La Résidence officielle du Canada en France


Directrice d'ouvrage / Auteure :
Ariane Lemieux
Mise en page :
Marion Rayet
Lisa Eymet
Photographe : Éric Sander
Cette publication n’aurait pu être réalisée sans la volonté et le soutien de Madame Isabelle Hudon, Ambassadrice du Canada en France et à Monaco (2018-2021)
© Ambassade du Canada en France, juillet 2021
nvenue au Canada ! »
ien ai-je aimé offrir à chaque convive ces trois mots, nts de chaleur et enveloppés d’un paradoxe amusé perron du 135 rue du Faubourg Saint-Honoré, ils nt immanquablement un joyeux, curieux et double ment. Le premier naît d’emblée à prendre nce que l’hôtel particulier dans lequel on vient de e pied, de facture si parisienne, est pourtant bel et haut-lieu du Canada en France. Le deuxième vient es pas plus loin, dans le grand salon : là, on réalise Résidence officielle du Canada en France habite rs parés de boiseries sculptées et dorées au style très Louis XV, si loin de l’image de simplicité directe et sans fioritures qu'on se fait, à raison, du Canada
Et pourtant, depuis 70 ans, l’hôtel de Rigny, bien campé dans le 8ème arrondissement parisien, est la Maison du Canada en France Alors que la relation diplomatique officielle entre nos deux pays soufflera sa centième bougie en 2028, notre amitié historique, nourrie, solide me semblait mériter que son haut lieu le plus emblématique en France vous soit mieux accessible et connu
Pour que ses portes s’ouvrent plus larges virtuellement, audelà des réceptions officielles, au-delà des journées du patrimoine, cette publication vous offre de lever un voile patrimonial sur l’alliance de boiseries, d’érable et de coquelicot qui fait un élégant écrin aux multiples facettes de notre amitié, diplomatique, politique, économique, culturelle, universitaire
Ces pages vous seront aussi l’occasion de réaliser que 70 ans d’échanges, anecdotes et épisodes sont la matrice d’innombrables belles histoires, et parfois aussi font l’Histoire Tous et chacune, je suis heureuse de vous accueillir ici : oui, « bienvenue au Canada ! »
Isabelle Hudon, Ambassadrice du Canada en France et à Monaco Juin 2021 Magazine de la Résidence officielle du Canada en France IsabelleHudon,AmbassadriceduCanadaenFranceetàMonacoL'hôtel de Rigny (1860-1893) : un hôtel particulier du XIXe siècle
L'hôtel Lebaudy-Fels (1893-1951) : un écrin de boiseries
La Résidence officielle du Canada : le Canada au cœur de Paris
Bibliographie
Œuvres de la collection d'Affaires mondiales
Canada à la Résidence officielle
Remerciements 28
La Résidence officielle du Canada en France a été instituée en 1951 dans l'hôtel de Rigny situé au 135 rue du Faubourg Saint-Honoré dans le 8ème arrondissement Lieu de vie, de rencontres et de représentation, elle est à la fois un reflet des arts décoratifs français et de la création contemporaine canadienne. Un soin particulier a été apporté à la conservation de ses boiseries patrimoniales que le design et l’art contemporain canadiens rehaussent et complètent, tel un rappel des relations bilatérales entre le Canada et la France qui sont autant une histoire de rencontres que d’influences réciproques.
Sous ses décors de boiseries dorées avec lesquels dialoguent les œuvres de nos créateurs d'aujourd'hui, c’est donc une partie de l’histoire de l’amitié entre les Canadiens et les Français qui s’y écrit chaque jour.
canadien en plein
cœur de Paris, la Résidence officielle du Canada raconte, à sa manière, l’histoire de ses relations diplomatiques et d’amitié avec la France et les Français.
L’hôtel particulier dans lequel résident les ambassadrices et les ambassadeurs du Canada en France a été construit à la fin des années 1860 à l’emplacement des anciennes écuries du Comte d’Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X. Construites entre 1781 et 1784 selon les plans de François-Joseph Bélanger (1744-1818), celles-ci faisaient partie du domaine de la Couronne jusqu’à ce qu’un avis du Sénat autorise, en avril 1860, un transfert de propriété en faveur de la Ville de Paris.
En août, les écuries sont mises en ventes et rachetées par Auguste de Talhouët-Roy (1819-84), homme politique et ministre des Travaux publics de 1876 à 1882, qui présente immédiatement un plan de lotissement en quatre parcelles. La Comtesse de Rigny (1803-75) acquiert l’une d’elles pour y faire construire son hôtel particulier qui deviendra près d’un siècle plus tard la Résidence officielle du Canada.
Au moment de la transaction, la Comtesse de Rigny jouit d’une belle fortune et d’une position sociale suffisamment élevée pour justifier la possession d’un hôtel particulier sur la rue du Faubourg SaintHonoré. Née Adèle Narcisse Defontaine le 13 mai 1803 à Mons en Belgique, elle épouse à l’âge de 18 ans Florent François Daniel Honnorez (1780-1830), un riche homme d’affaires belge dont elle aura trois filles. Veuve en 1830, elle se remarie en 1834 avec le Comte Henri de Rigny, un officier de la marine et homme politique fort respecté pour avoir conduit victorieusement la bataille de Navarin de 1827 De ce mariage, elle acquiert le titre de Comtesse de Rigny et accède à l'aristocratie d'Empire qui, à l'époque, s'empressait à ériger de beaux hôtels particuliers dans les quartiers ouest de la capitale De ce mariage nait aussi deux filles
L’hôtel construit pour la Comtesse de Rigny est représentatif de la vogue du pastiche du dernier tiers du XIXe siècle Il imite le modèle canonique des hôtels particuliers de la seconde moitié du XVIIe siècle caractérisé par un respect de la ligne et privilégiant la simplicité Le nom de l’architecte reste
à ce jour inconnu. Cependant, il est possible qu’il s’agisse de l'architecte de l’hôtel voisin, construit pour son gendre, le Marquis de Talhouët-Roy, et sa fille Léonie. Dans une étude de 1975, Michel Dillange, architecte des Bâtiments de France, considère d’ailleurs les deux hôtels comme un ensemble architectural à part entière. Une demande d'inscription au titre de monument historique avait alors été présentée communément, mais ne connu pas de suite favorable.
Compris entre cour et jardin, le volume consiste en un corps de logis rectangulaire à trois niveaux bordé de deux petites ailles saillantes symétriques coiffées d'un toit d’ardoises à comble brisé, dit “à la Mansart”. La cour qui le précède est fermée sur la rue du Faubourg Saint-Honoré par un mur-écran surmonté d'une grille en fer forgé et par deux pavillons de garde.
