Le Filament 06

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₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪ Journal libre et indépendant paraissant le 15 du mois ₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪ ‐ NUMERO 6 DU 15 JUILLET 2010 ‐ ₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪₪

E Eddiittoorriiaall

De nombreux témoignages nous parviennent pour nous féliciter, parce que Le Filament porte bien son nom, en tant que fil conducteur de lumière, et parce que la liberté et l’indépendance que nous revendiquons, la courtoisie que nous préconisons, sont effectives. C’est un luxe, étant donné que, dans le paysage médiatique, la plupart des journaux sont, soit les clochers ou les porte‐voix des partis et leaders politiques, soit à la solde des pouvoirs d’argent.

Autre luxe : la gratuité. Là‐dessus, nous nous sommes largement et suffisamment expliqués, dans notre éditorial de la précédente parution (Le Filament No 5).

Le troisième luxe concerne la périodicité. Nous avons opté pour une parution mensuelle. Considérant que les événements s’enchaînent, se succèdent, inéluctablement, à un rythme effréné, et vu que ce qui est vrai aujourd’hui peut être faux le lendemain, cette marge temporelle d’un mois paraît, à certains, inadéquate, trop longue. En effet ! Mais, en ce qui nous concerne, c’est un délai tout à fait raisonnable et bien réfléchi, dans la mesure où cela laisse le temps, d’une part à vous, pour lire et pour écrire vos textes et contributions ; et d’autre part à nous, pour effectuer nos recherches, nos investigations, nos analyses, la documentation, la rédaction et la mise en forme des textes. Et, puis, n’est‐ce pas que cette marge nous évite de survoler l’actualité et nous autorise à cibler les sujets qui vous intéressent effectivement, à les aborder, en profondeur, souvent sous forme de dossiers, comme ceux de l’éducation, du cinquantenaire, de l’économie, etc.

Encore une fois, merci, pour votre accueil cordial et vos compliments. Nous serons encore plus comblés de voir que de plus en plus de jeunes de tous âges connaissent et lisent régulièrement Le Filament. Nous sommes heureux de vous annoncer que notre Blog (ou web site) est en construction pour favoriser l’interactivité et faciliter les échanges. Il sera très bientôt disponible. Joignez‐vous à nous pour remercier l’artisan du Blog, en l’occurrence, M. Djédji Monnet.

En vous souhaitant bonne lecture, nous vous renouvelons notre gratitude, à vous tous et toutes, pour votre aide, votre soutien et vos contributions, sous quelque forme que ce soit, vous qui nous aidez volontiers à diffuser largement Le Filament. Nous vous en sommes très reconnaissants. Nous adressons un remerciement particulier à M. Michel Zahibo qui imprime Le Filament, a plus de 50 exemplaires, à ses propres frais, pour le distribuer gratuitement aux personnes qui n’ont pas accès à l’Internet. Notre plus grand souhait est que cela fasse tache d’huile ou boule de neige. En tout cas, continuons, encore et encore, à offrir GRATUITEMENT Le Filament, à nos amis, à nos parents, à nos connaissances, notamment par email, par fax, par photocopie, par courrier postal, etc. A très bientôt.

Léandre Sahiri, Directeur de Publication. Les propos injurieux, diffamatoires, racistes, etc., sont strictement interdits, entre autres conditions, pour la publication des textes dans « Le Filament ». Nous privilégions le débat d’idées et la courtoisie.


OMBRES &

Sommaire Editorial 1 Ombres et Lumières 2 Ce que je pense, 3 Point de vue 8 Perdu de vue 12 Le Pavé dans la marre 11 Actualité oblige 13 Humour 15 Vie en Société 16 Courriers des Lecteurs 18 Amanien 22 S O S 22 Religion 24 Dites‐moi pourquoi… 26 Poésie 26 Sous l’art à palabres 27 Santé‐Conseils 28 Le débat est ouvert… 31 Economie et Finances 40 Arts et Lettres 43 Livre à lire 44 Droit de savoir, Devoir de mémoire 47 Diasporama 50 Vérités et contrevérités 51 Regards croisés 53 Libres propos 54 La controverse de Yamoussoukro 56 Cinquantenaire des Indépendances 62 Dossier de l’Education 67 Courrier du Golfe 672 Poésie 74 Mémoire d’Outre‐tombe… 75 La vie des mots 76 Tableau d’honneur 77 Agenda 79 Publicité 81 Conte du mois 82 Jeux 85 Pour vos dons et contributions, Numéro de Compte du Filament : HSBC Bank 400208 11474154 78 Ce journal est le vôtre. Adressez‐nous vos trouvailles, vos annonces, vos avis, vos articles, vos textes, ainsi que vos dons ou contributions.

« C’est quoi une vie d’homme ? C’est le combat de l’ombre et de la lumière… C’est une lutte entre l’espoir et le désespoir, entre la lucidité et la ferveur… Je suis du côté de l’espérance, mais d’une espérance conquise, lucide, hors de toute naïveté ». Aimé Césaire

« Le Filament » F ond at eur et D ir ect eu r d e Publicatio n : Léandre Sah iri D i re cte ur de la Réd act io n : S yl v a i n de Bo go u C o m it é de Ré da ct io n : A dj é K ouak ou , Ala in Ta noh , Se rge G ra h, Sy lvai n de Bo go u, Jean‐René Vannier, Léandre Sahi ri. Djé dji Mon net Réalis ation : Itee007 @yahoo.com C on t acts : l e f i l a men t @ h o t ma i l .c o m

00 44 75 5656 3386 00 44 77 7110 3093 00 225 57 04 11 02 Le filament, comme tout le monde le sait, désigne le fil conducteur qui, dans une lampe électrique ou dans une source à décharge ou à incandescence, produit de la lumière au passage du courant et conditionne le temps de vie d’une ampoule. On voit donc bien que le filament est indispensable dans le phénomène de production de la lumière.

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Du livre de Soro Guillaume

Ce que je pense…

D’abord, en ce qui concerne le livre « Pourquoi je suis devenu un rebelle », je dois d’emblée avouer que,

Une Chronique de Léandre Sahiri « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire ». ( Voltaire).

[Cet espace me permet d'analyser et de commenter les

sujets d’actualité de notre temps, d’ici ou ailleurs. C’est pour cela que je l’appelle « Ce que je pense ». C’est, en quelque sorte, mon bloc-notes, mon jardin secret ; mais, je souhaite le partager avec vous. C’est tout l’intérêt et le sens de cet espace].

A qui profite la rébellion africaine ? Il y a quelques semaines, une des lectrices du Filament, Mme Emilie K., pour ne pas la nommer, m’a adressé une lettre, personnellement, pour me demander de donner un résumé et un commentaire du livre « Pourquoi je suis devenu un rebelle », écrit et publié, en 2004, par M. Guillaume Soro, Premier ministre ivoirien. Mme Emilie K. m’a aussi demandé de répondre aux questions suivantes : Qu’est‐ce qu’un rebelle ? Pourquoi et comment la rébellion est née en Afrique ? A qui profite la rébellion africaine? Qu’est‐ce que la rébellion apporte à l’Afrique ?... Au‐delà de ma modeste personne, c’est, à ce que je pense, à nous tous et toutes, que Mme Emilie K. demande de réfléchir, très sérieusement, sur la rébellion et de tirer des leçons des rebellions africaines, comme hier on en a tiré des guérillas sud‐ américaines. En attendant que des personnes bien outillées puissent apporter des réponses plus édifiantes aux questions que pose Mme Emilie K, je me vais m’atteler à dire, ici, ce que je pense, étant donné, n’est‐ce pas, que Mme Emilie K. m’a interpellé personnellement.

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connaissant plus ou moins les raisons de la rébellion ivoirienne, à travers les diverses déclarations des rebelles eux‐mêmes, les reportages, et les dossiers de presse, je ne me suis sincèrement pas intéressé à le lire. Certes à tort, je le reconnais. A preuve, je ne puis actuellement pas en proposer un commentaire. Mais, j’ai changé d’avis. Depuis quelques jours, j’ai passé la commande du livre et crois pouvoir le lire et être à même d’en parler dans l’une de nos prochaines parutions. Ceci dit, venons‐en à l’autre volet de la lettre de Mme Emilie K., notamment les questions. Qu’est‐ce qu’un rebelle ? Une rébellion est un mouvement de contestation ou de remise en cause des autorités en place, ainsi que de refus, voire de négation de l’ordre institutionnel établi. Tel est le principe de base de toute rébellion.

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Généralement, la rébellion a une base locale et une sphère de rayonnement régionale. En effet, elle naît toujours dans une région ou part communément d’une région donnée du territoire national et s’y cantonne. Pour justifier leur action ou leur mouvement, les rebelles mettent en avant la mauvaise répartition des richesses nationales, les disparités ou inégalités socio‐économique de l’espace national, tout cela brandi comme une injustice flagrante plus jamais insupportable, et comme des motifs de frustrations longtemps contenues, et dont il faut immédiatement se départir. Voilà ce qui, en principe et au‐delà des motivations individuelles des leaders, sert de motifs fondateurs, d’alibi ou de justification sociale, politique, morale, psychologique ou intellectuelle à toute rébellion. Sur cette base, on s’attendrait a ce que les rebelles s’engagent dans des activités, des ouvrages ou des actions pratiques pour développer la région concernée. Mais non ! En lieu et place de tout cela, c'est‐à‐dire d’un mouvement « pacifique » de revendication régionale pour réparer les inégalités et les frustrations décriées, les rebelles défient les autorités et s’arment, sans doute pour conférer plus d’efficacité à leur action. Leur mouvement devient, alors, politique et surtout militaire, autrement dit, de violence. On en arrive alors, à une lutte armée. Ainsi, la stratégie, les méthodes et les buts changent, du tout au tout, et cela devient une autre histoire. En effet, ce qui, au départ, n’était qu’une soi‐disant expression de révolte locale et régionale, dégénère et devient un conflit national violent, comme on en a vu au Liberia, en Sierre Leone, en Côte d’Ivoire, etc. Les rébellions ont la même logique Les rébellions connaissent, toutes ou presque toutes, la même logique : mouvement régional uni, et enthousiaste au départ, une rébellion le demeure rarement jusqu’à sa fin ultime. Tout le monde sait qu’une rébellion prend fin, soit par la satisfaction entière et totale de ses revendications, soit par une victoire militaire nette, soit par la prise du pouvoir d’Etat, soit par une défaite militaire, soit par sa

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récupération par le pouvoir et l’ordre en place, soit par la dispersion de ses leaders et dirigeants dont la plupart sont contraints à l’exil ou réduits à la clandestinité intérieure… On peut alors se demander : d’où vient‐il que la rébellion, qui, au départ, était un mouvement uni, en vient‐elle à se trouver divisée et fatalement affaiblie? La réponse est toute simple. C’est que, chemin faisant, des divergences et des divisions internes apparaissent entre les responsables du mouvement rebelle. Ces divergences qui, généralement, opposent les leaders et principaux dirigeants de la rébellion entre eux et les uns aux autres, sont basées sur des querelles de personnes ou sur des conflits d’intérêts égoïstes essentiellement matériels, financiers et sociaux, et ont un rapport direct avec le niveau d’instruction et de conscience des rebelles dont 95% sont des analphabètes ou demi‐lettrés. Ces divergences apparaissent dès lors que les objectifs premiers du mouvement (de contestation du départ) se trouvent altérés et rejetés en arrière‐plan, chacun agissant désormais, au sein de la rébellion, pour son propre compte et celui de son clan. La vision angélique et l’action unitaire du départ ayant fait place aux soupçons, à la suspicion et aux règlements de compte, eu égard aux spasmes ou fibres ethniques, aux positions sociales privilégiées acquises rapidement par certains chefs rebelles, positions qui les placent, de fait, aux postes d’honneur, souvent avec tapis rouge déplié sous leurs pieds, avec des voyages nombreux, officiels et officieux à l’étranger en première classe, des séjours dans les hôtels huppés avec suites, etc. Ces prérogatives ou privilèges finissent par convaincre les chefs rebelles que, si au sein du mouvement contestataire, on est toujours ensemble, en tout cas on n’est plus désormais les mêmes. Ainsi, même si les rebelles se parlent et se saluent encore, ce n’est désormais plus avec enthousiasme ou ferveur, etc. De ces faits, c’est à se demander à qui profite, en réalité, la rébellion ? Nous y reviendrons plus loin. Pour l’heure, intéressons‐nous aux cas singuliers de Jonas Savimbi et de Soro Guillaume.

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Du cas exemplaire de Jonas Savimbi Comme tout le monde le sait, c’est le 22 février 2002 que, à quelques six mois de son 68ème anniversaire, que M. Jonas Malheiro Savimbi, l’un des plus vieux rebelles d’Afrique, le chef de l’Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola (UNITA, fondée le 13 mars 1966) est tombé au front, les armes à la main. En effet, c’est sur les bords de la rivière Luvuei, dans la province de Moxico, au sud‐est de l’Angola, non loin de la frontière zambienne, que le vieux chef rebelle a livré sa dernière bataille. Surpris par l’armée gouvernementale, il a été abattu, non sans s’être défendu. Quinze balles logées dans son corps. Montré le lendemain à la télévision angolaise, son corps gisait sans vie, baignait dans son propre sang, son sang à lui Jonas Savimbi. Toutefois, il avait le visage serein et intact, les yeux mi‐clos. II a fini comme finissent tous les rebelles de son espèce, Samuel Doe, Fodé Sankoh, Ousmane Mané, Joseph Kabila..., qui, eux aussi, avaient défiguré leurs pays respectifs, par des guerres, par des violences, par des tueries sans nom...

farouche d’aller, tête baissée, jusqu’au bout de ses convictions, il reste, en définitive, un rebelle jusqu’au bout, du moins jusqu’à la mort. Tel est le sort de tout rebelle, c'est‐à‐dire de tout individu qui prétend rétablir ses concitoyens dans leurs droits, et qui ôte à ceux‐ci le premier des droits humains, à savoir, le droit à la vie. Telle est la leçon que devront retenir ceux qui, commandités ou commis pour tuer M. Laurent Gbagbo et prendre le pouvoir sans passer par la voie des urnes, ont hélas ! défiguré la Côte d’Ivoire et nous ont mis dans la ténébreuse et ignominieuse situation où nous nous trouvons depuis plus de 8 ans. Ma « Lettre ouverte à Monsieur Guillaume Soro ». En 2002, je me trouvais à Abidjan, en tant que professeur de Lettres à l’université de Cocody et intervenant à l’ENA, quand la guerre a éclaté en Côte d’Ivoire. En 2004, quand, j’ai appris que M. Soro Guillaume, chef des rebelles, fut de nos élèves au lycée de Korhogo, j’ai décidé, sans doute par déformation professionnelle, de lui adresser une Lettre ouverte pour lui dire ce que je pense et pour l’amener à bien situer sa responsabilité dans cette rébellion dont il se gargarisait, par des déclarations ronflantes et tonitruantes. Pour votre respect, je me permets de reproduire ici, ma « Lettre ouverte à Monsieur Guillaume Soro », qui semble être passée inaperçue, à l’époque, et dont Mme Emilie K. me donne l’opportunité de reparler. La voici, cette lettre ouverte :

L’Histoire retient que le leader de l’UNITA, M. Jonas Savimbi, avait résisté très longtemps, depuis 1962, au temps du FNLA (Front National de Libération de l’Angola, présidé par Holden Roberto). Pour lui, céder au MPLA aurait signifié l’humiliation suprême. Certes, Savimbi était à la fois un chef charismatique, un stratège, un nationaliste intransigeant. Avec un parcours exceptionnel, où le revers l’a, finalement, emporté sur le succès. Obstiné par une volonté

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« Monsieur Guillaume Soro,

Je vous envoie cette lettre en espérant qu’elle vous parviendra, que vous la lirez jusqu’au bout et que vous m’en donnerez réponse et avis.

Vous n’éprouvez aucune gêne, ni aucun dégoût à voir notre pays dans cet état lamentable, à vous faire payer sans travailler, à piller et à faire piller les ressources de notre pays ; vous êtes fiers de narguer nos autorités et nos élus, fiers de fouler aux pieds nos lois, nos institutions et notre Constitution, comme des gens sans éducation ni morale. Vous vous en enorgueillissez de nous imposer les chefs que vous, vous voulez sans même notre avis, sans notre accord, et sans élection, etc. Mais, on est où là ? Vous n'avez pas honte de publier des livres et de faire des déclarations et des tapages sur vos tueries et vos desseins diaboliques qui relèvent de la pure délinquance. Avez‐vous jamais compris que vous vous êtes ainsi déclaré à la face du monde, par vous‐même, délinquant de première catégorie et assassin en liberté ? Les preuves sont là, palpables, par vous‐même fournies, dans votre livre qui se résume en ceci : Je suis un rebelle et voici ce que j’ai fait et commis comme actes. Ce que les Ivoiriens ont subi, ce n’est ni un conte de fée, ni une rumeur… Oui ! M. Soro Guillaume, vous avez osé écrire cela ! C’est à se demander si l’on ne manque pas parfois de bon sens et d'« esprit des lois » (Montesquieu)?

Tout d’abord, je voudrais vous poser cette question : M. Soro Guillaume, d'où tirez‐vous votre légitimité pour prétendre nous imposer votre volonté et vos caprices de cow‐boys des films westerns d'antan, lesquels cow‐boys, hors‐la‐loi et sans civisme ni éducation, défient le Sheriff du district et imposent leur loi, par la force de leurs pistolets ? Sachez, M. Soro Guillaume, que cette époque est révolue. Les temps modernes nous commandent d'utiliser, de nos jours, même dans le Far West, la voie des urnes pour accéder au pouvoir, pour pouvoir marcher sur des tapis rouges et pour pouvoir prétendre diriger les hommes en vue, (tenez‐vous bien !), de contribuer à favoriser leur bien‐être et le progrès de l'humanité. A votre avis, depuis que vous êtes rebelle, M. Soro Guillaume, qu'est‐ce que la Côte d'Ivoire a gagné ? Qu’est‐ce que les gens du Nord ont gagné ? Qu'est‐ce que vous avez ajouté à l'humanité ? Quelle image représentez‐vous pour le présent et le futur dans l'histoire ? Quelle leçon la jeunesse peut‐elle tirer de vos actes?... Alors que les autres peuples sont dans des laboratoires et dans les usines pour fabriquer des ordinateurs, des médicaments, des avions, des machines, des appareils…, pour notre aisance et notre santé, vous et vos amis en armes (rebelles et ex‐rebelles), ainsi que vos alliés (connus et inconnus ou méconnus), n'avez aucune honte, aucun regret, ni remords, de tuer nos parents et nos amis.

M. Soro Guillaume, vous qui, à ce que je crois savoir, avez fait des études universitaires, devriez avoir honte d'agir comme vous faites. Arrêtez de vous comporter comme un cow‐boy ou un dozo (chasseur analphabète initié dans le maniement de fusil traditionnel). Arrêtez ça, ici et maintenant. Aucun rebelle n’a, il faut le savoir, longue vie. Et donc, vous êtes en train d'écourter, de miner votre espérance de vie, comme les Savimbi, John Garrang, Fodé Sankoh et autres rebelles qui croyaient que la nuit était si longue qu'il ne ferait pas jour. Et puis, vous savez, on connaît le sort des cow‐boys dans les westerns : le film finit quand finit la vie du cow‐boy, parce que toute chose a une fin. M. Soro Guillaume, ceux qui vous financent, ceux qui vous poussent et vous encouragent à cet orgueil

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insensé, à ces fanfaronnades, à ces débilités, ne vous aiment pas du tout et sont vos ennemis premiers. Ceux qui vous suivent savent ce qu'ils y gagnent et se foutent éperdument de ce que vous y perdez. Ils ne vous ont pas conseillé la bonne voie, parce que vous êtes dans l'impasse. Et, je suis à me demander comment vous allez pouvoir vous en tirer, je veux dire, de ce sale drap. Zut ! Il vous faut revenir à la raison! Mais, cela exige, d'abord et avant tout, de mettre bas votre orgueil déraisonné et sans fondement ; cela vous impose d'arrêter de prendre des vessies pour des lanternes. Si, bien entendu, vous tenez encore à la vie qui vous tend les bras et qui vous a tant donné afin que vous soyez utile à l'humanité, et non pour détruire des vies humaines, non pour servir, sans vergogne ni envergure, des intérêts égoïstes, partisans, ethnocentriques, mesquins, utopiques, sataniques... Il n'est jamais trop tard, dit‐on, et seul le repentir est votre unique voie de salut, quelque soit ce qu'il vous en coûtera. C’est ce que je pense. Du moins, tel est mon sentiment. Avec mes salutations distinguées et sans rancune ». Je précise que je n’ai pas eu de réponse à cette lettre. Peu importe ! L’essentiel est que, aujourd’hui, M. Soro Guillaume est premier ministre, dans la république. Je pense qu’il m’a entendu. C’est un motif de satisfaction qui m’amène à répondre, pour terminer, à la question : à qui profite la rébellion ? A qui profite la rébellion ? On constate, en se référant à la rébellion ivoirienne, que trop de sang a coulé à Korhogo et Bouaké, à Abidjan, à Man, à Gagnoa…, partout, dans toute la Côte d’Ivoire, plus que jamais auparavant. Du sang des Ivoiriens comme des étrangers. Du sang des forces de l’ordre et des populations civiles comme des rebelles. « Nous avons eu plus de morts entre rebelles qu’entre nous et les Forces loyalistes », avait déclaré sur Rfi, M. Séhi Claude, chargé de communication d’IB à Paris. Ces pertes importantes de vies humaines ont endeuillé la Côte d’Ivoire et suscité partout animosité, rancœur, indignation,

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colère et désirs de vengeance... Telles les réalités et les résultats de la rébellion ivoirienne.

On constate également que la rébellion ivoirienne n’a pas atteint son objectif qui était de prendre le pouvoir d’Etat. Loin de là. Aujourd’hui, M. Soro Guillaume est siège dans le gouvernement de Laurent Gbagbo. M. Soro Guillaume est premier ministre. M. Soro Guillaume mange à la même table que M. Laurent Gbagbo que, poussé ses mandataires et mû par des forces sataniques, il prétendait assassiner, ou tout au moins chasser du pouvoir pour accéder (lui ou un de ses commanditaires) à la magistrature suprême de notre pays. M. Soro Guillaume a abandonné le sentier battu de la violence sauvage, ignoble et inutile. En a‐t‐il tiré des leçons, de sa rébellion ? S’est‐il assagi ? A‐t‐il compris que les rebellions africaines rabaissent les Africains au rang d’animaux sauvages et de barbares des temps anciens ? Sait‐il désormais que les rebellions africaines réduisent l’Afrique à l’état de jungle ou de champ de bataille permanent, comme du temps des Gaulois ou des vikings ? A‐t‐il compris que les rebellions africaines ont pour victimes les populations africaines, c'est‐à‐dire des femmes, des hommes, des enfants qui ne demandaient qu’à vivre et que, prétendant les rétablir dans la justice ou dans leurs droits, on éventre, on viole, on pille, on déshérite, on égorge, on assassine, on mutile, on chasse de leurs terroirs, on prive de leurs biens acquis durement et âprement ? A‐t‐il compris que ceux qui fabriquent les armes, nous les vendent ou nous arment ne sont pas responsables de l’utilisation que nous en faisons ? A‐t‐il compris que, par les

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rebellions, les Africains se révèlent les pires ennemis de l’Afrique ?... Par exemple, on sait que les conflits en RDC sont, en grande partie, liés à l'exploitation et au commerce du coltan. Le commerce du coltan aurait procuré aux rebelles et chefs militaires et à des civils rwandais et ougandais des ressources financières énormes et encourage la poursuite du conflit. Les alliés zimbabwéens, angolais et namibiens du gouvernement de Kinshasa sont aussi accusés d'avoir systématiquement pillé les ressources du Congo avec la collaboration de lobbies internationaux et de grandes compagnies aériennes qui arment les rebellions. Dans les circuits économiques, le commerce du coltan a été qualifié de «nerf de la rebellion», dans l'est du Congo. Des intrigues compliquées, qui stimulent l'action d’alerte des ONG. Il en va du coltan comme du diamant et de la RDC comme de la Côte d'Ivoire, ainsi que de tous les pays qui ont connu la rébellion. Tout cela, M. Soro Guillaume, M. Sidiki Konate et les autres membres des Forces Nouvelles (ex‐rebelles), je pense, l’ont compris. Et, c’est ça l’essentiel. Ils savent, et nous savons, à qui profite les rebellions africaines. Certes pas aux Africains. C’est ce que je pense. Léandre Sahiri, Directeur de Publication

* Les propos injurieux, diffamatoires, racistes, etc., sont strictement interdits, entre autres conditions, pour la publication des textes dans « Le Filament ». Nous privilégions le débat d’idées et la courtoisie.

Faites‐nous parvenir vos textes, vos réflexions et vos analyses sur des sujets d’actualité ou des thèmes et faits divers qui concernent (ou pas) vos centres d’intérêt ou vos domaines d’activité. Le temps doit être perçu comme une denrée précieuse, une ressource, un moyen d’’action, de production, de réalisation, au même titre que l’homme (la force physique, les aptitudes intellectuelles, mentales, morales), au même titre que l’argent et d’autres moyens matériels et immatériels. D’où les questions suivantes : Comment l’Africain conçoit‐il, comprend‐il, apprécie‐t‐il le temps ? Comment l’Africain utilise le temps, cette denrée quotidienne, précieuse, naturelle ? Quel est le rapport de l’Africain avec le temps ? D’aucuns disent que les réponses à ces trois questions fondamentales restent plutôt négatives pour l’Africain. Celui‐ci aurait une « mauvaise appréciation et une mauvaise utilisation du temps », ce qui aboutit naturellement à des « mauvais rapports» avec le temps. Qu’en pensez‐vous ? *

La notion du temps et du futur au Sénégal et en Afrique

Mesdames, Messieurs, n’hésitez pas à nous faire parvenir vos impressions, vos points de vue et vos idées, même en vrac. Nous pouvons les rédiger, en faire la mise en page et nous les publierons, bien entendu avec votre accord, signature ou anonymat, dans la rubrique appropriée. Conseillez Le Filament à vos parents, à vos connaissances et à vos amis… et Recevez GRATUITEMENT votre numéro. Chaque mois, il y a du nouveau!...

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Si l’homme pouvait disposer d’une machine à remonter le temps, il n’aurait aucune difficulté à vaincre la mort… Malheureusement, le propre du temps, c’est son mouvement définitif vers l’avant : le temps passe toujours, il ne s’arrête point, il ne recule jamais. Au Sénégal et en Afrique noire, on ne semble pas avoir compris que si l’écoulement du temps est fatal en soi, la trajectoire du futur est parfaitement maîtrisable. Cheikh Yérim Seck constate que : «Ayant toujours du mal à entrer dans une culture de la

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production, l’Afrique n’attache aucune valeur au temps… Des comportements irrationnels, laxistes et amateurismes sont justifiés par une référence à ce qu’il est convenu d’appeler l’heure africaine. Ce qui doit être fait à 10 h en temps réel, va être fait à midi, heure africaine. En d’autres termes, les Africains ont choisi d’être les plus grands retardataires de l’humanité et de rester éternellement à la traîne ». La défunte compagnie Air Afrique avait fini par prendre l’éloquente appellation : «Air peut‐être»… Vieux Savané admet, malgré lui, qu’«une conception élastique du temps a forcément des conséquences sur le rendement ». «Le refus de la tyrannie du temps» n’est peut‐être pas totalement blâmable. Anne Cécile Robert défend que «refuser la cadence ou la dictature du temps ne signifie pas refuser de travailler ou l’incapacité de travailler sérieusement ou avec dévouement. Cela signifie que l’acte de travail s’inscrit dans un rapport à la vie et à la sociabilité tout à fait différent ». Elle est donc loin de partager le constat paradoxal de Cheikh Yérim Seck, selon lequel «les Africains sont, sur la planète, les plus pauvres, les moins développés et plus réticents au travail ». La postérité se prépare, l’avenir se construit, le futur s’invente. Le destin n’existe que lorsque toutes les voies de recours humainement possibles ont été épuisées ; le cas de force majeure ne peut être légitimement invoqué que lorsque l’événement incriminé est anormal, imprévisible, irrésistible et extérieur à la volonté de l’acteur. Le recours abusif à la sorcellerie et au fétichisme est un aveu d’impuissance face à la contingence présumée du futur. Il est révélateur d’une incapacité à mettre la raison et l’action au service d’un objectif rationnel et d’une tendance aléatoire et laxiste à obtenir un résultat voulu sans endurer les sacrifices correspondants. La nonchalance de l’Africain face à l’épreuve et à l’urgence est‐elle une forme de résilience ou une marque de résignation ?

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Le fatalisme suffit‐il à expliquer la léthargie de la culture africaine, «sa passivité, son manque d’ardeur à aller à la rencontre des autres cultures avant que ces dernières ne s’imposent à elle et ne l’écrasent, son incapacité, une fois le mal fait, à évoluer à leur contact, sans tomber dans un mimétisme abject ». Cette attitude irrationnelle de l’Africain face au temps et au futur mérite d’être diagnostiquée dans une optique curative. De l’inertie et l’insouciance La gestion optimale du temps, loin d’être une question de capacité ou de niveau d’instruction, relève d’abord de la culture individuelle et collective. Tout est lenteur en Afrique : la démarche, les salutations, la cuisson, le langage, etc. Et, l’on persiste dans l’inertie et l’insouciance «comme si l’espoir du bonheur à venir l’emportait sur les enseignements de l’histoire ». C’est cet espoir et cette attente pieuse de lendemains meilleurs qui poussent certains à faire un nombre élevé d’enfants, alors qu’ils n’ont même pas les moyens de se nourrir eux‐mêmes. L’environnement et les conditions d’existence constituent aussi un facteur déterminant. La misère et la précarité réduisent les âmes à la recherche du minimum quotidien : il faut survivre aujourd’hui ; pour demain, on verra. La terrible pression des besoins vitaux finit d’ailleurs par grignoter la rationalité et imposer la formule : «Agir d’abord, réfléchir après». Dans ces conditions, la spéculation sur les futurs possibles s’égare dans les réalités de la débrouille quotidienne. Certains putschistes arrivent au pouvoir par l’épée, sachant parfaitement qu’ils risquent, eux aussi, de périr par l’épée. Mais, pour eux, la question de leur propre sécurité est une question future, l’essentiel est d’accéder aux délices du pouvoir dans l’immédiat, pour s’extirper d’une pauvreté acquise depuis la naissance. Le dirigeant africain est très peu favorable à des investissements à long terme. Il préfère les actions tapageuses susceptibles de donner des fruits immédiats auxquels il va lui‐même goûter.

