Mémoire - Les sites d'apprentissage en ligne

Université Paris-Est Marne-la-Vallée

BATTOIA Alexia Sous la direction d’Hervé Tenoux

LES SITES D’APPRENTISSAGE EN LIGNE Cas particulier des adultes apprenant l’anglais

Mémoire de recherche Master Cultures et Métiers du Web Université Paris-Est Marne-la-Vallée Année 2015-2016

Je tiens à remercier M. Tenoux pour m’avoir conseillée et guidée dans certains de mes choix.

Je remercie également toutes les personnes m’ayant relue, corrigée et donnée leurs avis critiques.

INTRODUCTION

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I. L’APPRENTISSAGE DE L’ANGLAIS, UN DOMAINE EN PLEINE MUTATION ?

8

1. HISTORIQUE DES METHODOLOGIES

8

A.

LE BEHAVIORISME ET LE STRUCTURALISME

8

B.

L’APPROCHE FONCTIONNALISTE

11

C.

L’APPROCHE COMMUNICATIVE

14

D.

L’APPROCHE PRECONISEE PAR LE CECRL

15

2. LES TICE, OU L’USAGE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS L’ENSEIGNEMENT

18

A.

HISTORIQUE DES TICE : LE PASSAGE DU PAPIER A L’OUTIL INFORMATIQUE

18

B.

LE NUMERIQUE AU SERVICE DE L’ENSEIGNEMENT (INTERNET, JEUX VIDEO)

22

C.

L’USAGE DES TICE DANS L’ENSEIGNEMENT DE L’ANGLAIS

24

D.

LES LIMITES DES TICE

28

3. L’E-LEARNING, OU LE DEVELOPPEMENT DE SOLUTIONS POUR ADULTES ?

30

A.

QU’EST-CE QUE L’E-LEARNING ?

30

B.

LES FORMATIONS PROFESSIONNELLES

32

C.

LES INSTITUTS DE COURS DU SOIR

34

II. L’APPRENTISSAGE EN LIGNE, PLUSIEURS METHODES POUR LE MEME RESULTAT ?

38

1. BABBEL ET DUOLINGO, DEUX PLATEFORMES OPPOSEES

38

A.

39

MODELES ECONOMIQUES

i. Le modèle Freemium

39

ii.

Le modèle gratuit

41

B.

APPRENTISSAGE COLLABORATIF

43

i. Messagerie privée et correspondants

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ii.

Les forums

45

2. PEDAGOGIES

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A.

UN RETOUR AU BEHAVIORISME ?

50

B.

PRESENCE DE L’APPROCHE ACTIONNELLE

52

C.

L’APPROCHE LUDIQUE

54

D.

COMPETITION ENTRE APPRENANTS

55

3. L’EXPERTISE DES PROFESSEURS VS LE RESSENTI DES UTILISATEURS

57

A.

57

MOTIVATIONS ET ATTENTES DES UTILISATEURS

B.

LES AVANTAGES DE CES PLATEFORMES

59

C.

LES LIMITES DU E-LEARNING DANS L’APPRENTISSAGE DE L’ANGLAIS

61

CONCLUSION

64

BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

73

Introduction « L’anglais, ce n’est jamais que du français mal prononcé. » Georges Clémenceau

« Laborieux », « allergie », « mitigé », « tendance à s’améliorer », « catastrophe », « dépassé », « un peu mieux ». Lorsque l’on interroge les Français sur leur rapport à la langue anglaise, voici le type de réponses que l’on obtient1. Un constat bien mitigé, mais confirmé par des études réalisées par des organismes reconnus. En effet, à chaque nouvelle étude produite sur les compétences en anglais par pays, la France se retrouve relativement bas dans le classement. La dernière étude en date, réalisée par Education First, indique que la France se classe 24ème sur 27 pays Européens en terme de compétences en anglais2.

L’étude d’Education First se déroule tous les ans depuis plusieurs années, et on constate que le niveau d’anglais des Français ne s’améliore pas3.

Les difficultés rencontrées par les adultes Français découlent de plusieurs éléments dont la pédagogie mise en place à l’école, et l’importance accordée, au quotidien, à la pratique de l’anglais. Selon la start-up Pili Pop4, spécialisée dans l’apprentissage de l’anglais et de l’espagnol pour les enfants, les Français commencent l’apprentissage de l’anglais à partir du CP, ce qui va dans le sens de la majorité des études recommandant d’apprendre une langue étrangère dès le plus jeune âge. Cependant, les élèves Français ont au total 668 heures de cours d’anglais sur l’ensemble de leurs années d’études (de l’école primaire au lycée), alors que le Cadre Européen commun de référence pour les langues estime qu’il faut 1000 heures

1

Extraits de micro-trottoir, suite à la question « Quand on vous dit ‘les Français et la langue anglaise’, quel mot vous vient à l’esprit ? », Paris, 5 Mars 2016 2 ème D’après la dernière étude EPI réalisée par Education First, les Français se classent 24 sur 27 pays ème Européens, et 37 au classement global. L’étude a été réalisée sur 910 000 adultes non-anglophones. L’étude précise que le score des Français indique une « faible maitrise » de la langue anglaise. http://www.ef.com/cafr/epi/regions/europe/france/ 3 "Nous menons cette enquête depuis huit ans et, d'année en année, nous voyons la France stagner, voire régresser", déclaration de Nenad Djokic, directeur général de la branche française d'Education First. http://www.metronews.fr/info/pourquoi-les-francais-sont-ils-si-nuls-en-anglais/moki!2df8vZlJV9Cg/ 4 http://www.pilipop.com/fr/blog/comment-apprend-parler-anglais-aujourdhui/ [consulté pour la dernière fois le 01/03/2016]

1

à un débutant pour maîtriser l’anglais5. En France, aujourd’hui, il manque donc aux étudiants plus de 300h de cours pour avoir un enseignement complet.

Néanmoins, les difficultés que les Français rencontrent avec la langue anglaise ne reposent pas uniquement sur le nombre d’heures passées en cours d’anglais, mais aussi sur la place que prend la langue anglaise dans la société. Alors que les pays nordiques, tels que la Suède ou la Finlande, diffusent les films en version originale sous-titrée, la France double tous les films pour les diffuser en version française6. Alors qu’il est recommandé d’habituer l’oreille à la langue que l’on veut apprendre, les Français ne sont que très peu exposés à une langue autre que leur langue maternelle.

L’anglais est pourtant la lingua franca7, c’est-à-dire la langue utilisée pour tous les échanges internationaux. D’après certaines études, « 48% des Français apprennent l’anglais pour des raisons professionnelles »8. A l’ère de la mondialisation, savoir parler anglais est un atout supplémentaire voire nécessaire pour décrocher un emploi ou pour obtenir une promotion9.

Cependant, il apparaît difficile de combiner vie professionnelle et apprentissage d’une langue. Selon l’étude d’ABA English, 64% des Français évoquent le manque de temps comme raison pour laquelle ils n’étudient pas l’anglais. Pour pallier cette contrainte de temps, des sites de e-learning ont fleuri sur internet.

Au milieu des années 1990, le e-learning révolutionne le domaine de la formation en permettant d’accéder à des contenus de formation en ligne. D’après l’Union Européenne, le e-learning « est l’utilisation des nouvelles technologies multimédias de l’Internet pour

5

Voir annexe n°1 : Tableau du Cadre Commun de Référence pour les Langues D’après le First European Survey on Language Competences dirigé par la Commission Européenne, la France fait partie des pays qui doublent à la fois les films et les programmes télévisés. http://ec.europa.eu/languages/policy/strategic-framework/documents/language-survey-final-report_en.pdf 7 Lingua franca, autrement appelée langue véhiculaire : « langue de communication entre des communautés d'une même région ayant des langues maternelles différentes. », définition du Larousse. Cette définition s’est étendue pour définir la langue internationale, à savoir l’anglais.

8 Etude ABA English réalisée sur un échantillon de 1 200 Français. http://www.abaenglish.com/fr/presse/revues-de-presse/bilan-de-lannee-2015-les-francais-et-lapprentissagede-langlais/ 9 Selon la même étude, « 23% des Français déclarent être passés à côté d’une opportunité d’embauche à cause de leur niveau d’anglais ».

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2

améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant d’une part l’accès à des ressources et à des services, d’autre part les échanges et la collaboration à distance »10.

Les entreprises mettent ainsi en place des formations e-learning pour leurs employés, en complément de formations en présentiel. Ces formations ne sont au départ qu’une intégration des formations papiers au format web 1.0. Le web 1.0 est principalement constitué de pages statiques, et ne permet pas de réelle interaction entre les utilisateurs, ou entre le créateur de la formation et l’apprenant. Le web 1.0 est comme une gigantesque bibliothèque :

« Web 1.0 was essentially a source of information created by a small number of authors for a very large number of users. It consisted largely of static webpages with little room for real interactivity. Thus, it functioned much like a large reference book, or indeed a whole library of reference books. »11.

Ces formations e-learning permettent aux employés de compléter des formations en présentiel ou de trouver rapidement des informations.

Avec l’apparition du Web 2.0 dans les années 2000, les formations e-learning se développent sur des supports numériques multiples (ordinateur, tablette, téléphone). Mais plus qu’une évolution numérique, il s’agit d’une évolution en termes de pédagogie. Il n’est plus seulement question de mettre du contenu à disposition en ligne, mais de recréer un environnement de formation interactif. L’apprenant doit se sentir challengé pour rester motivé et terminer sa formation.

10

http://eduscol.education.fr/bd/competice/superieur/competice/boite/glossaire_e.php « Le Web 1.0 était essentiellement une source d’informations créé par un petit nombre d’auteurs pour un très grand nombre d’utilisateurs. Il était largement constitué de pages internet statiques avec très peu de place pour l’interactivité. Il fonctionnait donc comme un grand manuel de référence, ou plutôt comme une bibliothèque de manuels de référence », traduction libre, https://e-language.wikispaces.com/web1.0 11

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D’après Catherine McLoughlin et Mark Lee, la pédagogie 2.0 repose sur trois principes : la personnalisation, la participation et la productivité12. L’apprenant est libre de prendre toutes les décisions concernant son apprentissage et ainsi de le personnaliser en fonction de son niveau par exemple. De plus, la pédagogie 2.0 privilégie la participation, c’est-à-dire l’échange entre les apprenants au travers de communautés. Enfin, l’apprenant est également considéré comme un producteur et distributeur de savoir. Cela peut prendre des formes diverses : billets de blogs expliquant des points compliqués et comment les surmonter, résumés d’articles et de livres, ou échanges sur des chats en ligne.

Avec l’évolution du e-learning, on voit ainsi fleurir des sites d’apprentissage des langues en ligne, proposant la plupart du temps des cours d’anglais ou étant complètement dédiés à la langue anglophone. Busuu, Babbel, Gymglish, Englishtown, ABA English, Duolingo, Anglais Facile, sont des exemples de ces sites qui ont été créés dans les années 2000 et qui offrent aux utilisateurs des cours de langues à pratiquer lorsqu’ils le désirent, sur leurs temps libre.

Ces plateformes d’apprentissage peuvent être gratuites ou payantes et peuvent s’adresser aux enfants, aux adolescents ou aux adultes. Certaines se spécialisent dans un type d’exercices (compréhension écrite ou orale par exemple), d’autres offrent des cours complets permettant à l’apprenant de se confronter à des exercices différents. Les utilisateurs sont donc face à un choix diversifié de méthodes et de pédagogies.

Ce mémoire se concentre sur ces utilisateurs, tout en resserrant le cadre : nous nous limiterons aux adultes sortis du contexte scolaire et décidant d’apprendre l’anglais sur leur temps libre à l’aide de ces sites d’e-learning. Il ne s’agira donc pas d’analyser tous les types d’utilisateurs, mais de se concentrer sur les motivations d’un type défini d’apprenants afin de faire ressortir des éléments précis. Quelles sont les motivations des apprenants adultes à apprendre l’anglais en ligne ? Quelles sont leurs attentes vis-à-vis de cet apprentissage ?

Quels sont leurs ressentis envers ces sites d’e-learning ?

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MCLOUGHLIN Catherine et LEE Mark, “The Three P’s of Pedagogy for the Networked Society: Personalization, Participation, and Productivity”, International Journal of Teaching and Learning in Higher Education, volume 20 (n°1), 2008, p10-27.

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Afin de mieux comprendre l’engouement de ces utilisateurs, nous analyserons également Babbel et Duolingo, deux sites d’apprentissage des langues représentatifs du panel disponible sur internet. Babbel a été créé en 2007 et propose des cours dans 14 langues différentes, accessibles par une version d’essai suivi d’un abonnement payant. Duolingo a, quant à lui, été créé en 2012 et offre d’apprendre 16 langues de manière totalement gratuite. Il s’agit donc de sites très complets de par leurs offres, mais représentant également deux approches économiques différentes. Quelles pédagogies mettent-ils en place ? Sont-elles fondées sur les mêmes principes éducatifs que ceux préconisés par l’Éducation Nationale ? Quels sont leurs points forts et leurs faiblesses ?

Afin de légitimer ou non l’usage de ces moyens de formation numérique, nous opposerons le ressenti des utilisateurs à l’expertise de professeurs d’anglais enseignant à différents niveaux scolaires. Ils donneront leurs opinions sur ces sites et sur leurs pédagogies, en nous expliquant s’ils trouvent ces plateformes utiles et efficaces pour des adultes souhaitant apprendre l’anglais.

Afin de définir au mieux les enjeux et la fiabilité des sites e-learning spécialisés dans l’apprentissage de l’anglais, la lecture d’ouvrages traitant de la didactique de l’enseignement de l’anglais est indispensable. Le livre Enseigner l’anglais13 est un des ouvrages clés puisqu’il offre un historique des questionnements relatifs à l’enseignement de la langue anglophone en France, ainsi que des différentes pédagogies et écoles de pensées qui ont été mises en place au fil du temps. Cet ouvrage n’offre pas une solution idéale à l’enseignement de l’anglais, mais expose un ensemble de méthodes (pédagogie communicative-actionnelle, TICE14, expression orale), de cas pratiques et d’exercices à destination des professeurs d’anglais.

L’ouvrage Psychologie des apprentissages et multimédia15 offre une réflexion sur l’usage des TICE dans l’enseignement. Il permet de questionner l’intégration de ces nouveaux outils à

13

JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, Enseigner l’anglais, Hachette Éducation, 2014 Acronyme pour Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement.

15 LEGROS Denis et CRINON Jacques, Psychologie des apprentissages et multimédia, Armand Colin, 2002 14

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l’école et remet en question l’enseignement traditionnel. Il tire également des conclusions sur les changements qu’implique l’utilisation des TICE sur l’enseignement des langues vivantes.

L’analyse d’études réalisées concernant l’intégration de formations professionnelles en elearning, telle que le Baromètre AFINEF16 nous permet de comprendre la demande des Français en matière de formations e-learning, ainsi que leurs attentes.

Enfin, l’analyse des deux sites internet sélectionnés, à savoir Babbel et Duolingo, ainsi que des interviews réalisées auprès d’utilisateurs de ces sites et de professeurs d’anglais de différents niveaux, ont permis de dresser des constats quant aux usages et ressentis des différents acteurs face à l’apprentissage de l’anglais en ligne. Il apparaît nécessaire de questionner et de mettre en tension l’analyse de professionnels et l’avis d’utilisateurs afin de déterminer l’utilité et la fiabilité des plateformes e-learning dans le domaine de l’anglais.

Dans un premier temps, il s’agira de faire l’état des lieux des controverses relatives à l’enseignement de l’anglais à l’école. Nous analyserons les différentes méthodes qui ont été préconisées ces dernières décennies : quelles sont les différentes écoles de pensées et quelles sont leur spécificités ? Nous déterminerons également la méthodologie actuellement préconisée par le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL) : en quoi se démarque-t-elle des anciennes méthodes ? Quelles sont ses caractéristiques ? Nous nous attacherons également à tracer un bref historique des Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement. Quels outils ont été mis en place dans le cadre de l’enseignement en général, et de l’enseignement de l’anglais en particulier ? Quelles sont leurs limites ? Nous réduirons ensuite le cadre pour nous intéresser au développement des outils de formation en langue anglaise à destination des adultes. Quelles sont leurs forces et leurs faiblesses ? Dans quels cadres prennent-ils place ?

16

Association Française des Industriels du Numérique de l’Éducation et de la Formation, « Le e-learning en France, Baromètre 2015 », 2015 http://www.afinef.net/wp-content/uploads/2014/10/Barometre-e-learning-2015.pdf

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La deuxième partie de notre mémoire se focalisera sur l’analyse de nos deux terrains web, Babbel et Duolingo, afin de déterminer si des plateformes mettant en place des stratégies différentes peuvent obtenir la même progression chez leurs utilisateurs. Nous analyserons leurs fonctionnements afin d’établir leurs points communs et leurs différences, du point de vue économique et communautaire. Nous nous attacherons également à détailler les pédagogies adoptées sur ces plateformes. Ces pédagogies sont-elles en accord avec la méthode préconisée par le CECRL ? Enfin, nous mettrons en tension le ressenti des utilisateurs et l’expertise des professeurs d’anglais, au travers d’interviews et de questionnaires.

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I.

L’apprentissage de l’anglais, un domaine en pleine mutation ?

1. Historique des méthodologies La didactique17 de l’enseignement des langues étrangères se renouvelle sans cesse, et on dénombre plusieurs méthodes ayant régi l’apprentissage de ces langues, notamment de l’anglais. Nous allons retracer ici les différents courants de pensées qui ont régi la didactique de l’enseignement de l’anglais.

a. Le behaviorisme et le structuralisme En 1913, John B. Watson, psychologue américain, introduit la notion de « behaviorisme » (de l’anglais « behavior » qui signifie comportement). Il estime que l’apprentissage des langues passe par un « processus pavlovien de stimulus-réponse »18. Pavlov, physiologue de la fin du XIXème siècle, a établi la théorie de réflexe conditionné, théorie selon laquelle le cerveau associe une réponse à un stimulus à force de répétition. Par exemple : « Lorsqu'un stimulus neutre, tel un son, est associé de nombreuses fois à un stimulus inconditionnel, tel de la nourriture, la réaction salivaire, initialement déclenchée par la nourriture, se produira au son »19. Le behaviorisme, dans le domaine de l’apprentissage, repose donc sur la répétition de phrases associées à des images, ou de structures syntaxiques afin que les élèves les retiennent par cœur : « Dans la classe de langue, l’essentiel était donc de créer des

17

« La didactique, c'est l'étude systématique des méthodes et des pratiques de l'enseignement en général, ou de l'enseignement d'une discipline ou d'une matière particulière », définition de l’Association professionnelle des professeurs et professeures d’administration au collégial, http://www.appac.qc.ca/didactique.php 18 JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, Enseigner l’anglais, Hachette Éducation, 2014, p16 19 RICHELLE Marc, « CONDITIONNEMENT », Encyclopædia Universalis http://www.universalis.fr/encyclopedie/conditionnement/1-le-conditionnement-pavlovien/ Voir annexe 2 : Exemple de conditionnement pavlovien

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habitudes et des automatismes linguistiques »20. L’élève est passif, il ne doit pas réellement comprendre la construction d’une phrase, sa syntaxe ou sa grammaire, mais simplement retenir une association phrase/image ou une structure syntaxique.

Du behaviorisme découle une autre école : le structuralisme, qui s’attache « à décrire les systèmes phonologiques, morphosyntaxiques et lexicaux des langues »21. En 1916, Ferdinand de Saussure initie cette école en invoquant le fait que la langue est décomposable en éléments plus petits (phonèmes, morphèmes) que l’on peut classer et mémoriser. Deux méthodes appartiennent à cette école : la méthode audio-orale et la méthode audiovisuelle.

Ces méthodes prônent que l’enseignement d’une langue passe par la répétition d’éléments linguistiques : « l’acquisition passait toujours par une phase importante de répétition, suivie d’exercices structuraux soigneusement triés et gradués pour la fixation »22. L’élève n’est donc pas acteur de son apprentissage, mais destinataire d’un enseignement qui s’appuie sur des répétitions.

La méthode audio-orale connût son apogée dans les années 1950. Le but était de faire répéter à l’élève des phrases afin qu’il s’habitue à la syntaxe et à la grammaire des phrases, sans s’en apercevoir.

« Si, par exemple, les élèves doivent déterminer quels aliments il y a dans un panier de courses, ils devront demander maintes fois Have you got a/any/some… in your basket ? ou Is/are there a/some/any… ? Les questions seront ainsi systématiquement répétées, sans que personne ne s’en rende compte, car elles sont au service du sens. »23

L’élève ne fait qu’apprendre des formes syntaxiques en les répétant, sans réellement comprendre le fonctionnement grammatical des phrases qu’il prononce. La méthode audio-

20

JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, op. cit., p16 Ibid., p12 22 Ibid., p17 23 Ibid., p22 21

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orale n’eut pas que des partisans, à l’instar de Noam Chomsky dont la théorie « posa donc que la grammaire n’est pas apprise par imitation ni répétition, mais générée à partir d’une compétence interne. »24. En d’autres termes, l’apprentissage d’une langue ne peut être efficace sans compréhension de la grammaire et du fonctionnement de la langue. Ainsi la méthode audio-orale fût-elle abandonnée par les structuralistes, au profit de la méthode audiovisuelle.

