HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021

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R É GION

NAZAIRIENNE

PRESQU’ÎLE

GU É RANDAISE &

HISTOIRE PATRIMOINE

Patrimoine - Histoire - Culture, en Pays Noir / Pays Blanc

La liquidation des stocks américains dans la Basse-Loire après

Un ministre à l’Immaculée : 6 mai 1950

Le casino Aux Mille Colonnes, à Saint-Nazaire

la Première Guerre mondiale

Talismans

Les représentations des navires dans les arts décoratifs nazairiens

Guérande : Un patrimoine militaire ?

Les mariages à Mesquer, entre 1890 et 1911

A.P. H.R.N - n° 102 - novembre 2021 - 10 €
État de l’église de l’Immaculée, à Saint-Nazaire, après la Deuxième Guerre mondiale.. (Collection Patrick Pauvert)

Éditorial

Ce troisième et dernier numéro régulier de l’année 2021 commence par la liquidation des stocks américains après la Première Guerre mondiale. Les troupes alliées évacuent notre région, en laissant, dans les seuls camps de Montoir-de-Bretagne, 600 0 00 tonnes de matériel, pour quelque 900 millions de francs de l’époque. La guerre est terminée, mais non les rivalités d’intérêts, favorisant les trafics plus ou moins licites.

Durant les périodes apaisées, les travaux de construction, et de reconstruction, occupent les esprits. Les inaugurations aussi. L’occasion pour un ministre de venir à l’Immaculée et pour un certain spectateur, non initié, de faire un jeu de mots, sans le vouloir.

Heureusement, l’art illustre la vie des habitants et laisse aussi son empreinte. Dans la représentation artistique de Saint-Nazaire, le port, la construction navale, les navires, occupent une place de choix. L’article Talismans met l’accent sur la place des bateaux (et en particulier des paquebots) dans le décor du quotidien des Nazairiens.

À Saint-Nazaire, à la fin du XIX e siècle, le désir de jouir de la vie domine. Les comportements changent. La mode vestimentaire, l’état d’esprit, la pensée, les expressions de langage, tout se modifie. Au diable le « sacrifice ». Il faut en profiter : « Carpe diem » e st la devise suivie et partagée. On construit un casino. Lieu de rencontres, de parades, d’espoirs en des gains faciles. La description nous en est donnée en un style enlevé, gai, parfois provocateur, empreint d’un certain humour. Les souvenirs évoqués ne sont pas tous joyeux. On parle encore de la « Poche de Saint Nazaire ». Beaucoup l’ont vécue pendant leur enfance. Leurs parents décrivent encore la vie, restreinte et incertaine, qu’ils menaient. Ici, on peut lire ce que vivaient les Allemands. Cet article nous fait partager leur quotidien. Ils représentaient 20 % de la population totale. Eux aussi sont « e mpochés ». Eux non plus ne pouvaient pas communiquer avec l’extérieur. Nous sommes au cœur de sentiments humains, universels. Les hommes souffrent, toujours et partout, de la guerre. On entend, une fois de plus, ce que ce mot « g uerre » signifie vraiment pour ceux qui l’ont vue, connue, vécue. Et les femmes, que vivaient-elles en ces temps proches, qui semblent si lointains ? E lles subissaient l’adversité. On leur accorde, le plus souvent, un second rôle discret. May Picqueray, née à Savenay (1898-1983), mérite de paraître dans notre revue. Ignorée de la plupart d’entre nous, la découvrir ici est justifié. Elle a agi en combattante « e ngagée », à une époque où elle n’avait même pas le droit de vote. Il est juste que son nom paraisse. Elle a sa place dans notre histoire. On peut envisager l’histoire régionale en suivant celle d’un vin du terroir. Il ne s’agit pas seulement d’un produit consommable, mais aussi d’un thème de recherches pointues, historiques. Ceci apparait dans les textes anciens, à la lecture ardue, où la paléographie tient sa place. C’est une étude pointilleuse, faite de recoupements. L’œnologie, vaste domaine, est intimement liée à la géographie, au climat et ses accidents. Elle reflète la vie et les goûts des habitants : un pan de notre civilisation émerge. Des connaisseurs se passionnent, en expérimentant la culture de certains ceps. Le vin n’a pas fini de couler…

Profitons de l’occasion pour faire le tour des remparts de Guérande. Scruter « les vieilles pierres », y chercher des signes, observer l’architecture, son utilité, ses ajouts ou anciennes suppressions, tout est sujet de recherches, d’avis, d’échanges, ceux-ci pas toujours en harmonie. Il est un aspect positif, aux exposés différents, aux tergiversations, aux conflits d’intérêts, celui du particulier sous couvert d’intérêt général, détruire ou ne pas détruire les remparts, même un budget déficient a lui aussi ses avantages. C’est à toutes ces difficultés que Guérande doit d’avoir conservé en entier sa ceinture fortifiée. Ce qui se présentait comme un souci insoluble est, maintenant, une source de beauté, d’attachement, de rareté, de tourisme et, pour conclure, de prospérité. Ah, si nos ancêtres avaient su cela…

Et l’avenir, quel sera-t-il ? L’avenir appartient aux jeunes, les anciens sont en voie de disparition. Les rôles sont différents. Aux anciens d’écrire le passé, de laisser des documents qui permettront de comprendre l’Histoire. Ceux qui ignorent leurs origines, leur naissance, éprouvent un manque, du moins, le plus souvent. Cette connaissance participe à l’élaboration de leur personnalité. Les jeunes incarnent l’espoir, ils se marient. L’étude faite à ce sujet concernant Mesquer est significative. Les archives consultées révèlent la société, de 1890 à 1911, comparée à celle de 1693 à 1715. Ce texte est riche d’enseignement. Les chiffres ne mentent pas, chacun peut les observer.

En conclusion, malgré ce virus, bien connu désormais, au moins de réputation, nous avons réalisé, comme prévu, les trois numéros réguliers de notre revue, pour l’année 2021. Notre revue n’a pas souffert, grâce aux auteurs et à tous ceux qui participent à son élaboration. Les sujets d’étude sont toujours variés et approfondis, les thèmes, parfois, inconnus du grand public. Ce n’est pas ce virus, invisible, qui va nous empêcher d’étudier l’histoire de nos ancêtres. Ils en ont vu d’autres. Il suffit de nous lire pour le savoir.

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 1
Christiane 1ère page de couverture : Camions américains sur le front de mer à Saint-Nazaire, Sautron. (NARA SNAT-Écomusée).

A.P.H.R.N

Association Patrimoine et Histoire de la Région Nazairienne

Agora (case n° 4)

2 bis avenue Albert de Mun - 44600 Saint-Nazaire

aphrn.asso@gmail.com - https://aphrn-asso.fr - Tél. 06 07 11 21 88

HISTOIRE & PATRIMOINE

n° 102 - novembre 2021

É diteur : A.P.H.R.N

Direction de la publication : collégiale (voir dernière page)

Maquette/Mise en page/Coordination : Tanguy Sénéchal

Impression : Khilim

Dépôt légal : 4 ème trimestre 2021

N° ISSN : 2116-8415

Revue consultable aux Archives de Loire-Atlantique sous la cote Per 145

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2 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021

HISTOIRE & PATRIMOINE

n° 102 — novembre 2021

01 Éditorial

Christiane Marchocki

04 La liquidation des stocks américains dans la Basse-Loire après la Première Guerre mondiale Michel Mahé, de l’AREMORS

24 Un ministre à l’Immaculée - 6 mai 1950

Patrick Pauvert

32 Talismans Les représentations des navires dans les arts décoratifs nazairiens

Emmanuel Mary

42 Le Grand Casino Aux Mille-Colonnes de Saint-Nazaire

Bernard Tabary

52 Le moral des troupes allemandes pendant la Poche de Saint-Nazaire

Alain Bertho

62 Connaissez-vous May Picqueray ?

Daniel Sauvaget

66 Le cépage nommé “ Aunis “ de Guérande à Sarzeau

III.1 - Sur l’autre synonyme local de l’Aunis Christophe Josso

76 Guérande - Un patrimoine militaire

86

SOMMAIRE
novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 3
? Grégory
Aupiais
Les mariages
Gilles Chassier 94 ÇA SE PASSE AUJOURD’HUI 94 - La douceur du temps qui passe
Marchocki 96 SORTIES CULTURELLES 96 - Brocéliande : La Porte des secrets
Bernard Tabary 100 - Savenay : Fin de la Belle Époque / Premier conflit mondial - Bernard Tabary 102 À LIVRE OUVERT 102 - Un voilier nommé Kurun (Michel Germain) - Christiane Marchocki 103 - Saint-Nazaire - Histoire ouvrière et mémoire populaire (AREMORS Collectif) 104 - Requiem pour une Vendée assassinée (Bernard Tabary) - Ch. Marchocki 105 - Phares de Bretagne (Serge Duigou) 106 - Passe le temps - Je voulais encore vous dire (Marcel Lucas) - Ch. Marchock 107 Au revoir, Paul - Tanguy Sénéchal 168 L’ASSOCIATION
24 P. 42 P. 52 P. 62 P. 66 P. 76 P. 86
à Mesquer, entre 1890 et 1911
(Moniq) - Christiane
-
P.