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Au Sénégal, suite aux fortes pluies qui ont provoqué des inondations dans certains quartiers de la capitale notamment, on parle de report des élections législatives de 2006 pour le financement d’urgence des secours aux sinistrés. Les quantités de pluies recueillies sont certes inhabituelles, mais elles ne sont ni inédites, ni excessives outre mesure. Les causes véritables des inondations sont à rechercher dans la vétusté et la faiblesse des systèmes d’évacuation des eaux de pluie, l’imprévoyance des services chargés de l’assainissement, la construction de cités ou de bâtiments clandestins dans des zones de captage et d’accumulation d’eau, dans des bas‐ fonds et des marigots temporairement asséchés. Ces causes sont sciemment ignorées au profit d’opérations ostentatoires de recasement. La prospective est donc sacrifiée sous l’égide d’options purement conjoncturelles. On reste confiné à l’immédiateté au lieu de s’ouvrir à une gestion anticipative et prévisionnelle. Qu’adviendra‐t‐il des élections combinées a venir, si de nouvelles inondations arrivaient en ce moment ?... Dans le cas sinistre du bateau Le Joola, la déroute des services responsables à l’annonce de la catastrophe montre bien qu’aucun plan d’urgence véritable n’avait été conçu par anticipation, alors que le bateau, régulièrement surchargé et manifestement déséquilibré, portait, depuis sa mise en circulation, les germes du drame. En Gambie, pays au large duquel le bateau a chaviré, avec des corps retrouvés çà et là sur la plage, le ferry continue à faire la navette sur le Fleuve, sans distribution de gilets de sauvetage aux passagers… Le Sénégal est l’un des pays d’Afrique les plus prolixes en matière de planification. La plupart des secteurs de la vie économique et sociale (santé, population, éducation, environnement, jeunesse, etc.) ont fait l’objet de documents de planification et de stratégie. Mais, peu d’efforts sont consentis dans la mise en œuvre et le suivi de ces plans. Les séminaires d’évaluation et de capitalisation dans ce domaine sont généralement taillés sur la mesure

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d’un projet vorace de détournement d’une partie du budget affecté à l’organisation de la manifestation. Il est évident que vouloir changer radicalement une attitude devenue habitude, un mode de vie devenu culturel, est une entreprise aussi prétentieuse que vaine. Mais, dans l’intérêt du rattrapage du retard économique et social de l’Afrique, le rapport de l’homme au temps ainsi que sa vision du futur gagneraient à s’insérer dans le cadre d’une culture du résultat efficient. Les défis urgents du développement doivent être relevés, avec diligence, afin que le capital temps épargné soit réinvesti dans d’autres combats. Les différents plans de développement pilotés par l’Etat devraient être conçus dans une mouvance réellement participative, afin que les populations bénéficiaires se les approprient et s’investissent activement dans leur mise en œuvre. Les opérations d’exécution des contrats administratifs, des missions de service public, des plans de développement, des budgets régulièrement adoptés par l’autorité compétente, devraient être astreintes à des délais rigoureux sanctionnés par des pénalités de retard à l’encontre des responsables. Cela suppose que pour chaque tâche prévue, un responsable soit désigné avec précision et pertinence. La gestion du temps n’est généralement enseignée que dans les écoles de management, comme si elle n’était qu’une exigence économique. La rationalisation du rapport de l’homme au temps est une condition du progrès. Elle intéresse donc tous les aspects de l’existence et mérite d’être érigée en préoccupation fondamentale dans les stratégies d’éducation populaire. Au vieux proverbe «Time is money», on pourrait ajouter «Time is life»… Rosnert Ludovic Alissoutin. (Source : www.rlalissoutin.com).

Vos points de vue sont attendus. Exprimez-vous !

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Le Pavé dans la Marre

(Nouvelle rubrique pour présenter, exposer des faits insolites, ambigus, incongrus…, pour exprimer vos coups de gueule, pour dénoncer ce qui vous paraît anormal, intolérable… et pour faire partager vos opinions…)

Un homme enterré vivant à Sahuyé Le 11 juillet 2008, un homme, apparemment jeune, Andoh Gbofé Clément dit Makina ou Hagler, soupçonné d’être à la base de la mort de Okpro N’Dri Emmanuel, un autre natif du village de Sahuyé, sous‐ préfecture de Gomon, département de Sikensi, a été pris à partie par une foule de compatriotes autochtones. Solidement ligoté des pieds et des mains, Andoh Gbofé Clément, en présence de ses parents impuissants, et en dépit de ses supplications a été (comble d’horreur !), enterré vivant sous le cercueil contenant le corps de Okpro N’Dri Emmanuel, celui qu’il est accusé d’avoir tué. Quatre des auteurs de ce crime hors de l’entendement, ont été gardés à la gendarmerie de Sikensi. Il s’agit de Kamenan Franck dit Appolos, repris de justice, condamné à 20 ans de prison pour braquage suivi de meurtre, et évadé de la prison de Dimbokro, son frère Kamenan Yao dit Kambiré, 32 ans, leur père Ayo Komenan, 59 ans et un jeune homme répondant au nom de N’Guessan N’Dri Landry dit Jimmy, 28 ans. Le corps en état de putréfaction d’un homme, apparemment jeune, au torse nu et en pantalon jeans de couleur noire, portant des baskets noires à rayures blanches ! Le cadavre au visage méconnaissable et étendu sur le dos, avec les bras et les pieds ligotés, se trouvait bien dans la tombe sous le cercueil contenant un autre corps. Image horrible que celle, qu’il nous a été donné de voir avant‐hier

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jeudi, sous le coup de 16 h 10, au cimetière du village de Sahuyé, sous‐préfecture de Gomon, département de Sikensi. Le corps exhumé est bien celui de Ando Gbofé Clément, 38 ans, enterré vivant depuis le 11 juillet sous le cercueil de Okpro N’Dri Emmanuel, 34 ans, dont il est accusé de la mort par ses bourreaux (voir Frat‐Mat du 23 juillet, page 6). Une exhumation faite pour répondre aux procédures d’usage. Ont donc assisté et supervisé l’opération, le procureur de la République de la section du tribunal de Tiassalé, M. Tegé Désoto Michel et son adjoint, le substitut Zahé Edmond, ainsi que le sous‐préfet de Gomon, Mme Ekponon N’Glomma Lydie. Le constat du corps a été le fait du médecin général de l’hôpital de Tiassalé, Dr. Angui Aristide. Ce jeudi‐là, Sahuyé était comme en état de siège. Deux cargos de gendarmes équipés et en tenues de combat, y sont arrivés et ont paradé toute la journée. Sous les ordres du capitaine Affo Eugène, commandant de la compagnie Abidjan campagne, les forces de l’ordre ont dressé un cordon sécuritaire autour du cimetière du village. En l’absence du chef du village, la délégation est reçue par le chef de terre, le chef de la génération Sete avec à leurs côtés les parents de la victime et quelques notables ainsi que des jeunes gens du village. L’objet de la visite expliquée après les échanges de civilités, a suscité des discussions, parfois houleuses. Parce que pour exhumer un corps, il faut bien qu’il y ait des fossoyeurs pour creuser. Ce que les villageois présents se refusent à faire, arguant que, «ce sont ceux qui ont enterré, qui doivent déterrer», faisant ainsi allusion aux quatre individus appréhendés et en détention à la Brigade de gendarmerie de Sikensi. Mais sur la question, le chef de la Brigade, l’adjudant‐chef Zadi Toupli Lazare, est catégorique : «Ce sont des prisonniers et ils ne peuvent pas sortir de leur cellule.» Un autre obstacle dressé par les villageois : ils font savoir qu’exhumer un corps fait appel à des pratiques rituelles dont seuls, les anciens sont détenteurs. Enervé, le capitaine Affo lance en direction des notables : «Il y a bien dans ce village, des gens qui creusent

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habituellement les tombes ! Désignez d’autorité ces personnes, car nous n’allons pas nous éterniser ici ! » Après cette sorte de menace voilée, les villageois par petits groupes vont encore aller de concertation en concertation avant de trancher enfin. Les parents de Clément qui ont déjà apprêté sa nouvelle tombe et un cercueil acceptent de creuser pour l’exhumation du corps. C’est une odeur nauséabonde qui accueille la délégation au cimetière à 13 h. Une odeur pour laquelle des feuilles de tisanes sont distribuées à tout le monde. On se bouche les narines avec, ou on les mâche avant de cracher le jus. Mais, en dépit de cette potion des villageois, il a fallu utiliser des insecticides achetés par le chef de brigade de Sikensi pour atténuer l’odeur. Trois heures d’horloge aux fossoyeurs avant d’atteindre leur but. Le cercueil contenant le corps de Okpro N’Dri Emmanuel est découvert. Soulevé à l’aide de morceaux de bois, le cercueil fait découvrir en dessous, l’horreur dans toute sa dimension : le corps de Andoh Gbofé Clément dit Makina ou Hagler. La bouche ouverte fait penser à un dernier cri étouffé par le poids du cercueil lourdement déposé sur le corps et la terre qui a refermé la tombe. Landry Kohon. (Source : Fraternité‐Matin).

Perdu(e)s de vue ?... Retrouvons‐nous !

* Cette

rubrique

est

destinée

publier

gratuitement vos annonces pour vous aider à retrouver vos amis, vos parents, vos anciens camarades d’école ou de lycée ou de fac, anciens

collègues, anciens tuteurs, bienfaiteurs, etc. qui

Tableau d’Honneur Si vous connaissez des personnes qui méritent de figurer dans notre « Tableau d’honneur », n’hésitez pas à nous en faire part. D’autre part, pensez‐vous que, à l’image ou en contrepartie de « Tableau d'honneur », il serait utile et opportun de créer une autre rubrique dénommée « Tableau de déshonneur » ? Contribuerez‐vous à alimenter cette rubrique ?

sont, comme on dit, « perdus de vue » et dont vous souhaiteriez avoir des nouvelles toutes fraiches...

Pour un don ou une contribution financière Numéro de Compte du Filament : HSBC Bank 400208 11474154 78

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à

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FPI et de la Côte d’Ivoire après l’ère Gbagbo et surtout à revenir quelques années en arrière pour réviser les leçons de philosophie pure, de philosophie politique, de science politique et même de droit que nous buvions, avec volupté, et sans penser que, un jour, nous serions des témoins et acteurs de ce que nos différents maîtres ( que, au passage, nous saluons de nous avoir ouvert les yeux et les oreilles) tentaient, contre vents et marrées, de nous faire comprendre.

(Une rubrique de Sylvain de Bogou pour croustiller les problèmes d’actualité brûlante)

CÔTE D’IVOIRE: FPI, TRAGÉDIE D’UN PARTI QUI INCARNAIT L’ESPOIR. On a parfois besoin de vivre les faits pour y croire. Ou encore, la vie quotidienne, comme qui dirait, se révèle souvent la meilleure des écoles, voire le meilleur apprentissage. Sans cette expérience, on croit bien souvent que ce que certains disent ou racontent autour de nous n’est que du pur idéalisme ou simple utopie ou encore des fantasmes. Descendons sur terre et disons les choses plus simplement pour nous faire mieux comprendre ; n’est‐ce pas là l’une de nos nombreuses missions à travers « Le Filament » ? Ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire et tout précisément au sein du parti du Président Laurent Gbagbo, nous oblige à parler, sans tabou, du futur du

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Il est très important de rappeler que le Front Populaire Ivoirien (FPI) est né d’une révolte contre les pratiques politiciennes du temps du parti unique ; des pratiques socialement et économiquement dégradantes et inhumaines de l’ancien régime, le PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire) dirigé alors par le « bélier » de Yamoussoukro, M Félix Houphouët‐Boigny. Le FPI est né aussi de la volonté et dans le but de « gouverner autrement la Côte d’Ivoire » (Lire à ce sujet « Propositions pour gouverner la Côte d’Ivoire» de Laurent Gbagbo). Et donc « gouverner autrement la Côte d’Ivoire », tel est le slogan qui, comme le « Yes we can » de Barack Obama, a conduit le peuple ivoirien à prendre le risque de porter M. Laurent Gbagbo au pouvoir, en acceptant ou en faisant les sacrifices exigés, allant de la perte du gagne‐pain jusqu'à la perte de la vie (Kpéa Domain, par exemple). Tout le monde le sait, des foyers ont été disloqués ; des légions remplies d’espérance ont été brisées, des ressortissants de certaines régions du pays ont été frappés d’ostracisme, purement et durement, de la part des dirigeants du PDCI ; et ce, parce qu’ils avaient épousé

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les idéaux véhiculés ouvertement par le discours nouveau ou inédit de Laurent Gbagbo et ses camarades.

En effet, Monsieur Laurent Gbagbo promettait de changer, radicalement et positivement, la condition de vie des Ivoiriens et des Africains. A ce propos, il disait : « J’ai les hommes et les femmes pour gouverner la Côte d’Ivoire autrement » ou encore « Je mets les pieds là où je connais », autrement dit, je viens en homme d’expérience, j’ai un programme pour gouverner, contrairement à mes prédécesseurs, etc. Nous ne croyons pas qu’il ait une seule fois dit qu’il venait au pouvoir pour empirer la situation des Ivoiriens. C’est pourquoi au vu de la situation exécrable, déliquescente et nauséabonde qui prévaut aujourd’hui au sein du FPI, et partant en Côte d’Ivoire, nous ne pensons pas que M. Laurent Gbagbo devrait être, n’en déplaisent à certains, épargné de nos critiques. Il est le chef du village, il est donc entièrement responsable, comme l’étaient hier M. Houphouët‐Boigny et M. Konan Bédié, de l’ivresse et de la folie devenues quotidiennetés de la part de ces hommes et de ces femmes en qui il a placé sa confiance. N’est‐ce pas lui qui répétait que, pour guérir une plaie, il faut percer l’abcès ? Alors pourquoi s’émouvoir lorsque son nom apparaît dans une quelconque analyse ou une critique ? Simplement, arrêtons de donner raison à Senghor qui avait du mal à supporter la couleur de sa peau et qui, sans conscience, disait : « La raison est hellène et l’émotion est nègre ». Dépassons le culte de la personne, battons‐nous pour la dignité du Noir, et de

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l’Africain en particulier. Que les « Gbagboïstes » voient plus loin que le bout de leur nez et qu’ils placent la Côte d’Ivoire au centre ou au‐devant de leur vision politique. Aujourd’hui, lorsque nous jetons un regard froid sur la situation qui prévaut au sein du FPI et sur celle de toute la nation ivoirienne, nous sommes obligés de conclure, sans ambages, que le train des rêves sur lequel des millions d’Ivoiriens ont embarqué, s’est transformé en un minuscule wagon de cauchemars, voire en un coma politique et socio‐économique. Au FPI, de l’idéalisme socialiste prometteur, l’on est tombé dans un « matérialisme » vagabondant, nauséabond , du moins dans une aristocratie éhontée qui écrase l’Ivoirien, qui conforte la pauvreté et la misère, au point de contraindre les autres Ivoiriens à vivoter ou à se prostituer dans les écoles, sur les lieux de travail, voire dans les toilettes des immeubles aux murs verdâtres et lézardés d’Abidjan et d’ailleurs. C’est vrai que la France fasciste continue de livrer une guerre farouche d’intérêts à la Côte d’Ivoire, depuis que Laurent Gbagbo a décidé de « gouverner autrement ». Mais, nous disons : assez ! « La guerre de la France contre la Côte d’Ivoire », pour parler comme le Président de l’Assemblée nationale, le professeur Mamadou Koulibaly, ne doit pas cacher la gangrène dans laquelle la nation ivoirienne est plongée, purement et simplement par les agissements des hommes et des femmes du FPI. Leur attitude renvoie à l’idée, du moins porte à convaincre qu’ils sont venus au pouvoir pour voler, pour piller, pour détourner les deniers publics, pour se bâtir des châteaux, pour faire de leurs enfants les seuls méritants du pays et les seuls aptes à faire de bonnes études, et ce, dans les écoles et institutions les plus prestigieuses et non moins coûteuses dans les pays occidentaux. Pour conclure cette première partie, nous disons que la Côte d’Ivoire est très riche et que sa modeste superficie ne constitue pas un obstacle pour son développement, ni pour le bien‐être des Ivoiriens. Le

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seul problème ou l’un des obstacles est la course effrénée et illégale vers l’enrichissement rapide qui fait fi de toute loi morale et de toute logique, qui nous éloigne des promesses d’hier, qui nous pousse au désespoir, plutôt qu’à l’espoir. (A suivre)

[Rions un peu, pour ce que le rire, c’est la sante ; pour ce que le rire est le propre de l’homme ; pour ce que la vérité est parfois dans le rire. Mais attention ! Le rire bruyant révèle le vide de l’esprit...]

Sylvain de Bogou, Directeur de la Rédaction, Le Filament. sylvaindebogou@yahoo.com

On ne prête qu'aux riches, et on a bien raison, parce que les autres remboursent difficilement. Tristan Bernard.

Le voile musulman, il nous protège des femmes laides. (J. M. Le Pen).

Prochainement :

Le FPI, un parti gangréné et aux lendemains incertains.

Une rubrique pour rappeler des faits historiques et politiques marquants. Envoyez‐nous vos textes. Vos propositions sont attendues.

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Personne n'accepte de conseils; mais tout le monde acceptera de l'argent : donc l'argent vaut mieux que les conseils. (Jonathan Swift). Un prêtre marchait dans la rue et vit un petit garçon essayant d'appuyer sur la sonnette d'une maison. Le garçon était vraiment petit et la sonnette était vraiment trop haute pour lui. Après avoir remarqué les efforts de ce petit garçon, le prêtre s'approche de lui, passe son bras au dessus de son épaule et appuie franchement sur la sonnette. Se baissant alors vers le petit garçon, le prêtre attend des remerciements. Il lui sourit et lui demande : - "Et maintenant, mon petit garçon, que faiton ?" Le garçon répondit : -" Maintenant ! On court ! ! ! ! !" N'insulte jamais un crocodile avant d'avoir traversé la rivière ...

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Avant tout, il faut distinguer, d’une part, les activités de soins et d’assistance non rémunérées, et d’autre part, les services de soins et d’assistance rémunérés.

Vie … en… Société (Une rubrique sous la direction d’Alain Tanoh Kablan pour aborder tous les problèmes de notre société)

Les activités de soins Qu’appelle‐t‐on « activités de soins » et en quoi peuvent‐elles être importantes pour le développement social ? Pourquoi la politique de développement doit‐elle s’intéresser aux soins?

Qu’elles soient rémunérées ou non, ces activités contribuent au bien‐être, au développement social et à la croissance économique. Malheureusement, les coûts des soins ne sont pas équitablement répartis entre hommes et femmes et entre les classes. Les familles, sous leurs diverses formes, sont en première ligne, lorsqu’il s’agit de répondre aux besoins de soins et d’assistance. Le défi consiste à élaborer des politiques qui les soutiennent et reposent sur certains principes essentiels : reconnaissance et garantie des droits des soignants et des soignés ; répartition moins inégale des coûts sur l’ensemble de la société ; et défense de soins professionnels, convenablement rémunérés et empreints de compassion. Les activités de soins et d’assistance non rémunérées

Ce texte est extrait de la synthèse de la série “Recherches et politiques” résumant les conclusions du projet de l’UNRISD Economie politique et sociale des soins. Le projet regroupe six études de fond réalisées dans des pays de trois régions: l’Afrique du Sud et la Tanzanie, l’Argentine et le Nicaragua, l’Inde et la République de Corée. Les pays ont été choisis sur la base de deux critères : d’abord pour chaque région, un pays doté d’une architecture sociale relativement développée et un autre où elle l’est moins ; et ensuite, l’existence d’au moins une enquête sur l’emploi du temps. Ce texte nous démontre pourquoi les soins sont importants dans la vie des êtres humains et en quoi ils sont à la base et le moteur du développement social et économique d’un pays.

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Les activités de soins et d’assistance non rémunérées englobent les travaux ménagers (cuisine, ménage) et les soins aux personnes (toilette des enfants, assistance à une personne âgée et faible) exécutés dans les foyers et les communautés. Elles concourent au bien‐être et à la croissance économique par la reproduction d’une population valide, productive, capable d’apprendre et d’innover. Dans toutes les économies et toutes les cultures, les femmes assument la plus grande part des soins non rémunérés. De plus, on estime que si l’on attribuait une valeur monétaire à ces travaux, ils représenteraient entre 10% et 39% du PIB. En général, les enquêtes sur la population active ne tiennent pas compte des soins non rémunérés, malgré la valeur économique qu’ils représentent. Ils n’entrent pas non plus dans le calcul du PIB. Ils sont donc invisibles dans les représentations de l’économie qui dictent les politiques. Ils ne sont pas mentionnés non plus dans les Objectifs du Millénaire pour le développement, bien qu’ils tiennent une

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grande place dans la réalisation de plusieurs d’entre eux (réduction de la mortalité infantile, lutte contre le VIH/sida, enseignement primaire, réduction de la mortalité maternelle).

Les services de soins et d’assistance rémunérés Les services de soins et d’assistance rémunérés tels que la garde des enfants, les soins aux personnes âgées, les soins infirmiers et l’enseignement constituent aussi une part croissante de l’économie et des emplois dans de nombreux pays. Aux Etats‐ Unis, par exemple, les services de soins professionnels et domestiques qui représentaient 13,3 pour cent des actifs en 1900 en employaient 22,6 pour cent en 1998 (presque autant de travailleurs que le secteur manufacturier). En Inde, la libéralisation économique des dix dernières années s’est accompagnée d’une hausse sensible du nombre des employés de maison. Lorsque les activités de soins et d’assistance sont convenablement rémunérées et protégées, elles peuvent servir les intérêts des travailleurs comme des utilisateurs des services. Mais, ce n’est pas souvent le cas. Pourquoi la politique de développement devrait‐elle s’intéresser aux soins? Certains insisteront sur leur importance pour la croissance économique, que ce soit par la contribution qu’ils apportent à la formation du “capital humain” ou comme composante d’un “investissement social”. D’autres ont une vision plus large des soins, et les considèrent comme partie intégrante du tissu social et du développement social. La façon dont les sociétés règlent le problème des soins a aussi une incidence

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considérable sur les rapports et les inégalités entre hommes et femmes. Il est plus urgent que jamais de s’employer à résoudre le problème des soins par des politiques publiques. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, qui est une tendance quasi mondiale, a réduit le temps qu’elles consacraient jusqu’à présent aux soins non rémunérés des proches parents et des amis. En même temps, le vieillissement de la population dans certains pays et des crises sanitaires majeures (en particulier le VIH et le sida) dans d’autres ont rendu plus aigu le besoin de services de soins. Dans de nombreux pays en développement où les systèmes de santé publique ont été gravement affaiblis pendant les décennies des réformes inspirées par la philosophie du marché, une grande partie de la charge des soins est retombée sur les femmes et les filles. Les soins sont à la base du développement social et économique ; mais, les dispositions prises à ce sujet dans les pays en développement ont été peu étudiées. Les recherches de l’UNRISD ont commencé à combler cette lacune. Les activités de soins dans les pays en développement Les conclusions de l’UNRISD contestent l’idée que seuls les pays relativement développés peuvent se

permettre d’avoir l’Etat et le marché comme prestataires de soins spécialisés et que les pays pauvres doivent avoir recours aux solutions non rémunérées offertes par la famille et la communauté. Les politiques en matière de soins sont rudimentaires

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dans de nombreux pays en développement. Pourtant, nombreuses sont celles qui pourraient influer sur l’offre des soins : développement de l’infrastructure, services sociaux assurés par l’Etat et programmes de protection sociale. De plus, de nombreux gouvernements de pays en développement expérimentent actuellement de nouvelles manières de répondre aux besoins de soins de leurs sociétés. Les variations que l’on constate entre les pays, pour ce qui est des politiques sociales et des politiques des soins, nous éclairent sur les conséquences de ces politiques. (A suivre) Source :www.unrisd.org/research/gd/care

Faites vivre et faites lire

Le Filament ! * COURRIERS

DES LECTEURS

Prochaine parution :

Les diverses institutions qui participent à l’offre des soins et leur rôle.

Nous recevons beaucoup de courriers. Nous vous en remercions. Continuez à nous écrire. Par manque d’espace imparti à cette rubrique, nous ne pouvons publier tous les courriers, en même temps. Nous nous en excusons. @ @ @

L’écriture africaine Au féminin Dans cette rubrique, nous présentons les femmes écrivaines africaines, pour montrer que, contrairement à ce qu’on a tendance à faire croire, nombre de femmes africaines écrivent, s’adonnent aux Belles Lettres et nous gratifient de belles pages à lire. Dans les prochaines parutions, nous vous proposerons quelques pages de leurs chefs d’œuvres. Vos propositions de textes sont vivement attendues

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A M. Sahiri et à toute l'équipe du Filament, mes Félicitations et mes encouragements! Merci aussi Mr Sahiri d'avoir "judicieusement, opportunément et intelligemment " Exploité l'article "LES NOIRS NE LISENT PAS". Très bien. Qu'on lise !, Qu'on écoute ! Qu’on observe !... Simplement, Humblement... Merci, Chers amis. Santé… Merci d’avoir publié mon « Appel ». De ce point de vue, c’est opportun, c’est d'actualité, en plein dans mes préoccupations, à l'image du Pan, M. Mamadou Koulibaly ("Les Blues de la République "‐ Frat Mat Août 2007 et autres), et du frère Marius Dayoro Boileau ("Intellectuels ou Diplômés Africains? ‐ Le NOUVEAU COURRIER No 23 des Samedi 19 et Dimanche 20 Juin 2010)... J'en profite, dans le "même ton" pour vous proposer de publier mon analyse portant sur l’attitude et les prises de position du Doyen Francis Wodié. Merci pour tout, Merci pour le Prochain Filament No 6 que j’attends avec impatience. Je ferai la publicité qui sied, chers amis. Le combat est d'abord d'idées, profondément intellectuel, et dans l'humilité.

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Continuez, Continuons, Dieu, seul, nous garde !... Gérard T. Lékadou, ingénieur.

Chers amis, j'ai bien reçu le journal. Merci à vous et à très bientôt. Alain Tailly, Abidjan.

crois que "Le Filament" y gagnerait en visibilité et notoriété. Je serai même disposé à vous apporter ma contribution si vous le souhaitez. De mon côté, soyez assuré que je vais faire connaitre votre magazine à un maximum de gens de mon entourage. Bien cordialement à vous. Djédji Monnet, France.

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Salut. Merci pour cette constance dans la production de cet important outil de communication et d'information. J'en profite, à mon tour, pour vous informer de la sortie de mon dernier livre dont le titre est LA SORCELLERIE N'EXISTE PAS, aux Editions du Cerap. Cet ouvrage fait suite à « L'ivoirité entre culture et politique », (Paris, Ed. L'Harmattan 2003) et Nietzsche et Cheikh Anta Diop, Paris, Ed. L'Harmattan 2007). Longue vie au Filament. Merci et à bientôt. Pr. Ramsès Boa Thiémélé.

Je viens d'apprendre l'existence du Filament. Aussi serais‐ je intéressée à le lire régulièrement pour ma propre culture. Cordialement. Mme Dao Macoura.

NDLR : Présentation et compte‐rendu détaillé du livre dans la rubrique « Livre à lire».

Chers frères, merci infiniment pour ce boulot d'information et d'éveil de conscience. Je vous envoie quelques documents, en attachement, pour publication dans Le Filament, si possible. Courage à toute l'équipe. Jean Marc Gogognon, Londres.

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@ @ @ J'ai bien reçu le journal. Merci. Je l’ai parcouru. Il est pas mal. Maïmouna Bance. @ @ @ Bonjour, j’ai reçu, par chaîne de mail, le dernier numéro de "Le Filament". Je souhaiterai être ajouté à votre liste de diffusion pour pouvoir le recevoir a chaque parution. Je voudrais vous féliciter pour le travail et l'esprit d'ouverture du "Filament". Je dois dire, pour ne rien vous cacher, que je voulais développer un projet similaire au vôtre. En effet, lecteur assidu de blogs afro‐orientés depuis plusieurs années, je me suis aperçu que les réflexions et les analyses des Africains sur le web étaient d'une richesse inouïe. Je trouvais donc regrettable que, faute de difficulté d'accès à l'Internet, elles ne soient pas portées à la connaissance du plus grand nombre et surtout des intéressés eux‐mêmes, à savoir les Africains. Le Filament répond en grande partie à cette problématique et, pour cela, je vous félicite à nouveau. Un projet de site ou blog est il en cours? Je

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@@@ Bien reçu. Merci. Dieu vous bénisse. Bonne continuation. André Silver Konan, Abidjan. @ @ @

@ @ @ Merci de me faire lire la 5e parution de votre journal libre et indépendant... Alain Messa. @ @ @ Bien reçu, mille mercis! Très cordialement. Librairie Espace d’Art Mille Feuilles 99, Av. Habib Bourguiba 02070 Marsa Plage @ @ @ Merci de tout cœur. Guy Kalenda Mutelwa, Coordinateur d'antenne Africa Numéro 1

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J'accuse réception du journal LE FILAMENT. J'ai aimé les articles traités. Ils sont très centrés sur l'Afrique. Félicitations pour ce travail. Comme vous avez souhaité que l'on vous fasse connaître, je donne ici un lien pour permettre à mes correspondants de télécharger "Le Filament". Je le transmets à une très longue liste de personnes de mon réseau, les récipiendaires pourront d'eux‐mêmes prendre contact avec vous. J’ai été touché par le cas de l'artiste qui est malade actuellement. José Louis MENE BERRE @ @ @ Merci, nous avons bien reçu Le Filament No 5 qui est, d’ailleurs, bien écrit. Faustin Dali. @ @ @ Merci pour ce numéro que j'ai parcouru avec beaucoup d'attention. Je vous félicite pour la qualité des informations et pour l'annonce du 4eme Congres que vous avez mis en fin de magazine. Nous vous soutiendrons éventuellement à l'approche de notre congrès par un partenariat. "Menons des actions remarquables pour un meilleur Horizon Social". Let's Act Together for a better world. Beaucoup de courage et vive l'Afrique qui gagne! Patricia Faraut, Présidente de AFRICA‐FEMMES PERFORMANTES. Contact : 1812, greenwich wood drive 32 Silver Spring Maryland 20903 USA. Tel: + 1 240 701 3972 Fax: + 1 301 434 2728. congres.international@gmail.com congres@femmesperformantes.com www.femmesperformantes.com www.patricia‐faraut.blog4ever.com @ @ @ Merci beaucoup pour ce que vous faites. C'est un journal riche. Nous vous encourageons. Dieu vous bénisse! Jean Luc Djéa. @ @ @ Je tiens à vous remercier pour ce numéro que vous m'avez envoyé. Il est un plein d'info, et les plumes y sont vertueuses et passionnées! J'espère que l'aventure ne s'arrêtera pas en si bon chemin et que vous trouverez le courage et la force de continuer.

LE FILAMENT Numéro 6 du 15 Juillet 2010

Merci encore et ...au prochain numéro!!! KIE‐BI MANNY, Bouaké, Côte d’Ivoire. @ @ @ J’ai reçu votre courrier. Merci. Jeannot Atébi. @ @ @ A l’attention de M. Léandre Sahiri. J’ai eu l’occasion de lire votre livre « Le Code Noir de Louis XIV ». Je vous en félicite, parce que vous avez abordez un thème qui touche tous les Africains. Mais, je voudrais savoir pourquoi vous ne demandez pas à M. Sidiki Bakaba d’en faire un spectacle que j’imagine grandiose, à la dimension de son talent. Je vous suggère de lui faire parvenir un exemplaire. Richard Pierre Konan, Montréal, Canada. NDLR : Le texte a été mis en scène par Mayele de l’Association RANM. Il y a eu une représentation le mardi 25 Mai dernier, de 19 à 22 heures, aux Abymes dans la salle Tambou‐Bambou à Morne Vergain (derrière l’Instant), en Martinique. Nous espérons avoir très bientôt le CD ou le DVD qui a été réalisé. @@@ Salut. J’accuse réception de votre mail et de votre journal. Je vous en remercie. Achille Tehire. @ @ @ Bonjour Sahiri. Juste pour info, je vais te transmettre les échanges de mail que mon mari a eu avec un acheteur "fictif" basé en côte d'ivoire pour notre voiture (annonce passée dans le journal Sud Ouest). Voici les faits dans l'ordre chronologique : ‐ annonce passée et relayée sur internet ‐ SMS reçu d'un acheteur ‐ échanges mail affirmant qu'il voulait des photos puis qu'il était intéressé par l'achat de la voiture (sur la base des photos envoyées) ‐ demande de recevoir notre carte d'identité et notre RIB pour faire un virement ‐ envoi d'une fausse carte d'identité (celle de la personne qui s'est faite avoir avant nous) ‐ échanges téléphoniques pour expliquer qu'il fallait payer des taxes (sur la base de faux justificatifs de la

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BCEAO) avec l'acheteur fictif et un fonctionnaire d'état ivoirien fictif. Pour nous, constatant qu'il s'agissait d'une arnaque, cela s'est terminé samedi matin par le dépôt d'une plainte au commissariat et la clôture de notre compte bancaire. De ton côté, peut être souhaiteras‐tu faire suivre cette histoire à tes relations, en côte d'ivoire, car il s'agit d'une arnaque qui est en place depuis 2 ans au moins. Mais je suppose qu'ils sont déjà au courant ! Amitiés. Marie‐Aude L., France. @@@ Merci pour votre journal vraiment très bien fait (Le Filament) 5è parution mes encouragements. Auguste Tallet. @@@ Je voudrais en savoir davantage sur L'artiste ivoirien Denver, sa carrière et ses productions musicales. Sa musique s’adresse‐t‐elle seulement aux chrétiens, puisqu’il s’appelle le « Boucantier de Jésus » ? I. Traoré, Londres

NDLR : Réponse dans nos prochaines parutions, dès que nous aurons des informations précises. Nous entendons rencontrer l’intéressé, il vit dans la région londonienne.

