

AUTOGRAPHES
& MANUSCRITS

Autographes & Manuscrits
MERCREDI 9 & JEUDI 10 JUILLET 2025, 11H PUIS 14H
CONTACTS POUR CETTE VENTE

Responsable de la vente
Sophie Perrine +331 41 92 06 44 perrine@aguttes.com

Assistante spécialisée
Quiterie Bariéty +33 1 47 45 00 91 bariety@aguttes.com
Avec la participation de Laurent Bartholomot
Experts
Thierry Bodin, membre du S yndicat Français des Experts Professionnels en Œuvres d’Art
67 avenue du Suffren, 75007 Paris
+33 1 45 48 25 31 lesautographes@wanadoo.fr
À décrit les lots 160 à 307 lots 515 à 876
BEHR Auction - Cabinet d’Expertise
5 rue Drouot, 75009 Paris + 33 1 47 70 16 90 info@behrauction.fr
À décrit les lots 308 à 341
Enchères par téléphone Ordre d’achat bariety@aguttes.com
Relations acheteurs
Quiterie Bariety +33 1 47 45 00 91 bariety@aguttes.com
Délivrances & Expéditions
+33 1 47 45 00 91 bariety@aguttes.com
Délivrances à Neuilly-sur-seine, sur rendez-vous uniquement

Autographes & Manuscrits
Aguttes Neuilly
164 bis, avenue Charles de Gaulle 92200 Neuilly-sur-seine
Exposition publique
Lundi 7 et mardi 8 juillet : 10h - 18h
Vente aux enchères
PARTIE I
Mercredi 9 juillet 2025
11h : lot 1 au lot 159 (lots non décrits vendus en lot | Liste disponible sur demande) 14h : lot 160 au lot 341 (lots vendus à l’unité) Cliquez et enchérissez sur aguttes.com
PARTIE II
Jeudi 10 juillet 2025
11h : lot 343 au lot 514 (lots non décrits vendus en lot | Liste disponible sur demande) 14h : lot 515 au lot 876 (lots vendus à l’unité) Cliquez et enchérissez sur aguttes.com
Vente judiciaire sur ordonnance du TC de Paris (contrats Aristophil non réclamés) par le ministère de SEINE OUEST commissaires de justice en partenariat avec AGUTTES. Honoraires acheteurs : 14,28 %TTC
PRÉCISION IMPORTANTE
À L’ATTENTION DES ENCHÉRISSEURS
Les conditions et termes régissant la vente des lots figurant dans le catalogue sont fixés dans les conditions générales de vente figurant en fin de catalogue dont chaque enchérisseur doit prendre connaissance. Ces CGV prévoient notamment que tous les lots sont vendus « en l’état », c’est-à-dire dans l’état dans lequel ils se trouvent au moment de la vente avec leurs imperfections et leurs défauts. Une exposition publique préalable à la vente se déroulant sur plusieurs jours permettra aux acquéreurs d’examiner personnellement les lots et de s’assurer qu’ils en acceptent l’état avant d’enchérir. Les rapports de condition, ainsi que les documents afférents à chaque lot sont disponibles sur demande. Nous attirons votre attention sur les lots précédés de +, °, *, ¤, #, ~, = pour lesquels s’appliquent des conditions particulières visibles en fin de catalogue.

Beaux-Arts


160
AMBROGIANI Pierre (1907-1985).
L.A.S. « Ambro » avec DESSINS, Les Baux 26 juillet ; 1 page in-4 à l’encre bleue (petit manque à un coin).
Amusante lettre illustrée de 5 dessins. Il raconte la fête de Saint-Martin de Crau, à laquelle il s’est rendu avec Antoine SERRA et René SEYSSAUD. Il se dessine en compagnie de ses deux amis ; puis il montre la fuite de Serra au premier taureau, Seyssaud qui s’est endormi, et lui-même derrière la barrière face au taureau. Le dernier dessin le montre sur une camionnette chargée de tableaux…
300 - 400 €
161
BELLMER Hans (1902-1975).
L.A.S. « Bellmer », Castres 7 juillet 1945 ; 1 page oblong in-8. Lettre probablement adressée à un éditeur, lui demandant notamment l’adresse de Victor BRAUNER, « qui est resté, tant que je sache, en France ». Il reçoit plusieurs demandes « de réunir des documents surréalistes pour la publication » ; il a écrit à André BRETON à ce sujet. « Il y a une faim étonnante parmi beaucoup de gens de ce que nous aimons. – Évidemment, les deux, trois, quatre, restés en France, sont relativement isolés pour le moment ». Il enverra à son correspondant « un exemplaire d’un Album que j’ai publié fin 1944 »...
200 - 300 €

162
BELLMER Hans (1902-1975).
L.A.S. « Hans Bellmer », 10 avril 1963, à Herr Punte ; ¾ page in-4 sur papier fin rose, au stylo rouge ; en allemand. Punte lui ayant demandé un exemplaire de son petit livre, Bellmer propose de le lui envoyer par la Copley Foundation, à condition de connaitre la raison de cette demande, et si c’est en tant que collectionneur, libraire, ou par pur intérêt littéraire ?... Il signale l’ouvrage publié en Allemagne : Die PUPPE. Il contient trois ouvrages qui ont été publiés à Paris à différentes époques : “La Poupée”, “Les Jeux de la Poupée”, “L’Anatomie de l’image” »…
400 - 500 €
163
BERNARD Émile (1868-1941).
L.A.S. « E. Bernard », [Tonnerre 20 mars 1916], à son amie Mme DUCHATEAU à Paris ; 1 page in-fol., bois gravé décoratif en bandeau, enveloppe.
Il informe sa « très chère amie » qu’il a quitté trop rapidement Paris pour aller lui dire au revoir, ce qu’il comptait faire « sachant votre inquiétude actuelle. Dieu vous garde et vos enfants ! Ici j’ai trouvé tout en soleil, en santé, en renouveau. Ne viendrez-vous pas un peu cet été ? On parle de mobiliser une partie de ma classe. En serai-je ? J’attends en travaillant »…
300 - 400 €


164
BLANCHE Jacques-Émile (1861-1942).
37 L.A.S. « J.E. Blanche » ou « JEBl », Paris ou Offranville 1893-1926, à Francis VIELÉ-GRIFFIN ; 65 pages in-8 ou in-12, quelques lettres à son adresse 19, Rue du Docteur Blanche.
Belle correspondance amicale où l’on sent l’admiration du peintre pour le poète et où on le voit au travail.
Blanche félicite Vielé-Griffin pour La Chevauchée d’Yeldis (1893) et se réjouit « de voir répandre les trésors de vos méninges ». Une grande partie des lettres de 1901-1902 est consacrée à l’élaboration et au travail du tableau Portrait de Vielé Griffin et sa famille :« C’est une entreprise dans laquelle une collaboration intime du peintre et des modèles est nécessaire » ; il demande de nombreuses séances de pose, notamment des enfants, se soucie des vêtements portés par les modèles, de la qualité de la lumière, et, insatisfait de son travail, procède à des retouches : « c’est la longueur de vos jambes qui rend votre tête si petite d’aspect ». Il mettra longtemps à l’achever et demande au poète de bien vouloir prêter le tableau au Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles organisé par Octave Maus (2 janvier 1909), alors qu’il le lui a récemment livré.
20 janvier 1902 . Il évoque ses expositions, l’achat par la Ville de Paris du Réveil, le prêt du portrait de Leconte de Lisle, et le don
au Musée municipal du portrait de Jules Chéret (aujourd’hui au Petit Palais). 2 mai 1902 , après la création de Pelléas et Mélisande le 30 avril : « Avez-vous entendu l’étonnant DEBUSSY à l’Opéra Comique ? On ne sait si c’est admirable ou ridicule. Je pencherais pour le premier. Comme de telles choses neuves sont embarrassantes ! », et il cite plusieurs phrases de l’œuvre ; en avril, il était allé avec GIDE voir la pièce de MAETERLINCK.
Il évoque Henri GHÉON et son roman Le Consolateur (1903) : « Je crois qu’il a beaucoup à apprendre et qu’il est bien loin d’avoir un métier. La langue est pleine de formules, d’une trop faible et démodée qualité », ainsi que BARRÈS dont il loue « l’étonnant, l’admirable, le très important volume : Scènes et doctrines du Nationalisme » Il cite d’autres peintres : ZULOAGA, Walter SICKERT, WHISTLER (il se rend à Londres pour l’inauguration de son Mémorial), et fait le portrait de RODIN « seul bon esprit quand on le pénètre » (7 juin 1904).
Les lettres ensuite se font plus rares en raison du mauvais état de santé de Blanche ; la dernière lettre est datée de Vichy (4 juillet 1926) où il fait une cure en compagnie de nombreuses personnalités : « J’ai beaucoup peint, ayant eu des demandes de petits portraits. Je crois que je finirai par tendre une sébile et mes pinceaux dans les halls des Palaces »…
1 500 - 1 800 €

165
BOURDELLE Antoine (1861-1929).
L.A.S. « Antoine Bourdelle », 6 juillet 1927, à Édouard HERRIOT, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-arts ; 1 page in-4.
« Infiniment touché de votre accueil à ce désir que j’ai de pouvoir confier toute mon œuvre à notre Nation, je sollicite ici de vous, Monsieur le Président, afin de bien vous exposer l’ordre du don que je désire faire, […] quelques instants d’audience »…
200 - 300 €

167
BUFFET Bernard (1928-1999).
L.A.S. « Bernard Buffet », Rousset-sur-Arc 20 janvier 1959, à André PARINAUD ; 3 pages petit in-4 à en-tête du Château L’Arc
Buffet s’insurge violemment contre les informations que Parinaud a fait paraître : « Je trouve la suite d’échos que tu as fais paraitre sur nous injurieuse et déplaisante. Je ne sais pas où tu puises tes informations qui, faute d’être exactes, viennent visiblement de gens qui ne nous aiment pas [...] Ça n’est pas parce que nous avons trouvé un bonheur qui nuit à beaucoup qu’il faille forcément nous noircir »....
500 - 700 €

166
BRAQUE Georges (1882-1963) peintre.
L.A.S. « G. Braque », Varengeville 5 août 1936, à Marie CUTTOLI ; 1 page in-4.
Remerciements pour son chèque de 13.500 francs « en règlement provisoire des droits de reproduction concernant votre tapisserie »… [Marie CUTTOLI (1879-1973) collectionneuse et gérante de l’atelier de tapis d’art Myrbor, confia la création de modèles à des artistes et renouvela la tapisserie dans l’entre-deux-guerres en faisant appel à des artistes d’avant-garde.]
400 - 500 €

168
CHAGALL Marc (1887-1985).
L.A.S. « Marc Chagall », Paris 26 novembre 1930, à Hermann STRUCK à Haïfa (Palestine) ; 1 page in-4 à son adresse 5, avenue des Sycomores, Villa Montmorency, enveloppe ; en yidich.
Ils projettent de venir en Palestine, où Dizengoff [maire de TelAviv] les a invités. Mais il ne sait pas au juste quand ce serait le mieux d’y aller. Il se réjouit d’avance de voir ce pays, ce qui sera peut-être régénérant pour son art…
600 - 800 €
CHAISSAC Gaston (1910-1964).
L.A.S. « Gaston Chaissac », Boulogne les Essarts (Vendée) [1948, à Henri POULAILLE] ; 4 pages petit in-4.
Étonnante lettre autobiographique, parlant de ses écrits et de Jean Dubuffet « Je ne veux ni vous parler de souris laitière ni de ceux qui font du pseudo-académisme ou du pseudo non académisme ou d’autres choses mais seulement que je dois à la charmante, aimable, généreuse Jeanne KOSNICK-KLOSS qui m’a délié et massé la langue de pouvoir m’exprimer dans un langage particulier et par souvenir et reconnaissance je lui dédie mes dires d’aujourd’hui qui vous affirmeront que je suis natif de la petite ville proche de Vassy ou c’est qu’on fabrique du ciment. Et ma mère qui était la fille du père Breuil le colporteur, avait été servante chez le fabricant de ciment. Il y a ciment et ciment. Et le ciment n’est pas tout il faut de l’eau pour le mouiller. Il y a eau et eau. Les sources d’eau exquisement plus et les plus hautes perchées que je connaisse c’est la fontaine Saint-Pierre sur le Mont Beuvray et la fontaine Maria proche du hameau des Buteaux qui est la source de la petite rivière qui porte ce même joli nom de Maria et qui est un affluent de la Dragne. La fontaine Maria est également pas tellement éloigné d’un endroit nommé les Rastes et qui m’est apparu la première fois avec son allée de pommiers en fleurs. Le poëte qui sommeillait en moi vibra de tout son être devant cette férie ». Il évoque le panorama de cet endroit, les trains qui y passaient, puis les feux de la Saint-Jean : « A propos de la Saint-Jean, ça me fait penser à la roulette de cimentier de Jean DUBUFFET que Paulhan lui a payé à la dernière Saint-Jean. Jean Dubuffet notre charmant cimentier de fraîche date a du pain sur la planche s’il veut seulement cimenter le dixmillième de ce qui a besoin de l’être. Il est allé en Algérie où il porte burnous et qui sait si en revenant il ne passera pas à Vassy faire l’emplette d’une tonne de ce ciment qui l’intéresse tant. Jeanne KOSNCIK-KLOSS me fait penser aux gars du batiment qui me plaisent particulièrement. J’en ai beaucoup vu dans le métro. Ils descendaient comme moi à Italie. La mesquinerie purulente est raréfiée chez eux. J’en avais vu avant d’aller dans le métro, tenez lorsque dans ma ville natale on a batit le crédit Lyonnais. Avant on a démoli plusieurs maisons et à cette occasion le chauffeur du camion qui transportait les matériaux de démolition avança un jour jusque sur le chantier pour éviter de la peine aux camarades ». Il raconte l’incident quand le camion s’estt enfoncé dans la cuve... « C’était au temps où j’étais marmiton […] j’entendais le chef me dire de répondre “de me prêter ses fesses”
au plongeur qui ricanait de moi parce que j’étais puceau comme si à 13 ans on n’était pas sans excuse de l’être encore. [...] Dans le batiment je pense que j’aurais pu faire un couvreur possible, le reste je me le demande. Dans un roman que j’ai écri le mari (en crise de jalousie) d’une actrice vint lui faire une scène, oui sur la scène, et juste au moment qu’elle mourrait au second acte. Le régisseur chercha à s’interposer : “Vous voyez bien qu’elle doit être morte” lui dit-il – Il n’y a pas plus de mort que de beurre au cul”, répartit l’homme en montant sur ses grands chevaux ». Chaissac raconte la suite de son livre... Puis il ajoute :. « Je veux écrire un poëme qui dira ça à la classe ouvrière. Si tu veux faire œuvre je t’en supplie ne fait plus tinter des enclumes appartenant à ceux que tu fais riche mais seulement des enclumes à toi. L’Amérique donnera les outils qu’il faut à vous tous rien qu’en échange du musée du Louvre. Ça veut pas dire qu’il faut le prendre d’assaut, non pas. Mais à vous tous vous auriez tôt fait avec vos mains, vos intelligences, vos cœurs et votre âme de faire l’équivalent du musée de Louvre, et avec ça vous auriez des outils et seriez libres avec ces outils ».
1 000 - 1 200 €
170
CHAISSAC Gaston (1910-1964).
L.A.S. « G. Chaissac », [L’Oie 20 janvier 1955], à son « confrère » Pierre GIRAUD à Choisy-le-Roi ; 2 pages in-4, enveloppe.
Félicitations pour l’heureuse nouvelle, « et merci de ta lettre qui m’est parvenue le vingt janvier, jour de la S t Sébastien alors que Christian Villeneuve, enfant du bourg de S te Florence apprenait à monter à bicyclette, tenu par un parent venu au baptême de sa petite sœur qui a eu lieu dans la même matinée. C’est après ce baptême que j’ai appris qu’il y a dans le même canton que nous un endroit habité du nom du Petit lundi ». Il évoque la mort du père Carcaud… Puis il parle de sa « gamine interne au collège » et qui part en vacances : « Et ça n’est pas d’être maintenant au musée des beaux arts de Nantes qui va me permettre de la récupérer car c’est surtout honorifique et j’exagère à peine en te disant que je n’espère plus guère qu’en la mort. C’était du reste bien saugrenu de ma part de faire cette enfant. […] Je fais des expositions et comme fonction c’est quelque chose comme gardien de musée bénévole en province. Tu vois ça d’ici. Toujours le même refrain »...
400 - 500 €


CHAISSAC Gaston (1910-1964).
L.A.S. « g chaissac », [L’Oie (Vendée) 23 avril 1957], à André BLOC , à Aujourd’hui [ Art d’aujourd’hui] ; 2 pages in-4 sur papier quadrillé d’un cahier d’écolier, adresse avec timbre.
Ce pauvre curé de Sainte-Florence a, pendant le Carême, vendu aux paroissiens un numéro spécial de la revue Fêtes et saisons , de mars 57, intitul é L’ Église familière et mystérieuse : ils « ne furent pas peu surpris d’y voir ma photo au nombre des illustrations. J’ai même l’honneur d’y signer “le Christ continué”. Qui aurait prévu une chose pareille ? Certainement pas moi qui croyait naïvement qu’on venait me photographier pour illustrer des articles sur mes activités artistiques. Voilà qu’on me met vraiment à toutes les sauces et d’ici qu’on me demande à poser pour des illustrations il n’y a peut-être pas loin. On continue à me solliciter ou à me recommander pour que j’expose mais ma nervosité me fait tout envoyer promener. Vous ai-je dis que Jacques Prévost, le journaliste avait fait photographier ce que j’ai peint sur les toiles que vous m’avez donné ? »… Dans un long post-scriptum, il dit avoir terminé la lecture du Dernier Feu [de Maria Borrély], préfacé par Giono, et il parle de sa participation aux travaux de ferme : « Mon goût pour ces travaux me faisait taxer de complexe d’autopunition par Louis Gattiaux, qui disait la même chose du prince LANZA DEL VASTO, pour les mêmes raisons. En ce qui concerne ce châtelain, ce devait pourtant être dans ces traditions ou habitudes dérivant de son éducation de tâter à ces gros travaux malgré ses dons et la pratique des arts d’agréments. C’est du reste tellement en forgeant qu’on devient forgeron qu’on sait le mieux ce qu’on a eu l’occasion de pratiquer le plus. Mais alors qu’il me paraît plus utile d’être meilleur jardinier, ces travaux de ferme, que j’ai eu l’occasion d’apprendre avec de bons professionnels ne me serviront vraisemblablement pas à grand-chose, sinon faire jacter la gente journalistique peut-être. Cette année au jardin, mon bêchage fut encore plus mauvais que d’habitude mais je m’en console en me disant que ça n’a rien de tellement catastrophique pour un néo-primitif, au contraire. Rémi Seillier, enfant de S te Florence, qui avait débuté dans la mécanique est maintenant élève maçon »…
700 - 800 €



172
172
CHAISSAC Gaston (1910-1964).
POÈME autographe signé « Gaston Chaissac » et DESSIN signé, Sainte-Florence 7 juin 1959, à Hubert Connil ; 2 pages in-4 (22 x 17 cm) au stylo bille bleu sur un feuillet quadrillé de cahier d’écolier (trous de classeur marginaux).
Poème de 26 vers, publié partiellement dans Phantomas (n° 15 /16, p. 59).
« Quelle cohorte galvanisée sans façon En mangeant la précieuse haligourde Tandis que tes yeux de jeune campagnard S’acheminaient les bœufs en bandoulière
Et la tête rejetée en arrière
Et te voilà le maçon d’une truelle enchantée »...
En marge, Chaissac a noté : « Pierre Benoîssac, l’orfèvre en vieux cuir alias Gaston Chaissac ».
Au verso, dessin signé et daté 736.59 : personnage et chapeau.
800 - 1 000 €

173
Giorgio de CHIRICO (1888-1978).
2 L.A.S. « G. de Chirico », Paris 4 février 1929 et s.d., à André de RIDDER ; 1 page in-8 et 1 page oblong in-8.
« C’est entendu. Je vous donnerai 2 toiles de 25 en échange de 68 photos et des “hommages ” ajoutés au texte de Courthion »...
– « Voici les épreuves corrigées. Est-ce que je ne pourrais aussi corriger celles de ma biographie écrite par moi-même ? – Dans 2 ou 3 jours je vous enverrai les dessins »...
300 - 400 €
175
DAVID D’ANGERS Pierre-Jean (1788-1856).
L.A.S. « David », Paris 17 mai 1840, [au musicien Auguste PANSERON] ; 2 pages in-8.
À propos de son monument d ’Ambroise Paré [statue érigée à Laval en 1839].
Il avait trouvé à Rome l’ouvrage d’Ambroise PARÉ, et, « témoin de la vénération des étrangers pour notre célèbre compatriote, je conçus l’idée de lui élever un monument. À mon retour en France, sous la Restauration, et encouragé par mon ami Béclard, je fis la proposition d’une statue dont j’aurais exécuté le modèle gratuitement », mais cette offre fut refusée « l’autorité d’alors ne comprenant pas sans doute le mérite du grand chirurgien. J’exécutai alors un buste en marbre plus en rapport avec mes moyens pécuniaires ; et dans la crainte trop juste qu’il ne fut pas agréé par le Maire de la ville natale de Paré, je le donnai à l’académie de médecine de Paris. Cette affaire fut donc ajournée […] jusqu’à l’époque où les médecins de Laval et ses nouveaux fonctionnaires décidèrent l’érection de ce monument. On ne saurait trop louer l’élan honorable et généreux de ces Messieurs ». Il désire donc sincèrement qu’on oublie à présent « les entraves passées », tout le monde ne pouvant « apprécier le mérite de certaines spécialités scientifiques » !... Il souhaiterait maintenant faire la même chose pour BICHAT, et il ira consulter Panseron et lui demander sa coopération pour mettre en place une souscription permettant de payer et de fondre la statue…
500 - 700 €

174
COROT Camille (1796-1875).
L.A.S., « C. Corot » Paris 9 avril 1855, [à Adalbert CUVELIER] ; 1 page in-8.
Au sujet de ses clichés-verres
Il serait « heureux de recevoir une ou deux collections des épreuves sur verres. Mes pratiques sont impatientes. Je vais faire un tour à Fontainebleau lundi prochain. Je n’aurai pas la place de vous voir, seulement si vous en avez de prêtes, ayez la bonté de les remettre à la maison »…
500 - 700 €



176
DELACROIX Eugène (1798-1863).
L.A.S. « E. Delacroix », 21 avril 1826 ; 1 page in-8 (cote d’inventaire notarial).
« Je suis bien privé de ne pouvoir accepter pour dimanche l’aimable invitation que j’ai reçue de votre part par Mr Bra [le sculpteur Théophile BRA] »... Il est cependant reconnaissant de cette attention : « Je n’ai pas oublié que vous m’avez permis de venir quelques fois vous importuner de mon amour pour la musique » 400 - 500 €
177
DELACROIX Eugène (1798-1863).
L.A., Samedi [Champrosay 9 juin 1849], à la baronne Joséphine de FORGET ; 3 pages et demie in-8.
Belle lettre à sa maîtresse, évoquant Chopin Il a fait le paresseux, et donne des nouvelles du temps, très orageux. « J’ai trouvé mon prétendu jardin en assez mauvaise tournure et fort négligé »... Le docteur lui avait recommandé de partir, et il n’est donc pas allé la voir. « Je crois qu’enfin le beau temps a envie de s’établir et les pauvres santés comme les miennes en ont bien besoin. [...] Je suis parti de Paris mécontent de l’état du bon petit Chopin [Frédéric CHOPIN, que Delacroix aimait beaucoup, était en effet très souffrant ; il mourra le 17 octobre] et cela m’a affligé de le quitter ainsi. [...] Amuse-toi bien, chérie et pense à moi. Je t’ai vue en rêve avant hier et je te conterai cela : c’était fort joli, mais n’était pas audessus de ce que la réalité accorde quelque fois. Ecris moi ausi si tu as rêvé de moi, en attendant que je t ’embrasse en chair et en os »...
1 000 - 1 500 €
178
DELACROIX Eugène (1798-1863).
L.A.S. « Eug. Delacroix », 9 novembre [1853] ; 2 pages et demie in-8.
Réponse à une recommandation. « Une recommandation de vous est, pour moi, l’une des plus puissantes qu’il puisse y avoir. Je ne connaissais point l’artiste dont vous me parlez et j’avoue également ne point connaître ses ouvrages : ce que vous me dites suffit pour m’en donner une bonne opinion »... Mais pour lui être utile, il faudrait qu’il soit appuyé par des personnes influentes « qui feraient la demande pour lui, demande à laquelle je donnerais l’assentiment le plus complet. […] Une autre personne m’avait déjà parlé de M. Dumas [...] je serai bien heureux de trouver une occasion de vous être agréable [...] Je n’ai pas oublié sous quels auspices se sont établis entre nous des relations dont j’ai eu tant à m’applaudir et malheureusement trop rares entre gens que l’art et le travail enchaînent chacun à son poste »... [Il s’agit probablement du peintre lyonnais Michel DUMAS (18121885), ancien élève d’Ingres, qui était de retour en France après avoir passé une quinzaine d’années à Rome. En 1853, il réalisa une copie d’une Vierge à l’Enfant de Murillo pour l’église de Saint Maurice-sur-Aveyron (Loiret).]
500 - 700 €




179
DELACROIX Eugène (1798-1863).
L.A.S. « Eug. Delacroix», jeudi [1855], à Paul CHENAVARD ; 1 page in-8.
Il voulait recommander à François « les tableaux de M. Jeanmot [JANMOT]. Ayez la bonté de les lui recommander de manière à ce qu’on les reçoive tous. La manière dont vous lui en parlerez lui confirmera leur mérite quand il les verra. J’ai demandé à rester chez moi pou finir mes tableaux, et voilà que je ne puis ni travailler ni sortir. Je suis pris depuis que je vous ai vu chez Bertin exactement, d’une prostration et d’une impossibilité de bouger qui est la suite de séances trop fortes de travail dans lesquelles je me suis forcé.
Le remède serait 4 ou 5 jours d’absence de Paris et j’ai beaucoup de soins à prendre qui m’en empêchent »… [Les peintures du cycle du Poème de l’âme de Louis JANMOT (1814-1892) figureront à l’Exposition universelle de 1855.]
500 - 700 €

180
DELACROIX Eugène (1798-1863).
L.A.S. « Eug. Delacroix », Champrosay ce 28 [automne 1862 ?, à Étienne-François HARO] ; 2 pages in-8 (lég. mouill.).
Au sujet des collections Campana et Ravaisson [La collection archéologique du marquis romain Giampietro Campana fut acquise par la France le 11 mai 1861, et la collection de 120 moulages de statues antiques appartenant au philosophe et archéologue Félix Ravaisson avait été composée par celui-ci dans le but de former un nouveau musée. Ces deux collections furent exposées à partir du 1er mai 1862 au palais de l’Industrie dans ce qui devint le musée Napoléon III, mais l’existence et l’autonomie de ce musée ayant suscité une violente polémique, il fut réuni finalement au Louvre le 15 août 1863.]
« J ’arrive dans ce moment de mon voyage, et je trouve votre lettre et les convocations pour les deux séances qui ont eu lieu au sujet du musée Campana. On m’avait assuré que cette affaire ne serait pas soumise à l’Académie avant le milieu de novembre, et dans cette confiance, comme vous voyez si mal placée, j’avais négligé de me faire adresser les convocations. J’ai beaucoup de chagrin de cette omission : vous savez que j’avais fort à cœur la conservation du musée : je conserve l’espoir que l’Institut n’a pas encore pris sa détermination et vais de suite écrire à M. Beulé [Ernest Beulé, secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts] une lettre dans laquelle j’exprimerai tous mes sentiments dans cette circonstance. Si effectivement l’académie ne s’est pas encore prononcée, ma lettre pourra témoigner plus vivement que ma présence ne l’eût fait peut-être, de tout l’intérêt que les artistes prennent à cette question. Je dirai aussi quelque chose relativement à la collection de Mr Ravaisson que je trouve admirable »
600 - 800 €


182
182
DUFY Raoul (1877-1953).
181
DERAIN André (1880-1954).
DESSIN original ; 27 x 25,5 cm.
Plume et encre de Chine.
Deux femmes en buste, conversant.
Cachet Atelier André Derain en bas à droite.
700 - 800 €


183
183
DUFY Raoul (1877-1953).
L.A.S. « Raoul Dufy », Barjols 1er août 1914, à Fernand FLEURET ; 1 page et demie in-4 à en-tête du Grand Café de l’Univers, Barjols
Belle lettre juste avant le début de la Grande Guerre Il est installé à Barjols « pays perdu au milieu des monts de l’Argens. Pays doux mitigé de Provence et d’Alpe. Soleil ardent ombre fraîche. Il y a dans ce village une petite place et une fontaine qui m’ont retenu. Je n’ai d’ailleurs pas commencé à travailler tellement cet atmosphère de guerre est horrible. Les nouvelles qui parviennent ici sont très en retard et de plus en plus mauvaises. Quand nous avons quitté Paris rien ne nous faisait prévoir un tel état. C’est seulement pendant que nous faisions la très jolie découverte du Rhône de Lyon à Avignon par le bateau que les premières nouvelles alarmantes sont parvenues et depuis nous avons voyagé à l’aventure par diligences automobiles et autres pour parvenir à ce charmant endroit de Barjols. Peut-être serait prudent de regagner Paris peut-être le retour est-il imprudent, car je [n’ai] aucune confiance dans la tenue de la population parisienne je crains que les vieilles bêtises ne recommencent »… Il ajoute qu’il est « convenu que le tirage de Friperies commencerait à notre rentrée ».
500 - 700 €
L.A.S. « Raoul Dufy », Paris 20 janvier 1919, à Luc-Albert MOREAU ; 1 page in-4 à en-tête Bibliothèque et Musée de la Guerre
« De tout cœur je vous envoie mes compliments et la satisfaction que j’ai personnellement de voir une croix bien placée et si bien méritée. Puisse-t-elle avec l’amitié de tous vos vieux camarades de la Guerre et de la Paix vous faire oublier les années de misère qui viennent de se terminer. Apollon vous donnera à présent les faveurs que vous n’avez plus à recevoir de Mars »…
400 - 500 €

184
DUNOYER DE SEGONZAC André (1884-1974) et DORNY Thérèse (1891-1976) .
5 L.A.S. par les deux, 1936-1940, à Francis et Éliane CARCO ; chacun sur une page in-fol. à large bordure dentelée et ornée d’un ruban rose et d’une vignette chromolithographiée. Charmantes lettres de vœux sur papier décoré du peintre et de sa compagne
[La comédienne Thérèse Dorny fut longtemps la fidèle compagne du peintre ; ils se marièrent en 1964.]
Ces lettres de vœux, sur de jolis papiers décorés, disent l’affection d’André et Thérèse à leurs amis Francis et Éliane Carco ; deux sont écrites de Saint-Tropez.
500 - 700 €
185
ENSOR James (1860-1949).
L.A.S. « James Ensor », Ostende 4 juin 1926, au Professeur Dr W. BREDT à la Neue Pinakothek de Munich ; 1 page in-4. Il autorise bien volontiers son correspondant à reproduire à titre gracieux « en photogravure mon eau-forte “Volupté”, sans doute La Luxure (car aucune de mes eaux fortes porte le titre “Volupté”) dans votre bel ouvrage, Livre des tentations , qui sera orné de quatre-vingt photogravures d’après les œuvres des plus grands maîtres anciens et modernes. Très touché de votre marque de sympathie pour mon art » … En P.S , il demande si l’eau-forte en question « appartient à la série des “Péchés capitaux” », car il tient à savoir exactement de laquelle il s’agit ; et de lui « expliquer le sujet avant de publier l’eau-forte dans votre beau livre »…
500 - 700 €

185




186
ERNST Max (1891-1976).
L.A.S. « Max », Saint-Martin d’Ardèche 5 septembre 1939, à Joë BOUSQUET ; 1 page et demie in-4.
Lettre inquiète, au début de la seconde guerre mondiale Il a bien reçu ses livres, « peut-être le dernier événement heureux avant longtemps, car qui sait quand le “ Passeur ” si attendu, pourtant, suivra (ou paraîtra même ?) »… Sujet allemand, Ernst est assigné à séjour dans un « Centre de Rassemblement pour les Étrangers » en Ardèche, dès vendredi prochain : « Je ne sais pas ce qui m’y attend »… Il demande à son ami d’user de son influence pour lui éviter cet internement, et d’écrire au chef de ce Centre « en faisant valoir que tu es commandant de la Légion d’Honneur, que tu réponds de mes sentiments loyaux et amicaux envers la France ». Il aimerait au mieux obtenir la permission de retourner à Saint-Martin-d’Ardèche, « où nous avons une maison et des terres, et de m’y rendre utile dans le sens que les autorités civiles décideront (les vendanges sont proches et la main-d’œuvre y manquera) »…
800 - 1 000 €
187
ERNST Max (1891-1976).
L.A.S. « Max Ernst », St. Martin d’Ardèche 25 décembre 1939, à une « Bien chère amie » ; 1 page et demie in-4.
Sur son séjour en Ardèche, après avoir été libéré du camp des Milles « Une des premières choses à laquelle je tiens en sortant de mon four à briques, c’est de vous remercier de tout mon cœur de votre extrême gentilles, de votre dévouement amical, qui m’ont bien aidé à supporter la vie en cage, et qui étaient pour beaucoup dans le résultat enfin, enfin obtenu. Je vais écrir aussi à Monsieur Laugier, dont la signature a eu des effets quasi magiques !
Je suis donc rentré à St. Martin, où, à la place d’un batiment mi-ruine, mi-chantier, j’ai eu la surprise de trouver une maison confortable, terminée et respirant par tous les détails la personalité que vous connaissez.
Je tiens encore à vous dire que j’ai été très touché par la gentillesse avec laquelle vous avez accueilli Léonora [CARRINGTON] dans ses démarches.
Ce qui m’attriste un peu, c’est d’avoir laissé là-bas mon ami BELLMER dans un état assez lamentable de désespoir. Mais j’ai l’impression que son cas est plus facile que le mien (il est “apatride”), et qu’il suffirait pour lui d’avoir quelques certificats de loyalisme avec signatures importantes »…
800 - 1 000 €

188
ERNST Max (1891-1976).
L.A.S. « Max », Reno 7 octobre [1946 ?], à Bernard REISS ; 2 pages petit in-4 (trous de classeur en haut de page) ; en anglais.
À son ami conseiller financier, au sujet de son divorce avec Peggy GUGGENHEIM qui cause des difficultés : depuis leur séparation, elle a changé son nom légal. Il faut lui faire comprendre que le nom figurant sur l’acte de divorce doit être le même que sur l’acte de mariage : « Even a feather brain should understand that, shouldn’t she ? ». De plus elle refuse de prendre un avocat, sur le conseil de Reiss, dit-elle. Elle devrait être représentée par un avocat, mais s’obstine à ne pas comprendre ; sans doute craint-elle la dépense : « Probably her famous fear to spend a little money is involved in that matter »… Il prie Reiss de lui expliquer qu’il ne lui en coûterait pas plus de 50 $, si elle accepte l’avocat proposé par l’avocat d’Ernst. Si elle ne peut s’en acquitter, il propose de l’aider à payer, etc.
500 - 700 €

189 GAUGUIN Paul (1848-1903).
L.A.S. « Paul Gauguin »), [Tahiti] Juillet [1901], à Ambroise VOLLARD ; 1 page in-4 (encadrée avec la reproduction d’un portrait de Gauguin).
Lettre de Tahiti au sujet de la vente de son grand tableau D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?
[Charles MORICE (1860-1919), ami de Gauguin et l’éditeur de Noa-Noa dans La Revue blanche , a eu l’idée, avec des artistes comme Degas ou Redon, des écrivains comme Jean Dolent, et des amateurs, de former un comité qui achèterait le grand tableau de Gauguin pour l’offrir au Musée du Luxembourg. Ce projet n’aboutit pas, et Gauguin quitta Tahiti pour les îles Marquises où il mourut deux ans plus tard. Cette grande toile, que Gauguin avait envoyée en 1898 à Georges-Daniel de Monfreid, se trouve à présent au Musée des Beaux-Arts de Boston, qui en fit l’acquisition en 1936.]
Gauguin avait bien reçu les 350 F que Vollard lui a envoyés ; mais le dernier navire « n’avait rien de vous juste au moment où j’avais le plus besoin de fonds pour partir aux Marquises. Espérons que le prochain comblera la lacune ».
Il a reçu une lettre de Charles MORICE « qui me dit qu’il a formé un comité d’amateurs pour acheter ma grande toile pour l’offrir au Luxembourg. Je lui écris que s’il y a nécessité il peut retirer la toile de chez vous pour la confier à Monsieur Jean Dolent . De celui-ci il n’y a rien à craindre. Si cette affaire réussit, en outre de l’argent qu’elle me rapporterait, elle aurait dans l’avenir très proche une très grande importance ; pour vous aussi. Vous auriez sur la vente de mes tableaux un très grand appui moral – le public est si bête. Veuillez donc faire tout votre possible pour faciliter cette affaire »…
8 000 - 10 000 € Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025


191
GREUZE Jean-Baptiste (1725-1805).
L.S. « Greuze », 17 germinal [VII] (6 avril 1799), au citoyen Tupinier, homme de loi à Tournus ; 1 page in-4, adresse, cachet cire rouge brisé.
« Quand est-ce que je ne m’occupperai plus que de la tendre amitié que j’ai pour vous ? Toujours importun je voudrois que vous terminiés les affaires de cette succession, je suis bien persuadé que vous avés fait toutes les diligences possible. Faites moi l’amitié de me faire part du resultat de vos operations afin de me tranquilliser. Je sais que vous avés fait des avances qui vous doivent rentrer, je ne peux vous exprimer combien j’ai à cœur que cette maison soit vendue puisque c’est sur son produit que je pourrai payer ce qui vous est du et que mon cher compatriote j’ai extremement besoin d’argent. Ne tardé pas à me faire reponse si vos affaires vous le permettent »…
1 000 - 1 500 €
190
GLEIZES Albert (1881-1953).
MANUSCRITS et notes autographes, avec 3 croquis et correspondance ; 20 et 11 pages in-8 et in-4, quelques à son adresse à Saint-Rémy.
Manuscrits, ébauches et notes sur la peinture et le cubisme Sommaire d’Homocentrisme ou le retour de l’Homme (publié en 1937) ; notes sur l’histoire de la peinture ; Directions et translations , dans les différents arts, avec un croquis ; L’art mural, La Terre et les Artistes ; extrait d’une conférence « faite à l’Université de Londres – Courtauld Institute of art – le 5 juin 1934 – sur la Peinture Moderne », etc.
Correspondance. 2 L.A.S., [New York] 15 novembre [1918], à son beau-père Jules Roche, sur son retour en France ; à Laurent Monnier (Serrières mars 1929), au sujet d’un panneau qu’il souhaiterait « voisin de Delaunay, Léger et Lhote. Mais pourquoi pas aussi un Picasso de la Bonne Époque, un Braque aussi et un Metzinger d’avant guerre ou de 1922 ? Il faudrait un ensemble complet »… Plus 4 brouillons de lettres autogr., Saint-Rémy (1943-1947), critiques des livres de Louis Hautecœur Littérature et Peinture en France du XVII e au XXe siècle , et de Bernard Dorival sur la peinture contemporaine ; sur ses problèmes de ravitaillement et sur le compte-rendu de son livre Life and Death of the Christian West (1947) par une revue londonienne, dont il n’est pas satisfait ; et une L.A.S. (1934) pour une exposition.
1 000 - 1 500 €

192
GREUZE Jean-Baptiste (1725-1805).
L.S. « Greuze », 20 germinal (9 ou 10 avril), au citoyen Tupinier, à Tournus ; 1 page in-4, adresse, traces de cachet cire rouge.
Il s’inquiète de sa santé, n’ayant pas reçu de réponse à sa lettre d’il y a un mois. « Faite moi le plaisir de m’ecrire le plutot possible, l’amitie que j’ai pour vous est trop allarmée, pour que je ne sois pas impatiens. Je ne vous recommande pas le procès que j’ai avec ma cousinne Commerçon, je sais que vous avés bien voulu vous en charger, je ne vous en parle, que parce qu’elle vient de m’envoier une assignation pour m’indiquer l’epoque ou nous serons jugés, le premier floréal »…
1 000 - 1 500 €


193
HARDOUIN-MANSART Jules (1646-1708).
P.S. « Mansart » avec apostille autographe, 12 septembre 1700 ; 1 page in-fol.
Mémoire d’ouvrages d’architecture
« Pour chacune toise superficielle de saillies d’architecture de liais tant aux faces exterieures, quinterieures aux ouvrages dans lesquelles elles ne sont point comprises et dont la pierre a esté comptée dans le prix des murs » : 45 livres. Et « Pour chacune toise superficielle de saillies d’architecture de pierre de bomban, tant aux faces exterieures qu’interieures aux ouvrages dans lesquelles elles ne sont point comprises et dont la pierre a esté comptée dans le prix des murs » :16 livres.
Au bas, Mansart a écritde sa main et signé : « Il faut faire ce marche conformement à ce qui est marque sy dessus comme chosse reglee et arete le 12 septambre 1700 Mansart » 800 - 1 000 €
194
INGRES Jean-Dominique (1780-1867).
L.A.S. « Ingres », Florence 28 septembre 1821, à Jules RAMEY « statuaire » à Paris ; 2 pages in-4, adresse.
Belle lettre lors de son séjour à Florence à son ami sculpteur [Ingres était parti vivre à Florence en 1820, logeant d’abord chez son ami le sculpteur Lorenzo BARTOLINI (1777-1850), avant d’avoir son propre appartement avec sa femme. Jules RAMEY (1796-1852), fils du sculpteur Claude RAMEY (1754-1838), avait remporté le grand prix de Rome de sculpture en 1815.] Ingres prie son ami d’excuser son retard à répondre à son aimable lettre, reçue avec plaisir et reconnaissance : « Ma femme et nos bons amis y ont pris la même part, mais ce qui nous a affligés a été de vous savoir encore souffrant de votre main, un bon artiste qui n’a pas ses mains est bien à plaindre, et quoiqu’elles ne soient que les obeissantes de la tette, toujours, il les faut. Nous pensons et désirons que dans ce moment vous êtes parfaitement guéri, rien n’est au dessus des soins paternels et vous êtes si bien partagé de ce côté que tout le monde peut envier votre sort même avec la main malade, et je m’empresse de vous prier de faire agréer à Monsieur votre père toute l’expression de mon souvenir respectueux et attaché je me rappelle toujours avec un nouveau plaisir le temps où il m’honorait de sa bienveillante amitié. Moi, et aussi M r BARTOLINI, nous y pensons souvent, et j’ose la réclamer encore pour tous deux. Celui cy est bien sensible à votre bon souvenir. Il est aussi fier que sensible de la bonne opinion que vous avez de lui et d’une manière aussi généreuse. D’autant plus […] que bien peu d’autres agissent ainci, mais ceux là sont les véritables ».
Ingres ne doute pas que les « excellentes œuvres » de Ramey ne soient bien appréciées et lui valent « des éloges et des profits bien mérités, j’apprendrai vos succès avec un infini plaisir, puissent ils être apréciés de tous ; chose presqu’impossible aujourd’hui , si cela n’est pas consolons nous en avec Horace qui dit si bien à cette occasion, “que me fait qu’un tel ou un tel me critiquent, pourvu que je puisse plaire seulement à Virgile à Varius &c &c »….. Ingres est sensible au bon souvenir du « brave et bon CORTOT » et de LETHIÈRE : « Leur bon désir pour moi renouvelle bien sensiblement l’extrême désir d’aller à Paris ce quil n’est pas impossible que je ne puisse exécuter peut être cette année cy »… Il espère alors que Ramey pourra lui « preter quelques heures à Paris pour vous offrir un petit gage d’amitié et de souvenir »... En post-scriptum, il charge Ramey de transmettre une lettre à leur ami MICHALLON qui doit être arrivé à Paris : « Il m’a fait à Florence des offres si obligeantes pour des détails sur le costume de mon Louis XIII que je le ai acceptées de bon cœur »…
1 500 - 2 000 €

195
KLIMT Gustav (1862-1918).
Carte postale a.s. « Gustav », [Kammer am Attersee]
Juillet 1909, à sa mère Anna KLIMT à Sieghartskirchen ; au verso d’une carte illustrée en couleurs ( Nussdorf am Attersee) avec adresse et timbre ; en allemand.
Souhaits affectueux à sa mère : « Die besten Wünsche und Grüsse »… 1 000 - 1 200 €


197
LA FRESNAYE Roger de (1885-1925).
L.A.S. « R de la Fresnaye, Jeudi soir [vers 1911-1912], à « cher enfant » [son cousin Georges de MIRÉ ?] ; 3 pages et demie in-8.
Très belle lettre illustrée de trois petits dessins, sur les débuts du cubisme
« Gentille, à la vérité, était, cher enfant, ta lettre, et comme moi aussi je suis gentil, je ne demande pas mieux que de t’écrire bien vite ; et je le fais à la brasserie du Coq [dessin d’un coq] sur la place du Trocadéro [dessin du palais du Trocadéro] avec devant moi, un petit verre [dessin d’un verre sur une table de bistrot]de chartreuse jaune »...
Il raconte une soirée chez Charlotte GARDELLE (peintre, 18791953), qui « s’est prolongée jusqu’à 6 h. du matin ; j’ai goûté à l’opium (à autre chose aussi, et même je le préfère de beaucoup) et j’ai bu d’un thé extraordinaire que rapportent de Chine les officiers de marine, et qui sent les fleurs. Charlotte est une femme aimable, belle et parfumée. J’avais un vif plaisir à la serrer sur un cœur qui ne cessait pas cependant d’appartenir à la gentille amie que tu connais, et je commence à croire que la polygamie est naturelle à l’homme. Il y a un an, une telle idée m’eût révolté. Maintenant je ne sais trop si le mariage même me l’enlèverait ». Puis il évoque une « grande conjuration […] tout le monde démissionne du monument Rousseau [Douanier ROUSSEAU] et laisse DELAUNAY seul, sur l’ordre de LE FAUCONNIER, qui dévoile les machinations ignobles, les combinaisons illicites. Moi je m’en fous, mais je serai bien obligé de démissionner aussi, d’autant que Delaunay m’est bien antipathique. Hier et aujourd’hui j’ai travaillé un peu à mon tableau de l’artillerie, et cela commence à aller [La Fresnaye peignit deux versions successives de L’Artillerie , en 1911 et 1912, toutes deux dans le style cubiste]. Ce soir j’ai vu en passant chez KAHNWEILER, une nature morte de PICASSO que j’ai trouvée fort bien, vraiment très jolie, quoiqu’on ne voie pas du tout ce que ça représente. Mais c’est très bien fait, très bien peint, très fini. »…
800 - 1 000 €
LAMI Eugène (1800-1890).
70 L.A.S. « Eug. Lami » ou « Eugène », Paris, Londres, etc., 1823-1857, à Charles SAUVAGEOT ; environ 80 pages, la plupart in-8, nombreuses adresses, cachets de cire rouge.
Correspondance amicale au fameux collectionneur
Charles SAUVAGEOT (1781-1860), fonctionnaire des Douanes, violoniste et collectionneur, que Lami appelle son « cher docteur », ou son « bon petit docteur », a servi de modèle au Cousin Pons de Balzac.
Nombreuses invitations à dîner ou à des parties de campagne avec son frère Ernest Lami de Nozan, pour visiter son atelier, y voir ses tableaux et prendre le thé où il réunit des amis (notamment en compagnie du portrait de Mademoiselle Clairon). Une lettre d’une écriture appliquée et contrefaite vante à « Son Altesse Royale Monseigneur Sauvageot » les mérites de la lithographie, « une découverte qui mérite les plus grands encouragements de la part de Votre Altesse puisque l’on peut tirer d’un seul dessin 30,000 exemplaires sans que la planche soit altérée et qu’un peintre peut se passer d’un graveur »…Il veut lui présenter un ami : « il est fort amateur d’art, des trésors du moyen âge et n’est pas éloigné de la pornographie. Voilà bien des titres pour un bon accueil de votre part ». Il se fait l’écho de la vie parisienne, de ses spectacles : le ballet Giselle , l’opéra Don Juan de Mozart, avec la Sontag, Le Vétéran, La Reine de Chypre , les chevaux du cirque Franconi ; et de la vie mondaine : bals chez Duponchel ou la baronne Sellières pour lesquels il demande à Sauvageot de lui prêter « un joli poignard car ma grande diable d’épée gêne tout le monde et relève tous les cotillons ». Il lui emprunte aussi des livres, lui fait livrer un tapis turc, et cultive son goût pour les antiquités. En 1838, il visite les châteaux de la Loire, dont Chambord, « cet immense palais qui s’écroule petit à petit » et dont il rapporte des lithographies.
De 1848 à 1851, il est en exil en Angleterre, où il a suivi la famille d’Orléans : « Nous vivotons ici avec Al. Dedreux, Gavarni, Montfort, &c. en vrais français que nous sommes nous avons grand peine à nous faire à l’ennui et à la monotonie de ce pays-ci » (16 avril 1848). Il invite Sauvageot à venir voir les trésors de l’abbaye de Westminster. En 1853, il ouvre son nouvel atelier et demande au collectionneur de lui prêter son portrait d’Henriquel. En janvier 1854, il est à Nice pour porter à Anatole DEMIDOFF un ouvrage sur lequel il travaille depuis 3 ans [il s’agit de son tableau Bal de l’Opéra ], puis se rend à Florence pour des travaux dans sa villa ; il en profite pour visiter l’Italie du Nord, malgré la chaleur et le choléra, et est ébloui par « la richesse des monuments »… Etc.
On joint une L.A.S., d’Arthur de Nozan, neveu de Lami, à Sauvageot, le remerciant pour l’envoi de son portrait (1852) et une lettre de femme..
1 000 - 1 200 €



198
LAURENCIN Marie (1883-1956).
L.A.S. « Votre Marie », [Paris] « 1 rue Savorgnan de Brazza » [années 1930], à une amie ; 2 pages in-8.
« Ma chère amie, Contente que Jacqueline aille mieux. Mais je m’ennuie de ne pas vous voir. Ici rien – on travaille pour P. Rosenberg – curieuse du résultat ! à tous points de vue ! Jacques Heim m’a demandé un petit article pour sa revue – en échange – robe. C’est toujours ça. Quel dommage que vous ne soyez pas là pour m’aider à choisir. Valentine T. [TESSIER] grosse opération elle va bien – mais commence à avoir des soucis. L’autre soir j’ai rencontré Thérèse DORNY à un dîner. Elle m’a dit n’avoir pas d’engagement depuis un an. L’autre soir j’ai manqué un dîner chez Jean GIRAUDOUX avec les Jean-Louis Vaudoyer et MarieLouise Bousquet. J’ai dû aller chez des inconnus la maîtresse de maison avait un diamant de 4 millions au doigt. Son mari trouvant qu’elle se sentait emportée d’un côté en achetait un autre pour faire pendant. Il y a encore des gens riches ! Réjouissons-nous »... Elle fait suivre sa signature d’une arabesque tracée à la plume.
600 - 800 €
199
LAURENCIN Marie (1883-1956).
L.A.S. « Marie Laurencin », Paris [1946], à la poétesse GEORGE- DAY ; 1 page in-8.
« Chère chère George-Day. Quand vous voudrez, quand vous pourrez. – Mais je suis bien contente de votre nomination [comme secrétaire générale de la Société des gens de lettres]. On a moins travaillé avec cette grosse neige. Comme c’était triste. Ce matin + 9 – on ressuscite ».. Sous sa signature, dessin à la plume d’une arabesque.
400 - 500 €

200
LHOTE André (1885-1962).
L.A.S. « André Lhote » avec Dessin , [fin 1937 ?], à Paul CHADOURNE ; 1 page oblong in-4 (légères marques de plis).
Belle lettre de vœux illustrée
« Je vous envoie mes vœux les plus affectueux pour 1938 avec l’expression de ma gratitude »…
Un grand dessin à la plume d’une femme nue assise occupe toute la page.
500 - 700 €
201
LHOTE André (1885-1962).
Manuscrit autographe signé « André Lhote » avec DESSIN ; 1 page in-fol.
Beau texte sur l’Art, avec dessin
« Le principal intérêt de l’œuvre d’art réside dans la distance que l’artiste a su mettre entre l’objet et sa représentation »… Etc.
Au bas de la page, dessin à la plume d’une femme nue allongée.
500 - 700 €




203
MANESSIER Alfred (1911-1993).
24 L.A.S. « Alfred Manessier », « Manessier » ou « Alfred », 1946-1989, à l’abbé Maurice MOREL ; 44 pages in-4 ou in-8, quelques enveloppes.
Belle et importante correspondance sur ses travaux 15 mai 1946 , au sujet d’un carton pour M. Dodane : ses hésitations, puis le choix d’une Annonciation… 3 juillet 1947, au sujet d’une tapisserie à Aubusson, et ses doutes… 1948 , trois belles lettres au sujet de ses vitraux pour l’église des Bréseux : acceptation du projet, et son désir de glorifier Dieu « dans le verre et le plomb » ; le choix d’un verrier, puis le résultat : « j’ai été aux larmes de voir l’autel et tout le chœur se colorer et s’animer de feux très doux, très harmonieux »… 17 mars 1949 , préparation d’une exposition chez Jeanne Bucher… Chaleureuse recommandation de B E r THOLE pour le concours de la jeune peinture… 20 mai 1949 , sur sa vie difficile avec une usine de tôlerie à côté de chez lui ; sur ses nouveaux vitraux pour les Bréseux, malgré l’opposition de l’archevêque de Besançon… 14 juin , longue lettre expliquant les raisons de sa démission de l’Art Sacré, malgré l’action du R.P. r ÉGAMEY, surtout par l’opposition entre deux esthétiques, « celle dite d’Art Sacré », et « l’esthétique de la vie vivante »… Juillet-août 1951, émouvantes lettres sur la perte d’un enfant à la naissance… 12 novembre 1962 , longue lettre sur ses hésitations de chrétien à travailler sur le Galilée de BRECHT au T.N.P., et les bons conseils de son directeur de conscience le P. Avril… Etc. On joint 1 photographie de Manessier avec un enfant (23,5 x 26,5 cm) ; et un brouillon de lettre de l’abbé Morel à Manessier.
1 000 - 1 500 €
PROVENANCE
Abbé Maurice MOREL (vente 14 décembre 2005, n° 91).
202
MAGRITTE René (1898-1967).
L.A.S. « René Magritte », Lundi [27 mars 1961], à son ami André BOSMANS ; 1 page in-8.
À propos de la revue Rhétorique . Il renvoie « la parfaite copie du Rappel à l’ordre ». Un accord ayant été conclu avec Picqueray, il n’est plus nécessaire d’indiquer ce titre d’éditeur responsable. Il recopie la réponse qu’il a donnée au journal La Lanterne au sujet des élections : « Je crains que les suffrages du Belge moyen ne manifestent suffisamment de niaiserie pour qu’il soit possible d’en attendre un peu d’intelligence »...
500 - 600 €
202 B
MAGRITTE René (1898-1967).
L.A.S. « M. », Samedi, à André DERACHE ; 1 page in-8.
Il donne l’adresse de Camille Famière pour un versement d’espèces en France. Il fera aussitôt la gouache. « Pour l’original des F du M [Fleurs du Mal], je vous ferais prix marchand c à d 15 000 »…
400 - 500 €


204
MANET Édouard (1832-1883).
L.A.S. « Edouard Manet », Lundi [12 septembre 1870], à Emmanuel GONZALÈS ; 1 page in8.
Quelques jours avant le siège de Paris, au père de son élève Éva Gonzalès « Ma femme ma mère et Léon [KOELLA] sont partis jeudi dernier pour Oloron-S te Marie Basses Pyrennées. J’ai ouvert la lettre de Mad lle Eva et lui ai répondu »...
600 - 800 €
205
MARC Franz (1880-1916).
L.A.S. « F.M. », [ Munich mars 1911], à sa compagne Maria FRANCK ; 1 page et demie in-4 à son adresse München Thersienstrasse 12 ; en allemand.
À sa compagne Maria Franck (1876-1955) concernant une convocation au tribunal.
[Franz Marc avait rencontré Maria Franck en 1905 ; sa première épouse Marie Schnür, dont Marc avait divorcé en 1908, avait tenté de saboter son mariage avec Maria Franck en l’accusant d’adultère.]
Les papiers sont arrivés. Il a été convoqué pour le 4 avril. Il est pressé, devant se rendre à une réunion de la société [Neue Künstlervereinigung München]. Retour à Sindelsdorf dans la soirée. Il est content que la convocation soit enfin arrivée et que tout semble marcher…
[Franz Marc et Maria Franck furent convoqués devant le tribunal de district de Munich le 4 avril 1911. Ils ne purent se marier qu’en 1913.]
1 000 - 1 200 €
MATISSE Henri (1869-1954).
L.A.S « H. Matisse »., 4 avril 1950, à Mme FERRY (directrice des Bibliothèques de Nice) ; 2 pages oblong in-8.
Il la félicite pour son exposition, et la prie de « permettre aux étudiants sans moyens étudiants d’art dont les frais sont énormes, de voir cette exposition si distinguée gratuitement », notamment les étudiants des Arts décoratifs de Nice, et le groupe des peintres de Vence et de Cagnes. Il fait cette demande « comme président d’honneur de votre société UMAM, citoyen d’honneur de Nice et bienfaiteur de votre bibliothèque »… 400 - 500 €
207
MATISSE Henri (1869-1954).
L.A.S. « H. Matisse », Vence 9 août 1944, [à Henry de MONTHERLANT] ; 3 pages et quart in-8.
À propos de sa femme et de sa fille, Marguerite Duthuit, arrêtées par la Gestapo en avril 1944 pour faits de résistance « Cher ami, fringuant cavalier ! Gobineau est gentil, vous aussi, je ne puis constituer le trio car pour moi : “Il y a le travail, puis rien”. J’ai simplifié. Vous y viendrez aussi ; peut-être comme Victor Hugo irez-vous cogner la nuit à la porte de votre bonne à laquelle vous répondrez : “C’est le vieux lion !” (chronique familiale). Enfin rigole qui peut en ce moment. Il y en a aussi qui dorment peu et ont des réveils pas gais. Rire quand on en a envie n’est rien, c’est mieux de rire lorsqu’on n’en a pas envie, dit Dickens dans Copperfield , je crois ». Puis il en vient aux nouvelles des siens : « Ma femme a été condamnée à 6 mois de prison signifiées le 1er juin. Comme elle y est depuis 25 avril, qu’elle est souffrante et a 72 ans, on espère qu’elle sortira bientôt ! Ma fille est à Rennes, depuis 4 mois, seulement il y a 15 jours, une dame de la + R., qui s’occupe d’elle, l’a écrit. – Pauvre femme. Dans quel état doit-elle être. Je me suis renseigné à Nice pour savoir où elle peut être en ce moment, car vous savez que Rennes… C’est la + R. Suisse qui peut le savoir car elle va faire les 2 camps. Pouvez-vous me rendre le grand service le très grand service de demander à Madame Micheli [déléguée de la CroixRouge Suisse en France] de s’en occuper »… Il donne l’adresse de la prison de sa fille, à la prison départementale de Rennes. Il a bien reçu le premier exemplaire de Fils de personne… « Je me relève d’une touche au foie qui m’a mis au lit 3 semaines. La Radio annonce ce matin une tentative de débarquement possible dans notre région qui est en effet assez bombardée tous ces jours-ci. À notre tour, et voilà Je ne bouge pas, tant pis »…
1 500 - 2 000 €
208 Henri MATISSE (1869-1954).
L.A.S. « H. Matisse », [Paris] « 132 Bd Montparnasse » 11 novembre 1946, à Mme Mary HUTCHINSON ; 2 pages in-4, enveloppe.
Au sujet de la projection à Londres du petit film que François C AM p EA ux a réalisé sur Matisse [tourné pendant l’hiver 19451946, d’abord à Paris puis à Nice, avec un commentaire de Jean Cassou.]. Campeaux, qui a été chargé par le ministère des Affaires étrangères de filmer Matisse, lui a confirmé que la projection aura lieu le 4 décembre au Hammers Theater à Londres, suivi, « pour augmenter l’intérêt de la présentation », du film Le Voile bleu avec Gaby MO r LAY en vedette. Il prie sa correspondante de lui envoyer une liste d’invités…
On joint un télégramme à la même, 19 novembre 1946 : « Ai obtenu confirmation séance mondaine […] Vous prie indiquer noms personnalités officielles »…
500 - 700 €




209
MATISSE Henri (1869-1954).
L.A.S. « H. Matisse », [Nice] 29 juin 1950, à Nana WINDING, « la belle-sœur de Claude Renoir », à Cagnes-sur-Mer ; 1 page in-4, enveloppe.
« Je n’ai pas de toiles en ce moment ayant une grande exposition à Paris à la M on de la Pensée française. Venez me voir tout de même mardi »…
On joint une petite P.A.S. : « Matisse 132 Bd Mtparnasse » (1 p. in-12).
300 - 400 €




210
MILLET Jean-François (1814-1875).
L.A.S. « J.F. Millet », Barbizon 24 janvier 1869, à un amateur ; 2 pages et demie in-8.
Il travaille au tableau de son correspondant… « Pour des raisons qu’il n’est pas besoin que je vous dise, j’ai été forcé de m’éloigner de chez moi à plusieurs reprises depuis le jour où j’ai eu le plaisir & l’honneur de vous voir ce qui m’a singulièrement retardé dans mon travail. Votre tableau n’est donc point encore tout-à-fait en état de vous être envoyé. Je me suis vu forcé d’en râcler diverses parties qui se trouvaient trop empâtées & tout naturellement ce sont des choses à refaire. Je travaille activement à ce tableau, & dès que ce sera possible, je vous l’enverrai. Vous ne voudriez pas, je l’imagine, que je hâte mon travail seulement pour cette raison que vous l’auriez plutôt, mais que vous aimeriez mieux l’attendre encore un peu pour l’avoir aussi bon que mes forces & ma bonne volonté pourront vous le donner. Je voudrais que ce tableau ne soit déshonorant ni pour vous ni pour moi »…
800 - 1 000 €
211
MIRÓ Joan (1893-1983).
L.A.S. « Miró », Palma de Mallorca 7 février 1960 ; 1 page in-4 à son adresse Son Abrines – Calamajor – Palma de Mallorca ; en français.
Il a dû « quitter Paris avant le vernissage de l’exposition chez CORDIER à cause d’une forte grippe. En rentrant chez moi j’ai été contraint de me soigner pendant un certain temps, ce qui a considérablement retardé mes travaux en cours. Je ne pense pas qu’il me soit guère possible de me rendre à Paris, contre ce que j’avais projetté, avant le printemps. Vous pourriez donc me faire parvenir les listes, en m’expliquant avec précision comment faut-il les numéroter »…
400 - 500 €
212
MONDRIAN Piet (1872-1944).
L.A.S. « Piet Mondrian », [Paris] « 26 rue du Départ » 4 juillet 1935, à Alfred H. BARR Jr ; 1 page in-12, adresse au dos (Carte pneumatique) ; en français.
« En vous remerciant de votre lettre je vous fais savoir qu’il me sera agréable de vous voir chez moi demain à l’heure que vous m’avez indiquée »…
500 - 700 €


213
MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 1er novembre 1889, à Edmond BAZIRE ; 2 pages in-8.
Au sujet de l’Olympia de Manet Monet organise « une souscription que nous faisons entre amis et admirateurs de MANET pour acheter son Olympia et l’offrir au Louvre. C’est un bel hommage à rendre à la mémoire de l’ami et du grand artiste et c’est en même temps une façon discrète de venir en aide à sa veuve à laquelle ce beau tableau appartient.
J’ai pensé que vous seriez heureux de vous joindre à nous et de prendre part à cette manifestation »…
2 000 - 2 500 €
PROVENANCE
Ancienne collection Pierre LÉVY (vente Troyes 2 février 2007, n° 23).
214
MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 7 février 1892, à M. HAMMAN ; 3 pages in-8.
Il le remercie de l’envoi de la traduction d’un journal américain : « il m’a très amusé cet article, car vous me connaissez assez je pense pour savoir combien peu les attaques de ce genre ont peu de prise sur moi, d’autant que dans le cas actuel la manœuvre est visible et par trop cousue de fil blanc. Cependant comme cet article est très transparent et que M r KNOEDLER peut en avoir été personnellement affecté (ceci me vient en réfléchissant à ce que vous m’avez dit de certains tableaux rendus par M r Palmer) », il prie Hamman de se renseigner au sujet de ces deux tableaux rendus, et s’il y avait La promenade des enfants au soleil , « je n’hésiterais pas à le lui reprendre au prix qu’il me l’a payé, au cas surtout où il aurait un peu de honte à le montrer »… Il ajoute qu’il sera le lendemain à Rouen, à l’Hôtel d’Angleterre…
Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Rouen 26 février 1892, à Gustave GEFFROY ; 2 pages in-8 (bords effrangés, feuillets habilement restaurés), enveloppe.
Sur son travail sur la Cathédrale de Rouen, et l’exposition de ses Peupliers
« Je suis enfin remis et en plein travail depuis 3 jours, travail colossal que vouloir peindre la Cathédrale m’y voilà embarqué il faut que j’y arrive ; malheureusement il me faut encore interrompre ce travail. Lundi j’ouvre ma petite exposition des peupliers chez Durand-Ruel 15 toiles. J’arriverai dimanche dans la soirée à Paris, accrochage lundi matin, ouverture après déjeuner et départ pour Rouen le lendemain matin donc ». Il aimerait dîner ou déjeuner lundi avec Geffroy et Rollinat…
1 500 - 2 000 €
216
MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Pourville « lundi pour mardi 9 » [février 1897], à sa femme Alice MONET, « ma bonne chérie » ; 4 pages in-8, sur papier à en-tête de Giverny
Belle lettre sur son travail à Pourville
« Toujours du mauvais temps et cependant je n’ai pas trop à me plaindre de la journée puisque j’ai pu travailler à deux toiles commencées avant mon voyage à Paris mais c’est tout ce que j’ai pu faire, le matin temps incertain du brouillard et tout était si mouillé que ce n’était plus reconnaissable, et ce sera de même demain ou pire car il pleut que c’est à croire le déluge. Dans ce cas j’aurai recours à la cabine, mais là ce n’est jamais que du barbouillage et surtout pour m’occuper et me désennuyer »…
Il s’inquiète de la famille : Jean, Suzanne, Jacques… « Moi je vais très bien je mouche fortement mais je crois que c’est aussi de chaleur, car il fait très doux et ne me couvre que pour ne pas être traversé et bien m’en prend, ce soir encore en rentrant j’ai écopé d’une jolie averse. Tout doit pousser à vue d’œil dans le jardin […] Bonsoir ma chérie voilà 8 h ½ je vais rentrer dans ma niche et dormir avec l’espoir que l’eau du ciel va enfin tarir et me laisser travailler »…
2 500 - 3 000 €


1 500 - 2 000 €

217 MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 5 avril 1899, à François DEPEAUX ; 5 pages et quart à l’encre violette sur papier deuil à l’adresse Giverny par Vernon
Longue lettre à propos de la succession de Sisley [Alfred SISLEY est mort le 29 janvier ; il avait recommandé à Monet de s’occuper de ses deux enfants. Avec l’aide du grand collectionneur de Rouen François DEPEAUX (1853-1920), Monet va lancer une souscription pour acheter un tableau de Sisley et l’offrir au Musée du Luxembourg, et également organiser une vente (œuvres de Sisley, et œuvres offertes par ses amis) pour venir en aide aux enfants du peintre ; vente qui aura lieu le 1er mai à la galerie Georges Petit.] Il regrette que Depeaux, ni MM. Viau et Tavernier n’aient pu venir avec lui à Moret, « ce qui m’a rendu la tâche plus difficile mademoiselle Jeanne ayant une tendance très prononcée à ne choisir pour la vente que les toiles qu’elle aime le moins, et à garder les meilleurs et les plus importantes. J’ai été aussi énergique que j’ai pu mais il est certain qu’à plusieurs nous eussions été plus forts, car c’est dans l’intérêt de leur père comme du leur que cette vente soit un succès, et plus il y aura de choses et des meilleures de Sisley, mieux ce sera pour sa mémoire. Aussitôt parti de Moret j’ai senti que je n’avais pas été assez énergique bien qu’il soit pénible d’enlever à ses pauvres enfants ces œuvres qu’ils ont vu naître. Notre devoir est d’agir au mieux pour la mémoire de notre ami et pour l’intérêt de ses enfants. Bref, j’ai commencé par le choix du tableau à offrir au Luxembourg. Il n’y avait du reste pas d’hésitation possible du moment que le n° 25 coteau de S t Nicaise était mis en dehors (pour vous m’a dit M elle Sisley). J’ai donc choisi le n° 30 Canal du Loing (été de S t Martin) [Musée d’Orsay] mais persiste quand à moi à regretter l’autre de beaucoup. Le coteau S t Nicaise ayant été pour le Luxembourg, l’été de S Martin pouvait faire un beau prix je crois à la vente. Après cela nous avons choisi pour la vente 5 églises sur 9 – 7 marines – 10 paysages, soit 22 toiles sur 41. Ma conviction est qu’on aurait pu mettre davantage, étant donné que nous faisons appel à la générosité des confrères, il me semble délicat de faire des réserves si importantes. Il reste actuellement 17 toiles et quantité de pastels esquisses etc. Cela me semble abusif alors de demander aux autres […] On joindrait quelques croquis au pastel mais en dehors de 2 ou 3 n’ai pu faire un choix définitif, les meilleurs ayant été mis de côté pour vous ». Il a également choisi les toiles à reproduire… « En dehors de cela les dons pour la vente marchent à merveille, presque tout le monde répond chaleureusement et avec intérêt pour les enfants »…
2 500 - 3 000 €
218
MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 27 avril 1899, à François DEPEAUX ; 3 pages et demie in-8 à l’encre violette sur papier deuil à l’adresse Giverny par Vernon (léger manque dans la bordure noire).
Au sujet de la succession de Sisley
[Alfred SISLEY est mort le 29 janvier ; il avait recommandé à Monet de s’occuper de ses deux enfants. Avec l’aide du grand collectionneur de Rouen François DEPEAUX (1853-1920), Monet va lancer une souscription pour acheter un tableau de Sisley et l’offrir au Musée du Luxembourg, et également organiser une vente (œuvres de Sisley, et œuvres offertes par ses amis) pour venir en aide aux enfants du peintre ; vente qui aura lieu le 1er mai à la galerie Georges Petit.] Monet a regretté l’absence de Depeaux à la réunion chez Viau, « car voilà la vente qui approche et il y avait bien des résolutions à prendre, et pour ma part je m’apperçois qu’il n’est pas toujours facile tout en faisant pour le mieux de contenter tout le monde, ainsi pour le tableau du Luxembourg, que j’ai choisi seul, je vois que j’ai pris là une grosse responsabilité. Plusieurs des amis de Sisley, tout en le trouvant très bien regrettent les coteaux de St Nicaise et c’est aussi mon avis. Puis voilà que le directeur des beaux-arts [Henry ROUJON] qui a su que j’avais choisi le tableau, l’accepte d’autant mieux qu’ayant été chargé elle s’attend à avoir le plus beau des Sisley, et déjà on a été surpris en voyant l’été de la St Martin qu’il soit si peu fait. Enfin j’ai cependant j’ai fait de mon mieux, et je commence même à en avoir assez ». Il espère bien voir Depeaux chez Petit samedi et lundi car « c’est ce jour là qu’il faudra donner de votre personne, il y a tant de ventes à sensation en ce moment qu’il ne faut pas que celle qui nous intéresse le plus soit étouffée ». Il a écrit à Arsène Alexandre et à Geffroy pour avoir « quelques bonnes lignes »… 1 500 - 2 000 €