L'ornementation de la façade est simple et symétrique, reprenant les motifs traditionnels de l'architecture classique. S'en dégage ainsi une sobre élégance en accord avec le statut et la condition de sa propriétaire. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont cerclées de pierres en saillie et couronnées d’agrafes enguirlandées alors que celles du premier étage sont séparées de pilastres ioniques et ornées de mascarons représentant alternativement un homme et une femme. Les lucarnes sont communément à frontons circulaires cernées de jambages en volute.
La façade telle que nous la voyons aujourd'hui diffère toutefois du temps de la Comtesse de Rigny Le Plan de cadastre de 1880 montre que l'hôtel présentait une entrée centrale accessible par un double escalier qu’une terrasse d’accueil, abritée par une galerie de verre, parcourait toute la longueur, allant d’une l'aile latérale à l'autre Or, cette entrée a été déplacée au tournant du 20e siècle du côté de l'aile est Ce déplacement de l’entrée principale a d’autant plus modifié l’aspect d’origine de l’hôtel que celui-ci s’est accompagné de la construction d’un vestibule d’accueil La symétrie qui caractérisait l'architecture s'est alors perdue, mais l'ensemble reste néanmoins agréable à l'œil et il est en réalité bien difficile de s'imaginer une si importante modification tant elle est invisible
Côté jardin, la façade se distingue de celle sur cour par ses larges portes-fenêtres faisant toute la longueur. Un étroit balcon à balustrade en fer forgé ceint les fenêtres du premier étage en son milieu. L'aspect de résidence urbaine est ainsi atténué, donnant une impression de "maison de plaisance" de la proche campagne. Du temps de la Comtesse de Rigny, le jardin avait été conçu à l’anglaise selon la mode du temps et l’art officiel des jardins et des parcs parisiens sous le Second Empire. Au fond, était construit un bâtiment de commun longeant la rue d’Artois, comprenant notamment une remise pour quatre voitures et une écurie pouvant recevoir cinq chevaux. Rien ne subsiste aujourd'hui, si ce n'est que quelques fragments des anciennes fondations.
Pendant que la France vit sous le règne de Napoléon III, le Canada obtient son statut de Dominion. Le 1er juillet 1867, il devient le première colonie britannique à connaître une indépendance politique, financière et commerciale sans pour autant devenir pleinement souverain. Le Canada compte alors les actuelles provinces de l’Ontario, du Québec, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick.
L’union des colonies de l’Amérique du Nord britannique que sont le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et le Québec est la première étape d’un processus d’édification nationale qui englobera d’autres provinces et territoires concrétisant la naissance d’un pays allant d’un océan à l’autre.
La Comtesse de Rigny décède en 1875, laissant pour seules héritières deux de ses cinq filles , Léonie et Hortense Au décès de cette dernière, l’hôtel devient la propriété de la première qui était l'épouse du Marquis de Talhouët-Roy Les époux avaient fait d'ailleurs fait construire leur propre hôtel voisin, le numéro 137, mais s'en était départi en 1881 au profit de l'indus-triel Henri Schneider
En 1892, leur fille Marie-Élisabeth, la Marquise de Juigné, hérite à son tour de l'hôtel de la Comtesse Elle le vend deux ans plus tard à Jeanne Lebaudy (1865-1943), riche héritière de la dynastie sucrière du même nom, et au Comte Edmond de Fels, prince de Heffingen (1858-1951), diplomate, écrivain et historien français Le couple y réalise d’importants travaux qui modifièrent entièrement l'aménagement des espaces intérieurs, mais aussi la façade sur cour et la disposition du jardin L'hôtel de Rigny devint ainsi l'hôtel Lebaudy-Fels avec ses décors de boiseries que la Résidence des ambassadeurs et des ambassadrices du Canada conservent encore aujourd'hui
Le Comte et la Comtesse de Fels réalisent des travaux qui in fine sont fort représentatifs du goût d'une certaine bourgeoisie d'affaires de la Belle Époque (1871-1914). Tout comme le Comte Moïse de Camondo ou le baron Edmond James de Rothschild, les Fels entendent reconstituer dans leur hôtel particulier l'apparence des demeures du XVIIIe dans le confort que permet leur époque
Conduits entre 1895 et 1905, les travaux consistent d’abord à leur assurer les commodités de la modernité (salle de bain, électricité, système de chauffage au mazout) et à agrandir le corps de logis principal en y ajoutant un vestibule sur l’aile est et en décentralisant l'escalier intérieur desservant le premier étage. Dans un deuxième temps, ils consistent à redistribuer et à reconfigurer les espaces du rez-dechaussée pour y intégrer des décors de boiseries anciennes acquis sur le marché de l'art et des pastiches de style Régence, Louis XV et XVI Les trois salons et deux salles à manger, qui accueillent aujourd’hui les activités diplomatiques, économiques et culturelles du Canada en France, se révèlent ainsi être tout à la fois des témoignages du goût historiciste de la fin du XIXe siècle et de l’habileté des architectes du temps à composer des ensembles cohérents sur la base de quelques éléments originaux et d’une réinterprétation des motifs décoratifs du passé.
Les quelques archives disponibles ne permettent cependant pas d’identifier le maître d’œuvre de ces importants travaux Dans un article daté de 1995, Gérard Rousset-Charny, historien d’art et attaché de conservation, propose le nom d’Alfred Coulomb (1838-1929) de par son rattachement à Gustave Lebaudy, l’oncle de Jeanne Lebaudy. Mais l’agence d’Ernest Sanson (1836-1918), qui était alors l’un des architectes les plus appréciés de la bourgeoisie d’affaires, est certainement tout autant, sinon plus, plausible Son expertise dans la réalisation de boiseries de style ancien et la réinstallation de boiseries anciennes dans des hôtels modernes lui a valu de nombreux contrats Aussi, nous savons que le
Comte de Fels avait fait appel à lui pour la réalisation de son château de Voisins qui, en définitive, revint à l'un de ses proches collaborateurs, René Sergent
Selon Michel Le Moël, anciennement conservateur aux Archives nationales, c'est ce même René Sergent qui aurait réalisé au 135 rue du Faubourg SaintHonoré, le grand escalier intérieur menant du rez-dechaussée au premier étage, de même que le vestibule extérieur. Mais l'implication de Sergent à cette adresse ne fait pas l'unanimité auprès des spécialistes D’un point de vue stylistique, le grand escalier menant du vestibule aux appartements privés est de facture néo Louis-quinzième Il est décoré d’une élégante rampe de fer forgé aux motifs rocailles tandis que la partie supérieure de la cage se compose d'un décor de pilastres d'ordre ionique dominés par une corniche ornée de guirlandes de fleurs
La singularité des travaux commandés par le couple
Lebaudy-Fels se manifeste tout particulièrement au niveau des pièces de sociabilité. Accessibles à partir du vestibule orné de mascarons entourés d'ornements floraux, chacune d'elles présentent un élégant décor inspiré des styles traversant le XVIIIème siècle et plus particulièrement du style Louis XV
D'un océan à l'autre Sous la IIIe République, le Canada s’élargit jusqu'à devenir en 1949, un territoire de 9 985 millions de km2. Il incorpore les actuelles provinces du Manitoba, de la ColombieBritannique (1871), de l’Ile-du-Prince-Édouard (1873), de l’Alberta et de la Saskatchewan (1905), les Territoires du Nord-Ouest (1870) et du Yukon (1898). L'annexion de la province de Terre-Neuve en 1949 et la création du territoire du Nunavut en 1999 complètent la carte de l'actuel Canada.
