Livret PFE

Introduction p.5

I. Portrait du site : KDI et ses alentours

A. Un site enclavé p.9

B. Au coeur de l’attention p.12

C. Un projet discordant : COBE p.16

II. Raviver la mémoire industrielle

A. Un paysage dessiné par l’industrie p.21

B. Requalification des espaces vacants p.26

III. Le projet : Les halles de La Courneuve

A. Intentions du projet p.33

B. L’esquisse p.35

Annexes p.37

Remerciements p.45

Autrefois, le centre ville de La Courneuve était constitué d’usines et de maisonettes, rappelant son passé industriel.

Aujourd’hui, avec la densification de l’Île de France et la relocalisation des entreprises situées en banlieues proches de Paris, certains sites d’usines ne sont plus utilisés et sont requalifiés pour leur usage et leur fonction. La manière d’occuper ces sites est une opportunité de redessiner le paysage urbain des villes, et ici, de La Courneuve.

Notre site se situe au centre ville de La Courneuve : le site KDI. Ce site a été occupé par l’entreprise commercialisant des produits métallurgiques, jusqu’en 2018. Aujourd’hui, 6ha de friches industrielles se sont libérés à côté de l’Hotel de ville.

Selon le maire de La Courneuve Gilles Poux, il n’est pas question de dénaturer le centre ville de La Courneuve. Il faut tout de même répondre aux besoins futurs tout en n’oubliant pas le passé industriel de la commune.

A. Un site enclavé

Le site de KDI représente 5ha étendu sur un îlot au centre de La Courneuve. Ce site est composé de différents entrepôts, dont certains font plus de 250m de long, et le plus large de 24m. C’est un site totalement imperméabilisé de par son ancienne fonction industrielle.

Ces entrepôts forment une unité, ayant cependant chacun leurs caractéristiques.

On peut remarquer sur les photos suivantes que chaque hangar à des détails distincts, que cela soient pour les murs, pour les détails techniques, pour les fermes métalliques, et/ ou de la matérialité. Ceux sont des traces existantes de leurs premières utilisations, modifiés durant leur rénovation faite par l’entreprise KDI afin de pouvoir continuer à exploiter les lieux en sécurité.

Lors des visites du site, nous avons pu constater que chaque hangar est traité différemment. Certains sont entretenus, et d’autres sont laissés abandonnés. En effet, l’entreprise KDI a quitté les lieux en 2018 pour déménager à Neuvillesur-Oise (95), et le site a été racheté par l’EPFIF (Établissement public foncier d’Île de France) en 2013. Cette acquisition a été faite afin que la mairie de La Courneuve puisse décider de ce qui allait remplacer les entrepôts, en concertation avec les habitants. Le site sera alors classé comme zone d’aménagement concertée (ZAC).

Ces entrepôts sont aujourd’hui de grands vides monumentaux, qui pourrait être exploité à bon escient.

o r t r a i t d u s i

Certains vides sont occupés par différents organismes : l’association Réa’Vi et l’Unité territoriale cadre de vie (organisme municipale). Réa’Vi est une association de réemploi des matériaux et permet la réinsertion professionnel d’individus avec des formations. Sur le site de KDI, l’association occupe l’espace avec un magasin de matériaux prêts au réemploi, ainsi qu’un espace de formation, et un atelier de conception et de réalisation. Outre ces activités proposées, Réa’Vi se situe à un endroit statégique de la Plaine Commune : tous les chantiers pour les Jeux Olympiques se trouvent à proximité. L’objectif de l’association est de fournir tous ces chantiers, et ainsi accentuer leurs actions dans la démarche d’économie circulaire. Leur occupation du site est temporaire puisque l’îlot est voué à être transformé.

Étant donné que le site était partiellement occupé, cela a permit d’établir une sécurité pour la parcelle, et ainsi d’éviter une occupation du site non contrôlé.

Habitations

Plateforme Solid-R : RéaVie

Ateliers d’artiste

UTRU : Unité territoriale Équipement public

Ces entrepôts sont quant à eux bordés par des maisonettes, rappelant une nouvelle fois l’époque industrielle dont a été marqué la commune de La Courneuve. Certains bâtiments sont d’ailleurs classés au patrimoine historique : les ateliers d’artistes. Ces bâtiments sont aujourd’hui occupés par des associations et des collectifs d’artistes comme le mélangeur et Niveau zéro atelier. Vis à vis des entrepôts, ceux-ci non pas changé d’apparence depuis le XIXè siècle. Ils ont été entretenus afin de perdurer dans le temps.

