HISTOIRE & PATRIMOINE RÉGION
NAZAIRIENNE
PRESQU’ÎLE GUÉRANDAISE
L’histoire locale de la Région Nazairienne et de la Presqu’île Guérandaise
Hors-série
(partie1/2)
100 ans de sport à Saint-Nazaire 1860 -1960
Maxence Ponroy A.P. H.R.N - Hors-série no 11 (partie 1/2) - mai 2018 - 18 €
La pratique de l’aviron fut longtemps interdite au Bois Joalland (cliché de l’auteur)
L Éditorial
a société, et la vie de chacun, sont, de plus en plus, rythmées par le sport et ses manifestations. Il n’est qu’à observer, actuellement, le déplacement des foules lors du passage du Tour de France cycliste, lors des matchs – le football en particulier – lors des départs des grandes courses transatlantiques, ou à leur arrivée. Tous ces reportages, ou documentaires, relayés à domicile par la télévision, sont projetés sur nos écrans et interviennent dans la vie domestique. C’est un véritable engouement. Il est de bon ton « d’aller à la neige » chaque hiver, pour skier, de se montrer, haletant, en tenue de jogging, de raconter ses exploits… Un élève, par ailleurs fort moyen, pourra dire « J’ai fait gagner l’équipe de mon lycée » et sera valorisé. Il n’en a pas toujours été ainsi. Le sport a progressivement gagné du terrain dans tous les domaines. Certains, derniers nés, ont été admis récemment aux Jeux olympiques. Maxence Ponroy nous relate l’histoire du sport à Saint Nazaire, de 1860 à 1960. Il écrit avec précision et rigueur, nous offre des photos rares et anciennes, nous fait revivre des évènements oubliés, nous dépeint la ville, joyeuse et animée. Il nous entraine et nous montre qu’il s’agit, non seulement, d’une activité physique, d’une distraction à titre privé, mais aussi d’une ressource économique, d’un fait social, et même, à certaines époques, d’un levier, pour cultiver une opinion. Ainsi, toutes ces activités sportives sont un reflet de la vie civile, et, à l’approche d’un conflit, elles deviennent, au début du XXe siècle, une préparation militaire déguisée… L’auteur nous donne le détail des différents cercles et sociétés sportives de Saint Nazaire : le nombre et la variété sont impressionnants. Ceci prouve que ces activités sont aussi un plaisir, une passion, pour de nombreux adeptes. On apprend beaucoup en lisant ce texte : la politique du moment, les rivalités, la vie quotidienne à Saint-Nazaire. On suit l’histoire du sport, parallèlement à l’histoire de la ville. Les Nazairiens se plairont à y retrouver les noms de leurs champions, parfois leur propre patronyme, ceux de personnalités qu’ils ont bien connues. Ils retrouveront, en même temps, l’histoire de leur ville et un peu de leur propre histoire. D’une manière générale, ceux qui pratiquent un sport, ou ceux qui s’y intéressent, quels qu’ils soient, où qu’ils demeurent, auront plaisir à lire la première partie de cet ouvrage, qui mérite d’être conservé en bibliothèque, parmi les textes de référence consultables. La seconde partie, tout aussi passionnante, paraîtra à l’automne 2018. Christiane Marchocki Présidente de l’APHRN
1e page de couverture : Il fallait du courage aux jeunes nazairiens des Goélands pour plonger dans les bassins. (Photo Presse-Océan - Collection Patrick Pauvert)
HISTOIRE & PATRIMOINE - Hors-série n° 11 (partie 1/2) — mai 2018
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A . P. H . R . N
Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne
Agora (case n° 4) 2 bis avenue Albert de Mun - 44600 Saint-Nazaire aphrn.asso@gmail.com - http://aphrn.fr - Tél. 06 62 58 17 40 HISTOIRE & PATRIMOINE Hors-série n° 11 (partie 1/2) - mai 2018 ÉEditeur : A.P.H.R.N Directrice de la publication : Christiane Marchocki Maquette/Mise en page/Coordination : Tanguy Sénéchal Impression : Pixartprinting Dépôt légal : 2ème trimestre 2018 N° ISSN : 2274-8709 Revue consultable aux Archives de Loire-Atlantique sous la cote Per 145
06 - D'Athènes à Napoléon III 08 - Histoire d'eau 10 - Saint-Nazaire et l'Empereur 12 - La Société des régates internationales 19 - René Kerviler - Saint-Nazaire lui doit beaucoup 20 - Un week-end aux courses 24 - La Nazairienne reste la doyenne 29 - Sans tireur, point de reconnaissance 34 - On croisait le fer pour les pauvres 38 - Saint-Nazaire Cricket – L’insolite ancêtre 39 - 1901 – La loi qui changea tout 41 - Associations en conformité avec la loi de 1901 42 - L’explosion du vélocipède 44 - Les premiers velocemen 46 - La grande épopée des courses 54 - Hauton – 100 ans d’amour du sport 56 - Les courses de vélo après-guerre 59 - Vélodrome et Parc des Sports 64 - Piste – Le jour et la nuit 69 - Les grands coureurs nazairiens 74 - Tours de France et de l'Ouest 77 - Roger Lévêque – Il fut le seul à revêtir le jaune 77 - Jean Dotto - Il remporta le Tour d'Espagne 78 - Dans les quartiers, Saint-Nazaire fait la fête 81 - L’épopée du Grand-Marais 86 - L’Étoile Claire-Joie – L’inusable rebelle 96 - Alerte de Méan – 18 abbés ont veillé sur elle
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100 - Goélands nazairiens – Entre avant-port et bassin 104 - Les forçats de l'Estuaire 108 - 44 ans sans piscine – La patience des Goélands 110 - De Savine à Carnot 111 - La galère de l’aviron nazairien 113 - UMP – Une diversification réussie 117 - UMP – Les haltérophiles sont toujours là 118 - UMP – Le passage éclair du basket 121 - Les présidents de l’UMP 124 - Les clubs ouvriers – L’identité nazairienne 125 - Union Sportive Prolétarienne – « Les Prolos » 126 - Club Sportif Ouvrier Nazairien – CSON 127 - Union Sportive Ouvrière Nazairienne – USON 129 - L’athlétisme – Le dénominateur commun des clubs 136 - Alexandre Guyodo 138 - Marche – Le mystère Robert Huard 143 - Marche – Robert Drant 144 - Marche – Albert Héloir 146 - OMS et SNOS – Que ce ne fut pas simple ! 152 - Haltérophilie – Joseph Tannio 156 - Lutte – L’haltérophilie l’a prise sous son aile 157 - Cercle d'éducation physique – Charles Carré 159 - Fêtes fédérales de gymnastique 166 - Tambours et clairons 171 - Un gymnaste sur deux 172 - Paul Lièvre – Une vie au service du sport 173 - Saint-Nazaire, passage obligé pour Melbourne
100 ans de sport à Saint-Nazaire 1860 - 1960
Maxence Ponroy
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Avant-propos
I
l y eut Montherlant. Il y eut, dans un registre différent, Blondin. Il est des talents qui marquent un genre. Henry de Montherlant sut s’inspirer de l’Olympisme et de sa grandeur. Antoine Blondin transforma ses longues chevauchées un peu alcoolisées qui accompagnaient les forçats de la route d’Albert Londres en une épopée qui a, elle aussi, valeur de littérature. Pourquoi y aurait-il, d’ailleurs, incompatibilité entre culture et sport ? Nazairien quelques années avant que le paquebot France soit lancé, j’ai découvert la seule chose qui était accessible en dehors de la classe aux gosses que nous étions, le sport. C’était au collège Saint-Louis. Études puis, une bouffée d’air frais avec une ou deux heures de sport ou de « plein air ». Quand nous rentrions, à bicyclette, chez nos parents, c’était devoirs et, le mercredi ou le dimanche, sport. Ainsi, ai-je grandi avec pour cadre la « radio » qui nous informait sur le devenir de l’Algérie, puis, plus tard, les images en noir et blanc de la télévision qui nous firent partager l’assassinat de Kennedy ou les premiers pas de l’homme sur la Lune. Mais, au S.N.O.S. athlétisme, on oubliait tout, sur la rustique piste du Plessis. On courrait, on sautait, on lançait des poids. Nous étions loin de tous ces soucis d’adultes que nous allions devenir. Un jour, j’ai découvert Moret. À force de vivre dans cette ville que je n’avais, par choix, jamais voulu quitter, je suis tombé sur cette sorte de clerc de notaire, secrétaire général de cette cité dont il avait noté, scrupuleusement, le moindre frémissement. Moret, la référence sur « l’Histoire de Saint-Nazaire » qu’il publia en 1926. 1048 pages. Une encyclopédie ! J’ai tout dévoré, de la préhistoire à la fin des années vingt. Seuls avec lui, Fernand Guériff et ses remarquables tomes sur « l’Historique de Saint-Nazaire » ou Marthe Barbance avec son ouvrage « Saint-Nazaire, le Port, la Ville, le Travail » ont su mettre en valeur avec autant de consistance les vertus de cette sentinelle veillant sur l’estuaire de la Loire. Il y avait juste un mot qui manquait dans toutes ces œuvres : sport. L’histoire, l’économie, l’industrie, les Chantiers, la culture, rien n’avait échappé aux auteurs. Mais le sport était banni. Chez Barbance, c’était normal. Chez Guériff, quelques lignes sur le vélo, la boxe, les régates. Chez Moret, 1000 pages et rien ou presque si ce n’est une brève sur le cyclisme et quelques remarques sur la voile. On ne peut pas en vouloir à ce trio porteur de l’histoire locale. Le sport n’était pas un vecteur essentiel pour Moret et les élus de son époque, ni pour Barbance, évoquant une cité laborieuse, ni pour Guériff, le pur historien. Pourtant, le sport avait été un des éléments les plus importants pour sortir cette ville d’un siècle, celui de Napoléon III, et la propulser vers un autre, le XXe, et les années soixante, qui constituèrent pour Saint-Nazaire un redressement total, mais aussi une mutation. C’est ainsi que j’ai effectué un plongeon dans l’histoire du sport qui colla à l’image de Saint-Nazaire. Pour dire à quel point il avait été un pan extraordinaire pour sa promotion. Le sport, je l’ai toujours pratiqué, et il m’avait fait vivre durant mes 42 années de journalisme. Je pouvais bien lui renvoyer la balle. Mais ce ne fut pas une mince affaire. Les souvenirs ont été beaucoup altérés. Pulvérisée par les aviations anglaises et américaines, la ville perdit une grande partie de sa mémoire écrite. En 1943, regroupées dans ce qui était censé être un lieu sûr, l’École Pratique du boulevard Victor Hugo, les archives de la cité partirent en fumée sous les bombes incendiaires qui firent fondre les coffres. Les associations, notamment les sociétés sportives, ne furent pas mieux loties. Peu après la Libération, pour renaître de ses cendres, l’Alerte de Méan, un des plus vieux
