CULTUROSCOPE MOHAMED REDA sous les feux de la gloire
Avec son nouvel album, le chanteur s'affirme de plus en plus entre tradition et modernité. ohamed Reda est sans conteste le chanteur marocain qui monte. Le jeune Fassi arrive à Marrakech à l'âge de 3 ans et très vite quand ses parents lui demandent ce qu'il va faire dans la vie il répond : "je serai chanteur ou rien". Pari gagné. A 26 ans, Reda connaît les premières joies de la notoriété. Mais pour en arriver là, il a fallu gravir peu à peu les marches de la gloire : Conservatoire de Musique de Marrakech où il apprend le solfège et le luth pendant 6 ans. Le luth parce que "c'est le meilleur instrument pour accompagner le chant traditionnel arabe". Invité en 2000 au Festival de la chanson arabe de Casa, il décroche le 1er prix, mettant le Maroc à l'honneur devant une trentaine de pays arabes représentés. Reda assure, il enregistre alors un single "Iloumini" et un vidéo clip. 2è prix aussi au Festival d'Alexandrie avec "Leïla", une chanson qui fera partie de son premier album "Alach Yarzali" -traduisez
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“Pourquoi ma belle ?"- qu'il enregistre dans la foulée. Mohamed Reda est lancé, rien ne l'arrêtera plus. Aujourd'hui, il compose, écrit des textes, travaille sa voix. Son idée : chanter des chansons marocaines, mais les moderniser, les rendre plus accessibles au grand public, aux jeunes en particulier. "Tous les jeunes rêvent de chanter, il y a plein d'émissions qui les propulsent sous les feux de la gloire”, dit-il. “Mais la célébrité, ça se mérite, avec le travail et l'expérience. Moi je ne veux pas être la star d'un jour, je veux durer." Toute son enfance, Mohamed Reda a rêvé de ressembler à ses idoles, le chanteur égyptien Abdelhalim Hafez, Oum Kalthoum, la star de la chanson arabe, ou le marocain El Hiani. A 26 ans, il vient de sortir un 2è album solo, produit par La Baraka Production DJ Youcef et distribué par EMI Music Arabia dans 29 pays d’Amérique du Nord, en Europe et au Moyen-Orient, sans oublier bien sûr le Maroc.
JOSSOUR des ponts entre les cultures
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DE LA VOIX ET DE L’AUDACE hssan Rmiki est la première femme marocaine à interpréter le Samaâ, le chant religieux qui, selon la coutume ne peut être chanté que par les hommes et pour les hommes dans les lieux sacrés. Mais la jeune femme a de l’audace. Elle enregistre un premier album, produit par l’Institut du Monde Arabe à Paris. “J’ai voulu promouvoir la culture musicale sacrée de mon pays”, explique t-elle. “Je me suis lancée un défi personnel, et oui, j’ai osé chanter le Samaâ, pour préserver un patrimoine auquel je suis très attachée et le transmettre aux jeunes générations”. Ihssan se produit dans des festivals, le Festival des Mawssimiates de Marrakech, à Tanger pour les Nuits de la Méditerranée, chante en duo avec le ténor de la musique arabo-andalouse Mohamed Bajeddoub, est invi-
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Le Café du Livre Dans ce café-restaurant-librairie unique en son genre à Marrakech, créé par des professeurs de l’Ecole Américaine, la libraire Sandra vous conseille en matière de littérature anglophone. Ses derniers coups de coeur : “Meetings with Remarkable Muslims”, publié chez Eland press. Barnaby Rogerson et Rose Baringshow ont choisi de s’intéresser aux traditions et modes de vie de Musulmans ordinaires. Pas de stars ou présidents, mais plutôt des musiciens, des mères de familles ou des enseignants musulmans qui pourraient être vos voisins. A découvrir aussi du même auteur, “The Heirs of the Prophet Muhammad”, publié chez Penguin, et de Peter Mayne, “A Year in Marrakesh” (Eland). A noter : projection de films en anglais et apéritif tous les samedis soirs dans la librairie. Le Café du Livre, 44, rue Tarik Ibn Ziad, Guéliz
tée au Festival des Arts Populaires de Marrakech, participe aux Nuits du Ramadan, à Casa, Rabat, Fès, Tétouan, Agadir… La télévision l’invite, la RTM, 2M.. Aujourd’hui, elle prépare l’enregistrement d’un second album, répète entre 3 et 4 heures par jour, élève ses trois enfants soutenue par son mari médecin qui l’encourage depuis tou-
jours. Elle écoute sans se lasser Mohamed Abdelwahab, le maître de la chanson classique égyptienne, Sabah Fakhri, Sabri Moulal, ou la star égyptienne Leïla Mourad. Ihssan Rmiki a déjà trouvé sa place dans l’univers arabo-andalou. Il ne lui reste qu’à trouver un producteur.