Celle-ci fut principalement utilisée entre les années 1970 et 1980. Cette méthode était surtout fondée sur l’association de l’image et du son, en n’intégrant l’écrit que très tard dans l’apprentissage : « une diapositive projetée accompagnait chaque phrase du dialogue, qui était conçu pour présenter et fixer une structure syntaxique. »25. L’élève retient donc une phrase grâce à sa représentation visuelle. Cette méthodologie reprend le structuralisme tel qu’évoqué par Ferdinand de Saussure dans ses cours de linguistique générale :

« Soient donc deux personnes, A et B, qui s’entretiennent : Le point de départ du circuit est dans le cerveau de l’une, par exemple A, où les faits de conscience, que nous appellerons concepts, se trouvent associés aux représentations des signes linguistiques ou images acoustiques servant à leur expression.

Supposons qu’un concept donné déclenche dans le cerveau une image acoustique correspondante *…+. Le cerveau transmet aux organes de la phonation une impulsion corrélative à l’image, puis les ondes sonores se propagent de la bouche de A à l’oreille de B. Ensuite, le circuit se prolonge en B dans un ordre inverse : de l’oreille au cerveau, *…+ association psychique de cette image avec le concept correspondant. »26

Dans l’exemple évoqué par Ferdinand de Saussure, nous constatons donc que le cerveau associe un son, un mot ou une phrase à une représentation visuelle. Cette méthode

24

Ibid., p22 Ibid., p23 26 DE SAUSSURE Ferdinand, Cours de linguistique générale, Payot et Rivages, 1995, p28 25

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audiovisuelle semble donc apporter une amélioration à la méthode audio-orale, puisqu’elle permet aux élèves de s’appuyer sur un élément visuel pour apprendre la langue. Cependant, et malgré le fait que cette méthode donnait une place un peu plus importante à la participation orale de l’élève, l’absence de support écrit et de pratique de la lecture mena à l’abandon de la méthode audiovisuelle dans les années 1980 : « Malgré cette évolution, l’audiovisuel en tant que méthode intégrée subit au cours des années quatre-vingt le même sort que les méthodes audio-orales ».27

Le structuralisme et le behaviorisme, écoles de pensées préconisées durant plusieurs décennies, disparurent progressivement à la fin des années 1980 pour être remplacé par de nouvelles méthodes et de nouvelles façons d’appréhender l’enseignement de l’anglais à l’école.

b. L’approche fonctionnaliste La deuxième école de pensée relative à la didactique de l’enseignement des langues est le fonctionnalisme. Elle prit son essor en parallèle de la méthode structuraliste, dans les années 1960. Le fonctionnalisme consiste à comprendre comment le langage se construit en fonction du contexte et des individus.

« Les fonctionnalistes s’intéressent à leur *les langues+ dimension interpersonnelle, c’est-à-dire ce que nous faisons avec le langage, et comment. Ils attachent également une importance primordiale au contexte social dans lequel l’acte langagier se produit, afin de déterminer comment le langage influe sur ce contexte, et inversement. »28

27 28

JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, op. cit., p24 Ibid., p12

11

Les fonctionnalistes ne s’intéressent donc pas réellement à la grammaire, au contraire des structuralistes, mais plutôt à la construction sémiologique des énoncés prononcés. Ils veulent se libérer de l’emprise de la linguistique, pour s’intéresser davantage au sens.

On distingue plusieurs méthodes appartenant à ce courant. La première d’entre elles, la sociolinguistique, a « jeté les bases d’une ethnologie de la communication qui associe ressources verbales et règles d’interaction dans la communication »29. Il s’agit ici d’apprendre à communiquer en fonction d’une situation et d’un contexte donné. Cela signifie que l’action de communication fait appel aux connaissances langagières du locuteur, mais aussi à d’autres ressources : « La perspective actionnelle prend donc aussi en compte les ressources cognitives, affectives, volitives et l’ensemble des capacités que possède et met en œuvre l’acteur social »30. Il est nécessaire pour l’élève de mettre en corrélation la situation dans laquelle il se trouve et le langage qu’il doit associer à cette situation. Cette méthode se trouve donc à l’opposé des méthodes structuralistes puisqu’elle démontre qu’il n’y a pas une seule forme de discours à apprendre et appliquer à toutes les situations, mais qu’il faut adapter son discours en fonction du contexte et de l’interlocuteur.

La pragmatique est également une méthode appartenant à l’école fonctionnaliste. Son but est de comprendre le fonctionnement du discours en fonction des locuteurs et des situations de locution. La pragmatique s’est principalement développée à partir des années 1980, c’està-dire au moment du déclin du structuralisme. Elle semble cependant presque similaire à l’approche de Ferdinand de Saussure, en s’intéressant au sens donné à un mot prononcé.

Mais tandis que chez les structuralistes on s’intéresse à la représentation visuelle que l’on associe à un mot, chez les fonctionnalistes on cherche à distinguer le sens premier du mot et le sens donné par l’émetteur ou le destinataire à ce mot : « La pragmatique étudie donc le sens tel qu’il est transmis et interprété par les interlocuteurs. Elle nous apprend qu’il n’y a pas d’acte langagier sans intention, et que cette intention n’a de sens que dans le cadre

29

Ibid., p13 Dernière édition du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues : Apprendre, Enseigner, Évaluer, Éditions Didier, 2005, http://www.coe.int/T/DG4/Linguistic/Source/Framework_FR.pdf, p15 30

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d’une interaction »31. En d’autres termes, chaque contexte et chaque interlocuteur peut changer le sens d’un mot ou d’une phrase. C’est en ce sens que la pragmatique se distingue du structuralisme : il n’est pas suffisant d’apprendre des phrases et leur représentation par cœur, il faut comprendre les nuances de la langue en fonction de contextes donnés.

L’analyse du discours, quant à elle, a pour but d’étudier la structuration du discours, à travers les connecteurs logiques (and, but, so, however, par exemple) et les références anaphoriques. C’est une nouveauté dans l’apprentissage de l’anglais : « Ces mécanismes n’entraient pas précédemment dans le champ des grammaires scolaires, dont l’unité la plus importante est souvent la phrase. Pourtant, la communication n’est possible que grâce aux phrases liées entre elles, à l’inter-phrastique, autrement dit le discours »32. L’analyse du discours doit ainsi apprendre aux élèves à repérer ces éléments pour comprendre des phrases qui, de prime abord, ne font pas sens.

« Ce domaine de recherche *…+ examine la cohérence d’échanges comme celui-ci, où l’enchaînement des phrases est apparemment absurde.

A : That’s the telephone.

B: I’m in the bath.

A: Ok. En réalité, la connaissance du monde que partagent les interlocuteurs – ne pas pouvoir répondre au téléphone lorsqu’on est dans le bain – rend leur discours parfaitement intelligible. »33

Une nouvelle fois, il s’agit de s’intéresser autant au sens du discours qu’à sa forme, autant à la sémantique qu’à la construction du discours : l’un est toujours conditionné par l’autre.

31

JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, op. cit., p14 Ibid., p16 33 Ibid., p15 32

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Tandis que le structuralisme vise à une compréhension grammaticale de la langue, le fonctionnalisme s’attache à comprendre comment la langue et le contexte s’articule entre eux afin de produire le langage et la communication.

c. L’approche communicative L’approche communicative se décompose en deux grandes méthodes : la méthode notionnelle-fonctionnelle et la méthode communicative. Dans les années 1980 apparaît la méthode notionnelle-fonctionnelle. David Wilkins, un chercheur en linguistique, définie deux concepts théoriques qui, selon lui, permettent d’analyser les langues du point de vue de la communication : la notion et la fonction. Les notions « sont les catégories abstraites grâce auxquelles l’homme organise la réalité »34 tandis que les fonctions « indiquent ce que nous faisons avec le langage, comment à travers lui nous agissons sur autrui »35. Ces deux concepts associés aboutissent à une réalisation linguistique déterminée, ce qui permet de comprendre le fonctionnement de la langue dans un contexte donné36. Cela permet d’établir les « besoins de communication minimaux »37, c’est-à-dire les bases langagières nécessaires à une communication basique. En effet, le Conseil de l’Europe a établi en 1975 un Threshold Level, c’est-à-dire un niveau seuil de connaissances de la langue anglaise38. Il est alors nécessaire de déterminer les besoins de l’apprenant afin de prévoir un enseignement adapté à ses besoins : « Puisque l’apprenant fait partie de la situation d’apprentissage au moins autant que la langue, *il est nécessaire d’avoir+ un programme centré sur les besoins de l’apprenant »39.

34

JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, op. cit., p25 Ibid., p25 36 Voir annexe 3 : Exemples de descriptions sémantico-communicatives établies par David Wilkins 37 JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, op. cit., p25 38 « Inspiré des préoccupations militaires des Etats Unis de l'après-guerre cherchant à communiquer de manière efficace dans les pays où ils débarquaient, le Niveau Seuil du Conseil de l'Europe fait un inventaire des compétences linguistiques à atteindre pour pouvoir être rapidement opérationnel dans un pays étranger. », BAILLY Nadine et COHEN Michael, « L’approche communicative », 2005 http://flenet.rediris.es/tourdetoile/NBailly_MCohen.html 39 REZEAU Joseph, Médiatisation et médiation pédagogique dans un environnement multimédia, Thèse pour le doctorat de l’Université Bordeaux 2, 2001 http://joseph.rezeau.pagesperso-orange.fr/recherche/theseNet/theseNet-2_-2.html#Heading787 35

14

L’approche communicative découle directement de la méthode notionnelle-fonctionnelle.

Cependant, tandis que la première méthode a appliqué des changements à la didactique de l’enseignement, c’est-à-dire les savoirs à enseigner et à mettre en avant, la seconde méthode s’attache à modifier la pédagogie mise en place, c’est-à-dire la méthode utilisée pour transmettre le savoir. On note alors que l’oral prend une place primordiale dans l’enseignement de l’anglais : « La langue orale était tellement prédominante qu'elle occupait toute la place du cours de langue »40. La grammaire n’est plus au centre de l’enseignement, on ne cherche plus à comprendre la structure de la phrase : « la grammaire était devenue quasiment inexistante ou étudiée brièvement et de manière superficielle »41. Dans les années 1990, la méthode communicative se voit apporter des modifications afin de produire un enseignement plus équilibré : « Quatre compétences indispensables pour le cours de langue sont définies dans un ordre précis, à savoir la compréhension orale, la compréhension écrite, la production orale, et la production écrite »42. Ainsi trouve-t-on à présent une méthode balayant tous les domaines d’apprentissage et permettant une compréhension plus aboutie de la langue.

d. L’approche préconisée par le CECRL Aujourd’hui, l’approche préconisée par le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues est l’approche actionnelle : « La perspective privilégiée ici est, très généralement aussi, de type actionnel en ce qu’elle considère avant tout l’usager et l’apprenant d’une langue comme des acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des circonstances et un environnement donnés »43. Cette approche actionnelle se fonde en grande partie sur l’approche communicative, tout en modifiant plusieurs aspects.

40

BAILLY Nadine et COHEN Michael, op. cit., http://flenet.rediris.es/tourdetoile/NBailly_MCohen.html Ibid.

42 Ibid.

43 Dernière édition du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues : Apprendre, Enseigner, Évaluer, op. cit., p15, http://www.coe.int/T/DG4/Linguistic/Source/Framework_FR.pdf 41

15

Tout d’abord, on ne compte plus quatre compétences à développer chez l’apprenant, mais cinq : « écouter et comprendre, prendre part à une conversation, lire et comprendre, écrire, parler en continu »44. Le CECRL ne parle d’ailleurs plus de compétences, mais d’activités langagières. Le mot « activité » reprend l’idée que l’apprenant doit être actif, qu’il doit participer de manière active à son apprentissage.

Pour mener à bien ces activités langagières, l’apprenant doit développer des compétences, que

le

CECRL

regroupe

en

trois

catégories : « linguistique,

sociolinguistique

et

pragmatique »45. La compétence linguistique comprend plusieurs composantes : « compétence lexicale, compétence grammaticale, compétence sémantique, compétence phonologique, compétence orthographique »46. On pourrait assimiler cette compétence à l’enseignement prodiguée par les méthodes du courant structuraliste. La compétence sociolinguistique pourrait, quant à elle, se rapprocher de la méthode sociolinguistique puisqu’elle s’appuie sur la faculté à savoir utiliser et reconnaître les « marqueurs des relations sociales, règles de politesse, expressions de la sagesse populaire, différences de registre, dialecte et accent »47. L’apprenant doit donc être capable d’adapter son discours en fonction du contexte et de son interlocuteur. Enfin, la compétence pragmatique recouvre deux composantes : discursive et fonctionnelle. L’apprenant doit savoir organiser une phrase de manière cohérente et structurer un discours dans un but précis : « Les participants sont engagés dans une interaction dans laquelle chaque initiative entraîne une réponse et fait avancer l’échange vers son but par une série d’étapes successives du début à la conclusion finale. Les locuteurs compétents ont une compréhension de la démarche et des capacités en jeu »48.

La méthode préconisée par le CECRL est en fait un mélange de méthodes préexistantes revues et corrigées. L’apprentissage d’une langue passe par la maîtrise de sa grammaire, de

44

JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, Enseigner l’anglais, Hachette Éducation, 2014, p57 Dernière édition du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues : Apprendre, Enseigner, Évaluer, op. cit., p86 46 Ibid., p87 47 Ibid., p93 48 Ibid., p98 45

16

sa structure syntaxique, mais aussi de ses usages et de sa sémantique en fonction des situations rencontrées.

« La présence du sociolinguistique et du pragmatique en sus du linguistique affirme de façon transparente que faire usage d’une langue, ce n’est pas seulement maîtriser et connaître un code linguistique. C’est aussi pour une grande part chercher à mettre en adéquation la nature de son intervention avec le but pragmatique que l’on s’est fixé. Selon la situation d’énonciation dans laquelle on se trouve, il faudra adapter son discours afin de réussir l’acte de communication. »49

En suivant la méthode préconisée par le CECRL, l’apprenant devra atteindre des objectifs précis aux moments définis. Ces objectifs sont repris et établis officiellement dans le décret n° 2005-1011 du 22 Août 2005 :

« Art. 1. Les niveaux de compétence en langues vivantes étrangères attendus des élèves des écoles, collèges et lycées relevant de l’enseignement public ou privé sous contrat sont fixés, conformément au référentiel de niveaux de compétence figurant en annexe au présent décret, de la façon suivante : - à la fin de l’école élémentaire, le niveau A1 dans la langue vivante étudiée ; - à la fin de la scolarité obligatoire, le niveau B1 pour la première langue vivante étudiée ; - à la fin des études du second degré, le niveau B2 pour la première langue vivante étudiée. »50

Selon le tableau du CECRL, un apprenant de niveau A1 est un utilisateur élémentaire de la langue et la découvre simplement. Un apprenant de niveau B1 est un utilisateur indépendant qui a atteint le niveau seuil, c’est-à-dire un début d’autonomie. Lorsqu’un

49 50

JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, Enseigner l’anglais, Hachette Éducation, 2014, p62 Ibid., p76

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apprenant a atteint le niveau B2, on considère que c’est un utilisateur avancé ou indépendant51. Le CECRL préconise donc qu’un apprenant atteigne le niveau seuil à 16 ans.

L’analyse de cet historique des méthodes préconisées pour enseigner l’anglais montre que ce sujet a toujours suscité beaucoup de questionnement et de remise en question. Il a été nécessaire de modifier la didactique de l’enseignement des langues un certain nombre de fois, afin de trouver un équilibre et de s’adapter aux besoins des apprenants. C’est pourquoi les Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement (TICE52) ont également évoluées, afin de proposer une interactivité en lien avec la société dans laquelle nous vivons.

2. Les TICE, ou l’usage des nouvelles technologies dans l’enseignement a. Historique des TICE : le passage du papier à l’outil informatique Dès le XXème siècle, les TICE ont fait leur apparition à l’école. Les enseignants « ont toujours panaché sources sonores, écrites et iconographiques »53 grâce aux différentes technologies mises à leur disposition. Les professeurs se sont ainsi servis de magnétophones, puis de chaînes stéréo pour les exercices sonores : « l’évolution technique a fait entrer dans les classes la bande audio, puis la cassette audio, le CD audio, le CD-Rom et enfin le DVDRom »54. Lorsqu’il s’agissait de se servir d’images comme support de cours, les enseignants ont peu à peu abandonné leur tableau de feutre55 pour se diriger vers des supports tels que

51

Voir annexe 4 : Extrait du CECRL relatif aux niveaux communs de référence. « Les technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement (TICE) recouvrent les outils et produits numériques pouvant être utilisés dans le cadre de l'éducation et de l'enseignement », https://fr.wikipedia.org/wiki/Technologies_de_l%27information_et_de_la_communication_pour_l%27enseign ement 53 JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, Enseigner l’anglais, Hachette Éducation, 2014, p138 54 Ibid., p138 55 « Cet équipement *…+se compose d’un tableau de feutre (rectangle de tissu pelucheux, bleu marine, fixé avec des punaises, face aux élèves) et de figurines (dessins découpés dans de la cartoline floquée *…+ facilitant l’adhérence sur le tableau de feutre et représentant un personnage, un animal, un objet, un bâtiment ou un signe conventionnel comme une flèche. », Dictionnaire pratique de didactique du FLE, ROBERT Jean-Pierre, Ophrys, 2008, p16 52

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la photocopie sur transparent, puis le vidéoprojecteur. Les supports ont donc bien évolués et se sont tous tournés vers le numérique.

Les documents sous format papier sont également concernés : « Les textes écrits dupliqués par l’enivrante machine à stencils ont ensuite été photocopiés en noir et blanc, puis en couleurs, avant d’être, eux aussi, vidéoprojetés en Cinémascope sur les murs de la classe où le tableau est maintenant souvent devenu blanc »56. On constate ainsi que les dispositifs techniques utilisés par les enseignants ont suivi les évolutions techniques de la société. Il a toujours semblé important de proposer des supports d’enseignement adaptés aux générations d’élèves : « Les nouvelles technologies offrent ainsi une voie supplémentaire pour aller à la rencontre des élèves qui sont pour leur part déjà très à l’aise avec ces outils, quand ils ne les maîtrisent pas déjà mieux que nous. »57.

Toutes ces évolutions tendent vers le même outil final : l’ordinateur. Dès 1970, on observe une prise de conscience concernant l’informatique et la nécessité d’en équiper les établissements scolaires : « L'enseignement secondaire tout entier et dès la classe de 4e (sic) ne peut rester à l'écart de cette révolution. Il doit préparer au monde de demain dans lequel ceux qui ignoreront tout de l'informatique seront infirmes »58.

Ce constat est à l’origine de l’expérience des « 58 lycées », initiée en 1970. Il s’agissait « d’introduire l'informatique à travers les disciplines traditionnelles au lieu de créer une discipline nouvelle »59. 530 enseignants de toutes spécialités ont participé à une formation sur l’outil informatique avec comme but final de réfléchir aux applications possibles dans les salles de classes. 58 lycées ont ainsi été dotés d’un ordinateur fonctionnant avec un langage de programmation spécialement conçu pour répondre à des critères préétablis : le LSE

56

JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, op.cit., p139 Ibid., p138 58 PÉLISSET Émilien, « Pour une histoire de l’informatique dans l’enseignement français », Association Enseignement Public & Informatique, 1985, http://www.epi.asso.fr/revue/histo/h85ep.htm 59 BARON Georges-Louis et al., « L'évaluation de l'expérience des 58 lycées », Association Enseignement Public & Informatique, 1981, http://epi.asso.fr/revue/23/b23p068.htm 57

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(Langage Symbolique d’Enseignement)60. L’intérêt de ce langage réside dans le fait qu’il soit en Français et était relativement simple à utiliser pour des débutants en informatique.

L’évaluation de ce projet mena à une conclusion principale : « La rénovation pédagogique liée à l'utilisation de l'outil informatique s'effectue lentement »61. En effet, les moyens mis en place dans le cadre de ce projet n’étaient pas suffisant pour assurer sa longévité : « Au plan national, l'infrastructure nécessaire pour la coordination des recherches, la gestion des logiciels et la diffusion de l'information a toujours été insuffisante (nombre de postes, matériel, crédits). »62. Le projet « 58 lycées » a donc été peu à peu abandonné.

En 1985, le Plan Informatique pour Tous est initié par Laurent Fabius, alors Premier Ministre63. Ce projet a pour but d’initier les élèves à l’informatique grâce à l’implémentation de plus de 120 000 ordinateurs. Il ne s’agit pas d’introduire l’ordinateur comme une alternative aux cours classiques, mais de s’en servir comme support : « De ce point de vue, le plan IPT faisait bien la distinction en privilégiant une approche de complémentarité et non de substitution »64.

En 1990, Monique Grandbastien publie un rapport sur l’utilisation des nouvelles technologies dans l’enseignement65, et préconise une formation initiale du personnel enseignant et une recherche pédagogique sur la manière dont il faut intégrer l’outil informatique dans les différents champs disciplinaires. Elle explicite d’ailleurs ce point dans la deuxième partie de son rapport.

« Dans chaque discipline un bilan des modifications prévisibles de

contenus

ou

de

méthodes

60

d'enseignement

ou

Pour plus d’informations sur la création du LSE, voir NOYELLE Yves, « La Saga du LSE et de sa famille », Association Enseignement Public & Informatique, 1988, http://epi.asso.fr/revue/54/b54p216.htm 61 BARON Georges-Louis et al., op.cit., http://epi.asso.fr/revue/23/b23p068.htm 62 Ibid.