219
MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude », Giverny 24 février 1902, à SA FEMME Alice MONET ; 3 pages in-8 à l’adresse Giverny par Vernon
Il a une journée très remplie : « l’eau de vie à rentrer à la cave, soutirer le vin etc. Marthe ayant dû rester chez elle pour mettre sa nouvelle bonne au courant, puis le frotteur et le rangement de l’atelier, sans compter le courrier compliqué pour Cagnes ». Il a déjeuné avec Anna, et J.P. [Jean-Pierrre Hoschedé] doit lui « télégraphier si la voiture est prête ; dans ce cas, je partirai demain matin pour revenir aussitôt déjeuner en auto ». Quant à Germaine, Decouchy insiste pour qu’elle reste dans le Midi, et essaie de faire venir Monet et Alice, ce que Monet refuse ; mais Decouchy veut « la garder encore et nous forcer à venir ». Il espère « que la convalescence de Jacques se présentera bien, qu’une fois levé avec des précautions et de la prudence cela ira comme sur des roulettes et enfin nous pourrons être réunis ce qui ne sera pas trop tôt. Je t’embrasse comme je t’aime »…
1 500 - 1 800 €



220 MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 11 janvier 1909, à Gustave GEFFROY ; 3 pages in-8 à l’adresse Giverny par Vernon Eure , enveloppe timbrée.
Il s’excuse de le remercier si tard des « délicieuses pintades, » mais ils ont été malades, surtout sa « pauvre femme » qui « a eu trois violentes attaques du foi [sic] et a horriblement souffert […] on a peur d’une nouvelle crise. Quand à moi j’ai été pris de vertiges mais suis bien à présent et j’en profite pour vous remercier car j’ai pu gouter à votre envoi dont tout le monde s’est régalé, sauf ma pauvre malade ». Il aimerait avoir « l’adresse pour en faire venir quand elle sera mieux »… Il espère la visite de Geffroy…
1 000 - 1 200 €
221
MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 12 avril 1909 ; 1 page et demie in-8 à l’encre violette à son adresse Giverny par Vernon Eure
Il rentre de voyage et pourrait recevoir son correspondant « le samedi 24 ct de 1 h à 4 h. Jusque là il me serait impossible de vous fixer un rendez-vous »…
500 - 600 €



222
MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 12 octobre 1912, à son beau-fils
Jean-Pierre HOSCHEDÉ ; 4 pages in-8 à l’encre violette sur papier deuil à l’adresse Giverny par Vernon Eure
Lettre très triste de Monet, portant le deuil de sa femme dont on va vendre les biens [La mort de sa femme (19 mai 1911) a laissé Monet désemparé et en proie à de gros soucis. Jacques Hoschedé, très hostile à l’égard de Monet, a réclamé la liquidation de la succession de sa mère et sa part des biens propres à Alice ; ce qui va aboutir à la vente publique des biens d’Alice, cruelle épreuve pour Monet, heureusement soutenu par les autres enfants d’Alice.] Il apprend que la vente est remise au 27, ce qui va laisser un peu de temps, « et vous permettre de moins vous presser. J’en suis heureux mais pour vous seulement tant je voudrais que ces jours pénibles soient passés ». Il le remercie ainsi que Geneviève de lui avoir souvent écrit et regrette de ne pas leur avoir répondu régulièrement, ayant « à chaque instant des lettres plus ou moins amusantes à faire lettres d’affaires aux Andelys et ailleurs ». Il parle du temps : « nuits froides et journées de soleil sans nuages, qui seraient délicieuses sans la tristesse que j’ai au cœur, et le découragement de voir ma vie finir si mal hélas et sans espoir possible maintenant ». Il attend Germaine [Hoschedé-Salerou] qui chaque jour remet son retour… « Je crains bien quelqu’anicroche avec la vente […], tu seras bien gentil de ne pas arriver ici au dernier moment., la vente ayant lieu le 27. L’exposition est pour la veille mais nous aurons bien à faire et à nous entendre. […] que de soucis que d’ennuis en plus de la douleur mais je compte sur toi, n’est-ce-pas »… Et il ajoute : « L’avoué de Jacques m’informe que son client est très mécontent de ces remises ».
2 000 - 2 500 €

223
MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet »,Giverny 17 juillet 1916, à une demoiselle ; 2 pages et demie au crayon-encre, en-tête Giverny par Vernon Eure
Il la recevra avec plaisir, « ainsi que la comtesse MURAT le 22 juillet. Ma fille et moi sommes aux regrets de ne pouvoir accepter votre aimable invitation à déjeuner, mais je suis pris par le travail jusqu’à 1 h re et ne puis m’absenter. À samedi donc […] vous verrez que malgré les angoisses de cette terrible guerre, je n’ai pas perdu mon temps »…
1 000 - 1 500 €
224
MONET Claude (1840-1926).
L.A.S. « Claude Monet », Giverny 12 mai 1925, à André BARBIER ; 1 page in-8 à l’encre bleue à en-tête Giverny par Vernon, Eure .
Sur ses lunettes après son opération de la cataracte Il va faire déposer « chez Meyrowitz les deux dernières lunettes de Zeiss. Vous pourrez y passer. Un deuil cruel m’empêche de vous recevoir pour l’instant »… [Il s’agit de sa belle-fille Marthe H OSCHEDÉ ,, fille de sa femme Alice, qui avait épousé en 1900 le peintre américain Théodore BUTLER ; elle était morte le 9 mai.]
1 000 - 1 500 €
2 25
[MONET Claude (1840-1926).]
GEFFROY Gustave (1855-1926).
18 L.A.S. « Gustave Geffroy », 1919-1925, à Claude MONET ; 31 pages in-8 ou in-12, 15 à en-tête de la Manufacture Nationale des Gobelins
Élaboration de son livre sur Monet : Claude Monet, sa vie, son œuvre (G. Crès, 1922).
1919 10 décembre . « J’ai accepté d’écrire sur vous & votre œuvre, un volume, et même deux, dans la collection Bernheim, et je dois faire appel à vos souvenirs. Me prêteriez-vous vos collections d’articles, de lettres ? »…
1920 12 juillet , il explique les motifs qui l’ont amené à renoncer au projet de livre pour la maison Bernheim… – 20 octobre , il espère aller le voir, s’il trouve un ami à automobile…
1921 15 février. Il vient de relire les centaines de lettres qu’il a reçues de Monet depuis 1883 et il ressent une grande émotion devant « les preuves d’une amitié si fidèle, si affectueuse, si tendre. Oui, j’ai eu en vous un ami précieux, et je voudrais que vous en pensiez un peu autant de moi »… – 25 février, il demande ses souvenirs de la Brasserie des Martyrs : « Qui y avez-vous

particulièrement connu ? Courbet, Baudelaire, Pelloquet, Daudet, Du Boys, Rolland, Charles Bataille, etc. ? » Questions aussi sur ses rencontres avec Boudin, Jongkind, Courbet… – 6 mars , projet de visite à Giverny avec Paul Léon, peut-être le ministre Léon Bérard, et si cela ne dérange pas Monet, avec son éditeur Crès… – 10 mars , rendez-vous le dimanche 13 avec Bérard et Léon… – 19 mars , il lui conseille de mettre ses Nymphéas non pas aux Gobelins, mais dans la Salle des Tuileries, « au cœur même de Paris »… – 11 juin , il fait rapporter les documents que Monet a prêtés par deux amis, Achille Astre, et Charles Léger, « apôtre de Courbet », priant Monet de leur montrer ses ateliers, sa collection, et le bassin des nymphéas : « Ce sera un souvenir pour toute leur existence, et ils sont dignes de le ressentir et de le conserver »… – 19 septembre . Mme Mirbeau demande qu’il signe une pétition au Conseil municipal de Paris… « Crès est-il retourné vous voir avec son photographe ? A-t-il photographié votre portrait par Renoir ? ». – 23 septembre , il a terminé son Claude Monet , mais non le roman commencé l’an dernier : « j’ai été littéralement assailli par les affaires de l’Académie Goncourt, avec quelques sales injures en complément », ainsi que des défections, notamment de Frantz Jourdain, Ajalbert, Descaves… – 25 octobre , il a le projet de venir avec Léon Marotte prendre quelques photographies pour compléter son livre… – 29 octobre La santé de sa sœur l’empêche d’accompagner Marotte… – 3 novembre . Il prie Monet de se prononcer sur les reproductions en couleurs, sur épreuve ; il donnera une courte liste de toiles à Marotte : « C’est un artiste consciencieux qui sera le premier à vous dire ce qu’il peut et ce qu’il ne peut pas »… – 5 novembre « Avant mon entrée aux Gobelins, vous aviez envie de faire un tapis de nymphéas. Pourquoi ne le feriez-vous pas, lorsque, toutes vos visites reçues, vous vous remettrez à la peinture ? Vous seriez le maître des dimensions, et vous me diriez les conditions de votre travail »… – 11 novembre : « Ne m’écrivez plus. Cela vous rend de trop mauvaise humeur de lutter avec votre encrier et votre porteplume. Reprenez vos couleurs et vos brosses, et faites-moi un bassin de nymphéas »… Il va lui rendre les documents utilisés pour son Claude Monet : « N’en avez-vous pas d’autres ? Lettres de Courbet, Manet, Mirbeau Mallarmé, etc. ? Pouvez-vous me dire aussi la date exacte de votre mariage »… ( MONET a noté en marge au crayon : « 28 juin 1870 ».) Il l’exhorte à accepter la Salle des Tuileries pour les Nymphéas , non seulement pour lui, mais « pour tout le mouvement auquel vous avez si bien participé et que vous avez dirigé par votre œuvre. Vous devez cela à votre temps, à vos compagnons, aux idées que vous avez servies »… 1925 12 août . Il déjeune à Kervillaouen : « ce qui n’a pas changé, c’est votre mer, c’est votre côte sauvage, à jamais fixées par votre génie pictural, – et ce qui n’a pas changé non plus, c’est ma tendre amitié scellée ici en 1886 »…
On joint 2 L.A.S. [à CLEMENCEAu ], Paris 2 et 6 avril 1922, à propos d’une préface pour son Claude Monet ; Clemenceau n’ayant pu faire cette préface, Geffroy lui dédie le livre.
2 000 - 2 500 €
PROVENANCE
Archives Claude MONET ; Michel MONET ; son petit-fil Michel CORNEBOIS (vente Arcurial, 13 décembre 2006, n° 128.

226
[MONET Claude]. BERNHEIM Jeune Josse (1870-1941).
2 L.S. « Josse Bernheim Jeune » et « Bernheim Jeune », 19191920, à Claude MONET ; 3 pages et demie in4, à en-tête Bernheim Jeune et C ie , Experts près la Cour d’appel , la 2 e dactyl.
7 mars 1919 . Il est peiné de savoir Monet si déprimé : « Vous êtes si vaillant encore, que tant de jeunes envieraient votre belle santé et vous vous laissez envahir par de sombres pensées ! Mon cher Maître, je crois que vous vous isolez un peu trop et qu’un séjour d’une huitaine à Paris, au milieu de vos amis qui vous aiment tant, dissiperait vos petits ennuis ». Il donne des ordres pour un virement de 25.000 fr. sur son compte à Vernon, et le rassure au sujet de l’achat de confitures… 10 décembre 1920 . Liste avec prix des « douze tableaux que nous vous avons achetés, de compte à demi avec MM. D ur AND- ru EL », pour un total de 330.000 francs : Waterloo Bridge ; Waterloo Bridge, nuit tombante ; La Baie des anges, vue du Cap d’Antibes ; Étretat ; Au Cap Martin ; Palmiers à Bordighera ; La Tamise, soleil dans le brouillard ; et cinq tableaux de Nymphéas à 25.000 et 30.000 fr
300 - 400 €
PROVENANCE
Archives Claude MONET ; Michel MONET ; son petit-fil Michel CORNEBOIS (vente Arcurial, 13 décembre 2006, n° 11).
227
MONET Édouard.
L.A.S., Paris 23 décembre 1922, à Claude MONET ; 2 pages in-4.
Belle lettre sur les Nymphéas
Ce cousin de Monet le remercie pour l’inoubliable journée et pour l’œuvre incomparable qu’il leur sera donné d’admirer aux Tuileries. « J’avais espéré, avec ferveur [...] que vous nous proposeriez de la voir : mais je voulais aussi vous voir devant elle, et vous avez réalisé ce désir ardent : j’aurais voulu fixer en heures la minute où vous êtes venu nous rejoindre dans l’atelier : [...] j’ai vécu là un instant inoubliable [...] Lorsque le Jardin d’Eaux sera à l’Orangerie, l’Orangerie sera devenue un peu mon temple : vous ne savez pas le bien inouï que font des chefs-d’œuvre comme celui-là, lorsqu’après la vie terne et forcée de grande ville, le découragement, le désespoir, on vient se recueillir là et tout oublier : non, je ne regrette pas de l’avoir vue un peu dans l’ombre : elle était fantastique, ainsi, et se terminait comme se termine le dernier chapitre de Geffroy : et puis, œuvre de lumière, elle fait partie de la lumière : est-ce que celle-ci ne se perd pas chaque soir dans les taches du crépuscule ? Et bien, j’ai vu le crépuscule : et je retournerai la voir plus tard en pleine lumière [...] je ne suis pas peintre, mais il me semble – puisque la musique est un peu mon domaine, – que j’ai retrouvé en vous, en votre œuvre entière, ces ondes mouvantes de lumière et d’ombres que Richard WAGNE r – mon Dieu – a si magistralement reproduits dans ses œuvres »...
700 - 800 €

NIEDERHAUSEN RODO Auguste de (1863-1913).
L.A.S. « A. de Niederhausen-Rodo », Kunst Museum de Berne 7 novembre 1898, à Geneviève MALLARMÉ ; 2 pages in-4, enveloppe.
Au sujet de son monument à Verlaine [La lettre est écrite deux mois après la mort de MALLARMÉ (9 septembre 1898). La souscription pour le monument de VERLAINE fut lancée au lendemain de la mort du poète en 1896 par son éditeur Léon Vanier, et la statue commandée à Niederhausen qui avait réalisé un buste de Verlaine ; Mallarmé présidait le comité. Le monument ne sera inauguré que le 28 mai 1911, dans le jardin du Luxembourg.]
Il rappelle avoir écrit de Bâle à Mallarmé, « votre regretté père, il y a environ deux mois », en lui relatant « en détail tout ce que j’avais fait, touchant le monument Verlaine, j’avais joint à cette lettre une liste de souscriptions non payées, et une dette Cazals-Clerget endossée par moi. À cette époque, j’avais remis au Mercure de France une photographie de l’ensemble de mon œuvre à l’intention de Monsieur votre père », qu’Alfred Vallette devait lui porter… « Et puisque je puis avec plaisir vous dire que j’ai réussi en Suisse, je viens de pouvoir envoyer sur mes économies une première somme pour la continuation de l’œuvre entreprise, œuvre que je mènerai à bien tout seul si de nouvelles souscriptions n’arrivent, car le travail que j’ai entrepris représente une somme de 20 000 frs et nous n’avions trouvé que le quart de la somme ». Il l’interroge également au sujet du Chap Book, et prie Geneviève de se mettre en rapport avec le Mercure de France… « je sais que le comité doit se réunir pour remplacer notre très regretté Président. […] ce n’est pas à moi, le sculpteur, qui ne fait pas partie du comité de convoquer qui que ce soit, […] ce soin appartient à Monsieur Vallette, par exemple, ou à Monsieur Cazals qui est secrétaire de ce dit Comité »…
On joint le brouillon autographe de réponse de Geneviève MALLARMÉ (1 page et demie in-8). Elle est avec sa mère à Valvins, « encore malades toutes deux. […] Toutes les lettres reçues cet été par père ont été brûlées depuis notre deuil, j’ignore donc la teneur de celle que vous avez écrite [...] Tout ce dont je crois me souvenir, sans l’affirmer, pourtant c’est qu’après le reçu de cette lettre, mon père avait écrit à M. Cazals. Nulle souscription n’a eu lieu depuis à la maison [...] Quant au Chap Book il n’existe plus depuis cet été cette publication n’existe plus »…
600 - 800 €
229
[PICASSO Pablo (1881-1973)].
Photographie, 1954 ; tirage argentique, 9 x 13,5 cm.
Picasso tenant par la main son petit-fils Paul, dans un jardin.
Annotation au dos : « 5 mai 1954 Vallauris ».
300 - 400 €

230
PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S. « C. Pissarro », Paris 11 novembre 1887, à SA FEMME JULIE ; 7 pages et quart in-8 sur papier quadrillé.
Il va écrire au commissaire-priseur pour lui proposer un tableau, afin de solder son compte qui s’élève à une centaine de francs, mais il n’est pas certain qu’il accepte le marché… Il reproche à Julie d’accepter d’introduire dans la maison le domestique que Mlle Murer lui envoie en échange d’Eugénie, « un homme que nous ne connaissons pas », alors qu’elle est seule : « c’est un homme qui se grise […] et il faut tout mettre sous clefs – vraiment je ne suis pas du tout tranquil, et ne comprends pas tant d’imprudence. Attention aux enfant »…
Quant aux débuts de la carrière de son fils Georges, « cela ne marche pas comme par enchantement. Tout le possible est fait » ; on lui cherche une place dans une maison de sculpture, on visite plusieurs maisons « mais tous se plaignent des affaires. Portier a montré les dessins de Georges, on a trouvé qu’il avait beaucoup de facilité. – Quant à l’école de dessin je m’en occupe »… Ils sont allés au Louvre « voir des meubles anciens afin qu’il sache ce que cela est »…
La situation politique l’inquiète, tout est très difficile et se disloque, on s’attend à quelque chose de grave, le Président G r ÉVY va rencontrer bien des difficultés, « bref cela sent la révolution. Ce n’est pas fait pour encourager les affaires, et les industriels sont préoccupés de leurs difficultés et se moquent pas mal des apprentis. […] Lucien se porte très bien et travaille beaucoup […] il s’en tirera », mais il s’inquiète pour Georges, dont le logement est une infection, qu’il essaie de désinfecter... Il fait tout son possible pour Georges, et il répète : « je suis bien ennuyé de te voir seule avec un homme dans la maison, très ennuyé. Ton mari qui t’aime ». Et il ajoute : « Je te recommande de bien tenir le grand et le petit atelier bien fermé et ne pas laisser trainer nos lettres. – Je suis bien ennuyé. »
800 - 1 000 €




231
PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S. « C. Pissarro », Paris 19 mai 1891, à son fils Georges MANZANA- PISSARRO ; 2 pages et demie in-8.
Il a reçu les dessins pour Pouget qui lui semblent « bien mieux que le premier ». Il a aussi reçu les plaques, mais regrette qu’il n’ait pas trouvé les zincs Cours la Reine. Il est fâché qu’il ne lui ait envoyé ni épreuves ni plaque d’Une rue à Rouen (rue des Arpents) : « Je ne comprends pas comment tu arranges les choses ». La lettre de Lucien mentionne pourtant tout cela. Il lui demande de regarder « dans mes cartons si tu n’y trouves pas une épreuve […] C’est l’ép. d’artiste Une rue à Rouen rue des Arpents, Cuivre A . […] c’est ennuyeux, c’est une épreuve bien de vente ». Il l’avertit aussi qu’il fait mal les rouleaux pour la poste, qui lui arrivent froissés au bout, ainsi que les épreuves « bien froissées aussi, quant aux plaques c’est un miracle qu’ils n’aient pas été rayés »... Il lui envoie la dernière lettre de Lucien : « Je vais faire monter les gravures qu’il m’a envoyé et les faire voir à M r GALLIMA r D ». Il va aller chez Parenteau et espère pouvoir partir la semaine prochaine, car il est très contrarié par l’affreux mauvais temps qui le gêne pour faire ses courses et interrompt ses affaires : « vraiment voilà un printemps qui vaut l’hiver, on gèle, on se mouille et on s’embête ». Il le prie d’embrasser les petits « ainsi que ta mère » et signe « ton père aff. C. Pissarro ».
800 - 1 000 €
232
PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S. « C. Pissarro », Eragny 22 novembre 1892, à Georges LECOMTE ; 1 page in-8.
« J’écris à l’ami Tessier lui demandant de venir Dimanche prochain, cela vous convient-il ? Je voudrais bien vous montrer mes tableaux avant de les expédier à Durand [DURAND-RUEL]. Dites à LUCE de venir. J’ai reçu un mot de MIRBEAU, il pense que vous trouverez à vous caser au journal bientôt… …espérons ! »…
600 - 800 €
233
PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S. « C. Pissarro », Paris 111 rue S t Lazare 1er juin 1893, à SA FEMME JULIE ; 2 pages in-8.
Leur fils Lucien annonce son arrivée mardi soir, trop tard pour voir l’exposition MONET, qui, prolongée jusqu’au 4, sera donc fermée mercredi : « est-ce de l’indolence ou de l’indifférence, c’est fâcheux parce que j’aurais voulu voir cette exposition avec lui et me confirmer dans certaines idées pour mon travail, tu ne saurais croire combien je regrette ce contretemps »…
800 - 1 000 €


PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S. « C. Pissarro », « Rouen, Hôtel d’Angleterre », 6 octobre 1896, à Sa FEMME JULIE ; 2 pages petit in-8.
Inquiétudes au sujet de leurs fils Rodolphe et Lucien, qui sont à Londres
« Ma chère Julie Je voulais moi aussi partir, mais si tu peux assurer l’arrangement pour les deux gas, tu pourrais aller à Londres. Il faut que l’un de nous deux y aille, si j’y allais, il faudrait que l’on me garde ici ma chambre, ce serait peut-être scabreux. Dans tous les cas je pourrai aller à Eragny de temps en temps car cette maladie sera longue dit le Docteur ». Il est « fort inquiet » d’être sans nouvelle de Londres. « Si tu pars écris-moi de suite ou que Rodolphe m’écrive, il faut écrire ou télégraphier à Lucien d’aller au devant de toi. […] si tu te décides à partir il ne faut pas tarder, j’attendrai des nouvelles de Londres et je verrai à aller voir à Eragny comment cela se passe. Faisons pour le mieux »… 800 - 1 000 € 235




PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A. (brouillon), Paris 11 février 1897, à Mlle Marie ; 1 page in-8.
Contestation sur la vente d’un tableau « Chère demoiselle Marie Ce que j’ai écrit à votre frère à propos du tableau en discussion est absolument exacte, je vous crois très de bonne foi, mais je soupçonne MURER d’avoir embrouillé les cartes car vous mêmes vous êtes indécis sur la pocession de cette toile, cela se comprend, votre frère prétend l’avoir reçue pour parfaire la somme de 150 f !!... pour 50 f j’aurai hésité à faire un marché pareil, je tenais beaucoup a avoir cette esquisse qui devait me servir pour faire un grand tableau, non, ce qui est plus vrai et ce dont il me semble me souvenir c’est le pastel “le patissier enfournant” qui a servi à parfaire l’appoint... C’est plus logique ; ma femme et Lucien […] s’en souviennent très bien »…
500 - 700 €
236
PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A. (minute), Éragny par Gisors 2 septembre 1897, à son cher Jean ; 1 page et quart in-8
Il s’excuse auprès de son cher ami de n’avoir pas assisté à son mariage : « Vous avez dû apprendre combien nous avons été éprouvés […] avec la maladie de Lucien » [son fils]. Il ira un jour à Rouen leur serrer la main... Il lui demande un petit service :
« Un des amis de mon fils Lucien, Monsieur RICKETTS artiste et patron de la maison Macon et Ricketts éditeurs à Londres […] nous demande si vous ne pourriez pas recommander une maison qui voudrait se charger d’imprimer des cottons pour la reliure »…
400 - 500 €
237
PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S. « C. Pissarro », Paris 7 octobre 1897, à son fils Ludovic-Rodolphe PISSARRO ; 1 page in-8 à en-tête de l’Hôtel et Restaurant de Rome Garnier
« Mon cher Rodolphe Ta mère est arrivée ce matin, par conséquent j’ai changé mon jour de départ ce sera pour demain. Je prendrai le train de 11 h ½ qui arrive à 2 h. Ta mère viendra probablement par le train de 3.45. Vient avec la brouette »…
400 - 500 €
238
PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S. « C. Pissarro », Paris « 111 rue S t Lazare » 25 novembre 1898, à une dame ; 1 page in-8.
Il n’est « que pour deux ou trois jours à Paris. Je suis à l’Hôtel le matin entre 9 h et 10 h, bientôt je serai à même de recevoir votre fils ayant l’intention de passer l’hiver à Paris, je pourrai alors consacrer plus de temps à notre entretient »...
400 - 500 €



239
PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S., 18 novembre 1901, à P. CONTET ; 1 page in-8.
Commande à son marchand de couleurs
Il demande de lui envoyer des toiles dont il fait la liste : 4 de 30, de 15, de 8 et de 6, et 2 de 10 ; ainsi que des couleurs : « 12 blancs, 6 chromes », en précisant : « broyés mou convenablement, ceux que j’ai sont très durs » ; et « 1 rouleau papier à décalquer ». Il espère que Contet a touché les 1500 F.
800 - 1 000 €
240
PISSARRO Camille (1830-1903).
L.A.S. « C. Pissarro », Dieppe « Hôtel du Commerce » 10 juillet 1902, à SA FEMME JULIE ; 1 page et demie in-8.
Il donne des nouvelles de son fils Rodolphe qui est malade et a refusé de se rendre chez le médecin. « Ce n’est pas facile de faire ce qu’il faut avec un gaillard si drôlement bistourné. Il fait aujourd’hui un temps bien maussade et pas encourageant pour aller en excursion, […] je ne suis pas sorti, tellement il vente »…
500 - 700 €
241
PISSARRO Camille (1830-1903).
2 L.A. (brouillons), Eragny-Bazincourt 1900-1902 ; 1 page in-8 chaque.
5 novembre 1900, à M. Hayaschi [Tadasu HAYASHI (1850-1913), diplomate japonais]. « Je suis au regret de n’avoir pu profiter de votre aimable invitation à la fête donnée à l’occasion de l’Anniversaire du Mikado, obligé d’être à mon poste d’observation, je n’ai pu avoir votre carte à temps. Il parait que c’était admirable, cela ne m’étonne nullement et mon regret est d’autant plus cuisant »… 19 octobre 1902, au peintre William THORNLEY (1857-1935). « Je regrette infiniment ne pouvoir vous donner satisfaction ainsi qu’à Mons r Azoef, mon ami Teissier me fait l’acte de vente sans frais je le lui ai promis je manquerai à ma parole en agissant autrement »…
500 - 600 €
242
PISSARRO Camille (1830-1903).
3 L.A.S. « C.P. » et 3 L.A. (brouillons), 1892 et s.d. ; 5 pages et demie in-8 et 2 pages in-12.
Paris 3 février 1892 , à Octave MIRBEAU : « J’ai lu votre superbe article dans Paris, ne craignez-vous pas que ce ne soit plus beau que nature ? C’est égal je vous en remercie »… – Au député SYMIENS, au sujet de son rapport du budget de l’instruction publique : « Depuis plus de 40 ans que je m’occupe d’art c’est la première fois qu’un Député ose saper l’arche sacro sainte : l’officiel »… –À M. Kimpfen [Albert KAEMPFEN] : « Très occupé à des études urgentes et pressées je regrette infiniment de n’avoir pu user de la permission que vous avez bien voulu me donner de travailler aux peintres du Louvre »… – À M. Gaston [BERNHEIM ?] : « j’ai été fort ennuyé d’apprendre de divers côtés que vous cessiez toute relation d’affaires avec les impressionnistes et votre attitude envers moi et mon fils paraissait confirmer ces vagues rumeurs, j’espère comme vous me le dites que ce n’est qu’un moment de réaction, malheureusement je crains fort que cet arrêt n’ait des conséquences imprévues dans la marche de mes affaires »…
À Jos HESSEL. – « je vous ai proposé cette fois un dépôt fait à prix nets, vous ne l’acceptez pas, je reprends mes épreuves »…
– « j’avais renoncé à faire des expositions, Durand Ruel m’achetant à peu près tout ce que je produis, vous devez comprendre qu’avec cette facilité je n’ai aucun intérêt à mobiliser mes tableaux à l’étranger »…
1 000 - 1 200 €


243
REDON Odilon (1840-1916).
L.A.S. « Odilon Redon », 16 décembre 1904, à Francis JAMMES ; 4 pages in-12.
Belle lettre à son ami poète
Il aurait voulu le remercier « par l’envoi de ma binette, mais le photographe (c’est Ari [le fils de Redon]) met trop de lenteur à me fournir les épreuves ; mais si vous saviez le ciel gris que nous avons ici, et qui l’excuse. […] Quelle fleur analysez-vous ? Qui le dira ? Vous seul. Je voudrais la peindre.
J’ai placé votre profil sur la cheminée, j’écoute l’aveu des impressions qu’il donne à ceux qui ne vous connaissent que par la poésie. On vous voyait autre, c’est toujours ainsi. J’attends aujourd’hui une jeune fille, qu’en dira-t-elle. C’est vendredi, le jour où mes amis viennent, jour que j’aime. MALLARMÉ me disait “Redon, vous avez le jour maigre”.
Je viens de lire Tête d’or, L’ Échange . C’est réconfortant. Un livre dont je recommanderai la lecture aux vidés (il y en a ici). Quelle substance littéraire, mon cher ami. Pas possible, CLAUDEL mourra jeune. Ou bien il changera ; ce qui me paraît aussi impossible. J’aime bien cette admirable vue du dedans au dehors. Il opprime la nature entière de sa vision. Oh ! qu’il reste là-bas, il est digne de la solitude ». Il évoque la camaraderie entre Jammes, Gabriel Frizeau et Charles Lacoste, « ces trois camarades inséparables ». Il ajoute : « Nous vous enverrons, ces jours-ci la tête d’enfant , cette gravure qui a dû vous plaire ».
800 - 1 000 €
244
REDON Odilon (1840-1916).
L.A.S. « Odilon Redon », 17 mai 1882, à son cher HENNEQUIN ; 1 page in-8.
« Malgré mon vif désir d’essayer une illustration pour l’ouvrage de votre ami, je ne crois pas devoir demander le manuscrit qui est déposé à la Vie Moderne . Il serait irrégulier, ce me semble, de faire passer en mes mains ce manuscrit sans un avis direct de l’auteur à Goëtschy »…
400 - 500 €

245
RENOIR Auguste (1841-1919).
L.A.S. « Renoir », Dimanche soir [vers 1880 ?], à son ami Paul BÉRARD ; 1 page in-8.
« Je suis obligé de faire un portrait d’enfant demain et suite ; aussitôt que j’aurai terminé j’irai vous dire un petit bonjour à Wargemont. Tâchez de conserver d’ici là un peu de gibier. Vous devez en être rassasié mais moi j’aimerais bien m’en payer un peu. Je suis désolé de retarder mon voyage. Je m’étais apprêté pour ça, et je ne puis reculer ce portrait, à cause d’un tas de circonstances, que je vous raconterai. J’espère que vous êtes toujours en santé superbe »…
800 - 1 000 €
246
RENOIR Auguste (1841-1919).
L.A.S. « Renoir », Magagnosc 18 janvier 1901, [à son ami Paul BÉRARD] ; 1 page in-8.
Le colis est bien arrivé : « le lièvre avec la tête qui passait a fait l’admiration du tout Magagnosc, et moi je vais me régaler. Je suis enchanté que le colis de raisin vous ait fait plaisir ». L’année prochaine, il lui donnera l’adresse de sa marchande qui lui en enverra autant qu’il veut. Sa santé est médiocre, « malgré un temps extraordinairement beau. Mais voilà la fin de janvier les jours grandissent je vais peut-être me retaper enfin »…
600 - 800 €


247
RODIN Auguste (1840-1917).
L.A.S. « A. Rodin » au poète Jean DOLENT ; 1 page in-8 à son adresse 182, rue de l’Université
« J’admire depuis longtemps votre jeune fille. La grâce modeste est sa qualité je trouve heureux celui qui l’épouse. Je ne puis venir mais je suis du profond de mon cœur à vous »…
400 - 500 €
248
RODIN Auguste (1840-1917).
L.A.S. « A. Rodin », [Ixelles] 14 novembre 1871, au peintre Auguste DAEL, à Gand ; 1 page in-8, enveloppe.
Il accepte son offre de 150 francs « quoique je vous dirai que j’ai un peu hésité. Les Messageries Van Gend toucheront chez vous pour moi. J’écris à Gand pour que l’on mette à votre disposition les deux petits bustes »…
500 - 700 €
249
RODIN Auguste (1840-1917).
L.S. « Aug. Rodin », 30 janvier 1946, à SAINT-GEORGES DE BOUHÉLIER, directeur du Théâtre des Arts ; la lettre et l’enveloppe sont écrites par Rainer Marie RILKE ; 1 page in-8 à son adresse 182, Rue de l’Université , enveloppe.
Lettre écrite par Rainer Maria Rilke, alors secrétaire du sculpteur « empêché à son plus vif regret d’assister à la répétition du Théâtre des Arts, M. Rodin se hâte de vous rendre le billet, pour que vous pourriez encore en faire usage. M. Rodin vous remercie empressément de la grande attention dont vous venez de le distinguer si aimablement »…
800 - 1 000 €



RODIN Auguste (1840-1917).
L.A.S. « A. Rodin », 25 juin 1892, à Georges LECOMTE ; 1 page in-8 (photographie jointe).
« Je ne sais comment vous remercier de l’honneur que vous me faites d’envoyer votre livre sur les Impressionnistes [L’Art impressionniste d’après la collection privée de M. Durand-Rue l], et de vouloir bien me rendre fier par les quelques mots que vous avez cru mettre pour moi de votre main et l’étude que vous faites de mon basrelief [Jeune mère] »…
500 - 700 €



251
251
ROUAULT Georges (1871-1958).
L.A.S. « G. Rouault », Versailles, 36 rue de l’Orangerie, à un journaliste ; 2 pages in-4.
Très beau texte sur l’art
« Bien des artistes ont la douce et inoffensive prétention de croire à la survie de leurs œuvres », mais les techniques utilisées aujourd’hui sont moins durables qu’autrefois, et d’ailleurs « heureusement que certaines peintures disparaissent […] malheureusement aussi des œuvres délicieuses disparaitront », comme la fraîcheur d’une toile juste peinte… Rouault rappelle qu’il n’y a « aucun procédé qui ne soit vraiment durable ». Il revient sur les différents matériaux utilisés pour protéger l’œuvre ; huile, colle, bitume, vernis, etc. « L’idéal serait de ne pas employer de vernis que la peinture soit comme une fresque solide d’un beau mat profond puissant et très coloré […]. L’admirable métier de certains Flamands primitifs ou de Hollandais d’une technique magnifique ne correspond et ne répond pas à tout », même si DEGAS lui avait confié à leur propos : « “Nous peignons tous comme des cochons”, je n’y contredis point. CÉZANNE avait cette ambition de faire de l’impressionnisme […] un art durable comme l’art des musées, c’est dans cette voie qu’il faut aller ». Il rappelle qu’aucun de « ces deux solitaires qui ont aimé passionnément leur métier n’ont été rabaissés par les consécrations du monde […] quand tant de peinturiers ratés et d’obscurs comparses jouent du Chevalier au Commandeur, des Grands’Croix ou du Prince… pour racheter probablement l’absence ou le vide de leur création picturale »… Si son correspondant est intéressé, il le prie de publier ces lignes, mais intégralement . C’est l’occasion de prendre position sur « ce débat qui traine sur Les Princes de l’Art . D’aucuns diront que je rage et que je crève d’envie de l’être, laissons dire et réjouissons-nous et délectons-nous dans notre art […] avec la conscience en paix. L’amour de l’art c’est une rédemption continuelle ».
1 000 - 1 500 €
252

252
ROUAULT Georges (1871-1958).
MANUSCRIT autographe, Messieurs-peintres ou “grotesques” ; 2 pages in-4, au dos de poèmes dactylographiés. Brouillon avec ratures et corrections, d’un texte sur les tendances de la peinture : cubisme, fauvisme, et art pompier « La Terre est cube mais elle tourne si vite que Galilée cet entêté la croyait ronde. Ainsi Maître Kub enseignant aux petites fauvicules, fauves ou fauvettes la doctrine et tous ils jubilaient […] Le pauvre amoureux d’un art pieux, autant dire dangereux ne sait pas mettre la charrue avant les bœufs ». Les peintres, comme les gens d’église, n’en veulent qu’à sa bourse, disait Tante Héloïse, « les uns pour prétendre m’amuser, les autres pour m’édifier, moraliser, redresser »…Il redoute le retour des pompiers : il met ces paroles dans la bouche du Président des Éléphants blancs et des Noirs et Rouges : « Les pompiers, j’en ai eu assez, je ne veux pas étant maintenant de l’autre côté de la barricade – voir renaître cette race impie – cette race infernale »… On joint la dactylographie d’une lettre de Rouault au critique Waldemar George à la suite d’un article dans la Renaissance
800 - 1 000 €
ROUAULT Georges (1871-1958).
L.A.S. « Georges Rouault », 25 mars 1947, à un Président de tribunal ; 2 pages in-4.
Importante lettre après le procès contre les héritiers Vollard, sur le sort de ses œuvres après sa mort [Au terme du procès contre les héritiers d’Ambroise Vollard, qui avaient fait saisir des centaines d’œuvres dans l’atelier du peintre, Rouault avait obtenu, en juillet 1946, que lui soient restituées des centaines de toiles inachevées ; décision confirmée par un arrêt de la Cour d’Appel de Paris du 19 mars 1947, accordant au peintre la propriété de ses œuvres tant qu’il ne les a pas achevées et librement délivrées.]
Rouault remercie le Président « pour vos conclusions juridiques si lumineuses qu’il n’est besoin d’avance d’aucune explication pour que certains profanes puissent distinguer les points névralgiques qu’il était nécessaire de souligner et de solutionner définitivement. Permettez-moi de vous dire que depuis 1939 mort de feu Ambroise VOLLARD, bien que sentant ma cause juste, j’ai vécu avec certaine angoisse bien qu’au cœur toujours une fine pointe d’espérance. Je vois à la page 9 de cet arrêt : que le versement de l’indemnité ne saurait légitimer la détention des toiles que les défendeurs se sont indûment appropriées ni habiliter ces derniers à exposer publiquement et à mettre en circulation comme œuvres de Rouault soit du vivant, soit après la mort de l’artiste ses productions qu’il juge imparfaites et conserve le droit de ne pas avouer pour siennes ... Cette angoisse dont j’ai parlé plus haut venait non seulement du fait des événements et des malheurs visibles ou secrets actuels, mais aussi du fait à 76 ans d’une santé précaire et de l’idée d’une mort possible et de cette pensée lancinante et tenace “Que deviendront mes œuvres ?” Il sera fait peut être en anglais-français ? une plaquette résumant tous les débats et plaidoyers avec une introduction de M. Cassou et un petit portrait écrit de feu Ambroise Vollard par moi-même pas trop méchant pour le distinguer de ses héritiers ; je serai heureux de vous l’offrir avec une dédicace que je souhaite plus éloquente que cette lettre »... [Le 5 novembre 1948, ayant obtenu la restitution de ses tableaux, Rouault brûlera devant huissier 315 peintures inachevées.]
1 000 - 1 500 €



254
SIGNAC Paul (1863-1935).
L.A.S. « P. Signac », [1928], à Henri MARTINEAU ; 5 pages in-8 à l’encre bleue, à en-tête de la Société des Artistes Indépendants .
Belle lettre à l’éditeur des œuvres de Stendhal Il le remercie de son nouvel envoi : « Désormais, grâce à vous, j’aurai toujours un Stendhal dans ma poche – avec quel émoi j’attends Lamiel ! » Et il lui envoie « une petite aquarelle de Macon », pour illustrer un passage des Mémoires d’un touriste , qu’il cite. « La maison indiquée par ma flèche est celle où était l’auberge du Sauvage (et non du Bœuf Sauvage… précaution stendhalienne). Après enquête, sur place, je n’ai pu avoir de renseignements sur l’aventure de l’incendie » ; mais il rapporte les anecdotes piquantes qu’il a apprises sur la « renommée galante de Madame Delorme »… Et il conclut, à propos de l’incendie : « Le pauvre voyageur n’était pas dans sa chambre en feu, mais dans celle de l’hôtesse accueillante ».
1 000 - 1 200 €



255
TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864-1901).
L.A.S. « Votre vieux fils Henri », Villiers sur Morin [vers 1885 ?], à « Ma chère maman » ; 3 pages et demie in-12.
Il est venu se reposer chez son ami René GRENIER. « D’ici quinze jours je l’accompagnerai faire une courte station en Normandie et de là nous viendrons tous deux vous charmer de notre présence et de la fumée de nos pipes. J’ai eu un temps si variable à Paris que ma rousse est restée en plan et que je n’ai pas pu travailler autrement qu’à l’atelier. Aussi quel nez je faisais. Papa a été gentil quoique peu prodigue à mon égard ce qui fait que je suis à la tête d’un petit billet de cinquante francs pour tout potage, ayant payé à droite et à gauche des concierges etc. etc. J’espère qu’il sera plus sardanapalesque d’ici quelques jours sans ça je me fais expédier à Malromé en port dû ce qui serait assez piquant ».
Il évoque un dîner avec son oncle O. [Odon de Toulouse-Lautrec]…
800 - 1 000 €
256
TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864-1901).
L.A.S. « H. de Toulouse Lautrec », [août 1890], à un marchand de tableaux ; 2 pages oblong in-12.
Il a « oublié l’autre jour deux tableaux : l’un représentant une femme assise en rose de face un peu penchée en avant , l’autre une femme rousse assise par terre de dos nue. Ces deux tableaux étaient à l’exposition des XX à Bruxelles cette année. […] J’en demande 300 F de chacun ». Il donne son adresse « 27 rue Caulaincourt ». [Il s’agit probablement de La Liseuse et de La Toilette .] Correspondance (1992), n° 177.
1 200 - 1 500 €
257
TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864-1901).
L.A.S. « Your boy Henri », Taussat vendredi 11 [septembre 1890], à « Ma chère maman » ; 4 pages in-8 (petit deuil).
Il a reçu sa lettre de Biarritz, « commençant à être inquiet sur votre sort. N’auriez-vous pas reçu ma lettre à Lourdes décrivant la course de taureaux et datée de Taussat où je suis à port fixe, profitant des derniers beaux jours et bains de mer. – Mon plan serait d’aller à Biarritz deux jours avant votre départ et d’aller visiter les usines du Boucau, puis vous accompagner même au Bosc pour 8 jours. – Voyez et combinez. – Je partirais alors pour Paris. Je pense si vos prévisions se réalisent que cela aura lieu à la fin du mois. Sinon j’irais quand même à Biarritz, et de là à Paris directement, J’ai été faire pêcher mes oiseaux dans les étangs où ils ont été fort brillants. […] PRINCETEAU vient à Arcachon dimanche j’irai l’y voir »…. Correspondance (1992), n° 179.
TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864-1901).
L.A.S. « H. », Samedi [juin 1892], à « Ma chère Maman » ; 4 pages in-8 au crayon bleu.
« Je suis tellement abruti par le temps orageux depuis mon retour de Londres que j’ai dormi jour et nuit ce qui explique mon silence. Je suis réveillé depuis hier seulement et en profite pour vous écrire, au cas où cela ne durerait pas. – Je vous envoie mon portrait à bord sur le bateau de Douvres à Calais. C’est toujours un acompte »... Il évoque la vente par sa tante de la propriété de Respide, et leur homme d’affaires Jalabert : « Jalabert me fait l’effet du héron et du goujon. – Je voudrais une réponse nette pour savoir ce que je vais avoir à toucher, étant au bout de mon argent, et ayant bien le droit de savoir à quoi m’en tenir, puisque j’ai vécu 2 ans avec 1 an. […] Il faudra bien liquider à n’importe quel prix. Je suis ici indécis et ne sachant que faire – comptant aller à Taussat vers le 14 juillet, à moins que ma présence ne soit nécessaire ici, ayant une affaire en train »... Correspondance (1992), n° 227.
1 000 - 1 200 €
259
1 000 - 1 200 € 258
TOULOUSE-LAUTREC Henri de (1864-1901).
L.A.S. « H de Toulouse Lautrec », [1896 ?, au directeur du Théâtre-Libre] ; 1 page in-8.
« Si le Th. Libre a l’amabilité de me continuer le service qu’il ait l’obligeance de le remettre au porteur ou de l’envoyer 30 rue Fontaine »…
600 - 800 €



260
UTRILLO Maurice (1883-1955).
2 POÈMES autographes signés « Maurice Utrillo, V », 1923 et s.d., dédiés à Mme Nora KARS [femme du peintre Georges Kars] ; 2 pages in8, et 1 page petit in-4 au crayon gras.
Nogent-sur-Marne, 23 mai 1923 . Poème de trois quatrains destiné à une demoiselle :
« De ce pays charmant qu’arrose la Marne Rivière perfide et sur qui lors s’acharne
Cet esprit de gaîté primesautier français Sur qui pèse en vain le teutonique harnais »…
À Madame Kars . Poème de 6 vers avec ratures et corrections :
« Lors ! entre toutes fleurs, suaves, magnifiques, […] Vous présidez à table aimable, enchanteresse
Et de votre esprit tchèque émane amour, caresse ».
1 000 - 1 200 €

261
UTRILLO Maurice (1883-1955).
L.A.S. « Maurice, Utrillo, V », Saint-Bernard (Ain) 7 novembre 1925, à sa mère Suzanne VALADON ; 3 pages et demie in-8 (papier bruni ; encadrée avec la reproduction d’un tableau).
Belle lettre à sa mère
Il est heureux de la savoir en bonne santé, « que vos affaires vont bien, et enfin que vous avez été apporter des fleurs sur la tombe de la grand’mère chérie ». Il s’inquiète du déménagement. Il a reçu une carte de KARS, « représentant la fameuse scène du Christ, “Piéta”, elle est très bien, et il me dit qu’il a acheté à l’exposition des Arts Décoratifs des objets qui m’intéresseront sûrement. […] ici tout va bien, les animaux se portent à merveille, surtout Raminou. J’ai fini cet après-midi vers le soir, le tableau représentant le château de Saint-Lager-Brouilly, j’ai encore deux toiles qui sont assez fortement commencées. Les travaux de la maison s’avancent, la toiture est presque finie »… Il embrasse sa mère : « Ton fils qui t’adore »…
1 500 - 2 000 €
262
VAN DONGEN Kees (1877-1968).
L.A.S. « Van Dongen », Paris 21 avril 1920, à M. Maury au Havre ; 1 page in-4 à en-tête de la Villa Saïd avec gravure en vignette.
« Le dernier prix pour le tableau – Femme aux yeux noirs – une des deux petites toiles, est de 2500 frs soit 2250 francs nets pour moi »... Au bas de la lettre, notes et comptes de l’acheteur au crayon. Belle vignette estampée montrant un cavalier entre deux arbres.
400 - 500 €

Musique & Spectacle

263
BERLIOZ Hector (1803-1869).
L.A.S. « H. Berlioz », mercredi soir [13 décembre 1837], au peintre Jules ÉTEX ; 1 page in-4, adresse.
Après la création du Requiem (5 décembre 1837 aux Invalides). Il ne lui a pas encore répondu : « les courses relatives au payement de mes artistes, les comptes à régler, des diners, des travaux arriérés à reprendre, tout a semblé se réunir pour m’en empêcher ». Il espère pouvoir venir chez lui mardi. « Je vous remercie de vous occuper de ce portrait qui m’a toujours paru fort ressemblant et supérieurement dessiné »…
1 000 - 1 200 €
264
BERLIOZ Hector (1803-1869).
L.A.S. « Hector Berlioz », Paris 18 septembre 1853, [à Franz DINGELSTEDT ?] ; 2 pages et demie in-8.
Il serait « très heureux de pouvoir donner un concert dans les derniers dix jours d’octobre », et demande des renseignements ; il voudrait savoir : « 1° Ce que coutera l’orchestre du théâtre pour trois répétitions et le concert 2° Ce que coutera le chœur pour cinq répétitions 3° Ce que couteront les 3 chanteurs dont j’aurai besoin pour Faust […] dans le cas où je donnerais seulement les 2 premiers actes de cet ouvrage Et enfin ce que coutera la salle de l’Odeon que vous voulez bien mettre à ma disposition, et quelle recette on peut y faire avec des prix ordinaires »…
[Franz DINGELSTEDT (1814-1881), poète et metteur en scène, était l’intendant du théâtre royal de Munich.]
800 - 1 000 €



265 BERLIOZ Hector (1803-1869).
L.A.S. « Hector Berlioz », 2 janvier 1861, [à son fils Louis BERLIOZ] ; 4 pages in-8.
Longue et belle lettre à son fils sur ses œuvres et l’actualité musicale Il a été très tourmenté par un érysipèle à la joue qui l’a fait beaucoup souffrir. « J’ai eu des montagnes d’épreuves à corriger pour les Troyens, et je n’ai pas pu trouver un instant pour continuer ma partition de Béatrice [et Bénédict ] ». Il a dû aller pour le premier de l’an aux Tuileries « pour me montrer à l’Empereur qui se soucie aussi peu de moi que de mes ouvrages. Je ne sais pas comment sera pour la musique le nouveau ministre d’ État, nous allons voir. Il se passe en ce moment des choses si étranges dans notre monde de l ’art. On ne peut pas sortir à l’Opéra des études du Tanhæuser de WAGNER, on vient de donner à l’Opéra-Comique une infamie en trois actes [Barkouf ] d’OFFENBACH (encore un allemand) que protège Mr de Morny. Lis mon feuilleton qui paraîtra demain, sur cette horreur ».
Dans son dernier feuilleton, l’histoire des cantatrices chinoises était écrite en pensant à Mlle de La Pommeraye « qui au concert de Wieniavski a égorgé des scènes d’Orphée de la façon la plus révoltante. Jamais cuisinière ne chanta ainsi ! J’étais furieux. Et comme elle tournait autour de moi, après son exécution , pour me soutirer un compliment, j’étais bien décidé, si elle m’eût fait une question, à lui répondre : “Mademoiselle c’est horrible ! et vous devriez vous cacher !” Elle va être furieuse de n’être pas même nommée dans mon compte rendu »...
Il voudrait savoir quel est le titre de Louis, ses appointements, sa destination...
Il s’inquiète de la situation au Théâtre-Lyrique : « Rety ne pourra pas tenir ; je voudrais que Carvalho rentrât. Il sera au moins plus capable que ce pauvre Rety de mettre en scène les Troyens , dont les études, avec un directeur tel que Rety, me paraissent impossibles. Bénazet est ici ; il m’a engagé pour Bade ; je lui ai promis mon opéra en un acte [Béatrice et Bénédict] pour son nouveau Théâtre qu’on bâtit à Bade »... Correspondance générale , t. VIII, p. 496.
2 000 - 2 500 €
266 BERLIOZ Hector (1803-1869).
L.A.S., Jeudi matin 12 janvier [1865], à son « Cher ami » [Humbert FERRAND] ; 2 pages in-12.
« Je connaissais l ’article du Contemporain , l’auteur me l’avait envoyé avec une très aimable lettre. Gasperini va faire ces jours ci une conférence publique sur les Troyens ». Il vient de corriger la première épreuve de l ’hymne de Ferrand : « vous recevrez vos exemplaires dans quelques jours. Adieu, mes douleurs sont si fortes ce matin que je ne puis écrire sans un horrible effort »... Correspondance générale , t. VII, n° 2966.
500 - 600 €


267
BRAHMS Johannes (1833-1897).
L.A.S. « J. Br. », [Thun 19 juillet 1886), à son éditeur Fritz SIMROCK, à Gurnigelbad ; 1 page oblong in-12, adresse au dos ( Postkarte) avec cachets postaux.
Vacances sur le lac de Thoune
Il va réserver et sera au Freienhof [auberge favorite de Brahms sur les bords de l’Aar] vendredi soir. Son voyage de retour l’autre jour a été agréable, mais il a été heureux que le sympathique cocher arrive…
« Also gut – ich melde uns an und bin Freitag abend im Freienhof, wenn’s irgend danach aussteht. Mein Rückweg neulich war ja auch ganz hübsch, es war mir aber doch recht, daß der freudliche Kutscher gelegentlich nachkam!
Also gut – ich melde uns an und bin Freitag abend im Freienhof, wenn’s irgend danach aussteht. Mein Rückweg neulich war ja auch ganz hübsch, es war mir aber doch recht, daß der freudliche Kutscher gelegentlich nachkam! »..
Briefwechsel, XI, n° 565, p. 126
1 200 - 1 500 €




268
DEBUSSY Claude (1862-1918).
L.A.S. « Claude Debussy », [15 mars 1901], à Paul DUKAS ; 1 page oblong in-8, enveloppe.
Il ne peut venir, « hier comme aujourd’hui. Demain comme soir je le regrette (A. Holmès : Sérénade de Printemps, dédiée à E. Cougoul !...) Je vous verrai probablement Samedi soir à la Nationale ? et nous conviendrons d’un autre jour »… Correspondance , 1901-16.
500 - 700 €
269
DEBUSSY Claude (1862-1918).
L.A.S. « Claude Debussy », 24 décembre 1903, à Pierre LOUŸS ; 2 pages in-12 à son adresse 58, rue Cardinet , fragment d’enveloppe (montée sur carton).
Il envoie à son « cher Pierre […] un petit Noël unanime, reçois-le avec mes vœux accoutumés ». De tristes raisons l’ont empêché d’écrire plus tôt : la destinée qui tient beaucoup à intervenir dans mes affaires a tenu pour cette fin d’année à ce que le père de Lilly [sa femme] soit très gravement malade ; au point d’avoir été transporté à la Pitié où il va être opéré d’une tumeur anévrismale. […] Voilà, mon pauvre Pierre, où nous en sommes pour le moment »… [Le « petit Noël » est un manuscrit musical pour chœurs : « Noël pour célébrer Pierre Louÿs, pour toutes les voix, y compris celle du peuple » ; il est conservé à la Music Library de Stanford University, MLM 245 (voir Correspondance , 1903-146).]
700 - 800 €
270
DEBUSSY Claude (1862-1918).
L.A.S. « Claude Debussy », 18 juin 1915, à Pierre-Barthélemy GHEUSI, directeur de l’Opéra-Comique ; 1 page in-12, adresse au verso.
« Vous êtes bien aimable pour “l’illustre auteur de Pélléas et Mélisande ”, pourtant, je crois qu’il aurait consenti à voir reculer la reprise de Pélléas au profit de “l’Œuvre du soldat blessé” ! À propos, voulez-vous avoir l’obligeance de prier M elle Bailac d’une part, et M r Azéma d’autre part de bien vouloir venir chez moi dans la matinée, le jour qu’il leur conviendra le mieux ? À l’avance, je remercie ces excellents artistes de leur complaisance »… Correspondance , 1915-67.
800 - 900 €
271
DIAGHILEV Serge de (1872-1929).
L.A.S. « SD », Jeudi [1925], à Serge LIFAR ; 2 pages grand in-8 (cachet encre de Lifar au dos) ; en russe.
Il a reçu sa lettre sur son voyage dans un « endroit intéressant », et demande des détails sur ce qu’il a vu, et ce qui l’a mis en joie. Lifar a-t-il reçu les livres que Diaghilev lui avait envoyés de Florence ; l’ont-ils intéressé ?.. Lifar ne dit rien quant aux leçons et quant au maestro. Qu’il prenne donc le temps d’écrire non pas à toute allure mais intelligiblement et en détails. Leur ami Troussevitch est à Nice. Maïkerskaïa et Fedorov sont également ici. Vladimir DUKELSKY lui joue la musique de Zephyr et Flore [le ballet sera créé à Londres le 12 novembre 1925], qui lui plaît beaucoup. Pour quelqu’un de 20 ans, il est incroyablement doué et évolué . Diaghilev a eu une grande conversation avec Br. Fom. [NIJINSKA] : elle campe sur ses positions, même si elle se doute que parier avec lui n’est pas totalement sans danger »...
2 500 - 3 000 €

272
DIAGHILEV Serge de (1872-1929).
L.A.S. « SD », Varsovie Mercredi [1926 ?], à Serge LIFAR ; 4 pages in-8 à en-tête du Polonia Palace Hotel, Warzawa (cachet encre de Lifar) ; en russe.
Longue lettre de son séjour à Varsovie Le paysage avant Varsovie : des lisières de forêts, des paysannes en fichus, qui rappellent la bonne vieille Russie, mais Varsovie ellemême est une petite ville allemande pas mal du tout mais où il fait trop froid dans la rue et pas chaud à l’intérieur. Il a failli attraper un gros rhume. Sa tumeur à l’aisselle n’était qu’un furoncle indolore. Il ira ce soir au Grand Théâtre où on donne l’opéra Casanova [de Ludomir Rozycki] dans lequel danse une troupe féminine. Les spectacles qui valent la peine n’auront lieu que samedi : le nouvel opéra-ballet La Sirène et, dimanche, Giselle . Il a déjà vu beaucoup de monde, dont 3 danseuses et 3 danseurs. NIJINSKAÏA a déjà engagé quatre hommes dans le corps de ballet, mais, à ce qu’on dit, pas des meilleurs. Drobetsky et Novak l’aident bien. Il vu Petrova qui vient tout juste de rentrer de tournée à travers la province polonaise.


Maintenant qu’on sait qu’il est là, toute la fourmilière est en ébullition. Dans les petits théâtres, tout est habilement et prestement monté et il s’y trouve d’excellents artistes, pas dans notre genre, bien que la plupart soient russes.
Côté livres, rien à signaler – il y a une foule de bouquinistes mais personne ne fait commerce de livres russes…
À Varsovie, tout le monde danse . Il y a des écoles de danse à tous les coins de rue ainsi que des écoles privées où l’on enseigne la « plastique et l’acrobatie », pour faire « moderne » ! Le rêve du Grand Théâtre est d’enfin attirer le grand maître de ballet Tchaplinsky, chorégraphe en chef de l’Opéra royal de Stockholm ! Il n’a pas encore vu de véritables danseuses, mais on l’a prévenu qu’on n’aime que les femmes malades comme Petrova, maigrelette et incroyablement laide !
On essaie de vous comprendre et on vous répond en russe, cependant tous les jeunes Polonais ne disent plus vraiment un mot de russe et on les comprend ! La proximité avec la Russie n’est absolument pas perceptible. La veille, cependant, une chansonnière de talent a chanté dans un cabaret une chanson russe, censée dévoiler les charmes du Paradis Soviétique. Elle avait quelque chose d’authentique, de touchant et de tragique. Diaghilev en avait la gorge serrée et a mis longtemps à s’endormir. Il embrasse son chéri, très cher.
3 000 - 4 000 €


273
FELLINI Federico (1920-1993).
DESSIN original ; 16 x 21 cm sur feuillet 30 x 21 cm.
Dessin aux feutres de couleurs, crayon et encre. Un immense pénis est assis sur un banc, face à la mer ; il est pourvu de pieds, et un œil est destiné sur un des testicules. Il pousse un cri : « federiCOOOOO… »
2 500 - 3 000 €
PUBLICATION
De Santi, I Disegni di Fellini (1993, n° 319).

274
HAHN Reynaldo (1874-1947).
2 L.A.S. « Reynaldo Hahn », [1900-1901], à Geneviève MALLARMÉ ; 3 pages in-12 et 4 pages in-8, enveloppes.
[1900], après la mort de MÉRY LAURENT (26 novembre 1900) : « Voici deux livres qui appartenaient à votre père, et le grand carton à musique qu’il avait donné à Madame Méry-Laurent. Avant que nous n’entrions définitivement dans la phase des complications terribles où le testament de cette pauvre amie va nous plonger, je crois devoir vous remettre ces objets qui vous reviennent de droit »…
[20 juin 1901], le soir même du mariage de Geneviève Mallarmé avec le Dr Edmond Bonniot. Souffrant, « en proie aux douleurs ardentes d’un abcès à la gorge », il a oublié « que c’était aujourd’hui votre mariage ; car depuis le jour où j’ai reçu votre billet de faire part, je n’ai pas cessé de me réjouir de cœur avec vous de cet heureux moment, et je me promettais avec joie d’aller vous porter mes vœux et mes hommages. […] Je suis confus et si peiné d’avoir manqué au devoir que je me réjouissais si vivement de remplir, que je mérite votre pardon »…
400 - 500 €
275
LISZT Franz (1811-1886).
MANUSCRIT MUSICAL en partie autographe, Concert-Stuck 2 d Violino, [1834] ; cahier de 12 pages sur 6 feuillets in-fol. (env. 36 x 27 cm ; bords effrangés et fentes).
Partie de second violon de sa Grande Fantaisie symphonique pour piano et orchestre (S120) sur deux thèmes de Lélio , ou le retour à la vie d’Hector BERLIOZ.
Liszt la créa le 18 décembre 1836 lors d’un concert Berlioz. Cette partie de second violon, de la main d’un copiste sur papier à 12 lignes, présente des corrections, notamment par 6 collettes. Elle porte de nombreuses additions et annotations par Liszt luimême. Ainsi, il a ajouté à plusieurs reprises, en petites notes à l’encre rouge, des passages de la partie de piano ou d’autres instruments (certaines ont été notées par le copiste). Il a également ajouté de sa main de nombreuses indications de nuances : « poco a poco crescendo », « dolcissimo con grazia », « perdendosi », « delicatamente », « pizzicato », « quasi niente », etc.
1 500 - 2 000 €
LISZT Franz (1811-1886).
L.A.S. « F. Liszt », [juin ? 1845], à Julius BENEDICT à Londres ; 3 pages et quart in-8 (petites fentes aux plis).
Il souhaite vivement voir le chanteur CIABATTA engagé à Londres. ; « Ciabatta est à la fois un charmant et fashionable artiste, chantant avec une méthode parfaite, excellent musicien et un bon pianiste, – et un garçon d’une éducation brillante, parfaitement délicat et comme il faut , très au courant des façons de la bonne compagnie de Rome, Paris et S Petersbourg, où il a passé un an demeurant chez le Prince Grégoire Wolkonsky ». Il a accompagné Liszt pendant sa tournée en Espagne et au Portugal, où il a reçu bon accueil. Liszt espère que, grâce à Benedict, « les brouillards de Londres se résolveront en pluie bienfaisante dans sa bourse ». Liszt, quant à lui, n’a pas « le courage de revenir à Londres », bien que « les Canards de plusieurs journaux de musique » le disent invité « par je ne sais quel Congrès ! de pianistes ». Il doit aller en juillet à Bonn « pour l’inauguration du monument de Beethoven, et au mois de Décembre je reprendrai mon service à la cour de SaxeWeymar. Le printemps prochain, il me faudra de toute nécessité retourner à Vienne, après quoi je m’embarquerai probablement pour Constantinople, d’où je reviendrai par Naples. D’ici là, j’aurai enfin, un instrument à ma taille (Ciabatta pourra vous en dire le plan) et probablement un opéra terminé »…
1 200 - 1 500 €
277
LISZT Franz (1811-1886).
L.A.S. « F. Liszt », [Rome] 20 février 1864, à une dame ; 1 page et demie in-8.
Belle lettre de recommandation en faveur de son ami et disciple le pianiste Dionys pr ÜCKNE r (1834-1890) . Il remercie sa correspondante du bon accueil qu’elle a réservé à Prückner, en insistant sur son « beau talent » et sur « ses excellentes et honorables qualités personnelles que j’apprécie depuis longues années, car il est de mes premiers disciples de Weimar. À cause de sa fixation comme professeur au Conservatoire de Stuttgard, il a peu voyagé jusqu’à présent ; cependant les succès de très bon aloi qu’il a obtenus à Vienne, Munich, etc. le classent parfaitement parmi les pianistes les mieux accrédités de l’Allemagne »…
1 200 - 1 500 €





278
LISZT Franz (1811-1886).
L.A.S. « F. Liszt », Budapest 17 décembre 1877, à Salvatore MARCHESI à Vienne (Autriche) ; 1 page in-8, enveloppe timbrée.
[Le Sicilien Salvatore MARCHESI di CASTRONE (1822-1908), baryton, compositeur et librettiste, fut professeur de chant au Conservatoire de Vienne.]
« Je n’ai mot à dire dans la circonstance que votre lettre m’indique. Depuis plus de quinze ans je suis complètement étranger aux choses et combinaisons de théâtre : si je m’en suis mêlé un tant soit peu autrefois, ce n’était qu’à Weimar, pour obéir à la demande instante de S.A.R. le Grand duc. Ailleurs, ma règle a toujours été l’abstention entière »…
On joint une L.S. du général de LARIBOISIÈRE, 28 mars 1810, au duc de Feltre (3 p. in-fol., portrait gravé joiny).
1 000 - 1 200 €

MASSENET Jules (1842-1912).
13 L.A.S. (« J. Massenet » ou « JM » ou paraphe), 1883-1884, à sa femme Ninon ou sa fille Juliette MASSENET ; 40 pages in-8.
Sur l’achèvement de Manon et le début du Cid Hambourg 16 janvier 1883. Il gèle dans sa pelisse ; « les répétitions sont mauvaises et font prévoir une triste première ! […] Vilain pays que cette Allemagne »… – Nantes 28 mars , pour Hérodiade : « artistes presque très bons »… – [Paris] 20 juin. Paul VIDAL a eu le Grand Prix ; examen de sa classe : « quand pourrai-je me délivrer de ce Conservatoire ! […] L’affaire Manon est toujours stationnaire – on parlemente, on discute – rien ne se signe ! » ; Talazac refuse son rôle ; « J’avance l’orchestration de Manon , les épreuves &a […] Je suis souvent triste et toujours seul »… – 13 juillet . « Demain : fête nationale !!! […] je vais profiter de ces deux journées pour terminer l’orchestre de Manon […] Gallet travaille au Cid et dès le mois de septembre j’espère pouvoir commencer ce grand ouvrage !!! – Mais j’ai besoin de bon air, de calme et de solitude sur de hauts plateau x ! [...] je pense que lundi ou mardi matin je pourrai écrire sur la partition d’orchestre qui est devant moi depuis 5 mois : fin de Manon »… Amusant dessin de la tête de Charlotte la joue gonflée (fluxion)… – 18 juillet : « j’ai fini l’orchestration de Manon . La gravure avance beaucoup. J’ai déjà corrigé 364 pages et n’est plus que le dernier acte à revoir »… Bruxelles 24 février 1884 . « Hier soir, grand succès pour les Scènes alsaciennes &a &a… Les répétitions de Manon promettent… tiendront-elles ? » ; amusant dessin d’un pierrot près de la maison du Bal Duvert. – Lille [6 mars]. « grand travail au théâtre –quand je suis là tout prend une tournure sérieuse – et ma présence est très nécessaire. […] Me voilà loin de notre chez nous pour dix jours au moins – quel ennui ! – je déteste cela. Ce soir, j’espère, Manon et peut-être aussi Hérodiade »… – Bruxelles 11 mar s : « j’ai besoin d’être encouragé malgré les succès. J’ai de si méchants ennemis qui enveniment ma joie à peine puis-je en profiter !... Il n’y a que perfidies dans la Presse à mon égard et l’on veut tuer même les ouvrages que je n’ai pas encore écrits ! – Ce voyage m’a beaucoup fatigué et ce n’est pas la répétition générale d’aujourd’hui (à la Monnaie) qui va me remettre »… – 7 juin . Tracas au sujet du Cid, avec Gallet refusant la collaboration de Blau, avec Lasalle « au sujet du choix de la voix de ténor »… Il a été voir Le Cid aux Français : « c’était si beau ! […] Je travaille beaucoup – je refais plusieurs scènes depuis 3 jours – c’est dur ! »… Etc.
1 000 - 1 200 €
280
MASSENET Jules (1842-1912).
8 L.A.S. « J. Massenet » ou paraphe, mai-septembre 1887, à sa femme Ninon MASSENET, sa fille Juliette et son futur gendre Léon BESSAND ; 27 pages in-8, enveloppes.
Séjour à Pourville en août : « Mon travail avance beaucoup […] Pourville m’a fortement séduit, la mer, les promenades »… Il a écrit à SAINT-SAËNS : « Je suis certain que le succès a été bien justement mérité !!! »… – Paris 25 août : « je suis dans la peine car tous mes projets ne peuvent aboutir ! J’avais quitté Pourville en rapportant mon César terminé » ; mais il doit aussitôt repartir pour Bigorre… – 6 septembre, séjour en Bretagne chez Ambroise THOMAS sur l’île Zilliec : « 3 hectares de “cataclysmes” ! Tout cela entouré par une mer furieuse, verte et bleue – sans cesse retentissante et écumante »… – Projet d’opéra avec Meilhac tiré des Pêcheurs d’Islande ; « Gallet travaille à Chicot d’après le roman : Les 45 d’A. Dumas. Parodi doit me montrer les Bacchantes […] je vais retaper Don César ! C’est gai »… On joint une carte de visite avec qqs lignes au crayon, 26 août 1887.
500 - 600 €


281
MASSENET Jules (1842-1912).
4 L.A.S. « J. Massenet » et 2 L.A., octobre-novembre 1905, à sa femme Ninon MASSENET ou à son gendre Léon BESSAND ; 6 pages in-8 et une carte postale, 3 enveloppes.
Correspondance familiale et amicale à son gendre. À sa femme, de Bruxelles en novembre 1905, il donne des nouvelles de Chérubin à la Monnaie : « Les répétitions en scène ont commencé hier ; les artistes sont bons comédiens. Le “Chérubin” aura de l’effet & du succès ; un peu grand… mais une jolie voix & de la diction »…
On joint une petite L.A.S. à M. Bessand père, et une lettre d’un fermier d’Égreville transmise à Léon Bessand (enveloppe autogr.).
400 - 500 €



