100 ans Paysage - ANGLET, un littoral entre deux eaux.

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Un littoral au naturel DAGUERRE Alexandre _ ENSAP Bx 2015 _ 100 ans Paysage _ FORMATION PAYSAGISTE DPLG


Remerciements à, - l’équipe du Parc Écologique Izadia à Anglet - le service des archives de la ville d’Anglet en particulier à l’archiviste Annie Gimé - l’équipe de la médiathèque de la ville d’Anglet - l’association SOS Littoral angloy et plus particulièrement Aymeric Bayle - Emmanuelle Heaulmé, Professeur à l’École National Supérieur d’Architecture et de Paysage de Bordeaux - Sylvie Errea, professeur du lycée technique Cantau - Hervé Goulaze, pour ses conseils d’ami - la vieille 306 qui malgré de nombreux aller-retours sur le territoire d’étude, m’est restée fidèle.


INTRODUCTION EN TERRE ANGLOY - POURQUOI ? Certains diront « Dia ! Un angloy qui étudie Anglet ?! Ça peut être qu’un touriste ! » lorsque d’autres s’exclameront « Quoi tu travailles sur Anglet ? En même temps, un basque ça bouge rarement de chez lui ! » Si j’ai l’occasion de pouvoir m’exprimer sur le choix de ce sujet, je tiens à ce que vous en soyez informés avant de vous immiscer dans cette modeste étude. En effet, je suis angloy. Tout comme mon père et mon grand-père l’étaient avant moi. Mais le paysage évolue avec le temps et des souvenirs s’y ancrent. Le grand-père connu Anglet jonché de parcelles agricoles depuis la Butte aux Cailles jusqu’à l’embouchure de la Barre, entre culture de maïs et vin des sables. Le paternel quant à lui se remémore à la fois une chasse aux lapins le long des dunes du littoral et la course folle des chevaux damant la madrague de l’hippodrome. Moi-même, je ris encore des aventures intrépides à travers la forêt du Pignada jusque vers la plage. Un même paysage se vit différemment selon le temps. Le paysage d’Anglet évolue encore à une vitesse telle que certains souvenirs sont parfois balayés et enfouis par un quelconque projet immobilier en un rien de temps. À travers cette étude, je souhaite plonger dans la mémoire de mes ancêtres et m’associer à leur vision, et surtout saisir le sens du fameux « ça a bien changé » de mes pères. L’étude permettra de retracer l’histoire d’une commune et de garder une trace qui pourra être communiquée aux plus jeunes afin qu’ils prennent conscience de la mutation de leur espace de vie et donc de leur paysage.


SOMMAIRE INTRODUCTION UN PAYSAGE À LA CROISÉE DES ÉLÉMENTS

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SAISIR PAR LE TRAIT / Approche graphique du paysage angloy

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ANGLET, UN LITTORAL AU NATUREL ?

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UNE CÔTE AUX MULTIPLES FACIÈS UN PÔLE ATTRACTIF QUARTIER ENTRE FORÊT & OCÉAN ESPACE À HABITER UN QUARTIER SUSPENDU

9 10 16 19 23

UN TERRITOIRE UNIFIÉ

26

INTERACTION DE NOMBREUSES DYNAMIQUES

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MA È PIGNADA PER M’AYDA

« LA MER ET LA FORÊT DE PINS POUR M’AIDER »

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PRÉAMBULE HISTORIQUE

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LE PAYSAGE FAÇONNÉ PAR LES ACTIVITÉS DU QUOTIDIEN - Dimension agricole sur les hauteurs - Les dunes, un espace d’avenir

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MUTATION DE L’IMAGE DU LITTORAL - Changement de représentation culturelle du rivage de « l’effroyable spectacle » au « lieu privilégié » - Aménagement touristique de la côte sous forme de générations - Une urbanisation qui altère l’image d’un littoral nature

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REGARD SUR UN PAYSAGE EN TENSION - ENTRE DÉVELOPPEMENT & PRÉSERVATION

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RETOUR SUR UN PAYSAGE CONVOITÉ

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DENSIFICATION AU SERVICE DE LA DYNAMIQUE TOURISTIQUE LITTORAL, OBJET POTENTIEL POUR UNE PATRIMONIALISATION

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CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE

70 72


UN PAYSAGE À LA CROISÉE DES ÉLÉMENTS LANDES

Landes 2

N 1

1 - Anglet 2 - Boucau 3 - Bayonne 4 - Biarritz 5 - Bidart

3

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Pignada 5 A64

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3

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Pyrénées-atlantiques

2 km

La Commune d’Anglet se situe dans le département des PyrénéesAtlantiques en Aquitaine. Elle correspond à la frontière Nord du territoire basque, à la limite des terres landaises. Cette délimitation est physiquement marquée par le fleuve Adour qui prend source dans le massif pyrénéen du Pic du Midi de Bigorre, et se jette donc dans l’Océan Atlantique après Bayonne, à Tarnos pour la rive droite et Anglet pour la rive gauche. L’Agglomération Côte Basque Adour (ACBA) est un territoire où gravitent divers pôles attractifs : la mer, la montagne, et la campagne. Cela en fait engendre une activité touristique importante et donc un espace très convoité en autre durant les périodes estivales. N

PYRÉNÉES-ATLANTIQUES 6


La côte basque s’est en grande partie bâtie autour du tourisme. Les premiers bains de mer de Biarritz durant le XIXe siècle ont en effet impulsés ce flux touristique. La balnéothérapie a structuré une importante partie du front de mer tout au long des XIXe et XXe siècles. Aux prémices, à la capitale, les médecins de l’époque n’hésitaient pas à prescrire à leurs clients les plus aisés des bains marins dans la station de Biarritz, réputée pour la qualité de son eau. Cette reconnaissance a poussé la ville et les communes alentours à développer des infrastructures d’accueil, de résidences et de loisirs. L’atout naturel qu’est l’eau était l’élément fondateur de l’économie de la région. Bien que la balnéothérapie soit aujourd’hui une activité moins populaire, les locaux ont su s’adapter et ont saisi cette proximité avec l’océan pour en faire un atout économique majeur où gravitent de multiples activités. Le touriste contemporain est également friand des coûtumes locales et apprécie à se familiariser avec les activités économiques d’antan. Les basques s’efforcent donc d’entretenir cette mémoire pour leurs enfants mais également afin d’entretenir un support économique. Les collectivités ont très bien compris l’intérêt à préserver certaines traces architecturales, paysagères ou encore sociales (entretien d’activités locales).

Le cadre de vie proposé est de qualité remarquable. Le basque de la côte évolue entre l’océan et la montagne. La chaine des Pyrénées correspond également à un élément majeur. Elle dessine le relief collinaire associé aux falaises, ce qui constitue un doux relief appelé piémont pyrénéen. Le dialogue entre terre et océan parait créer l’identité de ce territoire. Anglet évolue également à l’intersection de deux milieux côtiers distincts avec au sud le début de ce piémont accompagné de ses falaises et au nord avec le système dunaire des landes de Gascogne. 7


SAISIR PAR LE TRAIT

La lecture du paysage côtier va consister à analyser le territoire, à capter les éléments qui constituent le paysage, les relations structurelles et spatiales qu’ils entretiennent entre eux et avec des entités extérieures. Comprendre son fonctionnement et son organisation, les réutilisations ou les disparitions éventuelles de pratiques déterminants le paysage d’hier et d’aujourd’hui. Ce recueil de représentations à pour but de s’immiscer à travers le paysage et d’en dégager une atmosphère, des ambiances et des éléments clefs. 8


ANGLET

UN LITTORAL AU NATUREL ?


- UNE CÔTE AUX MULTIPLES FACIÈS Anglet est en grande partie connu pour son attrait touristique. Mais qu’est-ce qui fait que cette ville soit si convoitée ? Quels éléments présents dans le paysage jouent un rôle dans cette dynamique touristique ? Le paysage urbain est complexe, délicat à percevoir et à saisir par la simple lecture de carte. Il est aisé de noter la présence de plusieurs quartiers. Mais comment se traduisent-ils dans l’espace ? Je décide donc de mener des investigations à travers le territoire. Avant de me lancer à l’aventure, je prévois de définir un cheminement. Parcours qui ne sera pas respecté à la lettre étant donné que je laisse une errance me porter par les embruns marins jusque dans la forêt du Pignada, à travers les différents quartiers. Les différents trajets ont permis de soulever de multiples caractéristiques du territoire. Ils ont également distingué des espaces et des ensembles paysagers. UN

Un parcours séquencé

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- UN PÔLE ATTRACTIF -

L’espace de la Barre est bien connu pour ses grands travaux d’envergure réalisés par Louis de Foix afin de stabiliser une embouchure capricieuse. Il est aussi reconnu pour sa vague légendaire (qui n’existe plus de par la mise en place de digues) convoitée par la planète surf. L’extrémité Nord d’Anglet reste un site extrêmement pratiqué à longueur d’année.

N

Bayonne s’est développé grâce à son ouverture sur le monde à travers l’activité maritime. Mais pas sans peine, car pour se faire, l’embouchure de l’Adour a subi de profondes modifications durant ces derniers siècles. En effet, le lit de l’Adour fût assez capricieux, ses divagations se développaient entre le Vieux-Boucau et Capbreton. Tout au long du XVIe siècle, son cours d’eau s’était ensablé provoquant le déclin du commerce bayonnais. Mais à partir des années 1570, l’ingénieur Louis de Foix creusa une nouvelle embouchure plus apte à l’échange et qui permi au commerce de Bayonne de se perpétuer.

L’ensemble de l’aménagement exploite les rives de l’Adour. La rive droite accueille une grande plateforme portuaire, où s’établissent l’ensemble des échanges. Elle est directement connectée avec le centre ville de Bayonne où se tiennent les entrepôts et le marché. Ce réseau s’établit dans un premier temps à l’aide des chemins de halage, présents sur l’ensemble des deux rives associés aux gabares (grandes embarcations à fond plat) et boeufs. Plus tard arrivera le train, ce qui permettra de créer une relation directe depuis l’embouchure jusque vers la ville. 10


La ville de Bayonne s’organise autour d’un axe principal : l’Adour. Au cours de l’histoire, ce fleuve est resté l’acteur principal du développement de la ville. Cette voie fluviale, où ont circulé de nombreux cargos de marchandises ou autres galupes, correspond à l’artère de Bayonne Autrefois en territoire gascon, la ville de Bayonne se partage aujourd’hui entre terres basques et terres landaises. Elle correspond au trait d’union qui lie ces deux territoires. Bayonne a su préserver un important patrimoine avec entre autre le centre, le coeur de la ville, fortifié par ses remparts. Cette zone correspond au poumon historique de la ville et habrite de nombreux commerces associés à des habitations typiques, authentiques jonchant les rives de l’Adour et de la Nive. Mais Bayonne doit surtout son développement économique aux nombreuses zones industrielles situées en périphérie avec notamment son port.

C’est durant le XXe siècle que le port de Bayonne connaît son apogée grâce aux aménagements importants entrepris sur les rives de l’Adour. En effet, le souffre de Lacq, le maïs du grand Sud-Ouest, la ferraille et les billettes d’acier issuent de l’acierie de l’Atlantique sur la rive droite sont des produits qui témoignent d’un dynamisme portuaire. Depuis plusieurs générations, la périphérie de Bayonne est donc principalement occupée par la classe ouvrière. Le quartier de Blancpignon à Anglet est basé sur cette dynamique ouvrière, à proximité des rives. L’embouchure de la Barre souligne cet hétérogénéité, avec au Nord l’important aménagement de la digue du Boucau sur un fond industriel, à l’Est la présence de la fôret et au Sud les longues plages de sable linéaires qui soulignent une chaîne pyrénéenne massive.