63 DURANDET Daniel, « Plan informatique : conférence de presse Fabius [archive] », Soir 3, FR3, 25 janvier 1985, sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel. http://www.ina.fr/video/CAC88029024/plan-informatiqueconference-de-presse-fabius-video.html 64 ARCHAMBAULT Jean-Pierre, « Une histoire de l’introduction des TIC dans le système éducatif français », Médialog, n°54, 2005, http://reseaux.blog.lemonde.fr/files/2013/03/IPT_Archambault.pdf 65 GRANDBASTIEN Monique, « Les technologies nouvelles dans l'enseignement général et technique : Rapport au Secrétaire d'État chargé de l'Enseignement Technique », Association Enseignement Public et Informatique, 1990, http://www.epi.asso.fr/fic_pdf/b56p055.pdf

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d'apprentissage induites par les technologies nouvelles, définir et mettre en œuvre les expérimentations préalables à ces modifications, prévoir l'évaluation de ces expérimentations, la diffusion des résultats, leur prise en compte dans les instances chargées des actualisations ou définition de programmes. »66

L’introduction des nouvelles technologies dans l’enseignement est donc une étape importante dans l’histoire de l’enseignement, mais il ne s’agit pas de placer l’informatique comme une pratique indépendante et supérieure aux autres enseignements. L’usage de l’informatique doit être mis au service de l’enseignement, et non être un enseignement à part entière : « Les TICE en milieu scolaire ne peuvent pas devenir une simple matière de plus au programme ; elles doivent s’intégrer dans l’ensemble des matières et participer transversalement au renouvellement des principes et des pratiques pédagogiques »67.

Avec l’apparition de l’ordinateur à l’école, de nouvelles ressources d’enseignement voient le jour. Les professeurs ne se contentent plus de vidéoprojecteur ou d’exercices polycopiés comme support de leurs enseignements. Même le manuel scolaire est remis en cause : « Il bénéficie toujours d’un statut paradoxal, tant son usage n’est pas à la hauteur de son apparente nécessité de présence *…+ Il n’est toujours pas parvenu à trouver sa place dans le seul monde qui lui soit pourtant acquis et dévolu »68. Les enseignants utilisent donc des supports plus interactifs afin de respecter l’approche actionnelle plébiscitée par le CECRL.

Dans Enseigner l’anglais, l’auteur donne un exemple avec une présentation Powerpoint : « Lors de la projection, au lieu de découvrir des informations grâce à un cache comme sur transparent, on ajoute des couches informationnelles successives en cliquant sur le bouton gauche de la souris »69. Le professeur va donc guider les élèves afin qu’ils posent des questions. Dans l’exemple proposé, il s’agit de poser des questions sur l’animal de

66

Ibid, p61 GUIR Roger, Pratiquer les TICE, Former les enseignants et les formateurs à de nouveaux usages, De Boeck, 2002, p.72 68 Ibid., p.9 69 JULIÉ Kathleen et PERROT Laurent, Enseigner l’anglais, Hachette Éducation, 2014, p139 67

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compagnie du professeur (de quel animal s’agit-il ? quel est son nom ?). Lorsque la question est correctement formulée, l’enseignant fait apparaître la réponse sur sa présentation Powerpoint.

Cette méthode permet de faire participer un maximum d’élèves de façon ludique. Cet exercice aurait pu être réalisé à l’aide de transparents classiques. Cependant, le support numérique semble provoquer plus d’intérêt chez les élèves : « il suscite une motivation et un intérêt supplémentaires chez l’apprenant. Il est sans doute plus proche de leurs goûts et de leur quotidien. »70. Il apparaît donc primordial d’utiliser les TICE et de varier les supports si l’on veut susciter l’intérêt des élèves de façon pérenne.

b. Le numérique au service de l’enseignement (Internet, jeux vidéo)

Les outils informatiques tels que les éditeurs de texte ou de présentation utilisés par les élèves dans le cadre d’un cours permettent d’acquérir une double compétence : l’utilisation d’un ordinateur et l’apprentissage d’une langue. Mais avec les progrès technologiques et numériques, les innovations concernant les outils d’apprentissage ne cessent d’évoluer.

Afin d’aider les enseignants à construire leurs cours, le site internet gouvernemental Eduscol71 a mis en place le portail Eduthèque72, qui contient « des milliers de ressources pédagogiques numériques ». Ce portail permet ainsi aux enseignants de disposer d’images, de vidéos, de fichiers audio et de supports pédagogiques, pour tous les niveaux scolaires. Il s’agit ici de proposer des contenus créés par des partenaires de l’Education Nationale et de diversifier ces contenus.

De nombreuses plateformes et logiciels ont également vu le jour suite à l’introduction de l’informatique à l’école. Ces plateformes proposent des tutoriels ou des applications aux enseignements, afin qu’ils puissent construire leurs supports de cours interactifs. L’un des

70

Ibid., p.147 http://eduscol.education.fr/ 72 http://www.edutheque.fr/accueil.html 71

22

logiciels les plus connus est Hot Potatoes73. Ce logiciel comprend six applications permettant de créer différents exercices à réaliser sur ordinateur : questionnaires à choix multiples, questionnaires à réponses courtes, mots croisés, remise en ordre de phrases, associations d’items par paire, textes à trous. Le logiciel génère ensuite une page HTML que le professeur pourra diffuser aux élèves afin qu’ils fassent l’exercice. Un site également très prisé est Moodle74. Il permet aux enseignants de créer leur propre site web interactif avec des cours, des exercices à faire, des forums et des tests. Cette plateforme sous licence libre a été conçue de façon modulaire, c’est-à-dire que chaque enseignant qui crée son site Moodle choisit les modules qu’il veut y inclure. L’enseignant a la possibilité d’inclure des vidéos, des images ou des fichiers audio dans ses cours et de suivre les progrès de chaque étudiant.

On constate ainsi que les TICE prennent une place très importante dans la salle de classe, mais également en dehors avec l’apparition des Environnements Numériques de Travail (ENT). La salle de classe est délinéarisée, on peut accéder aux documents et exercices depuis n’importe quel ordinateur connecté à Internet. Cela montre une nouvelle fois que le manuel scolaire n’a plus le monopole et pourrait éventuellement être définitivement remplacé par les outils informatiques et Internet. En effet, l’expérimentation « Manuels numériques via l’ENT », mise en place en 2009, est à l’essai dans douze académies et vise à « diminuer le poids du cartable de l’élève, proposer des ressources numériques pédagogiques innovantes, développer les usages des TICE en classe »75.

Ces nouveaux manuels numériques sont ainsi une petite révolution dans le quotidien des élèves puisqu’ils permettent de diminuer le nombre de manuels à mettre dans le cartable et de leur apprendre à utiliser l’outil informatique. Cependant, ce n’est pas encore une révolution pour l’enseignement : « Si la plupart des manuels sont « enrichis » avec des ressources numériques (texte, image, son, vidéo), d’autres sont des numérisations simples du manuel papier avec des fonctions d’affichage, de navigation et une boite à outils ou «

73

https://hotpot.uvic.ca/ www.moodle.org 75 L'expérimentation « Manuels numériques via l'ENT », site internet Eduscol, http://eduscol.education.fr/cid57126/presentation-experimentation.html%20 74

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trousse » pour surligner, entourer, etc. »76. On assiste néanmoins à des efforts dans la conception de cet outil, puisque « certains manuels sont conçus spécifiquement pour le numérique et sont multifonctionnels, avec la possibilité, par exemple, pour l’enseignant, de créer ses propres documents, d’ajouter d’autres contenus numériques, de mutualiser ces contenus »77. D’après une étude de TNS Sofres portant sur les usages des manuels numériques et datant d’Octobre 2014, le taux d’utilisation des manuels numériques par les professeurs d’anglais est passé de 16% en 2011 à 34% en 201478. Cette méthode n’est pas encore une généralité, mais elle se répand puisqu’elle apporte une valeur ajoutée aux manuels papiers. L’étude nous révèle d’ailleurs que 15% d’enseignants « estiment qu’à moyen terme le manuel numérique aura supplanté le manuel papier ».

c. L’usage des TICE dans l’enseignement de l’anglais En ce qui concerne l’enseignement des langues, les TICE sont évidemment utilisées et préconisées : « L’apprentissage des langues vivantes est l’un des domaines auquel on a le plus – et le plus tôt – cherché à appliquer l’outil informatique »79. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, le CECRL a fixé cinq activités langagières que l’élève doit être en mesure de maîtriser (« écouter et comprendre, prendre part à une conversation, lire et comprendre, écrire, parler en continu »). Afin de développer les compétences des élèves en anglais, il est indispensable de mettre en place des activités interactives et ludiques qui les fassent progresser dans chacune des activités langagières identifiées.

C’est pour cela que l’on trouve des TICE spécifiques à l’enseignement des langues étrangères. Les logiciels d’enseignement des langues assisté par ordinateur (ELAO) sont d’ailleurs en pleine expansion. A l’origine, les logiciels d’ELAO se rapprochaient du behaviorisme en proposant principalement des exercices de répétitions, sans réelle

76

Ibid.

Ibid.

78 Étude TNS Sofres/Savoir Livre, « Les usages des manuels numériques en 2014 », réalisée en ligne entre le 19 avril et le 12 mai 2014 sur un échantillon de 15 283 enseignants de tous niveaux. http://www.tns-sofres.com/publications/les-usages-des-manuels-numeriques-en-2014 79 LEGROS Denis et CRINON Jacques, Psychologie des apprentissages et multimédia, Armand Colin, format Kindle, emplacement 3058 (52%) 77

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implication de l’élève : « répétiteur inlassable, l’ordinateur permet alors à un élève de travailler individuellement, de répéter des activités élémentaires, de s’exercer, de s’autocorriger »80. Aujourd’hui, ces logiciels ont évolués et tentent de répondre aux attentes des enseignants qui se fondent sur le CECRL et sur son approche actionnelle. Il est donc nécessaire d’avoir des logiciels qui font appel à toutes les activités langagières évoquées par le CECRL et qui permettent à l’élève de progresser équitablement dans chaque domaine : « grâce au multimédia et à internet, on a maintenant la possibilité de proposer un environnement d’apprentissage plus authentique, où les différentes aptitudes (écouter, lire, écrire) sont plus intégrées, comme dans la vie réelle »81. Selon Piet Desmet et Annick Rivens Mompean, les logiciels d’ELAO sont passés d’exercices fermés à des exercices plus libres grâce à l’évolution des supports numériques et logiciels. « Il s’agissait essentiellement d’activités de type fermé comme les QCM, glisser-déposer ou case à compléter, qui ne permettent qu’une seule réponse possible et totalement prévisible et qui se prête de ce fait à la correction automatique.

L’évolution récente des aides à l’écriture permet maintenant de proposer des activités ouvertes aux apprenants, ce qui est une avancée considérable pour l’apprentissage et le développement de compétences d’expression. »82

En effet, tandis que les premiers logiciels d’ELAO ne requéraient qu’une restitution de vocabulaires ou de syntaxes vus en cours à travers des exercices à réponses fermées, les logiciels actuels permettent de développer l’expression écrite des élèves et ainsi de les évaluer sur leur capacité à construire un discours.

On observe alors l’apparition de blogs, créés par les enseignants à destination de leurs élèves. Ces blogs sont des supports permettant de partager avec les élèves la liste des devoirs à faire et des documents reprenant les sujets vus en cours. Il peut s’agir d’extraits

80

Ibid., emplacement 277 (5%) Ibid., emplacement 3080 (53%) 82 DESMET Piet, RIVENS MOMPEAN Annick, « Présentation. ELAO et production écrite: bilan et perspectives », Revue française de linguistique appliquée, volume 15, 2010, p. 5-8 81

25

audio ou de vidéos qui permettent aux élèves de s’entraîner à leur prononciation et à leur compréhension orale, ou d’articles de presse qui aident au développement de la compréhension écrite. On peut également trouver sur ces blogs des jeux éducatifs ludiques, que les élèves peuvent faire chez eux ou en cours83. Ces blogs permettent de diversifier les supports de travail et de prolonger leur entraînement à la langue anglaise en dehors des heures de classe.

L’apprentissage des langues passe par la compréhension et expression orale, c’est pour cela que la baladodiffusion est également un nouvel outil mis en place dans les cours de langue.

« Il s’agit de lecteur MP3 (uniquement son) ou MP4 (son et vidéo) *…+ Ils permettent le plus souvent l’enregistrement sonore, parfois de photos ou de vidéos. Ces lecteurs peuvent (ou non) être synchronisés par rapport à un lecteur maître ou un ordinateur. Cette synchronisation permet de placer le même contenu sur tous les lecteurs *…+ La baladodiffusion permet ainsi de mettre à disposition des élèves sons, textes et vidéos à écouter, lire et voir à leur rythme. Elle leur permet aussi de s’enregistrer (sons). »84

La baladodiffusion est en fait une amélioration des laboratoires de langue où les élèves écoutaient des fichiers audio et les répétaient. L’avantage de la baladodiffusion est que les contenus sont accessibles à distance, en dehors des salles de classe. L’enseignant peut donc choisir d’utiliser cet outil pendant les heures de cours ou en complément, en devoir à faire à la maison. Les appareils permettent d’écouter des fichiers, mais aussi d’en enregistrer, voire même de se filmer. Selon l’Académie de Dijon, on distingue trois utilisations de la baladodiffusion : l’appareil est utilisé de façon autonome (« les élèves s’enregistrent, l’enseignant relit leur travail directement sur le baladeur »), à écouter un fichier audio

83

Pour un exemple d’exercices à réaliser en classe, on pourra consulter ce blog : http://myenglishclass.over-blog.com/2016/01/5e-travail-en-a-p.html [consulté pour la dernière fois le 20/03/2016] 84 Site internet Canopé, Présentation de la balladodiffusion : http://www.cndp.fr/crdp-dijon/-Presentation,990-.html [consulté pour la dernière fois le 02/04/2016]

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plusieurs fois pour répondre à des questions (« le professeur enregistre un clip audio *…+ que l’élève peut se passer autant de fois qu’il lui sera nécessaire pour réaliser un exercice »), et comme outil d’expression (« l’enseignant prépare un podcast de son cours et le met en ligne ou l’élève réalise une séquence sur un thème »85). Ces différentes utilisations permettent aux élèves d’être réellement actifs dans leur apprentissage de l’anglais et d’améliorer leurs compétences en compréhension et expression orales.

Les TICE ont pour vocation d’utiliser les outils informatiques et les nouvelles technologies pour améliorer le processus d’apprentissage et pour intéresser les élèves. C’est dans cette optique qu’ont été créés les jeux sérieux (de l’anglais serious games86). Bien que l’utilisation de jeux vidéo puisse surprendre au premier abord, il a été démontré qu’elle était bénéfique pour

l’apprentissage : « Par

ailleurs,

des

rapprochements

entre

les

mécanismes

d'apprentissage et les mécanismes ludiques sont parfois évoqués. *…+ Un joueur tente de formuler des hypothèses sur la cause de son échec, formule des hypothèses visant à les surmonter, puis teste ces hypothèses. Les compétences métacognitives semblent donc également mises en avant par l'usage du jeu sérieux »87. Un autre bénéfice des jeux sérieux, qui prend toute son importance dans les cours d’anglais, est la dédramatisation de l’échec.

En effet, un élève a toujours une appréhension à prendre la parole devant la classe, de peur de se tromper et d’être moqué. Avec l’utilisation du jeu, il peut se tromper et recommencer sans crainte de la moquerie : « La dédramatisation et la réversibilité de l'erreur seraient ainsi des arguments de taille en faveur de l'usage des jeux sérieux. Certaines études indiquent que l'usage des jeux sérieux peut parfois engendrer des gains de confiance »88.

85

Ibid. « La vocation d'un serious game est d'inviter l'utilisateur à interagir avec une application informatique dont l'intention est de combiner à la fois des aspects d'enseignement, d'apprentissage, d'entraînement, de communication ou d'information, avec des ressorts ludiques issus du jeu vidéo. », MICHAUD Laurent et ALVAREZ Julian, « Serious Games : Advergaming, edugaming, training… », IDATE, 2008 http://ja.games.free.fr/ludoscience/PDF/EtudeIDATE08_VF.pdf 87 CHABRIAC Karen, « Utiliser les jeux sérieux en classe », site internet Savoirs CDI, 2013 https://www.reseau-canope.fr/savoirscdi/cdi-outil-pedagogique/apprentissage-et-construction-dessavoirs/education-et-pedagogie-reflexion/les-jeux-serieux/utiliser-les-jeux-serieux-en-classe.html 88 Ibid.

86

27

L’usage des nouvelles technologies semble donc apporter de nouvelles perspectives dans l’enseignement, et ici en particulier dans l’enseignement de l’anglais. Mais il est tout de même intéressant de noter que les TICE sont des outils controversés et que les études ne s’accordent pas toutes à dire que les résultats montrent une différence avec un enseignement plus traditionnel.

d. Les limites des TICE Il est tout d’abord important de rappeler que l’équipement de chaque classe en matériel informatique coûte cher et que le gouvernement et les collectivités locales rencontrent des difficultés pour prendre en charge tous les coûts. Selon l’étude du TNS Sofres, 71% des enseignants estiment que « les équipements en matériels sont insuffisants » et 68% pensent que le déploiement du numérique à l’école est freiné par « l’absence de crédits pour acquérir des ressources »89. Les écoles primaires sont les plus touchées par ces difficultés, alors qu’elles devraient préparer les élèves à l’usage de l’outil informatique.

De plus, l’étude du TNS Sofres montre également qu’en 2014, un enseignant sur deux déclare ne pas avoir reçu de formation dédiée aux usages du numérique. Malgré le fait que 80% des enseignants se « sentent à l’aise dans l’utilisation des ressources numériques », on peut se demander si l’absence de formation pour près de la moitié d’entre eux ne pose pas de problème dans la construction d’une pédagogie partiellement fondée sur l’usage des outils numériques. On peut d’ailleurs noter que 5% des enseignants ont abandonné l’usage du manuel numérique et que 8% l’ont pris en main avec « beaucoup de difficultés ».

Il paraît difficile pour les enseignants d’enseigner aux élèves l’utilisation des outils informatiques et numériques lorsqu’ils n’ont pas reçu de formation dédiée. Le problème ne résulterait donc pas tant dans le fait que les enseignants ne sachent pas utiliser les outils numériques, mais plutôt qu’ils ne savent pas comment les mettre en place dans leur pédagogie de cours.

89

Étude TNS Sofres/Savoir Livre, « Les usages des manuels numériques en 2014 », op. cit. http://www.tns-sofres.com/publications/les-usages-des-manuels-numeriques-en-2014

28

Au-delà des difficultés financières et de formations, certains spécialistes affirment que la diversité des supports peut entraîner un problème d’assimilation chez les élèves. En effet, la difficulté réside dans le fait que l’élève va d’abord devoir apprendre à manipuler l’outil numérique avant de réellement s’en servir. Il devra donc réaliser deux taches simultanées, ce qui ne facilite pas l’apprentissage.

Dans sa conférence de Mars 2010, André Tricot, enseignant-chercheur à l’Université de Toulouse, explique que : « la richesse à priori apporte des choses mais elle apporte avant tout des difficultés de traitement. Pour être capable de traiter l'abondance d'informations, il faut des habiletés, des stratégies qui correspondent à des stades cognitifs supérieurs »90. Il s’agirait donc de limiter la diversité des TICE, afin de ne pas perdre les élèves. Il ne faut pas les confronter à trop d’informations dont ils ne sauraient pas lesquelles retenir. Ainsi André Tricot affirme-t-il que le « gain en apprentissage » peut être nul à cause de « l’exigence cognitive due au traitement des documents ».

Finalement, l’élève peut se sentir découragé de réaliser ses limites et perdre sa motivation.

Glorya Pellerin, dans son article « Les TIC en classe : une porte ouverte sur la motivation »91, donne un exemple de cette perte de motivation : « Par la suite, les enfants ont réalisé, avec notre aide, que l'usage des TIC était essentiel à la réalisation de certaines tâches. Leur perception de l'activité a donc été positive et aucun enfant n'a été démotivé devant la tâche à accomplir.

Toutefois, lorsqu'ils ont évalué leur compétence à utiliser le traitement de texte, certains se sont rendu compte qu'ils n'avaient pas les habiletés requises pour manipuler le clavier et écrire le texte demandé. Se sentant incompétents et démunis

90

Vidéo et diaporama de la conférence donnée par André Tricot le 30/03/2010, http://tice.espe.univ-amu.fr/spip/Quels-sont-les-apports-et-les [consulté pour la dernière fois le 15/03/2016] 91 PELLERIN Glorya, « Les TIC en classe : une porte ouverte sur la motivation », Québec français, Numéro 137, 2005, p. 70-72, http://www.erudit.org/culture/qf1076656/qf1182140/55492ac.pdf

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devant cette tâche, certains ont alors décidé de faire le choix de ne plus s'investir. »

L’enseignant doit donc apprendre à gérer la démotivation des élèves lorsqu’ils se rendent compte de leur difficulté. Bien qu’étant un outil ludique, l’ordinateur n’est pas un outil inné et il est nécessaire de le maîtriser avant de l’utiliser comme moyen d’apprentissage. Il faut donc noter que l’usage des TICE nécessite toujours la présence d’un enseignant pour contrôler et guider les élèves. Ces outils sont donc principalement utilisés en présentiel, ou suivant des consignes très précises qui ne laissent que peu de libertés à l’apprenant.