Sur les rails d’Est en Ouest
Le Canada se développe et s’industrialise durant le boom économique des années 1890 et du début du vingtième siècle. Ce développement est favorisé par l'expansion du chemin de fer qui s 'avère un puissant moteur d'affirmation de la Confédération canadienne.
Rampedeferforgéauxmotifsrocaille.Détail. ©ArianeLemieuxLe goût du Comte et de la Comtesse de Fels pour la boiserie décorative du XVIIIe siècle est observable dès l’entrée dans le Grand Salon. Très largement ouvert sur le jardin par quatre portes-fenêtres sur toute sa longueur, il donne à voir un décor alliant les styles Régences et Louis XV
Il se compose de boiseries ivoire et or surmontées d’une large frise de stuc composée d’arabesques de feuillages, de guirlandes de fleurs, de carquois et de flambeaux, d’instruments de musique et d'attributs du berger, de quelques oiseaux et animaux exotiques ou imaginaires. Aux écoinçons, on reconnaît un profil d’homme ou de femme au milieu d’un cadre fleuri que bordent deux angelots posés sur des feuilles d'acanthe
Ces figures enfantines apparaissent également au dessus de deux des six portes que compte ce salon élégant ayant pour thème les arts. Les quatre autres portes sont pour leur part surmontées de peintures illustrant les arts libéraux, que sont la peinture, la sculpture, la musique et l'architecture, réalisées d’après Carle Van Loo (1715-1765). Premier peintre de Louis XV et directeur de l’Académie royale de
peinture et de sculpture, Van Loo avait peint ses allégories des arts pour orner les trumeaux de son Salon de Compagnie de Madame de Pompadour (1721-64) en son château de Bellevue. La sculpture est représentée par un enfant travaillant le buste de Louis XV alors que la musique s’illustre par une claveciniste sous les traits de Madame de Pompadour rajeunie de plus de vingt ans. La peinture est pour sa part représentée par un enfant affublé du béret du peintre portraiturant la fille de Madame de Pompadour, Alexandrine, née de son mariage avec CharlesGuillaume Le Normant d’Etiolles. Quant à l’architecture, Van Loo l’exprime à travers des enfants étudiant les plans du château aujourd'hui disparu
Exposées dans un premier temps au Salon de la Peinture et de la Sculpture de1753, elles eurent un succès considérable Le choix d’illustrer les arts par des figures enfantines était en effet tout à fait nouveau à l'époque et stimula de nombreuses copies Leur version gravée réalisée en 1756 a, par ailleurs, favorisé la production d’un nombre particulièrement important d’exemplaires inondant ainsi le marché de l'art et profitant, près d'un siècle plus tard, au couple Lebaudy-Fels
L'intérêt historique du Grand Salon procède de l'intégration du bel ensemble de panneaux sculptés qui ornait le cabinet de travail de l'ancien trésorier général alternatif des troupes de la Maison du Roi, Jacques-André Dupille (1660-1740) dont l'hôtel particulier se situait au 76 rue de Turenne dans le troisième arrondissement Dupille avait fait réalisé ces panneaux dans les années 1720 d’après les dessins du sculpteur-ornementiste des Bâtiments du Roi, Mathieu Legoupil (1660- nd) que conserve la Kunstbibliothek de Berlin. Dans les années 1890, leur acquisition par les Lebaudy-Fels avait été jugée suffisamment remarquable pour être soulignée par Alfred de Campeaux dans son ouvrage L'Art décoratif dans le Vieux Paris publié en 1898.
Les panneaux les plus larges ont été remontés sur le mur longitudinale faisant face aux portes-fenêtres
BoiseriesenprovenanceduCabinetdeJacques-AndréDupille ©EricSander
Projetpourlaboiserieornantaujourd’huile GrandSalondelaRésidenceduCanada. D'aprèsMathieuLegoupil. ©Per-ÂkePersson Nationalmuseum,Stockholm
L’AllégoriedelaPeinture d’aprèsCarleVanLoo © EricSander L’AllégoriedelaMusique d’aprèsCarleVanLoo © EricSander MédaillonssculptésenprovenanceduCabinetde Jacques-AndréDupille.PhotoEd.Bourdier (F.Contel,éditeur,Paris)1930Ils présentent en leur milieu de grands trophées d'instruments appartenant aux arts et aux sciences
On y reconnait tour à tour des instruments de musique tels la mandoline, la flûte ou la cornemuse, des attributs du théâtre tels le manuscrit, le masque et la marotte (emblème de la folie), ou des symboles des sciences et techniques comme le globe, l’équerre et l’encyclopédie
Les panneaux les plus étroits ont été remontés de part et d’autre de la cheminée que surmonte un grand miroir au pourtour sculpté et décoré de figures de dragons, d’un carquois de flèches et d’un flambeau Ils laissent voir en leur milieu des médaillons au centre desquels ont été sculptées des figures d'hommes et de femmes en habit champêtre L’une des figures a été réalisée d’après une gravure de Jean Berain père (1640-1711), ornemaniste et décorateur de théâtre français sous Louis XIV : Du Moulin en habit de Paysan Dansant à l'Opéra.
Le remontage de l'ensemble de Dupille a cependant mené à la réalisation de panneaux-pastiches en stuc. Il s'agissait pour les architectes, de s'adapter à la dimension et la configuration du Grand Salon et ainsi assurer une cohérence d'ensemble. L'œil attentif saura toutefois les reconnaitre à la forme de leur motif, plus souple du côté des panneaux-pastiches, plus franche du côté des originaux.
Ce salon de réceptions aux éléments patrimoniaux ouvre sur un salon de plus petite dimension destiné à des sociabilités plus intimes et propices aux dialogues Ce petit salon, désormais connu sous le nom de Salon Georges Vanier en hommage au premier ambassadeur du Canada en France, se compose de fragments de boiseries anciennes et de moulures de stuc dorées. Il inclut à la fois des motifs décoratifs de styles Régence, Louis XV et Louis XVI
Les trois larges miroirs aux encadrements moulurés d’ornements et de motifs à quadrille assurent à ce salon un bel équilibre décoratif. Ils sont sumontés
Du temps où il était général, Georges Vanier participe aux batailles des Cratères de Saint-Éloi (1916) et de la Crête de Vimy (1917) En 1945, il promeut avec son épouse, Pauline Archer, une politique canadienne d'immigration active et humaniste. De 1947 à 1953, plus de 186 000 réfugiés européens viennent s'établir au Canada
Médaillonsculptéd’aprèsunegravuredeJeanBérainpère ©EricSander JeanBérainpère, DuMoulinenhabitdePaysan dansantàl'Opéra, 1700 PetitSalon,ditSalonGeorgesVanier© EricSanderdes attributs du berger que sont la flûte et le bâton, et d’un visage juvénile au milieu de feuilles de vigne et d’acanthe à travers lesquelles se devinent les contours d’une lyre De part et d’autre, deux dragons ailés et deux petits visages d’or, l’un masculin, l’un féminin, se détachent avec finesse.
