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No. 300 du 7 aout 2017

France • Liban • Maroc

culturetoute.com

#Culturetoute

300 fête le n°

àZanzibar

Photo © amine boubnan / Zanzibar / tanzanie 2005

avec Amine Boubnane

Découverte

JAJOUKA,

SI SA MUSIQUE CESSE,

LE MONDE S’ECROULERA SUR LUI-MEME

50x50 cm peinture à l’huile commendez via l’adresse mail suivante : contact@culturetoute.com

éditorial

Culturetoute an II

es experts de la Banque Mondiale viennent de nous administrer notre décennale correction. Mais cette foisci, contrairement aux précédentes fois, ils ne nous conseillent plus seulement de revoir notre croissance trop molle, d’en changer le modèle, de travailler plus, de cesser les investissements peu rentables, de tenir l’Etat à l’écart de l’investissement. La grande nouveauté est qu’ils nous conseillent de placer au cœur de nos politiques publiques, le capital immatériel. Le capital immatériel – appelé également patrimoine immatériel - est constitué de l’ensemble des éléments non monétaires et sans substance physique, constitués par les informations et connaissances détenues par une organisation et ayant une valeur positive. Dans le cas où l’organisation est un pays, ce capital immatériel est constitué du socle quadrilatéral du capital humain : La santé, l’éducation, la justice, la culture Est-ce bien sorcier ? Un citoyen qui trouve les soins appropriés dans les hôpitaux publics, lorsqu’il est malade, une éducation adéquate pour ses enfants dans les écoles publiques, le respect et le recouvrement de ses droits lorsqu’il s’adresse à la justice dans les tribunaux et quelques nourritures spirituelles pour se divertir, se cultiver et se former, dans les médias étatiques ou privés, dans les théâtres, les cinémas, les salons, sur les places publiques et dans les lieux de loisirs, ce citoyen-là, s’il est sage, que peut-il revendiquer de plus ? Ne sont-ce pas là tous les besoins importants de la vie humaine ? La séparation entre le concret et l’abstrait, le directement utile et l’indirectement utile a fait son temps, ce qu’illustre cette sentence lumineuse :

“Apprendre, c’est accepter de prendre’’

Toute la force de cette assertion s’explique dans la définition que fait l’UNESCO de la culture : ‘’Ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. La culture englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux, les valeurs, les traditions et les croyances.’’ La culture agit à double titre sur le développement : • Par la contribution directe et indirecte des secteurs de la culture à l’activité économique ; • Par sa contribution au développement économique et social, à la cohésion sociale, à la promotion de la tolérance, à l’intégration des catégories défavorisées de la population et à la gestion de conflits. C’est un lien identitaire, un facteur de cohésion et de stabilité, de renforcement de la citoyenneté, de promotion de la paix et de la tolérance, de communication, d’intégration des femmes et de valorisation de leur rôle. C’est un outil d’intégration des personnes handicapées, des conflits avec des minorités, d’intégration des immigrés et autres catégories défavorisées. Compte tenu de tout cela, il est indéniable que la culture améliore la qualité de tous les aspects de la vie … Alors, que les ‘’biens et services culturels’’ que sont les œuvres artistiques, littéraires ou musicales, les créations, les images, les spectacles, les manifestations et les événements etc. fassent partie des préoccupations d’un nombre croissant de nos concitoyens et que ce modeste candile, timidement allumé il y a une année, devienne une torche ardente et conquérante en sa deuxième année.

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Numéro 300 du 7 aout 2017 directeur publication Ahmad Bouzoubaa contact@culturetoute.com

SOMMAIRE

actu 12 Photographie, Le photographe Youness Miloudi et ses “Last Tribes” à Paris 12 Festival, Rencontre nationale des jeunes créateurs à Ben Ahmed

en une

08 #culturetoute

06 Photographie, Amine Boubnan panorama

magazine 08 Découverte, JAJOUKA, SI SA MUSIQUE CESSE, LE MONDE S’ECROULERA SUR LUI-MEME par Abbas Msefer 14 Edition, “La lecture” par Mourad HAMAYET

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Photo © amine boubnan / Essaouira : Optimisation.