3. L’e-learning, ou le développement de solutions pour adultes ?

Malgré les évolutions numériques et technologiques qui s’implantent de plus en plus dans les écoles, on note donc certains problèmes qui empêchent les Français de remonter leur niveau en anglais. Les changements de méthodologies au fil des années, ainsi qu’une disparité dans les usages des TICE, pourraient être les raisons du niveau moyen des Français en anglais. De plus, les adultes d’aujourd’hui n’ont pas nécessairement été confrontés aux TICE durant leurs cours d’anglais. Beaucoup d’adultes se tournent ainsi vers le e-learning (autrement appelé formation en ligne, apprentissage en ligne ou e-formation selon les pays).

a. Qu’est-ce que l’e-learning ?

Il convient tout d’abord de définir le terme e-learning. Pour commencer, il est important de préciser que l’e-learning est une composante des TICE. D’après le site gouvernemental Eduscol, l’e-learning est définie par la Commission Européenne comme « l’utilisation des nouvelles technologies du multimédia et de l'Internet afin d'améliorer la qualité de l'éducation et de la formation à travers l'accès à distance à des ressources et des services,

30

ainsi qu'à des collaborations et des échanges »92. L’e-learning est donc un moyen de diffuser des contenus de formation au plus grand nombre, à travers différents dispositifs interactifs.

Nous avons décidé ici de nous intéresser à l’e-learning dans le domaine de la formation pour adultes, et non dans un contexte scolaire.

L’e-learning est également inclus dans le blended learning, qui est une méthode mêlant l’apprentissage en présentiel et à distance : « BL is the combination of instruction from two historically separate models of teaching and learning: traditional F2F [face to face] learning systems and distributed learning systems »93. Dans ce cas, l’e-learning est utilisé en complément, pour renforcer les connaissances acquises durant la formation en présentiel.

L’apprenant est donc dans une double situation d’apprentissage : synchrone (en présentiel) et asynchrone (e-learning). Cela permet de contrôler la fréquence d’apprentissage durant la partie présentielle de la formation, mais aussi de le laisser plus libre dans la partie elearning, puisqu’il choisira ses horaires et la durée de ses sessions.

Une autre définition est proposée par le Laboratoire de soutien à l’enseignement télématique (LabSET) : « E-learning : apprentissage en ligne centré sur le développement de compétences par l'apprenant et structuré par les interactions avec le tuteur et les pairs »94.

Cette définition rétrécit le scope des outils d’e-learning en précisant que l’apprentissage se fait en ligne. On exclut donc du e-learning les formations sur CD-Rom, mais les formations disponibles sur les intranets sont incluses dans le dispositif e-learning.

Selon cette définition, la présence d’un tuteur est un prérequis des formations e-learning, ce qui démontre l’importance pédagogique de ces formations. Cela prouve également que l’assistance d’un tuteur est essentiel pour que l’apprenant conserve sa motivation et aille au bout de la formation : « En outre le tutorat (ou coaching) réduit sensiblement le risque

92

Site internet Eduscol, « Apprendre avec de nouveaux outils : e-formation, e-learning, formation en ligne », http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/archives/eformation/e-formation-e-learning [consulté pour la dernière fois le 20/03/2016] 93 GRAHAM Charles R., Handbook of blended learning: Global Perspectives, local designs, San Francisco, CA, Pfeiffer Publishing. http://www.click4it.org/images/a/a8/Graham.pdf 94 Site internet de l’Agence du Numérique, « Qu’est-ce que l’e-learning ? », 2008 http://www.awt.be/web/edu/index.aspx?page=edu,fr,gui,080,010 [consulté pour la dernière fois le 05/04/2016]

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d'abandon et de décrochage. Il permet d'entretenir la motivation et de favoriser la persévérance des apprenants »95. De plus, le terme « tuteur » permet également d’élargir le public des formations e-learning : on ne les utilise pas uniquement dans le cadre de l’enseignement scolaire, mais aussi lors de formations professionnelles ou de formations volontaires.

b. Les formations professionnelles De plus en plus d’entreprises mettent en place des formations e-learning pour leurs employés. Selon le baromètre AFINEF de 2015 à propos de l’e-learning en France96, 90% des entreprises françaises ont mis en place des formations e-learning. Cependant, ce chiffre est à relativiser puisque, selon le même baromètre, seulement 14% de ces entreprises forment plus de 50% de leurs employés uniquement grâce au e-learning. Ce constat montre que les entreprises apprécient les formations e-learning, mais qu’elles ne sont pas prêtes à renoncer totalement aux formations en présentiel.

On observe par ailleurs que 45% des interrogés considèrent qu’il existe un frein culturel à l’intégration de formations e-learning en entreprise. Ce frein culturel peut être expliqué par le fait que l’apprenant n’a pas l’habitude de se retrouver seul lors d’une formation. Comme dit précédemment, les adultes d’aujourd’hui n’ont pas nécessairement connu le développement des TICE à l’école, et ont donc l’habitude d’être guidé dans leur apprentissage par un tuteur, en face à face. Il incombe à l’apprenant de s’organiser dans sa formation et de s’engager pour finir la formation. Cette façon de procéder peut être rédhibitoire pour un certain nombre d’apprenants.

Ce qu’il faut également retenir du baromètre AFINEF, c’est la forte demande des employés pour la création d’un réseau social d’entreprise : 29% en 2014 contre 60% en 2015. De

95

Ibid.

Association Française des Industriels du Numérique de l’Éducation et de la Formation, « Le e-learning en France, Baromètre 2015 », 2015 http://www.afinef.net/wp-content/uploads/2014/10/Barometre-e-learning-2015.pdf 96

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même, les employés apprécient la mise en place d’outils de classe virtuelle (40% en 2014 et 67% en 2015). On constate ainsi que les formations e-learning ne cloisonnent pas les apprenants et qu’ils ne veulent pas nécessairement se retrouver seuls face à leur ordinateur.

Au contraire, il semblerait que les employés souhaitent favoriser les échanges et l’entraide durant ces formations. Cela conforte l’idée que les apprenants ont des difficultés à appréhender une formation de façon individuelle.

En ce qui concerne la formation aux langues étrangères, elles occupent une place très importante : 64% des entreprises proposent une formation e-learning pour développer les compétences de leurs employés en langue étrangère. La priorité des entreprises lorsqu’elles mettent en place des formations e-learning est « d’augmenter la performance terrain des salariés » (95%).

L’anglais étant la langue privilégiée pour les échanges internationaux, il est important pour les entreprises que leurs employés soient capables de tenir une conversation professionnelle : « Les entreprises de toutes tailles, de tous pays et de tous secteurs reconnaissent de plus en plus les avantages d'une communication plus efficace en anglais.

Elles considèrent désormais la maîtrise de l'anglais comme un réel impératif stratégique »97.

Il apparaît donc nécessaire pour les entreprises de former leurs employés à l’anglais, que ce soit pour une meilleure compréhension et expression orales ou écrites.

« Or, 56 % de l'ensemble du contenu en ligne est en anglais *…+ Dans ces conditions, les entreprises qui réussissent le mieux sont celles dont les collaborateurs ont les compétences et la formation nécessaires pour communiquer efficacement au-delà des frontières. »98

97

Etude Education First EPI-c, « Indice de compétence en anglais pour les entreprises », 2014 http://media2.ef.com/__/~/media/centralefcom/epi/downloads/epi-c/2014/ef-epi-c-french.pdf 98 Ibid.

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Les entreprises ont donc tout intérêt à former leurs employés aux bases de l’anglais afin de rester compétitives et efficaces. La difficulté ici réside dans le fait que la formation linguistique doit s’adapter au niveau de chaque apprenant, mais aussi au travail qu’il exerce.

« Ces résultats reflètent une tendance à long terme de la formation linguistique, qui est gérée de moins en moins comme un investissement stratégique à long terme pour l’entreprise et de plus en plus comme une spécialité de formation ponctuelle, qui doit constamment s’adapter aux besoins opérationnels immédiats et aux contextes changeants de l’entreprise et de ses personnels. »99

Le coût des formations est par ailleurs un frein important au développement des formations e-learning pour 24% des entreprises, comme le montre le baromètre Afinef.

Les formations professionnelles utilisant l’e-learning ont donc tendance à se démocratiser dans les entreprises françaises, mais celles-ci éprouvent des difficultés essentiellement culturelles et financières pour les mettre en place.

c. Les instituts de cours du soir Pour pallier les difficultés des français avec les langues étrangères, et en particulier avec l’anglais, des instituts de cours du soir ont vu le jour. Les offres de formations sont diverses et varient en fonction de l’institut. Certains préconisent les formations en présentiel, d’autres mettent en place des formations d’e-learning ou de blended learning. Les adultes désireux d’apprendre l’anglais ont donc à choisir parmi une multitude d’offres, et il est parfois difficile de savoir ce qui leur correspond le mieux.

99

Etude Linguaid, « Le Marché de la formation langues à l’heure de la mondialisation », 2015, http://www.linguaid.net/pdf/Plaquette-Etude-Linguaid-2015.pdf

34

L’un des acteurs majoritaires du marché de la formation linguistique pour adultes est Wall Street English. Fondée en 1972, l’entreprise propose aujourd’hui ses formations dans 50 instituts en France100. Sa méthode est fondée sur une idée simple : il faut apprendre une langue étrangère de la même manière que les enfants apprennent leur langue maternelle. La formation Wall Street English commence donc par une période d’écoute, puis de répétition, et enfin de pratique en situation. La compréhension et l’expression orales occupent 65% du temps de formation, les 35% restants sont destinés à la grammaire.

Wall Street English propose huit formations différentes, allant de l’anglais général à l’anglais intensif, de l’anglais « retour à l’emploi) à la préparation d’examens tels que le TOEFL (Test of English as a Foreign Language) ou le TOEIC (Test of English for International Communication). Les formations suivent le même schéma : l’apprenant doit d’abord suivre une préparation multimédia accessible à l’institut ou à distance, puis il suit des cours avec un professeur et au maximum trois autres personnes de même niveau. Wall Street English permet aussi aux inscrits de participer à des cours de conversation afin de « faire parler en anglais sur différents sujets (General English, career, business, travel, student…) »101. Il existe également des activités sociales durant lesquelles les apprenants peuvent faire connaissance et mettre en pratique leurs acquis « dans un contexte ludique ».

On remarque ainsi que la méthode Wall Street English mêle l’e-learning à des cours en présentiel, en pratiquant donc le blended learning. De plus, Wall Street English a également créé une communauté d’apprenants, « The Village »102, qui leur permet de pratiquer l’anglais en discutant avec d’autres apprenants du monde entier, en jouant à des jeux ludiques et en apprenant du vocabulaire sur des thèmes plus spécifiques. On retrouve ici l’idée que les apprenants adultes ont besoin d’être entouré durant leur apprentissage, que ce soit par un tuteur ou par d’autres apprenants. L’e-learning seul semble donc être un frein

100

Site internet Wall Street English, « Centres de formation en anglais », http://wallstreetenglish.fr/centres-de-formation-anglais [consulté pour la dernière fois le 22/04/2016] 101 Site internet Wall Street English, « Apprentissage anglais intensif », http://wallstreetenglish.fr/anglais-intensif [consulté pour la dernière fois le 22/04/2016] 102 Site internet Wall Street English, « The village », http://wallstreetenglish.fr/the-village [consulté pour la dernière fois le 22/04/2016]

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pour beaucoup, et il est rare de trouver des instituts de cours du soir qui fondent leur méthode uniquement sur l’e-learning.

We Fit Languages fait partie de ces instituts de formation linguistique qui proposent des cours d’anglais, mais qui ne font pas de l’e-learning leur première méthode de formation.

Juliette Assante, responsable du développement commercial de We Fit, nous a expliqué la méthode préconisée par l’institut : « La formation à distance par visio-conférence représente notre cœur de métier. Les cours s’effectuent avec un formateur via une plateforme interactive permettant l’échange à travers diverses fonctionnalités »103. En effet, 85% des cours proposés par We Fit se font par visio-conférence, tandis que 10% se font en face à face et seulement 5% en e-learning. Mme Assante précise que l’e-learning « vient souvent en complément de la visioconférence. Nous la proposons aux apprenants désireux de progresser davantage en compréhension écrite et souhaitant travailler de leur côté en plus des cours dispensés par un formateur ». L’e-learning n’est donc pas ici une méthode à part entière, mais un supplément à la formation.

Dans les deux cas d’instituts précédemment cités, les cours sont créés et dispensés par des formateurs dont la langue maternelle est l’anglais. Dans le cas de We Fit, Juliette Assante précise que les formateurs ont des « profils variés (issus de domaines différents marketing, droit etc) pour répondre au mieux aux besoins de nos apprenants ». Cela n’est pas précisé sur le site internet de Wall Street English, qui propose des formations plus générales.

Néanmoins, dans les deux cas, la formation s’adapte au niveau de chaque apprenant et suit son évolution pas à pas.

« De plus, tout au long de la formation ont lieu des « reviews ».

Ce sont des évaluations qui ont lieu après chaque fin de thème.

Elles permettent à l’apprenant et au formateur de connaître les points assimilés et les points non maîtrisés. Le formateur pourra

103

Voir annexe n°5 : Entretien avec Juliette Assante

36

alors réajuster les prochains cours en fonction des résultats de l’évaluation. »104

Les instituts de cours du soir semblent donc être plébiscités par les adultes désireux de parfaire leur maîtrise de l’anglais. Ils proposent des méthodes adaptés à chacun et une durée de formation variable selon les besoins. Ces instituts n’utilisent l’e-learning qu’à des fins de complément de formation.

Que ce soit lors de formations professionnelles ou dans des instituts de cours du soir, nous constatons donc que l’e-learning peine à trouver sa place et à s’imposer comme un nouvel outil de formation fiable et efficace. Les français semblent être réticents à l’idée de se retrouver seuls face à un écran, sans tuteur ou professeur. Nous pouvons alors nous demander pourquoi les plateformes d’e-learning sur Internet rencontrent un franc succès ces dernières années.

104

Ibid.

37

II.

L’apprentissage en ligne, plusieurs méthodes pour le même résultat ?

Nous avons pu constater dans la partie précédente que les nouvelles technologies sont de plus en plus présentes dans le domaine de l’enseignement, que ce soit durant notre cursus scolaire ou après celui-ci. Internet facilite l’accès aux connaissances, et les sites d’apprentissage sont nombreux. Comme vu précédemment, la maitrise de l’anglais devient indispensable, que ce soit dans les échanges professionnels ou dans un cadre personnel lors de vacances à l’étranger par exemple.

On constate donc l’apparition depuis quelques décennies de sites d’e-learning pour particuliers, proposant d’apprendre l’anglais en ligne et sur son temps libre. Parmi tous les sites existants (Babbel, Gymglish, Englishtown, ABA English, Duolingo, Anglais Facile), nous avons décidé de nous focaliser sur deux sites en particulier : Babbel et Duolingo.

Ces deux sites sont différents dans leur fonctionnement, et représentent ainsi l’offre disponible sur Internet dans ce domaine. Nous allons étudier dans cette partie leurs fonctionnements économiques, leurs aspects communautaires et leurs pédagogies, afin de déterminer l’intérêt et la fiabilité de ces supports d’apprentissage.

1. Babbel et Duolingo, deux plateformes opposées Babbel est une plateforme e-learning qui a été créée en 2007, en Allemagne. Ses trois fondateurs se sont aperçus qu’il n’existait pas de plateforme facilitant l’apprentissage des langues à cette époque : « Les options existantes se limitaient alors à des produits multimédia du type CDs ou DVDs. Et déjà à cette époque, de tels produits se retrouvaient très souvent à prendre la poussière sur les étagères des utilisateurs. »105. Leur but est donc

105

Site Internet Babbel, « Qui sommes-nous », http://about.babbel.com/fr/about-us/

38

de permettre à tout un chacun d’avoir accès à l’apprentissage d’une ou plusieurs langues étrangères.

Duolingo est un site d’e-learning créé en 2012 qui souhaite rendre l’apprentissage des langues accessible à tous : « Malheureusement, apprendre une langue est cher et inaccessible au plus grand nombre. Nous avons créé Duolingo pour que tout le monde ait les mêmes opportunités »106. Duolingo semble délivrer le même message que Babbel, tout en précisant que l’apprentissage d’une langue doit être délivré aux personnes de toutes origines sociales et de façon équitable : « Duolingo est utilisé par l'homme le plus riche du monde et de nombreuses stars d'Hollywood, en même temps que par les élèves des écoles publiques dans les pays en développement ».

Ces deux plateformes, bien que toutes deux spécialisées dans l’apprentissage des langues, ne sont pas identiques et ne fonctionnent pas de la même manière. Elles représentent la diversité des sites d’apprentissage de l’anglais en ligne. Il convient donc de les comparer pour comprendre les différentes options proposées aux apprenants.

a. Modèles économiques i.

Le modèle Freemium

Le modèle économique reposant sur la version d’essai est très utilisé sur Internet : c’est le modèle Freemium (contraction des mots Free et Premium)107. Ce modèle économique a été défini pour la première fois en 2006 par Fred Wilson :

« Délivrez un service gratuitement, éventuellement pris en charge par la publicité ou non, acquérez très efficacement de

106

Site Internet Duolingo, « Déclaration », https://www.duolingo.com/info « Une société propose gratuitement une offre simplifiée d’un service à ses visiteurs, afin d’en convertir une partie sur une offre payante, plus complète », Modèles économiques, « Les principaux modèles de revenus », 2011, http://www.modeles-economiques.eu/modeles-de-revenus 107

39

nombreux client grâce au bouche à oreille, aux réseaux et communautés, aux recherches bruts, au marketing, etc., puis proposez des services haut de gamme payants ou une version améliorée à votre clientèle. »108

Babbel fonctionne sur ce principe du Freemium : après s’être inscrit, l’utilisateur a accès à un cours gratuitement pour chaque thème proposé, mais doit souscrire à un abonnement s’il veut continuer les leçons. Il peut ainsi tester le service proposé par Babbel et décider si ce service lui convient. Si tel est le cas, il doit alors souscrire à un abonnement pour profiter des cours dans leur intégralité.

Ce qu’il faut noter, c’est qu’il n’est écrit nulle part sur la page d’accueil du site Babbel qu’il faut payer pour accéder à l’intégralité des cours. Lorsque l’utilisateur choisit la langue qu’il veut étudier, le site demande son niveau dans cette langue, puis lui fait passer un test. À la fin du test, l’utilisateur remplit un court questionnaire avec son âge, la raison pour laquelle il veut apprendre une langue étrangère, son nom d’utilisateur et son adresse e-mail. Une fois qu’il a confirmé son adresse e-mail, le site lui propose de commencer la première leçon. Ce n’est qu’à la fin de cette leçon que Babbel propose à l’utilisateur de « continuer avec le pack complet d’anglais »109. Cette façon de faire semble correspondre à la définition du Freemium donné par Wilson. L’utilisateur participe à une leçon et, s’il est satisfait, va réfléchir à s’inscrire afin de bénéficier du reste des leçons.

Babbel propose plusieurs abonnements, à différents prix. Pour un mois d’abonnement, l’utilisateur paiera 9,95€. S’il souscrit à un abonnement de trois mois, il devra payer 6,65€ par mois, soit 19,95€ au total. Les deux autres abonnements disponibles sont l’abonnement six mois (5,55€ par mois) et douze mois (4,95€ par mois). Babbel indique que l’abonnement trimestriel est leur « best-seller » et que l’abonnement annuel bénéficie du « meilleur prix ».

En indiquant que l’abonnement trois mois est le best-seller, Babbel incite l’utilisateur à

108 109

Traduction libre, http://avc.com/2006/03/my_favorite_bus/ Voir annexe n°6 : Pack complet Babbel

40

choisir cet abonnement plutôt qu’un abonnement d’un mois qui coûte plus cher et qui reste d’une durée assez courte.

Plusieurs sites d’apprentissage de l’anglais sont fondés sur ce système Freemium. ABA English, par exemple, propose deux abonnements : l’un est gratuit, le deuxième coûte 12,45€ par mois. L’abonnement Premium permet d’avoir accès à tous les contenus de cours, d’être en contact avec un professeur d’anglais et d’obtenir le certificat d’ABA English.

Gymglish, quant à lui, est entièrement payant mais propose également différents abonnements avec plus ou moins de fonctionnalités. Son offre basic débute à 10€ par mois, tandis que son offre Premium commence à 20€ par mois. L’offre Premium permet par exemple à l’utilisateur de personnaliser ses cours en fonction de son domaine professionnel.

Nous noterons cependant que ces sites payants proposent toujours un essai ou un abonnement gratuit, afin de donner envie à l’utilisateur de s’inscrire et de choisir l’abonnement Premium.

ii.

Le modèle gratuit

Duolingo se démarque de ses concurrents en proposant des cours totalement gratuits : « L'enseignement gratuit des langues - sans frais cachés, sans contenu premium, tout simplement gratuit »110. Dans une interview donnée au Journal du Net en 2013, Luis von Ahn, créateur du site, a défini le modèle économique de Duolingo comme « le crowdsourcing de la traduction »111. Duolingo proposait à ses utilisateurs de mettre en application les cours pris sur le site en traduisant des articles : « Nous proposons aux utilisateurs de mettre en pratique les concepts qu'ils viennent d'apprendre en les appliquant à des articles qu'ils sont chargés de traduire pour le compte d'éditeurs partenaires qui, eux, nous payent. ».

