De la limite à la frange

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Source dessin A. Salas

De la limite à la frange L’interface ville-campagne comme outil conceptuel et opérationnel d’aménagement territorial durable Cas d’étude : la pénétrante de verdure de Frontenex – Genève

Mémoire académique de Master en développement territorial Sous la direction du professeur Philippe Convercey Andrea Salas - 2017 1


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Notice/Fiche analytique – Mémoire de Maîtrise en développement territorial * champs obligatoires AUTEUR*

NOM : SALAS

TITRE MEMOIRE*

De la limite à la frange. L’interface ville-campagne comme outil conceptuel et opérationnel d’aménagement territorial durable. Cas d’étude : la pénétrante de verdure de Frontenex – Genève.

NUMERO MEMOIRE

PRENOM : ANDREA

à remplir par le secrétariat GEDT/Géographie (Mme Sandrine Sciarrino)

DATE SOUTENANCE

13 JUIN 2017

SPECIALISATION* (AFFILIATION) VOLEE MDT*

Aménagement du territoire et paysage

TITRE ACADEMIQUE ANTERIEUR* (par ex.: Bachelor en géographie) DIRECTION* / EVALUATION

Architecte, spécialisée en gestion environnementale urbaine

STAGE (éventuel)

Organisme d’accueil

Bourse (éventuelle) reçue par l'étudiant

COLLATION* TERRAIN D’ETUDE OU D’APPLICATION MOTS-CLES* (entre 5 et 10)

Nb de pages* 157

RESUME* (max 1500 car)

Salle: B003 RDC 3

Heure: 10H30 – 12H00

2014

Directeur de mémoire* Philippe Convercey

Co-directeur de mémoire*

Maître de stage

Nb de figures* 201

Nom(s) du ou des juré(s)* -Alain Léveillé -Tiphaine Bussy -Rafael Schütz

Nb de tableaux*

Urbanisme, Aménagement du territoire, planification intercommunale, agriculture rurale, projet de paysage Interface ville-campagne, franges urbaines, pénétrante de verdure, espace public rural, agriculture périurbaine, campagne genevoise. Au cours des dernières années, l’émergence d’une nouvelle attitude d’aménagement par rapport à la limite villecampagne devient un questionnement central pour réfléchir à des stratégies afin de créer un rapport intelligible qui atténue les effets prononcés de l’urbanisation sur les territoires ruraux et de reconsidérer l’influence que la campagne peut avoir sur la ville. Les limites urbaines se présentent alors, comme le lieu de contact entre ces deux mondes, un espace stratégique pour clarifier la lisibilité de ces territoires décomposés. Ils sont un « entre-deux », composé de territoires, avec ses propres, dynamiques, fonctions, et forces. Un « espace de transition » qu’il faut identifier et l’accepter comme un territoire spécial et de caractère important à relever. Dans ce contexte, la dualité monde urbain / monde rural devient une dichotomie qu’il faut dépasser. Par conséquent, repenser cette interface « entre-deux » à travers d’un projet de paysage permettra de réconcilier ces deux mondes et de repenser cette interface comme une limite dilatée, dans laquelle le monde urbain et le monde rural fonctionneraient dans un rapport de complémentarité et non de dépendance. De ce fait, l’analyse de l’interface ville-campagne constitue le cadre général de la réflexion de ce travail de mémoire, les limites urbaines le lieu d’analyse et la pénétrante de verdure de Frontenex, le cas d’étude. Ce projet de mémoire s’interroge sur l’importance de l’articulation ville-campagne dans la conception des projets d’aménagement territorial dans l’optique de la durabilité et prétend, par conséquent, analyser les opportunités et la valeur de la pénétrante de verdure de Frontenex comme frange urbaine-rurale dans la construction du territoire de l’agglomération franco-valdo-genevois. Dans ce contexte, la pénétrante de verdure de Frontenex comme frange urbaine-rurale représente alors, un espace d’opportunité pour mettre en place de nouvelles formes d’aménagement, de gouvernance et de nouvelles pratiques d’intégration des enjeux du développement durable. Finalement, les éléments apportés par cette réflexion souhaitent construire une image directrice pour la pénétrante de verdure de Frontenex dans laquelle elle se consoliderait comme une frange urbaine-rurale s’étendant au-delà de ses propres limites et structurant l’ensemble d’un territoire de l’agglomération, du canton et de la ville. Cette image directrice intercommunale a pour objectif de devenir un outil dans la pérennisation de la pénétrante de verdure comme entité territoriale. De ce fait, l’idée de renfoncer, de préserver et de valoriser l’identité de la campagne, ses liens avec les espaces et les acteurs, ne sera que plus affirmée.

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SUMMARY* (en anglais)

REMARQUES 8 mars 2017

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In recent years, the emergence of a new planning attitude towards the urban-rural boundary has become a central questioning point for thinking about strategies to create an intelligible relationship that mitigates the pronounced effects of urbanization on rural areas and to reconsider the influence that the countryside can have on the city. The urban boundaries then present themselves, as the place where these two worlds meet, as a strategic space to clarify the legibility of these decomposed territories. They are an “in-between”, made up of territories, with its own, dynamic, functions, and forces. A “transitional space” that needs to be identified and accepted as a special and important territory to be taken up. In this context, the duality between urban and rural areas becomes a dichotomy that must be overcome. Therefore, rethinking this interface “in-between” through a landscape project will make it possible to reconcile these two worlds and to reconsider this interface as a dilated limit, in which the urban and rural world would function in a relationship of complementarity and not dependency. Thus, the exploration of the urban-rural interface constitutes the general framework for the reflection of this thesis, the urban limits is the place of analysis and the penetrating greenery of Frontenex, the case study. This project aims to examine the importance of the urban-rural articulation in the design of territorial development projects with a view to sustainability and, consequently, to analyse the opportunities and value of Frontenex's penetrating greenery as a fringe between rural and urban areas in the construction of the French-Vaud-Geneva conurbation. In this context, Frontenex's penetrating greenery as a fringe of rural and urban areas represents an opportunity to implement new forms of development, governance and new practices for integrating sustainable development issues. Finally, this reflection results wish to build a guiding image for the penetrating greenery of Frontenex in which it would consolidate itself as a rural-urban fringe extending beyond its own limits and structuring the whole territory of the agglomeration, the canton and the city. This intermunicipal guiding image aims to develop into a tool in the perpetuation of the penetrating greenery as a territorial entity. As a result, the idea of reinforcing, preserving and enhancing the identity of the campaign, its links with spaces and actors, will only become stronger.


[résumé ]

Au cours des dernières années, l’émergence d’une nouvelle attitude d’aménagement par rapport à la limite ville-campagne devient un questionnement central pour réfléchir à des stratégies afin de créer un rapport intelligible qui atténue les effets prononcés de l’urbanisation sur les territoires ruraux et de reconsidérer l’influence que la campagne peut avoir sur la ville. Les limites urbaines se présentent alors, comme le lieu de contact entre ces deux mondes, un espace stratégique pour clarifier la lisibilité de ces territoires décomposés. Ils sont un « entre-deux », composé de territoires, avec ses propres, dynamiques, fonctions, et forces. Un « espace de transition » qu’il faut identifier et l’accepter comme un territoire spécial et de caractère important à relever. Dans ce contexte, la dualité monde urbain / monde rural devient une dichotomie qu’il faut dépasser. Par conséquent, repenser cette interface « entre-deux » à travers d’un projet de paysage permettra de réconcilier ces deux mondes et de repenser cette interface comme une limite dilatée, dans laquelle le monde urbain et le monde rural fonctionneraient dans un rapport de complémentarité et non de dépendance. De ce fait, l’analyse de l’interface ville-campagne constitue le cadre général de la réflexion de ce travail de mémoire, les limites urbaines le lieu d’analyse et la pénétrante de verdure de Frontenex, le cas d’étude.

Ce projet de mémoire s’interroge sur l’importance de l’articulation ville-campagne dans la conception des projets d’aménagement territorial dans l’optique de la durabilité et prétend, par conséquent, analyser les opportunités et la valeur de la pénétrante de verdure de Frontenex comme frange urbaine-rurale dans la construction du territoire de l’agglomération franco-valdo-genevois. Dans ce contexte, la pénétrante de verdure de Frontenex comme frange urbaine-rurale représente alors, un espace d’opportunité pour mettre en place de nouvelles formes d’aménagement, de gouvernance et de nouvelles pratiques d’intégration des enjeux du développement durable. Finalement, les éléments apportés par cette réflexion souhaitent construire une image directrice pour la pénétrante de verdure de Frontenex dans laquelle elle se consoliderait comme une frange urbaine-rurale s’étendant au-delà de ses propres limites et structurant l’ensemble d’un territoire de l’agglomération, du canton et de la ville. Cette image directrice intercommunale a pour objectif de devenir un outil dans la pérennisation de la pénétrante de verdure comme entité territoriale. De ce fait, l’idée de renfoncer, de préserver et de valoriser l’identité de la campagne, ses liens avec les espaces et les acteurs, ne sera que plus affirmée.

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[mots-clés ] Interface ville-campagne, franges urbaines, pénétrante de verdure, espace public rural, agriculture périurbaine, campagne genevoise.

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[Remer ciements ] Tout d’abord, je tiens à remercier Philippe Convercey, directeur de ce travail de fin d’études. Merci beaucoup pour le temps consacré, ses conseils et surtout pour avoir partagé son expertise et son regard critique. Un grand merci à toutes les personnes qui ont contribué à la construction et à l’aboutissement de ce travail mémoire, qui ont mis à disposition leur temps, leurs conseils et leur expertise lors des entretiens, en particulière à Alain Léveillé, Tiphaine Bussy et Rafael Schütz. Plus particulièrement, mes remerciements s’adressent à Alex sans qui je n’aurais jamais imaginé écrire mon mémoire. Merci d’être toujours là pour moi.

Un grand merci aux filles : Anne Sophie, Marie, Sara, Céline, Hélène pour sa capacité d’écoute, sa disponibilité et leur encouragement. J’exprime également ma gratitude à Quentin Coldefly qui m’accompagne pendant ces trois ans d’études, merci pour tous ces agréables moments passés ensemble. À ma famille pour son précieux soutien lors de ces années d’études. Finalement, je rends hommage au professeur Laurent Daune, de m’avoir accompagné dans le début de mes réflexions et d’avoir dirigée dans ma recherche, pour ses conseils de rédaction et ses jolis dessins sur l’interface ville-campagne.

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Sommaire

INTRODUCTION 1. De la limite à la frange – cadre théorique et conceptuel

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1.1 La limite – Qu’est-ce qu’est la limite ? 1.1.1 La genèse du concept de limite

2. Genève et l’interface ville campagne – cadre institutionnel et politique

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2.1 Révision du cadre institutionnel et politique 2.1.1 Le projet de territoire Suisse 2.1.2 Le projet de territoire du Grand Genève. 2.1.3 Plan Directeur cantonal (PDCn 2030 ) 2.1.4 Plan directeur communal de Genève (PDcom 2020)

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3. Genève et ses pénétrantes de verdure

49 3.1 L’origine du concept 3.1.1 L’évolution : du parc à la trame vert/bleue 3.2 Les pénétrantes de verdure à Genève 3.2.1 Les influences de son origine 3.2.2 L’évolution de la notion de pénétrante de verdure dans l’histoire urbaine à Genève 3.2.3 L’état actuel – typologies de pénétrantes du canton de Genève 3.2.3.1 Echappés lacustres 3.2.3.2 Grandes ouvertures sur le relief 3.2.3.3 Le long des rivières 3.2.3.4 Le long de grands cours d’eau – Le Rhône et L’Arve

4. La pénétrante de verdure de Frontenex – le cas d’étude

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4.1 Un paysage agricole entre lac et montagne – contextualisation 4.1.1 La pénétrante de verdure dans le bassin genevois

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4.1.2 La pénétrante de verdure dans le Projet d’Agglomération 4.1.3 La pénétrante de verdure dans le Plan directeur cantonal (PDCn 2030) 4.1.4 La pénétrante de verdure dans le Plan directeur communal de Genève (PDcom 2020) 4.1.5 Synthèse contexte élargi 4.2 Une frange urbaine-rurale décousue – contexte direct 100 4.2.1 La genèse du territoire 4.2.2 Le contexte général 4.2.2.1 Territoire et hydrologie 4.2.2.2 Territoire et patrimoine routière 4.2.2.3 Tissu urbain et patrimoine architectural 4.2.2.4 Territoire et composition 4.2.2.5 Territoire et milieux naturel 4.2.2.6 Territoire et structure végétale 4.2.3 Synthèse 4.3 Contexte détaillé 118 4.3.1 Quartier des Eaux-Vives, une pénétrante urbaine 4.3.2 Commune de Cologny, une pénétrante résidentielle et agricole 4.3.3 Commune de Vandeouvres, une pénétrante agricole et résidentielle

5. Synthèse et conclusion

5.1 Du constat au projet 5.2 Schema directeur 5.2.1 Objectifs de la planification 5.2.2 Principes d’aménagement - les intentions 5.3 L’image directrice intercommunale, un outil d’aménagement pour la pénétrante de verdure de Frontenex.

6. Bibliographie

6.1 Articles scientifiques et études 6.2 Ouvrages 6.3 Documents officiels 6.4 Sites d’internet

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Source : photo A. Salas

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[ intr oduction ]

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INTRODUCTION Il ne s’agit pas simplement de flâner aux limites des villes et du monde rural, mais de reconsidérer les relations entre la ville et la campagne, entre la culture urbaine et le monde agricole … pourquoi l’agriculture périurbaine ne pourrait-elle pas être considérée par les aménageurs comme un outil d’urbanisme capable d’organiser durablement le territoire des cités ?” (Donadieu, 1998 : 9)

Le contexte : Dans un monde fini et limité, la recherche de la durabilité est devenue un enjeu majeur dans la conception et la mise en œuvre des projets d’aménagement urbains. La construction de la ville de demain1, questionne nos actuels modes de vie fondés sur une attitude de consommation à outrance des ressources, et nous interroge sur la façon dont nous avons habité le territoire. Dans cet esprit, l’idée d’avenir nous guide vers une réflexion axée sur de nouveaux liens entre les aspects morphologiques, structurels et fonctionnels de la ville par rapport à la notion de durabilité. S’inscrire dans la perspective du développement durable, c’est comprendre que les villes sont au centre de notre avenir environnemental (Sassen, 2010) et que les défis consistent à adapter les conceptions urbanistiques et les systèmes de planification à l’impératif écologique (Ruano & Sáenz de Valicourt, 1999). Cette transition urbaine vers l’exploration de la notion de l’aménagement durable met en évidence l’ambiguïté du concept de ville. Les espaces urbains sont tantôt présentés comme le reflet des principaux problèmes sociaux et environnementaux, tantôt, comme la source

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du changement. Les villes sont un laboratoire ouvert et libre à explorer2. « Les villes ne sont pas durables, mais elles peuvent contribuer à la durabilité » (Da Cunha, Knoepfel, Leresche, & Nahrath, 2005)

Par conséquent, constater que ce sont nos insoutenables modes de vie qui influent sur l’organisation territoriale (Boutaud, 2006) indique que, tout d’abord, un changement du regard est nécessaire et que nous devons nous questionner sur la façon dont la ville a aménagé son territoire jusqu’à aujourd’hui. D’autre part, il faudrait aussi reconsidérer la place de la planification dans la gestion des territoires durables comme un défi, et cela nous amène à réfléchir à de nouvelles pratiques d’aménagement. De nouveaux scénarios qui devraient être mis en place afin d’explorer différentes méthodes d’aménagement de l’interface ville-campagne. De ce fait, l’analyse de l’interface ville-campagne constitue le cadre général de la réflexion de ce travail de mémoire, et les limites urbaines le lieu d’analyse.


Pénétrante de verdure commune de Vandeouvres. Source : photo A. Salas - printemps 2016

On considère ici la ville comme structure territoriale composée par les espaces urbains comme les espaces ruraux. 2 « The global environmental challenge becomes tangible and urgent in cities. Thus, it is critical that we understand the capabilities of cities to transform what is today a negative environmental impact to a positive one. We must make cities part of the solution » (Sassen, 2010 : 2) 13 1


INTRODUCTION

L’opportunité : La dichotomie incarnée par la l’interface ville-campagne : deux mondes séparés par une “ligne”

Chemin des Falquets - Cologny, source : photo A. Salas - printemps 2017

« Ces deux mondes, il faut les articuler par l’entremise d’un milieu singulier, qui les concilie, qui les fasse profiter l’un de l’autre, qui les mutualise. Cette ligne mince et fragile qui les sépare, il faut la dilater, lui donner une épaisseur et une existence qui leur profite à l’un comme à l’autre, empruntent leurs qualités à l’un comme à l’autre, les enrichisse l’un comme l’autre. Ce sont des liens ouverts qu’il faut créer, une porosité qu’il faut établir, et non une ceinture de contention qui, fût-elle verte, ne correspondrait qu’à la dilatation d’un grillage » (Desvigne, Epaissir les lisières, 2010 : 3)

Au cours des dernières années, l’émergence d’une nouvelle attitude d’aménagement par rapport à la limite ville-campagne devient un questionnement central pour réfléchir à des solutions et à des stratégies afin de créer un rapport intelligible qui atténue les effets prononcés de l’urbanisation sur les territoires ruraux et de reconsidérer l’influence que la campagne peut avoir sur la ville. Les limites urbaines se présentent alors, comme le lieu de contact entre ces deux

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mondes, un espace stratégique pour clarifier la lisibilité de ces territoires décomposés. Un « entre-deux », composé de territoires, avec ses propres, dynamiques, fonctions, et forces. Un « espace de transition » qu’il faut identifier et l’accepter comme un territoire spécial et de caractère important à relever. Dans ce contexte, la dualité monde urbain / monde rural devient une dichotomie qu’il faut dépasser. Les deux territoires existent et se définissent même en opposition l’un par rapport à l’autre : en effet, l’évolution


des champs est étroitement liée à celle de l’évolution des modes de vie dans les villes et les villes dépendent aussi des leurs campagnes. Par conséquent, repenser cette interface « entre-deux » à travers d’un projet urbain permettra de réconcilier ces deux mondes et de repenser cette interface comme une limite dilatée, dans laquelle le monde urbain et le monde rural fonctionneraient dans un rapport de complémentarité et non de dépendance. Toujours dans cette logique, chacun de ces deux mondes n’est pas qu’un vide ou un espace construit, mais devient un composant articulé, une frange urbaine qui organise et structure le territoire à plusieurs échelles : depuis le grand territoire en passant par les agglomérations jusqu’aux quartiers. (Daune & Mongé, 2011). Les limites urbaines deviennent des territoires à enjeux urbains importants, ils ne sont que des lieux stratégiques pour organiser et structurer les territoires urbains, mais ils sont aussi des espaces intéressants pour mettre en valeur la gestion et l’intégration des paysages agricoles dans l’organisation urbaine.