Les quatre portes sont surmontées d'un décor sur le thème des saisons. Le printemps est figuré par l’abondance de fleurs alors que l’été se devine à travers des tiges de blé au milieu desquelles apparaît un carquois contenant les flèches de l’amour.
L’automne est représenté par des grappes de raisins et un thyrse terminé d’une pomme de pin et orné de feuilles de lierre. Quant à l’hiver, il est symbolisé par le houx garni de ses fruits rouges.
Ces allégories sont complétées par deux panneaux de boiseries dont les parties supérieures sont ornées de trophées constitués de flûtes de pan, de houlettes et de flambeaux. Aux écoinçons, sur un fond couleur vert d’eau bordée de moulures de feuilles d’acanthe dorées, les représentations de Déméter, déesse de l’agriculture et des moissons, et d’Éros, dieu de l’amour et du désir amoureux, achèvent ce décor envisagé sous le signe d’un imaginaire pastoral.
Marc-AurèledeFoySuzor-Coté, Allégoriedel’Automnecanadien,1914 Huilesurtoile,101cm(diamètre) CollectionduMuséenationaldesBeaux-ArtsduQuébec DondePauletLilyIvanier(2000.224) ©Jean-GuyKérouac,MNBAQ Allégoriedel'automne,réaliséeparMarc-AurèledeFoySuzor-Coté, l'undespeintrescanadienslesplusimportantsduXXesiècle, témoigneàsafaçondelasymboliquenationale querevêtlafeuilled'érablerougieauCanada.
Le drapeau national Au Canada, la représentation de l’automne se distingue au regard de la réalité de son terroir et de sa culture populaire. La feuille d’érable symbolise a la terre et ses habitants depuis plus de 300 ans Depuis 1965, la feuille d’érable a pris place au centre du drapeau national et illustre l’identité commune des citoyen ne s canadien e s
Allégoriedel'Automne-Dessus-de-porte ©EricSanderLa pièce suivante est quant à elle de style rocaille Les arabesques triomphent au niveau de la frise et les motifs de coquilles s’y déploient en finesse sur un fond blanc ivoire On y remarque des figures de dragons et d’oiseaux selon la vogue pour animaux exotiques tout au long du XVIIIe siècle. Son originalité tient à sa forme tout en longueur, à la présence de trois grandes glaces cintrées allant du sol au plafond et compartimentées par un réseau de lignes dorées et à ses imposants trophées d’instruments de musique.
L’esthétique rococo privilégiée pour cette pièce se confirme au regard des dessus-de-porte en toile peinte d’après les gravures de quatre pastorales galantes de François Boucher (1703-70), premier peintre du Roi à partir de 1765, et réalisées en 1755 pour Madame de Pompadour. On y reconnaît Les Charmes du printemps, Les Plaisirs de l’été, Les Délices de l’automne, mais aussi Les Amusements de l’hiver qui, pour de nombreuses Canadiennes et de nombreux Canadiens, sont un clin d’œil aux joies de leur jeunesse.
Les joies de l'hiver Malgré sa rigueur (les températures varient entre -10 et -30 degrés entre mi-décembre et mi-mars), tous s’adonnent aux plaisirs de la luge, sans doute l’activité la plus fédératrice de l’identité canadienne.
L'hiver donne lieu à une multitude d'activités de plein air et à des fêtes populaires telles le célèbre carnaval de Québec, avec son palais de glace (le palais de Bonhomme Carnaval), ou le Bal de Neige à Ottawa. L'hiver joue aussi son propre rôle dans l'art, la littérature, la musique, allant jusqu'à influencer la mode.
Pendant que l’esprit rocaille triomphe en France, le Canada connaît ses premières expéditions vers l’Ouest De la rencontre entre les explorateurs et les autochtones est né le peuple Métis et son dialecte, le Métchif, mélange de français, d'ojibwé et de cri Depuis 1982, les Métis sont l'un des trois peuples autochtones du Canada, avec les Amérindiens et les Inuits
GaleriedesGlaces©EricSander FriserocailledelaGaleriedesGlaces.Détail.©EricSanderCôté cour, la Résidence compte la grande et la petite salles à manger, et le cabinet de travail de l'ambassadeur ou l'ambassadrice en fonction La grande salle à manger offre un décor rétablissant l’atmosphère du dernier tiers du XVIIIe siècle Elle est décorée d’un magnifique ensemble de boiseries de style Louis XVI (1775-90) caractérisé par un retour de goût pour l'antique depuis les découvertes d’Herculanum (1743) et de Pompéi (1763) Il est constitué d’éléments originaux et copiés en provenance du salon de compagnie de l’ancienne résidence de campagne de Nicolas Beaujon (1718-86), riche financier et conseiller d’État sous Louis XV, aménagée par Étienne-Louis Boullée (1728-99), l’un des plus célèbres architectes néo-classiques, et Gilles-Paul Cauvet (1731-88), un remarquable sculpteur-ornementiste de cette période.
Les éléments originaux comprennent les cinq portes et dessus-de-porte sculptés de deux putti tenant un médaillon symbolisant soit la musique, le théâtre, la danse pastorale, la force ou la victoire. Les piliers d’angle, les sept pilastres ioniques dentelés ainsi que les deux grands miroirs aux bordures sobrement sculptées et la cheminée de marbre blanc, sont de ces éléments copiés selon la volonté de reconstitution d’un ensemble remarquable de boiseries du début du néo-classicisime. Le Musée des Arts décoratifs de Paris conserve la maquette de réalisation de ce décor qui, selon toutes vraisemblances, aurait été réalisée par le décorateur-sculpteur Eugène Barriol (1879-1937).
Un transfert culturel
Au Canada, le goût pour l’antique se développe à partir de 1830 avec l’immigration d’un nombre important d'architectes de la Grande-Bretagne. Il s’exprime sur les édifices publics et administratifs. En 1867, la construction du Parlement du Canada rompt toutefois avec cette « convention architecturale » en optant pour un style néogothique.