@@@ Monsieur Sahiri. Aujourd'hui, je vous appelle « le prof » parce que Le Filament n'est pas comme les autres journaux. Il continue ma formation que vous aviez arrêtée, pour des raisons que je continue à ignorer, je veux parler du lycée Houphouët à Korhogo. Je me demande comment vous faites pour sortir le journal chaque mois. Actuellement, j'ai 40 exemplaires dans ma voiture que je dois distribuer, ce samedi, car j'ai des lecteurs qui n'ont pas de pc ou n’nt pas accès à l’Internet. Le Filament de ce mois donne encore plus d’informations détaillées. c'est un cours que vous nous donnez, prof. Je vous souhaite la santé, car fournir ce travail chaque mois est plus que préparer un cours magistral. Prof, quand je parle de vous à des amis je suis fier. Je suis convaincu que si voua aviez fini l'année scolaire avec moi, je serais plus doué que vous. En tout cas, les mots me manquent pour vous dire ce que je ressens, car c'est énorme, énorme, énorme ce que vous faites. Bon courage. Votre élève Michel Zahibo.

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@ @ @ Grace à votre journal, j’ai appris le décès de l’écrivain ivoirien Denis Oussou Essui. Pourriez‐vous en parler et publier quelques uns de ces textes. Je me rappelle avoir eu, à l’école primaire ou au collège, un de ces textes comme dictée ou poésie. Mes condoléances à sa famille. Caroline K. N’Goran, Marseille, France.

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NDLR : Denis Oussou‐Essui était journaliste, écrivain et homme politique ivoirien, né le 25 juillet 1934 à Bocanda. Il fut également Présentateur du journal télévisé de la RTI, Directeur Général de l'Agence Ivoirienne de Presse (AIP), il a ensuite été élu Député de Bocanda en 1980, 1985 et 1990. Il est décédé le 6 mai 2010 à Abidjan. Marié à Pierrette Sibéril, il a deux enfants et trois petits enfants. Il est issu des rangs du PDCI. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont : Les saisons sèches; Vers de nouveaux horizons; Souche calcinée; Le temps des hymnes; Vers de nouveaux horizons(1979) ; Rendez‐vous manqués (1979), etc.

Ce journal est le vôtre. Adressez-nous vos trouvailles, vos annonces, vos avis, vos articles, mais aussi vos dons ou contributions.

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mondiale). Ces actes de mépris devraient, au regard de ce document, motiver les dirigeants du continent africain à refuser de faire participer militairement l’Afrique à la parade des forces armées françaises, le 14 Juillet 2010, à Paris.

Une chronique d’Adjé Kouakou, Producteur et Présentateur de l’émission AMANIEN. Voice of Africa Radio à Londres

En effet, après avoir servi de boucliers humains et de soldats de première ligne de front sur les champs de bataille, et sauvé la France, les valeureux combattants africains des armées françaises sont, nous le savons tous, appelés « tirailleurs sénégalais ». Il suffit de pousser un tant soit peu plus loin la réflexion sur le terme TIRAILLEUR pour se rendre à l’évidence de la connotation péjorative et l’intention voilée de ceux qui ont initié ce mot.

14 Juillet 2010 Défilé des troupes militaires africaines. Les dirigeants africains font honte et offensent la mémoire des valeureux Anciens Combattants.

Pour comprendre pourquoi les armées africaines ne devraient pas prendre part au défilé du 14 Juillet 2010, en France, il suffit de jeter un coup d’œil sur le résultat des recherches d’un journaliste de la BBC, consigné dans un document intitulé « Libération de Paris : les Alliés ont écarté les soldats noirs pour garder une image victorieuse blanche » (document en Anglais que nous traduirons et publierons dans nos prochaines parutions). L’essentiel de l’information contenue dans ce document en anglais porte sur les nombreux actes de mépris posés par la France à l’ égard des valeureux soldats africains pendant et après la deuxième guerre européenne (dite

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En effet, TIRAILLEURS veut dire, en termes clairs, des individus dépourvus d’intelligence, de toute faculté intellectuelle et donc qui tirent n’importe où, sauf sur la cible indiquée. Autrement dit, TIRAILLEURS s’expliquerait donc par le fait qu’on présente une cible à quelqu’un et, comme il est un imbécile, il dirige plutôt son fusil AILLEURS c’est-à-dire dans tous les sens. Ceci est d’autant plus grave que ce qui n’est pas dit ici, c’est que les personnes concernées, notamment les combattants africains, étaient pour la plupart issues des zones rurales, enrôlées de force dans les armées françaises en perdition face à l’Allemagne. Ce qui revient à dire que, pour la majorité des enrôlés venus du continent, manipuler un fusil ou une arme à feu était

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pratiquement quelque chose de nouveau, d’inattendu, d’inconnu. Et, malheureusement ces combattants africains n’avaient reçu aucune initiation au maniement de l’arme, ni aucun entraînement substantiel dans la manipulation de l’arme à feu avant leur départ au front, parce que la France, alors en déroute, était en quête de ressources humaines immédiate pour contrer l’avancée de l’ennemi allemand dans les zones de guerre. Quiconque, dites-moi, mis dans une telle situation n’aurait-il pas des difficultés à atteindre sa cible, fut-il Africain, Américain ou Européen ?... L’autre caractéristique du cliché français vis-àvis de ses bienfaiteurs africains réside dans l’emploi du qualificatif SENEGALAIS attribuee à tous les soldats africains qui, on le sait très bien, étaient venus de pays divers et de tribus différentes. A ce propos, il est bien de rappeler ici que, à l’époque des faits, la conférence de Berlin de 1884 (un autre sujet à débat) avait déjà découpé le continent noir en territoires d’occupation et que les pays sous oppression française étaient déjà considérés comme des pays nommément distincts les uns aux autres depuis l’Afrique centrale jusqu’à l’Afrique de l’Ouest. L’on comprend alors très mal pourquoi, de façon délibérée, les Français ont décidé d’appeler les combattants africains, bien qu’originaires d’horizons diverses, SENEGALAIS ? Africains, réveillons-nous de notre long et lourd sommeil ! Adjé Kouakou, Producteur et Présentateur de l’émission AMANIEN. Voice of Africa Radio à Londres

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L’Afrique défile pour le 14 Juillet français A vrai dire, de nombreux Africains s’interrogent sur le sens de la participation des troupes africaines au défilé du 14 juillet. Faut-il rappeler les horreurs, les massacres et les assassinats qui ont jalonné l’occupation coloniale ? Que célèbre-t-on alors ?... La fin du mépris, des humiliations, du paternalisme ? Une Humanité enfin réconciliée ?... Vivement que le cinquantenaire des indépendances soit l’occasion, pour ceux dont l’humanité avait été mise entre parenthèse durant l’esclavage et la colonisation, de faire le point sur ce qu’ils ont fait de leur liberté recouvrée est sans doute plus que nécessaire. Mais la parade sur les Champs-Elysées est assurément polysémique. « Le défilé sur les Champs-Élysées n’est ni un signe de réconciliation, puisque nous n’avons jamais été brouillés, ni une démonstration de puissance », explique Jacques Toubon. Il n’est pas interdit non plus de penser, dans l’esprit des rédacteurs de la loi de février 2005, que la présence de leurs troupes militaires traduit la reconnaissance des Africains d’avoir été colonisés ! Joachim Vokouma, Directeur de la rédaction Lefaso.net

Voice of Africa Radio

Mardi: 22h‐00h (21h‐23h GMT)

Samedi: 09‐10h (08h‐09h GMT)

94 94.3 FM/www.voiceofafricaradio.com

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Source de vie pour les Nations, dirigée par le jeune pasteur d'origine rwandaise. De nombreux Africains composent l'assistance.

RELIGION

« Les Marchands de miracles » Il y a quelques temps, Congo‐Internet.com a ouvert un grand débat intitulé « Les marchands de miracles ». Ce débat soulève la problématique de « la prolifération des églises chrétiennes africaines. On peut lire en introduction de ce débat ceci : « Kinshasa, Brazzaville, Libreville et autres sont plongées dans l'univers ahurissant des églises de guérison, où la violence des cultes reflète celle de la misère, où le discours tragi‐comique des télévangélistes répond à la naïveté désespérée des fidèles... ». Qu’en pensez‐vous ? Nous attendons de recevoir et publier votre point de vue.

Les Pasteurs africains veulent contaminer Montréal Les Africains n'arrivent pas tous au Québec les mains vides. Certains ramènent à leurs hôtes un cadeau qu'ils ont, eux‐mêmes, reçu il y a plus d'un siècle : le christianisme. Lorsque Jean‐Luc N'Kusi s'avance au milieu de ses fidèles, la tension monte d'un cran dans la petite église du centre‐ville de Montréal. "Tu es guérie au nom de Jésus, hurle le pasteur à tue‐tête, les mains posées sur le crâne d'une fidèle pour, prétend‐il, la soulager des douleurs d'une grossesse difficile. La maladie part ! L'esprit qui t'accable sort ! Tu es délivrée au nom de Jésus. La puissance de Dieu !" La scène a beau faire sourire les incrédules, « c'est le moment de vérité » pour les membres de l'Église

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Mais aussi des Québécois attirés par ce culte évangélique à saveur africaine. Brune aux yeux bleus, France Bally fréquente assidûment l'église du pasteur Jean Luc N'Kusi depuis deux ans. "À partir du moment où je suis entrée ici, j'ai reçu énormément, souffle la femme de 42 ans, encore transie d'émotion. J'ai senti vraiment que je n'étais pas abandonnée dans ce monde et que le Seigneur était près de moi." France Bally vient ici pour une autre raison : la chaleur de ses coreligionnaires africains dont les accolades et les salutations n'en finissent pas, même longtemps après le culte. Contaminer Montréal Il est difficile d'être plus proche de ses fidèles que ne l'est le pasteur Jean Assi. Cet Ivoirien, arrivé il y a à peine deux ans au Canada, tient son ministère… à domicile. L'appartement, un modeste trois‐pièces dans le quartier Côte‐des‐neiges, est plutôt exigu. Mais, qu'importe. Les fidèles ne s'en formalisent guère et s'y entassent, chaque semaine, pour écouter les sermons enflammés de leur pasteur. Âgé d'une trentaine d'années, ce dernier croit, dur comme fer, en sa mission et à celle de ses collègues africains : raviver la foi vacillante, sinon éteinte, des Québécois. "Dieu a fait grâce aux Africains d'une foi solide. C'est à nous de venir « contaminer Montréal, avec cette foi en Christ », soutient‐il, avec aplomb. La foi de Jean‐ Eudes Muyadamutsa ne soulève pas encore les montagnes, mais elle le fait voyager. Ce pasteur rwandais est fraîchement arrivé du Texas, avec femme et enfants, afin de répandre la bonne nouvelle au Québec. « C'est ici que Dieu m'a envoyé, parce qu'il y a vraiment beaucoup à faire », explique‐ t‐il, ajoutant que le taux de suicide à Montréal – l'un des plus élevés au monde – avait motivé son choix de se lancer dans cette croisade. « Il faut élaborer toutes les stratégies pour ramener ces âmes perdues vers Dieu », dit‐il, d'un ton déterminé, en mettant en

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marche un film vidéo promotionnel où on le voit à l'œuvre dans son ancienne église des États‐Unis. L'offensive de ces pasteurs africains se mène alors que les Québécois ont déserté, depuis belle lurette, l'Église catholique, jadis omniprésente. Moins de 10 % assistent aux offices religieux plus d'une fois dans l'année, tandis que le gouvernement accepte d'effacer les derniers vestiges de la religion dans l'enseignement public. Les pasteurs africains ont l'intention de remplir ce vide. Prenant à témoin les populaires lignes ouvertes consacrées à l'ésotérisme dans les medias, le pasteur Jean Luc N'Kusi analyse la situation en ces termes : « En réalité, il y a une soif spirituelle qui n'est pas assouvie. Les Québécois sont plutôt en désamour avec l'Église catholique qu'avec Dieu. Le terreau est fertile pour un renouveau spirituel ». Ce discours plaît à Robert Lévesque, un Québécois « pure laine », en rupture de ban avec l'Église officielle, devenue trop tiède à son goût. Cet ancien postier à la retraite, qui fréquente l'église évangélique africaine du Plein Réveil de Montréal, affirme, en brandissant une grosse bible à la couverture défraîchie : « Elle ne remplit plus mes besoins, Les portes des églises conventionnelles sont souvent closes et l'office religieux est devenu une simple formalité. Le message des prêtres est tellement édulcoré pour ne pas s'aliéner les chrétiens mous qu'il perd toute substance. Il faut revenir aux vraies valeurs de la chrétienté et de la communion fraternelle ». Retour à l'envoyeur Pourquoi cette soudaine « invasion » du Québec par les pasteurs africains ? Telle est la question que nombre de personnes se posent. En guise de réponse à cette interrogation, Jean Luc N'Kusi affirme : « Nous sommes indépendants ». Mais, le pasteur, qui confie être en train de jeter un coup d'œil du côté des États‐ Unis, n'écarte pas un éventuel soutien financier, qui serait le bienvenu ; car, la majorité des églises africaines montréalaises – souvent des bâtiments de

fortune – en ont manifestement besoin. Pour l'heure, ces pasteurs, venus d'Afrique, ont plus d'ambition que de résultats. Considérées comme des sectes, leurs Églises suscitent la méfiance de la population québécoise, aujourd'hui peu encline à la pratique religieuse. Ce qui est loin de décourager Jean Luc N'Kusi. Pour lui, la mission d'évangélisation des Africains est un juste retour des choses : « Les Occidentaux nous ont apporté la bonne nouvelle. La semence plantée chez nous a donné des fruits. C'est à nous de ramener la parole de Dieu ici. On récolte ce qu'on a semé ». Autrement dit, cette « invasion » du Québec par les pasteurs africains, c’est, en quelque sorte, le retour a l’envoyeur. Mais, ne cache‐t‐elle pas, en réalité, quelque chose ? Karim Djinko, Source : www.syfia.info

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Prochainement, vous lirez l’intervention du Pasteur Michel Doué, président des pasteurs francophones du Royaume-Uni * © Nous rappelons que l'ensemble du journal est couvert par le copyright.

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Dites-moi pourquoi…

Dans d’autres cas de figure, le jet de riz sur les époux sert à les protéger de tous esprits maléfiques. Car, la croyance populaire suppose que de tels esprits se manifestent pendant les noces, et que, seul le jet riz peut éloigner ceux‐ci, les empêcher de nuire aux époux, etc. Par la même occasion, l’on espère, ce faisant, apporter la prospérité et la fécondité aux jeunes mariés. Car, le riz est symbole de fécondité et de fertilité. A l’île de la Réunion, on jette du riz pour que les mariés ne manquent pas de nourriture dans leur vie future. Voilà pourquoi il est de coutume de jeter du riz sur les mariés, à leur sortie de l’église ou de la mairie…

Notre nouvelle rubrique signée G S Jonathan explique le pourquoi et le comment des choses de la vie. Parce que : « Heureux

qui peut savoir l'origine des choses ».

(Virgile).

Pourquoi lançons-nous du riz aux nouveaux mariés ? La vie est un ensemble d’événements, tels que les naissances, les anniversaires, les rencontres, les voyages, les mariages, qui rythment et régulent le quotidien des Hommes. Ces événements sont basés sur des pratiques, des traditions ou des rites. Dans le cadre du mariage, par exemple, Jeter une poignée de riz aux jeunes mariés est une pratique universelle qui remonte à la nuit des temps. L’on peut alors se demander pourquoi jette‐t‐on du riz aux jeunes mariés ? Quel est le sens de cette pratique ? Enfin, pourquoi le riz, et pas autre chose ? Voilà. Dans tous les pays du monde, le riz constitue un aliment de base, qui tend même à remplacer le blé ou encore la pomme de terre dans les pays d’Europe. Dans de nombreuses communautés, le riz est associé au divin, dans la mesure où il pousse partout, même dans les déserts, et du fait qu’il emplit les greniers, nourrit des populations entières. C’est sans doute vu sous cet aspect que le riz est présent dans de nombreux mythes et légendes. Par exemple, pour les Japonais, le riz est le symbole de l’abondance et du pouvoir céleste. Pour les sociétés secrètes chinoises, la consommation de riz procure la vigueur et l’immortalité. A travers ces exemples, l’on se rend bien compte que le riz est un élément fondamental de la vie de nombreuses populations du monde, tant sur le plan matériel que spirituel. C’est sans doute pour cela qu’il trouve sa place dans le mariage. Dans certaines tribus dites « primitives », l’acte de mariage consistait simplement à manger, ensemble, du riz. Car, cette céréale de la famille des graminées, symbolise le « vivre ensemble ». Pour d’autres peuples encore, consommer et jeter des poignées de riz sur les mariés vise à sceller l’union de l’homme et de la femme.

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Ainsi donc, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, ce n’est pas par hasard, certes, que l’on jette des poignées de riz aux jeunes mariés. C’est une vieille tradition qui, malgré sa symbolique, est un peu décriée, car l'amidon tache, le riz reste sur le perron de l'église… Si bien que certaines églises ou mairies tendent à interdire de lancer du riz, sous prétexte de ne pas nourrir les pigeons ou de ne pas gâcher de la nourriture. Par conséquent, de nos jours, la mode est plutôt au jet de pétales de fleurs, symbole de vie et de renouveau, en particulier les pétales de roses rouges qui symbolisent, quant à elles, l’amour des jeunes mariés.

G S Jonathan Dans notre prochaine parution :

Pourquoi devons-nous exercer notre mémoire ?

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Sous l’art à

palabres U Unnee cchhrroonniiqquuee ddee SSeerrggee G Grraahh

magouille, de corruption, de compromission, de népotisme, de favoritisme. » Ensuite, ce sont les propres « camarades » du mis en cause qui enfoncent le clou : « Est‐il vrai que l’entrée à l’Ecole Nationale de Police (ENP) est marchandée ? Le ministre Tagro est‐il prêt à accepter qu’une enquête parlementaire soit ouverte sur la question ? N’est‐il pas vrai que l’APO, signé pour durer 10 mois, en est aujourd’hui à 3 ans ? Désiré Tagro peut‐il faire la lumière sur l’ardoise de 8 milliards FCFA concernant l’hébergement des pèlerins du Hadj 2009 ? Le ministre de l’Intérieur Tagro peut‐il expliquer au peuple ivoirien comment la confection des passeports biométriques s’est retrouvée entre les mains de M. Adama Bictogo ? A‐t‐il reçu 10 milliards de commission de Sagem Security ? Et les 100 milliards de Probo Koala ? Où donc Tagro a‐t‐il sorti subitement les fonds pour créer 3000 hectares d’hévéa ? ».

Peut-on encore Sauver le Ministre

Désiré Tagro ? Depuis quelques jours, le ministre de l’Intérieur, M. Tagro Asségnini Désiré, est sur le banc des accusés. D’abord le président de l’Assemblée nationale et 3è Vice‐président du FPI, le Pr. Koulibaly Mamadou qui, lors du colloque de la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) le 2 juin dernier, a donné une « claque » des plus musclée au ministre de l’Intérieur. La deuxième personnalité de l’Etat de Côte d’Ivoire a, dans la foulée, exigé la démission du ministre Tagro, l’accusant de « tribalisme, d’ethnicisme, de

Voilà quelques questions que ces cadres du FPI ont posées au ministre Tagro.

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Dans le même sens, ce fut, hier, autour du Président de la république, M. Laurent Gbagbo, de montrer sa sensibilité face au « ras‐le‐bol » du Président de l’Assemblée Nationale, se faisant la bouche des Ivoiriens. En effet, aux « camarades » du parti qui, s’indignant face à « ces accusations inopportunes » ont tenté de le défendre vaille que vaille, M. Laurent Gbagbo a donné un coup de massue. Il a saisi le Procureur de la République afin de faire toute la lumière sur ces lourds soupçons qui pèsent sur son collaborateur. Alors, peut‐on encore sauver le soldat Désiré Tagro ? Pourra‐t‐il, pour sauver son honneur (s’il en reste encore !) et gagner la bataille de l’émotion, présenter sa démission in limine litis avant le terme de l’enquête ? Ses indéfectibles soutiens pourront‐ils l’aider et le sauver ? En tout cas, tout porte a croire qu’il faudra un véritable miracle pour sortir le signataire de l’APO indemne de ce tourbillon dans lequel il s’est lui‐même jeté, pieds et mains liés. Cette triste « affaire » nous montre jusqu’à quel point le mal est très profond et se cache derrière de nombreuses facettes. Que s’est‐il passé pour qu'on en arrive là ? Comment en sommes‐nous arrivés à un tel deuil de l’espérance ? Comment expliquer le fait que la corruption et les « petits » détournements ont transformé le fonctionnement le plus simple de l’administration ivoirienne en de gigantesques fourberies et de surprenants épisodes kafkaïens ? Autant de questions à élucider, n’est‐ce pas ?

Serge Grah (Journaliste, Ambassadeur Universel pour la Paix). serge_grah@yahoo.fr

Libre et indépendant, « Le Filament » vous est ouvert Exprimez‐

vous !

Les signes de l’insuffisance rénale « J’ai commencé à souffrir de terribles maux de tête. Je pensais qu’ils étaient dus à mon rythme de vie, au stress et au travail. Il me semblait ridicule d’aller consulter un médecin. De toute manière, il m’aurait juste recommandé des calmants ou de moins travailler » (Moya, diagnostiquée insuffisante rénale). Ceci est un témoignage, parmi tant d’autres, qui atteste bien que, depuis un certain temps, des conditions difficilement guérissables tels que le dysfonctionnent rénal et (HIV) séropositive, font rage au sein de notre communauté. J’ai simplement voulu partager cette lecture avec vous afin de minimiser les risques de la maladie qui prolifère par ignorance ». Selon des recherches récentes (renalinfo.com), l’insuffisance rénale est la conséquence d’une lente accumulation de déchets dans le sang et de la défaillance progressive des fonctions régulatrices des reins. Ainsi, l’on parle d’insuffisance rénale lorsqu’il y a diminution progressive et rapide du pouvoir de filtration des reins, laquelle filtration est nécessaire à l’élimination des déchets du sang, à l’équilibre de l’organisme en sel et en eau, et à la régularisation de la pression du sang (tension artérielle). Classiquement, on distingue l’insuffisance rénale aiguë de l’insuffisance rénale chronique.

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Globalement, une insuffisance rénale se caractérise par une diminution de la fonction et du nombre des néphrons (unités de base constituant le rein et servant à débarrasser le sang des toxines qu’il contient, en élaborant l’urine primitive). L’insuffisance rénale aiguë, contrairement à l’insuffisance rénale chronique, est généralement réversible et guérit le plus souvent. Elle consiste en une privation brutale de l’organisme de sa fonction rénale (fonctionnement des reins). Les déchets ou le liquide en excès s’accumule dans l’organisme lorsque les reins sont défaillants et donc ne produisent pas suffisamment d’urine. Ce phénomène peut conduire à ce que l’on appelle dans le langage médical un œdème ou un gonflement. Ce liquide en excès est perceptible par des symptômes ou des signes tels qu’un gonflement autour des yeux, au niveau des mains, des chevilles et des pieds. Si le liquide en excès continu de s’accumuler, il est possible de connaître une surcharge de liquide dans l’ensemble de l’organisme. En cas d’accumulation du liquide dans les poumons, un œdème ou un gonflement pulmonaire est possible. En cas de surcharge de liquide dans l’ensemble de l’organisme, la pression sanguinaire augmentera également, car le sang de l’individu qui développe ce disfonctionnement contient plus d’eau que la normale, ce qui accroît la pression sur les vaisseaux sanguins. Lorsque les reins sont endommagés, la production de l’hormone « érythropoïétine » qui joue un rôle très important dans la production de certains globules diminue. L’anémie qui est le décroissement quantitatif du sang ou des globules rouges pouvant assurer décemment le fonctionnement de l’organisme est constatée. Si les globules rouges sont en nombre insuffisant pour transporter l’oxygène dans l’organisme, nous nous affaiblissons, nous avons froid, nous sommes fatigués et nous avons du mal à respirer. Les symptômes de l’insuffisance rénale ayant tendance à apparaître lentement, sur une période

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prolongée, ils sont facilement négligés ou considérés comme une réaction normale au stress et aux contraintes de la vie quotidienne. Cela peut retarder le diagnostic et le traitement et, ainsi, accroître les lésions rénales. Diminution progressive rapide du pouvoir de filtration des reins (nécessaire à l’élimination des déchets du sang), associée à un déséquilibre de l’organisme en sel et en eau et à des difficultés de régularisation de la pression du sang (tension artérielle). Classiquement, on distingue l’insuffisance rénale aiguë de l’insuffisance rénale chronique. Globalement, une insuffisance rénale se caractérise par une diminution de la fonction et du nombre des néphrons (unités de base constituant le rein et servant à débarrasser le sang des toxines qu’il contient, en élaborant l’urine primitive). L’insuffisance rénale aiguë, contrairement à l’insuffisance rénale chronique, est généralement réversible et guérit le plus souvent. Elle consiste en une privation brutale de l’organisme de sa fonction rénale (fonctionnement des reins). Retenons aussi que le stress, la malnutrition, les maladies sexuelles négligées ou mal traitées ou le style de vie (abus d’alcool ou de substances diverses) sont en général les causes de l’insuffisance rénale. consultez rapidement votre médecin si vous présentez, de façon persistante, l’un ou plusieurs des signes indiqués ci‐dessous : • • • • • • • • • •

goût métallique ou autre goût étranger dans la bouche fatigue; sensation de froid; maux de tête; pression artérielle élevée; insomnie; démangeaison et sécheresse de la peau perte d’appétit ou nausées douleur au bas du dos dans la région des reins difficultés de concentration, confusion, étourderie

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• • • •

faibles pulsions sexuelles agitation ou crampes dans les jambes difficultés respiratoires gonflement des mains, des pieds ou du visage, en particulier autour des yeux, au réveil • problèmes urinaires, par exemple urine moussante ou sanguinolente, volume d’urine plus important ou plus faible que d’habitude, ou modification de la fréquence des mictions. Jean Marc Gogognon, Psychologue, Londres. Source: renaleinfo.com

* Prochainement:

La dépigmentation Le sucre : bon ou pas bon pour la sante ? Réponse dans notre prochaine parution, avec des conseils pour manger moins de sucre pour éviter certaines maladies, pour perdre du poids.

*

Jusqu’à quand? Jusqu’à quand Peuple mien Continueras‐tu de plier l’échine Et de fléchir les genoux Devant ces visages funestes et masqués ?

Tes fils sont là En nombre impressionnant! Je les entends marcher Et l’écho qui me parvient Ressemble au rugissement des lions Des lions blessés Mais ils sont là Tes fils sont là Et Comme de bons soldats Tous équipés Pour livrer la dernière bataille La bataille de la liberté La bataille de la souveraineté La bataille de l’indépendance. Henriette N’Goran Source : Ivoire Hebdo Magazine.

Pour un don ou une contribution financière

Jusqu’à quand Peuple mien Te déroberas‐tu du combat tien Pour défendre ta pureté

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Pour défendre ton intimité violée ? Jusqu’à quand Peuple mien Continueras‐tu De te laisser guider par des mains gantées Des mains aux noirs desseins Des mains que rien n’arrête Des mains qui sèment la tristesse et le deuil ? Peuple mien Peuple humilié Prends courage Tiens‐toi debout et dis : non ! Non à l’oppression Non à la violence Non à la dictature Et en main Prends ton destin!

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Thème : L’Engagement Pensez‐vous qu’un artiste, un intellectuel ou un écrivain… devrait se mêler ou pas de la politique ? Réponses.

avis, il ne devrait pas faire cela. Un artiste doit chanter pour la paix en Côte d’Ivoire ; il ne doit pas soutenir un président de République, ni un ministre, encore moins un parti politique. Le jour de l’élection, tu prends le bulletin du parti que tu veux, tu le mets dans l’urne. Mais, c’est ta cuisine interne et ça ne regarde personne, c’est privé. Et c’est ainsi qu’un artiste doit se comporter »... (Justin Oussou, in Abidjan.net du jeudi 25 février 2010).

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Justin Oussou, artiste‐peintre ivoirien :

Un artiste ne doit pas se mêler de la politique « Non ! Je pense qu’un artiste ne devrait pas se mêler de la politique. Ceux qui le font, je les considère comme des artistes alimentaires. En fait, c’est la pauvreté qui pousse les artistes à quémander et à lécher les bottes des hommes politiques... Je travaille parfois sur des thèmes politiques. Je m’inspire de la politique, parce que c’est le rôle de l’artiste que je suis de témoigner de mon temps.

L’écrivain‐poète ivoirien Bernard K. Djaha qui a été la révélation du Grand Concours de Poésie organisé en 1982 par Fraternité‐Matin. Professeur de Lettres, il est de ceux qui avaient agréablement émerveillé le jury présidé par M. Jean Dodo, homme de Lettres de grande notoriété. Celui‐ci avait présenté le recueil de poèmes « Cors et cris » de Bernard K. Djaha, comme de « Beaux poèmes, durs et qui dénoncent, pleurent sur les misères. Merveilleux exemple de l'engagement de l'écrivain‐poète ». Bernard K. Djaha nous livre ici son point de vue sur l’engagement. Lisez

Bernard K. Djaha, l’écrivain‐poète ivoirien : Moi, j’envisage la poésie

comme une arme de combat, Comme un moyen de lutte

J’essaie d’immortaliser ce que les politiciens font. Mais, je ne fais pas de la politique, Je ne suis pas un acteur politique. C’est cela la différence fondamentale entre certains artistes et moi. Un homme comme Alpha Blondy, à qui on demande son parti, répond ouvertement qu’il est du FPI. A mon

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« Je définis souvent la poésie comme un art de crise, crise de conscience individuelle ou collective. On peut prendre l’exemple du moment de la colonisation, moment de crise parfait qui a poussé des intellectuels africains à prendre la plume pour défendre les causes des peuples opprimés. Je crois que l’art en général, et la poésie en particulier, émerge à un moment critique de l’évolution d’un peuple. Elle constitue, de ce fait, un monde féérique, fait de rythmes, d’images et de musique et je crois

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que c’est ce qu’il y a de fascinant dans la poésie... Moi, j’envisage la poésie comme une arme de combat, un moyen de lutte contre un phénomène qui apparaît funeste pour la société. Dans cette optique que j’écris. C’est l’idée directrice qui m’a amené à la conception de mon recueil de poèmes. Pour bien comprendre, il faut partir, je crois, du titre « Cors et cris » : les cors, ce sont en général les durillons qui se forment sur les orteils ; et, les douleurs engendrées par ces durillons sont, pour le poète, symbole de la misère morale et matérielle qui arrache des « cris » au poète. Dès cet instant, le poète s’engage à ameuter l’univers et à appeler à plus d’équité, à plus de compassion, à moins de cupidité… Cela devient un leitmotiv, une mission qu’il fait, en usant des cors, instrument à vent. Il faut voir aussi les cors, jeunes cornes qui participent à l‘embellissement du bois du cerf. Vu sous cet angle, chaque poème devient une lueur d’espoir, une pierre qui contribue à l’édification de la société. Donc, il y a trois éléments dans ce mot : le cor, en tant que durillon, qui symbolise la douleur, autrement dit, la misère ; le cor, en tant qu’instrument de musique qui sert à alerter, avertir, prévenir les populations des maux de la société ; et, les cors qui constituent les jeunes cornes du cerf et qui symbolisent, en quelque sorte, l’harmonie, le bien‐être, le bonheur… Au total, je dénonce toutes les misères et préconise la lutte pour atteindre l’harmonie... De ce point de vue, il est aisé de percevoir, dans mes écrits, l’influence de Césaire, en tant que modèle d’écrivain engagé. Je

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dois avouer que cette influence n’est pas fortuite. Pour moi, Césaire est l’un des plus grands poètes de notre temps, du fait des thèmes qu’il traite, et puis la conviction qu’il met à traiter ces thèmes‐là. Il est même arrivé presque, croyez‐moi, à se créer un lexique personnel. Cette conviction m’habite moi aussi ; et puis, il y a une sorte de violence qui émane de certains de mes poèmes. Tout ceci, je le tiens de Césaire. Source : Fraternité‐Matin.