La liquidation des stocks

américains dans la Basse-Loire après la Première Guerre mondiale

En 1917, les forces expéditionnaires américaines vont intervenir militairement en France. Des zones franches de déchargement leur sont attribuées et on débarque chaque jour, venant d’Amérique, des hommes, des animaux, de la nourriture et des matériels les plus divers. On dit même qu’en octobre 1918, les Américains débarquent en France, chaque minute, une moyenne de sept hommes, deux chevaux et sept tonnes de marchandises. Le tiers des déchargements se fait dans la Basse-Loire.

Camions américains sur le front de mer à Saint-Nazaire, Sautron. (NARA SNAT-Écomusée).
24 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021

Un ministre à l’Immaculée 6 mai 1950

1950 ! Saint-Nazaire est un vaste chantier de reconstruction. Le 6 mai se tient à Saint-Nazaire le Congrès National des Sinistrés. Eugène Claudius-Petit, le ministre de la Reconstruction est annoncé.

Gros embarras au bureau du M.R.U. (Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme), la ville dans l’état actuel n’est guère présentable. Heureusement, Jean Burban est l’homme de la situation. Le bourg de l’Immaculée est presque entièrement reconstruit. Le ministre va l’inaugurer.

Ci-dessus Portrait d’Eugène Claudius-Petit (en 1948), ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, de 1948 à 1953.

(Anonyme, Keystone France - CC0 1.0)

Ci-contre Vue aérienne du bourg de l’Immaculée, en 1952.

(Gaby, éditeur)

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 25
Patrick Pauvert

Talismans Les représentations des navires dans les arts décoratifs nazairiens

32 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021
Emmanuel Mary Chargé des Patrimoines Mission Ville d’Art et d’Histoire Ville de Saint-Nazaire

Le présent sujet a fait l’objet d’une première parution dans la revue 303. Il est ici enrichi de « redécouvertes » récentes. Parfois, les œuvres sont juste masquées par des aménagements postérieurs. Souvent, elles sont si bien intégrées au quotidien et aux usages, que depuis longtemps on ne les regarde plus comme « objet d’art ». Et pourtant, en matière de patrimoine, seul le regard sauve. Ignorer c’est condamner.

Les recherches se poursuivent sur ce sujet. Après les repérages, les constats d’œuvre ­ qui ont permis notamment le sauvetage de la fresque de Madeleine Massonneau ­ il faut remonter aux sources (quand elles sont encore

existantes) et contextualiser les créations. Il est essentiel notamment de les resituer dans le parcours artistique de leurs auteurs. Et bien sûr de ne pas juger des créations sur des critères subjectifs.

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 33
Église Sainte-Anne, Façade Ouest. (Inventaire du Patrimoine culturel. Région des Pays de la Loire).

Le Grand Casino Aux Mille-Colonnes de Saint-Nazaire

Cet article est une sorte de point d’orgue aux trois articles sur les villas balnéaires, parus dans les numéros précédents d’Histoire & Patrimoine (APHRN). Il clôt définitivement la question. Il ne fait nullement concurrence au bref article de Patrick Pauvert (H & P n° 87, juillet 2016). Celui-ci énonce les faits, montre les photos (cartes postales d’époque) ; de mon côté, je vais essayer de comprendre les causes – celles de l’audace première et celles de la dégringolade inexorable. Le destin du casino était écrit avant même la Première Guerre mondiale.

La plupart des grandes stations balnéaires ont eu et ont encore des casinos – casinos au sens propre (quoique pas toujours très moral ni intègre) : établissements de jeux, de jeux d’argent –, parce qu’elles attirent inévitablement une frange fortunée de la population.

C’est toujours le cas à La Baule, à Pornichet, à Saint­Brévin ou à Pornic. Saint­Nazaire a été du lot pendant une toute petite vingtaine d’années, avant de jeter l’éponge, définitivement.

C’est encore grandeur et décadence…

Grandeur

La progression démographique et économique de Saint­Nazaire au cours du XIXe siècle a été fulgurante, au point qu’on a même parlé de « Californie bretonne »…

42 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021
Bernard Tabary

Cette commune de bord de mer avait toujours été essentiellement campagnarde, le petit bourg – le Rocher – regroupant seulement quelques centaines de pilotes de Loire et de lamaneurs (spécialistes des manœuvres d’accostage) pour les bateaux entrant dans la Loire. Même pas de port, malgré l’appellation approximative de Port­ Nazaire, à l’époque de la Convention. Les quais les plus proches étaient ceux de Paimbœuf, sur la rive gauche (sud) de l’estuaire.

À l’aube du XIXe siècle, Saint­ Nazaire n’est encore rien.

Et brusquement, en haut lieu (Louis­Philippe, puis Napoléon III), on décide d’en faire un port, un grand port, une tête de ligne transatlantique… et un port de construction navale (pour les bateaux de ligne, les futurs paquebots, qui ne sont encore que des packet-boats, transporteurs

de courrier et de colis). On n’est jamais mieux servi que par soi­même. Non seulement Saint­Nazaire change de statut, mais devient un gigantesque chantier à ciel ouvert, offrant brusquement du travail à des milliers d’ouvriers. On creuse un premier bassin, qui s’avère très vite insuffisant, puis un second – à la pelle et à la brouette ! – on crée des chantiers navals, on édifie une gare pour le train qui arrive en 1857. On construit, on construit, on construit... pour les entreprises qui se multiplient, pour les ouvriers qui déferlent de partout et leurs familles, pour les commerces qui vont devoir nourrir et loger tout ce monde­là (c’est que l’homme ne vit pas seulement de pain…).

De 3 126 habitants en 1800 (pour toute la commune, pas seulement le Rocher), la population est montée seulement à 4 115 en 1846. Si peu…

Le Grand Casino Aux Mille-Colonnes de Saint-Nazaire, au temps de sa splendeur, au début du XX e siècle.

(Collection Delaveau Saint-Nazaire)

Le moral des troupes allemandes pendant

la Poche de Saint-Nazaire

Lorsque se ferme la « Poche de SaintNazaire » (Août 1944 – Mai 1945), s’y retrouvent enfermées environ 150 000 personnes, dont environ 20 % d‘occupants allemands. Cette proportion élevée n’a jamais été égalée sur le territoire français durant toute la période l’occupation.

Si du côté français on ne s’est jamais trop préoccupé de ces militaires, infirmières et auxiliaires féminines, les études allemandes sur le conflit 39-45 également ont fait peu de cas de leurs « empochés » dans cette Festung (forteresse) qu’Hitler avait ordonné de défendre jusqu’au dernier homme.

Mais si l’occupant dans son ensemble est assimilé, à juste titre, au bras armé de la politique de l’Allemagne nazie et à ses violences, crimes et persécutions diverses, on peut néanmoins tenter de percevoir ce qui se passait dans la tête du simple soldat, du « bidasse », allemand.

Des documents rares

Il est aujourd’hui évidemment difficile d’obtenir des témoignages directs des acteurs de l’époque. Une source de renseignements aurait été les journaux personnels que tiennent souvent les militaires en campagne.

Un service département des Archives fédérales allemandes ( Bundesarchiv) se charge de la conservation de ces nombreux documents. Mais rien concernant la Poche de Saint­Nazaire. Une raison à cela : les prisonniers ont été dépouillés dès leur départ en captivité de tous leurs objets personnels (photos de famille, lettres, journaux, etc...), dont on a fait un feu de joie, autour duquel on a dansé.

La Poste militaire allemande (Feldpost) a acheminé, pendant les 6 années du conflit, environ 30 milliards de lettres ! Le Musée de la Poste et de la Télécommunication allemand en a numérisé et transcrit un très grand nombre. Mais au mot­ clé « Saint­Nazaire », on n’obtient aucune réponse.

52 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021
Alain Bertho

À force de patience, nous avons pu, malgré tout, rassembler un petit corpus de lettres, trouvées chez des collectionneurs privés. Et l’on comprend, en partie, à la lecture de ces lettres, le pourquoi de leur rareté.

Peu d’espoir en la victoire finale

Dès l’annonce de la réussite du débarquement, beaucoup de soldats avaient eu le pressentiment que la partie était jouée et qu’il n’y avait plus d’espoir pour l’Allemagne.