On ne parle plus de la frontière ville-campagne, mais bien des franges d’épaisseurs, de continuités » (Daune & Mongé, 2011: 96 ).

1. Les limites urbaines, lieu de contact = “lieu stratégique” pour clarifier la lisibilité de ces territoires décomposées 2. Un “entre-deux”, un espace de transition qu’il faut identifier et le traiter comme un seule territoire. 3. Une “limite dilatée”, dans lequelle le monde urbain et le monde rural fonctioneraient dans un rapport de complémentaritée et non de dépendance L’interface ville-campagne. Source : A. Salas

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INTRODUCTION

La stratégie : de la limite à la frange

La limite

Le monde urbain

Le monde rural (espaces ouverts/ productifs/naturels)

La frange : lieu d’opportunité, espace de négotiation et d’articulation.

De la limite à la frange. Source : A. Salas

L’existence de cette ligne physique qui sépare la ville et la campagne demande un changement de regard, une autre manière d’appréhender la limite. D’après Follèa (2013 : 4), le modèle des enceintes fortifiées qui séparaient physiquement la cité des champs dans l’âge médiéval, existe encore aujourd’hui, mais à l’échelle de la parcelle avec l’individualisation du paysage. Selon lui, le tissu pavillonnaire présent dans les espaces périurbains a créé son propre rempart et a aisément individualisé avec ses clôtures mitoyennes les espaces ouverts à l’échelle de la parcelle, et cela représente « le triomphe du paysage individuel et la morte du paysage comme bien commun. » :

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« Le modèle culturel du rempart a radicalement changé d’échelle, il s’est atomisé, passant du village collectif dans son ensemble à la parcelle individuelle : chaque maison est une bastide, et son rempart est fait de clôtures Lapeyre et des thuyas Truffaut. Le grand espace non bâti, naturel, agricole et forestier, moins nécessaire économiquement, devient également moins nécessaire socialement : le pré devient pelouse, la forêt se mue en bosquet décoratif, la zone humide en bassin à poissons rouges, la rivière ou la mer en piscine, et l’homme en nain de jardin peut-être, ou à tout le moins en forçat de la tonte » (Folléa, La ville-archipiel, figure du paysage urbain durable?, 2013 )


Extrait, Genève, la forteresse, 1760. Source : swissinfo.ch3. 2015

Campagne genevoise, Vandoeuvres. Source : https:// map.geo.admin.ch. 2017

En plus, la frontière existante n’est pas seulement physique, elle se présente aussi en termes de logiques et de fonctions. Chacun de ses espaces est règlementé et clairement défini dans son individualité. D’après Bourdin, Ruegg, & Salomon , (2017) la ville et la campagne relèvent de démarches individuelles et ces relations semblent encore être peu structurées.

comme une frontière il faudra la supprimer et réfléchir quant à l’épaisseur de la frange afin de la percevoir comme un espace articulé : « un troisième paysage4 »

Pourtant, la stratégie à mettre en place afin de garantir la proximité spatiale entre la ville et la campagne, c’est avant tout de réinventer la limite : plutôt que voir la limite

« La catastrophe ordinaire des périphéries des villes s’incarne dans cette ligne terrible qui sépare le milieu pavillonnaire des vastes terrains productifs par les remembrements parcellaires de l’agriculture extensive contemporaine. » Michel Desvignes, paysagiste. Grand prix de l’urbanisme, 2011. (ADEUS. L’agence de Développement et d’Urbanisme de l’Agglomération Strasbourgeoise, 2013)

Image disponible sur : https://www.swissinfo.ch/democratiedirecte/la-suisse-en-cartes_quand-la-cartographie-devient-un-art/41832862. 4 Selon Vanier (2010 : 49) Le troisième paysage : “devient ce troisième terme qui amène de la transformation et qui cherche de la reconnaissance, une troisième terme, porteur d’une telle mutation dans le processus où il s’insère”. 17 3


INTRODUCTION

L’hypothèse : Penser la frange urbaine-rurale comme un troisième paysage, un outil d’urbanisme capable d’organiser durablement le territoire.

Le troisième paysage. Source : A. Salas

« La bande continue qui se substitue à la ligne y gagne en variété. Elle se dilate et se gonfle plus ou moins au gré de ce qu’elle croise. Elle appelle l’invention de solutions spécifiques, avec un vocabulaire particulier » (Desvigne, Epaissir les lisières, 2010 : 4)

La frange urbaine c’est alors, cette troisième dimension territoriale où existe une imbrication mutuelle entre le monde urbain et le monde rural5 et justement cette imbrication devient un fort potentiel pour traiter l’interface dans une démarche durabiliste6 , aspirant d’après Da Cuhna (2005), à promouvoir un projet collectif visant à rendre compatible, à long terme, les exigences de l’environnement et du développement social. La frange urbaine représente alors, un espace d’opportunité pour mettre en place de nouvelles formes d’aménagement, de

gouvernance et de nouvelles pratiques d’intégration des enjeux du développement durable : viabilité, effiquité et justice environnementale. Grâce à ses qualités, cette interface, représente un fort potentiel de production de services écosystémiques et de biodiversité qui travaillées dans une approche intégrée entre société et l’environnement – équité environnementale - favorisera la construction des liens entre la ville, la campagne et le paysage. Toujours dans cette logique, travailler sur

« Il y a bien l’urgence à penser autrement en mettant en évidence et à activer ce que nous pourrions appeler le « potentiel rural » en matière de ressources et d’innovations sociales et spatiales. Refonder le « pacte ville campagne » constitue une nécessité pour regarder l’apport singulier et positif des territoires ruraux dans l’invention de nouveaux écosystèmes humains performants » (Martin, 2010-2015) 6 « La démarche durabiliste est plutôt celle de la mobilisation des savoirs scientifiques et de l’engagement de processus de changement fondés sur l’apprentissage collectif, sur un dessein stratégique et un projet dans lequel l’exploitation des ressources, l’orientation des investissements, l’orientation du développement technologique et les changements institutionnels cadrent avec les exigences du future autant qu’avec celles du présent » (Da Cunha, 2005 : 16 ) 18 5


la frange urbaine permettra de ménager les ressources dans la consolidation d’un nouvel écosystème urbain-rural structuré à partir de l’imbrication entre ces deux milieux : un écotone7 , qui va mettre en équilibre cet entrecroisement dans une logique de valorisation des ressources au service de l’homme et de l’écosystème. Du fait de leur position d’interface, travailler sur cet espace ouvre l’opportunité de s’interroger sur les différents modes de gouvernance et gestion économique qui pourraient être mis en place dans l’interterritorialité8 de cette hybridation. Un nouveau paysage urbain qui devra être développé à partir d’une stratégie de viabilité et d’effiquité collective entre les différents acteurs urbains et ruraux. Un « troisième paysage » avec sa propre spécificité qu’il faudra réglementer avec leur propre vocabulaire, développer dans une vision d’ensemble et bien intégrer dans les documents d’urbanisme. Des relations sont à établir entre les pleins et les vides pour faire l’ensemble un paysage urbain, avec ses densités, ses aérations, et ses pratiques sociales de proximité » (Folléa, 2013 )

age entre la ville et la campagne, relevant de logiques qui sont à la fois urbaines et rurales » (Vanier, 2010 : 53), pourrait être examiné alors comme un espace d’écotone urbain-rural « un espace entre deux écosystèmes » qui loin d’être considéré dans l’individualité de chaque entité. Il sera analysé, dans la reconnaissance de ces nouveaux rapports issus de leur interterritorialité dans une logique de co-élaboration entre les territoires aux ressources économiques, sociales et environnementales.

Le triangle du développement durable : viabilité, effiquité et justice environnementale. Source : (Da Cunha, 2005 :16 )

Somme toute, ce troisième paysage : « cet espace hybride, composite, complexe, part-

En termes écologiques un écotone est une zone de transition écologique entre plusieurs écosystèmes, est un milieu très riche en biodiversité. 8 Territorialité : “le rapport collectif d’une société à un territoire. Il s’imprime aussi dans un registre de valeurs culturelles et sociales, mémorielles et symboliques. La territorialité reflète encore la multidimensionnalité du vécu territorial de chaque individu socialisé” (Raffestin, 1980). Par conséquent, l’interterritorialité : c’est la reconnaissance de chaque entité territoriale dans une relation d’ensemble, de réciprocité ou d’interaction mutuelle. 19 7


INTRODUCTION

L’objectif et les questions de recherche

L’interface ville-campagne. Source : A. Salas

Dans cette idée dont les villes sont la solution et l’urbanisme possède les outils pour devenir un enjeu clé dans les tentatives de minimiser les empreintes écologiques des villes. Ce projet de mémoire s’interroge sur l’importance de l’articulation ville-campagne dans la conception des projets d’aménagement territorial dans l’optique de la durabilité et prétend, par conséquent, analyser les opportunités et la valeur de la pénétrante de verdure de Frontenex comme frange urbaine-rurale dans la construction du territoire de l’agglomération franco-valdo-genevois.

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Pourtant, travailler sur ce sujet soulève un certain nombre de questions qui prétendent être résolues dans le déroulement théorique et pratique de ce travail : 1) Comment est-il possible de combler cet écart existant et contradictoire entre les territoires urbains et ruraux ? 2) Comment repenser ce territoire émergent « la frange urbaine » à partir d’un changement d’approche en matière d’aménager les territoires ? 3) Comment ce territoire « entre-deux » souvent oublié peut-il s’impliquer dans la gestion durable du territoire ? 4) Comment la frange urbaine-rurale peut-elle devenir un outil d’aménagement capable d’organiser durablement les territoires ?


Structure du travail Ce travail de mémoire se présente en deux grandes parties : la première partie a pour objectif cerner le cadre théorique et conceptuel dans lesquels les concepts de territoire, limite et frange sont mobilisés afin de comprendre l’interface ville-campagne : 1. Dans l’idée de dépasser la stigmatisation spatiale de la dualité ville-campagne, il s’agit, tout d’abord, de comprendre le territoire de l’interface, mener une recherche sur le potentiel d’aménagement dans les limites urbaines et se questionner sur les différentes stratégies à mettre en place pour retisser des liens entre le monde urbain et le monde rural. Concrètement, pour comprendre le contexte actuel de l’interface ville-campagne, cette première sous-partie examine la genèse du concept du territoire, aborde le concept de la limite et analyse l’évolution des éléments composants de cette lisière. 2. Ensuite, l’approche de cette réflexion est fondée sur l’idée de donner une épaisseur à la division spatiale entre ces deux mondes et de considérer la frange comme territoire à enjeux urbains importants dans lequel le monde urbain et le rural fonctionnent selon un rapport de com-

plémentarité et non de dépendance. Cette deuxième sous-partie : prétend, dans une démarche durabiliste, comprendre la frange comme un écotone et l’analyser dans la reconnaissance de ces nouveaux rapports issus de leur interterritorialité. Finalement, l’approche de cette recherche aspire à démontrer que planifier le « troisième paysage » devient un enjeu imminent dans la planification des villes et dans la planification du territoire comme bien commun.

Le territoire de l’interface ville-campagne. Source : A. Salas

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INTRODUCTION

Dans la deuxième partie, nous nous sommes penchés sur l’analyse d’un cas d’études : celui de Genève, pour le caractère remarquable de ses pénétrantes de verdure qui composent son territoire. Parmi elles, celle de Frontenex nous a permis, grâce à son caractère et sa localisation, d’analyser la limite urbaine et comprendre les liens existant entre la ville et la campagne. Ce dernier chapitre est constitué de trois sous-parties : 1. Gérer l’évolution de l’urbanisation dans l’espace rural est un objectif clé dans les stratégies de développement durable en Suisse. Le canton de Genève est un exemple de conservation d’espaces agricoles tout comme sait l’être la Suisse dans la préservation des surfaces d’assolement (SDA). Cette première sous-partie a pour but, d’une part, de contextualiser le cadre institutionnel et politique de l’interface ville-campagne en Suisse et dans la région genevoise, puis de, mettre en contexte la pénétrante de verdure : la genèse du concept, l’évolution historique et son actuel statut dans le projet d’agglomération.

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2. L’analyse de la pénétrante de verdure de Frontenex poursuit plusieurs objectifs. La deuxième sous-partie est constituée d’un diagnostic et d’une analyse qui se déclinent à différentes échelles, depuis l’ensemble de l’agglomération, passant par le canton, la ville de Genève, jusqu’aux communes concernées. Il s’agit, tout d’abord, de faire ressortir les pistes et les intentions de projet visant à proposer une image directrice intercommunale de la pénétrante de verdure de Frontenex. 3. Pour terminer, nous tenterons de répondre aux questions de recherche soulevées par ce travail de mémoire. Cette dernière partie propose ainsi une image directrice intercommunale qui a pour objectif de devenir un outil dans la consolidation de la pénétrante de verdure comme entité territoriale. De ce fait, l’idée de renfoncer, de préserver et de valoriser l’identité de la campagne, ses liens avec les espaces et les acteurs, ne sera que plus affirmée.


1. De la limite Ă la frange cadre thĂŠorique et conceptuel

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De la limite à la frange

1.1 La limite – qu’est-ce qu’est la limite ?

La limite. Source : A. Salas

Limite : « Agencement mettant en contact deux espaces juxtaposés et permettant leur interface9»

font pas que découper les territoires géographiques en délimitant son contenu, elles trouvent aussi du sens dans sa proximité et son altérité19 comme le réaffirme Segaud La limite est une ligne de contact entre (2002) : les frontières sont des construcdeux étendues, elle peut être symbolique tions qui ne peuvent se comprendre qu’à ou matérielle, elle délimite, circonscrit et travers l’un et l’autre côté. Elles trouvent marque le début ou la fin d’un espace. La leur sens par cet aspect de mitoyenneté, limite peut devenir une frontière : un instru- dans ce qu’il y a de part et d’autre, ce ment géographique de différenciation et qui fait sens est ainsi l’interaction. Loin d’organisation de l’espace ; elle peut aussi d’être un élément purement juridique, devenir une interface : la mise en contact de selon Lasserre (2008 :197) elles sont une deux espaces. construction sociale et politique, qui reflète à la fois des rapports de force, mais qui Les frontières d’après Raffestin,(1975) sont contribue aussi à structurer l’espace autour un instrument géographique de différencia- de son tracé. tion et d’organisation de l’espace. Elles ne « Limite », 2003. Levy J., Lussault M. (dirs), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés. Paris, Editions Berlin, p280 10 L’altérité c’est la reconnaissance de l’autre dans sa différence. 11 « Interface », 2003. Levy J., Lussault M. (dirs), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés. Paris, Editions Berlin, p522. 12 Berque (2011), Le rural, le sauvage, l’urbain, p2 13 D’après le dictionnaire, le territoire est une surface terrestre humanisée. Un ensemble des lieux où se déroulent les activités humaines, domaine d’intervention et d’aménagement-ménagement, « espace » de 24 9


Interface : « c’est une famille de relations entre espaces, d’interspatialités. Elle se réalise horizontalement et « de face » sous la forme d’un contact par juxtaposition. Les interfaces les plus repérables sont cependant celles où l’interpénétration entre les deux espaces est la plus faible : frontières matérialisées, contact aux limites de l’écoumène, relation entre espaces à forte opposition de tous leurs composants comme dans le cas de villes compactes au contact d’espaces ruraux11» Le territoire. Source : A. Salas

1.1.1 La genèse de la limite Pour parler de la limite dans l’interface ville-campagne, il faudra avant tout, commencer par comprendre la définition de territoire comme lieu où la limite se matérialise. Cette recherche va prendre comme référence l’analyse que Augustin Berque12 a faite sur l’étude des milieux humains. Notre propos, n’est pas d’analyser l’origine des milieux humains, mais plutôt de reprendre spatialement la genèse de la limite afin de comprendre le déclenchement de l’opposition entre ces deux mondes.