* Après l’affaire Calas avec Voltaire, le professeur Urbain Amoa, dans son « Propos sur l’engagement de l’écrivain », nous parle ici de « l’affaire Dreyfus », autrement dit d’Emile Zola, comme cas patent de l’écrivain engagé.

Emile Zola et L’Affaire Dreyfus Un politicien (plus ou moins analphabète) a pu dire, un jour, de l’œuvre de Bernard Dadié dont un stylisticien ou didacticien faisait la promotion, qu’elle n’est qu’un assemblage de «feuilles de choux ». De même, un ancien Ministre de la Fonction Publique du gouvernement de M. Félix Houphouët Boigny qui, pour justifier que les artistes, pour lui, ne jouaient aucun rôle dans la société et que, par conséquent, ils ne devraient

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mériter aucun salaire, appelaient les Comédiens de l’ancien Institut National des Arts d’Abidjan «les frappeurs de tam‐tam ». ‘‘Je ne paie pas les frappeurs de tam‐tam’’ se plaisait‐il à dire... Le Professeur Urbain Amoa.

polytechnicien, Juif et non‐catholique, est accusé d'avoir livré aux Allemands des documents secrets. Il est alors arrêté le 15 octobre et, le 22 décembre, condamné par un conseil de guerre au bagne à perpétuité (autrement dit prison à vie), pour « espionnage au profit de l'Allemagne ». Et donc, Il est, de ce fait, condamné à la prison à perpétuité, « pour trahison ». Il est, par la suite, déporté sur l'île du Diable. À ce moment, l'opinion comme la classe politique française sont unanimement défavorables à Dreyfus. Ecrivain engagé, témoin de son époque, Poète de l’histoire, Voltaire entoure son discours de toutes les richesses de l’élégance langagière, pour dénoncer les comportements et attitudes de son époque. Ces richesses n’ont rien enlevé à la pertinence, ni aux effets du message. Bien au contraire.

De tels propos nous invitent à démontrer que l’histoire des sociétés et de la littérature est pleine de cas d’engagement. En effet, Contrairement à ce que pensent certains, les artistes et les écrivains doivent se mêler de la politique et s’en sont déjà mêlés, dans l’histoire des sociétés humaines, au moins à travers plusieurs «affaires » dont l’« Affaire Dreyfus » nous intéresse particulièrement ici. L’affaire Dreyfus ou « J’Accuse » L’«Affaire Dreyfus » a éclaté en 1894 et apparaît comme le plus grand scandale de la 3ème République française. De quoi s’agit‐il ? Vers la fin de l'année 1894, un officier de l'armée française, le capitaine Alfred Dreyfus,

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Certaine que cette condamnation est incohérente et injuste, la famille du capitaine Dreyfus, avec son frère Mathieu en tète, tente de prouver son innocence, et engage, à cette fin, le journaliste Bernard Lazare. Parallèlement, le colonel Georges Picquart, chef du contre‐espionnage, constate en mars 1896 que le vrai traître avait été le commandant Ferdinand Walsin Esterházy. L'État‐ major refuse, pourtant, de revenir sur son jugement et affecte le colonel Picquart en Afrique du Nord. En outre, afin d'attirer l'attention sur la fragilité des preuves contre Dreyfus, sa famille contacte, en juillet 1897, le respecté président du Sénat, M. Auguste Scheurer‐Kestner. Celui‐ci fait savoir, trois mois plus tard, qu'il a acquis la conviction de l'innocence de Dreyfus, et il en persuade également Georges Clemenceau, ancien député et journaliste. Le même mois, Mathieu Dreyfus porte plainte auprès du ministère de la Guerre contre Walsin‐Esterházy. Tels sont les faits auxquels deux événements quasi simultanés vont donner, en janvier 1898, une dimension nationale, pour devenir, ensuite, « l'affaire Dreyfus ». Il s’agit, d’une part, l’acquittement du commandant Walsin‐ Esterházy, sous les acclamations des conservateurs et des nationalistes ; et, d’autre part, de la publication, le 13 janvier 1898, par Émile Zola,

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d’une « Lettre ouverte au président de la République », dans le journal L'Aurore, sous le titre « J'Accuse ». « J'Accuse » a été conçu et publié par Emile Zola comme un plaidoyer en faveur de Dreyfus, en vue d’entraîner le ralliement de nombreux intellectuels, sans doute, en réaction à cette parodie de jugement, du moins sous le coup de l'émotion issue du verdict d'acquittement rendu au profit du commandant Esterházy, malgré les graves présomptions qui pesaient sur lui. Malgré les menées de l'armée pour étouffer cette affaire, le premier jugement condamnant Dreyfus a été annulé par la Cour de cassation, au terme d'une enquête minutieuse, et un nouveau conseil de guerre a eu lieu, à Rennes, en 1899. Contre toute attente, Dreyfus a été condamné, une nouvelle fois, à dix ans de travaux forcés, avec, toutefois, circonstances atténuantes. Épuisé par sa déportation de quatre longues années, Dreyfus a accepté la grâce présidentielle, accordée par le président Émile Loubet. C'est en 1906 que son innocence a été officiellement reconnue, au travers d'un arrêt sans renvoi de la Cour de cassation. Réhabilité, le capitaine Dreyfus a été réintégré dans l'armée, au grade de commandant et a participé à la Première Guerre mondiale. Il meurt en 1935. Tels sont les faits. Les conséquences de l’engagement de Zola

Carte postale caricaturant Zola après la publication de son article. De nombreux historiens parmi les plus éminents ont exprimé plusieurs hypothèses distinctes sur l’affaire, mais tous arrivent à une conclusion unique : Dreyfus était innocent de tout crime ou délit. Cette décision inédite et unique dans l'histoire du droit français, n’aurait sans doute jamais eu cours sans l’engagement d’Emile Zola dans cette affaire. C’est grâce à « J'Accuse…! » que l'Affaire Dreyfus a été relancée et a eu une dimension sociale et politique qu'elle n'avait pas. Zola en est l’artisan. En témoignent les innombrables hommages qui lui ont été rendus, dès février 1898. On notera le Livre d'Hommage des Lettres françaises à Émile Zola, gros ouvrage de 500 pages réalisé à l'initiative d'Octave Mirbeau et composé d’une centaine de contributions individuelles, écrites par pratiquement des intellectuels de grande notoriété française et belge. Zola reçoit de nombreux messages de soutien, mais aussi des lettres d'injures et de menaces à coloration antisémite ou xénophobe (le père de Zola était un grand ingénieur de travaux publics italien). Par ailleurs, cet engagement coûte très cher au romancier. Sur le plan financier, tout d'abord, puisqu'en fuite en Angleterre, donc dans l'impossibilité de payer ses condamnations, la justice fait saisir ses biens et les revend aux enchères.

Les conséquences de l'engagement de Zola ont été nombreuses et très importantes, même si, majoritairement elles ont été difficiles pour l'écrivain.

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Avec J'Accuse…! Zola est devenu la « tête de turc » anti‐dreyfusarde et la cible de la presse nationaliste. En effet, taxé de « pornographie », haï par une gente militaire qui ne lui avait pas pardonné son roman La Débâcle, Zola était stigmatisé et mis à l'index comme l'apatride, le mécréant et l'antimilitariste… qui incarne l'image rêvée du dreyfusard dans toute sa stupeur. Il était traîné dans la boue, insulté, traité d'« Italianasse », caricaturé à outrance (des centaines d'articles et

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de caricatures, paraissent, parfois même par journaux entiers), objet de menaces écrites et verbales, etc. Zola subit ces foudres nationalistes et racistes, sans jamais renoncer à son combat. Le point culminant de cette véritable persécution est atteint en 1899, au moment où la révision du procès Dreyfus étant entamée, les nationalistes se déchaînent. Elle ne cessera véritablement jamais jusqu'à la mort de l'écrivain en 1902. La calomnie avait également frappé François Zola, père de l'écrivain. Cette attaque cruelle est lancée par Ernest Judet, rédacteur en chef du Petit Journal. Elle se traduit par une campagne de presse, qui remet en cause l'honnêteté de François Zola, au moment où celui‐ci s'était engagé dans la Légion étrangère vers 1830. Le père de Zola y est ouvertement accusé de détournement de fonds et d'avoir été chassé de l'armée pour ces faits. L'idée est d'atteindre Zola, au travers d'une attaque ad hominem, qui le prendrait au piège de ses principes d'hérédité, insinuant un « Tel père, tel fils » de principe, pour expliquer sa supposée aversion de l'armée. Zola se lance alors dans une enquête fouillée sur son père, dont il ne connaissait pas toute la vie, et il démonte, point par point, les arguments du journaliste nationaliste. Il prouve, en outre, que les documents, sur lesquels Judet s'appuie, sont des faux grossiers. Il s'en suit un procès, duquel Zola est acquitté. Toutefois, jamais Zola n'a regretté son engagement, quel qu’en ait été le prix qu’il a dû payer. Il a écrit dans ses notes : « Ma lettre ouverte [J'Accuse…!] est sortie comme un cri. Tout a été calculé par moi je m'étais fait donner le texte de la loi, je savais ce que je risquais. » Du fait de sa prise de position dans cette affaire, Emile Zola a été condamné à un an de prison, radié de la Légion d’Honneur, contraint à l’ exil en Angleterre en 1899. Il meurt le 29 septembre 1902. Voici un extrait de la célèbre oraison funèbre, en hommage à l'auteur de « J'Accuse…! », rédigée et lue, à ses obsèques, par Anatole France :

Comment les écarter de votre vue, alors que je dois vous montrer Zola se dressant, faible et désarmé devant eux ? Puis­je taire leurs mensonges ? Ce serait taire sa droiture héroïque. Puis­je taire leurs crimes ? Ce serait taire sa vertu. Puis­je taire les outrages et les calomnies dont ils l'ont poursuivi ? Ce serait taire sa récompense et ses honneurs. Puis­je taire leur honte ? Ce serait taire sa gloire. Non, je parlerai. Envions­le : il a honoré sa patrie et le monde par une œuvre immense et un grand acte. Envions­le, sa destinée et son cœur lui firent le sort le plus grand. Il fut un moment de la conscience humaine »…

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« Devant rappeler la lutte entreprise par Zola pour la justice et la vérité, m'est­il possible de garder le silence sur ces hommes acharnés à la ruine d'un innocent et qui, se sentant perdus s'il était sauvé, l'accablaient avec l'audace désespérée de la peur ?

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L'engagement des «intellectuels Un homme de lettres s'engage résolument dans un combat pour la justice, politique et social. Le réquisitoire journalistique de Zola convainc. De nombreux intellectuels signent alors, à sa suite, une « protestation » en faveur de la révision du procès, publiée elle aussi par L'Aurore dès le lendemain de J'Accuse…!. C'est la première des nombreuses pétitions qui vont rassembler de plus en plus d'intellectuels. Parmi eux, Anatole France, Georges Courteline, Octave Mirbeau ou Claude Monet, mais aussi Charles Péguy, Aurélien Lugné‐ Poë, Victor Bérard, Lucien Herr, ou Alfred Jarry. Les signatures ont été recueillies par des étudiants ou de jeunes écrivains comme Marcel Proust. Ces pétitions rassemblent aussi d'éminents scientifiques tel Émile Duclaux, directeur de l'Institut Pasteur. Les pétitions de plus de quarante écrivains, des artistes, personnalités de l'Université, des scientifiques totalisent environ 1 500 signatures. L'engagement de l'élite aurait pu dépasser 2 000 intellectuels, n’eût été le fait des pressions et des risques importants sur les carrières. Ils formeront quand même l'ossature dreyfusarde, ceux qui, par leur esprit et leur engagement, vont parvenir à convaincre une partie des pouvoirs publics de la nécessité de réviser le procès d'Alfred Dreyfus.

survie du journal L’Aurore1 qui, jusque‐là, avait une audience fort modeste, avec des tirages moyens très généralement inférieurs à 30 000 exemplaires et dont ils culminent certainement au‐ delà de 200 000 exemplaires à cette mi‐janvier 1898. Il faut savoir que, lorsque le journal dont « J'Accuse…! » occupait toute la une et une partie de la seconde page, fut distribué dès huit heures du matin, les quelques 300 000 exemplaires se sont arrachés, ce 13 janvier 1898, en quelques heures. Charles Péguy, témoin de l'évènement, rapporte : « Toute la journée, dans Paris, les camelots, à la voix éraillée, crièrent L'Aurore, coururent avec L'Aurore, en gros paquets sous les bras, distribuèrent L'Aurore aux acheteurs empressés.

Les conséquences de l’engagement de Zola dans la vie publique française, et dans le monde Les conséquences de l’engagement de Zola concernent tous les aspects de la vie publique française, voire du monde entier. D’abord, au plan médiatique, la publication du pamphlet de Zola consacre l'heure de gloire et la

1 La parution de L’Aurore a cessé le 2 août 1914, au moment de l'ouverture des hostilités avec l'Allemagne, par défaut d'employés, tous mobilisés.

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Le choc fut si extraordinaire que Paris faillit se retourner ». Par ailleurs, l'engagement d'Émile Zola a révulsé une partie du lectorat du journal Le Figaro. Des pressions nombreuses ont incité sa direction à informer Zola que ses colonnes lui sont désormais fermées. Fernand de Rodays, l'un de ses directeurs, le plus favorable à la cause dreyfusarde, a alors décidé de passer la main à son associé et s’est retiré de la direction du Figaro. Avec « J'Accuse…! », la presse touche quasiment tous les Français, seul moyen d'information disponible. Gagnant en puissance depuis une vingtaine d'années, la presse populaire et d'opinion franchit un nouveau cap, en s'imposant désormais comme un contre‐pouvoir à part entière. Zola, longtemps journaliste lui‐même, a su employer admirablement cet outil qu'il maîtrise : c'est donc un article violent, imprimé sur un petit journal d'opinion qui relance définitivement l'affaire Dreyfus et fait aboutir à la révision du procès de 1894. Dans ces proportions, c'est une première, parfaitement consciente et voulue par Émile Zola, qui parle d'un « moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice ». Au plan politique et diplomatique, l’affaire Dreyfus, loin d'avoir été seulement une erreur judiciaire, fut l'une des crises politiques majeures de la France. Elle a partagé la France en deux : d'un côté les antidreyfusards, (nationalistes et antisémites), qui préfèrent une injustice à un désordre, et de l'autre les dreyfusards pour qui le respect du droit et l'exigence de justice sont des valeurs fondamentales de la République. René Rémond a même vu dans cet évènement l'une des origines de l'affrontement droite‐gauche, encore en vigueur de nos jours. Ce processus de scission en deux de la France s’est prolongé jusqu’à la fin du siècle et au‐ delà de la métropole. Des émeutes antisémites ont éclaté dans plus de vingt villes françaises. On a dénombré plusieurs morts à Alger. La République a été ébranlée, certains ont même vu la France en péril, ce qui a incité à en finir avec l’affaire Dreyfus, pour ramener le calme. L’affaire a eu un impact international sur le mouvement sioniste au travers d'un de ses pères fondateurs : Théodore Herzl et

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de par l'émoi que ses manifestations antisémites vont provoquer au sein des communautés juives d'Europe centrale et occidentale. Au plan militaire et religieux, l’affaire Dreyfus a soulevé le problème de la laïcité ou des rapports entre religion et Etat ; elle a également posé le grave problème de l'intégration et la promotion des étrangers et non‐catholiques dans la république et dans les corps constitués, en particulier dans l’armée française. Au plan social et culturel, c'est à l'occasion de l’affaire Dreyfus que le terme d'intellectuel a été forgé et qu’a été reposé ouvertement le problème de l’engagement des écrivains et des artistes. Au plan humanitaire, on note la création de la Ligue des Droits de l'homme. Ludovic Trarieux2, député puis sénateur de la Gironde, et Garde des sceaux, convaincu que les formes légales n'ont pas été respectées lors des différentes étapes judiciaires qui ont mené à la condamnation de Dreyfus au bagne, est informé par Gabriel Hanotaux, ministre des Affaires étrangères, de l’existence d'une pièce secrète (Ce canaille de D…) transmise aux juges, à l’insu de l'accusé et de ses défenseurs. Témoin crucial du procès Zola, il comprend à cette occasion, qu'une organisation visant à la défense des libertés individuelles doit être mise en place en France, a l’image des ligues humanistes créées notamment en Grande‐ Bretagne, dans la seconde moitié du XIXe siècle. C'est donc à l'issue du procès d'Émile Zola, qu'a eu lieu, le 25 février 1898, la première réunion qui a jeté les bases de la Ligue des Droits de l'homme, laquelle a vu le jour, officiellement, le 4 juin 1898. 2 La Ligue a réuni les principaux intellectuels

dreyfusards autour de son président, Ludovic Trarieux. Trarieux est resté président de la ligue jusqu'à sa mort, le 13 mars 1904, soit deux années avant la réhabilitation d'Alfred Dreyfus.

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Bienheureux celui qui, au vu de ces exemples, pourra dire de ce type d’écrivain qu’il est un amuseur public. Encore que plaire au public, comme l’énonce Molière par le jeu de l’humour et de l’ironie ou même des parallélismes syntaxiques, des onomatopées ou par le jeu dramatique ou de la parfaite rhétorique, est loin de signifier «être un clown », un plaisantin. Urbain Amoa (Professeur de Lettres, Chancelier de l’Université des Temps Libres, Abidjan, Cote d’Ivoire. Extrait de « Esthétique poétique, poésies de l’histoire et violence verbale chez Bernard Dadié et les poètes Sud‐africains ». Source : Anthroglobe).

* « La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera » Probablement l'un des articles parus dans la presse et qui demeure relativement le plus connu au monde, c’est : « J'Accuse…! ». « J'Accuse…! » est et demeure l'exemple même de la bombe médiatique qui bouleverse l'ordre établi et permet une action politique, une forme de lutte gagnée par le pot de terre contre le pot de fer. « J'Accuse…! » incarne, encore aujourd'hui, une œuvre à la fois historique, juridique, artistique et littéraire. Plus encore, l'article de Zola est l'exemple du courage et de l'engagement intellectuel pour une cause juste. Emile Zola a pris, sciemment, le risque de se faire arrêter et condamner pour « diffamation publique ». En février, il a été traduit en cour d'assises et condamné à un an de prison. Peu importe ! D’ailleurs, jamais Zola n'a regretté son engagement, quel qu’en ait été le prix qu’il a dû payer. Il a écrit dans ses notes : « Ma lettre ouverte [JʹAccuse…!] est sortie comme un cri. Tout a été calculé par moi je mʹétais fait donner le texte de la loi, je savais ce que je risquais». C’est un modèle d’engagement et c’est ce pourquoi, pour la postérité, Zola aura toujours une stature de justicier,

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de défenseur de valeurs de tolérance, de justice et de vérité, tant il est vrai que « J'Accuse…! » a totalement relancé l'affaire Dreyfus et a donné à celle‐ci une dimension sociale et politique universelle qu'elle n'avait jusqu'alors pas. Et, Zola est bien celui qui en est à l'origine. Si l’on recherche la source du combat d'Émile Zola dans la tradition de l'engagement politique de l'intellectuel, on trouvera, inéluctablement, Voltaire et l'affaire Calas au 18ème siècle (lire Le Filament No 5, p.), ou encore, Victor Hugo, dans son affrontement avec Louis Napoléon Bonaparte, etc. Ces écrivains, et bien d’autres, ont su, à l'occasion, consacrer leur savoir‐faire, leur habileté rhétorique, leur opiniâtreté, à combattre l'intolérance, l'injustice, l’arbitraire. Ils ont mis leur célébrité au service d’une cause qu’ils ont défendue, sans soucis des conséquences. Tel est le sens ou la signification de l’engagement. Innombrables ont été et sont ceux et celles qui, devant une erreur, une injustice, une cause injuste, une situation révoltante, une attitude coupable, un acte indigne…, ont écrit, après ou comme de Zola, leur « J'Accuse…! », parfois sous différentes variantes. Au total, toute dénonciation d'un fait social, par l'usage d'un média écrit est un « J'Accuse…! », et ceci depuis la fin du 19ème siècle. Tel est le cas de mon recueil de poèmes intitulé « Accusations » qui, comme l’a écrit mon préfacier Sylvain de Bogou, « invite à effectuer, en toutes circonstances, une réelle introspection individuelle et, si besoin est, collective, afin de trouver les causes de nos maux et les cures idoines »… C’est vrai que, en certaines circonstances, l'affaire Dreyfus, lorsqu’elle est mal comprise donne l’occasion à des récupérateurs, des réactionnaires ou des opportunistes de tenter d’instrumentaliser « J'Accuse…! » et son impact, mais « J'Accuse…! » demeurera toujours : « La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera ».

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Léandre Sahiri

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Participez au débat.

Faites‐nous parvenir vos textes.

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Prochainement :

L’affaire Salman Rushdie et « Les Versets sataniques ».

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Il faut vite sauver Tatiana Depuis plusieurs mois, la comédienne Tatiana de Makensira est malade, gravement malade. A l’image de l’élan de solidarité qui a entouré Victor Cousin, Guéhi Thérèse et bien d’autres artistes, il serait louable qu’on pense aussi à Tatiana de Makensira. Il faut vite sauver Tatiana… Avant qu’il ne soit trop tard. Pour tous autres renseignements et dons, contactez Le Filament : lefilament@hotmail.com 00 44 75 5656 3386 00 44 77 7110 3093

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L'Euro est anti‐africain

Dans son livre, « Le Franc CFA et l'Euro contre l'Afrique », l'économiste ivoirien, le professeur Nicolas Agbohou, Docteur en économie politique et enseignant en France, est en véritable croisade pour démontre et faire comprendre que les 15 pays de la zone CFA sont encore très loin d'avoir leur indépendance monétaire. Nous proposons ici, un extrait d’une interview qu’il a accordée au magazine Afrik. Il réaffirme sa thèse, selon laquelle le Franc français et la nouvelle monnaie européenne, l'Euro, le Franc CFA et l'Euro contribuent à l'appauvrissement structurel de l'Afrique, du moins maintiennent l'Afrique dans une pauvreté structurelle. Pour lui donc, il faut que l'Afrique répudie, au plus vite, le Franc CFA et adopte une nouvelle monnaie communautaire si elle veut réellement sortir du colonialisme et en finir avec la pauvreté. Afrik : Votre livre est un véritable réquisitoire contre l'Euro et le Franc CFA. Pourquoi ces deux monnaies seraient‐elles contre l'Afrique ? Nicolas Agbohou : Fondamentalement, les institutions financières qui gèrent le Franc CFA, les banques centrales, sont contre l'Afrique. Les conseils de l'administration de la BCEAO (Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest), de la BEAC (Banque des Etats d'Afrique centrale) et de la Banque des Comores, sont dominés par les Français qui bénéficient d'un droit de veto. Les Comores ne maîtrisent pas leur économie car il y a quatre Français à la Banque centrale et quatre Comoriens. Comme les décisions doivent être prises à l'unanimité ou au moins par cinq personnes, il suffit qu'un Français soit contre le projet pour que tout tombe à

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l'eau. Et puis, il ne faut pas que les Africains oublient que le Franc CFA est une monnaie française. Afrik : Mais au‐delà de cet aspect, pourquoi le Franc est‐il contre l'Afrique ? Nicolas Agbohou : Les Africains sont des êtres humains au même titre que les autres. A ce titre, il est important que les Africains soient libres de mener une politique monétaire qui réponde à leurs attentes. Les 15 pays de la zone franc sont obligés de laisser en dépôt en France 65 % de leurs recettes d'exportation appelées " réserves de change ". Ceci constitue la condition sine qua non pour garantir la stabilité de leur monnaie. Un pays comme le Niger, qui n'arrive pas à payer ses fonctionnaires, s'il exporte des produits, par exemple, pour une valeur d'un milliard de dollars, doit automatiquement laisser en France un dépôt de 650 millions de dollars. C'est absurde ! Pendant ce temps‐là, les Nigériens meurent de faim ! Il y a également des dispositifs techniques qui font du Franc CFA un outil d'appauvrissement et de colonisation permanents. Afrik : Quels sont ces dispositifs ? Nicolas Agbohou : Il faut rappeler que Franc CFA, à l'origine, s'appelait « Franc des Colonies françaises d'Afrique ». Comme son nom l'indique, c'est la France qui en tire le plus grand bénéfice. Les principes qui régissent cette monnaie sont la libre transférabilité, la libre convertibilité et la centralisation d'échanges. A ce propos, il faut savoir clairement et précisément que : premièrement, la libre transférabilité favorise la fuite des capitaux africains ; et, deuxièmement, quand un pays ne possède pas d'épargne, il se retrouve avec une dette extérieure qui l'étrangle. Afrik : Qui sont les personnes qui exportent leurs capitaux ? Nicolas Agbohou : Certains dirigeants et ceux que j'appelle les néo‐coloniaux. N'oubliez pas que la première décision que François Mitterrand avait

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prise, lors de son accession au pouvoir, a été d'interdire la fuite des capitaux. Là‐dessus, l'Afrique est doublement pénalisée : non seulement, elle doit faire face à la fuite des capitaux ; mais en plus, elle est tenue de racheter sa propre monnaie. Plus clairement, les dirigeants africains arrivent à Paris avec des valises pleines de Francs CFA qu'ils échangent contre des francs ou des dollars. Mais, les Banques centrales africaines sont obligées de racheter ces Francs CFA que les dirigeants ont laissé

en France et que la France ne veut pas conserver. Et, elles doivent le faire avec des devises fortes ! D'où les 65 % des recettes sur les exportations qui restent en dépôt, pour les opérations. Afrik : Pourquoi, selon vous, l'Euro est‐il si contraire ou si opposés aux intérêts africains, du moins anti‐ africain ? En quoi est‐il contre l’Afrique ? Nicolas Agbohou : Avant l'arrimage du Franc CFA à l'Euro, seule la France avait droit de regard sur nos économies. Maintenant c'est toute l'Europe ! Pis, les mesures draconiennes de Bruxelles sont incompatibles avec les besoins de nos économies. Voila pourquoi je persiste et signe qu’il faut, au plus vite, répudier le Franc CFA. Afrik : Que proposez‐vous en échange ? Nicolas Agbohou : Aucun pays ne peut se développer sans indépendance monétaire. Nous avons besoin d'une nouvelle monnaie communautaire qui ne soit pas dirigée de l'extérieur. Il faut jeter à la poubelle les principes qui régissent le Franc CFA. L'Afrique a

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besoin d'une politique monétaire qui réponde à ses propres besoins et intérêts.

‐‐‐ PROCHAINEMENT ‐‐‐

Mamadou Koulibaly :

Interview réalisée par Mohamed Berkani.

Le Franc CFA

Nicolas Agbohou : Le Franc CFA et l'Euro contre l'Afrique, Editions Solidarité mondiale A.S.

doit disparaître

Dans notre prochaine parution :

Dans notre prochaine parution : M. Cicéron Massamba expliquera le contexte de la naissance du franc CFA et les mécanismes de la zone Franc et nous dira pourquoi et comment le franc CFA constitue un frein à l’indépendance économique des pays africaines.

L`idée de la création d`une monnaie indépendante, sans lien avec le passé colonial, est plus que d`actualité. Le Pr Mamadou Koulibaly, président de l`Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et professeur d`économie, économiste, un des défenseurs de cette vision panafricaniste explique pourquoi le Franc Cfa doit disparaitre et pourquoi une nouvelle monnaie s`impose à la zone UEMOA.

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ARTS LITTERATURE ET CULTURE

(Cette rubrique est réservée pour faire découvrir les livres, anciens ou nouveaux, les artistes et les écrivains, que nous jugerons susceptibles de présenter un intérêt, à certains égards).

mai à Abidjan, après une vie bien remplie. Sa mort a surpris plus d’un, dans la mesure où l’on ne le savait pas qu’il était malade. Nombreux sont ceux qui ignoraient jusqu’à sa présence à Abidjan ces derniers jours. Denis Oussou‐Essui est né le 25 juillet 1934 à Koliakro, en Côte d'Ivoire. Journaliste de profession, il a été présentateur du journal télévisé à la Radiodiffusion télévision ivoirienne. Il entre à l'Institut Français de Presse de l'Université de Paris. Il a été Directeur général de l'Agence Ivoirienne de Presse (AIP) en 1978 avant d'entrer en politique. Sous la bannière du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le parti unique de l’époque, il est élu et réélu député à l'Assemblée nationale en 1980, 1985 et en 1990. Il a également été le premier maire de la commune de Bocanda, en 1985. L'itinéraire qui l'a conduit à la littérature est intéressant. « D'origine paysanne et enfant de la brousse », comme il aimait à se définir lui‐même, Denis Oussou‐Essui a appris le français très tard. N’empêche ! Il maitrise parfaitement la langue de Molière. En tant qu’écrivain, il s'est exprimé d'abord par la poésie, considérée comme la forme la plus achevée de l'art, avant de se tourner vers le roman qu'il bâtit toujours autour d'un poème.

Le journaliste‐écrivain ivoirien, Denis Oussou‐ Essui, ancien directeur de l’AIP, a tiré sa Révérence Denis Oussou‐Essui, qui fait partie des précurseurs de la littérature en Côte d’Ivoire s’en est allé, à l’âge de 76 ans. Les Lettres ivoiriennes ont perdu une grande figure. C’est une perte énorme pour le monde littéraire ivoirien. Ainsi donc, l'écrivain Denis Oussou‐ Essui, ancien député à l'Assemblée nationale n’écrira plus. Il a rangé définitivement sa plume le vendredi 7

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Denis Oussou‐Essui a toujours eu conscience que l'Afrique était en train de connaître une évolution rapide, et qu'à travers les expériences de sa génération, il fallait en fixer les différentes phases, avant qu'elles ne sombrent dans l'oubli. Le romancier réfléchit sur cette vie africaine moderne, riche de ses apports multiples. C’est sur ces aspects de la vie africaine réfléchit dans ses œuvres, notamment dans La souche calcinée, comme d’ailleurs dans Les saisons sèches. Il y décrit les difficultés de la modernité africaine. Kinou Aguiré, le héros des Saisons sèches, retourne dans son pays, plein d’espoir, de projets et des diplômes. Sa réinsertion est difficile, il ne trouve pas de travail correspondant à ses qualifications. Son roman, La souche calcinée, publié chez L’Harmattan, a été, pendant de longues années, inscrit au programme scolaire dans le manuel « Afrique mon Afrique » (IPAM EDICEF, Paris, 1973). Il a été précédé du roman « Vers de nouveaux horizons », publié en 1999. Denis Oussou‐Essui a, en outre, écrit Les saisons sèches », sorti en 1979, Rendez‐vous manqués, 1995 et un recueil de poèmes Le Temps des Hymnes, paru en 2005. Il rassemble dans ce dernier ouvrage l’Hymne à la nuit et Poèmes d'exil, écrits depuis 1952. Avec la disparition de Denis Oussou‐Essui, c’est l’un des pères fondateurs de la littérature ivoirienne qui s’en va. Le président de l’Association des écrivains de Côte d’Ivoire (AECI), M. Foua Ernest de Saint Sauveur, a exprimé « un grand regret devant cette perte énorme » et a traduit, en termes justes, la compassion des écrivains à la famille éplorée. M’Bah Aboubakar Source : L’Expression.