GrandesalleàmangerdelaRésidenceduCanadaenFrance©EricSander BoiseriesdelaGrandeSalleàmanger©EricSanderLa petite salle à manger utilisé pour les déjeuners de travail en petit comité, est d'un tout autre style Pour cette pièce au charme discret, l’attrait des Fels pour le XVIIIe siècle est plus ténu, laissant l’impression d’un éclectisme stylistique correspondant à leur époque Elle est décorée d'une délicate frise à arabesques dorées sur fond vert d’eau, de dessus-de-porte en toile peinte montrant des chérubins jouant dans les blés et les fleurs, d'un médaillon en toile peinte représentant un paysage d’architecture antique et d'une cheminée d’angle en marbre surmontée d’un trumeau de glace
Depuis 2018, cette petite salle à manger est désignée sous le nom de Salle Louise Arbour, en hommage à l'ancienne juge de la Cour suprême du Canada, reconnue pour son action à titre de Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Le choix d'une personnalité canadienne féminine d'exception pour identifier l'une des pièces de la Résidence avait pour objectif de faire pendant au Petit Salon désigné sous le nom de Georges Vanier. Cette démarche s'inscrit dans le cadre d'une diplomatie féministe et répond à une volonté politique d'assurer à part égale la mémoire des femmes et des hommes qui ont fait le Canada.
Pendant la décennie 1770, le Canada voit se pérenniser la langue française. En 1774 est signé l’Acte de Québec qui décrète la révocation du droit anglais en vigueur depuis 1763 et réinstaure les lois civiles françaises pour la majorité francophone de ladite province de Québec
La Salle Louise Arbour ouvre sur ce qui est aujourd’hui le cabinet de travail de l’ambassadeur ou de l’ambassadrice en fonction Son décor se distingue par sa frise à denture d'inspiration néoclassique et par deux colonnes ioniques encadrant une cheminée sombre dominée par un grand trumeau de glace Mais le goût particulier des Fels pour le style Louis XV est toujours observable parmi ces motifs décoratifs typiques de la fin du 18ème siècle et qui s'affirmeront sous l'Empire Au niveau des dessus-de-porte, sous des guirlandes fleuries, les allégories de la musique sont d'après l'un des plus importants représentants de la peinture rococo, François Boucher (1703-70)
Cette pièce fermée au public est désignée sous le nom de Salle Coquelicot qui, au Canada, symbolise le Jour du Souvenir (dit de l’Armistice en France) depuis le poème Au champ d’honneur du médecin militaire canadien John McCrae : « Au champ d’honneur, les coquelicots / Sont parsemés de lot en lot / Auprès des croix; et dans l'espace / Les alouettes devenues lasses / Mêlent leurs chants au sifflement / Des obusiers... »
La Comtesse et le Comte de Fels ont vécu jusqu’à leur dernier jour dans cet hôtel qu'ils ont remanié selon leur goût pour les arts décoratifs du XVIIIe siècle Pendant près de cinquante ans (Jeanne Lebaudy décède en 1943), ils y ont rassemblé d’importantes collections de peintures, d'objets d'art et de meubles contemporains du règne de Louis XV que plusieurs reconnaissaient comme exemplaires
Quelques années avant son décès à l’âge de 93 ans, le Comte de Fels entre en communication avec les représentants du Canada en France, celui-ci ayant été informé de leur recherche d'un hôtel particulier afin d'y installer la Résidence officielle de l'ambassadeur Ils leur apparurent que l'hôtel du Comte et de la Comtesse était le plus approprié à la représentation diplomatique canadienne en raison de sa position, mais surtout pour son caractère chaleureux et sa taille humaine
Le9avril2017amarquélecentenairedelabatailledelacrêtedeVimy.Àcetteoccasion,des milliersdechaussuresdecombatarborantdescoquelicotsontétédisposéesautourdu monumentdeVimyàlamémoiredesprèsde3600soldatscanadiensquiontperdulaviedans labataille.©AnciensCombattantsCanada
Bureaudel'Ambassadeur.rice,ditSalledesCoquelicots©EricSander L'AllégoriedelaMusiqued'aprèsFrançoisBoucher©EricSanderLe 21 mai 1951, le gouvernement du Canada fait l’acquisition du 135, rue du Faubourg Saint-Honoré pour en faire la Résidence de ses ambassadeurs et ambassadrices Son Excellence le général Georges Vanier (1888-1967) participe à son établissement pendant qu’Antoine Monette (1899-1974), architecte du ministère canadien des Affaires extérieures, en étudie la transformation et l'aménagement avec l'intention d'en conserver son caractère patrimonial
L’acquisition de l’hôtel des Lebaudy-Fels est consécutive à l’obtention du droit d’établissement d’une Ambassade du Canada sur le territoire français Obtenu en 1943, ce droit se justifiait par le renforcement de la position canadienne sur la scène internationale et l’amplification des liens avec la France depuis l’engagement des Canadiens auprès des
Français durant la Seconde Guerre mondiale De 1939 à 1945, c'est plus d'un million d'hommes et de femmes qui servent dans les forces armées canadiennes et participent aux affrontements dont la bataille de l'Atlantique, le raid sur Dieppe et le jour du débarquement de juin 1944 qui marque le début de la libération de la France
Jusqu'à l'obtention du droit d'établissement d'une Ambassade, la représentation diplomatique du Canada en France était toutefois assurée depuis 1928 par une légation dont les locaux se situaient dans le neuvième arrondissement, boulevard des Capucines (numéros 17 et 19)
C'est d'ailleurs dans le cadre de cette légation qu'a été créé la Maison des étudiants canadiens à dans le 14e arrondissement
Les locaux de l'ancienne légation ne convenait cependant pas au nouveau statut diplomatique du Canada en France Outre la nécessité de loger l’ambassadeur ou l’ambassadrice en fonction dans de bonnes conditions, il importait de détenir un lieu adapté à l'accueil des responsables politiques français et étrangers, les artistes, les personnalités du monde des affaires et les figures marquantes de la société civile selon les protocoles en vigueur Les pièces devaient donc être à la fois spacieuses pour les réceptions d’envergure, comme la fête nationale par exemple, et confortables pour favoriser les échanges à la faveur des intérêts du pays et pour en assurer son image de marque
Dans ce contexte, Georges Vanier s’enquiert rapidement des différentes possibilités de résidence auprès de ses relations pendant qu’Antoine Monette, missionné à cet effet, se tourne vers René Perchet (1898-1980), directeur général de l’architecture à la direction générale française des Arts et des Lettres. Plusieurs hôtels particuliers pouvant accueillir à la fois la résidence officielle et la chancellerie leur sont alors suggérés aux représentants canadiens.
En 1949, au terme de quatre années de recherches complexes, l’hôtel des Lebaudy-Fels est considéré comme étant l’acquisition la plus avantageuse de par la qualité de sa construction, le bon état général de ses intérieurs et l’adéquation de ses pièces du rez-dechaussée avec le protocole diplomatique. Surtout, il répond aux critères de sélection déterminés par le premier ministre, Louis Saint-Laurent (1882-1973), et son Cabinet : les conditions d’achat ne présentent pas de complications notariales ; le prix de vente satisfait aux normes gouvernementales; la dimension des pièces correspond aux ratios imposés par le gouvernement canadien pour l’ensemble de ses représentations diplomatiques selon leur importance stratégique.