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clubs de la ville devenue ruines, fut contraint de demander au préfet, à Nantes, pour régler des questions administratives, s’il possédait une preuve de l’existence de ce qui avait été une des plus grandes sociétés sportives nazairiennes. Tout avait disparu. Il n’y a pas que les guerres qui peuvent malmener la mémoire. Nombreuses sont les sociétés qui ont oublié leurs origines. Les changements de présidents, de secrétaires, les conflits internes aux associations ont souvent engendré la mise à la poubelle, sur un coup de colère, de leur passé. Le pire, par contre, était à venir. Le changement de siècle, il y a un peu moins de 20 ans, porta un coup qui aurait pu être fatal. Avec la vulgarisation de l’informatique, de nombreux dirigeants ont considéré que le papier n’avait plus sa place dans la vie associative. Une nouvelle fois, la poubelle a servi de tombeau pour la mémoire du sport nazairien. Cet ouvrage n’a pas de prétention si ce n’est celle qui consiste à remettre à la place qu’ils méritent ceux qui ont contribué sur les prés ou les goudrons qui devinrent parquets au rayonnement de leur cité. C’est un long travail de chroniqueur, pas d’écrivain. Je me suis efforcé de raconter ce qui a été oublié, des gens qui boxaient, tapaient dans un ballon pour effacer leur triste quotidien, entre deux
grèves, qui se battaient dans les pelotons pour un bouquet de fleurs et quelques tapes sur l’épaule quand ils descendaient de vélo. C’était l’époque où l’on courait pour une simple breloque. Le sport, à Saint-Nazaire, aura été aussi dur que ce que fut la vie de ceux qui épousèrent cette ville. J’ai souhaité, délibérément, m’attacher à la période la plus méconnue, celle qui va de Napoléon III avec la création des premières sociétés sportives, à 1960. C’est une année qui coïncide, pratiquement, avec la fin de la reconstruction. Cela correspond à 100 ans de sport. Certes, j’ai débordé parfois. Mais tout ce qui est évoqué ici appartient à ce « siècle » ou est le prolongement de sociétés conçues à partir de la Libération et qui existent toujours. Les clubs, disciplines et événements nés ou vécus après 1960, à de rares exceptions près, sont volontairement éludés. Il y a des expressions qui m’ont toujours frappé. On parle peu de Mindin, de Saint-Brévin et à plus forte raison, du Pays de Retz. On dit « De l’autre côté de l’eau ». À Saint-Nazaire, le langage est un repère. Il y a « avant-guerre » et « après-guerre » même si les cicatrices se sont effacées avec la disparition progressive de la génération de la Poche. Il reste la base sous-marine pour rappeler qu’il y eut un terrible passé.
Il y eut une autre guerre, aussi douloureuse, la première, mondiale comme allait être la deuxième. Saint-Nazaire a payé, là encore, un lourd tribut. La ville, en 1919, s’est réveillée sans athlètes, morts dans les tranchées, pour garnir ses installations sportives encore rudimentaires. 26 ans plus tard, elle est sortie d’un autre cauchemar. La plupart des sportifs avaient survécu, mais il n’existait plus de stades ou de salles, rayés de la carte par les bombes, pour les accueillir. C’est toute cette histoire singulière, la plus méconnue, de Napoléon III, l’empereur qui porta un regard intéressé sur Saint-Nazaire, jusqu’au général De Gaulle et sa troisième visite, qui est ici retracée. C’est bien une grande aventure qui fut sportive dans le sens le plus large du terme.
Maxence Ponroy
HISTOIRE & PATRIMOINE - Hors-série n° 11 (partie 1/2) — mai 2018
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La Société des régates internationales
Elle fut une des plus prestigieuses de France
Les deux premières sociétés à caractère sportif nées à Saint-Nazaire le furent la même année, en 1864. Dans une ville située en bord de mer, il en est une qui s’imposait
L
a Société des régates présidée par un nommé Bombeau était composée, à l’origine, en partie de membres du Cercle Maritime dont le siège était rue Ville-ès-Martin (orthographe de l’époque), à la maison Bregeot8.
8 – Annuaire commercial et maritime de Saint-Nazaire, 1867. Collection Patrick Pauvert.
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L’autre création fut celle de la Société des courses de Saint-Nazaire. L’hippisme était un des enfants chéris par Napoléon III et c’est ainsi que vit le jour, sur l’aire du Grand Marais, un hippodrome improvisé chaque été, durant un week-end du mois d’août. Il est d’ailleurs amusant de constater que Saint-Nazaire possédait, en quelque sorte, deux hippodromes avec celui
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de Pornichet, commune qui était alors sous la tutelle de la cité de l’estuaire. On trouve ainsi trace9 d’une délibération du conseil municipal de la Ville de Saint-Nazaire, en date d’avril 1869, où, sous la présidence de René Guillouzo, est votée une allocation de 1 500 francs pour les courses de Saint-Nazaire et une de 300 francs 9 – Archives départementales 44.
pour celles de Pornichet qui ne devint commune qu’en 1900. Précisons que la Société des Courses de Pornichet naquit plus tard, en 1907, fondée par le Comte de Moulins de Rochefort qui était inspecteur général des Haras. Les courses se déroulaient uniquement le 15 août et les épreuves étaient au nombre de sept. À partir de 1911, on passa à deux journées de courses.
Les régates se développèrent grâce aux Briérons et Méanais La Société des régates devint, le 8 mars 1881, la Société des régates internationales de l’Ouest et connut une rapide montée en puissance qui n’est pas étrangère au rattachement de Méan, dès 1865, à Saint-Nazaire. Méan est alors un véritable creuset de charpentiers de marine, de marins
et également de capitaines de navire10. Les Briérons étaient réputés aussi pour être d’excellents marins. Le développement des chantiers nautiques de construction de navires en bois avait amené sur Saint-Nazaire une main d’œuvre concernée par la mer. Il en existait encore trois en 1875, ceux de MM. Le Mort, Mahé et Ollivaud. Il y avait aussi de nombreux armateurs et le développement, entre autres, de la Compagnie Générale Transatlantique, engendra une communauté de gens de mer.
Fernand Guériff, célèbre historien local, évoque en trois ou quatre mots les premières régates en 185411. La date est-elle la bonne ? Toujours est-il qu’elle n’est pas celle précisée par Henri Moret dans son Histoire de Saint-Nazaire. « Des régates sont demandées par la population. Le conseil met à la disposition des organisateurs une subvention de 1 200 francs le 8 juillet 1858 ». Ces orga n isateurs demeurent mystérieux. Henri Moret, historien local de grand talent, ne s’est jamais trop étendu dans son ouvrage sur la pratique sportive et le sport en général. Lauréat de l’Institut de France, ancien secrétaire général de la ville de Saint-Nazaire, il est le reflet d’une époque où le sport, en dehors
10 – Histoire de Saint-Nazaire, Henri Moret, 1925.
11 – Fernand Guériff, Historique de Saint-Nazaire tome II, 1963.
Ci-dessous La Semaine maritime de 1908 engendra de nouveaux propriétaires de voiliers. (Collection de l’auteur)
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La Nazairienne reste la doyenne La pratique sportive, sur Saint-Nazaire comme dans beaucoup d’autres villes de France, se résumera jusqu’à la fin de l’Empire en ces spectacles occasionnels que sont les régates dans l’estuaire de la Loire et les courses hippiques au Grand-Marais. La défaite de Sedan, l’exil de Napoléon III, l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, une énorme dette de guerre à verser à la Prusse vont engendrer indirectement une nouvelle pratique sportive.