Ci-dessus Le navire-hôpital allemand München, amarré au quai du Commerce, à Saint-Nazaire, à la fin de la Poche.

(Collection Musée du Grand Blockhaus)

Ci-contre “ Joyeux Noël de la forteresse assiégée de Saint-Nazaire ”. Carte de propagande distribuée aux soldats, à destination des familles, et représentant une forteresse fantasmée.

(Collection Musée du Grand Blockhaus)

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 53
62 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021

Connaissez-vous May Picqueray ?

La récente réédition des mémoires de May Picqueray remet dans l’actualité une militante libertaire dont il a été question dans les médias - en 2018, lors de la diffusion sur la chaîne Arte d’une ambitieuse série TV, Les Rêves brisés de l’entre-deux-guerres1. Il s’agit d’une vaste fresque s’étendant sur les années 1918-1939 réalisée par Frédéric Goupil et Jan Peter rediffusée récemment (2021) sur une autre chaîne. Le scénario qui s’appuyait sur la vie réelle de plusieurs personnages a permis de retrouver la personnalité originale de Marie-Jeanne Picqueray, dite May (1898-1983).

May Picqueray est née à Savenay, dans une famille rurale, les Leray. Dans les chapitres qu’elle consacre à son enfance, elle évoque les vacances passées chez sa grand­mère dans le hameau de l’Angellerais, à quelques kilomètres de Savenay sur la route de Saint­Étienne­ de­Montluc. Situé sur les hauteurs qui dominent la route et la voie ferrée, et plus loin la plaine et l’estuaire, le lieu­ dit est aujourd’hui bien plus peuplé, et on ne voit plus le moulin dont son oncle s’occupait, détruit depuis les bombardements de la dernière guerre.

Sa mère, mariée très jeune à 18 ans à peine, avait quitté la ferme de ses parents pour la ville. Son père, convoyeur postal, passait beaucoup de temps dans les trains, et ses enfants le voyaient peu. Nommé à Châteaubriant, il avait installé la famille dans une maison située sur la route de Martigné. C’est l’époque où May fréquente une école tenue par les sœurs de Saint­Vincent de Paul.

1 - Ouest-France du 11 septembre 2018 a attiré l’attention de ses lecteurs sur la vie de May, rappelant sa naissance et son passage dans la région.

Le père muté à Saint­Nazaire, la famille s’y installe. Marie ­Jeanne y fréquente l’école publique et traîne sur le port malgré les interdits maternels et les punitions ; c’est là qu’elle assiste, un jour, à l’embarquement d’un convoi de prisonniers enchaînés à destination d’un bagne Outre ­Mer ­ spectacle qui, dit­ elle, l’a profondément marquée malgré son jeune âge, et qui a nourri des sentiments de révolte qu’elle exprimait déjà dans le cadre familial. Dans une vie marquée tout d’abord par des déplacements incessants, Saint­Nazaire fut une halte qui lui permit de se cultiver très jeune par la lecture et d’obtenir son certificat d’études à l’âge de 11 ans, en 1908 ­1909.

Sa mère décide alors de la « placer », comme on disait, chez un commerçant de Penhoët, pour lequel elle faisait des livraisons. Une institutrice qui l’avait prise en amitié à l’école et qui l’avait soutenue dans sa scolarité propose alors de la prendre à son service pour s’occuper de son fils de 5 à 6 ans qui nécessitait une surveillance constante, car il souffrait d’épilepsie. La famille émigre au Québec, où le couple aide May à obtenir le bac.

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Page de gauche Portrait de May Picqueray (vers 1924). (Auteur inconnu - CC0
1.0)

Le cépage nommé " Aunis " de Guérande à Sarzeau

III.1 - Sur l’autre synonyme local de l’Aunis

Comme on l’a vu précédemment1, on cultivait de la presqu’île de Guérande à la presqu’île de Rhuys un vieux cépage dénommé localement « l’Aunis », ce cépage blanc s’est maintenu jusqu’au début XXe siècle du côté de Piriac, où il est resté dans la mémoire populaire. Sensible à l’oïdium, il a été remplacé à Sarzeau dès le milieu du XIXe siècle par le Gros plant, cépage rustique, qui produira un peu plus tard la « Fine de Rhuys » (une eau-de-vie)2 .

Dans cet espace géographique et humain du sud­ est de la Bretagne bretonnante, présentant des caractéristiques géologiques et climatiques communes, il donnait un vin dit « breton ». On a déjà noté que le cépage cultivé à Sarzeau a aussi été dénommé le « Breton », c’est donc un synonyme de l’Aunis. Anciennement, le mot « breton » a plutôt qualifié le vin produit dans la région que le cépage, on trouve en effet de nombreuses et très anciennes mentions de « vin breton ». On va prendre le temps d’examiner ce deuxième nom de vigne (ampélonyme), car l’étude des synonymes est utile pour comprendre l’histoire des cépages3.

1 - Deuxième partie de l’article, Histoire & Patrimoine (APHRN n° 101, juillet 2021 ; pages 128-137).

Retour de la vigne (dont du Chenin) à Saint-Suliac (Ille-et-Vilaine).

(© SMBMSM : Vignes du Mont Garrot)

2 - Le Gros plant ne produit pas de grands vins, mais une excellente eau-de-vie, c’est la raison d’être de son implantation en Bretagne (influence hollandaise). Il serait intéressant que cette tradition reprenne, le « lambig » (eau-de-vie de cidre) et le whisky breton trouvent des débouchés, pourquoi pas un retour de la « Fine de Rhuys » de Sarzeau et de la « Fine Bretagne » du Pays de Retz !

3 - GALINIÉ Henri, « Les façons de différencier et de nommer vignes et plants » (1085-1850), in Recherches sur l’histoire des cépages 13, 2019. https://halshs archives-ouvertes fr/ halshs-02106540/document

66 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021
Christophe M. Josso

L’origine du synonyme

La première mention vannetaise de ce synonyme date de 1868, on la trouve dans la monumentale Étude des vignobles de France de Jules Guyot4, qui dit sur le vignoble de Rhuys : « Autrefois, le cépage dominant était le breton, excellent raisin qui a le tort de mûrir tard et difficilement »5

4 - G UYOT Jules, Étude des vignobles de France , éd. à l’Imprimerie Impériale, 1868 ; Tome III, page 575.

5 - La plupart des renseignements que donne J. Guyot sur la viticulture du sud Morbihan provient de M. de Lamarzelle, président du comice agricole de Sarzeau (GUYOT J., ibid; page 573).

Affiche publicitaire de la maison Normand.

Guérande Un patrimoine militaire ?

Guérande est l’une des très rares villes françaises qui a pu ou su préserver l’intégrité architecturale de ses remparts. Ces derniers demeurent même parmi les mieux conservés de France car, tout du moins jusqu’au XIXe siècle, ils furent aussi peu remaniés que restaurés. Toutefois, pour martiale qu’elle soit, avec ses quatre portes, ses dix tours, ses douves, ses créneaux, ses mâchicoulis ou ses archères… la cité fortifiée ne sent guère la chambrée. Ainsi, contrairement aux apparences et pour paraphraser René Magritte : ceci n’est pas un patrimoine militaire ?1

76 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021

En 2004, le Conseil national des Villes et Pays d’art et d’histoire décernait à Guérande le label de « Ville d’art et d’histoire ». Elle rejoignait ainsi le réseau créé en 1985 par le ministère de la Culture et, pour ce qui concerne la région des Pays de la Loire, Nantes, Angers, Saumur, Laval, Fontenay­le­Comte et quelques sites géographiques remarquables comme le vignoble nantais, la vallée du Loir, le Perche sarthois ou Coëvrons en Mayenne2. À l’échelle nationale, ce ne sont pas moins de 190 sites qui ont déjà été répertoriés. Au sein de cet ensemble remarquable, Guérande partage désormais un même un objectif commun de sensibilisation à l’architecture et à la valorisation du patrimoine.

Une reconnaissance des efforts déjà accomplis depuis plusieurs décennies, mais aussi un contrat d’objectifs et de moyens pour l’avenir visant à structurer les actions culturelles, comme les aménagements en matière d’urbanisme et ceci afin de mieux accueillir et accompagner touristes et visiteurs. Ce label matérialise aussi symboliquement une véritable prise de conscience que la tutelle institutionnelle négocie et encadre également par la signature d’une convention entre la commune ou le territoire d’une part, le ministère de la Culture, la Direction régionale des affaires culturelles et la Direction générale des patrimoines d’autre part.

Elle offre aux bénéficiaires du label un réseau et une visibilité nationale, voire internationale, mais ne peut se concevoir toutefois sans une véritable appropriation du patrimoine par les habitants.