Le Territoire13 : dans le sens géographique, il est une entité spatiale et humanisée14. Il est spatial, car il se matérialise dans un espace « topos15» et il est humanisé, dans la mesure où il est composé d’un ensemble de relations produites par l’homme qui évoluent dans la continuité du temps. D’après Magnaghi (2014) c’est le résultat matériel d’un processus de coévolution entre les établissements humains (organisés sur une base culturelle) et le milieu ambiant16 (organisé sur des bases géologiques et biologiques).

déploiement du double processus d’humanisation-territorialisation de la Terre, le territoire est le « monde » comme domaine de l’habitation des hommes. » « Territoire », 2003. Levy J., Lussault M. (dirs), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés. Paris, Editions Belin, p912. 14 Selon le dictionnaire, le mot « territoire » se comprend à partir de deux moments de la réflexion spatiale : 1èr moment, celui de la prise en compte, par termes étendue ou espace, d’une catégorie de la « réalité », antérieure à l’activité des hommes et nécessaire à la localisation de leurs vies et des « choses » qui les entourent. 2ème moment, celui de la reconnaissance de toute portion de surface terrestre comme un objet humanisé, « écoumènisé » produit des rapports sociétaux sur une « donnée » antérieure « Territoire », 2003. Levy J., Lussault M. (dirs), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés. Paris, Editions Berlin, p913. 25


De la limite à la frange

Berque a défini le territoire comme un écoumène17 composé de trois motifs qu’organisent l’existence dans l’espace et le temps : le rural, le sauvage et l’urbain. Selon lui, la ville et la campagne, dans ces origines, se sont instituées dans l’espace sauvage. Espace qu’est devenu un territoire anthropisé produit de processus de coévolution entre les humains et la nature. Le rural devient alors, d’après lui, cet espace premier : « la clairière donc la cosmicité a commencé à se déployer18», le lieu où la vie a commencé à s’organiser. Dans l’évolution du territoire, Berque explique que la naissance des civilisations urbaines devient cette refondation du monde dont la ville puissante s’impose comme centre, en délaissant le monde rural. Viard (1990) dénomme ce phénomène : l’urbanisation du monde. La campagne

devient, alors, un stade intermédiaire entre un espace plus naturel ou sauvage (la forêt, la montagne, la rivière…) et un espace plus artificiel (la ville). Berque la catégorise comme un nouveau lieu dont cette campagne s’est retrouvée rejetée hors monde19, mais Viard, la catégorise comme un objet de la ville20. D’où, dans la composition de cet écoumène, la frontière comme point de contact et de différenciation entre ces deux espaces définis (le rural et l’urbain) émerge comme élément structurant. Comment l’affirme Jackson (2003), « dans la mesure où tout territoire est une composition d’espaces, il est également une composition ou un réseau de frontières ». Dans ce contexte, le territoire fonctionne comme le support spatial de la limite,

« D’après Aristote, au IVe livre de sa Physique, qui définit le topos (lieu), le « topos » aristotélicien possède une limite définie (peras) ; en revanche, la chôra, est indéfinie. Ensuite, le topos est séparable de la chose qu’il situe, comme un vase est séparable du liquide qu’il contient, car la chose est mobile, tandis qu’il ne l’est pas ; la chôra, elle, étant à la fois l’empreinte et la matrice de la genèsis, en est indissociable ». Augustin Berque, « Logique des lieux de l’écoumène », Communications 2010/2 (n°87), p. 17-26. DOI 10.3917/commu.087.0017, p4. 15

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La genèse de la limite. Source : A. Salas

étant-elle physique ou symbolique, elle se matérialise afin de révéler les différentes réalités existantes.

car la limite s’est concrétisée pour faire exister la ville et la contenir hors de son milieu originel : le rural.

Berque, explique qu’il y a d’abord la limite essentielle, celle qui sépare le monde rural du monde sauvage, aussi appellé par Jean Viard (1990) comme les frontières naturelles. Puis l’existence de la ville a créé une deuxième limite : celle qui trace la différence entre l’urbain et le rural. Berque a appelé ce phénomène : la refondation du monde,

Pour Viard21, dans cette refondation du monde, la ville a envahi son milieu originel, elle a perdu sa correspondance avec son espace rural/naturel et elle a entraîné une relecture et une réappropriation de l’ensemble des sols, en créant une géographie de zones avec ses propres règles.

Selon (Magnaghi, 2014 : 9), le milieu ambiant fait référence au terme d’environnement qui tient la nature aux environs des hommes. 17 L’écoumène selon Berque c’est la relation de l’humanité à l’étendu terrestre. « La planète est physico-chimie ; la biosphère est écologique, c’est-à-dire physico-chimique et biologique ; l’écoumène est écosymbolique, c’est-à-dire écologique et symbolique. L’écoumène est la relation de l’humanité à l’étendue terrestre, ajoute une dimension symbolique à la dimension écologique de la biosphère et signifie que les choses y sont à la fois ce qu’elles sont mais aussi toujours autre chose. » (Berque, La demeure des choses. Jardin, écoumène, espace virtuel , 1999) P155 18 ibid. p 4 19 ibid. p 7 20 « L’homme arraché à la nature par le travail de son cerveau peut alors, construire une nature conceptuelle, lui donner des lois de fonctionnement et se définir un code de relation avec elle. Ainsi, avant de penser protéger la nature, il fallait la concevoir comme objet. Et la concevoir comme objet est inséparable de la mise en œuvre d’un regard et d’une relation qui présupposent la distance. » (Viard, 1990)p 20 21 ibid. p 20 16

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De la limite à la frange

1.1.2 Qu’est-ce qu’est la limite dans l’interface-ville campagne ?

La limite. Source : A. Salas

Dans la compréhension de l’interface ville-campagne, la limite apparaît comme cette frontière relationnelle en raison des rapports étroits qu’elle entretient avec le territoire, mais aussi ecomme une entité géographique qui configure ces deux mondes. Selon les trois types d’effet de la frontière définis par Raffestin, d’après nous, la limite dans cette interface peut se traduire dans le sens où elle : 1. délimite l’espace urbain/bâti de l’espace ouvert/rural, c’est qu’il appelle l’effet direct de la frontière, provoqué par le tracé même de la ligne.

ligne frontière ne peut pas être indépendante de la zone qu’elle traverse, même dans les régions inhabitées, car elle est déjà un aménagement, une première esquisse d’organisation du secteur touché. Elles sont les deux faces d’une même chose » (Guichonnet, 1974 : 44)

2. juxtapose différents types de souveraineté politique, économique et culturelle entre l’espace rural et l’espace urbain, ce qu’il appelle l’effet indirect de la frontière.

3. dans la mesure où les structures mentales, démographiques, politiques et économiques sont différentes de chaque côté, la limite favorise l’isolement, c’est « Il faut se persuader que la « fabrication » de la l’effet induit : la conséquence du caractère

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disjoncteur de la frontière. « Les ruptures que provoque la frontière dans la circulation et les échanges, par exemple, déterminent l’apparition de fonctions ou de disjonctions spécifiques. » (Raffestin, 1975 : 47)

A cet égard, le problème de la dichotomie incarnée par les espaces urbains et les espaces ruraux, n’est pas que l’existence de la limite, comme nous l’avons vu auparavant, mais la limite comme interface favorise des rapports entre deux entités. D’ailleurs, la différence existe dans les effets produits par la limite et par la juxtaposition de la souveraineté existante dans les éléments qui séparent cette limite. D’après Raffestin, c’est dans la juxtaposition des systèmes différents que l’isolement est favorisé. Cette idée est expliquée par (Magnaghi, 2014), en disant que la seconde nature artificielle (le rural) est fondée afin d’être au service de la ville. Autrement dit, depuis l’origine de cette interface, à première vue, la limite était le fruit d’une négociation permanente entre ces deux façons d’utilisation du sol, mais à bien considérer les choses, l’une d’entre ces deux entités a évolué dans un rapport de dépendance et cela a provoqué la rupture et la décomposition de cette interface. Pour Raffestin, cela s’explique par les effets négatifs de la frontière : « La frontière a des

effets négatifs si sa présence engendre une inhibition dans le développement de l’une ou des deux parties de la zone frontalière » p 47. Dans la révision bibliographique sur le débat incité sur l’interface ville-campagne, la plupart des auteurs sont arrivés à la conclusion qu’il faudra avant tout réinventer la limite et repenser à l’articulation de cette ligne de contact afin de garantir la proximité spatiale et relationnelle entre l’urbain et le rural : Marc Augé (2013 : 9) propose dans la mesure du possible, de retracer des frontières entre l’urbain et le rural afin de sauter les barrières invisibles de l’exclusion implicite de cette interface. Et donner la parole au paysage. Segaud (2002 : 93) constate que les nouvelles formes et les nouvelles significations de la frontière nécessitent sans doute de nouvelles manières de désigner le rapport à autrui. Raffestin (1975 : 47) propose se concentrer sur les effets positifs de la frontière : la stimulation d’un jeu d’échanges et complémentarités entre les deux parties. Desvignes (2002) propose l’articulation,

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par l’entremise d’un milieu singulier, qui concilie ces deux mondes. « …cette ligne mince et fragile qui les sépare, il faut la dilater, lui donner une épaisseur et une existence qui leur profite à l’un comme à l’autre, empruntent leurs qualités à l’un comme à l’autre, les enrichissent l’un comme l’autre. Ce sont des liens ouverts qu’il faut créer, une porosité qu’il faut établir, et non une ceinture de contention qui, fût-elle verte, ne correspondrait qu’à la dilatation d’un grillage » Folléa (2008), insiste sur le fait que la lisière urbaine doit être un espace accessible et appropriable pour les habitants, de la ville, du village ou de quartier. Il propose de se tourner vers l’espace de nature, de reconnaître tout simplement son existence et sa valeur. Ruegg & Salomon (2006), proposent de comprendre et de gérer l’interface ville-campagne à partir d’une approche intégrative comme méthode pour s’intéresser non seulement à la ville ou à la campagne, mais aussi à la ville et à la campagne. Maisonneuve (2010 - 2015), propose de transcender les limites dans les territoires ruraux afin de faire du projet interterritorial. « L’interterritorialité sociale » : articuler plutôt qu’emboî ter les échelles de territoires.

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2. Genève et l’interface ville-campagne cadre institutionnel et politique

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Genève et l’interface ville-campagne « L’architecte, spécialiste de la ville, est depuis toujours un des personnages de la comédie humaine, il s’adapte au fur et à mesure aux différentes scènes et situations, en révisant souvent sa position à l’égard de la société et du pouvoir. Il rappelle le Guépard de Tomasi di Lampedusa : nostalgique d’un ordre passé, il rêve aussi d’exercer un rôle actif dans la société à laquelle il appartient » (Viganò, 2014 : 13)

D’après Paola Vigano, l’outil principal de l’architecte et de l’urbaniste, pour lequel la production de la connaissance est possible, est celui du projet. Elle considère le projet comme un dispositif cognitif, concepteur d’un nouveau savoir ; un instrument d’exploration d’un contexte et d’intégration de nouveaux éléments aux connaissances existantes. Le projet, comme une forme d’étude et de recherche, devient alors une reconstruction, une contextualisation et une réorganisation de la réalité. « Moins formellement structurée, moins technique et plus sociale, plus contingente, plus pratique » (Gil, 1978) (Viganò, 2014).

Dans cette perspective, la deuxième partie de ce travail de mémoire est destinée à la gestation d’un projet d’urbanisme – une image directrice - à partir de l’analyse conceptuelle et théorique réalisée sur l’interface ville-campagne et de l’exploration territoriale de la pénétrante de verdure de Frontenex. Cette dernière, est conçue comme une frange urbaine-rurale et devient par conséquent, un espace stratégique d’application de nouvelles questions sur les relations entre le monde construit et le

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monde non construit. Cette deuxième partie, prétend alors, dans un premier temps, découvrir le territoire dans lequel la pénétrante de verdure s’est insérée, en analysant, à partir de la révision du cadre institutionnel et politique, les composants territoriaux dans lesquels « l’objet » est incorporé ; ensuite, nous chercherons à comprendre la pénétrante en elle-même, et les relations qu’elle tisse avec son contexte élargi et local. Cette partie aspire révéler les éléments de ce paysage, opportunités, enjeux, forces et faiblesses mais surtout, dans cette étape nous prétendrons répondre à la question de recherche : comment la frange urbaine-rurale peut-elle devenir un outil d’aménagement capable d’organiser durablement les territoires ? Finalement, les éléments apportés par cette réflexion souhaitent construire une image directrice pour la pénétrante de verdure de Frontenex dans laquelle elle se consoliderait comme une frange urbaine-rurale s’étendant au-delà de ses propres limites et structurant l’ensemble d’un territoire de l’agglomération, du canton et de la ville.


le territoire

Un objet : la pénétrante de verdure dans son territoire. la limite

Une interface : la pénétrante, ses limites et son contexte. la frange « Le site devient la matrice du projet tandis que le programme est utilisé comme instrument d’exploration et, en somme, de représentation du site » (Marot, 2010 : 12) « Reprenant une ligne interrompue, en ajoutant un segment à la ligne brisée, en la faisant passer entre deux massifs rocheux, à travers une gorge étroite, ou au-dessus du vide, là où elle s’était interrompue » Deleuze (1977)

Un projet : la frange urbaine comme troisième paysage. Source : A. Salas

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Genève et l’interface ville-campagne

2. Genève et l’interface ville-campagne

Lac de Genève. Source : Editions Art Perrochet & , La Chaux-de-Fonds – Lausanne, carte datée de 1919. image disponible sur :https://lesdentsdumidi.ch/vies-et-vues-d-ailleurs/

« Les hommes ont sans cesse confondu : la scène du réel, de la confrontation quotidienne, des contraintes : et le plateau de l’imaginaire, des émotions, des idylles, des rêves de conquête ou d’évasion. » Jean-François Bergier (El-Wakil, 2015)

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2.1 Révision du cadre institutionnel et politique Dans une perspective identitaire, le paysage, la campagne et surtout les montagnes Alpines, ont participé à la construction de la spécificité helvétique. Ces archétypes naturels ont donné des symboles de valeur à cette « nature » en transmettant des valeurs civiques et culturelles aux représentations paysagères.22 Par conséquent, le rôle qui mobilise « le paysage » dans la structuration de l’identité nationale suisse a orienté les politiques territoriales. D’une part, vers une dynamique de la préservation et la conservation des valeurs naturelles et culturelles instaurées, par exemple, dans l’idéalisation de la vie rurale et de l’agriculture traditionnelle et d’autre part, dans la gestion mesurée, rationnelle et valorisante du sol en dirigeant le développement de l’urbanisation vers l’intérieur. D’après El-Wakil (2015) dans le système fédéral helvétique, l’administration du paysage et sa protection relèvent d’un appareil légal très complet. Les règles générales d’aménagement du territoire et de protection du patrimoine bâti, naturel et paysager sont inscrites dans la constitution (Art. 73,

art. 74, art. 75). Au plan fédéral, les dispositions relatives au paysage comme héritage Suisse, se trouvent principalement dans deux grandes lois cadres : la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT) et la Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage (LPN). Il n’existe pas en matière de politique territoriale un cadre légal et propre pour l’interface ville-campagne. Les villes et les campagnes dans la législation Suisse sont confrontées au même cadre législatif en matière territoriale : la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT). Toutefois, les défis des espaces urbains et ruraux sont abordés sous les deux angles. D’un côté, les espaces ruraux sont abordés stratégiquement dans une « politique pour les espaces ruraux et les régions de montagne (PLRB) » puis la Confédération a élaboré une stratégie qui porte sur les défis des espaces urbains sous la forme d’un développement de la « politique des agglomérations 2016+». A ce propos, une planification mutuelle qui gère l’imbrication de cette l’interface devient incontournable car la gestion de

L’historien Zimmer explicite le rôle du paysage dans la construction de l’identité nationale suisse, en le catégorisant en deux processus historiques : la nationalisation de la nature, qui confère aux montagnes le statut de métaphore de la nation en tant que symbole des valeurs républicaines et libérales, et concernant notre période, la naturalisation de la nation. Cette dernière s’inscrit dans un courant de déterminisme géographique, c’est-à-dire voulant que les propriétés physiques de la nature suisse aient la force de transmettre une identité nationale, des valeurs civiques et culturelles aux citoyens. La montagne a un caractère de quiétude, d’immuabilité, de liberté et simplicité ; en somme les valeurs propres à une doctrine de modestie économique et dévouement politique engagé, nécessaire au bon fonctionnement d’un régime républicain normativement idéal. Document en ligne en: https://www.cospol.ch/essai-danalyse-discursive-les-symboles-nationaux-suisses-durant-la-premiere-guerre-mondiale/. consulté le 23 avril 2017 35 22


Genève et l’interface ville-campagne

ce « troisième paysage » doit stimuler une collaboration plus étroite entre la ville et la campagne et donner ainsi une consistance à la proximité territoriale et non une simple juxtaposition en termes politiques. Partant de ce fait, ce chapitre dresse alors un panorama général des intentions politiques et territoriales que la Confédération, l’agglomération et le Canton et ville de Genève, ont élaboré pour renfoncer le partenariat ville-campagne dans une vision du développement territorial plus cohérent. 2.1.1 Pour que la ville et la campagne avancent ensemble - Le projet de territoire Suisse Le « Projet de territoire Suisse » (Conseil fédéral suisse, 2012), est un projet formulé par les trois niveaux de l’Etat afin de consolider un ensemble de stratégies en commun en vue d’un développement territorial plus durable. C’est un document stratégique qui doit servir d’orientation et d’aide à la décision pour les activités à incidence territoriale des trois niveaux administratifs. Il mise sur le sens des responsabilités et encourage la collaboration par-delà

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les frontières territoriales, sectorielles et institutionnelles. Ce projet se décline en cinq objectifs, trois stratégies et divers principes d’action proposés pour le développement territorial de douze territoires d’action. (voir le schéma suivant) « Pour que la ville et la campagne avancent ensemble », le Projet de territoire Suisse


PROJET DE TERRITOIRE SUISSE Objectifs Objectif 1 Préserver la qualité du cadre de vie et la diversité régionale

Stratégies Stragégie 1 Mettre en place des territoires d’action et renfoncer le réseau polycentrique des villes et de communes

Objectif 2 Ménager les ressources naturelles

Territoires d’action Les territoires d’action reposant sur des grands centres urbains - L’espace métropolitain de Zurich - L’espace métropolitain trinational - de Bâle - L’espace métropolitain lémanique - La Région de la ville fédérale Les territoires d’action reposant sur un réseau de villes moyennes et petites

Stragégie 2 Mettre en valeur le milieu bâti et les paysages

Objectif 3 Gérer la mobilité

Objectif 4 Renfoncer la compétitivité

Objectif 5 Encourager les collaborations

- Lucerne - Città Ticino - L’Arc jurassien - L’Aareland - Le Nord-Est de la Suisse Les territoires d’action de l’espace alpin

Stragégie 3 Coordonner transports, énergie et développement territorial

- Le Gothard - Les Alpes occidentales - Les Alpes orientales

Projet de territoire Suisse. Source : Conseil fédéral suisse, 2012. Modifications : A. Salas.

accorde une large place au développement de la relation ville-campagne. Il souligne l’importance de partenariats entre les régions, en particulier entre les espaces urbains et les espaces ruraux. De sorte que, le Conseil fédéral a adopté en 2015 la politique relative aux espaces ruraux et aux régions de montagne ainsi que la politique des agglomérations 2016+ afin de renfoncer avec ces instruments politiques le développement territorial cohérent de la ville et la campagne.