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La sorcellerie n'existe pas Le nouveau livre de Léon Ramsès Boa Thiémélé Faut‐il, pour en finir avec leur manie à attribuer leurs problèmes et difficultés au monde parallèle ou surnaturel, rétorquer aux Africains que cet univers‐là est imaginaire ? C’est le pari et le thème de réflexion de base du professeur‐philosophe Boa Thiémélé Léon Ramsès qui, pour toute réponse affirme que «personne n’a de pouvoirs surnaturels ; ni pasteurs, ni féticheurs ». En tout cas, le professeur Boa Thiémélé Léon Ramsès n’a pas fait dans la demi‐ mesure. Pour lui, « La sorcellerie n’existe pas ». C’est d’ailleurs le titre de son dont le thème central est la sorcellerie ou le surnaturel. C’est une conférence‐débat organisée par la Revue Baobab le mois dernier à l’Université de Cocody qui a donné lieu à l’écriture de ce livre. A la lecture du livre, l’on constate que Boa Thiémélé Ramsès nous exhorte à essayer d’expliquer les faits et les situations, par la

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raison en rejetant, du revers de la main, toute intervention surnaturelle. Pour lui, il faut donner toute la latitude à la raison, pour comprendre et expliquer le monde. Poser la raison comme préalable devant le phénomène, chercher à comprendre, rationnellement, émettre des hypothèses, trouver des pistes de solutions palpables, c’est la seule façon, pour les Africains de sortir de l’obscurantisme et de s’émanciper. L’écriture de ce livre, publié aux Editions Cerap, est partie d’un constat : le refus de la diversité herméneutique. En Afrique, on n’interprète pas, on ne critique pas, on ne remet pas en cause. Bien au contraire, on prend tout. En filigrane, l’on perçoit bien que Boa Thiémélé veut, à travers ce livre, interpeller les intellectuels du continent, afin que ceux‐ci conduisent les sociétés africaines aux Lumières. Ce n’est en rien une manière de rejeter l’ancien monde, mais plutôt une invite à le dépasser ; car, il ne donne pas de réponses adéquates aux problèmes de la modernité. A l’en croire, l’Afrique doit rechercher ses propres paradigmes, fuir le charlatanisme pour embrasser la modernité. Il souhaite que les Africains mettent la raison à l’épreuve de la sorcellerie, en exerçant leur esprit critique chaque fois qu’ils sont confrontés à une équation. «Ce n’est pas en s’abreuvant de prières, en versant des quantités de sang de Jésus Christ que nous allons nous en sortir», dira‐t‐il et de poursuivre : «Il n’y a pas de sorcellerie dans les études, en amour…».

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Dans le fond, l’on comprend bien que l’auteur suggère le goût du travail, de l’effort à ses compatriotes, concitoyens, contemporains ; car, sous nos tropiques, la sorcellerie a trop souvent été l’argument brandi pour justifier certains échecs, certaines négligences, certaines défaillances. Qui n’a pas déjà entendu après un décès : «ce sont les sorciers qui l’ont tué». Pourtant un examen approfondi aurait peut‐être montré que le décédé était … un cardiaque qui s’ignorait. D’accord pour dire que les sorciers ont le dos large, mais comment alors expliquer tous les phénomènes qui échappent à la raison ? Comment capter la connaissance par la raison quand la raison elle‐même, après avoir retourné la question dans tous les sens ne donne aucune réponse ? Les auto‐flagellations sans aucun dommage constatées pendant les fêtes de génération sont un exemple précis. A ce propos, «nos fêtes de génération» attirent de plus en plus d’occidentaux pour leur folklore, mais aussi et surtout pour les faits surnaturels qui s’y déroulent. Aussi, quelle est l’opportunité d’une pareille affirmation (cf. le titre de l’œuvre) quand, de plus en

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plus, chez «les cartésiens» commencent à s’élever des voix pour mettre en doute la capacité de la raison à expliquer le monde, à tout expliquer ? Le mysticisme, le spirituel ne peuvent‐ils pas apporter des réponses à la compréhension du monde ? Quel lien peut‐on faire entre la négation de la sorcellerie donc d’un monde parallèle et l’existence d’un Dieu qui influe sur les événements ? Voilà qui soulève des problèmes. Et, le livre du professeur Boa Thiémélé Ramsès « La sorcellerie n’existe pas » a justement le mérite de poser ces problèmes, afin de situer la responsabilité des Africains, au vu du marasme ou se trouve actuellement le continent africain. Le philosophe Emmanuel Kant le dit si bien : «Aie le courage de te servir de ta raison». L’auteur, Ramsès L. Boa Thiémélé, qui se dit « animiste et chrétien, ayant pour lieu de culte : l'univers », est titulaire d’un Docteur d'Etat de philosophie, Chercheur, Maître de conférences de philosophie et enseigne la philosophie depuis 1987 à l'université de Cocody‐Abidjan (Côte d'Ivoire). Il a publié plusieurs articles dans des revues au Burkina Faso, au Canada, au Congo, au Sénégal, au Togo, etc. Il est l’auteur, entre autres de Nietzsche et Cheikh Anta Diop », Paris, Ed. L’Harmattan, et « l’ivoirité entre culture et politique ». Guy Constant Neza, in Le Nouveau Courrier N° 028 du Vendredi 25 juin 2010 Source : www.dominicains.fr/ *

Témoignage : «Le code Noir de Louis XIV» Voilà un document dont j'ai eu connaissance grâce au professeur Léandre Sahiri. En effet, comme millions d'Africains (et aussi de non‐Africains), j'en étais complètement et malheureusement ignorant. Un document qui, pourtant, est lié à l'Histoire de mon peuple. Un code Noir qui a consacré "le statut de bête de somme, de pur objet, d'esclave malléable et corvéable à merci, rejeté en dehors de toute humanité". Je voudrais l'avoir en partage avec vous. Bonne lecture et faites‐en bon usage. Serge Grah

* A lire prochainement : « Ma honte d’avoir vécu jusque‐là,

sans connaître le Code Noir »,

A lire prochainement :

Par le Révérend Pasteur Ti.

La sorcellerie existe

* A lire prochainement :

« Immondices »,

Dans la dédicace à son récent ouvrage, la sorcellerie n’existe pas (Abidjan, Editions du CERAP 2010) le Prof. BOA THIEMELE Léon Ramsès m’écrivait ces quelques mots : « Au Prof. Dr. AKE Patrice, il nous faut nous libérer de fausses croyances. Merci et

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bonne lecture ». De même, dans son avant‐propos, l’auteur écrit : « Révolté à la fois par la soumission collective à l’idéologie de la sorcellerie et par les effets pervers de cette même croyance, j’ai voulu exercé mon droit de révolte ». Le Professeur AKE Patrice répond à BOA THIEMELE Léon Ramsès, dans un article intitulé « LA SORCELLERIE EXISTE ». A lire dans notre prochaine parution.

Un livre de Jean Améa,

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Cette rubrique initiée par feu Faustin Dizo Gnahoré, historien, a pour objectif de mieux faire connaître l’histoire de la Côte d'Ivoire, de l’Afrique. Parce qu’il nous faut nous souvenir. Parce que "tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier les chasseurs". Parce qu’il faut donner la réplique aux manipulateurs de l'histoire, de notre histoire. Parce qu’il nous faut savoir et comprendre les événements anciens et récents. Parce qu’il nous faut éviter de répéter les erreurs d’hier. Parce que la mémoire n’est jamais figée. Parce que la mémoire vit toujours au présent, constamment réélaborée en fonction des interrogations, des préoccupations et des conflits de nos sociétés. Parce que les conflits mondiaux ont le triste privilège de rassembler l'éventail le plus large possible des atrocités que des êtres humains sont capables d’infliger à une autre partie de l'Humanité. Parce que c’est dans le passé, c'est‐à‐dire dans les souvenirs des expériences vécues, que l’on puise pour construire le présent et l’avenir. Nous avons le droit de savoir. Nous avons le devoir de mémoire. Ainsi donc, par devoir de mémoire, nous lèverons un peu plus le voile sur notre histoire, dans chaque parution. Intervenez ! Témoignez ! Participez !...

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Sur proposition du professeur Jean-Paul Ouraga, président du COGID, nous publions, ci-dessous, par devoir de mémoire, le discours de Pieter W. Botha. Ce discours, P.W. Botha l’a, en sa qualité de président de la République sudafricaine, prononcé devant son Cabinet, en 1985. Nous avons obtenu la réimpression de ce document grâce à M. David G. Mailu du journal sud-africain Sunday Times, daté du 18 août 1985. Ce discours de Mr. Botha circule sur le net en version Anglaise et Française et quiconque en prend connaissance devrait en faire copie et distribuer à tant d'autres personnes. C’est ce que nous faisons. *

Pieter W. Botha3 : L’’hhoom « L mm mee bbllaanncc eesstt ccrréééé ppoouurr ddoom miinneerr llee N Nooiirr » « Pretoria a été bâti par lʹesprit blanc pour lʹhomme blanc. Nous ne sommes pas obligés, pas le moins du monde, de prouver à qui que ce soit et surtout pas aux Noirs que nous sommes des gens de qualité supérieure. Nous lʹavons déjà démontré aux Noirs, par mille et une façons. La République dʹAfrique du Sud que nous connaissons aujourdʹhui nʹa pas été créée par des vœux pieux. Nous lʹavons créée, par la force de notre intelligence, de notre 3 Pieter Willem Botha (1916‐2006), homme politique sud‐africain. Ministre de la Défense (1966 à 1980), Premier ministre (1978‐1984) et président de la République sud‐africaine (1984‐1989). Connu sous ses simples initiales de PW ou sous son surnom de "Groot Krokodil" qui signifie « grand crocodile » en Afrikaans, consacra sa vie à l'Afrikanerdom (nationalisme afrikaner), au Parti national et à l'anti‐ communisme.

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sueur et de notre sang. Est‐ce les Afrikaners qui ont éliminé les Aborigènes dʹAustralie? Sont‐ce les Afrikaners qui pratiquent la discrimination contre les Noirs et les appellent Nègres dans tous les États? Sont‐ce les Afrikaners qui ont commencé la traite des esclaves? Dans quel pays, lʹhomme noir est‐il apprécié? LʹAngleterre est discriminatoire à lʹendroit de ses Noirs et aux USA la loi est encore plus impitoyable pour les Noirs. Le Canada, la France, la Russie, et le Japon pratiquent tous la discrimination contre les Noirs. Pourquoi alors ce bruit infernal contre nous? Pourquoi est‐on si remontés contre nous? Jʹessaie simplement de prouver à tous quʹil nʹy a rien d’inhabituel dans ce que nous faisons que les autres mondes dits civilisés ne font pas. Nous sommes simplement un peuple honnête qui sʹexprime à haute voix avec une philosophie claire, de la façon dont nous voulons vivre notre propre vie dʹhomme blanc. Nous ne prétendons pas comme les autres Blancs que nous aimons les Noirs. Le fait que les Noirs ressemblent à des êtres humains et peuvent agir comme des êtres humains ne prouve pas forcément quʹils sont judicieusement des êtres humains … Les porcs‐épics et lézards sont‐ils des crocodiles parce quʹils se ressemblent? Si Dieu voulait que lʹhomme blanc soit lʹégal du Noir, il nous aurait tous créés de même couleur uniforme et avec le même intellect. Mais, il nous a créés différemment : Blancs, Noirs, jaunes, gouvernants et les gouvernés. Donc, intellectuellement, nous sommes supérieurs aux Noirs et cela a été prouvé sans le moindre doute possible au cours des années. Je crois que l’Afrikaner est honnête et ne craint personne pour démontrer en pratique la bonne façon dʹêtre blanc. Il est néanmoins réconfortant de savoir que, derrière la scène, l’Europe, l’Amérique, le Canada, l’Australie et tous les autres pays sont derrière nous, en dépit de ce quʹils disent. Nous savons que tous ce pays doivent utiliser la langue diplomatique dans leurs relations avec

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nous. Pour prouver de mon point de vue, Camarades, y a‐t‐il quelquʹun dʹentre vous qui connaît un pays blanc nʹayant pas dʹinvestissement ou dʹintérêt en Afrique du Sud? Qui achète notre or? Qui achète nos diamants? Qui fait le commerce avec nous? Qui nous aide à développer des armes nucléaires ? La vérité cʹest que nous sommes leur peuple et ils sont notre peuple. Cʹest un grand secret. Notre économie est soutenue par lʹAmérique, la Grande‐Bretagne, et l’Allemagne. Cʹest notre forte conviction, que le Noir est la matière première pour lʹhomme blanc. Donc, Frères et Sœurs, unissons‐nous, mettons‐nous ensemble pour lutter contre ces diable que sont les noirs. Je lance un appel à tous les Afrikaners pour imaginer tous les moyens de la lutte contre. Cette guerre. Dieu ne peut certainement abandonner son propre peuple. A lʹheure actuelle, chacun de nous a vu pratiquement que les Noirs ne peuvent pas se gouverner. Par contre, donnez‐ leur des fusils et ils vont sʹentretuer. Ils ne sont bons qu’à faire du bruit, qu’à danser, qu’à épouser plusieurs femmes et à se livrer au sexe. Reconnaissons tous que lʹhomme noir est le symbole de la pauvreté, de lʹinfériorité mentale, de la paresse et de lʹincompétence émotionnelle. Nʹest‐il pas plausible, dès lors, que lʹhomme blanc est créé pour dominer le Noir? Pensez à ce qui se passerait si, un jour, vous vous réveillez et qu’un Kaffir est assis sur le trône! Pouvez‐vous imaginer ce qui arriverait à nos femmes? Quelquʹun dʹentre vous pensent que les Noirs sont capables de gouverner ce pays? Par conséquent, nous avons de bonnes raisons de laisser tous les Mandela et autres pourrir en prison, et je pense que nous devrions être félicités pour les avoir maintenus en vie, en dépit de tout ce que nous avons sous la main pour les exterminer. Je tiens à annoncer un certain nombre de nouvelles stratégies qui devraient être mises à profit pour détruire cet insecte noir. Nous devons maintenant faire usage de lʹarme chimique.

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La priorité numéro un, est que nous ne devrions pas, par tous les moyens, permettre des augmentations de la population noire pour ne pas être nous même étouffés très bientôt. Jʹai des nouvelles passionnantes. Nos scientifiques sont venus avec une méthode efficace. J’envoie davantage de chercheurs sur le terrain pour identifier les lieux où les armes chimiques pourraient être employées pour lutter contre toute augmentation de population noire. Lʹhôpital est une opportunité très stratégique et devrait être pleinement utilisé. Les chaînes dʹapprovisionnement alimentaire devraient également être utilisées. Nous avons dʹexcellents poisons bien développés pour organiser, autant dʹassassinats lents pouvant réduire la fécondité des personnes noires. Notre seule crainte est quʹils mettent la main sur ces poisons avant nous et commencent à les utiliser contre nous, si lʹon tient compte de nombreux Noirs qui travaillent pour nous dans nos belles villas. Toutefois, nous pouvons pour nous assurer que cette substance restera strictement entre nos mains. Deuxièmement, les Noirs sont les plus réceptifs aux arguments de lʹargent. Jʹai mis de côté un fonds spécial pour exploiter ce moyen. Le vieux truc de diviser pour mieux régner est encore très valable aujourdʹhui. Nos experts doivent travailler, jour et nuit, sur le décor de lʹhomme noir contre son semblable. Son sens inférieur de la morale pourrait être exploité admirablement. De plus, le noir est une créature qui manque de prévoyance. Il ya une nécessité, pour nous, de le combattre dans les projections à long terme quʹil ne peut pas soupçonner. Le Noir moyen nʹenvisage pas sa vie au‐delà dʹun an : cet état de fait, par exemple, devrait être exploité. Un des mes départements travaille spécialement déjà autour de lʹhorloge à élaborer avec un modèle à long terme. Je fais aussi une demande spéciale à toutes les mères Afrikaners à doubler leur taux de natalité.

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Il serait également nécessaire de créer un secteur en plein boom, en mettant en place des centres où nous emploierons et soutiendrons pleinement des jeunes hommes et femmes blancs à produire des enfants pour la nation. Nous étudions également le mérite de location de lʹutérus comme un moyen possible dʹaccélérer la croissance de notre population grâce à des mères porteuses. Pour le temps présent, nous devons nous assurer que les hommes noirs soient séparés de leurs femmes et imposer des impôts sur le mariage et sur la naissance des enfants sans‐pères. Jʹai un comité de travail sur la recherche de meilleures méthodes dʹinciter les noirs les uns contre les autres et encourager les meurtres entre eux. Les Assassinats des noirs doivent être encouragés. Nos scientifiques ont mis au point un médicament qui pourrait être introduit clandestinement dans la bière, avec effet dʹempoisonnement lent et la destruction de la fécondité. Par lʹintermédiaire de boissons et la fabrication de boissons gazeuses adaptés aux Noirs, nous pourrions promouvoir la réduction de leur population. La nôtre nʹest pas une guerre ou la bombe atomique servirait à détruire les Noirs, donc nous devons utiliser notre intelligence. La guerre ou on lʹon confronte personne serait plus efficace. Comme les dossiers montrent que lʹhomme Noir meurt dʹenvie de coucher avec la femme blanche, ce serait notre chance unique. Notre Bataillon des Mercenaires du Sexe devrait contenir des combattantes de lʹapartheid spécialisées dans les opérations dʹusage des poisons à effet lent visant la mise à mort des Noirs qui coucheraient avec nos mercenaires blanches. Nous devons également introduire des mercenaires blancs qui devraient aller pour coucher avec les femmes des militants noirs et toute autre vulnérable femme Noire. Nous avons reçu une nouvelle offre de prostituées en provenance dʹEurope et dʹAmérique qui sont

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désespérés et trop désireux de prendre le rendez‐ vous.

D(Viie a s p o r a m a et activités des Africains de la Diaspora)

Mon dernier appel est que le fonctionnement des maternités devrait être intensifié. Nous ne payons pas ces gens pour aider à apporter des bébés noirs dans ce monde, mais plutôt pour les assassiner, les abolir au moment de la naissance. Si ce ministère travaillait, de manière efficace, beaucoup de choses pourraient être réalisées.

Maître‐chien ou vigile à Paris, j’ai dit : Non !... Je rentre au Congo.

Mon gouvernement a mis de côté un fonds spécial pour lʹérection de plusieurs hôpitaux et des cliniques clandestines pour promouvoir ce programme. Si lʹargent ne peut rien faire pour nous, a quoi nous sert‐il? Dans lʹintervalle, mes bien‐aimés citoyens blancs, ne prenez pas à cœur ce que dit le monde, et nʹayez pas honte dʹêtre appelé racistes. Je veux bien être surnommé lʹarchitecte et le Roi de lʹApartheid. Je ne vais pas devenir un singe tout simplement parce que quelquʹun mʹa appelé un singe. Je vais rester votre étoile brillante ... Son Excellence M. Botha ».

* Prochaine parution : La Fédération des Etudiants d'Afrique Noire en France (FEANF) Vos propositions et contributions sont vivement attendues pour nos prochaines parutions sur tous sujets. Nous attendons vos textes et vos témoignages. Le savez‐vous ? D’où viennent les noms des fleuves de Côte d’Ivoire : Cavally, Sassandra, Bandama, Comoé… ? NDLR : Réponses dans notre prochaine parution

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La question du retour au pays des cadres africains est une véritable interpellation qui mérite d'être abordée avec autant d'objectivité, de sérénité et de patriotisme que de circonspection. Je pense qu'il faut la poser de manière précise et surtout claire. C’est dans cet esprit que je lance cet appel a la prise de conscience, à l'endroit de la diaspora africaine, en particulier congolaise, installée dans les grandes capitales du monde, ainsi qu’a tous les jeunes du continent attirés ou tentés par l'exil. Les étudiants africains, une fois leurs études terminées, ne retournent pas dans leurs pays d’origine. Certains prétendent que c’est faute de moyens financiers. Parfois, ce sont les parents et amis qui demandent carrément à l'étudiant de ne pas revenir et d'essayer de trouver quelque chose (un job) là où il est, et ce, en attendant des jours meilleurs au pays. C'est un véritable signe de désespoir qui accable tout jeune cadre plein d'ambitions et de courage. L'étudiant se retrouve alors dans une situation complexe, car se faire une place chez les autres n'est pas une mince affaire. Ainsi commence une nouvelle vie, un pilotage à vue. Certains vivotent tout simplement, rongés intérieurement par des soucis. Alors, on devient vigile, maître‐chien, aide‐soignante, garde‐malade, malgré leur diplômes… Participer au développement de son pays est un acte noble et d'une portée hautement patriotique. C’est pourquoi mon souhait que les cerveaux africains ne s'exilent trop longtemps, ne restent insensibles, les bras croisés devant notre légendaire Afrique

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martyrisée par l'ignorance et la cécité de certains individus, adeptes de la mauvaise gestion et de la

courage de dire à notre frère Jean‐Marie Kacou Gervais, le nouveau ministre des affaires étrangères, qu’il ne doit pas attendre la fin de la guerre pour donner un bon coup de balaie et de serpillière dans cette fourmilière pour mettre chacun à sa place dans l’intérêt de notre pays, des Ivoiriens et pour une bonne image la Côte d’Ivoire à l’étranger. Encore une fois, il ne s’agit pas ici d’une guerre personnelle contre telle ou telle personne. Il s’agit de mettre de l’ordre dans ce qui représente et symbolise l’image et le visage extérieur de notre pays, la Côte d’Ivoire. Guerre ou pas, il faut très vite revenir aux fondamentaux de notre cheminement dans les relations internationales et aux règles élémentaires de la représentativité diplomatique. Afin de savoir de quoi l’on parle, la première partie de ce dossier sera consacrée à la définition de La mission de nos ambassadeurs et ambassades. (A lire dans Le Filament No 7)

division du peuple. Participons tous et toutes a l’operation « Maître chien ou vigile à Paris, j'ai dit NON !... Je rentre au pays » Source : Ntala'si. Le blog du quartier.

Dr Serge‐Nicolas NZI, Chercheur en communication Lugano ( suisse).

* ROYAUME‐UNI :

*

CINQUANTENAIRE DE L’INDEPENDANCE

Les ambassades ivoiriennes

DE LA COTE D’IVOIRE

à l’étranger Il faut simplement que les choses changent. Positivement. Il faut que nos ambassades soient véritablement au service des Ivoiriens, des ambitions de la Côte d’Ivoire dans les relations internationales et à la hauteur de la mission diplomatique qui est la leur, sans plus. Voila pourquoi, après avoir Merci de votre aimable attention pris le temps d’observer nos ambassades ivoiriennes à l’étranger, nous nous permettrons de divulguer le dossier que nous avons pu réaliser. Il faut d’ores et déjà dire que nous ne cachons pas notre écœurement. Certes, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac ; mais, à vrai dire la coupe est pleine. Il faut avoir le

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La Coordination des Ivoiriens du Royaume‐Uni (CIRU) informe la Communauté Ivoirienne et les amis de la Cote d'Ivoire que, dans le cadre des 50 ans de notre pays, un pagne spécial est en vente. La Coordination invite toute la Communauté ainsi que nos partenaires à acquérir ce pagne historique. En outre le

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programme détaillé de la fête du 7 Août 2010 sera rendu publique dans les jours qui viennent.

que soient son bagage intellectuel et le poids de ses expériences de la vie, ne peut s’autosuffire? Aussi, se fait‐il généralement entourer de conseillers et de

*

collaborateurs à divers niveaux : des gens qu’il est

Du rififi à l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Londres, à propos de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance ivoirienne au pays de la Reine. Notre enquête est en cours.

censé consulter directement ou indirectement. Mais, là où la bât blesse, c’est que, plutôt que de l’aider à apprécier une situation et au lieu de participer à la prise de décision, nombre de collaborateurs prennent, pour paroles d’Evangile, les

*

propositions qui leur sont faites ou les projets de

Vérités et contrevérités ( Ils ont dit…)

décision qui leur sont soumis, accréditant ainsi le mythe du patron infaillible et s’enfermant dans la peur — tout à fait injustifiée — de prendre le contre‐ pied des thèses du patron. Un patron qui est débordé,

(Proposez des « Vérités et contrevérités », avec ou sans commentaires, que vous souhaiteriez partager ou discuter avec les autres. Nous les publierons dans cette rubrique).

dépassé par les événements et les dossiers, et qui n’a

&

poser. Ainsi, on en vient à s’enfermer dans des

pas suffisamment de temps pour mesurer toutes les latitudes et les conséquences des actes qu’il entend silences. Des silences parfois coupables, dans la

Des silences coupables

mesure ou ils tendent a induire en erreur, et le patron

« Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes ». Qui ne se souvient de cette réflexion d’un grand dramaturge français des siècles derniers? Pour dire que tout supérieur hiérarchique a ses forces, mais aussi ses faiblesses. Bien sûr qu’il est supposé détenir un certain nombre de connaissances

pour qui les collaborateurs sont censés maitriser certains dossiers, deviner certaines réactions, par rapport a telle ou telle décision susceptible d’intervenir.

Des

silences

coupables

aux

conséquences parfois imprévisibles. (Alfred Dan Moussa, journaliste. Source : Fraternité‐Matin).

théoriques et pratiques devant lui permettre de faire

&

face à nombre de situations. Bien sûr qu’un certain nombre d’expériences qu’il lui a été donné de vivre

L’homme est ce qu’il fait pour les autres, ce qu’il

ont sans doute achevé de convaincre son entourage.

apporte aux autres. (Martial Malinda, L’enfer, c’est

Au point d’être à l’origine de sa nomination ou de

Orféo).

son élection au poste de responsabilité qu’il occupe.

&

Tout ceci constitue des

armes

lui

«Il y a des gens qui aiment mieux rester dans leurs

permettant

défauts que de se donner la peine de les corriger».

d’affronter

avec

plus ou moins de

(Antoine Gombaud, Maximes, sentences et réflexions morales et politiques).

succès le quotidien,

&

de prendre des décisions, pour tout

ʺLa vie doit être une éducation incessante; il faut tout

dire.

apprendre, depuis parler jusquʹà mourir ʺ Gustave

Mais,

supérieur,

LE FILAMENT Numéro 6 du 15 Juillet 2010

un quels

Flaubert.

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& Il

faut

noter

que

plusieurs personnalités locales

(gouvernants

comme

hauts

fonctionnaires) ont vécu et étudié en Occident et connaissent

les

problèmes auxquels sont confrontés

leurs

compatriotes. Mais, une fois retournés au pays, devant les pesanteurs et les contingences locales, ils « tropicalisent » leur vision ». (Claude Koudou, in « Ivoiriens de l’extérieur, quel projet de retour ? », Ed. L’Harmattan).

Une chronique de Fernand Dindé Agbo

ARNAQUE PAR INTERNET: LA COTE D’IVOIRE INSCRITE SUR UNE LISTE ROUGE La Côte d’Ivoire est aujourd’hui, par la faute des cybercriminels, un pays à haut risque. Fiché par les autorités européennes, ce pays n’est plus fiable, et est inscrit sur la liste rouge des pays à ne plus fréquenter « électroniquement ». UN PAYS A HAUT RISQUE Selon Didier Kla, « une fatwa » à l’échelle mondiale est même lancée pour interdire des achats en ligne à partir de ce pays.

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En des termes clairs, dès lors que vous êtes repéré comme étant un ressortissant ivoirien, désireux de faire des achats en Europe à partir de la Côte d’Ivoire, le vendeur vous ferme automatiquement ses portes. Et, ce ne sont pas les hommes d’affaires qui diront le contraire. Selon Abdoulaye N, agent de banque, il est quasiment impossible de faire des affaires sur le net avec des opérateurs économiques étrangers. « Je suis entré en contact avec une société européenne spécialisée dans l’achat des fèves de cacao. Nous avons discuté et je lui ai proposé un tonnage. L’affaire était sur le point d’être conclue, quand en déclinant mon identité et mon pays de résidence, il s’est subitement rétracté. A l’évocation du nom de la Côte d’Ivoire, il s’est excusé, avant de couper la ligne », a‐t‐il expliqué, très amer. Jérôme T. enfonce le clou à sa suite, pour dire qu’il a subi les mêmes désagréments. Ayant établi un contact avec une succursale de vente de voitures allemandes, il s’est vu traité de voleur, après avoir décliné sur le net, son lieu de résidence. « Nous faisons difficilement des affaires sur le net. Si cet outil est un facteur de développement, sa façon d’être utilisé en Côte d’Ivoire nous pénalise », fulmine‐t‐il. Selon une source d’information, une commission rogatoire belge a séjourné en Côte d’Ivoire, afin de tirer au clair, par une enquête, l’affaire de la cybercriminalité. Car, révèle Didier Kla, de nombreuses plaintes sont déposées contre la Côte d’Ivoire à travers l’Europe, et « ce pays peut être non seulement exclu du cyber espace dans les années qui viennent, mais également exclu à tout moment du commerce international ». La menace est donc sérieuse, le danger pour l’économie, grand. (Y.D)

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DES CHIFFRES QUI FONT PEUR ! Une enquête commanditée par le ministère de l’intérieur français sur la cybercriminalité a révélé des résultats inquiétants. Selon cette enquête, les escroqueries sur Internet ont doublé en un an. « Les escroqueries et abus de confiance sur Internet ont augmenté de 104% en un an », révèle l’enquête publiée par le quotidien français, le Figaro. Ce phénomène a inquiété les autorités françaises, qui ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Le patron de l’office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLTIC), Christian Agrhoum, révèle que ce n’est que la partie visible de l’iceberg. « Chaque jour, des centaines de personnes sont victimes d’arnaque. Autant dire des dizaines de milliers par an, qui tombent dans le piège des commerçants fictifs », révèle‐t‐il en substance. Avant de mettre le doigt sur une autre pratique qui coûte des yeux de la tête aux usagers, surtout aux entreprises. Il s’agit des vers informatiques. « Les arnaques se sophistiquent, avec la propagation des vers informatiques, sortes de programmes espions, conçus pour piller les coordonnées bancaires, des listings de clients d’entreprise ou des données d’état civil précieuses pour la confection de faux documents » indique le Figaro. Ainsi donc, le seul virus Storm Worm (qui signifie littéralement : les vers de la tempête), a déjà infecté plus de 20 millions de machines dans le monde. « Les protections usuelles ne sont pas toujours suffisantes pour contrer les programmes les plus nocifs », révèle un spécialiste. La France, qui a conscience des dangers que fait planer une telle menace sur son développement, ne veut plus croiser les bras. Son ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot‐Marie, a fixé au 1er septembre, l’inauguration d’un site web de « conseils et de

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prévention contre les contenus illicites » sur lequel les internautes signaleront « toute forme de malversation ». La France devant accéder, le 1er juillet à la présidence de l’Union européenne, Michèle Alliot‐Marie, toujours selon le Figaro, vient également de saisir Bruxelles pour qu’une plate‐ forme commune aux 27 Etats membres, soit mis en place à l’office européen de police Europol, à la Haye. Si ces Etats puissants s’unissent pour contrer le fléau de la Cybercriminalité, qu’en est‐il de nos Etats africains, et plus précisément de la Côte d’Ivoire ? Source : linter‐ci.com

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APPEL AUX INTELLECTUELS DU RHDP Quand on lève nos yeux et on porte nos regards en direction de l’Europe, de l’Amérique, et surtout vers l’Asie et les pays émergeants de l’Amérique du sud, qui avancent, qui avancent…, par la force intelligente, morale, éthique, intellectuelle de leurs citoyens, on remarque que l’homme est la première ressource, le premier atout donné par Dieu à tous les peuples afin de faire avancer la société. Et, dans ces pays‐là, il en est effectivement ainsi : les hommes mettent à contribution leur savoir et leur intelligence dans l’intérêt de tous, utilisent efficacement et à bon escient leurs forces, leurs connaissances et leurs ressources, non pour des intérêts partisans, compromettants et paralysants, mais plutôt pour participer ou concourir à l’évolution et à l’émancipation de leurs concitoyens, pour apporter

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leur pierre à l’édification ou à la consolidation de la paix sociale et de la stabilité de leur pays… C’est, au regard de ces bons exemples, que je me permets de lancer, solennellement et officiellement, cet appel fraternel aux intellectuels donc supposés "éclaireurs", "guides", "sachants" du RHDP, depuis les Tiburce Koffi, Venance Konan, jusqu’à Djédjé Mady, via à Mme Touré, Cissé Bacongo, Allassane Salif Ndiaye, Tutti Quanti et autres, pour leur dire : Revenez à la raison, à la logique, à la vérité, au savoir, à la justice, au bon sens, à toutes ces valeurs "normales et naturelles" qui doivent "caractériser l‘intellectuel, l’encadreur (des autres)… Arrêtez ce combat‐là, plutôt nègre, avilissant, malodorant, nauséeux, auto‐destructeur, auto‐flagellant. Nous ne pouvons continuer ainsi, à accepter et à subir ce véritable fléau ivoirien ! Merci et que Dieu garde la Côte d’Ivoire, notre seul pays, et l’Afrique ! Par M. Lekadou Tagro Gérard, Ingénieur, Abidjan.

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Le professeur Mamadou Koulibaly a‐t‐il vraiment tort ? « Le tort de Koulibaly » : voici le titre de l’éditorial de M. Jean Baptiste AKrou du 5 juillet 2010. L’éditorialiste a voulu certainement prendre position dans l’affaire « Tagro » ; mais, le titre de l’éditorial est provocateur.