La recommandation de l’hôtel Labaudy-Fels est transmise au sous-secrétaire d’État des Affaires externes, Arnold Heeney (1902-70), le 8 novembre 1949, et approuvée par le Cabinet du Premier Ministre dans les mois suivants. En novembre 1950, Georges Vanier et le Comte de Fels signent un accord de transfert de propriété. Le 29 mars 1951, au décès du Comte, sa fille, l’écrivaine Edmée de La Rochefoucauld (1895-1991), finalise le le transfert de propriété en faveur du gouvernement du Canada.
L'hotel Lebaudy-Fels devient alors la Résidence officielle du Canada en France
Les Canadiens et la guerre
Plus de 100 000 Canadiens ont perdu la vie au cours des deux Grandes guerres mondiales Ces sacrifices, pour lesquels nous gardons un souvenir reconnaissant, ont fait naître un sentiment d'appartenance nationale et la certitude d’un Canada actif sur la scène internationale pour le maintien de la paix Le Canada devient ainsi l'un des pays fondateurs de l’ONU (1945) et de l’OTAN (1949)
La transformation de l’hôtel Lebaudy-Fels en Résidence officielle requiert des travaux de rafraîchissement et de nouveaux aménagement au regard des obligations de représentation. Parallèlement à la mise en place de cuisines adaptées et de communs, il s'agit de concevoir un programme d'ameublement répondant à la fois au protocole diplomatique et à la nécessité d’une représentation de l’identité canadienne.
Selon les normes du Comité consultatif des biens et de l'ameublement officiellement créé en 1950 pour superviser les aménagements des propriétés canadiennes à l’étranger, le choix de l’ameublement doit tenir compte à la fois des goûts et traditions propres au pays dans lequel la résidence est située et des possibilités d’intégration d’éléments proprement canadiens. Dans le cas de la Résidence du Canada en France, les boiseries anciennes des salons et de la salle à manger conduisent à privilégier un ameublement leur correspondant et à intégrer l’identité canadienne par le biais d’œuvres d’artistes canadiens parmi les plus représentatifs avec le concours du Musée national des Beaux-Arts du Canada.
Si le choix d’un ameublement néo-dix-huitième se veut une réponse aux boiseries, il est aussi imprégné de considérations conjoncturelles et pragmatiques Au-delà du fait que le goût général est, à cette date à l’unité de style, le parti pris d’un style moderne paraissait trop « instable» Soumis à la mode du moment, il est alors vu comme un mauvais investissement En outre, il y avait un problème d'offre puisqu'à cette époque il n’existe pas encore à cette époque d’ameublement représentatif d’un style purement canadien
demobiliernéo-dix-huitièmedontlaréactualisations'effectuaitparunchangementdes recouvrementsselonlescouleursenvogue.©CapitalPress(Canada)
Le Comité consultatif des biens et de l'ameublement propose alors à l'héritière de la Comtesse et du Comte de Fels, le rachat de leur mobilier La Duchesse de La Rochefoucauld ayant décliné l'offre, le Comité se tourne vers les Maison Jansen et André Carlhian, toutes deux reconnues pour leur expertise en matière de décoration intérieure de style ancien, et vers la Maison Delisle pour la conception des lustres
La Maison Carlhian réalise pour le Grand Salon un élégant mobilier néo-Louis XV comprenant des canapés, des bergères et des fauteuils recouverts de damas, de broché et de velours dans les tons de vert et grège. Pour la grande salle à manger, elle réalise un mobilier néo-Louis XVI correspondant dans les tons de vert. La Maison Jansen se charge du Petit Salon pour lequel est privilégié le style Louis XV pour les fauteuils et les canapés qui sont alors recouverts de velours frappé gris bleu. Pour la galerie des glaces, elle réitère avec ce style qui correspond à son décor d'inspiration rocaille.
En 2018, le réengagement du Canada en matière de diplomatie culturelle impose une reconsidération de l’ameublement de la Résidence officielle. Considérant son devoir de représentation de la créativité canadienne et soucieux du rayonnement de ses créateurs les plus novateurs, Affaires mondiales Canada décide de renouveler le mobilier. Ce renouvellement est d’autant plus nécessaire que le goût est désormais au mélange ancien/contemporain et que l’industrie canadienne du design s’est forgée une identité forte
La commande d’un nouveau mobilier a pour double objectif l’affirmation d’une image moderne du Canada et le rayonnement du savoir-faire de ses artisans et de ses manufactures Elle est réalisée auprès de créateurs tels que le collectif II BY IV DESIGN (Nïenkamper), Jason Klager (Switzer Cult Creative) ou encore Yabu Phushelburg sous la direction de la designer d’intérieur d’Affaires mondiales Canada, Nicole Colombe Émond.
Outre sa contemporanéité, le premier trait distinctif de ce mobilier de griffe canadienne est celui de la complémentarité avec les boiseries qui ornent les salons de la Résidence. Le choix des formes et des couleurs est envisagé non seulement dans le respect de celles-ci,
mais aussi dans un souci de leur mise en valeur, voire de leur revitalisation. Le design sert alors autant à offrir une image novatrice et talentueuse du Canada qu'à exprimer le respect du Canada pour le patrimoine décoratif français
Le mobilier canadien du Grand Salon a été conçu à partir des médaillons centraux des boiseries Il privilégie les formes courbes de tonalité gris clair que viennent renforcer quelques intégrations de gris anthracite et de pièces de formes anguleuses Les bergères de style Louis XV conçues par Carlhian, conservées telles des témoins d’une histoire des lieux, acquièrent une nouvelle modernité par le recouvrement de l’assise d’un velours gris charbon.
L’essor créatif des professions du design au Canada se confirme au moment de l’Exposition universelle de 1967 à Montréal. Sous le thème « Terre des hommes », Expo 67 a captivé l’attention du monde entier grâce à ses approches novatrice en design, mais aussi en mode, et en architecture A travers cette exposition, le Canada est apparue comme un acteur dynamique et visionnaire d'une modernité ouverte sur le futur
Le Salon Vanier se pare de fauteuils de formes angulaires et massives aux tons foncés au milieu desquels se révèle une table dont les pieds sont faits de courbes et contre-courbes Quelques sièges Jensen de style Louis XV ont aussi été préservés et modernisés grâce au revêtement de velours gris charbon
Le canapé et les fauteuils proposent une représentation symbolique d’un aspect important du Canada : le multiculturalisme. Il s’illustre à travers leur revêtement composé de différentes couleurs interconnectées comme autant de cultures en constant dialogue et se complémentant. Il se révèle également au niveau du revêtement de la table constitué d’une succession de lignes de couleurs telle une image de diversité et de singularité.
