L’art commence non pas avec la chair, mais avec la maison ; ce pourquoi l’architecture est le premier des arts.
- Gilles Deleuze, Félix Guattari, Qu’est-cequela philosophie?, Paris, Les éditions de minuit , 1991
URBAIN
projet réalisé en troisième année de licence, dans le studio de Jim Njoo p.6
DES OLIVIERS
projet réalisé en deuxième année de licence, dans le studio de Pascal Quintard-Hoffstein p.14
FLOTTANTE PRASKA
projet réalisé en première année de master en Erasmus à Varsovie, dans le studio de Lukasz Piatek p.22
JEAN PAIN
projet de fin d’études à l’ENSA Paris-La Villette, dans le studio de Carlo Aslan p.30
PUITS URBAIN
CRÉER DU TISSU URBAIN DANS UNE GARE MULTIMODALE
Pierre angulaire dans le développement du projet du Grand Paris, la ligne 15 du métro parisien desservira le pourtour de la nouvelle agglomération ainsi dessinée.
Une des stations desservies sera la gare de Nogent-LePerreux. Au croisement d’une ligne de train à moyenne distance, du RER parisien, d’une station de bus qui irrigue les communes avoisinantes et dorénavant d’un métro incluant ce lieu au parcours du GrandParisExpress, la station de Nogent-Le Perreux est vouée à être un pôle essentiel de l’élargissement de la métropole.
Le tissu urbain actuel est morcelé, divisé entre deux communes aux dynamiques différentes. La jonction entre les différents moyens de transports est discontinue, le parking existant est déficient.
À travers un programme ambitieux, le PUITS URBAIN vient créer un nouveau tissu, articulant les différentes communes qui l’entourent. Dans sa verticalité le PUITS URBAIN distribue une série de programmes, et recrée les infrastructures nécessaires, liant parking, bus, train, RER et métro en une seule forme homogène.
Le projet vient d’abord réorganiser la gare existante, avant de créer un tube reliant la surface au tracé du nouveau métro. Ce tube est habité de programmes divers: commerces, Co-Working, FabLab, une nouvelle zone de parking. La surface est ensuite complétée par des logements étudiants, un square, une nouvelle station de bus et une toiture qui harmonise le bâtiment et devient le signal de cette nouvelle gare.
En remontant des quais du métro, les passagers sont accueillis par une structure de magasins souterrains, entourés d’écrans informatifs, commerciaux et artistiques. Les passants peuvent ensuite emprunter le chemin d’une passerelle, surplombant les quais. Via escalator ou ascenseur, les voyageurs traversent les étages de parking, pour certains s’y arrêtent. En continuant l’ascension, le voyageur arrive au niveau des Co-Working et FabLab, les deux principaux espaces de travail du lieu. L’étage supérieur est le niveau de la surface.
Au niveau de la surface, se trouvent d’une part la station de bus et de nouvelles surfaces commerciales, de l’autre les logements étudiants. Ceux-ci montent en une spirale, est surplombent le puits, profitant également d’une vue sur le square qui leur est dédié.
À la surface se trouve aussi l’entrée de la gare RER/trains moyenne distance. Après l’ascension d’un dernier escalator, le voyageur arrive sur les quais de trains, surplombé par une coque qui héberge des panneaux d’affichage, et qui, à son extrémité s’enroule autour du puits.
CHEMIN DES OLIVIERS
UNE ÉCOLE MATERNELLE AUX ESPACES NOURRIS
L’école Maternelle CHEMIN DES OLIVIERS est avant tout une composition formelle. Appuyée sur une colline, l’école en épouse la forme: le hall en bas de la colline, et les classes en escalier, formant un carré vide qui est la cour des enfants. Chaque classe a accès à son toit, qui, outre pour sa vue, devient aussi un espace riche en ce qu’il permet de rejoindre le gymnase, situé au dessus du hall. Ainsi chaque parcours se croise et se sépare, dans un échange enrichissant.
La forme de ce projet se met ainsi au service des usages les plus libres possible par les enfants. Chaque classe a ainsi non seulement accès à une cour commune, mais aussi à un petit potager, à un belvédère commun avec les autres classes, à une zone de lecture, et à un petit jardin d’hiver. De même, l’ambition du hall est de permettre à tout enfant de ne pas se perdre dans l’établissement et d’avoir une vue aisément complète de tout le lieu.
Dans son ensemble, le volume de l’école est une rencontre de formes différentes et imbriquées. Tout le bâtiment est volontairement ouvert sur le monde, autorisant des vues, des usages extérieurs, et ainsi une plus grande liberté pour les usagers, enfants comme enseignants se trouvent dans un cadre agréable.
Les salles de classe ne sont pas, dans cette école, des espaces hiérarchisés en rapports d’ascendances. Au contraire, chaque usager a la même valeur dans cette structure, et peut y trouver son espace personnel, en harmonie avec son entourage, les classes formant un continuum d’individualités.
CHEMIN
GALERIE FLOTTANTE PRASKA
UNE STRUCTURE D’EXPOSITION MODULAIRE SUR L’EAU
Le quartier Port Praski, à Varsovie, est un bord de fleuve aujourd’hui dans un léger abandon. Situé sur la berge faisant face au centre ville historique de Varsovie, cette zone au positionnement pourtant avantageux est le théâtre de bretelles de grandes voies de dessertes, où les espaces naturels en prennent un coup à leur superbe. Bien sûr, un lieu avec autant de potentiel est d’ores et déjà investi d’un grand projet urbain: la ville a pour ambition d’en faire un nouveau quartier d’affaires, et les plans d’aménagement sont déjà dessinés.
