRO BIO, 2014)

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L’emploi dans les entreprises certifiées 40 % des entreprises ont entre 0 et 10 salariés Nombre de salariés

0

10

40%

50

42%

150 250

10%

5% 3%

Graphique 12: Répartition des entreprises certifiées par nombre de salariés (A PRO BIO, 2014)

La grande majorité des entreprises certifiées bio en région sont des PME de moins de 50 salariés. Pour 46,5 % des entreprises ayant répondu à la question (taux de réponse : 72 %), la certification biologique de leur activité a permis de développer des emplois grâce au maintien ou à la dynamisation de leur activité.

L’origine des flux d’approvisionnement

Sur 147 répondants à cette question parmi les 257 entreprises : 40 % des entreprises régionales s’approvisionnent pour tout ou partie en direct des producteurs. En effet : • 40 professionnels s’approvisionnent auprès des groupements de producteurs • 58 s’approvisionnent auprès des producteurs indépendants • 6 professionnels pratiquent l’auto-approvisionnement et cultivent leurs propres produits. Il s’agit par exemple de certaines activités de plants de pommes de terre ou de Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales (PPAM) 62 % des entreprises régionales s’approvisionnent pour tout ou partie auprès des entreprises de l’aval. En effet : • 50 professionnels se fournissent auprès d’entreprises agroalimentaires • 25 auprès de courtiers et d’importateurs • 68 via des grossistes Les entreprises ont généralement plusieurs sources d’approvisionnement, cependant : • 18 d’entre elles s’approvisionnent à 100 % en région • 32 déclarent s’approvisionner à 100 % en France • 20 s’approvisionnent à 100 % en Europe • 7 s’approvisionnent à 100 % auprès des pays tiers (c’est notamment le cas des professionnels travaillant du café ou certains produits exotiques).

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Les difficultés d’approvisionnement Les difficultés d’approvisionnement se résorbent au fil des années. Aujourd’hui, seulement 48 % des professionnels indiquent faire face à des problématiques pour la livraison de produits biologiques régionaux contre 62 % en 2013. Cela peut notamment s’expliquer par une meilleure structuration des filières existantes et le développement structuré de nouvelles filières régionales.

Les principales causes citées sont une disponibilité limitée (logistique, livraison, rupture en cours de saison) et des quantités trop faibles.

Graphique 13: Les raisons des difficultés d’approvisionnement des transformateurs (A PRO BIO, 2014)

Plusieurs produits sont également souhaités alors qu’ils ne sont pas encore produits en région : houblon (22 %), beurre (13,6 %), sucre (9,1 %) ou saumon (9,1 %). Le développement des filières d’approvisionnement régionales, aussi bien pour dynamiser le territoire que pour relocaliser leurs approvisionnements est plébiscité par les entreprises. A l’inverse plusieurs entreprises ne souhaitent pas spécialement s’approvisionner en région : parfois en raison de productions introuvables en France (cacao, épices, café…), parfois car les volumes travaillés sont tellement conséquents pour un produit donné que la région ne serait pas en mesure de fournir de telles quantités.

Les produits régionaux souhaités

Graphique 14: Produits bio recherchés en région (A PRO BIO, 2014)

Afin de conforter leurs approvisionnements en produits bio régionaux, les entreprises sont principalement à la recherche de légumes (18,2 %), de céréales diverses et surtout de blé (13,6 %). La volonté de relocalisation des brasseurs permet également d’identifier une demande en houblon (9,1 %), en orge et en sucre. Les pâtissiers bio sont également en demande de sucre de betterave.

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L’offre en produits bio L’offre de produits biologiques est de plus en plus identifiée comme suffisante à la demande (54,5 % des sondés). Même si certaines filières restent toujours compliquées (viande, céréales, brasserie), la plupart des professionnels réussissent à s’approvisionner en région ou en France. 7,3 % des entreprises enquêtées jugent d’ailleurs l’offre supérieure à la demande dans certaines filières comme les filières oeuf ou légumes secs.

Les circuits de distribution des transformateurs Concernant les débouchés des transformateurs, sur les 132 répondants des 257 entreprises : • • • • • •

62 vendent leurs produits à des entreprises agroalimentaires 32 vendent aux artisans, commerces de proximité et restaurateurs 47 vendent aux grandes et moyennes surfaces 40 vendent leurs produits aux magasins spécialisés 38 vendent à la restauration collective 40 vendent aux particuliers

Les entreprises de transformation régionales ont donc des circuits de distribution variés. En revanche, si la majorité d’entre eux cumulent 2 ou 3 débouchés différents, 40 % des répondants ne passent que par un seul circuit de distribution.

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DISTRIBUTION FRANCE Depuis le début de l’année 2015, les ventes sont à la hausse dans tous les circuits de distribution. Le réseau spécialisé est dynamique avec des ouvertures de magasins, des agrandissements et rènovations. Depuis le début de l’année, l’augmentation moyenne des ventes de produits biologiques dans ces réseaux est de l’ordre de +15 %. En grandes surfaces alimentaires (hors discount), au cours du premier semestre 2015, les ventes de produits biologiques à poids fixe ont globalement progressé de +7,4 % par rapport à la même période en 2014. Les ventes en grandes surfaces alimentaires (GSA) représentent environ 30 % du marché bio. Mais la progression a été variable d’une catégorie de produits à l’autre: • +9,8 % pour les produits d’épicerie • +5,3 % pour les liquides (jus de fruits et légumes, boissons sans alcool, vins mousseux, champagnes et alcools) • +5,8 % pour les produits frais en libre service La vente directe poursuit son développement dans tous les secteurs avec une prédominance du vin. Certains producteurs créent également des magasins en commun (magasins de producteurs) afin d’améliorer la visibilité de leur offre. Au vu de l’ensemble des tendances, la croissance du marché bio français devrait approcher les 500 millions d’euros pour l’année 2015.

Les ventes sont en croissance dans tous les circuits de distribution à l’exception de la distribution spécialisée indépendante qui perd des parts de marché au profit des magasins spécialisés en réseau.

Graphique 15 : Evolution du chiffre d’affaires bio par circuit de distribution de 2006 à 2014 (Agence Bio, 2014)

Plus de la moitié des ventes en valeur de produits biologiques a été effectuée au rayon frais. Dans le secteur des fruits et légumes bio, les magasins spécialisés bio sont le premier circuit de distribution, devant les grandes surfaces alimentaires et la vente directe. En revanche, dans le secteur de la crémerie, la GSA est le premier circuit de distribution. La vente directe est spécialement développée dans les secteurs du vin, des fruits et légumes, de la viande en caissettes, des fromages et autres prouits laitiers. Les ventes assurées par les artisans commerçants concernent majoritairement le vin, les viandes, ainsi que le pain et la farine.

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La part de marché des GSA est passée de 45 % au début des années 2000 pour atteindre 49 % en 2011. En 2014, elle était de 46,4 %.

Graphique 16 : Répartition des parts de marché par circuit de distribution en 2014 (Agence Bio, 2015)

La gamme de produits alimentaires biologiques vendus en France est très large avec des milliers de références. L’épicerie sucrée et salée y occupe la première place mais plus de la moitié des ventes en valeur de produits bio a été effectuée sur des produits frais (fruits et légumes, crémerie, viandes et pain). Graphique 17 : Répartition en valeur des ventes de produits biologiques par grande catégorie, tous circuits confondus en 2014 (Agence Bio, 2015)

Les achats de produits biologiques progressent sur l’ensemble du territoire. Les achats de bio par habitant demeurent contrastés, de même que la place des différents circuits de distribution est variable selon les régions.

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NORD-PAS DE CALAIS Les magasins spécialisés La région rassemble 87 magasins spécialisés bio, soit une légère baisse en comparaison avec 2013 (5 fermetures enregistrées sur la période). Malgré de nombreuses ouvertures, le nombre global de points de vente spécialisés est resté sensiblement le même. La région est à la 10ème place à l’échelle nationale pour son nombre de distributeurs. Il est notable que la distribution spécialisée est moins bien représentée à l’échelle régionale qu’elle ne l’est en France. Ce fait s’explique en partie par la présence historique de grandes enseignes de distribution fortement implantées en région avec de nombreuses surfaces de vente.

La filière distribution (A PRO BIO, 2015)

Nombre de magasin en réseau par commune :

4

1

Nombre de magasin indépendant par commune :

10

2

1

Nombre de GMS certifié par commune :

10

2

Zoom sur la MEL

1

0

5 km

Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

Nombre de magasins en réseau par commune :

4

2

1

Nombre de magasins indépendants par commune :

Nombre de GMS certifiées par commune : 0

10

5

2

1

10

5

2

1

35 km

Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

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La répartition géographique Les lieux de vente spécialisés sont bien plus présents dans le département du Nord (57 magasins) que dans le Pas-de-Calais où ils ne sont que 35. Cette tendance s’explique par plusieurs facteurs : l’attractivité de la métropole lilloise qui a elle seule rassemble plus du tiers des magasins régionaux et la répartition des bassins de consommation.