Une telle notion doit être comprise dans son acception la plus large, c’est­àdire incluant le patrimoine bâti, mais également naturel, industriel, maritime et celui plus immatériel des mémoires locales. Une procédure transversale donc, mais qui a besoin cependant pour s’articuler d’un point focal et dont le patrimoine militaire de la ville de Guérande, un « joyau d’architecture militaire et l’unique enceinte urbaine de Bretagne » s’est progressivement érigé depuis quelques années en un véritable enjeu monumental aussi central qu’incontournable3.

Ceci est une enceinte urbaine...

Le patrimoine militaire de la ville de Guérande est d’abord et avant tout monumental. Il se présente pour l’essentiel sous la forme d’une enceinte urbaine dont les 1246 mètres linéaires sont demeurés presque intacts enfermant une surface restée donc close de 11,5 hectares. Des jardins privés en constituent cependant une part non négligeable ce qui explique la faiblesse démographique relative de la cité intra­muros dans la commune, ce qui ne lui n’a pas permis d’accéder à une identité propre. Cette notion de « clôture » revient d’ailleurs fréquemment dans les monographies consacrées à la ville de Guérande comme, par exemple, celle d’Alain Gallicé et de Michel Ganche « Guérande ville close » ou plus récemment cette livraison des Cahiers du Patrimoine « Guérande. Ville close, territoire ouvert »4

Cette enceinte urbaine est percée de quatre portes, situées aux quatre points cardinaux, non pas géographiques, mais plutôt du territoire de l’ancienne sénéchaussée royale de Guérande. La porte Saint­Michel est la plus importante et d’ailleurs la plus imposante d’entre elles. C’est aussi, sur un plan symbolique, l’entrée principale de la ville forte. Située sur la route de la capitale du diocèse, elle se compose de deux tours massives encadrant une porte, défendue par une herse ainsi qu’un pont­levis.

1 - Clin d’œil au tableau de René Magritte : « Ceci n’est pas une pipe », un de plus de Michel Foucault à Minecraft…

2 - Voir le site du réseau des Villes et Pays d’art et d’histoire : http://www.vpah.culture.fr/

3 - Site internet de la commune de Guérande : http://www.ville-guerande.fr/decouvrir/ville-dartet-dhistoire/label-ville-dart-et-dhistoire

4 - Alain Gallicé, Michel Ganche, Guérande, la ville close, Pornichet, Éditions Jean-Marie Pierre, 1990. Ronan DUrandière, Alain Gallicé, Gildas BUron et al ; Guérande. Ville close, territoire ouvert, Nantes, Éditions 303 « Cahiers du patrimoine 111 - Inventaire général du patrimoine culturel », 2014.

Page de gauche Porte Saint-Michel dite « le Château ». (Éditeur LL Collections Musée de Bretagne et Écomusée du Pays de RennesMarque du Domaine Public 1.0).

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 77

Les mariages à Mesquer entre

1890 et 1911

(et comparaison avec 1693 - 1715)

Gilles Chassier

Cette étude concerne essentiellement les mariages célébrés à Mesquer entre 1890 et 1911, soit durant 22 années. Elle fera aussi la comparaison avec les mariages célébrés entre 1693 et 1715, soit durant 23 années, évoqués dans une étude précédente, consacrée à la vie et la mort des Mesquérais au temps de Louis XIV. Donc, avec un écart de deux siècles entre ces deux périodes.

L’étude ne concerne, par contre, ni les naissances ni les décès, qui seraient également un sujet intéressant à analyser et comparer.

NB : par commodité, on dira « vers 1700 » pour parler de la première période (1693 ­1715) et « vers 1900 » pour parler de la seconde période (1890 ­1911).

Quand se marie-t-on ?

De 1693 à 1715, il y a eu 219 mariages, soit une moyenne de 9,5 par an ; leur nombre variant de 5 en 1698 à 16 en 1699. De 1890 à 1911, il y a eu 222 mariages, soit une moyenne de 10 par an ; leur nombre variant de 4 en 1906 à 18 en 1895. On est donc dans le même niveau statistique. Vers 1700, on se marie surtout en juillet, février et janvier, alors que vers 1900 c’est surtout en avril, novembre et septembre. Deux explications possibles : les contraintes de calendrier dues aux professions exercées ont changé, car les professions elles­mêmes ont évolué ; et les conditions de vie permettent peut­ être davantage de s’extraire du rythme imposé autrefois par les travaux journaliers. Avec moins de paludiers, le marais impose moins son rythme à la vie mesquéraise.

Mais à côté de ces différences, on trouve des continuités étonnantes. Vers 1700, les mois où on se marie le moins sont mars, mai et août, et surtout décembre (un mariage en 23 ans) ; vers 1900, il s’agit de mars, août, mai et surtout décembre (3 en 22 ans). Les mêmes mois ; un très fort ancrage des habitudes donc, avec un mois de décembre toujours marqué par le faible nombre de mariages du fait des traditions religieuses.

Notons enfin que le passage au XXe siècle, en 1900, n’a pas donné lieu à un accroissement particulier du nombre de mariages ; il n’y en eut que 7 cette année­là.

86 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021 Total du nombre de mariages par mois Entre 1693 et 1715 Entre 1890 et 1911 juillet 40 avril 37 février 40 novembre 32 janvier 33 septembre 28 août 8 mai 15 mai 7 août 9 mars 4 mars 4 décembre 1 décembre 3

À quel âge se marie-t-on ?

Vers 1900, les hommes se marient plus âgés que les femmes : 30,4 ans pour les hommes, 26,6 ans pour les femmes. Il y a donc un écart très

significatif de près de 4 ans. Sur les 222 mariés et mariées, 82 femmes se marient à moins de 24 ans contre 12 hommes seulement. Le marié le plus jeune a 20 ans (et le plus âgé 76 ans), la mariée la plus jeune 16 ans (et la plus âgée 73 ans). Il n’est malheureusement pas possible de comparer ces âges au mariage avec ceux de

Une fileuse, à Quimiac, au début du XX e siècle. (Éditeur Artaud-Nozais, Nantes Collection particulière)

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 87

La douceur du temps qui passe

C’est du 6 au 19 septembre 2021 que Moniq exposait ses toiles en la chapelle Saint-Germain, située à Saint-Molf.

Chacun évolue au cours de sa vie. Les peintres n’échappent pas à la règle. Durant sa « période animalière », Moniq nous offre de magnifiques portraits d’animaux familiers : chevaux, chiens, chats…

Non seulement leurs pelages, caractéristiques, personnels, les rendent présents, mais leurs traits, pourquoi pas, leurs figures, sont visibles pour ceux qui éprouvent une certaine sensibilité à leur égard.

ÇA SE PASSE AUJOURD’HUI Promenons-nous
!

Puis son attention se porte sur les bateaux, les voiliers, porteurs de rêve pour qui, seule leur contemplation est possible. Son imaginaire les marie à la musique, les transpose et nous vaut des toiles oniriques. Tant il est vrai que le vent, la mer, le bateau lui-même font naître des sons harmonieux, qu’on peut qualifier, selon les moments, de « pianissimo », « forte », « allegro » et de tous les qualificatifs indiqués sur les partitions. Les silences eux-mêmes, jamais absolus, sont une attente.

Mais cette manifestation est consacrée au thème : « La douceur du temps qui passe ». Moniq nous dépeint les métiers oubliés, le plus souvent disparus. Ce sont des attitudes différentes et vivantes que prennent ses personnages, selon qu’ils sont vanniers, tonneliers, sabotiers… ou fileuses. C’est la description d’un autre mode de vie, d’autres préoccupations. Elle les fait revivre en esprit. Ces époques révolues nous parlent parfois à l’occasion de témoignages comme celui-ci. Moniq participe à la préservation de notre histoire, objectif de l’APHRN. Son dessin a la précision des gestes qu’elle représente. Le décor, sobre et rustique, en accord avec cette époque lointaine, ne s’impose pas.

La vie sous-marine l’inspire aussi. C’est l’occasion pour l’artiste, de donner libre cours à son talent dans une débauche de couleurs.

Moniq , autodidacte, expose dans le Val de Loire, à Tours, à Cholet, dans le Sud-Ouest, ainsi qu’à Paris. Le journal OuestFrance lui consacre des articles. Lors d’un concours, elle a gagné un diplôme, à Saint-Malo.

S’arrêter, cet été, à SaintMolf, en la charmante et modeste chapelle Saint-Germain, à l’occasion de l’exposition, organisée par l’auteur des toiles, procure un moment inattendu, original, une parenthèse bienvenue. Souhaitons qu’une nouvelle aventure artistique nous y ramène.