Le multiculturalisme canadien
En 1971, le Canada est le premier pays à adopter la politique du multiculturalisme Celle-ci admet que les Canadiennes et Canadiens sont originaires de milieux culturels variés et que toutes les cultures ont une valeur intrinsèque participant à l’identité collective
ChaiseFauteuil Heath parYabuPushelberg–Linteloo Tableàcafé–CreativeCustomFurnishingsencollaborationavecNicoleEdmondColombe ©ÉricSander Lampes–Artemide;CrédenceparlestudioKlager-SwitzerCultCreative-©ÉricSanderCe renouvellement du mobilier s’est accompagné de celui des œuvres contemporaines issues de la collection d’Affaires mondiales Canada Débutée en 1930, celle-ci compte aujourd'hui plus de 7 000 objets d'art et d’œuvres d’artistes de toutes les régions du Canada qui illustrent la variété des démarches créatrices canadiennes La Résidence en expose aujourd’hui une dizaine, allant de la sculpture à la peinture en passant par la photographie. Elle donne ainsi à voir les œuvres d'Amalie Atkins, Christopher Reid Flock, Paul Cooley, Whitney Lewis-Smith pour ne cité que celles-ci au côté des grandes figures du modernisme canadien que sont Jean-Paul Riopelle (1923-2002) et Guido Molinari (1933-2004) Chacune témoigne à leur manière de questionnements à la fois plastiques et symboliques faisant écho à l'environnement physique et culturel de l'artiste.
La Résidence officielle du Canada se veut aussi un espace dans lequel les cultures des Premières Nations résonnent Le jardin de la Résidence conserve depuis 1999 un Inuksuk réalisé in situ par Piita Irniq, homme politique, promoteur culturel, artiste et commissaire inuit avec la collaboration de l’association française Inuksuk à l’occasion du 10e anniversaire du Nunavut.
Vitrine de la créativité canadienne contemporaine sur le territoire français, la Résidence officielle est aussi un espace de travail quotidien conçu pour le développement et l'enrichissement des relations FranceCanada Depuis son acquisition en 1951, elle sert de lieu de réunions aux différents premiers ministres et
ListeningtothePast,/ListeningtotheFuture, 2017 Impressionchromogène|104x129cm ©AmalieAtkins
ministres canadiens lorsqu’ils sont en visite officielle dans l'Hexagone. Elle accueille de nombreuses activités servant à la reconnaissance des différentes communautés francophones du Canada en France et aux échanges entre les chercheurs de nos universités. Elle se veut surtout un lieu de partage des valeurs communes au Canada et à la France que sont la démocratie, l'équité et la diversité culturelle.
Un Inuksuk est une élévation de pierres servant de repères aux chasseurs de la toundra Il indique qu’un homme est passé par là et est généralement construit à l’endroit où passent les animaux
Bien qu 'elle soit connut sous le nom d'inukshuk, la structure de pierre composée d'une tête, de bras et de jambes est plutôt un Inunnguaq qui signifie « qui ressemble à un être humain ».
La Chancellerie contribue aussi aux relations politiques, académiques, économiques et culturelles entre le Canada et la France Située dans un premier temps sur l'Avenue Montaigne, sa relocalisation à quelques pas seulement de la Résidence, au 130 rue du Faubourg Saint-Honoré, est l'occasion d'une conception architecturale alliant respect du patrimoine haussmannien et expression du Canada contemporain. Des œuvres d'art ont été créées spécialement pour être intégrées au bâtiment.
L'existence de la Résidence et de la Chancellerie ne saurait passer sous silence celle du Centre culturel canadien qui, depuis 1971, propose une programmation riche et variée en vue de faire découvrir la création contemporaine canadienne en France. Le Centre culturel canadien organise ainsi chaque année trois expositions d’art contemporain, plusieurs concerts et projections de films, et développe des activités à destination du jeune public. Il collabore également avec les institutions françaises afin d’offrir une visibilité de la culture et de la production artistique canadiennes sur l’ensemble du territoire
Le Centre culturel canadien est aussi un lieu d'échanges de points de vue entre spécialistes canadiens et français sur des sujets qui font l’actualités des deux côtés de l’Atlantique, participant ainsi à un renouvellement constant des relations culturelles et témoignant une fois de plus de la fécondité des liens d’amitié entre nos pays. À l'origine situé au 5 rue de Constantine dans le 7e arrondissement, il partage désormais la même adresse que la Chancellerie
LeslettresCanadaontétéentièrementrecouvertesdesérigraphiesetdepeintureacryliqueparl’artistederuemontréalaisStikkiPeaches lorsdesaperformancedanslecadredelaFêtederueduCanada,le1erjuillet2019©EricSander
La Résidence officielle, la Chancellerie et le Centre culturel canadien assurent aujourd’hui une incontestable présence canadienne sur le territoire français. Situés à quelques mètres distance, du 130 au 135 rue du Faubourg Saint-Honoré, ces lieux emblématiques sont les points d’ancrage du Canada au cœur du 8e arrondissement de Paris. Ils sont des lieux de partage entre les Canadiens et les Français, des acteurs et des témoins de la longue relation d'amitié entre le Canada et la France.
Ariane Lemieux, PhD Historienne de l'art, Juin 20211er juillet - La Fête du Canada
Ce grand parterre s’anime à chaque 1er juillet pour célébrer la fête du Canada qui commémore la Confédération canadienne de 1867 par laquelle les colonies britanniques de l’Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse s 'unifièrent afin de former un État indépendant
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ROUSSET-CHARNY, Gérard, Les Palais parisiens de la Belle Époque, Paris, Délégation de l’action artistique de la Ville de Paris, 1990
AMALIE ATKINS est une artiste multidisciplinaire qui vit et travaille à Saskatoon en Saskatchewan Elle crée des récits fictifs cinématographiques sur les thèmes de la famille féminine et des liens sociaux desquels elle tire ses photographies Ses récits-fiction donnent à voir l'immensité du paysage des prairies canadiennes envisagées sous le prisme de l'histoire, du folklore et des légendes des communautés de colons ukrainiens
Listening to the Past /Listening to the Future est tirée de sa série We live on the edge of disaster and imagine we are in a musical, un film qui exprime la perte et la nostalgie d'une tragédie passée et suggère la connectivité ancestrale et la récupération de souvenirs lointains figurée par ses imposantes trompettes auriculaires
Listening to the Past / Listening to the Future, 2017
Impression chromogène | 104 x 129 cm
©
WHITNEY LEWIS-SMITH est une artiste de la province de l’Ontario. Sa pratique combine des processus photographiques historiques et modernes à travers lesquels elle émet une réflexion sur l’accessibilité des produits de base, la consommation facilitée et l'impact de la mondialisation sur l'environnement.