RÉPARTITION DES MAGASINS SPÉCIALISÉS BIO

62 % NORD 38 % PAS-DE-CALAIS

En terme d’implantation, la ville de Lille confirme son attractivité avec près de 15 % des magasins régionaux. Viennent ensuite Calais, sous-préfecture avec 4,4 % et Arras, chef-lieu du Pas-de-Calais avec 3,3 %. Pour les villes rassemblant au moins deux magasins, les moyennes sont de : • 1 lieu de vente spécialisé bio pour 13 000 habitants • 8m² / 1000 hab alors que la moyenne régionale est de 3m². La concurrence directe entre magasins spécialisés est assez faible car dans 80 % des cas le magasin est le seul implanté sur la ville. Cette concurrence risque de s’accroître puisque plus de 64,4 % des nouveaux magasins qui s’ouvrent s’implantent dans une ville dans laquelle il y a déjà un autre magasin de produits biologiques. On remarque que les ouvertures se font toujours plus ou moins sur les mêmes secteurs et à proximité d’un magasin déjà existant.

NOMBRE DE MAGASINS SPÉCIALISÉS PAR COMMUNE • 14 MAGASINS À LILLE • 4 MAGASINS À ARRAS ET À CALAIS • 3 MAGASINS SUR LES COMMUNES DE BÉTHUNE, BOULOGNE SUR MER, CAMBRAI, DOUAI, DUNKERQUE ET VALENCIENNES

Derrière la métropole lilloise (34,2 % des magasins spécialisés), plusieurs territoires sont dynamiques : Dunkerquois – Flandres (11,8 %), Artois – Ternois (9,2 %), et Valenciennois (9,2 %)

Le lieu d’implantation Les magasins spécialisés ouvrent généralement dans les centres villes, afin d’être au plus près des consommateurs. Ce sont souvent de petites boutiques présentant de nombreuses références plutôt orientées vers la diététique et la cosmétique. Cependant de plus en plus de magasins font le choix de s’implanter en zone commerciale sur des surfaces de vente de plus en plus grandes afin de s’approcher de la diversité de gamme des supermarchés. Cette implantation en centre-ville rend souvent difficile l’accès au magasin, seul 37,6 % des magasins bio de la région possèdent un parking.

Graphique 19 : Zone d’implantation des magasins spécialisés (A PRO BIO, 2014)

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L’orientation des magasins Dans cette étude, les magasins ont été classés selon trois catégories : •

Les magasins à dominante diététique ou bien-être (vente de produits de beauté et de compléments alimentaires) dont la part d’alimentaire est inférieure à 20 %

Les magasins mixtes proposant des produits alimentaires (part entre 20 et 60 %) aussi bien que des cosmétiques ou des produits d’entretien

Les magasins alimentaires dont la part alimentaire dépasse les 60 %

Pourcentage de magasins

« 35 % DES MAGASINS ONT UNE PART DE PRODUITS ALIMENTAIRES SUPÉRIEURE À 80 % »

20%

40%

60%

80%

Part d’alimentaire

Graphique 20 : Orientation des magasins spécialisés (A PRO BIO, 2014)

Ainsi 62 % des magasins spécialisés de la région ont un assortiment orienté majoritairement vers les produits alimentaires. Cette tendance s’est fortement accentuée depuis 2008, car à l’époque seulement 42 % des magasins avaient ce positionnement, soit +45 % d’évolution en 7 ans. Les magasins diététiques santé ne représentent que 11 % des magasins régionaux car la plupart des points de vente, même avec une orientation bien-être proposent un complément de gamme en alimentaire.

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La surface des lieux de vente Surface

200 m² 56%

400 m² 32%

12%

Graphique 18 : Répartition des magasins spécialisés selon les surfaces (A PRO BIO, 2014)

La région dénombre une grande majorité de petits magasins aux formats très variés dont la surface ne dépasse pas 100m² : certains s’étendent sur 30m² quand les plus grands dépassent 800m² (1,2 % des magasins). La superficie moyenne est de 153m², soit une augmentation de 44 % depuis 2008. La moyenne nationale étant de 189,55m² (+48 % en 5 ans), les chiffres régionaux sont en cohérence avec la tendance actuelle.

L’ancienneté des magasins 1980 2%

1988 10%

1998

2007

16%

30%

42%

Graphique 21 : Année d'ouverture des magasins spécialisés (A PRO BIO, 2014)

Pour 12 % des magasins encore en activité aujourd’hui, l’ouverture a eu lieu avant les années 1980. Les années 90 ont été la période la plus faste en matière de créations de magasins. Depuis, la tendance s’est légèrement aténuée bien que l’on dénombre 9 nouvelles ouvertures pour la période 2013-2014, ce qui est légérement supérieur à la période 2012-2013 qui comptait 3 ouvertures de moins. A l’inverse, 5 magasins ont fermé leurs portes depuis l’année 2013. Depuis 2007, le développement accéléré des magasins spécialisés a changé la donne avec une présence de 42 % de magasins. L’âge moyen des points de vente est de 15 ans, soit 3 années de moins que la moyenne de 2013. En effet, dans le contexte économique actuel, certaines structures ont réussi à se maintenir sur le long terme mais en région comme à l’échelle nationale des petits magasins indépendants ont disparu parfois au profit des réseaux organisés. Le plus vieux magasin de la région a quant à lui ouvert ses portes en 1955. La grande majorité des magasins certifiés le sont par l’organisme ECOCERT (47,1 % des magasins). Une grande partie des magasins (44,8 %) est toutefois dispensée de certification selon le cahier des charges européen.

L’assortiment de produits biologiques Un magasin spécialisé propose en moyenne 1750 références de produits. Cette diversité est souvent augmentée par le grand nombre de références de compléments alimentaires et de produits cosmétiques.

Graphique 22 : Pourcentage de références bio dans l’assortiment (A PRO BIO, 2014)

La majorité des magasins possède un assortiment très majoritairement bio (65 % proposent plus de 80 % de leur gamme en bio).

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Répartition des magasins indépendants et organisés en réseau

En région 60 % des magasins sont indépendants, quand 40 % sont affiliés à un réseau. Comme à l’échelle nationale, le nombre de magasins indépendants baisse au profit des réseaux spécialisés (baisse de -2 % en 2 ans), notamment Bio c Bon qui commence son expansion en région.

Graphique 23 : Répartition des magasins indépendants et en réseaux (A PRO BIO, 2014)

La communication et les réseaux sociaux Seulement 42,5 % des magasins spécialisés possèdent une réelle stratégie de communication numérique avec un site vitrine et une présence sur les réseaux sociaux comme Facebook. Les magasins indépendants affichent toujours un retard dans ce domaine face à la GSA tandis que les réseaux spécialisés tels que Biocoop sont en train de combler ce retard.

Les effectifs salariés La plupart des magasins spécialisés de la région étant de petite taille (surface inférieure à 100m²), il est logique que les effectifs soient faibles. La grande majorité des points de vente emploie moins de 4 salariés, le gérant étant souvent seul au sein de son magasin. On remarque cependant que le nombre de structures employant plus de 8 salariés augmente en région (passage de 6 % en 2013 à 9% en 2015), signe du développement de magasins type « supermarché bio » dans des formats inspirés de la GMS. En moyenne un magasin bio régional emploie 4 personnes. C’est ainsi au total plus de 282 employés qui travaillent pour la distribution spécialisée des produits biologiques en Nord-Pas de Calais. Graphique 24 : Effectif salarié des magasins spécialisés (A PRO BIO, 2014)

L’évolution du chiffre d’affaires Concernant l’évolution pressentie du chiffre d’affaires pour les 2 ans à venir, 59,8 % des magasins enquêtés prévoient une hausse de leur activité, 27,6 % attendent une stagnation de leur activité et seulement 12,6 % envisagent une baisse de leur chiffre d’affaires. Les structures les plus pessimistes sont souvent les micro-structures indépendantes.

L’équipement des magasins en région Les magasins de la région ne possèdent pas les mêmes équipements : • • • • • •

60,9 % des magasins possèdent un rayon fruits et légumes 54 ,3 % des magasins possèdent un meuble froid libre-service 16,3 % possèdent un stand fromage à la coupe 14,1 % des magasins possèdent un stand boulangerie 14,1 % des magasins possèdent un meuble surgelés 12 % des magasins possèdent un stand boucherie artisanale

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Les approvisionnements Concernant les approvisionnements des magasins spécialisés du Nord-Pas de Calais, la majorité des produits proviennent de France (entre 50 et 80 %) et 10 à 30 % de leur assortiment provient de la région. Le reste est constitué d’un complément de gamme venant d’Europe ou des pays Tiers notamment pour les produits exotiques.

L’approvisionnement régional Les produits les plus recherchés en région, et ceux pour lesquels les magasins seraient prêts à relocaliser leurs commandes sont : les légumes (73,1 %) , les fruits (61,5 %) les produits laitiers, la viande et les fromages (7,7 %) 39,7 % des magasins spécialisés indiquent rencontrer des difficultés d’approvisionnement en produits biologiques régionaux.