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 95
Christiane Marchocki

Brocéliande : La Porte des secrets

Sortie, à la journée, du dimanche 3 octobre 2021

SORTIES

Enfin ! Après une interminable diète d’un an et demi (depuis l’automne 2019 – Laval), due à ce sacré Covid 19 au masculin, nous voici sur le point de prendre le car Maury pour une grande journée de découverte en forêt de Brocéliande. Quand nous tombe sur la tête une alerte météo rouge (la pire, ce n’est jamais arrivé en LoireAtlantique) pour vent, pluies torrentielles et risque d’inondations. La méga-tuile !

Effectivement, il pleut à peu près toute la nuit. Sommes-nous donc maudits ?

Mais à 7 h 50, quand le car quitte la base sous-marine, à Saint-Nazaire (pour une fois c’est nous qui partons les premiers), le ciel est en train de se dégager ; et la situation ne fait que s’améliorer au cours des deux heures de trajet.

Le beau temps ne va plus nous quitter. Ouf !

Brocéliande

Et nous posons pied à terre, sous le soleil, dans un joli petit village de la Bretagne profonde et même de la France encore plus profonde, parfaitement inconnu de la plupart d’entre nous. Tréhorenteuc. Mais certes pas un village banal ! La jeune guide qui nous prend en charge nous fait vite comprendre

que nous sommes dans un lieu carrément différent, magique,… féerique.

C’est le territoire de Merlin l’enchanteur et de la fée Morgane (fille de la fée Viviane). Et la forêt dans laquelle nous pénétrons est l’enchanteresse forêt de Brocéliande. C’est aussi l’un des sites des romans médiévaux du cycle arthurien des chevaliers de la Table Ronde et, plus tard, du cycle de la Quête du Graal. Nous n’allons pas loin dans la forêt, mais visitons le lac des Fées (ou Miroir aux Fées), le Val sans Retour, l’Arbre d’Or… Celui-ci est une œuvre contemporaine : un arbre mort, suite à un incendie, a été recouvert de feuilles d’or.

La chapelle du Graal

Après cette revigorante promenade en forêt, nous voilà revenus au village et particulièrement à son église. Oui, ce n’est pas une simple chapelle, c’est une vraie église paroissiale. Proprette, parfaitement entretenue, avec des décorations splendides – particulièrement les vitraux… Elle a une histoire étonnante qui commence en 1942. Rien à voir avec la guerre !

L’abbé Henry Gillard est un très brave homme, mais il cause beaucoup – trop – et exprime des idées très universalistes, originales, parfois délirantes à propos de la celtitude, des légendes du Graal, des romans courtois du Moyen Âge… Bref, il fait tache dans le clergé morbihannais. Pas question de le stigmatiser, pourtant : il est de bonne volonté, même s’il manifeste un solide anti-conformisme. Alors on lui confie un tout petit village de 150 habitants, moins peut-être, au bord ouest de la forêt, au milieu de nulle part. Il devient pour vingt ans le recteur de Tréhorenteuc.

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CULTURELLES
Le Miroir aux Fées déborde sur le chemin. (Photo Bernard Tabary)

Il a très bien compris qu’on l’envoie en pénitence dans le pot de chambre du diocèse – c’est le terme imagé que ses confrères prêtres ont employé.

Mais il ne s’en plaint pas, au contraire. Il cause beaucoup avec ses paroissiens ; il se lance, à ses frais – c’est un gouffre, mais il ne le sait pas encore – , dans la restauration de son église ; il converse avec les rares passants qui se perdent dans sa campagne, il les intéresse à ses travaux et surtout au riche passé de la forêt et à la littérature qui la concerne. Les passants amènent des amis ; on vient bientôt en groupes de plus en plus fournis pour écouter ce recteur pas comme les autres, ami des fées, adepte du Graal… Tout cela malgré la guerre ; plus encore après la guerre.

Notre abbé Gillard a le sens de la publicité – qu’on appelle alors réclame. Il invente le tourisme à Brocéliande ; mais aussi le sponsoring : ses visiteurs enthousiastes lui donnent de l’argent, lui trouvent des entreprises et des artistes… Il fait même réaliser le chemin de croix par un prisonnier allemand qui se trouve là on ne sait comment.

Un simple exemple de son inventivité : des deux côtés de l’église se font face deux vitraux très lumineux : l’un représente la Cène (le repas eucharistique de Jésus avec ses

apôtres, c’est classique), l’autre montre l’apparition du Graal aux chevaliers assis autour de la Table Ronde. On fait inévitablement le lien. Cela donne cette jolie église pleine de symboles médiévaux plus ou moins ésotériques… Et ça marche ! … puisque nous sommes là. La fin est un peu amère. On lui fait prendre une retraite précoce en 1962, dans la maison diocésaine des vieux prêtres à SainteAnne d’Auray. Seconde pénitence. Mais Tréhorenteuc est devenu déjà une sorte de lieu de pèlerinage qui attire de plus en plus de monde. C’est à sa mort en 1979 qu’on le réhabilite enfin. On l’enterre dans son église. On lui érige même une statue devant son église – elle a disparu en mai 2021. Qui l’a volée ? Mystère en cours...

Paimpont

Nous voilà maintenant au cœur de Brocéliande, dans le bourg qui lui a donné son nom actuel : la forêt de Paimpont. Repas copieux (la quantité, c’est sûr, mais aussi la qualité et une bonne organisation) à la Terrasse de l’Abbaye. C’est la foule ! Il y a comme une ambiance d’après-Covid… Mais prudence...

L’Abbaye, une construction ample et remarquablement rénovée, fait office de mairie et de bien bien autre chose encore.

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 97
Le groupe de l’APHRN, devant la chapelle du Graal. (Photo Geneviève Terrien)

L’Abbaye – devenue mairie – de Paimpont (l’Abbatiale est à gauche).

Ci-contre Dans l’église abbatiale, Sainte-Anne porte Marie, qui porte Jésus. Un saint Sébastien très cool…

Nous visitons librement l’église abbatiale devenue paroissiale, construite au XIIIe S. en style gothique, mais avec un chœur baroque. Des artistes y préparent un concert pour la fin de l’après-midi. La sacristie, devenue musée, m’a particulièrement intéressé avec deux statues : une sainte Anne portant Marie portant Jésus et un saint Sébastien hilare…

Les Forges de Paimpont

Digue digu’ dondaine… Oui, les Tri-Yann sont passés par là…

Ces vieilles forges, en grande partie détruites au fil du temps, méritaient largement une visite – approfondie.

À droite Les restes des hauts-fourneaux des Forges de Paimpont.

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(Photo Bernard Tabary) (Photo Bernard Tabary) (Photo Geneviève Terrien)

Les explications que nous donne la propriétaire (c’est un domaine privé) sont particulièrement remarquables.

On la sent pleinement concernée, passionnée, parfaitement au courant. Si mari et fils sont ingénieurs et donc très au fait des techniques, je dirais qu’elle est ingénieuse : elle sait tout sur son domaine, elle peut tout expliquer – et a le don de captiver son public.

Le site est un chantier, et pour longtemps : il est question entre autres de reconstruire les hauts-fourneaux.

Le bâtiment du laminoir a été déjà reconstruit presque à l’identique (en tenant compte, évidemment, des normes actuelles de sécurité).

C’est une immense salle destinée à recevoir des mariages, des banquets, des galas…

C’est que l’argent est le nerf de la guerre – de la paix aussi !

Des projets grandioses ne suffisent pas : il faut les financer. Bien sûr, les Forges ont été classées Monument Historique (2001) et sont aidées par l’État, la Région, le Département –même par la Mission Patrimoine de Stéphane Bern. Mais il faut se démener pour obtenir ces aides et, très habituellement, elles ne suffisent pas.

Beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire ; c’est l’aventure d’une vie – peut-être de plusieurs. Les propriétaires sont confiants.

Merci à Nicole de nous avoir programmé cette visite du Patrimoine industriel.

Bernard Tabary

ESPOIR

En cette belle saison d’automne Où toutes les feuilles tourbillonnent

Contemplons les merveilles de nos jardins

Tout en pensant à nos destins

Et à nos longs, très longs chemins de vie

Qui nous ont souvent beaucoup ravis

Même encore aujourd’hui

Où sévissent tant d’ennuis

Rêvons tous de jours meilleurs

Emplis de joies et de bonheurs

Rêvons de parfums d’amour

Vous envoûtant pour toujours

La vie a tant de rebondissements

Qui exaltent nos sentiments

Restons joyeux, heureux, confiants

Gardons espoir en tout instant.