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La grande patinoire de la Barre associée à l’espace de glisse (skate-park) vient affirmer d’une manière assez improbable le désir d’implanter en front de mer un complexe sportif et évènementiel qui permet de rassembler la population locale et estivale autour de temps forts. Un aménagement pérenne est mis en place avec une présence non négligeable de matières minérales.

forêt du Pignada parking de la Barre

patinoire espace de glisse

De multiples acteurs s’appuient sur la morphologie du territoire pour développer des activités. De vastes plaines vertes servent d’aires de jeux et de support pour évènements. Elles correspondent à l’espace de l’arrière dune. Le parti pris d’aménagement parait contre nature et nécessite un entretien assez rigoureux de ces grandes étendues. La couverture végétale permet à la fois d’accueillir le public lors de différents évènements, et aide au maintien de la morphologie du site face aux érosions marines. Mais cet aménagement nécessite un certain amendement de terre. Le sol a fini par se maintenir et se régule avec le temps afin de maintenir cette strate. De plus, depuis peu, une gestion différenciée est mise en place par les services de la mairie sur l’ensemble de ces espaces enherbés.

parc écologique IZADIA

quartier d’habitation de la Barre thalasso Atlantal plaine verte

aire de jeux pour enfant p a rc o u r s sportif

promendade front de mer

restaurations de front de mer

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En arrière dune, un important espace végétalisé est présent avec en son centre deux lacs. Ils correspondent aux lacs du Boucau, directement connecté à l’Adour via un réseau souterrain. C’est en 2005 que cette zone devient le parc écologique Izadia. Il correspond en quelque sorte à un pari de réintégration d’un lieu qui évolue en interdépendance avec le tissu urbain. La création de ce parc permet de mettre à l’abri le milieu de l’étalement urbain croissant sur le littoral angloye. Il est marqué par la réalisation architecturale de Philippe Madec : la Maison de la Nature servant d’entrée à la fois physique et pédagogique. Ce parc, d’environ 14 hectares est placé sous l’enseigne Natura 2000. Il renferme de nombreux milieux naturels comme la chambre de la vanne, qui restaure la circulation aquatique entre l’océan et le lac nord ou la plage aux oiseaux ou encore la pelouse à hélianthème. L’ensemble du milieu est accessible au public via un cheminement piéton. Les différents milieux qui induisent de multiples espaces, ponctuent et dynamisent le cheminement. Tout ceci dans le but de sensibiliser le public aux notions de gestion et de conservation d’un patrimoine naturel. 1_ la chambre de la vanne 2_ l’entre-deux-lacs 3_ la plage aux oiseaux 4_ le marais saumâtre 5_ le biseau salé Front de mer

Le parc se retranche sur lui-même de manière physique avec l’implantation de fascine sur le pourtour du parc. Malgré tout, il reste connecté à son contexte, de manière visuelle avec la présence au Nord du pôle industriel de la rive droite de l’Adour, et au Sud avec l’imposant centre de thalassothérapie « Atlantal ».

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1

3

2

6_ la lande à cistes 7_ aulnaie et ormaie 8_ la pelouse à hélianthème 9_ la pinède à chêne liège 10_ aires de cultures expérimentales

patinoire de la Barre

9

grues de chargement acierie de l’Adour

4 8

7

5 6

Thalassothérapie Quartier résidentiel de la Barre

N

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Le centre de thalassothérapie est mis en place durant le développement du tourisme au début du XXe siècle. Il s’inscrit au sein d’un cadre privilégié verdoyant tourné vers l’océan, avec la forêt de pins en arrière plan. centre de thalassothérapie

promenade plaine verte

parking privé

boulevard des plages

enrochement

quartier habitations de la Barre

Il siège en contre bas, protégé des embruns par la plaine verte et ses haies de pittosporum. Ces dernières permettent également de dissimuler l’architecture balnéaire et propose donc aux curistes une certaine intimité. Un parcours sportif s’infiltre à travers la forêt du Pignada. Il est appelé par les locaux le parcours « vita ». Sorte de cheminement sabloneux dynamisé par la présence d’agrès, il connecte le quartier d’habitation de la Barre à celui de Blancpignon et Montbrun via la forêt. Ces voies vertes sillonent la forêt d’est en ouest et du nord au sud. En bord de route, la présence de cordes suspendues à la cime des pins, indique la présence d’un parcours accrobranche. Ce dernier s’associe à l’ensemble de l’aménagement sportif. La forêt se pratique sous différentes formes, où les promeneurs, sportifs, et amateurs de sensations fortes se côtoient. C’est pourquoi elle est à la fois accueillante et préservée, ouverte et secrète. LA BARRE

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LAZARET

PIGNADA CHIBERTA

Voies vertes Piste cyclable

MONTBRUN

N LA CHAMBRE D’AMOUR

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Un quartier d’habitation est implanté entre la zone de parc et la forêt. Il semble s’être immiscé à travers la masse boisée. Il est uniquement composé de bâti individuel de type villa. Des architectures qui témoignent d’un style et donc d’une certaine histoire : villas néo-basque, régionaliste, anglo-normande, néo hispanique, etc. Le quartier nous propose un véritable voyage imaginaire à travers ces architectures hétérogènes. Chaque villa possède sa propre parcelle de jardin. Les perspectives d’une rue à l’autre varient en fonction de la présence ou non de clôtures opaques autour de la propriété. Certaines parcelles non construites laissent entrevoir un système dunaire passé. Des buttes apparaissent. C’est une fois là haut que l’on repère un quartier qui se fond dans ce relief valonné, où des architectures se dissimulent dans les zones en creux pendant que d’autres dominent le quartier depuis un point haut. Cependant, des aménagements brisent ce jeu de niveau en mettant à plat l’ensemble de la parcelle.

Résidu de forêt voué à être construit Cet espace permet aujourd’hui de créer des ouvertures et d’aérer le quartier. Le quartier est parsemé de ce type de parcelles, entretenues dans le seul but d’être vendues. Elles ne sont pas exploitées en tant qu’espaces publics mais restent ouvertes.

Les limites de parcelles sont traitées de différentes manières et varient selon les parcelles. Aucune règle commune n’est mise en place. On assiste donc à une différenciation de limites entre espace public et espace privé.

Aucune bande de stationnement n’est prévu sur la voie publique. Des bandes enherbées sont maintenues aux abords des parcelles, tel une zone de retrait. C’est elles qui servent de stationnement pour les personnes venant de l’extérieur. L’importante superficie des parcelles privées permet aux riverains de stationner directement chez eux.

Haies végétales, mur de béton, palissade en bois, les limites varient en fonction de chaque parcelle. Il semble que chacun veuille créer son propre microcosme sans vraiment se soucier d’une cohérence esthétique générale

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- QUARTIER ENTRE FORÊT & OCÉAN Le quartier de Chiberta se développe autour d’un pôle central qu’est le Club House de Chiberta, associé à son lac et son golf. Ce dernier semble structurer l’espace du quartier. Ce paysage propose un cadre de vie de qualité, possiblement influencé par des idées hygiénistes : l’océan et son air iodé d’un côté et la forêt avec son air balsamique de l’autre.

promenade

plage de l’Océan

golf

habitations prestigieuses

boulevard des plages

lac de Chiberta

Club House de Chiberta

forêt du Pignada quartier d’habitation de Chiberta / golf

golf

promenade de la Barre

Coupe transversale du système Chiberta

Résidence isolée dans la pinède > lieu des rendez-vous mondains

L’ensemble de l’aménagement s’adapte à l’environnement, du moins dans son aspect formel. La structure du quartier autour du lac met en en avant un désir de s’intégrer à un contexte naturel. Le parcours évolue au fil du relief dunaire et de la structure forestière que l’on intègre à la structure du golf : l’aménagement du golf créé un jeu de surprise en générant des zones d’ombres sous les pins puis des ouvertures sur l’infinie perspective de l’océan. L’ouverture du golf sur les espaces publics semble créer une perméabilité sur le transversal et donc rapprocher l’habitat de l’océan. Le golf fait lien entre forêt et océan.

Un espace ouvert sur le grand large

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Club House de Chiberta construit par l’architecte Tom Simpson en 1927.

Le quartier est structuré par le golf de Chiberta, qui clairement s’échappe vers l’océan.

Beaucoup de constructions jalonnent le parcours de Chiberta.

Une trame urbaine structure les lieux, mais les architectures de styles biens distincts procurent une diversité aux lieux. L’architecture du quartier est loin d’être uniforme. De nombreuses réalisations témoignent d’une époque architecturale. Le quartier semble suivre la continuité de celui de la Barre. D’importantes demeures se succèdent, ornées de beaux jardins aux styles complètement différents. Certains vont conserver l’atmosphère de la pinède avec les chênes lièges ou autres arbousiers pendant que d’autres vont créer leur propre microcosme à l’aide de palettes végétales comme par exemple avec palmiers et autres yukas. Cette hétérogénéité des espaces naturels ne nuit pas au paysage d’ensemble car la grande majorité des parcelles est délimitée par d’imposantes clôtures qui renferment le jardin privé. Les villas Bagheera, Rêverie, Allaecana ou San Miguel font partie de ces constructions marquantes, témoins d’une époque fleurissante pour le quartier de Chiberta. Néo-mauresque, néo-basque, anglo-normand, art déco, tout les styles sont présents. Cette hétérogénéité semble provenir de la diversité architecturale présente à quelques lieux de là, dans le centre ville de Biarritz. Des architectures plus modernes viennent se mêler à la fête. Elles semblent venir s’implanter dans des fonds de parcelles ou au sein d’espaces résiduels du golf non exploitées. Dans un environnement autant exploité, chaque mètre carré compte. Chiberta le sait et accueille donc à la fois une population résidant à l’année et une population estivale.

Des architectures qui témoignent d’époques multiples, mais toujours tournées vers le lac.

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La qualité de vie est en relation avec l’aire de jeu. En effet, d’autres activités complètent le golf avec le tennis ou l’équitation et le club hippique implantées en forêt du Pignada. Ces activités de loisir sont rattachables à un milieu social aisé, à mettre en relation avec le cadre de vie privilégié qui a été mis en place. Le Club House de Chiberta est doté de résidences. Le quartier de Chiberta correspond à un véritable village en immersion où se mêlent différentes activités convoitées par une certaines élites, représentative du tourisme mondain du début du XXe siècle. forêt du Pignada

lac de Chiberta terrain de tennis

Club House de Chiberta

hameau implanté sur une butte, associé à un blockhaus

centre équestre

snack estival (démontable) poste de secours / restauration (estivale)

aire de jeu du golf de Chiberta

accès en voiture à proximité de la plage

poste de secours / restauration (estivale)

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- ESPACES À HABITER Cet espace est propice à l’accueil du « tourisme de masse ». De nombreuses structures en témoignent : auberge de jeunesse, ancien camping, grands parkings, résidences. Il correspond à la façade littorale la plus aménagée et la plus exploitée (en terme de densité). Cette configuration semble s’adresser à l’accueil d’un publique plus modeste, davantage populaire en comparaison avec les quartiers de Chiberta et de la Barre.

Notre-Dame du Refuge couvent des Bernardines auberge de jeunesse

village vacances

quartier des 5 Cantons

résidences principalement occupées durant la saison estivale

habitat type villa grand parking

Espace de l’Océan restaurations & surf shop

grotte de la Chambre d’Amour

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Le réseau routier est directement connecté à la plage. L’accessibilité est directe et portée sur l’accès pour tous. Le quartier de Chiberta semble être tourné vers une proximité plus intime et davantage privilégiée. La présence d’éléments touristiques tels que les snacks, restaurants, commerces de type surf shop, places, concentre l’ensemble touristique sur le front de mer. Mais cet espace est seulement animé durant la saison estivale. Un rapport temps/activité s’établit sur cette partie de territoire. Ce dernier connaît une véritable mutation selon les saisons. Durant la saison estivale, l’ensemble du front de mer est grandement fréquenté par les touristes et le complexe touristique propose de nombreuses activités (plage, bar, restaurants, évènements sportifs, culturels, etc). La folie estivale terminée, il semble que les locaux reprennent possession des lieux par le biais de longues promenades familiale le long des plages. C’est un espace à deux rythmes. Tout cet engouement est bâti autour d’une poésie à la croisée de la forêt, de l’océan et de la falaise et plus particulièrement grâce à la fameuse grotte de la Chambre d’Amour. En effet ce lieu a fait l’objet de différents mythes et légendes. aménagement de front de mer

urbanisation croissante

plaine verte

parking de la plage

perspective sur les falaises

Dans les temps lointains, Laorens, pauvre orphelin, et Saubade fille d’un riche cultivateur s’aimaient. Ils se retrouvaient souvent, en dépit de l’opposition paternelle, dans cette grotte face à l’immensité de l’océan. Là, ils faisaient le serment de s’aimer jusqu’à la mort. Un jour, l’orage gronda violemment dans le golf, et la mer poussée par le vent du large, monta plus rapidement qu’à l’accoutumée, envahissant la grotte et emportant les jeunes amants. On appela « Chambre d’amour » cette grotte fatale.

