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Conclusion : Rencontre des solidarités
conclusion RENCONTRE ∙57
DES SOLIDARITÉS
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Holbeck abandoned viaduct, Beeston & Holbeck. 2016 Source : https://www.flickr.com
Le parc immobilier en friches abandonnées de Leeds offre alors une diversité de nature et de statut. Il est en grande partie la résultante du développement économique, et territorial de l’Outer City. Il maintient cette mécanique fortuite de vacance pour plusieurs raisons.
De l’attractivité de la vie en banlieue, provoquant le dé- part des classes moyennes et aisées, résulte une dévalori- sation des quartiers impactés par la précarité. C’est un des premiers phénomènes de vacance liés à l’habitation. Phé- nomène de nos sociétés capitalistes, qui perdure encore au- jourd’hui, s’adaptant aux préoccupations contemporaines de sécurité et d’individualisme.
Une fois éloignés du centre-ville, les nouveaux modes vie exigent une forme de décentralisation puis de regroupe- ment de la consommation de biens. La grande distribution et ses marques multinationales supplantent les commerces locaux de petite proximité faisant alors faillite face à la nou- velle concurrence. La grande majorité des High Streets, grandes rues commerçantes, se voient désertées laissant place là encore à l’abandon. Alternative aux aller-retour avec le centre-ville pour se ravitailler, les shopping centers sont un intermédiaire de temps et de distance confortable pour l’automobiliste. L’expérience sociale des shopping centers comble également les besoins de conformisme de la po- pulation des suburbs. Équivalant à une place publique, la galerie marchande fournit un lieu de partage, sécurisant au climat tempéré artificiel : un hyper-lieu.
Le centre-ville concentrant la moitié des emplois, les trajets suburbs-City Center sont inévitables. Cette situation densifie, ramifie et élargit le réseau de mobilité urbaine, occasionnant des espaces de non-lieu sous les ponts, au- toroutes et échangeurs. Ces grosses infrastructures servent à relier le centre distancé par les zones industrielles im- menses, qui participent au zonage accru des activités de la ville.
En reste de ces phénomènes, la population de l’Inner City, partage un même faible pouvoir d’achat, regroupant étudiants, minorité ethnique, classe créative et autres pré- caires. Au-delà d’être accablé par ces phénomènes porteurs d’inégalité, ils en révèlent les potentiels de solidarité. Dé- tournant les accidents urbains résultant de l’OuterCity, cette population entre dans une dynamique résiliente d’entraide, de survie.
Chaque acteur a un rôle singulier dans cette mécanique. Les étudiants tirent parti du coût moins élevé de la vie dans ces quartiers, et maintiennent leur économie locale. La classe créative s’inspirant de cette multitude de cultures, établit un lien social et critique au sein de la population. Les minorités développent les commerces de proximité se basant sur les demandes spécifiques d’une communauté.
Par ailleurs, la présence de différentes communautés n’est pas toujours synonyme d’homogénéité et d’ententes. Les lieux de résidence de ces minorités restent plutôt cloi- sonnés et distincts d’une rue à l’autre de Leeds. Un paradoxe là encore.
Un dernier enjeu se dessine dans cette couronne pré- caire de la ville et révélé par la cartographie de la vacance (fig.38). Une division apparaît entre les lieux délaissés et non investis du sud de l’Inner City par rapport à l’action des ar- tistes et le dynamisme culturel du nord.
N’existe-t-il pas un rééquilibrage possible de ces quar- tiers, en descellant de nouvelles potentialités aux obstacles d’aujourd’hui ; en utilisant les dynamiques résilientes et solidaires des habitants de l’Inner City ?