Anne Robion Griveaud Vue générale du site des Forges de Paimpont. (Photo Geneviève Terrien) Le site de l’Arbre d’Or, dans la forêt de Brocéliande. (Photo Alain Silhol) Poème d’Anne Robion Griveaud, inspiré par la forêt de Brocéliande.

SORTIES

À droite

La seule aile restante de l’ancien couvent des Cordeliers (en ce moment « vaccinodrome »).

Savenay : Fin de la Belle Époque / Premier conflit mondial

Sortie, à la demi-journée, du mercredi 20 octobre 2021

Bernard Tabary

La tempête menace… mais trente-deux audacieux prennent le risque d’affronter le déluge. Ils ont raison ; ils en sortiront indemnes : pas une goutte d’eau (sauf celle du lac) jusqu’à 18 h 30, malgré le ciel très couvert.

Merci à nos deux guides savenaisiens, Mickaël (l’un des auteurs de l’article du n° 101, p. 4 à 25) et Lydie, tous deux membres du GHL (Groupe d’Histoire Locale de l’Amicale Laïque de Savenay).

XIXe Siècle

Savenay est une petite commune, à mi-chemin entre Nantes et Saint-Nazaire, qui se développe doucement après la déflagration de la bataille de Savenay (23 décembre 1793). D’autant plus qu’elle devient sous-préfecture en 1800.

L’École Normale (Aujourd’hui, Lycée Jacques Prévert) avec la plaque commémorative.

L’administration sous-préfectorale s’installe dans l’ancien couvent des Cordeliers (Franciscains – ce couvent existe encore, du moins en partie : une seule aile, qui a été récemment restaurée). On reconstruit l’église, des notables édifient des maisons cossues, tournées vers le sud et la Loire, comme le Rio Froment, une propriété de trois hectares (en plein centre-ville !) dont le jardin est encore répertorié comme jardin remarquable ; c’est très inattendu. En 1850, on installe un hippodrome. En 1857, c’est l’arrivée du train.

Mais patatras ! Survient 1868. Savenay doit céder le titre de sous-préfecture à SaintNazaire, devenue ville-champignon avec la création du port et l’éclosion de la construction navale. En (maigre) compensation, la commune reçoit l’École Normale départementale (formation d’instituteurs) qui s’installe logiquement aux Cordeliers – puisque l’espace est désormais libre. Et la vie continue son cours. Avec une certaine amertume du côté de la municipalité. Celle-ci se rattrape – un peu – en peaufinant deux somptueux édifices scolaires dans la même rue, presque face à face : l’École Primaire Supérieure (l’équivalent de primaire + collège) et une toute neuve École Normale, qui ouvrent l’une et l’autre en 1912 (la formation des futurs instituteurs se fera enfin dans des locaux adaptés – les Cordeliers vont alors perdre une bonne partie de leur structure, sur les ruines desquelles on va construire la mairie et la poste).

Le maire, depuis 1904, est François Texier ; il va rester à la barre jusqu’en 1929, durant 25 ans. Il est très ambitieux pour lui-même, pour sa commune et ses administrés – les commerçants particulièrement…

La Guerre

1914. C’est l’entrée en guerre – la grande/la der des ders/on les aura ! C’est la mobilisation de tous les jeunes hommes – entre autres les instituteurs et élèves instituteurs.

CULTURELLES
100 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021
(Photo Bernard Tabary) (Photo Bernard Tabary)

Tout est désorganisé. L’École Normale va payer un lourd tribut en 14-18 (et en 39-45), dont témoigne une grande plaque commémorative à l’entrée du bâtiment (actuellement les deux structures, EPS et EN, sont devenues ensemble le lycée Jacques Prévert).

La guerre s’éternise (morts, morts, morts..., destructions, marasme). En 1917, quand François Texier apprend l’imminente entrée des Américains dans le conflit et le choix de Saint-Nazaire comme porte d’accès de leurs troupes en France, il se démène comme un beau diable pour les faire stationner (s’installer ? ) à Savenay. Et ça marche : le commerce, qui végétait, va être relancé ! Hourra ! Le pauvre ! Il n’a pas pris la mesure de l’Amérique.

Ça va être un déferlement, un tsunami… et ça ne va même pas favoriser le commerce ; parce que les Américains apportent TOUT ce dont ils ont besoin ! Et puis, ce qu’ils choisissent d’installer à Savenay, c’est un gigantesque Hôpital Militaire (n° 8) – on s’attend à beaucoup de blessés sur le front – de peut-être 30 000 lits ; il n’y en aura que 15 000, sur une superficie de 400 hectares (4 kilomètres carrés !) autour de l’École Normale, vidée de ses élèves instituteurs, qui en sera le cœur. Et tout va très vite : en quelques mois on édifie 400 bâtiments, provisoires certes, mais solides. Une invasion… La petite ville de 3 200 habitants disparaît presque sous 15 000 blessés ou malades + au moins autant de soignants, d’administratifs, de bâtisseurs, de techniciens de toutes sortes...

Le service d’eau local ne suffit évidemment pas : c’est une goutte dans la mer ! Les Américains, en quelques mois encore, construisent un barrage (L 120 m - H 16 m) un peu en dehors du bourg pour retenir les eaux d’un ruisseau local et créent un lac de plusieurs kilomètres de tour. Tout l’hôpital profitera dès 1918 de l’eau courante et même d’un service efficace de répurgation. À l’américaine… Et ce, jusqu’en 1919, où progressivement les blessés et malades seront convoyés vers les USA par le port de Saint-Nazaire.

L’après-Guerre

Enfin seuls ! Ouf !

Les Américains ont tout laissé en place. Il faut revendre ou réutiliser les matériaux. Tout a maintenant disparu depuis longtemps. Impossible même d’imaginer ce que cela pouvait être. Savenay n’est plus l’Hôpital Militaire américain n ° 8, mais de nouveau une petite bourgade française.

Pas tout à fait tout… Il reste une dizaine de mètres du mur en béton de l’installation de répurgation, en bordure des constructions récentes du collège Saint-Joseph. Surtout, il reste – évidemment – le barrage et le lac. Pendant longtemps, on n’a pas su qu’en faire. Il a même été question de démolir le barrage – et l’eau du lac ? Mais ce barrage était très innovant à l’époque – quasiment un monument historique, l’un des premiers sinon le premier des barrages-voûtes de France (il y en avait déjà pas mal aux USA). Et progressivement, à mesure qu’approchait le centenaire de l’hôpital américain (2018), les Savenaisiens se sont approprié le lac, en ont fait le poumon vert de leur bourgade de nouveau en expansion rapide : tous les sports nautiques, piscine, multiples sentiers de randonnée. Le barrage lui-même est devenu un lieu culturel, avec la création d’un immense espace scénique avec des gradins

Un peu avant d’arriver au pied du barrage, on est accueilli par une étonnante sculpture de l’Américaine Marianne Vitale (2018), non pas abstraite, mais très concrète et en même temps symbolique : « Ces éléments de voies ferrées [aiguillages] prennent l’allure de figures totémiques évoquant une troupe de soldats... Ils font écho à l’incroyable déplacement transatlantique des hommes, des matériaux et des équipements déployés lors de la Première Guerre mondiale. »…

C’est le point d’orgue d’une visite très intéressante.

Bernard Tabary

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Rio Froment, côté sud –vue sur Loire.. (Photo Bernard Tabary) Le barrage et l’espace scénique. (Photo Bernard Tabary)

Un voilier nommé Kurun

Dans le sillage de Jacques-Yves Le Toumelin

Laissez-vous entraîner dans le sillage de Kurun , ce magnifique voilier conçu non pour gagner des courses de vitesse, mais pour résister à tous les temps, toutes les mers, toutes les vagues, les plus creuses, déferlantes, celles que les « terriens » ne peuvent concevoir. Laissez-vous entraîner à la suite de Michel Germain, lisez-le, suivez-le, suivez-le dans le sillage de Kurun et vous ferez le tour du monde avec Jacques-Yves Le Toumelin, marin solitaire. Ceux, les plus nombreux, qui n’ont pas connu Jacques-Yves, le découvriront dans cet ouvrage étayé par une recherche méticuleuse, selon les archives disponibles, et grâce aux échanges avec ses proches et quelques amis, aux souvenirs encore vivants.

Cette lecture ravivera la mémoire de ceux qui l’ont rencontré, complétant ou justifiant la connaissance qu’ils en avaient. Michel Germain situe ce personnage original dans le contexte de son époque, social et familial. La carrière de Victor Le Toumelin, son père, capitaine eu long cours est longuement évoquée. Différents membres de sa famille présentés. Il ne s’agit pas d’une biographie au véritable sens du mot, mais d’une peinture de cette personnalité hors du commun. C’est aussi la biographie de ce fidèle compagnon, Kurun.