«

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promenade des plages

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résidences maillage dense

station touristique : restaurants, snacks, bars, shop promenade

habitations de type villa

quartier des 5 cantons

domaine de Notre-Dame du Refuge

parking

enrochement

Coupe rapport : front de mer / résidence / 5 Cantons / le Refuge

Il est intéressant de comparer l’évolution démographique des trois communes qui n’ont connu aucune croissance démographique entre 1990 et 1999. On peut souligner aujourd’hui la progression continue d’habitants à Anglet et Bayonne, notamment depuis 2008. Cette situation dévoile la prise de position politique en ce qui concerne l’habitation à Anglet. Certes ce front de mer n’est qu’un fragment de la ville, mais il témoigne assez précisément de la notion de densification mise en place depuis ces dernières années en réponse à l’arrivée de résidents annuels. Mais est-ce une réponse justifiée au vue de l’implantation de ces constructions ? En effet, cette dynamique prend forme au niveau des premiers reliefs, au plus proche du front de mer, où le prix au mètre carré est le plus élevé d’Anglet. Cela tend à créer des espaces inhabités hors saison. Bayonne

Anglet

Biarritz

1999

40 113 habitants

35 261 habitants

30 046 habitants

2007

44 498 habitants

37 934 habitants

26 828 habitants

Taux d’évolution annuelle par (19992007)

1,3 %

0,9 %

-1,4 %

Population légale au 1ier janvier 2011

45 722 habitants

39 264 habitants

26 929 habitants

Population

D’après INSEE-RGP 2008 et données ACBA juin 2011.

Plus on avance dans les terres à l’Est et plus l’espace semble se structurer à l’échelle du quartier. Le quartier des 5 Cantons est le « quartier de repli » à l’abri des embruns où l’espace est constamment animé avec des résidents annuels. Le quartier est constitué de maisons individuelles et de résidences. Ces dernières prennent tout leur sens dans cet espace car elles sont directement connectées à un espace public, et un mode de vie en communauté. En effet, le quartier vit tout au long de l’année, en comparaison avec le front de mer en contre-bas.

La place des 5 Cantons récemment rénovée accueille de nombreux évènements culturels tout au long de l’année.

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La présence de parcelles agricoles dans les domaines religieux du Refuge et des Bernardines témoigne d’un passé agricole qui a dû s’étendre sur l’ensemble de ces hauteurs ainsi que sur le long du littoral. Evidemment, les techniques agricoles mises en place sont mécanisées. On observe une place importante de la culture du maïs. Néanmoins, les soeurs s’attachent à cultiver des légumes tels que salades, pommes de terre, etc, ainsi que l’élevage de poulets fermiers afin de les vendre aux habitants. Ce commerce de proximité est très convoité et apprécié par l’ensemble des habitants alentours. La ville à la campagne ou la campagne dans la ville... Domaine des Bernardines Etablissements scolaires Stella Maris Etablissements scolaires Sainte-Anne

fermes d’exploitation

Boulevard du BAB (Bayonne-Anglet-Biarritz)

Complexe religieux : résidences des soeurs, maison de retraite, chapelle, église

culture du maïs

« espaces verts »

stationnements

culture sous serre

Quartier des 5 Cantons

culture « petits légumes »

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- UN QUARTIER SUSPENDU -

La falaise de la pointe Saint Martin correspond à la limite de commune entre Anglet et Biarritz. Elle renferme, sur la plage angloye, un important village de vacance réalisé en 1970 : les résidences du VVF (Villages Vacances Familles). Cette architecture reprend la forme d’un paquebot qui semble échoué sur la plage. Le bâtiment balnéaire s’inscrit dans un contexte particulier, encerclé par la falaise. De multiples architectures s’appuient sur cette morphologie spécifique pour se percher sur la falaise. On y retrouve de nombreuses villas de styles différents : néo-basque, néolabourdine, anglo-normand, etc. Un véritable éclectisme se met en scène sur la falaise profitant du cadre idyllique en lien avec cette proximité avec l’océan. Un dialogue s’instaure entre ces « cabanes accrochées à la falaise » et l’étendue bleue.

Kostaldea falaises végétalisées

résidences / hôtels cheminement piéton

VVF

promenade piétonne

enrochement

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Cet espace est connecté au golf de Biarritz. Golf qui suit une organisation très différente de son voisin Chiberta. Il conserve une structure rigoureuse et à tendance à se refermer derrière ses haies de pittosporum qui le coupent de l’espace urbain dans lequel il est implanté. Seule une perméabilité visuelle existe avec les silhouettes des demeures prestigieuses qui bordent le périmètre. En effet, des villas datant parfois du début du XIXe sièle, comme la « Villa Labat », marquent une époque. Au moment du démarrage de la station balnéaire de Biarritz à la fin du XIXe siècle, le quartier de la Chambre d’Amour est très rapidement associé à l’image de Biarritz plutôt qu’à celle d’Anglet. Le golf de Biarritz créé en 1888 en est une des premières illustrations avec l’essentiel des parcours portant sur le territoire d’Anglet. Le style éclectique du quartier d’habitations exprime l’aisance et le désir de représentation de leurs propriétaires.

falaise végétalisée complexe VVF

éboulis de falaise Golf de Biarritz Kostaldea

villas bordant le golf complexe hôtelier

Hôtel le Regina

Lagunak

Pointe St-Martin

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On observe aujourd’hui un regain d’intérêt pour ce balcon sur la mer. En effet, l’élément ponctuel qu’est Kostaldea (bar estival) a su générer un certain engouement autour cet espace qui était jusque là simplement traversé. Un aménagement a donc été envisagé par la mairie où piétons et cyclistes cohabitent. Cette zone est régulée pour les automobiles et permet de souligner la transition entre les communes d’Anglet et de Biarritz. Cette dynamique s’est développée jusqu’au bas de la falaise, avec l’aménagement d’une promenade sur le devant du VVF, face au souci d’érosion de plus en plus menaçant. Mais une problématique reste assez pesante sur cet espace. Les phénomènes d’érosion opérant constamment, petit-àpetit la falaise se délite. De plus, la végétation qui se développe en appui sur cette dernière est une évolution à double tranchant : elle permet de maintenir et de protéger la falaise, mais en se développant les racines s’infiltrent à travers les failles de la roche et laissent les eaux s’infiltrer. Ce qui provoque d’importants éboulis. L’enjeux majeur se situe donc sur les hauteurs. Que faire des ces villas perchées sur la falaise ? La menace est sous leurs pieds. A tel point que l’un des propriétaires s’est porté garant pour consolider une partie de la falaise en la recouvrant de béton. Ce projet d’envergure ne sera pas réalisable de par l’existance de la Loi Littoral qui interdit les constructions ou installations sur la bande littorale des 100 mètres à compter de la limite haute du rivage. falaises végétalisées hôtels/résidences

aménagements front de mer associés à la promenade

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- UN TERRITOIRE UNIFIÉ -

espaces boisés / végétalisés

éléments répertoriés dans l’Inventaire du patrimoine angloy.

gradient densité bâti N

voie piétonne/promenade voie automobile/cyclable

Les différentes traversées dans ce paysage ont permi de distinguer certains espaces et mis en avant certaines caractéristiques. Cette approche transversale tend à fragmenter le territoire et à dissocier chaque complexe jusqu’à les rendre indépendants et retirer toute inter relations. Mais si nous abordons l’ensemble du territoire par la dimension longitudinale, nous pouvons saisir ce qui fait que ce paysage reste uni. Le fait de le fragmenter nous a permis de saisir les particularités et d’aller dans le détail. Maintenant revenu à grande échelle, nous pouvons comprendre de quelle manière ils interagissent, et s’attarder sur ces éléments « unificateurs ». 26


LA FORÊT La forêt du Pignada prend une place prépondérante dans le paysage angloy. Elle est, de par sa constitution et son histoire, une entité à part entière qui unit les différents quartiers. Grâce aux cheminements verts qu’elle abrite, la forêt du Pignada entretient une certaine connection. Gérée par l’Office National des Forêts, elle s’apparente à un parc en milieu urbain. Cette relation à la ville la rend attrayante pour les habitants qui la pratiquent. De plus, un aspect affectif règne entre le milieu naturel et les riverains. On s’y promène, défoule, on s’y retrouve, on y chasse. Asociée à la forêt du Lazaret, cette vaste forêt renferme de nombreux souvenirs d’un autre temps. Brise-Lame la Barre

Chiberta Blancpignon

la Chambre d’Amour

le Montbrun

les 5 Cantons

les Cigales

N

27


Ce poumon vert est géré par l’Office National des Forêts (ONF) et est traversé de multiples cheminements piétons et de chemins en stabilisé permettant une circulation cycliste. Un véritable réseau se dessine au fil de la forêt, sous la tutelle de l’ONF et de la ville d’Anglet. La ville a fait le choix de rendre cet espace complètement accessible et y a également associé une zone de divertissement. Le parcours santé de Chiberta reflète le désir de proposer une forêt attrayante. Il est appuyé par le parcours accrobranche qui propose des activités pour tous durant la saison estivale. Un parcours suspendu dans les pins comme reflet d’une nouvelle dynamique touristique, bien loin de la forêt vivrière que les doyens de la ville ont pu connaître. Certaines espèces végétales encore présentes prouvent l’intérêt qu’ont pu avoir les habitants pour cette forêt.

Le long de la promenade de la Barre, deux espaces de circulation évoluent parallèlement : une circulation automobile et une circulation verte. Cette dernière à été mise en retrait de la voie automobile, la surélévation permet de sécuriser la promenade. Le cheminement au sein de la forêt permet une immersion dans un cadre plus paisible. Les grands pins maritimes ont été conservé pour concevoir la voie. En effet, le parcours se fait en fonction de la disposition initiale des végétaux, aux allés et venues de la végétation. strate arbustive mise en place Laurus nobilis Cistus salvifolius Pteridium aquilinum ...

Le feuillage dense du laurirer plonge le promeneur dans une atmosphère totalement végétale, à l’écart du monde automobile.

Conservation de la strate herbacée + implantation d’une strate arbustive > séparation physique et visuelle > maintien du talus sableux

villa de Chiberta

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LES DUNES Le territoire d’Anglet est identifié à l’extrémité Sud de la côte landaise avant les premiers contreforts des Pyrénées. Il est pris entre l’estuaire de l’Adour et l’océan au fond du golf de Gascogne, entre ses voisines beaucoup plus connues que sont Bayonne et Biarritz . Anglet possède 3,5 km de côte de littoral et 4,5 km de berges sur l’Adour. Cela provoque une diversité assez frappante au niveau des structures géologiques. Trois faciès sédimentaires se distinguent et provoquent une fragmentation de l’espace. Chaque espace conserve ses propres caractéristiques, notamment un profil géomorphologique spécifique, une flore et une faune associée.

M : une bande sableuse court sur l’ensemble du littoral. Elle est constituée par l’apport de quartz auxquels s’ajoutent des éléments extérieurs en relation avec la nature des roches lorsqu’elles affleurent ; M-D : les sables marins et les dunes forment la plaine côtière alluviale des Landes au sud du dernier méandre de l’Adour ; g2 : les marnes gréseuses du Stampien forment notamment les falaises de la Chambre d’Amour ; Deux importantes terrasses alluviales s’entremêlent avec des alluvions anciennes d’épaisseur importantes allant de 40 à 50 mètres (Fx) et des alluvions plus récentes correspondant aux parties basses (Fz).

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Brise-Lames Izadia

Fz: le ruisseau du Maharin évolue à travers les hameaux d’habitation, un contexte qui peut faire débat.

Lazaret

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Refuge

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un paysage agricole à la confluence des dunes et des terrasses alluviales entretenu par les soeurs du Refuge.

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les sables marins renferment quelques zones humides à l’image du parc écologique IZADIA.