282
MASSENET Jules (1842-1912).
4 L.A.S. « Massenet » et paraphe, 1895, à sa fille Juliette et à son gendre Léon BESSAND ; 9 pages in-8, enveloppes.
Correspondance familiale. À Paris, en été, il arrange l’appartement et agrandit la bibliothèque : « Je crie Vive Pourville, vive la “fraîche”, vive la Normandie »… Séjour à Nice en décembre. Instructions pour un manteau de loutre pour sa femme.
250 - 300 €
283
MASSENET Jules (1842-1912).
12 L.A.S. « J. Massenet » ou paraphe, mars-mai 1901, à son gendre Léon BESSAND et à sa fille Juliette ; 30 pages in-8 et une carte in-12, enveloppes.
Correspondance familiale, évoquant ses œuvres.
Cannes 1er mars , pour Thaïs à l’opéra ; mai le temps est épouvantable. – Tournai 9 mars : « le festival de dimanche à Tournai s’annonce splendide d’exécution ! (500 musiciens & choristes) »… – Vienne 24 mars : « Exécution divine & émouvante de MarieMagdeleine, ovations inouïes . Ce soir : Manon
100 e le théâtre comble… […] L’Empereur m’a conféré un ordre (en cravate ) T rè S r A r E , je suis le seul artiste français jusqu’à ce jour. En Autriche il ne peut y en avoir que 40 ! »…
Cure à Aix-les-Bains en mai ; aucune nouvelle de l’Opéra-Comique.
« Je ne crois pas du tout les Erinnyes au Th. Français » ; il doit venir à Paris pour les projets de Sarah BERNHARDT…
500 - 700 €
284
MASSENET Jules (1842-1912).
12 L.A.S. (paraphe), juin-juillet 1910, à SA FEMME Ninon MASSENET ; 23 pages in-8 ou in-12, 2 adresses.
Lettres tendres lors de ses séjours à Paris puis à Saint-Aubin « Je suis sans courage pour n’importe quoi… Je voudrais être dans nos chambres… je manque de toi ! »… Dîner Bixio ; début de cure à l’eau d’Évian ; il prépare les malles pour le départ…
« Quelle femme tu es et sans toi que serait notre propriété !!! »… ; nouvelles des chats… « Hier, après une séance (du g d Prix de Rome) de cinq heures !!! j’ai été à la Gaité [pour Don Quichotte] –les décors seront très à effet ; ils connaissent leur public ».. Départ pour Saint-Aubin : « j’emporte mes poèmes… cela m’occupera utilement – mais pas de composition !! »… Révision de Panurge : « je ne crois pas à un bon poème et je l’affirmerai une fois revu par moi ; il faut savoir perdre son temps à ces besognes là ! »…
« Tout en voulant avancer & peut-être terminer l’esquisse d’Amadis j’ai commencé à mettre d’aplomb Panurge – c’est une longue difficultueuse besogne »… Etc.
500 - 700 €

285
MASSENET Jules (1842-1912).
5 L.A.S. « Massenet », 1894- 1895, à Mademoiselle NIKITA ; 10 pages in-8, 3 enveloppes.
Il donne à la chanteuse des rendez-vous au Ménestrel , et s’il ne peut s’y rendre, lui recommande de rencontrer le directeur M. Heugel ; il ne peut venir chez elle, car il doit faire travailler des élèves pour le concours : « c’est une besogne sans répit et sans repos ! – même sans repas !! »…
On joint 2 L.A.S., 1892-1893, à un ami, et à une dame, déclinant une invitation, et 3 cartes de visite autographes.
300 - 400 €
286
[MASSENET Jules (1842-1912)].
8 L.A.S. de Gustave CHARPENTIER à Massenet, et 4 L.A.S. d’Anatole FRANCE à Louis Gallet ; 10 pages formats divers ; et 6 pages in-8 ou in-12.
Gustave CHARPENTIER , à son « cher et bien aimé Maître ». Il manifeste son attachement à Massenet, « Maître toujours plus grand, toujours plus jeune et toujours plus admiré » ; il dit son enthousiasme « pour votre si belle Grisélidis » ; il prie Massenet d’être son parrain avec Ludovic Halévy à la Société des Auteurs Compositeurs ; il l’invite au Couronnement de la Muse ; il redoute le voisinage de Massenet à l’Opéra-Comique…Plus une carte de visite a.s. au sujet de Louise : « n’en êtes-vous pas un peu le père ? ». On joint une L.A.S. de Victor CHARPENTIER au sujet de ses concerts à l’Opéra.
Anatole FRANCE , à Louis Gallet, au sujet du livret de Thaïs
500 - 600 €

287
MEYERBEER Giacomo (1791-1864).
L.A.S. « Meyerbeer », [Berlin] 24 janvier 1843, au « Kapellmeister » Karol LIPINSKI ; 2 pages et quart in-8 à son chiffre couronné ; en allemand (traduction jointe).
Lettre de recommandation pour Hector BERLIOZ qui se rend pour la première fois en Allemagne
La lettre est confiée au « Komponist Berlioz aus Paris », et le Kapellmeister est trop versé dans le domaine des Arts pour ne pas avoir entendu parler de sa Symphonie grandiose et de l’immense sensation qu’elle a produite. Berlioz fait une tournée artistique pour faire connaître en Allemagne ses magnifiques compositions ; à Weimar, Stuttgart, Karlsruhe et Francfort, on met à sa disposition théâtres, orchestres et chœurs. Désireux que la ville de Dresde réserve un accueil digne de ce jeune prodige de la musique française, Meyerbeer le met sous la protection de l’illustre Kapellmeister…
Ancienne collection JAMAR , avec portraits joints.
400 - 500 €


288 MUSIQUE.
210 lettres (la plupart L.A.S.), photographies signées ou P.A.S. musicales.
Lettres (L.A.S. sauf mention contraire) : Léo DELIBES (à Jules Moinaux), Marc-Antoine DÉSAUGIERS (à en-tête du Théâtre du Vaudeville ), Paul DUKAS (Royan 1922), Lukas FOSS (Beverly Hills 1956 avec citations musicales), Eduard HANSLICK (Wien 1879), Gustav HOLST (L.S. avec 2 lignes autogr., 1932), Arthur HONEGGER (carte postale), Carl KOMZAK (Baden 1897), Rudolf KRYZANOWSKI (Weimar 1905), Witold LUTOSLAWSKI (Varsovie 1979 avec citation musicale, plus photo signée), Pages musicales : Bojidar DIMOV (avec photo signée), Giorgio Federico GHEDINI (extrait de son Antigone ), Joseph HOLBROOKE (Wien 1923), Rudolf KELTERBORN (extrait de son opéra Ein Engel kommt nach Babylon ), Ernst LEVY (esquisse pour son 4 e quatuor).
Photographies signées et dédicacées : Georges ENESCO (Rome 1939), Manuel de FALLA (Venise 1932), Joan MANEN (1927), Darius MILHAUD (1972, avec enveloppe)
1 000 - 1 200 €
289
OFFENBACH Jacques (1819-1880).
MANUSCRIT MUSICAL autographe ; 1 page et demie in-fol. (35 x 27 ;7 cm).
Feuillet d’esquisses musicales, à l’encre brune sur papier à 20 lignes.
De nombreux thèmes sont notés, dont un marqué « Ouverture ». Dans les marges, Offenbach a transcrit des paroles, mettant en scène Marielle et son frère Anatole. « Plus d’espoir il faut donc que mon sort s’accomplisse / Ce soir nous allons être unis / quand pour ma mère ici je fais ce sacrifice / un regret ne m’est plus permis ! / Et toi pauvre proscrit / Anatole mon frère »… Etc.
700 - 800 €

PUCCINI Giacomo (1858-1924).
L.A.S. « G Puccini », Torre del Lago 18 décembre 1905, à Carlo CLAUSETTI, « Casa Ricordi » à Naples ; 1 page grand in-8 sur papier bleu à son adresse, adresse au verso avec timbres ; en italien.
Amusante lettre à son ami, directeur de la succursale napolitaine de Ricordi, s’excusant de n’avoir pu trouver dans sa cervelle ni dans son existence quotidienne la matière ni le temps de lui écrire ; il implore son pardon. Et il retarde encore le moment de se mettre à son opéra : « metterò tempo e cervello all’opera ». Il demande pourquoi Mugnone n’a pas été nommé à la direction du San Carlo : « perchè Mugnone non è alle direzione Sancarliene »…
600 - 800 €
291
PUCCINI Giacomo (1858-1924).
L.A.S. « G. Puccini », Torre del Lago Lundi [8 octobre 1903], à Maurice VAUCAIRE ; 1 page in-4 à son adresse, adresse au dos (fentes aux plis dont une réparée au scotch) ; en français mêlé d’italien.
Au sujet de la version française de son opéra Manon Lescaut [La version française de Manon Lescaut , due à Maurice Vaucaire, paraîtra en 1905 chez Ricordi.].
« J’ai faite la preuve avec un poète sicilien – rien ! Il a été faible sans force ni sangue – alors j’ai exigé Illica che ha accettato – e credo che farà bene. Nous en causerons encore à Paris. Je trouve le tableau de la mansarde pas encore bien surtout vers la fin. –Mais je ne trouve pas de logement à Paris ! » Il prie Vaucaire de lui trouver au Westminster « une chambre à 2 lits e un salon. Je serai à Paris vers le 15 oct. »…
800 - 1 000 €





292
PUCCINI Giacomo (1858-1924).
L.A.S. « Kilimù », Vendredi [21 octobre 1921, à Rose ADER] ; 2 pages in-4 ; en italien.
À la jeune cantatrice dont il est tombé amoureux
[Rose ADER (1890-1955) avait chanté Suor Angelica à Hambourg, et c’est en pensant à elle que Puccini composa le rôle de Liu dans Turandot .]
Il la remercie de sa bonté et de faire un long voyage pour retrouver son Giacomo ; elle est un ange : « Ti sono grato tua bontà e fare lungo viaggio per tuo Giacomo – buona e bella Rosa – vero angelo tu sei ! » Il va aller pour la première fois à la chasse. Il n’ira pas à Pescia où on l’a invité pour Butterfly. Il termine tendrement en l’embrassant : « Addio mio tesoro ti mando tanti affettuosi baci tua bocca buona »…
800 - 1 000 €
293
PUCCINI Giacomo (1858-1924).
L.A.S. « Giacomo », Viareggio 23 février 1922, à son amie Sybil SELIGMAN ; 4 pages in-8 à son adresse Viareggio Via Buonarroti ; en italien.
Il est arrivé la veille à Viareggio, mais doit partir pour Rome le lendemain, où la Bohême a eu du succès…
On joint 9 L.A.S. de Jules MASSENET à sa fille Juliette et son gendre Léon Bessand, mars-décembre 1891 : Ève à Lille, Manon à Londres, séjour à Vevey en août, etc.
800 - 1 000 €

294
RAVEL Maurice (1875-1 937).
L.A.S. « Maurice Ravel », Châlons s/Marne 8 octobre 1916, à Mme Fernand DREYFUS ; 1 page et demie in-8, enveloppe avec cachet encre Hôpital temporaire N° 20, Châlons s/Marne
À sa marraine de guerre Hospitalisé, il s’inquiète de ne pas recevoir de lettre. « N’avez-vous pas encore de nouvelles de Jean ? » [beau-fils de Mme Dreyfus, Jean DREYFUS est en effet mort pour la France le 4 octobre à Combles dans la Somme ; Ravel lui dédiera le Menuet du Tombeau de Couperin ]. Il a demandé à son frère Édouard de passer chez elle ou de lui téléphoner, mais n’a toujours rien reçu. « C’est odieux, cette attente. On se sent si loin… Je vous souhaite vivement une patience que je n’ai point et vous prie de croire tous deux à l’affection profonde de votre dévoué filleul »…
L’Intégrale , n° 927.
800 - 900 €
296
RAVEL Maurice (1875-1937).
L.A.S. « Maurice Ravel », Megève 9 février 1919, à Marguerite LONG ; 4 pages in-8 (lég. mouill.).
Il apprend sa maladie et la perspective d’une opération : « Je vous plains vraiment : comme vous, je n’ai jamais été malade. Et quelle odieuse nouveauté d’être obligé de s’observer sans cesse, de ne plus pouvoir, ou presque, bouger ; de prendre sa température, de surveiller son poids, d’observer ses pulsations ! Et je suis prévenu que ça peut durer longtemps »… Il se plaint de l’altitude et de son mauvais sommeil, et, ne voyant aucune amélioration dans son état, craint d’être obligé de prolonger son séjour au-delà d’avril. « Donc, ne m’attendez pas ; et si la jettatura qui semble attachée au Tombeau de Couperin vous laisse un moment de répit, profitez-en aussitôt »…
L’Intégrale , n° 1063.
1 200 - 1 500 €

295
RAVEL Maurice (1875-1937).
L.A.S. « Maurice Ravel », Megève 5 février 1919, à Mme Fernand DREYFUS ; 4 pages in-8.
Séjour à Megève Il est rassuré de savoir que M. Dreyfus se porte mieux. De son côté, il souffre de l’altitude. « Malgré la valériane, ni l’insomnie, ni les battements de cœur – qui en sont la cause ou l’effet – n’ont encore disparu. [...] suivant le conseil de GEIGER, je finirai peut-être par aller à Menton. Mais je me cramponne : je sens que le climat d’ici est si sain, le froid sec et le soleil si vivifiants que je crains de me trouver encore plus mal en cette atmosphère déprimante de la Côte d’Azur. D’ailleurs, je traînerai là-bas la même préoccupation, qui est peut-être la seule cause de tout cela »...
L’Intégrale , n° 1060.
800 - 1 000 €


297
RAVEL Maurice (1875-1937).
L.A.S. « Maurice Ravel », Saint-Cloud 29 août 1919, à Léon VALLAS ; 4 pages in-8.
Belle lettre au sujet du Tombeau de Couperin
Il remercie Vallas de son article : « Entre autres choses, j’ai été heureux de vous voir approuver les dédicaces que certains ont critiquées, s’étonnant que ces hommages à des morts ne fussent pas d’un caractère funèbre, tout au moins morose. D’ailleurs, je n’avais pu prévoir cette destination, puisque cette suite, achevée en 17 après ma réforme, était déjà presque entièrement composée en Juillet 1914. C’est, en effet, sans le savoir que j’ai suivi l’exemple de Froberger : je m’étais amusé à tracer ces arabesques sur la 1re page de mon manuscrit, sans arrière-pensée. Mon éditeur s’est amusé à faire reproduire ce beau dessin, et le graveur à y ajouter des retouches savantes, qui lui donnent une allure empotée et prétentieuse que j’étais loin d’ambitionner »…
L’Intégrale, n° 1115.
On joint la partition imprimée Le Tombeau de Couperin, Suite pour le piano (Durand, 1918), avec le titre gravé en frontispice d’après le dessin de Ravel ; exemplaire d’André CAPLET avec son tampon sur la couverture.
1 000 - 1 200 €

298
RAVEL Maurice (1875-1937).
L.A.S. « Maurice Ravel », Montfort l’Amaury 29 mars 1926, à Jane GAUDIN-COURTEAULT à Paris ; 1 page in-8 à son monogramme et adresse Le Belvédère Montfort l’Amaury, adresse au dos.
[Jane GAUDIN (1880-1979), amie d’enfance de Ravel à Saint-Jeande-Luz, avait épousé l’archiviste Henri Courteault (1869-1937), qui sera directeur des Archives nationales.] « Ma chère Jane, Je suis rentré depuis peu à Montfort, un peu fourbu, non pas tant de la Scandinavie, de l’Angleterre et de l’Écosse que des 2 semaines que je suis resté à Paris (je n’y devais passer que 2 jours). Tant bien que mal, je mets à jour un courrier formidable, reçu là-bas, trouvé ici ». Il y trouve une lettre de Marie (sœur de Jane), lui annonçant sa venue à Paris : « elle y serait déjà ? Voulez-vous me mettre deux mots pour me fixer ? Je dois passer un jour de cette semaine à Panam et tâcherai de trouver un moment pour aller vous voir. J’arrive assez bien à me cloîtrer ici. Si ça continue, je n’irai à S t Jean-de-Luz qu’avec mon smoking... et sans papier à musique »… L’Intégrale, n° 1947.
800 - 1 000 €

299
RAVEL Maurice (1875-1937).
L.A.S. « Maurice Ravel », 8 mars 1930, à son ami Lucien GARBAN ; 1 page in-12, adresse au verso (Carte-lettre).
Lors du travail à ses deux concertos « Vous trouverez à l’Hôtel, à la disposition de usted, un paquet assez mal foutu mais qui contient un complet veston patte-depoule violet évêque. Ça date un peu (pur style 1928) mais ça peut faire encore un petit effet. Je dois bien avoir encore des choses mais le diable est de les chercher : le turbin s’y oppose. Les 2 concertos et l’avion [projet de poèle symphonique Dédale] marchent de front, ou à peu près »… L’Intégrale, n° 2291.
800 - 1 000 €


300
300
ROUGET DE LISLE Claude-Joseph (1760-1836).
L.A.S. « Rouget de Lisle », Choisy-le-Roi 20 décembre 1828, à Alexandre DUVAL, de l’Institut ; 3 pages in-4, adresse (petite déchirure par bris de cachet avec perte d’un mot, et légère fente).
Longue et intéressante lettre à propos d’un ouvrage dramatique et de son buste par David d’Angers Il a terminé son nouvel ouvrage : « Vous pensez bien que je n’ai pas la prétention qu’il soit joué de mon vivant dans aucune hypotèse ; mais à tout le moins veux-je profiter du temps qui me reste pour lui choisir un compositeur qui ne soit pas simplement un croque-notes, comme cela vient de m’arriver par suite d’une bienveillance, d’une condescendance, également et mal-placées, et mal récompensées ». Pour cela, il faut que « mon poëme soit reçu, et comment s’y prendre ? à qui s’adresser ? » Il demande l’aide de Duval pour obtenir une lecture, et va lui « faire passer le manuscrit tout informe qu’en soit la copie, car c’est moi-même qui l’ai transcrit ».
Il s’inquiète du sort de BÉRANGER, qui vient d’être condamné à la prison pour ses chansons et ses pamphlets : « Quel triomphe pour M r de Champonet, pour ces exécrables jésuites, et pour la clique infernale dont ils sont les Rois !
Le sculpteur DAVID [d’ANGERS] « a fait à ma triste figure l’honneur de la modeler » et, pour le remercier, il lui a fait une promesse [une copie de la Marseillaise ] qu’il n’a pas encore tenue « parce qu’elle exige une écriture plus supportable que celle-ci. Veuillez le lui dire »...
Il a d’autres tracas ; il a presque fini de rembourser les 130 francs qu’on lui avait prêtés : « de quel prix ne faut-il pas payer l’honneur de n’avoir rien eû à se reprocher par les temps que nous avons vus, sans compter celui qui court ?... En attendant, j’ai été, je suis humilié jusqu’au fond de l’âme de cette ridicule incartade ; c’est un des seuls désagrémens qui me restassent encore à dévorer »…
1 000 - 1 500 €

301 SAINT-SAËNS Camille (1835-1921).
MANUSCRIT autographe signé « C. Saint-Saëns », avec L.A.S. d’envoi à Henri HEUGEL , 27 septembre 1907 ; 2 pages et demie in-4 au dos de papier à en-tête de l’Hôtel Terminus de Bordeaux (bords effrangés et petites fentes réparées), et 1 page in-8.
Réflexions sur la publication des Œ uvres en prose de Richard WAGNER
La publication des Œuvres en prose de Richard WAGNER, traduites par J.G. Prod’homme comptera 13 volumes (Delagrave, 1907-1925) ; l’article de Saint-Saëns, envoyé le 27 septembre 1907, a paru dans Le Ménestrel du 5 octobre sous le titre La Clarté Si la traduction des ouvrages théoriques de Wagner a tant tardé à voir le jour, c’est à cause du « style inextricable de l’auteur » qui en rend la lecture laborieuse. « Loin de s’en effrayer, on s’en réjouit dans certains milieux ; on espère en cette lecture pour combattre le goût de la clarté, de la belle ordonnance qui ont passé longtemps pour des qualités françaises […] Ah ! la clarté ! Il est vrai qu’on l’a un peu trop aimée, un peu trop vantée. La clarté, c’est la santé du style ; il n’est pas besoin d’en parler. Elle tenait lieu de tout, naguères ; pourvu qu’on fût clair, qu’on fût net, il était permis d’être nul, plat, vulgaire même […] Aujourd’hui, c’est le contraire ; l’absence d’idées mélodiques, l’harmonie incohérente et même discordante, le désordre dans la composition, tout passe, tout est admis en musique pourvu qu’on soit obscur et incompréhensible ; je ne parle pas des autres arts, mais ils sont attaqués de la même maladie. J’oubliais le Symbolisme, brochant sur le tout, et qui excuse tout. Soyez insignifiant, ennuyeux à l’excès, cela n’a pas d’importance, pourvu que vous soyez symbolique. Montrez-nous, si vous voulez, une brave femme mettant des carottes dans son pot-au-feu ; ce sera très profond : cela signifiera que la femme doit apporter de la douceur dans son intérieur, mais une douceur tempérée par une certaine fermeté »… Quittant la dérision, SaintSaëns affirme : « l’incohérence, le désordre sont les maladies de l’art : tâchons de nous en préserver. Sachons nous ouvrir à toutes les beautés sans oublier pour cela nos qualités naturelles »… Il met en garde contre la contrefaçon des qualités étrangères… Cependant il faut accueillir la traduction des « œuvres littéraires » de Wagner avec curiosité : « Il est impossible qu’il n’y ait pas de fleurs à cueillir dans ces broussailles, de perles à pêcher dans ces eaux tumultueuses. Une seule chose m’inquiète : l’opinion que l’auteur en avait lui-même. “C’est étrange, disait-il un jour à Frédéric Villot ; quand je relis mes anciens ouvrages théoriques, il m’est impossible de les comprendre”. Après tout, ne pas se comprendre soi-même, n’est-ce pas le dernier terme où doit aboutir le progrès dans l’incompréhensible si fort à la mode en ce commencement du vingtième siècle ? »…
1 000 - 1 200 €

302
SCHUMANN Robert (1810-1856).
L.A.S. « Robert Sch. », Leipzig 20 septembre 1841, à son ami Eduard KRÜGER ; 4 pages in-8 (1er feuillet lég. bruni, petit trou).
[Le critique musical et musicologue Eduard KRÜGER (1807-1885) était le collaborateur de Schumann à la Neue Zeitschrift für Musik .] Schumann lui confie sa joie d’être père, sa chère épouse Clara venant de mettre au monde une petite fille (Marie, leur premier enfant), dont MENDELSSOHN le parrain… « bin ich schon seit dem 1sten, wo mir meine liebe Frau ein Mädchen schenkte. Mendelssohn stand mit Gevatter »… Il est content de leur collaboration professionnelle, et a lu avec intérêt les articles de Krüger, qui sont de véritables ornements pour sa revue, à la rédaction de laquelle il ne peut guère contribuer à cause de son emploi du temps chargé. Il envisage d’ailleurs de quitter la direction de la revue pour se consacrer à écrire quelques ouvrages plus importants (dramatiques) : « Indessen stört mich die Redaction doch auch oft zu prosaisch, und ich denke ernstlich daran, sie niederzulegen, um ungestört an ein paar grösseren (dramatischen) Arbeiten zu schreiben »… Puis il évoque la publication des « Bachiana » chez Peters, et la découverte de pièces inédites de BACH, pour lesquelles Mendelssohn partage son admiration… Il termine sa lettre en annonçant qu’il est plongé dans la musique symphonique, l’accueil reçu par sa première Symphonie l’ayant grandement encouragé : « Jetzt bin ich ganz u. gar in die Symphonienmusik gerathen. Die für mich höchst ermuthigende Aufnahme, die meine erste Symphonie gefunden, hat mich ganz in’s Feuer gebracht »…
3 000 - 4 000 €

303
STRAUSS Richard (1864-1949).
L.A.S. « Richard Strauss », Munich 11 janvier 1897, [au chef d’orchestre et directeur du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles Joseph DUPONT] ; 1 page et demie in8 à son adresse Herzog Rudolfstrasse 8/iii ; en allemand.
Il lui recommande chaleureusement d’inviter au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles la célèbre Primadonna italienne Gemma Bellincioni, une artiste dans les tout premiers rangs pour le chant et l’interprétation. Il est persuadé que l’influence et le poids artistique du nom de Dupont pourraient aider la dame dans l’accomplissement de son désir, et que cette artiste extraordinaire remporterait à Bruxelles un immense succès… [Gemma BELLINCIONI (1864-1950), qui avait créé le rôle de Santuzza dans Cavalliera Rusticana en 1890, chantera la première italienne de Salomé en 1906.]
700 - 800 €

TALMA François-Joseph (1763-1826).
MANUSCRIT autographe, [1825 ?] ; 8 pages in-fol. sur colonne. Intéressantes remarques sur la gestion de la Comédie Française et la décadence du théâtre [Ce long exposé est consécutif à la nomination du baron Taylor comme administrateur général de la Comédie-Française, le 9 juillet 1825.]
« La Comédie Française ne peut plus être régie de la même manière qu’elle l’étoit autrefois. Les circonstances et le temps ont apporté trop d’inégalité entre les talens respectifs qui la composent, et entre les dépenses que chaque emploi exige. Pour compléter le mal, il s’est introduit des abus qui n’existoient pas autrefois ; comme les réceptions ridicules, l’injuste répartition des parts qui devroient être plus lentes à acquérir dans les emplois subalternes ou peu dispendieux que dans les premiers emplois qui exigent maintenant beaucoup plus de frais. Le Théâtre Français a eu un temps de splendeur qui probablement ne reviendra pas plus que le siècle de Louis XIV pour la littérature. La multiplicité des spectacles qui enlève d’un côté les sujets qui auroient pu briller sur la scène française et de l’autre entraine le public qui y court de préférence, l’abandon de la tragédie et de la comédie dans les provinces, qui empêche qu’il ne se forme des sujets, l’influences des prêtres qui ruinent les spectacles dans beaucoup de villes, la Censure qui a plus de prise sur les grands ouvrages destinés à la scène française que sur les pièces légères des petits spectacles, tout concourt à faire durer longtemps encore cet état de profonde médiocrité où languit le Théâtre français »…
Le luxe introduit au théâtre l’a été au détriment des premiers emplois. La carrière des emplois subalternes est plus longue que celle des premiers rôles ; et des acteurs médiocres toucheront une retraite supérieure à celle des grands emplois ; et Talma de citer des chiffres, et les cas de Mlle Mars ou Mlle Duchesnois… Ces grands talents sont rares, et devraient être mieux rémunérés ; ils devraient avoir plus de temps pour préparer leurs rôles ; les subventions devraient être mieux utilisées, et les bénéfices mieux répartis ; les acteurs médiocres sont favorisés par le système actuel... « Cet établissement, si merveilleusement constitué pour la médiocrité, ressemble à un hôpital où les malades se ligueroient contre les médecins »... La jalousie y fait des ravages… Etc.
800 - 1 000 €




305
VERDI Giuseppe (1813-1901).
L.A.S. « G. Verdi », S.A. [Sant’Agata] 17 octobre 1899, à son ami Giuseppe DE AMICIS à Gênes ; 1 page in-12, enveloppe timbrée ; en italien.
Il le charge de faire suivre une lettre pour le sénateur SECONDI : « Una parola sola per pregarvi di far recapitare questa lettera al Prof. Senator Secondi perché io non so il suo indirizzo. A Genova Voi lo saprete facilmente »…
400 - 500 €
306
WAGNER Richard (1813-1883).
P.A.S. « RW » ; 1 page in-12 (légères fentes aux plis) ; en allemand.
Note pour les copistes du Prélude de Lohengrin « Notiz für den Notisten . Im Vorspiel zu Lohengrin (A dur) sind nur die Zweiten Pulte des Violinen zu vervielföltigen : die ersten dagegen bleiben einfach, als Solostimmen ».
Dans le Prélude de Lohengrin (la majeur), seules les parties des deuxièmes violons sont à copier à plusieurs exemplaires ; les parties des premiers violons au contraire restent uniques, comme des parties solistes.
800 - 1 000 €
307
WOLF Hugo (1860-1903).
L.A.S. « Hugo Wolf », Wien 16 juillet 1897, à son ami Rudolf von LARISCH ; 3 pages in-8 très remplies d’une petite écriture ; en allemand.
Deux mois avant se sombrer dans la folie Wolf évoque d’abord les démarches concernant son appartement de la Schwindgasse, où Larisch était son voisin… Puis il en vient à son nouveau projet d’opéra, Manuel Venegas (dont il a rejeté le livret original de Rosa Mayreder). Moritz Hoernes a apporté toutes les modifications que Wolf avait demandées dans le texte, à sa plus grande satisfaction. Il projette pour le lendemain une partie sur l’Anninger avec ses amis Bokmayer, Hellmer, Haberlandt et Werner, il passera le dimanche à Perchtoldsdorf et se rendra lundi après-midi à Traunkirchen, où il passera environ une semaine en compagnie de Hugo Faisst. Ensuite, il se mettra sérieusement au travail…
« Hoernes hat nun alle von mir gewünschten Aenderungen im Text vorgenommen u.z. zu meiner größten Zufriedenheit. Morgen Nachmittags machen wir in Gemeinschaft mit Bokmayer, Hellmer, Haberlandt u. Werner eine Partie auf den Anninger, den Sonntag verbringe ich noch in Perchtoldsdorf u. reise Montags Nachmittag nach Traunkirchen, wo ich in Gesellschaft Faisst’s ungefähr eine Woche verbringen werde. Dann gehts ernstlich an die Arbeit »
- 1 000 €
Histoire postale

308
SIÈGE DE PARIS
Lot de trois documents retraçant l’histoire du Siège de Paris dont
- Général Uhrich : à destination du 5 e régiment de Chasseurs de Bazaine en Prusse
- Boule de Moulins : affranchie avec une paire du 40c. Lauré (Y&T n°31) et 20c. Bordeaux (Y&T n°45).
- Lettre datée du 5 janvier 1871 avec une gazette n°21, timbre oblitéré à la plume et arrivée à Lunéville le 29 mars 1871.
400 - 500 €
310
SIÈGE DE PARIS
Ensemble de deux Ballons Montés et d’une Boule de Moulins dont:
- Jules Favre n°1 ou Jean Bart n°2 : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. étoile sur Correspondance Havas du 10 oct 70 à destination de VALENCIENNES - NORD. Arrivée le 19 octobre,
- Général Daumesnil : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. étoile 24 sur lettre formule REPUBLIQUE FRANCAISE à destination de TROYES
- AUBE,
- Boule de Moulins : Bande de 4 du 20c. Bordeaux (Y&T n°45) + 10c. Bordeaux x2 (Y&T n°43) obl. GC 1484 sur lettre frappée du CàD De Fernex du 4 janv 71. Correspondance présente écrite à Genève et datée du 3 janvier.
400 - 500 €


309
BALLON MONTÉ
Le Jacquard
Affranchissement décollé par immersion sur Gazette des absents n°9 frappée du CàD de Paris du 23 nov 70 à destination de LE BLANC - INDRE. Arrivée le 24 décembre. Repêchage de l’Ile de Bryher. Rare combinaison de la gazette et du Jacquard.
400 - 500 €
311
BALLON DES GRAVILLIERS
2 lettres à destination de Madame ROSELEUR à AUBUSSON :
- LE GENERAL UHRICH : 20c. Lauré (Y&T n°29) sur lettre frappée du CàD de PARIS du 13 nov 70, à destination de Madame ROSELEUR à AUBUSSON - CREUSE. Arrivée le 27 octobre,
- Sortie après le siège : 20c. Siège (Y&T n°37) sur lettre frappée du CàD de Paris du 30 janv 71, à destination de Madame ROSELEUR à AUBUSSON - CREUSE. Arrivée le 11 février.
400 - 500 €




312
SIÈGE DE PARIS
Ensemble de deux Ballons Montés et d’une Boule de Moulins dont:
- Gazette des Absents n°19 : ayant voyagé avec le Tourville à destination de Tours,
- Gazette des Absents n°32 - Cambronne : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. étoile sur lettre frappée du CàD de Paris 27 janv 71 à destination de MONT DE MARSAN - LANDES. Arrivée le 2 février. On y joint une Boule de Moulins.
400 - 500 €

314
SIÈGE DE PARIS
Ensemble de deux Ballons Montés et d’une Boule de Moulins dont:
- Le Lafayette : 40c. non dentelé (Y&T n°16) obl. étoile sur lettre frappée du CàD de Paris du 18 oct 70 à destination de MANNHEIMALLEMAGNE. Cachet PD au recto. Cachet d’arrivée à MANNHEIM au verso, date illisible
- Torricelli : 30c. Lauré (Y&T n°30) obl. étoile 5 sur lettre frappée du CàD de Paris du 15 janv 71, à destination de VERNEX-MONTREUX
- SUISSE. Cachet PD en rouge au recto. Arrivée le 30 janvier, - Boule de Moulins : 20c. Lauré (Y&T n°29) et 40c. Lauré (Y&T n°31) obl. GC 2240 de Marseille à destination de Paris par Moulins, sur lettre frappée du CàD de Marseille du 4 janv 71. Manque un timbre à 40c. pour avoir un affranchissement complet.
400 - 500 €
313
BALLON MONTÉ
George Sand Pli confié 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. du CàD de LILLE à PARIS du 8 oct 70, sur lettre à destination de TOULOUSE - HAUTE GARONNE. Arrivée à Toulouse le 10 octobre. TB.
400 - 500 €



315
BALLON MONTÉ
Toricelli
Pli confié. 20c. Siège (Y&T n°36) obl. losange s/lettre frappée du CàD de Rennes à Paris du 29 janv 71, à destination de HONFLEUR
- CALVADOS. Arrivée le 1er février. TB.
400 - 500 €
316 SIÈGE DE PARIS
Ensemble de deux Ballons Montés :
- George Sand - Pli confié. 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. du CàD de LILLE à PARIS du 8 oct 70, à destination de TOULOUSE - HAUTE GARONNE. Cachet au verso du 10 oct.
- General Bourbaki : 10c. Siège (Y&T n°36) et 20c. Siège (Y&T n°37) obl. étoile 2 sur gazette des absents, n°29 frappée du CàD de Paris du 19 janv 71 à destination de Londres. Arrivée le 23 janvier.
400 - 500 €



319
SIÈGE DE PARIS
Ensemble de Ballons Montés et Boule de Moulins :
- Ville d’Orléans : Timbre enlevé, sur lettre frappée du CàD de Paris du 23 nov 70 à destination de SARZEAU - MORBIHAN.
Arrivée le 23 décembre,
- Jules Favre n°1 ou Jean Bart n°2 : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. étoile 33 sur lettre frappée du CàD de Paris du 14 oct 70, à destination de BELLEGARDE - AIN. Cachet de passage et arrivée le 22 oct,
- Garibaldi : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. étoile 1 sur lettre frappée du CàD de Paris du 21 oct 70, à destination de MILHAU - AVEYRON. Arrivée le 2 novembre,
- Archimède : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. étoile 24 sur JournalPoste n°5 frappée du CàD de Paris du 17 nov 70, à destination de LYON - RHONE. Arrivée le 26 novembre,
- Boule de Moulins : 20c + 80c. Bordeaux obl. GC 2084 sur lettre frappée du CàD de Lorient du 4 janv 71, à desttination de Paris par Moulins. Sans arrivée.
- Boule de Moulins : 20c. Bordeaux + Trace du 80c. Brodeaux sur lettre frappée du CàD de Marseille du 3 janv 71, à destination de Paris par Moulins. Sans arrivée.
- On y joint d’autres documents se référant à la guerre de 70 comme un papillon de Metz.
317
SIÈGE DE PARIS
Ensemble de quatre Ballons-Montés :
- Ville d’Orléans : 30c. Lauré (Y&T n°30) obl. étoile 35 sur lettre frappée du CàD de Paris - Corps Législatif du 21 nov 70, à destination de HAINAUT - BELGIQUE. Cachet PD au recto en rouge. Arrivée le 13 décembre, - Armand Barbès : 30c. Lauré (Y&T n°30) obl. étoile 1 sur lettre frappée du CàD de Paris du 04 oct 70, à destination de LONDRES - GRANDE BRETAGNE. Cachet PD au recto en rouge. Arrivée le 13 octobre,
- Denis Papin : Paire du 10c. Siège (Y&T n°36) obl. étoile 15 sur lettre frappée du CàD de Paris du 06 déc 70, à destination de BOULOGNE SUR MER - PAS DE CALAIS. Arrivée le 11 Décembre, - Daguerre : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. étoile 2 sur Ballon Poste n°2 «En-tête Ballon» frappée du CàD de Paris du 21 nov 70, à destination de LA VILLABELLE - COTES DU NORD. Bureau de passe du 29 Nov 70.
400 - 500 €
318
BALLON MONTÉ
General Uhrich
80c. Lauré (Y&T n°32) obl. sur lettre frappée du CàD de Paris du 15 nov 70, à destination de SAINT PETERSBOURG - RUSSIE. Cachet PD au recto en rouge. Sans arrivée.
400 - 500 €

400 - 500 € 320
BALLONS MONTÉS
Ensemble de neufs ballons montés dont :
- Ville de Florence (ou retardé) : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. étoile muette sur lettre frappée du CàD de Paris du 24 sept 70, à destination de VANNES - MORBIHAN. Arrivée le 22 octobre, - Gironde : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. étoile 27 sur lettre frappée du CàD de Paris du 6 nov 70 à destination de MELUN - SEINE ET MARNE. Arrivée le 11 nov 1870. Arrivée très rare en zone occupée. Provient de l’archive MAS, - Archimède : Bande de 3 du 10c. Lauré (Y&T n°28) obl. Paris SC du 19 nov 70 sur Gazette des Absents n°9, à destination de LONDRES - ANGLETERRE. Cachet PD en noir au recto. Ambulant Paris à Calais au verso. Arrivée le 28 Novembre, - Ville d’Orléans : Affranchissement décollé par immersion sur Ballon-Poste n°7 frappé du CàD de Paris du 24 nov 1870, à destination du Havre. Arrivée le 10 décembre,
- Parmentier : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. étoile muette sur correspondance HAVAS frappée du CàD de Paris du 14 déc 70, à destination de RENNES - ILLE ET VILAINE. Arrivée le 30 décembre. On y joint également un Franklin, à destination de NANTES - LOIRE INFERIEURE, un Etats-Unis, à destination de NEUVILLE - VIENNE, un Denis Papin, à destination de BRUXELLES - BELGIQUE, un Général Faidherbe, à destination de DIVES - CALVADOS.
321
BALLONS MONTÉS
Ensemble de quatre ballons montés dont:
- Fulton : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. PLAR (Ambulant Paris-La Rochelle) sur lettre, à destination de DIEPPE - SEINE INFERIEURE puis réexpédiée à BRUXELLES-BELGIQUE. Cachet de passage à Dieppe le 5 nov. Griffe AFRRANCHISSEMENT INSUFFISANT, en rouge sur le verso. Arrivée le 7 novembre,
- Général Uhrich : 30c. Lauré (Y&T n°30) obl. étoile 1 sur formule Orlandi frappée du CàD de Paris du 16 nov 70, à destination de LONDRES - ANGLETERRE. Arrivée le 24 novembre.
On y joint un Poste de Paris sur gazette des absents n°28, à destination de LONDRES - ANGLETERRE et un Jules Favre n°1 ou un Jean Bart n°2, à destination de DUNKERQUE - NORD.
400 - 500 €



322
BALLONS MONTÉS
Ensemble de huit Ballons Montés dont :
- Général Cambronne : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. sur Gazette des Absents n°31 frappée du CàD de Paris du 27 janv 71, à destination de MOUTIERS LES MAUXFAITS - VENDEE. Arrivée le 2 février,
- Montgolfier : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. étoile 25 sur lettre frappée du CàD de Paris du 24 oct 70, à destination de PAU - BASSES PYRENEE. Arrivée le 4 novembre,
- Jacquard : Affranchissement décollé lors de l’immersion sur lettre frappée du CàD de Paris du 24 nov 70, à destination de GRENOBLE - ISERE. Cachet PP en noir au recto. Arrivée le 25 décembre.
On y joint un Armand Barbès, un Fulton, a destination des Landes, un Vaucansson, à destination de GENEVE - SUISSE, un NEWTON, à destination de TROUVILLE - CALVADOS.
500 - 800 €
324
GUERRE DE 70
Ensemble de trois Ballons-Montés, deux Boules de Moulins et deux Papillons de Metz dont
- Deux Boules de Moulins : 20c. et 80c. de l’émission de Bordeaux à chaque fois, sans arrivée, - Deux Papillons de Metz : un adressé à GIGNAC - HERAULT et un à VIRE - CALVADOS.
Ainsi qu’un Jules Favre n°1 ou un Jean Bart n°2, à destination de LILLE - NORD, un Armand Barbès à destination de PREIGNAC, un NEWTON, à destination de COGNAC - CHARENTE.
400 - 500 €
323
BALLONS MONTÉS
Ensemble de trois Ballons Montés dont :
- Ville de Florence : Cachet taxe 30c. sur lettre frappée du CàD de Paris du 24 sept 70, à destination de ANTRAIN SUR COUESNON - ILLE ET VILAINES. Arrivée le 30 septembre,
- Garibaldi : 20c. Dentelé (Y&T n°22) obl. étoile 25 sur lettre frappée du CàD de Paris du 30 oct 70, à destination de ARROMANCHES - CALVADOS. Arrivée le 4 Novembre. On y joint la réponse avec une tentative d’entrée dans Paris, avec mention manuscrite «Par le Facteur de Mantes». Sans arrivée à Paris.
300 - 400€


325
SIÈGE DE PARIS
Ensemble de quatre Ballons Montés et deux Boules de Moulins dont :
- Ville de Chateaudun : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. sur lettre frappée du CàD de Paris du 5 nov 70 à destination de AUBUSSON - CREUSE. Arrivée le 9 novembre. Provient de l’archive Roseleur, - Armand Barbès (probable) : 40c. Lauré (Y&T n°31) obl. étoile 1 sur lettre frappée du CàD de Paris du 29 nov 70, à destination de AMSTERDAM - PAYS BAS. Arrivée le 15 octobre, - Duquesne (possible) : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. étoile sur lettre frappée du CàD de Paris du 28 déc 70, à destination de PERTHES - HAUTE MARNE. Arrivée le 13 janvier en zone occupée, - Boule de Moulins affranchis d’un 80c. Lauré et d’un 20c. Bordeaux,
400 - 500 €
327
BALLONS MONTÉS
Ensemble de deux Ballons Montés :
- Jacquard : Affranchissement décollé par immersion sur lettre frappée du CàD de Paris du 24 nov 70, à destination de AIX LES BAINS - SAVOIE. Cachet de repêchage de FALMOUTHANGLETERRE du 3 décembre. Arrivée le 11 décembre,
- Non dénommé n°1 : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. étoile 8 sur lettre frappée du CàD de Paris du 20 sept 70, à destination de LASCELLE - CANTAL. Arrivée le 16 octobre.
500 - 800€
326
SIÈGE DE PARIS
Ensemble de trois Ballons Montés, deux Boules de Moulin et un document dont:
- Godefroy Cavaignac - pli confié : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. GC 978 de Chaumont-en-Bassigny sur lettre, à destination de AUXERRE - Yonne. Arrivée le 22 octobre,
- Fulton : 10c. Dentelé (Y&T n°21) et 20c. Siège (Y&T n°36) obl. étoile
4 sur lettre frappée du CàD de Paris du 1 nov 70, à destination de LONDRES - ANGLETERRE. Arrivée illisible, - 2 Boules de Moulins sans arrivée dont une avec affranchissement de 5 ex. du 20c. Lauré (Y&T n°29).
400 - 500 €
328
BALLONS MONTÉS
Ensemble de deux Ballons Montés :
- Torricelli : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. AF en rouge sur lettre frappée du CàD Armée Française F en rouge du 18 sept 71, à destination de ST MALO - ILLE ET VILAINE. Arrivée le 29 janvier, - Parmentier (probable) : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. GC 4277 sur lettre frappée du CàD de Paris du 9 dec 70, à destination de GRANVILLE - MANCHE. Arrivée le 22 décembre.
450 - 550€





329
SIÈGE DE PARIS
Ensemble de cinq Ballons Montés, deux Tentatives d’entrée et une Boule de Moulins dont :
- Colonel Charras: 30c. Lauré (Y&T n°30) et 40c. Lauré (Y&T n°31) obl. étoile 6 sur lettre frappée du CàD de Paris du 28 oct 70, à destination de BOSTON - USA. Taxe américaine à 2 cents,
- Général Cambronne : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. étoile sur lettre frappée du CàD de Paris du 18 janv 70, à destination de BOULOGNE SUR GRESSE - HAUTE GARONNE. Arrivée le 1 fevrier,
- Boule de Moulins : 40c. Dentelé (Y&T n°23) et paire du 30c. Lauré obl. GC 559 sur lettre frappée du CàD de Bourdeilles du 5 janv 71. On y joint Armée de la Loire (probable) à destination de BILLOM - PUY DE DOME, Lavoisier à destination de CAEN - CALVADOS et Duquesne à destination de MONS - BELGIQUE.
500 - 700€
331
SORTIE PAR PASSEUR
Lettre manuscrite de Paris, datée du 20 oct. 1870.
20c. Lauré (Y&T n°29) obl. du GC 532 et frappée du CàD de Bordeaux du 22 dec 70, à destination de PAU. Arrivée le 23 décembre. Mention dans la lettre «si cette lettre t’arrive, elle te parviendra par un messager». SUP et Rare.
500 - 700€



330 SIÈGE DE PARIS
Ensemble de quatre Ballons Montés, une sortie apèrs le siège et une marque postale dont :
- Général Cambronne : 10c. Lauré (Y&T n°28) - Bande de 3 - obl. etoile 3 sur lettre frappée du CàD de Paris du 27 sept 71, à destination de JERSEY - ANGLETERRE. Arrivée le 4 fevrier, - Franklin : 80c. Lauré (Y&T n°32) obl. etoile 22 sur lettre frappée du CàD de Paris du 4 déc 70, à destination de ST PETERSBOURG - RUSSIE. PD en rouge au recto. Sans arrivée,
- Général Renault : 40c. Lauré (Y&T n°31) obl. étoile muette sur lettre frappée du CàD de Paris du 8 déc 70, à destination de LA HAYE - HOLLANDE. Arrivée le 14 décembre,
- Newton : 10c. Siège (Y&T n°36) et 20c. Siège (Y&T n°37) obl. etoile 8 sur lettre frappée du CàD de Paris du 1 janv 71, à destination de COWES - ILE DE WIGHT - ANGLETERRE. Arrivée le 12 janvier. On y joint une sortie après le siège et une marque postale de 1821.
800 - 1 000 €
332
SIÈGE DE PARIS
Un Ballon Monté et une Boule de Moulins :
- George Sand - pli confié : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. CàD Lille à Paris du 8 oct 70 sur lettre, à destination de ARCACHONGIRONDE. Arrivée le 10 octobre,
- Boule de Moulins : 80c. Lauré (Y&T n°32) et 20c. Bordeaux obl. GC 556 sur lettre frappée du CàD de Nice du 4 janv 71.
400 - 600€
333
BOULE DE MOULINS
20c. Bordeaux (Y&T n°45). Bande de 5. obl. GC 2565 sur lettre à destination de PARIS. Rare affranchissement et texte intéressant.
400 - 500 €

334
BOULE DE MOULINS
Répêchage n°14
20c. Bordeaux + fragment d’un 80c. arraché obl. LIL sur lettre frappée du CàD de Paris à Lille du 5 Janv 71, à destination de Paris. Arrivée à Paris le 29 novembre 1872. Cachet 81 en noir au verso. SUP et Rare.
On y joint quatre Ballons Montés dont Garibaldi, à destination de MAINNEVILLE - EURE, Gambetta, à destination de ELBEUF - SEINE INFERIEUR, Torricelli, à destination de DIEPPE - SEINE INFERIEUR, Poste de Paris sur Agence Havas, à destination de VALENCIENNES - NORD. Et également une marque postale.
1 000 - 1 500€




335
BALLONS MONTÉS
Ville de Florence
Pli confié : Affranchissement manquant sur lettre frappée du CàD de Tours du 27 Sept 1870, à destination de LOUVIERS - EURE. Cachet PP en noir au recto. Arrivée probable le 28.
400 - 500 €
336
BALLONS MONTÉS
Ensemble de sept Ballons Montés dont : - Général Bourbaki : Lettre frappée du CàD taxé 30 de Paris du 19 janv 71, à destination de RENNES - ILLE ET VILAINE. Mention manuscrite Armée de Paris et cachet ARTILLERIE en bleu. Arrivée le 26 janvier, - Ville d’Orléans : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. Paris SC en rouge du 23 nov 70 sur lettre, à destination de NANTES - LOIRE INFERIEUR. Arrivée le 29 décembre, - Bayard (probable) : 20c. Siège (Y&T n°37) obl. Paris SC en rouge du 28 dec 70 sur gazette des absents n°20, à destination de LOUE - SARTHE,
- Fulton ou Ferdinand Flocond - Pli confié : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. GC 3189 sur lettre, à destination de BREST - FINISTERE. Sans arrivée.
On y joint également General Faidherbe à destination de CHAMBERY - SAVOIE, Newton sur Gazette des absents n°21, à destination de GRANVILLE - MANCHE et Armée de la Loire à destination de SOTTEVILLE-LES-ROUEN - SEINE INFERIEUR.
400 - 500 €
337
BALLON MONTÉ
Victor Hugo - Pli confié
10c. Lauré (Y&T n°28) et 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. CàD de Tours du 21 oct 70, à destination de BRUXELLES - BELGIQUE. Arrivée le 24 oct 1870.
300 - 500€

338
BALLONS MONTÉS
Lot de dix Ballons Montés et une Marque Postale dont :
- Gironde : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. étoile 22 sur Gazette des absents n°5 frappée du CàD de Paris du 7 nov 70, à destination de LUC-SUR-MER - CALVADOS. Réexpédition vers BRUXELLES - BELGIQUE. Cachet Affranchissement insuffisant en noir. Arrivée le 12 novembre,
- Archimède : 10c. Siège (Y&T n°36) obl. GC 347 sur carte frappée du CàD de Paris du 20 nov 70, à destination de NIORT - DEUX SEVRES. Arrivée le 25 novembre.
On y joint également Bayard, à destination de SASSON - YONNE, GAMBETTA, à destination de BREST - FINISTERE, Tourville sur Dépêche-ballon, à destination de NICE - ALPES MARITIMES, Lavoisier, à destination de BORDEAUX - GIRONDE, Victor Hugo, à destination de DIEPPE - SEINE INFERIEUR, Tourville, à destination de MENTON - ALPES MARITIMES, Bayard, à destination de RENNES - ILLE ET VILAINE et Jules Favre n°1 ou Jean Bart n°2, à destination d’ARCACHON - GIRONDE.
400 - 500 €
339
BALLON MONTÉ
Les États-Unis
20c. Lauré (Y&T n°29) et 80c. Lauré (Y&T n°32) obl. étoile 2 sur lettre frappée du CàD de Paris du 25 sept 70, à destination de POTI - CAUCASE (actuellement en Géorgie). Cachet de passage au verso par Marseilles et Constantinople. Arrivée le 28 ou 29 oct 1870 (calendrier julien). SUP. Très rare.
2 000 - 3 000 €
340
BALLONS MONTÉS
Lot de trois Ballons Montés et une marque dont : - Général Daumesnil : 40c. Lauré (Y&T n°31) en paire obl. étoile muette sur lettre frappée du CàD de Paris du 21 janv 71, à destination de ST PETERSBOURG - RUSSIE. Sans arrivée, - États-Unis (probable) : 40c. Lauré (Y&T n°31) obl. etoile 9 sur lettre frappée du CàD de Paris du 27 sept 70, à destination de POSEN - PRUSSE. Cachet Affranchsisement inssuffisant en rouge repété deux fois. Taxe prussien «2» en bleu, - Mongolfier (probable) : 20c. Lauré (Y&T n°29) obl. GC sur lettre frappée du CàD de Paris du 24 oct 70, à destination de PERAY - ARDECHE. Arrivée le 4 nov 1870.
400 - 500€
341
BALLONS MONTÉS
Ensemble de cinq Ballons Montés et une Marque dont : - Daguerre (probable) : 40c. Siège (Y&T n°38) obl. étoile 2 sur lettre frappée du CàD de Paris du 8 nov 70, à destination de AMSTERDAM - PAYS BAS. Arrivée le 2 décembre, - Denis Papin : 20c. Siège (Y&T n°36) obl. GC 2793 sur lettre formule imprimée sur papier vert frappée du CàD de Paris du 5 dec 70, à destination de ST OMER - PAS DE CALAIS. Arrivée le 11 décembre, - Washington - pli confié : 10c. Lauré (Y&T n°28) obl. CàD de Douai du 13 oct 70 sur lettre, à destination de GRASSE - ALPES MARITIMES. Arrivée le 17 octobre.
On y joint un Lavoisie,r à destination de Rochefort et Jules Favre n°1 ou Jean Bart n°2, à destination de PREMERY - NIEVRE.
400- 600€






Jeudi 10 juillet
Littérature

515
ABRANTÈS Laure Junot duchesse d (1784-1838).
7 L.A. ou L.A.S. « La Duchesse d’Abrantès », [1831 ?]-1835, à Victor HUGO ; 34 pages in-8.
Belle correspondance littéraire à Victor Hugo Dimanche soir [1831]1. Longue lettre à propos d’Alexandre DUMAS qu’on cherche à brouiller avec Hugo ...« Oh je vous en conjure ne vous brouillez pas avec Dumas ! – il vous aime V r AIMENT »...
[Fin novembre 1832]. Après l’interdiction du Roi s’amuse, disant sa colère contre « la stupide bêtise de cette censure » et « ces baillons de la pensée, arbitrairement bêtes »... Elle évoque la première représentation, et détaille les beautés de la pièce... « Triboulet est une création de génie », qu’elle compare à Quasimodo et à Han d’Islande. Elle revendique sa qualité d’hugonienne : « lorsqu’une production de vous paraît Monsieur, ce n’est pas l’œuvre d’un homme habile, d’un poète renommé, c’est celle d’un Grand-Homme »...
[Début novembre 1833]. « Confidentielle ». Demande de places pour Marie Tudor. Longue explication, où elle assure Hugo de son amitié fidèle.
[Décembre 1833]. Lettre chaleureuse, remerciant Hugo du don du manuscrit de l’Ode à la Colonne... « Comment vous a-t-il été révélé que bien avant de vous connaître, aussitôt que parut ce chef-d’œuvre je vous fus acquis pour toujours et de cette secte hugonienne dont le chef pouvait à 24 ans faire de pareilles merveilles »...
9 janvier 1835. Longue lettre de 7 pages ...« Ma vie n’a été qu’une suite de jours plus ou moins pénibles. Mariée à 15 ans à un homme qui m’aima d’une passion effrenée et qui enveloppa mon âme d’un voile de feu. J’aurais du en être consumée et inerte pour toute affection ; j’en fus au contraire retrempée comme le bon acier et je devins à cette première école maitresse habile pour supporter la souffrance – l’immense fortune dont j’ai joui pendant bien des années de ma vie, et qui jamais n’arrêta une larme de douleur dans mes yeux, fut pour moi la preuve qu’elle n’est rien dans les affections ni dans le malheur ou le bonheur. J’ai bien pleuré –bien gémi »... Elle a bien besoin de l’affection d’Hugo, de « ces conversations de cœur à cœur », de ses conseils...

12 septembre 1835. Longue lettre de 8 pages. Elle se plaint de ne plus le voir depuis le beau triomphe d’Angelo : « notre pacte d’Amitié est rompu »... Elle veut lui soumettre la notice qu’elle rédige sur lui... « Courage mon illustre ami ! Courage ! N’écoutez pas les coâssements des oiseaux de nuit, les sifflements des serpens ou plutôt des méchants reptiles que votre soleil par sa chaleureuse influence fait éclorre au pied de votre aire ! Suivez hardiment votre course... poursuivez la vers les cieux... c’est là qu’est la couronne des grands hommes de toutes les Gloires »... Puis elle raconte longuement le cortège et la cérémonie des morts de l’attentat de FIESCHI, parmi lesquels le maréchal MORTIER, « un ami de cœur pour moi ! il avait servi de père à mon mari à notre mariage ! »... [1835 ?] « A vous seul ». Sur Astolphe de CUSTINE : « Vous aurez vu du mariage où jamais il n’en fut et jamais il n’y en aura. Je lui suis tendrement attachée. Mais savez-vous ce que c’est qu’une indépendance comme la mienne ? Savez-vous ce que c’est qu’un veuvage de vingt ans ! Au reste quoiqu’il me soit aussi fort attaché et de cela j’en suis certaine je ne crois pas qu’il y songe plus que moi. Sans doute s’il le fallait pour détruire bien des bruits absurdes je le ferais – mais jamais autrement et pourtant je lui suis aussi attachée qu’on peut l’être en ce monde à un être humain »...
On joint une L.A.S. de son fils Napoléon d’ABRANTÈS à Victor HUGO, 8 novembre [1838], à propos de places pour Ruy Blas Plus une L.S. du maréchal BERTHIER, Boulogne 14 fructidor XII (1er septembre 1805), au général Meusnier (1 p.in-fol., adr.).
800 - 1 000 €

516
APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918).
L.A.S. « Guillaume Apollinaire », « Paris 15 rue Gros » [vers 1910], à un rédacteur de la revue lyonnaise L’Art Libre ; 2 pages in-8.
Il remercie de l’envoi de L’Art Libre : « J’y retrouve les noms que j’aime et les tendances de votre revue me sont infiniment sympathiques. […] Votre ville est l’une de celles que je préfère et je la chante au premier chant d’un poème que j’achève [allusion à Vendémiaire , où il loue « les anges de Fourvière » et fait allusion aux soyeux de Lyon, à la Saône et au Rhône]… Spectaculaire signature.
800 - 1 000 €

517
APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918).
L.A.S. « Guillaume Apollinaire », [vers 1910], à un ami ; 2 pages oblong in-12.
Il l’invite à venir le lendemain soir, espérant que « votre indisposition est complètement dissipée. Ma conférence [Les Poètes d’aujourd’hui ] paraîtra en volume. Voulez-vous annoncer de moi un volume de vers pour octobre ou novembre »… Il donne son adresse « 15 rue Gros ».
400 - 500 €

518
APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918).
L.A.S. « Guillaume Apollinaire », 17 août 1918, à Philippe SOUPAULT, à l’Hôpital 47 à Paris ; 1 page oblong in-8 sur papier saumon, enveloppe autographe avec en-tête et cachet encre du Ministère des Colonies , et mention autographe de l’expéditeur : « S/lieut. G. Apollinaire, 202 Bd St Germain ».
« Mon cher ami, je vous souhaite un prompt rétablissement. Je vous souhaite aussi que ce repos à l’hôpital vous procure le calme nécessaire à la composition des beaux poèmes que vous pouvez faire et que vous ferez. Votre ami, Guillaume Apollinaire ». Correspondance générale , t. 3*, n° 1932.
700 - 800 €
519
ARAGON Louis (1897-1982).
L.A.S. « Louis Aragon », Neuilly 20 [septembre 1919], à Jean COCTEAU ; 1 page et demi in-8 à son adresse 12, Rue S t Pierre Neuilly s/Seine , enveloppe.
Belle lettre à Cocteau, peu après son retour à la vie civile « Cher ami, me pardonnez-vous ma paresse ? Je voulais pourtant vous écrire le plaisir que m’avait fait votre geste, et combien j’aime l’atmosphère respirable où nous voici désormais. Les gens auront beau dire, on se sent mal à l’aise, en chiens de faïence dans une cloche à plongeur. Le monde s’est retourné : vous voici au diable et moi à Paris. Mais je regrette mon enfer et ses jolies flammes qui valent mieux que Luna-Park. Si vide soit-elle en été la capitale contient toujours assez d’individus pour vous marcher sur le corps et vous regarder de travers. On n’en meurt pas. On ne meurt de RIEN. Il n’y a là rien d’étonnant, on m’avait prévenu dans les manuels : Paris, capitale de la France, célèbre par son arc de triomphe, ville de perdition (les géographes écrivent bien mal). Il reste tout de même de belles boutiques dans le quartier SaintDenis, et quelques bars “inondés de lumière” qui sont encore le paradis terrestre. Puis vient d’ouvrir, à la station Sèvres-Lecourbe, le Cirque Monbar que l’on ne peut pas quitter sans larmes. En face de lui sous les arches du Métro un bel acrobate (vous savez ces maillots noirs coupés en diagonale, il n’est besoin que d’un sein pour le cœur) nous retient longtemps encore à la sortie de l’éden et nous pouvons imaginer que nous n’avons pas déserté la tente aux mille tours. Il n’y a pas de raisons pour que cela ne dure pas toute la vie. Helas, il y a l’hôpital, la Faculté, ce n’est pas tous les jours dimanche. […] Feu de joie paraît en Octobre (il n’y paraîtra pas beaucoup). En ce moment, on m’enlève les taches bleues de mes vêtements. Quand revenez-vous ? Vous ne trouverez plus que des gens comme tout le monde qui mangent deux fois par jour (quand ils en ont les moyens). J’attends beaucoup de ce changement de costume : retrouver de vieilles idées neuves, quelques douceurs, et un vieux ticket du Palais de glace oublié dans une poche »…
600 - 800 €

520 ARAGON Louis (1897-1982).
L.A.S. « L. », Mercredi [Guéthary été 1924 ?], à Denise LÉVY ; 1 page in-4.
[C’est fin 1922 qu’Aragon rencontre Denise Lévy, cousine de Simone Kahn, l’épouse d’André Breton. D’abord mariée à Georges Lévy, elle sera plus tard l’épouse de Pierre Naville. Elle inspira à Aragon le personnage de Bérénice dans Aurélien . Cet été 1924, Aragon passe ses vacances à Guéthary chez Drieu La Rochelle.] Il ne sait combien de temps il restera, « outre que je ne veux pas encombrer indéfiniment Drieu, le besoin de solitude, celui de changer de place me prennent. [….] Et puis ma famille qui me tanne pour que je vienne […] et moi qui n’en ai aucune envie. […] je veux rechercher cet endroit où vous viendriez, et je pense à une phrase de votre lettre (Ce voyage était si beau pourtant). Vous voudriez me voir. Denise, je pense que vous savez si je ne veux pas vous voir. Tout ce que vous me dites : aujourd’hui je vous écris au sortir de l’eau et c’est comme si les mots étaient poisseux d’eau salée, toute la mer dans l’encrier, je ne peux répondre à rien ». Ce qu’elle lui a dit de Marcel NOLL lui a donné un « plaisir méchant […]. Pauvre garçon […] je suis ravi qu’il vous impatiente. J’aime mieux ne rien vous dire de plus. Je me sens une sorte de méchanceté qui n’est pas pour vous. C’est ce brouillard de gens autour de moi. […] Aucune nouvelle d’André [BRETON], de Simone, de Max [ERNST], de DESNOS. Est-ce qu’il y a eu une éclipse totale ? »…
500 - 700 €

521
ARAGON Louis (1897-1982).
L.S. « Aragon » avec 3 lignes autographes, Paris 3 janvier [1932 ou 1933], à Charles HAINCHELIN ; 1 page in-4 dactylographiée.
[À partir de 1932, Hainchelin est très actif au sein de la revue La Lutte , animée par Aragon, Jean Baby et Georges Sadoul. Celleci est essentiellement centrée sur une approche marxiste de la libre-pensée]. Le « Cher camarade » Hainchelin a dû recevoir une lettre de Georges GALPÉRINE, malgré le temps qu’il faut à celui-ci « pour se mettre à écrire une lettre », à propos de La Lutte [Galpérine fut élu en mars 1931 secrétaire national de l’Association des Travailleurs sans Dieu et dirigea, sous le pseudonyme de Levasseur, la Libre Pensée prolétarienne dont l’organe fut La Lutte antireligieuse ]. Aragon écrit « en qualité de chien de rédaction pour vous demander votre copie », à adresser à Galpérine : « notre secrétaire national assure à lui seul un travail auquel dix personnes ne suffiraient pas ». Il se désole « de l’intermittence et du précaire de nos relations », d’autant qu’il aimerait le consulter sur plusieurs points, et « pour que je me fasse une idée un peu moins romantique, entre autres ». Sous sa signature, il ajoute de sa main : « G. S. [Georges Sadoul] m’a raconté avec quelle désinvolture il se trouve que le Surréalisme ASDLR [Le Surréalisme au service de la révolution , revue qui a succédé à la revue La Révolution surréaliste ] en a agi avec vous […] je vous prie de voir là essentiellement les ravages d’une réelle absence de liaison ».
De sa main, il a également écrit en haut de page son adresse « 5 rue Campagne Première Paris 14 e » et la date.
On joint une L.A.S. (incomplète du début ; 1 page et quart in-4), à propos de luttes surréalistes et communistes….
300 - 400 €




522
ARAGON Louis (1897-1982).
14 L.A.S. « Aragon », 1968-1973, à Henri DROGUET ; 19 pages in-4.
Belle correspondance à un jeune poète [Henri DROGUET, né en 1944, publie son premier recueil Le Bonheur noir en 1972, au Mercure de France.] 10.XII.1968 . Il est accablé de manuscrits. De tous les poèmes que lui a envoyés Droguet, il en aime trois : « Le reste... ou ça me rappelle quelque chose ou ça ne me dit rien. Après tout, il est plus difficile qu’on ne croit de parler d’amour, on n’est jamais le premier ». Il aimerait « que les trois qui me plaisent paraissent dans les Lettres Françaises »… – 27/3/69. « Il est certain que je ne puis, pratiquement, écrire en détail des appréciations de chaque poème reçu, même s’ils me plaisent (vous n’imaginez pas le courrier que je reçois) »… – Quiberon 29.III.70. « Nous avons été tout ce temps gravement malades ma femme et moi et je vis avec une inquiétude de tous les instants dans le cœur. J’ai longtemps essayé par quelques signes de vie de donner le change. On n’aime guère à faire pitié. […] J’ai devant moi les sept poèmes que vous m’avez envoyés au début de 70, je ne les aime pas moins que ceux de 68. Si vous voulez bien, je vais publier l’ensemble dans Les Lettres […] vous dites, et vous avez raison, que je publie trop pour qu’on puisse tout acheter (les italiques sont de vous). Je vous le concède, mais on peut y voir le fait d’un homme qui sait que le temps lui est mesuré, et qui n’aime pas les œuvres posthumes. […] Pour qui, je vous le demande, publie-t-on des livres, quand on pourra déjà en être fatigué au bout d’une longue et lourde vie ? »… – 23/11/70
Projet de réunir « la foule de mes poètes »… – 10/I/71 : « les 25 Décembre et 1er janvier au moulin j’ai eu deux de ces crises dont Elsa est morte, et je n’arrive pas à mourir »… Il propose de publier Le Bonheur noir aux E.F.R. » – 16 février. « Mon cher enfant Deux crises d’angine de poitrine expliquent à la fois les retards de mon courrier, atroce à voir sur ma table, et l’impuissance d’écrire qui m’a fait retarder plusieurs semaines un article, écrit et déchiré une fois parce que ça ne valait pas pipette. Pardon de t’avoir ainsi tenu en haleine. Les poèmes sont beaux, j’ai réuni le tout, je m’occupe du sort de l’ensemble ces jours-ci. J’espère écrire si pas cette semaine, la suivante l’article qui me prouvera à moi-même la fin de cette impuissance d’écrire qui me prend depuis moins d’un an, et de quoi je voudrais en avoir fini »... – 23/IV. « Je m’arrange la semaine prochaine pour poser le problème de ton livre à une grande maison d’édition. Si ça ne marche pas, ce sera fait de toute façon chez moi à la rentrée »… – 1er juillet 71. « le Mercure de France éditera tes poèmes. J’avais donné à Simone Gallimard (directrice du M. de F.) un manuscrit fabriqué par moi de ce que j’avais »… – 9 mai 72 . Il revient de Marseille « où se tenait la nouvelle exposition Elsa Triolet, et devait se jouer le ballet sur Maïakovski, qui nécessitait aussi ma présence. […] Ce voyage à Marseille, je l’ai entrepris en pleine crise cardiaque, et j’ai bien cru ne pas même pouvoir le faire. J’ai des ennuis dont je ne peux pas écrire, et qui rendent ce que je dis incompréhensible ». Il fait le point sur le manuscrit du Bonheur noir, dont il n’a rien « censuré »…
– 8/7/73 : « je n’ai pas cessé d’être malade malgré quelques apparitions au grand air, depuis le commencement de cette année. Pas malade comme on dit pour s’excuser. J’ai failli à plusieurs reprises simplement crever. La dernière aventure remonte à moins d’un mois. Mon médecin m’a malgré mes protestations enlevé de chez moi pour m’hospitaliser à St Antoine, disant que sans cela il ne pouvait répondre de ma survie. J’ai l’air d’avoir été remis sur pied. Je suis comme on dit quelque part sur la Côte à essayer de m’en persuader. Devant le monceau des travaux entrepris et abandonnés... A vrai dire, depuis l’automne dernier, je ne suis plus moi-même »… Etc.
1 000 - 1 500 €
523
ARAGON Louis (1897-1982).
MANUSCRIT autographe signé « Aragon », Cantate à André Masson , Paris juin 1977 ; titre et 21 pages sur 22 feuillets in-4 (29,7 x 21 cm), sous chemise de papier-nappe titrée et annotée.
Important poème en dix chants, destiné à accompagner une suite de gravures d’André Masson
La Cantate à André Masson, rédigée en juin 1977, a paru dans Les Amants célèbres d’André MASSON (Berlin, Propyläen1979), suite de 10 eaux-fortes évoquant dix couples légendaires : I Ruth et Booz, II Joseph et la femme de Putiphar, III Pyrame et Thisbé, IV Armide et Renaud, V Samson et Dalila, VI Daphnis et Chloé, VII Héro et Léandre, VIII Philémon et Baucis, IX Siegfried et Brunehilde, X Ulysse et Circé. Les noms de ces couples ne figurent pas sur le manuscrit. La Cantate a été recueillie en 1981 dans Les Adieux et autres poèmes (Gallimard).
Le manuscrit, soigneusement écrit à l’encre bleu nuit, est contenu dans une chemise titrée et datée « Paris Juin 77 », avec cette note autographe : « 20 pages numérotées de 1 à 20 précédées de la page de titre Cantate à André Masson non numérotée avec verso blanc. Il faut compter hors numérotage une page (21) intitulée Après dire portant ma signature au verso du 20 » ; et au revers : « Page 2, si l’on désire que le personnage soit nommé, après Portés sur la vie un renvoi en bas de page : Joan Miro ». Après la page de titre, on trouve la « Préface abusive à dix images de l’amour » (pages 1 à 4) ; au bas de la page 4 , une note à composer en italiques : « Ceci dit en guise de préface à un livre d’images de mon ami André Masson… et s’explique qui peut le rapport que je crois voir, moi qui n’aurais plus jamais écrit des vers, même faux, pour personne, sinon lui… » Suivent les dix chants (pages 1 à 20), numérotés en chiffres romains, le premier dédié à V.H (il s’agit de Ruth et Booz) ; au chant IV est joint le tapuscrit ; le chant VI est intitulé De Daphnis et Chloé ne puis que me redire , avec cette note en bas de page : « (D’un livre épuisé, comme nous sommes tous) » ; le chant VII est intitulé Simple note. Au verso du chant X (p. 20), l’Après dire (p. 21), avec la signature.
3 000 - 4 000 €
524
BANVILLE Théodore de (1823-1891).
POÈME autographe, Chanson , septembre 1845 ; 3 pages in-fol. (petite déchirure en bas de page sans perte de texte).
Beau poème de ses débuts poétiques, composé de six couplets numérotés avec refrain changeant, soit 12 quatrains, en hommage à la bien-aimée, à travers Cypris et Vénus. « Quand Cypris naquit au monde, Sa chevelure était blonde, Et sur les flots ce trésor Ruisselait comme un flot d’or.
Heureux celui qui soupire Entre tes bras jusqu’au jour, Et jusqu’au matin respire Les rosiers de ton amour. »
400 - 500 €
525
Jules BARBEY D’AUREVILLY (1808-1889).
L.A.S. « Le Prince des Ténèbres , Jules Barbey d’Aurevilly », Mardi 17 [mai 1881], à Charles BUET ; 1 page in-8 à l’encre rouge, sur papier à sa devise Never More
À propos de la pièce de Charles Buet, Le Prêtre : « On prépare votre gloire à la Porte St Martin […] donnez-moi une baignoire , soit en compagnie de Madame Buet, soit en compagnie de M lle Noémie, qui voudront assister, sans doute, à votre triomphe. Ainsi soit-il ! Je me déteste aux orchestres et n’ai de goût que pour les pénombres de l’obscurité »…
400 - 500 €
526
BARNEY Natalie Clifford (1876-1972).
2 L.A.S. « N. », Saint-Tropez été 1934, à Nadine HWANG ; 2 pages in-4 et 2 pages in-8, une enveloppe ; en anglais (qqs phrases en français).
Tendres lettres à « My Baby Loose », au début de leur idylle Après leur brève liaison, Nadine Hwang (née en 1902) travaillera pour Natalie en tant que chauffeur, secrétaire et assistante… Samedi [4 août]. Elle conjure « Baby Loose » de se calmer : « Why are you so frantic ? ». Elle assure que personne ne la forcera à quoi que ce soit : « Je ne veux pas que tu fasse un geste ni un pas qui t’en coûte ». Ses deux dernières lettres étaient terribles. Elle a bien reçu sa carte et la caricature de Picasso. Il y a bien des choses que Nadine ne comprend pas ; « but calm down, peace my Baby Loose peace ». Personne ne lui veut du mal… 10 août . Elle lui retourne sa lettre compromettante et énigmatique ; pourquoi était-elle « “surprise, effarée et comme étourdie” […] It looks as though you & not he , had been “vamped”! Of course I love my Baby Loose or I wouldn’t mind »… Elle ne devrait pas être laissée « “too long nor too loose” And thieves are to be kept at safe distance »… R. [Romaine B r OOKS] a bien reçu les copies dactylographiées des lettres de sa mère, mais Nadine aurait dû s’abstenir d’écrire sur les lettres, « such documents are sacred ». Elle se souvient comme elle été surprise quand elle a prêté à Salomon r EINACH les lettres de Renée VIVIEN : il avait écrit “copié” sur les originaux. Romaine est un peu difficile en ce moment. Si Nadine les rejoint la semaine prochaine, il faudra faire attention et être prudentes jusqu’au départ de Romaine pour l’Italie. « I dont want my Baby Loose to miss any more of her vacation »… Elle parle ensuite de problèmes de service et de l’emploi des domestiques, elle ne veut pas engager un autre Tonkinois, en plus du chauffeur et du cuisinier, etc. Elle espère qu’elle a bien reçu les pâtes de fruits de Saint-Raphaël, et termine : « I want my Baby Loose safe in my arms soon-soon. Love n’s N. N’s n. »…
1 000 - 1 200 €