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JAJOUKA par Abbas msfer

eut-être que c’est pour que le que le monde continue à exister et à s’amuser, que le rockeur Brian Jones a propulsé Jajouka vers l’immortalité. Mais qu’évoque pour vous le mot Jajouka ? Un jouet ? Un personnage russe ? Il s’agit du nom d’un village marocain (appelé aussi Joujouka ou Jahejouka) très peu connu au Maroc comme ailleurs bien qu’il ait été le berceau du groupe de rock le plus vieux au monde (selon l’expression de William S. Burroughs). La musique de ce groupe a attiré de «simples inconnus» comme Brian Jones, ex-membre des Rolling Stones (1942-1969) ou encore les papes de la Beat génération comme William S. Burroughs (1914-1997), auteur du festin Nu, Paul Bowles (1910-1999), habitué du Maroc et géniteur du formidable « Un Thé au Sahara », Brion Gysin (19161986) et le saxophoniste Ornette Coleman (1930-2015).

Brian Jones

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Brion Gysin

Paul Bowles

William S. Burroughs

Ornette Coleman

Quel mystère a donc fait que tant d’artistes de renommée internationale et de diverses disciplines artistiques se soient précipités à Jajouka ? Jajouka est un village situé près de Ksar El Kébir sur les flancs de la montagne Ahl Serif. Aujourd’hui, lorsque qu’on demande aux habitants de Ksar El Kébir le chemin pour Jajouka, nous n’avons comme réponse que la phrase suivante : « Attention, si vous allez là-bas, on vous lancera des pierres» ce qui peut pousser les aventuriers à rebrousser chemin rapidement. Un village mystique C’est en 1300, qu’arriva dans cette partie du Maroc, un homme venant de Perse qui s’appelait Sidi Ahmed Sheikh. Pour bénéficier de ses dons de guérisseur, les pèlerins affluaient de toutes les régions du Maroc. A cette occasion, des cérémonies étaient organisées durant lesquelles la musique avait une place prépondérante. Une musique qui hypnose, délivrée par des percussions, des flûtes de bambou ou de ghaïta (Haut bois Arabe).

La naissance de la célébrité Un soir de 1968 (décidément année créative par excellence), l’écrivain et performeur Brion Gysin (par ailleurs ami de Mohamed Choukri) conduit le jeune et fougueux Brian Jones (un des fondateurs du groupe de rock Rolling Stones au village de Jajouka après avoir été impressionné par un groupe de musiciens qui se produisait dans un restaurant appartenant à Brion Gysin nommé «Les Mille et Une Nuits» qui se trouvait à côté du palais Mnebhi à Tanger. C’est ce voyage « psychédélique » qui inspira Brian Jones pour créer un album de musique posthume en 1971 qui s’appelle « Brian Jones presents : the pan pipes of Jajouka ». A partir de ce moment, Jajouka connut l’arrivée de nombreux artistes dont le Jazzman Ornette Coleman qui s’y rendit en 1973 pour y travailler sur son album « Dancing in your head ». Jimi Hendrix, Ravi Shankar et Jimmy Page figureraient aussi parmi les amoureux du village. Quant aux Rolling Stones, ils enregistrèrent un morceau de l’album « Steel Wheels » intitulé « Continental Drift » dans un palais à Tanger. Les musiciens de Jajouka évoluent aussi à l’étranger et se sont produits dans plusieurs pays comme au Centre Pompidou en France ou encore au festival de Glastonbury en Angleterre.

Une famille au nom d’Attar, expulsée d’Andalousie, est intimement liée à cette musique. Elle en a fait un héritage conservé précieusement génération après génération.