La principale problématique concernant les approvisionnements locaux tient au fait que les produits ne sont pas suffisamment disponibles en quantités. La disponibilité (logistique, livraison) est également souvent pointée du doigt. En effet, il est jugé difficile par les magasins de maintenir des approvisionnements d’une qualité régulière au fil de la saison. Graphique 25 : Les raisons des difficultés d’approvisionnement des magasins (A PRO BIO, 2014)

Les produits pour lesquels les problématiques d’approvisionnement restent nombreuses sont : les fruits et légumes.

Graphique 26 : Effectif de magasins spécialisés ayant des problématiques d’approvisionnement pour ces produits (A PRO BIO, 2014)

La valorisation des produits régionaux 72,9 % des magasins enquêtés affirment mettre en avant les produits biologiques issus des filières locales. Cette mise en avant est principalement réalisée grâce à des affiches, étiquettes et animations mises en place par chaque gérant de magasin. La mise à disposition des Biocabas est également souvent citée comme une mise en avant des produits régionaux auprès des consommateurs.

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CONSOMMATION FRANCE Avec un marché de 5 milliards d’euros en 2014 (y compris RHD), la filière bio enregistre une croissance globale estimée à +10 % tous circuits confondus : • • •

88 % des Français consomment des produits biologiques 86 % des Français savent que l’agriculture biologique suit un cahier des charges public précis 92 % des consommateurs bio ont l’intention de maintenir ou augmenter leurs achats bio dans les 6 mois à venir

Avec la montée en puissance des préoccupations environnementales, la bio est progressivement sortie des cercles de militants et d’initiés, tant du côté des producteurs que des consommateurs. Initialement marché de niche, elle devient un secteur économique à part entière, identifiée par le grand public, et un enjeu affiché des politiques agricoles, nationales et européennes.

Graphique 27 : Les consommateurs de produits biologiques entre 2005 et 2015 (Agence Bio, 2015)

La bio recrute de nouveaux consommateurs 28 % des consommateurs réguliers (au moins une fois par mois) consomment des produits biologiques depuis moins de 2 ans. 35 % en consomment depuis plus de 5 ans. L’ancienneté moyenne de consommation des produits bio s’élève aujourd’hui à 7 ans.

Graphique 28 : Ancienneté des consommateurs de produits biologiques (Agence Bio, 2014)

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Une image positive qui se transforme en motivations Les Français ont plaisir à consommer des produits bio (77 %) car ils sont porteurs d’avenir (77 %). 88 % des Français déclarent privilégier des produits respectueux de l’environnement et/ou des principes du développement durable (66 % en 2013). En parallèle au marché alimentaire, les Français consomment également des cosmétiques bio pour 38 % des sondés (24 % en 2013) et des textiles bio pour 20 % (11 % en 2013). Des changements d’habitudes de consommation 39 % des consommateurs de produits bio déclarent avoir changé leurs habitudes d’achat, leur comportement alimentaire ou culinaire. Ces modifications portent essentiellement sur : • le développement des achats de produits de saison, à 67 %, • l’augmentation de la part de produits frais, à 62 %, • la réduction des pertes / du gaspillage, à 57 %. Des lieux d’achats diversifiés Les consommateurs fréquentent plusieurs lieux d’achats pour l’acquisition de leurs produits bio : • 80 % des consommateurs principalement en GSA • 25 % des consommateurs en magasins spécialisés • 20 % des consommateurs à la ferme et 29 % sur les marchés • 18 % des consommateurs chez les artisans commerçants • 5 % via le « drive »

LA CONSOMMATION ET LA PERCEPTION DE LA VIANDE BIO EN FRANCE • • •

16 % des Français affirment manger régulièrement de la viande bio 6 Français sur 10 en ont déjà goûté En province 17 % consomment de la viande bio dès qu’ils en trouvent contre seulement 11 en région parisienne

• •

63 % des 35 ans et plus ont mangé de la viande bio vs 42 % des 18-24 ans 72 % de la catégorie «professions libérales, cadres supérieurs» en consomment vs 13 % des ouvriers

Pour 54 % des Français, consommer de la viande bio est un acte citoyen. Les consommateurs de viande bio sont des consommateurs fidèles : 73 % d’entre eux ne comptent pas changer leur habitude et 22 % d’entre eux estiment qu’ils vont augmenter leur consommation dans les prochains mois. Les viandes biologiques sont présentes dans un nombre grandissant de points de vente. Complémentaires, ces différents modes de distribution répondent, chacun à leur manière, à l’évolution des modes de consommation.

GMS

Boucheries artisanales

Magasins spécialisés

Volumes des ventes

50 %

15 %

14 %

Evolution depuis 2012

+3 %

+3 %

+5 %

Praticité

Conseils de professionnels et proximité avec la clientèle

Incontournables et appuyés sur le militantisme du réseau bio

Atouts

Tableau 3 : Circuits de distribution de la viande bio (Agence Bio, 2014)

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Source : Commission Bio d’INTERBEV, Observatoire des abattages, chiffres 2013. Sondage - 2015 - échantillon de 1 044 personnes représentatif de la population française)

ZOOM SUR

Le principal frein à la consommation de viande bio est la perception du prix car 51 % des consommateurs de viande estiment qu’elle a un coût trop élevé. Et pourtant, les Français reconnaissent qu’il est justifié de payer plus cher de la viande bio (56 %), signe d’une reconnaissance des contraintes associées à cette production. Cette perception pourrait évoluer : en s’intéressant aux morceaux moins nobles mais aussi grâce aux économies d’échelle promises par la filière.


RESTAURATION COLLECTIVE FRANCE Les Français sont de plus en plus demandeurs de produits biologiques en restauration hors domicile. Leurs attentes n’ont jamais été aussi fortes, selon le baromètre de l’Agence Bio : • 78 % se disent intéressés par des repas intégrant des produits biologiques au restaurant (54 % en 2013) • 76 % dans les hôpitaux (62 % en 2013) • 73 % dans les maisons de retraite (58 % en 2013) • 72 % dans les centres de vacances (51 % en 2013) • 63 % en restauration rapide ou à emporter (43 % en 2013) • 56 % dans les distributeurs automatiques (33 % en 2013) Les actifs se sentent très concernés par l’alimentation bio : 73 % se disent intéressés par des repas bio sur leur lieu de travail. Les parents, sont également très demandeurs pour leurs enfants : 87 % désirent des repas à base de produits biologiques à l’école.

NORD-PAS DE CALAIS Les politiques d’introduction de produits bio et/ou locaux en région (données 2015) 12 agglomérations / communautés de communes, 3 parcs naturels régionaux et 7 Pays sont engagés dans des démarches de relocalisation des approvisionnements bio et/ou locaux en restauration. 460 communes se situent sur les territoires accompagnés par A PRO BIO et la Chambre d’Agriculture. Ces dernières ont bénéficié au minimum d’un diagnostic et selon les niveaux d’avancement, d’ateliers en cuisine, d’aide à la rédaction des marchés publics, de modules en comptabilité et de rencontres avec les fournisseurs.

Carte 3 : Les Territoires engagés dans une politique de relocalisation de l’alimentation en restauration collective (A PRO BIO, CAR, CERDD, 2015)

PART DE MARCHÉ DE LA RESTAURATION COLLECTIVE POUR LES FOURNISSEURS DE BIO DEPUIS 2012, LA PART DE MARCHÉ EN RESTAURATION COLLECTIVE DES FOURNISSEURS N’A CESSÉ D’AUGMENTER POUR REPRÉSENTER AUJOURD’HUI EN MOYENNE 10 À 15 % DE LEUR CHIFFRE D’AFFAIRES GLOBAL.

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LES SYSTÈMES DE RESTAURATION COLLECTIVE

La régie partielle : en assistance technique, la commune délègue ses achats à un prestataire mais les locaux et la gestion de la cuisine sont assurés par la commune (personnel, charges, fluides, entretiens …) ou par les employés du prestataire. Il n’y a plus qu’un seul marché portant sur le choix du prestataire régissant les achats alimentaires et donc un seul lot.

ZOOM SUR

La régie directe : la commune organise l’ensemble de la restauration collective, des commandes de denrées jusqu’au service des repas. Les achats se font par lot correspondant à une famille de produits (ex : lot « produits laitiers »). Ce lot est composé d’articles (ex : article « lait ») et fait l’objet d’un marché public. Pour remporter le marché, le fournisseur doit être capable de répondre à l’ensemble des articles du lot. Il est possible de créer autant de lots que souhaité si ceux-ci restent cohérents. La régie directe se démarque par la manière d’établir sa commande publique: un allotissement fin, accompagné de critères choisis en connaissance de la production régionale, sont des éléments indispensables pour intégrer l’offre locale dans ces marchés.

La gestion concédée « complète » : la commune n’a pas d’outil de production/cuisine. Les plats sont préparés dans les cuisines de la Société de Restauration Collective (SRC) et sont acheminés ensuite aux communes. La commune rédige un marché portant sur le choix du prestataire mais peut y intégrer des exigences en termes de produits bio régionaux.