527
BARTHES Roland (1915-1980).
NOTES autographes, 1972-1973 ; 38 pages in-4, in-8 ou in-12 montées sur des feuillets in-4.
Plans et notes pour son séminaire et pour Le Plaisir du texte
Le Plaisir du texte , issu de son séminaire à l’École pratique des hautes études, a été publié aux éditions du Seuil en 1973.
Plans divers : « Le Plaisir du Texte . – Tactique / Contre / Désir / Fantasme / Premier plaisir / Individualité / Lecture – Économie / Erotopie »… « La Double Signifiance . – du Signe (sémiotique) – du discours (sémantique) »… « La langue et les systèmes de signe . – Distinction courante […] – Relation inter-sémiotiques »… « L’Hétéroclite épistémologique du spectacle […] Toute notre société comme mimo-drame / Le Plaisir »… « Points . 1 Tactique 2 Résistances, oppositions 3 Désir/Plaisir Fantasme/Perversité »…
Des notes concernent l’organisation de son séminaire de 19721973 : participants, stagiaires, exposés, bilans… « Exposés de recherches présentés par les étudiants et le directeur d’études. Ces exposés se disposeront librement selon deux séries : 1) la recherche textuelle : comment travailler ? 2) Plaisir et/ou Désir du Texte ? (Plaisir du Désir = Fantasme) » D’autres notes concernent la peinture et l’artiste : « La peinture a perdu de sa spécificité esthétique idéologique, ou plutôt cette spécificité – séculaire – se dévoile fallacieuse. Derrière la peinture, dans sa superbe individualité historique (figurative) il y a autre chose : des mouvements du corps »…
800 - 1 000 €
527
528
BATAILLE Georges (1897-1962).
MANUSCRIT autographe, Le Supplice des cent morceaux ; 2 pages in-12 oranges collées sur 2 feuillets in-4 dont le premier comporte le titre et 5 lignes.
Copie par Bataille du texte de Georges DUMAS (dans Le plaisir et la douleur ), concernant « Le supplice des cent morceaux (Chine, vers 1890) », avec commentaire : « On voudra bien remarquer que le sujet a les cheveux hérissés soit de douleur soit de peur. […] dans la première photographie où la peau de la poitrine arrachée met les côtes à nu, où les bras [….] sont en partie déchiquetés, le visage exprime une sorte de joie extatique avec la bouche entrouverte, les yeux mi-clos, l’œil gauche légèrement révulsé »… Etc. Au verso du premier feuillet, Bataille a copié cet extrait de la Pistis Sophia : « Nous avons entendu qu’il en est sur terre qui recueillent le sperme de l’homme et le sang menstruel de la femme et qui les donnent à manger dans des plats de lentilles en disant : nous croyons en Esaü et Jacob ».
[Des plaques photographiques du supplice chinois des Cent morceaux, ont bouleversé et fasciné Georges Bataille ; il en a reproduit une dans Les Larmes d’Eros . Il a évoqué dans L’Expérience intérieure (1943) l’extase paradoxale exprimée par le supplicié.]
500 - 600 €


529 BEAUMARCHAIS Pierre-Augustin Caron de (1732-1799).
L.A.S. « Caron de Beaumarchais », Paris 1er août 1787, au banquier Jean-Frédéric PERREGAUX ; 1 page in-4.
Il le prie de « presser les règlements des comptes de Cantini, et surtout de vouloir bien commencer par poser la qualité de ce comptable envers moi. Car il se répand partout le bruit qu’il se donne pour avoir été, non mon commis, mais mon banquier. Ce qui, tout absurde que cela est, ne laisse pas de prendre créances, m’expose sans cesse à des explications désagréables, et qui ne finiront qu’au moment où vous auréz rendu votre jugement arbitral. M r Haller et vous, me demandéz de la compassion pour lui. Commencéz donc par me faire justice, avant de me donner le pouvoir de faire grace : car je suis violemment outré de tant de prétentions élevées sur moi, par un homme pour qui vous demandéz quartier »…
600 - 800 €

530 BERGSON Henri (1859-1941).
16 L.A.S. « H. Bergson », Genève et Paris 1914-1934, au baron ou à la baronne Edmond de ROTHSCHILD ; 24 pages in-8 ou in-12, une enveloppe.
Correspondante amicale évoquant des envois de fleurs et de fruits de la part de la baronne de Rothschild, et parfois le climat politique, notamment à propos des actions du baron en faveur de l’émigration des Juifs vers la Palestine dans les années 1930. En décembre 1914, Bergson est touché par un mot aimable du baron : « Il n’était que trop facile de faire la philosophie de cette guerre. C’est l’idéal moral de l’humanité qui est en jeu. Jamais événement aussi considérable ne se sera passé sur notre planète. Quel sujet de méditation pour nous tous ! ». L’année suivante, retenu à Genève pour un traitement médical, il regrette de ne pouvoir rencontrer ses amis au Cap-Martin ; la mer lui étant interdite par le médecin il pense séjourner plus longuement à Grasse. Il remercie ses amis pour leurs invitations et pour l’envoi de superbes faisans, de fleurs magnifiques, de mandarines, etc. Les fruits que la baronne lui envoie sont tellement beaux à regarder qu’il aura du mal à se résoudre à les manger... De Dax, le 24 mars 1929, il évoque le décès de sa mère qu’il avait eu le bonheur de conserver jusqu’à un âge avancé, mais « la séparation, quel que soit l’âge, est toujours aussi cruelle »… 8 février 1933 : « Ces oranges délicieuses sont le signe palpable de la résurrection de la Palestine, dont le sol est redevenu fertile par une espèce de miracle (un miracle qui diffère pourtant de tous les autres en ce que nous en connaissons le principal auteur !) »… Sa dernière lettre, adressée en décembre 1934 à la baronne, évoque l’année cruelle qui vient de s’écouler et qui a vu le décès d’Edmond de Rothschild le 2 novembre...
800 - 1 000 € 530

531
BLOY Léon (1846-1917).
24 L.A.S. « Léon Bloy », 1883-1891 et s.d., à Louise READ ; 30 pages la plupart in-8 (4 au crayon ; 2 lettres réparées au ruban adhésif), 3 enveloppes.
Très intéressante correspondance à l’amie intime, « l’Ange noir », de Barbey d’Aurevilly [Louise READ (1849-1928) rencontra Barbey d’Aurevilly en 1879 et se dévoua à la cause du grand homme. Elle se rendit indispensable, relisant ses articles, classant ses papiers. Sa légataire universelle, elle publia ses œuvres posthumes. Léon Bloy admirait également Barbey d’Aurevilly, dont il fut très proche. Il entretint d’abord des relations d’amitié confiante avec Louise Read. Leur amitié se dégrada par la suite.]
3 janvier 1883 , concernant la copie de « l’article Trombonnes » de Barbey. – Asnières 17 novembre [1884]. « Vous êtes si bonne que vous pouvez entendre cela sans vous étonner le moins du monde qu’un pauvre homme harcelé d’exaspérantes misères manque parfois de suavité. Vous savez peut-être que le bon docteur Robin désespérant d’obtenir un prix avantageux de mon manuscrit a décidé de faire une loterie »... – Fontenay-aux-Roses [1885]. « Je souffre ici comme un diable. Je suis toujours au lendemain de l’affreux jour, j’ai sur mon dos une vieille imbécile dont la seule vue me tourmente [sa propriétaire] & je suis perpétuellement labouré par des inquiétudes d’argent. Quant à mon livre [Le Désespéré ], il est tellement difficile à faire que je n’en reçois presque pas de consolation. Vous me reprochez d’être trop dur pour BOURGET, lequel m’a infligé un jour une des plus grandes peines de ma vie. Est-ce que cela ne vous fait pas bondir, brebis que vous êtes d’un mauvais troupeau, de savoir que ce faux artiste est gorgé de gloire et d’argent, pendant que les deux plus grands artistes que je connaisse, BARBEY D’AUREVILLY et HUYSMANS, sont menacés de la misère, sans parler de Bloy qui est à la mendicité et de VILLIERS qui se fait casser la figure à coups de poings pour nourrir son enfant ? »... – Mercredi [décembre1885]. « L’opinion de Huysmans, de Georges [Landry] et de mon éditeur [P.V. Stock], c’est que Bloy fait un livre superbe autant que féroce & appelé à retentir [Le Désespéré ]. C’est aussi le sentiment du pamphlétaire qui vous écrit – suffrage précieux & celui de tous qu’on a eu le plus de peine à conquérir »... – Mardi [1885] . « Si vous n’étiez pas
ce que vous êtes, chère amie, il est clair que nos relations seraient finies depuis hier soir », il reconnaît avoir été « une brute » chez M. d’Aurevilly : « Je n’étais pas ivre pourtant, mais il venait de tomber en moi quelque chose de noir et d’affreux et je ne savais plus ce que je disais. […] J’aurais voulu pousser des cris sauvages et déchiqueter des êtres vivants. Tout cela n’est ni beau ni raisonnable, mais je suis un homme terriblement malheureux »… – Paris 1er octobre 1886 , pour une lecture du Désespéré : « Le jour convenu, j’arriverai rue Rousselet [chez Barbey d’Aurevilly] à 9 heures avec mon manuscrit. Il faut compter sur deux heures de lecture, au moins »... – 9 février [1887] : « C’est une abominable férocité de mon destin de toujours travailler sans salaire et c’est une véritable tentation de désespoir d’avoir enfanté une telle œuvre que mon livre [Le Désespéré ], sans pouvoir en recueillir quoi que ce soit, fût-ce le morceau de pain de l’homme de peine accablé du poids du jour »… – 14 avril 1890 , à propos de sa future femme, Jeanne Molbech (que lui avait présentée Louise Read) : « Si je vous disais que je prie Dieu de vous bénir, cela ne vous ferait pas grand chose, puisque vous avez le malheur d’être sans foi religieuse. [...] J’ai écrit à Mme Molbech & je n’attends plus que sa réponse, qui sera probablement conforme à mes vœux. Je vous prie, chère amie, de ne pas croire à un accès de folie amoureuse. Jeanne & moi nous sommes, je le crois, très raisonnables & nous obéissons simplement à la nécessité absolue. Il est vrai que nous en sommes arrivés à ne plus pouvoir nous passer l’un de l’autre, mais il faut en même temps que je ne périsse pas. Il me faut enfin un peu de bonheur, un peu de paix, le tremplin d’une sécurité de quelque durée, afin de recueillir mon esprit, de pouvoir travailler avec fruit [...] Jeanne continuera ses leçons, & moi je ferai des articles puisqu’on m’en demande. En même temps j’écrirai un nouveau roman qui aura peut-être quelque succès l’an prochain »…. – 8 mai 1890 : il va envoyer ce qu’il a de papiers de la baronne de BOUGLON (l’Ange blanc de Barbey) : « Mettez le nez & la tête de cette vieille chienne enragée dans son ordure. [...] Si vous rencontrez des gens qui me désapprouvent, envoyez-les moi pour que je leur casse la figure ». – Bagsvaerd (Danemark) 10 avril 1891, sur ses conférences au Danemark : « J’ai beaucoup de succès & je révolutionne un peu les journaux ici. J’ai bien une dizaine d’articles chaque matin ». Il va faire deux conférences sur Barbey d’Aurevilly. « Je suis en train d’allumer, pour quelques écrivains français, ce peuple qui les ignore profondément. Le nom même de d’Aurevilly n’était pas connu avant moi. Aujourd’hui on ne parle pas d’autre chose. Il faut donc, en toute hâte & sans perdre une heure, lancer commercialement sur cette ville les livres dont je parle dans mes conférences : Vieille Maîtresse, Ensorcelée, Chevalier des Touches, Diaboliques. Surtout le Prêtre marié »… – Paris 31 octobre 1891. Il n’a pu venir la voir depuis son retour : « mon procès dont l’issue a été si heureuse, mais qui pouvait être un désastre en cas d’insuccès [...] Je me garderai bien de compromettre ce grand succès en faisant à mon tour un procès au polisson qui m’a insulté [...] Je suis, d’ailleurs, tellement habitué à la calomnie, même de la part de quelques-uns de mes amis ». Jean LORRAIN le présente « comme un ivrogne de brasserie & un “prostitué” »... – 15 novembre 1891, après un envoi de vieux vêtements : « vous ignorez, sans doute, que le présent ne ressemble pas au passé & que la période mendicitaire est finie pour moi, – circonstance heureuse qui contristera, j’en suis persuadé, quelques nobles âmes qui perdront ainsi l’occasion de cultiver mon ingratitude. J’ai donc le devoir de refuser ce que vous avez la charité de m’offrir, en vous priant de chercher autour de vous un désespéré sans orgueil. J’ai trop longtemps dépouillé les riches. Je ne veux pas aujourd’hui dépouiller les nécessiteux »...
D’autres lettres évoquent le poète Maurice Rollinat, le comte Roselly de Lorgues… Etc.
2 500 - 3 000 €
532
BRETON André (1896-1966).
L.A.S. « André » avec POÈME, 19 décembre 1916 « à cinq cents mètres des lignes », à René HILSUM « étudiant en médecine » ; 1 page in-12, adresse au dos.
Lettre du front avec un poème À son ami, comme lui étudiant en médecine, il envoie le poème Soldat (9 vers, Œuvres complètes , Pléiade, t. I, p. 44) :
« Je m’éclaire aux lampes d’Aladin, peu d’aurores m’alarment : d’où soleil érodant. Les fissures d’un roc lèchent son doux pendant d’yeux pleureurs »…
Il commente ensuite : « C’est, tu vois, en alexandrins, une chanson de route… et de routine, – genre actuel (par dérision). Tu sais qu’on risque fort de nous envoyer dans un centre d’instruction commun »…
800 - 1 000 €
533
BRETON André (1896-1966).
L.A.S. « André Breton », Paris 15 septembre 1923, [à René ARCOS] ; 1 page in-4 à l’encre verte.
Rapprochement de Breton et des surréalistes avec les communistes
[André Breton avait fondé avec Philippe Soupault et Aragon la revue Littérature en 1919. Assez éclectique dans un premier temps, elle allait de plus en plus exclusivement publier les textes des futurs surréalistes. Au moment où il écrit cette lettre à René ARCOS (1880-1959), directeur de la toute nouvelle revue Europe , sous influence communiste, André Breton s’apprête à mettre un terme à Littérature pour fonder La Révolution surréaliste , en se rapprochant des thèses communistes.]
Il désirerait vivement recevoir la revue Europe , « qui figure à mes yeux l’un des efforts les plus cohérents et les plus dignes que l’on ait pu enregistrer depuis longtemps. Accepteriez-vous l’échange avec Littérature qui, quoiqu’il vous en semble sans doute, ne poursuit pas un but opposé au vôtre, à l’encontre du plus grand nombre des autres publications ? Jugerez-vous trop osé de ma part de vous soumettre deux manuscrits de poèmes, simplement en signe de confiance et sans me flatter assez de l’espoir qu’il vous plaira de les insérer dans un numéro de votre revue pour qu’un refus de votre part me désoblige de quelque façon. Mais je publie incessamment un recueil de poèmes [Clair de terre ] et j’attacherais un grand prix à ce que vous présentiez l’un de ceux-ci à vos lecteurs, établissant par là une légère concordance entre nos actions »….
400 - 500 €
534
BRETON André (1896-1966).
POÈME autographe signé « André Breton », Frôleuse , 1942 ; 1 page et demie in-fol. (31 x 20,3 cm ; papier un peu bruni et fragile, petite répar. à un angle, légère trace de rouille en tête).
Poème publié à New York dans la revue VVV en mars 1943. Le manuscrit, soigneusement écrit sur papier ligné, présente une seule rature. À la fin la date a été biffée : « New York 12 novembre 1942 ».
« Mes malles n’ont plus de poids les étiquettes sont des lueurs courant sur une mare
Sera-ce assez que tout pour cette contrée où même bien après sa mise au rebut la diligence de nuit
Toute en cristal noir le long des meules tournant de cailles
1 500 - 2 000 €




535
BRETON André (1896-1966).
3 MANUSCRITS autographes (fragments), [Où en est le surréalisme , 1948 et 1952] ; 2 quarts de pages et une demi-page in-4, avec ratures et corrections.
Fragments de notes sur le surréalisme, au moment de la parution de l’ouvrage de Maurice NADEAU, Histoire du surréalisme.
2. Documents surréalistes (Le Seuil, 1948) ; et brouillon partiel d’une « causerie » diffusée sur les ondes de Radio-Canada le 13 janvier 1953.
Dans les deux premiers fragments, Breton rectifie certaines erreurs qu’il attribue à Nadeau, sans le nommer. Il revient tout d’abord sur ses relations avec Léon TROTSKY : les quelques escarmouches qui eurent lieu entre eux ne les empêchèrent pas de rédiger en commun le fameux texte Pour un art révolutionnaire (Mexico 25 juillet 1938), et si Trotsky préféra substituer son propre nom à celui de Diego Rivera, il est indéniable que lui et Breton en sont les seuls auteurs. Dans le second fragment, Breton s’élève contre diverses tentatives de récupération ou d’encerclement du surréalisme, citant le tract de 1948 des Éditions Surréalistes, À la niche, les glapisseurs de dieu ! Puis parlant des lacunes et des inexactitudes présentes dans l’Histoire du Surréalisme publiée en 1945, il reproche à Nadeau d’avoir par exemple cherché à l’opposer à Benjamin PÉRET, « mon plus cher et plus ancien compagnon de lutte ». Il ne lui en aurait pas tenu rigueur si Nadeau n’avait pas saisi l’occasion de la mort d’Antonin ARTAUD pour récidiver. « Plus spécialement contre moi, un dernier assaut, auquel j’ai dû me décider à faire face, a été mené sournoisement, je suppose au nom du rationalisme le plus étriqué, par l’auteur de certaine Histoire du surréalisme non dénuée de tout mérite mais établie sur la base de témoignages plus ou moins fiables, présentant en outre nombre d’inexactitudes et d’assez singulières lacunes »...
Le troisième fragment correspond aux dernières lignes de l’entretien de Breton, publié par la suite sous le titre Où en est le surréalisme , dans lequel il compare l’œuvre surréaliste à la construction du nid chez l’oiseau, précisant qu’il a beaucoup regardé les oiseaux dans l’île de Bonaventure et la forêt canadienne. Breton avait été sollicité par Roger Rolland pour réaliser cet entretien, qui fut enregistré à Paris puis envoyé à Montréal.
On joint une « Note historique et critique » dactylographiée (6 p. in-4), qui reprend l’intégralité de l’entretien radiophonique, reproduit dans Alentours II (Pléiade, t. III, p. 1092-1095), et qui met particulièrement l’accent sur Arcane 17 (partiellement écrit au Canada), et sur certaines expériences liées au séjour canadien de Breton en 1944.
700 - 800 €
536
BRETON André (1896-1966).
MANUSCRIT autographe signé « André Breton », 8 lettres inédites de Flora Tristan , Paris 16 juillet 1957 ; 1 page in-4.
Texte de présentation sur Flora TRISTAN , à l’occasion de la publication de lettres inédites dans la revue Surréalisme à l’automne 1957.
« Il n’est sans doute pas de destinée féminine qui, au firmament de l’esprit, laisse un sillage à la fois aussi long et aussi lumineux que celle de Flora Tristan (1803-1844). Elle qui, par son père, descend de Montezuma, sera la grand’mère maternelle de Gauguin. On sait de quels éclairs sa vie est traversée : le 9 septembre 1838, son mari, le graveur Chazal la blesse grièvement d’un coup de pistolet ; les déboires de toutes sortes qu’elle rencontrera par la suite n’auront jamais raison de la générosité sans limite qui l’anime et que sous-tend une énergie hors pair. On touche par elle au cœur du romantisme français, elle apparaît comme la floraison même de son rameau social. Nous saluons en Flora Tristan celle qui dit que “la femme réfléchit la lumière divine”, et elle aussi, qui, quatre ans avant le Manifeste communiste a posé le principe de la lutte des classes et s’est vouée corps et âme à la réalisation de l’union universelle des ouvriers et des ouvrières »… Etc.
On joint : – la copie autographe par Breton d’une lettre de Flora Tristan adressée à Mme Laure (3 pages in-4) ; – 2 notes autographes, Flora Tristan, Correspondance inédite (2 p. in-8 chaque, encre bleu nuit et rouge), brève note de présentation et liste des lettres (avec initiales du possesseur E. Bomsel, et une à A.B.), avec indication des documents à reproduire.
1 200 - 1 500 €
PROVENANCE
Vente André Breton, 11-12 avril 2003, n°2444.



538
537
BRETON André (1896-1966).
3 L.A.S. « André Breton », 1960-1962, à Pierre de Massot ; 5 pages in-4, dont 2 à vignette et en-tête D’Arcy Galleries, International Surrealist exhibition , et une à en-tête de La Brèche, Action Surréaliste
Intéressante correspondance amicale, contre l’élection de Cocteau Prince des Poètes, et sur les engagements politiques et littéraires des Surréalistes, alors que Massot, malade, est en sanatorium St Cirq la Popie, 11 août 1960 . Il est navré d’apprendre les problèmes de santé de son ami. « Vous savez ce que Paris et ses fatigues dissipent de la volonté qu’on a de maintenir les contacts auxquels on tient le plus. C’est pour y remédier que, depuis tant d’années, je suis resté fidèle au principe de ces réunions de fin d’après-midi dans un café. Nous étions tous heureux de vous y voir apparaitre ». Il s’inquiète de l’isolement de Massot et propose de lui faire parvenir des livres… « Les journaux semblent passer sous silence le tract “Qui après Paul Fort ? ” Il était, en tout cas, nécessaire que cette déclaration fût faite […] À nous de déjouer les possibles manœuvres qui pourraient avoir pour effet la “validation” du sieur COCTEAU. Du côté politique, un texte collectif “Adresse à l’opinion” doit être très largement diffusé pour le 28 août. Il est […] moins violent qu’on eût pu le désirer mais je le crois, en revanche, de toute rigueur. Le projet avait été formulé par Mascolo et Schuster ; il a été revu par Blanchot, puis par moi et enfin par SARTRE avant d’aboutir à sa version définitive »… Paris 8 septembre. 1960 . Il partage entièrement son sentiment à propos d’HUGNET, qui, s’il se prononce, le fera sans doute en faveur de Cocteau. « A ma parfaite stupeur le dépouillement progressif […] me donne actuellement l’avantage (par quelque 35 voix contre 29, je crois, à Saint-John Perse !) Vous pensez bien que je ne brigue nullement le titre en jeu (et ses servitudes) mais il sera toujours temps d’aviser ». Il confirme que la signature de Massot figure bien parmi les 121 de la « déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ». Il a reçu la visite d’un inspecteur des Renseignements Généraux qui voulait savoir d’où partait cette initiative ! « Très cher Pierre de Massot, nous nous connaissons depuis quarante ans ! […] l’essentiel est que nous restions ni plus ni moins que l’autre sur la brèche. (Tiens, le mot est beau et je songe que nous sommes depuis des mois à la recherche d’un titre pour la nouvelle revue : pourquoi pas la Brèche surréaliste ? Je vais le proposer aux amis »… Paris 23 mars 1962 Massot est rétabli, et Breton serait très heureux de le voir, mais il est très fatigué, pris par une horrible bronchite, et déprimé par les médicaments qui ne marchent d’ailleurs pas. « Je m’en veux de m’ne plaindre à vous qui en avez supporté d’autres, et toujours très vaillamment. Mais voilà pourquoi il m’arrive de me cacher, même à mes meilleurs amis »…
800 - 1 000 €
538
BRETON André (1896-1966).
L.A.S. « André Breton », Paris 3 mai 1961, à Pierre de MASSOT ; 2 pages et demie in-4, vignette et en-tête de la Mostra internazionale del surrealismo
Son silence lui donne des remords, mais il invoque son état de santé : « me trouver en mauvaise condition physique comme ça a été le cas tout cet hiver me prive à peu près de tous mes moyens : les défaillances de la volonté, auxquelles je ne suis que trop exposé en temps normal, sont alors le régime de chaque jour, de chaque heure ». Il attend donc des nouvelles de Massot qui séjourne à Assy, qui doit être un très beau site : « Je vois cela à travers un de ces canons de quartz qui m’ont toujours fasciné ». Il évoque la situation en Algérie [ils ont tous les deux signé le Manifeste des 121 ] : comment interpréter « cette singulière évolution (tout au moins en apparence) de Messali [Hadj] ? Elle est jugée très durement dans mon entourage […] Il me semble que la calomnie a joué ici – contre le M.N.A. – tout comme autrefois contre Trotsky et la 4 ème. Qu’en pensez-vous ? »…
300 - 400 €

538 : verso




539
CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961).
L.A.S. « Destouches », Saint-Malo 24 [juillet 1937], à son traducteur John MARKS ; 2 pages in-4.
Il est parti travailler à Saint-Malo, puis ira « à l’assaut de Jersey », avant d’aller à Deauville. « La situation politique en France des plus nerveuses, comme vous savez. Passerons-nous l’hiver ? C’est peu probable ». Il demande des nouvelles de Night and Day, la revue fondée par Marks : « Ce doit être un plein succès ». Il demande d’en envoyer « le numéro un » au peintre Henri MAHÉ à Camaret : « C’est un ami aussi, plein de talent, je voudrais qu’il travaille aussi un jour ou l’autre pour vous »... Lettres (Pléiade), n° 37-27.
400 - 500 €
540
CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961).
L.A.S. « LF Céline », Copenhague 30 avril [1947, à Maître Albert NAUD] ; 1 page et demie in-fol. (légers défauts marg.).
À son avocat
« Mon beau-père, M. Pirazolli, me fait offrir par un ami du président Auriol l’assistance de M e Fourcade . Je suis enchanté vous le pensez d’accueillir ce défenseur. Mais il est bien entendu que vous demeurez mon premier défenseur et que vous déciderez, souverainement, s’il vous convient ou non d’être assisté par M e Fourcade. À cette condition j’ai immédiatement écrit à M e Fourcade pour lui demander de joindre ses efforts aux vôtres. Il paraît extravagant en toute équité que MONTHE r LANT fasse en ce moment une brillante rentrée sur la scène littéraire lui qui a cent fois plus collaboré que moi – “Articles dans la Revue France Allemagne” etc. lorsque je suis encore ici à pourrir dans les prisons du Roi de Danemark (hier Christian X aujourd’hui Frédéric IX). Il y a du croquemitaine dans tout ceci, une odieuse comédie d’intimidation et d’injustice – dont certainement vous ne tarderez pas à démêler la trame »…
700 - 800 €

541
CENDRARS Blaise (1887-1961).
17 L.A.S. « Blaise Cendrars » ou « Blaise », 1930-1955, à l’œnologue André CASTEL à Nîmes, puis à Tarragone ; 18 pages in-4, in-8 ou in-12, adresses et 5 enveloppes.
Correspondance amicale où il est beaucoup question de vin et de tauromachie
Rendez-vous ; remerciements pour de bonnes bouteilles, notamment de Petrus ; commentaires sur les corridas aux arènes de Nîmes. Cendrars évoque aussi son travail, qui l’empêche parfois de venir à Nîmes pour la saison taurine Il se plaint de PAULHAN : « Pourquoi n’ont-ils pas publié ma traduction quand je la leur avais apportée ? Aujourd’hui, elle a disparu avec tous mes autres papiers volés et envolés en juin 40 ! … ».
7 décembre 1941, il refuse une invitation à réveillonner : « malgré dinde, oie, canard mandarin, poularde farcie, lièvre à la royale le réveillon appartient à une vieille dame de 85 ans, qui me servira probablement de la chicorée amère » ; il ira ensuite suivre le procès de Riom.
14 janvier 1942 , remerciant d’une brochure sur le vin qu’il faut envoyer « à l’ami Desfeuilles qui était venu avec moi goûter (et vider) les éprouvettes miraculeuses de votre laboratoire »…
29 [mars 1946] : « Malgré les séductions multiples des différents points de votre programme, je tiens bon dans ma cuisine. Ma machine à écrire, avec qui je vis en tête à tête depuis tant d’années, est atrocement jalouse ! C’est une emmerdeuse, bien entendu »… – 2 [octobre] , il n’est pas satisfait de la corrida de dimanche : « J’ai une impression de bisbille. La course non plus ne valait pas l’autre. C’était tout juste une bonne démonstration à l’adresse des non-initiés. Les arènes par contre étaient belles surchargées de monde. […] En somme, dimanche raté ». Il espère que ce sera mieux la fois prochaine…
De Suisse, [été 1953] , il donne son programme chargé (sa femme tourne un film à Marseille avec Fernandel), puis ils iront à Londres pour la saison de théâtre de Jean-Louis BARRAULT. « Après, je m’attaque à un grand roman, L’Avocat du Diable » ; il envisage de venir voir Castel à Tarragone au printemps….
On joint un prospectus [1949] sur les vins de Monterey en Californie, avec note autographe signée d’Henry MILLER : « On dit qu’à bientôt, le prix des grands vins français seront égals à la nôtre !!! Pour moi – sehr interessant », et note de Cendrars : « Voici le prospectus qu’Henry Miller m’envoie de Californie et que je vous passe à mon tour »…
2 000 - 2 500 €
542 CENDRARS Blaise (1887-1961).
L.A.S. « Blaise », Paris Mercredi 28 [décembre 1955], à Léonce PEILLARD ; 1 page in-4 à en-tête du Château d’Ouchy
Préparation du numéro de Livres de France consacré à Cendrars (mars 1956). Il lui envoie son « article (inédit en librairie) de Chasse à l’éléphant », avec des indications pour les photos. « Si chasse n’est pas suffisant, je puis vous envoyer une nouvelle à peu près de la même longueur (inédite en librairie) Une qui croyait à la métempsychose , cela se passe à Rio ». La présentation de Paul VIALAR « est très chaleureuse et pas longue. C’est déjà écrit ». Paul GILSON est prévenu « et enchanté d’écrire un Cendrars anecdotique de l’avenue Montaigne. Fixez-lui la date et la longueur de l’article. […] Je n’aurai qu’à compléter avec votre gentille secrétaire la Bibliographie »…
400 - 500 €

542

543
CHAR René (1907-1988).
MANUSCRIT autographe signé « René Char », [ Mario Prassinos , 1938] ; 1 page et demie in-4.


CHAR René (1907-1988).
5 L.A.S. « René Char », [1938], à Jean-Mario PRASSINOS ; 4 pages in-8 ou in-4 (une au dos du Prière d’insérer d’Artine) et une carte postale, une adresse et une enveloppe.
Préface pour l’exposition de dessins et gouaches de Mario PRASSINOS à la galerie Billiet en 1938 « Le passage du pont de pierre au pont de fer suspendu vaut aujourd’hui à la peinture une popularité dont elle est prête à faire un usage pernicieux contre qui s’engage sans protectorat sous l’auréole de son tablier. […] Ce qui séduit et inquiète chez Jean Mario Prassinos c’est d’abord son agressivité toute parcourue d’estime du travail singulier et de dégoût des laideurs fragiles. […] Je vois fort bien le peuple insoumis de ses fantômes, de ses bergers, de ses monstres, se conformer par exemple à la bonne habitude qu’il a lui, Prassinos de descendre longuement dans son verre avant de le boire. Son dessin soucieux de l’ampleur et de la durée de la tragédie, s’il entame des prévisions, ménage visiblement le moment où l’Humour au bras de la chère vieille mère du vinaigre donne son compte à la Vie »…
On joint le petit catalogue de l’exposition Dessins & gouaches de J.M. Prassinos avec le texte imprimé de René Char (galerie Billiet, février-mars 1938). Plus 2 l.a.s. d’Henri PARISOT à Mario Prassinos, 11 et 14 février 1938, relatives au texte de René Char (2 p. in-8, enveloppes).
600 - 800 €
545
CHAR René (1907-1988).
L.A.S. « René Char », 4 mars 1947, à René MICHA ; 1 page in-fol., enveloppe.
Il a été touché par sa lettre et son télégramme « à travers les ennuis causés par ma santé ». Il ne sait quand il pourra venir à Bruxelles : « Le traitement que je subis en ce moment m’isole un peu du monde extérieur. J’ai dû revenir à Paris, seul lieu possible avec la Suisse pour moi, pour en finir j’espère avec le mal. Je dois parler et m’agiter le moins possible, m’allonger, etc. Il est question de m’opérer, ce que je souhaite éviter. Tous ces détails “impudiques” […] pour me justifier à vos yeux, car je n’aime pas manquer à ma parole. J’ai écrit en partie ma conférence, seule la conclusion reste à faire. Le mieux serait, devant des circonstances hostiles, d’annuler simplement le projet de ma présence et de vous envoyer mon texte »…
400 - 500 €
Au sujet de la première exposition de Mario Prassinos à la Galerie Billiet en 1938, pour laquelle Char a rédigé la préface du catalogue Lundi matin [14 février]. Il envoie son texte : « cela vous va ainsi ? Je me suis appliqué à rendre la soie du parachute la plus légère possible – vos œuvres parlent mieux que moi »… Dimanche Il souhaite le succès pour son exposition… Samedi 20 . Char pense qu’il serait plus juste de vendre la gouache que Prassinos lui destinait, pour couvrir ses frais : « Si vous y tenez absolument j’accepterai un petit dessin ». Il sort des éditions G.L.M. où le catalogue est imprimé ; il faut en envoyer à Tzara, Valentine Hugo, Picasso, Paul Klee, Georges Sadoul, Pierre Mabille , dont il donne les adresses. Dimanche . Report de rendez-vous ; le billet est écrit au dos du Prière d’insérer sur papier rose framboise rédigé par Breton et Éluard pour Artine
500 - 600 €

546
CHAR René (1907-1988).
POÈME autographe signé « René Char », Chanson pour Yvonne , [1947] ; 2 pages in-4.
Beau poème écrit pour Yvonne ZERVOS, qui sera recueilli sous le titre La Sorgue, Chanson pour Yvonne , dans Fureur et mystère (Gallimard, 1948). « Rivière trop tôt partie, d’une traite, sans compagnon, donne aux enfants de mon pays le visage de ta passion. / Rivière où l’éclair finit et où commence ma maison, Qui roule aux marches d’oubli la rocaille de ma raison. / Rivière, en toi terre est frisson, soleil anxiété »…
On joint 5 L.A.S. à Pierre DAVID, 1947-1948 (6 p. in-4 ou in-8), au sujet de la publication du poème et de textes dans la revue La Licorne, dont David était le gérant ; plus une L.A.S. de Roger CAILLOIS au même.
1 200 - 1 500 €

547
CHAR René (1907-1988).
3 L.A.S. « René Char », Paris et L’Isle-sur-Sorgue 1947 et-1968-1969 ; 3 pages et demie in-4 à son adresse, une enveloppe.
Paris 7 novembre 1947, à Mmes Isabelle H. Clarke et Alison Fairlie à Londres, au sujet de la publication de poèmes dans une anthologie.
L’Isle-sur Sorgue, 15 octobre 1968- 28 février 1969 , à propos d’un projet d’Hommage qui ne le convainc pas ; il met en garde « contre les difficultés d’une telle entreprise. Je ne pourrai en être que l’hôte, n’étant pas en mesure de vous aider. […] Ensuite après les sueurs, vous vous entendrez dire que vous êtes mon “disciple”, que vos poèmes et les miens sèchent sous un même papier buvard, etc. ». – Char n’est toujours pas disposé à aider « à mon “Hommage”. […] Pas question de copier 10 poèmes pour me briser la main et faire voler en éclats les yeux de ceux qui les regarderaient ! ». De plus, il prie instamment « de me dégager entièrement de la demande aux peintres et poètes intéressés »…
300 - 400 €

549
CHAR René (1907-1988).
POÈME autographe signé « R.C. », Prévaricateur ; 1 page oblong in-8 (12 x 26,5 cm), ornée sur 3 coins de cachets de cire.
Poème en prose recueilli dans Chants de la Balandrane (1977).
Le présent manuscrit, offert par Char à sa compagne Anne REINBOLD, ne comprend que les trois premières répliques, avec une variante à la dernière : « Laisse tomber. C’est un bon mec », qui deviendra : « Mec, laisse tomber. C’est un daru » ; quatre répliques seront ajoutées dans l’édition.
« Je remercie chaque matin courtoisement le diable ou l’un de ses agents penché sur mon ardoise »…
On joint un carton avec note autographe : « Retour à la nuit » avec cachet de cire rouge (10,5 x 15 cm).
700 - 800 €

548
CHAR René (1907-1988).
6 L.A.S. « René Char », 1955-1978, à Jean TODRANI, à Marseille ; 6 pages in-8 ou in-12, dont 2 cartes postales, une enveloppe et une adresse.
Échange entre deux poètes
9 janvier 1958 . « Je crois savoir combien toute chose qui concerne notre être, sa projection, son intervention dans l’événement quotidien se résume finalement en une douleur, en un mal-être. Tout ce qui est ouvert et donnant reçoit des coups, est replacé dans l’attente, dans la position de recevoir le rabot qui fait voler les copeaux de notre cœur et saccage les alvéoles de notre conscience... Espérer un autre traitement est un leurre. C’est la vie d’un poète »… – 3 novembre 1978 . « Il n’est rien avec vous – et avec la plupart, lesquels mesurent mal mon silence – qui mérite mauvaise ou capricieuse pensée. La vie, comme à beaucoup qui n’ont pas à s’en expliquer, depuis de longues années déjà, m’est difficile, très désertique. Alors cette caricature par ailleurs qu’on brosse de moi... Mais quelques-uns comprennent au plus profond. Vous serez de ceux-là »… Remerciements et compliments pour l’envoi de livres….
500 - 700 €

550
CHAR René (1907-1988).
POÈME autographe, Scène de Moustiers ; 1 page grand in-8 (21,5 x 14,5 cm).
Poème en prose recueilli dans Chants de la Balandrane (1977). Il porte le sous-titre : « Réplique à un assiette de faïence ».
« L’infini humain périt à tout moment. Qui n’atteint la superficie immense ou l’éphémère pelouse sur laquelle a lieu sa dislocation ? […] Toi, une façon de neige intérieure révèle à tes suivants la fin de tes attachements en même temps que la conversion de ton œil.
Bienfait de ce jour-là : c’est la fête des sabotiers ! Ils dépensent leur foi et réchauffent la terre. »
Le manuscrit, à l’encre bleue, porte en fin cet envoi : « Pour Anne » [REINBOLD, qui partagea la vie du poète de 1965 à 1985].
800 - 1 000 €

551
CHAR René (1907-1988).
POÈME autographe signé « R.C. », Une bergeronnette marche sur l’eau noire , 1984 ; 37 x 25 cm.
Beau poème illustré de deux gouaches originales d’Alexandre Galperine
Ce bref poème en prose a été publié dans la Nouvelle Revue Française du 1er juin 1984 ; il a été recueilli dans Les Voisinages de Van Gogh (Gallimard, 1985).
Le manuscrit, à l’encre de Chine, présente une rature avec correction. « maintenant que nous sommes délivrés de l’espérance et que la veillée fraîchit, nul chant sanglant derrière nous, tel celui que laisserait un chirurgien peu scrupuleux au final de son ouvrage. Que le geste paraît beau quand l’adresse est foudroyante, la suppression du mal acquise ! Bergeronnette, bonne fête ! » Il est situé et daté en fin, avec envoi : « Anne, Mare de Réalpanier, 1984 » [Anne REINBOLD partagea la vie du poète de 1965 à 1985].
Le manuscrit est enluminé de 2 gouaches originales du peintre Alexandre GALPERINE (né en 1936), à qui l’on doit notamment le frontispice du recueil Les Voisinages de Van Gogh
1 500 - 2 000 €
CHARDONNE Jacques (1884-1968).
19 L.A.S. « Jacques Chardonne », « Jacques C » ou « J.C. », 1er avril-9 septembre 1950, 2-31 janvier 1953 et 23 mars 1954, à Roger NIMIER ; 36 pages in-4 ou in-8, enveloppes.
Début de la correspondance entre le vieux romancier et le jeune Hussard
La plupart des lettres sont écrites de La Frette, mais aussi d’Annecy, Paris, ou Megève.
Les premières lettres d’avril 1950 sont pétries d’admiration après la lecture de Perfide et du Grand d’Espagne : « j’applaudis à la perpétuelle saveur de la vie, à l’intelligence, au talent magique, à la jeunesse »… Dès juin, il passe du « cher Monsieur », au « Cher ami » et invite Nimier à La Frette en lui envoyant l’itinéraire et un plan de sa main, tout en le mettant en garde [de façon prémonitoire !] contre les dangers de l’automobile. Plus tard, il le remercie de son « joli » article et se réjouit de son succès (23 mars 1954). Sont évoquées de nombreuses figures : son entourage familial et littéraire chez Stock : les Boutelleau, son fils Gérard, sa femme Camille Belguise, son beau-fils André Bay ; mais aussi Roland Laudenbach, Marcel Arland, Antoine Blondin, Dominique Aury ; MALRAUX qu’il a connu quand il avait 25 ans « éblouissant Arland » et qui maintenant « écrit du galimatias » (à propos de La Condition humaine, 7 juin 1950), puis qu’il trouve impossible à lire : « qu’il débrouille sa pensée avant de la dire ; et il la dira mieux et plus vite » (9 janvier 1953) ; Paul GÉRALDY « un ami de 40 ans, plein de défauts » ; COCTEAU « délicieux jadis. Et bon chroniqueur […] Mais il s’est cru le Poëte, et a voulu tout inventer. Se trompant souvent et radotant ! Cela finit en vedette de cinéma » (1er septembre 1950).
Il compare la revue La Parisienne , qu’on lit avec agrément ,et la N.R.F. qu’on est fier d’avoir dans sa chambre : « C’est une revue respectable » (11 janvier 1953).
S’il se dit las de l’humanité, il ne renie pas sa germanophilie : « J’ai trop aimé nos cousins allemands pendant 40 ans. Même les nazis.
Je les ai bien connus. Et je m’en flatte. J’ignorais certains de leurs démons, et les horreurs qu’ils peuvent faire par vertu. Mais la bêtise française me scandalise davantage » (18 juin 1950). Il redoute un affrontement entre l’Amérique et la Russie… Etc. 1 000 - 1 500 €


553
CHARDONNE Jacques (1884-1968).
21 L.A.S. « JC », 4 janvier-16 février 1951 et 6 mai-20 juin 1956, à Roger NIMIER ; 35 pages in-4 ou in-8, enveloppes.
Correspondance amicale et littéraire, avec 4 lettres de Paul Morand
Rendez-vous et déjeuners au restaurant, échanges sur l’actualité littéraire et jugements sur leurs lectures et leurs contemporains. Janvier-février 1951. « C’est le temps où les romanciers sont devenus tristes et où le roman est mort ». Il évoque Marcel AYMÉ, dont les nouvelles sont « bien agréables », Pierre Mille, Duvernois, et surtout MAURIAC : « Le Diable a joué un mauvais tour à Mauriac. Il a seulement fait grincer sa plume, grimacer ses figures et salit partout. Le genre sordide […] n’est pas le vrai Mauriac. Il est la jeunesse, la spontanéité, la grâce, à la fois frêle et robuste, et il a un beau style ».
La situation politique inquiète Chardonne ; il voit le danger des Russes, et la nécessité d’une armée européenne et « océanique ». Mai-juin 1956 . De nouveaux noms apparaissent : Bernard FRANK, Françoise SAGAN, Jacques LAURENT, Jean-Louis CURTIS dont il lit Un saint au néon . Il ne ménage pas André BILLY, « le critique le plus sot qui ait jamais existé ». Il signale le bel article sur les Matinales par Jean GUITTON, « un vrai mystique ; et un philosophe ». Mondor lui envoie son livre sur Barrès ; il rencontre l’éditeur Julliard « un homme bien antipathique, Espèce de hareng sot », qui lui annonce que Schoeller va épouser Sagan ; Jean Rostand « un phénomène » …
Chardonne dit son admiration pour Paul MORAND : « Morand c’est du champagne. Jouhandeau, je crois bien que c’est de la piquette » ; et il fait suivre à Nimier 4 L.A.S. de Paul MORAND écrites de Tanger en mai 1956 (6 pages in-8 et in-4) : 4 mai, à propos d’un article dans La Parisienne sur Mauriac journaliste et romancier ; 29 mai , où il résume ses années de jeunesse et d’études et évoque la situation du Maroc qui vient juste d’acquérir son indépendance ; 30 mai, où il dit la beauté de l’Afrique « avec ses présents empoisonnés […] les jolis coins à la Delacroix » ; il évoque l’auto-destruction des jeunes,« à quoi Nimier ajoute la destruction en auto », le climat d’inquiétude actuel, et il se remémore Giraudoux qui n’avait pas peur, et qui « se moquait des Américains et des Juifs […] comme Proust ; mais ce n’était pas un complexe comme chez Proust »… Etc.
1 500 - 1 800 €
554
CHARDONNE Jacques (1884-1968).
19 L.A.S. « J.C », Paris et La Frette, 15 avril-4 juin 1954, à Roger NIMIER ; 30 pages 4 ou in-8, enveloppes.
Correspondance presque quotidienne entre les deux amis, pendant la préparation de l’édition des Lettres à Roger Nimier qui sera publiée par Grasset en septembre. « Lettres excellentes, qui surpassent ce que j’attendais. C’était très difficile. C’est réussi. Cela donne de vous une silhouette, une juste image, sur toutes les faces ». Chardonne choisit, relit attentivement les manuscrits, et suggère des changements, des corrections et des suppressions... À propos de l’emploi du X : « L’X a du sel. Cela ne vaut pas la peine de se faire des ennemis pour si peu. Ainsi j’ai nommé Camus (“Camus succède à St Exupéry dans la ferveur d’honnêtes gens qui ne sont pas difficile sur la nature de leur goût”). Je vais le remplacer par un X ».
Il ne partage pas toujours les opinions de Nimier, en politique ou en littérature, que ce soit sur le style de Jules Romains, sur Georges Duhamel (on joint la dactylographie corrigée du texte caustique de Nimier sur Duhamel, « l’aimable pharmacien de notre littérature »), et sur les propres romans de Nimier (son avis que son auteur trouve ennuyeux), Il donne aussi son jugement sur MAUROIS et sa biographie de Hugo, et envoie à Nimier les Pensées d’un biologiste de Jean Rostand. Il donne également des conseils à Nimier pour la publication de son « dictionnaire critique » et pour la Revue Femina : « Collectionnez les jolies plumes et vous ferez une belle revue. Rien d’autre n’est à considérer. Les penseurs étant réservés à la N.R.F. », et lui propose des noms : Félicien Marceau, Henri Hell, Michel Mohrt, André Bay, Marcel Brion… Il est impressionné par Jacques LAURENT, « une tête forte. L’argumentation de son article de la Parisienne (Maulnier-Malraux) ça vaut les Provinciales. Et on sent un brave homme. […] La discussion, c’est son fort »... Etc.
1 000 - 1 500 €


CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).
L.A.S. « de Ch », « Val-de-loup, près d’Aulnay par Antony » 10 mai 1811, à son ami John Fraser FRISELL ; 3 pages petit in-4.
Belle lettre sur l’Italie et sur ses œuvres
Il a reçu sa lettre « datée de la ville où j’aimerais mieux vivre et mourir [Rome]. Je suis bien aise que vous ayez reçu la même impression que moi de cette belle Italie. Quel soleil ! quelle lumière ! quels souvenirs ! Combien nous sommes barbares en deçà des Alpes. Si j’étois riche et que je pusse voyager à mon aise, l’Italie me verrait tous les deux ans et peut-être finirois-je par me fixer au milieu des ruines de Rome. Mais je deviens vieux ; je n’ai pas un sou, et ne pouvant plus parcourir le monde, je ne cherche plus qu’à le quitter. Il faut faire une fin, et je vous attends pour savoir si c’est la Trappe ou la rivière qui doit finir la tragi-comédie. L’Itinéraire [de Paris à Jérusalem ] a réussi, Dieu sait pourquoi. Les Martyrs sont un ouvrage fort supérieur à l’Itinéraire ; mais, cette fois, il n’y a pas eu d’ordre, et les choses ont suivi leur cours naturel. Depuis le temps il s’est passé bien des choses ; vous me trouverez à la campagne, comblé de gloire , d’humiliations , d’honneur et d’affronts . Je suis le sage d’Horace »… Correspondance générale , t. II, n° 497.
1 000 - 1 200 €

556
CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).
L.A.S. « F. Vte de Chateaubriand », Paris18 mai 1810, à M. Le Corvesier ; 1 page et demie in-8.
Il lui recommande le marquis de CUSTINE, et « prie de lui montrer tout ce qu’il désirera voir à Combourg. […] Si M. de Custine veut se rendre à Fougères par Bazouge M. Le Corvesier voudra bien lui faire donner un guide pour lui montrer le chemin ».
400 - 500 €
557
CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).
L.A.S. « Chateaubriand », Paris 6 octobre 1821, [à Ferdinand de CUSSY] ; 3 pages et demie in-4.
Belle lettre politique après sa démission d’ambassadeur à Berlin
Il a reçu « les parures de fer » et leur prix. « J’ai reçu aussi l’avis du négociant de Hambourg pour la malle [...] Vous êtes mille fois trop bon de vous occuper de mes affaires. Je vous prie de ne faire pour la vente que ce qui peut vous convenir. Vendez, ne vendez pas ; gardez, ne gardez pas : tout ce que vous ferez sera à merveilles. [...] Buvez le vin à ma santé. Je suis fâché seulement qu’il ne soit pas meilleur ». Il veille aux affaires de son correspondant : « On me témoigne dans ce moment une grande bienveillance ; j’en profiterai pour vous avant que les affaires s’embrouillent ; car dans les g[ouvernemen]ts de la nature du notre, vous savez que l’on passe vite de la faveur à la disgrâce et de la chûte à l’élévation. Il n’est pas encore question de mon successeur. On a parlé un moment du B[aro]n [Auguste] de TALLEYRAND ministre en Suisse, on n’en parle plus. Je crois que rien ne se décidera qu’après les élections et vers l’époque de l’ouverture des chambres. Le côté gauche semble avoir quelque commencement de succès dans les collèges d’arrondissements. Cela engagera-t-il le ministère à se rapprocher davantage de la Droite ? Tout notre avenir est là ». Il évoque en post-scriptum l’histoire de son valet de chambre (qui l’espionnait), « ce Louis que vous connoissez. Je l’ai mis à la porte ». Correspondance générale , t. IV, n° 1401.
1 000 - 1 200 €






558
CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).
L.A.S. « Chateaubriand », Paris 11 février 1825, à un collègue ; 1 page in-4.
« Voilà, mon obligeant collègue, le manuscrit. Vous aurez sans doute la bonté d’ordonner qu’on m’en apporte l’épreuve. Mille remerciements »…
300 - 400 €
559
CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).
L.A.S. (paraphe), Paris 25 novembre 1825, [à son ami John Fraser FRISELL] ; 2 pages et demie in-4 (petites fentes marginales).
Il se réjouit des bienfaits du climat de Barcelone sur son ami, et sait qu’il a reçu toutes les recommandations qu’il désirait : « ainsi vous n’avez plus besoin de moi. D’ailleurs vous savez que je ne connais personne et que je ne suis pas en faveur ». À l’approche de l’hiver, il songe avec sa femme « à quitter l ’infirmerie , où nous ne pouvons plus aller : nous avons plus de peine à quitter ce ministère des pauvres que l’autre. Je suis plongé dans les travaux de mon édition pour le printemps, mais j’avance lentement parce [que] je souffre, et qu’à Paris, quoi qu’on en eût, on est toujours interrompu dans sa retraite ». Il encourage son ami à continuer son voyage en Espagne avec sa fille par Grenade, Séville et Madrid, puis de rentrer par Bayonne et Eaux-Bonnes. « Vous êtes heureux d’être libre de voyager, de n’avoir d’entraves dans la vie que celles que vous trouvez dans vos affections. C’est toujours au printemps quand je serai riche que je prendrai un parti sur mon avenir »… Correspondance générale , tome VII, n° 165.
800 - 1 000 €
561
CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848).
6 L.S. « Chateaubriand », 1939-1841, à son ami John Fraser FRISELL ; 11 pages in-8, adresses (traces de désinfection à une lettre).
Les lettres sont dictées à son secrétaire Hyacinthe PILORGE, d’abord par manque de temps, puis à cause de ses rhumatismes, de plus en plus, handicapants. Elles évoquent la situation de Chateaubriand et les nouvelles familiales, Madame de Chateaubriand étant la marraine de la deuxième fille de Frisell, Marie.
8 août 1830 . À l’avènement de Charles X, Chateaubriand envisage de quitter la France et de se retirer dans les environs de Genève: « Je me suis sacrifié une dernière fois à une famille ingrate qui m’éloignerait encore si elle revenait »… – 23 décembre 1832
Revenant de Genève, il n’a pu communiquer avec la duchesse de BERRY, mais est venu comme « défenseur officieux » ; sa brochure paraîtra dans quelques jours ; puis il évoque Élisa, la fille de Frisell morte à 17 ans cette année-là. – 16 mai 1837. Sur l’état de santé de son ami qu’il engage à quitter l’Angleterre pour des climats plus cléments ; il l’invite à lui rendre visite et donne des nouvelles des Joubert. – 2 décembre 1839 . Il se réjouit de l’arrivée de Frisell à Rome et lui annonce « l’achèvement complet de mes Mémoires depuis ma naissance jusqu’à ce jour ». – 23 décembre 1841. « Venez achever de radoter avec nous. Pour moi, je ne sortirai plus de mon coin et je hais autant les voyages que je les ai aimés »… – 15 novembre 1842 . Il souffre et peut à peine marcher : « J’essaie de me traîner sur mon boulevard solitaire des Invalides ; je vais passer une heure de 4 à 5 chez Made Récamier : voilà toute ma vie »…
1 000 - 1 500 €
562
CLAUDEL Paul (1868-1955).
MANUSCRIT autographe, [1948] ; 2 pages in-4. Commentaire sur la reprise de L’Annonce faite à Marie au Théâtre Hébertot en 1948 avec un fragment de l’acte I [Rappelons la genèse et le long travail de remaniement de la pièce, dès 1892 sous le titre La Jeune Fille Violaine , une seconde version écrite en 1899 avant d’être remaniée et créée en 1912, puis reprise notamment par Dullin à la Comédie Française en 1938, et enfin le 12 mars 1948 dans une mise en scène de Jean Vernier au théâtre Hébertot.]
« On parle beaucoup à Paris de la prochaine reprise de l’Annonce faite à Marie , la célèbre pièce de Paul Claudel, actuellement en répétition au Théâtre Hébertot » ; c’est pour Claudel une « véritable première à raison de la mise en scène toute nouvelle que le maître, cette fois libre de ses intentions et riche d’une longue et souvent douloureuse expérience, a pu lui donner », Claudel précise que le texte a subi d’importantes modifications « que l’on dit heureuses », avant de faire l’éloge du commentaire musical de Maria Scibor [fille naturelle de Claudel] et de la future interprétation par Jean Hervé, Alain Cuny, Hélène Sauvaneix, Robert Hubert, Ève Francis et la jeune débutante Carmen Duparc, qui jouera le rôle de Mara et « dont on a le droit de beaucoup attendre ».
Au verso de ce texte, on trouve un fragment de la scène III (paginé 2) et du dialogue entre Anne Vercors, Jacques Hury et la Mère annonçant la décision du Père de partir en pèlerinage ; il présente des variantes inédites par rapport à la version publiée par Gallimard cette même année. 700 - 800 €


563
COCTEAU Jean (1889-1963).
8 POÈMES autographes, [vers 1916-1925] ; 10 pages in-4 ou in-fol.
Sonnet (1 page oblong in-4), recueilli dans Vocabulaire (1925)
[Pléiade p. 338] :
« Aujourd’hui le soleil, redoutable artifice »…
Cadeau (1 p. oblong grand in-8), 11 quatrains et 5 distiques, dans 10 cases numérotées, au dos d’une épreuve du frontispice du Coq et l’Arlequin , portrait de Cocteau par Picasso :
« Mais entrez donc – Tiens c’est vous
Je ne vous attendais pas je l’avoue
J’attendais un pigeon voyageur »…
Mœurs de l’ange (1 p. in-4 avec ratures et corrections), 6 quatrains :
« Quelquefois l’ange est pris pour un feu d’artifice
Lance un joli bouquet d’ombre, de fils de fer »…
Mystères de Vénus et des fusiliers marins (1 p. grand in-4 et 2 p. in-4) ; le premier feuillet est inédit, avec 12 quatrains en 3 parties numérotées : « Jalouse de vos cous, cygnes / Une Léda sachant nager »… ; les deux autres feuillets, intitulés « Suites des mystères », comprenant 13 strophes, donnent le texte (avec ratures et corrections) publié dans le n° 15 de L’Œuf dur (1923) [Pléiade p. 1508-1509] :
« Allant de l’un à l’autre bord En son lit toujours mal bordée
La mer essaye de dormir »…
« La lune joue aux dominos »… (1 p. in-fol.), 11 vers et 5 quatrains.
« On visite la maison des poètes »… (1 p. in-fol.), 23 vers, dont le dernier : « Pauvre Marie j’ai mal à mes Champs Elysées ».
« Toujours pour coq tôt se lève le jour »… (1 page in-fol. au crayon), 13 vers, la 2e strophe interpellant Paul MORAND, plus esquisse d’une dernière strophe. Plus esquisses corrigées d’un quatrain (sur 1 p. oblong in-4 au crayon).
On joint un manuscrit autographe de Raymond RADIGUET, Sonet de Passerat (1 page in-4 sur papier d’écolier), copie du sonnet de Jean Passerat : « Rossignol roi des bois »… ; au bas du feuillet, il ajoute : « Le rossignol se croit-il dans une écurie ».
2 000 - 2 500 €


564
COCTEAU Jean (1889-1963).
POÈME autographe, Rencontre la nuit ; demi-page in-4.
Poème en prose, dont le titre primitif, Nuit de fièvre , a été biffé. Nous ne l’avons pas retrouvé dans les Œuvres poétiques complètes de la Pléiade.
« Si la fièvre nous met plus vites [sic ] et si le mort veut bien ralentir, nous pouvons nous voir une minute. Je lui demande des bêtises
[…] Une fois mon trouble passé, je me dispose à l’interroger sur les mystères, mais c’est ma fièvre qui diminue. Le frein du mort se relâche, et je reste seul dans la nuit ».
500 - 600 €
565
COCTEAU Jean (1889-1963).
L.A.S. « Jean », Saint-Cloud Mars 1929, à Judith ÉRÈBE ; 1 page in-4.
Belle lettre lors de sa désintoxication de l’opium
« On n’admire pas les tableaux de Raphaël, on aime Raphaël. Non que je me compare à ce peintre – mais je voulais dire qu’une œuvre qui ne donne pas d’amitié me semble absurde. Où vous m’insultez pour de bon, c’est en croyant que je sourirais de votre pauvre poisson et de cet aquarium sans paradis (!?!?!) alors que l’aquarium qu’il voyait dehors possède même un enfer (tout le confort moral). Moi aussi je vous aime et votre visite m’a communiqué une force que vous avez dû croire une santé. De plus le premier soleil me fait “chanter dans les supplices”. J’ai tant souffert (je ne parle pas de ma désintoxication), tant souffert de toute sorte que je pense au calme comme un provincial pense à Paris. J’arrive même à prendre l’air parisien. Mais moi je ne me fâche pas d’être vu autre que je suis. Rien ne peut me donner plus d’espoir. Surtout si c’est votre bel œil terrible et orageux qui me juge »…
400 - 500 €

566
COCTEAU Jean (1889-1963).
DESSIN original avec légende autographe, Le Problème , [1938] ; 26,5 x 20,5 cm (traces de colle en haut sur toute la longueur, tache ronde en bas à gauche ; papier jauni ; encadré).
Projet d’affiche pour Les Parents Terribles Plume et encre sur papier chamois.
La pièce s’intitule alors, comme l’indique ce projet, « Le problème 3 actes de Jean Cocteau », et doit se jouer au « Théâtre des Ambassadeurs ».
Cocteau a dessiné les 5 protagonistes et indiqué sur une banderole le nom des comédiens : Yvonne de Bray, Alice Cocéa, Gabrielle Dorziat, Constant Rémy, Jean Marais.
La pièce sera créée le 14 novembre 1938 aux Ambassadeurs avec un distribution modifiée.
1 000 - 1 200€
EXPOSITION
Jean Cocteau Magicien du spectacle , Musée Borely, Musée provençal du cinéma, Marseille, novembre 1983-février 1984 (n° 176).
PROVENANCE
Succession Jean MARAIS (vente 27 avril 2009 n° 235).