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Ferdinand de Lesseps fut le président d’honneur de la Nazairienne. (collection de l’auteur)
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l faut la resituer dans le contexte de cette époque. Humiliée, la France ne pense qu’à une chose, prendre sa revanche et « bouffer du Boche » pour récupérer ses deux régions perdues et son honneur. Il n’y a pas que l’armée dont les effectifs vont augmenter de 25 % lors des années qui suivront la défaite qui doit se préparer. Il faut que la population soit en harmonie totale avec ses militaires et leurs objectifs et que toutes les couches de la société se sentent concernées, jeunes et moins jeunes. Pour prendre notre revanche sur les Allemands il faut des corps bien faits, des gymnastes, véritables athlètes, des tireurs qui savent manier les armes à feu, des escrimeurs habiles et les cavaliers sûrs de leur monture. Quelques sociétés de gymnastique ont déjà fait leur apparition. Amoros, un Espagnol a créé son gymnase à Madrid à la fin de l’ère de Napoléon Ier. En France, Hippolyte Priat dont nous avons déjà évoqué le nom monte aussi son gymnase à Paris sous le règne de Napoléon III. Il y développera la pratique des haltères qui avaient un lointain rapport avec l’haltérophilie moderne. La défaite de Sedan va coïncider avec l’explosion des sociétés gymniques. En septembre 1873 naîtra l’Union des Sociétés de Gymnastique de France. En 1900, on en dénombrera 1 000. La gymnastique, sous Napoléon III, a effectué son entrée dans les lycées puis dans les collèges. Mais, en 1880, elle pénètrera à son tour dans les écoles primaires où son enseignement sera obligatoire. Cela amènera, dès 1882, la naissance des fameux bataillons scolaires. On va bien au-delà
de la simple pratique sportive. On est dans un nationalisme exacerbé qui ira crescendo jusqu’au grand conflit qui mettra à feu et à sang l’Europe tout entière entre 1914 et 1918. Il faut apprendre, dès leur plus jeune âge scolaire, aux enfants à se mettre dans la peau d’un patriote. Il semble, toutefois, que la ville de Saint-Nazaire ait été épargnée par ces bataillons qui étaient réservés aux établissements dotés de plus de 200 élèves. Les armes étaient fictives, mais on découvrait tous les gestes pour manier le fusil. Le phénomène s’essoufflera assez vite sous la pression, entre autres, de parents qui se lassèrent de voir leurs enfants jouer à longueur de journée au petit soldat et celle, également, du clergé21. Si les sociétés gymniques semblent tout accaparer, apparaissent aussi des sociétés de tir. Elles sont souvent jumelées avec ces mêmes sociétés de gymnastique. Ces associations de tir sont de différents types selon qu’elles sont fréquentées par les seuls militaires, par des civils ou par les deux à la fois. Elles seront la base de ce qui a tant manqué, semble-t-il, pour triompher des Prussiens quelques années auparavant, la préparation militaire qui se prolongera bien au-delà de la Première Guerre mondiale.
La notion de compétition gagna la France en 1880 La pratique sportive, sous la période de Jules Ferry, concerne avant tout une élite citadine. Seule la gymnastique, du fait qu’elle est imposée dans les établissements scolaires, regroupe le plus grand nombre. D’ailleurs, les premiers grands clubs français comme le Racing, le Stade Français, le Havre AC naquirent simplement vers 1880 ce qui permit l’introduction en France d’une notion qui était alors inconnue, la compétition. Ainsi, les premiers Jeux olympiques modernes n’eurent lieu qu’en 1896 sous l’impulsion du fondateur du C.I.O. (Comité international olympique), le Français Pierre de Coubertin. À Saint-Nazaire, on accompagne le mouvement général. Dans la décennie qui a précipité la chute de 21 – Jules Busson. www.mousquet.net.
l’Empire, la ville a considérablement évolué. On y arrive par le chemin de fer. Le trafic portuaire a pris un essor considérable et, par voie de conséquence, toute l’activité commerciale s’est retrouvée boostée. La rue de Nantes qui deviendra la rue Henri Gautier est parmi les plus dynamiques. Dans les cafés, les restaurants, se retrouvent quantité de personnes qui viennent d’horizons différents. On parle de l’évolution du temps, de ce qui serait l’actualité d’aujourd’hui. Mais les premiers migrants sont « terrassiers, carriers, manœuvres, maçons, éclusiers, chauffeurs »22. Leurs priorités, en cette fin de période impériale, n’ont aucun rapport avec le sport naissant même si, l’ignorant, ils sont à leur manière des sportifs au regard de la dureté de leurs tâches. Dans cette ville nazairienne qui souffre après la disparition des Chantiers Scott (en 1866), qui a évité le souffle du boulet quand la frégate allemande, « Augusta », hésita à bombarder la ville en 1870 avant de renoncer et faire demi-tour23, c’est une population de près de 2 000 ouvriers qui est jetée sur les incertains chemins de l’immigration24. L’arrivée de la Compagnie Générale Transatlantique, qui va transformer la cité, coïncide avec une autre percée, celle du sport. Il s’agit là d’un concours de circonstances. Sous le règne de deux maires, Auguste-Joseph Desanges (1875-1884) et, surtout, Fernand Gasnier, qui demeura au pouvoir de 1884 à 1896, les associations sportives, profitant d’un brassage étonnant de populations les plus diverses, autant locales qu’étrangères, vont commencer à voir le jour.
Le sport nazairien a un parfum britannique Pour mieux comprendre le phénomène, il faut savoir que le sport, dans sa modernité, même si le mot ne correspond plus beaucoup à la réalité d’aujourd’hui, nous vient d’outre22 – La Petite Californie Bretonne. Université Inter-Âges de Saint-Nazaire. 23 – Fernand Guériff, Historique de Saint-Nazaire, Tome II, 1963. 24 – Gaston Le Floc’h et Fernand Guériff. Saint-Nazaire (1974).
Manche. Tout est britannique. Il y a, sur notre territoire, bien entendu, la gymnastique, le tir, l’escrime pour les raisons que l’on connaît. On va aux courses, on chasse à courre, on effectue quelques ascensions sur les pics des Pyrénées ou alpins. Le canotage, la voile, sont prisés par une aristocratie qui s’accroche à son lustre d’antan ou une bourgeoisie qui monte en puissance. Le peuple doit se satisfaire de ces apprentissages gymniques dans les établissements scolaires tout en découvrant la discipline qui émerge, ce spectacle gratuit qu’est le vélocipède. Ce que l’on sait moins, c’est que les Gallois, les Anglais vont, pour diverses raisons économiques, occuper différentes régions de ce pays qu’est la France dès 1880. À l’image de Pierre de Coubertin qui a séjourné en Grande-Bretagne, tous ceux que l’on peut regrouper sous l’appellation de précurseurs du sport moderne vont s’inspirer du modèle britannique.
Nantes et Saint-Nazaire, vers 1880, sont en première ligne. Évoquons seulement le port de Saint-Nazaire à la fin du XIX e siècle. Il y a la Compagnie Générale Transatlantique, mais aussi 24 navires qui dépendent d’autres sociétés et qui communiquent avec l’Afrique, l’Amérique latine et d’autres ports européens. La trentaine de navires de la Compagnie Générale Transatlantique navigue beaucoup en direction de l’Angleterre. « Le pavillon le plus fréquent à Saint-Nazaire, c’est, évidemment, le pavillon anglais, couvrant surtout les charbonniers, les lourds cargos noirs, bourrés de houille » 25. Pour avoir une petite idée de la présence britannique, juste avant la Première Guerre mondiale, il y a, à Saint-Nazaire, 156 navires et 220 000 tonnes sous pavillon français contre 137 navires et 154 000 tonnes sous pavillon anglais. Saint-Nazaire reçoit depuis cette fin du XIXe siècle sa houille, son charbon, gallois, anglais, qui est destiné à ses cargos, à ses paquebots, mais aussi à toute une industrie 25 – Courrier de Saint-Nazaire, 1925. Archives départementales 44.
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Ci-dessus L’escrime était très prisée par la bourgeoisie nazairienne. (Collection Patrick Pauvert)
Page de droite Étienne Port fut le premier président de la Société d’escrime de Saint-Nazaire. (Collection Patrick Pauvert)
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Cercle d’Escrime
On croisait le fer pour les pauvres L’escrime est sans doute le sport le plus ancien pratiqué en compétition. On s’affrontait avec des armes mouchetées sous Ramsès III. 2 000 ans plus tard, sous Napoléon III, l’escrime affirme à nouveau son identité. L’Empereur impose, obligatoire, sa pratique à ses soldats.