SECO, la politique des agglomérations 2016+ et la politique de la Confédération relative aux espaces ruraux et aux régions de montagne visent un développement territorial interdépendant où ces deux politiques se complètent mutuellement avec des mesures transversales qui concernent les deux types d’espace (la ville et la campagne) et suivent le Projet de territoire Suisse qui demande de penser et d’agir en matière de territoires d’action et de dépasser le clivage ville-campagne.

D’après la Secrétariat d’Etat à l’économie

L’encouragement de la collaboration entre

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la ville et la campagne, d’après le développement cohérent du territoire suisse, s’explique selon le schéma suivant, dans la coordination des mesures et des instruments communs qui théoriquement seront disponibles dans l’implémentation de ces deux politiques :

Interfaces entre la politique des agglomérations et la politique pour les espaces rurax et les régions de montagne. Source Region Suisse, image en ligne sur : http://regiosuisse.ch/fr/developpement-coherent-du-territoire

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Par exemple, dans la politique des agglomérations 2016+ (AggloPol), l’urbanisme durable et le développement des espaces ouverts s’ajoute comme nouvelle thématique afin de : • Encourager un développement urbain de qualité vers l’intérieur, et la conservation d’espace contenant des valeurs naturelles ou paysagères élevées. • Encourager un aménagement durable de l’espace urbain et suburbain pour en faire un lieu de vie de qualité • Encourager un patrimoine bâti de qualité, des espaces ouverts attrayants et des formes d’habitation, de travail et de mobilité qui ménagent les ressources et la santé des individus. En fait, d’après AggloPol : la Confédération contribue à la réalisation de cette thématique en favorisant des projets pour un développement durable des espaces ouverts dans les agglomérations. Elle examine aussi les instruments de financement pour le développement d’espaces ouverts en les coordonnant avec les projets d’agglomération, de transport et d’urbanisation. Le « projet-modèle », est un exemple de

cet encouragement de la part de la Confédération. Il est un instrument conçu pour stimuler de nouvelles approches et méthodologies en faveur d’un développement durable et en collaboration entre domaines et entre collectivités. Il est par ailleurs un instrument commun de la coordination entre de la politique de l’agglomération et de la politique pour les espaces ruraux et les régions de montagne. Actuellement dans les projets-modèles 2014-2016, existent neuf projets23 soutenus concernant la thématique des espaces ouverts dans le tissu bâti mais également celles des zones de détente de proximité, de l’agriculture, du paysage, de l’activité physique, du sport et de la mobilité douce. Ils servent de laboratoires d’expérimentation aux défis communs à l’espace urbain et à l’espace rural et ils sont également relevés selon une approche supracommunale : 1. Modalités de gestion d’un espace de berges dans l’agglomération locarnaise 2. Mise en valeur des espaces de transition entre milieu urbanisé et paysage non construit (St-Gall / Arbon-Rorschach)

Projets en ligne : https://www.are.admin.ch/are/fr/home/developpement-et-amenagement-du-territoire/ programmes-et-projets/projets-modeles-pour-un-developpement-territorial-durable/projets-modeles-pour-un-developpement-territorial-durable-2014-2/amenager-les-espaces-ouverts-dans-les-agglomerations.html 39 23


Genève et l’interface ville-campagne

3. L’Arve transfrontalière, projet paysager de l’agglomération du Grand Genève 4. Espace d’activités physiques et sportives, de détente et de santé dans la région Sursee-Mittelland 5. Espaces non construits à Winterthur : participation et instruments de la réglementation 6. Parc de Laveggio, requalifier un espace de détente de proximité dans l’agglomération du Mendrisiotto 7. Développement intégré de l’espace non construit dans l’agglomération-centre de Schaffhouse 8. Desserte attractive des espaces de délassement de proximité par la mobilité douce 9. Espaces non construits fribourgeois : vision et guide sur le développement lié à la mobilité des espaces non construits en espaces naturels L’analyse des expériences de ces projets, montre que la collaboration ville-campagne suscite des opportunités, des défis particuliers et permet d’exploiter les potentiels communs entre ces deux mondes. Selon un

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rapport de l’Office fédéral du développement territoriale (ARE, 2013), les expériences des projets-modèles et les multiples approches possibles ont permis de formuler des recommandations centrales pour améliorer la collaboration régionale dans le contexte ville-campagne. Pour conclure, la Confédération est consciente que pour assurer un développement territorial durable, l’interface ville-campagne doit être perçue dans un rapport de complémentarité fondé sur une politique coordonnée. Pourtant, avec ces instruments politiques tels que la politique des agglomérations et la politique des espaces ruraux et des montagnes, la confédération incite à dépasser les frontières communales, cantonales à exploiter les synergies de l’interface ville- campagne.


2.1.2 Projet de paysage un projet qui traverse les échelles – Le projet de territoire du Grand Genève –

Le Grand Genève – (Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, 2016), est un projet qui vise à définir une vision durable du territoire et à guider la multitude des projets qui permettent de structurer l’extension du fait urbain sur un large périmètre transfrontalier. En matière d’aménagement du territoire, le projet d’agglomération a pour stratégie la construction d’une agglomération compacte, multipolaire et verte, en assurant un fonctionnement équilibré de la région. Selon une démarche de « projet de territoire », ce projet s’est fondé sur quatre stratégies : urbanisation, paysage, mobilité et environnement. Dans cette troisième génération du projet d’agglomération, l’outil d’urbanisme, a la volonté de mettre le projet au service des habitants à travers une double préoccupation, d’une part une plus grande durabilité, qui se traduit au niveau des principes environnementaux et sociaux, et d’autre part un supplément de pragmatisme, pour mieux concrétiser le projet, grâce à une meilleur prise en compte des différences entre des territoires et

des mécanismes profonds à l’origine des tendances observées. L’interface ville-campagne est mobilisée, principalement pour la volonté de faire du Grand Genève, une agglomération compacte et verte où le projet de paysage devient un enjeu essentiel au débat sur une vision durable de l’environnement naturel et construit. Le projet de paysage vise une restitution des relations entre la ville et la campagne, en travaillant sur les imbrications, les continuités ou les transitions spatiales entre les sites naturels, les surfaces agricoles et les franges urbaines. Le paysage constitue, alors, le socle et la matrice du projet de territoire du Grand Genève et il se développe de manière continue à toutes les échelles (territoire, ville, quartier…) en offrant, gràce au principe de « maillage », des connexions entre les espaces urbanisés, les espaces ouverts, les espaces publics et les espaces ruraux. La structure du grand paysage de l’agglomération s’appuie sur une charpente paysagère qui structure toute l’agglomération

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Genève et l’interface ville-campagne

et qui a pour but de qualifier le territoire de façon à : - Contribuer à renfoncer les limites de l’urbanisation, - Faciliter les liaisons vers les espaces agricoles et naturels ; - Constituer un véritable espace public du territoire, - Faciliter l’appropriation du territoire par les habitants et usagers - Maintenir les connexions biologiques et la biodiversité. Concrètement, l’interface ville-campagne s’inscrit dans le développement de :

• Projets stratégiques de paysage, soit des projets sur les espaces ouverts de la campagne, en milieu lacustre ou en milieu urbain. • Les « Espaces à enjeux paysagers », au nombre actuel de 35 et qui concernent autant le traitement des limites ou franges urbaines que des espaces ouverts naturels et agricoles. En effet, d’après le projet du paysage, c’est dans cet entre-deux, où se frottent ville et campagne, que les enjeux de connectivité et de perméabilité sont devenus stratégiques. • Les périmètres d’aménagement coordon-

Vision du Projet paysage 2 – synthèse de la charpente paysagère (contexte) et du maillage vert (projet), 2011 (dessin atelier ar-ter) source : (Projet d’agglomération de 3ème génération (PA3), 2016) 42


né d’agglomération – PACA. Le projet d’agglomération met en place et coordonne des études à l’échelle locale : Le Projet d’Aménagement Concerté d’Agglomération (PACA) permet ainsi de renouveler la démarche de projet de territoire à une échelle intermédiaire entre celle de l’ensemble de l’agglomération et celle de chaque opération urbaine. Les PACAs sont des axes d’études visant à approfondir le projet d’agglomération en impliquant les acteurs concernés, et constituent le premier

support qui dépasse la vision schématique du projet d’agglomération. Ils doivent entraîner une démarche paysagère vers une formalisation qui traite les espaces ouverts au cœur de l’agglomération (risque d’enclavement), sur le périurbain (risque de fermeture) et sur les polarités urbaines régionales et locales (risque d’étalement). (Projet d’agglomération franco-valdo-genevoise, 2010 : 26)

Identification des 35 espaces à enjeux paysagers, 2011 (dessin atelier arter) source : (Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, 2012) 43


Genève et l’interface ville-campagne

Présentation des territoires. Le PACA, échelon de gouvernance intermédiaire entre l’agglomération et les communes. Source : http://www. grand-geneve.org/concretement/pres-de-chez-vous/presentation-des-territoires.

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2.1.3 Construire une politique du paysage - Plan directeur cantonal (PDCn) 2030 -

Le plan directeur cantonal (PDCn 2030) est un document de référence et de coordination qui définit les grandes orientations et les conditions de mise en œuvre de la politique d’aménagement cantonal. C’est un « contrat territorial » qui engage les autorités cantonales, communales et la Confédération. Il offre un potentiel de 50’000 futurs logements et contribue à la constitution d’une agglomération compacte, verte et multipolaire et trouve son prolongement dans le Projet d’agglomération franco-valdo-genevois. Valoriser le paysage urbain et enrichir le réseau des espaces verts est une constante de la planification à Genève depuis les années 1930. Pourtant, le canton de Genève est un exemple d’usage mesuré du sol, en raison de l’exiguïté du territoire cantonal et de la volonté partagée de préserver la zone agricole, la nature et le paysage. Par rapport à l’interface ville-campagne, le plan directeur cantonal est très engagé pour la préservation de la richesse paysagère du bassin genevois, la conservation

de la couronne agricole qui occupe environ la moitié du territoire et la prise de conscience de la contribution que ces espaces ont dans la qualité de vie de ses habitants. En conséquence, ce document (République et Canton de Genève, 2013), propose de déployer une stratégie particulièrement économe de la gestion du territoire. Ainsi, cette richesse pourra être transmisse aux générations futures si l’on porte une attention soutenue au grand paysage : la définition des zones dédiées à la construction et la conservation des « pénétrantes de verdure » jusqu’au cœur de la ville, tout en veillant à la cohérence entre les parcs, les zones agricoles et les zones de verdure. Les objectifs stratégiques de l’aménagement cantonal sont organisés en trois grands domaines : urbanisation, mobilité et espace rural et milieux naturels, auxquels s’ajoutent les objectifs transversaux portants sur le travail par projets, les questions environnementales, les questions énergétiques et le phasage du développement. Partant de cette conception, l’interface ville-campagne s’inscrit dans :

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Genève et l’interface ville-campagne

Présentation des territoires. Le PACA, échelon de gouvernance intermédiaire entre l’agglomération et les communes. Source : http://www.grand-geneve.org/concretement/pres-de-chez-vous/presentation-des-territoires.

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1. L’objectif stratégique d’urbanisation : le canton de Genève est au centre d’une région très attractive, avec une forte croissance démographique. L’enjeu est d’accompagner ce développement en garantissant la qualité du cadre de vie et en préservant une bonne dynamique économique. En conséquence, l’interface ville-campagne s’inscrit dans deux intentions illustrées dans le schéma de paysages urbains : a) valoriser le paysage urbain et enrichir le réseau des espaces verts. b) encourager la qualité urbaine et préserver le patrimoine. 2. L’objectif stratégique de mobilité : le canton propose de développer la « ville des courtes distances », la structure multipolaire proposée pour le canton comme pour l’agglomération permet de minimiser les déplacements motorisés et favoriser l’usage des modes doux et des transports publics. Le canton s’engage à favoriser le développement de la mobilité douce en constituant un réseau cohérent, sûr, agréable et rapide pour les cyclistes et les piétons. D’où, les pénétrantes de verdure reliant, à partir des

grands parcs, les quartiers du centre à la campagne périphérique, supports importants de la mobilité douce. Ils sont relayés dans l’espace rural par le réseau de promenades (liaisons paysagères) s’appuyant, lorsque l’occasion s’en présente, sur les voies historiques recensées par l’inventaire fédéral IVS. 3. L’objectif de l’espace rural : cette thématique fait l’objet d’une démarche régionale dans le cadre du projet d’agglomération 2. Il s’agit de développer le caractère « métropole verte » fonde sur l’identité et l’attractivité de l’agglomération transfrontalière. Le canton propose : a) organiser et gérer la multifonctionnalité de l’espace rural en réduisant les conflits entre acteurs. b) protéger et valoriser le paysage rural. c) préserver, gérer et mettre en réseau les espaces naturels.

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Genève et l’interface ville-campagne

2.1.4 Renouvellement durable d’une ville-centre - Plan directeur communal – Genève 2020

Genève, ville cœur de l’agglomération franco-valdo-genevoise, établit le plan directeur communal en coordination avec les politiques d’aménagement de l’agglomération et du canton et propose la mise en place d’une gestion urbaine durable. La ville de Genève entend concrétiser un projet de renouvellement guidé par huit politiques conformément à la loi fédérale (LAT) et à la loi d’application cantonale (LaLAT).

vation d’un cadre de vie de qualité et le maintien d’un tissu économique diversifié. L’interface ville-campagne s’inscrit dans une stratégie visant à consolider une continuité du réseau des espaces verts et ouverts, comme l’illustre le plan Maillage vert, afin de maintenir des espaces ouverts et non construits dans une cohérence territoriale. Deux objectifs généraux sont visés, d’une part, équilibrer usages sociaux et qualités naturelles du territoire communal – notamment renforcer le lien entre réseaux écologiques et réseau mobilité douce – d’autre part, consolider les continuités (pénétrantes de verdure et grands réseaux) à l’échelle de l’agglomération et à l’échelle locale.

Le plan directeur communal prétend instaurer une image urbaine renouvelée et séduisante afin de mettre en valeur les multiples atouts du territoire et du patrimoine et de garantir son attractivité et sa stabilité économique. Les objectifs sont notamment la qualité des espaces publics, la préser-

PLAN DIRECTEUR COMMUNAL

po

Maillage Vert

po

Réseau hydrographique Principaux éléments verts; zones de verdure Cadastre forestier

po

po

Grandes pénétrantes vertes

[ «

Secteurs avec présence marquée d’espaces verts Préservation d’une large part d’espaces ouverts ou plantés dans les opérations d’urbanisation. Décloisonnement des espaces et des parcours.

po

\

Secteurs intermédiaires

[ « op po

po

Valorisation des réseaux (cheminements, éléments de continuité).

[ ®

Secteurs à dominante minérale

Protection et valorisation des espaces libres existants: cours d’îlots, espaces délaissés ou résiduels. Exploitation des opportunités de construction pour la création ou mise en valeur d’espaces verts ou collectifs.

® op[

Voie verte d’agglomération et prolongements Alignements d’arbres Bords de lac et de rivière:

Valeur naturelle forte à renforcer

po

Liaisons à créer Parcs publics à créer Squares publics en projet

po [ « [ ®

\

Secteurs OROEM Etangs Colonie de corbeaux freux Colonie de hérons cendrés Site de Sous-Cayla

0m

200

400

600

800

1000

1 : 25’000 Avril 2009

Maillage vert. Source : http://etat.geneve.ch/geodata/SIAMEN/PDL/PDCom_Geneve/PDCom_Geneve_Maillage_Vert.pdf 48


[

[

3. Genève et ses pénétrantes de verdure

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Genève et ses pénétrantes de verdure

3.1 Du parc à la pénétrante de verdure - L’origine du concept « Pour le bonheur, la sauvegarde du monde, il est plus essentiel de le végétaliser que de le minéraliser. Planter est plus urgent que bâtir. L’homme a un besoin plus vital d’arbres, de plantes et d’herbe que de béton, de pierres ou de bitume » (Saint-Marc, 1971) (De Vilmorin, 1978 : 19)

Le Creusot-vu du Nord-Pierre Trémaux- aquarelle 1847-copyrigt CUCM-doc.écomusée-repro.D.Busseuil Source: http://www.elisabethpoulain.com/2016/03/la-ville-industrielle-le-creusot-vue-par-pierretremaux-1847.html

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Parler de l’origine du concept de pénétrante de verdure, c’est parler de l’évolution de la place du végétal dans la ville. Entre les XIXème et XXème siècles, organiser le chaos des villes industrielles et planifier l’avenir des cités devient le fondement de diverses théories de la planification des territoires. En effet, divers débats et réflexions commencent à avoir lieu afin de trouver des réponses pour gérer la croissance et ses conséquences, repenser les conditions de vie des classes ouvrières, redéfinir l’esthétique et l’hygiène des cités et reconsidérer le rôle et la place attribuée au végétal dans les espaces urbains.

de la trame territoriale, ainsi que le souligne De Vilmorin, (1978), cité par Lotfi Mehdi, (2014 : 8 ) Il y serait donc d’une part une infrastructure plantée, qui viendrait compléter les fonctions des équipements urbains, et d’autre part comme un fondement de l’aménagement urbain, un modèle qui serait développé en fonction d’un important système de parcs et jardins.

Les premières intentions de « pénétrantes de verdure » ou « radiales vertes » dans la planification des villes sont apparues au XXème siècle. Le concept émerge des différentes théories d’urbanisme qui considéraient le verdissement comme une solution possible aux problèmes urbains, mais aussi, comme un élément structurant

Jean Nicolas Forestier (1861-1930) : l’espace libre, les parcs et les promenades comme instrument de reconquête spatiale et territoriale.