567
COCTEAU Jean (1889-1963).
MANUSCRIT autographe signé « Jean Cocteau », [ Le Festival de Cannes , 1946] ; 3 pages in-4.
Discours pour l’ouverture du premier Festival de Cannes Le manuscrit présente des ratures et corrections ; le titre Les prix du festival a été biffé.
« Je suis très heureux et très fier de saluer ici un tournoi pacifique entre des peuples trop longtemps séparés les uns des autres par la foudre des hommes. Malgré le film parlant et le mur des langues, le cinématographe est un idiome d’images et parvient vite à se faire entendre de tous. Il exerce un charme, il provoque une hypnose collective, il déborde les livres, le théâtre, les textes et les vocabulaires. Il ébauche en quelque sorte cette langue universelle qui préfigure la grande entente et qui est à l’inverse du drame de Babel. Il nous offre le spectacle d’une tour de Babel où les ouvriers se comprennent et qui monte chaque jour victorieusement sa spirale fantôme de rêves ornée de statues vivantes. […] Pour la première fois, c’est en France que l’épreuve internationale du film va tenir ses assises. […] Quels seront les prix ? Des coupes ? Des statuettes allégoriques ? Des médailles ? Non des toiles de grands peintres modernes. […] Et voilà Cannes où venaient jadis les malades et les princes de tous les climats. L’époque n’est plus aux princes, ni aux malades. Elle est aux travailleurs. Et c’est eux, au seuil de cette exposition, du haut en bas de l’échelle, du premier metteur en scène au dernier des machinistes, que je félicite et que je salue ».
On joint une P.S. de LOUIS XV (secrétaire), contresignée par Marc-Pierre de Voyer d’Argenson, Versailles 17 juin 1751, brevet de maître de poste (vélin oblong in-4).
1 000 - 1 500 €

568
COCTEAU Jean (1889-1963).
12 L.A.S. « Jean », 1947-1952, à Georges HUGNET ; 12 pages in-8 ou in-4, 12 enveloppes.
Intéressante correspondance amicale et littéraire autour de leur collaboration pour La Nappe du Catalan [La Nappe du Catalan (1952), rassemble 64 poèmes écrits simultanément par Cocteau et Hugnet sur des nappes du restaurant Le Catalan lors de déjeuners, en fait des cadavres exquis littéraires, chacun des poètes laissant parmi ses vers des vides que l’autre comblait.]
Milly 26 mars 1947. « Tu imagines bien que je pense à toi et que je regrette “notre Catalan”. Mais je ne pouvais plus vivre à Paris – J’avais, comme toi, un triste mélange d’agoraphobie et de claustrophobie ». Il demande à Hugnet de lui préparer les feuilles qui manquent : « Je les remplirai dans ma chambre d’Érasme. Tu devrais me rejoindre. […] je travaille entre les poules, les arbres qui verdissent et le feu de bois »…
Saint-Jean Cap-Ferrat 1951. – 25 avril et 9 mai . Il charge Hugnet d’envoyer de sa part à Somerset M Au GHAM , qui séjourne aussi à Saint-Jean, une revue : « Il est un peu grigou – mais il achète à des prix ridicules et devrait s’estimer heureux des prix français qui lui sont favorables. […] Accouche vite et donne des nouvelles ». Milly « se couvre de chats de toutes les couleurs. Ces dames couchent et accouchent sans cesse. Repeuplons »… – [27 septembre] . Il a relu les poèmes : « c’est très bien et il y a même des choses qui paraissent d’une seule plume (vrais enfants de notre couple) . Francine [Weisweiller] est très contente. Je me suis amusé à reprendre ta couverture au crayon gras – il y apparait une tête curieuse »… – 4 octobre . « Le livre a l’air de se présenter bien », mais il veut enlever deux poèmes : « Il y a quelque chose de caricatural que je ne trouve pas dans le reste. Dès que tu auras des feuilles prêtes, envoie-les ». Il veut savoir l’opinion de Nicolas (le fils d’Hugnet) : « Son œil est un juge terrible. […] Francine me charge de ses tendresses et Doudou [Dermit]. Ici je suis lancé dans un énorme tableau qui me lance mille maléfices. Soleil. Mer des équinoxes. Je rentre fin octobre pour monter mon film et tâcher de rendre ma pièce [Bacchus ] jouable »… – 13 octobre . Il trouve la maquette excellente, attend les lithographies et réclame des « crayons litho […] Je suis très heureux de voir avec quel soin tu t’occupes de notre nappe . Il en résultera un beau livre »… 3 mars 1952 . Il reprend doucement des forces, travaille un peu et remercie « de tes cartes suggestives. […] Les avions s’écrasent –Carnaval etc. – De Gaulle nous menace – La Corée continue – La terre tourne »… – 2 juillet . « Nous voilà revenus à Ithaque. Je me demande comment faisaient tous ces grecs pour voyager entre les îles. Peut-être faut-il sacrifier sa fille ou son fils pour obtenir des vents favorables. J’ai attaqué le plafond de Santo-Sospir. Il faut que j’arrive à ce que la villa ressemble au palais de Minos en Crète. Je travaille à l’adresse des archéologues futurs »…–1er août . Il a terminé les plafonds, Doudou peint la façade de la villa… – 2 septembre . Après un gros travail, il est plus tranquille. « La photo de ta soucoupe volante est parfaite. Les autres sont exposées dans la chambre de Francine ». Ici rien ne change : « Le monde se meurt comme la vague au pied de notre roc solitaire »… – 15 septembre . « Hier on a posé ma mosaïque devant la porte. Je la trouve très belle et j’admire les ouvriers italiens qui l’exécutent. Il y en a un qui ressemble au docteur Caligari. Marie-Laure [de Noailles] déjeune avec nous ce matin. Je termine mon livre et un poème de 100 strophes (sic) – Loin des yeux, près du cœur »… On joint 4 brouillons autographes de poèmes pour La Nappe du Catalan (9 pages in-8 ou in-4) ; plus un télégramme.
2 000 - 2 500 €


569
COCTEAU Jean (1889-1963).
4 L.A.S. « Jean Cocteau », Paris et Saint-Jean Cap Ferrat 1953-1958, à René BEHAINE à Villefranche sur mer ; 3 pages in-4 et 1 page in-8, 3 enveloppes.
13 décembre 1953 . Il est malade. « Cette ville de Paris ne possède plus la moindre culture de l’âme. Il faudrait être Miss Europe et nous ne le sommes pas. Je n’en ferai pas moins l’impossible »…
4 février 1954 : « Votre lettre me trouve à mon retour de Paris où j’enterrais une amie admirable et mille souvenirs. […] Gaston Gallimard me boude parce que je publie ailleurs. J’y verrai un peu plus clair en mars […] Nous préparons un plan d’attaque »… 2 novembre [1956] . « Votre préface me plait BEAu CO up et j’imagine que le moment est venu de dire les choses . (Même les parlementaires s’y mettent et rompent avec le régime du blabla pour les paroles et les actes). Mais, notre rôle est de crier dans le vide. Or il n’y a pas de vide . C’est en vertu de ce subterfuge que nous vaincrons le vacarme »… 13 mars 1958 . « Je suis heureux qu’un prix vous récompense, bien que votre livre soit une œuvre “sans prix” et qui porte sa récompense en elle-même, invisible à l’époque. Mais chaque fois que je découvre une faute dans la règle d’injustice, j’en éprouve quelque confort moral »….
400 - 500 €


570 COCTEAU Jean (1889-1963).
3 L.A.S. « Jean Cocteau » et « Jean », 1954-1961, à Roger NIMIER ; 2 pages in-4 (une à en-tête de Santo-Sospir), et 1 page in-8.
30 octobre 1954 . Il n’aime pas « les lettres de Jacques [CHARDONNE, Lettres à Roger Nimier ]. Je le lui ai du reste écrit (l’aimant trop et de longue date pour les politesses mondaines). Mais votre portrait de la Table Ronde est un chef-d’œuvre . C’est la première fois qu’un portrait de plume possède cette force et ce relief sans pasticher le Cardinal de Retz ou autres portraitistes célèbres. On ne dessine pas mieux dans l’écriture. Grande joie de vous lire, grande joie de vous l’écrire »… – 16 mars 1955 (après son élection à l’Académie française) : « Je ne suis pas solide et je crois que mon fauteuil sera très vite libre. Du reste on aurait dû me donner un vrai fauteuil. Je dormirai un peu »… – 22 janvier 1961. « J’ai fait de SIMENON un dessin au trait qui est très beau et j’aimerais que tu le lui demandes on y ajouterait sur épreuve une phrase dans ce genre : Le romancier des complexes, des malaises, des mystères, des âmes gluantes et sinistres est le prince de l’amitié sans ombre et sans tache »…
400 - 500 €

571
COCTEAU Jean (1889-1963).
L.A.S., Saint-Moritz 27 février 1956, à Marianne OSWALD ; 1 page in-4.
« Je traverse une sale crise dans ces neiges. Pardonne-moi d’être physiquement tenu à une sorte d’égoïsme instinctif et qui me ressemble mal. […] Fais à mon adresse quelque chose qui ressemblerait à une prière dans notre monde étrange ». Il ajoute que la Comédie Française lui a demandé « l’autorisation de remonter la Machine à écrire. J’ai accepté à condition qu’ils joueraient la version originale que de mauvais conseils m’avaient fait abimer à l’époque (il y a déjà 15 ans !) ».
150 - 200 €
572
COCTEAU Jean (1889-1963).
5 L.A.S. « Jean Cocteau », Santo-Sospir, Saint-Jean-Cap-Ferrat 1958-1962, à Jacques THIRION à Nice ; 5 pages in8 et 1 page in-4 à en-tête de Santo-Sospir, 2 enveloppes.
B elle correspondance à son ami directeur des Musées de Nice Toussaint 1958 , sur les Paraprosodies : « j’estime que l’Obscur est indispensable dans un âge où les œuvres grandes ouvertes perdent leurs pétales dès qu’on les touche. […] Vous êtes chez vous à Santo-Sospir »… 16 décembre 1958 , il l’invite à aller voir la crèche, en téléphonant aux Madeline-Jolly « pour savoir si les têtes seront “cuites” » ; il rentre à Nice pour Les Parents terribles… 26 janvier 1959 : « Nous voilà bien tous les deux moi sur le dos pour des semaines et vous guère plus solide. Une hémorragie intestinale m’oblige à attendre que les globules rouges se refassent ». Il n’a « rien de notre peintre [ VAN DONGEN ]. Je le croyais le seul bien élevé de la bande »… 5 avril 1959 : il a enfin reçu le remerciement de VAN DONGEN : « Je ne voudrais pas rester sur un reproche amical devenu injuste »… 6 juin 1962 , renvoyant un texte corrigé (préface à l’exposition Fernand Léger)...
600 - 800 €

573 COLETTE (1873-1954).
L.A.S. « Colette », Rozven [fin août 1923], à Misz MARCHAND ; 4 pages in-4 à en-tête de Rozven . Belle lettre de vacances en Bretagne Elle voudrait être sûre de la trouver à Paris, « quand je ramènerai la sacro-sainte Chatte. Sois tranquille, elle est grasse et belle, et se porte à ravir : elle est remplie de mille chats. Mais sa fidélité me fend leur cœur. Tous les matins c’est la même recherche de vous deux, les mêmes cris, que j’étouffe avec une quantité de lait chaud. Elle a voulu, à cause du voisinage des chambres, adopter Hélène [PICARD], mais Hélène est trop peu libre de ses mouvements [...] pour accepter que la chatte couche chez elle. [...] Avant-hier matin [...] elle dormait profondément en compagnie de trois chiens inconnus. Elle est sur la table devant moi, belle à ravir, et elle baille parce qu’il y a déjà quatre heures qu’elle n’a pas mangé. J’y cours. [...] Je partirai sans doute le 5 d’ici. Comme je couche en route, c’est à Hélène-Pauline-Bel Gazou que je confierai Pampékesse. Tempête depuis 5 jours, et pas chaude du tout ! Les enfants vont bien. Bertrand [de JOUVENEL] prend 100 gr. par jour, il rentre lundi matin. Sidi [son mari, Henry de JOUVENEL...] part pour Genève [à la S.D.N.] samedi soir. [Charlotte] LYSÈS quitte Rothéneuf pour la Touraine. Toute sa smala est venue déjeuner hier , [Ramon] FERNANDEZ, quand on l’a vu deux fois et surtout qu’on a joué aux billes avec lui, est proprement irrésistible »... Lettres de la Vagabonde , p. 161.
400 - 500 €
575
DEDEKIND Friedrich (1524-1598).
L.A.S. « Fredericus Dedekindus », Neustadt 9 janvier 1553, à Sebastian GLASER, chancelier de Henneberg ; 1 page in-fol., adresse au verso (petite déchirure marginale par bris de cachet sans toucher le texte) ; en latin.
Rare lettre de l’humaniste, écrivain et théologien allemand. Il a reçu la lettre de Glaser et l’en remercie. Il pensait bien venir en Franconie ; mais alors qu’il y réfléchissait, il a reçu une proposition de subvention de la part du Sénat de Hannovre, et il a promis de faire de son mieux pour l’amour de sa patrie… « eo quidem animo eram quod vellem in vestram illam Franconiam venire. Sed dum hoc meditor, Senatus Hannoverensis mecum egit conditionem proposuit stipendum promisit. Ego amore patriæ victus meam operam promisi »
1 000 - 1 500 €


574
COLETTE (1873-1954).
L.A.S. « Colette », Camaret-sur-Mer [début juillet 1939, à Léopold MARCHAND] ; 2 pages in-4, en-tête Grand Hôtel de la Pointe des Pois
Belle lettre de Bretagne Ils souhaitaient aller se reposer à Morgat, mais l’hôtel était complet, « pareil à Cannes, étouffé de roses et de snobisme de deuxième zone. Alors, nous sommes venus ici. C’est magnifique. Ça, c’est une mer ! Ça, c’est une Bretagne ! Et on y mange comme nous mangions à Costaérès, […] on vous y balance des langoustes comme notre cuisse. Pendant sept jours je ne penserai, ni Maurice, à aucun travail présent ou futur. C’est assez dégoûtant de parler de repos à un pauvre Léo forçat… […] Une anse de Bretagne rappelle toujours un peu Rozven, nous avons ici un Nez à droite, un semble-Meinga à gauche, une plage déclive, un pré de mer »… Lettres de la Vagabonde , p. 264.
400 - 500 €





576
DHÔTEL André (1900-1991).
L.A.S. « André Dhôtel », 31 mars [1950], à Jacques PREVEL ; 2 pages in-8.
Belle lettre sur le dernier recueil de Prevel [De colère et de haine ], qu’il désire rencontrer, et qu’il compare à Armen Lu BIN, à qui il écrit « pour son livre qui vient de la même douleur que la vôtre. D’abord c’est certain que ce que vous écrivez […] appartient à la grande tradition (et récente) des complaintes où la beauté semble être la dernière beauté et la plus pure : ces complaintes du blues en Amérique, celle du Voyage d’hiver de Schubert. Mais si Armen Lubin chante les objets qu’il voit et les images, vous vous êtes attardé à une plus rigoureuse nécessité, comme l’a fait A r TAu D, la nécessité de cette rupture immémoriale entre le monde et la pensée. Pourtant il vous vient aussi des vers d’une grande douceur, et il y a beaucoup de lumière dans tout cela. […] Ce sont des poèmes qu’on lit vraiment, dont la parole est vraie »...
300 - 400 €
578
DUMAS père Alexandre (1802-1870).
POÈME autographe signé « Alex Dumas », Le Sylphe ; 1 page in-4 (contrecollée sur papier fort).
Joli poème romantique de six quatrains, soigneusement calligraphié :
« Je suis un Sylphe, un ombre, un rien, un rêve, Hôte de l’air, esprit mystérieux, Léger parfum que le zéphir enlève, Anneau vivant qui joint l’homme et les Dieux »...
400 - 500 €
577
DICKENS Charles (1812-1870).
L.A.S. « Charles Dickens », [Londres] 21 juin 1849, au Reverend L.S. DIXON ; 1 page et demie in-8 ; en anglais. Il remercie pour l’envoi d’un charmant petit livre, qu’il a lu avec plaisir et intérêt à l’ombre dans son jardin…
« Sir, let me thank you, very cordially, for your letter and your book. Your kind remembrance of me gives me real pleasure, and I have read your volume – out in the garden in the shade – with the almost satisfaction and interest. I assure you I think it a very charming little book »…
1 000 - 1 200 €



579
DUMAS père Alexandre (1802-1870).
L.A.S. « Al. Dumas », [1848 ?], à un « cher confrère » ; 2 pages in-4 sur papier vert d’eau (lég. fente au pli).
Intéressante critique d’un drame Dumas prie d’excuser sa franchise, mais d’un « point de vue scénique – avec les conditions d’art dont je me suis fait une règle, je ne crois pas la représentation de votre drame possible ». C’est tout un ensemble : l’intrigue manque de vérité et les caractères de logique... Dumas reprend chaque personnage en expliquant ce qui ne va pas, avec une terrible franchise : les protagonistes n’ont pas de profondeur, pas de vraies motivations, certains sont inutiles, leur emploi très maladroit, ou ils manquent de panache… « Malo, qui tire sur la marquise de Trianna – et qui tue un domestique qui tire sur Malo et qui tue son cheval – est trop maladroit pour un chasseur vendéen. M r de Verneuil – Mad e de Berry, qui s’allie avec des assassins et des empoisonneurs – me parait au théâtre pardonnez moi le mot un sacrilège politique ». Quant à Tiburce, le héros, plein de maladresse, qui quitte la scène quand il devrait y rester, qui est plein d’inconséquences et d’actions irréfléchies, il « ne me parait pas un pivot suffisant à soutenir une pièce en 10 tableaux. Je ne crois donc pas le sujet heureux. Comme caractère de pays il n’en a pas. Comme historique il ne se rattache à rien. Enfin comme imagination, il retombe trop souvent dans cette combinaison de coups de fusils avec lesquels il me parait difficile de nouer ou dénouer les drames, à moins que comme dans le Freichutz le surnaturel ne s’en mêle et que les acteurs ne se servent de balles enchantées. […] Sur ce sujet vous perdez votre tems – peut-être le drame sera-t-il joué, mais je vous l’affirme d’avance, il ne vous récompensera ni en succès ni en argent de la peine que vous avez prise »…
700 - 800 €
580
DUMAS père Alexandre (1802-1870).
MANUSCRIT en partie autographe, Alfred de Vigny – Antony – Dorval ; 18 pages in-4 dont 4 autographes, sur papier bleu.
Deux chapitres de souvenirs sur ses débuts d’auteur dramatique
Les quatre premières pages sont autographes ; le reste a été dicté à deux secrétaires différents (qui ont signé « Alex. Dumas ») ; le texte, assez proche des chapitres CL xx V et CL xx VI de Mes Mémoires, a été publié en italien dans le journal napolitain de Dumas, L’Indipendente (III, n° 228, 12 octobre 1863 : Alfredo de Vigny, V, 5 e feuilleton de souvenirs après le décès de Vigny).
« Ma vie littéraire est tellement enchevêtrée avec celle de mes bons amis H u GO et De VIGNY que toutes les fois que je parle de l’un ou de l’autre il faut nécessairement que je parle de moi.
J’étais l’aîné du triumvirat poétique et parti en faisant signe aux deux autres de le suivre »... Et de raconter comment, après une vive discussion avec le chef de la censure à propos de Christine , il eut l’idée du dénouement d’Antony : « Elle me résistait, je l’ai assassinée ! » Faire la pièce était une bagatelle dans l’état d’esprit où il était alors : « J’étais amoureux d’une femme qui était loin d’être belle mais dont j’étais horriblement jaloux, jaloux parce qu’elle se trouvait dans la position d’Adèle, qu’elle avait un mari officier dans l’armée et que la jalousie la plus atroce que l’on puisse éprouver est celle qu’inspire un mari attendu qu’il n’y a pas de querelle à chercher à une femme en puissance de mari si jaloux que l’on soit de ce mari. Un jour elle reçut du sien une lettre qui lui annonçait son retour. Je faillis devenir fou. […] Antony n’est point un drame Antony n’est point une tragédie Antony n’est point une pièce de théâtre Antony est une scène d’amour et de jalousie de colère en cinq actes. Antony c’était moi moins l’assassinat. Adèle c’ était elle moins la fuite »… Il est question des interprétations de Mlle MA r S et FI r MIN , des répétitions, de l’intervention amicale de Hugo pour attirer Dumas à la Porte-Saint-Martin ; puis Dumas donne, longuement, l’échange qu’il eut avec Firmin et Mars, qui aboutit à son retrait de la pièce du Théâtre Français. Le chapitre suivant rapporte la conversation qu’il eut avec Marie DO r VAL , pour obtenir d’elle qu’elle assumât le rôle d’Adèle, avec force confidences sur les amours de l’actrice et de VIGNY
800 - 1 000 €


581
DUMAS père Alexandre (1802-1870).
MANUSCRIT autographe signé « Al. Dumas », La France et l’Espagne , [janvier 1863] ; 6 pages in-4 sur papier bleu, reliure moderne demi-chagrin brun.
Article publié en italien dans son journal napolitain L’Indipendente , le 10 janvier 1863 (Anno III, n°7, p. 2) sous le titre La Francia e la Spagna . La version française est inédite.
« Nous demandons pardon à nos lecteurs de leur faire un journal presqu’entièrement de notre prose – mais depuis trois jours les bateaux manquent et par conséquent nous n’avons aucune nouvelle de la haute Italie. A ce défaut de nouvelles notre devoir est de suppléer le mieux qu’il nous sera possible – en agitant des questions soit d’un intérêt particulier pour l’Italie soit d’un intérêt général pour la politique de l’Europe où l’Italie par ses 22,000,000 tient aujourd’hui une place supérieure, à la Prusse, à l’Espagne et à la Suède, -–venant immédiatement à la suite des grandes puissances au rang desquelles l’élèvera la cession de Rome et la conquête de Venise – deux faits politiques qui peuvent être retardés par les événements mais qui infailliblement un jour ou l’autre peuvent s’accomplir. Nous en revenons aujourd’hui au refroidissement de l’Espagne et de la France qui on se le rappelle nous a déjà deux à trois fois préoccupés »..
Dumas rapporte les propos prophétiques que lui avait tenus le duc de Lucques à Florence en 1842 : « Les Bourbons sont condamnés – dans trente ans il n’en restera pas un seul sur le trône. [….] Eh bien de tous ces Bourbons condamnés au dire du duc de Lucques – il ne reste plus aujourd’hui que la reine Isabelle d’Espagne. Par malheur la reine est d’un sang qui n’apporte pas avec lui sur le trône le respect personnel. En même tems que les derniers rejettons des familles Bourboniennes François II et le Comte de Chambord sont impuissans, les derniers héritières des couronnes Bourboniennes sont trop fécondes »… Pour lui, « la reine d’Espagne doit être la dernière victime de cette fatalité qui poursuit les Bourbons. À notre avis Sa majesté Isabelle ne mourra point sur le trône – ou si elle meur sur le trône – n’aura pas pour successeur un de ses fils »… Etc. Il conclut ainsi son article : « Car l’Angleterre c’est Carthage tandis que la France c’est Rome. Car l’Angleterre c’est le fait, tandis que la France, c’est l’Idée ! »
800 - 1 000 €
582
DUMAS fils Alexandre (1824-1895).
9 L.A.S. « A. Dumas f », [Paris et Saint-Valery-en-Caux, 1866-1867], à Edmond ABOUT ; 32 pages in-8.
Belle correspondance amicale et littéraire Dumas fait l’éloge du livre d’About Les Vacances de la Comtesse (1865) qui « sont de la famille des chefs-d’œuvre. Je viens de les dévorer et je vais les reprendre. Il n’y a pas du premier mot au dernier un moment d’éteint. […] Ceci est comme un bain. On s’y étend. On s’y détend »… Il encourage About et lui donne des conseils : « Tapez sur les abus et les erreurs et les folies de l’espèce […] publiez cela inédit, comme un coup de canon, et vous avez fait le livre que vous devez faire »…. Pendant l’été 1866, Dumas s’installe à Saint-Valery-en-Caux, dans la maison qu’il avait habitée huit ans auparavant : « Pour un rien je pleurnicherais […] C’est peut-être parce que je me remets au travail et que cette charrue que je traîne consciencieusement commence à me fatiguer ». Il envoie la trame d’une pièce, d’après l’évangile de Saint Luc, se mettant en scène aux côtés de Jésus et d’About « le pharisien de la Schlittenbach ». En octobre, il annonce la grossesse de sa femme, « condamnée à l’immobilité complète » ; et il termine une pièce qui viendra après celle de Sardou adaptée des Paysans de Balzac « moins Balzac et le forçat par amour de je ne sais ki ».. Dans une lettre spirituelle, il raconte son déménagement : « J’ai cloué, remué, sué, accroché, porté, tout le monde est installé. Ma de Dumas a été transportée comme une bouteille de vieux Chambertin qu’on a peur de remuer » ; il remercie About de son livre : « Bravo cher ami, c’est excellent – net – clair – vif – avec un acide qui court sur le tout et qui creuse aux bons endroits. Je suis très heureux comme ami et très fier comme confrère d’avoir mon nom en tête de ce livre » ; son père « s’inquiète d’un mot dans l’allusion à Jules Lecomte ». Au printemps 1867, Dumas a du mal à écrire son 3 e acte : « J’étais le nez dedans jusqu’aux yeux. Il est enfin venu, il y a une heure. Je l’ai relu, et je ne le trouve pas bon. Allons bon ! Mais je veux […] laisser reposer la chose et revenir sur le tout avec l’oubli du détail et la fraîcheur des yeux reposés ! […] Un peu de patience. La jolie russe va arriver Nous l’attendons » [sa deuxième fille Jeannine naît le 5 mai 1867]. À l’été, Dumas félicite About pour la naissance de son fils Pierre (juillet 1867), ce qu’il comptait faire de vive voix en venant le surprendre dans sa maison près de Saverne, « la Schlitt ». Il remercie About de son étude parue dans La Situation, qu’il dévore : « Quel ami j’ai à Saverne quand il n’est pas à Paris et quel ami j’ai à Paris quand il n’est pas à Saverne »… 1 000 - 1 200 €

583
DURAS Marguerite (1914-1996).
L.A.S. « Marguerite Duras », Mercredi 7 mai [1958], à Jean-Paul SARTRE ; 1 page in-4.
« Ma pièce Le Square se joue pour 30 jours au Nouveau théâtre de Poche de la rue Rochechouart (après avoir été complètement démolie par la critique en 1956). Ce n’est pas tellement pour Le Square que j’aimerais que vous veniez un soir. C’est surtout pour CHAUFFARD qui la joue. Ce lui ferait (et à moi aussi bien sûr) un immense plaisir. De plus, je crois pouvoir dire que le travail de Chauffard dans cette pièce est absolument extraordinaire »…
[René-Jean CHAUFFARD (1920-1972) avait créé Huis clos de Sartre en 1944.]
600 - 800 €

584
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É LUARD Paul (1895-1952).


585
585
É LUARD Paul (1895-1952).
2 cartes postales autographes signées, et un tapuscrit avec titre et signature autographes ; 2 cartes postales illustrées avec adresse et timbre (légère mouillure à la 2 e) ; et 2 pages et demie in-4.
[4.X.1920] , à Théodore FRAENKEL : « Amitiés. Est-il question ?... Paul Eluard qui a passé l’âge ».
[Arosa 9.I.1929] , à Janine BOUISSOUNOUSE : « Ma chère Janine, naturellement, à la fin de mon poème d’hier il faut lire “purifient” et non “font plus pur”. Je n’ai pensé qu’à l’action, et je n’ai pas eu assez souci du mot. Voulez-vous corriger vous-même et soigneusement. Bien gratter l’étourderie comme ça, que personne n’en sache jamais rien. Et perdre cette carte au fond d’un grand bois noir, tout noir. Votre ami Paul ».
Tapuscrit d’une série de 5 poèmes, dédiée à Jacques Villon, avec titre autographe : La lumière vue du dedans , et une grande signature « Paul Eluard ».
400 - 500 €
POÈME autographe, « Une vaste retraite »… ; demi-page petit in-4 sur un feuillet de cahier d’écolier.
Poème de 12 vers, recueilli dans Défense de savoir (1928) et repris dans L’Amour la poésie (1929).
« Une vaste retraite horizons disparus, Un monde suffisant, repaire de la liberté. Les ressemblances ne sont pas en rapport, Elles se heurtent »…
800 - 1 000 €

586
FARRÈRE Claude (1876-1957).
24 L.A.S. « Bargone » ou « C F », à bord du Vautour à Constantinople, 28 juin 1903- 25 mai 1904, à Pierre LOUŸS ; 125 pages in-8 à en-tête du Vautour / Constantinople , 23 enveloppes.
Très belle correspondance sur les débuts de l’amitié littéraire entre Louÿs et Farrère
Pendant son séjour à Constantinople, le jeune officier de marine Bargone prépare la publication de son premier ouvrage, le recueil de nouvelles Fumées d’Opium (Ollendorff, 1904) et réécrit, sur les conseils de Louÿs, Les Énervés , qui deviendront Les Civilisés (Ollendorff, 1905, Prix Goncourt). Il ne cesse de remercier Pierre Louÿs, qui l’encourage et le soutient, et lui demande son avis sur tout : le traité de l’éditeur, le titre du livre, le choix de son pseudonyme, etc.
Les lettres sont souvent bavardes, Farrère racontant des anecdotes, ses promenades dans Constantinople, son pèlerinage aux tombes des premiers padishahs (rois persans) à Brousse en Anatolie (17 mai 1904) ; il succombe aux charmes de la Turquie, de ses cimetières, de ses femmes : « Les intrigues qu’on noue dans ce pays ne ressemblent aux autres que par le dénouement. Quant aux prémisses les différences sont innombrables et charmantes. Les Grecques surtout sont inépuisables en surprises […] Le délicieux livre à écrire, et que vous seul pourriez essayer ! » (16 juillet 1903). Il marche dans les pas de Pierre LOTI, qui prendra le commandement du Vautour le 10 septembre. Il évoque un déjeuner avec Loti « sphyngesque », Catulle Mendès et la jeune Lesbie, qui lui fait penser à Bilitis et Mnasidika (9 février 1904) ; en mai, il fait visiter Stamboul à Henri de Régnier et sa femme : « combien j’ai été touché de leur bonne grâce et de l’accueil exquis qu’ils m’ont fait « Farrère remercie Louÿs pour Sanguines qui l’émerveille (28 juin 1903). Le 16 juillet, il a reçu une lettre de Loti concernant sa mission, mais d’un ton « beaucoup plus cordial qu’il n’est d’usage en cette sorte de correspondance », et il pense que Louÿs n’y est pas étranger. Le 29 août, il fait suivre la réponse négative de Fasquelle, qui le laisse découragé « d’autant plus que mes pauvres Civilisés trainent horriblement de l’aile depuis quelque temps. Je souffre à mettre bas ce roman comme une femme à accoucher. En six mois, j’ai écrit deux cents lignes » ; il s’en remet à Louÿs pour trouver un éditeur et lui demande « quatre lignes » de préface. En septembre, il peine toujours sur Les Civilisés : « Sans mentir, j’ai plus de peine à récrire ce roman que je n’en avais eue à l’inventer »… Loti prend son commandement : « Loti est absolument exquis pour moi et me traite en ami plutôt qu’en officier de son navire » (4 octobre).
En octobre, les pourparlers s’accélèrent avec Valdagne (librairie Ollendorff), mais Farrère s’inquiète de l’état de santé de Louÿs qui doit être opéré de l’appendicite. Le 30 octobre il lui donne les pleins pouvoirs pour traiter avec Valdagne et cherche le bon titre : en juillet, il mentionnait Le Calendrier d’opium , il a pensé à « “Le cycle (ou plutôt le cercle) de l’opium ” (ou d’opium) – “Pensées d’opium ” ne me déplait pas », etc. ; il laisse le choix à Louÿs. Quant au pseudonyme, il renonce à Ferrare pour Farrère, après avoir envisagé Fierce, mais il veut garder le prénom de Claude. – 9 janvier 1904 : Il a reçu les propositions de Valdagne et a demandé l’avis de Loti, qui dit « n’avoir jamais au grand jamais obtenu des conditions aussi belles “Seulement, a-t-il ajouté, je suis un naïf inconcevable” »… Farrère donne ses desiderata pour Fumées d’Opium , mais « C’est vous qui déciderez et nul autre. Je vous donne carte blanche […] Tout bas, je vous avoue que j’ai grande envie de paraître, et de paraître vite »… – 12 janvier. Longue lettre de 15 pages, signée « Farrère » pour la première fois, à propos des Civilisés qu’il a recommencés : « La copie , pour user de votre mot, m’a coûté neuf mois d’un rude travail […] Je n’ai pas laissé une ligne intacte », et il a suivi ses conseils : « Deux chapitres d’exposition […] toute la partie psycholo-bourgétiste supprimée […] Les personnages secondaires réduits à deux unités […] L’ensemble resserré et plus compact […] Le changement de titre (Civilisés ) » etc. Il renvoie le traité signé le 9 février ; en mars, il attend les épreuves, et le 21 il lui fait parvenir « les authentiques ciseaux de feu le Grand Eunuque du Roi Pausole. Il sont obligatoirement à vous, légataire universel de ce monarque », qu’il a trouvés dans un bazar…Pour la Préface, il tient à Louÿs et ne veut pas la demander à Loti : « Nul plus que moi n’admire Loti. C’est, j’en ai la prescience, quelque chose de plus grand que ne furent Chateaubriand et Lamartine. Mais je me sens dans un chemin qui n’est pas, qui ne sera jamais le sien ». Il est le disciple de Louÿs « malgré même l’abîme qui sépare votre talent de ma pauvreté, je me sens des vôtres. Une préface de Loti pour moi, ça n’aurait pas de sens commun. J’aurai la vôtre ou aucune » (17 mai)…
On joint : – le manuscrit autographe signé d’une Lettre ouverte à Monsieur Pierre Louÿs, [1905] (6 p. in-8), dans laquelle il le remercie pour sa préface à Fumées d’opium , évoque leur première rencontre le 15 juin 1902, et dit son émoi à la lecture d’Aphrodite en 1896 : « vous me donniez la déesse même adorée en mon temple ; et vous me la donniez vivante, toute chaude » ; – une carte postale a.s. d’Alger représentant une jeune mauresque nue (3 juillet 1906) ; – et 3 télégrammes.
2 500 - 3 000 €

587
FARRÈRE Claude (1876-1957).
MANUSCRIT autographe signé « Claude Farrère », La Chatte blanche et le Singe bleu , Paris février 1948 ; 142 pages in-4.
Manuscrit complet de cette longue nouvelle
Cette « nouvelle » a été publiée chez Fayard dans la revue Les Œuvres libres du 15 novembre 1948, et recueillie dans La Sonate tragique (Flammarion1950).
Ce manuscrit complet, paginé par l’auteur, et divisé en 25 chapitres, porte en tête cette dédicace : « pour mon cher Roger Noël, en souvenir d’une amitié qui fut trop courte, parce que commencée trop près de ma fin ! C.F. ». À l’encre bleu nuit, il présente de nombreuses ratures, additions et corrections, certaines à l’encre rouge. Commencé le 29 janvier 1948, il porte en fin la date « février 1948 ». C’est l’histoire touchante d’une jeune fille, Geneviève de Chiraz, surnommée « le Singe Bleu » par sa mère, et de sa chatte blanche Mousmé. Geneviève et sa mère mènent une vie mondaine dans les années 30 à Paris : promenades à Versailles, Wagner à l’Opéra, etc. Geneviève est amoureuse du jeune Francis de Xaintrailles et elle découvre avec un certain trouble que sa mère a un nouvel amant, M. de Folgoët. Un matin, on ne peut la réveiller. Empoisonnement volontaire ? ou criminel ? barbituriques ? Le mystère est entier. On trouve cinq tubes vides de luminal dans sa table de nuit. On organise une garde autour d’elle, on tente de la soigner, et la chatte la veille, couchée à ses pieds. Le Singe Bleu s’éteint au bout de quatre jours. On conclut au suicide, sans vraiment trouver la cause : peut-être la conduite de sa mère et la peur de la perdre ? Lors des obsèques, la chatte vient d’un coup de griffe cueillir les fleurs des couronnes et les pousse vers le cercueil de son amie, avant de pousser un miaulement lugubre. Trois ans plus tard, M. de Folgoët, de passage en Savoie, se rend sur la tombe du Singe Bleu, et il y voit une chatte blanche faire le même geste que lors des obsèques. « Pour veiller sur l’ombre de cette enfant, triste petite hostie, il n’y a qu’une Chatte Blanche comme jadis il n’y eut qu’une Chatte Blanche pour l’aimer – sans lui faire de mal… »
1 000 - 1 500 €
588
FARRÈRE Claude (1876-1957).
MANUSCRIT autographe signé « CFarrère », Le Dernier Bandit , juin 1950 ; 29 pages in-4.
Manuscrit complet de cette nouvelle sur un bandit corse Cette nouvelle a paru dans les Œuvres Libres en février 1951, et n’a pas été reprise en volume.
Commencée à Lausanne le 1er juin 1950, elle est achevée le 9 juin à Paris, comme l’indiquent les dates portées à l’encre rouge au début et à la fin du manuscrit, rédigé à l’encre bleu nuit, avec des ratures et corrections. Il porte en tête cet envoi : « pour Armand Godoy en souvenir ému C.F. ».
C’est l’histoire d’un bandit corse et d’une vendetta, exercée par une femme qui attendra vingt-deux ans sur le port de Bastia l’arrivée du bandit Antonio Falcone, l’assassin de son époux, pour l’abattre de deux coups de fusil.
Citons le début : « Bandit corse, il va de soi. Bandit d’honneur. Ces bandits-là sont les plus magnifiques honnêtes gens du monde, et la seule fatalité les a poussés, hors la morale judiciaire, vers le crime, si l’on tient à qualifier de crime la poursuite d’une juste vengeance »…
400 - 500 € 587

588

FLAUBERT Gustave (1821-1880).
L.A., La Bouille vendredi soir [6 août 1847], à Louise COLET ; 3 pages in-8, adresse « M e A. S. » (petite déchirure par bris du cachet enlevant 3 lettres).
Réponse aux reproches de sa maîtresse [Flaubert rentrait de son voyage de Bretagne en Normandie avec Maxime Du Camp, qu’ils relateront dans Par les champs et par les grèves.] Il reçoit sa lettre : « Encore des larmes, des récriminations et, ce qui est plus drôle, des injures. Et tout cela parce que je ne suis pas venu à un rendez-vous que je n’avais pas promis. […] vous vous souciez fort peu de tout ce qui m’arrive. Qu’importe l’état où je suis ; du moment que je ne quitte pas tout pour vous j’ai tort, j’ai tort et toujours tort. Ah Louise, vous dites que vous me plaignez, eh bien je vous plains aussi car vous m’avez appris une triste chose, c’est qu’il y a tout autant d’amertume et de misères dans l’amour heureux que dans l’amour dédaigné. – Goutte à goutte vous me les avez toutes distillées de façon, je vous jure, à n’en pas perdre le souvenir. Vous ne voulez pas du sentiment que j’ai pour vous, de cette pitié insultante qui ne provient selon vous que du remords. Ah ! vous parlez à un sourd. Je ne crois pas au remords. C’est un mot de mélodrame que je n’ai jamais cru vrai ». Elle déclare qu’il aurait dû lui envoyer des fleurs : « Vous savez bien que je n’admets pas davantage les devoirs, vous frappez mal en voulant frapper trop fort. Je ne ris pas de tout cela cependant comme vous le présumez car je ne ris plus et pour cause. […] Vous êtes comme les autres après tout, comme tout le monde. J’ai beau faire tout ce que je peux. Je blesse toujours. Et moi ? Ah mais on suppose toujours que non. C’est comme un homme qui en tombant d’un clocher en écrase un autre dans sa chute. On plaint beaucoup celui qui a été écrasé mais celui qui en écrasant a été brisé du coup, ah bah ! c’était sa faute ! » On ne lui a pas fait suivre à Trouville sa lettre de Fougères. « Nous sommes revenus quinze jours plus [tôt] que nous ne le devions primitivement, ma mère m’ayant écrit de revenir le plus tôt possible. Le pays est accablé de maladies d’enfants, elle a fui de Croisset et s’est logée ici dans un taudis où j’ai le bonheur d’être. D’un moment à l’autre je m’attends à voir son enfant crever comme un pétard. J’y crois parce que je le redoute et que les choses que je crains ont l’habitude de se réaliser. […] Je n’ai pas le cœur à l’ironie, vu le pétrin où je suis plongé. Tout me craque dans les mains pour le quart d’heure, parents, amis, argent et vous, vous sur qui je comptais toujours. […] Vous n’avez pu vous résigner à m’accepter avec les infirmités de ma position, avec les exigences de ma vie. Je vous avais donné le fonds, vous vouliez encore le dessus, l’apparence, les soins, l’attention, les déplacements – tout ce que je me suis tué à vous faire comprendre que je ne pouvais vous donner […] Si vous me maudissez moi je vous bénis et toujours mon cœur remuera à votre nom »… Correspondance (Pléiade), t. I, p. 463.
2 000 - 2 500 €


590
FLAUBERT Gustave (1821-1880).
POÈME autographe, Après une lecture , août 1852 ; demi-page in-fol. sur papier bleu.
Rare poème de Flaubert, inspiré par Louise Colet [En août 1852, Flaubert, en pleine rédaction de Madame Bovary, s’est rendu à Paris pour l’attribution du prix de poésie par l’Académie française à sa maîtresse Louise Colet pour son poème
La Colonie de Mettray, auquel ces vers font allusion.] Le poème compte 3 quatrains.
« Vers fortunés que dit sa voix souriante Nus orphelins, elle a jeté sur vous Comme un manteau son âme rayonnante ! […] Moi cependant qui n’oserais vous suivre Souvent hélas ! pâle & l’esprit troublé
Je baiserai sur la page du livre
La strophe heureuse où sa voix a tremblé. »
2 000 - 2 500 €
PROVENANCE
Caroline Franklin-Grout-Flaubert (nièce de Flaubert), vente Antibes 18-30 avril 1931, n° 12 (6°).

590



591
FLAUBERT Gustave (1821-1880).
L.A.S. « G ve Flaubert », Mardi soir [14 février 1860, à Charles-Ernest BEULÉ] ; 1 page et demie in-8.
Belle lettre à l’archéologue qui fit les fouilles de Carthage, alors que Flaubert est plongé dans la rédaction de Salammbô Il remercie Beulé pour « la petite note de Zonare [historien grec] que vous m’avez envoyée et ensuite vous dire combien votre article sur le Cothon [port de Carthage] m’a intéressé ». Il s’excuse de son retard à le féliciter : « Mais je ne lis aucun journal et je vois peu de monde, si bien qu’avant-hier seulement, j’ai appris votre nomination à l’Institut ». Il se réjouit de cette bonne nouvelle, et viendra le voir un jeudi pour « causer un peu de rebus punicis »…
Correspondance (Pléiade), t. III, p. 77 (incomplète).
700 - 800 €
593
FLAUBERT Gustave (1821-1880).
L.A.S. « G ve Flaubert », Rue Murillo 4, parc Monceau Mercredi soir [10 ? janvier 1872, à Alexandre DUMAS fils] ; 1 page in8.
« Que devient votre lettre qui devait paraître dans un journal du Havre ? pouvez-vous me l’envoyer ? J’en aurais besoin – pour m’en autoriser. La mienne sera, sans doute, publiée dans le Nouvelliste vers le milieu de la semaine prochaine ». Il lui rendra visite « dès que je serai un peu moins ahuri »... [ L a Lettre de M. Gustave Flaubert à la municipalité de Rouen au sujet d’un vote concernant Louis Bouilhet sera refusée par Le Nouvelliste de Rouen , et paraîtra dans Le Temps du 28 janvier 1872.]
Correspondance (Pléiade), t. IV, p. 454.
500 - 700 €
592
FLAUBERT Gustave (1821-1880).
L.A.S. « G ve Flaubert », [Dieppe] Vendredi soir [10 mars 1871], à Alexandre DUMAS fils ; 1 page in-8 sur papier bleu.
« J’apprends à l’instant que j’ai à Croisset 40 Prussiens, (vous lisez bien, c’est quarante). Ils y séjourneront jusqu’à dimanche soir. Or, comme j’ai besoin d’aller dans ce lieu empesté (& d’y rester quatre ou cinq heures) avant de me mettre en route, je ne partirai de Dieppe que lundi ! Donc faites le voyage de Bruxelles sans moi, car je n’ose plus vous prier de m’attendre. Je vous ferais droguer jusqu’à mercredi, puisque je ne serai prêt à partir de Rouen que ce jour-là »…. Correspondance (Pléiade), t. IV, p. 286.
600 - 800 €

594
FLAUBERT Gustave (1821-1880).
L.A.S. « G ve Flaubert », [Paris] Jeudi [vers 1878, à Marguerite CHARPENTIER ?] ; 1 page et demie in-8 sur papier bleu (légère fente au pli médian).
Lettre inédite à la femme de l’éditeur Charpentier « Ma belle amie Vos soirées “artistiques & du g[ran]d monde” excitent l’ambition des personnes ! On fait près de moi des bassesses pour avoir l’honneur d’y être admis » : Mme Brainne, qui est « une intime », et une inconnue Mme L’Heritier, « professeur de chant au Conservatoire », lui demande, par l’intermédiaire de Mme de Tourbey, « la faveur inestimable de chanter chez vous, à l’œil ». Il demande à TOURGUENEFF de se renseigner auprès de Pauline Viardot sur cette dame : « En v’là des histoires ! Je suis exaspéré par les diners & les sorties & si je n’avais besoin de livres je m’en retournerais à Croisset. – Car, enfin, il faut que mon bouquin [Bouvard et Pécuchet ] avance ! Je me couche à 3 h. du matin. Je suis exténué »… Il ajoute en post-scriptum : « M r mon éditeur me néglige ».
1 000 - 1 200 €



595
FLAUBERT Gustave (1821-1880).
L.A.S. « G ve Flaubert », Croisset Vendredi soir 28 juillet [1876], à Jeanne de TOURBEY, comtesse de LOYNES ; 2 pages et quart in-8 sur papier bleu.
Belle lettre tendre et mélancolique « Eh bien, pauvre chère belle, êtes-vous toujours aussi triste ? Votre dernière lettre était navrante. Et au milieu de ma Littérature, je songe à vous, plus souvent que vous ne croyez. Je vois votre jolie mine affligée, ce qui me désole. Que ne m’est-il donné sinon de vous consoler, du moins de vous distraire ! Vous me dites que vous êtes inutile au monde. Ce n’est pas vrai Vous m’êtes utile à moi puisque vous vivez. – & à d’autres aussi, j’en suis certain ! Allons ! voyons ! un peu de force ! Rien ne dure longtemps, soyez-en sûre ! Ce qui est bon comme ce qui est mauvais passe vite. Il faut se jeter sur l’un & repousser l’autre. Voilà la sagesse.
L’année dernière à cette époque-ci, j’étais désolé, par une ruine de fortune complète, par l’affliction de ceux que j’aime, &, surtout, par l’incertitude de l’avenir. – En partant de Croisset pour Concarneau, je croyais même ne jamais remettre les pieds dans cette pauvre bonne maison où mon cœur est attaché par tant de souvenirs et d’habitudes – Eh bien, je me suis remis à travailler tout doucement & maintenant l’ouvrage va très bien, les Affaires (les exécrables affaires) sans être encore bien splendides se relèvent un peu. Il y a tout lieu d’espérer qu’elles se relèveront complètement – & je suis certain de garder Croisset. – Prenez exemple sur votre ami, soyez un peu philosophe.
Une seule chose est irrémédiable : la mort. Mais votre cœur est blessé, ma chère Jeanne. Laissez-le saigner. La cicatrice se fera d’elle-même. Croyez-en là-dessus un vieux troubadour – qui lui aussi a eu des histoires !
Vous enviez mes occupations. Là-dessus vous avez raison. Sans elles, l’existence me serait intolérable. Mais n’est-ce rien que d’être une femme comme vous – c’est-à-dire un être pouvant se faire aimer de qui bon lui semble, & dont la délicatesse même est une force irrésistible. Il faut vous regarder et vous admirer. Là est votre devoir »…
Et il termine, avant de signer : « Votre vieux fidèle qui vous baise les mains & tout ce que vous lui abandonnerez de votre personne ».
En post-scriptum, il s’inquiète d’Alphonse Daudet et de sa pièce. Correspondance (Pléiade), t. V, p. 84.
On joint : – une l.a.s. de Maurice BARRÈS ; – un dessin à la plume (18 x 12 cm), légendé au crayon « Alfred de musset (par Victor Hugo) ».
1 200 - 1 500 € 594



596
FRANCE Anatole (1844-1924).
MANUSCRIT autographe, Calendrier des dames françaises pour l’An de grâce 1882 ; carnet de 13 pages in-12 écrites au recto, lié d’un ruban rose.
Joli petit manuscrit composé d’une page de titre et d’une page par mois de l’année
France a écrit sur chaque page la date et le lieu de naissance d’une Française, et un quatrain à elle consacré. Les douze « dames » ainsi honorées sont Jeanne d’Albret, la marquise de Sévigné, Mme Roland, Marguerite de Valois, Madame Élisabeth, Henriette d’Angleterre, George Sand, Virginie Déjazet, Marie Rendu (sœur Rosalie), Sarah Bernhardt, Ninon de Lanclos et Julie Récamier. Ainsi George Sand : « Sois adorée et sois bénie
Dans les œuvres de ton cerveau, Toi qui sus donner, ô génie ! Au vieil amour un goût nouveau »...
1 000 - 1 200 €
597
GAY Sophie (1776-1852).
L.A.S. « Sophie Gay », Versailles 12 juin 1851, à Victor HUGO ; 1 page in-8 sur papier bleu à son chiffre SG.
Belle lettre de la femme de lettre, à propos du discours de défense de Charles Hugo par son père [Au lendemain du discours contre la peine de mort prononcé par Victor Hugo en audience de cour d’assises alors que son fils Charles était jugé pour « non respect dû aux lois ». Charles Hugo avait, publié peu de temps auparavant, dans L’ Événement , un article contre la peine de mort à l’occasion de la condamnation du braconnier Montcharmont. La défense de Victor Hugo n’eut toutefois pas d’effet, et son fils fut condamné à six mois de prison.]
« Cher Poëte, Je ne saurais déplorer la persécution qui vous inspire tant de belles choses, et je sors du tombeau pour vous complimenter, je ne m’étonne plus tant de vivre encore après une si affreuse crise qui ressemblait beaucoup à celle qui a emporté votre pauvre voisine : il me semble que Dieu doit être touché d’entendre plaider la cause de la vie de cette manière et que tout le monde s’en ressent. Merci donc de votre gloire ; tachez d’en être aussi heureux que vous avez le droit d’en être fier. Rappelez-moi par mille tendresses à votre belle et spirituelle famille. »
Victor HUGO a inscrit en tête de la lettre du « R » de sa main, montrant qu’il a répondu.
300 - 400 €




598
GIDE André (1869-1951).
L.A.S. « André Gide », Grenade [début avril 1893], à son « cher ami » [Élie ALLÉGRET] ; 6 pages in-8.
Il n’est pas à plaindre, car il devrait être à l’armée, à Nancy, « dans une des casernes les plus dures, à se former le tempérament » ; ayant eu une forte bronchite, on l’a renvoyé. « Je n’ai goûté de la caserne que deux jours de chambrée et 8 d’infirmerie. – Jugé poitrinaire achevé, j’ai passé quelques jours assez moroses comme tu penses, car j’ai toujours vécu, agi, écrit, souhaité, comme si j’avais assez longtemps à vivre ». Il a dû se soigner avec rudesse : « cessation presque complète de travail de bête, course perpétuelle, escrime, patinage quotidien, nourritures archi abondantes etc. […] Ce régime, comme tu comprends, m’était insupportable ». Il a pu partir en Espagne avec sa mère : « à Séville j’ai revu les cigognes de Strasbourg, et près de Barcelone j’ai pensé bien longuement à tous ces souvenirs que les tiens y avaient pu laisser »…
On joint 12 L.A.S. de SAINT-GEORGES DE BOUHÉLIER, 18991947, à André Magre.
400 - 500 €
599
GIDE André (1869-1951).
L.A.S. « André Gide », 16 janvier 1910, à Stuart MERRILL ; 4 pages grand in-8, enveloppe timbrée.
Belle lettre après la mort de Charles-Louis Philippe [La lettre est adressée à Stuart MERRILL (1863-1915), poète symboliste d’origine américaine. Le romancier et conteur CharlesLouis PHILIPPE (1874-1909) venait de décéder prématurément le 21 décembre 1909, emporté par une fièvre typhoïde compliquée d’une méningite foudroyante ; il laissait inachevé son nouveau roman Charles Blanchard .]
« Mon cher Merril Vous m’avez écrit la meilleure des lettres et votre article sur Philippe est très bon. Non certes, il ne fallait pas craindre de le présenter comme vous faites ; rien d’absurde comme les portraits compassés et fardés ! […] Ce que vous m’écrivez sur la Porte étroite et ce que vous en dites dans votre article me touche profondément. Non, ce n’est pas par Ducoté que j’ai connu Philippe. C’est par JAMMES. Jammes était chez nous, à La Roque ; un matin il reçut une lettre qui l’attrista fort ; elle était de Philippe ; notre ami traversait une crise affreuse : misère, déboires, haine farouche de l’ordre établi ; il y parlait de massacres et de bombes ; Jammes en avait le cœur tout ridé.



“Tu devrais lui écrire, me dit-il ; je crois que tu saurais le calmer ; pour moi je ne sais plus que lui dire.” Et j’écrivis aussitôt à Philippe, dont je ne connaissais strictement rien que cette lettre à Jammes ; je lui écrivis en le tutoyant aussitôt, d’abord parce que je croyais qu’il était belge – puis parce que sa lettre, malgré ses excès (ou peut-être même à cause de) me le rendait aussitôt très sympathique ; enfin j’y pressentais vaguement (et pas à tort paraît-il) que Philippe forçait sa voix à hurler et qu’il y avait en lui tout autre chose ; et je voulais devenir son ami. Malheureusement je n’ai jamais cessé de lui faire un peu peur […] Et pourtant j’ai la certitude douloureuse, aujourd’hui, que j’aurais pu l’aider à mener à bien son Charles Blanchard . Oui “maïeutique” et non pas “dogmatique” ; qu’il m’est bon de sentir que vous l’avez compris. Mais vous ne sauriez croire combien l’étude des manuscrits laissés par Philippe (versions différentes de Charles Blanchard ) m’a instruit »…
600 - 800 €
600 GIDE André (1869-1951).
2 L.A.S. « André Gide », [1906-1909], à Arthur FONTAINE ; 2 pages in-8 et 5 pages petit in-4.
Vendredi [1906] , à propos d’une lecture de L’ Église habillée de feuilles , à laquelle est convié Gabriel Trarieux, que Gide a cessé de voir « après que sa médiocrité –non pas de lui peut-être, mais de sa Muse – eut cessé d’être l’objet de mes doutes. Je suis ST up ÉFAIT que Jammes le convie à cette lecture, mais tâcherai, s’il est là, que ma voix n’en soit pas trop désaffermie »…
Dimanche soir [24 janvier 1909] . Longue lettre où Gide essaie d’expliquer son attitude et son embarras devant son ami : « Je ne parle jamais si mal que quand mon cœur a plus à dire. Près de vous cela devient une infirmité. […] C’est cette triste certitude que je ne saurais pas vous parler qui m’empêche de chercher à vous revoir ces derniers temps ; avez-vous su sentir qu’il n’y a là froideur ni négligence de cœur ? Quelles inepties ne vous ai-je pas dites à propos du succès et du moyen d’y parvenir ! Plus habile, j’aurais parlé d’orgueil, et sans doute de cette pointe cachée du vieux protestantisme qui me stimulera toujours vers le plus âpre et le plus exigeant, par une sorte de méchanceté contre moi-même et de mépris pour le contentement facile. Question de “tempérament” ! Disons aussi que, si je ne fais point fi de la gloire, je deviens affreusement sensible à ce qu’elle peut avoir de frelaté. Un Barrès écrivait que le geste pour se l’attirer manque souvent trop d’élégance. […] JAMMES lui s’en tire avec une sorte de naïveté et de demi-conscience […] lorsqu’il écrit : “Les Vigny
m’emmerdent avec leur dignité”. C’est ce qui lui permet dans sa prose après la mort de Guérin, de parler de l’admirable dignité de vie d’H. de R. » [Henri de Régnier], qu’il disait « mépriser profondément, et de dédier à Jean de Gourmont le Poète et sa femme […] Jammes est tout abandon ; je suis tout réaction – c’est mieux. Devant ce qui peut me servir, j’entre en garde. […] Voilà les plus secrètes, c’est-à-dire les plus irréductibles “raisons” qui m’ont fait refuser mon roman à Ganderax. […] Ce sont aussi les raisons que je peux le plus difficilement sortir ; même vous dont Herr disait, avant-hier, admirablement : “Fontaine choisit toujours dans la vie ce qui peut le faire mieux souffrir” – saurez-vous me comprendre ? »….
On joint 2 L.A.S. de Gide à Philippe Fontaine (fils d’Arthur), 1935 et 1938 ; et 3 L.A.S. « La Petite Dame » (Maria Van RYSSELBERGHE) à Ph. Fontaine, 1944-1948.
400 - 500 €
601 GIDE André (1869-1951).
5 L.A.S. « André Gide » et un manuscrit autographe, 1922-1948, à Armand GODOY ; plus 5 lettres et un manuscrit autographe autour d’André Gide.
* André GIDE à Armand Godoy (8 p. in-8 ou in-4, 4 enveloppes). – Annecy 26 février [1922] . Renseignements bibliographiques sur les Poésies d’André Walter, Les Cahiers d’André Walter, les conférences sur Dostoïewsky, Si le grain ne meurt , etc. – 30 avril 1929 , louange de la poésie de Godoy. – 25 février et 7 mars 1940 , sur son ancien secrétaire Lucien COMBELLE (l.a.s. de Combelle jointe), dans une grande détresse. – 21 février 1948 , au sujet des livres de Godoy. – Préface pour Renoncement au voyage (1 p. in-4).
*Madeleine GIDE. L.A.S. et L.A. à un ami, Rome 28 janvier et Cuverville 13 juillet 1898 (8 p. in-8), concernant l’affaire Dreyfus et la naissance de Dominique Drouin.
*Albert THIBAUDET. L.A.S. à Gide, 25 juin [1909], au sujet du Retour de l’Enfant prodigue (3 p. in-8).
*Henri MASSIS. – Longue L.A.S à Gide, 28 janvier 1924 (8 p. in4), sur le mal, et au sujet de La Porte étroite , Saül , Les Nouvelles Nourritures terrestres et Les Caves du Vatican . – Manuscrit autographe de sa brochure sur Jacques Rivière (1925 ; 9 p. in-4 ; relié avec l’épreuve corrigée).
1 000 - 1 200 €




602
GIONO Jean (1895-1970).
L.A.S. « Jean Giono », Manosque 14 septembre 1964, à Philippe HÉRIAT ; 1 page et quart in-8 sur papier jaune à son en-tête Jean Giono Manosque
Au sujet de l’Académie Goncourt « J’écris ce jour à Roland Dorgelès pour le mettre au courant de ma situation de santé. J’ai eu en fin juillet des accidents cardiaques sérieux. J’étais aux Baléares et on n’a pas pu me soigner efficacement. Dès que j’ai pu rentrer mon cardiologue m’a pris en main. Ce que j’ai n’est pas dramatique »... Il sera au lit encore trois semaines, et tout voyage à Paris lui est interdit pour au moins un an : « Me voilà donc cette année privé du plaisir de vous rencontrer et de nos discussions pour le prix [Goncourt] »... Quatrepoint lui a écrit de Grèce ; Giono va essayer de s’occuper de lui par lettre. Il écrira aujourd’hui à Gérard Bauër. « Si vous pouviez toucher
Julien Cain cela m’aiderait »...
250 - 300 €
603
GOBINEAU Arthur de (1816-1882).
L.A.S. « C te de Gobineau », Athènes 20 juillet 1868 ; 3 pages et demie in8 (petites traces de collage au bas de la dernière page).
Importante lettre sur ses travaux
Mme r ENAN l’a introduit auprès de son correspondant, qu’elle a trouvé « plein d’une bonté et d’une obligeance extrême et disposé à m’aider des moyens si puissants que vous avez en votre pouvoir ». Gobineau le remercie vivement du grand service qu’il veut bien lui rendre, et explique sa démarche. « Après avoir écrit, comme je le comprends, sur l’ensemble des races humaines, j’ai trouvé nécessaire de faire deux applications pratiques de mon système ». Il vient donc de terminer l’Histoire des Perses « d’après des documents que mes voyages et mes recherches ont mis entre mes mains », à travers laquelle il a pu poursuivre « l’examen de la persistance des types ethniques dans une nation ». Il lui paraît maintenant « nécessaire d’appliquer le même système à l’histoire d’une famille », et il a choisi la famille normande des GO ur NAY, « avec une origine scandinave bien établie, en l’année 912, durant jusqu’à maintenant. Cette longue persistance est précieuse pour l’observation », et l’on trouve des membres de cette famille dispersés dans des pays et des milieux très divers, « en Angleterre, en France, en Allemagne et occupant toutes sortes de situations depuis celle de vassaux tout puissants de la Normandie jusqu’à celle de banquier, de marchand et de paysan. Ce n’est donc pas une généalogie que j’écris, dans le sens qu’on attache ordinairement à ce mot »… Il a établi une note indiquant l’état de ses connaissances et les points où il sollicite de l’aide. « Il y a bien des années déjà que je poursuis mes recherches, mais les poursuivre, de Suisse, d’Allemagne, de Perse, de Grèce et tout à l’heure au Brésil, où je suis maintenant envoyé est une tâche difficile et qui a grand besoin de secours comme les vôtres »…
600 - 800 €
604
GOETHE Johann Wolfgang von (1749-1832).
L.A.S. « G », [Weimar 1er décembre 1795], à son ami le conseiller privé Christian Gottlob von VOIGT ; 1 page in-8, adresse ; en allemand.
Au sujet du baptême d’un fils de son ami le conseiller Carl Friedrich Rudolph RIDEL, où Goethe est le parrain ; il promet d’être présent, à 3 heures, en tenue. Quant aux cadeaux, il suivra la gradation indiquée par Voigt… « Um drey Uhr werde ich mich also, ohngefähr in der Gestalt wie man nach Hofe geht, zur heil. Handlung tragen lassen, wo ich Sie vergnügt und wohl anzutreffen hoffe. Was die Geschencke betrift, so werde ich der von Ihnen angezeigten Gradation folgen: der Lieberinn einen Laubth[aler] dem Kirchner einen Convth. dem Andres einen Gulden der Wartfrau einen halben Laubth. geben. Weil ich es sonst nicht mit ganzen Stücken zu machen weiß. Leben Sie recht wohl ». La mère de ce filleul de Goethe était Amalie Buff (1765-1848), la sœur de Charlotte Buff, le modèle de la Charlotte de Werther. Goethes Briefwechsel mit Christian Gottlob Voigt , ed. Hans Tümmler (Weimar, 1949-1962), n°175.
4 000 - 5 000 €
605
GOETHE Johann Wolfgang von (1749-1832).
P.A.S. « G » ; environ 3 x 21 cm (bords supérieur et inférieur coupés irrégulièrement ; traces de montage au dos) ; en allemand (écriture latine).
Distique énigmatique :
« Sieht denn schon jemand das Kind an. Knabe der die Aalhaut verzehrt. G » Qu’on peut traduire ainsi : « Que quelqu’un regarde cet enfant. /
Un garçon qui déguste la peau de l’anguille ». Les lignes sont séparées par des tirets interlinéaires, ce qui laisse supposer qu’elles n’ont aucun lien l’une avec l’autre, mais qu’il s’agit plutôt d’un fragment d’une liste d’aphorismes ou locutions, découpée ensuite pour être distribuée à des amateurs d’autographes. La première ligne se retrouve dans un autre contexte dans les Paralipomena (Sophien-Ausgabe, Band V/II, Nr. 152, S. 423).
On ne trouve aucune indication quant à la seconde ligne ; le mot « Aalhaut » (peau d’anguille) n’apparaît pas dans le lexique de Goethe.
1 000 - 1 500 €




606
GUITRY Sacha (1885-1957).
MANUSCRIT autographe signé « Sacha Guitry », Domptée , comédie en 1 acte , [vers 1905 ?] ; 7 pages et demie in-fol. au crayon.
Brouillon de premier jet d’une comédie qui semble inédite Il est écrit au crayon sur deux colonnes de feuillets pliés dans le sens de la hauteur, avec quelques ratures et corrections. Un homme (André) attend avec trouble et inquiétude une femme mariée (Lucienne). Dès son arrivée, un dialogue vif et nerveux, typique de Guitry, se met en place, joute passionnée et drôle… Elle lui demande des preuves d’amour, le bat froid, le traite d’idiot, se refuse, le pousse à bout, jusqu’à ce qu’il s’énerve et en ait assez de « faire le poète ému à vos pieds », et lui dise adieu, craignant de ne plus se maîtriser. Lorsqu’elle apprend qu’il a déjà battu une femme, elle s’émerveille : « Maintenant que je l’ai vu en colère, j’ai eu ce que je voulais ! Il a déjà battu des femmes ! Mon rêve ! Enfin !
Je suis domptée ! Comme il m’a bien dit “vous êtes coquette” »… Il revient et s’excuse à genoux de son comportement : « –Pardon ! Pardon ! je me suis emporté ! Elle : – Oui, mais pas assez loin ! »…
800 - 1 000 €
607
GUITRY Sacha (1885-1957).
L.A.S. « Sacha Guitry », Chez les Zoaques, Yainville-Jumièges [18 septembre 1915], à Alfred NATANSON [Alfred ATHIS], au 34 e Régiment Territorial d’Infanterie à Verdun ; 4 pages in-8, en-tête Chez les Zoaques , enveloppe.
Magnifique lettre sur le film Ceux de chez nous
Il doute un peu de l’intérêt des nouvelles qu’il envoie à Verdun, « la ligne infernale, l’immense cicatrice de notre pays […] Nous sommes fiers de vous, mais en dehors de vous, nous ne sommes pas très fiers. Pourtant “la Vie reprend” […] Henri de r OTHSCHILD a plaqué Gilda et s’est mis avec Merentié – à la suite de quoi l’amant de Merentié, Gaston-Dreyfus, s’est suicidé ». Charlotte va bien, mais lui souffre toujours et va retourner à Dax. « Néanmoins je travaille. J’ai fait deux pièces et aussi une revue qui verra le jour au Palais Royal dans quelques semaines. J’ai fait aussi une chose que je crois très intéressante. C’est un film véritablement exceptionnel puisqu’il montre r ODIN sculptant, MONET devant une toile, HEN r I- r OBE r T plaidant, SAINT-SAËNS conduisant un orchestre, Sarah [BERNHARDT] récitant des vers, r OSTAND en écrivant, MI r BEAu causant, A. F r ANCE rangeant des livres et écrivant, ANTOINE mettant en scène des comédiens, etc. etc… Nous présenterons Charlotte [LYSÈS] et moi ce film au public en le commentant et je pense ainsi offrir au public de France et de l’étranger une sorte [de] réponse détournée aux intellectuels allemands. […] j’ai l’espoir que le public en comprendra l’importance immédiate et future » »…
800 - 1 000 €
PROVENANCE
Collection André BERNARD (vente 17-18 novembre 2011, n° 202).
608
GUITRY Sacha (1885-1957).
MANUSCRIT autographe signé « Sacha Guitry » d’un discours en vers, aux SOLDATS , [1916] ; 2 pages in-fol.
À-propos en vers pour les Poilus
Il fut prononcé par Guitry à un gala pour des soldats blessés ou malades ; il compte 41 vers.
Ayant introduit son « illustre camarade » le chanteur Félix MAYOL , Guitry en vient à l’essentiel : prononcer des remerciements à ceux qui ont donné du tabac et des fleurs, à celui qui enchantera les auditeurs, et surtout aux soldats eux-mêmes :
« Poilus qui m’écoutez,
Vous avez supporté
Pour nous les plus grands maux, Il ne faudra jamais que vous disiez ce mot !
Quelles que soient pour vous les bontés que l’on ait
Nous ne pourrons je crois nous acquitter jamais !
Vous avez fait pour nous d’impérissables choses !
Vous nous avez rendu la tâche difficile…
Peut-on s’en acquitter par des chants et des roses ?
J’en doute, hélas ! Mais quand, sur un banc de la ville
Las de vous promener vous vous êtes assis
Regardez les yeux des civils
Vous y verrez écrit, toujours, le mot : Merci ! »
On joint un programme de Cadet-Rousselle pendant la guerre, comprenant un à-propos de Sacha Guitry dit par Maxime Guitton.
800 - 1 000 €
PROVENANCE
Collection André BERNARD (vente 17-18 novembre 2011, n° 208).


609
GUITRY Sacha (1885-1957).
POÈME autographe, Mon opinion sur P.B., [juin 1939 ?] ; 4 pages oblong in-4 (au crayon).
Manuscrit de premier jet, dirigé contre Pierre Brisson, directeur du Figaro
Guitry considérait Pierre BRISSON comme l’instigateur de la campagne menée contre son élection à l’Académie Goncourt (et il le désignera comme un des responsables de son arrestation à la Libération).
Le manuscrit, de 30 vers, présente de nombreuses ratures et corrections ; en marge, Guitry a numéroté les strophes dans leur ordre définitif.
Son opinion est bien entendu « défavorable » : Brisson n’a jamais fait « le moindre mot d’esprit » ; il se vautre dans le dénigrement et vivote du travail des autres ; il est plus bête que méchant et « est convaincu qu’il n’aime pas nos pièces.
« Nous ne voudrions pas d’ailleurs qu’il les aimât.
Si on me demandait : Cette haine mortelle
Ah ! çà mais d’où vient-elle ?
Je répondrais : de l’estomac.
Quel teint cireux, quel air sinistre et délavé ! Il a l’air de poser pour un médicament
Qui guérit tout : les reins, le pancréas, les vents […] À la sottise humaine il met un point final
Il est minus et terminus
Et j’aime bien qu’il soit directeur des Anales Puisque qui dit “anal” intéresse l’anus ».
On joint le tapuscrit signé, Mon opinion sur Pierre Brisson (avec variantes), et 2 doubles dactylographiés.
600 - 800 €
PROVENANCE
Collection André BERNARD (vente 17-18 novembre 2011, n° 508).