110 111

Site Internet Duolingo, « Déclaration », https://www.duolingo.com/info http://www.journaldunet.com/ebusiness/internet-mobile/luis-von-ahn-luis-von-ahn-duolingo.shtml

41

Les utilisateurs étaient donc inviter à traduire des articles provenant de CNN ou BuzzFeed, et les ordinateurs de Duolingo croisaient tous les résultats pour en ressortir la meilleure traduction. Cela permettait au site d’être entièrement gratuit et sans publicité. Les utilisateurs n’étaient pas obligés de participer aux traductions, mais d’après Luis von Ahn, « 50% de nos utilisateurs acceptent d'effectuer ces exercices ».

Depuis Septembre 2015, Duolingo a abandonné son business model d’origine pour se concentrer sur de nouveaux projets. Tout d’abord, l’élaboration d’un test de certification. Ce test coûte 49$ et permet aux utilisateurs de Duolingo d’obtenir un certificat attestant de leurs niveaux en anglais, à un prix moins élevé que les tests les plus connus tels que le TOEFL ou le TOEIC112. Ce nouveau projet et l’arrêt des traductions pour CNN et BuzzFeed fait suite à une prise de conscience chez Duolingo, qui ne souhaite pas devenir une entreprise de traduction mais qui veut rester spécialisé dans l’éducation pour tous. « We are an education company and are here to help bring education to everyone in the world and to make education more effective »113.

Le deuxième projet de Duolingo, qui a pour but d’offrir des cours de langues au plus grand nombre, consiste à élargir sa gamme de cours disponibles. Pour cela, et pour limiter les coûts de développement, l’entreprise fait une nouvelle fois appel à ses utilisateurs en mettant en place l’incubateur Duolingo114. Tout utilisateur Duolingo bilingue et passionné par les langues peut candidater pour devenir un contributeur et aider à la conception et à l’amélioration des cours. Cela permet une nouvelle fois à Duolingo de faire des économies et ainsi de continuer à proposer gratuitement ses cours en ligne.

112

Le prix du TOEFL est de 183€, le prix du TOEIC est de 113€ https://global-exam.com/fr/blog/toeic-prix-les-tarifs-en-vigueur 113 « Nous sommes une entreprise spécialisée dans l’éducation et nous sommes là pour contribuer à diffuser l’éducation dans le monde entier et pour rendre l’éducation plus efficace » [traduction libre], Techcrunch, “Duolingo Raises $45 Million Series D Round Led By Google Capital, Now Valued At $470M”, 10/06/2015 http://techcrunch.com/2015/06/10/duolingo-raises-45-million-series-d-round-led-by-google-ventures-nowvalued-at-470m/ 114 https://incubator.duolingo.com/apply

42

b. Apprentissage collaboratif Avec le Web 2.0, dit le « web social », la plupart des sites internet ont mis en place des messageries privées ou des forums sur lesquels les utilisateurs peuvent échanger : le but est de faciliter les échanges entre les utilisateurs, de créer une communauté. Sur les sites d’elearning dédiés à l’apprentissage des langues, il s’agit également de favoriser les échanges internationaux afin de pratiquer la langue en dehors des cours du site, de se trouver des correspondants avec qui converser. De plus, comme nous l’avons vu dans la partie précédente, la plupart des adultes plébiscitent un réseau social d’entreprise et la mise en place de classe virtuelle lors de leurs formations professionnelles en e-learning.

L’apprentissage collaboratif, ou social, repose sur l’entraide et la communication entre les apprenants. Il ne s’agit pas seulement de réaliser les leçons derrière son ordinateur, mais de communiquer avec les autres apprenants pour donner ou recevoir de l’aide, des conseils.

Marc Walckiers et Thomas de Praetere proposent une définition de l’apprentissage collaboratif dans leur article « L’apprentissage collaboratif en ligne, huit avantages qui en font un must » :

« est apprentissage collaboratif toute activité d’apprentissage réalisée par un groupe d’apprenants ayant un but commun, étant

chacun

source

d’information,

de

motivation,

d’interaction, d’entraide… et bénéficiant chacun des apports des autres, de la synergie du groupe et de l’aide d’un formateur facilitant les apprentissages individuels et collectifs »115

Cette définition, qui s’applique à l’apprentissage collaboratif dans le cadre d’enseignement universitaire ou professionnel, peut également s’appliquer à l’apprentissage dans un cadre privé116. Les utilisateurs de Babbel et Duolingo ont un but commun qui est d’apprendre une

115

Walckiers Marc et De Praetere Thomas, « L'apprentissage collaboratif en ligne, huit avantages qui en font un must. », Distances et savoirs 1/2004 (Vol. 2) , p. 53-75 116 La notion de formateur est ici compliquée à définir, puisqu’il n’y a pas réellement de formateur sur ces sites d’e-learning.

43

langue étrangère. Nous allons donc voir si ces deux sites favorisent l’apprentissage collaboratif sur leurs plateformes.

i.

Messagerie privée et correspondants

Sur la plupart des réseaux sociaux, on trouve généralement une messagerie privée.

L’utilisateur peut choisir d’être contacté uniquement par ses amis, ou par tout le monde.

Lorsqu’un apprenant s’inscrit sur Babbel, il dispose également d’une messagerie privée. Il peut choisir si tous les utilisateurs peuvent le contacter ou s’il ne peut être contacté que par ses « amis ». Babbel fonctionne ainsi comme une sorte de réseau social, type Facebook, en instaurant cette notion d’amitié.

Pour trouver d’autres utilisateurs de Babbel, il suffit à l’utilisateur de cliquer sur l’onglet « Communauté » du site. Il a alors accès à la base de données du site, classée en plusieurs catégories : « Co-Apprenants », « Partenaires Tandem », « Amis » et « Meilleurs Scores ».

Les co-apprenants sont les inscrits Babbel qui ont la même langue maternelle et qui apprennent la même langue étrangère que l’utilisateur (dans notre cas, ce sont les utilisateurs français apprenant l’anglais, par exemple). L’utilisateur peut ainsi discuter avec des personnes rencontrant les mêmes difficultés que lui, les aider ou se faire aider.

Les partenaires tandem, quant à eux, sont les inscrits parfaitement opposés à l’utilisateur (ici, ce sont les utilisateurs anglais apprenant le français). Devenir ami sur le site avec ces partenaires tandem permet à l’utilisateur de converser avec des personnes parlant la langue qu’il apprend, et vice versa. Il peut donc mettre en application ce qu’il apprend durant les leçons, et aider son correspondant à progresser également. Il s’agit donc ici de trouver un ou plusieurs correspondants avec qui échanger, dans le but de mettre en pratique les leçons.

Babbel semble donc préconiser une approche collaborative sur sa plateforme, en facilitant les échanges entre apprenants.

Duolingo ne fonctionne pas de la même manière que Babbel. Le profil utilisateur est assez sommaire : à part le nom de l’utilisateur, aucune autre information n’est disponible. On peut décider de « suivre » un utilisateur afin d’être informé de ses évolutions dans les leçons, à la 44

manière de Twitter par exemple. Cependant, on ne trouve pas sur Duolingo de messagerie privée. On peut tout de même poster un message sur le profil de tout utilisateur, mais ce message sera public et donc accessible par tout utilisateur se rendant sur le profil en question. Duolingo semble vouloir cultiver la transparence en ne créant pas de messagerie privée.

De plus, Duolingo ne propose pas de trouver des utilisateurs apprenants la même langue ou des correspondants de la langue cible. L’unique moyen de savoir quelle langue l’utilisateur apprend est d’aller sur son profil. Sur la droite du profil, on trouve les langues étudiées, ainsi que le niveau atteint. Cependant, rechercher à l’aveugle des membres apprenants la même langue que nous, ou des membres natifs de la langue que l’on apprend, est un travail relativement fastidieux.

Le site ne semble donc pas favoriser l’apprentissage social, puisqu’il apparaît compliqué pour l’utilisateur d’entrer en contact avec un autre membre et qu’il n’y a pas d’espace de communication privée. Cependant, on constate que cela n’empêche pas les utilisateurs d’être actifs et de discuter sur la messagerie de leur profil afin de faire connaissance, de poser des questions ou simplement de discuter.

ii.

Les forums

Les forums ont également fait leur apparition sur les sites internet, que ce soient des sites sur les jeux vidéo (tel que jeuxvideo.com) ou sur la santé (tel que doctissimo.fr). Les sites d’e-learning ne sont pas en reste, et on y trouve donc également des forums de discussion.

Sur Duolingo, il faut cliquer sur l’onglet « Discussion » pour accéder au forum. Sur la droite, l’utilisateur peut choisir ses abonnements en fonction des forums qui l’intéresse. On trouve par exemple « Solutions aux problèmes », « Anglais depuis le français », « Duolingo en français ». Pour chaque catégorie, Duolingo affiche un flux de discussions qui se décompose en trois sous-catégories : « Populaires », « Nouveau », « Suivies ».

45

Nous avons regroupé les différents types de sujets qui reviennent sur le forum « Anglais depuis le français », afin de déterminer les besoins des utilisateurs. Nous avons classé les sujets postés en différentes catégories : « Aide », « Conseils », « Correspondance », « Divers », « Généralités », « La langue française », « Plainte », « Traduction ». Pour chaque sujet posté durant les mois de Mars et Avril, nous avons noté la catégorie et le nombre de commentaires reçus117.

Catégories de sujets Aide Conseils Correspondance Divers Généralités La langue française Plainte Traduction Total général

Nombre de sujets

Total nombre de commentaires

2 6 9 5 2 1 2 2 29

6 79 258 76 10 18 16 10 473

Ce que l’on constate grâce à ce tableau, c’est que les sujets proposant d’établir une correspondance entre les utilisateurs sont plus nombreux et sont ceux qui obtiennent le plus de commentaires. Nous avons compté neuf sujets relatifs à la correspondance, ce qui fait en moyenne 29 commentaires par sujet. Les autres catégories que nous avons établies ne recueillent pas autant de commentaires. Cela peut s’expliquer par le fait qu’un sujet dans lequel l’utilisateur demande de l’aide par exemple ne recueillera plus de réponses une fois la solution apportée. Par contre, les sujets de la rubrique « Conseils » peuvent contenir un nombre assez important de réponses car chaque personne peut apporter sa pierre à l’édifice, il n’y a pas forcément qu’un seul conseil à donner.

À l’inverse, les sujets classés dans « Généralités » sont des sujets qui ne provoquent pas beaucoup d’interaction car on y trouve généralement aucune question, mais simplement un « bonjour ». On remarque ainsi que les utilisateurs de Duolingo aiment à converser avec des

117

Voir annexe n°7 : Détails des sujets postés sur le forum Duolingo

46

personnes de la langue cible dans le but de s’améliorer, et en plus des leçons proposées par le site.

Sur Babbel, il existe également un forum de discussions. La manière dont il est organisé diffère de l’organisation de Duolingo. Ici, les sujets sont classés en cinq catégories : « Présentations », « À l’étranger », « Babbel », « Aider les autres » et « Questions sur… » (« Questions sur l’anglais », par exemple). À la différence de Duolingo, on a donc chez Babbel une classification des sujets qui permet de retrouver plus facilement un sujet qui pourrait nous intéresser.

La partie « Présentations » permet aux membres de se présenter aux autres utilisateurs.

Implicitement, la plupart des apprenants décide de se présenter en partie ou totalement dans la langue qu’ils apprennent, détail que le site n’indique pas dans la description de la page. On trouve donc des messages du type :

« Hello, i'm Frédéric, i'm 45 years old, i'm french and actualy learn english, i'm looking for people to practice my spelling, i can help you in french. I have skype if you want to talk. I learn english because i want to live and work in London as a web designer. See you soon and have a nice day. »118

La plupart des messages sur cette partie du forum n’obtiennent pas beaucoup de réponses, mais on peut supposer que les utilisateurs se contactent via la messagerie privée du site pour échanger.

La catégorie « Aider les autres » est intéressante, puisqu’il s’agit de corriger des textes écrits dans la langue cible par les utilisateurs :

« D'autres utilisateurs Babbel ont rédigé un texte dans la langue qu'ils apprennent. Ils aimeraient savoir si ce qu'ils ont écrit est

118

Site internet Babbel, « Présentations », https://www.babbel.com/comments/555703

47

correct. Pouvez-vous les aider ? Cliquez sur un texte et saisissez votre correction ou vos commentaires »119

Il ne s’agit plus seulement ici de converser avec des correspondants, mais également de les aider en corrigeant leurs écrits. Babbel fait donc appel à la collaboration entre ses utilisateurs, en les incitant à aider les autres. Cette catégorie contient beaucoup de sujets postés, avec la plupart du temps une réponse minimum sur chaque sujet. Les phrases écrites sont en fait rédigées lors de certaines leçons, on trouve donc beaucoup de sujets comportant la même phrase traduite ou la même idée. Par exemple, sur la seule journée du 01 Avril, on dénombre 16 sujets intitulés « Introducing yourself ».

La catégorie « À l’étranger » est une rubrique destinée aux personnes qui souhaitent voyager à l’étranger et avoir des informations sur les pays où elles vont séjourner. On retrouve donc une nouvelle fois l’esprit de communauté et de collaboration entre utilisateurs. Cela favorise les échanges entre les apprenants en-dehors des correspondances ou des corrections de langues. Il s’agit de partager des bons plans, des conseils, des lieux à visiter ou non. Les apprenants sortent du contexte d’apprentissage pour aborder un sujet qui y est tout de même lié : les cours de langue pris sur Babbel les aident à pouvoir tenir une conversation dans le pays dans lequel ils partent en voyage. Sur cette partie du forum, la plupart des discussions se font en anglais, ce qui est également important puisque cela montre que les apprenants s’exercent d’abord sur les forums avant de partir en voyage.

Ce qui ressort donc de l’analyse de ces deux forums, c’est tout d’abord un accès différent aux sujets : Duolingo préfère classer par langues, tandis que Babbel classe par thèmes. Selon les préférences des utilisateurs, on trouvera une plateforme plus simple d’utilisation que l’autre. On notera également qu’il existe sur Duolingo des modérateurs que l’on reconnaît grâce à un cercle vert autour de leur photographie de profil. Cela permet de contrôler les échanges sur le forum, d’éviter les spams ou tout autre commentaire déplacé.

119

Site internet Babbel, « Aider les autres », https://www.babbel.com/writings

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Sur Babbel, on ne trouve pas de modérateurs, seulement un bouton permettant de signaler un abus. Nous n’avons cependant pas constaté de débordements durant nos analyses du forum. Il semble que l’ambiance soit cordiale, voire amicale et que les utilisateurs aient réellement envie de s’aider et de communiquer entre eux.

Un autre point important à retenir est donc la volonté des apprenants à échanger avec les autres utilisateurs. Nous avons ainsi constaté le nombre important de sujets proposant de la correspondance sur Duolingo. Cette volonté de correspondance se ressent moins sur le forum de Babbel. En effet, malgré le grand nombre de sujets postés, on note peu d’interactions sur ces sujets. Par exemple, nous avons compté pour la journée du 12 mai 2016 87 sujets postés dans la partie « Présentations » et 141 commentaires. 46 de ces sujets n’ont obtenu aucune réponse et le sujet le plus commenté compte 17 commentaires. Nous n’avons pas réussi à déterminer les raisons pour lesquelles certains sujets étaient plus commentés que d’autres. L’une des explications serait cependant de penser que les sujets récoltant le plus de réponses sont ceux qui concernent le plus d’utilisateurs. Par exemple, un français postant un sujet dans lequel il explique apprendre l’anglais et être disponible pour aider avec le français, aura probablement plus de réponses qu’un utilisateur venant d’un pays dont la langue n’est pas enseignée sur Babbel.

2. Pédagogies Chaque site d’apprentissage des langues souhaite se démarquer et proposer une méthode pédagogique innovante mais efficace. Il convient de rappeler que le CECRL préconise la méthode actionnelle, c’est-à-dire une méthode qui définit « l’usager et l’apprenant d’une langue comme des acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des circonstances et un environnement donnés »120. Bien que le CECRL n’impose pas cette méthode, il est toutefois recommandé de s’en inspirer. Nous allons donc identifier les pédagogies de Babbel et Duolingo, afin de voir si ces sites s’inspirent de la recommandation du CECRL ou non.

120

Dernière édition du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues : Apprendre, Enseigner, Évaluer, Éditions Didier, 2005, http://www.coe.int/T/DG4/Linguistic/Source/Framework_FR.pdf., p15

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a. Un retour au behaviorisme ?

Comme nous l’avons expliqué en première partie, le behaviorisme est le modèle pédagogique reposant sur un apprentissage par la répétition. On considérait qu’à force de répéter un mot ou une phrase et de toujours lui associer la même image, l’apprenant retenait la paire et pouvait retrouver le mot ou la phrase simplement en voyant l’image. Bien que cette méthode ait été abandonnée depuis plusieurs décennies, il semble que ce soit celle utilisée sur les sites d’apprentissage de l’anglais.

En effet, les leçons sur la plupart de ces plateformes sont fondées sur un schéma de répétition : écouter les mots et les répéter, sélectionner la paire mot anglais/image associée à un mot en français, remettre dans l’ordre les lettres d’un mot ou les mots d’une phrase121.

C’est donc à force de répétition que l’apprentissage de l’anglais se fait. L’apprenant va retenir la paire associée à ce qu’il connaît et pourra ainsi s’en souvenir lorsqu’il faudra traduire des phrases par exemple.

Dans sa section « Qui sommes-nous », Babbel annonce que ses cours « reposent sur les niveaux décrits dans le Cadre européen commun de référence pour les langues ». Les leçons pour débutant permettent d’atteindre le niveau A2 du CECRL, les cours intermédiaires visent à atteindre le niveau B1. Pourtant, on note des éléments pédagogiques ne concordant pas avec l’approche actionnelle recommandée par le CECRL.

Sur Babbel, chaque leçon commence par plusieurs images associées à un mot en anglais et à sa traduction en français, que l’apprenant doit retenir. Puis, il doit relier le mot français à sa traduction, sans l’aide de l’image. L’exercice suivant lui demande de retrouver le mot anglais en ayant comme aide l’image et le mot français. L’apprenant doit ensuite choisir la bonne traduction parmi quatre propositions correspondant à des images et phrases qu’il n’a encore jamais vues, puis restituer de mémoire ces traductions à la bonne image. Enfin, l’apprenant

121

Voir annexe n°8 : Exemples de cours Babbel

50

doit remplir les trous d’un dialogue avec les mots et phrases vus pendant la leçon. On observe donc un apprentissage qui repose sur la répétition systématique de plusieurs items, à travers différents exercices. Il s’agit donc bien ici d’un apprentissage se fondant sur la méthode behavioriste.

Sur Duolingo, on ne trouve pas de référence au Cadre Européen Commun de Référence pour les langues puisque l’entreprise est américaine. La leçon comprend des exercices tels que réaliser l’association entre une paire image/mot anglais et un mot français. L’apprenant doit également traduire des phrases anglaises en français. Une aide est disponible puisque la traduction de certains mots apparaît au survol de la souris122. Cela permet à l’apprenant d’apprendre d’autres mots qui ne font pas partie du thème de la leçon. Il doit aussi écouter des phrases en anglais et les écrire ou répéter des phrases en anglais. Duolingo se repose donc également sur la méthode behavioriste puisque les différents exercices permettent de voir plusieurs fois un mot ou une phrase durant la leçon.

De plus, Duolingo et Babbel rappellent régulièrement aux apprenants de revoir le vocabulaire déjà appris. Les deux plateformes expliquent que c’est par la répétition régulière que le vocabulaire se retient.

Pour apprendre du vocabulaire de manière durable, il faut le réviser et l'approfondir non seulement plusieurs fois mais également aux moments opportuns. Basée sur la méthode de la "Spaced Repetition", la fonction de révision Babbel vous rappelle de revoir votre vocabulaire à intervalles précis. Ces intervalles sont calculés et optimisés pour chaque mot et dépendent du nombre de fois où vous avez révisé celui-ci, ainsi que du nombre de fois où vous avez su répondre correctement.123

122 123

Voir annexe n°9 : Exemple de cours Duolingo https://www.babbel.com/vocabulary/words

51

Duolingo a mis en place une jauge sur chaque leçon qui descend régulièrement. La jauge passe du vert à l’orange, puis au rouge. L’apprenant sait ainsi lorsqu’il doit revoir les leçons.

Il a également la possibilité d’aller dans la partie « Mots » du site et de voir les mots qu’il doit réviser124. Il peut ainsi réviser régulièrement les mots qu’il a appris afin de ne pas les oublier.

Il s’agit donc bien d’une méthode se fondant en grande partie sur le behaviorisme.

Cependant, on peut également noter que cette école est complétée par d’autres méthodes d’apprentissage.

b. Présence de l’approche actionnelle Comme dit précédemment, Duolingo est une entreprise américaine et ne se fonde donc pas sur le CECRL. Les apprenants français apprenant l’anglais ne peuvent donc pas évaluer leur progression en fonction du tableau établi par le CECRL. De plus, les méthodologies préconisées aux États-Unis concernant l’apprentissage des langues n’est pas nécessairement le même qu’en France. On ne retrouve donc que très peu d’éléments en accord avec l’approche actionnelle recommandée par le CECRL.

Duolingo permet à l’apprenant de développer sa compétence linguistique, à savoir celle qui regroupe les compétences lexicales, grammaticales et orthographiques, à travers ses différentes thématiques de leçons. Cependant, les deux autres compétences que l’apprenant doit développer selon le CECRL, c’est-à-dire les compétences sociolinguistique et pragmatique, ne sont pas enseignées dans les leçons Duolingo. En effet, les apprenants utilisant Duolingo progresseront surtout en termes de vocabulaire et de grammaire, puisque les leçons sont surtout axées sur ces deux domaines. On trouve ainsi des leçons portant sur les possessifs, les prépositions, les adverbes, les couleurs ou encore les vêtements.