E
n 18 8 2 , s o u s l a I I I e République, est fondée la Société d’encouragement à l’escr i me. Les sa l les d’armes deviennent des cercles très fréquentés. Au même titre que le tir, la gymnastique, l’équitation, elle permet aux jeunes patriotes français de consolider leur héroïsme revanchard sur cette Allemagne qui leur a chipé Alsace et Lorraine. L’escrime est donc dans l’air du temps avant le début du XXe siècle et les premières années qui suivent. Saint-Nazaire n’échappe pas à l’engouement. Le président de la Société d’escrime nazairienne, dans l’édition de « l’Écho de la Presqu’île et l’Indépendant réunis », en date du 15 février 1953, parle de 70 ans d’existence ce qui ferait remonter la création à 1883. Visiblement, l’association a égaré son acte de naissance. Avant d’être une société, elle fut un cercle. Le Cercle d’escrime naquit exactement en 1892, son fondateur et président étant Étienne Port. C’est un médecin, le docteur Dufrèche, qui exerçait les fonctions de secrétaire et de trésorier. Avant de s’exprimer au Grand Hôtel, elle donnait ses galas dans une salle située rue du Traict ou au café Martin, rue Amiral Courbet. Mais la salle d’entraînement était située au 23 du boulevard de l’Océan, le professeur étant M Baubry. Les assauts publics l’étaient au bénéfice des pauvres. On était admis par vote à bulletin secret. La cotisation était de 72 francs par an. On venait admirer les pupilles, Georges Bord, un entrepreneur de travaux publics, Leborgne qui était avocat, Gaudet, un enseignant, Jean Gasnier, Louis
Painvain mais, surtout, les maîtres d’armes, Brette, Zimmermann, Ricou du 65e de ligne, Moulin du 3e Dragons et Antérieu du 137e de ligne qui encadraient les assauts à l’épée ou au fleuret et se livraient à des exhibitions. Étienne Port, qui était professeur au collège de Saint-Nazaire, s’il fut président et professeur du Cercle d’escrime avant la Grande Guerre sera, aussi, le chef de cabinet d’un personnage qui marquera l’histoire et Saint-Nazaire, Aristide Briand. Il finira sa carrière comme inspecteur général des lycées et collèges de France et d’Algérie. Dès la constitution du Cercle, il eut comme bras droit M. Duval, un négociant en charbons qui fut président de la Chambre de commerce et directeur de la célèbre usine à gaz de Saint-Nazaire.
le 25 septembre. Une réception est proposée à la presse locale. Ce sera à l’hôtel du Berry, place de la Gare, où a été aménagée une petite salle d’armes au 1er étage. Raymond Bouglé, courtier maritime, la préside. À ses côtés, il y a un certain Unsworth, personnage incontournable de la vie sportive nazairienne avant la Grande Guerre. Le champagne coulera à flots. Les invités assistent aux assauts entre MM. Picot et Bordouaré, Aoustin et Unsworth, Gédéon et Sgambella, Galiborg et Picot.
Aristide Briand et Félix Gaborit furent des élèves assidus du Cercle L’escrime est, en cette fin de XIXe siècle, très prisée par la bourgeoisie locale et une jeunesse enthousiaste. Aristide Briand et Félix Gaborit furent de brillants élèves de cette salle d’armes. On retrouve leurs traces jusqu’au tout début de la Première Guerre mondiale. Le Cercle d’escrime, comme de nombreuses sociétés sportives, mettra du temps à se relever après l’hécatombe de 14-18. Trop de membres sont tombés au front. En 1925, toutefois, quelques nostalgiques qui continuent, entre intimes, à croiser le fer dans la salle d’armes du café Bleuzat, rue de la Gare, décident de relancer la machine. Nous sommes HISTOIRE & PATRIMOINE - Hors-série n° 11 (partie 1/2) — mai 2018
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Les courses de vélo après-guerre La Poche libérée, Saint-Nazaire n’est plus que ruines. Il n’est plus question de sport. Les courses se sont déplacées sur la Côte d’Amour. Les priorités sont ailleurs.
I
l faut sécuriser la ville. Il n’est pas simple de faire régner l’ordre. Au Café Basque, rue des Chantiers, une bagarre éclate entre marins américains blancs opposés aux marins américains noirs. Les belligérants ayant fait usage de leurs armes, cinq seront grièvement blessés et conduits à Gavy. Il convient aussi de nourrir la population de Nazairiennes et Nazairiens qui, progressivement, revient sur sa ville. Le ravitaillement est un souci majeur. Il faut partager équitablement du chocolat, des bananes fraiches, du riz, du saindoux pour les travailleurs de force. On distribue aussi de la laine à tricoter, 250 grammes par personne, tout du moins celles qui ont les bonnes cartes. Les consommateurs nazairiens sont placés dans différentes catégories avec des cartes J2, J3, M, C, V. Il y a aussi les arrivages de morue qu’il faut, là encore, répartir, parfois du sucre. On sert de quoi constituer des petits-déjeuners, du café, du thé vert. Les prévisions alimentaires sont précisées par voie de presse, 150 gr de beurre, 150 gr d’huile, 250 gr de chicorée. Les cartes à tabac, par perforation, seront remplacées en 1947 par des tickets.53 Retrouver une hygiène alimentaire à peu près correcte est une priorité pour les sportifs, à commencer par les coureurs cyclistes. Certains ont, malheureusement, disparu avec la guerre. D’autres qui ont passé des années dans les camps de travail ont besoin de se reconstituer une santé. Et puis il y a un autre problème. Il faut trouver des vélos, une denrée qui n’a rien d’alimentaire mais devenue rare et, donc, très onéreuse.
53 – L’Écho de la Presqu’île. 1946-1947.
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La première course d’après-guerre eut lieu en juillet 1945. Il s’agit du Grand Prix de la Poche qui fut organisé par le Vélo Club Nazairien alors présidé par Gaston Chaillot. Ce dernier, droguiste à Villès-Martin, devait périr dans l’incendie de son magasin replié à La Baule. Sur un circuit de 130 km, le départ fut donné place de
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la Victoire à La Baule et l’arrivée jugée également dans la station. Toutes les communes de la Presqu’île Guérandaise et de la Brière furent empruntées, mais il n’était pas question que le peloton puisse passer dans Saint-Nazaire en ruines. Les premiers coureurs du V.C.N. à courir après guerre furent donc Audrain, Pézeron, Payen,
les Nazairiens eurent droit à un bref passage des coureurs. Ce Grand Prix se disputait, en général, le 1er mai et il survécut de nombreuses années. Les coureurs empruntaient un circuit qui les emmenait jusqu’à Savenay via Saillé, Herbignac, Sainte-Reine, Montoir, Saint-Nazaire et qu’ils devaient parcourir à deux reprises. Toujours en cette année 1945, le 6 octobre, le V.C.N. organise la « Fête de la Petite Reine » avec un concours fleuri d’élégance féminine à bicyclette et un gymkhana féminin et masculin à vélo. La journée s’achève par une distribution des prix qui précède un bal organisé à la salle des fêtes de la mairie de La Baule, toujours avenue de Paris qui deviendra de Lattre de Tassigny un peu plus tard. En 1946, le championnat des 100 km du V.C.N. se déroulera à La Baule tout comme le Grand Prix du V.C. Nazairien qui regroupera 20 équipes sur un 100 km à l’américaine, sur route. Mais, assez rapidement, les activités du V.C.N. vont retrouver Saint-Nazaire.
Le S.N.O.S., né à la Libération, résista 30 ans
Michel, Hervoche, Vaillant, Guédon, Gergot, Le Gallo, Jaffre et Kremser. Ils furent accompagnés par quelques coureurs nantais54. Il y eut, peu après, la création, toujours par le V.C.N., d’un Grand Prix de la Libération. Et si départ et arrivée furent à nouveau devant la mairie de La Baule et, parfois, devant le restaurant Henry, rue de Paris, cette fois 54 – La Résistance de l’Ouest. 1945. Archives départementales 44.
Ci-dessus Gaston Chaillot deviendra président du VCN en 1935. On le voit ici, en 1947, féliciter le Nazairien Guédon, vainqueur du Grand Prix de La Baule, connu aussi sous l’appellation de Grand Prix de la Libération. (Collection Polo Maurin)
Page de gauche Roger Pézeron fut un des grands coureurs nazairiens, après guerre.
À la même époque était née la section cycliste du S.N.O.S., le tout nouveau club omnisports nazairien qui avait porté le nom, avant la guerre, d’Association Cycliste Nazairienne. Le Grand Prix du S.N.O.S. sera couru le 31 août 1947. La même année, le club organisera le premier Prix d’Herbins dont l’arrivée sera jugée avenue Henri Gautier devant le café Vince. Il clôturera sa saison 1947 avec les Trois Heures de Saint-Nazaire, une grande américaine avec des coureurs belges, italiens et français. Le S.N.O.S. qui avait son siège au café La Tranchée, à Saint-Nazaire, posséda dès février 1946 une branche cyclo-tourisme. Si la section cycliste disparut en 1972, les cyclotouristes tinrent jusqu’en novembre 1977. Considérant que la cotisation était trop élevée au S.N.O.S., ils quittèrent la maison-mère pour devenir les Cyclo Randonneurs Nazairiens, Victor Rialand devenant président. Le club prit comme siège le bar du Plessis.