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habitats du quartier de Chiberta

promenade

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Ph a Golf de Biarritz

Le système dunaire évolue sur l’ensemble des quartiers, il participe à l’unité du front de mer. Il est malgré tout, grandement masqué par l’urbanisation de la ville. Le cordon dunaire est principalement absent où sa crête est occupée par la promenade. Néanmoins, le système dunaire se matérialise sous différentes formes, plus ou moins perceptibles.

dune sauvage

Golf de Chiberta

N

Le littoral angloy est composé de 4,5 kilomètres de plage de sable, fragmenté par 4 à 6 épis rocheux et comprend 3 digues ainsi qu’une embouchure ouvrant sur le port de Bayonne. La particularité de ce littoral est qu’il correspond au Nord à la limite entre une côte sableuse et la côte rocheuse au Sud. Le vaste espace côtier d’Anglet, appelé aussi la « Petite Californie », confère à la ville une vitrine remarquable. Il est composé de nombreuses plages séparées par les épis rocheux mais liées du Nord au Sud par la promenade Victor Mendibour (ancien Maire de la ville qui a grandement oeuvré en faveur de l’aménagement du littoral). Le contexte impulse une activité touristique importante, avec pas moins de1 300 000 nuitées en 2013. Mais l’ensemble du littoral est soumis à des phénomènes d’érosion. En effet, le profil des plages a changé depuis ces dix dernières années, les vagues de bord (shorebreak) sont bien plus violentes qu’avant et le sable devient de plus en plus grossier. Quels phénomènes provoquent cette transformation ? Comment y faire face afin de conserver ce paysage attractif ?

Système dunaire Plage de l’Océan

plaine verte promenade / poste de secours / snack

habitation individuelle isolée

stationnement automobile

dune sauvage

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- INTERACTION DE NOMBREUSES DYNAMIQUES Comment associer cette dynamique urbaine avec cette dynamique touristique ? Comment ce territoire peut-il conserver son attractivité actuelle en conciliant une dynamique touristique, une dynamique urbaine et un phénomène de patrimonialisation de fragments de son territoire. La forêt est omniprésente sur l’ensemble du territoire. Si nous avons parfois seulement des bosquets, ces derniers témoignent de l’étalement d’une ancienne forêt. L’architecture sera également un élément de repère dans le temps quant à cet étalement urbain qui s’est opéré durant l’expansion de l’activité touristique. Elle permettra de mettre en avant les évolutions ayant eu lieu au XXe siècle. Et de simuler des prospectives d’évolution, en cohérence avec l’actuel gradient de densité qui s’amenuise vers le Nord. Les actuelles voies de communication encerclent le domaine de Chiberta et s’orientent parallèlement au profil de côte et semble freiner l’expansion urbaine vers la forêt. L’intérêt premier de ce travail était de mettre en œuvre un support permettant d’engager le dialogue avec les porteurs de projets, en vue de la préservation des éléments de patrimoine présents sur les sites concernés. Il ne s’agit pas de rendre le patrimoine angloy immuable mais de permettre sa valorisation dans le cadre de projets d’ensemble. La valorisation et le développement ne sont pas incompatibles ; l’Inventaire du patrimoine a pour ambition d’harmoniser ces deux grands enjeux. Ces différents éléments ont joué un rôle prépondérant dans l’histoire du développement de la ville d’Anglet. Il sera intéressant d’interpréter de quelles manières ils joueront un quelconque rôle dans la conservation d’un paysage touristique. Comment continuer à faire vivre l’activité principale qui a permis à cet espace d’évoluer et de se développer, tout en ne nuisant pas à ce cadre ?

Dynamique touristique

Préoccupation patrimoniale

Dynamique urbaine

Mutation des activités

Comment ce littoral nature peut-il conserver son attractivité actuelle en conciliant une dynamique touristique, une dynamique urbaine et un phénomène de patrimonialisation de fragments de son territoire ?

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MA È PIGNADA PER M’AYDA « LA MER ET LA FORÊT DE PINS POUR M’AIDER »


Le paysage est sans cesse affecté par le temps . Il le fait évoluer, mourir, naître avec toujours la sensation d’une renouveau. Mais un paysage s’inscrit dans un temps qui passe en laissant continuellement des traces, des empreintes de personnes, d’évènements, etc. Certaines évolutions marquantes se distinguent.Afin de les révéler, il sera bon de scinder le temps en différentes périodes traduisant le littoral angloy.

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PRÉAMBULE HISTORIQUE Parfois, on entend dire qu’Anglet n’a pas de passé historique. Il faut avouer que la ville est coincée entre Bayonne et ses fortifications et Biarritz avec son port de pêche. Certes, aucun personnage historique d’importance n’est issu d’Anglet. La ville ne s’est pas développé autour de châteaux, d’une cathédrale ou ou d’une cour princière bien que la Chambre d’Amour ait suscité quelques admirateurs tels que Victor Hugo, Napoléon Ier, Napoléon III... et quelques autres. Avant de constituer une ville, Anglet fut pendant des siècles principalement occupée par des paysans ou de pauvres pêcheurs. L’histoire distingue les grands des petits évènements. Mais le paysage hiérarchise-t-il vraiment cette histoire ? Toute empreinte est le fruit d’un investissement de l’homme sur son paysage. Anglet semble bien posséder ces matériaux, aussi modeste soient-ils, susceptibles de constituer la matrice de sa mémoire et de son histoire.

carte de l’Etat-Major / source Geoportail

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LE PAYSAGE FAÇONNÉ PAR LES ACTIVITÉS DU QUOTIDIEN Durant le XIXe siècle, des campagnes de relevés cartographiques affinent la connaissance et la représentation de la France. L’ensemble des levées de la carte de l’état major furent réalisées au 1/40 000, mais la retranscription restait bien manuscrite. Bien que quelques informations soient parfois erronées, notamment à cause de l’écart de temps entre le relevé et la retranscription, le document se veut assez complet. Il traite des éléments géographiques importants, de la présence de certaines pratiques agricoles, de toponymes marquants, d’infrastructures, ou de masses paysagères. La présente carte nous ramène donc sur le territoire d’Anglet vers le milieu du XIXe siècle. Territoire qui paraît bien inoccupé en comparaison de la représentation actuelle. Remonter le temps par l’entrée du paysage, permettra de saisir plus finement certaines évolutions.

embouchure non aménagée « Douane » zone de quai aménagée espace forestier

vignes

cours d’eau domaines agricoles / polyculture pas d’accès au bas de la zone des falaises

carte de l’état major (1820-1866)

N

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- DIMENSION AGRICOLE SUR LES HAUTEURS -

La ferme Mimiague, de style labourdin à colombage. Le rez de chaussée était destiné au logement et à l’écurie, le premier étage au foin et le dernier au séchage des jambons.

Avant d’être une ville convoitée pour son cadre de vie, sa proximité avec l’océan, les montagnes pyrénéennes et ses forêts, Anglet fut principalement constituée de marais en contre-bas et d’espaces agricoles sur ses hauteurs. En effet, sur le plan topographique, la ville ne constitue pas un « plat pays ». Les dunes littorales entre l’Adour et l’océan cèdent progressivement la place à un relief de bas-plateaux sous-pyrénéens qui culminent à 75m. Deux milieux se distinguent : le haut et le bas. Les hauteurs correspondent à la partie en retrait de l’océan, aujourd’hui au niveau du quartier des 5 Cantons. On y retrouve des habitations appartenant principalement à une classe paysanne. En effet, une majorité de paysans aux fortunes très modestes développent un habitat qui, de manière générale, est assez simple. La mise en relation du cadastre de 1828 avec le recensement de 1830 permet d’établir que sur les 362 maisons identifiées, 56 sont des propriétaires domiciliés en dehors d’Anglet : 48 proviennent de Bayonne, 8 de Biarritz, 1 de Bassussarry et 1 de Saint-Martin-de-Seignanx. Ces derniers possèdent les constructions les plus importantes et associées à celles-ci des terres abondantes. Les domaines se fondent principalement sur les terres les plus riches, sur les terrasses alluviales. Anglet n’était alors donc qu’une campagne parsemée de quelques exploitations agricoles. Sur les 989 habitants, le monde agricole représentait environ 56% de la population angloye selon le recensement de 1817 : constitué par les laboureurs (524), les cultivateurs (10), jardiniers (11), vignerons (6), bergers (5), propriétaire exploitant (1). Le reste de la population est principalement représentée par des laveurs/blanchisseurs(ses) (160), des domestiques et * servantes (155) et des artisans (73). * *

SUTAR

BRINDOS

*

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BAS *

*

Une des plus anciennes fermes d’Anglet, la ferme Camiade date de 1669. Son architecture emprunte autant à la ferme landaise du Bas-Adour ou de la Chalosse, qu’à la ferme labourdine. Elle comporte un linteau de porte sculpté et une façade à pignon, avec un toit à deux versants.

*

HAUT exploitations agricoles importantes au XVIIIe siècle

*

N

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Le Maharin, qui prend sa source dans le domaine de Notre-Dame-duRefuge avait alors une grande importance. Il était utilisé comme voie de commerce fluvial pour acheminer les marchandises depuis l’Adour jusqu’au Port de Gala. Les marchandises venant de l’Adour partaient ensuite vers le plateau du refuge et des 5 Cantons puis vers Biarritz. Il s’agissait d’un axe commercial vital entre l’Adour et l’Océan, expliquant la volonté des habitants d’Anglet de garder la rive gauche de l’Adour face aux extensions souhaitées de la ville Bayonne. Ainsi, ce n’est donc pas un hasard si on trouve encore actuellement les vestiges de cette période à travers ce parcours.

Le domaine du Refuge se développe au sein d’un milieu entre terrasses alluviales et dunes de sable. Son organisation témoigne d’un désir de diversifier la culture au milieu des pins. Le père Cestac souhaite « introduire quelques améliorations dans l’agriculture du pays encore arriéré… ». Le refuge joue donc le rôle de laboratoire où s’expérimentent de nouvelles manières de faire.

l’Adour/ le port domaine du Refuge

chemin d’exploitation / promenade mondaine

cimetière de sable des Bernardines

Bernardines

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Le domaine de Notre-Dame-du-Refuge est situé au cœur de l’œuvre fondée par le père Louis-Édouard Cestac. En 1838, il achète à Anglet le domaine de Châteauneuf pour offrir une maison à la campagne à de jeunes prostituées désireuses de s’extraire de leur situation. Avec quelques éducatrices bénévoles, il organise pour ces jeunes, un projet d’éducation fondé sur l’amour de Marie, la liberté et le travail. La congrégation des Servantes de Marie est fondée le 6 janvier 1842.

pinède vignes

vergers

Etablissement religieux

emprise domaine du Refuge

Perspective agricole sur l’église principale N

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Avec l’aide des Pénitentes, l’abbé Cestac élabore tout un sytème agricole, fondé sur la diversité. Il faut savoir qu’à l’époque, cette personne n’a jamais étudié ni pratiqué l’agriculture. Il se plonge alors dans les livres de botanique et d’agronomie afin de préparer les actions qu’il mettra en place sur les terres qu’il a acquises. Assez rapidement, on voit apparaitre sur le plateau de vastes champs de maïs. Les espaces plus au nord servent de vergers, à proximité de la forêt de pins, qui permettait elle aussi le développement de nouvelles activités.

Une mosaïque de cultures au service du territoire

élevage des volailles

les champs de maïs bordent le centre religieux

travail des foins

religieuses dans les champs de légumes

religieuses dans les champs de maïs

Certaines de ces Pénitentes, désireuse d’augmenter les mortifications et appelées « les Repenties », obtiennent d’habiter des huttes de sable, au nord du domaine. Un jour d’hiver 1846, les paysans entendirent des plaintes et des gémissement sortir d’une chaumière isolée. Ils avertirent les religieuses qui trouvèrent un pauvre homme malade qu’elles transportèrent au Couvent afin de le soigner. Lorsqu’il mourut, il leur laissa son bien qui fut appelé Saint-Bernard. Depuis ce jour, on appella les Repenties les « Bernardines ». De plus, Notre-Dame-du-Refuge devient un centre d’éducation, où les religieuses appelées Servantes de Marie, assurent depuis l’instruction primaire jusqu’à la supérieure. Par la suite, d’autres établissements virent le jour à travers tout le département.