124

Voir annexe n°10 : La révision sur Duolingo

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Néanmoins, les cours ne comportent pas de dialogue permettant de comprendre l’aspect sociolinguistique de la langue et de savoir quel niveau de langage utilisé pour chaque situation donnée. Ils ne permettent pas non plus de développer la compétence pragmatique en mettant en place des exercices d’expression écrite. L’apprenant apprend donc du vocabulaire qui n’est pas ancré dans un contexte et n’apprend pas à l’utiliser dans une situation précise.

À l’inverse, Babbel tient compte de la préconisation du CECRL et tente de développer chacune des compétences visées par l’approche actionnelle. La compétence linguistique est développée à chaque leçon puisque l’apprenant est amené à apprendre du nouveau vocabulaire. Grâce aux exercices variés de répétition, il apprend le mot : son orthographe, son sens et sa prononciation. La méthode behavioriste mise en place permet donc à l’apprenant de progresser dans cette compétence.

Babbel propose à ses utilisateurs des cours thématiques tels que « L’anglais pour les vacances », « La langue familière américaine », « Meetings » ou « Business travel ». Ces différentes thématiques permettent à l’apprenant de reconnaître les différents registres de langages et de savoir à quelles situations ils sont associés. En ce sens, Babbel permet aux apprenants de développer leur compétence sociolinguistique. S’ils sont amenés à tenir une conversation en anglais, ils sauront adapter leurs discours en fonction de leurs interlocuteurs.

Enfin, Babbel a également des leçons portant sur la compréhension et l’expression écrite. Il n’y a pour l’instant que deux cours de disponible dans cette partie, mais ils sont tout de même décomposés en 8 leçons chacun. Cela permet à l’apprenant de commencer à développer sa compétence pragmatique, c’est-à-dire à organiser son discours en fonction d’une situation donnée. De même, Babbel propose des cours axés sur la compréhension et l’expression orale. Ces cours permettent également aux apprenants d’accroître leur compétence pragmatique, à l’oral cette fois.

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Babbel semble donc respecter l’approche préconisée par le CECRL en développant le vocabulaire et les compétences conversationnelles des apprenants. Duolingo, au contraire, fonde sa pédagogie sur d’autres approches.

c. L’approche ludique Duolingo a orienté son apprentissage vers une approche ludique, afin que les apprenants ne se lassent pas et restent motivés. Ils peuvent ainsi aborder leur apprentissage comme un jeu.

Cette approche est d’ailleurs clairement exprimée sur le site : « C'est dur de rester motivé quand on apprend en ligne, donc nous avons rendu Duolingo tellement amusant que les gens préfèrent apprendre de nouvelles unités linguistiques, plutôt que de jouer à un jeu »125.

Tout d’abord, lorsque l’apprenant s’inscrit sur Duolingo, il fait connaissance avec son coach.

Celui-ci est à l’effigie de l’oiseau Duolingo et demande à l’utilisateur de se fixer un objectif quotidien126. Il existe cinq niveaux différents, qui vont de 1 XP par jour à 50 XP par jour, sachant qu’une leçon effectuée sur Duolingo rapporte 10 XP. L’apprenant se fixe donc un objectif à atteindre d’une manière assez libre : c’est à lui de décider du temps qu’il veut consacrer à son apprentissage. Il peut d’ailleurs modifier son objectif lorsqu’il le souhaite. Le fait que le coach soit à l’effigie de l’oiseau Duolingo et que les objectifs soient assez faciles à atteindre permet à l’apprenant de considérer son apprentissage comme un jeu, un moment de détente.

A chaque début de leçon, l’apprenant possède trois cœurs. A chaque erreur, il perd un cœur.

Lorsqu’il a perdu tous ses cœurs, il doit recommencer la leçon depuis le début. On retrouve bien ici une des caractéristiques du jeu, avec un système de vie à conserver. La différence ici est qu’il n’y a pas à attendre que la jauge de vie se recharge, l’apprenant peut immédiatement reprendre la leçon. Il peut également faire appel à une aide pour avoir un indice sur la réponse à donner. Dans ce cas, Duolingo lui fera répéter plusieurs fois l’exercice

125 126

Site internet Duolingo, « Déclaration », https://www.duolingo.com/info Voir annexe n°11 : Coach Duolingo

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durant la leçon et lui fera régulièrement réviser le vocabulaire correspondant pour bien le retenir.

De plus, certaines actions telles que terminer un niveau ou réussir une unité entière permettent de gagner des lingots Duolingo. Ces lingots permettent d’effectuer des achats sur le « Magasin à Lingots » : réaliser un entraînement chronométré pour 10 lingots, passer un test pour mesurer ces progrès pour 25 lingots, geler une série pour que sa jauge ne descende pas pendant un jour pour 10 lingots. Ces avantages qui nécessitent de payer avec de l’argent factice rappellent des applications mobiles telles que Candy Crush, dans laquelle on peut obtenir des aides avec des lingots d’or. La différence ici est qu’il n’est pas possible d’acheter les lingots Duolingo, on ne peut que les gagner ou s’en faire offrir par d’autres apprenants, sur le forum par exemple.

Sur Babbel, on ne trouve pas cette approche ludique de l’apprentissage. Le positionnement de Babbel est plus sérieux. Les leçons sont notées sur un certain nombre de points, chaque faute empêchant de gagner des points. Chaque apprenant cumule un score total et un score par semaine. Babbel ne fonde donc pas sa méthode d’apprentissage sur une approche ludique, mais sur une approche plus scolaire de l’apprentissage de l’anglais.

d. Compétition entre apprenants Babbel propose néanmoins aux apprenants de mettre en place une compétition avec leurs amis. L’apprenant peut inviter ses amis Facebook à utiliser Babbel via un service de parrainage leur permettant d’utiliser Babbel gratuitement pendant une semaine. Il pourra ensuite comparer son score à celui de ses amis, s’ils décident de s’inscrire et de continuer leur apprentissage. Il peut également ajouter des amis sur Babbel et comparer leur score au sien. Cette méthode a pour but de motiver les apprenants à se connecter régulièrement pour pratiquer.

Cependant, Babbel ne rend pas la comparaison facile, puisqu’on ne trouve pas de tableaux des scores regroupant les amis de l’utilisateur et leurs scores. Il faut donc se rendre sur

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chaque profil d’ami pour voir le score, puis se rendre sur son propre profil pour comparer. Ce n’est donc pas une méthode très intuitive et Babbel n’insiste d’ailleurs pas sur cet aspect de son site internet. On ne trouve en fait qu’un petit encart incitant les utilisateurs à la compétition127. Babbel concentre donc plus sa pédagogie sur un apprentissage sérieux et collaboratif, plutôt que ludique et compétitif.

Duolingo propose également à ses utilisateurs d’entrer en compétition et de comparer leurs résultats. Tout comme sur Babbel, l’apprenant peut inviter ses amis Facebook à découvrir Duolingo et à engager une compétition. Il peut également envoyer des invitations par e-mail ou chercher un apprenant par son nom d’utilisateur. Ces différentes méthodes d’ajout permettent à l’utilisateur de trouver un nombre assez conséquent d’adversaires.

Contrairement à Babbel, Duolingo développe cet aspect compétitif de son site. Tout d’abord, l’apprenant a accès à son classement en temps réel depuis son écran d’accueil. Cela lui permet de se remotiver et d’essayer de se dépasser pour rester en première position.

L’apprenant a accès à son classement de la semaine, du mois et à son classement global depuis son inscription. Il peut donc savoir combien de points d’expérience il a acquis depuis le départ, en comparaison avec ses amis. Duolingo utilise donc ici la compétitivité en plus de son approche ludique, afin de garder ses utilisateurs actifs.

Les utilisateurs vont plus loin que le site en organisant des compétitions de XP128. Les apprenants s’inscrivent et sont répartis en équipe. Durant tout un mois, les joueurs doivent récolter le maximum de points d’expérience. À la fin du mois, chaque équipe donne son score total et l’organisateur annonce le classement. Selon les compétitions, les lots varient mais ce sont toujours des lingots à gagner. On trouve ainsi comme récompense 500 lingots par membre du groupe arrivé en première position, 100 lingots pour les membres du deuxième groupe et 50 lingots pour les troisièmes. On trouve également des sujets

127 128

Voir annexe n°12 : La compétition sur Babbel et Duolingo Site internet Duolingo, « XP/Immersion Battle », https://www.duolingo.com/comment/8784154

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proposant des compétitions sans lot à gagner, juste pour le plaisir de la compétition129. Il s’agit alors d’ajouter comme ami chaque personne voulant participer et de surveiller le classement. La compétition fait donc partie intégrante de l’apprentissage sur Duolingo.

3. L’expertise des professeurs vs le ressenti des utilisateurs Afin de déterminer si ces plateformes d’apprentissage de l’anglais sont utiles et permettent réellement de progresser dans l’apprentissage de cette langue, il est utile de comparer l’avis des professeurs d’anglais au ressenti des utilisateurs de ces plateformes. Nous avons donc interrogés, au travers de questionnaires et d’échanges par messages privés, des professeurs enseignant à différents niveaux de scolarité et des utilisateurs de Babbel et Duolingo.

a. Motivations et attentes des utilisateurs Nous nous sommes tout d’abord intéressés aux motivations des utilisateurs et à leurs attentes vis-à-vis des plateformes d’apprentissage de l’anglais. Nous avons identifié plusieurs raisons pour lesquelles ils ont décidé de reprendre leur apprentissage de l’anglais.

En premier lieu, il s’agit de pouvoir voyager dans des pays étrangers et d’être capable d’échanger facilement avec les habitants de ces pays : « J'aimerais m'améliorer en anglais afin de pouvoir être plus à l'aise lorsque je dois parler (que ce soit en France avec des étrangers, ou à l'étranger) et ne pas me sentir limitée à cause de mon niveau. »130. Cette réponse a été donnée par la grande majorité des apprenants avec qui nous avons échangé.

Les adultes, de nos jours, souhaitent donc être en mesure d’échanger avec les habitants des pays qu’ils visitent. La décision d’apprendre l’anglais est parfois décidée par un voyage à l’étranger pendant lequel l’utilisateur n’a pas été en mesure de communiquer :

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Site internet Duolingo, « Salut :) ! Je cherche des adversaires motivés sur Duolinguo ! Début de la compétition le 27/07/15 », https://www.duolingo.com/comment/9742800 130 Voir annexe n°13 : Interview d’Elise, utilisatrice de Duolingo

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« - Quelles sont les raisons qui t’ont motivées à t’inscrire sur Babbel ?

- Une croisière dans les Caraïbes. Je ne pouvais pas discuter avec les gens »131

Les apprenants souhaitent ainsi retrouver une certaine indépendance et éprouver un sentiment de satisfaction lorsqu’ils réussissent à échanger en anglais.

La deuxième motivation à apprendre l’anglais est liée au monde professionnel. Certains souhaitent partir travailler à l’étranger et ont donc besoin de maîtriser l’anglais : « Dans le futur j'aimerai travailler plutôt à l'étranger. La maîtrise de l'anglais est intéressante dans cette optique »132. D’autres souhaitent évoluer professionnellement et estiment que l’anglais est un atout indispensable pour obtenir une promotion : « Je me suis remise à l’anglais au départ pour évoluer professionnellement et pouvoir prétendre à un poste plus intéressant »133. La maîtrise de l’anglais est donc nécessaire dans le monde professionnel et cela confirme l’implantation de formations à la langue anglaise dans les entreprises.

Les deux dernières raisons que nous avons recensées sont liées à la sphère privée des apprenants. Certains souhaitent se remettre à niveau pour suivre les études de leurs enfants, d’autres veulent étendre leur savoir en s’intéressant à une autre culture que la leur : « Mes motivations sont *…+ de pouvoir me cultiver en lisant des articles dans des revues ou des journaux étrangers, de regarder des films en VO »134. On note ainsi un regain d’intérêt pour la culture et la langue anglaise chez les adultes, qui veulent comprendre le monde qui les entoure.

L’anglais est partout autour de nous, que ce soit dans notre vocabulaire courant, dans la musique ou les films, dans les entreprises. Nathalie, une des utilisatrices de Babbel que nous

131

Voir annexe n°14 : Interview de Nathalie, utilisatrice de Babbel Voir annexe n°15 : Interview de Jérémy, utilisateur de Babbel 133 Voir annexe n°16 : Interview de Camille, utilisatrice Babbel 134 Voir annexe n°17 : Interview de Cathy, utilisatrice de Duolingo 132

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avons interrogées, exprime bien ce désir de comprendre l’anglais dans des situations quotidiennes :

« Je veux comprendre cette langue. J’aime la musique et j’aimerais bien comprendre ce que je chante aussi *…+ J’écoute une chanson et je réalise que ce que je croyais comprendre de la chanson est tout à fait différent. Je me dis, bon sang, je ne peux pas croire que j’écoutais ça ».

Que ce soit dans la sphère professionnelle ou dans un cadre privé, les adultes souhaitent apprendre l’anglais pour être capable de communiquer et de comprendre le monde qui les entoure. Ils souhaitent être indépendants face à l’anglais et découvrir de nouvelles choses grâce à la pratique de cette langue.

b. Les avantages de ces plateformes Nous avons voulu connaître l’avis des apprenants sur ces plateformes qu’ils utilisent plus ou moins quotidiennement. Nous leur avons donc demandé quels sont les avantages et inconvénients de ces deux sites.

Les utilisateurs de Babbel et Duolingo s’accordent pour dire que l’un des plus grands avantages est de pouvoir décider des horaires et du volume d’apprentissage : « Apprendre les langues en ligne a un avantage considérable : on peut apprendre à n’importe quel rythme et ajuster comme on veut ses horaires d’apprentissage »135. Le caractère flexible de l’apprentissage en ligne, ainsi que sa mobilité, sont deux atouts qui poussent les adultes à choisir l’e-learning comme méthode d’apprentissage : « Je peux travailler sur le site quand je veux, même quand j’ai juste une pause, je peux le faire partout »136.

135 136

Voir annexe n°13 : Interview d’Élise, utilisatrice de Duolingo Voir annexe n°18 : Interview de Flavia, utilisatrice de Babbel

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L’e-learning confère un sentiment de liberté qui contraste avec la notion d’apprentissage.

L’apprenant se sent libre de faire des choix dans son processus d’éducation : il est le seul à décider de la fréquence des leçons, de la quantité de travail à fournir, des horaires et du lieu.

C’est donc l’inverse de l’enseignement scolaire bien plus cadré, comme l’exprime Élise : « À l’école, j’ai toujours vu l’apprentissage de l’anglais comme une obligation, et cela m’a un peu bloquée (j’aime être libre dans mes choix) ». Suhad Assad, professeure d’anglais en faculté de médecine et en Institut de Formation en Soins Infirmiers, confirme que les plateformes elearning peuvent être utiles aux adultes pour apprendre l’anglais : « Oui, les sites interactifs avec des exercices variés sont très utiles et aident les gens qui n’ont pas le temps ou les moyens de se rendre dans un centre linguistique »137.

Duolingo possède également un avantage sur Babbel puisqu’il est entièrement gratuit : « Pour faire concis, le coût. Duolingo est gratuit et sans pub. »138.. L’aspect financier semble être important dans le choix de la plateforme. D’un autre côté, les utilisateurs de Babbel semblent trouver son prix plus que correct, comme l’explique Jeremy : « Niveau tarif je trouve qu’ils sont dans les sentiers battus. Après pourquoi Babbel plutôt qu’une solution gratuite… plus complet je trouve ». Certains optent pour le renouvellement de leur abonnement tous les mois, tandis que d’autres ont opté pour l’abonnement annuel. Ce que l’on note également avec la réponse de Jérémy, c’est que les utilisateurs de Babbel considèrent qu’une plateforme payante dispense des cours plus complets qu’une plateforme gratuite.

Les plateformes e-learning dans l’enseignement de l’anglais sont donc plébiscitées pour leur facilité d’accès. De plus, comme nous l’avons vu précédemment, Babbel et Duolingo permettent aux utilisateurs d’apprendre du vocabulaire et des structures grammaticales propres à la langue anglaise. Cependant, ces plateformes semblent avoir des limites lorsqu’il s’agit d’apprendre l’anglais.

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Voir annexe n°19 : Interview de Suhad Assad Voir annexe n°20 : Interview de Denis, utilisateur de Duolingo

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c. Les limites du e-learning dans l’apprentissage de l’anglais Les utilisateurs de ces plateformes ont, comme nous l’avons expliqué, des attentes précises lorsqu’ils s’inscrivent sur les sites d’e-learning. Ils sont donc exigeants quant au contenu de ces sites et aux progrès qui en découlent. Lors de nos échanges, nous leur avons demandé s’ils ont l’impression de progresser ou non, et comment ils se rendent compte de ces progrès. Les avis sont assez mitigés. Certains trouvent qu’ils se font mieux comprendre dans le cadre professionnel : « Quand je commente le code que je produis, je ne vois plus de sur commit dans les heures qui suivent de mes collègues pour corriger mes fautes »139. D’autres se rendent compte de leurs progrès dans leur vie quotidienne : « Je sens que je progresse car je connais de plus en plus de vocabulaire et réponds bien aux questions des exercices lors des révisions et comprends mieux les dialogues lorsque je lis ou regarde des séries ou des films »140.

Cependant, certains apprenants sont assez déçus de leur apprentissage de l’anglais sur ces plateformes. Élise, par exemple, complète son utilisation de Duolingo par d’autres moyens pour progresser : « Je n’ai pas vraiment l’impression de progresser, et je préfère utiliser d’autres moyens (lire, écouter des musiques, regarder des films en VOSTFR) pour progresser et compléter mon apprentissage. Les progrès réalisés grâce au e-learning ne correspondent donc pas à l’idée que se faisait les apprenants en s’inscrivant.

Cela est peut-être dû au rythme d’apprentissage, que l’apprenant se fixe seul. Dans un contexte scolaire, les cours d’anglais sont normalement dispensés à intervalles réguliers afin de permettre aux élèves de retenir les leçons abordées mais de ne pas les surcharger d’informations. À l’inverse, la grande majorité des apprenants que nous avons interrogés ne sont pas réguliers et ne se sont pas fixés de durées ou d’horaires précis : « Ca dépend.

Parfois j’y passe plus d’une heure par jour pendant presque une semaine, et d’autres fois je ne m’y connecte pas pendant des semaines »141. On constate donc que les apprenants

139

Voir annexe n°15 : Interview de Jérémy, utilisateur de Babbel Voir annexe n°17 : Interview de Cathy, utilisatrice de Duolingo 141 Voir annexe n°13 : Interview d’Élise, utilisatrice de Duolingo 140

61

peuvent avoir tendance à se lasser, à perdre leur motivation malgré le caractère ludique de l’enseignement en e-learning.

En outre, la plupart des professeurs que nous avons interrogés s’accordent sur le fait qu’il est préférable d’être encadré lorsque l’on veut apprendre l’anglais. Suhad Assad nous explique cela :

« Les apprenants se trouvent seuls et sans consignes de correction ni explications, il manque la partie humaine lors de l’interaction, donc il y a moins de motivation à continuer. Les sites présentent les corrections sans commentaires donc ce n’est pas utile »142.

Lors de cours dans le cadre scolaire, l’élève est encadré et se fait expliquer ses erreurs pour ne plus les commettre. Dans le cadre de formation e-learning au sein de l’entreprise, un tuteur est présent et est en contact avec les apprenants tout au long de la formation : « Il évalue le niveau d’autonomie et d’éventuels effets de résistance au changement, il suit les participants tout au long du parcours de formation, il anime le groupe autour de rendezvous fédérateurs et supervise individuellement les participants »143. Mais dans le cadre d’un apprentissage e-learning privé, on ne retrouve pas cette notion de tuteur. L’apprenant est face à l’ordinateur et ne peut faire appel à personne pour l’aider. Il peut donc se retrouver désemparé face à une situation ou un mot inconnu.

De plus, selon Russell Williams, professeur à l’Université Américaine de Paris, les sites d’elearning ne peuvent pas être réellement efficaces puisqu’ils ne permettent pas une immersion totale dans la langue : « I’m a big fan of immersive learning: encounters with real people. That’s where, I think, real learning takes place, during moments of

142

Voir annexe n°19 : Interview de Suhad Assad E-doceo, « La place du tutorat dans une formation e-learning », 21 avril 2008 http://www.e-doceo.net/blog/la-place-du-tutorat-dans-une-formation-e-learning/ [consulté pour la dernière fois le 19/05/2016] 143

62

disconnection »144. Suhad Assad rejoint l’avis de Mr Williams : « Qui dit langue dit présentiel car nous ne pouvons pas ignorer l’échange humain et l’interactivité entre les étudiants lors des travaux de groupes ». En effet, bien que Babbel et Duolingo permettent l’échange entre leurs utilisateurs, ceux-ci ne communiqueront probablement entre eux que par écrit. Or, pour être capable de tenir une conversation en anglais, il est nécessaire de s’entraîner à la compréhension et à l’expression orale. Bien que Babbel propose des cours sur ces compétences, ils ne peuvent pas remplacer l’interaction réelle entre deux individus.

Babbel et Duolingo présentent donc des limites quant à l’enseignement de l’anglais en ligne, que ce soit parce que les progrès ne sont pas à la hauteur des attentes des apprenants ou parce que les utilisateurs ne sont pas assez encadrés pour bénéficier d’un soutien tutoré nécessaire à leur apprentissage.