Plusieurs auteurs ont réfléchi à la place des espaces verts en ville. Ces pratiques urbaines sont devenues des sources d’inspiration pour la gestation du concept de pénétrantes de verdure, par exemple :

L’idéologie de cette architecte – paysagiste, prend sa source dans l’idée de résoudre les problèmes liés à l’urbains (morphologiques

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Genève et ses pénétrantes de verdure

et esthétiques) et aux dynamiques de la ville à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle. Selon Forestier, (1997 : 21), les plans des villes doivent être accompagnés d’un programme d’ensemble et d’un plan spécial des espaces libres intérieurs et extérieurs. En effet, les espaces libres sont des composantes clés dans le projet urbain. Dans son travail, Il proprosait ce système de parcs, d’abord comme un outil complémentaire au plan de la ville, mais encore, comme un ensemble hiérarchisé de réserves foncières. Ces réserves vont du paysage protégé jusqu’au jardin d’enfants et qui doivent être reliées par un réseau d’avenues-promenades qui contribuent à mettre en valeur les points de vue, les bords des rivières, les paysages intéressants ou pittoresques. Le « grand projet urbain » de Forestier, selon Leclerc & Tarragò (1997) se planifie à partir des banlieux et traite l’agglomération dans sa globalité. Ce projet planifie la bonne distribution des

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parcs et jardins, la protection des paysages, à la constitution de grandes réserves en prévision d’une extension urbaine future et fait l’objet d’une étude dans un programme d’ensemble, à l’échelle départementale ou régionale. De plus, son programme prévoit les sorties de la ville, l’accès aux jardins et les liaisons jardins/parcs grâce à une mise en réseau des avenues-promenades ou des avenues-plantées comme éléments indispensables pour la vie et l’accroissement d’une grande ville. Frederick Law Olmsted (1844 – 1920): Les parcs des poumons des villes - La planification des parcs et jardins en Amérique du Nord. Les projets des parcs publics et aménagements paysagers d’Olmsted au XIXème siècle, reflètent la vision de l’époque relative à la santé publique des villes industrielles. Olmsted soutenait que les environnements naturels intégrés aux ensembles industriels favorisaient la santé physique et mentale.


Selon Borasi (2012), ces parcs témoignent du rôle du paysagisme, de l’architecture et de l’urbanisme comme moyens de répondre à cette préoccupation d’insalubrité des villes et sa vision d’inclure la conservation des milieux et des paysages naturels dans la conception de ces parcs. Ebenezer Howard (1850 – 1928) : il faut marier ville et campagne ; de cette heureuse union naîtront une nouvelle espérance, une nouvelle vie, une nouvelle civilisation. (Ebenezer, 1898)

Buenos Aires. Avant-projet d’avenues et de parcs, 1924, Proyecto Orgànico para l’Urbanización del Municipio24

Théories comme celle de la Cité-Jardin d’Howard, émergent de la dénonciation des conditions de vie (sanitaires, sociales et de logement) dans les cités industrielles26. Selon Salomon (2007) Howard fonde sa théorie sur le caractère malheureux et immoral des villes mais aussi sur les désavantages et le charme de la campagne. Pour lui, les Cités-Jardins devraient être des lieux hybrides avec tous les avantages de la ville et de la campagne, dont les composantes végétales et paysagères participeraient de

Central Park New York - from Parks to Parways and Back25

Source image : (Leclerc, Jean Claude Nicolas Forestier, & Paris), Jean Claude Nicolas Forestier : 1861-1930 : du Jardin au paysage urbain : actes du Colloque International sur J. C. N. Forestier, Paris, 1990, cop. 1994 : 37 ) 25 Source image : https://www.nycgovparks.org/about/history/olmsted-parks 53 24


Genève et ses pénétrantes de verdure

manière fondamentale à la construction de ces dernières. Sa théorie est synthétisée dans le schéma des Trois aimants et d’après Dorel-Ferré & Henry (2003) la cité-jardin travaille sur trois échelles : la dimension territoriale, inscrite dans une géographie et dans un système de planification métropolitaine ; celle du plan de masse, dont les vides ont la capacité de structurer et finalement, celle du détail, dont les dispositifs d’aménagement extérieur prennent une dimension par leurs relations aux deux échelles et permettent l’existence d’une hiérarchie d’espaces. Ces différentes théories et pratiques urbaines nous signalent la place que les espaces verts ont eue dans l’évolution urbaine. D’après Lotfi Mehdi, (2014), tout au long de ces périodes, de nouvelles pratiques de gestion, typologies et fonctions des espaces verts sont apparues et ils ont ainsi évolué par rapport au gradient de naturalité, allant des jardins privés à forte valeur ornementale à la trame verte urbaine multifonctionnelle.

Figure 1 Howard schéma des Trois Aimants27

Extrait de la situation de la classe laborieuse en Angleterre (1844) Salomon, (2007) « Voilà les différents quartiers ouvriers de Manchester, tel que j’ai eu moi-même l’occasion de les observer durant vingt mois. Pour résumer le résultat de nos promenades à travers ces localités, nous dirons que la quasi-totalité des 350 000 ouvriers de Manchester et de sa banlieue habite dans des cottages en mauvais état, humides et sales (…) ; en un mot que dans les logements ouvriers de Manchester il n’y a pas de propreté, pas de confort et donc pas de vie de famille possible ; que seule une race déshumanisée, dégradée, rabaissée à un niveau bestial, tant du point de vue intellectuel que du point de vue moral, physiquement morbide, peut s’y sentir à l’aise et s’y retrouver chez soi » 27 Source image : https://souslesjupesdelametropole.wordpress.com/2013/10/21/ebenezer-howard-the-three-magnets-theory/ 54 26


Voir le schéma représentatif de l’évolution de la prise en compte des espaces végétalisés dans les théories et les pratiques urbaines. Pourtant, nous pouvons constater que les pénétrantes de verdure s’inscrivent dans la multiplicité de cette évolution et elles font partie de ce réseau d’espaces

ouverts. Ainsi, la « nature » est envisagée comme un véritable projet urbanistique et socio-économique. Cela nous permet de dire que l’origine des pénétrantes est due à l’évolution des parcs : de dispositifs spatiaux esthétiques, ils vont vers la consolidation d’une charpente des trames vert/bleue qui structurent les territoires urbains.

3.1.1 L’évolution : du parc à la trame vert/bleue Le parc : « Dispositif spatial à forte dominance végétal, destiné à l’embellissement et à l’aération de la ville, est ainsi selon John Claudius Loudon un instrument de réforme sociale mis à la disposition des habitants. Envisagé aussi comme espace d’aération dont la nature est considérée comme un élément compensatoire aux maux sanitaires et esthétiques urbains. Forte valeur ornementale et esthétique – nature artificialisée Equipement de santé publique.

Le parc. Source : A. Salas

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Genève et ses pénétrantes de verdure

Système d’espaces verts : « Outil de planification, ce système prétendait transformer les villes jugées d’insalubres en s’interrogeant sur la qualité de vie en milieu urbain, chercher la manière d’apporter la campagne au cœur des villes et garantir des réserves d’espaces verts accompagnant les fonctions urbaines de la ville. » Continuité d’espaces verts qui irriguent l’ensemble de l’habitat urbain et permettent de rapprocher la population des espaces de détente et de loisir. Les espaces verts en tant qu’équipement urbain deviennent un décor urbain et des espaces de loisirs. Le végétal est pris en considération à différentes échelles – priorité politique.

Le parc. Source : A. Salas

Réseaux de trames urbaines vert et bleue : « mesure de planification qui consiste à préserver et restaurer les continuités écologiques. La nature est envisagée comme un véritable projet urbanistique et socio-économique dont la planification urbaine permet d’intégrer les espaces verts dans les politiques et pratiques urbaines. Haute valeur écologique et de biodiversité.

Le parc. Source : A. Salas

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En somme, nous pouvons déduire que l’origine du concept de pénétrantes de verdures se définit en 3 points : 1. L’intention de créer une structure contiguë qui irrigue les espaces verts et ouverts sur l’ensemble du tissu urbain. 2. La notion de repenser les rapports et liens entre la ville et la campagne. 3. L’idée de considérer ce réseau d’espaces verts à grande échelle comme un outil d’aménagement urbain. La matérialisation plus concrète de la notion de pénétrantes de verdures est conceptualisée par les Allemands : Bruno Möhring, Richard Petersen et Rudolph Eberstadt en 1909 dans le cadre du Concours international du Grand Berlin. Ces personnages, cherchaient une manière d’aménager le vert urbain en créant un réseau d’espaces verts au lieu de réserves de verdure sous la forme de parcs séparés. De ce fait, ils proposent un schéma d’organisation des espaces verts du Grand Berlin à partir de pénétrantes qui structuraient un maillage vert depuis le centre historique vers l’espace rural et naturel, partageant la ville en tranches bâties.

« Ce schéma propose un modèle radial constitué d’une ceinture verte intérieure, relativement petite, formée de parcs et jardins, et d’une ceinture verte extérieure plus large, regroupant des forêts et des prairies. Cette double ceinture verte s’articule sur des coulées vertes en liaison dessinant une croix » (Certu, direction générale de l’Aménagement du Logement et de la Nature, 2011) Ce concept de « radiales vertes », proposé pour dessiner le modèle directeur d’espaces verts du Grand Berlin et les différentes manières d’aménager le vert urbain (comme par exemple, dans les cités-jardins d’Howard) ont influencé la conception et l’évolution des espaces verts et ouverts dans les futurs plans directeurs du canton Genève.

Modèle de développement urbain, dans Rudolf Eberdstadt: “Handbuch des Wohnungswesen und der Wohnungsfrage”, vol IV, Jena, 1909 57


Genève et ses pénétrantes de verdure

3.2 Les pénétrantes de verdure à Genève

Les pénétrantes de verdure à Genève. Source : SITG modifications A. Salas

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3.2.1 Les influences de son origine

La campagne genevoise. Source : Fatio, Guillaume, and Frédéric Boissonnas. (1981)

La conception de pénétrantes de verdure dans l’appareil instrumental de l’aménagement du territoire à Genève est l’héritage de différentes théories, concepts, modèles urbanistiques internationaux apparus fin XIXème – début du XXème siècles, comme mentionné auparavant. S’ajoutent à cet héritage des réflexions locales au sein du service d’urbanisme de Genève, tant sur la modernité et ses implications territoriales que sur l’importance de la notion d’identité. D’après Cogato (2003), cette vision de modernité est le résultat d’une démarche

de l’hybridation entre : la mise en valeur de l’identité territoriale genevoise (voir le paysage, le patrimoine naturel, la campagne et ses pratiques) et l’idée de la modernisation urbaine. « L’aménagement territorial est pensé comme une transformation créative de l’existant qui se confronte aux thèmes de la modernisation et de l’identité » (Cogato, 2003 : 258)

Dans cette idée de refonder la ville dans son territoire, les urbanistes du Département des travaux publics (DTP) ont orienté

D’après Cogato (2003), Braillard avait utilisé l’expression de « ville dans un parc » pour dessiner l’environnement le plus adapté à faciliter la vie moderne, vie qui se partage en deux temps : travail et délassement. « la création de ces zones peut s’envisager de deux manières : A) par des mas compacts de constructions s’alternant à distances régulièremetn réparties avec des parcs ou réserves d’aire. B) Des parcs avec lesquels se marieraient les constructions. Dans le premier cas, ce sont les parcs dans la ville, dans le second les villes dans le parc. Pour le profane, cette distinction peut paraître bien subtile. Pour le technicien, elle part d’une conception diamétralement opposée. » (Braillard, 1932) 59 28


Genève et ses pénétrantes de verdure

l’aménagement du territoire genevois vers une démarche paysagère : ainsi, les espaces ouverts, le paysage et la campagne jouent un rôle central dans la consolidation de l’ensemble du territoire genevois. C’est une ligne directrice dans la structuration de l’espace qui selon Fatio (1981), vise à concilier un projet d’uniformisation avec la mise en valeur des singularités naturelles et construites. Aussi, «la ville dans un parc» 28 (Bodmer) et « Genève un parc de villas » (Guillaume Fatio 1899) constituent des réflexions pionnières sur le concept. Elles expliquent à la spécificité paysagère qui caractérise actuellement l’agglomération.

• Par ailleurs, elle se concrétise dans cette structure des espaces ouverts/verts qui sont mis en réseau dans la trame territoriale et qui sont aussi connectés à la grande échelle. Voici quelques exemples de réflexions sur l’approche paysagère et quelques pionniers qui ont inspirés, en quelque sorte, la matérialisation du concept de pénétrante de verdure dans les futurs plans d’urbanisme :

Par conséquent, l’idée de « pénétrante de verdure » (concept qui se concrétise dans l’adoption du Plan Directeur Cantonal de 2001) est le résultat de l’approche paysagère que les urbanistes au sein du Service d’Urbaniste ont implémenté dans l’aménagement du territoire genevois : • Ainsi, elle est perçue comme un outil d’urbanisme qui coordonne les dimensions de la modernisation et de la sauvegarde.

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Croquis Hans Bernoulli (1913) Source : (Cogato, 2003 : 218)


Hans Bernoulli et son croquis de 1913 : Urbaniste et professeur titulaire d’urbanisme à l’EPF de Zurich, (Cogato, 2003) il a schématisé une ville idéale, dont un damier carré est situé au cœur d’un système radial des voies de circulation, doublé par un système de radiaux verts. Il s’est inspiré du schéma d’organisation des espaces verts du Grand Berlin proposé par les Allemands : Bruno Möhring, Richard Petersen et Rudolph Eberstadt.

Arnold Hoechel : Dans plusieurs de ces publications, il donne des idées clés sur l’avenir des espaces verts dans l’apparence de la ville contemporaine : 1) L’importance de créer un réseau d’espaces verts liés par des promenades, 2) La nécessité d’une politique foncière qui puisse gérer l’urbanisation sur des grandes propriétés privées et 3) L’importance de supprimer la frontière entre la ville et la campagne. D’après Cogato (2003 : 222), il a collaboré dans la création des plans mentionnant les parcs à créer et à relier par de larges bandes de terrains aménagées en promenades gazonnées.

Croquis ville -> campagne - campagne -> ville Source : (Cogato, 2003 : 218)

Patrick Geddes, biologiste Ecossais avance des théories sur l’aménagement régional comme l’invention de la Valley Section et ses croquis comme celui-ci de 1927, soulignent l’importance des rapports entre la ville et la campagne et le concept de la pénétration.

Albert Bodmer, à la Direction du service d’urbanisme de Genève (1931-1947) avait à cœur de mettre en valeur le patrimoine naturel du canton tout en préservant la verdure. Il a fixé des priorités en termes d’espaces libres et de protection des sites. Il a été inspiré par les propositions urbanistiques pour le Grand Berlin, notablement, le schéma de Mächler et de Wagner, par le mouvement des cités-jardins d’Howard et

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Genève et ses pénétrantes de verdure

par les villes satellites de Lechtworth et Welwyn. Evidemment, son expérience de chef d’urbanisme à Wintherthour et sa participation dans la conception des différents plans d’urbanismes (plan de la ville d’Aarberg, le schéma de projet pour la Grande Lille), ont aussi influencé les priorités que Bodmer a inscrites dans la planification du canton de Genève.

Croquis : (1936) Source : Anonyme, “le rôle des jardins dans l’extension urbaine”, L’Habitation , N°6, 1936, p.96-9929.

Croquis pour le concours pour la Grande Lile (1922 - 1923), schéma du projet de A. Bodmer (Der Städtebau, 1923) Source : (Cogato, 2003 : 219)

Article En ligne : http://www.e-periodica.ch/digbib/view?var=true&pid=hab-001:1936:9::303#98 62 29


3.2.2 Evolution de la notion de pénétrante de verdure dans l’histoire urbaine à Genève - « il y avait toujours l’intention des pénétrantes de verdure »

Les pénétrantes de verdure à Genève Source : SITG modifications A. Salas (2017)

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Genève et ses pénétrantes de verdure

Plan directeur régional (1936) un réseau de surfaces publiques ou sites à classer

Plan des zones du canton de Genève, 1936, Service d’urbanisme du DTP. Source : (Léveillé, A., Corboz, A. 1., Cornut, L., Canosa, A. P., Toumi, I., Schaffert, R., & Brun, 2003)

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Un maillage vert

Routes et surfaces publiques, sites à classer. Dessin ECL, Plan de zones 1936. Etude par couches fest. Source : (Léveillé, A., Corboz, A. 1., Cornut, L., Canosa, A. P., Toumi, I., Schaffert, R., & Brun, 2003)

Plan directeur cantonal 1945, rapport 1948

1948 – projet des zones et liaisons de verdure

Zones et liaisons de verdure, Genève agglomération future, “Rapport générale de la commission d’étude pour le développement de Genève”, 1948. Source : (Léveillé, A., Corboz, A. 1., Cornut, L., Canosa, A. P., Toumi, I., Schaffert, R., & Brun, 2003)

Zones et liaisons de verdure, 1948. Source : (Léveillé, A., Corboz, A. 1., Cornut, L., Canosa, A. P., Toumi, I., Schaffert, R., & Brun, 2003) 65


Genève et ses pénétrantes de verdure

Plan directeur 1952 Plan alvéolaire (1966) plan de la zone agricole ceintures, radiales et pénétrantes de verdure

Plan des zones 5A et 5B, 1952. Source : (Léveillé, A., Corboz, A. 1., Cornut, L., Canosa, A. P., Toumi, I., Schaffert, R., & Brun, 2003)

Plan alvéolaire 1966. Source : (Léveillé, A., Corboz, A. 1., Cornut, L., Canosa, A. P., Toumi, I., Schaffert, R., & Brun, 2003)

Schéma des pénétrantes de verdure.

Schéma des pénétrantes de verdure. Source : (EPFL, Service du plan directeur cantonal de l’Etat de Genève, Fondation Braillard, 2016 : 5) 66


1975 – plan directeur cantonal

2001 – plan directeur cantonal, dit Genève 2015

Plan directeur cantonal 1975. Source : (Léveillé, A., Corboz, A. 1., Cornut, L., Canosa, A. P., Toumi, I., Schaffert, R., & Brun, 2003)

Plan directeur cantonal 2001. Source : (Léveillé, A., Corboz, A. 1., Cornut, L., Canosa, A. P., Toumi, I., Schaffert, R., & Brun, 2003)

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Genève et ses pénétrantes de verdure

3.2.3 Etat actuel - Typologies des pénétrantes de verdure du canton de Genève

Echappées lacustres Grandes ouvertures sur le relief Le long des Rivières Le long des grands cours d’eau Barreaux Typologie des pénétrantes de verdure du canton de Genève. Source : SITG, (Mayor & Beusch , 2015 : 19) Modifications : A. Salas

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Afin de construire une vision commune du rôle et des enjeux des pénétrantes du canton de Genève, l’Office de l’urbanisme au sein du DALE a mandaté l’élaboration d’une étude générale sur les pénétrantes de verdure. Cette étude a été élaboré par Mayor & Beusch (2015) en collaboration avec l’Office de l’urbanisme. En tenant en compte cette étude (Mayor & Beusch, 2015), dans la diversité des pénétrantes de verdure existant sur le bassin genevois, elles ont été organisées selon leur enjeux et leur caractérisation géomorphologique dans 5 catégories comme l’illustre la carte :

4. Les pénétrantes de verdure qui courent le long des grands cours d’eau (le Rhône et l’Arve) 5. De petits segments de pénétrantes de verdure nommés barreaux qui prolongent ou établissent des jointures entre certaines pénétrantes : elles sont prolongées en direction de la ville ou de la campagne, offrant des tronçons de cheminements ou des liaisons biologiques.