610
GUITRY Sacha (1885-1957).
Poème autographe, Maurice Carrère , [début 1943 ?] ; 1 page in-fol. au crayon, avec ratures et corrections.
Pièce de 16 vers en hommage à son ami Maurice CARRÈRE, directeur du restaurant-cabaret Chez Carrère (rue Pierre Charron), qui prêta son restaurant et joua lui-même son propre personnage pour des scènes du film Donne-moi tes yeux (1943), et dont Sacha Guitry loua le local pour organiser le réveillon du 31 décembre 1942. « Homme de goût, chanteur, dessinateur – mais oui ! –Conférencier – parfaitement ! – même inouï –À ses moments perdus, cet homme aussi reçoit. Il reçoit comme on donne – avec délicatesse. Élégant par ailleurs et cravaté de soie, Vous le voyez, toujours aimable, et qui s’empresse, Et qui ne sait, mon Dieu, que faire Pour que chez lui l’on se régale »…
On joint l’exemplaire de Mona GOYA du Menu du Réveillon 1943 donné par Sacha Guitry chez Carrère pour ses comédiens et amis (31 décembre 1942), illustré par Guy Arnoux (une jeune fille en robe tricolore, brandissant le drapeau français, entourée de barbelés, tend la main vers une colombe portant un rameau d’olivier) ; au programme des « Menus-Plaisirs », la Monagoya ou « la Jeune Viève » ; sur le « Plaisir-Menu » : « Poisson éventuel. Rôti présumé. Volaille prévisible. Légumes vraisemblables. Salade possible. Dessert hypothétique. Fruits probables. Café admissible. Vins : bleu, blanc, rouge »…
600 - 800 €
PROVENANCE
Collection André BERNARD (vente 17-18 novembre 2011, n°563).
611
GUITRY Sacha (1885-1957).
BROUILLONS autographes, et TAPUSCRIT pour Le Diable Boiteux , 1948 ; 7 pages manuscrites (6 au crayon), et 38 pages dactylographiées et annotées.
Brouillon d’un texte de présentation sur TALLEY r AND, avec un petit florilège de citations de « ce grand homme diabolique » : « “Ceux qui n’auront pas vécu au XVIIe siècle n’auront pas connu la douceur de vire ”. L’homme qui a dit cela fut l’un des hommes les plus intelligents qui aient jamais existés. Le plus vilipendé peut-être et l’un des plus spirituels – je veux parler de Talleyrand. […] Or, certains mots de lui le peignent à merveille. Il a dit : “La parole a été donnée à l’homme pour dissimuler sa pensée ”. […] J’éprouve quelque gêne à répéter les mots fameux qui se trouvent dans un film que j’ai fait sur lui cette année – je m’en voudrais d’avoir l’air de faire à Talleyrand de la publicité ! »… Etc. Tapuscrit de plusieurs scènes de la pièce Le Diable boiteux (Scènes de la vie de Talleyrand), pièce en 3 actes et 9 tableaux créée le 17 janvier 1948 au théâtre Édouard VII, et remaniée pour le film tourné la même année et sorti à la fin de septembre 1948, avec Sacha Guitry dans le rôle de Talleyrand. Le tapuscrit (probablement destiné à la régie du théâtre) porte de nombreuses annotations et corrections manuscrites, et les didascalies sont soulignées en rouge. On y retrouve la magnifique scène du Congrès de Vienne, puis l’entrée de Louis XVIII aux Tuileries (avec un amusant jeu de rideau pour les Cent Jours, supprimé dans le film) et la Restauration ; puis la scène finale de la mort de Talleyrand… 800 - 1 000 €


612
GUITRY Sacha (1885-1957).
MANUCRIT autographe pour Tu m’as sauvé la vie , 1949 ; 54 pages in-4 au crayon.
Fragments du manuscrit de travail de cette comédie en 4 actes créée le 15 décembre 1949 aux Variétés, interprétée par Sacha G u IT r Y, FE r NANDEL , Lana MARCONI et Jeanne FUSIER-GIR dans les principaux rôles ; la version cinématographique a été tournée en 1950. En tête du dossier, Guitry a dressé la liste des personnages…
Premiers jets et brouillons, souvent abondamment raturés et corrigés, présentant des variantes avec le texte définitif, principalement pour le dernier acte : dialogue avec la Marquise (la pseudo-infirmière, jouée par Lana Marconi) ; dialogues entre domestiques ; mais aussi pour les autres actes : conversation au téléphone du Baron Saint-Rambert avec la comtesse (monologue) ; présentation (monologue) de Auguste/Fortuné (Fortuné Richard dans la version finale) et dialogues avec le baron, etc.
On joint 7 pages tapuscrites dont 2 avec notes autogr.
800 - 1 000 €

GUITRY Sacha (1885-1957).
POÈME autographe, [ Ma maison de campagne ] ; 13 pages in-4, au crayon.
Brouillon très travaillé d’une partie du poème Ma maison de campagne
Ce brouillon, au crayon, présente de nombreuses ratures, corrections et variantes. La maison est le Château de Ternay, à Fontenay-le-Fleury, ancien pavillon de chasse, acquis par Guitry en 1937, et où il séjourna jusqu’à sa mort. Le poème a été publié dans le recueil Et puis voici des vers (1954).
Guitry fait une première ébauche, avec deux croquis géométriques :
« Ma maison de campagne est dans la Seine et Oise
Elle est sans vanité mais n’est pas familière […]
Ce n’est ni le château – ni la maison bourgeoise
C’est une phrase de Rousseau
Adorablement balancée.[…]
C’est quelque chose de Français – en Seine et Oise »….
Guitry ébauche des variantes : « c’est un peu, comme une phrase / De Français / Très bien construite […] Car je dirai que ma maison est bien écrite »…
Puis il en vient aux animaux qui finiront à la cuisine : les lapins, les agneaux. les volailles ; « Vous, belles oies, je vous fais grasses », « Voyez donc / quand il s’indigne / Ce gros dindon / comme il est digne/ Dign !din ! don ! / Dign ! din ! don ! »… Etc.
On joint 5 L.A.S. de Jules MASSENET, Biarritz février 1900, à son gendre Léon Bessand ; sur son séjour à Biarritz ; il parle de Cendrillon , et se réjouit du succès de Louise
600 - 800 €

614
HEMINGWAY Ernest (1899-1961).
PHOTOGRAPHIE avec Dédicace autographe signée « Ernest Hemingway », La Havane 1953 ; tirage argentique (22,8 x 17,1 cm) sur papier fort.
Beau portrait en buste d’Hemingway, avec cette dédicace sur le côté droit : « For Beatie with much affection always Ernest Hemingway Havana 1953 ».
[Hemingway, qui vint fréquemment à Cuba à partir de 1932, finit par acheter une maison à La Havane, La Vigia , et y résida de 1943 à 1960.]
1 200 - 1 500 €
612
613




615
HUGO Victor (1802-1885).
POÈME autographe signé « Vor H. », Le Portrait d’une Enfant , [novembre 1825] ; 2 pages in-8.
Beau poème des Odes et Ballades , inspiré par un portrait de sa fille Léopoldine
Ce poème est dédié par Hugo à sa future belle-sœur : « A mademoiselle Julie D. de M. » [Julie DUVIDAL DE MONTFERRIER. Professeur de dessin de Mme Victor Hugo avant son mariage, et future épouse d’Abel Hugo, Julie Duvidal de Montferrier (17971865) avait exécuté un portrait de Léopoldine Hugo, âgée d’un an. Cette ode est un remerciement pour ce portrait.]
Le poème est composé de cinq septains, soit 35 vers. Le manuscrit, à l’encre brune sur papier vergé, présente quelques ratures et corrections, et des variantes par rapport au texte publié dans les Odes et Ballade s de 1826 (Odes , V, 22), où le poème est daté du 6 novembre 1825, et augmenté d’une épigraphe de Ronsard. « Oui, ce front, ce sourire, et cette fraîche joue, C’est bien l’enfant qui pleure et joue, Et qu’un esprit du ciel défend. De ses traits, empruntés à la sainte phalange, C’est bien le délicat mélange ; Poëte, j’y crois voir un ange : Père, j’y trouve mon enfant »...
2 500 - 3 000 €

616
HUGO Victor (1802-1885).
P.S. et P.A.S. « Vor Hugo », cosignées par Jean-Nicolas BARBA, Paris 28 mars 1830 ; 1 page et demie in-4 (petit manque marginal de papier, sans perte de texte).
Contrat pour la publication d’ Hernani [La pièce avait été créée le 25 février 1830.]
Le contrat est écrit par l’éditeur Jean-Nicolas BARBA (1769-1846).
« Je déclare avoir acheté à monsieur le Baron Victor Hugo une pièce de sa composition intitulée Hernani, moyennant la somme de quinze cents francs, payable moitié comptant et l’autre moitié en billet à six mois de date du jour de la mise en vente de la 2e édition de la dite pièce qui sera tirée à onze cents exemplaires et mains de passe. Sitôt que la moitié de cette édition sera vendue, je ferai imprimer la 3 e édition tirée au même nombre d’exemplaires » qui seront payés également en deux fois, « bien entendue que cette édition qui fera suite aux œuvres de Mr Victor Hugo sera revetue de cinq vignettes, Préfaces, notes historiques et les vers suprimés par la censure, enfin une belle édition. Dans le cas où je ne l’imprimerais pas M r Hugo sera libre de la vendre à qui bon lui semblera, attendu que cette pièce reste sa propriété ». Hugo signe avec l’apostille « approuvé l’écriture Vor Hugo ». Au verso, Victor Hugo a écrit de sa main : « Si Monsieur Barba ne fait que la première des deux éditions comprises dans le marché, M. Hugo rentrera dans sa propriété au bout de six mois à partir de la date de la mise en vente. Pour la deuxième de ces éditions, M. Hugo rentrera dans sa propriété un an après le jour de la mise en vente. M. Hugo signera les livres de chacun des exemplaires des deux éditions ». Barba approuve l’écriture.
1 500 - 2 000 €
617
HUGO Victor (1802-1885).
L.A.S. « Vict. Hugo », 30 mai [1832 ?], à Pierre ZIMMERMANN ; 1 page in-fol.
Il regrette de ne pouvoir voir le musicien le lendemain comme convenu. « Mon beau-père, qui a de sa musique à vous soumettre, se propose de venir vous voir jeudi 7 juin sur neuf heures du matin. Si vous êtes encore dans les embarras du déménagement, ou si vous ne pouvez le recevoir ce jour-là, vous serez bien aimable de le lui faire savoir »… En post-scriptum, il donne l’adresse de son beau-père : « c’est M. Foucher 39, r. Cherche Midi ».
On joint une L.A.S. de Romain ROLLAND au sculpteur François Sicard, dont il serait heureux de voir le « monument en l’honneur de la Convention », 21 octobre 1911 (1 p. in-8).
600 - 800 €



618
HUGO Victor (1802-1885).
L.A.S. « Victor », 10 août 1832, à DAVID D’ANGERS ; 2 pages in8, adresse (un peu insolée).
Belle lettre au grand sculpteur
« Les belles œuvres pleuvent magnifiquement de vos mains, mon cher David, et il faut mes mauvais yeux pour ne pas vous écrire à chaque fois de longues, longues, longues lettres de remercîment et d’admiration. J’irai moi-même vous porter, dès qu’elle paraîtra, la 8 e édition en 3 volumes de Notre Dame de Paris. Pardonnez moi de tant recevoir et de rendre si peu. Je vous l’ai déjà dit, je crois, du papier pour du bronze »...
800 - 1 000 €

620
HUGO Victor (1802-1885).
POÈME autographe signé « Victor Hugo », « La tombe dit à la rose »…, [1837] ; 1 page oblong in-4 (plis, petit accroc).
Beau poème des Voix intérieures Poème complet, comptant deux sizains. Il a été recueilli dans Les Voix intérieures (Renduel, 1837 ; pièce xxx I , datée 2 juin 1837)
« La tombe dit à la rose :
– Des pleurs dont l’aube t’arrose
Que fais-tu, fleur des amours ?
La rose dit à la tombe :
– Que fais-tu de ce qui tombe
Dans ton gouffre ouvert toujours ? »…
1 500 - 2 000 €
619
HUGO Victor (1802-1885).
L.A.S. « V. », 28 [1832], à l’éditeur Eugène RENDUEL ; 1 page in-8.
Instructions pour l’édition des Chants du Crépuscule
« Voici de la copie. Je ne vous envoie pas l’ordre parce qu’il y aura peut-être des intercalations. Cependant on peut imprimer à la suite de ce qu’on a déjà et dans l’ordre ci-dessous les trois pièces : Puisque nos heures &c. Espoir en Dieu Puisque mai tout en fleurs &c.
Je tâche de vous envoyer demain N.-D. [Notre-Dame de Paris] et Cromwell. Envoyez-moi de bonnes feuilles. –Avez-vous songé à un bel exemplaire pour M lle Louise BERTIN ? »…
600 - 800 €


621
HUGO Victor (1802-1885).
L.A., Tolosa 9 août [1843], à « maman » [sa femme Adèle HUGO] ; 2 pages in-8.
Lettre à sa femme pendant le voyage en Espagne avec Juliette Drouet Il envoie « trois lettres pour nos chers enfants et un dessin pour ma Dédé [Léopoldine, qui mourra noyée le 4 septembre]. Dans peu de jours tu vas voir notre Charles. J’espère qu’il aura été heureux au concours ; je suis sur qu’il sera heureux au Hâvre. Après tout, c’est l’essentiel. S’armer contre soi, c’est le meilleur de la vie. […] Je suis toujours en Espagne, je visite vallée à vallée un groupe de montagnes admirable. Dans peu de jours je serai à Pau. […] Vois-tu, chère amie, les momens de séparation ont cela de bon, mêlé à ce qu’ils ont de triste, qu’on sait combien on s’aime véritablement. On voit bien le vide du cœur quand on est loin de l’autre, on sent qu’on se manque. Ne l’éprouves-tu pas ? Moi à chaque instant, je songe à toi, et je t’envoie de loin le mot, le meilleur de tous : je t’aime ».
1 000 - 1 200 €
618 619



622
HUGO Victor (1802-1885).
L.A.S. « Victor Hugo », Paris 9 juillet 1844, à son éditeur DURIEZ « gérant de la Société pour l’exploitation des œuvres de Victor Hugo » ; 3 pages in-8, adresse.
Mise au point avec ses éditeurs [Le 25 octobre 1838, Hugo avait cédé, pour dix ans, la propriété de son œuvre jusqu’ici publiée, c’est- à -dire 22 volumes à quoi s’ajoutent deux ouvrages inédits, le tout accompagn é d’un droit d’option pour les livres futurs. En contrepartie, il reçut 300 000 francs dont 180 000 versés au comptant, le solde couvrant quatre annuités successives payables à partir de 1840. La société se composait de Delloye (éditeur), Duriez (gérant), Cornuau (marchand de papier), Gaillard et Rampin (banquiers). Duriez & Cie édita, de 1843 à 1845, Han d’Islande , Lucrèce Borgia , Odes et ballades , et Le Rhin .] « Nous sommes d’accord sur tous les points ; je dois seulement vous faire observer que je n’ai point pris l’engagement formel de fournir un volume d’au moins vingt-cinq feuilles , je ne me suis engagé à rien au delà de ce que le traité stipule, mais j’ai dit, et M. Gaillard s’en souviendra, que je ferais tout ce qui dépendrait de moi pour fournir la matière de vingt cinq feuilles à la réimpression que vous préparez, sans m’y engager, mais avec le désir et la résolution de vous satisfaire en cela. Quant à la préface, ce ne peut être qu’un avertissement fort court des éditeurs […] Quant au paragraphe 7 de votre lettre, je crois devoir vous faire remarquer, mais ce n’est qu’une affaire de rédaction, que j’entends bien, comme il a été dit entre nous dans notre conversation du 6 juillet, réserver mon droit plein et entier de publier sous quelque forme qui me conviendrait ceux de mes ouvrages que vous n’auriez point acceptés. Il est entendu également que je vous vends le volume actuel, comme tous ceux que vous possédez déjà, pour le temps d’exploitation qui vous appartient et qui reste à couvrir en vertu de notre traité du 31 juillet 1839, le dit volume devant rentrer dans ma propriété en même temps que mes autres ouvrages »
700 - 800 €
623
HUGO Victor (1802-1885).
L.A.S. « Victor Hugo », Dimanche matin [1844 ?], au baron Léon d’H ERVEY ; 1 page in-8, enveloppe (sous cadre avec un portrait photogravé par Goupil & C o).
Il est vivement contrarié de ne pouvoir profiter aujourd’hui de sa gracieuse invitation. « On m’appelle à S t Denis près de ma petite parente malade. Faites, je vous prie, agréer toutes mes excuses à Monsieur le comte et à madame la comtesse de NOË ». Son fils le remplacera…
500 - 600 €
624
HUGO Victor (1802-1885).
P.A., 1849 ; 1 page oblong grand in-8.
Liste de noms avec adresses, dressée sur 4 colonnes. On remarque des noms de comédiens et comédiennes : Marty, Blonval, Persont et Rival, du journaliste Hippolyte Lucas, etc. En bas de la page, Hugo a noté, au sujet de son médecin : « Requin me fait quatre visites pour mon rhumatisme ».
400 - 500 €
625
HUGO Victor (1802-1885).
POÈME autographe, [Umbra , vers 1860] ; 1 page in-12 (15 x 9,5 cm) sur papier vergé.
Strophe numérotée 15 du poème Umbra , publié posthumément dans Toute la lyre (1888) ; ce dizain sera le 16 e dans l’édition. Biffé après avoir été mis au net, il présente des variantes avec l’édition.
« Laissons les flots battre la plage ! Laissons la mer lugubre en paix ! Et laissons l’orageux feuillage Frissonner dans les bois épais ! Ne troublons pas les harmonies, Longues, sinistres, infinies, Des rafales et des typhons ; Laissons les vents à leurs démences ; Et laissons dans les cieux immenses S’envoler les aigles profonds ! »
800 - 1 000 €


626
HUGO Victor (1802-1885).



629
HUGO Victor (1802-1885).
L.A.S. « Victor Hugo », Hauteville house 7 juin 1862, à M. Delaunay à Saint-Denis ; 1 page in-8, adresse (papier froissé, salissures et réparations).
« Mon droit d’exemplaires sur les Misérables est malheureusement épuisé, et je regrette de ne pouvoir satisfaire à votre obligeante demande, mais je tiens à vous dire que votre sympathie, si élégamment exprimée, me touche »… [Delaunay travaille comme employé chez un entrepositaire à Saint-Denis.]
P.A. ; 1 page 34 x 10 cm sur papier bleu.
Liste de 30 noms d’amis, écrivains et journalistes, probablement pour l’envoi de ses livres : Cham, Pierre Véron, A. Piedagnel, Paul Foucher, Noël Parfait, Jules Hetzel, Jules Favre, E. Allix, Louis Ulbach, Théodore de Banville, Paul de Saint-Victor, etc.
500 - 700 €
627
HUGO Victor (1802-1885).
L.A.S. « Victor Hugo », Hauteville house 26 juin [1862 ?], à Charles de MOÜY ; 1 page in-8.
Belle lettre évoquant le souvenir de la duchesse d’Abrantès [Charles de Moüy (1834-1922) était journaliste et historien ; il avait publié en 1857 un recueil de poésies, Les Étoiles ; il sera plus tard diplomate.]
« Monsieur, Si vous venez à Hauteville house (et pourquoi ne viendriez-vous pas ?), vous trouverez dans la chambre de Mme Victor Hugo le portrait de votre illustre aïeule, ma chère et vieille amie, Mme d’Abrantès. Votre talent la charmerait. Elle aimerait votre noblesse d’esprit et votre hauteur d’intelligence. Elle aimerait votre genre vrai et sain, ce genre supérieur, qui n’a rien de commun avec l’ex- bon goût, et qui ne confond pas Horace avec Boileau et l’Iliade avec Télémaque. Je suis un de vos lecteurs, Monsieur, c’est-à-dire un de vos amis. Je ne saurais vous dire à quel point votre lettre me touche »…
800 - 1 000 €
628
HUGO Victor (1802-1885).
L.A.S., « Victor Hugo », Hauteville house 1er octobre [1862] ; 1 page in-8 sur papier bleu (corrosions de l’encre).
À un poète
« Vous êtes un noble cœur, Monsieur, et de l’âme généreuse a jailli la généreuse poésie. Je vous remercie et je vous applaudis ».
300 - 400 €
300 - 400 €
630
HUGO Victor (1802-1885).
POÈME autographe, Viol , Bruxelles 10 octobre 1869 ; 1 page oblong in-4.
Poème qui semble inédit, dans la lignée des Châtiments « J’assiste à ce détail. Il est nuit. L’affreux père, Éclairé par le feu du ciel dans son repaire, Se jette... – ô rougeur d’Ève ! ô stupeur de Rhéa ! –Sur la prostituée [impure biffé ] infâme qu’il créa. La robe s’ouvre, on voit le sein/la gorge, on voit la jambe ; Sodome à l’horizon brûle, et Gomorrhe flambe ; Et l’on hait cette fille et ce père ; et Clio, Trouvant un sens moderne à ce vieux fabliau, Inscrit sous la rubrique Affaires de famille Bonaparte et sa charte avec Loth et sa fille. »
1 500 - 2 000 €




631
HUGO Victor (1802-1885).
L.A.S. « Victor Hugo », 6 juin [1872], à LECONTE DE LISLE ; 1 page in-8.
« Vous êtes un maître, et vos paroles me touchent profondément, je sais ma pensée d’accord avec la vôtre, c’est une douceur et une fierté pour moi. J’espère vous voir bientôt »… Il le prie de venir dîner avec Mme Leconte de Lisle le lundi 10 : « j’espère un bon oui »
700 - 800 €
632
HUGO Victor (1802-1885).
2 MANUSCRITS autographes ; 2 pages oblong in-12 (environ 5 x 18 cm et 7 x 13 cm).
Deux « copeaux » ou brouillons
* Premier jet, à l’encre brune, biffé ensuite d’un trait de plume, d’une strophe du poème Tout le passé et tout l’avenir, dans La Légende des siècles (II, x I x) ; le sizain, avec variantes alternatives, est très différent du texte définitif :
« Le dehors/La femme plaît, rayonne et rit ; ; leur/sa voix caresse ; Ils sont beaux et charmants ; la grâce enchanteresse Mêle un doux miel à leur/son jargon ; Leur/Son sourire est la fleur s’ouvrant sous les rosées ; Le dedans est horrible, et toutes leurs/ses pensées
Ont la figure du dragon. »
* Note au crayon au verso d’une enveloppe timbrée à son adresse à Guernesey (26 juillet 1856) : « Au couronnement de la reine, il se répandit dans Guernesey qu’il y aurait un feu de joie sur le fort. M elle Le Boutillier [logeuse de Juliette Drouet] prêta son parloir à ses amis qui vinrent pour voir le feu de joie, il n’y eut rien que deux ou trois lumignons, et le capitaine Collas dit : C’est de quoi triste, et je m’en vais. »
On joint une L.S. d’Alphonse de LAMARTINE, 31 mars 1852, à M. Deluz, libraire à Saint-André-de-Cubzac, pour l’abonnement à son journal Le Civilisateur (2 p. in-8, adresse).
800 - 1 000 €

633
[HUGO Victor]. DROUET Juliette (1806-1883).
L.A.S. « Juliette », 9 mai [1844] jeudi soir, à Victor HUGO ; 4 pages in-8 sur papier bleuté.
Au sujet de la commande d’un tableau à Jean LUTHEREAU (1810-1890 ; le peintre avait épousé Laure Kraft, amie de Juliette). « Madame Luthereau sort d’ici, mon bien-aimé, fort triste et fort changée car elle a été à ce qu’il paraît très souffrante et elle l’est encore. Elle venait me dire qu’un protégé de M r d’HOUDETOT, le député , avait obtenu en un tour de main un tableau de Mr Cailleux, ce qui lui faisait craindre que les raisons qu’il t’a donné pour ajourner celui de son mari soient de mauvaises raisons puisqu’il accordait à M r d’Houdetot, sans se préocuper ni du roi ni de Montalivet , ce qu’il ne t’a pas accordé à toi. Je lui ai fait souvenir que M r d’Houdetot était Député ce qui était d’un grand poids dans toutes ces balances là mais que je pensais cependant qu’il n’y avait pas lieu de désespérer encore. Bref, elle est partie, toujours fort souffrante, mais peut-être un peu moins triste »… Elle a reçu une lettre « d’impatience et d’inquiétude de sa fille Claire à propos d’un examen lundi, mais qui aura certainement lieu finalement lundi en huit : « Je viens de l’écrire à la pauvre enfant pour qu’elle se tranquillise. Du reste je n’en suis pas fachée parce que je redoutais beaucoup ce fatal 13 ! […] En attendant je voudrais bien te voir et vivre un peu d’amour au lieu de vivre de poussière comme je le fais depuis huit jours. Vous n’êtes pas assez heureux que je vous aime comme une pauvre âme damnée »…
500 - 600 €
634
[HUGO Victor]. DROUET Juliette (1806-1883).
L.A.S. « Juliette », 27 octobre [1844] Dimanche soir, à Victor HUGO ; 4 pages in-8.
Belle lettre amoureuse, au retour d’un voyage avec Hugo « Me voici revenue au gribouillage, mon Toto, plaisir triste s’il en fut, surtout après les deux mois d’amour et d’intimité qui viennent de s’écouler. Me revoici avec mon encre, mon papier mes fautes d’orthographe, ma stupidité et mon amour. En voyage je n’avais pas besoin de tout cet attirail pour être heureuse. Il me suffisait de t’aimer et Dieu sait si je m’en acquittais bien. Ici je ne t’aime pas moins, au contraire, si le contraire pouvait se faire, mais je vis loin de toi, mais je te désire, mais je m’inquiète, mais je souffre et je suis malheureuse voilà tout. Cependant je ne suis pas ingrate ni oublieuse. Je sens bien que tu viens de me donner presque deux mois de bonheur. J’ai encore sur les lèvres les bons baisers de tous les jours et de toutes les nuits et je sens encore dans ma main la pression de la tienne. Mais tout ce bonheur passé ne sert qu’à faire ressortir plus douloureusement le vide que ton absence fait dans ma vie. Aussitôt que tu n’es plus là je ne vis plus, je ne pense plus, je n’espère plus. Je te désire et je souffre. Aussi je redoute à l’égal de la mort notre retour dans ce hideux Paris où il n’y a rien pour les amants qui s’aiment comme nous nous aimons. Rien. Ni soleil, ni confiance ce soleil de l’amour. Rien que de la pluie, des soupçons et de la jalousie c’est à dire les trois fléaux les plus noirs, les plus triste et les plus froids qui affligent le corps et le cœur. Oh ! Je souffre, mon Toto, autant que je t’aime, c’est bien vrai mon pauvre adoré et c’est toujours ainsi quand tu n’es pas avec moi ».



635
[HUGO Victor]. DROUET Juliette (1806-1883).
L.A.S. « Juliette » avec DESSINS, 5 novembre [1841] « vendredi matin 11h », à Victor HUGO ; 4 pages in-8.
Belle lettre, avec deux petits dessins « Bonjour Toto. Bonjour mon petit o. Si c’est aujourd’hui qu’on juge votre procès [concernant le livret français de Lucrezia Borgia de Donizetti], bonne chance et prompt débarras ». Plus que 25 jours avant de recevoir sa chère boîte [dessin : il s’agit d’une boîte à tiroirs destinée à ranger leur correspondance]. « Mais vous êtes un homme monstrueux Monseigneur et vous me faites tirer la [langue] d’un pied de long [dessin d’elle tirant une longue langue] pour une chose qui m’est légitimement due. Puisse l’internelle consolation vous être à tout jamais refusée pour vous apprendre à me torturer comme vous faites. J’espère que vous gagnerez votre procès et que vous viendrez m’en apporter tout de suite la nouvelle parce que je n’entends pas la plaisanterie moi entendez-vous ? ». Sa « pauvre péronnelle » [sa fille Claire] vient demain, et elle aurait aimé lui montrer « votre cher petit buste mais je vois bien que cet affreux BA r BEDIENNE n’est pas prêt à me l’envoyer [buste de V. Hugo par David d’Angers, coulé en bronze par Barbedienne]. Que le Bon Dieu le rapatafiole »… Elle aborde une petite question financière et réclame du travail : « Il me semble aussi que vous ne m’avez pas donné à copier. Vous savez pourtant que c’est mon seul vrai désir. […] en attendant je me brosse le ventre au soleil et je grelotte à vous rendre jaloux. Je vous attendrai avec une impatience peu modérée et mon amour idem ne me faites pas languir ».
1 000 - 1 200 €
636
[HUGO Victor]. DROUET Juliette (1806-1883).
L.A.S. « Juliette », 5 mai Samedi [1838 ?], à Victor HUGO ; 4 pages in-8 sur papier bleuté.
Belle lettre amoureuse « Bonjour mon cher petit boute-en-train, bonjour mon cher petit Blagueur. Vous serez donc toujours le même vieux Toto ? Eh bien je vous aimerai toujours de même aussi. Vous ne changerez pas ni moi non plus, cependant vous feriez bien de changer vos nuits sans sommeil et sans bonheur contre des nuits de repos et d’amour avec votre Juju. Voilà mon opinion. Il fait un temps délicieux, ce serait bien le moment d’aller dîner aux marronniers mais vous ne le voudrez pas ». Elle étrenne un nouveau papier : « Je le trouve très bon et très beau et très engageant à y écrire des bonnes petites choses d’amour à son Toto. Je vous aime, je vous adore, Toto, vous êtes mon grand tout et je suis très bonne à baiser. Si vous avez du cœur, vous saisirez l`esprit et la lettre de ce que je vous dis là et vous viendrez comme un Lion. J’aime mon cher petit homme. Je voudrais baiser les yeux et savoir comment ils vont. Il y a bien longtemps que je ne les ai vus. Je t’aime toi, tu es mon Toto ravissant ».
600 - 800 €

637
[HUGO Victor]. DROUET Juliette (1806-1883).
L.A.S. « Juliette », mardi après midi 5 août [1851 ?], à Victor HUGO ; 4 pages in-8 sur papier bleuté.
Lettre amoureuse et jalouse
Elle souffre de croire son « Victor adoré » capable de déloyauté et préfère croire aveuglément à sa probité : « N’est-ce pas que tu m’aimes ? n’est-ce pas que je te suis nécessaire ? N’est-ce pas que ta vie est attachée à la mienne comme la mienne à toi ? N’est-ce pas que tu m’es bien fidèle et que je suis une folle d’en douter ? N’est-ce pas que tu seras bien triste de m’avoir fait tant de mal involontairement et à ton insçu ? N’est-ce pas qu’il faut que je baise ton adorable petite lettre sans amertume ? […] N’est-ce pas que tu es mon beau, mon noble, mon loyal Victor sublime et adoré ? Alors je te pardonne tout le mal que tu m’as fait. Je te pardonne d’avoir oublié mes gribouillis à la condition que tu en seras très fâché et que tu te donneras de bons coups sur le contraire de ton nez »… 500 - 700 €
638 [HUGO Victor]. DROUET Juliette (1806-1883).
L.A.S. « J. », Bruxelles 15 septembre 1866 ; à son neveu Louis KOCH à Brest ; 3 pages in-8, adresse avec timbre et cachets postaux (petites réparations au f. d’adresse).
Lettre à son neveu évoquant Mme Adèle Hugo « Il faut que tout bonheur s’achète c’est la sévère loi divine appliqué à l’humanité c’est pourquoi ta pauvre petite femme paie par de cruelles souffrances la rançon de la plus douce joie de la femme, la maternité. Il paraît que l’équilibre dans l’ordre moral des choses a besoin de ces contrepoids de bien et de mal sans se préocuper de ceux qui sont dans chacun des plateaux. J’espère que le courage de ta chère femme aura triomphé de tous les obstacles d’un premier allaitement et que ta chère petite fille n’est plus en proie au supplice de Tantale du sein de l’abondance »... Elle évoque ensuite « la traduction du livre de M me Victor Hugo en allemand, dans le cas bien entendu où ce livre : Victor Hugo raconté par un Témoin de sa vie ne serait pas encore traduit ». Elle ajoute qu’elle ne croit pas « être de retour à Guernesey avant quinze jours ».
400 - 500 €


641
JOUHANDEAU Marcel (1888-1979).
42 L.A.S. « Marcel Jouhandeau » (une incomplète) et un MANUSCRIT autographe, 1951-1966, à Maurice NOËL ; 86 pages formats divers, qqs enveloppes (6 copies carbone de réponses jointes).
Belle correspondance littéraire au directeur du Figaro littéraire 24 mars 1951 : « C’est à l’amitié de Jean pA u LHAN que je dois votre sympathie, – qui m’est d’autant plus sensible qu’elle se manifeste au moment où la critique se montre plus dure à mon égard »… 6 avril , la présentation de ses Souvenirs d’enfance dans le Figaro littéraire l’a ravi, mais il s’étonne d’une correction : « tout le monde sait que l’élision ne se fait pas devant un (chiffre) »… Juillet-août , sur la publication d’extraits de La Paroisse du temps jadis… 2 avril 1952 : « Henri MONDO r a écrit sur moi une préface qui doit paraître en Amérique, en tête d’un livre que publie Kurt Wolff »… Septembre , au sujet d’un article désagréable de Maurice CHA p ELAN : « La bassesse de mes compatriotes laisse Paulhan pantois. [...] Grâce à Dieu, à côté de la vulgarité, de la sottise, il y a des milieux distingués à Guéret, dans lesquels je suis vu autrement »… 16 octobre : « J’ai été professeur au Pensionnat St Jean de Passy, 72 rue Raynouard, de 1912 à 1949, soit 37 ans »... 6 janvier 1953, mise au point à la suite d’une lettre anonyme après la publication d’extraits du Carnet du professeur, concernant son expérience de l’école libre, du monde ecclésiastique ; il dément être franc-maçon… 17 septembre : « quelques « images de Paris vous plairaient-elles ? Je les choisirai comme il convient au Figaro littéraire qui est une sorte de Semaine religieuse à l’usage des tièdes, aussi édifiantes que possible »… 23 septembre : « Que vous êtes fou d’attacher quelque importance à mes plaisanteries ?
639
JACOB Max (1876-1944).
L.A.S. « Max Jacob », [Paris] 24 septembre 1935, à l’abbé Maurice MOREL ; 1 page in-4, enveloppe timbrée.
« Je suis 17 rue S t Romain et ne vois pas la possibilité d’en bouger de longtemps. Tout va bien. – Je vous attends le manuscrit aussi […] Christian DIOR se plaint de n’avoir pas de vos nouvelles. Il a besoin de vous, dit-il ».
200 - 300 €
640
JAMMES Francis (1868-1938).
POÈME autographe signé « Francis Jammes », février 1895 ; 2 pages in-4.
Beau poème rustique, recueilli dans Un jour (1895) ; il compte 45 vers.
« Caügts avait deux jolis coqs dans son panier. […]
Et j’ai pensé à toi qui as la peau douce
Comme un grain de raisin et une nèfle rousse. […] Puis nous irons voir Caügts dont le nom me plait
Comme une flûte et comme des violettes […] Qui regarde, méfiant par les haies d’églantiers
Et qui porte de jolis coqs dans un panier. »
On joint une L.A.S., Orthez juillet 1895 (1 p. in-4), remerciant un critique pour un article : « Si vous saviez, dans la vie monotone que je mène, combien est précieuse une sympathie. Ici, on n’oublie pas, et c’est quelque chose de plus haut, de plus intime qu’une satisfaction littéraire que me donnèrent les très rares comme vous, Schwob, Mallarmé, Gide, de Régnier – ceux qui dès les premiers instants m’ont tendu la main »…
500 - 600 €
Le F.L. n’a pas à être l’annexe de la Pravda ni de la Semaine religieuse . Il est ce que vous le faites »… 20 novembre , protestation après une note de Pierre Mazars sur Les Passionnés modestes [d’Henri r ODE ] : « Je ne souhaitais pas des louanges, mais non plus qu’on mît des gants pour égorger un garçon qui a au moins le mérite de ne pas gagner sa vie en égorgeant les autres. […] Où a-t-il pris ce troisième sexe dont il parle ? Sans doute pédéraste refoulé, en voit-il partout ? Mieux vaudrait qu’il en fût et fût par là même débarrassé de son obsession »… 1er août 1955, il va passer par Chaminadour, et se rendra à Rome en octobre : « j’écris une vie de Saint celle de S Philippe Neri pour Plon. J’ai eu le malheur, au cours d’un dîner, de raconter une anecdote qui se rapportait aux excentricités du brave homme et Orengo était là »… 28 septembre , sur son séjour dans la charmante station thermale de Préchacq. 5 juin 1956 , commentaire du procès Jacques Algarron et Denise Labbé : « L’obstination qu’elle a cru devoir apporter à perdre son amant, après avoir tué sa fille, prouve que rien ne la détermine que sa propre passion. [...] Personnellement, rien ne me rend meilleur que le spectacle ou le récit d’une mauvaise action »… 9 juillet : « Mes collaborations aux F.L. vous ont occasionné trop d’ennuis pour que je souhaite les multiplier. […] Croyez surtout que notre amitié ne se mesure pas à la place que je puis tenir dans votre journal. Mon cœur est un voyou parfaitement désintéressé »… 31 juillet : amusante anecdote sur une retombée de l’article de Chapelan de 1952 ; Jouhandeau poursuit une érotomane russe devant les tribunaux… 13 septembre : il propose deux chapitres de ses Réflexions sur la vieillesse et la mort ; il vient de mettre la dernière main à son drame, Le Martyre de Sainte Octavie , qu’il va lire à Élise et à Yvonne Filiberti, son alter ego… 21 octobre : « Chaque fois que Le Figaro me fait quelque honneur, je me sens couvert de cendres. Ce devant Dieu et devant les hommes est

d’une solennité, d’un ridicule qui me vont comme un gant, mais de ce gant on m’a chaussé, comme si j’étais mort […]. Le nom de Dieu en outre ne doit jamais figurer dans un titre. Tu ne Le prononceras point en vain »… 6 août 1957 : il reste l’été à Paris : « Ma maison est agréable, elle donne sur un jardin, n’est pas loin du bois, où je vais chaque jour me promener avec ma chienne Loutte »... 27 février 1958 : « on étouffe aussi poliment les gens au F.L. qu’à Moscou »… 25 septembre 1962 : « Jamais je n’ai été plus amoureux que dans le voisinage de la mort »... 14 décembre 1966 : « Accablé par le procès que je suis obligé de soutenir contre GALLIMA r D qui m’a dépouillé de tout et me refuse les droits qui me reviennent sur mes deux derniers ouvrages, déçu et escroqué par ma petite Céline et son mari, quand je me suis vu en même temps calomnié par un journal aussi sérieux que Le Figaro littéraire […], j’ai vraiment connu un moment de chagrin presque insupportable »…
Longue réponse à un article de L’Osservatore Romano critiquant l’œuvre de Jouhandeau pour son immoralité (dépêche de l’AFP jointe). Jouhandeau s’explique sur le personnage de M. Godeau, qui « meurt dans l’amour de Dieu » ; quant à ses propres mœurs, « le péché peut bien nous exclure de la Grâce, il ne nous exclut pas de la Foi. Et j’ai vécu dans le péché peut-être, mais jamais hors de la Foi en Dieu »…
1 000 - 1 200 €

642
JOUHANDEAU Marcel (1888-1979).
MANUSCRIT autographe, Journaliers XX. Jeux de miroirs , septembre 1965-26 juillet 1966 ; 1020 pages in-8 (21,7 x 14 cm) en 6 liasses.
Manuscrit complet du XXe des Journaliers
Jeux de miroirs , vingtième volume des Journaliers, a paru en 1974 chez Gallimard, avec ce texte de présentation : « Jouhandeau que Marie Laurencin imagine entouré de miroirs ne s’est jamais perdu de vue. Individualiste, ayant horreur de la foule et de la promiscuité, Jouhandeau se réfugie en lui-même et met à profit ses loisirs pour se livrer à une méditation patiente et souvent passionnée, afin de se bien connaître. La vie quotidienne lui est une joie dans toutes ses manifestations. Il cherche à la vivre sans laisser paraître la moindre impatience, le moindre dégoût, la moindre fatigue. Il attache avec bienveillance du prix à chaque être, à chaque rencontre et recherche la beauté sous toutes ses formes. Cependant Céline lui cause du souci, Élise est toujours difficile. À l’hôpital de Forges-les-Bains où Marc retrouve l’usage de ses jambes, son futur père adoptif fait des visites régulières. Malgré ses soixantedix-neuf ans Jouhandeau se conduit comme s’il en avait trente. Il vit pour des rendez-vous aussi insolites qu’imprévus et a trouvé son équilibre peut-être parce qu’il n’a jamais observé de mesure en matière d’amour, de travail, de bonne humeur. »
Manuscrit de travail, à l’encre bleue ou noire, sur des feuillets perforés à petits carreaux. Il présente de nombreuses ratures et corrections, avec des passages biffés. Il est classé en 6 parties, liassées par des cordelettes ou des rubans, précédées d’une pièce cartonnée numérotée et datée ; chaque partie est paginée séparément.
1. 10 septembre-29 octobre 1965 (153 p.) ; 2. novembre-décembre 1965 (150 p.) ; 3. 22 décembre 1965-janvier 1966 (179 p.) ; 4. février 1966 (175 p.) ; 5. 21 mars-mai 1966 (174 p.) ; 6. mai-26 juillet 1966 (189 p.).
La première page porte en tête l’indication « Carnet 98 » ; dans ses Journaliers , Jouhandeau élabore en styliste les notations de ses carnets.
Le volume s’achève sur cette note du 26 juillet 1966 : « J’entre aujourd’hui dans ma 79 e année. Il est grand temps de me ressaisir, de donner à ma vie un tour plus sérieux, je veux dire, à la fin de ma vie un tour sublime ; que je fasse taire les Sirènes, qu’un grand silence entoure le moment où je passerai le seuil de l’éternité. »
3 000 - 4 000 €

643
JOUHANDEAU Marcel (1888-1979).
MANUSCRIT autographe signé « Marcel Jouhandeau », Diane de Poitiers [Une adolescence], 1970 ; [2]-569 pages in-8 (21,7 x 14 cm), en feuilles.
Manuscrit de travail complet de ce livre consacré à l’adolescence de sa fille adoptive Céline L’ouvrage, publié chez Gallimard en 1971, est la « suite de L’ École des filles » (1961), consacré à l’enfance et l’adoption de la petite Céline. Il est ainsi présenté dans l’édition : « Ce livre est consacré à l’enfance et à l’adolescence de Céline, une petite fille que les Jouhandeau se sont chargés d’élever. En butte aux caprices d’Élise, à son autorité, à son humeur changeante, Céline se défend avec habileté et sagesse. Contre mauvaise fortune elle fait bon cœur,

644
JOUVE Pierre-Jean (1887-1976).
TAPUSCRIT avec envoi autographe signé, Processionnal de la force anglaise , 1943 ; 17 pages in-4, en feuilles sous chemise toilée, étui.
Tapuscrit ronéoté daté « Juin 1943 », antérieur à l’édition originale chez Egloff en 1944 ; il a été probablement tiré par la France Libre à Londres.
Il porte à la fin cet envoi autographe : « Pour André et Mariette de Blonay Pierre Jean Jouve – en souvenir de la lecture faite chez eux. »
300 - 400 €
se livre à des rétablissements permanents ; elle frappe les gens par sa gaieté. Les propos qu’elle tient, rapportés au jour le jour, sont empreints d’esprit, de grandeur parfois. les dialogues entre Céline et Élise, vigoureux, violents, semés d’éclats créent entre les deux femmes une intimité souvent déroutante pour Jouhandeau. Elles sont ennemies, mais au moment le plus inattendu, elles s’entendent et se liguent contre lui. Céline aime Élise qui lui résiste et l’accable de travail, de reproches injustifiés. Elle sait se créer une vie imaginaire, elle s’éprend de Gérard Philipe, dont elle collectionne les photos, et dont elle va voir tous les films jusqu’au jour où les ouvriers du chantier voisin donnent plus de prise à ses sentiments. Céline découvre l’amour, bien décidée à épouser un ouvrier et un Italien. Jouhandeau assiste à la métamorphose de cette petite fille – comparée par Élise à Diane de Poitiers dans un moment d’indignation –, petite fille qui permet à l’écrivain de manifester une passion attendrie pour la vie, dans ses manifestations les moins brillantes, les plus spontanées. » Manuscrit de travail, à l’encre bleu nuit, sur des feuillets perforés à petits carreaux. Il présente de nombreuses ratures et corrections, avec des passages biffés. Il est divisé en deux parties, paginées séparément au crayon rouge (203 et 202 pages). Chaque partie est précédée d’une page de titre : « Diane de Poitiers . Suite de l’ École des Filles », avec, pour la première partie, cette note : « De 1955 à 1959. Céline a 14 ans ». En tête de chaque partie, une page de dédicace : « Pour le Docteur Maurice Sansot avec ma reconnaissance et ma vive amitié Rueil 19 octobre 1970 ». Un feuillet liminaire (I,1) porte cette phrase (disparue de l’édition, avec le changement de titre) : « Élise à Céline : – Ma parole ! Tu te prends pour Diane de Poitiers. »
3 000 - 3 500 €


645
Pierre-François LACENAIRE (1803-1836) assassin et écrivain.
P OÈME autographe signé « Lacenaire », [novembre 1835], à M. CLERGET, « greffier de la Conciergerie » ; 2 pages in-4 avec cachet encre Maison de Justice , adresse.
Très rare épître en vers, écrite en prison Elle est adressée au greffier de la Conciergerie. Publiée sous le titre Idées, elle compte 5 huitains d’une noirceur profonde : « Qui me dira ce qu’est que la vie ?
Qui me dira ce qu’est que la mort ?
Qu’est-ce que vertu ? qu’est-ce philosophie ? C’est de savoir s’accommoder au sort. Science, honneur ? illusion, mensonge. L’or ? un sépulcre où pourrit notre cœur.
L’amitié même, hélas, n’est qu’un vain songe ; Ce n’est qu’en soi qu’on trouve le bonheur »...
1 200 - 1 500 €



647
LARGUIER Léo (1878-1950).
MANUSCRIT autographe signé en tête « Léo Larguier », Mistral , 1930 ; cahier de 55 pages in-fol., couverture cartonnée avec pièce de titre autographe, dos toilé.
Manuscrit de premier jet, avec de nombreuses corrections et d’importantes additions, pour la vie du grand poète provençal Frédéric MISTRAL, qui sera publiée en 1930 par les Éditions des Portiques.
600 - 800 €
PROVENANCE
Succession Léo LARGUIER (vente Alde, 4 octobre 2006, n° 10).
LAMARTINE Alphonse de (1790-1869).
L.A.S. « Lamartine », Saint-Point 22 octobre 1858, [à Louis ULBACH] ; 7 pages in-4 (qqs petites fentes).
Importante lettre sur sa situation financière catastrophique et son projet de souscription pour le sauver « Tranquillisez-vous ; je n’ai eu aucune déception parce que je n’ai eu aucune espérance. Je crois en Dieu mais pas à la générosité des banquiers excepté MM. Pereyre. Ne voyant pas leur nom et leur main dans l’affaire je n’ai compté sur rien. J’ajoute que je ne regrette rien ; se retourner sur un lit rembourré de deux millions de dettes, ce n’est pas guérison, c’est empirement »... Il a eu vingt fois de ces offres-là et ne croit plus qu’à l’abonnement, dont il se charge, et à la souscription, à laquelle Vavin et Ulbach donneront l’élan décisif : il faudra répandre son appel « bref énergique et pathétique » par tous les moyens à un million de personnes, au plus tard le 15 novembre : « j’ai besoin sous peine de mort de toute la somme possible par la souscription le 18 décembre. J’ai donné ici les mandats à jour fixe 26 décembre à 360 créanciers. J’ai été non seulement étonné mais ému jusqu’au cœur par la grâce et la cordialité de tous les créanciers paysans avec lesquels j’ai réglé tous ces jours-ci les créances. Admirable race de vignerons maconnais généreuse comme son vin ! Mais enfin j’ai pris jour en deux termes 20 X bre – et 20 janvier prochain. Mieux vaut mourir que d’y manquer »... Au cas où il manquerait 30 ou 40 mille à la souscription, Vavin pourrait-il les obtenir ? « Je viens d’écrire un capo d’opéra à mes abonnés » [l’« Explication franche » du 35 e entretien du Cours familier de littérature ] ; puis TE x IE r publiera un article pittoresque et pathétique sur Saint-Point Milly Monceau , puis « immédiatement après ces deux actes préparatoires et quand nous aurons agité un peu l’opinion publique faites paraître partout et à grande inondation de circulaire le G r AND A pp EL des comités. Une page de texte. Une souscription à lignes au bas de la page. Après cela croisez-vous les bras ; la fortune fera le reste. Mais saisissez-la au bond. Elle est bonne aujourd’hui ; qui sçait l’avenir. L’heure a sonné, croyez-moi. Ne perdez ni jour ni minute. Lâchez les romans, faisons de l’histoire »... En tête de la lettre, il a inscrit : « Lettre-instructions. Lisez, relisez et agissez ! »
700 - 800 €

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LAWRENCE David Herbert (1885-1930).
L.A.S. « D.H. Lawrence », « Villa Mirenda Scandicci (Firenze) » 7 juin 1927, à Mrs Jocelyn OLWAY ; 2 pages in-4 ; en anglais.
Sur son séjour près de Florence [Lawrence a habité avec sa femme de 1926 à 1928 la Villa Mirenda à Scandicci, près de Florence ; il y a écrit L’Amant de Lady Chatterley, qu’il fait imprimer à Florence en 1927, alors qu’il travaille à ses Croquis étrusques (Sketches of Etruscan Places ) dont il parle dans cette lettre.]
Il remercie son amie pour l’invitation de vendredi ; mais cette semaine, ils doivent s’occuper de leurs deux amis américains du Nouveau-Mexique [George Robert Graham CONWAY et son épouse]. Il va se renseigner sur d’autres villas. Le Villino La Massa serait trop exigu pour son amie, une petite maison de sept pièces, minuscule, mais tout près de chez lui. S’il continue son travail, ils resteront jusqu’à fin juillet, puis ils partiront en août et septembre. Elle sera alors la bienvenue dans la villa, mais il la prévient : pas de lumière, eau de pluie à pomper, sanitaires rudimentaires, tout très rudimentaire – linge juste en calicot, lits durs, etc. Il va se renseigner sur autre chose…
« You didn’t then find anything in Vallombrosa? – Many thanks for the invitation on Friday: but this week we’re having to look after our two American friends from New Mexico. I’ll ask about other Villas here. The Villino La Massa would be too poky for you, I’m afraid: poky little rooms: a little 7-roomed cottage, tiny: but just near here. If I go on with my work I’m doing, we shall be here till end of July – then go away August & September. You’re perfectly welcome to the place, but all your complaints hold good here: no light, rainwater to be pumped up, sanitary arrangements primitive, the whole thing very rough – linen just calico, beds hard, etc. Such as it is, however, you are welcome to it for August & September. Meanwhile I’ll ask about something else, and let you know: but it won’t be till beginning of next week »…

649
LÉAUTAUD Paul (1872-1956).
14 L.A.S. « P. Léautaud », 1914-1941, principalement à André BERTHELLEMY ou Édouard CHAMPION ; 15 pages in-8 la plupart à en-tête du Mercure de France , enveloppes.
The Letters of D. H. Lawrence , Vol.VI (Cambridge University Press, 1991), n°4039.
On joint la plaquette : D. H. Lawrence, The Triumph of the Machine (London, Faber & Faber, [1930]; The Ariel Poems n° 28); ill. d’Althea Willoughby; in-12 (débroché).
1 500 - 2 000 €

22 juin 1914 , à Francis VIÉLÉ-GRIFFIN, pour le service de presse de Voix d’Ionie À son ami le bibliophile André BERTHELLEMY, 1915-1941 (9). Les lettres témoignent d’une complicité littéraire. Léautaud recommande des livres : le livre de L. Batifol sur le Cardinal de Retz, un essai sur la vie et l’œuvre de Georg Christoph Lichtenberg par Victor Bouillier... Il remercie pour l’envoi de deux volumes, dont un Talleyrand par Sainte-Beuve, qu’il trouve « remarquable, moins pour Sainte Beuve lui-même » (28 janvier 1927). Il remercie aussi pour des envois de places de théâtre ou évoque des problèmes personnels liés à la location de son logement de Fontenay-auxRoses. Une amusante lettre raconte comment, après avoir soumis une de ses chroniques à la lecture de l’académicien Georges DUHAMEL, ce dernier lui a fait « toute une petite leçon de style », lui donnant à penser qu’il écrivait mal et lui a indiqué « qu’au lieu de dire : pétait en société , il est mieux de dire : laissait échapper des bruits inconsidérés », ce qui lui rappelle un autre poète « qui pensait qu’on ne pouvait écrire ce mot : cheval , et écrivait : ce noble coursier » (3 septembre 1937)… En juillet 1941, il aimerait « recommencer l’affaire gigot », et promet des numéros de la N.R.F. À l’éditeur Édouard CHAMPION, 1921-1928 (4). Au sujet des annonces dans le Mercure de France , le service de la revue, ou le rassurant sur la prolongation de son abonnement. Il recommande la lecture du Journal de Jules Renard. Plus un portrait photographique de Léautaud enfant avec dédicace : « à Edouard Champion son jeune ami P. Léautaud ». On joint : – un billet autographe à sa « chère panthère » [sa maîtresse Anne Cayssac], 20 avril 1922 ; – une petite L.A.S. de Jacques RIVIÈRE, annonçant un envoi d’épreuves (jointes) ; –un prospectus de souscription à la réédition du roman Le Petit Ami
800 - 1 000 €


650
LECONTE DE LISLE Charles (1818-1894).
POÈME autographe, Les yeux d’or de la nuit ...., [1893] ; 2 pages grand in-8.
Belle évocation nocturne d’un paysage marin
Le poème compte 6 quatrains ; il a paru le 1er décembre 1893 dans la Revue des deux mondes , et fut recueilli dans le volume posthume Derniers Poèmes , chez Alphonse Lemerre, dans une édition établie par José Maria de Heredia.
« Les yeux d’or de la nuit, dans la mer qui les berce, Luisent comme en un ciel lentement onduleux.
Le tranquille soupir exhalé des flots bleus
Se mêle à l’air muet et tiède, et s’y disperse »…
700 - 800 €
651
LESPINASSE Julie de (1732-1776).
L.A., 24 avril [1774], au marquis de CONDORCET, à Ribemont ; 3 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge aux armes.
Belle lettre à Condorcet
L’ambassadeur a été bien flatté du mot de Condorcet ; il s’en va cette semaine et lui manquera beaucoup, « mais il me fera sentir tres distinctement la difference infinie quil y a entre le plaisir qui dissipe, ou celui qui touche et interesse, ce ne sera qu’une privation negative »... Elle dit à son ami toute son affection... « Vous ne faites pas cas de la raison lorsqu’il s’agit de sentiment : ha ! mon dieu que les gens raisonables sont froids. Depuis long tems je le sais, il me semble que nous n’avons pas même une langue commune »... Elle donne des nouvelles de M. de Clausonette, évoque un dialogue de Pégase et d’un vieillard qu’elle a réclamé à Mme de Meulan, et commente le vif intérêt suscité par Iphigénie en Aulide « L’opéra de GLUCK, les disputes, les haines ont fait diversion aux grands talents de M r Tessiers, mais cet opéra rend les conversations bien aigres et bien monotones, il est impossible d’y prendre part. J’aimois d’abord la chaleur l’engoument quon y metoit, mais actuelement c’est du mepris, de l’aversion je n’y trouve plus le mot pour rire. L’abbé Arnaud a ecrit une longue lettre dans la gazette de literature, elle n’a point de succès, pour moi je ne l’entend pas et je crois que ce n’est que ma faute »... Elle se sent triste « sans en avoir un sujet bien actif, mais aussi mon ame a tant souffert qu’elle en est restée abatue »... Julie de Lespinasse, Lettres à Condorcet (Desjonquères, 1990, p. 77-78).
1 000 - 1 200 €
652
LORRAIN Jean (1855-1906).
3 L.A.S. « Jean Lorrain », [1887] et s.d., à Laurent TAILHADE ; 3 pages in-8 et 2 pages in-12, une enveloppe.
Fécamp 30 septembre [1887] . « Hé bien oui, le voilà ce bal d’enfants. Je prends la balle au bond, Quantin m’avait bien parlé de l’imprimer, mais avec de tels remaniements que… z… u …t, si l’Artiste veut le composer cela m’arrangerait à souhait, car je suis las de le voir traîner en manuscrit ». Il évoque les jours de service militaire qu’il doit effectuer à Rouen en novembre, « et je suis un tel amoureux de l’automne que ne bougerai pas je crois d’ici avant 1888. […] Je laisse dormir l’ Évènement : le journalisme me vide… et ne rapporte au fond que des ennuis ». Il est ravi que son Darling lui ait plu : « l’étude est vraie je connais ce Darling , mais il n’existe pas, voilà tout. Si ces études du vice élégant » l’intéressent, il signale « la marquise Hérode , la situation se corse d’un petit côté sanglant, et qui délectera vos narines de catholique bruleur d’hérétisants »… – Dimanche . Il est désolé d’avoir manqué sa visite : « retiré au fond de mon appartement, je n’ai rien entendu et je vous ai attendu toute la journée. Je suis furieux »… – À Laurent Tailhade « enlumineur de sainctes images sur iconostases, Hôtel de l’Empereur Joseph II, maison Foyot ». Il ira déjeuner vendredi au cabaret du Chat Noir et espère y rencontrer Tailhade.« Je n’ai pas besoin de voir votre article avant, pour peu qu’il ressemble à celui que vous avez bien voulu consacrer à la renommée de Monsieur Jean Papatiboulos [Jean Moréas ], l’âne étrillé braira ». Après un bal, il a passé « une nuictée exquise dans l’atelier » de son ami de l’avenue de Villiers : « À 7 heures grand souper de vingt-cinq couverts ; douze merveilleuses et treize incroyables. Votre serviteur était en académicien »…
300 - 400 €

LOUŸS Pierre (1870-1925).
9 L.A.S. « P.L. » ou « Pierre Louÿs », 1894-1898, à Claude DEBUSSY ; 35 pages la plupart in-8, enveloppes.
Très belle correspondance amicale, musicale et littéraire avec Debussy Samedi minuit [22 décembre 1894] , le soir de la création du Prélude à l’après-midi d’un faune : « Ton prélude est admirable. […] Il n’était pas possible de faire une paraphrase plus délicieuse aux vers que nous aimons tous deux. C’est tout le temps le vent dans les feuilles, et si varié, si changeant »…– 19 avril 1895 , au sujet de Cendrelune (projet de conte lyrique de Debussy sur un texte de Louÿs) : « Il y a moyen de faire une très belle chose avec notre petit scénario », et Louÿs transcrit les 2 actes de son nouveau scénario, sur 3 pages : « Tu vois c’est assez impie, mais impie comme Bilitis est licencieuse, c’est-à-dire avec une parfaite candeur. […] Et puis, ça n’est ni baudelairien ni franc-maçon, c’est pierrelouÿsiaque tout pur »…. – [20 juillet 1895 ]. « Cendrelune envoie ses respects à Mélisande »… – [23 avril 1896 ]. « Je viens d’avoir un entretien avec notre maître à tous (un maître cinquante) – dirait Willy – M. Massenet. [...] N’oublions pas qu’Aphrodite est, comme on le disait ce soir, le dernier triomphe du Parnasse , – à peu près comme la Damoiselle est le dernier triomphe du Conservatoire, ô 1er Prix ! »… – [22.X.1896 ]. « Mon cher Claude, je t’ai cherché chez toi, je t’ai cherché au Criterion, une et deux fois, mais tu es aussi invisible que ton âme immortelle »… – 29 octobre 1896 « Nous avons eu dernièrement à propos de M r Richard WAGNER, une conversation très grave. […] La musique, c’est la respiration de ton prélude du Faune, c’est le coup d’air au sortir des souterrains de Pelléas, c’est le vent de la mer au premier acte, c’est la monotonie funèbre du cinquième. Eh bien, c’est là que Wagner a été Wagner. Wagner a été l’homme qui depuis l’origine de l’art a le mieux exprimé ce qu’est le MO u VEMENT à ses divers degrés, depuis son absence jusqu’à son paroxysme », etc. – 5 mai [1898]. « J’ai eu de ces idées-là, moi, il y a quatre ans, mais à cette époque-là, personne ne m’avait jamais fait un éloge sincère. […] Toi, mon vieux, tu n’as pas l’ombre d’une excuse pour avoir de ces cauchemars ; – parce que T u ES u N G r AND HOMME […] Il faut que tu continues ton œuvre et que tu la fasses connaître, deux choses dont tu te dispenses également et qui devraient être tout pour toi. Ce n’est pas en donnant des leçons de musique que tu assureras ta vie, c’est en faisant tout pour que Pelléas soit joué »… – 9 juillet 1898 .« La vingtième édition d u Pantin est en vente. Lundi, deux mille francs, je dis 2000 f., passeront une heure dans ma poche, entre la caisse d’un libraire et celle d’un créancier. Enfin il se confirme qu’Aphrodite est convoitée par un puissant directeur et une illustre comédienne, ce qui dériverait le Pactole dans la vallée la plus riante qui est le fond de mon gousset droit. – Ça n’est pas le moment de se brouiller avec moi, vieux bougre ! - –L’hiver prochain, il faut que nous monopolisions à nous deux les colonnes Morris »… – Dimanche 31 [ juillet 1898].
« La mort de M r de Bismarck aura eu un résultat pratique dont l’importance n’échappera point à ta précieuse matière grise. Elle m’a fait trouver le plus bel alexandrin qu’il y ait jusqu’ici dans la langue : “Marche funèbre du Crépuscule des Dieux !” […] Quand commençons-nous nos leçons d’harmonie ? J’ai vingt sept ans. Suis-je encore trop jeune ? » Debussy, Correspondance , 1894-58, 1895-38, 1895-20, 1896-14, 1896-37, 1896-38, 1898-15, 1898-27 et 1898-30.
1 500 - 2 000 €


654
LOUŸS Pierre (1870-1925).
5 L.A.S. « Pierre » (dont deux en partie de la main de son frère Georges), janvier 1889, à son « cher papa » ; 22 pages in-8.
Nouvelles familiales et politiques En ce début d’année, le jeune homme se montre très attentif à la santé de son père, donne des nouvelles de sa scolarité et de sa famille, notamment du cousin Jacques Chardon, de 5 ans son aîné, qui fera une belle carrière d’officier de marine : pour l’heure, il manque une bonne place sur un transport pour Cayenne (16 janvier), il attend l’ordre d’embarquement sur le Caravane, en rade de Toulon où il s’ennuie ; « pour tuer le temps, il apprend à monter à bicyclette (vélocipède à deux roues égales) et il fait cette réflexion philosophique que “ plus il vieillit”, plus il s’aperçoit que c’est dans la marine qu’on navigue le moins. » (20 janvier). – Le dimanche 27, jour de l’élection législative où le général BOULANGER s’est porté candidat à Paris, le lycéen évoque l’attitude de ses camarades de classe : « On a fait assez peu de politique au sujet de l’élection, et cela vaut mieux, n’est-ce pas ? Chacun gardait son opinion sans essayer de convaincre son voisin. Néanmoins, deux classes ont pris chez elles l’initiative d’une collecte dont on a envoyé le montant au comité antiboulangiste » Il reprend la rédaction de sa lettre le lendemain, pour raconter sa sortie le soir sur les boulevards : « L’enthousiasme était inouï, tout simplement. Des ouvriers, des jeunes gens, des femmes, de marchands, se pressaient autour du café Durand (où se trouvait le héros de la fête), en riant, en chantant, en criant sur l’air des lampions : “Boulan-ger ! Bou-lan-ger ! Au bal-con ! Au bal-con !” [...] Des cris de Vive Boulanger partaient des trottoirs, des cafés, des maisons voisines, de l’impériale des omnibus où tout le monde était debout, et où les conducteurs levaient leur casquette [...] Il est convenu que je ne fais pas de politique, n’est-ce pas, papa ? Mais je peux tout de même dire qu’il faut être un grand misérable pour tromper ces braves gens qui vous aiment de si bon cœur et se confient à vous si franchement »...
500 - 700 €

655
LOUŸS Pierre (1870-1925).
POÈME autographe signé « Dante-Gabriel Rossetti (d’après
Pierre Louÿs) », La Saulaie , [vers 1896] ; 3 pages in-4 (26 x 20,5 cm, légères fentes marginales au pli).
Adaptation de poèmes de Rossetti pour Claude Debussy
Dans La Saulaie , Pierre Louÿs a adapté en vers libres trois des quatre sonnets recueillis sous le titre Willowwood dans The House of Life (1870) du peintre-poète Dante Gabriel ROSSETTI (1828-1882), à l’intention de son ami Claude DEBUSSY, qui a longtemps travaillé, de 1896 à 1900, à La Saulaie , pièce pour baryton et orchestre, restée inachevée (voir Denis Herlin, « Une œuvre inachevée :
La Saulaie », Cahiers Debussy 20, 1996, p. 3-23). Le texte de Louÿs a été publié dans L’Esprit français du 10 septembre 1931. Le manuscrit, à l’encre bleue sur papier vélin filigrané Joynson Superfine, de la belle et ample graphie de Louÿs, présente, dans le second poème, des corrections à l’encre noire remaniant un vers :
« Les ombres de ces jours à nous qui n’avaient pas de langue », devenant « Fantômes de nos jours de silence, … autrefois ». On notera l’humour de la signature : « Dante-Gabriel Rossetti (d’après Pierre Louÿs) ».
« J’étais assis avec l’Amour
Près d’une source obscure au bord de la forêt Et nous étions penchés sur l’eau. […]
Et comme j’étais penché, la face de l’Amour
Se pressa sur ma nuque en pleurant de pitié Jusqu’à ce que nos deux têtes fussent dans son auréole. »
1 000 - 1 500 €
656
LOUŸS Pierre (1870-1925).
5 L.A.S. « P » ou « Pierre », [septembre 1910], à son frère Georges LOUIS ; 9 pages in-8 ou in-12, 3 sur papier du Grand Hôtel à Tamaris s/mer
Dimanche [11 septembre]. « Décidément, je ne suis jamais content d’une lettre que quand je ne l’envoie pas. [...] tu connais le sentiment qu’on ressent quand on vient de mettre une lettre à la poste et qu’on se demande : “N’a-t-elle pas l’air de dire tout le contraire de ce qu’elle dit et de ce que je voulais dire ?” Je prévois cela et je l’évite quand j’écris aux autres. Moins quand ma lettre est écrite pour toi ; d’abord parce que je t’écris au courant de la plume, et ensuite parce que j’espère que tu lis la lettre exactement telle qu’elle est écrite. [...] Si je te dis que je regrette tous mes livres et quelquefois et souvent pour des raisons bien plus nombreuses ! “Celui qui ne touche rien ne casse rien” dit le proverbe favori des bonnes. Il y a bien des jours où je voudrais être “celui qui ne sait pas écrire” »... – [20 septembre] , au sujet de la comédienne POLAIRE, qui le menaçait d’un scandale public : « le pronostic est devenu meilleur. Il est possible qu’elle ne recommence pas. Je dis “ possible”, je ne garantis rien ; mais il y a de sérieux indices dans le sens d’un découragement de l’adversaire »… Etc. On joint 3 télégrammes, dont un codé.

