Actualité La chorale SAM’CHANTE ou C’est beau la VIE!

par Marie-Claire Fafard-Blais

« Quand la musique commence, le temps d’une chanson, il n’y a plus de maladie. Tout est cohérent à nouveau. »

Pensé et chapeauté par la Société pour les arts en milieux de santé (SAMS), la chorale SAM’CHANTE ou C’est beau la VIE, en clin d’œil à la première chanson travaillée par les choristes, est un projet-pilote pour les personnes souffrant des conséquences d’un AVC, d’aphasie ou de la maladie d’Alzheimer, ainsi que des proches aidants (ou proches aimants comme les appelle Mme Legrand, cheffe de choeur). Il s’agit d’une chorale bien particulière qui permet à ces personnes non seulement de vivre un loisir épanouissant, mais également d’en tirer de nombreux bénéfices.

Mis sur pied tout juste avant le début de la pandémie, en janvier 2020, le chœur a débuté ses activités sous la direction de la cheffe de chœur Tiphaine Legrand, de façon virtuelle, avec François-Hugues Leclair à la guitare. C’est donc munis de tablettes que les choristes débutent leurs activités en virtuel. La réaction des participants est si positive qu’il n’est pas question d’arrêter une seule semaine. « On a fait toutes les semaines : Noël, l’été, tout au long de la pandémie; tous les mercredis 13 h : chorale » , explique Mme Legrand. « Pour favoriser la communication et les échanges, le but est qu’ils ouvrent leurs micros le plus souvent possible et qu’ils parlent ou qu’ils chantent. C’est très différent d’un chœur ‘ordinaire’ et ça a permis de créer des liens très forts. »

Les répétitions virtuelles ont eu lieu jusqu’au printemps 2022, moment où il a enfin été permis de se rencontrer en personne pour chanter. Le chœur a bénéficié d’un piano offert grâce au programme Piano au Suivant et déménagé avec le soutien financier du Chœur classique de l’Outaouais. Les pratiques ont maintenant lieu toutes les semaines dans les locaux d’AVC-Aphasie Laval , un des partenaires du projet. L’organisme offre un centre de jour pour les personnes qui ont subi un AVC ou qui souffrent d’aphasie; il a également fourni des lutrins pour le chœur. Depuis l’automne 2022, environ 25 choristes participent à l’activité sur une base régulière. Les choristes vivent tous avec des symptômes différents, et Tiphaine Legrand adapte son approche pour chacun d’entre eux afin qu’ils puissent participer au meilleur de leurs capacités. « Pendant longtemps, j’ai choisi du répertoire qu’ils connaissaient pour ne pas être dans l’apprentissage de nouvelles pièces. Dernièrement, on a commencé à apprendre du répertoire, à faire des canons. Contre toute attente, ça fonctionne! »

« Ce qui est différent dans ces répétitions, c’est que je suis très heureuse quand ils m’interrompent pour parler », rigole Mme Legrand, un grand sourire aux lèvres. « On arrête tout. Parfois, ça prend un grand détour, mais c’est pour ça qu’on est là. »

Malgré les défis liés à la maladie, les choristes s’impliquent et développent un grand attachement pour le chœur. C’est le cas de Jeannette, 98 ans, qui souffre de la maladie d’Alzheimer et qui participe à la chorale avec ses deux filles. « Cette dame est un rayon de soleil, c’est un phare pour le chœur. Elle a une joie de vivre extraordinaire », commente Mme Legrand.

« Maman trouve ça beau, la chorale. Ça l’impressionne, elle se revoit au couvent avec la chorale... ça vient la chercher! Elle se sent à l’aise », souligne Monique, fille et proche aidante de Jeannette. « Ça vaut la peine d’y aller, c’est une belle sortie. Dans ce monde tout à l’envers, ça remonte le moral et ce, à chaque fois! Tout en chantant, on rit, on s’amuse, on a beaucoup de plaisir. Avec le temps, je réalise que je vais à la rencontre de la différence, autant dans les voix, les personnalités et leur particularité. Ce moment en chantant est devenu un rendez-vous précieux qu’on attend, qui nous donne soif d’apprendre : une vraie thérapie! »

Un grand sentiment de satisfaction découle de cette activité qui permet de se sentir en phase les uns avec les autres. Les applaudissements fusent à tout rompre à chaque fois que le chœur finit une chanson. Semaine après semaine, Tiphaine et François-Hugues sont frappés par l’humanité qui se dégage de ce chœur bien particulier. « On cherche à être ensemble dans cette musique, c’est une grande expérience humaine », conclut Tiphaine Legrand, visiblement emballée par la chorale SAM’Chante.

Découvrez la capsule de la Fabrique culturelle sur la Chorale SAM’Chante!