Appelé comme tel, le « Bon Père » mourut en 1868, laissant derrière lui une véritable oeuvre qui vit encore de nos jours. Orphelines Pénitentes Servantes de Marie Bernardines Etablissements

Débuts

A sa mort

7 2 12 14 1

50 200 900 50 150 37


De nos jours, hormis sur le front de mer, les milieux humides d’Anglet sont peu mis en avant. Pourtant, comme les autres milieux, ils ont grandement participé au développement du territoire. Anglet regorge de petits canaux. Ils permettaient d’acheminer les marchandises vers le port ou vers les terres. Mais l’importante activité a suscité d’autres intérêts. Dès le XIIIe siècle des constructions hydrauliques voient le jour avec les moulins. Pour moudre les grains de froment, de maïs et de seigle, sept moulins fonctionnaient à Anglet, d’après le procès-verbal du cadastre de 1828. Ils constituent un véritable patrimoine. Certains ont été détruit depuis l’arrêt de l’activité. Peu ont été restauré, à l’image du moulin de Hausquette, qui abrite encore une famille angloye. Les cours d’eau permettent de créer un connexion entre le haut et le bas. Petit-à-petit, on se rapproche des zones humides, des marais et de l’océan.

moulin de Hausquette aujourd’hui

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Moulin de *VALENTIN

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Moulin de BRINDOS

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carte de répartition des moulins à partir du cadastre de 1828

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- LES DUNES, UN ESPACE D’AVENIR Le bas est à proximité de l’eau, et forme un triangle entre l’Adour et le front de mer jusqu’à la première falaise. Il est en constant mouvement et accueille des points marécageux, encore présents de nos jours : le lac de Chiberta et les lacs de Boucau. A partir du VIe siècle, l’ensemble du littoral voit apparaître des dunes compactes et volumineuses, qui par les vents marins, vont se déplacer à l’intérieur des terres formant un obstacle à l’écoulement des eaux du plateau landais. Celles-ci finissent par ensabler de grandes étendues de boisement. Avant le XVIe siècle, se produit un nouveau phénomène d’ensablement massif, qui finira par former ce gigantesque barrage qui abrite les étangs littoraux. Cette mobilité ne permet pas d’exploiter ces espaces. C’est pourquoi durant le XVIIIe siècle, de nombreux acteurs ont cherché à fixer ces sables. Leur boisement permet de fixer les sols sableux. La forêt ainsi créée est le fruit de longs travaux : commencés en 1801, ils sont officiellement achevés en 1868. Elle doit une partie de son développement aux investissements de l’empereur Napoléon III qui entreprend d’harmoniser les techniques, en prenant à sa charge les travaux. Sa principale action fut de planter des pins maritimes afin de stabiliser les dunes. dunes mobiles vignes

milieux humides/ marais

XVIe siècle

pinède artificielle lac de Chiberta

Les pins qui poussaient sur la frange forestière résistaient aux tempêtes tant bien que mal, déformés par le vent et brûlés par les embruns.

DE

L’AMÉNAGEMENT

DUNAIRE

élévation de la dune grâce aux pallissades de branchages

COUPES

ÉVOLUTIVES

XIXe siècle strates herbacées / arbustive de stabilisation

XIXe siècle

vignes

pinède

Aquarelle André Grimard « La Grande Dune dans le lointain »

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terrasses exploitée sur les hauteurs

vignes

Grâce aux investigations menées, le front de mer devient de plus en plus accessible. Le lieu est pratiqué et les caractéristiques que développait la fôret de pin devient très rapidement une ressource pour les habitants. Les feuilles mortes servaient de litière pour les animaux, avec le jonc fauché au marais.

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occupation des vignes de la Chambre d’Amour en 1729 source : archives de la CCI de Bayonne.

Fin 1800, le travail de la vigne dans les dunes produit un petit vin blanc sucré. Sous domination Anglaise, les viticulteurs qui le produisaient déjà au XIIe siècle, avaient pour habitude de l’exporter jusqu’en Angleterre. Ces vignes n’étaient jamais taillées et étaient protégées des embruns de la mer par des palissades de genêts coupées non loin de là. Tout cet aménagement a permis le développement de multiples activités agricoles autour de la pinède. Des activités agricoles qui, comme nous le verrons, vont impulser, grâce au développement technique à cette époque, une dynamique industrielle.

Le lac de Chiberta, vestige de l’ancien lit de l’Adour qui se jetait autrefois à proximité, formait un plan d’eau paisible où venaient boire les bêtes. Les gemmeurs, eux, avaient pour habitude de faire pleurer les pins afin d’en récolter la résine.

gemmage dans la forêt du Pignada

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Ces pratiques ont perduré pour certaines jusque dans les années 1930. Certaines mémoires se souviennent : « Aujourd’hui, on monte à la cime des arbres (actuel parcours accrobranche) pour apprécier la forêt. Avant, on l’appréciait différemment : on ramassait les pignes et la gemelle, très bons éclats d’écorce de pin pour allumer le feu. On ratissait la jolie mousse de dessous les pins pour prendre les aiguilles de pin. La forêt c’était ça ! » Tout cet engouement autour de la forêt participait à une certaine gestion : « La forêt de pin était très propre parce que les blanchisseuses allaient ramasser la feuille de pin (les pignes et les copeaux des gemmeurs) pour faire la lessive, et enfin faire bouillir le linge ! Il y avait beaucoup de fleurs dans les pins : les immortelles, les oeillets, les genêts, la bruyères, etc. » A la même période, une industrialisation se développe à partir de l’artisanat. Elle répondait à des besoins locaux. A ce sujet, l’ancien élu angloy et professeur d’histoire Paul Dejean aime à rappeler qu’il existe à Anglet une mémoire des ouvriers et non pas une mémoire ouvrière car différents ateliers indépendants parsemaient Anglet. Il n’y avait pas une activité pré-dominante mais une dispersion sectorielle. Le quartier de Blancpignon reflète cette dynamique car il a accueilli de nombreuses manufactures. La résine issue du gemmage par exemple était traitée directement par une firme angloye qui se chargeait de confectionner des matières plastiques à partir de la matière première locale. La plupart de ces infrastructures se sont développées sur la rive gauche de l’Adour, entre Blancpignon et le Lazaret afin de bénéficier de la proximité du point d’eau. Il se laisse dire par les plus anciens que « ces firmes étaient comme des familles », et parfois « on rentrait presque dans un métier comme on rentrait en religion ». Puis en 1936 vient s’implanter dans ce secteur l’usine d’aviation Dassault, ce qui développa l’offre d’emploi, à une toute autre échelle.

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La Buvette de la Grotte, aujourd’hui en ruine, donnait un petit remontant aux charroyeurs qui gravissaient la longue côte avec leurs mulets. Une scène que nous ne sommes pas prêt de revoir.

Vers 1880, il y avait trois carrières de pierres exploitées dans la falaise. Elle servait à la construction de maisons et de clôtures. L’extraction et le charroi de pierre et de sable étaient une industrie pratiquée par les habitants du quartier. En 1910 les autorités refusèrent l’installation de voies avec wagonnets, et en 1911 la municipalité demanda l’arrêt des extractions, considérant que « la plage est le rendez-vous de nombreux baigneurs et touristes, gênés dans leur tranquillité par les allées et venues des charretiers » mais aussi pour protéger la falaise. Les charroyeurs, bouviers et muletiers disparaissent. Peu de vestiges restent de cette activité. Un renouveau semble émerger dans les pratiques locales : « Les fermes d’Anglet ont presque toutes disparu après la guerre de 3945 ! Il faut dire que pour pouvoir lutter il aurait fallu s’équiper des nouvelles mécaniques » « On cultivait principalement des légumes de saison, puis on produisait de la viande et du lait de vache. Le tout était vendu en grande partie à l’étalage des halles de Biarritz ou aux hôtels. Tout était manuel, il y avait du personnel, très souvent de jeunes basques venus des terres. Mais le développement du transport ferroviaire fait venir des légumes, et la lutte est compliquée. »

Les troupeaux de bovins côtoient la chasse à courre de Chiberta.

Depuis le milieux du XIXe siècle, les premiers visiteurs venus pour la plupart depuis Biarritz et Bayonne, cohabitent avec les paysans locaux. Mais il semble que l’évolution technologique, notament celle du transport, ait succité un déplacement de vacanciers de plus en plus important. De plus la mécanisation agricole ne nécessite plus autant de main d’oeuvre que jadis. On évoque le désir de développer ce front de mer, où malgré tout, des activités agricoles sont encore présentes. En 1873 eût lieu la première réunion à l’Hippodrome de la Barre. Comment les vignerons et les agriculteurs riverains ont-ils perçu ce nouvel aménagement ? Comment vécurent-ils l’irruption dans leur mode de vie traditionnel d’une haute société aisée en quête de loisirs et de spectacles ? Le large pantalon du vigneron côtoie-t-il le pantalon « golf » à la mode ? Les prémices de la lutte pour la terre sont là. La terre commence à devenir objet de pression financière et de spéculation immobilière. 42


Domaine Notre-Dame du Refuge Blancpignon Douanes du Lazaret aménagement rive gauche

Tour des Signaux

les Bernardines pins maritimes martyrisés par les embruns

le Maharin

vignes sur l’arrière dune

exploitations agricoles parsemées à travers les différents quartiers extraction de sable

Phare de Biarritz

carrière de pierre dans la falaise

lac de Chiberta lacs de Boucau

Repérage des activités à l’échelle de la commune & les formes du paysage qui en découlent. 43


MUTATION DE L’IMAGE DU LITTORAL - CHANGEMENT DE REPRÉSENTATION CULTURELLE - du rivage de « l’effroyable spectacle » au « lieu privilégié » -

A cours du XIX siècle, la côte basque connait de profonds changements, avec en autre le développement du tourisme. A l’origine, le littoral n’avait rien d’attractif, il était au contraire connoté négativement. On parle d’invention du littoral car le tourisme s’y est développé par étapes successives. Le regard porté par l’homme sur le littoral a évolué aux cours des siècles. Assimilé à l’enfer au Moyen Age et à l’imaginaire du déluge par les chrétiens, le littoral fait peur. L’essor du romantisme à la fin du XVIIIe siècle, va marquer un tournant dans la représentation de la nature en règle générale. La nature inspire et le regard des artistes influe directement sur le public. Au XIXe siècle, Anglet regorge d’éléments qui inspirent. Les dunes parsemées de pins maritimes torturés, la longue avancée de la pointe Saint-Martin sur l’infinité de l’océan et la mystérieuse grotte de la Chambre d’Amour. Cette dernière n’est pas perçue comme une simple ouverture dans la roche ni une réalité topologique, elle est aussi un lieu à part entière dans la ville. Autour de cet espace gravite des légendes, et tout l’imaginaire qui s’y prête. Cela fait plus de quatre siècles que les artistes et plus particulièrement les poètes s’appuient sur ce lieu. Une grotte au carrefour du rêve et de la réalité. Le simple nom de cette grotte évoque tout l’enchantement qu’elle peut porter : « Chambre d’Amour ». Elle abrite un imaginaire au sein duquel règne une passion, préservée des menaces extérieures, celles du réel.

Les deux amants Saubade et Laorens. Issu de l’Hermite en Province, 1818.

La grotte devient donc un espace prisé par les visiteurs avides de mettre une image sur ces légendes. Ils y découvrent par la suite la transition entre les sables au nord et les falaises basques au sud.

Aquarelle André Grimard « Le Cout d’Haïtzar » 1913

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La ville de Biarritz devient le pilier du tourisme. En plus de son important linéaire de falaise fascinant, les médecins de Paris recommande l’eau du littoral basque pour sa pureté à propos des bains de mer, prescrits comme traitement médical. Cela va provoquer des changements considérables quant à l’aménagement du front de mer. Le village de pêcheurs disparait peu à peu pour devenir une villégiature balnéaire aux formes urbaines. Mais cette activité reste réservée à la haute société. C’est pourquoi, l’image prêtée au littoral devient rapidement celle d’un salon mondain où il est bon d’être vu. Cette dynamique e été grandement accélérée par la présence de Napoléon III. Celui-ci est conquis par Biarritz et ses environs et, soucieux de plaire à son épouse Eugénie, il décide la construction d’une résidence d’été qui portera le nom de villa Eugénie. La Cour s’installe et conforte l’évolution de la côte basque. Directement influencé par cette dynamique, Anglet devient très rapidement l’espace « nature » de Biarritz et des communes avoisinantes. Les ballades s’entreprennent sur la falaise et à travers la pinède. Des constructions se mettent en place de manière ponctuelle à proximité de la Chambre d’Amour. En 1884, le conseil municipal accorde la construction et l’exploitation d’un établissement de bains. Sous l’incitation de Napoléon III, une chapelle est construite à la Chambre d’Amour, preuve de l’affluence des estivants venus pour se baigner. C’est à cette période que la ville d’Anglet prend conscience de la qualité des espaces qu’elle possède sur l’ensemble du linéaire côtier. Ces grands espaces non aménagés occupés par les terrains ruraux et les sables de Chiberta, sont mis à profit. Anglet se lance dans l’installation d’équipements de loisirs et dans l’aménagement d’espaces touristiques, dans la continuité de Biarritz. cheminement d’accès aux bains

dunes en partie végétalisées en arrière plan

les sables montent sur la falaise

Les touristes vont inventer la plage, « c’est-à-dire inventer un regard, inventer un usage, et donc l’inventer en tant que lieu ». (DESPREST Florence, 1997).