Ses références aux tableaux floraux hollandais du 17e siècle, dans ce qu’ils représentent d’un localisme écologique qui n’est plus, veulent mettre en lumière l’évolution critiquable de la relation de l’humanité avec la planète. L’usage du noir et blanc et l’intégration d'insectes et d'animaux souvent morts suggèrent pour leur part, une réflexion sur les changements environnementaux que nous provoquons.
Visible dans le Salon Vanier, What Came in with Flowers participe d’une symbolique de la précarité du moment présent et invite à mieux considérer l'environnement sur lequel nous impactons. Seul moyen, selon l’artiste, de stimuler des pratiques responsables tournées vers l'avenir.
LIN XU est une artiste céramiste canadienne originaire de Mongolie Elle immigre au Canada en 2004 pour créer un programme de céramique à l'Université de Brandon au Manitoba où elle continue d'enseigner Ses œuvres se veulent un moyen de transcender les frontières culturelles, les idéologies politiques et les dogmes religieux, pour démontrer, métaphoriquement, que l'humanité, la nature et les pouvoirs qui gouvernent l'univers sont intrinsèquement un
Gourd No 6 fait partie d’une série inspirée de la forme ondulée de l’hulu (gourde en chinois), symbole de prospérité et de longévité dans la Chine ancienne A la fois apaisante et ludique, elle se veut ainsi une invitation à contempler et à renouer avec des sentiments de paix et de sérénité dans un monde dont l’évolution trop rapide peut s’accompagner d’une perte du sens profond de l’existence
CHRISTOPHER REID FLOCK est un céramiste expérimental de l’Ontario. Son travail est profondément influencé par ses neuf années passées au Japon et le mentorat de certains des potiers les plus respectés du Canada. Il est une forme de réinterprétation de la racine culturelle – japonaise et canadienne - des objets fonctionnels. Celle-ci se réalise à travers des fusions de formes traditionnelles et des techniques industrielles produisant des objets dans lesquels les signifiants culturels se réinterprètent artistiquement dans le présent.
Présentées dans la grande Salle à manger, Flocking Basking Aubergine appartient à la série Cultural Dilation. L'artiste interprète les connexions entre les pratiques canadiennes et japonaises en fusionnant la forme traditionnelle d'un panier tressé avec des appendices en forme de ruban qui évoquent le tissu enveloppant des kimonos japonais traditionnels.
GAILAN NGAN est une artiste de Vancouver d'origine sinofrançaise formée à la prestigieuse université d'art et de design Emily Carr Son travail se singularise par les formes organiques qu'elle met en valeur dans des couleurs vives avec des émaux céramiques qu'elle fabrique elle-même Le ton distinctif des pièces provient de l'argile rare du territoire du Yukon et des cendres volcaniques de la vallée de l'Okanagan, en Colombie-Britannique
Cette œuvre présentée dans la Salle Arbour de la Résidence officielle canadienne à Paris est un hommage à sa mère, Anne Feveile-Ngan, artiste et décoratrice de théâtre qui a étudié et travaillé à Marseille et à Paris avant d'immigrer au Canada
Paula Cooley (n.1959, Brantford, Ontario)
Succulence, 2001
Faïence, barbotine et glaçures | 50 9 x 26 5 x 25 5 cm
© Paula Cooley
PAULA COOLEY est une artiste céramiste née en Ontario et installée en Saskatchewan Tirant son inspiration du monde animal et végétal, ses œuvres se caractérisent par des formes évocatrices et fluides suggérant parfois une plante en train de germer, parfois un corps en mouvement
Elle s’est d’abord intéressée à la dimension fonctionnelle de la céramique pour ensuite développer une pratique de la sculpture de laquelle résulte sa série de cerfs inspirée des peintures rupestres de Lascaux Aujourd’hui, ses céramiques sont le plus souvent abstraites et intègrent parfois différents matériaux tels des os, les plumes, du plastique ou encore du verre.
Succulence, que l’on peut voir dans Salon Vanier, suggère le mouvement et la croissance et s’offre telle une image du caractère animé d’une nature à préserver.
BRYAN RYLEY est un artiste peintre de la ColombieBritannique Son œuvre s’inscrit dans la tradition moderniste classique enracinée dans le collage cubiste et l'abstraction d'inspiration surréaliste Il explique sa préférence pour l’abstraction par le sentiment de liberté qu’elle lui procure à l’inverse de la représentation du visible. Il s’intéresse à la vie de la peinture, à l’action de la peinture humide, au langage de la peinture sèche, à ce qu’elle devient. Cette vision du médium pictural en fait l’un des plus importants représentants vivants du formaliste moderniste de culture européenne sur le territoire canadien.
I Stand alone, exposée dans le vestibule d’accueil de la Résidence du Canada, est emblématique des tons lyriques et de la couleur richement texturée de ses œuvres des années 2000-2010.
L'Ambassade du Canada souhaite remercier celles et ceux qui ont contribué à une meilleure connaissance de l’histoire de l’architecture, des décors et du mobilier de la Résidence officielle du Canada en France.
Anne Forray-Carlier
Conservateur en chef au département des XVIIeXVIIIe siècle au Musée des arts décoratifs
Frédéric Dassas
Conservateur en chef au département des objets d'art du Musée du Louvre
Guillaume Faroult
Conservateur au département des peintures du Musée du Louvre
Catherine Voiriot
Collaboratrice scientifique au département des objets d’art du Musée du Louvre
Marie-Laure Deschamps
Conservatrice générale du patrimoine au département des arts décoratifs du Musée
Carnavalet
Nathalie Thibault
Conservatrice des archives à la direction des collections et des expositions du Musée national des Beaux-Arts du Québec
François Gilles
Sculpteur, doctorant en histoire de l’art (boiserie ancienne)
Jean-Francois Cabestan
Historien de l’architecture à l’Université de Paris 1 –
Panthéon Sorbonne
Marie-Josée Therrien
Historienne de l’architecture à l’Université de l’Ontario français
Steve Michel
Architecte à la direction de l'Aménagement et de l'Urbanisme de la Ville de Nice
Michael Shrive
Assistant de conservation au Waddesdon Manor
Pascal Riviale
Historien, Chargé d'études documentaires aux Archives nationales de France
Isabelle Richefort
Directrice adjointe des Archives au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères
Jennifer Anderson
Historienne, Bureau de la recherche historique à Affaires mondiales Canada
Kerry Goodfellow
Gestionnaire et conservatrice, Collection d'art visuel à Affaires mondiales Canada
Heather Izzard
Agente de programme - Registraire, Collection d'art visuel à Affaires mondiales Canada
Melissa Rombout
Historienne de l'art, Consultante
Nicole Colombe Emond
Designer d'intérieur Senior à Affaires mondiales
Canada
Keara McGirr
Design d'intérieur à Affaires mondiales Canada
Colleen Durkee
Bibliothécaire principale à Affaires mondiales Canada
Sarah Bellefleur Bondu
Archiviste de référence à Bibliothèque et Archives
Canada
Christophe Lebrun
Directeur technique du Centre culturel canadien