Les différentes typologies de bâtiments que l’on retrouve sur le site rappelle la mémoire industrielle de l’îlot, et ainsi de la commune.

B. Au coeur de l’attention

Le réseau des transports accentué pour La Courneuve avec de nouvelles lignes de bus et de métros, ainsi que des RER plus fréquents. Nord B

Site actuel

Il est rare désormais de trouver des terrains constructibles dans Paris et en banlieue proche : c’est pour cela que lorsque un terrain est vacant, la question de la requalification de celui-ci est primordial. Aujourd’hui, ce site est prisé pour son emprise au sol et pour sa localisation. En effet, un terrain de 6ha est une richesse foncière.

La Courneuve est une des banlieues proches de Paris promise à de grandes mutations. En effet, grâce au projet du Grand Paris et grâce aux Jeux Olympiques 2024, la commune de La Courneuve va connaître de grands changements sur l’urbanisation de la ville, sur le réseau des transports avec les villes frontalières et Paris, sur les équipements et les espaces publics.

Les prochains objectifs et grands aménagements du territoire ©Lesensdelaville

C. Un projet discordant

Suite aux différentes réunions publiques entre les acteurs et les habitants, un projet a abouti. Le cabinet d’architecture COBE a redessiné l’îlot de 5ha en rasant entièrement les entrepôts, afin de pouvoir y construire 1000 logements dont 30% de logements sociaux, un groupe scolaire de 30 classes, des commerces et des espaces publics. Pour rappeler la mémoire industrielle de La Courneuve, un travail de matérialité a été fait pour utiliser de la brique et des structures métalliques.

Aménagement de la parcelle pour redynamiser le quartier ©COBE

Ce projet consiste a rediviser la parcelle en plusieurs petits ilôts, où se dessine des immeubles de logements rythmés par des jardins privés et semi privés. On remarquera qu’une grande bande planté permet de connecter le jardin de l’Hôtel de ville au Boulevard Pasteur. L’ilôt aujourd’hui une enclave, deviendrait alors un site ouvert sur ses alentours et reconnecterait les tissus urbains entre eux. L’objectif principal de ce projet est de faire interagir tout le site avec son environnement proche, que cela soit sur la continuité des axes existants, la création d’activités au sein du site, mais surtout l’attractivité du quartier de la mairie qui est quand même le centre ville de La Courneuve.

Cependant ce projet proposé par COBE et accepté par la mairie de La Courneuve ne fait pas l’unanimité. En effet, certains habitants ont peur que ce quartier ne réponde pas forcément à leurs besoins, que ce projet n’amène pas l’attractivité que mériterait ce quartier. Ou bien encore, oublier la mémoire industrielle de la ville qui a façonné son paysage.

« On a déjà la cité des 4 000, ce centre-ville va devenir un hôtel et La Courneuve une ville-dortoir » - Ahmed Barry, habitant et membre de l’association Droit Devoir

« Avant, on pouvait presque sortir en bas de chez nous en robe de chambre pour acheter le pain. Aujourd’hui, à part le Carrefour, on manque de boulangerie, de boucherie ou de charcuterie. » - Louise Davesne, retraitée qui habite le boulevard Pasteur

« Il n’est pas normal que les jeunes au lycée ne trouvent pas de stage ! On a besoin d’avoir une ville vivante, pas une ville dormante »

- Ahmed Barry

« On a besoin d’un vrai centre-ville, avec une vraie vie de quartier. »

- Mélanie Davaux, déléguée au plan local d’urbanisme

À la dernière réunion publique, certains habitants ont exprimé leurs craintes et Mélanie Davaux, déléguée au plan local d’urbanisme, les a rassuré sur le fait qu’il y aurait assez de locaux pour les commerces et les entreprises souhaitant s’installer sur le site afin d‘accentuer l’attractivité de ce nouveau centre ville. Le projet se veut attrayant, ouvert sur ses alentours, et agréable à vivre avec de nouveaux espaces verts.

Cassini

A. Un paysage dessiné par l’industrie

Jusqu’en 1850, La Courneuve n’est qu’un village et les terres sont majoritairement agricoles. Ce sera à partir de 1850 que La Courneuve vivra sa première industrialisation avec la Première guerre mondiale. Des industries chimiques s’y installent et le paysage se transforme avec les pavillons ouvriers.