657
LOUŸS Pierre (1870-1925).
7 L.A.S. « P. » ou « Pierre », janvier-février 1911, à son frère Georges LOUIS ; 12 pages in-8 ou in-12 à l’encre violette, 3 enveloppes.
Lettres familiales , demandant des nouvelles des enfants de Georges et Paz. Louÿs évoque aussi la création de La Femme et le Pantin. – 21 janvier. Sur la mort du collectionneur Jules MACIET, ami commun de Louÿs et de son frère : « j’ai appris la fin de Maciet par la nécrologie du Temps. Je ne savais même pas qu’il fût malade. J’avais été le voir il y a six semaines pour lui porter une loge. Je l’avais trouvé le soir au coin de son feu, toujours le même et très disposé à aller au théâtre. Quelques jours plus tard je recevais de lui une lettre charmante. Et puis, la semaine dernière, il a eu une grippe et un érysipèle auquel son diabète ne lui a pas permis de résister. J’ai été bien ému de sa disparition et de l’apprendre si brutalement »... Le sénateur René BÉRENGER (« le « Père la Pudeur ») avait protesté parce que le sein d’une actrice apparaissait à découvert au cours d’une scène de La Femme et le Pantin ; d’où le déplacement en personne du Président FALLIÈRES : « La campagne de Bérenger a eu un épilogue inattendu : Fallières a été voir la pièce dans son avant-scène officielle. […] Je commence à en avoir assez de cette éternelle suffocation qui arrête complètement mon existence. En ce mois-ci je n’ai rien fait du tout, pas même ma correspondance »... – 28 février [1911]. Pierre Louÿs évoque la crise ministérielle et ses possibles conséquences pour Georges, ambassadeur en Russie : « Si, comme cela paraît certain, le ministre des aff. étr. est changé, tu vas sans doute être obligé de revenir, quelques semaines après ton voyage. Malgré la fatigue du quadruple trajet je ne regrette pas cela pour toi. Tes lettres sont si tristes ! Je suis content que tu aies une raison d’interrompre tout de suite ta solitude. Je viens de passer trois jours meilleurs que les précédents, à la suite d’un nouveau (et ancien) traitement : la strychnine »... Etc.
500 - 600 €

300 - 400 €

658
LOUŸS Pierre (1870-1925).
4 L.A.S. « P » et une L.A., [1916] et s.d., à son frère Georges LOUIS ; 8 pages et demie in-8 ou in-12, une à en-tête de l’Hôtel Vouillemont
Georges Louis est de retour à Paris avec son fils Robert, dit Bobbie, après quelques semaines de villégiature et de convalescence à Biarritz. – Vendredi [20 octobre 1916]. Louÿs parle de ses problèmes de santé et déclare s’être finalement guéri sans « pharmaka », mais cela l’a mis dans de mauvaises conditions pour une lecture qu’il avait à faire : « Je l’ai faite néanmoins, et j’ai eu l’imprudence de sortir ensuite pour accepter, après tant de refus une nouvelle invitation du même auteur que tu sais. (Lui, sa femme et moi ; pas de convive) »…. – Il commente divers articles de presse
(2 coupures jointes) dont l’un sur une femme condamnée pour n’avoir pas dénoncé son mari déserteur. À ce sujet Louÿs revient sur la loi de sursis que le sénateur René BÉRENGER (le « Père la Pudeur », bête noire de Louÿs) a fait voter en 1891 : « Hugo l’a voulue ; il a fait pour elle le plus vaste effort de sa vie littéraire : les 8 volumes des Misérables . Pourtant, ce n’est pas la loi Hugo ; c’est la loi Bérenger. Autrefois, cela me paraissait aussi absurde que l’usurpation de Vespuce au baptême de l’Amérique. Maintenant, je comprends mieux que certaines idées ont besoin… d’un voleur qui se les approprie et les réalise. Si un parlementaire quelconque avait pris pour lui la seule idée raisonnable d’Hernani – que nul n’est tenu de dénoncer son hôte pour un acte antérieur à l’hospitalité – deux jugements n’auraient pas été nécessaires pour absoudre le silence d’une femme »...
300 - 400 €

659
[MALLARMÉ Stéphane (1842-1898)].
2 L.A.S. adressées à Stéphane MALLARMÉ, Paris 19 et 20 mai 1879 ; ¼ page et 1 page in-8 (petites fentes).
Lettres de poètes autorisant Mallarmé à citer leurs vers dans Les Dieux Antiques Mallarmé a publié en 1880 Les Dieux Antiques, « Nouvelle Mythologie illustrée » (Paris, Rothschild, 1880).
Théodore de BANVILLE , 19 mai. « J’autorise M. Stéphane Mallarmé a cité [sic] dans sa Mythologie scolaire tel passage ou morceau des Exilés qu’il lui plaira de choisir ». [Un extrait du poème La Cithare ouvrira le volume des Dieux Antiques ; quatre autres poèmes ou extraits des Exilés seront donnés dans la section des « Poèmes mythologiques modernes ».]
Charles-Marie LECONTE DE LISLE , 20 mai. « Mon cher ami C’est à moi de vous remercier de votre aimable intention. Citez ce que vous voudrez ; je vous livre mes rimes en toute confiance ». Il n’a pas d’opinion sur le poème de John PAYNE, « par l’excellente raison que je ne sais pas l’anglais, à mon très grand regret »… [Mallarmé donnera trois poèmes ou extraits des Poëmes antiques et des Poëmes barbares dans la section des « Poèmes mythologiques modernes ».]
400 - 500 €
660
MALRAUX André (1901-1976).
2 MANUSCRITS autographes, extraits des Conquérants , [1928] ; 1 page petit in-4, et 1 page in-4.
Sur Israël et la Palestine, à travers le personnage du révolutionnaire Garine
Ces deux feuillets, à l’encre violette, ont été écartés du roman
Les Conquérants (Grasset, 1928), et concernent le passé de Garine ; ils présentent des ratures et corrections, et semblent inédits.
Le premier, sur papier quadrillé provenant d’un cahier d’écolier, doit correspondre à une déclaration de Garine : « La Révolution se produira d’abord en France ou en Russie. […] Il faut renoncer à jamais au Royaume Juif de Palestine. Nulle couronne nul boulet n’est plus accablant qu’un idéal mort. Il faut les abandonner, comme les cadavres de nos parents. Il le faut. C’est nécessaire. Je ne renonce pas moi-même sans combat à suivre l’étoile qui a guidé pendant 2000 ans les hommes de notre race. Mais elle nous conduit aujourd’hui vers la mer, et, derrière nous, à la place des moissons saccagées, je vois les innombrables têtes courbées des peuples. L’enthousiasme de quelques-uns d’entre nous et le respect de tous les autres, devant l’espoir donné par le livre, commencent à faire notre faiblesse. […] nous sommes encore émus de la souffrance de ceux qui nous ont formés, du son de ces paroles par lesquelles Israël a exprimé son vieux génie misérable et prophétique. Il faut rompre avec tout cela, chercher notre force dans notre dispersion même. Oublions le Royaume »…
L’autre fragment, écrit au dos d’un feuillet à en-tête de la revue L’Indochine , dirigée par Malraux et Paul Monin, évoque Garine à Paris : « Il était cependant sensible à la douceur de la ville, au fleuve amical qui tourne autour de Notre-Dame […] Ces paysages lourds d’une gloire sanglante que venaient tout naturellement compléter les marchands de livres et d’oiseaux, l’amenaient à trouver à la vie de la douceur, et, parfois, à chercher les allégories dont les hommes de sa race pourraient orner leur capitale reconstruite. […] Au-delà de ces livres sacrés il voyait les étoiles graves de la nuit de Judée et l’horizon des sables. Au-dessus de la rumeur apaisée de la ville, il entendait les murmures désespérés de l’Ecclésiaste […] Il habitait une de ces grandes maisons divisées en petites chambres, où l’on enferme les artistes pauvres près de la porte d’Orléans. Il allait quelquefois à Montparnasse parce que, parmi les gens de toutes nations qui se réunissent là, il rencontrait des Russes qui lui faisaient connaître certaines nouvelles dédaignées du Comité. Mais il n’aimait pas les artistes »…
On joint une P.A.S. d’envoi de ces pages, probablement pour une vente caritative : « Pour l’État d’Israël, avec les souhaits que peut former l’un des présidents de la L.I.C.A. depuis pas mal d’années André Malraux Juin 48 » (1 p. in-4).
800 - 1 000 €

661
MALRAUX André (1901-1976).
L.A.S. « André Malraux », 24 [mai 1932 ?], à Paul VALÉRY ; 1 page in-8.
Il n’oublie pas la « vieille dette » qu’il a à l’égard de Valéry, ni son obligeance : « Voulez-vous “en attendant” me faire le grand plaisir d’accepter ce stuc, l’un de ceux que j’ai rapportés d’Asie centrale. On dirait une figure de la Renaissance italienne, et, comme il est de la frontière afghane-chinoise, et du II e siècle, il confirme dans la mesure de ses moyens les raisons que vous avez de considérer l’histoire comme une dépendance des meilleurs contes d’Hoffmann. Il est donc évident qu’il aspirait à venir chez vous, que c’est son désir qui m’a attiré là-bas et que je l’ai seulement satisfait »…
500 - 700 €
662
MALRAUX André (1901-1976).
DESSIN original avec légende autographe, 2 L.S. « André Malraux » et 1 L.A.S. « André M », s.d. et Boulogne s/Seine 1950-1951, à Pascal PIA ; 10 x 7,7 cm, et 3 pages in-8 à son adresse, une enveloppe.
Dessin original à la mine de plomb, des années 1928-1930, légendé à l’encre Dyable hésytant ou Tristesse de l’incertitude. 12 mai 1950 . Il aimerait bien voir « les dyables » qui sont dans les colis que Pia fait revenir d’Alger : « je voudrais en faire photographier quelques-uns ». 14 février 1951, renouvelant sa demande de voir ses dyables : « Je suis piqué de la curiosité de savoir si les actuels, que j’ai faits en grand nombre aux Conseils des Ministres, Comités Exécutifs et autres endroits propices à la création des dyables, ressemblent à ceux d’autrefois »… 23 février 1951 : « Je vous renvoie votre dyable avec honnêteté, me tenant à quatre pour ne pas lui rajouter un bras et une épée à droite. Enfin !... En peinture, le talent croît avec l’âge. Si les compagnons de celui-ci le rejoignent un jour, dites-le moi »…
1 000 - 1 500 €






663
MANN Thomas (1875-1955).
L.A.S. « Thomas Mann », München 9 juillet 1927, à Hans Ludwig HELD ; 1 page et demie in-4 à son en-tête ; en allemand.
Intéressante lettre sur son œuvre et son rapport au romantisme
La lettre est adressée à l’écrivain Hans Ludwig HELD (1885-1954), à propos de l’essai de la jeune germaniste Marga BAUER sur le rapport de Mann au romantisme.
Il est délicat de louer un travail le concernant ; mais, compte tenu de l’âge de la personne, cette étude lui parait être étonnamment perspicace, et fait presque naître l’espoir que la critique littéraire en Allemagne pourrait être meilleure à l’avenir qu’elle ne l’est (« in Anbetracht ihrer Jahre diese Studie als eine erstaunlich einsichtige und reife Leistung erscheint, die geradezu Hoffnungen erweckt, daß es um die Literaturkritik in Zukunft bei uns einmal besser stehen könnte, als gegenwärtig »).
Il pourrait certes faire des objections et des réserves, notamment sur le style, et il relève des erreurs dans la chronologie des ouvrages : « Der Kleine Herr Friedemann war mein Debut mit 20 Jahren, dann folgten Buddenbrooks , dann die Tristan=Novellen mit Tonio Kröge r ; der Tod in Venedig erst 1913. Von Königliche Hoheit und Fiorenza ist nicht die Rede, was nur darum allenfalls zu beanstanden wäre, weil auch Ihnen wohl im Sinne des Themas etwas abzugewinnen gewesen wäre ».
Mais le sujet, son rapport discutable au romantisme, a été élaboré avec tant d’intelligence et de talent qu’il en a resssenti une joie pure et sincère…
1 500 - 2 000 €
664
MANN Thomas (1875-1955).
L.A.S. « Thomas Mann », Pacific Palisades 3 juin 1952, au Professeur Walter KAUFMANN à Princeton ; 2 pages grand in-8 à son en-tête et adresse, enveloppe timbrée ; en allemand.
Sur son roman Lotte in Weimar, et Nietzsche [Walter KAUFMANN, professeur de philosophie à Princeton, avait publié un étude sur Nietzsche, Philosopher, Psychologist, Antichrist (Princeton 1950). Dans un article « Nietzsche ans the Seven Sirens », publié dans la Partisan Review, Kaufmann avait démontré que l’autobiographie controversée de Nietzsche, My Sister and I (Boar’s Head Books et Seven Sirens Press, 1951), était un faux ; en outre il affirmait qu’avec sa Lotte in Weimar, Thomas Mann avait créé un nouveau genre autobiographique fictif que l’auteur du faux Nietzsche avait simplement perfectionné, en utilisant le livre de Kaufmann sur Nietzsche comme source. Thomas Mann en avait été très irrité, comme le montre une note dans son Journal, le 13 mai 1952.]
Mann est soulagé par la lettre de Kaufmann qui dissipe le malentendu ; il pensait que l’érudit avait été ennuyé par la lecture de Lotte, pour le désigner comme un modèle pour un sale faux ! Il est soulagé d’apprendre que Kaufmann aime beaucoup Lotte à Weimar » ; mais il surestime l’auteur de My Sister and I , s’il croit que son Goethe ait pu l’inspirer. « Wie muss der sich über die Lotte geärgert haben, dass er das Buch in diesen Zusammenhang zerrt und es als Vorbild für eine schmutzige Fälschung hinstellt! Und nun sehe ich zu meiner grössten Erleichterung und Erheiterung, dass es gar nicht so gemeint war und dass Sie im Gegenteil sogar Lotte in Weimar recht gern haben […] Aber den Autor von My Sister and I überschätzen Sie doch, glaube ich, wenn Sie meinen, dem könne mein Goethe es angetan haben »…
Il regrette de ne pas connaître le travail de son correspondant, alors qu’il connait assez bien la littérature de NIETZSCHE (« ich bin doch sonst recht beschlagen in der Nietzsche-Literatur »), et prie Kaufmann de lui en envoyer un exemplaire…
2 000 - 2 500 €


665
MANN Thomas (1875-1955).
L.A.S. « Thomas Mann », Erlenbach-Zürich 4 janvier 1954, à Willy HAAS ; 2 pages et demie in-8 à son en-tête et adresse ; en allemand.
Sur sa santé, ses difficultés à achever Felix Krull, et l’adaptation cinématographique d’Altesse Royale À l’écrivain et journaliste de Hambourg Willy HAAS (1891-1973), il confie qu’il souffre d’un furoncle sur la paupière inférieure droite et doit aller tous les jours chez le médecin, qui lui donne beaucoup de pénicilline, ce qui le fatigue. Il a hâte de s’attaquer à ces mémoires de Krull dont, ayant déjà un gros manuscrit, il aimerait boucler un volume, une première partie, à publier dès que possible, vers la fin de l’été. Si l’on découvre alors que ces plaisanteries ne sont plus de son âge (lui-même n’ayant pas beaucoup de respect pour elles), alors il arrête complètement de les faire et passe à quelque chose de plus digne : « Dabei habe ich es eilig, diese Krull=Memoiren voranzutreiben, von denen ich überhaupt, da genug Manuskript vorhanden ist, erst einmal einen Band, einen ‘Ersten Teil’ abstoßen und ‘an Tag geben’ möchte, so schnell die Herstellung es eben erlaubt, also etwa im Spätsommer. Findet man dann, daß diese Scherze garzu sehr unter meinen Jahren sind (ich habe selbst nicht viel Achtung davor), so höre ich überhaupt damit auf und sinne auf etwas Würdevolleres »… Puis il parle du cinéma, qui ne l’intéresse guère. Le cinéma muet (avec l’avantage de l’internationalité) était en plein développement lorsque le film parlé est arrivé et a fait reculer le tout. Maintenant, le tridimensionnel arrive ; mais tout ça est assez primitif. Il va souvent au cinéma, mais reste sur sa faim : « Der Film geht mich nicht sehr an. Seine Geschichte ist unerfreulich. Der stumme Film (mit dem Vorzug der Internationalität) war in bedeutender Entwicklung, als der Sprechfilm kam und das Ganze zurückwarf. Jetzt kommt der
Dreidimensionale und bringt nur Primitivisierung. So wie jeder technische Fortschritt. Darüber wäre natürlich allerlei zu sagen. Aber warum soll ich es tun? Ich bin kein Spielverderber und gehe ja auch öfters ins Cinema, wobei allerdings immer das Schlußergebnis ist: ‘Es ist halt bloß ein Film; da muß man ein Auge zudrücken’ »… Le film tiré [par Harald Braun] de son roman Königliche Hoheit (Altesse Royale ) est un spectacle agréable. Sa fille Erika [qui joue l’infirmière en chef Amalie] a été appelée trop tard, avec un scénario terminé qu’elle ne pouvait qu’améliorer un peu sur le plan formel, et une distribution déjà arrêtée : un Spoelman [le millionnaire, joué par Heinz Hilpert] impossible, Imma [Ruth Leuwerick] attirante, mais pas bien... [Dieter] Borsche [jouant le Prince], cependant, est excellent et exactement comme dans le livre – qui autrement n’apparaît que dans d’étranges motifs fragmentaires. Le public allemand aime les buissons de casques et le bon vieux temps. Mais Mann aimerait beaucoup que les efforts des réalisateurs soient récompensés, car le film vaut la peine d’être vu... « Königl. Hoheit ist eine ganz liebenswürdige show, und ich bin ja weitgehend entlastet durch das frei nach. – Erika wurde zu spät gerufen, bei fertigem Drehbuch, das sie nur formal etwas aufbessern konnte, und unabänderlicher Besetzung, der Spoelman ist ja unmöglich, Imma reizvoll, aber nicht richtig, und Überbein steht in der Luft. Borsche allerdings vorzüglich und ganz wie K. H im Buche steht, –das sonst nur in sonderbaren Motiv=Fragmenten durchschimmert. Dem deutschen Publikum gefallen die Helmbüsche und die Gute alte Zeit. Aber es soll mir sehr lieb sein, wenn die Unternehmer belohnt werden für ihren Aufwand. Sie waren hingebend in ihren Art und haben etwas wohl Sehenswertes zustandegebracht »…
On joint 4 fragments d’un devoir autographe de LOUIS DE France, le Grand Dauphin, corrigé par BOSSUET (mouillures et déchirures, papier très fragile).
2 500 - 3 000 €


MARTIN DU GARD Roger (1881-1958).
20 L.A.S. « Roger Martin du Gard », 1941-1958, à Maurice NOËL (une à Pierre BRISSON), au Figaro ; 24 pages formats divers, plusieurs à son adresse à Nice ou à Paris, 4 enveloppes.
Correspondance au sujet d’articles à faire paraître dans le Figaro ou le Figaro Littéraire, et sur André GIDE.
25 mai 1941. Il demande de publier un écho pour marquer son désaccord avec son cousin Maurice Martin du Gard, favorable à Vichy. 23-28 avril 1943 . Il s’inquiète de GIDE, dont on avait faussement annoncé la mort et qui se trouve toujours en Tunisie. 26 novembre 1949 , pour démentir un article de Match annonçant le dépôt d’un manuscrit de 10 kilos chez Gallimard (article joint). 4 décembre 1949 , sur la mort de sa femme. 12 novembre 1951 Il est chargé par Jean Schlumberger de remettre « le texte de la “lettre” que les exécuteurs testamentaires de GIDE vous seraient reconnaissants de bien vouloir mettre en bonne place dans votre numéro de cette semaine ». Janvier 1952 . Au sujet de son article sur Gide, avec une lettre de Jean Delay rectifiant une citation. 31 Janvier 1953 , autorisant la publication de cet article dans le Neue Zeitung. 4-10 janvier 1958 . Sur la parution des Thibault en URSS :« Comment ne pas soupçonner que c’est à votre obligeant remue-ménage, que je dois, après trente ans de silence russe, de recevoir enfin une lettre de l’Union des Écrivains soviétiques , qui m’annonce, non seulement l’envoi d’un exemplaire de la nouvelle traduction, mais encore la communication des comptes-rendus de la critique russe »…
On joint 10 L.A.S. d’Edmond ABOUT, 1876-1877, la plupart à sa femme ; belles et longues lettres intimes, avec de piquantes anecdotes.
800 - 1 000 €
667
MAUCROIX François, abbé de (1619-1708).
L.A.S. « Maucroix », Reims 2 novembre 1683, à Nicolas BOILEAU ; 2 pages et demie in-8, adresse avec cachet de cire rouge.
Belle et rare lettre de ce poète et traducteur, ami de La Fontaine et Boileau
Il prie Boileau de donner six louis d’or à leur ami Cassandre, afin qu’il achève une constitution de rente, ou quelque bâtiment qu’il a entrepris : « je vous les feray rendre par Monsieur Rainssant qui sera dans quinze jours à Paris ; car vous sçaurés que M. l’archeveq. de Reims, nous enleve notre Esculape, et le donne a Monsieur de Louvois pour son medecin ; il faudra être bien mal conseillé pour tomber malade à l’avenir dans la cité du Sacre, ce sera bien cette fois là qu’on dira personne ne voudra plus etre malade »... On pourra donc jouir de Rainssant à Versailles et à Saint-Germain. « Je luy dois cette justice de vous asseurer qu’il ny a personne qu’il ayme plus que vous après qu’il a dit sur le bel esprit tout ce que tout le monde en dit »... Maucroix a appris que Boileau avait déménagé : « vous habités le Palais du Silence
cest a dire le cloistre de Notre Dame ; Dieu vous y conserve de longues années, si je retourne jamais à Paris, je ne manqueray pas de vous aller rendre mes devoirs. Je vois votre maison d’icy ». Il charge Boileau de ses « baise-mains » à RACINE. « Je ne scay si LA FONTAINE luy aura dit que M r de Colligny n’a pas icy les papiers dont vous avés besoin. Il sera bien-tost a Paris vous pourrés le voir. Il loge rüe des Bons Enfans ce me semble, c’est une rüe ou sont les Ecuries du Palays royal, rüe qu’on a elargie et ou l’on a fait beaucoup de belles maisons ».
700 - 800 €
668
MAUPASSANT Guy de (1850-1893).
MANUSCRIT autographe, Un clou dans la serrure Rôle de Malvina , [1877 ?] ; 20 pages in-8 carré en un cahier broché.
Témoignage des divertissements théâtraux de Maupassant à Étretat
Maupassant, séjournant chez sa mère dans la villa Les Verguies , écrivait à son ami Robert Pinchon : « À la demande générale, je me suis décidé à ouvrir dans le salon un théâtre de société où nous réunirons la plus brillante compagnie. Il ne me manque que des pièces à jouer. Si tu as dans tes bouquins trois ou quatre jolies comédies de société, apporte-les [...]. Il faudrait qu’elles fussent à trois, quatre ou cinq personnages, pas plus, et farces autant que possible » (Étretat, septembre 1877).
L’écrivain, qui tint des rôles dans ces représentations avec des amis comme Pinchon ou Louise de Miramont, avait écrit lui-même quelques pièces de théâtre à partir de 1874, dont la fameuse À la Feuille de rose , représentée pour la première fois en 1875 en privé à Paris, et Histoire du vieux temps , montée en février 1879 au Troisième-Théâtre-Français. Manuscrit de scène dans lequel Guy de Maupassant a copié de sa main les répliques du personnage de Malvina dans la pièce Un clou dans la serrure . Cette comédie de Pierre-Eugène Basté dit Eugène Grangé et de Pierre-Antoine-Auguste Thiboust dit Lambert-Thiboust, avait été créée au théâtre du Palais-Royal le 20 janvier 1865. Le présent manuscrit comprend, outre les répliques du personnage de Malvina, les derniers mots des répliques d’Hector. Une autre main a ajouté au crayon des indications scéniques. La pièce est construite autour d’une situation vaudevillesque : Hector, célibataire, croit pouvoir tirer profit de la solitude forcée de sa belle voisine Malvina, délaissée par son mari conducteur de train. Il place un clou dans la serrure de l’appartement de celle-ci pour l’empêcher de rentrer chez elle, et l’attire chez lui. Malheureusement, le mari rentre peu après ; la situation se dénouera au prix de quelques quiproquos et scènes particulièrement « farces ».
On a joint la photocopie de l’édition de cette pièce (Paris, Michel Lévy frères, 1865).
1 500 - 2 000 €





669
MAURIAC François (1885-1970).
2 L.A.S. « F.M. » et 2 L.S. « F. Mauriac », Paris 14 février -11 août 1950, à Roger NIMIER ; 6 pages formats divers, 2 à en-tête du Figaro, 2 enveloppes.
14 février : il est prêt à recevoir l’ami de Nimier [probablement Roland LAUDENBACH], en vue d’une collaboration à la Table Ronde , bien qu’il y voie des objections : « votre ami est si marqué politiquement »… – 30 mars. Mauriac se dit déconcerté à la lecture du livre de Nimier [Le Grand d’Espagne ] et préfère ses articles : « je suis extrêmement sensible à votre ironie ; l’impression que j’ai eue dans le livre, c’est qu’elle n’embraye pas sur le réel ». – 20 avril : il a reçu son nouveau livre [Le Hussard bleu] : ces pages « n’ont rien perdu de leur succulence » ; il a demandé à Roland L[audenbach] de ne plus mettre les pieds au Figaro ; il l’accuse de trahison, mais ne met pas Nimier dans le même sac : « Vous n’avez pas essayé de livrer à l’ennemi la Revue que nous avons faite »…11 août. : Nimier est en vacances à Saint-Jean-de-Luz, avec son ami Yves Duparc [Eric OLLIVIER, ancien secrétaire de François Mauriac] : « il vous aime beaucoup, il me semble, autant que le permet la substance granitique dans laquelle il a été sculpté. Et moi aussi je vous aime beaucoup aussi »…
400 - 500 €
670
MAURIAC François (1885-1970).
MANUSCRIT autographe signé « F.M. », Le Secret de Racine , [1955] ; 3 pages in-4 avec ratures, additions et corrections.
Article sur RACINE, publié dans Le Figaro littéraire du 2 avril 1955. Mauriac demeure étranger au débat à propos des beaux vers de Racine : « je serais tenté de répondre qu’il ne se trouve pas de beaux vers dans Racine, je veux dire : aucun qui puisse être détaché du contexte. […] Ce qui appartient à Racine, c’est la continuité rigoureuse non d’un discours comme dans Corneille, mais d’une passion pensée, exprimée, clarifiée, mise au net, par un petit nombre de mots très ordinaires, qui composent une musique. Musique sans dissonance ni accord appuyé, – suggestive certes mais qui interdit le rêve, liée qu’elle est à une réalité d’ailleurs atroce. Aucune échappée, comme dans Shakespeare, aucun regard à l’étoile, jamais le moindre répit pour se détourner de l’horreur présente et pour méditer calmement sur le destin des autres hommes. Nous sommes enfermés dans la cage, entre les barreaux de vers tous pareils, face à des passions nues qui se regardent et qui se décrivent et qui se racontent avec une lucidité que leur fureur ne limite ni n’altère »… Cela ne saurait plaire aux Français, aux Romantiques, ni d’ailleurs aux tragédiens qui n’existent plus depuis Mounet-Sully… Et de terminer par des questions sur « le chrétien Racine » : « la tragédie racinienne appelle l’Incarnation : son horreur exige un Rédempteur. […] La conversion de Racine n’est certes pas un phénomène étranger à la tragédie de Racine, celle qu’il a écrite, celle qu’il a vécue… Mais cela nous mènerait loin »…
800 - 1 000 €



MÉRIMÉE Prosper (1803-1870).
L.A.S. « P. Mérimée », Paris 19 juin [1866, à Léon PILLET] ; 4 pages in-8 (copie jointe).
Belle lettre évoquant Venise et Colomba [Léon PILLET (1802-1868), journaliste et librettiste, avait dirigé l’Opéra de 1840 à 1847 ; il fut ensuite diplomate et finit sa vie comme consul général à Venise.] Il évoque d’abord sa photographie, « image fidèle de mes faibles attraits […] Sauf la neige qui est tombée sur vos favoris et sur ma tête, accident malheureusement particulier à notre génération, il me semble que nous sommes restés debout solides au poste au milieu des ruines, aussi jeunes qu’il y a vingt ou vingt-cinq ans. Cela tient sans doute à notre grande vertu ! […] Je suis un peu poussif et les grands hommes qui aspirent à l’Académie française peuvent prétendre que je suis asthmatique, mais je compte bien les faire attendre quelque temps encore. Je me défends de mon mieux ; je passe mes hivers au soleil. C’est à mon avis la meilleure médecine, et je vous la recommande. Vous vous trouvez bien à Venise et vous n’êtes pas dégoûté. Vous ne trouverez nulle part de ville plus aimable ni d’aussi bonnes gens. J’ai bien peur qu’on ne nous gâte ces beaux palais qui ne sont pas trop solides. […] Est-il vrai à ce propos qu’il y ait dans S t Marc des tassements inquiétants. Lorsque j’y étais il y a quelques années l’édifice me semblait bien malade, et je n’ai pas entendu dire qu’on y fait des réparations ».
Le public de Paris « a une peur bleue de la guerre et gémit des discordes européennes avec une sensibilité vraiment touchante » ; mais au ministère on ne fait rien : « Nos généraux prétendent qu’en cas de nécessité nous serions prêts en quinze jours, selon notre vieille habitude de faire les choses vite et bien »... Il annonce qu’on va « jouer un opéra de Colomba », musique de Membrée et livret d’Hector Crémieux : « Tous les deux me disent que leur petite drôlerie est excellente »… Correspondance générale , t. XIII, n° 3939.
600 - 800 €
672
MÉRIMÉE Prosper (1803-1870).
3 L.A.S. « P r M. », 1853-1862, à Léon de LABORDE ; 8 pages et demie in-8.
Amusantes et intéressantes lettres à son ami historien et bibliophile
Madrid 25 novembre 1853 . Amusantes anecdotes sur la marquise d’A., « valencienne très rebondie, (rebondissante même à ce qu’on dit) ». Arrivée du Brésil de Juan VALERA. Railleries sur les ambassadeurs du Paraguay, « élevés par les Jésuites ». Bal à l’ambassade pour la Sainte-Eugénie. La situation politique en Espagne : « Nous sommes en grande crise ministérielle. Le Sénat se révolte. On parle de coup d’état. Il s’agit de savoir si le comte de San Luis aura les épaules assez fortes pour s’en tirer avec élégance comme disait Archambaud de Talleyrand. Il y a en réserve Narvaez, qui affecte de se tenir à l’écart et qui est parti aujourd’hui pour Loja au fin fond de l’Andalousie. Je veux assister à quelques séances des Cortés et puis je me mettrai sérieusement en route malgré le froid qui est sec et coupant comme tout ». Découverte à Tarragone de tombeaux « avec des hiéroglyphes, ou soi disant tels »… [Fin février 1861]. Au sujet de « Monseigneur » (le comte WALEWSKI) dont il est impossible d’obtenir une audience : « Rien n’y fait. Il est obligé d’aller au bois et cep[endan]t ce n’est pas cela qui lui manque ». Il parle aussi du maréchal Vaillant et d’Hortense Cornu à propos d’une pétitionnaire « papiste et légitimiste », puis de l’assassinat du président POINSOT : « Est-il vrai que Mr Poinsot se fût procuré un fils naturel dont il aurait violé ou séduit la femme, et que ce fils sous prétexte de se venger aurait escoffié l’auteur de ses jours ? On m’assure que la justice craignant qu’on ne soupçonne ses mœurs déjà si décriées par les excès de M. Partarieu-Lafosse aurait calomnié ce pauvre Jud qui n’aurait eu d’autre tort que de jeter un russe par la portière d’un wagon, avec cette circonstance atténuante que le Russe aurait été trouvé culotte à bas sur la voie »… Cannes 12 janvier 1862 . « J’ai déjeuné les fenêtres ouvertes. On
se plaint beaucoup de la saison. On craint que les orangers ne fleurissent. Il fait chaud comme en été. Pas un nuage au ciel, pas une ride sur la mer. J’espère que vous êtes dans la neige fondue. […] malgré tout ce que le ciel fait pour moi, je sens mon coeur palpiter comme il faisait dans ma jeunesse, avec cette particularité que souvent il me coupe le respirant, et me fait croire que je suis dans le cas (expression napoléonienne) d’aller voir les sombres bords. Aussi je compte laisser mes très honorables collègues discuter l’adresse sans moi. Je mets au cabinet le discours que j’avais préparé pour notre S. P. le Pape et je ne m’applique plus qu’à soigner mon cœur et mes poumons ». Il parle de Victor COUSIN « qui est un trésor en ce pays de province, pour la quantité d’idées qu’il remue dans un quart d’heure. Il essaye de se guérir d’une laryngite en donnant des séances d’éloquence de quatre heures sans débrider aux Cannais. L’autre jour à dîner chez nous, mangeant une pomme de terre il cassa son ratelier. Nous n’avons ici qu’un dentiste qui demeure dans une charrette à deux pas de chez moi, et qui est en même temps renommé pour ôter les cors, couper les chats et tondre les chiens. Cependant il a fait preuve de grande philosophie et il parle toujours aussi bien avec ce qui lui reste de mâchoire ». Suit une longue liste de corrections pour les épreuves de la Correspondance de Napoléon I er Il ajoute pour finir : « Les anémones commencent à se montrer mais on ne connaît pas encore les bleues des rouges »…
On joint une petite L.A.S., mercredi soir [1854], à propos de volumes illustrés (1 p. in-8).
500 - 700 €
673
MÉRIMÉE Prosper (1803-1870).
L.A.S. « P r.M. », Cannes dimanche [29 mai 1870, à la comtesse de BEAULAINCOURT] ; 4 pages in-8.
Mérimée va partir pour Paris. Mme de Montebello est « aussi mal que possible », le général de Goyon est « bien duement mort »...
Sur la politique et le fractionnement des partis : « C’est un symptôme qu’on ne gouverne pas et qu’on n’a pas de confiance. Ce n’est pas la confiance qui paraît faire défaut à M. Émile OLLIVIER. Je doute qu’il se rende bien compte de ce qu’il fait. Il a besoin de faire quelque chose et n’y regarde pas de trop près ».. À propos des touristes anglais assassinés à Marathon : « Lorsque j’étais en Grèce il n’y avait pas de voleurs ou plutôt ils ne travaillaient pas de leur métier, car dans ce pays on est toujours voleur, mais on cumule avec d’autres professions. Le général Grivas mon ami par exemple était alternativement ministre de la guerre et capitaine de voleurs, assez bon diable dans ce double emploi »... Correspondance générale , t. XV, n° 4760.
On joint 6 L.A.S. de Jules MASSENET, Égreville juin-juillet 1900, à sa fille Juliette et son gendre Léon Bessand, sur sa vie à la campagne, et sur Le Cid.
400 - 500 €


674
MÉRIMÉE Prosper (1803-1870).
L.A.S. « P r M », Cannes 13 septembre [1870, à la comtesse de BEAULAINCOURT] ; 2 pages et demie in-8.
Une des toutes dernières lettres de Mérimée, après la capitulation de Sedan et quelques jours avant sa mort [Mérimée meurt le 23 septembre (on ne connait que 3 lettres postérieures à cette date).]
« Connaissez-vous dans l’histoire une catastrophe plus soudaine et plus épouvantable ! Quel désastre qu’eût pu rêver l’imagination la plus noire, a été dépassé par la réalité. Je croyais que l’Emp r se ferait tuer. Les boulets à ce qu’il paraît n’ont pas voulu de lui et il a été remettre son épée au roi. Et cette révolution qui se bâcle en cinq minutes, non plus dans une assemblée cette fois, mais dans un corridor, et ce gouv t qui n’a pas d’origine, pas de cohésion, qui n’a que deux hommes éloquents, sans habitude des affaires, et un certain nombre de doublures, vieilleries ridicules à leur parti même. Qu’attendre de tout cela ? Observez encore, Madame, que nous n’en sommes qu’à un prologue. La tragédie va commencer pour nous après la paix. Vous représentez-vous la force d’un gouvernement qui aura signé un traité avec M. de Bismark, et cela lorsque toute la nation est en armes comme aujourd’hui. Il faudrait des hommes à ce pauvre pays ».
Il est triste de n’avoir pu dire adieu à l’Impératrice, « à qui l’adversité avait ajouté une auréole. Elle en avait une la dernière fois que je l’ai vue. Elle n’avait plus la moindre illusion et disait que ce qu’elle désirait par dessus tout pour son fils, c’était une vie heureuse et sans ambition.
J’ai toute ma vie cherché à être dégagé de préjugés, à être citoyen du monde avant d’être Français, mais tous ces manteaux philosophiques ne servent à rien. Je saigne aujourd’hui des blessures de ces imbéciles de Français, je pleure de leurs humiliations, et, quelque ingrats et absurdes qu’ils soient je les aime toujours »… Correspondance générale , t. XV, n° 4804.
600 - 800 €


675
MICHAUX Henri (1899-1984).
L.A.S. « Henri Michaux », [Paris 25 janvier 1931], à Camille GOEMANS à Bruxelles ; 2 pages in-12, adresse au verso.
Sur les droits de traduction de ses œuvres [Écrivain et marchand d’art (notamment pour Dali et Magritte), Camille Goemans (1900-1960) avait été camarade de lycée de Michaux, dont il restera l’ami.]
« Pour ce qui est des traductions tu sais que c’est l’éditeur étranger qu’il faut déterminer à accepter ouvrages à traduire et traduction (l’éditeur à traduire acceptant généralement). Ne croie donc pas qu’on t’ait oublié. Quant à ce que tu me veux bien me proposer, voici : En Allemand rien à faire. J’ai cédé mes droits pour traduction (en revue) à Hermann Kester d’une part et Walter BENJAMIN d’autre part. Reste la traduction en Hollandais. Les éditions Carrefour ne possédant aucun droit de traduction, je suis prêt à te céder non pas les 50 % habituels mais les 75% des droits pour la traduction. Mais comme seuls des fragments sont susceptibles d’être acceptés, cela même en florins ne te fera pas une fortune, je le crains. [...] Il s’agirait seulement de trouver une publication qui accepterait. Ceci concernant Un certain Plume . Concernant Mes propriétés , les droits seraient de 50%. Je m’arrangerais facilement avec Fourcade. Mais s’il s’agit d’Ecuador, je n’ai rien à dire, il faut s’adresser à Aaron à la n. r. f. »…
500 - 700 €

676
MITCHELL Margaret (1900-1949).
L.S. « Margaret Mitchell Marsh (Mrs. J.R. Marsh) », Atlanta 18 mars 1936, au Dr. Charles Warren EVERETT ; 6 pages petit in-fol. (28,2 x 18,3 cm), avec quelques corrections à l’encre (petites fentes aux plis) ; en anglais.
Longue lettre relative à Autant en emporte le vent (Gone with the wind ), deux mois avant la publication du roman
[Le Dr Charles Warren Everett, professeur au Columbia College, avait travaillé comme lecteur pour l’éditeur Macmillan et examiné le manuscrit de Mitchell avec enthousiasme, amenant la signature du contrat avec la maison d’édition. Il incita Mitchell à approfondir ses recherches sur la guerre civile et à réviser considérablement son roman.]
Margaret Mitchell remercie Everett pour son soutien et décrit son travail pour l’écriture du livre. Elle retrace la genèse de son roman, commencé pour le plaisir alors qu’elle était en convalescence après une fracture de la cheville.. La guerre civile était l’une des rares choses qu’elle connaissait un peu. Le prénom de l’héroïne, Pansy O’Hara, fut changé en Scarlett, etc. Avant d’envoyer son livre à un éditeur, son mari fut son seul lecteur, un lecteur qui a pour la langue anglaise un grand respect qu’elle ne partage pas. Après la recommandation d’Everett qui déboucha sur le contrat, Mitchell comprit la nécessité de vérifier avant la publication l’exactitude de chaque ligne et de chaque mot de cet énorme manuscrit : les gens disposaient-ils de brosses à dents à l’époque ? le général Johnston avait-il bloqué le général Sherman à Kennesaw Mountain 27 ou 30 jours ?... Chaque détail devait être vérifié… Elle prend plaisir à rappeler les remarques flatteuses d’Everett sur son écriture, le rythme de sa prose, ce qui provoqua de nombreuses plaisanteries dans le cercle familial et domestique... Etc.
4 000 - 5 000 €
677
MONTHERLANT Henry de (1895-1972).
MANUSCRITS autographes pour Malatesta , [1943-1944] ; 31 pages in-4, la plupart au dos de tapuscrits.
Manuscrits de travail abondamment corrigés pour Malatesta, pièce en 4 actes terminée en février 1944 et publiée en 1946 en Suisse, quatre ans avant d’être créée au Théâtre Marigny par Jean-Louis Barrault le 19 décembre 1950. Barrés de traits obliques après réécriture, ces fragments correspondent à l’acte I, scènes 1, 5, 7, 8 et 9 ; acte II, scènes 1 à 5 ; acte III, scènes 5 et 6 ; acte IV, scènes 1, 4, 7 et dernière.
1 000 - 1 200 €
678
MONTHERLANT Henry de (1896-1972).
16 L.A.S. « Montherlant », 1959-1965, à Michel de SAINT-PIERRE ; environ 23 pages in-8 et 2 pages in-4, enveloppes.
Correspondance amicale et littéraire
27 février 1960. Son correspondant lui réclame avec insistance un autographe « concernant l’article que vous avez consacré au Cardinal [d’Espagne ] ». Il tique sur le fait qu’il ait parlé de « naïveté pcq. ça sera repris contre moi : on dira que je suis un idiot, ce qui est d’ailleurs partiellement vrai ». Il reconnait être parfois naïf dans sa conduite, mais « je n’ai jamais de naïveté dans mon art. Je n’y perds jamais la lucidité. Ce que vous appelez naïveté, c’est une certaine façon de sortir ses tripes, ou d’ouvrir son cœur », elle est consciente et voulue : « je l’ai eue dès le début ; L’Exil, écrit à 18 ans, est fait de cela »… – 21 mars . Il remercie pour son article « Je ne demanderais pas mieux que d’avoir confiance […] mais j’ai été trompé trop de fois. […] mais pourquoi ne serais

à mon aise que si je fais parler les rois ? Et les enfants de la Ville [La Ville dont le prince est un enfan t] ? Et les Carnets qui sont la simplicité même ? et tous mes essais ? »… – 29 mars . Il remercie des félicitations pour son élection à l’Académie Française (sans en avoir fait la demande) : « Anticonformisme, bon. Mais il y a aussi l’occasion d’être courtois avec ceux qui ont fait ce passe-droit. La politesse elle aussi est une prison » : les « entourloupettes » vont maintenant commencer !… – 20 août . Il revient sur une citation de GOETHE , et souhaite à son ami « un heureux et fécond travail. À moi cela m’est interdit », car il a été repris de vertiges et connaît plusieurs problèmes de santé, notamment à cause de séquelles de la guerre de 40… – 26 décembre . Il commente l’actualité, et analyse leur époque… 27 avril 1961. « Votre étude est très bien, et j’y vois une nouvelle marque d’amitié. […] j’ai approuvé particulièrement vos paroles sur “l’austérité” ». Il a fait à la Sorbonne une lecture de son article sur GENEVOI x , sans provoquer les remous attendus : « Malheur aux anciens combattants »… – 4 février 1963. Il donne son accord pour une émission de radio, pour laquelle il promet d’envoyer auparavant les bonnes feuilles. Il recommande cependant de ne pas lire le roman dans l’édition Lefèvre : « J’ajoute toujours beaucoup sur épreuves et l’éd. Gallimard est la seule au point »… – 18 septembre 1964 . Remerciements pour l’envoi des Nouveaux Prêtres : « Quand je considère le catholicisme, je me sens nettement “intégriste” » ; jugement critique sur l’Église contemporaine… – 5 janvier 1965. « J’aime bien votre article, non seulement pcq. il m’est favorable (soyons naturels), mais aussi pcq il contient de belles formules d’écrivains. Il a lu qu’il le traitait « régulièrement de vieux shnock » dans ses conférences en province : « changé en aigle, cette fois, je me plais mieux ». Il travaille sur ses corrections d’épreuves et affronte surtout cinq semaines de répétitions… Etc.
On joint 5 L.S. du même au même (1969-1972, plus une copie) ; 1 page dactylographiée d’un article de Montherlant sur le film Les Nouveaux Aristocrates (dont Saint-Pierre est le dialoguiste) …
800 - 900 €


679
MORAND Paul (1888-1976).
26 L.A.S. « PM » et 2 L.S., 1961-1962, à Roger NIMIER ; env. 38 pages formats divers.
Intéressante correspondance amicale et littéraire, interrompue par la mort accidentelle de Nimier Morand, homme pressé, raconte à son ami, avec d’amusants détails, ses voyages ; il le charge aussi de plusieurs missions et services à Paris, auprès de leurs amis, des éditeurs, en particulier Gallimard (où travaille Nimier, et l’éditeur de Morand) ; il se tient au courant de la vie parisienne, demande de lui envoyer des ouvrages, etc. Nous ne pouvons en donner qu’un trop rapide aperçu. Marbella Janvier 1961. Morand fait en voiture le trajet de Paris à Marbella, où il séjourne tout le mois, en vacances studieuses. La traversée de la France et de l’Espagne se passe bien, le séjour aussi, avec d’amusantes anecdotes : location d’un alezan « qui sert pour les films ; c’est la Bardot de l’Espagne […] j’ai l’air d’un général vainqueur […] Il peut aussi faire la cabrade ; je ressemble alors au Louis XIV de la Place des Victoires, perruque en moins »… « 17 jours de soleil ! […] J’ai recueilli un chat rouge ; il mange du melon »… Morand se plaint des langoustes trop grosses et fades, mais se réjouit d’avoir réussi un homard à l’armoricaine et régalé ses invités ; il fait l’éloge du vin de Valdepeñas « vin des outres transpercées par Don Quichotte »… Il a aussi un poussin qui « a tué sa femme à coup de bec et son veuvage le rend radieux »… En ce qui concerne les Mémoires de CHA p LIN , qui est actuellement à Londres, tout est concentré par son éditeur anglais. Morand réclame les derniers ouvrages de Marcel AYMÉ et de Simone de BEAu VOI r [La Force de l’âge ], et s’exclame plus tard : « Que mal me fasse d’éditer du S. de B EAu VOI r ! »... Il rappelle d’écrire à leur ami Louis M ALLE… La Guilde du livre voudrait faire une édition de son Fouquet ou Le Soleil offusqué (1961, Gallimard) : « Je ne pense pas que Gaston [GALLIMA r D] aime ces sous-cessions ? Qu’il décide, le livre est à lui »… Il a reçu « un exemplaire d’une édition de mon roman Montociel sous couverture N.R.F. », projet dont il n’avait pas de nouvelles : on ne lui a rien dit des conditions dans lesquelles ces invendus de Bourquin d’il y a 15 ans, alors interdits en France, avaient été repris par Gallimard. Son contrat avec Bourquin est-il annulé ?... Il envoie un extrait d’une superbe lettre qu’il a envoyée à CHA r DONNE (23/01 ; 2 p. dactyl. avec corrections autographes)… Souvenirs de Franck HA rr IS qu’il a connu : « l’ami pas sérieux de gens sérieux ; il était maître chanteur […] ; très méprisé partout ; de l’esprit, moins que Wilde dont il avait été le commensal »… – 31/01. Très belle lettre sur SAKI dont il avait publié une nouvelle dans son recueil de nouvelles anglaises Union Jack. Nouvelles anglaises choisies et présentées par Paul Morand (Gallimard 1936).
1962 Vevey 20-22mai. Il envoie à Nimier deux nouvelles : Caïd et Dîner de Cazotte ; il cuisine en suivant les recettes de Jours de France ; il plaisante : « Ne vous faites pas arrêter pour port illégal d’intelligence dans Candide , avant mon retour. Pourquoi rester dans une feuille qui n’a plus de sous ? ». – Juin . Projet pour la collection La Pléiade : Il faut « faire la part des grands gastronomes classiques en 3 volumes : 1/Grimod de la R. 2/Brillat S. 3/Carême 4/Gouffé 5/Escoffier 6/Ali Bab »… Lettre d’affaires de Londres ; il signale des succès de librairie anglais utiles pour de futures traductions… – Juillet. Il va parler de CLAUDEL à la télé ; propositions de Robert Laffont… Fermé la nuit a été primé en Suisse, Gallimard ne refuserait pas qu’il le publie chez un éditeur suisse ?... « COCTEAu regroupe ses amis autour de Fraigneau. Il ne faut jamais se défendre, autrement que par son œuvre »… Il cite une lettre de LA r BAu D qui lui disait regretter le temps des voyages avec les premières voitures, où elles étaient si rares :
« Moi, je reste ce septuagénaire fou de vitesse, comme Hokusai de dessin (ce qui vaut mieux) ».. – Les Hayes 25 août . Il a essayé la recette d’omelette de Balzac : ça fait un soufflé raté ! Il a trouvé Jeanson excellent à la télé : « la Nouvelle Vague le rend fou ! ». Il a écrit pour la radio « un drame Allemagne XVIIe (Cour de Hanovre) », terminé Les Femmes de 1925 pour Marie-Claire ; il part bientôt à Vevey... Il jardine, composte, bricole, s’occupe des animaux, lit des détectives, cuisine. Il signe : « La Fraternité ou la mort »… – Août « Tous les serpents à sonates sont dans les festiveaux suisses »…
« Est-ce vrai ce roman de vous, annoncé ? Racontez ». Il demande des renseignements sur le contrat que Gallimard vient de faire à JO u HANDEAu ; ils ont exactement le même âge. Il a fini la 3 e nouvelle sur le cheval, et a rattrapé son retard. « NO ur ISSIE r est un malin ! (il n’est que cela !) »… Dernière lettre, du 23 août : « Cher Roger, je suis triste pour diverses raisons ; on l’est, ensemble. Mais la liberté, c’est sans prix. À condition de ne plus jamais l’aliéner ». [Nimier trouvera la mort le 28 septembre.]
On joint : – un manuscrit autographe, Projet d’interview de Paul Morand , au sujet de son Fouquet ou Le Soleil offusqué (2 p. in-4 ; questions en bleu et réponses en rouge) ; – un tapuscrit avec corrections autographes, Préface aux Dames Galantes de Brantôme (4 p. et demie) ; – 11 doubles dactyl. de lettres de Nimier à Morand (10 avril-17 août 1961).
2 500 - 3 000 €
MORAND Paul (1888-1976).
46 L.A.S., 1936-1967, à Pierre BESSAND-MASSENET ; environ 60 pages formats divers dont 5 cartes, quelques en-têtes, enveloppes.
Correspondance amicale et littéraire sur plus de trente ans Elle s’adresse à l’historien Pierre Bessand-Massenet (1899-1985), qui était en même temps l’éditeur de plusieurs des livres de Paul Morand. Collaborateur de Bernard Grasset puis administrateur de la maison Plon, il avait fondé les éditions La Palatine. Paul Morand se montre attentif, confiant et, comme à son ordinaire, disert et spirituel. Si dans ces lettres il est beaucoup question des œuvres en gestation, elles renvoient également maints échos de la vie mondaine et littéraire, et des ses déplacements : Paris, Londres, Vevey, Tanger, Villefranche-sur-Mer, Les Hayes, Bucarest, Genève, Montreux… La plupart sont signées de son nom, de son prénom ou de ses initiales, mais aussi de pseudonymes en 1944. 30 août 1936 . Il a envoyé un article de Salzbourg, et en propose un autre sur la chasse à courre ; en Angleterre, la chasse au renard ne date que du XIXe siècle ; « dans les chasses plus anciennes c’est la France qui enseigna l’Angleterre depuis les Normands »… – 31 décembre . On lui demande « un article sur les mémoires d’un français londonien », X.L. Boulestin. – 2 janvier 1937 : « l’Exposition intéresse beaucoup […] depuis qu’elle est finie. Je vous envoie un article sur le pavillon roumain, le mois suivant je pourrais grouper soit l’Asie, soit l’Amérique du Sud ». Il part chez Claudel dans l’Isère… 15 juillet 1941. « Je voudrais sous le titre de Pièces détachées , réunir 4 pièces de moi : 1. Le mouchard mouché […] 2. La matrone d’ Éphèse […] 3. Feu ! […] 4. Le Voyageur et l’amour […] Étant donné que 2 des pièces ont paru chez Grasset, j’aimerais mieux que ce fût lui qui éditât le tout »… – Bucarest 26 décembre 1943. « Le Turc annonce la paix pour le 17 janvier. Le Suisse pour fin février. Je n’en crois rien. Les germanophobes sont messianiques par prosémitisme (ou invers t). […] J’ai lu les 4 volumes de Lacour Gayet sur Talleyrand. Mon Londres est-il prêt ? Quand nos amis anglais pulvériseront le quai de Javel [Citroën], comme ils l’ont promis pour Christmas, allez voir le lendemain matin si l’avenue Ch. Floquet est démolie […] Ici, les avions viennent, mais sans lâcher de crottes. Est-ce parce que le Danube est la dernière barrière contre les Russes et que le Danube passé, rien ne les arrêterait jusqu’à Suez ? »… 12 octobre 1944, signée Robert Dulac : « Ovide remercie Mercure »… – 4 décembre, signée PmRobert, donnant des nouvelles « d’Ovide. […] Il relit tout Balzac en vue d’une future et éventuelle conférence ; quand on est solitaire on ne saurait sortir dans un meilleur monde »… – 20 décembre , signée Ovide, demandant que la Palatine lui envoie « mes crédits ici plutôt que de m’envoyer ailleurs ce dont je n’aurais nul besoin […] J’aimerais savoir comment s’est passé mon dédouanement littéraire et qui m’a défendu ? » 25 novembre 1945. Il demande la traduction des lettres de Byron à lady Melbourne. Un reporter idiot a fait un article sur « les Français d’ici », dit qu’il demande sa naturalisation, qu’il roule sur l’or et « toutes sortes de choses stupides ». Il demande de corriger le nom de son personnage Clarissa. – 24 décembre . Il parle longuement des Suisses et de la Suisse où il séjourne. Il envisage le titre : Le Cœur et les contributions ; mais il faudrait expliquer : « les contributions directes, pour qu’on ne croie pas que c’est une contribution à l’histoire du cœur ou qq. chose d’idiot dans ce genre »… 10 juin 1946 . Projet d’un livre sur Jean GIRAUDOUX : « Étant donné l’ampleur du sujet je suis d’avis de ne faire qu’un “Giraudoux jeune” suivi d’une cinquantaine de lettres inédites, soit à ma mère, soit à mon père, soit à moi. C’est un G. peu connu »… – Genève 9 décembre 1947, au sujet d’Abel BONNARD, qui voudrait rééditer son Stendhal . Demande de renseignements biographiques sur Giraudoux. – Vevey 5 octobre 1948, sur le livre de son ami : « je lis le présent à travers votre passé mieux que dans aucun journal ; l’histoire, comme la poésie, doit servir à pulvériser le Temps »… –26 novembre, sur son « petit livre » [Dostoïevsky, annonciateur de l’Europe russe ] : « le moment où l’irraison d’un homme se transforme en logique historique (tel que j’ai essayé de le fixer) est, en effet, hallucinant » ; son Proust n’a pas été réimprimé… – 24 janvier 1949. Il a emprunté à la Bibliothèque de Lausanne et perdu Le Greco ou le Secret de Tolède , et souhaite le remplacer ; Gallimard et Grasset

le réclament : « Je voudrais aider ces fidèles et anciens compagnons, mais la contemplation du nombril lémanesque m’endort. Et pourquoi travailler pour le fisc ? »… – 13 mai . « Je travaille, ce qui ne m’était pas arrivé depuis 2 ans. Vous ai-je dits que je ne sais quelle commission d’épuration de l’Instruction publique a déclaré qu’il n’y avait qu’à classer mes articles de guerre ? J’aime les artistes au débit lent ; mais comme j’aime aussi les œuvres, je voudrais un débit rapide : cercle vicieux »… – 26 mars 1951, après un déjeuner au Crillon : « Hélène trouve que [Jacques] LAURENT a l’aspect extérieur d’un génie. En tout cas personne n’est plus simple, plus plaisant et il a un regard qui ravit. Nimier est un hussard rose. […] J’ai corrigé les placards du Flagellant de Séville . J’attends les épreuves ». Il reproche à Suzy Mante de mal défendre la mémoire de son oncle PROUST, « insultée et bafouée par Malaparte » et autres… – 1er juin 1952, il a demandé en vain des comptes à Plon : « La littérature n’est vraiment pas la belle industrie qu’elle fut au XIXe ; nos confrères et pères épuisèrent la veine »… – 27 décembre : « Bonne année : Vigueur, Travail, Santé, bref toutes ces statues qu’on voit sur les frontons des monuments. J’y joins le Commerce et l’Industrie, toujours utiles, et l’Amitié, dans une niche plus profonde et plus pudique »… – Tanger 24 mars 1955 . Il regrette de n’avoir pas tenu régulièrement son journal : « tantôt je pensais que moins il resterait de traces de ma vie et mieux cela vaudrait ; tantôt j’espérais que le recul et l’oubli étaient nécessaires pour la reconstruction, sous forme romancée. Je n’aurai fait ni l’un, ni l’autre ». Quant à l’Académie : « Anormalement, à 40 ou 45 ans, c’était amusant. Normalement, c’est sans intérêt. Et ce n’est pas à l’âge où je cherche à m’alléger et à couper les dernières amarres, que je vais m’attacher à un vieux bateau »… – 8 octobre 1955 . Il a été « réintégré dans les cadres du Quai et mis à la retraite, avec une “reconstitution” fictive de carrière qui me rétrograde en qualité de ministre. Tout cela est comique »… –Tanger 29 avril 1956 . « J’ai trouvé Tristes tropiques de premier ordre. Cela sort de l’ordinaire. C’est rare qu’on lise un livre de voyages, en regardant le nombre de pages restant, et en les voyant avec regret diminuer »… – Londres 1er janvier 1960 : « Mais d’où vient cette population genre St Germain-des-Prés, dont Londres est plein ; cela parle anglais, mais avec des barbes en collier, des blue-jeans, des filles en BB. Sont-ce des étudiants ? Pas plus de 18 ans, rowdy et sales […] L’Anglais à parapluie se cantonne de plus en plus dans la cité »… – 5 novembre . Dénonciations lors de l’affaire académique. « C’est déjà difficile de vivre avec une femme mais avec 60 hommes ! […] Voilà l’Autre [De Gaulle] à la tête d’un front popu. La IVe, un piédestal qui changeait de statues ; la Ve, une statue qui change de piédestal (ou de piédestaux) ». – 31 octobre 1961. « Londres est un souci quotidien. Arrivé à pied d’œuvre, la tâche est immense. Je ne puis m’y mettre en six semaines. Un nouveau livre, vraiment ; cela ne se bâcle pas »… Etc.
5 000 - 6 000 €

681
NIMIER Roger (1925-1962).
4 L.A.S. « Roger Nimier » et « Roger N. », [vers 1954, à Jacques CHARDONNE] ; 10 pages petit in-4 et 4 pages in-8, à l’encre verte.
Belles lettres du jeune Nimier à son « cher Maître », discussions littéraires et début du travail sur la publication de leur correspondance [Chardonne, Lettres à Roger Nimier, Grasset 1954] Mardi. Il a apprécié Le Crépuscule des Dieux d’Élémir BO ur GES : « Curieux que cette époque ne soit pas encore très décantée, dans l’esprit du lecteur moyen. […] La littérature du XXe a une réputation de difficulté qui lui joue un tour »… Il se marie (3 mars 1954) : « Samedi, j’épouse une jeune-fille (c’est bien de mon âge !) »… – Sur MAur IAC :« Son charme très réel mériterait d’être mieux connu. Fiévreux + charmant, c’est pourtant une bonne recette de romancier »… Il a été emballé par le romande de Penn WA rr EN [Les Fous du Roi , Stock 1950] : « Un excellent roman, c’est de l’eau fraîche après des gorgées d’eau croupie. On ne devrait plus rien lire de ce qui paraitra dans la seconde moitié du siècle. Ce qu’il y a derrière nous est bien assez riche ». Claude-Edmonde MAGNY, « foncièrement timide et appliquée comme toutes les féministes contraintes », lui a fait l’éloge de son roman Le Hussard bleu . Il termine : « Cher Maître, vous avez ruiné le roman français. Attendez les Russes comme une sage punition »… –Sur la publication de leur correspondance : « Excellente idée : de toutes façons, vous auriez vu paraitre ces lettres un jour, avec des notes, des commentaires […] D’ici quatre ans une mort romantique ou un gentil petit roman aura rendu votre correspondant moins indigne. Les femmes ont toujours aimé l’uniforme et Madame SIMONE a été frappée par le fort tempérament de mes hussards »… Jeudi. « C’est moi qui taperai les lettres à la machine (avec de grandes marges) »… On joint le double carbone de 7 lettres dactylographiées de Nimier à Chardonne, 28 janvier-1er juin 1959, parlant de Cocteau, Morand, Jean Rostand, Jules Romains, Antoine Blondin, Louise de Vilmorin, etc.
500 - 700 €



NIMIER Roger (1925-1962).
7 L.A.S. « Roger Nimier » ou « Roger N. », [vers 1952-1955, à Jacques CHARDONNE] ; 8 pages in-4 et in-8, 2 à en-tête de la Revue Opéra , une des Cahiers de Elle et 4 du Nouveau Femina
Nouvelles éditoriales et potins divers Il est question d’articles pour les revues, d’écrits de Marcel Arland, de Marc Bernard, de maisons d’édition, des Matinales de Chardonne (1956), d’un manuscrit qu’il n’a pu relire, trop fatigué « parce que j’avais baisé toute la semaine ». Une lettre évoque François MAURIAC qui « devant Le Salaire de la Peur, a été frappé au cœur par le visage d’ange d’Yves MONTAND. Remarquons que ce dernier représente à peu près ce qu’il y a de mieux comme garçon coiffeur pédéraste. Mais depuis Cocteau, on va chercher les anges n’importe où. Je tremble pour les raisons qui ont poussé Mauriac à s’intéresser aux jeunes arabes progressistes »…
On joint le double carbone de 5 lettres dactylographiées de Nimier à Chardonne (septembre-octobre 1959).
600 - 800 €
683
NOAILLES Anna de (1876-1933).
MANUSCRIT autographe signé « C sse de Noailles », Le Vrai Visage de la gloire , octobre 1926 ;18 pages oblong in-4 ; avec le tapuscrit corrigé et les épreuves corrigées, le tout monté sur onglets et relié en un volume in-4 demi-maroquin à coins grenat ( René Aussourd ).
Ensemble des différents états de ce texte sur Edmond ROSTAND
Préface au livre de Paul FAURE, Vingt ans d’intimité avec Edmond Rostand , (Paris, Librairie Plon, 1928) ; le texte a paru isolément dans Les Annales
* Manuscrit de premier jet, abondamment raturé et corrigé, première esquisse très différente du texte définitif ; il commence ainsi :
« C’est le dernier bonheur de l’amitié divisée par la mort, d’être le miroir durable des visages disparus »…
* Tapuscrit dicté par Anna de Noailles à sa secrétaire, avec des corrections et d’importantes additions autographes, notamment toute la conclusion (19 pages).
* Épreuve corrigée (timbre à date de la Librairie Plon, 14 mars 1928), avec de nouvelles additions autographe (18 p. in-8).
* Épreuve corrigée pour Les Annales , avec correction et additions autographes (2 ff. in-fol.).
1 000 - 1 500 €
PROVENANCE
Collection du Dr LUCIEN-GRAUX (ex-libris ; VIII, 198).
684
PAGNOL Marcel (1895-1974).
L.A.S. « Marcel Pagnol », Cagnes-sur-Mer [28 juillet 1945], au Directeur du Comptoir Forestier à Nice ; 2 pages et demie in-4 à en-tête du Domaine de l’ Étoile. Cultures florales et maraichères (bords un peu effrangés).
« Propriétaire du Domaine de l’ Étoile, j’ai demandé, en Novembre 1942, une carte d’exploitant forestier. L’exploitation […] n’avait pas pour but de gagner de l’argent, ni même d’abattre du bois : je désirais seulement sauver de la déportation un certain nombre de mes machinistes ou collaborateurs du studio de cinéma que je possédais alors à Marseille. Je les baptisais “bûcherons”, et j’ai le plaisir de dire ici qu’aucun d’eux n’est allé en Allemagne. Sans ce subterfuge, ils y seraient allés. Aujourd’hui, ce grave péril est définitivement écarté ». Il ne veut pas abattre les quelques arbres qui restent, et renonce au métier de forestier. Mais il compte remplir ses obligations, car il doit au Comptoir « 154 m 3 […] : je les fais préparer, avant d’arrêter le travail de mes hommes »…
On joint la copie carbone de la réponse dactyl., Nice 30 juil. 1945 ; une l.a.s. de Marguerite Rocher (1972) à propos d’une lettre de Pagnol (photocopie jointe) ; 2 coupures de presse.
500 - 700 €
685
PAGNOL Marcel (1895-1974).
MANUSCRIT autographe, Le Rire, Essai , [vers 1947-1949] ; cahier petit in-4 (22 x 17 cm) de 32 feuillets.
Brouillons pour les Notes sur le rire , et pourparlers avec Gaumont.
Cahier d’écolier à la marque Cortambert, intitulé sur la couverture « Le Rire. Essai » (30 pages), dans lequel Pagnol a esquissé ses Notes sur le rire , publiées chez Nagel en 1947.
Le cahier présente notamment le brouillon de l’« Avant-propos », biffé après rédaction d’une nouvelle version, dans laquelle ont dû être intégrés quelques passages ici découpés : « Il est bien téméraire d’écrire un essai sur le rire, après tant de philosophes et de moralistes, et surtout après Henri Bergson. Cependant, ma concierge a le droit de vote […] C’est cet exemple qui m’a donné l’audace d’écrire un essai sur le rire après Bergson, ou plutôt en même temps que lui, parce que son œuvre est si vivace que chaque édition en est la première »… Etc.
On trouve à la suite des notes pour le plan du livre, des « Critiques de Bergson » en 4 points numérotés, ainsi que des développements sur « l’Indifférence », ennemi du Rire, et sur le rire de la foule : « la foule rit plus facilement qu’un individu isolé »…
La fin du cahier est consacrée, en 1949, aux démêlés de Pagnol avec la Gaumont, protestant notamment contre les comptes incomplets qui lui sont fournis et les frais énormes de publicité, alors qu’il a lui-même assumé avec M. Roux une grande part de la publicité par des articles et des interviews (pour La Belle Meunière ) ; on trouve également des brouillons de lettres et déclarations relatives à la dissolution de la société des Films Marcel Pagnol ; et des notes diverses, dont la liste de ses films en vue d’un travail de révision :
Regain ramener à 3.500
Angèle ramener à 3.700
Boulanger bien
Puisatier un peu long
César à raccourcir
Marius ’’
Fanny ’’
Schpountz à remonter
Topaze à remonter »… Etc.
1 500 - 2 000 €







686
PAGNOL Marcel (1895-1974).
L.A.S. « Marcel Pagnol », 6 décembre 1951, à « Jojo » [Joseph MARTINETTI] ; 1 page in-4.
Il envisage de vendre son château de la Buzine (évoqué dans Le Château de ma mère ) : « Envoie-moi d’urgence tout le dossier de la Buzine. J’ai un acheteur sérieux ! ». Il donne des nouvelles de son fils Frédéric qui, « brusquement transformé, va en classe avec joie, et gagne des kilogs de bons points. Il ne sait pas encore lire, mais il sait écrire beaucoup de mots »…
400 - 500 €
687
PAGNOL Marcel (1895-1974).
L.A.S. « Marcel », Monte-Carlo 28 décembre [1948] à « Marti » [Joseph MARTINETTI] ; 2 pages in-4 à son en-tête et adresse.
Au sujet de son film La Belle Meunière Il parle d’abord de son fils Frédéric qu’on a forcé à réciter une fable à une dame, et qui a dite : « Maître Corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec de LA ME r DE ». Puis il en vient au film : « Il faut refaire au plus vite les cinq ou six plans muets qui nous déshonorent. Donne trois exemplaires de la Belle Meunière à Morazzani, et dis-lui de prendre le copyright , de toute urgence, en mon nom. […] je crois qu’on peut passer à Nice avant le 20 janvier. Même dans le trou, notre première semaine remplira la salle, par curiosité. Après, le film sera lancé. On pourrait passer le 12. Mais peut-on avoir une bonne copie ?
J’ai ici celle du Rex : elle a par moments des bandes vertes. Je fais une affiche avec les critiques les plus féroces, pour la grande première de Nice »…
On joint une L.S. avec une ligne autographe à M. Colas, 17 mars 1967, au sujet d’un problème mathématique (1 p. ½ in-4 à son en-tête). Plus 2 l.a.s. de Jacqueline PAGNOL, à sa mère et à « Jojo » Martinetti.
600 - 800 €
688
PAGNOL Marcel (1895-1974).
MANUSCRIT autographe, Amours d’enfance ; 1 page in-4, sur un feuillet de cahier d’écolier.
Notes préparatoires pour son roman Le Temps des amours (écrit en 1960 et publié en 1977), quatrième volet de ses Souvenirs d’enfance : « L’élève au lycée et la jeune fille. Le plus grand amour de leur vie. Chaste, dans la colline. – Les deux cors de chasse dans la colline. – Commencer par les amours de Lagneau. Le Lycée, les sonnets, etc. Elle va passer les vacances à la Treille. Bonheur, volupté. – Le personnage de Régis. Le fou sorti de l’asile, qui leur enseigne les noms des étoiles. –Ils cherchent dans Stendhal des définitions de l’Amour. »
800 - 1 000 €
PAULHAN Jean (1884-1968).
MANUSCRIT autographe signé « Jean Paulhan », Les Héroïdes , [1951] ; 1 page et demie in-4 avec quelques ratures et corrections.
Hommage à André Gide
GIDE est décédé le 19 février 1951 ; cet hommage sera intégré dans la préface de Paulhan à La Porte étroite d’André Gide (1958). Paulhan décrit la fin de Gide comme un passage de grande sérénité, où il semblait alternativement s’interroger et se répondre. Il parle de Gide « comme d’un mythe » : par ses contradictions, il faisait songer à ces divinités qui ont vingt bras. « Mais ce que l’on n’a pas dit, sans doute, c’est que Gide portait insolence et inquiétude, angoisse et joie, immorale et morale jusqu’au point d’extrême tension, qui fait vaciller leur nature et ne laisse subsister d’elle qu’un risque, gravement accepté, allègrement soutenu. Ainsi d’Alissa, de Lafcadio ; ainsi du personnage qui dit Je , dans le Journal . Où Gide dit “soties”, je dirais volontiers héroïdes ».
400 - 500 €
690
PAULHAN Jean (1884-1968).
3 L.A.S. et 1 L.S. « Jean Paulhan », 1949- 1950, à Roger NIMIER ; 3 pages in-16 ou in-12 et demi-page in-8 à en-tête de la NRF, 2 enveloppes.
Remerciements. « Venant d’un homme aussi féroce que vous, je n’aurais pas été rassuré. […] je vais tâcher de mériter tout ce que vous dites ». Félicitations pou r le Hussard bleu (19 octobre 1950) : « Merci de ce Hussard, si bien habillé. (Céline en paraît fou. Il a dû vous l’écrire.) » Excuses pour le retard à publier sa « lettre » dans les Cahiers
200 - 250 €
691
QUENEAU Raymond (1903-1976).
L.A.S. « Raymond », [Stenay] 29 août 1939, à sa femme Mme Janine QUENEAU ; 2 pages et demie in-8, enveloppe portant au dos les nom et adresse : « Raymond Queneau Réserviste B6 C.H.R. 155 e R.I.F. Caserne Chanzy Stenay (Meuse) ».
Belle lettre à sa femme pendant la guerre
« Mon amour – chère Janine – chère Janine aimée – excusez-moi. Je crois bien qu’hier je ne vous ai pas écrit. Je suis bien coupable n’est-ce pas. Et pourtant je pense tout le temps à vous. Mais je trouve mes lettres bien ridicules, mes récits bien sots. Constatations générales : combien il est facile de redevenir militaire, on s’y fait très vite. C’est assez étonnant. 2èmement : je trouvais Petitjean ridicule avec le tapage qu’il faisait autour de la “condition de la mobilisable”. Mais il est de fait que ce n’est pas ordinaire ; on voit des types qui après avoir terminé 2 ans de service en août dernier ont été rappelés 1 mois en septembre et rappelés de nouveau en mars sont à la caserne – ou en ligne – depuis ce temps-là. Et d’autres qui depuis 1 an ont été rappelés 4 fois. Sans compter des vieux de plus de 50 ans qui sont rappelés. 3 èmement : c’est pas mal la pagaïe. Hier soir, on n’a eu qu’un morceau de viande (petit) et un ¼ de vin pour tout dîner. Dimanche, je suis allé me promener à Morzay, le long de la Meuse. Hier, tout le temps s’est passé à changer de chambrées, à s’habiller (on est de nouveau habillé, et faut voir comme), etc. On doit – on devait aller à Morzay (ou zet) hier soir ; nous n’y sommes pas partis ; on attend d’y partir. On ne fait rien – sinon, bénévolement, de balayer les chambrées (quels taudis c’étaient). La discipline aussi, quelle rigolade. Il est vrai que ça peut changer. Bref, tout ça c’est peu de chose. Ça m’amuse assez de me demander si j’entrerai en oct. à l’école Jolas. Si oui, j’ai bien fait de commencer à me préparer tôt. Si non, encore du “temps perdu” - si l’on perd son temps. Je vous aime mon amour […] Je vous aime, je vous aime »…




600 - 800 €


692
Armand-Jean Le Bouthillier de RANCÉ (1626-1700). réformateur de la Trappe.
Lettre dictée, 3 juillet 1697, à BOSSUET, évêque de Meaux ; 1 page et demie in-4, adresse avec 2 petits cachets de cire rouge aux armes.
Exceptionnelle lettre de Rancé à Bossuet, en pleine querelle du quiétisme, où Rancé a pris le parti de Bossuet contre Fénelon [En mars, Rancé avait écrit à Bossuet après la lecture de l’Explication des Maximes des Saints de Fénelon, qualifiée de « système monstrueux », et le 14 avril il avait félicité Bossuet de son Instruction sur les états d’oraison .]
Rancé, ancien abbé de la Trappe, remercie Bossuet de lui avoir fait parvenir la copie de ses deux lettres qui ont été rendues publiques : « Il suffit qu’elles ne contiennent rien que vous n’aprouviez pour que je ne me repente pas de les avoir ecrittes. Dieu a permis qu’elles allassent plus loin que je ne pensois ; il est vray que le sujet me toucha d’une maniere si vive que je ne pus pas ne le point temoigner. Nous attendons ce que vous avez la bonté de vouloir nous envoyer, et je ne doute point que Dieu ne favorise de nouvelles bénédictions tout ce qu’il vous inspirera d’écrire sur cette matière. Il seroit a souhaiter que ceux qui y ont interest prissent des sentimens de paix et d’humilité, et qu’on ne se fist point un honneur de soutenir ce qu’on ne devoit pas avancer ; Dieu en tirera sa gloire, nous ne manquerons point de luy offrir nos prières avec toute l’application possible. Je n’ay pas besoin de vous dire, Monseigneur, jusqu’où va l’attachement et le respect que j’ay pour vre personne, car je m’assure que vous en estes bien persuadé. » En post-scriptum, il fait allusion à une lettre de l’abbé Bossuet, son neveu, au sujet d’une audience qu’il avait eue du Pape : « Rien ne marque mieux la disposition de Sa Sainteté pour l’affaire, et pour vre personne. »
1 000 - 1 500 €
693
RÉGNIER Henri de (1864-1936).
L.A.S. « Henri de Régnier », Château de La Loble (Ardennes) 3 août 1894 ; 3 pages in-8 (deuil).
Lettre de soutien à Félix FÉNÉON, accusé d’attentat anarchiste Il ne pourra être à Paris au moment du procès de Félix Fénéon, et il confie à son avocat « ce que j’aurais déclaré hautement à l’audience. J’ai connu Félix Fénéon en 1887 et depuis je n’ai jamais cessé de le voir et, en le voyant, d’apprécier chaque jour davantage l’ingéniosité de son esprit, la grâce précise de sa parole, la probité de son caractère et la délicatesse de ses sentiments. C’est une conscience subtile et scrupuleuse et une âme haute, généreuse et douce. Quant à ses opinions politiques et sociales, je n’y ai jamais vu que le goût de la justice, l’amour des humbles, ce que pense tout homme droit et miséricordieux. Pour les fréquentations anarchistes j’ai le profond sentiment qu’elles eurent beaucoup pour cause l’intérêt qu’un esprit curieux de la vie et des êtres peut prendre à des individualités singulières et excessives. Ce conspirateur me parait bien plutôt un psychologue et je ne vois pas Fénéon s’imaginant qu’on change la face du monde avec quelques produits chimiques. Jamais d’ailleurs, dans la conversation de ce délicat dialecticien rien ne m’a montré qu’il eut aucun goût pour les moyens de propagande violents. Je l’en crois incapable. Son intelligence lui en montrerait l’inutilité, sa raison l’injustice et son cœur en repousserait la cruauté »…
700 - 800 €

694
REINACH Salomon (1858-1932).
17 L.A.S. « S » ou paraphe, 1922 et 1926, à Liane de POUGY, princesse Georges GHIKA ; 47 pages, la plupart in-8 à son adresse 16, Avenue Victor Hugo Boulogne-sur-Seine
Belle correspondance intime de l’érudit à la courtisane -princesse L’éminent savant, membre de l’Institut, archéologue, philologue et conservateur du Musée des Antiquités de Saint-Germain-enLaye (près de la demeure des Ghika), a été le confident de Liane de Pougy ; il évoque notamment l’écriture des Cahiers bleus de Liane, le souvenir de la poétesse Renée VIVIEN , leur amie Natalie BA r NEY, l’adultère du prince GHIKA, etc. 1922 3 janvier, longue lettre en anglais. – 15 juillet , séjour à Londres ; les Anglais reconnaissent « que la France et la Belgique ont le droit d’interdire à l’Allemagne la politique de prodigalité et d’inflation par laquelle elle s’est, comme à plaisir, rendue insolvable pour ne pas payer ». – 19 septembre . Visite de Natalie BARNEY. Les événements d’Orient : inquiétudes pour les Grecs, et dénonciation de « la barbarie des Turcs. C’est un immense malheur pour toute la civilisation, dont Smyrne était un poste avancé et une des perles »… – 7 octobre : « Des imbéciles peuvent croire que Flossie [Natalie BA r NEY ] a été autre chose pour Remy [de GO ur MONT ] qu’une amie intellectuelle […] Mais Flossie a peut-être été imprudente en permettant trop tôt la publication des lettres de son ami. Ne pas attendre l’an 2000 est toujours un tort ». – 3 novembre . Nouvelles de Natalie ; lecture aux Français de poèmes de Pauline [Tarn : Renée VIVIEN], pour laquelle il a refusé d’écrire un texte : « Je voudrais que l’admiration qu’on doit à Pauline restât confinée à un cercle assez restreint ; si l’on y convie le grand public, il y apportera ses basses curiosités. […] Je ne me ferai jamais le prophète de Pauline devant un auditoire de voyeurs et de détraquées. […] le génie à droit au respect et à la discrétion »… 1926. 6 juillet , après la fugue de Georges GHIKA avec la jeune Manon THIÉBAu T : « J’ai toujours considéré Georges comme un grand enfant extrêmement doué, beau, sensuel et paresseux. C’est la faute de l’éducation qu’il a reçue ; il avait peut-être l’étoffe d’un grand écrivain. Mais l’oisiveté est l’ennemie de la constance […]. Aucune femme ne peut rivaliser avec vous en beauté ; mais la beauté dont on a mille fois fait le tour cesse d’être attrayante, l’amour étant fait d’une moitié d’amour-propre et d’une autre moitié de curiosité physique. Je dis cela d’après les anciens et Casanova, n’étant moi-même pas grand clerc en ces matières. […] Considérez que Georges est en voyage »… – 19 juillet : « Je suis convaincu que G. reviendra prochainement, un peu penaud »… – 5 août , il exhorte Liane à rester au calme et à songer la postérité : « puisque vous avez tant écrit pour elle ; pensez qu’elle vous regarde et que votre future biographie serait bien gâtée si vous donniez suite aux projets de dissipation qui semblaient germer dans votre cerveau »… – 19 octobre : Flossie et Liane ont quelque chose du Sphinx : aucune de ces deux femmes « qui ont eu le plus d’influence sur moi depuis des années, ne vous êtes jamais dévoilées complètement (au sens INTELLECT u EL du mot) »... Etc.
500 - 700 €
ROBBÉ DE BEAUVESET Pierre-Honoré (1712 ?-1792).
42 L.A. ou L.A.S. « Robbé », 1740-1765, à Aignan-Thomas DESFRICHES à Orléans ; environ 80 pages in-4 ou in-8, plusieurs adresses (qqs bords effrangés).
Intéressante correspondance inédite du poète au dessinateur Desfriches
Aignan-Thomas DESFRICHES (1715-1800) était négociant , artiste et collectionneur. Robbé, originaire du Vendômois, fut un homme de son siècle, sympathisant des jansénistes. Sa correspondance est vivante, pleine d’anecdotes et de potins sur les célébrités et les événements du temps. La plupart des lettres sont millésimées, ou datées à leur réception, par Desfriches, qui en a parfois résumé en tête le contenu. Nous ne pouvons donner ici qu’un trop rapide aperçu de cette correspondance, restée inédite. 1740-1753 . Les premières missives parlent de son poème [La Jobiade ], du projet de faire sa médecine à Montpellier (1744) … Il est question d’un grand poème relatif à l’abbé de pr ADT, et Robbé transcrit une Épigramme (12 vers) sur la réception comte de BISSY à l’Académie (1751). À propos des billets de confession, il conte longuement les manœuvres perfides des molinistes contre les religieuses jansénistes du couvent de Bénédictines de Notre-Dame de Liesse (1752). Il demande une demi-douzaine de dessins inspirés de ses contes pour décorer son appartement (1753). 1754-1755. Robbé séjourne à Palaiseau. Il parle à plusieurs reprises de son épopée La Montmorenciade , nourrie des « plus sublimes ouvrages de nos chers jansenistes » et des œuvres de saint Augustin sur la grâce et la prédestination. Il évoque les épisodes en cours, dont un où « la chimere de l’acceptation de la bulle unigenitus est detruite » ; il défie l’« ignorante assemblée » de répliquer à « ce coup de massue » ; le 5 e chant consacré à la bibliothèque janséniste ; et il s’afflige de la censure de ses « confreres en Jansenius »… Il songe à le faire publier par Prault à dix mille exemplaires… Il évoque d’autres affaires, comme celle du curé Cerveau contre l’archevêque, les refus de communion, les démêlés du chapitre d’Orléans avec le Parlement, etc. Il va se « remettre à mon poeme de la verole que je ne quitterai plus q’il ne soit achevé »… 6 mars 1757, Robbé évoque la querelle des Parlements et le procès du régicide DAMIENS : il sera représenté au Roi que « l’horrible attentat » a paralysé le Parlement ; que les magistrats restent fidèles malgré les orages excités contre eux, « capables de causer la subversion de l’etat » et une révolution redoutable ; « que la multiplicité des reclamations des magistrats n’a dautres causes que la multiplicité des maux », etc. 1758 L’héritage d’une tante change les perspectives de Robbé : il se voit avec 800 livres de rente, et la possibilité de publier deux volumes de poésies, « si nous obtenons la permission de M r de MALESHE r BE comme il paroit certain »… Il évoque aussi les débarquements anglais devant La Rochelle et à Cherbourg, la revanche que le Roi de Prusse compte prendre sur le prince de Soubise, la mort du Prince Guillaume de Prusse, et la grâce faite par le Roi de Portugal à trois assassins de jésuites… 1759. Il se plaint de la gêne de poser pour un portrait par p E rr ONNEAu Il parle de la bataille de Minden, de la déportation des Jésuites portugais dans les États du Pape, d’un autre portrait par COCHIN 1761. Il continue de faire « provision d’armes » pour attaquer les ennemis de la foi… Il donne des échos de la Guerre de Sept Ans, parle de la diffusion de son livre en province, et se réjouit de la condamnation des Jésuites : toute la Société est déclarée coupable « du crime pour lequel J.C. chassa a grands coups de fouet les marchands du temple »… 1762 . Il raconte le phénomène des convulsionnaires de Saint-Médard, « opérations de Dieu qui se passent journellement sous mes yeux » ; les méfaits de Mme de Boisgiron, première femme de chambre de la Dauphine, convaincue notamment d’avoir volé à sa maîtresse une girandole… 1765. Il avoue son découragement, souffrant du poids des ans et de « l’affaissement de l’imagination » ; il hésite cependant à aller faire imprimer à Londres un recueil de contes et d’épigrammes… Dîner chez p E rr ONNET avec DIDE r OT et Cochin ; on parle des convulsions, et il va écrire une épître au Pape à ce sujet ; il prépare deux épîtres contre r O u SSEAu et « le parallele quil fait des phenomenes de la nature avec les miracles »… Etc. On joint 9 lettres familiales ou amicales, la plupart à Desfriches, relatives à Robbé de Beauvezet, par Robbé fils, Robbé de La Grange et son fils, le comte et la comtesse de Moges, Trochereau de la Berlière....