Focus sur le territoire de la Métropole Européenne de Lille (MEL) Les 87 communes de la Métropole Européenne de Lille représentent 25 % de la population de la région soit 75 000 repas/ jour assurés par les communes (maternelles, primaires, crèches, personnes âgées). Depuis 2012 la MEL s’est engagée à accompagner les communes pour favoriser l’introduction de produits bio et locaux dans la restauration collective. Depuis 2012, 22 communes ont augmenté leur part de produits biologiques dans les repas 2012 2015

Graphique 29 : Nombre de communes selon le pourcentage d’introduction de produits biologiques (A PRO BIO, 2015)

Celles-ci représentent 29 000 repas/jour. Entre 2015 et 2016, 17 communes sont susceptibles d’augmenter encore cette part dans les futurs marchés : le développement semble s’accélérer. Seules 4 communes ont diminué leur part de bio : l’une car elle a mutualisé sa restauration avec une commune n’intégrant pas de produits bio, une commune a augmenté puis diminué en 2015, les 2 autres n’introduisaient que ponctuellement des produits bio. En 2015, 42 % des repas des communes de la MEL sont concernés par une introduction de produits bio à 15 % minimum.

Graphique 30 : Les systèmes de restauration collective sur la MEL (A PRO BIO, 2015)

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Bien que les sociétés de restauration soient en marché avec 69 communes, le poids de la régie directe reste tout de même considérable : ce système absorbant près de 40 % des volumes. Ce chiffre s’explique en partie par les tailles importantes des villes en régie directe : Lille, Tourcoing-Roncq, Wattrelos… Il est à noter que plus de la moitié des repas sont conçus dans des cuisines municipales gérées ou non par la collectivité.


LES FILIÈRES BIO DU NORD-PAS DE CALAIS


FILIÈRE LAIT FRANCE • • •

2607 exploitations (+2 % / 2012) 121 443 vaches laitières (+4 %) Soit 3,3 % du cheptel national

D’après l’enquête laitière, la collecte de lait de vache biologique a atteint 416 millions de litres au cours des neuf premiers mois de 2015, soit une augmentation de +4,6 % par rapport à la même période de 2014. Selon les estimations, la collecte annuelle 2015 devrait atteindre 560 millions de litres de lait. Graphique 31 : Evolution de la collecte de lait de vache biologique (SSP, 2015)

En 2013, 40 conversions avaient eu lieu, en 2014 seulement 23 projets ont été enregistrés pour un volume de 6,3 millions de litres. De plus, on constate un nombre croissant d’arrêts : près de 20 élevages ont cessé leur activité bio en un an. La progression de la collecte est ainsi limitée et encore inférieure à la progression de la demande des marchés intérieurs.

Au cours des neufs premiers mois de 2015, certaines fabrications ont augmenté par rapport à la même période en 2014: • • •

Graphique 32 : Répartition des fabrications à partir de lait biologique au cours des 9 premiers mois 2015 (hors lait conditionné) (France Agrimer, 2015)

le beurre (+0,5 %) la crème conditionnée (+1,1 %) les desserts lactés frais (+0,3 %)

Au cours du premier trimestre 2015, les ventes de lait liquide biologique en GMS (hors hard discount) ont progressé de 5,1 % en volume par rapport à la même période de 2014 et de 6,3 % en valeur. La part de marché en volume du lait bio en GMS (hors hard discount) a été de 9,2 % pour le premier trimestre 2015 et la part de marché en valeur de 11,7 %. ( Source: Agence Bio, France Agrimer et SSP - novembre 2015)

Tableau 4 : Evolution du prix du lait biologique (Agence Bio, 2014)

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NORD-PAS DE CALAIS La filière lait est importante en région puisqu’il s’agit de la 1ère production régionale en termes de surfaces utilisées (59 %) et de la 2ème production en nombre de fermes, derrière le maraîchage. En effet, la région compte : • 67 fermes laitières bio (+14 conversions attendues en 2015) • 14,5 millions de litres de lait bio collectés en 2014 (soit 3 % de la collecte nationale biologique et 1,3 % de la collecte totale régionale) Millions de litres

Graphique 33 : Collecte et nombre d’exploitations en Nord-Pas de Calais (GABNOR , 2014)

Basé essentiellement sur l’herbe, le lait bio représente en région 4300ha dont 3700ha de prairies permanentes ou temporaires. L’élevage de vaches laitières bio répond totalement à l’enjeu de préservation des prairies fortement menacées en région. Comme au niveau national, l’élevage laitier bio a connu un fort développement entre la fin des années 90 et le début des années 2000. L’année 2008 a marqué la reprise, notamment grâce à un regain d’intérêt des laiteries, l’arrivée de nouveaux intervenants et un marché toujours en progression. Ces dernières années, le Nord-Pas de Calais a connu un essoufflement des conversions mais 2015 devrait marquer un redémarrage, principalement visible en Avesnois.

TÉMOIGNAGE

« IL NE S’AGIT DONC PLUS D’UN MARCHÉ DE NICHE »

L’activité de transformation de lait biologique est apparue afin de satisfaire la demande client. Ce segment de produit plutôt restreint il y a 20 ans a connu une croissance importante depuis 2008 pour atteindre désormais un volume de 20 millions de litres de lait. Il dépasse aujourd’hui les 10 % de parts de marché dans notre gamme, il ne s’agit donc plus d’un « marché de niche ». Il est également important de préciser que l’activité biologique continue de prendre des parts de marché sur la gamme conventionnelle, et cette évolution est constante. Au niveau industriel, notre groupe possède l’avantage de pouvoir valoriser l’intégralité du lait bio collecté. En effet, la crème récupérée lors de la fabrication du lait demi écrémé ou de produits infantiles est ensuite utilisée pour la fabrication d’un beurre de baratte. Le groupe assure aussi la fabrication des laits liquides infantiles de la marque BabyBio . Concernant l’approvisionnement, nous assurons la collecte de 5 millions de litres de lait bio en Nord Picardie, le reste du sourcing étant de l’achat extérieur auprès d’une coopérative Française spécialisée dans le lait bio. Nous souhaitons développer notre collecte afin de faire face à notre développement industriel et commercial. Notre région possède un certain retard dans le nombre de conversions, qui s’explique certainement par le fort niveau d’intensification de nos exploitations. Nous sommes toutefois de plus en plus sollicités par des producteurs qui commencent à envisager l’agriculture biologique comme un modèle économiquement viable et durable, et moins soumis à la forte volatilité présente sur les marchés conventionnels. Point important également, la grande majorité des intervenants du secteur végétal est désormais à la recherche de matière première biologique, ce qui permet de proposer des conversions équilibrées aux producteurs qui sont en capacité de trouver des circuits de distribution pour l’ensemble de leurs productions. » Sebastien Grymopon, responsable amont – Coopérative Lact’Union

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La filière lait bio (A PRO BIO, GABNOR, 2015)

Nombre de transformateurs de lait de vache par commune : 1

Nombre de producteurs de lait de vache par commune : 4

2

1

Nombre de producteurs de lait de chèvre par commune : 1

0

35 km

Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

Des coopérations existent entre ces structures pour collecter le lait de façon rationnelle et limiter les frais. A l’heure actuelle, tous ces professionnels recherchent des volumes et mettent en place des dispositifs incitatifs pour favoriser des conversions. Sur les 14 millions de litres collectés, seulement 4 % sont transformés à la ferme et valorisés en circuit court (vente à la ferme, marché, AMAP, restauration scolaire...).

Graphique 34 : Répartition de la collecte entre les différentes structures collectrices de lait biologique (GABNOR, 2014)

L’essentiel du lait est transformé dans la grande région Nord-Picardie en lait UHT sur les sites d’Abbeville (80), Awoingt (59), Clermont (60), Petit-Fayt (59), Saint-Pol-sur-Ternoise (62).

Bio et local, c’est possible : le nouveau Maroilles bio

Depuis janvier 2015, du Maroilles bio est fabriqué à la fromagerie du Pont-de-Sains située à Féron (59) à partir de lait bio collecté auprès d’un producteur de l’Avesnois par Biolait. Ce fromage a remporté une médaille d’or à la foire aux fromages de La Capelle (02) en septembre 2015. Le lait bio en région, c’est aussi le lait de chèvre : on dénombre 210 chèvres laitières qui produisent environ 102 000 litres de lait. Cette production est entièrement transformée à la ferme et valorisée essentiellement en fromage en vente directe ou en circuit court. Il n’existe pour le moment aucune production de lait de brebis en région.

ENJEUX DE LA FILIÈRE • • •

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Apporter un suivi technique aux fermes laitières nouvellement converties afin de conforter la dynamique Répondre aux besoins croissants des laiteries par l’accompagnement de nouvelles conversions Favoriser la transmission des fermes laitières des éleveurs proches de la retraite et sans repreneur


FILIÈRE VIANDE FRANCE

Bovins viande

Graphique 35 : Evolution des volumes abattus depuis 2005, tous cicuits confondus (Interbev, 2014)

Au 3ème trimestre 2015, les abattages étaient en hausse de 8 % par rapport à 2014 et cela pour tous les types d’animaux. Sur le 1er semestre 2015, les cours «rendu abattoir», étaient en moyenne de +17 % par rapport aux cours conventionnels (+13 % en 2014). Si l’on compare ces deux périodes les cours bio sont restés relativement stables d’une année à l’autre (-2 %). La demande est satisfaite par l’offre, les rayons traditionnels sont dynamiques, en particulier en magasins spécialisés. Le marché de la grande distribution se maintient avec une évolution vers les rayons traditionnels, qui devrait permettre une augmentation marquée des volumes distribués. Cependant les volumes vendus en restauration collective reculent confirmant les craintes des acteurs au sujet de la concurrence du local.

