AIR_Brochure d'architecture citoyenne

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Manuel d’architecture citoyenne

Agir pour une ville humaine

L’architecture, un acte citoyen.

Crise géopolitique,crise environnementale, crise économique, crise sanitaire, crise migratoire, crise du logement, crise de l’énergie, crise des matériaux, le contexte de nos sociétés a rarement été aussi complexe. Du chaos doit naître l’innovation.

L’architecture est toujours la première forme de résilience pour répondre à ces crises quelles qu’elles soient. Il est désormais indispensable d’inventer une nouvelle forme d’architecture adaptée à ces bouleversements.

La résilience face aux crises

comme source d’inspiration et d’innovation.

L’observation de l’architecture spontanée, notamment dans les bidonvilles de Mayotte, permettent de tirer un certain nombre de leçons de cet urbanisme guidé exclusivement par les usages élémentaires, les risques naturels et anthropiques. Malgré la précarité et la détresse des habitants en exil, le besoin de vivre ensemble a façonné des formes urbaines basées sur l’usage ; une structuration d’une grande évidence, avec des cheminements de rues commerçantes, des bâtiments «publics», des quartiers regroupés autour de l’échange. Les hommes et les femmes ont su créer une urbanité offrant la possibilité d’une vie. Porté par le NPNRU de Mamoudzou, le projet s’inscrit au contraire dans la reprise de politiques déjà à l’œuvre dans d’autres territoires comme la Martinique, la Colombie ou le Mexique. Prenant acte de l’impossibilité pour les pouvoirs publics et privés de construire des nouveaux logements en nombre suffisant face à l’urgence de mettre à l’abri les habitants de ces quartiers.

L’accueil se travaille d’abord avec l’humain. À Mayotte, autre laboratoire d’architecture, la résorption des quartiers spontanés se fait d’abord par l’écoute des familles sur leurs besoins et leurs connaissances du site. La participation encadrée des habitants à l’acte de construire permet de respecter à la fois les exigences parasismiques et l’architecture locale tout

Centre d’hébergement d’urgence “La promesse de l’Aube”, Paris XVIe

Concours Lauréat, Nymba Ya Marsha : une maison pour la vie, Mayotte

Prix des défis urbains catégorie habitat, 33 logements évolutifs, Malakoff.

33 logements qui s’adaptent aux ménages. Pour en savoir plus, La vie de Julie disponible en vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=415k0Efp5Ns

en s’adaptant aux capacités financières des familles, leur appropriation et leur évolution ultérieure.

L’architecture comme scénario mis en place avec les habitants.

Dans nos métropoles, les logements doivent, de la même manière, répondre à de nouveaux usages élémentaires pour créer là aussi la possibilité d’une vie. Ils doivent subvenir à la difficulté de loger un étudiant ou un parent âgé, accueillir des familles monoparentales ou recomposées, permettre le télétravail et faire face à plusieurs types d’activité ou de temporalités.

Àl’instar des immeubles haussmanniens, les bâtiments doivent pouvoir anticiper les changements de structures familiales, moduler le nombre de pièces des appartements, changer de destination, accueillir tout type d’usages, ce que l’architecture en béton et à usage unique avait rendu impossible. Cependant, le véritable empêchement n’est pas que technique. Nos règles de vie ont bâti, entre les habitants, des murs de lois, des limites contractuelles, des cloisons immatérielles. Il est devenu plus difficile aujourd’hui de déconstruire un règlement de copropriété qu’un refend en béton armé. La mixité et l’évolutivité des usages doivent donc se construire en amont, en formulant des problématiques, en dressant des hypothèses d’usages. L’architecte ne peut plus travailler seul, il doit assurer son rôle de mise en forme du cadre de vie avec les politiques, promoteurs, bailleurs, notaires, juristes, géomètres, ingénieurs, chercheurs et la société civile. Il doit accompagner cette évolutivité en l’intégrant intelligemment dans

les pratiques immobilières actuelles.

Ce qui est innovant en architecture, ce n’est pas uniquement le progrès de la technique mise en œuvre, c’est la justesse du récit, du scénario mis en place avec les usagers : une architecture permissive, évolutive, non figée.

L’architecture est avant tout un acte Politique

La ville post carbone motive tout autant la nécessité d’un changement. Les consciences aussi se trouvent bouleversées. Personne n’ignore notre impact sur l’environnement. Le tout-voiture a favorisé l’étalement urbain et les boîtes à chaussures commerciales en entrée de villes, noyées dans des nappes de parkings. C’est cette ville-là, dénigrée, oubliée, qualifiée par la presse de “ France moche “, qu’il faut réparer, densifier et nourrir d’une nouvelle urbanité. Sans artificialiser plus de sols, il est possible de faire évoluer en douceur ces zones monofonctionnelles en vrais quartiers accueillant des usages mixtes : commerce local, coworking, coliving, logements intergénérationnels, tiers lieux culturels, logistique de circuits courts, etc.

Cette transformation ne doit plus se faire dans la nuisance et dans le conflit. Elle doit se faire en douceur et prendre le temps du dialogue, de la friche à l’occupation temporaire, de l’usage intercalaire à la mise en valeur de la biodiversité, de la transformation douce à l’appropriation, pour arriver à une ville vraiment durable, humaine et de nouveau fascinante. Un bâtiment ne devra plus être considéré comme un « produit », un « actif », un « patrimoine », une « opération », mais comme un outil, celui qui

Écoquartier Joly Jean, 85 logements,vue depuis la rue, Avignon
Écoquartier Joly Jean, 85 logements, vue depuis la cour, Avignon

Logements îlot Souvet, 39 logements, Avignon

Programme mixte, Ilot 4E, ZAC Confluence, 186 logements, ville d’Ivry-sur-Seine

« prolonge l’action de la main », dont la société fait usage et que le « bien-fondé » et l’intelligence rend beau.