André Grimard Le château de sable, 1917. « En cette fin d’après-midi sur la plage déserte qu’aucune trace de pas n’a marqué, Geneviève et Jacqueline onstruisent un château de sable que la marée effacera bientôt. » Serait-ce les prémisses d’un littoral abondamment construit ? hôtel le Regina : reflet de l’essor du tourisme mondain la falaise est sujet à d’importants éboulis/ peu de végétation accrochée

les villas sont déjà en place sur la falaise

établssement de bain de 1884

la Chambre d’Amour avant 1924

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- AMÉNAGEMENT TOURISTIQUE DE LA CÔTE - sous forme de générations Divers projets emmergent quant à l’aménagement des terres angloyes. La plupart se basent sur le front de mer. Mais pas seulement car le projet d’un chemin de fer entre Bayonne et Biarritz en passant par Anglet se discute à partir de 1872. L’avis favorable donné, le tramway du B.A.B. (Bayonne Anglet Biarritz) est en marche en 1877. Mais cette ligne traverse la campagne environnante et ainsi marque quelques bouleversements quant aux pratiques agricoles. De plus, la halte des 5 Cantons à Anglet est critiquée de par son éloignement avec l’église du centre ville. Suite aux voeux formulés par la population, le BAB est complété par le BLB (Bayonne-Lycée à Biarritz) en 1888. établissement de bains de la Chambre d’Amour villa Eugénie

N

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le golf de Chiberta s’immisce en 1924 avec son Club House à travers les pins et dunes

Le V.F.D.M. (Compagnie des Voies Ferrées Départementales du Midi) au service de nouvelles activités _ 1926

forêt du Lazaret Douanes aménagement des quais

quartier Blancpignon / implantation de multiples firmes liées aux activiés locales

forêt du Pignada

Domaine du Refuge se développe en indépendance de toutes évolutions extérieures

quartier Montbrun se développe entre le Maharin et la forêt du Pignada

quartier des 5 Cantons

golf de Biarritz réalisé en 1888. De nombreuses villa aux styles éclectiques encerclent l’aire de jeu

ligne

VFDM

aérodrome de la Chambre d’Amour construit en 1912

Hippodrome de la Barre réalisé en 1870 près de l’embouchure de l’Adour

quelques parcelles de vigne en arrière dune se maintiennent

En 1924 un raz-de-marée dévaste l’ancien établissement de bains qui doit être consolidé. Il est reconstruit trente mètres plus loin. Le nouveau “petit établissement de bains” fonctionne jusqu’à la fin des années cinquante.

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« Plusieurs membres ont observé que les cinquante hectares de terrain concédés à M. Labat par la commune d’Anglet sont plus que suffisants pour contenir une piste d’entraînement et tout ce qui peut marcher avec l’établissement d’un Hippodrome, que la concession de ces terrains a nécessité la destruction d’une bonne partie des vignes, ce qui a déjà causé un grand mécontentement vu la difficulté de trouver des endroits convenables pour en établir de nouvelles, que non seulement sur ces terrains on cultive la vigne mais encore toutes les primeurs telles que pois, asperges qui nous viennent de ce quartier. Leur produit fournit une certaines aisance à une population laborieuse, et la demande faite par M. Labat pour l’achat des lais de mer, surtout la longueur des vignes qui nous restent porterait une grande gêne pour les transports d’engrais et autres qui ne se font et ne peuvent se faire que sur cette partie du côté opposé se trouvant un sable mouvant très accidenté et ensemencé de pins jusqu’au clôtures, ce qui rend les transports avec charrettes, à peu près impossible. D’autres font remarquer qu’on recueille sur cette plage les varechs rejetés par les flots et qui sont les seules ressources d’engrais dont on dispose pour ces cultures. Si cette concession était faite, il deviendrait impossible de les recueillir et la perte éprouvée par les cultivateurs serait considérable. D’autres font ressortir aussi que cette plage est un lieu de chasse et de pêche, qu’elle sert aussi de promenade aux étrangers dans la saison des eaux, et qu’il serait fâcheux pour l’avenir de nos bains de mer, de voir céder par l’Etat à un particulier un lieu utile et agréable à toute une population. »

La terre devient un objet de pression financière et de spéculation immobilière.

emprise souhaitée par Felix Labat

N

Si l’on raisonne par générations, la première station touristique est Biarritz. Bien qu’elle soit née de l’impulsion d’initiatives privées, c’est elle qui a développé et impulsé cette dynamique touristique. Fréquentée par l’élite de la société française mais également européenne voir mondiale, Biarritz a su mettre en place un ensemble architectural répondant à un code urbanistique en associant un front de mer, un casino et de grands hôtels. Anglet profite d’une proximité pour mettre en place de nouvelles activités, qui parfois sont dépendantes de celle de sa voisine. L’implantation de l’Hippodrome de la Barre, en 1870, a opposé deux camps : les viticulteurs et la Société des Courses de Biarritz et plus particulièrement Félix Labat. Ce dernier demande à la municipalité, au nom de la Société, la concession d’un terrain de 40 à 50 hectares pour l’établissement d’un Hippodrome. La municipalité donne un avis favorable bien que des vignes soient cultivées sur la parcelle. Néanmoins un accord est trouvé entre les deux camps et la commune se charge de l’indemnité. Mais M. Labat ne se contente pas et réclame une parcelle allant de l’Hippodrome jusqu’au ruisseau du Moulin Barbot. Le conseil refuse. Le compte rendu de la délibération témoigne très clairement de la réaction des paysans face à cet aménagement puis il rend compte de l’un des derniers témoignages sur les modes de vie d’une société en déclin face aux aménagements touristiques.

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Anglet a un potentiel foncier intéressant, et de nombreuses personnes le savent. Ainsi, en 1924, la société « Biarritz Anglet la Forêt » devient propriétaire de 150 hectares de forêts et de dunes entre la chambre d’Amour et la Barre. Ce large espace est voué à accueillir un golf. Un golf dans un milieu sablonneux peu paraître inconcevable. Un parcours est définit et un important amendement de terre est mis en place. Le lit de sable permet de jouer durant toute l’année. Ce projet fut commandité par le Duc de Windsor et en 1927 Tom Simpson réalisa le « plus beau golf du monde » comme le précisait le contrat. Le Club-House de Chiberta rassemblait tout le beau monde de l’époque. De la même manière, ce complexe est fait par et pour des gens de classe sociale bien aisée. Le cadre était saisissant. Il inspira quelques poètes de l’époque à l’image de ces quelques lignes du Compte de Jouffroy d’Abbans : « Depuis le Club House, le parcours s’incline en pente douce jusqu’à l’océan. C’est là un cadre de féerie, un paysage d’une savante harmonie où tout se trouve réuni pour provoquer l’émerveillement : un lac d’une poésir paisible, des verdures moeulleusement vallonées et une profusion de pins aux fûts argentés dont la verdure plus sombre fait valoir les jades et émeraudes des gazons. »

La carte du Syndicat d’Initiative du Pays Basque de 1926 traite du golf de Chiberta, où celui-ci évolue au sein de la forêt jusque vers l’océan. Des cheminements y sont donc associés. Déjà, le domaine semble vouloir faire évoluer le lieu en quartier autour du lac. Une trame se dessine à travers la forêt à l’Est. Mais à partir de 1940, Chiberta est complètement bouleversé par l’occupation allemande. Ceux-ci prennent possession du littoral pour en faire un zone de défense et de surveillance. De ce fait, les dunes à proximité du littoral ont été malmenées et aplanies afin de faire passer les engins chargés de la réalisation des blockhaus. Ce qui modifia profondément le front de mer. Forte heureusement pour le site Chiberta, M. Chassagny se porte mécène en 1940 et assume toutes les opérations de restauration pour faire reverdir les parcours. La vie sociale et sportive du club reprennent dès lors que les travaux furent finis.

N

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Vue aérienne 1938 _ source géoportail

> une trame urbaine autour du lac est mise en place > la voie VFDM dessert l’Hippodrome et le golf de Chiberta > cette voie est bordée de quelques villas

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Vue aérienne 1945 _ source géoportail

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> après guerre > suppression de multiples périmètres de forêt > délaissement de l’Hippodrome > aménagement en dur de l’embouchure 50


Vue aérienne 1962 _ source géoportail

> reprise des courses de chevaux à l’Hippodrome > regain de la forêt > mise en place du camping de la Barre

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Vue aérienne 1972 _ source géoportail

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> développement du quartier Chiberta, le quartier s’organise dans la forêt jusque sur les permières dunes > des cheminements plus marqués se dessinent au travers de la forêt > le quartier de la Barre accueille quelqes habitations 51


Les trente glorieuses d’après guerre vont directement influencer les futurs mutations du littoral. Anglet prend soin de ses visiteurs et veille à ce qu’ils ne manquent de rien. La ville édifie en 1884 le premier établissement de bain angloy au niveau de l’actuelle plage du VVF. Soixante quinze cabines et un large assortiment de costume de bain sont à disposition des baigneurs. Un guide-baigneur est présent pour surveiller l’ensemble. En règle générale, les baigneurs ne s’aventurent pas bien loin, au risque d’être emportés au large. Jusqu’au jour où, en 1924, un raz-de-marée détruit l’établissement de bain. Mais celui-ci est reconstruit trente-mètre plus loin. Son activité perdurera jusqu’à la fin des années 50.

établissement de bain version 1

un cheminement aménagé dessert l’établissement et s’en va vers la falaise

la végétation s’installe peu à peu sur la roche

Dans la même dynamique mais sous une toute autre forme, l’établissement de bains de la Chambre d’Amour naît en 1928. Cette architecture de style art déco devient le repère de tous les noms prestigieux où vient se mêler une population avide de belles choses. L’établissement correspond à une annexe privée de l’hotel Regina situé à proximité du phare. Il est constitué de cabanas (cabine de bain), d’un bar et d’une piscine où défilent mannequins, voitures, etc. Des concours d’élégance , des épreuves sportives et des dîners gala s’organisent durant la saison estivale. Mais au début des années 1970, de fortes tempêtes endommagent la piscine et contraignent l’établissement à fermer ses portes en 1977 malgré des efforts de protection mis en place. Les aménagements en front de mer font fureur. A tel point que les maîtres nageurs sont parfois débordés. Bernard Prieto et Noël Gonzalez confient « avec l’arrivée des congés payés, ça n’était pas facile en tant que sauveteur en ce qui concerne les limites de bains...». Car la Chambre d’Amour était l’unique plage surveillée, et il était interdit de s’aventurer en dehors de ses limites.