1. Les pénétrantes de verdure qui froment des échappées lacustres sur les coteaux riverains 2. Les pénétrantes de verdure qui constituent de grandes ouvertures sur le relief 3. Les pénétrantes de verdure qui s’établissent le long des Rivières

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Genève et ses pénétrantes de verdure

3.2.3.1 Echappées lacustres Les pénétrantes de verdure classifiées comme échappes lacustres, sont la plupart de cas, de bandes agricoles placées entre le lac et les collines, des espaces non (ou peu) bâtis qui se caractérisent par leurs points de vue portés sur les Alpes et le Jura. Elles mètrent en relation les espaces ouverts entre la campagne et le lac à travers de la zone périurbaine à faible densité. Sur le territoire genevois, d’après (Mayor & Beusch, 2015) il y a quatre pénétrantes qui correspondent à cette catégorie :

Genthod

Corsier

Pregny Frontenex

Typologie des pénétrantes de verdure du canton de Genève. Source : SITG, (Mayor & Beusch, 2015 : 19) Modifications : A. Salas

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1. La pénétrante de verdure de Genthod :

2. La pénétrante de verdure de Pregny :

La commune de Genthod situé sur la rive droite du lac Léman est traversée d’est en ouest par une pénétrante de verdure allant du Bois d’Avault au bord du lac. Un couloir naturel qui joue le rôle de maillage écologique, favorisant le développement de réseaux et couloirs biologiques à l’échelle locale et régionale. D’après le plan directeur communal de Genthod, elle se connecte au continuum vert qui relie les rives de la Versoix et du lac aux espaces agricoles de Louche, de Pré Roset et du nord de Bellevue. Plusieurs grands domaines occupent la pénétrante entre le château et Pierre Grise, de nombreux alignements d’arbres et cordons boisés caractérisent le paysage.

La pénétrante se développe entre les sites des organisations internationales et les tissus pavillonnaires et villageois de Pregny et Chambésy. Elle est composée principalement par d’un système de parcs reliés qui vont de la campagne jusqu’au bord du lac, cet espace propose de magnifiques vues sur les Alpes et le jura.

Source : SITG modifications Auteur Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Genthod, Bellevue • Superficie : 86,2 ha • 64% sur la zone agricole, 16% zones constructibles, occupées principalement par des équipements publics à vocation communale.

• Communes concernées : Prengy-Chambésy, Grand-Sarconnex, Genève • Surface : 192.9 ha • Situé sur zone de verdure et zone agricole, la plupart de ses parcelles sont des jardins historiques ICOMOS. 71


Genève et ses pénétrantes de verdure

3. La pénétrante de verdure de Frontenex :

4. La pénétrante de verdure de Corsier-Bellerive :

La pénétrante de verdure de Frontenex, distingué comme un monument paysager à fort enjeu patrimonial, s’étend sur les quais de la rive gauche, les grands parcs des Eaux-Vives et le Parc de La Grange jusqu’au plateau agricole de Vandoeuvres. Elle est occupée par des parcs publics, des grandes propriétés, des champs et des tissus urbains, suburbains et pavillonnaires. Cette pénétrante représente une continuité biologique, écologique et de mobilité douce entre la structure urbaine vers la campagne genevoise. De nombreux jardins, maisons de maître, grands domaines sont répertoriés dans la pénétrante.

Elle se situe à l’ouest du village de Collonge et relie le village de Collonge aux rives du lac. Cette césure connecte la rive du lac au plateau agricole de la haute Seymaz. Elle a un rôle majoritairement paysager, elle traverse des champs cultivés et des zones bâties. Deux parcs offrent un accès public aux rives du lac, le parc de la Savonnière et le parc de la Nymple. Cette pénétrante de verdure mérite un projet qui traduise une vision d’ensemble et définisse ses limites. Côté lac, des villas occupent déjà la rive, côté campagne, la connexion au réseau agroécologique des Trois-Nants peut être mise à mal, au niveau de la route de Thonon, par les futurs développements de la Pallanterie et de la zone de villas existantes.

Source : SITG modifications Auteur

Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Vandoeuvres, Cologny, Genève (Eaux-Vives) • Surface : 262 ha • 60% surface agricoles, 5% zone de verdure

• Communes concernées : Corsier, Collonge-Bellerive, Menier • Surface : 132,4 ha • 80% zone agricole, 16% zone constructibles

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3.2.3.2 « Grandes ouvertures sur le relief » Existent deux pénétrantes classées comme grandes ouvertures sur le relief d’après Mayor & Beusch (2015) . Elles sont placées généralement en pente douce, proposent de beaux dégagements sur les montagnes du bassin genevois et offrent un espace de respiration dans un tissu fortement urbanisé.

Mategnin

Pinchat

Typologie des pénétrantes de verdure du canton de Genève. Source : SITG, (Mayor & Beusch, 2015 : 19) Modifications : A. Salas

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Genève et ses pénétrantes de verdure

1. La pénétrante de verdure de Pinchat

2.La pénétrante de verdure de Mategnin

La pénétrante de verdure de Pinchat constitue dans son ensemble une ouverture radiale de la ville vers le grand paysage. Située au sud-ouest de l’Arve, c’est un étendu espace qui relie en pente douce le plateau agricole de Troinex et Veyrier, au pied du Salève et au vallon de l’Arve. Son périmètre est délimité par des tissus pavillonnaires et le village de Troinex. Elle est traversée d’est en ouest par le chemin de Pinchat et le ruisseau des Marais. Riche en valeurs paysannes, elle concilie l’agriculture, les milieux naturels, les espaces de détente et de loisirs avec son contexte urbanisé.

Pénétrante transfrontalière, constitue dans son ensemble un ample espace central (cœur vert) donnant une identité commune à l’urbanisation qui se développe sur la périphérie. Elle fait partie du « cœur vert – cercle de l’innovation » et elle organise une armature verte entre les grands bois, des espaces ouverts et un ensemble de quartiers d’habitations et de lieux d’activités amenés à se densifier. Dans cette pénétrante se trouvent les marais de Mategnin, aire qui joue un rôle de relais important pour toutes les espèces qui migrent le long de la chaîne du Jura.

Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Veyrier, Troinex, Carouge • Surface : 100.3 ha • 90 % zone agricole 74

Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Meyrin, Ferney-Voltaire (F), Prévessin-Moëns (F), Saint-Genis-Pouilly (F) • Superficie : 437 ha • 86% zone agricole


3.2.3.3 « Le long des rivières » Les pénétrantes de verdure qui suivent le long des rivières confèrent une forte identité au territoire en établissant un couloir biologique au sein de l’urbanisation. Elles se caractérisent pour être une continuité écologique permettant le développement des différentes activités, notamment, sportives, naturelles ou culturelles.

Versoix Bellevue De la Seymaz De l’Aire

Foron Drize

Typologie des pénétrantes de verdure du canton de Genève. Source : SITG, (Mayor & Beusch, 2015 : 19) Modifications : A. Salas

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Genève et ses pénétrantes de verdure

1. La pénétrante de verdure de Versoix :

2. La pénétrante de verdure de Bellevue :

La pénétrante englobe que la partie basse du périmètre de protection des rives de la Versoix, entre le lac et l’autoroute. Elle se situe dans le vallon de la Versoix, espace à forte identité territoriale et corridor biologique depuis le lac en direction du Jura, le long du réseau hydrographique et les boisements. C’est un lieu de promenade, délassement et découverte.

Elle s’étire du lac Léman au Ferney-Voltaire, le long des ruisseaux du Vengeron, du Gobé et du Marquet. Franchie ou bordée par de nombreuses infrastructures de transports, grâce à la forte présence de forêts, elle participe à la continuité écologique jusqu’aux bois de Ferney à travers le barreau Meyrin-Ferney ou jusqu’à la pénétrante de Pregny à travers les bois de Foretaille.

Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Versoix • Surface : 83.6 ha • 60% bois et forêts, 9% zones de verdure

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Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Bellevue, Pregny-Chambésy • Surface : 113.7 ha • 41% forêts


3. La pénétrante de verdure de la Seymaz

4. La pénétrante de verdure du Foron :

La pénétrante de verdure s’étire le long de la rivière de la Seymaz, elle est constituée par ses rives et de poches agricoles. Le cours de la rivière est jalonné de sites patrimoniaux importants comme le domaine de Belle Idée au nord, l’ensemble urbain de Chêne-Bourg et Chêne-Bougeries au centre et le village de la Villette au sud. Elle est franchie par plusieurs infrastructures de transports. Elle est reliée à celle du Foron par un barreau au nord et à celle de l’Arve au sud.

La pénétrante de verdure se déploie le long du Foron, elle marque la frontière franco-suisse, entre les campagnes aux environs de Puplinge au nord et de la Villette au bord de l’Arve au sud. Les deux cours d’eau de la Seymaz et du Foron constituent des entités naturelles et paysagères de grande importance sur cette partie de l’agglomération, elles relient des morceaux de campagne et elles traversent des tissus bâtis amenés à se développer.

e d'impression : 04.05.2017

Date d'impression : 04.05.2017

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Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Thônex, ChêneBourg, Chêne-Bougeries, Vandoeuvres, Choulex, Puplinge. • Surface : 113.3 ha • 60% zone agricole, 40% zones constructibles

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2 375 Mètres

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Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Thônex, Puplinge, Gaillard (F), Ambilly (F), Ville-la-Grand (F) • Surface : 116.4 ha • ¾ des terres sont en zone agricole, le reste se situe en zones constructibles.

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Genève et ses pénétrantes de verdure

5. La pénétrante de verdure de la Drize :

6. La pénétrante de verdure de l’Aire

La Drize est la plus petite des pénétrantes en taille. Sa forme de trident se développe sur trois cours d’eau, la Drize au centre et le ruisseau des Marais à l’est qui se prolongent dans la pénétrante de verdure de Pinchat, et le nant de la Bistoquette à l’ouest. Au nord, son périmètre s’interrompt sur la route de Saint-Julien. Au sud, la Drize s’insère dans le village de Troinex. Le trident du réseau hydrographique soutient une armature de cheminements piétons et de boisements porteuse d’une identité territoriale intercommunale et interquartier.

La pénétrante de verdure de l’Aire se déploie de manière transfrontalière, entre le cœur de l’agglomération et le centre régional de Saint-Julien-en-Genevois. Cette pénétrante a fait partie d’une opération de renaturation en 2002. Un projet emblématique et multifonctionnel qui a valorisé la pénétrante avec la revitalisation de 4.5 km de rivière. Cette renaturation est suivie par une structure de coordination et de concertation, appelée Charte Aire qui réunit tous les milieux concernés.

Source : SITG modifications Auteur

Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Troinex, Veyrier, Plan-les-Ouates, Lancy, Carouge. • Surface : 49.7 ha (selon le schéma directeur cantonal) • 60% zones constructibles – surtout pavillonnaires, 40% espaces boisés et agricoles 78

• Communes concernées : Lancy, Onex, Confignon, Bernex, Perly-Certoux, Soral, Saint-Julien-en-Genevois (F). • Surface : 320 ha sur territoire suisse • 60% zone agricole, 1/3 de l’espace est dédié à l’agriculture


3.2.3.4 « Le long de grands cours d’eau – Le Rhône et L’Arve. Les pénétrantes de verdure qui courent le long des grands cours d’eau : le Rhône et l’Arve, constituent de vastes corridors biologiques, situés sur des plateaux, plaines, falaises ou coûteux des rivières, sont sites de promenade, loisir et des beaux monuments.

Rhône Arve

Typologie des pénétrantes de verdure du canton de Genève. Source : SITG, (Mayor & Beusch, 2015 : 19) Modifications : A. Salas

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Genève et ses pénétrantes de verdure

1. La pénétrante de verdure Arve La pénétrante de verdure de l’Arve constitue un espace identitaire transfrontalier qui peut être parcouru et traversé à partir des quartiers et villages voisins. Le relief particulier porte et donne sa cohérence d’ensemble aux nombreuses fonctions qui sont ressemblés dans ces espaces : parc, terrains de sports, champs, serres, hameaux, bois… La pénétrante de l’Arve se développe de manière transfrontalière, au-delà de pont de Sierne. Elle a fait l’objet d’un projet de paysage prioritaire - PPP, qui organise des parcours pédestres au fond du vallon. Aujourd’hui, cet espace libre majeur demeure l’axe vert de référence de nombreux quartier d’habitation et d’activités jusqu’au cœur de l’agglomération.

Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Thônex, Chêne-Bougeries, Veyrier, Carouge, Genève, Gaillard (F), Annemasse (F), Vétraz-Monthoux(F), Arthaz-Pont-Notre-Dame(F), Etrembières(F). 80

2. Pénétrante de verdure Rhône Avec ces 555.6 hectares, la pénétrante de verdure du Rhône est la plus grande césure verte de l’agglomération. Elle trouve son origine sur les quais au cœur de Genève et se développe de part et d’autre du fleuve en direction du Bois-de-Bay à l’ouest. Cette pénétrante qui suive la longe du Rhône, est un espace de bois et forêts accompagné d’une belle promenade qui relie ces espaces naturels et offre des passerelles sur le cours d’eau, en offrant de magnifiques points de vue sur les falaises boisées, le village de Vernier ou le quartier du Lignon. Le barreau de Bernex-Confignon relie la pénétrante du Rhône à celle de l’Aire.

Source : SITG modifications Auteur

• Communes concernées : Genève, Lancy, Onex, Confignon, Bernex, Vernier, Satigny. • 1/3 espace agricole, 40% bois et forêts et 15% zone de verdure


Selon les grandes catégories définies auparavant, d’après Mayor & Beusch (2015), les pénétrantes de verdure déploient des fonctions qui dépendent sa nature et leur contexte, par exemple : - Pour les types « ouvertures sur le grand paysage » comme à Pinchat et Matégnin : elles jouent un rôle de corridor biologique, de réservoir de terres agricoles proches de la ville et de milieux naturels, elles accueillent de terrains de sports et de loisirs et d’un réseau de mobilité douche à l’échelle régionale.

- Pour les types « échappées lacustres » comme Frontenex ou Nations : elles offrent des vues sur le lointain et une relation entre campagne et lac à travers l’urbanisation ; des anciens domaines se caractérisent avec leur parcs et maison de maître. - Par le type « barreaux » les pénétrantes de verdure sont prolongées en direction de la ville ou de la campagne et reliées entre elles, offrant des tronçons de cheminements ou des liaisons biologiques.

- Pour les types « rivières » comme l’Aire, le Drize ou la Seymaz : elles confèrent une forte identité au territoire et établissent un couloir biologique au sein de l’urbanisation ; elles accompagnent les balades des citadins, tout en offrant des lieux de récréation sportive, culturelle ou liée à la nature. - Pour les types « grand cours d’eau » comme le Rhône ou l’Arve : elles constituent de vastes corridors biologiques, secteur de promenades et de loisirs.

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4. La pĂŠnĂŠtrante de verdure de Frontenex le territoire

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La pénétrante de verdure de Frontenex

4.1 Contextualisation - un paysage agricole entre lac et montage Rélief piémont Massif forestier Plaine agricole Coteau

Lac Léman La pénétrante de verdure de Frontenex et son territoire. Source : Google Earth, modifications A. Salas (2017)

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La pénétrante de verdure de Frontenex se constitue d’une séquence d’espaces ouverts et faiblement bâtis qui pénètrent la rive gauche genevoise depuis le plaine de la Seymaz et le plateau agricole de Vandoeuvres. Elle s’oriente de l’Est à l’Ouest envers les quais du lac Léman, en passant par de terrains agricoles, de grandes propriétés, des jardins historiques, des maisons classées dans l’inventaire patrimonial et des parcs urbains, tels que le parc d’Eaux-Vives et le Parc de La Grange.

une opportunité de renfoncer les valeurs de la campagne genevoise. Les enjeux territoriaux, paysagers et environnementaux de ce territoire sont d’ailleurs soulevés par la plupart des planifications régionales et locales.

Ces enjeux sont présentés dans les chapitres ci-après, organisés en deux parties. Dans un premier temps, la pénétrante de verdure sera analysée sur trois échelles de réflexion : celle du territoire de l’agglomération, celle du canton de Genève et celle la ville de Genève (commune des Eaux-Vives). Cette Le contexte géographique et sa composition répartition permet de situer la pénétrante motivent le choix de cette pénétrante de ver- dans son contexte territorial et de présenter dure comme un cas propice à l’étude de l’in- les enjeux concernant à la fois son périmèterface ville-campagne. Il s’agit en effet d’une tre direct ainsi que son périmètre indirect. des dernières grandes franges urbaines-ru- Dans un deuxième temps, l’analyse se conrales du cadre genevois dont l’avenir est in- centrera plus directement sur la lecture de certain, tant dans sa constitution que dans la pénétrante en elle-même et de l’occupale traitement de ses limites et frontières. tion de ses territoires. Ainsi, des enjeux et Repenser l’avenir de cette grande réserve objectifs d’aménagement d’échelle commud’espaces ouverts et définir les moyens de nale seront alors proposés à l’issue de cette préservation de son héritage agricole et na- étude. turel constituent un véritable défi, mais aussi

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La pénétrante de verdure de Frontenex

4.1.1 La pénétrante de verdure dans le bassin genevois

L’espace franco-valdo-genevois. Source : Atlas du Bassin Genevois. image en ligne : http://www.ge.ch/statistique/tel/publications/1994/hors_collection/autres_partenariats/hc-ap-1994-01.pdf

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Au fil du temps, les collectivités genevoises ont pris conscience de la valeur de leur territoire. Un territoire qui bénéficie d’un remarquable cadre géographique, naturel et paysager, et qui offre à ses habitants à la fois un paysage pittoresque ainsi que les avantages de la proximité avec les milieux naturels, les espaces agricoles, le tissu bâti des hameaux et des villages. Cette proximité constitue un héritage et un des atouts majeurs du bassin genevois, qu’il faut préserver, conserver et mettre en valeur.