Porcins L’offre de porcs charcutiers bio progresse de 5 % au premier trimestre 2015. Les stocks congelés sont relativement bas avec peu de pièces nobles. La consommation de charcuterie augmente en même temps que la production et les opérateurs ont toujours le souci de gérer au mieux l’équilibre des carcasses. La consommation de charcuterie bio en GMS rayon libre-service a progressé de +4 % au 1er trimestre 2015. Pour le jambon cuit et l’épaule, sur la même période, les progressions sont de +8 % en volumes (kg) et +5 % en valeur.

Volailles de chair Les mises en place de poulets biologiques en filières organisées ont progressé de 2 % au cours des 12 premières semaines de 2015 par rapport à la même période en 2014. Les ventes se sont bien déroulées et les perspectives sont positives, en raison d’une forte demande et du développement de nouveaux marchés pour certains groupements. (Sources : EBF, Interbev, Synalaf, Agence BIO sur la base des relevés de prix effectués par le RNM/France AgriMer, Kantar World Panel -2015)

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NORD-PAS DE CALAIS Bovins viande L’essentiel de la viande bovine produite dans la région provient des élevages laitiers avec 1200 bêtes vendues en circuit long en 2014, ces animaux étant pour l’essentiel abattus et transformés hors région. Bon à savoir: ce nombre de bêtes de réforme est en croissance suite aux récentes conversions en lait et devrait encore augmenter dans les années à venir.

Graphique 36 : Evolution du cheptel des vaches allaitantes et du nombre d’élevages (GABNOR, 2014)

On compte 29 éleveurs de vaches allaitantes dont 15 sont spécialisés et 3 en conversion. Pour les élevages qui ne sont pas spécialisés, l’activité viande bovine est souvent adossée à un élevage laitier ou aux grandes cultures. Les élevages spécialisés sont eux principalement situés dans l’Avesnois où il y a une réelle dynamique pour cette production. Depuis plusieurs années, quelques opérateurs valorisent en région des animaux pour la restauration collective (20 animaux en 2014). Ce volume régional est amené à progresser.

Graphique 37 : Bovins vendus selon les circuits de distribution (GABNOR, 2014) CL: circuit long CC: circuit court

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Porcins En 2014, nous comptions 3 éleveurs de porcs biologiques pour une production de 800 porcs charcutiers. La création de l’Association viandes bio Nord-Pas de Calais-Picardie a permis d’offrir des débouchés en filière régionale au-delà de la vente directe. Dès 2015, cette stratégie a permis la création ou la conversion de 4 ateliers supplémentaires et de dépasser la production de 1000 porcs charcutiers. La production d’un engraisseur et de 2 naisseurs est actuellement valorisée par des magasins spécialisés et boucheries artisanales. Graphique 38 : Evolution du cheptel de porcs et du nombre d’élevages (GABNOR, 2014)

Autres viandes Les fermes biologiques orientées vers la production d’autres viandes (mouton, volailles) sont peu nombreuses et exclusivement tournées vers la vente directe et les circuits-courts faute de filière locale.

Graphique 39 : Evolution du cheptel d’agneaux et du nombre d’élevages (GABNOR, 2014)

Bio et local, c’est possible : Association Viandes Bio En 2014, l’association Viandes Bio Nord-Pas de Calais a permis de débuter la valorisation de viande de porc biologique régionale. L’objectif est d’augmenter la production pour couvrir les besoins des distributeurs régionaux en viande de porc. Afin de répondre aux demandes des consommateurs, magasins spécialisés et boucheries artisanales, l’élargissement de la gamme proposée (volailles, mouton...) sera sans doute à envisager. Pour garantir la durabilité de la filière régionale, les acteurs qui ont créé cette association ont souhaité prendre en compte les coûts de production et de fonctionnement de chacun. Le développement de la filière locale de viande biologique sera possible si l’ensemble des acteurs maintient cet état d’esprit. L’équilibre entre la production et les débouchés est également essentiel pour sécuriser les activités de tous de la production à la distribution.

33 30


La filière viande bio (A PRO BIO, GABNOR - 2015)

Nombre de transformateurs par commune : 2 1

Nombre de boucheries par commune : 1

Nombre de producteurs de viandes par commune :

0

35 km

1

Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

TÉMOIGNAGE

« LES PRODUITS BIO CORRESPONDENT À NOTRE VISION DE LA QUALITÉ »

« Avec mes deux filles nous cherchons à développer la boucherie du XXIème siècle, nous nous projetons dans les 5 à 10 prochaines années afin de proposer aux clients la meilleure qualité possible. Le consommateur du futur mangera moins mais mieux, il sera à la recherche d’encore plus de garanties. C’est pour cette raison que nous travaillons des viandes de qualité, avec la meilleure traçabilité, le respect du bien-être animal et des approvisionnements régionaux. Nous avons lancé une gamme bio car c’était une demande de nos clients et que ces produits correspondent à notre vision de la qualité. Mais nous avons franchi le pas car il était possible d’avoir des animaux régionaux, c’est pour cette raison que nous ne travaillons que le porc pour le moment. L’arrivée du porc biologique nous a permis d’avoir une gamme supplémentaire à proposer à nos clients. Nous avons la chance d’avoir une clientèle qui peut se permettre d’acheter des produits de qualité supérieure et qui est intéressée aussi bien par du porc sur paille que par des produits certifiés bio. Mais cette gamme nous a surtout permis de recruter une nouvelle clientèle de consommateurs bio qui cherche à trouver leur viande chez les artisans locaux et non pas en GMS ou dans les magasins spécialisés. Ce marché reste une niche à l’heure actuelle mais on perçoit nettement que les crises alimentaires et les nouveaux modes de consommations sont en train de changer la donne. Dans notre boucherie, la qualité de nos viandes va tendre de plus en plus vers le bio car cette viande correspond à notre logique de travail. Pour l’instant nous travaillons uniquement le porc car c’est la seule viande disponible en région mais par la suite nous développerons sans doute la volaille ou le bœuf si la qualité est au rendez-vous. La filière viande se développe très bien en région, les choses prennent du temps mais nous sommes sur la bonne voie. Une fois que la production sera là, nous sommes sûrs qu’il y aura encore davantage de demandes. »

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Laurent Rigaud, Boucherie Rigaud (Wambrechies)


FILIÈRE OEUFS FRANCE • •

1359 exploitations (bio et/ou conversion) (+2 % par rapport à 2012) 3 350 369 poules pondeuses (- 0,2 %) soit 7,8 % du cheptel national (contre 3,8 % en 2007)

La mise en place de volailles (poulets de chair et poules pondeuses) est restée plutôt stable depuis 2012 car le net recul de certaines régions (Pays de la Loire ou Auvergne) est compensé par d’autres (Poitou Charentes ou Aquitaine). Dans un contexte de marché concurrentiel où la grande distribution comprime ses prix de revente, même si les conversions vont donner une impulsion à la nutrition animale, l’arrivée de nouveaux acteurs pourrait déséquilibrer le marché. La pression sur les prix en GMS se poursuit, elle se manifeste par un recul en valeur du rayon œufs Bio. Les achats d’œufs bio se sont stabilisés en volume, ils représentent 8 % des achats des ménages français (6,8 % pour le Label Rouge). Le prix moyen est en baisse et actuellement très proche de celui des œufs Label Rouge, malgré une grande différence du prix de l’aliment. Le prix de la barquette de 6 oeufs en 2015 est inférieur au prix moyen sur la même période de 2014, que ce soit en magasins spécialisés, en GMS ou en hard discount.

Tableau 5 : Evolution du prix des oeufs biologiques (Agence Bio, 2014)

NORD-PAS DE CALAIS

Graphique 40 : Evolution du volume d’oeufs commercialisés et du nombre d’élevages (GABNOR, 2014)

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En 2014, nous comptions 47 producteurs d’œufs biologiques en région (+17,5 % par rapport à 2012) qui élèvent 88000 poules. Les 19 éleveurs en circuit long produisent plus de 95% de la production régionale avec 85 000 poules. Les producteurs en vente directe sont 28 et élèvent 2800 poules. De nouveaux éleveurs devraient débuter une production par la création d’un nouvel atelier ou par l’agrandissement d’un existant en 2016. La filière oeufs est un secteur dynamique en région car la consommation continue sa progression tant en vente directe qu’en filière longue. 25 millions d’œufs sont produits dont 24 valorisés en circuit long via les collectes de Cocorette et de Œufs Nord Europe (ONE). La production d’œufs biologiques est un bon complément de gamme pour les vendeurs directs. Les conditionneurs sont quant à eux toujours à la recherche de nouveaux éleveurs.