Chaque voilier a son caractère et son histoire, il emporte avec lui un pan de l’existence de celui qui l’a aimé ; ils ont navigué ensemble. Voyager, c’est aussi découvrir, rencontrer d’autres hommes. Jacques-Yves, tout en restant chez lui, effectue le tour du monde. C’est le privilège de la navigation et de la vie à bord. Il croise des personnalités surprenantes, jamais banales. Il entend les récits d’aventures telles qu’on peut se poser la question : comment des êtres semblables peuvent-ils exister ? vous les entendrez en lisant cet ouvrage. Le domaine maritime leur est intrinsèquement propice. Vous lirez de nombreux récits inattendus à l’occasion des différentes escales. Ce sont plusieurs livres en un seul, vies parallèles à celles de Jacques Yves et Kurun. En le lisant, vous ferez la plus belle croisière qui soit. Cette circumnavigation est un parcours initiatique, une recherche qui n’est pas purement matérielle ou anecdotique. Mais, ne dit-on pas que les ennuis commencent en touchant terre ? Kurun a besoin de soins après ces performances. Vous y assisterez et en constaterez les difficultés. Vous apercevrez sa nouvelle vie… sans Jacques-Yves.

Un bateau correspond à son propriétaire, son ami. Il reflète la personnalité de celui-ci. Mais qui peut prétendre connaître parfaitement un être humain ? Il est toujours trop complexe pour être résumé en un lourd volume. C’est pourquoi un seul livre ne peut nous suffire. Nous sommes tentés par l’espoir d’en lire un autre.

102 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021 À LIVRE OUVERT
Un voilier nommé Kurun Dans le sillage de Jacques-Yves Le Toumelin Michel Germain
Éditions Nautilus 358 pages, 22 €

Saint-Nazaire

Histoire ouvrière et mémoire populaire

Études et Documents - Tome V

L’AREMORS vient de publier, à l’occasion de ses 40 ans d’existence, un nouvel ouvrage collectif, le cinquième de la série intitulée Saint-Nazaire et le mouvement ouvrier.

Ce nouvel ouvrage se veut d’abord un hommage à trois des membres fondateurs de l’association, aujourd’hui disparus : Pierre Mahé (1914-1995), Jean Aubin (1924-2007) et Robert Gautier (1945-2020).

Il prend la suite chronologique des précédents tomes, et comporte deux grandes parties.

La première, au titre de l’histoire sociale nazairienne :

» Les années 60 et le « mai 68 » nazairien à travers les évolutions sociales et politiques

» La poursuite du développement économique et urbain de la ville

» Les coopératives de consommation nazairiennes, pionnières de l’Économie Sociale et Solidaire, de 1945 à 1986

» Les luttes nazairiennes pour la Paix

La deuxième partie, consacrée à la mémoire et au patrimoine, comprend :

» Les Forges de Trignac, en tant que marqueur paysager de l’histoire sociale nazairienne

» Les traces et la mémoire de la présence américaine à Saint-Nazaire entre 1917 et 1919

» Un essai d’historiographie sur la Poche de Saint-Nazaire

Avec le foisonnement actuel de l’histoire locale, il s’interroge à travers le cas de la région nazairienne, sur les nouveaux rapports complexes entre histoire, patrimoine et mémoire, en prenant en compte les nouvelles approches érudites et académiques, ainsi que les nouveaux enjeux dans l’historiographie des sujets sociaux et locaux.

Il est préfacé par Julian Mischi, sociologue et politiste nazairien, docteur en sciences politiques de l’École des hautes études en sciences sociales.

Saint-Nazaire

Histoire ouvrière et mémoire populaire

Tome V - AREMORS

Éditions du Petit Pavé

300 pages, 28 €

En vente dans les librairies nazairiennes, ou sur commande : association.aremors@gmail.com

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 103

Requiem pour une Vendée assassinée

La photo imprimée sur la première de couverture évoque le tableau d’E. Munch intitulé « Le cri ». Elle illustre parfaitement l’horreur et le désespoir qui vont suivre. En bas de la page, le titre « Requiem… » donne le ton. Bernard Tabary, professeur de lettres, nous offre là un récit documenté, détaillé, des évènements qui se sont déroulés en France pendant la Révolution, et, plus précisément pendant la Terreur. Cette guerre évoquée est une guerre civile. Les manuels scolaires développent peu ce sujet. On signale la Terreur, les chouans, la Vendée… Certains auteurs passionnés d’Histoire se sont plongés dans cette époque à la recherche de la réalité. Bernard Tabary est de ceux-là, il nous la fait revivre dans son ouvrage : « Requiem pour une Vendée assassinée ».

En suivant sur une carte le déplacement des troupes en présence, les distances peuvent nous paraitre modestes en nombre de kilomètres. Nos moyens de transport rapides nous y autorisent. Si nous nous reportons à la fin du XVIIIe siècle, c’est à pied que les hommes se déplacent, 250 lieues représentent 1000 km (page 205). Avec un peu d’imagination et de réalisme, le périple apparait dans toute sa rudesse et sa difficulté.

Au cours de notre lecture nous lions connaissance avec certaines personnalités dont nous connaissions les noms. Ils nous deviennent familiers. Soit qu’on les admire, Bonchamps graciant 5000 prisonniers avant de mourir lui-même, soit qu’on les exècre, Turreau et les colonnes infernales. Pour un peu, mentalement, nous condamnerions à mort les massacreurs officiels, en particulier les rédacteurs de décrets, causes d’exécutions massives, hommes, femmes, enfants, vieillards… décrets des 19 mars et 17 septembre 1793... Invraisemblable ? Non. Sur la commune des Lucs-sur-Boulogne (voir page 238). Il suffit de se reporter à d’autres faits similaires, plus proches de nous, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’esprit humain resterait-il fidèle à lui-même au fil des siècles ?

Émergent toujours de ce chaos des actes d’héroïsme et de sacrifice, d’autant plus admirables et rassurants. Vous en apprendrez de toutes les couleurs durant votre lecture. Le mot « guerre » prend ici tout son sens et toute sa force.

Ces noms de villes que nous connaissons si bien, où nous sommes passés, avons vécu, pris des vacances, tel Noirmoutier, celles où nous avons des amis, de la famille, ces villages nantis de leurs châteaux que nous photographions, territoire, cadre de notre vie, ont été le théâtre d’un déchainement mortifère.

Nos prédécesseurs, des gens tels que nous, ont été, les uns, acteurs les autres, victimes, seul le siècle diffère. Ce livre vous apprendra beaucoup, ou précisera ce que vous saviez déjà, il satisfera votre curiosité. Inutile d’entrer ici dans les détails, Bernard Tabary, sans cacher son empathie, le fait mieux qu’il serait possible sur cette page. Prenez votre carte routière, suivez les déplacements et les évènements relatés. Voici un livre pour nos contemporains « un devoir de mémoire ». On n’en sort pas indemne. On n’a plus le même regard pour ce large fleuve, majestueux, la Loire, depuis que Carrier l’a utilisé pour ses noyades en séries. Savenay n’est plus une petite localité bien tranquille, mais le lieu de massacres systématiques.

Non seulement c’est un récit historique, le nôtre, c’est aussi un sujet de réflexion, un point de repère au tracé sanglant. L’aspect émotionnel, passionnel, la peur engendrant la fureur, l’aveuglement ne sont pas oubliés. C’est un récit épique, précisé par ses dates, un récit qui suppose une recherche patiente, un travail d’archiviste, des références citées. L’auteur, Bernard Tabary, ne passe rien sous silence. Les esprits curieux seront satisfaits en lisant cet ouvrage : « Requiem pour une Vendée assassinée » et le garderont en référence parmi leurs précieux livres.

