La Tribune de Marrakech TDM 68

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SHOW MUST GO ON T ENTERTAINMENT TOUTE LA MUSIQUE QUE J'AIME

LA TRIBUNE DE MARRAKECH

JUILLET 2020 10

CLAUDE CHALLE LE PAPE DE LA WORLD MUSIC BohĂšme, voyageur, hĂ©doniste, mĂ©lomane, Claude Challe est l’homme aux mille et une vies. Figure emblĂ©matique des nuits parisiennes, il transforme tout ce qu’il touche en or, puisque c’est Ă  ce bon vivant que l’on doit la boĂźte de nuit iconique des annĂ©es 1980 “Les Bains Douches”, le concept unique de la chaĂźne de restaurant-bar-lounge Buddha-Bar et des compilations musicales qui ont Ă©veillĂ© les chakras aux quatre coins du monde. Votre journal La Tribune de Marrakech s’est entretenu avec Claude Challe, qui nous a ouvert son jardin secret.

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Ă© Ă  Tunis en 1945, Claude Challe arrive Ă  Paris Ă  l’ñge de trois ans en compagnie de ses parents. L’ennui est au rendez-vous sur les bancs de l’école, poussant Claude Ă  se rapprocher de son oncle coiffeur Ă  succĂšs pour apprendre le mĂ©tier. “J’avais un don innĂ© que j’ai pu peaufiner avec mon oncle durant mon adolescence. La chance m’a souri assez tĂŽt puisque j’ai pu ouvrir mon propre salon Ă  seulement 18 ans, je me suis fait une clientĂšle trĂšs rapidement”, nous confie Claude Challe.

L’AMOUR EST MA RELIGION Une succes story Ă©courtĂ©e assez rapidement par les Ă©vĂ©nements de mai 68. Il prendra alors la tangente pour se ressourcer auprĂšs d’une communautĂ© hippie en Sardaigne, qu’il ne quittera plus pendant deux ans.

“Ce fut une des expĂ©riences les plus marquantes de toute mon existence. Un mode de vie et de pensĂ©e basĂ© sur les sens, la dĂ©couverte de soi, l’amour et la libertĂ©. Je me suis imprĂ©gnĂ© de cette communautĂ© hippie qui a forgĂ© mon mode de vie. J’ai Ă©galement vĂ©cu dans des ashrams pendant une pĂ©riode en Inde, lĂ  oĂč j’ai pu dĂ©couvrir pas mal de gourous inspirants, c’était une rĂ©vĂ©lation pour moi. Je suis devenu hippie et je mourrai hippie !”

LES BAINS DOUCHES THE PLACE TO BE Aprùs quelques voyages et rencontres, Claude Challe posera à nouveau ses valises à Paris en 1985 pour ouvrir, en binîme avec Hubert Boukobza, “Les Bains Douches”, haut lieu des nuits parisiennes. Ce club mythique jouira de l’aura de

son co-propriĂ©taire Claude, qui ne passait pas inaperçu avec son style vestimentaire atypique et sa sensibilitĂ© musicale qui l’a Ă©levĂ© au rang de “sound designer”. La boĂźte de nuit connaĂźt alors une ascension fulgurante pour devenir l’incontournable lieu de rendezvous des cĂ©lĂ©britĂ©s, Ă  l’instar des habituĂ©s Mick Jagger, Robert De Niro, Prince ou encore David Bowie. Claude Challe se devait de nous raconter une petite anecdote en se remĂ©morant cette pĂ©riode glorieuse : “Les Bains Douches Ă©tait un passage obligĂ© pour l’acteur amĂ©ricain Jack Nicholson Ă  chacune de ses visites Ă  Paris. La star du film Shining avait la cocasse habitude de jouer au physionomiste devant la porte pendant trente minutes Ă  chaque fois qu’il venait. On Ă©tait bien amusĂ©s quand on entendait les clients dire que le videur ressemblait beaucoup Ă  Jack Nicholson (rires) !”

BUDDHA-BAR LE TEMPLE MUSICAL Quelques annĂ©es plus tard, Claude Challe tournera la page des Bains Douches pour se lancer dans une nouvelle aventure : le concept BuddhaBar. «L'envie d'ouvrir un lieu hors des sentiers battus avec une Ăąme spirituelle m'a toujours trottĂ© dans la tĂȘte», nous confiet-il. L'occasion se prĂ©sente alors Ă  lui en 1996 avec la rencontre de Raymond Visan. Un tandem audacieux qui inaugurera, Ă  Paris, le premier restaurantbar-lounge du groupe, dans l’ancien ballroom de l’hĂŽtel Crillon. “C’était un concept inĂ©dit ! On pouvait manger Ă  l’étage dans une ambiance zen puis, trois heures plus tard, danser sur les tables au rezde-chaussĂ©e. C’était la folie dĂšs les premiers soirs, les gens y ont instantanĂ©ment adhĂ©rĂ©â€.

Claude Challe a marquĂ© le monde de la nuit Ă  l’encre indĂ©lĂ©bile avec sa musique pointue qu’il nous livrera, tel un nectar, dans ses cĂ©lĂšbres compilations Buddha-Bar. Une ode aux musiques du monde qui l’ont marquĂ© durant ses nombreux voyages. AprĂšs toutes ces annĂ©es effervescentes, Claude Challe dĂ©cide alors de renouer avec le continent qui l’a vu naĂźtre en s’installant en 2002 Ă  Marrakech, oĂč il a vĂ©cu la pĂ©riode de confinement : “La vie d’aprĂšs ne peut en aucun cas ĂȘtre la mĂȘme. Le fossĂ© entre les riches et les pauvres est bien creusĂ©, il faut y remĂ©dier en faisant moins preuve d’égoĂŻsme. J’ai toujours prĂŽnĂ© qu’un monde meilleur ne peut se concrĂ©tiser sans l’éducation. Je suis pour la dĂ©mocratisation des cours de yoga et de mĂ©ditation ; quand on est bien dans sa peau on est bien avec les autres”.

De gauche à droite : A cÎté de Claude Challe, Robert de Niro et Hubert Boukobza, Margaux Hemingway, Thierry Mugler et Roman Polanski


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