144

« Je suis un grand fan de l’apprentissage par l’immersion : c’est-à-dire par des rencontres avec de vraies personnes. C’est là, je pense, que le vrai apprentissage prend place, durant ces moments de déconnexion ».

Voir annexe n°21 : Interview de Russell Williams

63

Conclusion L’apprentissage de l’anglais à l’école a connu de nombreux changements didactiques ces dernières décennies, d’abord dans les méthodologies qui lui ont été appliquées, puis avec l’arrivée des nouvelles technologies du numérique et d’Internet. De plus en plus, les TICE ont été prises en compte et utilisées afin de diversifier les moyens d’apprentissage et d’intéresser les élèves à la langue et à la culture anglaise. Le Web 2.0 et ses nouveaux usages sociaux ont bouleversés l’enseignement de l’anglais, bien que les changements ne soient pas encore radicaux et mettent du temps à se mettre en place puisque les TICE sont sujets à controverse.

Le ressenti général des adultes d’aujourd’hui, dû au mélange des différentes méthodes mises en place entre les années 1960 et les années 2000, est une appréhension et des idées reçues sur l’apprentissage de la langue anglaise. De plus, les études qui paraissent chaque année ne sont pas pour rassurer les Français sur leur niveau en anglais puisqu’elles les placent souvent au milieu voire au bas du classement.

Pour pallier cette situation, et parce que l’anglais est la langue des échanges internationaux, les entreprises ont mis en place des formations d’anglais. D’abord en présentiel, ces formations tendent à se diriger vers l’e-learning. Ces formations e-learning sont toutefois supervisées par un tuteur qui veille au bon déroulement du processus d’apprentissage et à la bonne utilisation des outils de formation. Les français ne semblent pas prêts à se retrouver seuls face à un outil e-learning et ont besoin de savoir qu’un tuteur est présent en cas de difficultés.

En-dehors du cadre scolaire et professionnel, des plateformes e-learning destinées à l’apprentissage privé de l’anglais ont vu le jour. Ces plateformes proposent des cours d’anglais, gratuitement ou non, et à tout public. Ces plateformes permettent à des particuliers de pouvoir accéder à des cours d’anglais à n’importe quel moment de la journée (pendant la pause déjeuner, après avoir couché les enfants, pendant un trajet en transport

64

en commun), ce qui est une solution attractive pour des personnes actives qui n’ont pas nécessairement beaucoup de temps à consacrer à l’apprentissage d’une langue étrangère.

Parmi ces plateformes, Babbel et Duolingo ressortent particulièrement et s’opposent de par leurs méthodes et leurs philosophies. Duolingo mise sur une approche ludique, tandis que Babbel mise sur une approche sérieuse et structurée. De plus, Babbel, entreprise allemande, se fonde sur le CECRL pour construire sa pédagogie, alors que Duolingo n’en tient pas compte puisqu’il est américain. Notre première hypothèse était donc de penser que Babbel est plus efficace que Duolingo, mais les ressentis recueillis auprès des utilisateurs des deux plateformes ne nous ont pas permis de déterminer quelle plateforme est la plus efficace.

Cependant, l’avis des utilisateurs et des professeurs nous a permis de constater que l’utilisation d’une plateforme e-learning dans le cadre d’un apprentissage privé revêt plusieurs défauts. L’absence d’un tuteur pour guider les apprenants pose un certain nombre de problèmes. Les apprenants sont livrés à eux-mêmes et éprouvent des difficultés à se fixer des objectifs précis et à s’y tenir, même si Duolingo a mis en place des objectifs d’XP à atteindre quotidiennement.

S’inscrire sur une plateforme e-learning telle que Babbel ou Duolingo est le premier réflexe des personnes souhaitant apprendre l’anglais. Mais nous avons observé qu’à partir d’un certain niveau de pratique sur ces sites, les utilisateurs ressentent le besoin d’aller plus loin et de s’exposer à la langue dans leur quotidien. Par exemple, regarder un film en VOST ou lire un livre en anglais. Cette façon de faire se rapproche de ce que font les pays scandinaves en ne doublant pas les médias étrangers et qui leur permet de se classer premiers au classement mondial sur les compétences en anglais145 . En fait, chaque utilisateur adapte son apprentissage à ses envies et ses besoins.

Les sites d’e-learning paraissent être juste un tremplin vers l’apprentissage par l’immersion.

Il reste toutefois un questionnement quant aux méthodes utilisées par ces plateformes et à

145

er

Le 1 pays est la Suède, puis viennent les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège et la Finlande Étude EF EPI, http://www.ef.com/cafr/epi/

65

leur fiabilité. En effet, on retrouve dans la pédagogie des sites e-learning des éléments des méthodologies utilisées durant ces dernières décennies. Pourtant, ces méthodologies ont été abandonnées car elles ne se sont pas montrées assez efficaces. Les méthodes de ces plateformes e-learning ne sont donc peut-être qu’une transposition cachée de ces méthodes au format numérique. Dans ce cas, l’efficacité de ces plateformes e-learning est encore sujette à débat.

66

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67

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Babbel, www.babbel.com

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Duolingo, www.duolingo.fr

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Webographie

Hot Potatoes, https://hotpot.uvic.ca/

Moodle, www.moodle.org

Wall Street English, www.wallstreetenglish.fr

WeFit Languages, www.wefitlanguages.com

72

Annexes Annexe n°1 : Tableau du Cadre Commun de Référence pour les Langues

Annexe 2 : Exemple de conditionnement pavlovien

73

Annexe n°3 : Exemples de descriptions sémantico-communicatives établies par David Wilkins NOTION : la détermination FONCTIONS : rendre spécifique, parler en particulier RÉALISATIONS LINGUISTIQUES : les articles, les démonstratifs, le présent en be + -ing, le prétérit, etc.

NOTION : la modalité interpersonnelle (autorité entre les personnes) FONCTIONS : obliger, laisser libre, conseiller etc RÉALISATIONS LINGUISTIQUES : must, have to, don’t have to, don’t need to, should, etc.

Annexe n°4 : Extrait du CECRL relatif aux niveaux communs de référence.

74

Annexe n°5 : Entretien avec Juliette Assante, Client Manager chez WeFit Languages Pouvez-vous présenter votre société et vous-même en quelques mots ?

Wefit est un jeune groupe français spécialisé dans les solutions linguistiques, et plus précisément à destination du monde professionnel. Le point fort de Wefit est la formation à distance par visio-conférence mais propose également des méthodes plus classiques comme le présentiel. L’anglais est la langue la plus enseignée. Je suis chez Wefit depuis bientôt 3 ans, j’ai eu la chance de participer au développement de l’entreprise, ce qui n’est pas près d’être terminé car c’est une évolution permanente ! Je suis aujourd’hui responsable du développement commercial en France et en Europe. Passionnée de langues (je parle couramment anglais, allemand et italien), j’aime proposer la solution la plus adaptée à chaque profil.

A qui s’adressent vos cours ?

Nos cours s’adressent principalement à des adultes actifs, juniors comme seniors. Les personnes en milieu de carrière représentent néanmoins la plus grande part dans notre population d’apprenants. Il n’y a pas de prérequis pour débuter une formation chez WEFIT. Nos formateurs adaptent le contenu de leurs cours ainsi que leur façon d’enseigner en fonction de l’apprenant. Nous accueillons à la fois des niveaux très débutants comme des niveaux plus avancés. Pour les niveaux très faibles nous proposons des formateurs bilingues français.

Quels moyens d’enseignement proposez-vous ?

La formation à distance par visio-conférence représente notre cœur de métier. Les cours s’effectuent avec un formateur via une plateforme interactive permettant l’échange à travers diverses fonctionnalités : partage de ressources, vidéos, webcam, chat... Il est aussi possible de prendre des cours uniquement par téléphone.

75

Nous proposons également des cours en présentiel pour lesquels le formateur se déplace dans l’entreprise de l’apprenant. Les cours sont généralement individuels mais peuvent parfois être en groupe. Aussi, nous travaillons avec un partenaire e-learning. Cette méthode d’enseignement vient souvent en complément de la visioconférence. Nous la proposons aux apprenants désireux de progresser davantage en compréhension écrite et souhaitant travailler de leur côté en plus des cours dispensés par un formateur. Enfin, plus ponctuellement, nous proposons d’autres services en complément de la formation : immersion, service de correction d’email dans l’heure, service de traduction/correction de document.

Comment construisez-vous votre pédagogie d’enseignement ? Qui construit et dispense les cours ?

Nos supports de cours sont créés en interne par une équipe de formateurs. Les cours sont dispensés par des formateurs, tous natifs de la langue enseignée. Nous travaillons avec une équipe de formateurs aux profils variés, issus de domaines différents marketing, droit etc. pour répondre au mieux aux besoins de nos apprenants. Ils ont tous des certifications d’enseignement en langue.

Comment évaluez-vous les progrès de vos élèves ?

Au début de chaque formation, l’apprenant réalise une évaluation de niveau. L’apprenant obtient un niveau sur l’échelle européenne (A1/A2/B1...). A la fin de chaque formation, l’apprenant réalise une évaluation de fin de formation, le PTA (Post Training Assessment). De plus, tout au long de la formation ont lieu des « reviews ». Ce sont des évaluations qui ont lieu après chaque fin de thème. Elles permettent à l’apprenant et au formateur de connaître les points assimilés et les points non maîtrisés. Le formateur pourra alors réajuster les prochains cours en fonction des résultats de l’évaluation. Grâce à l’évaluation finale et aux résultats collectés au fur et à mesure, le formateur va pouvoir faire un feedback général sur la formation et évaluer la progression de l’apprenant. Les apprenants peuvent également passer des certifications en fin de parcours (Bulats, Toeic, Bright...) qui peuvent être de bons indicateurs de l’évolution du niveau.

76

Selon vous, combien d’heures hebdomadaires faut-il consacrer à l’apprentissage de l’anglais pour voir des résultats ? Combien de temps dure une formation chez WeFit Languages ?

Évidemment, plus on prend des cours de façon régulière et intensive, plus les résultats seront visibles. C’est comme le sport, plus on s’entraîne, plus on progresse. Les apprenants sont libres sur le rythme de cours à suivre mais nous les incitons à prendre le plus de cours possible par semaine. En moyenne un apprenant prend 2 cours de 45 minutes ou 1h par semaine. Mais cela dépend bien sûr de la personne : certains n’en prendront qu’un par semaine quand d’autres en prendront quatre. La durée de formation n’est pas arrêtée et varie selon les besoins de l’apprenant. Généralement on propose des parcours de 20 ou 30 heures à réaliser sur 6 mois ou 1 an. Certaines personnes ne prendront que 7 ou 10h pour une remise à niveau sur un thème spécifique ou pour un besoin ponctuel comme la préparation d’un voyage. D’autres prendront des parcours plus long, 40h par exemple. Tout dépend du besoin et du niveau de la personne. 20h suffisent à récupérer/maintenir un certain niveau d’anglais mais ne permettent pas d’être « fluent » ! Très souvent les apprenants reprennent un parcours pour continuer leur progression.

Pouvez-vous nous dire le nombre d’inscrits actifs à vos cours, pour chaque méthode d’enseignement ? Quel est l’âge moyen de vos inscrits ?

L’âge moyen est 40 ans. Chaque année, près de 1000 apprenants suivent nos formations.

Que pensez-vous des plateformes d’apprentissage de l’anglais telles que Babbel ou Duolingo ?

Les plateformes e-learning ne remplaceront jamais un cours personnalisé avec un formateur.

Ces plateformes sont préconisées en complément d’une formation avec un formateur mais ne conviennent pas à tout type d’apprenant. Pour qu’un apprentissage par e-learning fonctionne, cela doit venir d’une démarche volontaire de la part de l’apprenant. Une personne motivée et indépendante prendra vraiment le temps de se connecter à la plateforme pour y faire des exercices. À l’inverse, on constate que les états de connexion 77

sont très faibles pour les apprenants qui ont besoin d’être accompagnés, ou qui se sont vus imposer cette méthode par l’employeur.

Comment expliquez-vous l’augmentation du nombre d’adultes désireux d’apprendre l’anglais ?

Selon moi cela provient de la globalisation : changements de business model des entreprises, stratégies d’internationalisation, joint-venture, rachats d’entreprises etc. Cela vient également d’une américanisation de la culture européenne. L’anglais est présent partout : on multiplie les anglicismes dans notre pratique du français, mêmes les start-up françaises se trouvent des noms anglais... Les jeunes actifs savent que la pratique de l’anglais est indispensable et pourra faire décoller leur carrière plus facilement. De plus en plus aspirent à travailler à l’étranger. Je pense que pour les travailleurs plus âgés, ce sont des besoins récents qui apparaissent dans leur entreprise, dans le cas d’un rachat d’une filiale, d’une mutation etc. et n’ont pas d’autre choix que d’apprendre l’anglais.

Pensez-vous que l’arrivée du numérique à l’école soit une bonne solution pour intéresser davantage les enfants à apprendre l’anglais ?

Oui, aujourd’hui le numérique a bouleversé les techniques d’apprentissage et les enfants sont plus réceptifs à des méthodes numériques et interactives.

78

Annexe n°6 : Pack complet Babbel

79

Annexe n° 7 : Détails des sujets postés sur le forum Duolingo Date

Catégories de sujets

Avril

Correspondance

Avril

Correspondance

Avril

Correspondance

Avril

Divers

Avril

Divers

Avril

Correspondance

Avril

Divers

Avril

Divers

Avril

Plainte

Avril

Correspondance

Avril

Généralités

Avril

Correspondance

Avril

Correspondance

Avril

Conseils

Mars

Conseils

Mars

Conseils

Mars

Traduction

Mars

Conseils

Mars

Traduction

Mars

Conseils

Mars

Divers

Mars

Plainte

Mars

La langue française

Mars

Correspondance

Mars

Aide

Mars

Aide

Mars

Généralités

Mars

Conseils

Mars

Correspondance

URL

Nb réponses

https://www.duolingo.co m/comment/14916390 https://www.duolingo.co m/comment/14879458 https://www.duolingo.co m/comment/14876842 https://www.duolingo.co m/comment/14542858 https://www.duolingo.co m/comment/14495607 https://www.duolingo.co m/comment/14492522 https://www.duolingo.co m/comment/14486704 https://www.duolingo.co m/comment/14419768 https://www.duolingo.co m/comment/14414721 https://www.duolingo.co m/comment/14376631 https://www.duolingo.co m/comment/14372806 https://www.duolingo.co m/comment/14349744 https://www.duolingo.co m/comment/14344182 https://www.duolingo.co m/comment/14261764 https://www.duolingo.co m/comment/14229941 https://www.duolingo.co m/comment/14238081 https://www.duolingo.co m/comment/14249722 https://www.duolingo.co m/comment/14192424 https://www.duolingo.co m/comment/14179683 https://www.duolingo.co m/comment/14075888 https://www.duolingo.co m/comment/13911811 https://www.duolingo.co m/comment/13899462 https://www.duolingo.co m/comment/13879945 https://www.duolingo.co m/comment/13865586 https://www.duolingo.co m/comment/13860612 https://www.duolingo.co m/comment/13831946 https://www.duolingo.co m/comment/13703511 https://www.duolingo.co m/comment/13689342 https://www.duolingo.co m/comment/13664904

80

18

Titres Salut, je suis des îles (Martinique) ! Je parle le français et je cherche à converser en anglais ?

14

English / French exchange

25

Does anyone here want to learn or is learning English?

38

Ouf! enfin au niveau 25

18 49

Je viens de créer une chaîne Youtube pour apprendre l’anglais! que diriez-vous d'échanger mais uniquement en anglais?

7

Un Autre Poème

1

Tongue twister

6

Niveau 13 en anglais

17

Want to improve my english!

5

hello

26

Anyone learning English?

6

Correspond with someone

10

how improve the language?

13

J'ai fini l'arbre en anglais :-)

22

et quand on a fini ?

8

"You will break the window"

12

J'ai fini tous les modules!

2 8

"Avons-nous une propriété à vendre ?"

Qu'est-ce-que le "quiz pour mesurer tes progrès"?

12

Une Poème Sur l'Amour

10

accent de la voix ;-(

18

La négation en français

11

La Culture Française Dont Je m'Interesse Beaucoup

0

idiome

6

mon micro ne marche toujours pas

5

Hi everybody

14

Motivation

92

hello! are someone here who would like to practice his english?

Annexe n°8 : Exemples de cours sur Babbel

81

Annexe n°9 : Exemple de cours Duolingo

82

Annexe n°10 : La révision sur Duolingo

Annexe n°11 : Le coach Duolingo

83

Annexe n°12 : La compétition sur Babbel et Duolingo

L’encart compétition sur Babbel

L’encart compétition sur Duolingo

84

Annexe n°13 : Interview d’Élise, utilisatrice de Duolingo Bonsoir. Merci beaucoup d’accepter de répondre à mes questions. Peux-tu me dire ton âge et ta profession ?

Bonsoir. J'ai 22 ans. Je suis sans emploi, et je pars dans un mois comme jeune fille au pair en Espagne.

Quelles sont tes motivations à apprendre l’anglais ?

J'aimerais m'améliorer en anglais afin de pouvoir être plus à l'aise lorsque je dois parler (que ce soit en France avec des étrangers, ou à l'étranger) et ne pas me sentir limitée à cause de mon niveau. Je dois aussi m'améliorer parce que je serai très probablement amenée à travailler à l'étranger.

Quels sont tes souvenirs des cours d’anglais que tu as eu à l’école ?

A l'école, j'ai toujours vu l'apprentissage de l'anglais comme une obligation, et cela m'a un peu bloquée (j'aime être libre dans mes choix), et je n'ai jamais eu de professeur qui me fasse aimer réellement l'anglais.

Pourquoi choisir d’apprendre l’anglais en ligne plutôt qu’à travers de cours du soir avec un professeur en face à face ?

C'est un choix financier, et apprendre les langues en ligne a (pour moi) un autre avantage considérable : on peut apprendre à n'importe quel rythme et ajuster comme on veut ses horaires d'apprentissage.

Quels sont, pour toi, les qualités et défauts de Duolingo ?

Qualités : le site est agréable et interactif, et on peut soi-même fixer ses objectifs. De plus, le découpage par thèmes est plutôt, selon moi, bien pensé.

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Défauts : on ne travaille pas du tout toutes les compétences, il y a trop de compréhension écrite. Les exercices manquent d'explications, et un dernier défaut (petit, mais frustrant) parfois, les erreurs ne sont pas valorisées, même lorsqu'elles sont moindres (par exemple, dans un exercice où il faudra traduire un mot de la langue cible en français, si la réponse attendue est "la femme" et que j'écris "le femme" (une simple erreur de frappe ou d'inadvertance), la réponse sera considérée comme faute à même titre que si j'avais répondu "la tarte aux poires"). Pour résumer, je pense que ce site est un bon outil pour débuter et se familiariser avec une langue, mais pas forcément pour approfondir ses connaissances et compétences, ni pour travailler l'expression (qu'elle soit écrite ou orale).

Combien de fois par semaine te rends-tu sur le site ? Ça dépend. Parfois j'y passe plus d'une heure par jour pendant presque une semaine, et d'autres fois je ne m'y connecte pas pendant des semaines.

As-tu l’impression de progresser ? Comment te rends-tu compte de tes progrès ?

Je n'ai pas vraiment l'impression de progresser, et je préfère utiliser d'autres moyens (lire, écouter des musiques, regarder des films en VOSTFR) pour progresser et compléter mon apprentissage.

Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions !

De rien, bonne journée !

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Annexe n°14 : Interview de Nathalie, utilisatrice de Babbel Bonsoir Nathalie, Merci d'accepter de répondre à mes questions ! Peux-tu me dire ton âge et ce que tu fais dans la vie ?

J'ai 45 ans. Je numérise des documents pour des Arpenteurs Géomètres.

Quelles sont les raisons qui t'ont motivée à t'inscrire sur Babbel ?

Une croisière dans les Caraïbes. Je ne pouvais pas discuter avec les gens.

Depuis combien de temps es-tu inscrite sur Babbel ? Quels sont les avantages que tu y trouves ? As-tu eu des cours d'anglais à l'école ? Si oui, en gardes-tu un bon souvenir ?

Abonné(e) depuis le : 20/01/2016 Je veux comprendre cette langue. J'aime la musique et j'aimerais bien comprendre ce que je chante aussi ! Oui, j'avais des cours d'anglais à l'école. Ce n'était pas vraiment de bons cours.

Donc pas un bon souvenir.

Est-ce que tu peux me dire en quoi les cours que tu as eu à l'école n'étaient pas bons ?

Considères-tu que l'abonnement à Babbel soit cher ? Pour quelle durée t'es-tu inscrite ?

De mon souvenir, on était un peu laissé à nous même. On avait un petit texte à lire. On devait faire un résumé. Comme on ne comprenait pas, on ne faisait que reprendre que quelque phrase du texte. Des choses comme ça. Pas vraiment bon.

J'ai commencé avec Babbel pour 1 mois. Je viens de le prendre pour 1 an. Le prix est bien. Le fait d'avoir des contacts dans l'autre langue est très bon pour pratiquer également.

Est-ce que tu peux me dire comment tu as connu Babbel ? Est-ce que tu as testé d'autres sites d'apprentissage de l'anglais ? Si non, est-ce que c'est parce que tu n'en connais pas d'autres ?

Un hasard. Je cherchais un cours sur internet. Je ne connais pas d'autre site.

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Est-ce que tu peux me dire les qualités que tu recherches sur Babbel (la diversité des cours, les thématiques, l'approche ludique ou sérieuse etc) Est-ce que tu as l'impression de progresser grâce à Babbel ? Comment te rends-tu compte de tes progrès ?