établissement de bain version 2 en 1924

un espace de plus en plus populaire

Ce point de vue place l’établissement au sein d’un espace aux allures désertiques, pris entre la forêt de pin et l’océan. 52


en arrière plan, les habitations se mêlent aux espaces boisés

piscine de l’établissement mini golf établissement de bain de la Chambre d’Amour

des aires de stationnement s’installent en bordure de plage/ la démocratisation de la voiture impose de nouveaux aménagements conséquents

l’ancien bistrot des charroyeurs

bar / restaurant

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Dans la continuité du golf de Biarrtiz, au pied de la pointe Saint Martin et du phare, un parcours de golf est mis en place. On y descend par un petit cheminement depuis le haut de la falaise. Le parcours est en activité jusqu’en 1948, où finalement et à titre d’essai, on y installe un emplacement pour campeurs. Il restera en activité jusqu’en 1952. Dans ce souci d’accueil du public en front de mer, la Barre met à son tour un camping en place. Puis en 1956 c’est au tour du camping de Fontaine Laborde de voir le jour. Le contexte social et politique favorise la démocratisation du tourisme littoral. Le nombre de départ en vacances est considérablement monté en flèche. Ces premiers aménagements d’accueil laissent entrevoir l’arrivée massive de touristes, issus de classe moyenne et populaire. Le littoral se démocratise et est perçu comme un espace ouvert et accessible à tous. Dès lors, on assiste à une massification de l’urbanisation littorale. Certains campings sont supprimés afin d’y installer des structures plus robustes, affirmant l’orientation politique de la ville. Anglet voit donc s’élever des architectures plus ou moins imposantes sur son littoral. Ces constructions de grands ensembles collectifs sont principalement financées par des promoteurs privés et l’Etat. 54


Des espaces divertissants au service du tourisme _ 1950 l’Hippodrome de la Barre et ses tribunes encercle les lacs de Boucau

camping mis en place par la municipalité

Chiberta conserve sa structure initiale et accueille de nouvelles bâtisses après la guerre

établissement de bain de la Chambre d’Amour avec sa piscine et ses cabines. Un mur de protection est mis en place afin de s’abriter des fortes vagues

les quartiers biarrots s’étendent et empiètent sur la commune d’Anglet

camping ouvert

développement d’’habitations à proximité de l’océan des blockhaus allemands se dissimulent à fleur de dune

un blockhaus est construit dans la falaise et est en connection avec une villa

stationnement automibile

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- UNE URBANISATION QUI ALTÈRE L’IMAGE D’UN LITTORAL NATURE -

du golf « sauvage »

De ce fait, le terrain de la Chambre d’Amour voit naître le village vacance VVF. Vendu en 1965 un permis de construire est déposé en décembre 1968. Le Village Vacances Familles de la Chambre d'Amour est l'oeuvre de l'architecte bayonnais Jean-Raphaël Hebrard. Cet architecte est connu pour son style régionnaliste qu’il a développé à travers le Sud-Ouest. L’imposante architecture aux formes de navire sera terminée en 1970.

au village vacance VVF

en passant par le camping

Toutes ces infrastructures se mettent en place sous la période de l’évolution de la voiture. Celleci nécessite des aménagements conséquents et va même prendre le pas sur les voies de tramway qui jadis constituaient un bien commun. L’individualité de la voiture va métamorphoser les quartiers et le front de mer avec l’aménagement de vastes parking en enrobé. Cette seconde génération de tourisme entraine des modèles individuels d’habitats comme le camping ou pour les plus aisés l’acquisition d’une résidence secondaire. Mais où est-ce que ces constructions s’établissentelles ? Principalement sur la zone de pente entre le haut et le bas. Les habitations sont principalement individuelles. Quelques auberges de jeunesse et résidences sont présentent. Mais petit-àpetit, l’espace se faisant rare et précieux, les promoteurs immobiliers édifient de grandes résidences car la dynamique touristique est puissante et la croissance démographique se fait également ressentir sur la côte.

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Vue aérienne 1938 _ source géoportail

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Vue aérienne 1954 _ source géoportail

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> extension du quartier des hauts de Biarritz > contexte d’après guerre > front de mer en partie bâti concentré au niveau de la Chambre d’Amour > Chiberta accueille quelques bâtisses > les construction se densifient le long des axes routiers 57


Vue aérienne 1968 _ source géoportail

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> plus aucune trace de vigne > évolution du quartier à travers la forêt de pin autour du lac de Chiberta > le quartier Chiberta s’étend au Sud > urbanisation importante sur la partie Nord de la Chambre d’Amour

Vue aérienne 1974 _ source géoportail

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> prolongement de la dynamique urbaine de Chiberta sur l’ensemble de la partie en pente > développement du quartier des 5 Cantons depuis Biarritz

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Vue aérienne 1985 _ source géoportail

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Vue aérienne 1996 _ source géoportail

N

> les zones identifiées continuent à s’étendre notamment à l’instar > loi Littoral de 1986 interdit les constructions pérennes à 100 m du rivage de la forêt > des demeures s’installent sur les première dunes et côtoient le golf en > le périmètre du Domaine du Refuge reste quasiment identique front de mer > la forêt subit l’expension urbaine

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Le front de mer s’est très clairement densifié. En plusieurs étapes avec en premier lieu, d’importantes villas, puis avec de l’habitat individuel. L’espace semble être de plus en plus saturé à tel point qu’un promoteur immobilier achète le camping Fontaine Laborde en 2008 afin de le détruire et d’y implanter une succession de logements collectifs. Il faut savoir que ce camping était présent depuis 1956 et accueillait bon nombre de vacanciers en période estivale. L’ancien adjoint au maire à l’urbanisme se confie au journal Sud-Ouest à ce sujet : « Nous nous sommes retrouvés démunis. Le prix du terrain étant supérieur à la rentabilité que peut avoir un camping, Fontaine Laborde a été une victime collatérale de la spéculation immobilière à Anglet. » Vue aérienne 2002 _ source géoportail

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Le désir de s’implanter en masse au sein d’un cadre de vie privilégié peut nuire à ce contexte.

> un littoral qui mêle dorénavant villas remarquables et habitats collectifs 60


En parallèle à cette problématique de densification, un fait frappe de manière récurrente les différents aménagements de front de mer. Ce phénomène se nomme l’érosion marine. Les premières infrastructures mises en place tel que l’établissement de bains de la Chambre d’Amour est l’un des premiers édifices à subir les flots. Pourtant, un mur de protection permettait de contrer les vagues et ainsi mettre le bâtiment et ses aménagements en sécurité. Mais ce que la municipalité ignorait, c’est que cet aménagement allait devenir le témoin du phénomène d’érosion qui frappe Anglet. A l’époque, ils n’auraient pu imaginer que l’écologie des plages avait été tant perturbée par les activités humaines à l’entrée de l’Adour. Pour la ville d’Anglet, ce mur de soutien sera, à l’avenir, le témoin d’une avancée inexorable de la mer sur la terre. Cela se traduit dans un premier temps par des désensablements réguliers au pied du mur, avant de voir apparaître les premières dégradations sérieuses dès 1963. Certes, sa construction aura accéléré l’érosion de la plage en stoppant les échanges sédimentaires entre le rivage et les dunes, mais si les plages avaient continué leur avancée naturelle sur la mer, sous l’accumulation permanente du sable que l’océan livrait quotidiennement, ce mur serait devenu une curiosité de plus en plus éloignée des vagues. La plage du Club s’est décaissée au fil des décennies et le phénomène s’accélère. Sauter depuis le quai est devenu dangereux! Pour accéder à la plage, de nouveaux escaliers en bois ont été installés à la place des anciens escaliers de pierre disparus.

hôtel Marinella avant destruction

Un hôtel en bordure de plage est également construit sous cette même dynamique. Le « Marinella », dont une plage porte désormais son nom, fût grandement menacé par l’érosion à tel point qu’il était nécessaire de le détruire. Tant d’investissements partis à la mer.

La plage du Club au tout début des années 60 avec bien moins de sable. 61


Mais ces phénomènes s’organisent à une plus grande échelle. Car alors qu’il avait pour coutume de draguer 350 000 m3 par an, le port de Bayonne va extraire en 1961, 680 000 m3 de sable au niveau de l’embouchure de l’Adour. La disparition de ce stock va rapidement se faire ressentir au sud d’Anglet avec les premiers désordres contre le quai la même année, avant de provoquer le début de la chute du mur de soutien en 1963. Les extractions par la terre s’intensifient aussi de chaque côté de la sortie du fleuve pour le compte des entreprises de travaux publics qui prélèvent chaque année 600 000 mètres cube. En 1963, la construction de la digue du Boucau, longue de 1100 mètres, vient se dresser comme un rempart contre la dérive naturelle du sable. Les plages d’Anglet sont désormais enclavées entre la pointe Saint Martin et la grande digue nord. Cet édifice artificiel, est à l’origine mis en place afin de palier aux effets d’un contre courant sud-nord devant la côte angloye. Ainsi, cette digue s’impose comme le grand accélérateur de l’érosion des plages d’Anglet. 2

x108

1,5 1 0,5 1975

volume (m3)

0

1961

1974

1960

1965

1990

1995

2000

2005

volumes dragués volumes de clapage côtier

activité de dragage à l’entrée de l’Adour et clapage côtier de 1974-2007 source : Casagec

La raison d’une telle baisse des volumes ramenés à la côte s’explique par la mise hors service de la drague à demeure en 1991. En 2004, nouveau coup dur pour les plages puisque le clapage côtier est définitivement stoppé par la volonté du président de la communauté d’agglomération du BAB pour des suspicions de pollution de ses plages. Personne ne s’opposera à cette décision. Mais cette politique d’arrêt engendrera des conséquences qui vont être une nouvelle fois désastreuses pour les plages.

1971

1975

Le front de mer est menacé. Malgré des missions de consolidation du mur de la Chambre d’Amour, celui-ci ne semble pas pouvoir résister aux perturbations érosives. Les vagues ont décaissé l’estran et mis à nu les fondations du mur. Plage de la Petite Chambre d’Amour 1971/1975, le décaissement de la plage met en péril le VVF.

source : Association SOS Littoral Angloy

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La considération de l’érosion participe à la gestion de la côte. Afin d’entretenir les fondements du tourisme angloy autour du littoral nature, des habitants se rassemblent sous une association, en réaction à la tournure des évènements. Différentes missions sont mises en place. >> la drague >> mission d’entretien des plages grâce à la mécanisation >> s’adapter ou lutter ?

gestion depuis la mer photo de Paul Daraignez

gestion jusqu’à la terre

Ces différentes générations d’aménagement se sont succédées au fil du temps, à travers des tendances et des pratiques de la clientèle sur le littoral. Le tourisme se développe parfois de manière assez réactive. Ces évolutions introduisent une nouvelle représentation du littoral nature et l’émergence de la notion de préservation. 63


REGARD SUR UN PAYSAGE

EN TENSION ENTRE

DÉVELOPPEMENT

&

PRÉSERVATION


- RETOUR SUR UN PAYSAGE CONVOITÉ Une première approche du littoral angloy a permi de faire émerger les dynamiques et enjeux qui donnent des perspectives pour l’avenir. Le retour historique donne conscience de l’atmosphère qui régnait sur le territoire angloy. Des pratiques se mettent en lumière et permettent de mieux saisir le paysage actuel. La reconstitution des différents états paysagers qu’a connu Anglet appelle au souvenir et à l’imaginaire. Le littoral angloy a subi de profondes mutations durant les deux derniers siècles. La commune d’Anglet possède un cadre de vie rentable à tout niveau d’activité. Les paysans y exploitaient leur matière première. Tandis que les financeurs du tourisme s’appuyaient sur ce cadre pour développer de nouvelles pratiques à une nouvelle économie. Ainsi, l’agriculture en place depuis plusieurs siècle a cédé sous la pression touristique. De ce fait une nouvelle société se met en place, associée à cela une nouvelle économie.

Spatialisation des dynamiques naturelles et humaines Pôle touristique Urbanisation Patrimoine architectural Dynamique érosive Périmètre ONF

N

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Mise en scène des acteurs associés aux enjeux

LUTTER OU S’ADAPTER À L’ÉROSION Acteurs : Collectivité, Agglomération (ACBA), CAUE, Conservatoire du Littoral, GIP Littoral Aquitain, Associations Moyens d’actions : PLU, SCoT, Mesure de protection (Loi Littoral, Natura 2000, ZNIEFF)

POLITIQUE D’URBANISATION Acteurs : Collectivité, Agglomération (ACBA), CAUE. Moyens d’actions : PLU, POS, SCoT, PADD

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Le littoral angloy fait partie d’un grand ensemble de réflexion à l‘échelle du territoire à travers le SCoT . Le littoral du SCoT de l’agglomération de Bayonne et du sud des Landes se distingue au sein de l’espace littoral aquitain car il constitue le coeur de la seule agglomération littoral. Cela lui vaut le fait de gérer diverses dynamiques sur un même espace. Au vue des différentes dynamiques relevées et des enjeux qu’il en ressort, il semble que le littoral anloy et ses acteurs soient face à un dilemme : développement ou préservation. Il faut savoir que l’apparition de la notion de préservation découle des évolutions culturelles et sociales et du sens paysager donné au littoral. En 1983, une enquête d’opinion menée par le conservatoire du littoral et des rivages lacustres démontre que pour cinq français sur six, le littoral est un espace naturel à préserver. La majorité des sondés se représente alors le littoral comme un espace « qui ne rappelle pas les contraintes urbaines », sous-entendu non aménagé. Cependant, selon B. Kalaopa et B. Granier, « l’accessibilité est une revendication constante ». Il se créé un paradoxe entre nature préservée et aménagée. La notion de protection des espaces naturels littoraux découle de la dégradation de l’image de « nature sauvage » causée par l’urbanisation progressive du paysage littoral. Elle intervient donc en réaction. La préservation ne se limite pas aux espaces naturels. Il semble tout aussi intéressant de s’attacher aux éléments construits qui ont marqué l’histoire d’Anglet. La préservation prendra une dimension patrimoniale. Cela peu devenir une valeur ajoutée pour le territoire que de conserver l’identité d’un espace par la patrimonialisation d’éléments architecturaux, par exemple. De plus, la ville d’Anglet est bien souvent assimilée à une commune pauvre en histoire. Comme nous l’avons vu précédemment, elle ne regorge pas de châteaux et autres palais mais elle est parsemée d’éléments témoignants d’activités multiples et variées.

