La formation vocale des choristes

par Jean-Pierre Guindon

La formation vocale des choristes suit un parcours bien différent de celui de l’étudiant qui poursuit des études en vue d’obtenir un diplôme universitaire en chant. Certains exercices techniques se recoupent dans les deux démarches, mais le parcours du développement de la voix des choristes est bien distinct de celui du futur chanteur professionnel.

L’étudiant qui fait des études universitaires s’engage dans une démarche à long terme. Son cheminement quotidien, la leçon hebdomadaire qu’il reçoit privément avec son professeur, la structure du chant et son exécution qu’il assimile dans tous les détails le situe dans une autre catégorie de l’enseignement.

Le parcours du choriste amateur a des objectifs plus limités. Les apprenants adultes souhaitent acquérir des compétences qui leur permettent de tenir correctement leur rôle de choriste. Ils éprouvent le désir d’obtenir des outils techniques pour résoudre les difficultés de certains passages dans la partition qu’ils chantent et progresser individuellement. Les apprenants adultes souhaitent une application réelle du pourquoi de la technique vocale.

Malgré tous les défis pour celui qui les dirige, les solutions pour les aider concrètement sont nombreuses. Ne perdons pas de vue que le chef de chœur n’enseigne pas seul à seul à un choriste, mais s’adresse à un groupe souvent assez nombreux et hétérogène. Selon l’éminent andragogue* Malcolm Knowles, l’adulte (le choriste) dans son apprentissage désire passer d’un aspect théorique à un usage immédiat. Pourquoi faire des exercices vocaux avant de commencer à apprendre le répertoire?

Étape par étape, les remarques du chef de chœur consistent à faire prendre conscience des particularités sonores d’un bon chœur et à les améliorer : l’intonation, l’amalgame des voix, la diction, l’écoute, etc. Il ne s’agit pas de rechercher une couleur uniforme. L’homogénéité s’obtient en assignant un emplacement à chaque chanteur dans l’ensemble. Il corrige les défauts : la contraction du cou, la mâchoire serrée, le manque de tonus, etc.

Dans les deux paragraphes qui suivent, vous trouverez une brève esquisse de la procédure pour mettre en pratique le développement de la voix chez les choristes.

« Apprendre à chanter, c’est d’abord apprendre à respirer. » (Claire Dinville, La voix chantée, p. 35) Les exercices pour améliorer la gestion du souffle se font en dehors du chant. Après quelques exercices de base (voir Formation vocale du chœur par Sabine Horstmann, Centre de documentation musicale À Cœur Joie Belgique), le chef poursuit les exercices en utilisant les textes du répertoire au programme de la répétition en cours. Le but consiste à apprendre comment répartir le souffle sur l’ensemble d’une phrase qui est dite en chuchotant. Le chef regarde les chanteurs et les écoute. Il vérifie si la répartition de l’air (le sostenuto) nourrit chaque syllabe du début à la fin et corrige, s’il y a lieu.

Pour le deuxième point, le chef choisit les vocalises en utilisant de courtes mélodies puisées dans le répertoire. Une fois, ce sera pour répéter un intervalle de seconde, de tierce; une autre fois, ce sera pour travailler une cellule rythmique, un accord, un staccato, etc. Ces mélodies sont transposées pour s’adapter à la tessiture vocale de tous les choristes. Cette procédure fait gagner beaucoup de temps puisque les problèmes vocaux (intonation, note aiguë, accord dissonant, etc.) sont examinés concrètement en mettant en pratique la technique vocale.

Le sujet du développement de la voix humaine est vaste. Ce bref exposé ne couvre qu’une infime partie de la procédure didactique pour atteindre les meilleurs résultats.

*Andragogue: spécialiste de l’éducation et de la formation des adultes dans divers milieux. Le chef de chœur est un andragogue puisqu’il forme artistiquement et musicalement des adultes.

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