Un futur leader français de l’oeuf alternatif (zoom sur 2015) Cocorette représente 300 petites fermes régionales, près des 5 centres de conditionnement de la marque et a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 41 millions d’euros. Œuf Nord Europe est aussi l’un des pionniers de la production d’œufs issus de poules élevées en liberté. La société a progressivement fédéré une cinquantaine de producteurs pour réaliser 31 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015. A la fin de l’année, les deux structures sont entrées en négociation en vue d’un rapprochement de leur activité, ce qui pourrait donner naissance au leader français de l’oeuf alternatif.

La filière oeufs bio (A PRO BIO, GABNOR, 2015)

Nombre de producteurs par commune :

Nombre de transformateurs par commune :

2 1

1

0

35 km

Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

ENJEUX DE LA FILIÈRE •

33 36

Maintenir un prix d’achat de l’œuf cohérent avec les coûts de production en filière longue: les prix de reprise proposés aux éleveurs sont en baisse, malgré une demande croissante qui conduit à une tension de la filière. Le maintien d’un prix de reprise cohérent avec les coûts de production sera nécessaire pour préserver la pérennité de la filière. Mise aux normes sanitaires des élevages de plus de 250 poules en vente directe : à partir du 1er janvier 2015, une nouvelle réglementation pour la vente des œufs a été mise en place. Pour la vente directe, seuls les élevages dont l’effectif est inférieur à 250 poules sont dérogatoires à l’obligation de classement par catégorie et de poids. Viser l’autonomie en aliment à l’échelle de la région avec 2000 ha de céréales et protéagineux : les poules pondeuses de la région consomment près de 4 000 tonnes d’aliments. Même si le lien au sol exige 20 % d’autoproduction, au total il faudrait 2 000 hectares de céréales et protéagineux pour viser l’autonomie régionale.


FILIÈRE GRANDES CULTURES FRANCE Céréales

En 2013, il y avait 8 979 exploitations pour 163 139 ha certifiés, soit 1,7 % de la SAU nationale en céréales. En 2015, le marché est stable et rémunérateur (prix stables depuis 2008) mais il manque toujours des matières premières pour répondre aux besoins intérieurs de l’Hexagone. En effet, malgré un quasi-doublement des surfaces depuis 2007, les besoins intérieurs ne sont toujours pas couverts. La collecte de céréales biologiques et C2 a progressé de +12 % au cours de la campagne 2014/2015.

Graphique 41 : Ventilation de la collecte de céréales biologiques pour la campagne 2014/2015 (France Agrimer, 2015)

Les achats hors frontières en céréales ont globalement diminué compte tenu d’une récolte 2014 supérieure notamment en maïs. Seul le recul de la collecte de blé tendre a nécessité davantage de recours à l’importation. Graphique 42 : Evolution de la collecte de céréales (bio + C2) (France Agrimer, 2015)

Au 1er juillet 2015, les stocks de céréales bio chez les collecteurs étaient en hausse de +26 % par rapport à l’année passée. Ils étaient en baisse de 9% chez les meuniers et de 25 % chez les fabricants d’aliments du bétail (FAB).

Graphique 43 : Evolution des mises en oeuvre de céréales (France Agrimer, 2015)

Oléagineux

En 2013, il y avait 2 069 exploitations pour 29 177ha certifiés, soit 1,3 % de la SAU nationale en oléagineux. En 2015, la collecte totale d’oléagineux (bio + C2) a progressé de +56 % par rapport à la campagne précédente, celle de soja a connue une hausse de +73 % et le tournesol a augmenté de +33 %. Graphique 44 : Evolution de la collecte d’oléagineux (bio + C2) (France Agrimer, 2015)

Les mises en oeuvre de graines de soja par les FAB au cours de la campagne 2014/2015 ont baissé de 11 % par rapport à la campagne précédente. De plus, il y a peu de mise en oeuvre de graines de tournesol sur la période. Par contre les stocks de soja ont fortement augmenté : doublement chez les collecteurs et hausse de +168 % chez les FAB.

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Protéagineux En 2013, il y avait 1 471 exploitations pour 11 819 ha certifiés, soit 6,2 % de la SAU nationale en oléagineux. En 2015, la collecte de protéagineux (bio + C2) a augmenté de +12 % par rapport à la campagne précédente. La collecte de fèves et de fèveroles a progressé de +13%. Au 1er juillet 2015, les stocks de fèves et fèveroles étaient en progression de +42 % par rapport à l’année passée. Graphique 45 : Evolution de la collecte de protéagineux (bio + C2) (France Agrimer, 2015)

Alimentation animale En 2015, les mises en oeuvre des fabricants d’aliments du bétail (FAB) ont progressé de +2,3 % par rapport à l’année 2014. Depuis 4 ans la progression des volumes s’est ralentie passant de +24 % de hausse en 2011 à +7,5 % en 2014. Premier débouché des grandes cultures bio, la nutrition animale est en croissance constante tirée par la volaille et surtout les poules pondeuses. En 2014, les volumes atteignent 295 667 tonnes en hausse de +7,5 % par rapport à l’année précédente. Ils représentent 1.4% de l’alimentation animale française. Produisant plus de 70 % des volumes, les coopératives dominent le marché : produits par une vingtaine d’usines, en majorité dédiées à la bio. (Données coop de France- Snia) L’aliment pour volailles représente 70 % du total et reste le moteur du marché, stimulé par le boom de l’œuf bio sur les étals. En revanche, bien que marginaux les aliments ovins et caprins font des bonds respectifs de +23,5 % et +33,5 %. A noter que l’aquaculture continue sa percée avec 8 845t d’aliments (3,6 %) dans le sillage d’une filière qui se construit.

NORD-PAS DE CALAIS En 2014, la région compte : • 47 producteurs en grandes cultures bio (activité principale) dont 25 agriculteurs mixtes) • 4 nouvelles conversions • 1269 ha de surfaces certifiées ou en conversion (17 % des surfaces bio régionales) • 230 ha de légumes de plein champ bio Production Les surfaces en grandes cultures biologiques peinent encore à se développer en région, malgré une demande des opérateurs économiques en forte hausse. Malgré cela, la dynamique de conversion se poursuit dans la région avec 4 nouveaux producteurs bio en grandes cultures en 2014. En parallèle, 6 agriculteurs mixtes ont engagé de nouvelles surfaces en bio sur leur ferme. Une partie importante des surfaces en grandes cultures bio régionales sont produites par des polyculteurs-éleveurs et sont donc destinées à l’autoconsommation. Elles sont composées de céréales (blé pour la moitié des surfaces mais aussi triticale, orge… pour un total de 1200 ha), de féverole (55 ha) et de mélanges céréales-protéagineux pour les éleveurs. Plusieurs dizaines d’hectares de céréales sont destinés à la multiplication de semences pour un sélectionneur régional.

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Dans le cas de systèmes sans élevages, une grande majorité des agriculteurs intègre malgré tout des prairies temporaires à base de luzerne dans leurs rotations, valorisée auprès d’éleveurs de la région. On observe également des surfaces en légumes de plein champ, essentiellement pommes de terre (150 ha), racine d’endives (38 ha) et betterave rouge (35 ha).


Les surfaces en conversion sont occupées par des cultures fourragères (triticale, orge, féverole...). Elles représentent 670 ha, tous systèmes confondus (polyculteurs purs et polyculteurs-éleveurs). Quelques nouveautés sont apparues en 2015. Un agriculteur a ainsi implanté 5 ha de lin textile bio, dans le cadre de la mise en place d’une filière textile bio à l’échelle de plusieurs régions.

ENJEUX DE LA FILIÈRE • Levers les freins à la conversion en grandes cultures biologiques : Les freins techniques sont souvent mis en avant par les producteurs conventionnels. En particulier, la maîtrise des adventices et de la fertilisation azotée sont souvent pointées du doigt. La mise en place de rotations durables, l’accompagnement technique réalisé et la création de références locales à partir de 2015 apportent dorénavant des leviers favorables au développement de surfaces supplémentaires. • Satisfaire les besoins des opérateurs régionaux : Que ce soit à destination de l’alimentation humaine ou animale, en céréales ou en légumes, les opérateurs régionaux peinent à assurer une origine régionale dans leurs approvisionnements bio. La faute à des agriculteurs et des surfaces bio trop peu nombreux. Le développement de ces filières mais aussi la prospection vers des filières nouvelles seront un levier majeur pour le développement des surfaces. • Des démarches collectives : Le passage en bio est d’abord un choix individuel pour un agriculteur, une étape dans son projet. En grandes cultures, on observe le démarrage de projets collectifs. Pour se rassurer techniquement, pour tester des cultures diverses, pour amortir des achats de matériel, plusieurs groupes d’agriculteurs se sont lancés dans la région.