(Collection de l’auteur)
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L’Étoile Claire-Joie L’inusable rebelle
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Alors que la guillotine fonctionnera pour la dernière fois dans l’histoire de Saint-Nazaire, le 12 mai 1899, avec l’exécution, place de la République, au pied de l’usine à gaz, de Félix Geffroy et Joseph Samson, deux criminels nazairiens, en cette fin de XIXe siècle aura lieu un autre événement local.
Q
uelques an nées plus tard, il va marquer toute la période dans l’entredeux-guerres avec cet affrontement dont on imagine mal aujourd’hui la virulence entre, d’un côté, tout ce qui touche à l’Église et à la religion, et de l’autre, la laïcité ardemment défendue par celui qui va dominer toute cette période, le maire, François Blancho. Cet événement, c’est la constitution à Saint-Nazaire d’un patronage confessionnel. Avant d’entrer dans le XXe siècle, Saint-Nazaire s’éveille tout doucement. La « Drôme » et « l’Amiral Korniloff » viennent d’être lancés. La ville vient de s’enrichir d’un Jardin des Plantes. Le Saint-Nazaire moderne en profite pour rebaptiser ses rues. Ainsi, peu avant le début du XXe siècle, la rue de « La base de la Paix » deviendra rue « Amiral Courbet », la rue de « La Haute Paix » devenant tout simplement rue de « La Paix ». La « rue de la Guerre » prend pour moitié le nom de rue « du Palais » et, pour l’autre, rue « du Dolmen ». Cette même rue « du Dolmen » se transformera ensuite en rue « de la Gare ». La rue de « l’Artillerie » portera dorénavant le nom de rue « des Halles » et la rue « du Bassin » sera appelée rue « Marceau », la rue de « La Trinité », rue « Jean d’Ust ». Quant à la rue « de Nantes », elle se métamorphosera, en partie, en rue « de l’Océan ». On vit bien à Saint-Nazaire en cette fin de XIXe siècle. « Quelle facilité pour s’approvisionner ! Il n’y a pas de queue à faire chez les commerçants où rien ne manque, ni la viande, ni les légumes, que fournit abondamment la campagne environnante. Le vin seul est rare et un peu cher, car le phylloxera dévaste les vignobles »81. Les ouvriers gagnent six sous de l’heure. La corporation est en plein essor. De 19 626 habitants en 1880, Saint-Nazaire passe en 10 ans à 29 206. Un service d’eau est né. Les modes d’éclairage et de chauffage
sont en pleine révolution. « Fi, de la chandelle de suif, des hauts chandeliers, de l’éteignoir et des mouchettes. Voici que leur succèdent le lumignon à huile et à mèches plates qui empoisonne l’atmosphère, la bougie de stéarine, les lampes Carcel à huile de colza, les lampes à essence, à pétrole et, enfin, le gaz avec son bec Auër. C’est aussi la fin du chauffage au bois et à la motte de Brière que remplace l’emploi du poêle ou de la cuisinière au charbon ». Au début de cette Belle Époque, les derniers moulins à vent disparaissent. La livraison du pain est assurée en banlieue par les boulangers de Saint-Nazaire. Les pains de 6 et 12 livres sont vendus à crédit ou « à la coche ». Cette dernière était « une petite branche de châtaignier fendue dont
81 – Courrier de Saint-Nazaire. La Vie nazairienne. Jacqueline Bruno. 1941.
82 – Courrier de Saint-Nazaire. La Vie nazairienne. Jacqueline Bruno. 1941.
le commerçant se réservait la partie avec talon et remettait l’autre au client ». Les coches étaient plus ou moins longues en fonction des crédits accordés.82 Seulement, l’afflux d’étrangers attirés par le développement des grands chantiers provoque l’augmentation de la vie. Les coches sont, de plus en plus en souvent, insoldées. Ouvriers,
employés et fonctionnaires de Saint-Nazaire créent alors des coopératives dont les plus célèbres seront La Ruche Nazairienne et l’Union.
La conspiration est née à Saint-Gohard Le boom de la population nazairienne, la forte densité d’enfants, commencent à intéresser le clergé local. Le 24 avril 1897, alors qu’il y a quelques mois à peine Baptiste-Auguste Lechat-Boileve vient d’accéder à la fonction de maire, on « conspire » dans la salle des catéchismes de Saint-Gohard. La réunion est provoquée par le chanoine Tessier, curé de la paroisse. L’objectif est clair, fonder un patronage d’enfants de 9 à 16 ans. Il portera
Ci-dessus Le patronage Saint-Joseph fut créé en 1897. (Collection de l’auteur)
Page de gauche L’Étoile brillait, avant tout, avec ses gymnastes. (Collection Patrick Pauvert)
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Alerte de Méan
18 abbés ont veillé sur elle L’Alerte de Méan est une société plus que centenaire. Si ses statuts furent publiés le 3 mars 1911, c’est vers la fin de l’année précédente que fut créé ce qui allait être le 3e patronage confessionnel de Saint-Nazaire. En effet, la ville avait déjà vu la naissance de l’Étoile puis celle de la Vaillante à l’Immaculée. .
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n peu plus loin, Saint-Malo-de-Guersac se préparait à fonder la Malouine (1911) et Montoir-de-Bretagne la Stéphanoise (1911 également). L’abbé Rondineau, alors vicaire de Méan, se dit qu’il n’y avait aucune raison pour que son quartier n’ait pas aussi son patronage. Il fait part de son désir de créer un tel groupement à son supérieur, l’abbé Martin, le curé de la paroisse, qui lui donne le feu vert. Encore faut-il trouver quelques volontaires pour aider l’abbé dans son entreprise. Il y arrivera sans trop de difficulté et naîtra ainsi le premier bureau de l’Alerte de Méan.
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L’abbé Rondineau en sera le directeur. Le président sera le capitaine Eugène Ollivaud, le secrétaire, Joseph Giraud et le trésorier, Paul Anézo97. L’Alerte devint, dans un premier temps, une société de gymnastique, mais, comme tous les patronages de ce type, il s’agissait aussi d’une association catholique destinée à former de bons chrétiens. Quelques mois après sa fondation, l’Alerte comptait une trentaine de membres dont de nombreux pupilles. Les plus âgés avaient à peine 18 ans.
97 – Courrier de Saint-Nazaire. Juin 1936. 25e anniversaire de l’Alerte de Méan.
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L’Alerte ne possédait rien à l’origine. Il fallut tout acheter pour pratiquer la gymnastique, une barre fixe, des barres parallèles, des anneaux et des bâtons pour les pupilles. Pour encadrer et diriger tous ces jeunes, l’abbé Rondineau fit appel à M. Rivoil qui était un membre de La Nazairienne, la plus ancienne société gymnique de la ville. Les exercices débutèrent en janvier 1911 et, au mois d’août suivant, l’Alerte de Méan se présentait au concours du Croisic, en 2e division. Les adultes s’alignèrent uniquement au jury. Les résultats furent d’emblée très satisfaisants puisqu’ils obtinrent un premier prix. Les pupilles n’avaient pas
concouru, le moniteur n’ayant pas eu le temps matériel pour les préparer. L’Alerte de Méan n’avait pas beaucoup de sous. L’abbé Rondineau décida de faire la quête à sa manière en donnant des séances récréatives. Comme la société n’avait pas de salle, les jeunes membres jouaient sous le préau de l’école libre. Ce fut ainsi le cas jusqu’à la déclaration de la Première Guerre mondiale, en 1914. Le rituel était, à chaque fois, le même. Les enfants de l’école, après les vêpres du dimanche, apportaient les chaises des bascôtés de l’église, traversaient le petit chemin qui longeait la cure et les alignaient sous le préau pour que les spectateurs puissent s’asseoir. Après la représentation, les chaises devaient retourner à l’église. L’éclairage de la scène se faisait au moyen de lampes à pétrole. En 1912, alors que les effectifs montaient en puissance, une clique fit son apparition sous la direction de M. Mottais.
L’Alerte perdit sept des siens au combat Le concours de gymnastique, en 1912, eut lieu à Ancenis. Pour sa deuxième année d’existence, l’Alerte se présenta en première division. Les adultes obtinrent le premier prix, puis un prix d’honneur. En 1913, pour la première fois les gymnastes s’alignèrent en division supérieure aux côtés des grandes sociétés de l’époque, la Mellinet, l’Étoile de Saint-Nazaire, l’Hermine, la Saint-Clair etc… En 1914, le club participa le 19 juillet, au concours de Châteaubriant soit 15 jours seulement avant la déclaration de guerre. Plusieurs gymnastes avaient atteint l’âge de 20 ans. Ils devaient être appelés sous les drapeaux pour une période de trois ans pour accomplir leur service militaire. Mais, le 2 août, c’est sur le front qu’ils partirent. Au cours de la Grande Guerre, l’Alerte perdit ainsi sept des siens au combat, Danto, Denier, Fournel, Mahé, Moisan, Rialland, Yver98. Vers la fin de 1919, les rescapés de l’Alerte se retrouvèrent pour
reconstituer la société qui avait été mise en sommeil. Ce fut sous la direction de l’abbé Lemerle qui avait succédé à l’abbé Rondineau. François Briand, un entrepreneur, fut désigné président en remplacement du capitaine Ollivaud, décédé. Au début de 1920, les exercices recommencèrent. Mais, sous le préau, ce n’était pas l’idéal. L’abbé Gougeon, le curé de la paroisse, décida alors d’acheter une baraque américaine en bois laissée par les alliés. Il la fit monter en salle paroissiale comme stand de gymnastique et aussi comme salle de théâtre. Elle portera le nom de Saint-Éloi. Page de gauche L’équipe des gymnastes de l’Alerte en 1936. (Collection de l’auteur)
Ci-dessous L’équipe de football de la saison 1952-1953. En haut, de gauche à droite, Durand, Mahé, Teruel, Mustafa, Guihéneuf, Boulay, Tilly, Cornet. En bas, de gauche à droite, Robic, Penny, Rival, Lucas, Audiger. (Collection privée)
98 – Courrier de Saint-Nazaire. Juin 1936. 25e anniversaire de l’Alerte de Méan.