La capacité de résilience de l’architecture est une fabuleuse opportunité pour nous, architectes, de faire face à cette époque en crise. L’architecture reste avant tout un acte Politique , en ce sens qu’elle prend part à « l’organisation de la vie en société ». Si la société change, par crises successives, l’architecture est un outil qui permet de faire évoluer notre cadre de vie et de transformer nos quartiers pour accueillir non pas les populations, mais les citoyens .

Douple page suivante : Programme mixte Coliving/coworking/logements social/accession. îlot 4E Ivry-sur-Seine - AIR architectures, MOA : Linkcity Nexity (chantier en cours)

Exemples

LA MIXITÉ FONCTIONNELLE DANS LES

PROJETS URBAINS

Projet en ZAC

1. Intégration d’un magasin LIDL à Nice. Le magasin s’intègre dans la fiche de lot, en répondant au nombre de logements. La forme du magasin et son organisation sont la même que tous les Lidl de France. Le parking en rez-de-chaussée et le magasin au 1er étage, accessible par des travelators, permettant d’assurer une excellente attractivité.

2. La gestion du stationnement en fonction des usages. Le rez-de-chaussée accueille un supermarché et le hall de l’hôtel. Le parking du magasin est au 1er étage et celui de l’hôtel est au 2ème étage formant une structure de répartition des charges tel un “mille-feuilles”.

3. L’hôtel est au 3ème étage, au-dessus de son parking et bénéficie d’un beau jardin en patio ouvert sur le ciel.

RÉPARER LE PÉRIURBAN

Un phasage sans perte d’exploitation

4. Mutation d’un magasin Kiabi En lieu et place d’un magasin de vêtements de 3000 m², le phasage permet de maintenir l’activité pendant toute la durée du chantier, en deux phases pour le magasin et 3 phases pour les logements. Cette mutation est aussi rendue possible grâce à la construction hors site bois. Les stationnements en rez-de-chaussée maintiennent à la fois l’attractivité du commerce tout en assurant un rapport au sol urbain. Ce processus permet de transformer une boîte à chaussures en entrée de ville entourée de parking, en un projet plus dense offrant une belle urbanité tout en maintenant un excellent bilan carbone.

Intégration en NPNRU

5. Proue d’un projet de rénovation urbaine à Dijon L’intégration de la mutation d’un magasin Lidl à proximité d’une cité faisant l’objet d’un NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain) est l’occasion d’imaginer un projet immobilier sans perte d’exploitation, en créant un bâtiment qui s’aligne sur le boulevard où circule un nouveau tramway. L’intégration de la grande surface est rendue plus urbaine grâce à l’implantation d’autres commerces en façade et de logement en pierre naturelle de Bourgogne. Le parking est ici aussi en rez-de-chaussée, entièrement invisible depuis la rue.

INTÉGRATION DANS LE TISSU URBAIN ENVIRONNANT

Grande surface et bureaux

6. Les plateaux de bureaux franchissent le volume d’activité grâce à une structure métallique en “portique”. En enjambant ainsi le local en rez-de-chaussée, aucun poteau ne vient perturber l’organisation de la surface de vente. Les accès aux bureaux se font de part et d’autre dans les pieds des portiques.

Intégration dans le tissu pavillonnaire périurbain

7 et 8. En reproduisant ici le concept de maisons sur le toit, ce projet s’intègre parfaitement dans un contexte de tissu pavillonnaire, souvent voisin des grandes surfaces commerciales. Petit à petit, ces zones résidentielles sont amenées à se densifier, sous l’impulsion de la ZAN (zéro artificialisation nette des sols). Cette disposition autour du magasin, en “fer-à-cheval”, laisse la possibilité d’implanter des émergences ponctuelles et de densifier en douceur avec des logements de grande qualité.

Une équipe engagée pour la recherche et l’innovation

Les associés.

Cyrille Hanappe est architecte-ingénieur associé de l’agence AIR architecture, enseignant chercheur à l’École de Paris Belleville.

Olivier Leclercq est architecte-urbaniste, associé et gérant de l’agence AIR architecture, rédacteur en chef de l’émission Prisme(s) de BatiRadio.

Depuis sa création, AIR ARCHITECTURES accorde une importance primordiale à la dimension humaine et sociale de ses réalisations.

Nous abordons notre pratique en questionnant l’usage de chaque bâtiment que nous créons. Aussi bien pour les logements que pour les équipements publics, chaque choix

architectural est guidé par une démarche en lien avec la vie qui s’y passe. C’est ainsi que nous proposons de travailler les immeubles de logements en concertation avec les riverains, ou en collaborations avec les futurs habitants. Nous intégrons les usagers des écoles, des centres de loisirs, ainsi que les équipes pédagogiques, dans la réflexion pour nous assurer de la pertinence de leur conception.

La technique, souvent pointue, est mise au service de cet engagement social et humain.

Tous les projets présentés ici ont été créés et réalisés par l’agence AIR Architectures.

L’équipe : Cyrille Hanappe, Olivier Leclercq, Margaux Le Bouille, Guillaume Richaud, Vincent Bruneau, Murat Ersoy, Sylvain Gouyer, Rémi Noulin, Titouan Delemazure, Agathe Korganow, Edouardo Di Pace Souza Sampaio

www.airarchitectures.com

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