La création de la gare d’Aubervilliers-La Courneuve marque sa deuxième industrialisation. Des liaisons ferroviaires sont créées et permettent le transport de marchandises notamment pour les usines de métallurgie : Sohier (1887), Babcock (1898), Johnson (1907), Lemerle-Haumont (1909), et d’autres.

La démographie de la commune explose, le paysage mute mais les traces de l’activité agricole sont encore présente. Durant la Seconde guerre mondiale, les alliés ne bombardent pas les usines afin de pouvoir les utiliser pour reconstruire la France. Du fait de l’utilisation continue des infrastructures, il a fallu créer des logements pour les ouvriers, en masse. Dans les années 1960 de grandes barres font leur apparition : les 4000.

La cité des 4000 ont marqué l’histoire de par la production massive d’appartements par la méthode de préfabrication, dont des malfaçons sont mises en avant, mais surtout la surpopulation de ces sites.

La Courneuve est marquée encore aujourd’hui par ce paysage entre usines et habitats, résultat d’une histoire chaotique. Parmi les sites emblématiques de la commune, se trouve le site de KDI. Autrefois, ce site était occupé par l’usine Sohier, puis par les Fonderies et Ateliers Nord-Paris et Hardy-Tortuaux. Il s’agit du plus ancien site métallurgique du territoire.

Le départ de La Courneuve de l’usine KDI marque une nouvelle ère : imaginer un nouveau centre ville pour La Courneuve.

B. Requalification des espaces vacants

Les projets de réaménagement d’anciens sites industrielles sont souvent portés vers une programmation culturelle : de grands espaces vides permettant de grands aménagements, souvent mixés avec des logements pour répondre à la demande.

À cette image, un site industriel phare de La Courneuve vient d’être délivré : le site Babcock. Ce site a été requalifié par l’architecte Dominique Perrault, sous la demande de la Compagnie de Phalsbourg et Emerige. Plus de 51 000m2 dont 252 logements. L’intention principale du site est de créer un pôle culturel et artistiques, en travaillant étroitement avec l’Opéra National de Paris, le Centre national de la danse, le Théâtre national de l’Odéon, l’École nationale des Beaux-Arts, et le Comité national des Galeries d’Art.

Les vides monumentaux qu’offrent les entrepôts, donnent lieu à des espaces pouvant muter selon leur nouvelle fonction. Le site forme un complexe pluridisciplinaire, d’où sa nouvelle appelation : La Fabrique des cultures.

Axonométrie ©D.P

Croquis ©D.P

Dans la réflexion du projet de Babcock, il a été réflechi de relier les deux sites industriels : lui-même et le site KDI.

Cette proposition a été faite afin de faciliter l’accés aux deux sites pour les piétons et les voies douces vis à vis des voies ferroviaires et de l’autoroute qui crée une rupture entre les deux sites.

On retrouve sur le croquis une volonté pour le site KDI, de le rendre poreux afin de le reconnecter à son environnement.

L’intention de créer une venelle traversant le site per mettrait de relier plus facilement l’accés à la gare RER La Courneuve au reste du territoire au nord. Quant à l’Hôtel de ville, créer une continuité via un espace vert passant dans le site KDI afin de relier ces ilôts et de créer un chemin plus agréable pour les piétons.

Ce schéma a été réalisé tout en pensant au projet du Grand Paris express, donc en prenant en compte le nouveau réseau de transports qui relieraient ces sites.

On retrouve d’ailleurs cette hypothèse dans le projet de COBE, qui crée une grande avenue plantée jusqu’à la mairie.

Pour le site de KDI, une autre proposition avait été faite après une étude urbaine en 2013.

Le cabinet Lambert Lénack a proposé un projet, tout comme COBE, qui raserait tous les entrepôts, mais conserverait également les ateliers d’artistes.

L’objectif de ce projet est la requalification du quartier de la mairie en créant un parvis au Nord de la parcelle, résultat d’une réflexion pour le Grand Paris. La morphologie des masses bâties est fondée sur la synthèse de deux principes : le prolongement des hauteurs bâties sur les contours du site et la logique d’ensoleillement générale des futures constructions qui génère une élévation progressive des gabarits en direction du Nord.

L’emprise du projet est plus grand que celui de COBE. Il engloberait tout le périmètre de COBE en ajoutant quelques parcelles donnant sur le quartier des Six routes. Le programme quant à lui, serait un campus d’équipement, et densifier par des logements.