Dans ce genre d’affaire, il nous semble qu’une analyse lucide et profonde nécessite de répertorier les idées du professeur Mamadou Koulibaly et de les confronter à la justice et à la raison. Nous allons nous contenter de citer en tout cas, les idées et la conduite qui sont décriées dans l’éditorial en question. Fondamentalement, M. Jean Baptiste Akrou reproche au professeur Mamadou Koulibaly de faire perdre des voix au FPI parce qu’il critique les inconduites des refondateurs, vit comme un homme de gauche (sobrement), défend l’idée d’une monnaie propre aux Africains. Voici ce qui retient notre attention à la lecture du fameux éditorial de M. Jean Baptiste Akrou. Nous allons donc montrer dans un premier temps que Mamadou Koulibaly est un homme d’Etat, donc au‐dessus des partis politiques. Dans ce cas, il peut critiquer ses amis du FPI, si ces derniers n’agissent pas dans l’intérêt du peuple. Dans un deuxième temps, nous relèverons la constance de Mamadou Koulibaly dans ses idéaux : il est de gauche et il ne vit pas dans l’opulence injurieuse. Dans un troisième temps, nous démontrerons que le combat contre le franc CFA est d’abord celui de notre indépendance : Mamadou Koulibaly n’a donc pas tort. Défendre ou le peuple ou les corrompus du FPI

Dans le dictionnaire Hachette encyclopédique 2000, un tort se définit comme une action, un comportement, une pensée contraire à la justice ou à la raison. Avoir tort, c’est n’avoir pas pour soi le droit,

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la vérité. Donner tort à quelqu’un, c’est condamner ses idées, sa conduite. Dès lors, nous pouvons affirmer que M. Jean Baptiste AKrou fustige la conduite, les idées du professeur Mamadou Koulibaly. Et pourquoi ? Parce que la conduite et les idées du n°2 de l’Etat seraient contraires à la justice et à la raison.

Dans l’affaire « Tagro », ceux qui condamnent le Pr Mamadou Koulibaly réagissent ainsi : le FPI est en campagne, même si certains pillent le pays, trichent

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dans les concours, créent de l’injustice sociale, ce n’est pas grave.

parti politique étant une tribune d’expression d’une partie du peuple, le n°2 de l’Etat a trouvé bon de défendre plutôt le peuple et non les intérêts d’un groupuscule assoiffé de pouvoir et d’argent. Lorsque le peuple a été désabusé par le général Robert Guéi, il est descendu dans les rues contre les chars pour remettre le pouvoir à M. Laurent Gbagbo. Le même peuple s’est érigé en « un corridor humain » pour protéger et la vie et le pouvoir du président Gbagbo lorsqu’il voulait résister aux Français. Pourquoi donc faire souffrir ce peuple qui ne veut que le changement ?

Dieu merci qu’il existe dans notre pays, une autre espèce d’Hommes qui pensent que rien n’est plus grand que défendre l’intérêt du peuple. Le professeur Mamadou Koulibaly se situe dans cette catégorie d’hommes politiques, ayant compris ce que c’est que la responsabilité politique. Il est vrai qu’aux temps du Parti unique, on pouvait dénombrer de nombreux détournements et malversations ; pour autant, cela ne justifie point le silence dans lequel l’on veut installer Mamadou Koulibaly. Du prétendu focus sur la réélection de M. Laurent Gbagbo Le FPI qui se dit un parti proche du peuple voudrait laisser de côté les préoccupations de ce peuple pour ne penser qu’à la réélection de M. Laurent Gbagbo. Voici ce que M. Jean Baptiste Akrou écrit : « Même s’il avait raison, Mamadou Koulibaly a commis une faute politique sur l’opportunité de sa campagne pour la moralisation de la vie publique. Il est des vérités qu’un responsable politique garde enfouies en lui. Il en évoque dans ses mémoires et non quand il est en activité ». Mais diantre, on demande à Mamadou Koulibaly d’évoquer la souffrance, le mal être des ivoiriens dans ses mémoires lorsqu’il sera à la retraite. Je doute fort que M. Jean Baptiste Akrou soit de gauche, car de telles déclarations ne sont en réalité que le propre des égoïstes, ennemis du peuple. Le

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Un jour, le président Laurent Gbagbo lui‐même, peut‐être dépassé par les événements, se lâchait en ces termes : "Les gens détournent par‐ci, détournent par‐là, ils font des rackets par‐ci, des rackets par‐là. Les policiers ont " gâté " leur nom parce que tout le monde les voit. Mais, ils ne sont pas les seuls à racketter. Quand tu vas dans un bureau et qu'on te prend l'argent pour faire un papier auquel tu as droit, c'est du racket. On voit tout et on entend.... On entend ici, un tel vole dans la direction qu'on lui a confiée, un tel vole sur la route, mais quand nous volons, c'est nous‐mêmes que nous volons...". Ainsi, la prestigieuse Ecole Nationale d'Administration (ENA), l'Ecole Nationale de Police (ENP), l'Ecole Nationale de la Gendarmerie (ENG), l'Ecole Normale Supérieure (ENS) sont devenues le lieu où se fait la promotion des nuls. Face à ces dérives, Mamadou Koulibaly, selon M. Jean Baptiste Akrou, doit se taire, car cela affecterait négativement le FPI. Décidemment, la fin de la souffrance du peuple ivoirien n’est pas pour aujourd’hui. Le peuple voulait avoir le cœur net sur cette affaire « Tagro » ; mais, une fois encore, il est floué. La Commission des affaires sociales et culturelles du parlement a siégé le 7 juillet 2010, toute la journée, à l'Assemblée nationale pour statuer sur la proposition de résolution portant création d'une enquête

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parlementaire sur les concours d'accès aux emplois publics. En fait, une commission d'enquête parlementaire chargée de mener des investigations sur l'organisation et la proclamation des résultats de tous les concours d'accès aux emplois publics qui se sont déroulés entre 2005 et 2010 a été crée. Malheureusement pour le peuple ivoirien, quinze députés ont voté contre ce projet, quand treize ont voté pour. Cela signifie simplement que certains députés du FPI ne veulent pas sortir de la saleté dans laquelle ils sont établis et ne sont pas pour la justice sociale. Et pourtant ils sont censés être de gauche. Etre de gauche, c’est vivre sobrement dignement Si l’on peut regrouper sous un même sceau philosophique et leur trouver un fondement conceptuel unique, on dira que la Refondation défend les idées de gauche puisque l’histoire contemporaine l’identifie à quelques principes : la nécessité d’une régulation collective, une action politique tournée autour de l’idée de justice, une priorité économique accordée à l’idée d’égalité, un scepticisme vis‐à‐vis de toute forme de déterminisme politique. Si Mamadou Koulibaly est un homme de gauche, alors, qu’a‐t‐il fait pour avoir tort ? Voici ce que l’on lui reproche : « Koulibaly n’aime pas se conformer aux règles de bonne convenance. Dans la vie quotidienne, faisant entorse aux précautions élémentaires, il est régulièrement au volant de son véhicule, roulant sur de longues distances en Côte d’Ivoire et parfois jusqu’au Ghana. Sans chauffeur, ni garde du corps. Il fait fi du protocole et de la sécurité. Il entend transposer cette perception de la liberté dans l’arène politique… ».

paroxysme, on demande au défenseur de la liberté et représentant du peuple de fermer sa bouche, alors que le peuple a beaucoup à dire. Les Ivoiriens n’arrivent plus à se vêtir, à manger, à se soigner pendant qu’une poignée vit dans une richesse la plus insolente et injurieuse et on demande au porte‐ parole. En France, le président Sarkozy a viré du gouvernement français, Alain Johandet et Christian Blanc depuis le 04 juillet dernier. Tous deux secrétaires d’Etat, l’un à la Coopération et l’autre à l’aménagement du Grand Paris. Le premier s’est permis de louer un avion privé à 116.000 euros, soit plus de 58 millions de FCFA en vue de se rendre en Martinique, pour participer à une réunion sur Haïti. Le second avait l’habitude d’importer des cigares de Cuba pour un montant total de 12.000 euros, soit plus de 6.000.000 de FCFA avec l’argent du contribuable. Et pourtant, Nicolas Sarkozy n’est pas de gauche. Quelle leçon de démocratie à la gauche ivoirienne !

Ce disant, on oublie que le professeur Mamadou Koulibaly est, avant tout, un député, un élu du peuple. Et, en tant que tel, il se doit de vivre les préoccupations de ses administrés. C’est, d’ailleurs, cela un homme politique. Pendant que les Ivoiriens peinent à boucler les fins de mois, pendant que l’injustice sociale a atteint son

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En vérité, M. Jean‐Baptiste Akrou s’est vraiment ridiculisé, en préconisant le silence là où des délits sont constitués. La gabegie que nous constatons

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depuis quelques années dans notre pays, n’est pas ce que le candidat Gbagbo nous avait promis lorsqu’il était dans l’opposition. Il avait promis des sanctions lourdes contre ses amis s’ils se méconduisaient. Aujourd’hui, parce que sans doute fautifs, certains députés FPI réclament l'extension de la période d'enquête, de sorte à toucher le temps “des grilleurs d'arachides” d'Houphouët‐Boigny, les affaires de surfacturation des complexes sucriers, des dépenses non ordonnancées et autres affaires relatives aux 18 milliards FCFA de l'Union européenne. En fait, le message que ces derniers délivrent au peuple est clair : sous le parti unique, ils ont volé, qu’on nous laisse tranquillement voler également. C’est triste de penser ainsi ; car, c’est parce que les Ivoiriens ne supportaient plus cette manière de gérer le pays qu’ils ont voté le candidat Laurent Gbagbo en 2000. Pourquoi donc ressasser cette vieille musique périmée depuis pour en faire un plat de fête ? Non ! Mamadou Koulibaly n’est pas un rêveur lorsqu’il prône notre décolonisation du Franc CFA On peut concéder à M. Jean Baptiste Akrou sa méconnaissance des questions monétaires, cependant son manque de réserve, face à un sujet aussi technique et politique qu’est le débat sur le franc CFA, est dérangeant. Descartes met en œuvre ce doute méthodique, dans les Méditations métaphysiques. Son but déclaré est de distinguer, parmi ses opinions, lesquelles sont vraies. Il veut identifier les connaissances que l'on peut tenir pour vraies, sans aucun risque d'erreur. Il est vrai que douter, c'est reconnaître que l'on ne sait pas et que l'on ne parvient pas à atteindre la vérité ; mais, le doute dont nous parlons est un doute provisoire. Bref, laissons de côté le débat philosophique, pour essayer d’expliquer le bien‐fondé de notre combat contre le franc CFA. Définissons la monnaie comme une créance à vue sur le système bancaire. Dès lors, la monnaie ne peut‐ être dissociée du système de paiement. Or, ce

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dernier est propre à une communauté donnée. Du coup, chaque communauté de destin doit pouvoir avoir sa monnaie. C’est une première démonstration simple qui nous indique que les pays africains de la zone franc doivent avoir leur monnaie. L’éditorialiste Jean Baptiste Akrou doit savoir que la souveraineté est le principe d’autorité suprême. Or, la monnaie renvoie au prince et généralement à l’organisation politique de la société. La monnaie de ce fait est inséparable d’un ordre ou d’un pouvoir. A tout système monétaire est assignée une limite, qui est celle de l’acceptation des moyens de paiement. Ainsi, l’aire d’extension du système de paiement se confond avec celle de la souveraineté de l’institution émettrice de la monnaie légale. Robert Joseph Pothier, un des inspirateurs du code civil français écrivait, à propos de la monnaie métallique « ces pièces n’appartenant aux particuliers que comme signe de la valeur que le prince a voulu qu’elle représentassent, dès lors qu’il plaît au prince que ce ne soient plus ces pièces mais d’autres qui soient les signes représentatifs de la valeur des choses, les particuliers n’ont plus le droit de retenir ces pièces ». En fait, la monnaie a un lien avec l’Etat, elle n’est pas tout l’Etat et l’Etat n’est pas toute la monnaie. Voyons maintenant comment est née cette monnaie (franc CFA). La formation d’une zone économique impériale, protégée de la concurrence extérieure et fondée sur la complémentarité des productions coloniales et métropolitaines, passait par la création espace d’un monétaire commun. Le franc CFA est officiellement né le 26 décembre 1945, jour où la France ratifie les accords de Bretton Woods et procède à sa première déclaration de parité au Fonds Monétaire International (FMI). Il signifie alors « franc des

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colonies françaises d'Afrique ». Le décret i lui, prit effet le 26 décembre 1945. Ce décret fixe une nouvelle parité entre le Franc et le Franc des Colonies Françaises d'Afrique, ainsi que les francs des Colonies Françaises du Pacifique. Des unités monétaires d’inégales valeurs furent instituées pour chacune des régions. C’est aussi l’occasion d’affirmer l’unité, car le communiqué du ministre des Finances parle de « Constitution de la zone franc » et ce sera la première fois que le terme est utilisé officiellement. Certains pays ont choisi, lors de l'indépendance ou après, de quitter la zone Franc coloniale : Algérie (1963), Maroc (1959), Tunisie (1958), Mauritanie (1973), Madagascar (1973), Guinée (1958), l’ex‐ Indochine (Cambodge, Laos, Viêtnam) en 1954. Le Mali l'a quittée en 1962 pour la réintégrer en 1967. Les pays comme le Maroc, la Tunisie sont en voie d’être des pays émergents, non avec le franc CFA, mais leurs monnaies propres. Avec la zone franc, le France voulait conserver son aire d’influence, mais aussi, consolider des liens un temps menacés par les aspirations à la souveraineté. La construction de cette zone est due à des facteurs commerciaux (une partie importante des échanges se faisant avec la France), financiers (faciliter le paiement des flux financiers) et politique. Cette tutelle monétaire assure le contrôle des économies de la zone et garantit les bénéfices des capitaux français en assurant la convertibilité illimitée, la parité fixe avec l’Euro et surtout la liberté des transferts. M. Jean Baptiste Akrou doit savoir que, si la Côte d’Ivoire veut son indépendance politique et économique, elle doit d’abord acquérir sa souveraineté monétaire ; car, le professeur Pierre Kipré disait, lors de la cérémonie d’ouverture du cinquantenaire de la Côte d’Ivoire : « on ne détruit pas un système en abattant seulement les murs ». Ce n’est pas lors d’un meeting qu’on prend son indépendance vis‐à‐vis de la France, mais en commençant par travailler dur pour asseoir une économie locale très forte, une monnaie gérée par nous‐mêmes.

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Le franc CFA, en tout cas, dans sa gestion, dépouille les Africains de tous les leviers qui permettent un développement autocentré. On oblige les Africains à compromettre leur développement par le respect scrupuleux de certaines règles orthodoxes. Le mythe de la convertibilité illimitée n’est que mensonge et arnaque. Encore plus, le fameux « compte d’opérations », terme inconnu des milieux académiques mais bréviaire des milieux financiers de la zone franc. Comment peut‐on remettre le pouvoir monétaire, un des attributs du pouvoir, à son adversaire ou à son ennemi ? Si M. Jean Baptiste Akrou ne connaît rien de la monnaie, ce n’est pas grave. Mais, que, en toute modestie ou en toute humilité, il se cultive et qu’il n’accuse pas M. Mamadou Koulibaly de rêveur qui veut une monnaie autre que le franc CFA. Nous plaidons pour une monnaie décolonisée, c’est‐à‐dire qui ne sera pas sous la tutelle de la France, mais bien des Africains. Est‐ce moralement et économiquement acceptable de déposer 50% (BCEAO) de nos réserves de change dans un Trésor français ? Si des intellectuels acceptent cette servitude, nous autres, nous disons tout simplement : non et non ! M. Jean Baptiste Akrou semble faire partie de cette catégorie d’intellectuels africains, qui, par ignorance, ou pour défendre leurs intérêts propres, dénient expressément ce qui fait le bonheur de leurs peuples. Vivement que Dieu nous aide à comprendre ce qui est bon pour nous, les Africains. Dr Séraphin PRAO, Enseignant‐chercheur à la faculté des sciences économiques et de développement à l’Université de Bouaké (Côte d’Ivoire) ; Président du Mouvement de Libération de l’Afrique Noire (MLAN). www.mlan.fr

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« L’homme d’argent est différent de l’homme riche. La politique ne doit pas être réservée exclusivement à ceux‐là qui seraient assis sur des coffres‐forts; d’autant que l’homme d’argent est différent de l’homme riche. Si la vraie richesse matérielle est portée par l’idéal de solidarité et de fraternité, l’économie de marché ne peut être que souhaitable, d’autant plus qu’elle donne l’occasion, à l’homme, de présenter les meilleurs fruits de son esprit que le marché rend visible. Et c’est avec l’économie de marché que le partage devient effectif. Dans ces conditions, le coût des échanges doit seulement être regardé comme anecdotique, si l’intention des uns n’est pas d’asservir les autres, afin d’abuser d’eux. L’homme d’argent ramasse rapidement, l’homme riche amasse lentement

détient un trésor. Celui qui court pour amasser rapidement ne permet rien à personne d’autre. Celui qui marche pour amasser lentement, laisse le temps aux autres de profiter, eux aussi, du temps et de l’espace économique. Voici ce que j’appellerais la vérité différentielle, celle qui fonde la bonne économie sociale et politique. Elle est fondamentale. Si le butin appartient à son pirate, le trésor appartient à l’humanité. C’est ce que les historiens de l’art ont compris avec raison et qui justifie le concept de « patrimoine de l’humanité » au sujet des œuvres architecturales et autres. Entendu que ’il tient déjà un butin qui devrait en principe lui suffire, il ne faut jamais porter un homme d’argent au pouvoir. Vous n’arriverez pas à faire l’inventaire de son avoir parce que, en cas de contrôle, s’appuyant sur sa mauvaise foi, il risque de se moquer de vous, en arguant qu’il n’avait pas attendu le pouvoir pour vivre dans l’opulence. Or, si vous votez pour un homme qui vous ressemble et qui vit la même condition que vous, à la fin de son mandat, vous pouvez facilement évaluer les biens qu’il aura acquis avec votre concours. Et puis, il est plus logique de laisser un des vôtres défendre vos intérêts au lieu de fournir les armes de votre propre destruction à votre adversaire. Le pauvre existe individuellement, certes, mais le riche n’existe pas.

La vraie richesse est appelée à durer dans le temps et à résister à l’épreuve du temps. Le contraire est à définir seulement comme une course à l’argent, comme un gain, comme du racket. Et, c’est justement pour cette raison que je dis toujours ceci: «l’homme d’argent qui amasse rapidement est différent de l’homme riche qui amasse lentement». L’homme d’argent tient un butin, l’homme riche

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L’homme d’argent est incontestablement votre adversaire parce qu’il vous pille. Et, on n’est pas forcément bon gouvernant parce que l’on dispose d’immenses coffres forts. Détrompez‐vous ! Par ailleurs, l’opinion internationale n’est pas favorable à un pays parce qu’il est gouverné par un homme d’argent, mais plutôt pour ce que le pays vaut en lui‐ même, grâce au travail de tous ses habitants. La coopération internationale ne travaille pas avec des individus, mais avec des Etats, avec l’ensemble des citoyens qui produisent les richesses. Et, la richesse est effectivement un patrimoine commun à l’humanité. C’est bien pour cela que le pauvre existe individuellement, certes, mais que le riche n’existe

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pas. Si le riche n’existe pas, alors le pauvre ne devrait pas exister non plus, parce qu’on ne reconnaît que l’un par rapport à l’autre, pourrait‐on se dire… En réalité, le bâtisseur de trésor n’atteint son objectif qu’avec l’effort de toute la société. Prenons l’exemple d’un édifice en construction. Chaque matin, nous voyons à l’œuvre le maçon, le plombier, le menuisier, le balayeur, l’électricien ou le peintre. Et, le travail ne sera jamais achevé sans le concours des uns et des autres. Eh bien! De cette même manière, le trésor ne s’amasse qu’avec le concours de tous. Et dans le fonctionnement de l’entreprise, il faut que l’ouvrier accepte de se lever avant le petit jour pour aller à son poste, que la standardiste accepte de recueillir messages et commandes, que le comptable soit bien regardant sur les chiffres et que le veilleur de nuit accepte de garder les usines... De même, le pompier devra toujours se tenir prêt à intervenir dans les locaux de l’activité en question, les services fiscaux apportent continuellement leur concours en rappelant au ‘premier initiateur’ ses devoirs dont l’accomplissement lui permet d’avancer tout doucement, etc. Les mérites de la société laborieuse Ne devient riche que celui qui travaille et c’est la société qui devient riche, dans le cadre bien précis de l’enrichissement par le travail; avec à sa tête, un animateur de la vie économique que l’on appelle ‘patron’. Ici, ‘patron’ ne veut rien dire d’autre que premier initiateur de projets économiques. Mais, l’entreprise qu’il aura bâtie grâce à l’effort de la société appartient à la société. Que rien n’appartienne particulièrement à l’homme En réalité, rien n’appartient en propre à l’homme; pas même sa vie dont il ne saura jamais pourquoi elle se retrouve en lui. Autrement dit, il pourrait décider d’y mettre fin à tout instant, ce qui n’est souvent pas le cas. On me dira que l’homme a le choix du suicide. Non ! Car, le suicide n’est justement pas un choix, mais un acte de désespoir. C’est un acte qui s’impose à l’homme en deuxième lieu, après le choix de la vie,

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après l’appel à la vie. L’homme vit seulement la vie, mais il sait que celle‐ci ne lui appartient pas. Si sa vie dont il pouvait légitimement se prévaloir ne lui appartient pas, je ne vois pas ce qui peut lui rester en propre. Le chef d’entreprise sait très bien qu’il n’est pas l’inventeur de la monnaie qui fait sa force, qu’il n’est pas le créateur des hommes qui produisent sa richesse, qui du jour et de la nuit rythment sa production; de l’espace physique sur lequel est implantée son unité de production et le fait de dépenser un sous pour l’acquérir ne change rien à cette vérité. Cela lui donne seulement un droit d’occupation ou de jouissance, mais il n’est en rien le propriétaire de tout ce qu’il découvre dans la nature à la naissance ou de tout ce qu’il ne peut emporter avec lui dans sa tombe. Voilà qui devrait donc adoucir les appétits de l’homme. S’agissant toujours de l’entrepreneur, s’il est juste de reconnaître son esprit d’entreprise, sa grande capacité à prendre des risques et sa volonté d’assurer la survie et l’avenir économique de son pays; s’il est utile de lui accorder la considération et l’honneur qui lui reviennent, il faut également insister en disant que rien ne lui appartient en propre: en réalité, tout revient à la société laborieuse. Pour l’avènement d’une vraie justice distributive Je veux donc dire que, dans ces conditions, tout gain doit être redistribué équitablement, dans la mesure du possible. Je suis pour cette politique de redistribution des biens sociaux. Et en Afrique, fils de paysans comme nous sommes tous pour l’instant, le peu que nous avons, doit être redistribué à tous, dans la dignité et la loyauté. Plus qu’une empoignade Gauche‐Droite qui pourrait paraître nécessaire à certains parce qu’elle permet, peut‐être, aux acteurs de la vie politique de mieux se positionner, il est

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davantage question de partage et de justice distributive : c’est ce qu’on appelle la justice sociale.

Cinquantenaire des

Tébi Joachim Ablé, philosophe, théoricien de la Palabre africaine. ND NDLR : M. Tébi Joachim Ablé ne nous dit hélas ! pas si l’on peut être à la fois homme d’argent et homme riche. Comment et à quelles conditions ?

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indépendances africaines

Texte à Lire

La parole à…

Proposez‐nous des textes « rares » (même inédits) dont la lecture peut être enrichissante. Merci.

M. Frédéric Couteau Journaliste‐Reporter. RFI

* Dans nos prochaines parutions :

« La Controverse de Yamoussoukro »

Le 50e anniversaire des indépendances dans la presse africaine

Par Dr Serge Nicolas NZI. Plongez dans une « fiction réaliste » de la vie politique de notre pays, la Côte d'Ivoire, depuis les indépendances (actualité politico-historique oblige !!!) … et ouvrons le débat sur notre présent et notre avenir...

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Le 50ème anniversaire des indépendances africaines est la Une de nombreux journaux africains. En ce début d'année 2010, le ton est plus à la critique contre des dirigeants du continent jugés encore trop inféodés à la France. En ce début d’année 2010, certains journaux du continent s’interrogent en effet sur le sens et la portée de ces célébrations. Avec comme fil conducteur, la question des relations avec l’ancienne puissance coloniale. Le site d’information burkinabé Fasozine pose le problème : « l’Afrique francophon e indépendante s’apprête à célébrer

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ses 50 ans d’affranchissement de la tutelle coloniale. Mais, l’a‐t‐elle jamais quittée ? »

peu avancé dans s a marche développement et le progrès. »

La réponse est non, manifestement, pour le quotidien Le Pays, toujours au Burkina. Le Pays qui rappelle que c’est à Paris, le 14 juillet prochain, que seront organisées les festivités marquant ce cinquantième anniversaire. Date et lieu ô combien symboliques…

Trop de dépendances…Une analyse plutôt partagée par L’Indicateur Renouveau au Mali : « Cinquantenaire du Mali : fête d’indépendance ou d’interdépendance ? », s’interroge le journal. « Cinq u ante ans d’existence m é rite n t une fê te . Mais dans le cas de notre pays dont le sort et le devenir sont liés au bon vouloir de la puissance colonisatrice, cela relève d’une vue de l’esprit », affirme L’Indicateur Renouveau.

50 ans d’échecs ? « Le 14 juillet couronnera les manifestations de ce cinquantenair e de nos indépendances. Et une fois encore, remarque Le Pays, la France restera d ans son rôle de reine vers laquelle se ruera une colonie d’abeilles. C’est la France qui tiendra le rôle de chef d’orchestre du gigantesque boucan qui sonnera l’approfondissement et la modernisation de ses relations avec ses 14 ex‐colonies. Comme quoi, s’exclame le quotidien burkinabé, elle a beau chasser le na ture l, son s ens du p ate rnalisme revient au galop ! » Alors, s’interroge Le Pays, « au‐delà des flonflons de la fête, quel bilan ces pays a fr i cains peuvent‐ils tirer de leurs 50 années débarrassées du jou g colonial ? Qu’en ont‐ils fait ? Assurément, répond le journal, cet anniversaire devr a it être une occasion d’introspection vér ita ble p our ces ex ‐c olonies françaises d’Afrique subsaharienne. Une introspection qui devrait, pour autant que ces pays veuillen t vraimen t regarder la v érité en face, les amener à mesurer toute l’étendue de leur échec s ur pratiquement tous les plans : déficit démocratique criard alors que 2010 s’annonce comme une année charnière avec des élections à l’horizon ; regain d’instabilité sur fond de coups d’Etat atypiques et sophistiqués ; décollage économique toujours introuvable, etc… Bref, en l’espace de cinq décennies, conclut Le Pays, l’Afrique francophone n’aura que très

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vers

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Pour le journal malien, cette dépendance est flagrante dans le domaine alimentaire : « après un demi‐siècle de gestion aut onome, nos dirigeants ne sont pas p arvenus à gagner le combat de l’autosuffisance alimentaire, écrit‐il, malgré les immenses potent ia lités dont dispose le Mali. Alors qu’il est admis par tous que l’indépendance d’une famille passe par son grenier. Tel n’est pas le cas aujourd’hui car 50 ans après, notre pays reste tributaire des importations et d es dons de l’extérieur. (…) S i le cinquantenaire a un sens aujourd’hui, s’exclame L’Indicateur Renouveau, ça serait de réveiller les cultivateurs du pays en leur donnant des moyens modernes pour faire face au défi de l’indépendance. Sinon le citoyen lambda ne fêtera cette manifestation que de nom. » Le « jeu trouble » de la France Dépendance économique donc, mais aussi dépendance politique… Exemple au Niger, avec ce point de vue de l’hebdomadaire Le Canard Déchaîné pour qui « la France est incapable de dépas sement pour laisser se développer et soutenir les process us démocratiques, véritables germes d’une

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émancipation de certaines des anciennes colonies vis‐à‐vis de l’ancienne métropole. » Et Le Canard Déchaîné de dénoncer le soutien que, selon lui, le président Sarkozy apporte au président Tandja et d’affirmer que « les perspectives ne sont pas bonnes pour la démocratie en Afrique francophone. (…) Nous pensons que ce jeu trouble de la France sur une question sur laquelle elle ne devrai t pas transiger pour des raisons évidentes d’histoire, de c u lture et de valeurs qui lui sont chères, doit impérativement cesser, affirme l’hebdomadaire nigérien. Le cycle d’instabilité sociale et politique auquel aboutissent ces soutiens iniques ne peuvent que conforter tous ceux qui auraient pu douter que l’Afrique n’es t pas prêt e pou r la démocratie. »

que l’économie se construit, malgré les écueils».