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Goélands Nazairiens Entre avant-port et bassins
C’est en mai 1924 que naquit une société qui allait, entre les deux guerres, faire preuve d’un dynamisme étonnant. Sous l’impulsion de quelques rugbymen nazairiens du S.C.N. (on parlait alors de sportmen), amateurs de jeux nautiques, fut créée une société d’entraînement à la natation.
O
n la baptisa Goélands Nazairiens. Pour les fondateurs, cela allait de soi. En effet, les maillots des rugbymen portaient comme emblème un goéland, ailes déployées et bec au vent. On retourna le goéland en lui mettant la tête en bas, ailes toujours déployées pour mieux fendre l’eau. On ignorait sans doute que le goéland est un oiseau qui, contrairement à la mouette, ne plonge pas et se nourrit avant tout dans nos décharges publiques ou derrière le tracteur d’un laboureur. La jeune société prit comme président le commandant Georges Unsworth, pilote major à Saint-Nazaire, un passionné de sport que l’on retrouve aussi dans la Société des régates de Saint-Nazaire et à la Société d’escrime. Les couleurs choisies furent le bleu et noir et le premier siège social fut la Ligue Bleue, une ligue antialcoolique située 10, rue du Prieuré.
Un choix, là encore, qui s’imposait pour des nageurs, forcément amateurs d’eau. Les Goélands Nazairiens s’affilièrent à la Fédération de Natation, Sauvetage et Aviron de France. Le club comprenait des seniors qui payaient une cotisation annuelle de 3 francs et des juniors qui, eux, n’avaient qu’un franc à débourser101. Très vite, la société prit du volume. Dès cette année 1924, elle monta une grande réunion de propagande nautique afin de se faire mieux connaître. Ce fut ainsi le premier Championnat nautique de Saint-Nazaire. Au programme figuraient quelques courses, des 50 m et 100 m ainsi qu’un 400 m, les épreuves se déroulant entre les quais du Commerce et Wattier, autrement dit dans les bassins. L’après-midi, les finales se disputèrent dans le sas de la nouvelle entrée grâce à l’autorisation donnée par le commandant du port, 101 – Hebdomadaire La Démocratie, 1924. Archives départementales 44.
M. Tixador. Il y eut un concours de plongeons et même une démonstration de water-polo devant un millier de spectateurs. Les premiers vainqueurs auront pour nom Dréno, Boulay, Guého, Barbier, Belz, Olivier, Ledreff, Bersihand, Potiron. Le pari est gagné. Face à un tel engouement, les fondateurs décident alors de passer la vitesse supérieure.
Le water-polo lancé dans le grand bain en 1924 La même année, en juin, a lieu le premier match de water-polo. Le club sélectionne ses meilleurs joueurs qui le représenteront lors des championnats régionaux qui auront lieu le 14 juillet. La discipline est lancée et elle restera durant de très nombreuses années un des atouts du club. Ce dernier aura rapidement deux équipes qui seront très demandées lors des fêtes nazairiennes, notamment la Fête Maritime, celle du Vieux Quartier où les Nazairiens affronteront les joueurs de l’escadre de la Mer du Nord.
Ci-contre Les poloistes s’exprimaient dans les bassins du port. (Collection de l’auteur)
Page de droite Un entraînement des Goélands sous le regard du paquebot France . (Photo Presse-Océan - Collection Patrick Pauvert)
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U.M.P.
Une diversification réussie En 1920, la ville de Saint-Nazaire n’a pas pleinement effectué son deuil. Les dépouilles de ses soldats tombés au front continueront d’arriver par convois ferroviaires jusqu’en 1923. En décembre 1919, Vivant Lacour a été élu maire. Il le restera jusqu’au 17 mai 1925.
S
ous sa direction, Saint-Nazaire entamera un énorme programme de réalisations. La ville va connaître une période très active dans de multiples domaines. La société est laborieuse. Saint-Nazaire est la capitale des vélos qui sont le moyen de locomotion privilégié par les ouvriers pour se rendre quotidiennement aux Chantiers de la Loire. Dans un premier temps, le travail ne manque pas. Il faut remplacer les navires coulés et le matériel endommagé, chemin de fer, péniches,
chaudières109. Mais les Chantiers connaissent des difficultés d’approvisionnement en matières premières. Il y a aussi la concurrence anglaise qui enlève à Saint-Nazaire la construction de plusieurs navires. La ville connaît alors des périodes de licenciements qui débouchent sur le chômage. Quand l’activité reprend, en 1923, avec la commande de navires de guerre, la main-d’œuvre de qualité est partie sous d’autres cieux chercher
du travail. On fait appel alors à des travailleurs étrangers. La ville grandit. En novembre 1922, on célèbre l’ouverture de la mairie annexe à l’Immaculée. Au menu, des courses à pied, en sabots, des courses de bicyclettes, des courses en sac, des concours de fumeurs, de mât de cocagne110. En 1923, le préfet Bouju inaugure la nouvelle maternité de Saint-Nazaire. La première avait été réalisée en 1893 à l’initiative
109 – Fernand Guériff, Historique Saint-Nazaire. Tome II. 1963
110 – Hebdomadaire l’Avenir, novembre 1922. Archives départementales 44.
de
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Les haltérophiles sont toujours là
(Archives de l’U.M.P.)
C’est après la Deuxième Guerre mondiale que s’est développée à l’U.M.P. une section qui dura, l’haltérophilie. Une salle spécialisée, haltérophilie et culturisme, fut même réalisée en 1954 pour le développement de cette discipline. L’U.M.P. organisait, tout comme son voisin du S.N.O.S., un Prix d’Encouragement qui avait lieu en décembre. La section avait pour chefs de file les poids légers Yves Jagourd, Claude Regardin, Louis Jouin, les poids moyens André Le Mauff et Pierre Alletz, sans oublier Michel Rio, Claude Tuau, Émile Rémy, Lesage, Blouet, Bertel, Chrisostome… Dans les années soixante-dix, le club comptait une quarantaine de licenciés. La plus belle manifestation mise sur pied fut sans doute celle qui marqua le 50e anniversaire de l’U.M.P., en mai 1970. Au gymnase du club un grand gala regroupa six internationaux, Gourrier de Saint-Maur, Steiner de Paris, Michon de Reims, Leguy et Frocrain de Nantes ainsi que le Nazairien Charles Carré. Y participèrent également d’autres
Nazairiens, Busson, Gillet, Bertel, Loiseau, Glotin, Moyon. La section a fort bien traversé le temps, mais elle a suivi aussi la mode en devenant musculation. L’U.M.P. qui a d’ailleurs acheté tout son matériel avec ses propres deniers possède toujours une superbe salle dans son blockhaus, vestige de la dernière guerre, qui fut remarquablement aménagé il y a quelques années.
(Archives de l’U.M.P.)
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L’athlétisme
Le dénominateur commun des clubs
L’athlétisme n’est pas la plus ancienne discipline qui fut pratiquée à Saint-Nazaire. Le Sporting Club Nazairien, né en 1908, et l’Étoile, qui fut créée en 1909, ajoutèrent ce sport à leur panoplie quelques années seulement après leur création.
I
l n’est donc pas impossible que la première société à avoir pratiqué l’athlétisme ait été l’Alerte de Méan qui fit son apparition en 1911. En effet, quelques lignes sont assez explicites dans le Courrier de Saint-Nazaire, en 1923. Il est signifié que l’Alerte de Méan et la Stéphanoise de Montoir, après entente des dirigeants, ne constitueront plus qu’une
seule section d’athlétisme et de football qui conservera le nom et les couleurs de la première, en l’occurrence l’Alerte136.
136 – Courrier de Saint-Nazaire. 1923. Archives départementales 44.