Requiem

104 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021
Bernard Tabary 234 pages, 18 € - En vente chez l’auteur : 1, chemin de Trébézy 44600 Saint-Nazaire Tel. 02 40 70 28 91 - tabarybernard@orange.fr À LIVRE OUVERT
pour une Vendée assassinée

Phares de Bretagne

De Cancale à Pornic, plus de cent phares et feux, en mer et à terre, éclairent et magnifient les côtes bretonnes. Plusieurs sont entrés dans la légende en raison des conditions extrêmes de leur construction, du quotidien éprouvant de leurs gardiens ou des drames dont ils ont été les témoins. Tous incarnent avec authenticité et fierté le littoral breton. Dans cette saga, faite d’endurance et d’actes héroïques, les gardiens - et les gardiennes, n’oublions pas les femmes ! - ont eu une part essentielle. Aujourd’hui, les phares sont automatisés, mais ils continuent plus que jamais à éclairer les parages redoutables de la péninsule bretonne et à sauver des vies. Agréablement illustré, s’adressant à un large public, l’ouvrage de l’historien Serge Duigou a pour ambition d’en souligner l’infinie diversité et richesse et de leur rendre hommage. Sur les soixante-quatre phares évoqués dans l’ouvrage, la mer d’Iroise au large des côtes finistériennes, parcourue de passages – les fameux « raz » - et de courants plus dangereux les uns que les autres, se taille, bien sûr, la part du lion. Mais les autres départements bretons ne sont pas oubliés. La Loire-Atlantique est illustrée par six de ses phares, trois en mer : le Plateau du Four, au large du Croisic, la Banche face à La Baule, le Grand Charpentier à l’embouchure de la Loire, et trois à terre : Kerlédé à Saint-Nazaire, la Pointe Saint-Gildas à Préfailles et la Noëveillard à Pornic. Pour chacun, l’accent est mis sur ses particularités. Ainsi le Plateau du Four, achevé en 1822, reconnaissable à son motif à spirales du plus bel effet, est le plus ancien phare en haute mer de France.

L’auteur regrette que le projet « pharaonique » de Mathurin Crucy pour le Grand Charpentier n’ait pas vu le jour. L’architecte proposa en effet en 1808 de construire un phare de forme pyramidale, en hommage à la campagne d’Égypte de Bonaparte ! Quel attrait touristique il aurait constitué pour le département ! Quant à celui de Kerlédé, rattrapé par l’agglomération de Saint-Nazaire il présente la caractéristique d’être localisé au beau milieu d’un quartier résidentiel, entre l’allée des Pervenches et celle des Mimosas. Tous les six, outre leur fonction primordiale de signalisation maritime (sauf Kerlédé, éteint en 1981), endossent désormais une forte valeur patrimoniale. Ce n’est pas un hasard si le Plateau du Four, la Banche et le Grand Charpentier sont protégés au titre des monuments historiques depuis une dizaine d’années.

Phares de Bretagne

Serge Duigou

Éditions Jos, 2021

104 pages, 13 €

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 105

Passe le temps... Je voulais encore vous dire

L’Histoire forge les individus. Les individus sont-ils à l’origine de l’Histoire ? Trop vaste sujet pour être développé ici, mais, qui peut inciter à la réflexion. Il est des auteurs qui nous rapportent des faits passés et nous font partager la vie d’antan. Marcel Lucas est de ceux-là. Il évoque pour nous les personnes qu’il a connues et aimées. Elles font, en quelque sorte, partie de notre passé collectif. Ces fragments de vie - ainsi va la mémoire - composent un récit agréable. C’est un témoignage. En le lisant, nous retrouvons des scènes oubliées, des modes de vie abandonnés, qui resteraient ignorés si nul ne les évoquait.

C’est ici que se déroule la vie des membres de la famille de l’auteur, « tués à l’ennemi » en 1916 et 1940. Cadre d’une vie de labeur, illuminée par un amour conjugal, l’un de ceux qui semblent si rares. C’est aussi celui des « os troubles dans les marais » qui font penser à un roman policier, mais qui illustrent l’âpre réalité de la guerre et le poids de certains souvenirs. Marcel Lucas n’oublie pas de nous décrire son parent, Michel-Marie, au comportement étrange, hors du commun, à la fois attachant et socialement difficile à vivre. Il n’oublie pas les fêtes, les bals, les réunions familiales et amicales.

Est relaté cet évènement inoubliable et inimaginable pour ceux qui l’ont vécu, ces 14 premiers jours de congés payés. Nous n’en mesurons pas l’importance, la nouveauté, le caractère exceptionnel. C’est un changement de vie radical. Cet ouvrage est une sorte de testament, dont l’objet est de laisser une trace de sa propre existence, autant que de celles qu’il a côtoyées et estimées. Il cite des lieux qui nous sont familiers, un vocabulaire ancien et local. Avec plaisir et satisfaction, nous retrouvons certains traits qui nous sont communs, particulièrement en ce qui concerne la vie pratique. L’absence de notre confort, devenu pour nous indispensable, nous dépeint, sans indulgence, la vie passée. Marcel Lucas nous montre l’empreinte que nous ont laissée nos ancêtres, peu éloignés dans le temps.

Le temps passe-t-il vraiment ? Existe-t-il ? Autre problème à débattre pour les philosophes. Nous, nous passons. C’est pourquoi Marcel Lucas fait là œuvre utile. C’est sa contribution à l’Histoire, à la nôtre.

Ces marais salants, cadre de vie de l’auteur, ne sont plus seulement des panoramas magnifiques à toute heure, ils sous-entendent un système hydraulique particulier, connu et géré par les paludiers. Ils ne sont plus, vus d’avion, cette mosaïque compliquée faite de miroirs orientés vers le ciel, reflétant tous les nuages et toutes ces teintes en perpétuel changement, ils sont un lieu de travail. Ceux qui découvriront ce texte, et le liront, auront un autre regard, en longeant la route qui les traverse.

Grâce à un écrivain tel que lui : « … en vain, l’oubli, nuit sombre, où va tout ce qui tombe… » comme l’écrit Victor Hugo, n’enfouira pas le souvenir des hommes, leur vie ne nous sera pas inconnue.

Passe

Éditions du Traict

98 pages, 10 €

À LIVRE OUVERT 106 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021
le temps… Je voulais encore vous dire Marcel Lucas

Au revoir, Paul

À l’APHRN, nous avons appris, avec une grande tristesse, courant juillet 2021 , la disparition de notre ami Paul Correc. Adhérent, membre du conseil de direction, et coprésident de notre association, il écrivait, depuis plusieurs années, dans notre revue.

Paul était considéré, à juste titre, comme étant la mémoire, l’historien, du cyclisme de Saint-Nazaire et sa région. En pratiquant son sport favori, en compétition, dans la catégorie des indépendants (statut intermédiaire entre les amateurs et les professionnels), dans les années 50/60, il avait eu la chance de côtoyer, et de courir, avec les plus grands, champions locaux, comme nationaux et même internationaux. Durant toutes ces années, passées sur piste et sur route, en plus de ses souvenirs personnels, il avait collecté de nombreux témoignages, anecdotes, photos, soigneusement, et précieusement, classés, répertoriés, dans le but de transmettre son expérience au plus grand nombre, aux générations futures, via une exposition, d’abord, en 2007, au fort de Villès-Martin, très réussie et très suivie, puis, par l’écrit.

En 2011, nous avons pris contact, en vue de la publication de ses souvenirs dans notre revue. Il a, immédiatement, donné son accord, et, de 2011 à 2014, son témoignage sur le cyclisme nazairien est paru, dans six numéros, à suivre. Ces six parties ont été agrégées, en 2014, dans un numéro hors-série, intitulé « Un siècle de cyclisme à Saint-Nazaire », qui a rencontré un grand succès.

Par la suite, nous avons publié plusieurs de ses textes, sur différents autres sujets, dont ses souvenirs d’enfance, pendant

la guerre, et ceux récoltés durant sa carrière professionnelle, aux Chantiers de l’Atlantique.

Dans nos conversations, quand les sujets du cyclisme étaient abordés, Paul était intarissable, notamment quand il évoquait, avec émotion, ses amis coureurs disparus : Éloi Tassin, Albert Goutal, Bernard Guédon, Roger Pézeron, Henri Bercegeay et, plus récemment, en 2019, Julien Bertho.

L’APHRN vient de perdre un membre, éminent et précieux, de son conseil de direction, un adhérent, fidèle et assidu, un auteur de talent, et nous tous qui l’avons côtoyé, nous perdons un homme charmant, serviable, modeste et discret, passionné et passionnant, un ami, avec lequel on avait toujours grand plaisir à échanger. Son souvenir restera, très longtemps, présent dans nos mémoires.

Au revoir, Paul.

Tanguy Sénéchal

Ci-dessus

Paul Correc, en 2014, lors de la parution du hors-série Un siècle de cyclisme à Saint-Nazaire

(Photo L’Écho de la Presqu’île

Ci-contre, à gauche

Paul, vers la fin des années 50.

(Collection Polo Maurin)

Ci-contre, à droite

Paul, derrière Rick

Van Steenbergen, au vélodrome du Plessis, à Saint-Nazaire, en 1962.

(Collection Paul Correc)

novembre 2021 - HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 107

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108 — HISTOIRE & PATRIMOINE - n° 102 - novembre 2021
Illustration : Le stand de l’APHRN au Festival du Livre en Bretagne de Guérande, novembre 2021 - (Photo Alain Silhol) Porte Saint-Michel, à Guérande, vue de la cité intra-muros, au début du XXe siècle. (Éditions LL - Collection Grégory Aupiais)

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ISSN : 2116-8415

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