* La parole à…

Dr Alpha Ayandé Expert‐Conseil, Coordinateur Programme & Recherche GRÈS‐PERFORMEX, Directeur Synergie Développement et Partenariat International(SYDEPI‐SYFODIP)

L’exemple camerounais ? Enfin, autre vision de ce cinquantenaire des indépendances avec Cameroon Tribune. Une vision beaucoup moins critique… Cameroon Tribune met l’accent sur l’unité camerounaise et parle même « d’exception camerounaise (…) : tributaire d’un héritage humain et culturel trop hétéroclite, le Cameroun, écrit‐il, semblait condamné à devenir les Balkans de l’Afrique, une zone d’instabilité chronique par essence ingouvernable, (…) avec, précise‐t‐il, trois héritage s coloniaux (allemand, anglai s et français), de ux l angues officielles, (le français et l’anglais), d eux religions sans compter l’animisme et surtout 245 langues e t ethnies ! » Et pourtant, s’exclame Cameroon Tribune, « les acquis au terme de 50 années d ’indépendance n’en sont que plus significatifs. L’identité nationale et le sentiment d’appartenance à la mère‐patrie sont, à notre sens, en constante progression. (…) L a nation existe bel et bien et ses fondements sont solides. » Et le quotidien camerounais plutôt d’obédience gouvernementale, on l’aura compris, conclut ainsi : « la démocratie, paradigme essentiel pour l’épanouissement des peuples, avance à grandes enjambées, tandis

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L’AFRIQUE EST‐ ELLE DÉCOLONISABLE ... 50 ANS APRÈS LES INDÉPENDANCES ?... La « décolonisation » en Afrique ne s’est pas faite dans la joie et le bonheur et c’est au prix de lourds sacrifices humains et de durs sévices que les peuples africains « colonisés » se sont battus pour obtenir l’indépendance de leur territoire. À la mémoire de ces tirailleurs sénégalais qui réclamaient leur solde après avoir combattus pour la libération de la France pendant la seconde guerre mondiale et qui se sont fait massacrer ‐ sur ordre des autorités françaises.Au Camp « Thiaroye » en 1944 à Dakar [1]. L’enrôlement des tirailleurs sénégalais pendant la seconde guerre mondiale ainsi que la découverte de la vulnérabilité des « blancs » face à l’atrocité de cette guerre ont participé de très loin au déclenchement des revendications pour l’indépendance. Le bilan de cinquante ans d’ « indépendance » révèle de profondes séquelles qui subsistent encore et parfois l’on se demande si vraiment les pays africains ont obtenu cette indépendance politique, économique et sociale dont ils ont déjà payé le lourd tribut. Si la

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décolonisation semble ne plus être d’actualité, force est de souligner que la colonisation ainsi que l’idéologie impérialiste persistent encore sous de nouvelles formes plus vicieuses [2]. Même si pour un nombre infime d’états africains la décolonisation est bien réelle [3].L’absence de souveraineté monétaire pour ainsi dire l’arrimage du franc CFA au franc français et ensuite à l’euro illustre bien une certaine mainmise des anciennes puissances coloniales et met aussi en exergue l’incapacité des dirigeants africains de mener leur propre choix de développement en faveur de l’éradication de la pauvreté chez la majorité des africains. En effet, sans la « souveraineté monétaire », il faudrait continuer à croire après 50 ans que l’indépendance en Afrique demeure un leurre. [4]. La liberté monétaire est à l’économie de marché ce que la liberté de parole est à la démocratie. Les hommes libres ont besoin d’une monnaie stable et fiable comme moyen d’échange et réserve de valeur. Sans « liberté monétaire », il est difficile de créer de la valeur sur la longue période [5].L’Afrique semble avoir hérité non d’une liberté, mais d’une somme de nouvelles situations qui, de nos jours, constituent une entrave majeure à son développement politique, économique et social [6]. Ces nouvelles situations ont pour nom, un multipartisme mal compris : « ethinicisme », une mauvaise gestion des ressources naturelles et humaines, des institutions étatiques incapables d’assurer l’autorité sans parti pris. Ces situations catastrophiques engendrent des foyers de tensions donnant naissance à des conflits meurtriers récurrents. Les conflits armés en Afrique résultent ainsi à la fois de la résurgence des référents identitaires ethniques, religieux ou nationalistes, de la faillite de l’État de droit et des souverainetés en déshérence, des immixtions des puissances régionales et internationales, et d’une montée en puissance des organisations criminelles internationales [7].La place actuelle de l’Afrique dans l’économie mondiale montre combien le leadership africain a été défaillant. La crise du leadership africain réside dans la médiocrité et l’irresponsabilité de trop d’hommes et de femmes qui détiennent le

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pouvoir [8]. L’Afrique ne pourrait se construire que si elle assume son existence et s'affranchit de son silence coupable dont la manifestation la mieux rendue encore à nos jours, reste cette main honteusement tendue et les détournements de l'aide [9]. Comme certains le disent l’Afrique est comparable à ce mendiant tendant la main pour acquérir sa pitance pendant qu’elle est assise sur une mine d’or et les pieds nus posés sur une mine de diamant. Et certainement, la conséquence d’une décolonisation mal acceptée diront certains ! Pour asseoir un développement harmonieux faut‐il faire abstraction de « l’ethnicité ». Ce concept africain de l’ethnicité a resurgi aussi vite que les futurs pays africains, sortirent du joug de la colonisation. Il est plus que jamais nécessaire que la jeune Afrique apprend à faire de la politique pacifiquement en concevant un modèle qui se fonde sur « la réconciliation et l’unification des communautés ethniques ». [10]. Les enjeux actuels de la mise en place d’un « gouvernement fédéral africain » se situent au niveau de la capacité de nos leaders à transcender ces clivages ethniques superficiels par rapport aux besoins des africains d’aspirer à la prospérité mais aussi au développement économique social et écologique. Faudrait‐il alors, revoir les méthodes et les approches du développement international ?Source : Réseau Nerrati‐Press . NOTES & RÉFÉRENCES : [1] www.africamaat.com/Le-Massacre-de-Thiaroye [2] Sonia ARAUJO. « Les brûlures de la décolonisation dans les anciennes métropoles françaises et britanniques ». Regard Critique, le Journal des Hautes études Internationales de l’Université de Laval au Québec, Volume 5, N° 2 Avril 2010, p2.[3] Jean‐Pierre DERRIENIC. « Regards d’experts ». Regard Critique, le Journal des Hautes études Internationales de l’Université de Laval au Québec, Volume 5, N° 2 Avril 2010, p3.[4] Thierry ONGA. « Le cas CFA : la décolonisation qui n’a pas eu lieu ». Regard Critique », le Journal des Hautes études Internationales de l’Université de Laval au Québec, Volume 5, N° 2 Avril 2010, p5.[5] KIM R. HOLMES, Edwin J. FEULNER, and Mary Anastasia O’GRADY, 2008 Index of Economic Freedom, Washington DC : « The Heritage Foundation and Dow Jones & Company. Inc ».[6] Jean‐ Marc FIENDE. « Les indépendances africaines : 50 années

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après ». Regard Critique, le Journal des Hautes études Internationales de l’Université de Laval au Québec, Volume 5, N° 2 Avril 2010, p6.[7] Coffi Dieudonné ASSOUVI. « 50 ans d’indépendance en Afrique un bilan chaotique ». Regard Critique, le Journal des Hautes études Internationales de l’Université de Laval au Québec, Volume 5, N° 2 Avril 2010, p7.[8] Charles FAYE. www.seneweb.com. [9] Mamadou KOULIBALY. « Leadership et développement africain : les défis, les modèles et les principes ». Éditions L’Harmattan, Collections Études africaines, 2008, Paris.[10] Stephen SMITH. « Atlas de l’Afrique », Éd. Autrement, Paris, 2008.[11] « Renforcer l’intégration économique régionale pour le développement de l’Afrique. Le développement économique en Afrique ». Rapport « CNUCED », 2009.

préparatoire du Cinquantenaire l'Indépendance ivoirienne

de

* Comme M. Léandre Sahiri, (L F n˚ 1), M. Lanciné Camara, M. Zéré de Mahi, M. Nicolas Kouassi Akon, (L F n˚ 2), Mme Denise Epoté Durand (L F n˚ 3), Dr Séraphin Prao, M. Laurent Gbagbo, M. Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana (L F n˚ 4), Mme Simone Ehivet Gbagbo, M. Tiken Jah Fakoli, M.Sanou MBaye (L F n˚ 5)… M. Pierre Kipré, M. Alpha Ayandé, M. Frederic Couteau (L F n˚ 6)… Exprimez-vous sur les 50 ans des indépendances africaines.

Le sens de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance Le 7 août 1960, a été pour nous Ivoiriens l’ouverture d’une nouvelle page de notre histoire en tant que peuple. Cinquante ans après, malgré les aléas de la vie avec ses hauts et ses bas, nous voulons nous souvenir de tous les moments de cette marche exaltante. Mais surtout, nous voulons construire mieux notre avenir pour que demain soit plus profitable et plus digne pour nous, avec tous nos amis à nos côtés. Tel est le sens de cette commémoration du cinquantenaire de l’indépendance en Côte d’Ivoire ». Source : www.le banco.netasozine.com

La parole à…

M. Pierre Kipré Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, président de la commission nationale

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En Afrique, l'éducation dans son ensemble est malade. Nous nous devons de diagnostiquer le mal, l’étendue de son ampleur, situer les responsabilités, afin de préconiser des solutions. C’est l’objet de cette nouvelle rubrique intitulée « Les Dossiers de l’Education» que nous ouvrons avec deux textes : l’un intitulé « Les enfants en déperdition scolaire au Cameroun », de l’EIP‐Cameroun, et l’autre, « Le drame de l’école ivoirienne » de Tiburce Koffi. Texte nº 1LES ENFANTS EN DEPERDITION

SCOLAIREAU CAMEROUN Depuis le début des années 1990, le Cameroun, tout comme la plupart des pays africains, vit une véritable régression économique. Cette situation s'est aggravée en 1994 avec la dévaluation du franc CFA. La pauvreté déjà si dramatique a cédé sa place à la

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misère. Celle‐ci s'est généralisée... Les premières victimes de cette conjoncture sont les enfants qui voient leur droit à l'éducation bafoué.Au Cameroun, la moyenne de famille est de 7 personnes. Lorsque l'on sait que " la table du pauvre est maigre et le lit de la misère est fécond ", on peut facilement comprendre que cette moyenne est élevée en zones rurales où l'on peut compter plus de 10 enfants dans une famille. Il est évident que le bien‐être (droit à la santé, à l'alimentation, au logement, à l'éducation…) de ces enfants ne peut être assuré entièrement.Par ailleurs, puisque les caisses de l'Etat sont supposées être vides, ce sont les parents qui sont invités à construire les établissements scolaires, sinon les enfants sont obligés de parcourir des dizaines de kilomètres pour atteindre leur école. L'enseignement de base, annoncé gratuit, est frappé par un taux de scolarité qui n'est pas à la portée du premier parent et qui oblige celui‐ci à choisir parmi sa progéniture 3 ou 4 (tout au plus) parmi ses 10 enfants qui devraient tous bénéficier des bienfaits de l'école. Evidemment, il va privilégier les garçons au détriment des filles. On va alors assister à deux sortes d'abandon scolaire (volontaire et involontaire), et conséquemment, à une importante déperdition scolaire. La déperdition scolaire au Cameroun est la preuve que l'éducation dans son ensemble est malade. Des taux de déperdition scolaire fort alarmants Les taux de scolarisation au Cameroun sont très inférieurs à ceux des pays ayant des revenus par habitant comparables. Ceci est dû à un phénomène de déscolarisation au cours des années 1989‐99, pratiquement sans précédent dans un pays qui n'a pas été confronté à une guerre ou un conflit civil. Ce phénomène constitue un risque majeur pour les perspectives de croissance du pays. Officiellement, le taux d'inscription brut au primaire est de 81%... Les enseignements secondaire et supérieur ne sont pas mieux lotis que le primaire, du point de vue des taux d'inscription : le secondaire est le seul sous‐secteur du système éducatif où les inscriptions, le nombre d'école et d'enseignants croissent rapidement, dans le secteur public comme privé. Les écoles normales

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de formation des maîtres ont fermé entre 1990 et 1995.D'importantes inégalités régionales et entre les sexes existent. Les taux d'admission au primaire varient de 39% à presque 100% selon les provinces, avec un taux d'admission des filles de 26% dans la province de l'extrême‐Nord. Des groupes minoritaires importants (pygmées, nomades, enfants des zones frontalières) n'ont souvent aucun enfant scolarisé. Les taux de passage des écoles primaires aux écoles secondaires sont beaucoup plus importants dans les villes que dans les zones rurales. L'une des principales raisons est la déficience de l'offre et particulièrement le manque d'enseignants. Les indemnités qui étaient auparavant accordées aux enseignants travaillant dans les provinces qui ne sont pas leur province d'origine ont été supprimées. Ce qui a provoqué un repli graduel des enseignants des régions les plus éloignées vers les grandes villes et, par conséquent, la fermeture d'écoles rurales. Les fonctionnaires du Ministère facilitent ce repli en monnayant les transferts illicites. Ainsi, les parents les plus pauvres doivent donc payer les salaires d'une partie des enseignants dans les écoles, même pour une qualité d'éducation inférieure à celle des villes. Dans l'Extrême‐Nord, région la plus sinistrée, 61% des enseignants sont rémunérés par les parents. Dans le Centre, région la plus riche, ce chiffre tombe à 13%.Dans les villes, même là où le nombre d'enseignants est pléthorique, les classes sont surchargées parce qu'il n'existe pas de salles en nombre suffisant. Ainsi, dans les environs immédiats de Yaoundé, il n'est pas rare de rencontrer des salles de classe où s'entassent 120 élèves.Environ 28% des enfants du primaire redoublent chaque année, et 13% d'entre eux abandonnent l'école. Contrairement à une croyance malheureusement fort répandue, le recours excessif aux redoublements est néfaste, autant pour l’élève que pour la classe comportant des « redoubleurs », comme l'on montré maintes études en Afrique Sub‐saharienne, notamment celle de la COFEMEN (PASEC). Par contre, les redoublements coûtent chers à la communauté, puisque lorsqu'il termine son cursus secondaire,

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l'élève camerounais a en moyenne passé 20 ans à l'école, au lieu de 13 théoriquement nécessaire.Un enseignement de qualité médiocreD’abord, il faut déplorer La faible qualification et motivation des enseignants. Au niveau primaire, 47% seulement des enseignants sont officiellement qualifiés, et les enseignants formés disponibles travaillent le plus souvent dans les villes ou dans le sud du pays. Il n'y a presque pas eu de recrutement d'enseignants fonctionnaires au niveau primaire depuis environ une décennie. Le corps enseignant est de plus en plus composé de contractuels rémunérés soit sur la rubrique "équipement" du budget du Ministère de l'Education, soit directement par les parents. Les conditions de travail et de rémunération sont fortement contestées par leurs syndicats et semblent constituer un handicap sérieux à leur motivation et leur assiduité. Une étude récente du temps d'apprentissage dans les écoles à montrer que, à cause de l'absentéisme des enseignants, les enfants reçoivent en moyenne les deux tiers de l'instruction qu'ils sont supposés recevoir.De la pénurie des outils et matériels pédagogiques La rareté des matériels et outils pédagogiques, notamment les fournitures et manuels scolaires, menace à la fois la qualité de l'éducation et l'équité de l'accès à l'éducation. Certaines faiblesses sont de nature historique (résultant en partie de l'importance massive de manuels en provenance de la France), tel que le prix élevé des manuels par rapport aux revenus réels d'une grande proportion des ménages, le caractère sous‐développé de l'édition locale, l'absence de données statistiques fiables sur la disponibilité des manuels, le manque de partenariat entre secteur public et privé, le manque de spécialistes du livre au sein du MINEDUC, des habitudes de lecture peu développées et l'absence quasi‐totale des bibliothèques. Cette situation négative a été sérieusement aggravée en 1998 par l'octroi d'un monopole (pour l'édition, la fabrication et la distribution du livre scolaire) au CEPER S.A. Ce monopole a été appliqué au secteur francophone uniquement : il a épargné le secteur anglophone qui est généralement plus solide.Une gestion des

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ressources humaines désastreuse La gestion est basée sur un système centralisé et autoritaire, dans lequel les décisions font rarement l'objet de concertation avec les bénéficiaires. Sous l'effet combiné de la faiblesse institutionnelle et d'une corruption omniprésente, cette formule a produit des résultats désastreux. Il n'existe pas de relation claire entre les besoins d'écoles primaires et leur construction. Alors qu'une école peut comporter trop de classes, l'école voisine peut n'en avoir aucune. En outre, les bâtiments de l'enseignement public souffrent de vandalisme ainsi que d'un entretien insuffisant. La répartition des ressources, y compris les enseignants, se fait de matière opaque. Les résultats des examens font l'objet de controverses et de contestations fréquentes entre syndicats et autorités de tutelle sur l'existence de malversations et de fraudes. Les fonds collectés auprès des parents sont gérés par des Comités de Gestion qui ne représentent pas les Associations de Parents d'Elèves (APE). La désignation des directeurs et des inspecteurs ne répond pas à des critères objectifs et ne se fait pas dans la transparence.Par ailleurs, les mécanismes de contrôle de la qualité sont inexistants. A titre d'exemple, dans le primaire, les enseignants s'absentent souvent pour des motifs non autorisés, dans l'impunité la plus totale. Même les inspecteurs qui sont chargés de s'assurer du bon fonctionnement des écoles estiment que les enfants ne reçoivent aujourd'hui que vingt‐cinq semaines d'instruction dans les villes et vingt semaines dans les zones rurales, contre trente‐six semaines officiellement annoncées. Dans l'enseignement secondaire technique, depuis de nombreuses années, il n'existe pratiquement plus aucun lien entre les programmes de formation et les débouchés sur le marché de l'emploi, sans que cela provoque le réajustement qui s'impose. Quand l’Etat camerounais se désengage du financement de l’éducation… Le financement public est relativement important, mais est inefficacement utilisé, du moins, il subit des "pertes en lignes" très importantes. Environ 75% du budget sont réservés aux salaires du personnel. L'inefficacité de cette dépense est liée à la confusion

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qui règne dans la répartition du personnel, telle que nous l’avons signalée plus haut. La part non salariale du budget est consommée à divers niveaux, avec une certaine déconcentration des dépenses au niveau des délégations et des inspections, mais pas aux écoles. Cette part non salariale parvient aux ordonnateurs sous forme des bons de caisse, dont une partie non négligeable est détournée. En effet, les entrepreneurs et fournisseurs doivent payer aux agents de l'Etat entre un tiers et deux tiers du montant de leurs factures, s'ils veulent être payés par les trésoreries provinciales. En définitive, et pour ce qui reste, plus une école est loin de la périphérie et plus ses chances de recevoir un appui sous n'importe quelle forme sont faibles.Pour pallier cet état de fait, les parents participent massivement au financement de l'éducation. La contribution des APE diffère énormément selon les sources, et est très importante, puisque les APE prennent en charge la rémunération de 28% des enseignants et la plus grosse des dépenses récurrentes des écoles.Par ailleurs, l'introduction des frais exigibles a eu plusieurs effets pervers : la prise en charge des coûts de main‐d'œuvre pour la construction des écoles pour autant que le gouvernement fournisse les matériaux nécessaires et de certains frais exigibles à l'exclusion des pauvres en banalisant l'extorsion des fonds. Aujourd'hui, il semblerait que tout soit monnayé, de la position occupée par l'enfant dans la salle de classe jusqu’à des classes supplémentaires presque obligatoires, passant par la correction des livres d'exercice. En outre, les dépenses totales des ménages (frais d'écolage plus fournitures scolaires, tenues de classe, tenues de sport, frais d'examen, etc.) s'élèvent en moyenne à 49.500FCFA par enfant, auxquelles viennent s'ajouter d'autres frais, sans compter les charges de transport ou celles liées au paiement d'un maître communautaire. Ces coûts sont très élevés et constituent un handicap additionnel pour les pauvres qui sont déjà handicapés par leur environnement familial. Malheureusement, l’Etat n’intervient pas.A quelles activités s’adonnent les enfants déscolarisées ?Une étude réalisée par Dr Julienne NOUTHE DJUBGANG,

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Médecin de travail, indique que ces enfants qui ne vont plus à l'école constituent une main‐d’œuvre bon marché, obéissante, frugale et moins exigeante qui aiguise les appétits des adultes exploiteurs. Il existe un réel trafic de ces enfants à des fins d'exploitation qui a pris des proportions inquiétantes. Et, les causes justifiant le trafic sont pour la plupart la pauvreté, l'enclavement des zones rurales, la recherche des opportunités d'emploi, le désir d'apprendre un métier favorisant l'installation à son propre compte, l'insuffisance des infrastructures scolaires, sanitaires, etc.Généralement, les enfants dont les plus exposés sont âgés de 14 à 18 ans, sont recrutés, soit dans les villages, soit dans les zones semi urbaines. La décision de mettre l'enfant au travail précoce provient aussi bien des enfants eux‐mêmes que des parents. La rémunération donnée aux enfants est très faible et située très en‐deçà du SMIG au Cameroun ; elle est située entre 2 000 et 25 000 F. CFA ou xx euros, le SMIG étant de 23 514 F.CFA ou xx euros. La plupart des enfants concernés sont alphabétisés car ont fait des études primaires. La proportion des garçons est plus importante. Les conditions de travail sont généralement pénibles, les heures de repos réduites, les congés presque inexistants.Sur la base du diagnostic précédent, le secteur de l'éducation au Cameroun peut être considéré comme un secteur sinistré, qui requiert d'urgence une thérapeutique de choc. Source : IEP CamerounNDLR : Nous remercions L'EIP‐Cameroun qui nous a permis d’accéder à ces données et de réaliser ce dossier, ainsi que Mmes Nathalie FEUJIO, consultante nationale, Juriste; Dr NOUTHE Julienne, Docteur en médecine du travail et le Journal Challenge Nouveau.

* Texte nº 2 Enseignant de profession, journaliste et écrivain, Tiburce Koffi nous donne, ici, sous forme de lettre ouverte adressée à M. Denis Kah Zion, Directeur de publication du journal « Le Nouveau Réveil », son avis sur ce qui lui semble être la situation actuelle de l'école en Côte d’Ivoire où l’école est considérée

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comme « la priorité des priorités » et où les enseignants sont au pouvoir, y compris que le président est un universitaire. Lisez.

Le drame de l’école ivoirienne Mon cher Denis, Je t’envoie cet email juste pour te dire que je suis absent du pays, depuis le 21 novembre dernier. Je suis actuellement en Californie, aux Etats‐Unis, pour la cérémonie de « Graduation » de mon fils qui vient d'obtenir le Master en Sciences de l'Informatique. Ce fut une grande et belle cérémonie, qui m'a révélé tout le respect que les Américains accordent au Savoir et à l'Education. C'était très émouvant, Denis ! C'était quelque chose d’assimilable aux cérémonies de sortie du « Bois sacré », que nos vieilles sociétés avaient su concevoir, pour célébrer l'Education des enfants et, par‐delà, celle du citoyen qui allait, bientôt, se mettre au service de sa société. Inutile, Denis, de te dire que j'étais fier de mon fils. De le voir (un des rares Noirs de cette Université et, bien sûr, le seul Ivoirien), être congratulé par le président de l'Université, d'être félicité par ses camarades étudiants, et de poser, fièrement, devant le drapeau américain !...Et, je me suis alors demandé : quand créerons‐nous ce type d'institutions, où les plus brillants de nos écoles et universités, iront poser, fièrement, devant le drapeau national ?... En tout cas, pas sous le régime ''intelligentivore'' des refondateurs, dont le seul souci, tout le monde le sait, est de s'enrichir en pillant, de manière éhontée, les richesses de notre pays, pour s'acheter des cylindrées et se construire des châteaux nègres. Comme c'est nul et triste !...Combien d'enfants brillants de notre pays, ne se retrouvent‐ils pas, aujourd'hui, au bord des trottoirs, ne sachant quoi faire de leurs diplômes, ni à quelle porte frapper, pour avoir du travail ? Alors que, ici, aux Etats‐Unis, à peine son diplôme obtenu, mon fils a, aujourd'hui, l'embarras du choix, face aux multiples propositions d'embauche qu'on lui fait. Et, tout comme lui, j'ai pensé aux milliers de jeunes gens et de jeunes filles de notre pays, qui, bien que tout à

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fait brillants, n'ont pas eu ou n’auront pas ces opportunités que le mien a, lui. Et, j'ai mesuré tout le poids des insuffisances de nos dirigeants — les actuels surtout. M. Laurent Gbagbo et son régime sont coupables du plus grand crime qu'un régime puisse perpétrer contre un peuple : tuer l'intelligence… Tuer la culture du Travail. Ce noble concept de Travail qui est, pourtant, un des mots clé de la devise de notre pays...

ministres tocards » ‐ c’est lui, M. Laurent Gbagbo, qui l’avait dit, au cours des années 1990, sur les antennes de la télévision ivoirienne. Et, j’étais d’accord avec lui, tant le PDCI nous paraissait incompétent, nul, en comparaison avec ce que M. Laurent Gbagbo nous promettait de faire, lorsqu’il serait au pouvoir. Il a eu, enfin, ce pouvoir tant convoité ! Et, j’ai vu, et nous avons, tous, vu, ce qu’il nous a servi et continue de nous servir en matière de gestion d'un peuple, et surtout au plan de l’éducation… Tiburce Koffi, professeur, journaliste et écrivain. Source : Le Blog de Tiburce Koffi

* Intervenez !... Témoignez !... Vos avis comptent… Vos contributions sont attendues.

Prochainement :Les handicaps du Quand j’ai évoqué la question de son retour au pays, mon fils m'a dit : « Désolé, papa, mais je ne peux plus retourner en Afrique. La Côte d'Ivoire n'a rien à me proposer ». Cela faisait un bon bout de temps qu’il me tenait de tels propos, dans ses e‐mails. Mais, je m’étais dit que c’est une question que j’allais régler, dès que je le retrouverais, là‐bas, en Californie. Et, je l’ai vu. Et, nous avons échangé sur la question. Et, j’ai compris qu’il était déterminé dans son choix. Mais, j’ai surtout compris que ce n'est pas à lui, personnellement, que ce pays et ce régime n'ont rien à proposer. C'est à toute la jeunesse ivoirienne, une jeunesse sacrifiée sur l'autel des rêves d'un homme qui a fait des études jusqu'au plus haut niveau universitaire, et qui a écrit des livres, et qui a proposé des idées qui nous ont fait rêver, et qui a incarné tant d’espoirs… , Comment un tel homme peut‐il être si rétrograde, en matière de gestion d'un peuple, et surtout au plan de l’éducation, dès que parvenu au pouvoir ? …En tout cas, comme de nombreux étudiants ivoiriens de ma génération, j’étais convaincu que cet homme‐là, M. Laurent Gbagbo, nous ferait avancer, et qu’il ferait mieux qu’Houphouët Boigny et le PDCI, ce régime de «

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Système Educatif Ivoirien par Jean‐Louis Krah. (Jean‐Louis Krah passe au scanner le Système Educatif Ivoirien. A lire absolument dans notre prochaine parution)

(Une rubrique initiée par feu Faustin Gnahoré, historien, pour une réflexion critique sur les faits et les actes qui ont cours ou qui ont eu lieu dans pays du golfe de Guinée, et en général en Afrique) 1Côte d’Ivoire : Attention ! Les

démons de la violence de retour. REAGISSONS ! REAGISSONS ! 2De la « volaille chauve » dans la

basse‐cour de la République :

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et on prend les mêmes et on recommence « Il faut remanier, beaucoup remanier, toujours remanier, encore remanier » : voilà la devise d’Abdoulaye Wade, convaincu qu’il développera le Sénégal, à raison d’un remaniement toutes les quinzaines. La nouvelle équipe du Premier ministre Karim Wade‐pardon‐Ndéné Ndiaye, ne fait aucunement miroiter les Sénégalais, convaincus que ce n’est point un énième remaniement, ‐un non événement loin d’être le dernier‐, qui mettra fin à la souffrance du peuple, édifiera sur la destination qu’auront emprunté les 20 milliards de la licence Sudatel, ou rétablira le courant électrique dans les foyers sénégalais, malgré le mensonge permanent auquel nous ont habitués Samuel Sarr et les agents de la société d’électricité. Loin de là. Dans les pays où les institutions fonctionnent, le remaniement est une exception. Sous le Sénégal d’Abdoulaye Wade, c’est la règle générale, car tout se fait à l’envers : les priorités sont reléguées au second plan, les futilités passent avant tout. On fait la promotion des médiocres, on gracie les criminels économiques et politiques, on convie les siens au festin, on « chie » même sur le drapeau et les institutions de la République, en confiant les destinées d’un peuple souverain à celui à qui les urnes ont déjà dit non et tout le monde sait pourquoi. Cette nouvelle retouche du gouvernement relève du « foutage de gueule », étant donné que ceux qui se sont agrippés aux entrailles de la République, sont prêts à tout pour et iront jusqu’au bout pour sucer le contribuable jusqu’à la moelle épinière. Nous ne sommes point obligés de leur faciliter la tache, quoi que cela puisse nous coûter. Le Parti socialiste et ses allés demeurent les seuls et uniques responsables de cette situation, pour avoir boycotté des élections législatives, cette connerie du siècle que nous sommes encore en train de payer cher, et qui a donné au vieux singe les allumettes avec lesquelles il a fini par embraser toute la forêt. Si les retouches incessantes du gouvernement avaient jusqu’ici marqué une petite pause, l’opinion s’étonne même, que celui dont les

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cheveux ont foutu le camp, n’ait pas encore viré « Ndéné la potiche », qui a accepté de chapeauter un gouvernement, où le fils du président, qui ne dispose d’aucune légitimité, tire les ficèles et continue à souffler le chaud et le froid. De nos jours, si ce n’est pas un remaniement, on parle d’aménagement, de réajustement, voire de recomposition totale de l’équipe gouvernementale, dont le coach, qui nomme le Premier ministre, s’avère moins talentueux qu’un « Raymond Domenech » de la politique. Au lieu de continuer à virer les ministres, il faut tout simplement virer celui qui les nomme, parce qu’à ce rythme, il ne restera plus qu’à trouver des postes ministériels pour les ânes et les guenons, s’ils n’y sont pas déjà, étant donné que les chauves‐souris, les rongeurs et autres prédateurs terriens ont pris fait et cause pour la volaille chauve qui s’est emparée de la basse cour de la République, y a élu domicile et édicte sa loi. Lorsqu’on invite la volaille dans son salon privé, il faut s’attendre à choper des tics le soir et à nettoyer la merde le lendemain. Quand elle s’auto‐invite dans la basse‐cour de la République, c’est encore pire, et même avec le karcher, on n’est pas tiré d’affaire. Momar Mbaye Source : www.leral .net REAGISSONS ! REAGISSONS ! 3Les états africains face à la liberté

de presse REAGISSONS ! REAGISSONS ! 4

Dans le delta du Niger, les puits fuient depuis cinquante ans ! Plus rien de vivant ne bouge dans un monde noir et brun autrefois grouillant de crevettes et de crabes […].

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Les pêcheurs maudissent leurs filets noirs de pétrole […].

conquête de la Lune ou mobilisation pour la Seconde Guerre mondiale…

De jeunes enfants nagent dans l'estuaire pollué […].

Quel lien entre ces deux informations, la déréliction du golfe de Guinée et le défi d'Obama ? La réponse est dans l'article d'Adam Nossiter : « Que le désastre du golfe du Mexique ait pétrifié un pays et un président qu'ils admirent tant est un sujet d'étonnement pour les gens ici constate‐t‐il, avant de rapporter les propos d'un responsable local : Obama se préoccupe de cette catastrophe‐là, personne ne se préoccupe de la nôtre. Nous n'avons pas de médias internationaux pour parler de nous, alors tout le monde s'en fiche ». Propos de bon sens.

Le marais est désert et silencieux, sans même un chant d'oiseau. Carte postale : "Le Nigeria et ses plages Shell‐Exxon". Ce reportage, terrifiant, était le 16 juin dernier, a la une du New York Times. Golfe du Mexique ? Non, golfe de Guinée. Delta du fleuve Niger, pas du Mississippi. Mangrove africaine qui a nourri les populations pendant des siècles grâce à l'abondance de ses poissons, de ses coquillages, de sa vie sauvage. Adam Nossiter, chef du bureau du NYT en Afrique de l’Ouest, révèle des chiffres accablants : Le delta du Niger, où la richesse du sous‐sol est inversement proportionnelle à la pauvreté de la surface, a enduré l'équivalent d'un Exxon Valdez chaque année depuis cinquante ans. Pollution tranquille, silencieuse, insidieuse. Les puits fuient, les pipelines rouillent. Les compagnies ne s'appellent pas BP, mais Royal Dutch Shell ou Exxon Mobil. Peu importe ! Elles ont les mêmes arguments : c'est la faute à pas de chance. Ou plus exactement « aux voleurs et aux saboteurs ». Seulement 2 % des fuites sont dues à des problèmes d'installation ou des erreurs humaines, prétend même la porte‐parole de Shell à Lagos. Bien sûr…

Que la vivacité de la démocratie soit liée à la bonne santé de la presse est plus que jamais une évidence : les Américains ont beau avoir élu le président le plus sensible aux questions sociales et environnementales qu'ils aient jamais eu, Barack Obama n'a trouvé la force de résister aux lobbies pétroliers et de revenir sur des concessions antérieures que sous la pression médiatique. Cette pression ne doit pas faiblir. Elle doit surtout devenir planétaire. Et pour cela, Internet est nécessaire ; mais, n'a de sens qu'avec le maintien d'une grande presse quotidienne. Face à la rapacité des compagnies pétrolières occidentales, exploitant l'impéritie ou la faiblesse des États africains, notre responsabilité citoyenne est immense. Vincent Rémy. In TÉLÉRAMA du 23 juin 2010.

Le jour de la publication de cet article du New York Times, Barack Obama obtenait, pour la mangrove américaine, les excuses de BP et la création d'un compte séquestre doté de vingt milliards de dollars. La veille, le président américain, dénonçant une « philosophie » hostile à toute régulation, avait annoncé de « meilleures réglementations » et un « plan de restauration du golfe ». Et il engageait ses compatriotes à une « mission nationale » : le développement de nouvelles énergies, qu'il comparait aux grands défis du passé,

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REAGISSONS ! REAGISSONS ! 5

A lire prochainement :

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Adresse aux chefs d'État des pays d'Afrique francophone Par Le COMITÉ POUR LA PROTECTION DES JOURNALISTES (CPJ), organisation indépendante, à but non lucratif basée à New York et dévouée à défendre la liberté de la presse dans le monde depuis 1981. Contact : www.cpj.org

La plume ensorcelée etla vérité muselée (Suite)Ecoute quand parle le politicien ! Des gouvernements mendiant Avec la main de l’innocent La main des analphabètes La main des sans emplois La main des chômeurs La main des sans abris La main de l’orphelin La main de la veuve La main des malades du mal du siècle Du sida… Puis gémit la vérité muselée Economies châtrées Vins et champagnes chambrés Rires et embrassades chamarrés Salons et meubles basanés Liesses bigarrées Quand frémit et gémit plus que ne rit la patrie Voir nos pouvoirs détourner nos fonds Voir une minorité se gaver d’orgies et d’agapes Se pâmer d’aise et rire Quand meurt affamée et alitée la majorité Quand s’endort le peuple médusé, miséreux Et rêveur Ainsi va le berceau de l’humanité Vent d’armes

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Vente d’armes Vente d’âmes Voici ta perte ô continent ! Les soleils des sales négoces Le trafic des gosses Et des albinos Pour sacrifices inédits Pour ouvrages interdits Ainsi va le vieux continent Le lit des délits dressé Chienlits et chiendents aux aguets Le silence monnayé Temps d’armes Tant d’armes Etang d’âmes Et que de sang Ainsi va l’antre noir Peaux d’ébène Teints basanés Luxes drapés Corps dénudés Des filles nues tombées des nues une nuit Sexes aux enchères Soldes chez les proxénètes… (À suivre)Brice Amoussan(Université Internationale bilingue africaine (UIBA), vainqueur de la 2ème édition du concours littéraire “Les Manuscrits dʹor” des Editions Vallesse 2008, avec ʺSur fond dʹattougblanʺ.