Toutes les musiques du monde pour la 4ème édition du FIMUM es organisateurs de la 4ème édition du FIMUM, le Festival International de Musique Universitaire de Marrakech, ont choisi la diversité des genres musicaux : du classique au rock, de la musique traditionnelle orientale au jazz en passant par le rap ou le hip-hop. En avril, plusieurs sites de la ville se sont animés en musique : la place du 16 novembre, le Théâtre Royal, l’amphithéâtre Gerber de Cadi Ayyad et le cyber parc Arset Mly Abdesslam. Une vingtaine de troupes musicales venues du Maroc, mais aussi d’Egypte, d’Allemagne, de France, de Tunisie, de Turquie et de Syrie se sont relayées pour une trentaine de concerts et ont pu démontrer qu’à défaut d’adoucir les mœurs, la musique ne connaissait ni cloisons ni frontières. Le FIMUM s’est imposé parmi les manifestations culturelles que propose de plus en plus Marrakech. “C’est ce pari que l’université doit chaque année relever pour continuer à fédérer dans le Festival la curiosité, le plaisir et l’émotion, et dynamiser l’osmose entre université, ville et société”, expliquait Mohammed
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Marzac, nouveau Président de Cadi Ayyad dans son allocution d’inauguration. Huit troupes ont représenté le Maroc cette année : le Club Musique de Tétouan, la troupe Ben M’Sik de Mohammedia, les Wailers Maroc de Kénitra, le groupe Gothik Winds de Casablanca, le groupe Nagham de musique de Rabat, les Rahat Al Arwah, Ouchak Al Andalous, les Perles de l’Atlas et 3 groupes marrakchis formés avec des étudiants de Cadi Ayyad de l’Ecole de Commerce ENCG et de Beni Mellal. Trois jours de fête, pour un événement musical désormais incontournable, fierté des Marrakchis.
Les Perles de l’Atlas de Beni Mellal
SI JE T’M des Black Blanc Beur C’est l’un des groupes hip-hop les plus en vogue en France. Ils seront à Marrakech le samedi 16 juin, au Théâtre de plein air de l’Institut Français, à 21 h, avec leur spectacle intitulé “si je t’m”, une création romantique sous les tropiques. Du hip-hop revu et corrigé par Tchaïkovski, les Black Blanc Beur ne manquent pas d’air… A voir et à écouter, absolument. Réservations au 024 44 69 30, à partir du 5 juin.
Othmane Ikken, du Studio 2M… à la gloire ossour –en français les ponts- : 13 chanteurs accompagnés de percussions, violon accordé arabe et flûte de bois, sous la direction de Youssef Kacimi, chantent des mélodies arabes en polyphonie. “D’habitude, la beauté de la musique arabe réside dans la diversité et la richesse de ses gammes monophoniques”, explique Youssef Kacimi, “alors que celle de la musique occidentale, plutôt dans ses harmonies polyphoniques. Mais hériter d’un somptueux riad araboandalou n’empêche pas de le meubler à l’occidentale.” fait remarquer Youssef. “La musique marocaine est notre patrimoine. Avec Jossour, nous
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voulons un langage d’ouverture, et il est très possible d’y assimiler le patrimoine occidental. Nous essayons de voir comment peut évoluer la musique arabe.“ La musique habite Youssef Kacimi depuis toujours. Après être passé par le Conservatoire de Marrakech, il accumule les prix : premier prix de luth, prix d’honneur de luth à Rabat, prix de perfectionnement… Se passionne pour la réécriture de “Carmen”, l’araboandalouse, fonde un premier groupe Al Jisr –le pont-, puis Jossour. On n’a pas fini d’en entendre parler… Concert le 21 juin, 21h, salle des spectacles de l’IFM. A ne pas manquer. Tél. : 024 44 69 30
n peut toujours l’appeler Othmane, il se reconnaîtra. Mais en principe, c’est sous le nom de K-Tone qu’il devrait sortir dans quelques jours son premier single en solo. A la sortie de Studio 2M, en 2005, Othmane enregistre un premier single “Vouloir c’est pouvoir” avec le célèbre groupe marrakchi “les Fnaïre”. Et ça cartonne, pour un premier tube, c’est un coup de maître. L’album se vend à 80.000 exemplaires. Le lauréat de la Star’Ac marocaine surfe sur les vagues de son succès. Mais la célébrité ne lui monte pas à la tête. “J’ai changé de look”, dit-il, “parce que je ne pouvais plus rien faire incognito, ce sont les
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désagréments du succès…“ De blond platine, il redevient brun, affiche une sérénité à toute épreuve, cache ses émotions sous des lunettes noires, mais finalement, il est toujours le même. Tranquille, simple, sympa, le bon copain, avec un cœur gros comme ça. Après ses succès à la télévision, Othmane est engagé à Marrakech pour jouer le rôle phare de la Comédie musicale “Salam Walikoum” qui a connu un franc succès l’été dernier à Marrakech. En parallèle, il poursuit des études de gestion “on ne sait jamais”. Un exemple à suivre dans le monde du showbizz ? “Michael Jackson”, répond-il immédiatement, “… mais avant toutes ses opéra-
tions de chirurgie esthétique”, conclut-il dans un immense éclat de rire. Les Marrakchis pourront, dès cette semaine, écouter son nouveau titre “Blow your mind”, du R’nB plutôt américain avec une couleur marocaine. Histoire d’enflammer les esprits les plus sages.