Les traces les plus anciennes de la pratique de l’athlétisme sur un semblant de piste à Saint-Nazaire remontent à 1922. Le 9 juillet de cette année avait été organisé au Parc des Sports du Plessis un championnat d’athlétisme des patronages auquel participèrent 150 athlètes du département dont la Maris-Stella du Croisic, l’Espérance de Batz, mais aussi l’Alerte de Méan
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et l’Étoile de Saint-Nazaire. Sprint, demi-fond, sauts en longueur et en hauteur étaient au menu, un festival gymnique, l’après-midi, venant compléter cette journée. L’athlétisme est aussi un des sports référents au lycée Aristide Briand dès la fin de la Première Guerre mondiale (voir le chapitre consacré au sport scolaire). Un club, le S.A.C. (Stade Atlantic Club), lors d’une demande d’agrément adressée au Préfet de la Loire-Inférieure, précise qu’il a pour but de pratiquer le football-association, le tennis et l’athlétisme137. Mais cette association a complètement disparu des archives.
Le Sporting Club Nazairien avait son propre championnat Dès 1921, Le Sporting Club Nazairien avait engagé des équipes dans les épreuves de cross-country qui se déroulaient dans la région. Au Parc des Sports du Plessis, avait été créé le Challenge Francis Poncet qui était offert par la Société des Ateliers et Chantiers de Saint-Nazaire. Il était réservé aux jeunes athlètes de moins de 18 ans. Il fallait débourser 2 francs pour les voir évoluer des tribunes138. Le S.C.N. avait son propre championnat. Les athlètes étaient avant tout 137 – Courrier adressé par le sous-préfet de Saint-Nazaire au préfet de Loire-Inférieure. 9 décembre 1919. Archives départementales 44. 138 – Hebdomadaire L’Avenir. 1922. Archives départementales 44.
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issus des autres sections, football et rugby. Généralement, la saison débutait fin juin ou début juillet. Elle se terminait en septembre, avant la reprise des championnats, avec le Challenge de la Ligue Nazairienne contre l’Alcoolisme auquel s’associaient l’Étoile et le R.C. Trignac qui avait une très belle école d’athlètes dès le début des années 1920. En 1923, le chroniqueur du Courrier de Saint-Nazaire s’interrogeait. « Pourquoi l’athlétisme est toujours à l’état de chrysalide à Saint-Nazaire ? ». C’est vrai, la discipline ne fait pas vraiment recette. On est encore à une époque où tous les regards se concentrent vers la gymnastique, le tir et le cyclisme. C’est l’U.S.O.N., en 1926, à l’occasion de l’inauguration du stade Henri Gautier et le meeting d’athlétisme qui sert de support à cette journée, qui va faire découvrir pleinement ce sport. Mais il faudra un peu de temps pour qu’il prenne sa vraie place dans la ville. La première grosse réunion au Parc des Sports du Plessis est boudée par le public139. Ce sont les athlètes de l’U.S. Bauloise qui se taillent la part du lion. Mais pointent déjà des noms du côté de l’Étoile avec Lorcy, de l’AvantGarde qui a réuni un petit groupe d’athlètes autour de Gicquel tout comme l’a fait l’U.M.P. (Union Méan Penhoët). Doucement l’athlétisme monte en puissance. 139 – Courrier de Saint-Nazaire. 1926. Archives départementales 44.
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Les clubs se retrouvent lors du grand rendez-vous que constitue à Trignac le challenge Morère, un basque qui fut international universitaire et, avant de devenir président du R.C. Trignac en 1913, qui fut joueur au Sporting Club Nazairien. L’Étoile participe aux différents championnats de la F.F.A. tout en disputant également le championnat des patronages. Un tel enthousiasme vaudra au club, en 1929, d’accueillir à Saint-Nazaire ses premiers championnats départementaux F.F.A. de Loire-Inférieure au Parc Municipal des Sports. De son côté, la dynamique U.S.O.N. organise des épreuves de course à pied avec départ et arrivée à la Bourse du Travail. Elles réunissent les clubs ouvriers plus celui de Plaisance. C’est la version ancienne de nos courses hors stade actuelles. Le Courrier de Saint-Nazaire se veut moderne en proposant son patronage à l’occasion du Challenge de la Basse-Loire qu’il organisera à Trignac le 14 juillet. Des internationaux, Marcel Denis ou Alphonse Lesimple, sont même invités en 1930. L’hebdomadaire nazairien patronne aussi depuis 1928 le challenge Morère, toujours à Trignac. Forcément, il y a une petite rivalité qui s’installe entre les clubs nazairiens et le R.C. Trignac. Une rencontre entre le S.C.N. et les Briérons aura lieu, au Plessis, en 1933. Mais le S.C.N. fera appel, en la circonstance, aux athlètes de l’U.S.O.N. qui participeront sous le label du Sporting… Les Nazairiens s’imposeront ainsi avec deux petits points d’avance sur le R.C. Trignac qui n’avait pas pu aligner d’athlète sur le 1500 m. Les Nazairiens, Audrain, Golias, Bernard, Gaudin remporteront le relais devant le R.C. Trignac, équipe composée de Garrec, Audrin, Guihéneuf et Geffray.
Ci-dessus L’équipe du collège Saint-Louis, lors d’un cross départemental à Briacé, il y a un peu plus de 50 ans. (Collection de l’auteur)
Page précédente La Nazairienne Sandra Gomis participa aux Jeux Olympiques à Rio, sur 100 m haies. (Photo Daniel Moisan)
Marche Il reste le Nazairien le plus titré
Le mystère Robert Huard Émile Anthoine n’est certainement pas le plus connu des athlètes français. D’ailleurs, en dehors d’une salle des sports, du côté du Champ de Mars, qui porte son nom, les sportifs ont oublié que c’est grâce à lui que la marche athlétique fut intégrée pour la première fois aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1924.
C
’est à lui également que l’on doit la création du célèbre Paris-Strasbourg, une des deux grandes épreuves internationales qui furent disputées en France avec Paris-Colmar. La course Paris-Strasbourg dont la distance oscilla entre 493 km et 552 km fut créée en 1926 et elle disparut en 1980. Par contre, Paris-Colmar lui succéda en 1981 et cette épreuve qui se déroule sur des distances sensiblement identiques à celles de Paris-Strasbourg existe toujours. Si la marche athlétique, sport très exigeant, est moins goûtée de nos jours, la marche nordique, plus ludique, attirant le plus grand nombre, en particulier les seniors, ce sport connut une période faste dès son introduction aux Jeux californiens. Ce n’est donc pas un hasard si Saint-Nazaire adopta très vite cette discipline ingrate que boudait la bourgeoisie et qui était avant tout destinée au milieu ouvrier, à ces hommes habitués à la dureté du quotidien. Si Paris-Strasbourg permit de mettre en relief ce nouveau sport olympique, c’est au cours de cette même année 1926 que furent déposés les statuts de deux des grandes sociétés sportives ouvrières nazairiennes, l’Union Sportive Prolétarienne, plus communément connue sous le nom de « Prolos » et l’U.S.O.N. (Union Sportive Ouvrière Nazairienne) qui fut le grand club d’athlétisme sur la ville avant d’être absorbé au sein du S.N.O.S. en 1946. C’est à la fin des années vingt que les deux clubs, les Prolos possédant aussi une petite section d’athlétisme,
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intégrèrent la marche à leur panoplie. La promotion de ce sport sur la place fut rapide. En 1925 décédait Henri Gautier. En septembre 1926, l’U.S.O.N. prenait possession d’un stade qui portait son nom.
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En cette même année 1926 est lancée la première édition d’une course pédestre sur le parcours Nantes-SaintNazaire. Dès 1927, elle devient le Challenge Henri Gautier ce à quoi les Nazairiens se montrent très sensibles.
D’ailleurs, François Blancho, le maire de Saint-Nazaire, ira donner le départ à Chantenay. Trois clubs, chacun de huit coureurs, participent : la P.P. Gervaisienne, célèbre structure parisienne, l’A. S. Ouvrière Nantaise et la J.S.O. Croissant. La Gervaisienne s’imposera, devant un gros public massé devant l’Hôtel de Ville de Saint-Nazaire, en 3 h 10’ 10’145.
La marche va bondir au milieu des années trente Les clubs nazairiens associent la marche au reste des autres disciplines de l’athlétisme. Ce n’est pas forcément simple. En effet, si les athlètes sur piste sont placés sous l’égide de la F.F.A. (Fédération française d’athlétisme) née en 1920, les marcheurs, quant à eux, sont soumis aux règles de l’U.F.M. (Union française de marche). Ce n’est qu’en 1938 que la F.F.A. prendra sous son giron les marcheurs. Toutefois, l’U.F.M. demeurera de nombreuses années, distribuant encore des titres nationaux, notamment ceux des championnats de France de la montagne ou sur les 20 km et 50 km hommes jusqu’en 1964, titres que la F.F.A. accordait également. Cela ne pouvait pas durer et l’U.F.M. disparut en 1965. C’est au début des années trente que la marche va véritablement exploser sur Saint-Nazaire. L’U.S.O.N. est probablement le club qui a produit le plus grand nombre de champions. C’est, tout d’abord, un club organisateur. L’Union Sportive Ouvrière Nazairienne monte chaque année une très belle épreuve sur 10 km, en mai, à Bellevue, sous l’égide du comité des fêtes. Au café Louis Mahé, on se presse pour s’inscrire. Il y a les licenciés et les indépendants. Les marcheurs nazairiens se nomment Perron, Lemoine, Fontaine, Couëdel, Blanchot, Élan, William, Jézéquel ou Astre146. Raoul Astre sera le premier grand marcheur à être connu au niveau national. Il courra ensuite sous les couleurs de l’A.S.P.T.T. La Baule et sera l’auteur d’un Tour de France à la marche qui le rendra célèbre. 145 – Courrier de Saint-Nazaire. 1927. Archives départementales 44. 146 – Le Travailleur. Mai 1934. Archives départementales 44.