* Dans nos prochaines parutions : Droits de l’homme, pauvreté et misère : le cas du Cameroun (par Willy Tadjudje, Université de Yaoundé II-Soa, Faculté de Droit, Consultant

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indépendant sur les questions de droit foncier en Afrique noire francophone).

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de chapelles ? Posez‐leur de petites questions. Je vous en propose une courte sélection. Actualité nationale

Qui a lu ce livre ?... Qui a lu ce livre écrit et publié en 2004 par M. Guillaume Soro, Premier ministre ivoirien ? Merci d’avance d’en donner, pour nos lecteurs et lectrices, un résumé et un commentaire, ainsi que de répondre aux questions suivantes : Qu’est‐ce qu’un rebelle ? Pourquoi la rébellion en Afrique ? A qui profite la rébellion ? Qu’est‐ce que la rébellion apporte à l’Afrique ?... Nous attendons vos articles.

Bonjour Monsieur, Madame. C’est quoi une institution étatique? C’est quoi le PIB et/ou le PNB d’un pays? Qu’en est‐il de ceux de notre pays ? A quelle réalité se réfère le taux d’intérêt ? Comment mesure‐t‐on l’indice de la pauvreté dans un pays? Quelle est la densité de la Côte d’Ivoire? A quel taux d’intérêt sommes‐nous aujourd’hui et quelles sont les prévisions de votre parti pour l’avenir de notre pays? Actualité internationale Et puis, Monsieur, Madame, quelle est, selon vous, la

Les Mémoires d'outre‐tombe de… Bamba Abdoul Karim Cette rubrique est réservée pour faire découvrir ou redécouvrir les textes de notre ami Bamba Abdoul Karim, trop tôt disparu. Journaliste émérite et farouche défenseur des droits et libertés, fondateur du journal « L’Exilé Africain », c’était un grand homme de culture et de conviction. Il est décédé le 22 décembre 2006, à Londres, des suites d’une longue maladie.

Nos politiciens sont des ignorants

Les réponses Aussitôt que vous avez posé ces questions, détendez‐ vous et écoutez les réponses. Vous n’aurez absolument rien comme réponses, parce que ces gens qui se disent “politiciens” ne savent rien. Ils n’ont aucune culture, aucune expérience et ne peuvent offrir aucune réponse correcte, ni aucun bilan en la matière. Leur spécialité, c’est la propagande, le mensonge et le culte de la personnalité. Ceci est surtout le problème qui ronge la Côte d’Ivoire, et toute l’Afrique. Et, si on nomme ces gens‐la des “politiciens” et non des “politiques”, c’est parce que cela comporte tout le sens du raisonnement. Bamba Abdoul Karim

En attendant de connaître la date des élections et de parler plus tard de ceux qu’on appelle « militants » et des abus dont ils sont victimes, intéressons‐nous, pour l’heure, à ces plaisantins qui, chez nous, se disent “politiciens” et interrogeons ce qu’ils savent vraiment. Alors que savent‐ils donc ces animateurs

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solution à terme pour l’Afrique? Quel regard jetez‐ vous sur le Proche et Moyen Orient? Que faut‐il faire pour plus de justice en matière d’échange Nord/Sud?...

* Les propos injurieux, diffamatoires, racistes, etc., sont strictement interdits, entre autres conditions, pour la publication des textes dans « Le Filament ». Nous privilégions le débat d’idées et la courtoisie.

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La Vie des motset des expressions Les mots et les expressions, tout comme les êtres humains, ont une origine, une histoire, une vie. Et, le fait de connaître les mots et les expressions, non seulement permet d’enrichir notre vocabulaire, mais aussi et surtout, cela nous conduit, comme le dit Platon, à la connaissance des êtres et des choses. Voilà pourquoi, cette rubrique est ouverte, à tous et à toutes, pour faire découvrir ou redécouvrir ou mieux faire connaître l’origine, l’étymologie, la valeur et le bon usage des mots et des expressions que nous utilisons plus ou moins souvent, peu ou pas...

Voici l’expression du mois :

« Aux frais de la princesse » Cette expression française remonte au début du 19° siècle, notamment vers 1828, où il était de bon ton de trouver un salon où l'on pourrait passer du bon temps sans bourse délier. Elle signifie : gratuitement. Ainsi vivre, voyager aux frais de la princesse veut dire que l'on bénéficie de quelque chose gratuitement, payé par une personne riche, une entreprise ou une administration, notamment le contribuable. Manger aux frais de la princesse concernerait les habitués des cocktails et autres réceptions payées par nos impôts, avec l’argent puisé dans les caisses de l’Etat. Ainsi, à l’ occasion de la Coupe du monde de football, nombre de personnes étaient hier, en Afrique du Sud au frais de la princesse. En Afrique, il est courant que la plupart des membres de la famille présidentielle vivent et ont des vacances aux frais de la princesse. Vrai ou faux ? Donnez votre avis et vos témoignages. On peut lire dans le dictionnaire de la langue française les citations suivantes : « La politique, c'est vouloir être député, ou ministre, et vivre aux frais de la princesse, en bernant les électeurs ». « Et tous les jours, tous les soirs les trois poteaux se banquetaient, se bituraient aux frais de la princesse ».

« J'étais, ainsi que le conscrit de Charlet, nourri, chaussé, habillé et couché avec le gouvernement aux frais de la princesse ». « Je suis pas allé moi en Russie aux frais de la princesse!... C'est‐à‐dire ministre, envoyé, pèlerin, cabot, critique d'art, j'ai tout payé de mes clous 1937… », etc. « Aux frais de la princesse » est aussi le titre d’un ouvrage d’Yvan Stefanovic. C’est le résultat d’une enquête sur les privilégiés de la République, en France. Une telle enquête mériterait d’être menée dans nos pays, n’est‐ce pas ? Aux frais de la princesse est également un article de Valérie Zoydo, publié dans l’Express du 01/06/2006 sur le train de vie de Jacques Chirac. www. lexprees.fr/…aux‐ ferais‐de‐ Demandez-nous ou proposez-nous des mots et des expressions à savoir ou qui mériteraient quelques spéculations ou explications.

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La Presse Des PressesUne chronique de Sylvain de

Bogou

Cher lecteur, chère lectrice,Dans cette rubrique intitulée « La Presse des Presses », nous passerons, au peigne fin, sans faux‐fuyant, ni faux‐semblant, les articles de la presse ivoirienne. Nous pourrons sortir du cadre ivoirien, de temps en temps, en cas de nécessité et dans le souci premier d’ouvrir un débat plus large, susceptible de changer les choses en Côte d’Ivoire, en Afrique et partout dans le monde, pourquoi pas. Telle est notre ambition. Nous prenons très au sérieux le rôle des médias dans la cité et, de ce fait, nous irons là où il faut pour, dans chaque parution, vous offrir, chers lecteurs et lectrices du Filament, un repas intellectuel bien confectionné et bien servi. Bien entendu, vos contributions (voir ci‐dessous), observations et suggestions seront toujours les bienvenues. Sylvain de Bogou.

Tableau d’Honneur LE FILAMENT Numéro 6 du 15 Juillet 2010

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De même que, dans les écoles, on affichait autrefois sur un tableau, sous les yeux de tous, les noms des premiers de telle ou telle discipline, nous avons institué cette rubrique « Tableau d'Honneur » pour « épingler », mettre en lumière, les personnalités qui se sont distinguées ou se distinguent par leur intelligence et par la qualité exceptionnelle de leurs activités, de leurs professions ou de leurs inventions... Afin de mieux les faire connaître et pour que leurs vies et leurs réalisations puissent servir de modèles, du moins, puissent faire boules de neige.

m’a construite, m’a grandie, m’a émerveillée ! D’ailleurs, lorsque je mourrai, je veux être enterrée avec des livres !... J’ai toujours été fascinée par le livre. Jeune, j’étais une boulimique de livres. Enfant du divorce, c’est le livre qui m’a permis de me construire en tant que personne et femme. Le livre m’ayant toujours accompagnée je voulais vendre des livres ou ouvrir une bibliothèque, ce qui m’a amenée à faire des études de documentaliste ».

Eugénie Diécky Diva de la radio africaine Directrice des programmes d'Africa N°1

Aujourd'hui Directrice d'antenne d'Africa N°1 à Paris, animatrice‐productrice de l’émission quotidienne «Les matins d’Eugénie », Eugénie Diécky mérite de figurer à notre Tableau d’Honneur, parce qu’elle est d’abord et avant une grande femme de culture et une grande diva de la radio qui, sait rendre aux médias leur aspect humain, qui anticipe l’Afrique, qui est à l’avant‐garde d’une Afrique en devenir, qui parle sans langue de bois, ni tabou aux auditeurs de tous âges. Elle a, comme on dit, une vision pour l’Afrique Elle fondamentalement convaincue que et sait que « Chaque fois qu’il y a une injustice à l’égard d’un être humain, il faut la dénoncer et la combattre »... Elle est passionnée de livres. Non seulement pas une seule occasion de les présenter à toutes ses émissions, mais elle dévore deux ouvrages chaque semaine. A ce propos, elle affirme : « Le livre

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En effet, c’est le livre qui est à l’origine et au centre de sa carrière, comme elle nous l’explique elle‐même : « Le livre m’a beaucoup influencée. Il a marqué les débuts de ma carrière professionnelle, puisque c’est un concours littéraire qui m’a menée à la radio. Voici. J’étais étudiante en fin de 3è année quand un concours de poésie et de nouvelles a été lancé dans le quotidien L’Union (NDLR : quotidien gouvernemental gabonais). Je me suis jetée à l’eau et j’ai écrit « La borne fontaine » qui n’était pas une histoire d’amour, mais l’histoire d’une fontaine publique installée dans un village. Les habitants de ce village ont célébré cette pompe qui devait redonner vie à leur communauté. Mais, ils ne l’ont ni utilisée ni entretenue correctement. Certains sont tombés malades, d’autres sont morts en buvant de l’eau de cette fontaine. Partant, on a accusé les sorciers. Voilà, en quelque sorte, la trame de l’histoire. Mais, il y a aussi, bien entendu, l’histoire personnelle du héros, les histoires d’amour, le cas du chef du village qu’on a accusé de sorcellerie, etc. Et donc, j’ai

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participé à ce concours et j’ai gagné le prix de la meilleure nouvelle. Dès lors, un journaliste et un cinéaste m’ont contactée pour me proposer d’adapter mon roman à l’écran. Je lui ai donné le manuscrit dont il a apprécié l’histoire. Le film ne s’est finalement pas fait, mais cela m’a permis d’entrer, par la grande porte, à Africa N°1, d’autant plus que « La borne fontaine » a permis d’apprécier mon talent pour l’écriture et pour bien dire les choses ». Par ailleurs, Eugénie Diécky entre à Africa N°1, parce qu’elle était toute avide d’aller vers les gens, de les rencontrer pour apprendre à les comprendre, parce qu’elle sentait que les Africains avaient le besoin et le droit de s’exprimer, et que, grâce à cette radio, Africa N°1, on pouvait faire beaucoup de choses intéressantes, aider les talents, les gens qui souffrent et soutenir des causes, comme celle des sans‐ papiers, etc. C’est convaincue de ces faits, qu’elle a très vite appris les ficelles et les rouages du métier de journaliste, et réussi à s’intégrer à la radio, ce qui n’était pas évident au départ. Elle raconte avoir eu beaucoup de chance dans sa vie, surtout à ses débuts.Aujourd’hui, elle est Directrice des programmes. A ce poste, son rôle consiste à constituer une grille attractive, a proposer des émissions qui intéressent en priorité les Africains. Pas seulement la musique, mais aussi et surtout des émissions sur la littérature, la culture, l’histoire, des émissions de jeux, etc. « Il faut pouvoir faire en sorte qu’une belle idée couchée sur le papier puisse être rendue vivante avec la meilleure personne qui soit ».

constitue un lien très fort avec l’Afrique. Si n’y avait pas eu cette voix, ce tam‐tam du continent, je me demande comment nos démocraties auraient véritablement pris racine. Elle a informé, diverti et fait rêver des millions d’Africains. L’Afrique s’est fait entendre par la voix d’un outil qui est né en plein cœur de l’Afrique. Et, il faut que cela continue ».Au‐ delà de la radio, Eugénie Diécky a d’autres activités professionnelles : elle « coache », comme elle le dit, des leaders ou futurs leaders de la communauté africaine. Elle les aide à prendre leur place dans la communauté française ou africaine. Notons pour terminer qu’en 2008, elle a été récompensée à la juste mesure de son talent et de son dynamisme par 3 prix dont elle est très fière : le prix de la Réussite au Féminin, le prix du Meilleur Défenseur des Droits de l’Homme et celui de Citoyenne d’Honneur de l’Hay les Roses pour son soutien à cette commune et à son maire, Patrick Sève qui a été le premier à soutenir Barack Obama. Avec un tel profil, un parcours si honorable, de telles distinctions, il n’est aucun doute que Eugénie Diécky mérite, bel et bien, de figurer au tableau d’honneur, afin de contribuer à enlever, de la tête, de notre jeunesse, le doute et toutes sortes de complexes. Elle nous enseigne qu’on peut être noire, femme et réussir dans la vie, au même titre que les autres êtres humains. A ce propos, elle dit : « souvent, j’oublie que je suis une femme, même si j’ai un physique féminin. Pour moi, tout est dans la manière d’être et la manière de réagir … Je ne me vois pas comme une femme, mais comme quelqu’un aimant son boulot, et le faisant du mieux possible ». Léandre Sahiri

AGENDA

En ce qui concerne Africa N°1, une grosse structure qui emploie plus de 200 personnes au Gabon et à travers l’Afrique, elle n’hésite pas à dire que c’est « un outil qui a accompagné des générations d’Africains du continent et de la diaspora, et qui

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Ici vos annonces gratuites : Publicité, avis et communiqués, événements (conférences, colloques, salons, séminaires, forums, festivals, etc.). 1

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4ème Congrès International de la Femme Noire, Organisé par Africa Femmes Performantes, Inc. à Lusaka les 11‐12‐13 Novembre 2010, Sous le Haut Patronage de Madame Thandiwe Banda, Première Dame de la République de Zambie. Informations/contacts: AFRICA FEMMES PERFORMANTES, INC. 1812, Greenwich wood drive 32 / Silver Spring Maryland 20903 USA. Tel: + 1 240 701 397 / Fax: + 1 301 434 2728 congres.international@gmail.com http://femmesperformantes.com 2 Exposition : « Fleuve Congo », 22 juin‐3 octobre, à Paris. Durant plus de trois mois (22 juin‐3 octobre), le musée du Quai Branly, à Paris, consacrera une grande exposition aux arts d’Afrique centrale. Intitulée «Fleuve Congo», cette exposition rassemblera plus de 170 pièces rares originaires de six pays : Cameroun, Guinée équatoriale, Gabon, Congo, RD Congo et Angola. Elle sera organisée autour de trois thèmes : les masques, les reliquaires et statues d’ancêtres, les représentations féminines. 3

Rappel : Date limite du Concours littéraire, 3ème édition du « Prix Ivoire », ouvert aux écrivains et aux éditeurs : 30 juillet 2010 et organisé par l’Association Akwaba culture. Pour en savoir plus, contacter : Association Akwaba Culture 01BP 12 803 Abidjan 01. ou appeler (225) 67 13 47 47 / 07 05 74 05. (225) 01 07 32 77. Email: prixivoire@yahoo.fr / www.akwaba-culture.ivoire-blog.com 4 M. Guy Gore nous a fait parvenir des documents interessants, y compris une interview dans Black‐ Beautés magazine de juillet 2010 http://www.black‐ beautes.com/societe_guy_gore.html et son dernier court‐métrage intitulé "Carla et Nicolas", visible sur http://doubleg421.skyrock.com/14.html et diffusé aussi sur 3A TELESUD et ACI. Son prochain tournage de court‐métrage a eu lieu le 11 juillet 2010, avec pour sujet les interrogations de 5 jeunes d'origines ou de confessions diverses sur les travers de la société: chlordécone, discriminations en tous genres, téléréalité, etc. Voir interview du 30 juin (4minutes

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15) http://www.tropiquesfm.com/tfm/archive. Le reste est visible sur mon site : www.doubleg421.skyrock.com Guy Gore NDLR : Nous ferons connaître cet artiste de talent et militant des droits et libertés, dans nos prochaines parutions. 5

Editions‐Publications Vous écrive… vous souhaitez publier ?… vous cherchez un éditeur ?... CONTACTEZ –NOUS :

Editions Kasimex ou Le Filament editionskasimex@hotmail.com lefilament@hotmail.com Tel. 00 44 75 5656 3386 Nos services : édition, publication, correction et mise en page de manuscrits, rédaction et conseils en rédaction pour tous documents, traduction, biographie, autobiographie, documentation, etc. 6

Exposition sur les footballeurs africains du 26 mai 2010 au 2 janvier 2011 A voir absolument ! Au Musée national du sport. 93, avenue de France 75013 Paris. www.museedusport.fr E‐mail : action‐culturelle@museedusport.fr 7

Appel à candidatures destiné aux étudiants : Bourses de recherche et de solidarité de l’ordre national du Québec. Date limite : 15 octobre 2010. Dans le cadre de sa nouvelle mission éducative, l’Ordre National du Québec (ONQ) s’associe à l’Agence universitaire de la Francophonie pour offrir des stages de trois mois en milieu universitaire québécois à cinq étudiants de pays en développement. Contactez l’Agence universitaire de la Francophonie : www.auf.org

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Appel à candidatures : Prix Jean‐Charles Sournia. Date limite : 30 septembre 2010. La Société Française d’Histoire de la Médecine (SFHM) fait appel à candidature pour son prix Jean‐Charles Sournia, qui sera remis pour la troisième fois à Paris en novembre 2010. Ce prix, la médaille d’argent de la Société, est destiné à récompenser, tous les deux ans, un travail de recherche original dans le domaine de l’histoire des sciences médicales, rédigé en français et émanant d’un « chercheur international étranger âgé de moins de 40 ans ». Contactez l’Agence universitaire de la Francophonie : www.auf.org 9

Programme de mobilité internationale en Europe : appel à candidatures. Date limite : 10 septembre 2010. Le programme européen de résidences de recherche EURIAS, rassemble un consortium de 14 instituts d’études avancées européens coordonné par le Réseau français des instituts d’études avancées (RFIEA). Pour l’année académique 2011‐2012, le programme EURIAS offre 33 résidences de recherche pour chercheurs confirmés (18 juniors et 15 séniors) de tous horizons disciplinaires et géographiques. Ils seront accueillis pour des séjours de 10 mois dans l’un des 14 instituts participants. Contactez l’Agence universitaire de la Francophonie : www.auf.org 10

Doctorat en leadership éducationnel (gestion de la diversité). Date limite : 15 août 2010. La Faculté d’éducation de l’Université Simon Fraser (SFU) offre un programme de doctorat en leadership éducationnel (Ed.D) accessible partout en Colombie‐Britannique, et dans les autres provinces canadiennes. Contactez l’Agence universitaire de la Francophonie : www.auf.org 11

Appel à projets. Thème : « De nouveaux corpus oraux francophones pour la lexicographie différentielle ». Date limite : 1er

pour le développement », l’AUF lance un nouvel appel à projets. But : susciter des projets d’élaboration de corpus oraux destinés prioritairement à une exploitation dans le cadre de la lexicographie différentielle francophone, mais qui pourraient tout aussi bien faire l’objet d’études de phonologie, de morphologie et de syntaxe, voire de pragmatique ou de linguistique du discours oral. Contactez l’Agence universitaire de la Francophonie : www.auf.org 12 Appel à projets de Recherche Fundação de Amparo à Pesquisa do Estado de São Paulo – FAPESP/AUF Date limite : 28 octobre 2010. Contactez l’Agence universitaire de la Francophonie : www.auf.org 13

Appel à projets de Recherche Fundação de Amparo à Pesquisa do Estado de São Paulo – FAPESP/AUF. Date limite : 27 juillet 2010 Pour plus d’informations, visiter le site de la francophonie. www.auf.org. 15

Vient de paraître : « Histoire des traites négrières, Critique afrocentrée d'une négrophobie académique », par Klah Popo, aux editions L’Harmattan. 16 Frère/Sœur, tu es invité(e) à la fête de la célébration du cinquantenaire de la Côte d'Ivoire, organisée par la Coordination, le Samedi 07 Août 2010, de 22h à 6h00, au SR HOUSE 64/65 Chelders Street London SE 8 5JT. Droit d'entrée : £ 10 ; Couple: £ 15. Contact :

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Le conte du mois ------

Le conte est transmis de siècle en siècle, de peuple en peuple. Il présente un monde et des personnages de tous genres (humains, animaux, merveilleux, invraisemblables, surnaturels…). Le conte peut être à l'opposé du réel ou révéler les réalités de la vie. Il est parfois court, parfois long, conçu pour distraire ou instruire, et porte souvent en lui une force émotionnelle, didactique ou philosophique, etc. C’est un puissant véhicule de sagesse et de connaissances diverses. D’où, son importance et l’intérêt d’en proposer un, chaque mois, dans Le Filament. Envoyez‐ nous des contes. Nous les publierons dans cette rubrique. Email : lefilament@hotmail.com Conte :

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Il était une fois un royaume… Ainsi commence le conte que je vais vous rapporter. Un conte pas comme celui du lièvre et de l’hyène. Un conte d’affliction et de pitié... Mais, une légende tragique... C’est mon arrière‐grand‐mère, Bobohi Dahirigbê qui me l’avait conté, cette histoire. Elle a vécu à cheval sur les 19e et 20e Siècles. Elle avait de la mémoire. Et pourtant, elle ne se rappelait plus comment les choses dans ce royaume avaient pu passer de l’endroit à l’envers. Peu importe ! Voici l’histoire. Il était une fois un royaume où le roi et ses sujets, trouvant n’avoir plus que faire de la Raison, avaient rebaptisé leur pays « Blakorodougou » et les habitants les « Blakoros ». Sans doute par humour et parce que c’était désormais le règne et la gloire des cancres… Un changement extraordinaire qui modifia même les saisons. Eh oui ! Il tombait des cordes pendant la saison sèche et la canicule faisait rage quand arrivait la saison pluvieuse. Et, les Blakoros, plus ils étaient nus comme des vers de terre, mieux pensaient‐ils être habillés. L’autorité parentale était détenue par les enfants. Les élèves battaient leurs maîtres, sans que ça n’émeuve personne. Et, bien pire encore, l’insouciance et l’indiscipline étaient la boussole qui orientait désormais l’attitude du peuple Blakoro. Dans ce royaume‐là, tout était mesuré à l'aune de l'argent : « Combien ça me rapporte ? », entendait‐ on souvent dire. Par ailleurs, à Blakorodougou, on ne pouvait plus se permettre d'être encore drôle. L’humour n’avait plus sa place dans cet effroyable quotidien. Le peuple Blakoro n’avait plus le droit de rire même quand tout paraissait dangereusement ridicule. Chaque jour, des évènements venaient les soustraire de leur bonne humeur. Des drames venaient leur rappeler qu’ils portaient tous le blanc du deuil de l’espérance pour leur cher royaume. Chaque jour, toutes les misères leur sautaient aux

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yeux et les prenaient à la gorge. Bien sûr qu’ils étaient pauvres. Une pauvreté économique qui poussait quelquefois à un optimisme (niais)... Parce qu’il leur suffisait simplement d’être un peu organisé, discipliné et rigoureux pour que tous, ils puissent jouir du partage équitable de leur richesse nationale. En seraient‐ils capables un jour ? D’un autre côté, on reste fondamentalement pessimiste. Car, persuadé que leur misère est d’abord morale, intellectuelle et culturelle. N’avaient‐ils pas réussi l’exploit de vider leur Culture de toutes ses valeurs, de toute sa beauté ? En effet, les Blakoros en étaient arrivés à assimiler la Culture à toutes sortes de sous‐valeurs et autres crétineries insensées. Comme ces perroqueries coupantes et décalantes » considérés à tort comme de l’Art, donc comme de la Culture. Des musiques frénétiquement débiles où s’exprimait une sous culture qui marquait leur royaume comme d’une lèpre de l’esprit. Dans toute la contrée, on se souvenait encore de la grande loufoquerie qu’avait jouée M. Zimdaly, notable chargé de la culture. C’était lors des obsèques du jeune Gadou qu’on présentait comme le leader du groupe de bouffons qui peuplaient les bas‐ fonds de Blakorodougou. Les assourdissants coassements dans lesquels les bouffons s’étaient spécialisés, on ne sait pas encore pourquoi, étaient supportables à certains notables, et aussi à une frange de la jeunesse qu’on avait réussi à noyer dans la bêtise ambiante érigée en modèle de vie. Ce jour‐ là, M. Zimdaly avait dressé un arc de triomphe au pauvre « nullarond » qui venait de quitter les rivages de souffrances dans lesquels il s’était emmuré. Le notable s’était débattu, tel un beau diable dans un bénitier, pour pouvoir élever Gadou à la hauteur d’un mythe artistique en gestation. Il avait même osé hisser les logorrhées du mariolle au même niveau – Oh sacrilège ! – que la poésie de Blè Gblokoury et de Madou Dibèrô… On apprit, par la suite, qu’il y avait même un « junior » qui tentait le tout pour être la réplique dudit « nullarond ». Existe‐t‐il pire misère intérieure ? Ainsi voguait le royaume de

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Blakorodougou. Au rythme des brouillards paranoïaques de ses nouveaux Seigneurs. M. Zimdaly, notable en charge de la culture, était, qui l’eût cru, un inculte. Ce qualificatif que le peuple Blakoro crut hyperbolique, s’étala sous leurs yeux médusés dans toute son étendue et dans toute sa profondeur. Tant M. Zimdaly s’évertuait, vaille que vaille, à démontrer l'ampleur du vide qui l’entourait. Comment ce peuple en était‐il arrivé à être pris aux pièges de gens qui faisaient de l’ignorance une vertu ? Comment M. Zimdaly et les autres embrumés du cerveau avaient‐ils pu en arriver là où ils étaient ? Parce qu’il fut un temps où ce royaume, par la qualité de sa Cour qui rejaillissait sur l’ensemble du peuple, attiraient les populations des royaumes voisins. En ce temps‐là, leur richesse s’appuyait sur des savoirs. Le niveau culturel importait beaucoup… Mais, depuis la survenue de la crise, l’intelligence et la culture étaient devenues des handicaps honteux, qui se sont propagés à la façon des chiendents des potagers. Au point que le peuple Blakoro était devenu méfiant vis‐ à‐vis de l’intelligence. A Blakorodougou, être cultivé n’était plus une qualité indispensable pour être notable… Quelques années plus tard, on était allé chercher M. Blonyi dans son village à Danta pour l’affubler du titre de notable. Il n’en revenait pas, le pauvre berger. En tout cas, M. Blonyi dut abandonner ses vaches pour se retrouver à la Cour. Quant à M. Zimdaly, on le retrouva, aussitôt après, à la tête d’une obscure communauté religieuse où il s’autoproclama « 13e apôtre » de Jésus‐Christ. Le peuple Blakoro, qui en avait vu des vertes et des pas mûres, n’attendait pas grand‐chose du nouveau notable chargé de la culture dont la principale qualité était de ne rien connaître à son nouveau travail. Les Blakoros (ceux qui résistaient encore au règne du crétinisme) ne furent donc nullement émus par un Blonyi qui avait du mal à utiliser des mots de plus d’une syllabe, qui alignait des phrases hallucinogènes où se bousculaient toutes sortes d’atrocités faites à la langue. Pour tout vous dire, l’inculture du nouveau

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notable lui allait comme un agaçant bonnet d'âne… Ignorant et, par‐dessus tout, fier de l’être. Il était des nouveaux Seigneurs corrompus par une fausse culture et qui ne sentaient même pas le poids du drame qui les accablait, et qui se complaisaient dans l’étalage, sans vergogne et sans pudeur, de leur inculture, et qui la poussaient, l’ignominie, jusque dans les plus petits incidents de leur vie. Une ignominie dont ils se sont servis aussi, en cette période de crise profonde, comme arme politique. Ainsi, sous des prétextes aussi imbéciles les uns que les autres, des Blakoros furent privés de leur droit de s’instruire pour les empêcher de s’ouvrir aux autres et à eux‐mêmes. Ils les maintinrent dans l’ignorance pour qu’ils soient plus vulnérables aux chants des sirènes. Afin de facilement les embarquer dans des aventures tragi‐comiques qui ont marqué au fer rouge (et continuent encore de marquer) la vie au royaume de Blakorodougou. Ah, l’ignominie ! Ce drame dont on ne sort pas facilement. Cette misère‐là, on la traîne sur des générations. C’est elle qui fut la source de toutes ces conneries et de toutes ces horreurs. C’est elle qui ruina l’âme de certains d’entre eux… Des tricheurs impénitents. Ils trichaient pour être rois et notables. Ils trichaient pour réussir leurs examens. Ils trichaient même dans des plaisirs aussi personnels que le sexe... Oui, aussi incroyable que vrai, les Blakoro trichaient même dans des actes les plus insignifiants de la vie quotidienne.

naïves des faiseurs de livre, que le royaume de Blakorodougou venait enfin de se doter d’un vrai notable de l’acculture. Car, entre traire des vaches et lire un livre, il y a visiblement une grande distance. Mais, en quoi est‐il difficile de lire ou d’apprendre à lire ? Ou plutôt qu’est‐ce qui rendait cette tâche si difficile à bien d’autres et à M. Blonyi qui, qui plus est, est un notable. Quand son souffle revint, le porte‐parole des faiseurs de livres prit sur lui d’expliquer au pauvre Blonyi les avantages qu’il y avait à lire. Car, lui dit‐il, « il y a des avantages à lire. On y gagne à lire. La lecture permet d’acquérir des connaissances, de comprendre et de se comprendre soi‐même… La lecture permet de se restructurer et de se construire ou de se reconstruire. Ouvrir un livre, n’est pas simplement « consommer » un bien culturel anodin. C’est s’ouvrir à la durée et à la profondeur. Parce que le livre reste la porte d’entrée dans le monde des privilégiés ». Je voudrais, pour ménager votre tension artérielle, vous épargner la fin de cette histoire triste et malheureuse. Une histoire où on proclame, sans sourciller, sa fierté d’être un crétin… Et c’est mille fois dommage pour le royaume de Blakorodougou et pour son peuple. Serge Grah

* Prochain conte du mois :

On raconte que, un jour, M. Blonyi, le notable en charge à Blakorodougou, dans ses nouveaux habits de notable de la Cour, reçut des acteurs culturels du royaume. Ceux qui se battaient pour ramener le règne de l’Intelligence et du Savoir. Il y avait donc des danseurs, des chanteurs, des comédiens, des peintres, des écrivains… et bien sûr, des faiseurs de livre. Au moment de recevoir les faiseurs de livre, M. Blonyi tout à ses balbutiements leur lança sans sourire : « Moi, je ne peux pas lire un document de plus de trois pages. Ça ne m’intéresse pas. Je ne suis pas un littéraire… » Han ! Stupéfaction générale de dégoût ! Il apparaissait aux yeux ébahis et aux oreilles

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« L’homme et les animaux » (par Moïse Ahui, griot‐conteur ivoirien résidant en France)

* Libre et indépendant, « Le Filament » vous est ouvert. Exprimez‐vous ! Vous auriez tort de ne pas lire le prochain numéro du Filament, disponible à partir du 15 août 2010.

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Jeux Le Filament numéro 6. Juillet 2010. Mots fléchés FRV100 ‐ Grille 011.

Prochaine parution : 15 AOUT 2010

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