DIALOGUANT AVEC NIETZSCHE PAR-DELÀ LE BIEN ET LE MAL

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les couleurs, le déploiement de mots dans l’espace, les vers rimés sans l’unique prétention d’élargir le sens du texte, mais quelquefois avec l’intention de contredire ou de réfuter, les parataxes et les hypotaxes... Ou bien « l’envers à travers le vers », comme l’a défini Emanuel Dimas de Melo Pimenta. L’herméneutique est la clé de l’interprétation, sans dogmatismes religieux ni méthodologiques. Compte tenu de cette remarque de Pierre Lévy en défense de l’équanimité herméneutique : « La clôture herméneutique (par opposition à l’ouverture herméneutique) doit être ici comprise comme l’exclusion a priori des autres interprétations au profit de l’“unique vrai sens” d’un événement, d’un phénomène ou d’un texte en général. » (LÉVY, Pierre. A esfera semântica. 2014, p. 26).

Lévy qu’on vient de citer nous conduit vers une dimension dépassant les objectifs du présent livre, laquelle ne se tient cependant pas, d’une manière sous-jacente et provocante, trop loin des spéculations nietzschéennes : « La liberté était-elle essentiellement une ouverture à la multiplicité ou bien une unité forgée dans l’indépendance et l’autonomie ? Ou bien encore quelque chose comme un équilibre dialectique entre ces deux moments ? Et l’ouverture à la multiplicité pouvaitelle être pensée hors d’une universalité capable de la contenir sans la contraindre ? » (Ibidem, p. 31). [« Il est probable qu’aucun autre philosophe n’ait été aussi paradoxal, sous l’aspect stylistique, que Nietzsche »,

affirme Jorge Luiz Viesenteiner. Nietzsche

confirme, lui : « Il est difficile de me comprendre, et je serais un sot, moi, si je ne donnais pas à mes amis une marge d’action pour le cas de malentendus, et si je n’étais pas de bon gré reconnaissant à une certaine liberté d’interprétation ».]

Nietzsche se montre encore plus radical pour ce qui est de la possibilité de compréhension : « Celui qui a cru avoir compris quelque chose de moi s’est refait à mon image... » Clairvoyant comme il l’était, il se classait parmi « les hommes posthumes »... Sans une ombre d’affectation. Je n’y présente qu’une seule version. Comme il s’agit d’un processus, on n’en prévoit pas de conclusions... Ce serait possible de composer par dérivation des centaines d’autres poèmes... et de les refaire infiniment. Des versions, des interprétations. Non seulement l’œuvre de Nietzsche est ouverte, mais encore elle est kaléidoscopique ; ses textes sont holographiques, c’est une sorte de mœbius qui se nourrit de soi-même, d’une façon polyphonique et multifacette ! Je continuerai certainement à réviser mes textes et à les réécrire tant que je le pourrai. Les critiques seront bienvenues. Antonio Miranda


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