Le bassin genevois est situé dans l’extrémité occidentale de la Suisse, dans l’extrémité ouest du lac Léman. Il est délimité par des frontières naturelles comme le Jura au nordouest, les montagnes du Vuache et le mont de Sion au sud, la montagne du Salève au sud-est, le lac Léman au nord ainsi que le massif du Chablais à l’est. Sa localisation et sa décomposition territoriale sont présentées dans les figures ci-après.

Topographie et hydrologie : 13% du territoire

Bâti : 13% du territoire

Source : (Bussy-Blunier, 2011 : 52)

Les composantes géographiques du bassin genevois sont :

Source : (Bussy-Blunier, 2011 : 52)

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La pénétrante de verdure de Frontenex

Végétation : 41% du territoire

Source : (Bussy-Blunier, 2011 : 52)

Agriculture : 33% du territoire (70,000 hectares)

Source : (Bussy-Blunier, 2011 : 52)

4.1.2 La pénétrante de verdure dans le Projet d’agglomération Le projet d’agglomération franco-valdo-genevois, en reconnaissant la richesse paysagère de la région, son implication dans la qualité de vie des habitants et face à la pression croissante de l’urbanisation, promeut la dimension paysagère comme élément prioritaire (charpente) et indispensable dans la consolidation d’ensemble du territoire. Il incite à consolider une nouvelle réalité urbaine où les espaces ouverts, comme la pénétrante de verdure de Frontenex, deviennent des éléments territoriaux structurants entre la vie des habitants et leur interaction avec les milieux naturels du bassin genevois.

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Le projet d’agglomération s’est fixé plusieurs objectifs spécifiques et a défini des engagements tant vis-à-vis de la préservation de ces espaces que de leur interconnexion. Dans ce sens, conservation et mise en valeur de la pénétrante de verdure de Frontenex sont un atout. Elle permet de contribuer aux objectifs suivants : • Maintien et valorisation des espaces agricoles ; • Préservation et restauration des connexions biologiques ; • Mise en connexion des espaces verts.


La pénétrante de verdure dans le schéma d’agglomération Selon le schéma d’agglomération la pénétrante est présente comme un espace de liaison entre l’aire urbanisée et le plateau agricole, permettant ainsi l’immersion de la nature et de l’agriculture jusqu’au cœur de la ville.

CENTRE URBAIN D’AGGLOMÉRATION

AIRE VILLAGEOISE

AIRE URBAINE PÉRIPHÈRIQUE

AIRE URBAINE D’AGGLOMÉRATION CENTRALE PENETRANTE DE VERDURE ESPACE AGRICOLE LAC

RESEAU AGRO-ENVIRONNEMENTALE

MASSIF FORESTIER

La pénétrante de verdure de Frontenex dans le schéma d’agglomération. Source : Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, 2012, modifications A. Salas

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La pénétrante de verdure de Frontenex

Les périmètres d’aménagement coordonnés d’agglomération (PACA) La pénétrante s’inscrit partiellement dans trois Périmètres d’Aménagement Coordonné d’Agglomération (PACA) comme l’ilustre la carte : Présentation des territoires (page 38). Elle fait notamment partie du PACA Cœur d’agglomération et s’inscrit dans

l’objectif d’améliorer le cadre de vie et les liaisons inter-quartier à travers le développement qualitatif de ses espaces ouverts et verts et la création de nouveaux aménagements en faveur des transports publics et de la mobilité douce.

Thonon-les-bains ville lacustre

ul ac

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vallée

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plaine

Zones humides et boissements

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plateau agricole

Genève

Annemasse

La pénétrante de verdure de Frontenex dans le PACA Chablais. Source : (Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, 2011) modifications A. Salas

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Dans le PACA Chablais, elle se présente comme un territoire organisé entre deux agglomérations majeures : Genève et Thononles-Bains, faisant ainsi partie du territoire transfrontalier qui s’étend sur la rive gauche du lac Léman. Ce vaste territoire très contrastant, d’après le Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, (2011), présente des contextes urbains diversifiés, se caractérise par un taux d’activité faible (plutôt résidentielle et fortement pendulaire), et marque des rapports ville-campagne intenses (morcèlement des entités agricoles et banalisation du paysage périurbain).

ers traversant les petits villages. La frontière du Chablais représentait en 2011: 193’000 déplacements pendulaires. La pénétrante de verdure de Frontenex offre à la ville la possibilité de densifier son réseau de parcs et d’espaces ouverts, en permettant de le connecter à une échelle plus vaste, dans un système écologique et multifonctionnel : un réseau agro-environnemental. Elle est aussi la dernière pièce qui lie la diversité des paysages qui forment la plaine et la vallée de la rive gauche du lac Léman et délimitent le cœur de l’agglomération.

Afin de répondre aux objectifs du développement durable, en matière de limitation de consommation du foncier agricole, le PACA Chablais propose de structurer les extensions urbaines de manière à préserver les paysages et les continuités agricoles et naturelles et donner une nouvelle cohérence à l’interface ville-campagne.

Enfin, la pénétrante de verdure s’inscrit indirectement dans le PACA Genève – Annemasse – Salève. Elle fait partie des espaces verts à l’intérieur de la première couronne de l’agglomération qui limitent l’urbanisation et qui la séparent d’Annemasse. De par sa fonction, la pénétrante de verdure de Frontenex est considérée dans le PACA comme une entité agro-naturelle à préserver et à Les enjeux liés à la mobilité sont également valoriser dans le but de conserver des rupimportants dans le périmètre. Genève con- tures d’urbanisation. Par sa situation géostitue un pôle d’emploi majeurs où le nom- graphique, la pénétrante doit structurer le bre de déplacements est important et illustre territoire en connectant les espaces publics bien l’attractivité de la ville. Cependant il est de l’agglomération au grand paysage. aussi signe de pression sur les axes routi-

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La pénétrante de verdure de Frontenex

Idéogramme PACA GAS. Source : cahier nº 61-1 PACA Genève-Annemasse-Salève – rapport final septembre 2011.

Le Projet du paysage - le paysage agricole, la montagne et le lac. Dans le projet de l’agglomération, le Projet du paysage est le pilier structurant du projet d’aménagement du bassin genevois. L’interface ville-campagne est mobilisé dans l’idée de travailler sur les imbrications, les

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continuités ou les transitions spatiales entre les franges urbaines et les franges rurales. Dans ce contexte, la pénétrante de verdure de Frontenex est identifiée par le Contrat de territoire corridors biologiques Arve-Lac


comme un secteur marqué par un paysage agricole entre montagne et lac. D’après le Projet d’agglomération franco-valdo-genevois, (2012) ce contrat s’étend entre le Léman, les bois de Jussy/Douvaine et les milieux agricoles attenants, les Voirons et l’Arve. Il concerne des grandes entités forestières (Massif des Voirons, les bois de Jussy/Douvaine), le réseau aquatique constitué par les rives du Léman, l’Hermance, le Foron et la Seymaz, de milieux naturels ouverts humides tels que les marais de la Seymaz et du Foron, la tourbière de Lossy, les marais des Prés-de-Villette, le site de Marival et de nombreuses autres prairies intraforestières . Plusieurs de ces sites comme les Marais de Sionnet de la Haute-Seymaz sont des sites protégés et reconnus dans l’inventaire fédéral. C’est notamment un territoire d’importance pour les oiseaux. : les plaines agricoles entre Puplinge, Meinier et Choulex accueillent des gîtes d’étape lors de leur migration. C’est pourquoi, la conservation et la restauration des milieux existants sur ces périmètres sont indispensables afin de

garantir leur perméabilité biologique. Le contrat corridor Arve-lac vise à mettre en œuvre différents actions et programmes pour la restauration et la pérennisation des corridors biologiques et milieux naturels présents sur le site. Il considère la pénétrante de verdure de Frontenex comme une connexion biologique entre le lac Léman, la colline et les espaces agricoles de Choulex. D’une façon générale, de par sa position, la pénétrante de verdure (dernière connexion entre la pénétrante agricole de Vandoeuvres, et l’espace agricole entre les bois de Jussy/Douvaine et le Lac) joue un rôle important pour éviter la fragmentation du réseau agro-environnemental en devenant une structure de relais entre les écosystèmes aquatiques, agricoles et forestiers intégrant le périmètre du Contrat. Ce contrat signé en 2012 a cherché à inscrire cette césure dans les outils d’aménagement du territoire afin de conserver à long terme la présence des écosystèmes fonctionnels et contribuer au maintien d’une perméabilité pour la faune et la flore dans un contexte bâti

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La pénétrante de verdure de Frontenex

Idéogramme PACA GAS. Source : cahier nº 61-1 PACA Genève-Annemasse-Salève – rapport final septembre 2011.

« Il s’agit de dépasser effectivement la simple cohabitation de zones d’affectation pour mettre en place une mixité et diversité des usages et des paysages qui s’engageraient vers une politique d’interrelation entre les sites urbanisables avec les bassins de vie et les espaces ouverts naturels et agricoles » (Barthassat, Beuchat , & Dériaz, 2011)

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4.1.3 La pénétrante de verdure dans le Plan directeur cantonal (2030) D’après le Plan directeur cantonal (2030 : 7), les pénétrantes de verdure inscrites dans le principe d’aménagement “Réseau des espaces verts” sont des espaces multifonctionnels, essentiels pour la qualité de l’espace urbain par leurs valeurs d’usage, de paysage et d’environnement. Bien qu’elles soient fortement soumises à la pression urbaine, elles totalisent environ le 12% du territoire cantonal.

Le canton reconnaît la valeur structurante, sociale et biologique du réseau de ces espaces verts et cherche à assurer leur mise en valeur et leur pérennité en les inscrivant dans deux objectifs stratégiques : 1. la valorisation du paysage urbain et l’importance d’enrichir le réseau des espaces verts ; 2. l’encouragement de la qualité urbaine et la préservation du patrimoine. Ces objectifs sont illustrés dans le schéma de paysages urbains ci-après.

Schéma espace rural : Source : (République du Canton de Genève, 2013)

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La pénétrante de verdure de Frontenex

La pénétrante de verdure de Frontenex s’inscrit également dans les césures vertes qui relient la ville et la campagne de la fiche A11 du plan directeur cantonal. Elle est considérée, d’une part, comme un espace ouvert et parc favorable au développement

de la nature en ville, offrant des espaces de délassement à la population, et d’autre part, comme un couloir biologique qui intègre la charpente paysagère dans un réseau agro-environnemental en milieu urbain et rural.

Extrait de la carte d’espaces verts et publics. Source : Plan directeur cantonal 2030. http://etat.geneve.ch/ geodata/SIAMEN/PDCn/PDCn_GC_Ann03_Espaces_verts.pdf

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4.1.4 La pénétrante de verdure dans le plan directeur communal de Genève La ville de Genève, cœur du canton et du projet d’agglo 2030, représente 6.4% de la surface du canton et 0.8% de celle de l’agglomération, 24% de la population et 54% d’emplois du canton. Elle accueille en outre 35% des emplois de l’agglomération transfrontalière30. Ces chiffres révèlent les responsabilités que cette petite ville-centre, de renom international, doit assumer en termes

de l’offre en infrastructures de déplacement, de développement du marché de logement, et de protection de l’environnement. Ces chiffres soulèvent aussi l’importance de coordonner son cheminement avec les différents auteurs et instances territoriales qui font partie du bassin genevois et de tout son périmètre d’influence.

PL

R

Rade et rives – Plan directeur communal – Genève 2020. Source : http://etat.geneve.ch/geodata/SIAMEN/ PDL/PDCom_Geneve/PDCom_Geneve_Rade_Rive.pdf

Source : « Clés pour le logement transfrontalier » 2004 et « leviers pour faciliter la production de logement durables » CRFG en (Ville de Genève, 2009 : 10) 97 30


La pénétrante de verdure de Frontenex

D’après la Ville de Genève (2009), l’identité de la ville doit beaucoup à ses espaces verts. Ils sont un reflet de l’importance que la ville a su attribuer à son patrimoine vert et un héritage paysager qui consolide son image de ville-parc. Dans ce contexte, la pénétrante de verdure de Frontenex, née dans ce cœur d’agglomération contribue à la consolidation du réseau d’espaces ouverts et publics de la ville de Genève et à la mise en cohérence du maillage vert qui s’étend à l’échelle de l’agglomération.

98

L’origine de cette césure verte se révèle dans un premier temps dans les espaces publics de la rade (la rive gauche du lac Léman, Baby-Plage et Genève plage) et dans la succession de parcs remarquables (Le Jardin Anglais, Le Parc de La Grange, Le Parc d’Eaux-Vives). Corridor biologique et écologique, participation au maintien de la biodiversité, mobilité douce favorisée, la césure est dotée d’une fonction d’embellissement de la ville tout en favorisant le caractère et l’identité du paysage urbain genevois.


4.1.5 Synthèses contexte Êlargi

Source : Google Earth modifications A. Salas (2017)

99


La pénétrante de verdure de Frontenex

4.2 Contexte direct : une frange urbaine-rurale décousue “Villages, coulisses intimes de la nature genevoise, franges privées du territoire, très entretenues ou affectueusement négligées, tantôt mémoire de sous-bois argileux et frais aux odeurs de muguet {...} Allées de chênes majestueux, mais vieillissants, cernés de frênes droits comme des recrues ; {...}” (Gilles Mulhauser, 2006 : 145) (Bussy-Blunier, 2011 : 117)

La pénétrante de verdure de Frontenex Source : Google Earth, modifications : A. Salas2017)

100


4.2.1 La genèse du territoire

Extait de la Carte des environs de Genève de Micheli Du Crest, Jacques Barthélemy [S.l.] : [s.n.], 173031.

La transformation du territoire est révélée à partir de la lecture des cartes historiques afin de saisir les grandes étapes de l’évolution du paysage et de l’urbanisation du contexte de la pénétrante de verdure de Frontenex. Le plan Michelli du Crest, illustre dans ces détails les environs de Genève, un territoire agricole avec ses fermes et ses maisons de maître isolées, reliés par un réseau de chemins. En regardant l’évolution du territoire dans les cartes historiques et selon l’histoire de la commune de Cologny et de Vandeouvres, ce secteur a été toujours composé par

des maisons de campagne et de vastes zones dédiées à l’agriculture. À partir de 1900, cette aire devient l’extension de la ville, plusieurs villas jouxtent les domaines agricoles et de plus en plus, les grands domaines commencent à être morcelés. Le paysage rural et campagnard devient un paysage résidentiel dédié à l’habitation individuelle. Le paysage de la pénétrante reste assez intact. Plusieurs grandes propriétés composées de maisons de maître entourées de jardins occupent les parcelles de la pénétrante.

Source : image en ligne, http://explore.rero.ch/primo_library/libweb/action/dlDisplay.do?vid=RERO_V1&search_scope=default_scope&docId=VTLS_REROR007851670&prefLang=fr_FR&fn=permalink 101 31


La pénétrante de verdure de Frontenex

l’évolution urbaine

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Genève 1874. Source : swisstopo.ch 1874 empty text

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Genève 1899 Source : swisstopo.ch 1899 empty text

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Genève 1945 Source : swisstopo.ch 1945 empty text

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... des hameaux, des fermes et des maisons de maître isolées ...


... un paysage résidentiel : des zones villas et des grandes propriétés ...

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Genève 1967. Source : swisstopo.ch 1967 empty text

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Genève 1986 Source : swisstopo.ch 1986 empty text

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Genève 2004 Source : swisstopo.ch 2004 empty text

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Légende Réseau bocager Réseau hydrographique Bois et forêts Faubours, villages, hameaux Développement habitation faible densité Réseau viaire 103


La pénétrante de verdure de Frontenex

4.2.2 Contexte général

44,5%

37%

GE 18,5%

Limites administratives. Source : SITG modifications A. Salas

Situé sur la rive gauche, aux portes du cœur urbain de la ville de Genève. La pénétrante de verdure avec ses 262 hectares s’étend sur trois communes : Genève-Eaux-Vives (18,5 %), Cologny (44,5 %) et Vandeouvres (37 %). Au nord, elle est délimitée par le coteau de Cologny, caractérisé par une urbanisation de faible densité et le village de Vandoeuvres. Au Sud-Ouest, elle est principalement bordée par des projets d’extension urbaine, comme

104

La Tulette ou le Plateau de Frontenex, ainsi que par la zone de villas sur la commune de Vandeouvres. À l’Ouest, la pénétrante se connecte au tissu urbain consolidé de Genève à proximité de la gare des Eauxvives. Enfin, à l’Est, la pénétrante retrouve les champs agricoles, le bassin versant de la Seymaz et le village de Choulex.


Premiers regards : La pĂŠnĂŠtrante de verdure de Frontenex est : ...une promenade urbaine

...un parc urbain

... des ĂŠquipements sportifs

... des champs ouverts

105


La pĂŠnĂŠtrante de verdure de Frontenex

... un rĂŠseau bocager

... des passages

... un hangar agricole

106


... des maisons

Source photos : A. Salas

... des dĂŠgagements

... des clĂ´tures 107


La pénétrante de verdure de Frontenex

4.2.2.1 Territoire et hydrologie

Réseau hydrographique. Source : SITG modifications A. Salas

Ce territoire est irrigué par 4 cours d’eau: Le Nant de traînant, un petit ruisseau aujourd’hui canalisé, qui descendait autrefois du plateau de Frontenex et débouchait dans le lac. Selon le canton de Genève , c’était le seul fil d’eau important de la colline de Cologny qui marquait la limite des Franchises genevoises. Ce nant est protégé par son statut de zone de bois. Un petit ruisseau à ciel ouvert et très arboré qui fait 196m de longueur : le Laborieux. Il est situé sur des parcelles privées. 108

Et finalement, deux cours d’eau qui font partie du bassin versant de la Seymaz : Le ruisseau Le Moulanais, est un fil d’eau à ciel ouvert, situé sur des parcelles privées, il est aussi très arborisé. Le Nant de Bessinge est un cours d’eau enterré qui traversé de terrains agricoles de la commune de Vandoeuvres. Actuellement, il est issu d’une étude de faisabilité des projets de renaturation.


