P(A)NSER L'ESTUAIRE DE L'ADOUR comme outil d'une nouvelle urbanité

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Bayonne se réveille. Les rues s’animent. Les commerçants magnifient leurs vitrines aux couleurs locales, achalandent leurs étalages, disposent la terrasse et ‘hop’ un petit coup de balais. Un petit coup de balais pour accueillir les matinaux qui se retrouvent pour parler du temps qui passe et qui, surtout, rejouent le dernier match de l’équipe des bleu et blanc (principalement). Les travailleurs se pressent vers les espaces de stationnement en périphérie, où patientent tranquilles leurs automobiles depuis la veille. Le facteur court à toute allure du Petit au Grand Bayonne sautant de rives en rives via les ponts sur la Nive, où commencent à se croiser les étudiants de tous âges en route vers le savoir. Les passants badauds amateurs de villes authentiques se fondent dans cette comédie joyeuse au décor théâtral. Une identité pleine de couleurs vivement affirmée sous des airs basques et gascons, aux recoins tantôt précieux tantôt souillés, mais où flâne une douce mélodie enivrante. Une atmosphère riante et chaleureuse, euphorique et sans dessus-dessous lorsque le cœur de ville rassemble son monde pour les fameuses fêtes... L’eau, au centre de la scène, donne le ton de cette effervescence impérissable ! Le nom même de la ville « Bayonne » provient du basque Ibaigune ou Ibaiona ou « le bon cours d’eau », suggérant implicitement un site traversé par les eaux à l’origine de sa prospérité. La rencontre entre les deux entités que sont l’Adour et la Nive conduit à la recherche d’un exutoire tacite : l’océan. Distancé de sept kilomètres, le cœur de ville ne subit que très peu d’influence de ce monde maritime. Pourtant, l’eau reste le fil directeur du développement de la région. Aujourd’hui et comme jamais, Bayonne et les villes riveraines tournent le dos à l’Adour et, tel un ménage en pleine rupture, se contentent d’une relation à distance. L’embouchure de l’Adour, de Bayonne à Anglet et Tarnos en passant par Boucau, pourrait être qualifiée de «paysage parvenu». Un espace qui a connu des transformations physiologiques profondes et qui connaît aujourd’hui un développement mécanique sans précédent tant sur l’aspect industriel que résidentiel. « Parvenu » car ce développement s’apparente à une croissance qui va contre-nature et qui tend à négliger certaines valeurs essentielles d’un paysage habité.

« parvenu : personnage qui s’est élevé rapidement au-dessus de sa condition première sans avoir acquis les manières, le ton et le savoir-vivre qui conviennent à son nouveau milieu. »

introduction

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