TÉMOIGNAGE

« L’ENSEMBLE DES STRUCTURES RÉGIONALES DE LA FILIÈRE APPRÉHENDENT AUJOURD’HUI L’AGRICUTURE BIOLOGIQUE COMME UNE RÉELLE ALTERNATIVE »

« L’histoire de notre gamme biologique est née de la demande d’un centre de conditionnement d’œufs picard qui souhaitait se lancer sur ce marché en 1997. Ce centre est venu nous solliciter et nous avons fait le choix de nous lancer dans l’aventure : aujourd’hui l’alimentation Biologique représente 4% de notre activité totale et l’alimentation biologique pondeuse 80% de notre activité biologique. La gamme de produits biologiques a eu deux effets bénéfiques : avoir une offre produit plus large avec une approche de production différente nous permettant ainsi de répondre aux attentes de l’ensemble des producteurs et consommateurs. La gamme biologique a également permis de tisser des liens avec de nombreuses organisations régionales dans un climat de proximité. En effet le marché biologique plutôt régional n’est pas géré de la même façon que le conventionnel soumis à de fréquentes fluctuations dues à la mondialisation des échanges. Nous sommes dans une démarche de filière ou chacun bénéficie des avancées communes. Novial est historiquement implanté sur le marché de l’agriculture biologique, le développement envisagé pour les années tient surtout à l’accompagnement des mises en place de poules pondeuses. Les gammes pour ruminants et porcins vont continuer à se développer. Nous accompagnons également les demandes du marché grand public pour lequel il y a une réelle demande pour l’alimentation animale en jardinerie pour les particuliers qui sont de plus en plus nombreux à avoir un poulailler. Un certain nombre d’instances privées et publiques se mobilisent pour l’offre en produits biologiques, ce discours s’instaure doucement en région Nord-Pas de Calais. Aujourd’hui 100% de notre approvisionnement en céréales à paille (Triticale, Blé, orge) que nous utilisons vient de la région, mais nous avons toujours des problématiques d’approvisionnement sur le maïs, culture assez difficile en agriculture biologique sur notre terroir. La filière est en train de se structurer, l’ensemble des structures régionales appréhendent aujourd’hui l’agriculture biologique comme une réelle alternative et mettent les moyens pour que les choses se développent. » Jean-Lou Sterin, Novial

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FILIÈRE BIÈRE En conventionnel, la France est le premier pays producteur d’orge brassicole en Europe et le premier exportateur mondial de malt. La France comptait 98 brasseries bio en 2013, majoritairement des microbrasseries, dont 7 en Nord-Pas de Calais. En 2015, A PRO BIO a lancé une réflexion autour du développement d’une filière bière biologique régionale. A PRO BIO, le GABNOR et la Chambre Régionale d’Agriculture ont alors réuni les différents acteurs de la filière. Les producteurs sont prêts à intégrer de l’orge brassicole dans les rotations de culture. Les brasseurs s’accordent à dire que le développement des bières biologiques est croissant et durable, notamment grâce au succès des microbrasseries. Ils souhaitent également relocaliser leurs approvisionnements en orge et en houblon. En novembre 2015, des essais d’orge d’hiver ont été effectués avec les variétés préférées des malteurs et brasseurs et d’autres seront fait au printemps. Enfin, des porteurs de projet envisagent de s’installer en production de houblon et une malterie bio régionale est en phase d’essai. Autrement dit, une filière biologique régionale très prometteuse, à suivre !

TÉMOIGNAGE

« NOUS NOUS SOMMES LANCÉS DANS LA BIÈRE BIOLOGIQUE AFIN DE CONTRIBUER À UNE DÉMARCHE DE FILIÈRE »

« La gamme biologique a été lancée en 2011 par envie et conviction personnelle, même si nous savions qu’il existait un marché nous l’avons surtout fait pour être en cohérence avec nos valeurs. Le principal bénéfice tiré de cette gamme a été de pouvoir faire ce que l’on aime. Ces produits ouvrent également de nouveaux circuits de distribution, notamment dans les réseaux spécialisés. En termes d’image, le retour est plutôt bénéfique même si ce n’est pas toujours le cas ici en milieu rural. L’agriculture biologique est encore un phénomène très urbain, localement les consommateurs sont encore très méfiants envers ce type de produit. La principale problématique en ce moment ce n’est pas la demande des consommateurs qui augmente durablement, mais plutôt l’approvisionnement. D’une part nous ne pouvons toujours pas nous approvisionner en local pour le sucre, le malt ou le houblon. Nous souhaiterions relocaliser ces approvisionnements au plus vite afin d’être en totale cohérence avec notre vision de l’agriculture biologique, mais surtout nous craignons la pénurie de houblon français qui s’annonce dans les mois à venir. Aujourd’hui, seul un lycée agricole en produit et lorsque les récoltes sont mauvaises tout le monde s’arrache les lots restants de cette culture très aléatoire. Nous nous sommes lancés dans la bière biologique afin de contribuer à une démarche de filière. En 2011, une seule référence était commercialisée, depuis une Triple a vu le jour ainsi qu’une bière exclusive née d’un partenariat avec le café citoyen, la «Court Debout». Ces collaborations, dont nous avons déjà l’habitude en conventionnel nous ont également permis de développer la «2 sous de table», avec le restaurant lillois du même nom. Nous aimons ces créations de produits souvent nées de belles rencontres. Dans les prochaines années, le passage en 100 % bio n’est pas envisagé, car certaines variétés indispensables à nos recettes ne sont pas disponibles. Actuellement cette gamme représente 15 % de notre activité et nous souhaiterions développer cette part, notamment avec des collaborations et recettes exclusives que nous apprécions particulièrement. Le marché ne décolle pas de façon spectaculaire mais progresse doucement et durablement. Faire de la bière biologique aujourd’hui est avant tout un engagement, lourd d’un point de vue administratif et financier (800€ de frais de certification chaque année). Les matières premières sont également deux fois plus chères qu’en conventionnel, prix que nous nous efforçons de ne pas trop répercuter sur les ventes afin de rendre la bière biologique accessible au plus grand nombre. »

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Daniel Thiriez, Brasserie Thiriez


La filière grandes cultures bio (A PRO BIO & GABNOR, 2015)

Nombre de transformateurs par commune : 2 1

Nombre de producteurs en grandes cultures par commune : 3

2

1

Nombre de boulangeries : 1

0

35 km

Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque

LE PTINOR

En 2014 a été lancé le Ptinor. Sa particularité est d’être entièrement fabriqué en Nord-Pas de Calais avec des farines moulues en région, issues de céréales cultivées en Nord-Pas de Calais-Picardie. La filière est coordonnée par A PRO BIO et soutenue par le Conseil Régional du Nord-Pas de Calais au travers d’une aide à la certification accordée aux boulangers souhaitant s’engager dans la démarche. En 2015, les boulangers de certains territoires comme l’Avesnois ont été sensibilisés et les artisans intéressés sont dorénavant accompagnés par A PRO BIO pour leurs démarches administratives et leur recherche de débouchés.

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FILIÈRE FRUITS ET LÉGUMES FRANCE Fin 2013, 12 % des surfaces étaient encore en conversion (129 888ha) dont la moitié en dernière année de conversion (63 802 ha). La dynamique de développement est moins forte qu’en 2012 mais reste importante dans les secteurs: • des fruits transformés (oliveraies et pommes à cidre): 29 % des surfaces en conversion • des fruits à coque: 24 % des surfaces en conversion • des fruits frais: 24 % des surfaces en conversion Graphique 46 : Surfaces dédiées à la culture de fruits et légumes biologiques (Agence Bio, 2014)

• • •

6 180 exploitations produisent des légumes frais, sur 16 141 ha (soit 4,2 % des surfaces nationales) 6 568 exploitations produisent des fruits frais sur 26 338 ha (soit 13,7 % des surfaces nationales) 1 831 exploitations produisent des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) sur 4 737 ha (soit 13 % des surfaces nationales)

Pomme de terre Le marché de la pomme de terre bio en France est un marché d’environ 30 000 tonnes, dont les 2/3 sont écoulés en circuits longs. S’agissant des circuits longs, la grande distribution privilégie à ce jour les pommes de terre lavées et emballées, tandis que les magasins spécialisés bio proposent principalement des pommes de terre simplement brossées, présentées en vrac. 93 % des pommes de terre commercialisées en circuits longs le sont par l’intermédiaire d’un contrat signé entre le producteur et le metteur en marché (contre 43 % en conventionnel). Les clauses prévues par les contrats sont très variables suivant les opérateurs. Le prix de rémunération aux producteurs est fixé avant la récolte pour un tiers des volumes. Il existe un relatif équilibre entre l’offre et la demande française depuis plusieurs campagnes.

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NORD-PAS DE CALAIS En 2014, la région Nord-Pas de Calais compte : • 103 maraîchers dont 95 à titre principal, soit environ 1 agriculteur bio sur 3 pour une surface de 207 ha • 27 producteurs de légumes de plein champ pour 110 ha • 13 producteurs de pommes de terre pour 120 ha • 14 arboriculteurs de vergers basse-tige pour 95 ha • 5 producteurs de plantes aromatiques (PPAM) sur 5,55 ha

Légumes Les légumes sont produits en région sur deux types de ferme : les fermes maraîchères et les fermes de grandes cultures intégrant une part plus ou moins grande de légumes de plein champ. Les surfaces et le nombre de maraîchers ont plus que doublé depuis 2007 pour atteindre 207 ha cultivés par une centaine de maraîchers, pourtant elles n’occupent que 2,8 % des surfaces bio régionales.