4.2.2.2 Territoire et patrimoine routière :

RĂŠseau viaire. Source : SITG modifications A. Salas 109


La pĂŠnĂŠtrante de verdure de Frontenex

4.2.2.3 Tissu urbain et patrimoine architectural :

9 8

7 6 3 1

2

4

5

Tissu urbain et patrimoine. Source : SITG modifications auteur.

110


1

4

Villa la Grange 1918. Source : Bibliothèque de Genève.photographe Frank Henri Julien32.

Maison Micheli-Calandrini. Source : Office du patrimoine et des sites33.

3

5

Ancienne maison Saladin-van Berchem 1987. Source : Office du patrimoine et des sites34.

Maison de Mallet. Source : Collection Jean-Georges Mallet35.

2 Source : image en ligne, http://www.notrehistoire. ch/medias/85334 33 Source : image en ligne, http://etat.geneve.ch/ geodata/SIPATRIMOINE/SI-EVI-OPS/EVI/edition/objets/2010-21270.htm 34 Source : image en ligne, http://etat.geneve.ch/geodata/SIPATRIMOINE/SI-EVI-OPS/EVI/edition/fiche_image.html 35 Source : image en ligne, http://www.notrehistoire. ch/medias/30758 36 Source : image en ligne, http://ge.ch/geodata/ SIPATRIMOINE/SI-EVI-OPS/EVI/edition/fiche_image. html 32

Maison de Traînant 1987. Source : Office du patrimoine et des sites36.

111


6

7

8

9

Source : orthophoto Swisstopo 112

Source : A. Salas


4.2.2.4.territoire et composition

une pénétrante agricole et résidentiel

une pénétrante urbaine Affectation. Source : SITG modifications A. Salas

113


La pĂŠnĂŠtrante de verdure de Frontenex

4.2.2.5 territoire et milieux naturel

Milieux naturel. Source : SITG modifications A. Salas

114


4.2.2.6 Réseau bocager

Réseau Bocager. Source : SITG modifications A. Salas

115


La pénétrante de verdure de Frontenex

4.2.3 Synthèse

Synthèse analyse. Source : SITG, mofications A. Salas

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... une frange urbaine rurale ... décousue

ur es

e

e

un

om pr

anè ge

x

u

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vé gé tau

e

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u ro ne

urs

un

de sc

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une

de sm

e

g pla

des champs

tro

uée

une clairière

de sp

arc

s

des équipements sportifs

Source : A. Salas

117


La pénétrante de verdure de Frontenex

4.3 Contexte détaillé 4.3.1 Quartier des Eaux-Vives , une pénétrante urbaine

Source : Orthophoto Swisstopo.

118


La pénétrante un parc urbain

17,5%

Superficie : 2.52 km2 Population résidente : 36.412 habitants Nombre d’habitants : 14.424 hab./km2

Composition

119


Affectation

Réseau viaire

Source : SITG modifications A. Salas 120


MobilitĂŠ douce

Equipements publics

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Patrimoine

Source : SITG modifications A. Salas 122


4.3.2 Commune de Cologny , une pĂŠnĂŠtrante agricole et residentielle

Source : Orthophoto Swisstopo.

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La pénétrante un espace résidentielle

Composition

Source : SITG modifications A. Salas 124


Affectation

Réseau viaire

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MobilitĂŠ douce

Equipements publics

Source : SITG modifications A. Salas 126


Patrimoine La Belotte

Villa Reverdin

Domaine du notre-dame du lac Cinq tilleuls à Colongy

Château le Mars

Temple de Cologny

Maison de Traînant Maison Gédéon Mallet Maison Saladin-van Berchem Maison Micheli Calandrini Mesures de protection Bâtiments et objets classés Bâtiments inscrits à l’inventaire Périmètres protégés (RDPPF) Périmètres naturels protégées Plans de site Règlements spéciaux

Parc de la Grange Maison de Saussure Eglise de Saint-Paul

Source : SITG modifications A. Salas 127


La pénétrante de verdure de Frontenex

4.3.3 Commune de Vandoeuvres, une pénétrante agricole et residentielle

Source : Orthophoto Swisstopo.

128


La pĂŠnĂŠtrante un espace agricole

Composition

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Affectation

Réseau viaire

Source : SITG modifications A. Salas 130


MobilitĂŠ douce

Equipements publics

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Patrimoine

Source : SITG modifications A. Salas 132


[

Synthèse et conclusion 5. La pénétrante de verdure de Frontenex ... quelle forme ?

[ 133


La pénétrante de verdure de Frontenex ... Quelle forme ?

5.1 Du constat au projet

e

u

ne

om pr

un m

x

u ro

vé gé tau

ur es

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ge

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lôt

ad en

une

de sm

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de sc

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des champs

tro

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une clairière

de sp

arc

s

des équipements sportifs

Source dessins : A. Salas

L’analyse territoriale de la pénétrante de verdure de Frontenex comme interface ville-campagne, nous a amené à constater l’importance de l’élaboration d’un projet urbain qui pérennise la pénétrante de verdure de Frontenex comme un paysage commun. Cette analyse, révèle la portée du fait de repenser les franges urbaines rurales comme lieu stratégique pour traiter les questions de l’articulation de l’interface ville-campagne. La pénétrante de verdure de Frontenex envisagée comme projet d’espace public rural consolide cette frange, garantit la proximité spatiale et relationnelle entre le tissu urbain et rural et permet tout simplement de reconnaître son existence et sa valeur.

destinée à proposer une image directrice intercommunale. Un outil de planification qui va tracer les orientations et dessiner des intentions dans l’élaboration d’un futur projet d’espace public urbain et rural afin de : • pérenniser cette césure verte comme héritage agricole et culturelle Genevoise, • matérialiser les objectifs du projet de paysage de l’agglomération en consolidant cette frange dans la charpente paysagère qui structure la région franco, valdo, genevois. • concrétiser la liaison ville-campagne en offrant des connexions entre les espaces urbanisés, ouverts, publics et ruraux.

La démarche d’analyse a mis en avant des enjeux importants à relever dans l’élaboraDans ce contexte, cette dernière partie est tion de l’image directrice intercommunale :

134


1. La pénétrante de verdure dans son interterritorialité De par sa situation géographique, cette césure verte s’étend sur trois territoires de compétences administratives différentes. En conséquence, la coordination intercommunale doit être préconisée afin de mettre en place une organisation commune et une nouvelle approche politique visant à prioriser la continuité du projet d’espace public rural. 2. Réseau d’éléments à relier et à affirmer De par sa composition, les divers éléments qui constituent la pénétrante doivent être reliés et réaffirmés avec un réseau de cheminements et d’espaces publics afin de mettre en place un projet pérenne qui favorise les échanges entre le monde urbain et rural. 3. Une identité rurale à préserver De par son héritage et fonction, la pénétrante de verdure doit mettre en valeur et protéger les qualités paysagères du secteur en conciliant les besoins de la production agricole avec les attentes des habitants, ainsi que reconnaître le rôle de l’agriculture dans la gestion des espaces ouverts. 4. Traitement des limites à gérer De par sa fonction de frange urbaine rurale, la pénétrante de verdure doit négocier/gérer ses limites en proposant des aménagements permettant aux habitants de profiter du secteur en tant qu’espace de détente, de loisir et de promenade, tout en évitant les conflits entre ces usages et les activités agricoles. 135


La pénétrante de verdure de Frontenex ... Quelle forme ?

L’état des lieux

136


5.2 Schema directeur La pénétrante de verdure de Frontenex, dans une démarche de projet concertée prendre la forme d’un espace public urbain rural dans lequel se prolonge dans la nature.

...”J’ai dit, sous notre premier point, que le projet ajoute du sens et qu’il est de nature déclarative. Il sied maintenant de préciser que l’examen des aptitudes territoriales n’a pas qu’une dimension étique, parce qu’il induit des responsabilités multiples. Quel urbanisme, quel aménagement pour quelle société?”... André Corboz Source dessins : A. Salas 137


La pénétrante de verdure de Frontenex ... Quelle forme ?

5.2.1 Objectifs de planification Les mesures proposées dans le cadre du projet d’espace public rural/urbain pour la pénétrante de verdure de Frontenex visent les objectifs suivants :

1. Cadre institutionnel et gouvernance : La pénétrante de verdure dans son interterritorialité. L’émancipation spatiale. En prenant comme référence le concept d’interterritorialité développé par Vanier: « L’interterritorialité consiste à reconnaître que chaque organisation politique gestionnaire d’un territoire est prise dans un ensemble plus vaste à la coordination duquel elle doit contribuer » (Vanier, 2005)37

2. La pénétrante de verdure de Frontenex, un projet d’espace public rural/urbain qui articule cette césure verte et renforce la charpente paysagère : La mise en place d’une démarche de projet afin d’organiser un espace public rural ouvert sur la campagne genevoise.

a. Structurer la pénétrante de verdure à partir d’un réseau de cheminements piétons et de mobilité douce. Mettre en place un La pénétrante de verdure doit : réseau d’espaces publics reliant les parcs, a. Promouvoir la coordination intercommu- habitations, équipements sportifs, champs nale afin d’agencer un compromis sociopoli- agricoles. tique et spatial dans l’élaboration d’un projet b. Promouvoir de nouvelles centralités qui qui pérennise la pénétrante de verdure de favorisent l’agriculture de proximité, dévelFrontenex opper la vente directe de produits agricoles, b. Promouvoir une stratégie pour la prise soutenir la promotion des produits du terroir. en compte et gestion des franges urbaines/ c. Favoriser un projet de paysage qui équilirurales (le troisième paysage) dans les poli- bre les besoins du développement urbain, tiques sur l’aménagement du territoire. les sols agricoles Article en ligne : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00177581 138 37


3. Campagnes urbaines, espaces naturels et 4. La pénétrante et la ville : un dialogue paysage : La pénétrante de verdure et à construire. Traiter les limites et son son héritage agricole et paysager. interrelation; et assurer les continuités écologiques, biologiques, sociales, économa. Mettre en valeur l’identité rurale et pro- iques entre les espaces ouverts et les téger les qualités paysagères du secteur espaces bâtis. b. Réfléchir à la maîtrise foncière des espaces concernés comme surfaces d’assole- a. Requalifier les franges urbaines, renfoncments (SDA). er le lien du tissu urbain avec leur environc. Rendre accessible au public la pénétrante nement de verdure de Frontenex, comme lieu com- b. Redonner une valeur d’usage aux cours posé d’espaces naturels et agricoles concil- d’eau en leur procurant une fonction d’esiant l’intérêt écologique et l’intérêt récréatif. pace public d. Révéler les idéntités paysagères et val- c. Rénaturaliser les cours d’eau, aménager oriser les ouvertures visuelles sur le grand les berges par la réalisation de promenades paysage plantées e. Valoriser et renforcer la végétation ex- d. Favoriser les cheminements de mobilité istante (réseau bocager) comme structure douce qui relient les différents quartiers paysagère et patrimoniale. avec la pénétrante.

Source dessins : A. Salas 139


La pénétrante de verdure de Frontenex ... Quelle forme ?

5.2.2 Principes d’aménagement - les intentions 1. Confirmer la vocation de la zone : l’espace public rural comme point de départ

“Haies, murets, clôtures souvent aveugles, séparation par rapport à l’autre, à la communauté, au paysage environnant. Zone maintenue à l’écart de la vie urbaine”

Mise en place d’un réseau d’espaces publics ruraux - une réflexion doit être amenée sur la souplesse des surfaces d’assolement (SDA) en termes de types d’emprises pour la concrétisation des cheminements piétons et de mobilité douce sur les surfaces agricoles.

Zone Agricole

Surfaces publiques : cheminements Bandes de transition : Zones de piétons et de mobilité douce marge, assurer des nouveles fonctions afin de soutenir la vie urbaine publique Source dessins : A. Salas

140


2. Favoriser les échanges : centralités qui structurent Création et renforcement de polarités existantes : éléments qui constituent des liens et renforcent le rôle de la pénétrante de verdure. Centralités intégrées dans le tissu social, économique et environnemental.

La disposition de diverses centralités est une mesure qui vise à établir des synergies entre le contexte urbain et les nouveaux projets d’urbanisation, la fonction agricole de la pénétrante et la vocation du territoire comme point de contact entre le centre de ville et la campagne genevoise. Revalorisation des centralités agricoles Secteur de la Vigne blanche : Implantation des fermes urbaines et point de vente de produits locaux.

Source dessins : A. Salas 141


La pénétrante de verdure de Frontenex ... Quelle forme ?

Création d’unités de voisinage : espaces publics ruraux de sociabilité et de production agricole. Ils sont des espaces publics d’accueil pour la détente et la mise en place d’activités liées à la sensibilisation aux enjeux de l’agriculture, de la biodiversité et de l’alimentation.

Secteur du Nant de Bessinge : Redonner une valeur d’usage au cours d’eau en leur procurant une fonction d’espace public. Proposer des aménagement simples et compacts permettant à la population de profiter du secteur en tant qu’espace de détente, de loisir et de promenade. 3. Identité rurale à mettre en valeur - agriculture de proximité Agriculture de proximité : une agriculture plus vivrière destinée au bassin urbain. Intégrer l’agriculture tout en préservant les qualités de vie à la campagne, en insérant des équipements, des cheminements, des jardins partagés. Soutenir la promotion de produits du terroir.

Relations réciproques entre la zone villa et la zone agricole, effets d’opportunité ?

Dépasser les conflits, créer les conditions d’un équilibre et susciter l’apprentissage d’une coexistence conviviale. Source dessins : A. Salas

142


Secteur des fourches :

Cohabitation entre pratiques agraires, loisir et nature : création de vergers collectifs, cultures partagées, pratiques récréatives et de jardinage. Proposer des aménagements simples et compacts permettant des espaces de sociabilité en favorisant la cohabitation entre les différents usages. Affirmer les connexions et les relations visuelles avec les espaces agricoles.

4. Biodivesité et renaturation des cours d’eau La pénétrante et son potentiel écosystémique. L’enjeu écologique de la césure verte réside dans la mise en place et la concrétisation d’un réseau agro-environnemental qui fait la promotion de la conservation et l’amélioration qualitative des milieux naturels, ainsi que de la fonctionnalité des corridors biologiques existant afin de freiner la perte de la biodiversité, de conférer une identité écosystémique à ce lieu et de renforcer cette charpente paysagère qui constitue le socle territorial sur lequel est fondée la pénétrante à l’échelle de l’agglomération. Biodiversité synonyme de développement durable.

Source dessins : A. Salas 143


Secteur Nant du Bessinge : Intégrer le projet en cours de la commune de Vandeouvres sur la renaturation des Nant de Bessinge et du Moulanais avec la création d’un espace public rural qui redonne une valeur d’usage au cours d’eau en leur procurant une fonction d’espace public. Accompagner la renaturation de ce cours d’eau riche en biotopes avec la création d’une unité de voisinage, un espace de sociabilité et de production. “Le principe de renaturation des nants est conforme au Projet 2015, concept de l’aménagement cantonal (Objectif 5.13, p.72) : « Protéger et reconstituer les cours d’eau et leur paysage en favorisant la biodiversité de ces éléments »”

Nature et biodiversité : support privilégié de production des services écosystémiques au bord du tissu urbain.

Etablir de nouveaux rapports qui rééquilibrent les besoins de l’agriculture, des espaces de loisirs, ainsi que des milieux naturels. Source dessins : A. Salas 144


5. Traiter les limites et assurer les continuités écologiques entre l’espace bâti et non bâti.

« Tourner vers l’extérieur une partie de l’intérieur puisque l’espace public peut fonctionner »

Mettre en place le concept de lisières de contact (zone de transition entre deux milieux différents) afin d’améliorer le passage entre l’environnement bâti et les espaces ouverts. Appropriation du concept de lisières étagées afin de gérer les transitions entre les différents milieux : « la lisière est un écosystème de contact (écotone) qui a ses conditions propres, ainsi qu’une faune et une flore spécifique (Snoeck et Baar,2001)38.

Ourlet herbacé

Ceinture buissonnante

Manteau forestier

Revitalisation des lisières forestières, article en ligne : https://www.vd.ch/fileadmin/user_upload/themes/ environnement/forets/fichiers_pdf/biodiv_rpt_12_15/ANNEXE_4_Revitalisation_des_lisi%C3%A8res.pdf 145 38


La pénétrante de verdure de Frontenex ... Quelle forme ?

Secteur des Eaux-vives :

- Prolongement du réseau bocager vers le tissu urbain - Aménagement des bandes de transition (lisières étagées) entre le Parc de la Grange et le tissu urbain du quartier des Eaux-vives - Prologement de l’espace public vers le tissu urbain

Lisière étagée Parc de la Grange Source dessins : A. Salas 146


Secteur axe route de Vandeouvres : traitement des lisières étagées sur les trottoirs de voies de circulation, utilisation des bandes agricoles existantes sur la zone agricole pour la mise en place de ces lisières. Contraintes : les surfaces d’assolement SDA. Conflit : emprise du projet par rapport aux SDA du Canton de Genève, possible réflexion sur la création d’un instrument plus souple de protection du sol dans le cadre de l’élaboration de projets de paysage et d’espace public rural sur la zone agricole.

Cultures

Cultures

Bande agricole

Voie cyclable sécurisée

Bandes enherbées

Trottoirs

Bande agricole

Cultures

Dispositif agro paysager, tampon écologique entre les surfaces cultivées, les trottoirs et les axes routiers, fonctions : Conservation de la biodiversité Atténuer les effets de la fragmentation des habitats Qualités esthétiques Valeur récréative Instrument paysager. Source dessins : A. Salas 147


5.3 L’image directrice intercommunale, un outil d’aménagement pour la pénétrantre de verdure de Frontenex

148


149


150


5. Bibliographie

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Bibliographie

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