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212 livres
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romans
Par Laurence Veysseyre
“La route”
“Chicago”
De Cormac Mac Carthy, aux Editions de l’Olivier Roman traduit de l’Anglais (Etats-Unis) par Françoiss Hirsch
De Alaa El Aswany, chez Actes Sud Roman traduit de l’Arabe (Egypte) par Gilles Gauthier
L’œuvre de Cormac Mac Carthy, né en 1933 et couronné cette fois par le prix Pulitzer, est considérée comme l’une des plus marquantes de la littérature américaine contemporaine. L’on cite à son propos Faulkner pour le côté Sud profond et Shakespeare pour la théâtralité habitée de ses lieux et personnages. Ce qui le distingue de beaucoup et le classe bien au-dessus de la mêlée, c’est effectivement son souffle extraordinaire et sa vision créatrice exceptionnelle. Mac Carthy, sensible à la beauté du monde, est hanté par la question du Mal. Dans ce dernier roman, l’Apocalypse a eu lieu. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets bizarres…le danger pouvant surgir à tout moment. Mac Carthy dépeint l’humanité dans une odyssée dépouillée. Sec et haletant !
A l’origine dentiste au Caire, l’auteur a connu une immense notoriété depuis la parution en 2006 de “L’Immeuble Yacoubian”, publié déjà en France chez Actes Sud, puis traduit en 22 langues et suivi du film de Marwan Hamed présenté lors de l’avant-dernier Festival du Film de Marrakech en présence de tous les acteurs égyptiens dont Yousra ! Dans ce nouvel univers romanesque, El Aswany s’intéresse cette fois à la petite communauté d’exilés égyptiens à Chicago -ville qu’il a bien connue au cours de ses études. S’ensuit une description de plusieurs personnages aux destins entrecroisés, comme dans son précédent roman. Mais ici, il s’agit d’existences transplantées dans un univers étrange et étranger : l’Egypte est là, nichée en plein cœur d’une Amérique traumatisée par le 11 Septembre. Un roman d’une grande ampleur décrivant le monde dans ses rêves, et la violence dans ses contradictions.
“L’inspecteur Ali” De Driss Chraïbi, en folio chez Gallimard On ne présente plus le regretté Driss Chraïbi. Fort probablement il nous contemple depuis l’au-delà qui nous a ravi sa formidable présence mais non ses écrits. “Vu, lu,”entendu”, “Le monde à côté”, “L’homme qui venait du passé”… L’on ne saurait trop recommander TOUT Chraïbi aux papivores avides d’amour et d’humour. Pour les autres, le ton désopilant et la désormais réputation mondiale du célèbre inspecteur Ali devrait faire l’affaire. Personnage de fiction créé de toutes pièces par Chraïbi luimême pour s’amuser ou faire face à son banquier, l’inspecteur Ali (qui doit beaucoup à la personne de l’auteur) est désormais devenu un classique. Vous ne pourrez résister à son côté hâbleur et provocateur, aussi expert en résolution de loufoques énigmes policières qu’en analyses pertinentes et inattendues au sujet de l’Islam. Réjouissez-vous à l’occasion d’une irrésistible galerie de portraits et d’un tableau de mœurs à nul autre pareil.
“Rock la Casbah” De Rachid Taha avec Dominique Lacout, chez Flammarion Un titre d’une chanson des Clash et en exergue une citation de Hassan Ibn al Sabbâh “je ne changerai pas de route à cause de mon nom, je ne changerai pas de nom à cause de ma route”, tout Rachid se retrouve là !... Pour ceux qui l’ont croisé, accompagné, vu sur scène ici ou là. Cinquante ans est le bel âge pour se lancer dans une autobiographie, même s’il y va à reculons, pressé par son éditeur. Cependant avec la fougue et l’enthousiasme qu’on lui connaît, il n’a pas hésité longtemps. Et un vertige vous saisit à la lecture de ces trente années de rock’n roll débridé car Rachid n’a rien voulu sacrifier de ses amitiés, de son enfance, de Carte de Séjour jusqu’aux stars du showbusiness… Mais c’est encore au travers des films, des disques, des livres qu’il a aimés et qu’il chronique à notre attention d’une plume pudique et élégante, qu’il est le plus attachant.
“La Consolante” D’Anna Gavalda, aux Editions Le Dilettante Ne vous laissez pas rebuter par les 635 pages de ce roman idéal pour l’été ! Vous rêvez d’une saga moderne qui rassemble hommes, femmes et enfants au sein d’histoires d’amours et de séparations, alors ce livre est pour vous. Tout ce petit monde s’agite ou réfléchit (un peu…), connaît des petits et grands bonheurs, et aussi quelques désillusions. Bref chacun s’y retrouvera. Anna Gavalda excelle dans le genre depuis “Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part” jusqu’à “Ensemble c’est tout”. Vous l’aurez compris sans détours, ce roman se laisse lire sans efforts : “Je voyais la petite fille que tu avais dû être, ou que tu avais été si l’on t’avait permis, alors, de faire des farces…”.