A. Intentions du projet

À l’instar des propositions faites par COBE et Lambert Lénack, notre intention n’est pas de raser les entrepôts, mais d’entretenir la mémoire industriel du site.

Étant donné que c’est l’un des sites industriels les plus anciens avec Babcock, il nous semble essentiel de garder une trace de la mémoire du territoire.

Notre choix pour les entrepôts s’est fait selon nos intentions principales pour la proposition. Outre les hangars, nous avons conservés également les ateliers d’artistes car ils sont classés au patrimoine historique.

Force est de constater que le site est une enclave, l’une de nos intentions principales est de le reconnecter à son environnement. La halle 1 serait requalifiée comme une rue intérieure, qui permettrait de traverser l’ilôt au coeur et de relier la gare RER La Courneuve au quartier des Six routes. Elle serait percée transversalement afin de créer des liens entre les hangars conservés et les espaces du site. La halle 2 serait à usage programmatique où l’on retrouverait différents pôles tels que la réimplantation des associations existantes sur le site, un pôle restauration, une bibliothèque ainsi qu’une serre et des bureaux. La halle 3 serait requalifier comme une halle de service : un parking, des espaces de stockage pour les pôles, ainsi qu’une voirie pour les voitures et les véhicules de service comme les pompiers.

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De cette réflexion, notre objectif est de créer une relation entre les entrepôts tout en les traitant différemment pour leur usage. Cela susciterait une unité attractive au coeur de l’îlot. Il s’agit également de créer une relation avec son environnement, d’où l’intérêt de prolonger les axes traversants existants dans l’ilôt pour les voies douces, et ne garder que la voie de service pour les voitures. Les axes des piétons et des voies douces seraient privilégiés. En addition de ces prolongements, créer des axes sur la longueur de l’ilôt permet d’avoir une diversité de chemins à emprunter pour une balade dans le site.

B. L’esquisse

Afin de garder une certaine intimité vis à vis de ses alentours, construire en périphérie de l’ilôt des logements permet de répondre à la demande croissante à La Courneuve (cf. Grand Paris).

Les bâtiments seraient en moyenne d’une hauteur de 4 étages, avec un attique en retrait au 5ème étage. Ceux-ci reposent sur un socle de même hauteur, destiné à des activités économiques. Il serait percer par des porches à des endroits spécifiques afin de pouvoir entrer dans le site, et faciliter l’accés pour les piétons et les voies douces.

À l’ouest du site, l’espace serait ponctué par des tours situées en lisière de la parcelle et qui représenteraient les phares de l’ilôt, afin de pouvoir se repérer, et faire référence à la hauteur des bâtiments que l’on peut retrouver dans un environnement lointain comme les 4000. Des plots seraient quand à eux plus centrer afin de renforcer l’espace des artistes, qui s’avère faire parti du coeur de l’ilôt puisqu’il est connecté à la halle principale avec un accés traversant pour rejoindre l’est du site. La partie centrale de l’ilôt est lisible sur le schéma grâce aux halles, qui définissent un coeur attractif avec des activités et des espaces publics. L’est du site est quant à lui plus résidentiel avec des logements et des espaces verts, dont un pour les ateliers d’artistes. Le Sud de l’ilôt est traité différemment afin de créer un parvis pour la gare RER La Courneuve. Celui-ci serait un espace ouvert, mais tout en gardant la hauteur existante afin de délimiter l’espace.

Ce projet se veut intime en son coeur, tout en étant attractif. Il s’ouvrirait sur sa périphérie grâce à des espaces publics atypiques à chaque endroit. L’intimité du site serait insinué par les bâtiments en lisière, afin de ne dévoiler qu’un aperçu du coeur du site, et de garder un paysage industriel à découvrir lors d’un passage sous un porche.

Logements

Équipements publics Industries Analyse du tissu urbain environnant

Portrait sociodémographique de La Courneuve - 14 janvier 2020

Données démographiques de La Courneuve - INSEE

Nous voudrions remercier nos professeurs, Mr. James NJOO et Mr. Nicolas FÉVRIER pour leur suivi et leur implication tout au long de cette année, ainsi que les intervenants extérieurs pour leur critiques constructives et leurs conseils.

Nous voudrions également remercier nos familles pour leur soutien à distance.

Et enfin remercier nos camarades et amis, avec lesquels nous avons pu nous motiver et préparer ce diplôme sereinement en se soutenant moralement.

Mots clés: Densification

Réhabilitation

Friche industrielle Mutation urbaine Requalification