Il y a tout autant d’inscrits, chaque année, lors du Challenge Audrain qui se dispute, en juin, à Méan. « Une foule énorme a assisté à l’épreuve sur tout le circuit d’une longueur de 3 900 km », note, en 1935, le chroniqueur du Travailleur de l’Ouest. La marche est devenue très populaire. Les Nazairiens se reconnaissent à travers ce sport où la souffrance se lit à chaque pas sur les visages des athlètes. Les courses se multiplient. Il y a le rendez-vous annuel du quartier de Jean Jaurès. En plein Front populaire, en 1936, Raoul Astre s’imposera. Mais il existe de la concurrence. Un autre nazairien de l’U.S.O.N. va vite être adopté par le grand public. Barbet est l’étoile montante. Il s’est distingué dès 1935 en remportant à Penhoët une épreuve de 14,5 km organisée
par l’Avenir des Drôles. Il parcourt la distance en 1 h 19’. À Nantes, la même année, il s’impose en 1 h 43’ sur une course de 20,5 km. Barbet et Astre ont servi de leaders à l’U.S.O.N..
Ci-dessus Huard pulvérisa de multiples records. (Collection Albert Héloir)
Page de gauche Huard demeure le sportif le plus mystérieux de Saint-Nazaire. (Collection Albert Héloir)
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O.M.S. et S.N.O.S.
Que ce ne fut pas simple !
L’O.M.S. (Office municipal des sports) naquit en juillet 1945, le 25 de ce mois, à 18 h, au Family-Hôtel à Pornichet.
A
vant la Seconde Guerre mondiale, c’est un Comité de gestion qui veillait sur la vie sportive nazairienne. Il était composé de 17 membres dont les fonctions n’étaient pas seulement financières et administratives. Elles s’étendaient aussi au pur domaine sportif (calendrier, location de terrains, etc…). Pendant la guerre, en 1942, le Commissariat général à l’éducation et aux sports que dirige pour très peu de temps encore Jean Borotra, l’ancien champion de tennis, impose aux villes la création de Comités consultatifs locaux chargés de toutes les questions qui touchent à l’éducation générale et aux sports. Ce comité était composé du maire et d’un adjoint délégué, ayant, bien entendu, une certaine
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connaissance du milieu sportif, et de techniciens. À Saint-Nazaire, ils étaient sept, un pour le rugby, un pour le football, un pour le cyclisme, un pour l’athlétisme, un pour le tennis et deux pour la gymnastique et les sports divers151. Tout ce qui avait été inspiré par le régime de Pétain sera balayé à la Libération même si, dans le domaine sportif, certaines initiatives parviendront à survivre. Toujours est-il que le Comité consultatif qui a disparu va être, en quelque sorte, remplacé par un Office municipal des sports (O.M.S.)
151 - Paul Lièvre, président de l’O.M.S. Activités Nazairiennes, bulletin de 1971. Collection de l’auteur.
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Il voit le jour à la mairie qui est repliée à Pornichet, au Family-Hôtel. Le premier président sera M. Geffray. Par contre, on conserve le principe des délégués du Comité consultatif, Couët pour le rugby, Chaillot pour le cyclisme, Guillet et L’Héritier pour les sociétés omnisports, Lièvre pour la boxe (il est aussi le premier trésorier de l’Office et sera le premier adjoint aux sports de l’après-guerre), Carré pour la natation, Gicquel pour la gymnastique. Il y a aussi une femme, Mme David, chargée des sports féminins. Cet Office sera élargi à d’autres membres qui y siègeront à l’image des représentants de la municipalité, de la reconstruction, des Ponts et Chaussées, de l’Enseignement et du Corps médical ainsi qu’un responsable de la préparation militaire.
Il aura une lourde tâche d’emblée avec la charge de l’équipement sportif futur de la ville et la reprise de l’activité des sociétés.
Les réunions de l’Office étaient interdites à la presse Les premières réunions auront lieu dès septembre 1945. La presse n’y aura pas accès. Par contre, l’Office publiera régulièrement des communiqués, un procès-verbal de chacune de ses réunions. Lors du premier, on apprend qu’il a enregistré 14 demandes de subventions de sociétés reconstituées et qu’il les proposera au Conseil municipal. Plus de 70 ans après, le principe n’a pas changé. Une de ses premières missions sera de répartir les 30 bons de culottes de football, les 15 maillots d’athlétisme et les 15 maillots de football et de cyclisme entre les clubs qui ont repris leurs activités, l’Alerte, l’Étoile, le S.C.N., l’U.M.P., l’U.S.O.N., le V.C.N., l’Espérance et le BoxingClub152. Les réunions s’enchaînent. Il y en a deux ou trois par mois. Une va demeurer dans l’histoire du sport nazairien. Le 1er décembre 1945, l’Office a réuni les siens pour une question cruciale, le reg roupement des sociétés nazairiennes. Pour une fois, l’information filtre avant qu’un communiqué de l’Office soit donné à la presse. C’est Le Populaire qui publie le premier le scoop : « les sportifs nazairiens viennent de réaliser le club unique, Saint-Nazaire Omni-Sports ». 152 - La Résistance de l’Ouest. Juillet, septembre et octobre 1945. Archives départementales 44.
Ci-contre La presse nazairienne était, pour le moins, dubitative sur les chances de voir naître le S.N.O.S. (Collection de l’auteur)
Page de gauche C’est au Family Hôtel, à Pornichet, que naquit l’O.M.S. de Saint-Nazaire. (Collection de l’auteur)
HISTOIRE & PATRIMOINE - Hors-série n° 11 (partie 1/2) — mai 2018
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Fêtes fédérales de gymnastique 1935 effaça le « bouillon » de 1931 Si l’on excepte la Société des Régates et celle des Courses Hippiques, les premières associations sportives nazairiennes nées à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe n’ont fait qu’accompagner le mouvement national en portant leurs efforts sur deux disciplines, le tir et la gymnastique.
L
a Nazairien ne, l’AvantGarde, l’Espérance, la Gauloise ont bâti leur réputation avant tout à partir de ces deux sports. Elles furent imitées par d’autres comme l’Alerte de Méan, l’Union Méan Penhoët, l’Étoile pour ne citer qu’elles. Si l’on tient compte de la seule gymnastique, son essor est lié à différents facteurs.
Les sociétés sportives furent fondées en Europe à la fin du règne de Napoléon 1er. Il s’agit donc des premières à avoir pris le relais de ce que l’on appelait les Jeux traditionnels qui étaient des pratiques sportives régionales. En France, c’est également à la fin d’un règne, celui de Louis-Philippe, qu’Hippolyte Triat, considéré comme le père de la culture physique, va ouvrir dans la capitale sa première salle de gymnastique.
L’initiative est saluée comme il convient par le ministère de l’Instruction Publique. La grande force de la gymnastique va être sa pénétration dans l’enseignement. Ce sera le premier sport dont la pratique sera déclarée obligatoire dans les lycées dès 1854, sous Napoléon III.
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La partie 2/2 de :
100 ans de sport à Saint-Nazaire 1860-1960
HISTOIRE & PATRIMOINE - Hors-série n° 11 (partie 2/2)
paraîtra à l’automne 2018.
À suivre,
au sommaire de la partie 2/2 • • • • • • • • • • • • • • • • •
la Cavalcade, rendez-vous des sportifs, de Gaulle à Saint-Nazaire, le rugby, l’histoire du football nazairien, l’épopée de la boxe, le tennis, la boule angevine, la pétanque, la lyonnaise, la boule de Plaisance, le palet, le tir à l’arc, le basket au SNOS, le basket aux Fréchets, le volley-ball au SNOS, le golf, le tennis de table,
• • • • • • • • • • • • • • • •
le judo, le billard, la Vaillante de l’Immaculée, Saint-Marc et son handball, le handball au SNOS, le motocyclisme, l’automobile, le motonautisme, l’aviation, le sport et les guerres de 14-18 et 39-45, le CAP, l’échec de la Maison des Sports, la Soucoupe, le sport en entreprise, le sport scolaire, la presse sportive nazairienne.
HISTOIRE & PATRIMOINE - Hors-série n° 11 (partie 1/2) — mai 2018
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A . P. H . R . N
Association Préhistorique et Historique de la Région Nazairienne
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Illustration : Les rencontres entre Baulois des Jongleurs et les Stellistes nazairiens soulevaient les passions. Les deux clubs ont aujourd’hui disparu (collection de l’auteur)
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Le Nazairien Clavier lors des célèbres épreuves de la Quinzaine commerciale de Saint-Nazaire. (Collection de l’auteur)
Impression Pixartprinting - Réalisation Tanguy Sénéchal
Le concours de Gabriel Poulain pour la promotion des cycles était très recherché.
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