Comment se déroule le spectacle ? L’orchestre Jajouka mêle le hautbois arabe que l’on appelle la ghaïta, de la flûte de bambou, la nira et du gembri, forme de tambour, le tout sur des modulations répétitives et monocordes, qui durent des heures et qui font entrer l’auditoire en transe. C’est une musique transcendante, alliant rythmes violents et des sonorités psychédéliques, de manière à produire une matière à la fois oppressante et apaisante. Elle aurait des pouvoirs thérapeutiques. Ce sont douze musiciens et un danseur 7.08.2017 culturetoute.com 9

Bou Jeloud par by Brion Gysin

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incarnant le rôle de Boujeloud, une figure chamanistique mi-chèvre mi-homme qui se produisent devant des spectateurs en transe.

l’importance de cette musique à l’échelle

Malgré les années qui passent et les artistes qui disparaissent, la musique de Jajouka reste éternelle puisqu’elle est avant tout spirituelle. Elle crée un lien direct entre l’humain et son Dieu. Devant tant de bienfaits et de prise en compte de

aux marocains de mieux connaitre cette

internationale ainsi que cette belle image où se mélangent musiques occidentales et orientales, comment ne pas permettre musique et de la valoriser pour que le monde ne s’écroule pas sur lui-même ? ©culturetoute.com

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La lecture par Mourad HAMAYET

René Descartes

une gentille dame appliquée, compétente et dévouée, aperçue récemment sur une plage des environs de Rabat tenant une bibliothèque itinérante & proposant ‘’de la lecture’’ aux jeunes estivants, …

Mais qu’est-ce que lire ?

Je ne suis pas peu fier d’être issu d’une culture ou le premier ordre transmis à l’homme par un ange-messager est : ‘’Lis’’… La lecture est devenue, aussitôt maîtrisée dans mon âge le plus tendre, la plus constante de mes préoccupations. Au point que pour moi, l’un des plus grands mystères de notre monde est celui qui me pousse à m’interroger, avec un étonnement total et sincère : ‘’Comment peut-on ne pas lire ?’’ Le livre ! La définition que j’en préfère, c’est celle qu’en fait le poète métaphysicien soufi Mohiédine Ibn Arabi, lorsqu’il écrit : ‘’L’Univers est un immense livre’’… Les symbolistes poursuivent en précisant que si l’Univers est un livre, c’est que le livre est la Révélation et donc, par extension, la manifestation. De là à dire que lire c’est vivre, il n’y a qu’un pas… La symbolique du livre va plus loin : Un livre fermé est une matière vierge. En un livre ouvert, la matière se féconde et révèle son secret au lecteur. Le livre est comme un cœur : fermé, il cache ses pensées et ses sentiments et ouvert, il les livre. “La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés.” 14 culturetoute.com 7.08.2017

Reconnaître une trace de pas sur le sol, c’est lire. Prévoir le changement du temps en observant les nuages, c’est lire. Prédire l’avenir dans les lignes de la main, c’est lire. Reconnaître les signes, c’est lire. “La lecture est un art et tout le monde n’est pas artiste.” Madeleine Chapsal La genèse de la lecture présentée ainsi permet de comprendre pourquoi nous ne lisons plus guère à même la réalité. Nos yeux et nos divers outils de cognition ont maintenant à leur disposition d’innombrables autres outils qui nous permettent d’appréhender le monde de cent autres façons. ‘‘La vertu paradoxale de la lecture est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens.” Daniel Pennac Des ethnologues en ont apporté la preuve : Ils ont observé en divers endroits et continents de la Planète les étranges peuplades qui ont survécu jusqu’à nos jours, complètement à l’abri de tout contact avec nos civilisations. Ils ont particulièrement étudié leur rapport à l’écriture et à la lecture, telles que nous les entendons. Et cette observation a été fructueuse puisqu’elle leur a permis de constater que ces peuplades pouvaient

parfaitement passer en sautant l’écriture, directement de l’oralité à l’audiovisuel !...

qui déclenche toujours des torrents de niaiseries et d’incompréhension.