Au cœur de ce nouveau projet vient se poser alors la question: que restera-t il, après tant de passages humains, de cette petite baie charmante ou on peut encore aujourd’hui croiser des castors.
L’envie de cette galerie flottante est justement de préserver un peu du lieu d’origine dans ces nouveaux projets. Via une structure flottante et en modules, la galerie peut répondre à de nombreuses exigences d’exposition, en conservant un rapport marqué à la baie. Chaque module est d’abord flotté, sur des blocs en polyéthylène. Par un système d’équerres, les modules sont raccrochés entre eux, formant des typologies parfois complexes, sur lesquels on peut raccrocher des structures faites de tasseaux métalliques, de planches, et de câbles tendus. Enfin ces typologies sont raccrochées au fond de la baie, à d’épaisses masses réparties à travers l’espace, sur des câbles relativement détendus, pour permettre à la légère houle d’agiter la galerie, lentement, au rythme de l’eau.
GALERIE
Les modules flottants répondent, avec une structure simple, à des problèmes précise: un carré flottant peut être dédié pour s’asseoir, un pour s’accouder, un pour se protéger de la pluie, ou un autre pour séparer l’espace. Les espaces divers gardent une unité de style et de forme, mais en étant riches d’usages particuliers, répondant aux besoins des exposants.
Les modules sont ensuite rejoints en typologies, avec une infinité de possibilités: la forme adaptable des modules permet la création de lieux d’expression, comme une petite scène commune, d’une galerie de tableaux, d’une autre de promenade, d’une salle de sculpture ou de détente: le thème de l’exposition dicte la forme.
GALERIE FLOTTANTE PRASKA
ÉCOLE D’AGRO-INGÉNIÉRIE JEAN PAIN
UN MÉTHANISEUR POSÉ SUR LE PÉRIPHÉRIQUE
Notre rapport citoyen à l’énergie consommée est aujourd’hui dilué; déconnectés de la production même de l’énergie, et consommateurs souvent peu avisés des enjeux économiques et sociaux de leur consommation, nous avons atteints, dans nos pays occidentaux, l’invisibilisation de nos réseaux, qui deviennent donc incontrôlables et inappréciables.
Dans cette nouvelle ville, un enjeu crucial est donc de reprendre contact avec les nécessités les plus primordiales du vivre ensemble: la nourriture, l’hygiène, l’énergie. Dans ce contexte, l’ÉCOLE D’AGRO-INGÉNIÉRIE JEAN PAIN a pour objectif d’adresser toutes ces problématiques en un seul bâtiment monumental, posé sur le périphérique au niveau du bois de Vincennes.
L’édifice consiste en une scène spectaculaire, donnant à voir à tous les usagers du périphérique parisien, le volume d’un bio-méthaniseur, soit une structure destinée à transformer des déchets organiques en énergie. L’accent est donné à toutes les étapes du processus. Un restaurant tenu par les étudiants y est présent, alimenté en nourriture par le potager de l’école, lui-même fourni en terreau par le digestat du bio-méthaniseur. Ce bio-méthaniseur est fourni à la fois par tramway, des stations d’épurations avoisinantes, mais également par le système de toilettes publiques et accessibles à tous qui est compris dans le projet. L’ensemble est contrôlé par les étudiants de l’école d’agro-ingéniérie, qui y pratiquent pour la première fois une forme écologique et moderne de production d’énergie, inspirée des travaux de Jean Pain, qui donne son nom à l’école.
La volonté de mettre le méthaniseur, et donc la production d’énergie, en spectacle, se cristallise par une cuve centrale, évidente, visible et accessible de tous côtés. Elle est entourée d’une serre et de l’espace scolaire, et la structure monumentale qui la soutient est tout autant un signal: les passants sont des témoins de la machine urbaine.
La serre, à sa manière, est une forme de continuité verte avec le bois de Vincennes qui entoure l’édifice. Entretenue, elle aussi, par les étudiants, elle fourni en aliments le restaurant, et elle montre aussi combien la production d’énergie est intimement liée à des questions vitales comme la nourriture et le respect de l’environnement.
Le bâtiment, dans son ensemble, est un savant jeu d’adressages. Entre parties accessibles au public, partie semi-publiques et réservées aux étudiants, et parties techniques réservées aux professionnels et étudiants accompagnés, une hiérarchie s’impose. Le principe est donc relativement simple: jouant sur ses deux façades, le lieu se divise entre école donnant sur le bois de Vincennes et partie publique faisant face à la ville de Paris. Entre deux se crée un espace de rencontre, matérialisé notamment par le restaurant commun.
La bio-méthanisation est un procédé qui n’est exploré à une échelle plus importante que depuis peu. Ce n’est ni une panacée, ni même un procédé parfait en ce qui concerne son empreinte écologique. Par ailleurs, une mauvaise gestion d’un méthaniseur peut engendrer de graves problèmes. En revanche, cette technologie mérite sa place en tant que production d’énergie de transition, et possède des atouts essentiels qui lui permettent d’être la meilleure des solutions dans certains contextes. Dans le cadre de l’école Jean Pain, ce procédé devient une arme: politique, tel un manifeste, mais surtout symbolique. Quoi de plus beau en effet que de transformer les déchets en or.