Ce qui m'attire avec Babbel c'est la liberté. Le temps à ma guise. Il n'y a pas d'horaire à respecter.

Pour le contenu, j'aime bien, je vois ça un peu comme un jeu. Donc très agréable d'apprendre en s'amusant. J'aurais cependant aimé avoir le choix d'apprendre entre l'anglais Britannique et l'anglais Américain.

En ce qui concerne le progrès, peut-être un peu. Je suis vraiment au début. Disons, que je m'intéresse plus à l'anglais depuis le début du cours donc, je suis plus attentive à ce que je vois et à ce que j'entends. Donc, je dirais un petit progrès. Je discute de ce que j'apprends avec des collègues qui sont bilingues. J'écoute une chanson et je réalise que ce que je croyais comprendre de la chanson est tout à fait différent. Je me dis, bon sang, je ne peux pas croire que j'écoutais ça !

Merci d’avoir répondu à toutes mes questions avec autant de détails !

Pas de soucis, n’hésites pas si tu as d’autres questions.

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Annexe n°15 : Interview de Jérémy, utilisateur de Babbel Bonsoir. Merci d'accepter de répondre à mes questions !

Est-ce que tu peux commencer par me dire ton âge et ta profession ?

Oui 21 ans, je suis dans le développement logiciel.

Pourquoi as-tu décidé d'apprendre une langue étrangère, et pourquoi en ligne ?

Qu'est-ce qui t'as attiré chez Babbel ? As-tu testé d'autres sites avant celui-là ?

"Pourquoi as-tu décidé d'apprendre une langue étrangère."

-> Pour le travail, dans le futur j'aimerai travailler plutôt à l'étranger. La maîtrise de l'anglais est intéressante dans cette optique.

"Pourquoi en ligne ?"

-> Je peux pratiquer quand je le veux, ou je le veux.

"Qu'est-ce qui t'as attiré chez Babbel" -> Niveau tarif je trouve qu'ils sont dans les sentiers battus. Après pourquoi Babbel plutôt qu'une solution gratuite ... plus complet je trouve. Pourquoi Babbel plutôt qu'un autre service payant : l’aspect du site.

"As-tu testé d'autres sites avant celui-là " -> Oui, Duolingo ... que j'utilise toujours pour compléter Babbel (exercice de traduction).

Merci pour ces réponses détaillées. Combien de fois par semaine utilises-tu Babbel ? Depuis combien de temps es-tu inscrit ? Est-ce que tu as l'impression de progresser ? Si oui, comment te rends-tu compte de tes progrès ?

Je t'en prie, si ça peut te rendre service :) "Combien de fois par semaine utilises-tu Babbel ?"

-> En principe tous les jours, surtout durant la pause déjeuner du boulot.

"Depuis combien de temps es-tu inscrit ?"

-> En fait j'ai eu plusieurs comptes, un que j'ai gardé 6 mois (sans grosse motivation, je l'avais clôturé). Je suis ensuite passé sur Duolingo ... que je trouvais bien mais incomplet sur 89

certains points. Ce qui m'a fait revenir ici. ... pour répondre à ta question, je suis assidu avec ce compte depuis 2 mois environ.

"Est-ce que tu as l'impression de progresser ?"

-> Oui, j'ai pu revoir toutes les bases qu'on voit au lycée et clairement ça aide beaucoup.

Idem en termes de vocabulaire j'ai l'impression d'en avoir appris pas mal.

"Si oui, comment te rends-tu compte de tes progrès ?"

-> Déjà niveau vocabulaire je me rends compte que je cherche moins mes mots et qu'ils sont plus variés quand je parle. Et surtout, quand je commente le code que je produis, je ne vois plus de sur commit dans les heures qui suivent de mes collègues pour corriger mes fautes !

Duolingo est aussi un des sites que j'étudie. Est-ce que tu peux m'en parler un peu ? Les avantages et inconvénients etc.

-> Duolingo j'ai pratiqué une semaine ou deux pour les leçons je n’ai pas aimé du tout leur présentation, même les leçons elles m'ont stressées.

Si tu as d'autres questions envoie un MP :) A+

Merci beaucoup, je n'hésiterais pas si j'ai d'autres questions alors :) Bonne journée !

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Annexe n°16 : Interview de Camille, utilisatrice Babbel Bonjour Camille, Tout d'abord merci d'accepter de répondre à mes questions !

Peux-tu déjà me dire quel âge tu as et ta profession ?

Bonjour Alexia, Contente de pouvoir t'être utile !

J'ai 26 ans et je suis assistante commerciale en concession automobiles (je ne vends pas et fais donc beaucoup d'administratif) depuis plus de 5 ans maintenant.

Est-ce que tu peux m'expliquer tes motivations à apprendre l'anglais sur ton temps libre ?

Je me suis remise à l'anglais au départ pour évoluer professionnellement et pouvoir prétendre à un poste plus intéressant.

Maintenant que je commence à parler avec des personnes du monde entier, je me surprends à avoir des envies de voyages, de rencontres etc... Ça me motive encore plus dans mon apprentissage. Je consacre alors de plus en plus de temps à l'Anglais et mon but n'est plus uniquement de changer de boulot.

Est-ce que tu peux me parler de tes souvenirs des cours d'anglais à l'école ? Est-ce que tu en as gardé un bon souvenir ?

Ensuite, peux-tu me dire comment tu as connu Babbel, et quelles étaient tes attentes concernant ce site ?

Oui j'ai toujours bien aimé l'Anglais au collège ou au Lycée. Je garde de bons souvenirs de la matière et des profs. Quand j'ai voulu me relancer dans l'anglais, je ne savais pas trop par où commencer, je ne connaissais pas mon niveau et j'avais l'impression de tourner en rond...

J'ai donc demandé conseil à mon frère qui est en fac d'anglais. C'est lui qui m'a parlé de Babbel. Je voulais un site qui me fasse progresser à l'écrit et à l'oral, avec une logique d'apprentissage.

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Je ne savais pas qu'on pouvait échanger avec des personnes du monde entier, j'ai été agréablement surprise, c'est un vrai plus !

Est-ce que tu as vraiment l'impression d'avoir progressé grâce aux cours de Babbel ? Tu réussis à discuter avec des anglophones sans difficultés ? Tu es inscrite depuis combien de temps ?

Je ne suis pas inscrite depuis très longtemps (moins d'un mois) mais les anglophones avec qui je parle disent qu'ils me comprennent bien.

J'ai progressé ces derniers mois mais en parallèle de Babbel, je suis inscrite sur d'autres sites et je pratique dès que possible. Babbel m'aide à revoir point par point mes lacunes et pour ça je continuerai sur Babbel.

Est-ce que tu peux me dire sur quels autres sites tu es inscrite ? Qu'est-ce qu'ils t'apportent de plus ou de moins par rapport à Babbel ?

As-tu déjà pensé à t'inscrire à des cours du soir type Wall Street English ?

Oui j'ai téléchargé l'application Duolingo, pas mal pour se remettre dans le bain mais pas très constructif. Anglaisfacile.com c'est pas mal, il y a beaucoup d'exercices, de tests et de cours.

C'est bien de connaitre son niveau, c'est encourageant quand on peut voir l'évolution. C'est sur ce site que j'ai commencé à parler avec des anglophones.

Je suis allée dans un centre Wall Street English, ça à l'air vraiment bien mais c'est vraiment trop cher. J'aime bien l'idée des cours en ligne, on peut apprendre de chez soi, à n'importe quelle heure. Trop de contraintes pour moi les cours du soir.

Est-ce que tu peux me dire pourquoi tu trouves que Duolingo n'est pas constructif ?

Concernant Babbel, penses-tu que le prix de l'abonnement est convenable ? Tu t'es inscrite pour combien de temps ?

Je me suis inscrite sur Babbel pour un mois pour faire le test et je vais reconduire l'abonnement. Un peu cher pour un seul mois mais les prix sont dégressifs donc à partir de 3 mois je trouve ça convenable. Duolingo est bien pour réviser quand on a de bonnes bases.

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Par exemple, je me suis rendu compte que j'avais des problèmes pour choisir mes temps du passé en Anglais. Avec Duolingo, j'ai validé tous les niveaux très facilement. Mais quand il a fallu choisir le bon temps dans un texte, j'étais perdue... Duolingo fonctionne par chapitre "Prétérit", "Present Perfect" etc... Pas de réflexion à avoir, on révise ses verbes irréguliers et c'est bon le chapitre "Prétérit" est validé.

L'application m'a bien aidé pour m'y remettre, il y a aussi une bonne base de donnée pour le vocabulaire. Je pense qu'il manque juste de la grammaire à cette application, qui reste, une application pratique, facile d'utilisation et surtout gratuite.

D'accord ! Du coup Babbel propose des cours de grammaire plus complet ? Tu penses continuer à "jongler" entre plusieurs applications ou tu penses qu'au final tu resteras uniquement sur Babbel ?

Oui c'est plus complet sur Babbel.

Je comptais jongler mais je consacre de moins en moins de temps à Duolingo. Quand tous les chapitres sont débloqués, ça devient très répétitif...

Merci énormément pour toutes tes réponses développées !

Pas de problème, avec plaisir. N'hésite pas si tu as besoin.

Bon courage pour ton mémoire !

Merci beaucoup ! Je reviendrais vers toi si besoin alors.

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Annexe n°17 : Interview de Cathy, utilisatrice de Duolingo Bonsoir, Merci beaucoup d’accepter de répondre à mes questions !

Quel est ton âge et ta profession ?

J’ai 55ans et je suis encadrante dans un bureau de poste

Quelles sont tes motivations à apprendre l’anglais ?

Mes motivations sont le désir de faire une activité différente, de pouvoir me débrouiller seule à l'étranger, de rencontrer de nouvelles personnes, de pouvoir me cultiver en lisant des articles dans des revues ou journaux étrangers, de regarder films en VO.

Quels sont tes souvenirs des cours d’anglais que tu as eu à l’école ?

Mes souvenirs de l'anglais à l'école sont très lointains. J'ai appris l'anglais au collège en langue vivante 2 par la méthode audiovisuel et je n'aimais pas du tout cette méthode. On travaillait surtout l'oral mais j'avais du mal à retenir les phrases apprises, on n'avait pas de support écrit. Ensuite au lycée, on travaillait sur des textes. Pour conclure, j'ai l'impression d'avoir rien appris.

Pourquoi choisir d’apprendre l’anglais en ligne plutôt qu’à travers de cours du soir avec un professeur en face à face ?

J'ai choisi d'apprendre l'anglais en ligne pour l'autonomie, je peux me consacrer à l'anglais quand je veux et ne suis pas tributaire d'horaires.

Combien de fois par semaine te rends-tu sur le site ?

Je me rends sur le site Duolingo tous les jours (parfois plusieurs fois par jour, le week-end).

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As-tu l’impression de progresser ? Comment te rends-tu compte de tes progrès ?

Je sens que je progresse car je connais de plus en plus de vocabulaire et réponds bien aux questions des exercices lors des révisions et comprends mieux les dialogues lorsque je lis ou regarde des séries ou des films.

Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions !

J'espère que j'aurais pu t'aider pour ton mémoire et que tu auras une bonne note.

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Annexe n°18 : Interview de Flavia, utilisatrice de Babbel Bonjour Flavia. Merci d'accepter de répondre à mes questions !

Peux-tu me dire ton âge et ce que tu fais dans la vie ?

De rien, je suis actuellement assistante d'éducation dans un collège, j'ai 21 ans et j'apprends l’anglais afin de partir une année aux États-Unis.

Est-ce que tu peux me dire ce qui t'a poussé à t'inscrire en ligne plutôt que prendre des cours du soir ? Quels sont, pour toi, les avantages des cours sur Babbel ?

Je peux travailler sur le site quand je veux, même quand j'ai juste une pause, je peux le faire partout. Et surtout l'abonnement me coûte 9.90€ par mois ce qui me revient beaucoup moins cher que des cours.

Est-ce que tu connais d'autres sites comme Babbel ? Comment as-tu connu ce site ?

Je connais juste "anglaisfacile" mais le design ne me plaisait pas. J'ai connu Babbel grâce à une pub tv.

Combien de fois par semaine viens-tu sur le site ? Est-ce que tu as l'impression de progresser ? Comment te rends-tu compte de tes progrès ?

Je passe environ 20 à 30 min par jour sur le site. Je pense avoir plus de vocabulaire qu’avant, j’ai moins de mal à traduire certaines phrases.

Merci de tes réponses !

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Annexe n°19 : Interview de Suhad Assad, professeure d’anglais Pouvez-vous vous presenter en quelques mots (depuis combien de temps enseignez-vous ? À quelle classe enseignez-vous ? ) J’enseigne depuis 10 ans en faculté de médecine (2eme – 5eme année), bio-science et IFSI.

Lorsque vous dispensez vos cours, comment les élèves se comportent-ils ? Semblent-ils intéressés ? Pensent-ils que l’anglais leur sera utile plus tard ?

Médecine : en 2eme et 3éme année les cours sont obligatoires et les avis sont partagés entre « on a beaucoup de travail, n’ajoutez pas beaucoup de cours d’anglais, c’est moins important que les autre matières ! » et « très intéressant, j’ai un projet d’aller faire un stage à l’étranger et je voulais apprendre l’anglais médical et le jargon médical en anglais ». En 4eme et 5eme année : les enseignements sont aussi obligatoires mais avec comme but de les aider avec la compréhension des articles LCA car les articles sont en anglais (ECN de fin de 6éme année). Ils comprennent qu’ils ont besoin de l’anglais mais ils n’arrivent pas à assister tous les cours à cause de leurs travail intensif.

Les bio-ingénieurs sont intéressés par le coté marketing et échange international en plus de l’écrit (compte rendu et rapports). Les IFSI ne se plaignent pas beaucoup car le volume horaire n’est pas important (15 -20h à l’année). D’ailleurs ils ont beaucoup de difficultés en anglais mais ils s’amusent à apprendre les mots techniques et la communication patientmalade.

Y a-t- il plusieurs profils d’apprenants ? Est-il possible d’appliquer la même méthode d’enseignement à chaque individu et d’obtenir les mêmes progrès ?

Pour faciliter notre travail on fait des groupes de niveaux afin de mieux enseigner. Dans ce cas les « fluent » ne sont pas gênés par les plus faibles et on travaille beaucoup l’oral avec eux ; par contre les faibles on les met dans des groupes plus petits et on travaille la grammaire, le vocabulaire et la prononciation. Donc les méthodes sont différentes mais l’objectif final est le même pour tous.

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Connaissez-vous des sites tels que Babbel ou Duolingo, qui permettent d’apprendre l’anglais ou une autre langue en ligne ?

On utilise nos sites comme eprel langue plutôt… Je connais Babbel mais je ne l’ai jamais utilisé ou conseillé à mes étudiants. BBC learning, free dictionary on line, wordreference semblent plus sérieux pour moi.

Selon vous, quels sont les avantages et inconvénients de ces sites ?

Avantages : travail à distance, donne de l’autonomie, interactif Défauts : Les apprenants se trouvent seuls et sans consignes de correction ni explications, il manque la partie humaine lors de l’interaction, donc il y a moins de motivation à continuer. Les sites présentent les corrections sans commentaires donc ce n’est pas utile.

Pensez-vous que les adultes puissent apprendre l’anglais grâce aux ordinateurs en général, et grâce à ces sites en particulier ? Ces supports sont-ils adaptés à tous ?

Oui, les sites interactifs avec des exercices variés sont très utiles et aident les gens qui n’ont pas le temps ou les moyens de se rendre dans un centre linguistique.

Pensez-vous que les cours du soir en institut (type Wall Street English) soient plus utiles pour apprendre les bases de l’anglais que les sites mentionnés ci-dessus ?

Seulement pour les professionnels qui cherchent à apprendre vite (cours intensif) pour aboutir un objectif bien défini par exemple : partir en voyage, gérer des réunions en anglais (ou autre langue).

Selon vous, est-ce que les Français ont des difficultés avec l’anglais ? Si oui, à quoi est-ce dû ?

Oui, le problème est chronique et à des racines profondes. Déjà la prononciation est un enjeu majeur et on n’arrive pas facilement à se débarrasser de ces fameux « r », « voyelle » « h muet » «/ i/ ou /I:/ ou /ai/ » etc.

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Le système d’enseignement (primaire, collège) ne permet pas d’apprendre les bonnes prononciations dès le plus jeune âge. La TV ne diffuse pas les séries, films, programme dans leur langue d’origine pour que les gens s’habituent à écouter et à prononcer la langue. Êtes-vous pour l’e-learning à l’école ? Pensez-vous que les élèves seraient plus intéressés par les cours s’ils travaillaient sur ordinateur en classe ?

Qui dit langue dit présentiel car nous ne pouvons pas ignorer l’échange humain et l’interactivité entre les étudiants lors des travaux de groupes.

Selon votre expérience, combien d’heures de cours sont nécessaires pour être capable de tenir une conversation en anglais ?

Une année de cours hebdomadaire avec travail à la maison, écouter des CD (en conduisant ou dans les transports), écouter les séries en anglais, utiliser skype ou aller dans les cafés où il y a des étudiants étrangers pour avoir des échanges quotidiens.

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Annexe n°20 : Interview de Denis, utilisateur de Duolingo Bonjour, Je rentre effectivement dans tes critères.

J'attends tes questions, si cela peut te rendre service dans le cadre de ton Master.

Bonsoir Denis, Merci beaucoup d’accepter de répondre à mes questions !

Quelle est ta profession ?

Opérateur logistique dans la chimie pharmaceutique. (ouvrier)

Quelles sont tes motivations à apprendre l’anglais ?

Pouvoir échanger plus facilement lors de mes voyages privés (vacances et retraite dans quelques années).

Quels sont tes souvenirs des cours d’anglais que tu as eu à l’école ?

Cela date des années fin 60, début 70. Mauvaise méthode d'apprentissage mais aussi pour être un peu plus objectif le manque de motivation lié au milieu culturel de mon époque.

Pourquoi apprendre l'anglais pour être cuisinier, plombier... Nos parents ne voyageaient pas!

Pour revenir aux cours de l'époque, je suis encore traumatisé d'avoir appris par cœur les verbes irréguliers sans en comprendre l'utilité...

Pourquoi choisir d’apprendre l’anglais en ligne plutôt qu’à travers de cours du soir avec un professeur en face à face ?

Pour faire concis, le coût. Duolingo est gratuit et sans pub.

Connais-tu d’autres sites d’apprentissage des langues que Duolingo ?

J'ai essayé d'autres sites mais moins ludique que Duolingo.

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Quels sont, pour toi, les qualités et défauts de Duolingo ?

Duolingo est ludique et t'oblige à travailler tous les jours avec ces XP que tu t'engages à faire au quotidien dès l'inscription. Par contre, il manque un petit cours sur chaque nouveau thème. (Ex : différence entre présent simple et continu...)

Combien de fois par semaine te rends-tu sur le site ?

Tous les jours, parfois deux fois par jour.

As-tu l’impression de progresser ? Comment te rends-tu compte de tes progrès ?

Je progresse, entre autre grâce au site Duolingo. J’ai aussi acheté la méthode Tell Me More en complément.

Merci beaucoup pour tes réponses détaillées !

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Annexe n°21 : Interview de Russel Williams Can you introduce yourself in a few words?

I’m an English and Comparative literature lecturer professor at the American University of Paris. I give lessons in both literature and academic/critical writing for non-native and native speakers of English. I’ve previously given lessons in English language and expression to audiences primarily composed of non-native speakers (both at university and in private enterprise).

When you give English class, how do your students behave? Do they seem interested? Do they say that English is not useful for them?

It’s hard to give a general answer here. In theory, everyone who I’ve taught English to has chosen to be there since they can see the value, in some way, of English to their chosen career. At university, such as when I’ve taught in the French university system, when groups can be hard, things can be a little more testing. My approach to teaching, however, is to try and engage the students and make learning part of an active process.

Do you know websites like Babbel or Duolingo, which offer people to learn English or another language at home? If so, what do you think of these websites? Do you think that people really can learn a language in front of their computer?

I’m going to be completely honest - I haven’t heard of these sites, and I’m not aware of anyone who has used them. I’m a big fan of immersive learning: encounters with real people. That’s where, I think, real learning takes place, during moments of disconnection. If I was trying to do this online, I’d become distracted, start surfing the internet etc. I’d find it hard to keep up the motivation, I suspect.

Do you think that going to evening schools to learn the basics of English can be helpful?

Yes, but it depends on the style of teaching. It needs to be personal and relevant. The teachers need to be into it as well. I’d say university-style teaching, rather than Wall Street Institute-style industrial teaching.

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In your opinion, do French people have difficulties learning English language?

Honestly, I think I might have a false picture. I’m based in Paris, so everyone wants to talk to me in English all the time. I keep hearing that the French are bad at English, but I don’t really see any practical evidence of that.

Do you think that e-learning devices should be introduced at school? Would students be more interested in English classes if they could use a computer?

I think this needs to be done carefully. I’m pretty old fashioned in that I like face-to-face conversations as way of developing language skills. I’ve recently been looking at the work of Sherry Turkle, an MIT psychoanalyst who looks at the way in which people use technology and how this changes human relations. One of the big ideas is that our dependence on smartphones is leading to a lack of empathy in human relationships. I’m not sure what the implications would be for language learning, but I can’t see them being positive. I’m not a complete Luddite, there is a role for technology in the classroom, but I don’t have the answers just yet.

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