Natura 2000

SPPPI CRA

SCoT

ONF

CCI

ZNIEFF

Etat (DREAL) ACBA

SAGE Côtiers basques

SAGE Adour Aval

Etat (Défense) CD64

Le territoire d’Anglet est affilié à de nombreuses règlementations. Ce schéma hétérogène reflète la complexité d’un territoire où les dynamiques sont nombreuses et où les enjeux sont multiples

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Le SCoT fait mention d’un « littoral urbain » et décline les six défis identifiés par le Plan de développement durable du littoral aquitain, en affirmant son choix de conforter le coeur de l’agglomération littorale en : « - assumant son rôle dans l’accueil démographique d’une population diversifiée tout en maîtrisant l’étalement urbain par le choix de la densité urbaine et du redéploiement urbain préférentiellement dans les centralités existantes - en privilégiant une gestion des risques qui prenne en compte les aléas afin de prévenir les risques naturels majeurs et d’assurer une cohérence d’action à l’échelle de son territoire - en affirmant sa volonté de préserver et de mettre en valeur les espaces naturels remarquables du littoral et d’assurer des continuités écologiques tant sur la façade littorale que dans les relations avec l’arrière pays - en développant des politiques volontaristes visant à maintenir ou restaurer la qualité des eaux de baignade afin de préserver le potentiel économique du littoral et d’assurer la santé publique - en soulignant la force, la diversité, la qualité et la complémentarité des destinations touristiques de notre territoire composées de stations balnéaires aux caractéristiques urbaines ou naturelles, mais aussi de stations touristiques intérieures ancrées dans l’histoire et les savoir-faire du Pays-Basque et du Seignanx - en portant pour le coeur d’agglomération et l’ensemble du territoire du SCoT un projet économique diversifié adossé aux filières économiques existantes, garant d’insertion sociale pour les habitants du territoire. Ce projet s’appuie notamment sur les activités de production et reconnaît au port de Bayonne une place de premier plan. » Les collectivités locales penchent pour une protection de l’environnement afin de préserver et/ou développer le potentiel touristique de leur territoire. L’aménagement des zones non urbanisées sur le littoral donne la possiblité aux collectivités de saisir la nature comme offre touristique pour leur territoire. Il serait intéressant pour les collectivités locales de faire de ces espaces à l’environnement protégé, le support de leur campagne de communication afin de donner à leur territoire l’image d’une destination de « nature », dans le but de renouveler la dynamique touristique.

Deux scénarii s’offrent à nous. D’une part, les collectivités en place maintiennent leur politique actuelle et dans l’idéal le paysage stagne. Mais l’eau des plages monte. Les missions de dragage vont, d’après leurs calculs, palier à cela sur une période de 50 ans. La densification des quartiers avoisinnants les hauteurs risque de créer une saturation à l’échelle de la commune. Les infrastrures extérieures n’ont pas évolué depuis plus de dix ans. L’accueil des nouveaux habitants ne pourra se dérouler sans chahut. Le scénario prévu reste donc assez passif. DENSIFICATION AU SERVICE DE LA DYNAMIQUE TOURISTIQUE

LITTORAL, OBJET POTENTIEL POUR UNE PATRIMONIALISATION D’autre part, certaines modifications règlementaires pourraient bien générer la réorganisation du front de mer angloy. L’activité touristique ne cesse de modifier l’espace qu’elle occupe. Afin d’en limiter les impacts, il est possible de la canaliser en mettant en place des aménagements légers pour tenter d’assurer l’équilibre entre fréquentation et préservation. Le cordon dunaire angloy peu se révéler être un potentiel d’aménagement dans cette optique. Le parc écologique Natura 2000 Izadia répond finalement à cette problématique de préservation qui devient attractive. Les politiques publiques de mesures de protection en vigueur sur la côte appuient cette plausible orientation. La loi Littoral de 1986 a très nettement limité l’expansion urbaine jusque sur le front de mer d’Anglet. Le niveau des eaux ne cessant de s’élever et le trait de côte subissant l’érosion, il serait intéressant de remanier cette règlementation afin d’anticiper le retrait vers les terres. Ainsi, l’ensemble des anciens espaces dunaires pourrait reprendre forme et éventuellement devenir un élément de rempart face à la pression de l’érosion. Dans cette démarche, l’espace tampon pourraient accueillir à la fois des zones de camping ou d’infrastructures légères comme des espaces naturels règlementés. La drague peut poursuivre ses missions de réensablement. Non pas pour compenser la montée des eaux, mais davantage pour conserver l’attrait touristique que sont les plages et les vagues de la côte angloye. 67


DENSIFICATION AU SERVICE DE LA DYNAMIQUE TOURISTIQUE contraste entre deux quartiers

densifier sans s’étaler

front de mer exposé aux risques

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LITTORAL, OBJET POTENTIEL POUR UNE PATRIMONIALISATION maintien des activités « passives » telles que le golf

mise valeur des éléments témoins historiques à vocation touristique une urbanisation stagnante en terme de densité : modifications du PLU zone à urbaniser

anticiper l’érosion de la falaise par l’expropriation

une nouvelle limite face à la menace de l’eau

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CONCLUSION De la vigne aux courses de chevaux, du gemmage au parcours de golf, Anglet fut, pendant les XIXe et XXe siècle, sujet à de nombreux détournements. Pris entre ses deux grandes soeurs Bayonne et Biarrtiz, ce village aux paysages divers pouvait prétendre à bien pire avenir. Il se trouve que parfois la richesse des paysages amène à des évolutions incongrues. Toutes ces périodes dans le temps ont laissé une empreinte sur le territoire afin de nous témoigner des anciennes âmes qui ont façonné ces terres. Cette remontée dans l’histoire procure une certaine nostalgie. Nous percevons ce à quoi les paysages ressemblaient à travers les cartes postales ou autres photographies, mais il manque une chose que l’on ne peut sentir qu’en pratiquant les lieux. La sensation du temps passé est presque frustante. La commune d’Anglet est ce qu’elle est aujourd’hui grâce à l’essor du tourisme. Ce mouvement a donné un tout autre regard sur la ville. Autour de cela, toute un stratagème se met en place. Une configuration qui va impulser de nouvelles dynamiques sur le territoire et faire évoluer l’histoire de la ville. Exploitée comme ville au fort potentiel, Anglet semble contraint par ses propres dynamiques qui ont tant fait pour elle. Faire marche arrière est impossible. De plus, la commune doit faire face aux évolutions climatiques planétaires. Le but de la manoeuvre est désormais de mettre en application des stratégies à long terme. Contrairement à Bayonne et Biarritz, Anglet peut encore se replier dans ses terres et penser le tourisme de demain. Et peut-être prendre le dessus sur ses voisines. Mais comme me l’a confié ce vieil homme à moustache, « Bayonne, Anglet, Biarritz c’est comme un sandwich. Et dans un sandwich, le meilleur c’est le milieu » !

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bibliographie


OUVRAGES & PUBLICATIONS RELATIFS AU PAYSAGE CONTEMPORAIN OUVRAGES & PUBLICATIONS RELATIFS À L’HISTOIRE DU PAYSAGE

LIVRES

- Entre l’Adour et l’Atlantique ANGLET _ Pierre Lafargue _ Éditions Aubéron _ 2001 - Balades à Bayonne - Anglet - Biarritz _ Rémy Behey & Arnaud Bernard _ Éditions Kakotx _ 2002 - Pays Basque terre de golf _ Roland Machenaud _ Éditions Atlantica

REVUES

- Anglet Magazine - Mai/Juin 2013/n°116 _ Travaux sur le littoral _ Un paysage se dessine

PUBLICATIONS ÉTUDIANTES

- La production des politiques de l’habitat dans trois communautés d’agglomération littorales _ Pierre Mazet _ 2011

DOSSIERS INFORMATIQUES

- Plans d’actions Agenda 21 Anglet 2011-2015 - PLU Ville d’Anglet - Inventaire du patrimoine - Milieux dunaires entre l’Adour et la Pointe St Martin - Inventaire ZNIEFF _ 2014

SITES INTERNET - Anglet Surf Info : angletsurfinfo.com LIVRES

- Histoire du tourisme sur la côte basque 1830-1930 _ Pierre Laborde _ Éditions Atlantica _ 2001 - Balades Architecturales Anglet _ Maddalen Narbaïts-Fritschi & Pierre-Jean Harté-Lasserre _ Éditions Lavielle _ 2001 - Histoire d’Anglet - Des origines à nos jours _ Manex Goyhenetche _ Éditions Elkar _ 2003 - La Chambre d’Amour _ Pierre Lafargue _ Éditions Atlantica _ 2007 - Anglet, la ville aux six clochers, son histoire, ses histoires _ M. Dufetel _ 1972 - André Grimaud : Aquarelles Bayonne Anglet Biarritz - Côtes Basques 1890-1927 _ Éditions Harfang _ 2012 - Racines : Anglet par ses rues _ Acì Gasconha _ Éditions Abacu _ 2000 - Le Boucau en 1918 _ Marie-Louise Lamaison _ Éditions Atlantica _ 2000 - Le monastère d’Anglet dit Notre-Dame-du-Refuge _ M.J.S. _ Éditions Religion-Agriculture _ 1873

SUPPORTS NUMÉRIQUES

- DVD « MÉMOIRES D’ANGLET : Volume 1 - Blancpignon/Montbrun Volume 4 - Mémoires d’ouvriers Volume 5 - Le littoral » produit par la ville d’Anglet et le Théâtre du Versant - DVD « Bayonne, Anglet, Biarritz Autrefois » produit par Images du Pays Basque

SITES INTERNET - SOS Littoral Angloy : sos-la.blog.fr

- Pays Basque Autrefois : paysbasque1900.blogspot.fr - Port de Bayonne : http://www.bayonne.port.fr - AdALA Association des Amis du Littoral d’Anglet : adala-asso.com 71


OUVRAGES & PUBLICATIONS RELATIFS AUX ENJEUX PAYSAGERS

LIVRES

- La gestion de l’érosion des côtes : l’exemple aquitain _ Christine Clus-Auby _ Éditions Presse Universitaire de Bordeaux _ 2003

REVUES

- Plan de Développement Durable du littoral aquitain - Littoral Aquitain _ Groupement d’Intérêt Public

PUBLICATIONS ÉTUDIANTES & RECHERCHES

- Tourisme sur les zones non urbanisées du littoral : entre aménagement touristique et préservation _ Carine Lefeuvre _ 2008-2009 - Analyse des courants induits par la houle au voisinage de l’embouchure de l’Adour à Anglet _ Christophe Brière & Stéphane Abadie _ 2004 - Bilan des connaissances sur l’évolution du trait de côte _ Direction de l’Environnement et de l’Aménagement du Littoral _ 1997-1999 - L’Aquitaine face aux risques naturels : mieux connaître et prévenir pour ne pas subir _ CESER Aquitaine _ 2012 - Atlas de l’alea érosion du littoral sableux aquitain - De l’estuaire de la Gironde à l’embouchure de l’Adour _ Observatoire Côte Aquitaine

DOSSIERS INFORMATIQUES

- Plans d’actions Agenda 21 Anglet 2011-2015

SITES INTERNET

- SOS Littoral Angloy : sos-la.blog.fr - AdALA Association des Amis du Littoral d’Anglet : adala-asso.com - Collectif Littoral Angloy : colian.blog.fr

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