Itinéraire transmission bd

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∏ Comment avez-vous fait pour aller au-delà de cette peur ?

Coût de la Transmission Cession

Donation parents / fils 18 hectares, Bâtiments, maison d’habitation

location des terres

250 €/ an / HA

pour les terres et le hangar

480 €/ an

pour 6 ha sur le captage

Estimation :

130 000 €

Ça nous a poussés à travailler sur l’autonomie et à optimiser. Michel refusait le postulat qui voulait que son installation passe automatiquement par un agrandissement de la ferme. On s’est dit : « Regarde ce que tu peux faire chez toi avant d’aller bouffer le voisin. » Dans les tunnels, j’ai retravaillé mes rotations, je suis allée au bout de chaque culture. On a stocké du foin et de la paille dans les tunnels plutôt que de construire un autre bâtiment. On a réparé du vieux matériel plutôt que d’en racheter du neuf, on a réagencé la stabulation. Surtout, la confiance était mon moteur principal. Je suis restée positive et ça m’a beaucoup aidée. Michel avait déjà de l’expérience, donc je l’ai laissé faire, j’avais confiance en lui. ∏ Comment avez-vous évalué votre ferme et comment l’avez-vous transmise à votre fils ?

∏ Vous ne vouliez pas pour autant lui forcer la main ? Non. Je ne voulais pas qu’il vienne à cause de la pression familiale. Même si on ne l’exprime pas elle peut se ressentir, donc mon discours était de lui dire que je serais très contente qu’il reprenne la ferme mais qu’il fallait que ce soit son choix. Je lui ai aussi fait savoir qu’il fallait que je prenne mes dispositions car je pensais qu’on n’avait pas assez de surface et que s’il voulait s’installer, je devais trouver des terres. C’était une décision qu’il ne fallait pas prendre à la légère. S’installer, cela nécessitait beaucoup de présence à la ferme, avec peu de moments libres. Il fallait qu’il en ait bien conscience. Il n’y avait rien d’urgent donc on lui a laissé le temps de réfléchir puisqu’il nous avait demandé un temps de réflexion. ∏ Une fois Michel installé, comment vous êtes-vous organisés au niveau du travail ? On a monté un GAEC à 50-50 dès que Michel s’est installé. Michel a récupéré la partie administrative. Ca l’intéressait et ça lui permettait dès le début d’avoir toutes les cartes en main pour gérer la ferme. Après c’était relativement facile, comme il y avait deux ateliers, j’ai gardé les légumes et Michel a pris en charge l’atelier lait. On a trouvé notre équilibre comme ça. ∏ Comment cela s’est passé sur le plan relationnel ?

On a fait évaluer la ferme par un notaire. C’est intéressant, car les notaires sont extérieurs au monde agricole et n’ont pas d’intérêts particuliers à défendre dans une transmission. Ils ont fait une estimation raisonnable. Par exemple ils ont estimé l’hectare à 6 000 euros, alors qu’on voit souvent des prix à 10 000 euros l’hectare par ici, c’est complètement déraisonnable. Pour la transmission, on a fait une donation de la ferme à Michel. Comme nous avions également un appartement, nous en avons fait la donation à notre fille pour que la répartition soit égalitaire. Cela n’a pas posé de souci étant donné que nos enfants s’entendent bien. Mes parents m’avaient également donné la ferme, donc c’était logique d’en faire de même. La terre ne m’appartient pas. ∏ Quel conseil donneriez-vous à un cédant ? Josée. Il vaut mieux régler la transmission tant qu’on est en bonne santé, comme ça c’est fait et on n’en parle plus. Il n’y aura pas de discussion après notre mort. Aujourd’hui tout est clair, il nous reste juste à solutionner le rachat de mes parts de GAEC par Michel.

ZOOM " Le côté sentimental a largement contribué à ma décision " Michel Le Bars : « Quand mes parents m’ont proposé de reprendre la ferme, j’arrivais au bout de ce que je faisais. A un moment, il faut avancer. Soit je me lançais, soit je renonçais définitivement pour qu’ils prennent leurs dispositions. J’ai réfléchi moins d’un an. Au bout du compte, qu’on le veuille ou non il y a un attachement à la terre. C’est dur à exprimer et c’est dur de rester rationnel quand on sait qu’on risque de devoir partir ailleurs. Donc le côté sentimental a largement contribué à ma décision. Dans ma tête, je devais au moins essayer. Une fois ma décision prise, j’ai avancé droit sans trop me retourner. Mon parcours d’installation était fléché, et donc assez facile car je prenais l’outil tel quel, sans projet de diversification ou d’extension. Par rapport à d’autres, j’acceptais la taille dite petite de la ferme. Je savais qu’on n’allait pas rouler sur l’or mais que la situation était assise et sans grosse prise de risque. C’était réconfortant. Je me suis fait un peu déborder en récupérant deux ateliers d’un coup. L’année de transition est un peu difficile et je ne l’ai pas assez anticipée même si j’avais quand même diminué le nombre de légumes. Dans ma tête, ça s’est télescopé avec des petites difficultés sur les animaux. Il y eu un petit moment de panique, mais j’ai accepté que je ne pouvais pas supporter une telle charge de travail et que ça ne durerait qu’un temps. Même si mes parents me remplacent de temps en temps ce n’est pas une situation durable, donc je commence à étudier l’idée d’une association, peut-être avec une autre ferme. Ça sera plus facile à deux. »

Jean. C’est important de se connaître. Connais-toi toi-même avant d’entreprendre. Être conscient de son esprit d’entreprise est pour moi bien plus important que d’avoir un tracteur de 200 chevaux.

Ça s’est bien passé, il n’y a pas eu de gros clash. Ma peur concernait plutôt sur la capacité économique de la ferme. Nous n’avons pas pu nous agrandir quand Michel s’est installé. Nous n’étions pas gourmand en salaire, autour de 1200 ¤ net chacun, mais je n’ai pas exprimé ça.

1987

1999

2004

2007

1er janvier 2013

∏ Conversion des légumes en bio

∏ Conversion des vaches en bio.

∏ Proposition de reprise à Michel.

∏ Installation de Michel.

∏ Cession définitive par donation de la ferme.

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