“On devrait fonder une chaire pour l’enseignement de la lecture entre les lignes.” Léon Bloy

“Un livre n’est rien qu’un petit tas de feuilles sèches, ou alors, une grande forme en mouvement : la lecture.” Jean-Paul Sartre

Ainsi, ils citent deux exemples révélateurs à Vers 1935, un magazine demanda à leurs yeux : Valéry Larbaud quel était son livre préféré. En guise de réponse, il envoya Les Patoxos, une Tribu Indienne primaire une photographie de sa bibliothèque du Brésil continuent de pratiquer la nudité personnelle, 5 000 volumes environ, avec le intégrale, de s’orner le corps de peintures à commentaire suivant: ‘’Sans doute je ne les symbolique martiale, de s’armer de simples aime pas tous également, mais il n’en est gourdins, mais ils portent tous, maintenant, aucun dont je voudrais me séparer.’’ en bandoulière, des … magnétophones... Toujours dans la Forêt Amazonienne, “La lecture, charmant oubli de vousle chef d’une tribu première, mêmes et de la vie.” considérablement enrichi par la cession Rivarol ‘’aux Blancs’’ d’une terre de grande richesse, a consacré cet argent à l’achat A chacun sa façon de lire. A chacun ses d’un réseau de vidéocommunication qui lui goûts en la matière… permet de tenir, sur différents points de son village, d’authentiques et innombrables “Peu importe ce que les jeunes lisent : vidéoconférences… c’est le ‘muscle’ de la lecture qu’il faut faire travailler et personne n’a besoin de débuter Ce qui gêne probablement le primitif, c’est avec Marcel Proust.” l’abstraction de la lecture qui pour lui ne Pierre Charras peut être que d’essence magique et donc confiée à ceux qui savent déchiffrer les Rappelons cette phrase admirable, messages de l’invisible. opulente, sensuelle et orientale à souhait : Paraphrasant le grand poète Al Les braves gens ne savent pas ce qu’il en Moutanabbi, 915-965, le dernier Emir de coûte de temps et de peine pour apprendre Grenade, Abou Abd Allah, dit “az-Zughbi” à lire. J’ai travaillé à cela quatre-vingts ans, ou ‘’l’infortuné’’, Mohammed ben Abi alet je ne peux pas dire encore que j’y sois Hasan Ali, a dit : arrivé. J.W. Goethe ‘’Le Paradis sur Terre se trouve entre les seins d’une femme, sur la selle d’un cheval, Mais laissons l’ethnologie et et entre les pages d’un livre’’ … revenons à nos près… Parlons Boabdil plutôt de Valéry Larbaud, écrivain français, poète, romancier, essayiste et Quant à moi, j’attends avec patience que traducteur, 1881-1957, auteur véritable de l’on veuille bien me dire : la très belle expression ‘’La lecture, ce vice impuni’’. C’est le titre surprenant d’un de Comment peut-on ne pas lire ? ses livres, à lire absolument si ce n’est pas ©culturetoute.com encore fait. Excellent exercice de réflexion pour qui n’a jamais ‘’planché’’, à l’époque des dissertations, sur cette assertion 7.08.2017 culturetoute.com 15

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la revue de presse #du Lundi 7 aout 2017 Le photographe Youness Miloudi et ses “Last Tribes” à Paris Le déplacement à Paris n’est pas un moment de loisirs. La thématique abordée n’est ni locale ni régionale. La rencontre de l’autre est désormais le point focal de toutes les recherches scientifiques, mais aussi culturelles et artistiques. La photographie a donc son mot à dire sur la question. De Marrakech à Paris … le voyage vaut bien la peine, la cause étant noble. Aller à la rencontre de... libe.ma Le 7 aout 2017

Rencontre nationale des jeunes créateurs à Ben Ahmed Le Forum marocain des jeunes plasticiens organise, du 18 au 30 août courant à la ville de Ben Ahmed (province de Settat), la 9è édition de la rencontre nationale des jeunes créateurs qui connaîtra la participation de plus de 50 personnes en provenance de différentes villes marocaines. Le programme prévoit l’organisation de la première résidence de 5 artistes plasticiens, d’un atelier axé sur le... libe.ma Le 7 aout 2017 18 culturetoute.com 7.08.2017

Haj Younès : La culture, un trait d’union entre le Maroc et l’Inde La culture, sous ses différentes formes, a toujours été un trait d’union et un vecteur de rapprochement entre le Maroc et l’Inde, a affirmé le luthiste marocain Haj Younès.»Le cinéma, le chant, la musique et toutes les autres formes artistiques et culturelles ont toujours constitué un pont solide qui a largement favorisé le rapprochement entre les peuples et civilisations indiens et marocains», a... libe.ma Le 5 juillet 2017

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