Graphique 47 : Evolution du nombre de maraichers et des surfaces (GABNOR, 2014)

Parmi la centaine de fermes maraichères : • 29 commercialisent tout ou partie de leur production en AMAP • 21 sont des structures à but social de type CAT, ESAT • 1 parcelle est de nature expérimentale, elle est située au Pôle légumes région Nord.

10 NOUVELLES FERMES MARAICHÈRES EN 2014

6 installations (reconversions professionnelles) 4 conversions

Les collectivités poursuivent leurs efforts pour mettre à disposition du foncier (ex : Zone de Wavrin), voir même dans certains cas des outils de production (bâtiment, eau, électricité).

De plus en plus de producteurs découvrent et introduisent les légumes de plein champ dans leur système de polyculture (Ils étaient 27 en 2014 dont 5 à titre principal). Les légumes les plus représentés sont la betterave rouge, l’oignon et la carotte.

Productions végétales spécialisées Les projets PPAM (plantes à parfum, aromatiques et médicinales) sont très liés à l’implication et aux connaissances du porteur concernant les propriétés des plantes, de la production à la valorisation, en passant par la transformation. Un producteur historique travaille en circuit long, tous les nouveaux projets sont basés sur une commercialisation en direct par le producteur lui-même. L’offre régionale en plants a fortement diminué, eu égard à des pertes de marchés sur les circuits de jardinerie ou un manque de professionnalisation. L’enjeu en production de plants est d’accompagner de nouveaux projets pour développer une offre régionale satisfaisante pour les professionnels (gamme, coûts, variétés…).

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Fruits En arboriculture basse-tige (pomme et poire essentiellement), le système de commercialisation repose le plus souvent sur une base de vente directe et de valorisation en circuit long pour la moitié des volumes. La dynamique de conversion est stable : un ou 2 projets de conversion par an en basse-tige.

Graphique 48 : Evolution du nombre d’arboriculteurs et des surfaces (GABNOR, 2014)

Au niveau technique, se pose la question du renouvellement des vergers avec des variétés adaptées au marché et de l’acquisition de données de plus en plus précises et individualisées qui permettra d’être plus performant dans le suivi technique. Il faut aussi viser une meilleure maîtrise de la conservation des récoltes pour limiter les pertes. En haute tige, un développement des surfaces se fait ressentir chez les éleveurs déjà engagés en bio, notamment chez des éleveurs de bovins de l’Avesnois avec 77 ha de pré-vergers sur un total de 88 ha en région. Cette seconde filière, principalement destinée à la transformation, reste à organiser pour accompagner la montée en puissance de la production au cours de la prochaine décennie et poursuivre son développement. Un intérêt se confirme pour le développement du petit fruit, avec aujourd’hui, des producteurs qui se spécialisent ou qui implantent des ateliers significatifs permettant d’aborder les marchés des circuits de gros.

La filière fruits et légumes bio (A PRO BIO, GABNOR, 2015)

Nombre de transformateurs par commune : 5

2 1

Nombre de producteurs en maraîchage par commune :

4

2

1

Nombre de producteurs de fruits par commune :

41

1

Nombre de producteurs de légumes plein champ (LPC) par commune : 2

0

35 km

1

Carte réalisée avec Cartes & Données - © Articque


ENJEUX DE LA FILIÈRE • • •

Pérenniser les systèmes maraîchers en vente directe et conforter leur viabilité par une amélioration de la maîtrise technique et du temps de travail : les systèmes en AMAP doivent se conforter (GTE AMAP…) Poursuivre la production de références et de compétences permettant d’accompagner tous les systèmes des filières fruits et légumes (appui sur le Pôle Légumes pour la recherche de références). Accompagner l’évolution de la production de légumes plein champ : les producteurs de légumes plein champ sont avant tout des céréaliers. Les techniques et les aléas spécifiques à la production de légumes nécessitent de nouvelles compétences, de nouveaux moyens de production (financiers, matériels et humains) pour sécuriser les systèmes et stabiliser les marchés. Produire des références et compétences pour accompagner les nouveaux systèmes de culture (permaculture et jardin-maraîcher) qui se testent en région : ces activités intensives valorisent de petites surfaces. Elles sont motivées par le souhait d’optimiser le foncier, la mécanisation et ses charges, de tenir compte de la disponibilité en main d’œuvre (souvent 1UTH/projet). Ces modèles sont issus des conceptions qui se déclinent nouvellement en région (Jean-Martin FORTIER, la Ferme du Bec Hellouin…). Renouveler les vergers avec des variétés adaptées au marché

TÉMOIGNAGE

« LA GAMME BIOLOGIQUE A PERMIS UNE RÉELLE DYNAMIQUE TECHNIQUE »

« Notre gamme biologique est née de la corrélation entre la demande d’un producteur et celle d’un client qui souhaitait de l’endive biologique. Depuis le lancement de la coopérative dans l’agriculture biologique beaucoup de choses ont changé. Ces produits ne sont pas de simples références parmi d’autres. L’élargissement de la gamme proposée a tout d’abord permis d’optimiser et d’amortir la logistique. Il a également permis d’élargir les horizons chez les clients, avec les nouveaux interlocuteurs que sont les réseaux spécialisés bio. De nouveaux producteurs sont également venus nous rejoindre, mais la gamme biologique a surtout permis une réelle dynamique technique. En effet, c’est un mode de production exigeant et des échanges de bonnes pratiques commencent à voir le jour avec le conventionnel. La preuve que cette méthode fonctionne : les produits finis Bio présentent une qualité de présentation qui n’a pas à rougir face aux produits issus de l’agriculture conventionnelle. Suite au doublement de la capacité de stockage en oignons, la coopérative a encore de nombreux projets pour l’avenir : un nouveau producteur d’endive est en train de se mettre en place et l’élargissement de la gamme suit son cours pour s’adapter à l’évolution durable du marché. Pour développer la filière, il est nécessaire que les producteurs investissent dans des outils de stockage et de conditionnement car ces outils sont indispensables. Pour la pomme de terre et la carotte, par exemples, rien n’est encore mis en place. Si les surfaces se développent, il sera difficile de maîtriser cette étape et les produits risquent encore de partir en dehors de la région. Pascal Delebecque, Marché de Phalempin

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Annexe : Evolution du prix annuel au kilo des fruits et légumes phares de la région Nord-Pas de Calais à l’exportation

Evolution du prix au kilo de la pomme bicolore biologique à l’exportation en euros HT (DRAAF, 2015)

Evolution du prix au kilo de la carotte lavée biologique à l’exportation en euros HT (DRAAF, 2015)

Evolution du prix au kilo de la betterave ronde crue biologique à l’exportation en euros HT (DRAAF, 2015)

43 Evolution du prix au kilo de la pomme de terre chair ferme biologique à l’exportation en euros HT (DRAAF, 2015)


NOTES

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Ce document a été réalisé par A PRO BIO avec la participation particulière du GABNOR pour la collecte des données et l’apport d’éléments d’analyse sur la production régionale. Cet observatoire régional est le fruit d’une collaboration entre plusieurs acteurs puisqu’il a fait l’objet de discussions et a été validé par un comité de pilotage animé par A PRO BIO comprenant le GABNOR, la Chambre d’Agriculture du Nord-Pas de Calais, le Pôle d’excellence agroalimentaire Agroé et la DRAAF. Nous remercions l’ensemble des producteurs, transformateurs et distributeurs de la région pour leur indispensable contribution. Les données individuelles recueillies sont confidentielles et sont protégées dans une base de données sous contrôle de la CNIL.

Contact : A PRO BIO, Pôle de Ressources, de Promotion et de Développement de la filière bio en Nord-Pas de Calais 4 rue Dormagen 59350 Saint André lez Lille Tel : 03 20 31 57 97 louise.orier@aprobio.fr www.aprobio.fr En partenariat : GABNOR, Groupement des Agriculteurs Biologiques du Nord-Pas de Calais Le Paradis - 59133 Phalempin Tél. 03 20 32 25 35 / www.gabnor.org Chambre d’Agriculture du Nord-Pas de Calais 140 Boulevard de la Liberté 59 000 Lille Tel : 03 20 88 67 00 / www.agriculture-npdc.fr Pôle d’excellence agroalimentaire Agroé Quartier des Trois Parallèles La Citadelle Avenue du Mémorial des Fusillés 62 000 Arras Tel : 03 27 70 15 80 / www.agroe.fr DRAAF 518 rue Saint Fuscien - CS 90069 80094 Amiens cedex 3 Tel: 03 62 28 41 30 /www.draaf.nord-pas-decalais-picardie.agriculture.gouv.fr En collaboration avec l’Agence bio:

Avec le soutien financier de:

Crédits Photo: A PRO BIO


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