696
ROBBÉ DE BEAUVESET Pierre-Honoré (1712 ?-1792).
42 L.A. ou L.A.S. « Robbé », 1770-1777 et sd., à Aignan-Thomas DESFRICHES à Orléans ; environ 85 pages in-4 ou in-8, plusieurs adresses (qqs bords effrangés).
Intéressante correspondance inédite du poète au dessinateur Desfriches
Aignan-Thomas DESFRICHES (1715-1800) était négociant , artiste et collectionneur. Robbé, originaire du Vendômois, fut un homme de son siècle, sympathisant des jansénistes. Sa correspondance est vivante, pleine d’anecdotes et de potins sur les célébrités et les événements du temps. La plupart des lettres sont millésimées, ou datées à leur réception, par Desfriches, qui en a parfois résumé en tête le contenu. Nous ne pouvons donner ici qu’un trop rapide aperçu de cette correspondance, restée inédite. 1770 . Projet d’installation à Montargis… En mars, Robbé rend visite à Versailles à la comtesse du BA rr Y : après la « piteuse aventure » d’une première tentative, où il est éconduit à la suite d’une confusion, il est chaleureusement reçu par la comtesse, encore dans son lit… Le Roi de Prusse lui fait proposer 2.000 écus d’appointements et toute son indépendance… 1773. La duchesse d’ OLONNE l’a couché sur son testament pour la somme de 40.000 livres ! 1774. Il travaille à sa Jobiade… Voyage en Allemagne avec M. de SAINTE-FOI x , ministre plénipotentiaire à la Cour palatine des Deux-Ponts… Nomination de MI r OMESNIL comme Garde des Sceaux et Chancelier ; il espère que son ami Desfriches lui fera obtenir une place d’inspecteur de la Librairie… Décembre : souper chez le duc de CHA r T r ES, dans sa maison de Monceau, en « quadrille » avec le comte d’A r GENSON : « je fus d’une gaieté folle […] mes vers prirent avec une fureur dont il n’y a pas d’exemple, le duc, extasié, enthousiasmé, disoit continuellement qu’on ne s’attendoit pas a ces choses la. Il en a voulu retater, et l’orgie est fixée a dimanche prochain »... 1775. Mai : disette à Paris, pillage des boulangeries et des marchés, arrivée en ville de paysans vagabonds ; SA r TINE est « logé a la Bastille » et l’abbé TE rr AY au donjon de Vincennes ; Paris est envahi par la troupe… 1776 Longues lettres sur sa Satyre au comte de Bissy avec citations, ses corrections et additions, sa publication qui remporte un grand succès, avec un grand éloge par F r Ér ON D écembre : funérailles en grande pompe de la duchesse d’O LONNE 1777. Grande gêne de Robbé, après qu’une attaque d’apoplexie eut laissé sa femme paralysée… Il va se remettre à sa Jobiade , et recopie son épître en vers à Mme Panelier…
On joint une L.A. et une L.A.S. (s.d.), plus 8 lettres familiales ou amicales, la plupart à Desfriches, relatives à Robbé de Beauvezet, par Robbé de La Grange, l’abbé Pinel, Couturier, la comtesse de Moges , Trochereau de la Berlière (3), etc. ; plus qqs copies.
800 - 1 000 €

800 - 1 000 €




697
ROLLAND Romain (1866-1944).
MANUSCRIT autographe, Robespierre , drame… de Romain Rolland , [1939] ; 1 page et demie in-4.
Présentation de sa pièce Robespierre « Pour la commémoration du 150 e anniversaire de la Révolution Française, Romain Rolland publie son nouveau drame : Robespierre », en 3 actes et 24 tableaux. Il s’inscrit dans le « vaste cycle dramatique : Le Théâtre de la Révolution », dont Rolland cite les 4 autres titres, dont Robespierre « forme la ligne de faîte », et qu’il résume ainsi : « Trois mois s’écoulent entre son début et sa fin, – entre l’exécution de Danton et celle de Robespierre ». Rolland n’a pas cherché à idéaliser les protagonistes : « Mais il a été pris lui-même par la grande vague qui les emporte. Il a vu la sincérité de tous ces hommes qui s’exterminent, et la fatalité terrible des Révolutions. Elle n’est pas d’un temps. Elle est de tous les temps. C’est le principal ennemi contre lequel elles ont à lutter. »
400- 500 €
698
ROSTAND Edmond (1868-1918).
L.A.S. « Edmond Rostand », Arnaga 25 novembre 1913, à un ami ; 1 page in-8 à son adresse à Arnaga
« Je prends la liberté de vous envoyer le manuscrit d’une pièce d’un jeune poète de mes amis que vous connaissez et estimez sûrement comme moi, Monsieur Paul GÉ r ALDY. C’est une œuvre d’une puissance et d’une grâce étonnantes, où il a mis les qualités les plus belles, et dont je crois que l’effet serait très grand sur le public. Je la signale à votre plus bienveillante attention, surtout d’ailleurs que je n’ai nul besoin de la recommander à votre goût d’artiste »…
400 - 500 €

699
ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778).
2 L.A.S. « Renou » (signées en tête et écrites à la 3 e personne), [1768-1769], au marquis de BEFFROY [gouverneur de Bourgoin] ; 1 page in-8 et 1 page oblong in-8, adresses avec petit cachet cire rouge.
Lettres écrites sous couvert de son pseudonyme [Bourgoin fin 1768 ? ] « Renou, très sensible à l’honneur que lui ont fait Monsieur et Madame la Marquise de Beffroy, alloit les remercier de leur invitation et leur faire ses excuses de n’en pouvoir profiter ; mais les trouvant à table il a compris qu’il s’étoit trompé d’heure, et les supplie d’agréer ses excuses de ce quiproquo, en attendant qu’il aille remplir ce devoir lui-même ».
[Monquin juillet 1769 ] Renou n’ose se présenter à la marquise sans que le marquis n’ait eu la bonté de faire sa paix avec elle. « Il ne voudroit pour rien au monde mériter leur disgrace ; mais il espère qu’après qu’il aura eu l’honneur de leur dire ses raisons ils voudront bien lui conserver les mêmes bontés dont ils l’ont honoré, et qu’il ne perdra jamais par sa faute »…
2 000 - 2 500 €
700
SABLÉ Madeleine de Souvré, marquise de (1599-1678).
L.A.S. « de Souvre », [Paris 1650], à une dame ; 4 pages in-4, avec corrections (rousseurs).
Rare lettre de reconnaissance pour sa fille « Je vous suplie tres humblement de me permettre de vous dire le deplaisir que jay de ne pouvoir aller moymesme vous temoigner la part que je prens a la grace que vous aves acordee a Mme de S T A MANT et a Mme de B OISDAup HIN pour ma fille. Jay souffert avec patience jusques a cette heure plusieurs incomodités qui mostent le pouvoir de faire des visites et mesme avec un peu de plaisir davoir quelque excuse a ma paresse mais je vous advoue madame qua cette heure que jay un si juste subject de me procurer lhonneur de vostre conoissance jay un regret que je ne vous puis exprimer de ne pouvoir en vous allant rendre mes plus humbles remerciemens vous tesmoigner la parfaite estime que jay tousjours eue de vostre merite et de vostre vertu, dont jay peutestre plus de connoissance que vous ne penses, car je doute si vous scaves lhonneur que madame vostre sœur me faisoit de maymer beaucoup et combien javois de tendresse pour elle »…
1 000 - 1 200 €



701
SADE Donatien-Alphonse-François, marquis de (1740-1814).
L.A., [prison de Vincennes vers 1783], à SA FEMME ; 2 pages in-12.
Lettre de prison, qui semble inédite Sade a dernièrement reçu la visite de sa femme, qui lui a apporté quelques friandises, de quoi écrire, et des livres. Il ne veut pas des petits biscuits : « je les veux de la plus grande taille, de ceux qui coûtent 6 sols la pièce », ou ceux au citron. « Plus quatre douzaines de meringues, de la même espèce que la dernière, qui sont excellentes. Plus deux douzaines de pastilles de chocolat vanillées », ainsi que des bougies, des confitures à la framboise… Il réclame aussi les Confessions de Jean-Jacques ROUSSEAU. Le lieutenant général de police LENOIR « est trop honnête homme pour s’opposer à ce que vous parvienne une lettre où je vous demande ma liberté, et par laquelle je vous indique les moyens de me la faire avoir ou de contrebalancer au moins les infamies dont vos parens me rendent la victime. Ainsi je vous prie de m’accuser la réception de cette lettre et de me dire si vous agirez d’après les désirs que je vous y exprime et d’après la conduite que je vous y trace. Cette phrase sera dorénavant en tête de tous mes billets jusqu’à ce que vous m’ayez répondu »… Il insiste également pour que sa femme lui confirme la réception de son manuscrit, « et d’observer à Messieurs les examinateurs que pourvu que dans ce manuscrit je ne parle ni du gouvernement, ni de mes affaires, ni du donjon ; voilà tout ce qu’il faut ; attendu que cette pièce, lorsqu’elle sera près de paraître ou d’être imprimée, devra repasser une seconde fois à l’examen des Censeurs. Donc, cet ouvrage pour ce moment ci ne devant aller que de mon bureau dans le votre, ils n’ont absolument d’autre examen à y faire qu’en ce qui regarde le donjon, le gouvernement ou ma détention ; et le seul exposé de l’ouvrage, son seul genre suffit à prouver qu’il n’y peut être question de ces trois choses. […] Plus de balbutiage et de rabachage sur mes promenades, ayez les moi, c’est ce que je vous demande et non pas d’en tant parler. Ah ! que vous m’êtes utile pourtant dans mes malheurs, quelle femme estimable ! »…
800 - 1 000 €
SAINT-EXUPÉRY Antoine de (1900-1944).
MANUSCRIT autographe ; 1 page in-4 (32 x 24,5 cm).
Brouillon, avec ratures et corrections, de son écriture difficile à déchiffrer.
Des notes ont été jetées en haut de la page : « s’accomplir […] la commune mesure / le corps / le cerveau »…
« Mais je me vois là, dans cette véhémence, rien de précis m’apparait comme souvenir […] Cependant moi aussi, maintenant que revient le soir et sa puissance de rêve, m’assurant que je n’ai rien à craindre, je sens qu’un peu d’un obscur désir se logeait dans cette crainte même si je n’éprouve aucune honte à me découvrir tout ce courage dans l’instant même où je n’ai pas à l’exercer »… Etc.
800 - 1 000 €


703
SAINT-EXUPÉRY Antoine de (1900-1944).
MANUSCRIT autographe avec DESSINS au verso ; 1 feuillet in-4 (27 x 21 cm ; manque à un angle sans perte de texte).
Brouillon d’un dialogue : « Pourtant quand on est pressé de partir, en général, c’est qu’on est pressé d’arriver »…
Au verso, dessins à la plume de trois personnages ; et esquisse d’un petit personnage perdu sur une route…
800 - 1 000 €

704
SAINT-EXUPÉRY Antoine de (1900-1944).
MANUSCRIT autographe ; 4 pages et demie in-4.
Texte inédit, qui se rattache à la thématique de Terre des hommes
Le manuscrit, de premier jet, avec des ratures et corrections, est tracé d’une écriture cursive et nerveuse, difficile à déchiffrer. La lecture en est parfois conjecturale. « Une ferveur nouvelle ou de nouvelles choses. Une ardeur remonte de ces campagnes vers le soleil. […] Rien qu’à remonter la rue d’Alicante ça devenait un peu pour nous chaque jour que nous y arrivions, une ville conquise. Avec ses ceintures de montagnes et de nuages. […] Elle s’appelait Mercedes. Qu’il fut difficile de la conquérir ! Comme elle nous roulait bien […] n’est-ce pas Guillaumet ? Elle s’imaginait nous avoir. […] Mais ce que nous avons conquis dans cette fille […] c’est quelque chose comme la belle Hélène une fois Troie vaincue. Les sept enceintes de nuages et de montagnes la défendaient mal. […] Nous nous dévêtions de notre cuir comme d’une lourde cuirasse et nous allions retrouver Mercedes dans son beuglant. Elle ne savait pas que nous étions les barbares qui prenions livraison de notre rançon. (Elle ne savait pas le français, nous ne savions pas l’espagnol) »… Etc.
1 200 - 1 500 €


705
SAINT-EXUPÉRY Antoine de (1900-1944).
L.A.S. « Antoine de Saint Exupéry », 4 juin 1944, [à la générale MAST] ; 1 page in-4 à en-tête du G.R. 2/33, “La Hache” 1e Escadrille et à la croix de Lorraine (papier fragile, bord gauche lég. effrangé, petite déchirure dans la marge droite sans toucher le texte).
Une des dernières lettres de l’aviateur avant sa disparition [Désireux de combattre, il a réintégré son escadrille à son retour des États-Unis. Le général Mast était résident général en Tunisie. Sa femme, qui avait connu Saint-Exupéry à Alger en 1943, était la marraine du groupe 2/33.]
« Chère Madame, savez-vous que je suis devenu votre filleul ? Après un long exil j’ai réussi à réintégrer comme pilote de Lightning la première escadrille du Groupe 2/33. Au sortir de la soupière à crabes qu’est Alger je me sens infiniment heureux et rajeuni. J’ai perdu cette longue barbe blanche dont on m’affirmait, voilà six mois, qu’elle risquait de s’entortiller dans les commandes, je pilote comme un jeune homme et j’espère que [Geoffroy de] La Tour du Pin en mourra de jalousie ». Son grand ami et frère d’armes le capitaine René GAVOILLE , qui dirige l’escadrille, attend un fils : « voulez-vous de ce fils aussi comme filleul ? je serais le parrain.
J’aurais ainsi la joie de montrer mon amitié à un vieux camarade et de vous retrouver un soir à la résidence de Tunis, une des seules oasis spirituelles de ce triste continent »…
[En août 1943, Saint-Ex avait été suspendu de vol. Après avoir multiplié les demandes, il obtient l’autorisation de voler à nouveau, et le 16 mai 1944, il parvient à réintégrer le 2/33 qu’il rejoint à Alghero (Sardaigne). Le 14 juin il effectuera son premier vol de reconnaissance. Le 31 juillet 1944, il prendra place dans le P38 n° 223 pour une mission de reconnaissance pour sa dixième mission dont il ne reviendra jamais.]
1 500 - 2 000 €
SAINT-GEORGES DE BOUHÉLIER (1876-1947).
MANUSCRIT autographe signé « Saint Georges de Bouhélier », Les Mobilisés de 1914 , août 1914 ; 8 pages in-fol.
Deux poèmes patriotiques , inspirés par la guerre de 1914 ; le manuscrit, qui a servi pour l’impression d’une publication en revue, est daté en fin « Août 1914 » et signé. Le premier poème, Le Tambour, compte 40 distiques :
« C’était toute paix dans le bourg
Lorsqu’un jour tonna le tambour »…
Le second poème, Ce qu’ont dit les mobilisés , compte 27 tercets :
« Puisqu’ils ont déclaré qu’ils nous prendraient nos terres, Qu’ils passeraient sur nous comme un vent de misère
Et qu’ils se chargeaient bien de mettre en deuil nos mères »… Ils ont été recueillis dans Légendes de la guerre de France (Fasquelle, 1917).
On joint 14 L.A.S. d’Albéric CAHUET à Marise Dalbret , 19391942, où il est notamment question d’Henri Béraud (plus documents joints).
300 - 400 €


707
SAINTE-BEUVE Charles-Augustin (1804-1869).
L.A.S. « Ste Beuve », Paris 10 novembre 1829, à Alfred de VIGNY ; 1 page et demie in-8, adresse.
Belle lettre d’admiration du critique au poète dramatique Il apprend, en arrivant de Cologne, le succès « de notre cher Othello » [Le More de Venise de Vigny, créé le 24 octobre aux Français], qui « a été contesté, comme tous les vrais triomphes ; vous avez vaincu en mettant le pied sur la gorge de cet imbécile de public qu’ameutaient quelques misérables ; c’est bien, et les choses se sont passées comme elles devaient ; c’est la loi dramatique depuis et avant le Cid . Honneur à vous d’en renouveler le premier exemple à cette époque de renaissance ! Grâce à SHAKESPEARE et à vous, voilà une large brèche ouverte, où désormais vous et Victor [HUGO] allez entrer et planter chacun votre noble drapeau ; le vôtre y est déjà ; je le salue d’en bas avec orgueil et bonheur, comme Othello les siens. Qu’il me tarde d’applaudir Othello ! qu’il me tarde de vous serrer la main ! […] Poursuivez, noble ami, votre gloire dramatique & joignez la aux autres que vous avez si bien conquises. Vous savez combien j’y prends part ; aimons nous toujours ; c’est mon seul titre auprès de vous que cette amitié que je vous porte »…
400 - 500 €

708
SAINTE-BEUVE Charles-Augustin (1804-1869).
POÈME autographe, à M. A. de V., 17 novembre 1829 ; 2 pages et demie in-4 (légères fentes marginales).
Admirable portrait en vers de Vigny par le poète
Sainte-Beuve Il compte 92 vers, et a été écrit au lendemain de la création aux Français de la traduction en vers par Vigny de l’œuvre de Shakespeare, Othello , Le More de Venise , le 14 novembre 1829.
Sainte-Beuve engage Vigny à ne pas désarmer, et évoque ses poèmes : Éloa, Moïse, Le Déluge, etc. Le poème fut publié dans Les Consolations en mars 1830 (pièce XXVI). Ce manuscrit présente quelques variantes avec la version éditée.
« Autour de vous, Ami, s’amoncèle l’orage ; La jalousie éteinte a rallumé sa rage ; Et vous voyant tenter la scène et l’envahir, Ils se sont de plus fort remis à vous haïr. […]
On veut vous confirmer dans ces régions hautes
D’où vous êtes venu […]
Où loin des yeux humains, dans la splendeur de Dieu, Votre gloire mystique et couverte d’un voile, Apparaissant la nuit, comme une blanche étoile […] Méritez qu’on vous dise Apôtre en poésie. […]
Vous rentrerez au ciel, une couronne au front, Et vous me trouverez, moi, sur votre passage, sur le seuil, – à genoux, pèlerin sans message ; […]
Vous me prendrez la main et vous m’introduirez. »
[Vigny, très touché, répondra le 19 novembre : « Quels vers adorables ! quels vers de poètes ! Vous me consolez de cet amer succès ; mes amis sont ma gloire et ma couronne [...] Que je serai fier de voir paraître au grand jour ces vers A Alfred de Vigny, je les contemplerai comme adressés à un mort qui fut de ma connaissance. [...] j’ai encore un cœur pour vous aimer et battre en mesure à la lecture harmonieuse de vos beaux vers »... ]
800 - 1 000 €
708


709
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « George », [novembre 1837], à l’abbé ROCHET ; 4 pages in-8 à son chiffre (petite réparation).
Intéressante lettre sur le célibat des prêtres et sur son travail de remaniement de Lélia [L’abbé Georges ROCHET (1803-1881), curé berrichon à LysSaint-Georges puis à La Champenoise, a été proche de Sand ; peu orthodoxe, il préparait un ouvrage en faveur du mariage des prêtres. George Sand préparait alors la nouvelle édition de Lélia, très remaniée, qui paraîtra en 1839.] « Je ferais de grand cœur pour vous ce qui serait possible, mais faire une préface à un livre que je n’ai pas lu, est une chose tout à fait impossible. Je ne trouverais pas un mot à dire. Je n’ai pas l’habitude de ce travail de charlatan. D’ailleurs ce que vous me dites du sujet est en parfaite opposition avec mes idées personnelles. Je ne suis point catholique, il s’en faut – Mais j’ai toujours pensé, j’ai écrit , et j’écris encore précisément dans ce moment que dans toutes les religions, l ’état sublime de virginité doit être accepté par le prêtre, pour l ’élever au-dessus des passions humaines, le dégager des intérêts sociaux et l ’élever à l ’état d ’ange autant que possible. Je fais à Lélia un 3 e volume dont c’est à peu près tout le sujet. Vous voyez que je ne puis écrire le pour et le contre Du reste, je ne prétends pas vous imposer ma pensée, ni trouver mauvais que vous exposiez la vôtre. Toute thèse est utile à mettre dans son grand jour et tout ce qui est dit sous forme de roman doit être écouté, examiné, pesé. Ce sont des faits, que le romancier s’attache à placer sous les yeux de la société, afin qu’elle les apprécie et les juge en dernier ressort. Dites donc ce que vous savez des horreurs du célibat ecclésiastique. Moi je dirai ce que je sais de ses bienfaits. Les journaux font l’office du parquet. L’opinion est le grand juge. Je crois que vous avez assez de talent pour soutenir votre thèse. D’ailleurs je sais que vous avez la conviction, et la jeunesse par dessus le marché ce qui est une grande puissance.
[…] Si votre livre n’est pas bon, une préface de moi ne le sauvera pas. S’il est bon comme j’aime à le croire, il se passera de moi. Mon sexe est un autre obstacle. Vous seriez accablé de quolibets si vous éclosiez d’un cotillon. Et pour vous, et pour moi, cela ne doit pas être »….
Correspondance, t. XXV, n° S 184.
800 - 1 000 €


710
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », [Nohant] 12 mai 1849, à Louis VIARDOT ; 4 pages in-8 à son petit chiffre gothique.
Longue lettre sur ses finances et sa situation à l’égard de son mari , critiquant vertement son homme d’affaires [Gabriel FALAMPIN (1803-1860), avocat, fut pendant une dizaine d’années l’homme d’affaires de G. Sand ; il était aussi un des rédacteurs de L’Illustration .]
« Mon ami, Falempin bat la campagne. Cette clause n’est pas dans mon contrat de mariage ou si elle y est, c’est une de ces clauses illégales et irréalisables qui sont dans les contrats mal faits, et qui ne signifient rien. Il y a un axiome de droit qu’un enfant comme Falempin peut seul ignorer. C’est que le régime dotal, même à charge de remploi, ne frappe pas l’argent, que les créances et les rentes ne sont pas des immeubles et que personne au monde ne peut m’empêcher d’en disposer, pas même mon mari, car je n’ai pas besoin de son autorisation. […] Je vous en supplie, tirez-moi de la dépendance de cette abominable tortue, de ce malheureux madrépore qui n’est bon qu’à faire des rébus pou r l’Illustration , qui n’a pas la moindre notion des affaires, de ce cul de plomb qui se soucie de ses clients comme je me soucie du président. C’est vous qui me l’avez donné et recommandé, vous me devez de me débarrasser de lui. Rien ne m’a réussi entre ses mains. C’est un fléau, et le pire de l’affaire c’est qu’il est si bon enfant qu’on ne peut pas se fâcher avec lui, et qu’en dehors des déboires qu’il me cause, je l’aime et ne veux pas le bousculer. Mais, cette fois il est impardonnable. […] Voici mes créanciers qui se réveillent et s’impatientent. Il faudra peut-être vendre à bas prix s’il y a un mouvement à Paris. Je vous l’avais bien dit que l’auteur des rébus de l’Illustration me coûterait cher. […] Courez, volez, jurez, grognez, consultez, agissez, et ne nos inducas in Falempinum sed libera nos a Falempino »... Correspondance, t. IX, n° 4212.
700 - 800 €
711
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « George Sand », Nohant 5 février 1860, à Émile DESCHANEL ; 3 pages in-12 à son chiffre.
Au sujet de Masques et bouffons , livre sur la comédie italienne de Maurice Sand, avec préface de sa mère Elle remercie Deschanel pour la bienveillance de son article des Débats . « En vous disant que j’en suis très reconnaissante, je n’entends pas me persuader que vous l’ayez écrit dans ce but, mais, tout en respectant le libre arrêt de la critique, je crois pouvoir être mère à ce point de ne pas pouvoir vous fâcher en vous remerciant. Il faut que vous me permettiez aussi de vous dire qu’un éloge est deux fois agréable quand il est encadré dans un article aussi ingénieusement spirituel et distingué. Ah oui, Poor Yorrick ! Toute vie se résume dans cette éternellement belle citation »...
On joint une L.A.S. de Maurice SAND à Émile Deschanel (7 février 1860), le remerciant de son article et transmettant la lettre de sa mère (2 p. in-12)... Nouvelles lettres retrouvées , n° 193.
400 - 500 €

712
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », Nohant 28 août 1861, à Adolphe LEMOINEMONTIGNY ; 8 pages in-8 à l’encre bleue.
Longue lettre au directeur du théâtre de Gymnase, sur un projet d’adaptation théâtrale du Marquis de Villemer avec Dumas fils, et sur son roman La Famille de Germandre « Mon cher général, j ’espère qu’Alexandre travaillera. Je ne sais si vous lui avez écrit que tous ses projets sur Villemer vous allaient. […] Ce travail paraissait l’amuser beaucoup. Maintenez-le dans ces dispositions. Malgré le fond d’ennui et de mélancolie qui le poursuit, il aime à faire des projets et le théâtre est toujours la préoccupation qui l’arrache le plus vite et le plus longtems à luimême. Ce serait donc un grand bien à lui faire que de le reconduire sans de trop grands efforts de sa part, dans la voie du succès. Cette pièce de Villemer n’est pour lui qu’une demi-dépense du cerveau, en ce sens que les caractères et les principales situations étant tracées et lui plaisant, il n’a plus que sa grande habileté de facture à déployer. Je suis certaine qu’après la réussite de cet ouvrage, si réussite il y a, et on peut l’espérer, il repartirait de ses deux pieds avec confiance, aussi fort que jamais. » Elle dément des propos qu’on lui a attribués concernant la liaison de Dumas fils avec sa future femme : « Vous m’avez bien dit une fois que Dumas était trop absorbé, et trop préoccupé par une dame dont je n’avais même pas retenu le nom, et comme il me racontait son spleen, à l’endroit du travail, je lui ai fait naturellement cette question : “N’êtes-vous pas dérangé, distrait, empêché par une femme ? – Non, au contraire, elle m’encourage mais qui vous a parlé d’elle ? – Ma foi, je ne sais plus. – Mais cherchez donc, estce Montigny ? – Oui, peut-être. – Il vous a dit du mal d’elle ? – Non jamais, ni lui ni personne en qui j’aie confiance .” – Voilà le résumé très exact du peu de paroles échangées sur cette personne dont je vous répète que je ne savais pas même le nom à ce moment-là »… Puis elle évoque d’autres projets de théâtre : « Si vous voulez jouer le Pavé , je ne demande pas mieux, pourvu que vous ne demandiez pas de changements, car littéralement je n’ai pas le temps d’y songer, et de plus en plus je crois, en ce qui me concerne, au premier jet de l’idée. S’il vous vient quelques mots heureux à faire dire, ne vous gênez pas, mais quant au plan de la pièce, je ne crois pas que le sujet en comporte davantage, si pièce il y a : ç’a été fait pour le théâtre de Nohant et il se trouve que ça a
eu dans la revue un succès étonnant que je n’avais guère prévu. C’est le chevalier de Germandre qui ferait, je crois, une pièce amusante si quelqu’un en savait tirer parti. C’est sur un canevas joué ici l’année dernière avec beaucoup de grâce et de gaîté, que je me suis amusée la veille et le lendemain de ma maladie, à faire le roman [La Famille de Germandre ]. J’étais au 3 me chapitre quand la camarde a frappé à ma porte et pendant les quatre ou cinq jours de sommeil et de rêves où la réalité n’existait plus pour moi, j’étais dans le château de Germandre, tantôt splendide, tantôt en ruines, avec tous ces héritiers qui m’embêtaient ! […] Je me sentais malade, je cherchais partout un coin où me coucher, pas moyen. C’est là que j’ai fait connaissance avec l’abbé, qui n’était pas dans la pièce et que j ’ai ajouté après coup, puisque j’avais découvert dans mon rêve qu’il existait. Quelle drôle de chose que le cerveau, et le rêve, et la veille, et la maladie et la vie et la mort ! J’étais au plus mal, au moment où j ’avais enfin trouvé moyen de me loger dans les combles, dans une galerie ouverte à tous les vents, où j’avais froid, quand après une médecine qu’on m’a fait prendre et qui a fait merveille, je me suis retrouvée chez moi avec beaucoup d’étonnement et de plaisir. Voilà l’histoire assez sérieuse de ce roman-là, et il m’a réellement beaucoup amusé à continuer. […] Me voyez-vous partant pour l’autre monde au beau milieu de ce rêve, et arrivant à la porte du paradis, car j’irai certainement, avec ce cortège de fantômes. J’aurais certainement dit au bon S t Pierre, mettez tous ces gaillards-là à la porte ! Laissez entrer mes quatre héros et le petit, ils ne sont pas méchants, mais les héritiers, et le Labriche, au diable ! »
Elle revient à Dumas fils : « ne le croyez pas aigri au fond. Il peut l’être à la surface, mais je vous assure que le cœur est toujours aussi grand, aussi juste, aussi sincère et aussi bon, et qu ’il m’a parlé de vous avec une estime et une affection sérieuses. Je l’ai vu tous les jours et longtems chaque jour, tantôt triste, tantôt gai, toujours digne d’être aimé avec tendresse et confiance. Je crois que je le connais à présent et il gagne à être connu, chose rare pour les gens qui plaisent à première vue »….
Correspondance , XVI, n° 9175.
800 - 1 000 €

713
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », Nohant 16 avril 1864, à François BULOZ ; 6 pages in-8 à son chiffre.
Longue lettre sur ses travaux Elle travaille avec ardeur pour la Revue des Deux Mondes . « Je n’ai pas donné suite au roman commencé avant mon départ. Il me demandait trop d’études et de réflexions, et comme j’étais en retard, j’en ai continué un que j’avais entamé à Paris [La Confession d’une jeune fille] et qui peut s’écrire au courant de la plume »... Elle pourrait fournir ce qui est fait à la Revue , mais elle craint tout imprévu qui pourrait lui faire manquer la fin, et préférerait attendre le numéro du 1er juin, quand elle aura tout terminé : « C’est un roman de longue haleine et je vous assure que je ne le quitte pas un seul jour »... Elle relit pour se délasser le roman que son fils Maurice est en train d’écrire [Raoul de La Chastre ] : « Ce sont les mémoires apocryphes d’un noble du 13 me siecle, avec toutes les idées, les superstitions, les aventures et les appréciations de son tems et de son milieu. L’auteur ne le juge pas et le laisse parler. Je ne crois pas que cela ait été fait sous forme de roman »... Elle loue le style de son fils. « Donc, deux paires de mains très diligentes travaillent pour vous ». Elle n’a rien d’autre de digne dans ses « paperasses », et passe en revue les possibilités de Dumas fils et d’About, « qui a tant d’esprit, de savoir et de talent ». Puis elle évoque la charge de Nohant, la part discrète qu’y prennent Maurice et Lina, leur projet d’aller à Paris cet été. Elle a tout réglé à Nohant « sur un pied d’ordre et d’économie » avant d’aller s’installer à Palaiseau… Le succès du Marquis de Villemer à l’Odéon va la mettre « plus à l’aise. Villemer, bien que je n’aie pas fait une affaire avec la direction, me donnera de quoi vous rembourser quand et comme vous voudrez »…
Correspondance , t. XVIII, n° 10817.
700 - 800 €
714
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », Palaiseau 4 janvier 1865, à Marie LUGUET ; 1 page in8 à l’encre bleue.
« Mon cher Mario, J’ai reçu toutes vos jolies lettres du nouvel an, et je te charge de mes remerciements et de mes baisers, à ta petite mère d’abord, et puis au sage Jacot, au bon René et à la belle Margot. L’ami Manceau se joint à moi pour vous souhaiter à tous bonne chance et santé »… Lettres retrouvées , n° 208.
250 - 300 €
715
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », Palaiseau 21 mars 1865, à « Mon enfant » [Francis LAUR] ; 4 pages in-8 à l’encre bleue.
Belle lettre de conseils et de soutien à son jeune protégé Elle lui annonce d’abord « une triste nouvelle […] Après un très faible retour d’espérance, la pauvre petite noire [Joséphine Maillard, fille du tuteur de F. Laur] a fini de souffrir et s’est éteinte il y a deux jours. C’est une douleur à laquelle notre pauvre ami s’attendait bien mais qui lui a été épargnée [Louis Maillard, mort le 24 janvier]. Jacques [frère de Joséphine] est bien affecté. Écris-lui et console-le de ton mieux. C’est un brave enfant bien éprouvé. Je suis contente des renseignements que tu me donnes et remplie d’espérance pour toi, car je vois que tout dépend de toi, et je sais que tu apprécies la délicatesse extrême de ta position. Les agitations dont tu me parles, il ne faut pas seulement t’en parler à toi-même. Ton tems, tes petites ressources, ta volonté, tes rêves, ta santé, rien ne t’appartient dans le présent. Tu as passé avec ta conscience un contrat qui n’exige pas une âme ordinaire, mais de très grandes forces et un certain enthousiasme. Cette situation est une chaîne qui avilirait un esprit médiocre et qui doit te rehausser dans ta propre estime, toi qui l’as prise au sérieux, et qui t’es lié ainsi par dévouement pour cette grande et belle patrone, la science , l’idéal de tes jeunes années, la souveraine de ton âme, de tes sens, de tout ce qui est toi. Je ne te plains pas, moi qui voudrais recommencer ma vie avec la paire d’ailes que l’on est en train de te faire pousser. Ne te plains donc pas non plus. Le sacrifice est aisé quand le but est si noble et si clairement tracé. Tu auras de grandes jouissances, le jour où tu pourras regarder derrière toi sans y trouver aucune tache et aucune défaillance. Tu auras eu une vie d’exception, celle de l’obligé vraiment fier, et tu pourras penser à ta jeunesse remplie de victoires comme à un très beau roman, meilleur que tous ceux qu’on écrit. […] Bonsoir, mon garçon, bon courage, et remplis ta cervelle de belles choses que tu m’expliqueras. » Correspondance , t. XIX, n° 11531.
700 - 800 €




716
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », Nohant 4 mai [sic pour juin] 1866, à Francis LAUR ; 4 pages in-8 à son chiffre.
Belle lettre de conseils à son jeune protégé « Mon enfant, ta lettre m’embarrasse beaucoup. D’abord et avant tout, tu vas entrer dans une liberté complète que tu as conquise par ton travail et ta volonté. Ton droit est donc absolu et le mien se borne à des conseils. Mais ce n’est pas seulement un droit que j’ai, c’est un devoir. En m’intéressant à toi dès le premier jour, j’ai contracté l’obligation de te continuer cette sollicitude tant que tu en seras digne, et comme tu en es parfaitement digne, il faut, bien que cela me coûte, que je te dise ce que je crois nécessaire de te dire. Ta santé exige plus de ménagements que tu ne parais le croire. Tu n’es pas pris, mais tu es menacé. Question de tempérament, qui rendra toujours assez grave un rhume ou un enrouement insignifiant chez un autre. Je suis presque sûre de ce que je te dis, et en mon âme et conscience, je t’avertis de deux choses. La première c’est qu’il ne faut pas te marier très jeune, la seconde c’est qu’il faut passer deux ou trois ans en Afrique ou dans le midi de l’Espagne ou de l’Italie.
Tu es libre de jouer ta vie, de la faire, comme on dit, courte et bonne. Mais as-tu le droit de courir les chances d’un suicide ?
Interroge ta conscience »…
Correspondance, t. XX, n° 12686.
On joint une émouvante L.A.S. « G. Sand », [Paris, 31 (?) décembre 1855], à Caroline LUGUET (1 p. in-12 sur papier bleu). « Ma chère Caroline, j’envoie à notre petite Marie la poupée favorite de ma pauvre Nini [sa petite-fille Jeanne Clesinger, morte le 13 janvier].
Ce n’est qu’à elle au monde que je la donne avec plaisir »… Correspondance, t. XIII, n° 6953..
600 - 800 €
717
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « GS », [Nohant] 11 novembre 1868, à André BOUTET ; 4 pages in-8, enveloppe timbrée.
Elle le prie de toucher « les petits coupons », et de lui envoyer la somme, avec « les recettes d’Aucante, […] les dettes courantes prélevées. Nous voici dans un renouvellement de bail pour deux fermes, et en attendant que nous ayons à toucher, il faut débourser pour un complément de cheptel . […]
Comment allez-vous tous ? Je pense que vous êtes à Paris par ce tems froid. Chez nous, le ciel gris est plein de bataillons de grues qui volent en flèche, en poussant des cris lamentables. On allume le calorifère, on joue au salon avec les enfans, on travaille et on accepte l’hiver comme un vieux ami dont on a su émousser les dents. Ce n’est pas sans peine, mais c’est fait, et on vit d’une façon plus intime que dans les beaux jours ».
Elle évoque la saisie des journaux l’Avenir national et la Tribune [qui lançaient une souscription pour le monument au député Alphonse Baudin, tué sur les barricades le 3 décembre 1851] : « C’est mal prendre son tems, que de s’opposer aux manifestations de sentiment pour les morts. Les gouvernements feront donc toujours les mêmes fautes ? » Elle est « plongée dans le travail ». Quant à ses petites-filles : « Lolo [Aurore] est toujours la 8 me merveille du monde et Gabrielle la neuvième. Lettres retrouvées , n° 323.
500 - 700 €
718
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », Nohant 15 juin 1869, [à Francis LAUR] ; 4 pages in-8 à son chiffre.
Belle lettre à son jeune protégé
Elle a parlé de Laur « avec le bon père RODRIGUES, ce juif seul chrétien que je connaisse parmi les riches. Il est fier de toi »... Ses petites-filles « font la joie de la maison »...
Eugène FROMENTIN, qu’elle n’a plus revu, « ni cherché à revoir a un grand succès comme peintre et le voilà riche. C’est, dit-on, sa femme qui l’a voulu impérieusement ; mais était-ce une raison pour lâcher des amis dévoués ? C’est qu’il n’est pas dévoué lui-même apparemment et c’est tant pis pour lui. Je ne connais qu’une manière de punir les oublieux, c’est de les oublier aussi »...
Elle en vient à la politique et évoque les mesures répressives à la suite des élections au Corps législatif [victoire des républicains dans les grandes villes] : « Emeutes dans Paris. Fond mystérieux. Enfans perdus lancés par la police ou par un parti, on ne sait, et on ne saura que ce que le gouvernement laissera voir. Partis attentifs, regardant passer l’émeute, tous prêts à tirer profit du dénouement : c’est toujours la même chose ! »...
Elle est allée à Paris pour vendre et déménager Palaiseau, lire sa pièce [L’Autre] à l’Odéon et fixer les conventions ; à présent elle rêve de reprendre la botanique... Elle ajoute : « J’aurais pu te prendre et te garder comme secrétaire, ça m’aurait bien servi sur mes vieux jours ! mais je t’aurais fait manquer la vie, une belle vie, et je me réjouis de n’être pas égoïste »...
Correspondance , t. XXI, n° 14365.
800 - 1 000 €







719
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », 16 septembre 1869, à Théophile SEMET ; 3 pages in8 à son chiffre.
Belle lettre au compositeur de La Petite Fadette (créée le 11 septembre 1869 à l’Opéra-Comique). Elle tient absolument à ce que leurs accords restent un secret : « Je ne le confie à personne . J’ai accepté avec répugnance ma part d’argent dans votre partition. Quelque soit l’usage, ce travail est tellement vôtre que je ne me le serais pas approprié si nous eussions été seuls dans le cabinet de M r Ritt [directeur-adjoint de l’Opéra-Comique]. Je sais que vous avez de jeunes enfants et de vieux parents, que vous avez le talent et le courage, mais que vous n’êtes pas encore à flot . Espérons que ce charmant succès de la Fadette vous y mettra, mais laissez-moi aider un peu la chance, en vous restituant 500 fr. […] je garde encore quelque chose pour dire que j’ai partagé. Si votre fierté en souffre, vous me rendrez par la suite ; mais vraiment ce serait mal d’en souffrir, ce serait méconnaître l’estime que je fais de vous et le sentiment tout fraternel qui inspire ma démarche »… Elle part pour huit jours, le charge de faire ce qui convient pour les machinistes, et de complimenter « nos artistes que je reviendrai applaudir la semaine prochaine ». Correspondance , t. XXI, n° 14566.
400 - 500 €
720
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », Nohant 25 octobre 1871, à « Mon cher enfant » [Zacharie MAULMOND] ; 2 pages et demie in-8 à son chiffre.
« Mon cher enfant, Je ne crois pas que le ministère des finances change de longtems son titulaire [Augustin Pouyer-Quertier], après les grandes affaires qu’il vient de traiter, et par ailleurs je ne le connais pas et n’ai aucun aboutissant près de lui. La personne qui te servirait peut-être efficacement comme appui et comme très bon conseil, c’est Victor BORIE qui aime très particulièrement ton père, car c’est lui qui me l’a fait connaître en me disant de lui tout le bien qu’il mérite. Si ton père lui écrivait, il ferait son possible, j’en suis sûre pour vous guider utilement. Étant prévenue j’appuierais de mon côté en temps utile, je crois que Borie va avoir ou aura un jour ou l’autre, la haute direction du Comptoir d’escompte. Ce sera une très grande position. Dis donc à ton père de lui écrire, de lui dire tes ressources, tes capacités particulières, etc. Je ne doute pas qu’il ne vous ouvre une voie pratique et qu’il ne t’y pousse ferme si tu y vas bien »...
Correspondance , t. XXII, n° 15730.
300 - 400 €
721
SAND George (1804-1876).
L.A.S. « G. Sand », [Nohant 15 septembre 1875, à Adolphe JOANNE] ; 2 pages et demie in-8 à son petit chiffre gothique.
Elle ne retrouve pas la lettre de Joanne, arrivée alors qu’elle était « en proie à des souffrances aigues ». Elle lui rappelle sa promesse d’affilier « notre petite ami » Charles SAGNIER au Club alpin. « Et puis vous me demandiez si j’avais reçu l’annuaire et les cartes du Mont-Blanc et du Mont perdu ? Oui, elles sont très belles. – Et puis vous me demandiez un article pour le prochain annuaire [Annuaire du Club alpin ], cela, c’est très difficile. Je n’ai jamais fait que les petites ascensions permises aux simples mortels et je ne sais absolument rien de nouveau à dire des montagnes. Je ne peux pas inventer sur ce sujet, et j’ai décrit minutieusement dans mes romans les modestes altitudes que j’ai atteintes en me promenant »... Lettres retrouvées , n° 450.
400 - 500 €


722
SARTRE Jean-Paul (1905-1980).
2 MANUSCRITS autographes, [vers 1958] ; 27 et 17 feuillets in-4.
Deux projets de théâtre, le premier inédit, le second version primitive des S é questrés d’Altona Tous deux sont écrits à l’encre bleu-noir au recto de feuillets de papier quadrillé.
* Le premier projet est datable par des allusions aux Vitelloni (le film de Fellini est de 1953) et au spoutnik (1957) : « la réunion des Vitelloni : pour voir le Spoutnik. Discussion sur le spoutnik ». Sartre devait y aborder le problème de l’avortement. Le manuscrit s’ouvre sur le plan du 1er puis du 2e acte (plus loin, il est question d’un 3 e acte) : « Plan / 1) Présentation : – le médecin (plus d’avortement) – le révolté mou – l’appliqué / Le père du môme-frère aîné de l’appliqué (?), patron de la petite ? / Il vient : est-il chez vous ? / Non. / Vous savez c’est idiot. Il brisera sa vie. / Silence des gars. / Quelqu’un lui répond : de toute façon elle est brisée. / La petite est rentrée avant. Se range aux côtés du père. / (Wanda répand le bruit que c’est elle , la petite, qui a dénoncé.) / Le père s’en va. La discussion continue : c’est elle qui leur reproche de le cacher. Ils s’engueulent. / Les flics s’amènent. Prennent le gars. / “S’il s’était constitué prisonnier…” / Si quelqu’un d’entre nous ne l’avait pas dénoncé. / Le rideau tombe là-dessus. »
Plus loin, Sartre rédige un « Thème simplifié possible. 1) les deux et le médecin 2) Elle est enceinte. Elle le dit au mari. 3) Elle apprend qu’elle part pour la Corée. 4) Elle se fait avorter. Elle le dit à la fille. 5) La fille le dit au mari. 6) L’explication ».
Notes sur les personnages, les rapports entre eux (avec schémas), plans ou résumés de scènes, ébauches de scènes et de dialogues, etc.
Sartre songe à la distribution : outre Wanda (prénom de Wanda Kosakiewicz, à qui est vraisemblablement destiné le rôle), on relève les noms de Marie Bell et de Daniel Gélin… * Ébauche d’une version primitive des Séquestrés d’Altona (la pièce sera créée le 23 septembre 1959) ; les personnages s’appellent ici Evelyne, Peter, Ilse, Wanda, Hedwig, Ernest, le feldwebel, le père… Plus loin, ils ont trouvé leur nom définitif : Frantz, Werner, Johanna… Ces pages se rattachent à l’interrogatoire et à l’acte III, avec des dialogues déjà élaborés.
2 000 - 2 500 €
723
SENGHOR Léopold Sédar (1906-2001).
12 L.S. « Senghor », Verson, Paris ou Dakar 1980-1985, à Michel de SAINT-PIERRE ; 1 page in-4 dactyl. chaque dont 2 à en-tête Le Président de la République et 10 à son nom et adresse à Dakar puis à Paris ; 7 enveloppes.
Correspondance amicale et littéraire sous le signe de la Normandité 31 août 1980. À la fin de ses vacances en Normandie, il remercie son confrère et son épouse de leur accueil : « Nous avons été heureux de vous trouver tel que nous l’imaginions, un écrivain de grand talent enraciné dans sa Normandie et exprimant la Normandité »… 12 novembre 1980 . Remerciements pour son article du Figaro qui le touche, car il y voit « l’expression d’une amitié Normande ». Senghor tient en effet à lire tous les matins 4 ou 5 journaux français, « du Figaro à L’Humanité »… 29 octobre 1982 . Il passera les vacances d’hiver en Normandie, et accepte de répondre à un entretien pour la revue Sleipnir. Ils se verront aussi l’été : « vous aurez des choses importantes à me dire sur la Normandité , car, naturellement, je n’ai pu faire qu’une “relecture négro-africaine” de mes auteurs normands, de Malherbe à Michel de Saint-Pierre »… 7 février 1983 . Il sera heureux de recevoir leur ami Cacheux au Sénégal… 13 mai 1983 « Je suis heureux que mon article sur la Normandité ait trouvé votre approbation. En ce qui concerne ma candidature à l’Académie française, naturellement, si j’étais élu, je serais ouvert […] aux candidatures normandes, et d’abord la vôtre »…. 14 décembre 1983 . Compliments sur le poème Le Gibet dont il a aimé la “normandité”, ainsi que dans l’anthologie de Lettres à Michel de Saint Pierre de LA VA r ENDE . Il a admiré Le Gibet , caractéristique du « lyrisme lucide » des écrivains normands, et « votre superbe maîtrise du vers français ». Mais c’est encore « dans vos romans que j’ai trouvé, non certes pas le plus grand art ; mais celui qui me touche le plus »… 26 juillet 1984 . Il a commencé à lire son dernier roman où il retrouve avec plaisir « votre style qui porte les marques de la normandité », bien qu’il n’aime pas trop les romans policiers… 24 décembre 1984 . De retour d’un voyage en Amérique latine, en Inde, en Tunisie, il donne son accord pour une Anthologie… 23 avril 1987. Remerciements pour le recueil de Montherlant, Lettres à Michel de Saint-Pierre : « Pour la fidèle admiration que je porte à l’écrivain normand que vous êtes, mais aussi à Henry de MONTHE r LANT, je garderai soigneusement l’ouvrage dans ma bibliothèque »… Remerciements d’articles, félicitations pour le mariage de sa fille, pensées amicales, etc.
1 000 - 1 500 €



724
SIMENON Georges (1903-1989).
TAPUSCRIT avec corrections autographes, Le Rapport du gendarme , 1941 ; 179 pages in-4 (pas de page 10, sans manque), chemise demi-maroquin rouge à rabats, titre doré au dos, étui.
Tapuscrit complet, très corrigé par l’auteur, de ce roman policier
Il est daté en fin par Simenon « Château de Terre-Neuve, Fontenayle-Comte, 11 septembre 1941 », et a été publié pour la première fois en 1944, aux éditions Gallimard. Prépublication en feuilleton dans l’hebdomadaire Actu , du 15 juillet au 22 novembre 1942, sous le titre : Le mystère du Gros-Noyer. L’histoire se passe non loin de Fontenay-le-Comte, en Vendée, où Simenon s’était retiré après la défaite de 1940. Un soir d’automne, un homme blessé par une voiture est ramassé près de la route et porté dans la ferme voisine, dite du Gros Noyer, habitée par Étienne Roy, sa femme Joséphine et leur fille. Pendant l’enquête préliminaire, le brigadier, appelé d’urgence par Roy, surprend Joséphine en train de dissimuler un morceau de papier tombé par terre près du blessé. Ce billet porte l’adresse de la ferme du Gros Noyer. C’est le début d’une affaire de sang toute familiale…
Toutes les pages de ce tapuscrit, soigneusement dactylographié par Simenon lui-même, portent de nombreuses corrections autographes, à l’encre bleue, pour changer des mots, parfois une phrase entière. Simenon propose, sur la page de titre, une alternative au titre retenu : « (ou : Le Soir du gros noyer) ».
7 000 - 8 000 €
725
SIMENON Georges (1903-1989).
TAPUSCRIT signé « G. Simenon » avec additions et corrections autographes, Maigret et la Vieille Dame , 1949 ; [1]-178 ff. in-4 (27 x 21 cm), reliure (une peu frottée) basane rouge, cadre de filets à froid sur les plats, sous emboîtage (de Thérèse Treille) couvert de papier à motif crocodile bordeaux avec fenêtre contenant une reproduction de la jaquette du roman.
Tapuscrit original de ce roman, abondamment corrigé Maigret et la Vieille Dame , roman policier de la série des Maigret, rédigé en Californie (où Simenon s’était exilé) du 29 novembre au 8 décembre 1949, a été publié au début de 1950 par les Presses de la Cité.
L’action se déroule à Étretat. Citons le texte de présentation de la jaquette du livre : « Maigret et la Vieille Dame confirme ce que le sympathique commissaire a maintes fois démontré : il n’a pas de méthode. Placé devant les faits, placé devant les gens, il réfléchit, il s’enfonce en lui-même et là, seul avec lui et en lui, il essaye de retrouver, de reconstituer, d’imaginer, les sentiments ou les mobiles qui ont pu amener tel ou tel protagoniste, plutôt que tel autre, à accomplir un geste donné, à commettre un crime donné. Il cherche de quoi sont faits les gens et, déduisant les conséquences de sa découverte, comprend pourquoi ils ont agi de telle ou telle façon. [… Ainsi] avec la délicieuse vieille dame qui nous est présentée maintenant. Le commissaire Maigret se trouve aujourd’hui devant toute une famille. Autant de coupables possibles, pensez-vous ? Non ; autant de coupables improbables, justement. Et tant qu’il n’aura pas découvert le pourquoi du crime à propos duquel il mène l’enquête à Étretat, il ne saura pas qui l’a commis. Une seule personne est d’avance exonérée, une vieille dame à qui était destiné le verre de poison qu’a vidé la Rose, sa bonne. Et la bonne est morte. C’est la vieille dame elle-même, une exquise vieille dame aux traits de marquise, aux yeux de ciel, qui est venue au quai des Orfèvres pour prier le commissaire de prendre l’affaire en main… Loin de son service et des facilités matérielles qu’il lui offre, loin de ses collaborateurs habituels et de leur aide efficace, Maigret, sans le moindre fil pour le guider, se trouve dans un bourg inconnu et parmi des individus qui n’ont guère de rapport avec sa clientèle accoutumée. C’est plus que jamais au fond de lui-même qu’il lui faudra se réfugier pour réfléchir en paix et, des effets, remonter aux causes. Sans méthode préconçue ».
Comme tous les ouvrages de la série des Maigret, celui-ci a été directement dactylographié par Simenon, ce qui explique l’importance des additions, ratures et corrections, portées par l’auteur sur son tapuscrit, qui est daté en fin de Carmel (Californie), le 8 décembre 1949.
Notamment, Simenon a ajouté de sa main les titres des neuf chapitres : I La Châtelaine de “La Bicoque”, II Les Débuts de Valentine , III Les amants d’Arlette , IV Le Sentier de la Falaise , V Les opinions d’un brave homme , VI La Rose et ses problèmes , VII Les Prédictions de l’Almanach , VIII [Le Boudoir de Valentine biffé] La lumière du jardin , IX Le crime de Théo Nombreuses corrections autographes. Toutes les pages de ce tapuscrit, soigneusement dactylographié par Simenon lui-même, portent des corrections autographes de Simenon, à l’encre bleue, pour changer des mots, parfois une phrase entière. .Ces corrections importantes (ajouts, ratures, changements de mots, de phrases, corrections orthographiques, etc.) ont toutes été prises en compte dans l’édition.
On joint un exemplaire de l’édition originale, broché, avec sa jaquette illustrée en couleurs (il n’y a pas de grand papier).
8 000 - 10 000 €





728

SOUPAULT Philippe (1897-1990).
MANUSCRIT autographe signé, [1946]. Plus un manuscrit en partie autographe, Henri Rousseau, le douanier, [1979] ; 6 pages et quart in-4, et 5 pages in-fol.
Sur le Douanier Rousseau
Le premier article fut écrit à l’occasion d’une exposition à la galerie Charpentier consacrée à l’École de Paris depuis Henri Rousseau, et parut dans Les Lettres françaises (n° 118), le 26 juillet 1946. « Pour celui qui a si durement travaillé, pour celui dont on s’est si méchamment et si injustement moqué pendant toute sa vie, la destinée fut cruelle […]. Peut-être n’est-il pas malgré tout trop tard pour réparer cette injustice »… Soupault s’attache à libérer ce « pionnier de la peinture » de l’étiquette de « primitif », et à défaire quelques idées reçues tenaces qui talonnent sa mémoire…
Le second texte est élaboré à partir d’une photocopie d’un article paru dans La Revue du XXe siècle en 1962 (repris dans Profils perdus , 1963), collée sur de grands feuillets ; Soupault y apporte au feutre violet dans les marges d’importantes modifications et additions en vue du recueil Écrits sur la peinture (Lachenal & Ritter, 1980). Il rédige notamment une nouvelle conclusion, pour signaler La Vérité sur le douanier Rousseau d’Henry Certigny : « Cet érudit a retrouvé tous les documents sur la vie du peintre et recueilli, en les commentant, les témoignages de ceux qui l’avaient connu plus ou moins bien et qui l’avaient jugé plus ou moins mal. On peut douter que les propriétaires des toiles de Rousseau songent à lire ce livre vengeur ».
1 000 - 1 500 €
727
STAËL Germaine Necker, baronne de (1766-1817).
L.A.S. « Necker Stael de Holstein », Coppet (Vaud) 24 juillet [1805, à François THUROT, directeur de l’École des sciences et belles-lettres] ; 2 pages in-4.
Belle lettre inédite sur l’éducation de son fils Auguste Elle désire envoyer son fils à la pension dont elle désire le prospectus, et demande si son fils pourrait y pratiquer quelques « exercices du corps » favorables à sa santé, tels que l’équitation, la natation et la danse. « Pour tout ce qui tient à l’instruction littéraire vous le trouverez je crois assez avancé, il sait le latin l’allemand l’italien, l’anglois, et pas mal le grec, mais il est ignorant dans les mathématiques ou du moins très peu avancé. On m’a dit qu’il n’y avoit point de maître de musique attaché à la pension, j’en donnerois un à mon fils car je serois très fachée qu’il négligeat ce talent qui contribue beaucoup à la culture de l’imagination »… M. Le Coulteulx De Canteleu se loue beaucoup des soins donnés à son fils par le directeur de pension… « Mon intention est de faire partir mon fils dans quinze jours, je voudrois avoir votre réponse avant ce tems »…
1 200 - 1 500 €
SUARÈS André (1868-1948).
3 L.A.S. (monogramme), 1929-1930, à Armand GODOY ; 9 pages in-4 à l’encre rouge, 2 enveloppes. Belle correspondance au poète Armand Godoy, dans le culte de Baudelaire
Paris 14 octobre 1929 . « Vous avez le cœur du poète, cher Monsieur. Baudelaire lui-même a grand cœur : il ne veut pas qu’on le montre, – mais moins il le fait voir, plus il en a. Vous venez de me faire entendre le battement du vôtre […] j’admire ce culte magnifique de la poésie, où vous semblez avoir dédié votre vie ». Il est chassé de son domicile et doit « partir pour l’exil »... – Collioure 4 janvier [1930]. « Votre souvenir va bien au-delà, mon cher Godoy, de ce qu’on appelle une aimable pensée. Vous êtes venu comme Hermès, lequel n’est chargé pour chacun que du seul message qu’il soit digne de recevoir : le sien qu’il attend est celui pour lequel il est fait. […] On n’est pas poète seulement pour écrire des vers, mais bien plus pour vivre en poésie. Vous savez que le plus grand et le plus beau des dons est celui qu’on fait de soi à la beauté cachée »… – 29 avril. « Chacun de vos poèmes marque un progrès sur ceux qui le précèdent, mon cher Godoy. […] Peu de poètes plus fidèles que vous à la religion de Baudelaire : vous êtes des plus dignes d’appartenir à l’Ordre. Et du moins n’avez-vous pas la folie trop raisonnable de répudier l’émotion. On ne doit pas partir de son cœur ; mais pour vivre il n’est vraiment pas inutile d’en avoir un. Vos essais dans le vers de quatorze pieds et celui de quinze sont d’un haut intérêt. (J’ai écrit deux drames dans ce mètre) J’y vois une admirable matière, entre la prose et l’alexandrin. Par là même, il est mieux fait qu’un autre pour la poésie dramatique. Si on le manie avec quelque écrit et les sons de la musique, si on se garde surtout de le finir trop souvent par un alexandrin bien coupé en deux hémistiches, il tient lieu de vers blanc qui nous manque et qui a rendu tant de services aux Allemands et aux Anglais. Quant aux Grecs, à qui je me réfère presque toujours en tout, l’iambe de Sophocle est, à mes yeux, le type parfait de vers blanc tragique : il compte très souvent quatorze pieds »... Etc. On joint une petite L.A.S. à l’éditeur Rob. Émile-Paul, [25.X.1928 ?], concernant ses manuscrits, dont deux « pourraient convenir à Godoy » (1 p. in-12, adr., carte pneumatique).
500 - 600 €

729
TOCQUEVILLE Alexis de (1805-1859).
L.A.S. « Alexis de Tocqueville », [Paris] 1er mai 1856, [à l’imprimeur Alfred MAME] ; 2 pages in-8.
Il a un service à lui demander : « j’ai dans ma commune une école dans laquelle je distribue chaque année cinq prix. C’est une école primaire et j’ignore quels sont livres les mieux et les plus habituellement appropriés à cette destination. Vous devez en imprimer un très grand nombre chaque année et vous êtes en état de me dire quels sont ceux que je puis choisir ou plutôt les choisir pour moi, si, dérangeant à vos habitudes, vous consentiez à me les fournir. [...] L’un de ces prix doit être supérieur aux autres, je sais que je le donne à un petit garçon qui s’est le mieux conduit durant toute l’année.
La même école manque de plusieurs livres indispensables tels que sept exemplaires de la Doctrine chrétienne par Lhomond. Il lui manque aussi des Manuscrits ou Choix gradué de 50 sortes d’écritures . Il en faudrait 12. […] Vous voyez que je n’ai pas oublié que nous sommes de connaissances depuis 25 ans puisque je m’adresse à vous sans façon ». Il serait heureux de revoir son correspondant « et à reprendre nos rapports de voisin tels qu’ils existaient, durant l’année que j’ai passée à S t Cyr »….
500 - 700 €
730
TOCQUEVILLE Alexis de (1805-1859).
L.A.S. « ATocqueville », Paris 6 mai 1856, [à l’imprimeur Alfred MAME] ; 3 pages et quart in-8.
Il le remercie de son envoi. « Vous êtes du nombre, malheureusement assez petit, des hommes au bon souvenir des quels je tiens réellement parce que j’ai une complète estime pour eux ». Il renvoie cependant trois volumes qu’il souhaite changer : « Ce que je reproche aux trois que je ne prends pas, ce n’est pas le prix, ils sont incroyablement bon marché, c’est d’une part les dorures (celles de la tranche ) qui, je le crains, paraîtraient trop magnifiques aux yeux des petits paysans auxquels je les destine ; secondement, le sujet : j’aimerais mieux au lieu de l’histoire telle qu’elle convient aux classes des collèges, quelque chose de plus approprié et de plus agréable : soit petites histoires instructives, soit livres ayant trait aux choses des champs. N’oublions pas qu’il s’agit d’une école primaire et d’enfants qui doivent presque tous être des cultivateurs et que je n’ai pas envie de pousser à être autre chose, désirant seulement les rendre plus éclairés et plus moraux dans leur condition. Vous devez avoir quelque chose qui réponde à ces idées car je crois que vous imprimez pour les établissements d’instruction publique de toutes les espèces des écoles élémentaires jusqu’aux écoles supérieures »…
Il donne des nouvelles de leurs amis Ampère et Gustave de Beaumont... Il ajoute en post-scriptum : « Quand bien même les ouvrages que je donne en prix ne seraient pas d’un très grand amusement pour les enfants, je les prendrais volontiers s’ils étaient de nature à être utiles aux parents et à leur apprendre quelque chose dans le genre de vie qu’ils mènent presque tous. »
500 - 700 €




731
TOLSTOI Léon (1828-1901).

L.A.S. « Léon Tolstoy », [23 octobre 1904], aux éditeurs Williams & Morgate à Londres ; 1 page in-12 (fente réparée, trace jaunie de scotch, encre pâle), enveloppe ; en français.
« J’ai reçu les six beaux volumes des œuvres complètes de KANT et remercie beaucoup la personne inconnue qui me les envoie ». On joint une L.A.S. de COLETTE à Maurice Saurel, [26.XII.1949].
800 - 1 000 €
732
TOURGUENIEV Ivan (1818-1883).
P.A.S. « Ivan Tourgueneff », et par Gustave FLAUBERT, Edmond PLAUCHUT et George SAND ; 1 page in-12.
Amusant document rassemblant les quatre amis
« J’ai l’honneur de vous saluer Ivan Tourgueneff.
J’ai l’honneur de vous saluer Edmond Plauchut.
J’ai l’honneur de vous saluer mon bibi ! G ve Flaubert. Edmond Plauchut est un gros crétin. G. Sand ». Ancienne collection Artine ARTINIAN (étiquette en p. 4).
800 - 1 000 € 729 730




733
VALÉRY Paul (1871-1945).
L.A.S. « Paul Vly », à Paule GOBILLARD ; 2 pages in-4 au crayon bleu (plis).
Belle lettre sentimentale et mélancolique où Valéry évoque Gide et Mallarmé [Paule Gobillard (1867-1946) était fille de la sœur de Berthe Morisot. Sa sœur, Jeannie, devint l’épouse de Paul Valéry.]
« Ma chère Paule, Votre mot me décourage de venir aussitôt. [...] Mais que faire ? Je suis désert et errant. Sur mon âme l’ancien ennui se joue... Voulez-vous l’emploi de mon temps ? Hier, j’ai dîné chez les Gide fort aimablement, on a beaucoup regretté la séance que je méditais. Aujourd’hui j’ai vu les Mallarmé – leurs amitiés – puis dîné à la taverne anglaise de la rue d’Amsterdam – (oxtail remarquable, stout). Ce soir je trouve un âtre amer, votre lettre désenchantée, les portraits de mon Jeannie et un livre de philologie, heureusement, pour m’anesthésier un peu. Allons, quand faut-il venir ?? Répondez vite. Comment va Julie [Manet, fille de Berthe Morisot] ? Bonsoir, sainte femme »
600 - 800 €
734
VALÉRY Paul (1871-1945).
L.A. (minute), [à Ernst Robert CURTIUS ?] ; 4 pages in-8.
Intéressante lettre sur Marcel Proust Il remercie pour l’envoi d’un beau livre : « Vous avez institué entre pr O u ST et moi une relation dont je ne manque d’être intéressé, d’abord pour y figurer et ensuite par l’imprévu ». Il s’attarde sur le rapprochement très suggestif fait entre BE r GSON , pr O u ST et EINSTEIN , par « affinité ethnique » et une « coïncidence chronologique [...] Toutefois il ne faut point oublier que les travaux d’Einstein sont inséparables d’une symbolique et d’un formalisme prodigieux, qu’ils passent les bornes de la faculté de la représentation, et que l’on pourrait par là les rapprocher d’un “Mallarmisme” »… Il estime qu’une comparaison entre Proust et lui-même est difficile : « Proust se met dans son œuvre, de tout son esprit et de toutes ses vertus. Il vit en elle, et pour, et par elle. Moi, c’est tout le contraire. J’écris à regret. Même à 19 ans je fus émerveillé, indigné, abasourdi par André GIDE me disant qu’il se tuerait si on l’empêchait d’écrire !
Ceci ne me gênerait guère. J’aime un certain genre d’analyse, et c’est tout ! […] Proust a développé infiniment le rôle de la mémoire. C’est un culte chez lui. Il en tire d’admirables modulations. Mais où commence la vraie mémoire, où finit la puissance de l’art ?? Il y a donc chez lui cette ambiguïté entre le littéraire ou poétique, et l’exact, qui est chez moi ce que je redoute le plus »…
800 - 900 €
735
VALÉRY Paul (1871-1945).
POÈME autographe signé « Paul Valéry », La Dormeuse ; 1 page in-4 sur papier vergé.
Très beau sonnet de Charmes
Ce sonnet a été recueilli dans Charmes (1922). Le manuscrit est superbement calligraphié à l’encre noire sur un beau papier vergé avec un écu filigrané ; une note au crayon indique : « Ce feuillet de papier vergé était de ceux que Gabriel d’Annunzio faisait faire pour son usage ». Ce manuscrit présente quelques variantes de ponctuation avec l’édition.
« Quels secrets dans son cœur brûle ma jeune amie, Ame par le doux masque aspirant une fleur ?
De quels vains aliments sa naïve chaleur Fait ce rayonnement d’une femme endormie ? »…
1 200 - 1 500 €




736
VERLAINE Paul (1844-1896).
MANUSCRIT autographe, Digression utile , [vers 1880] ; 1 page petit in-4 (22 x 16,5 cm).
Brouillon pour le Voyage en France par un Français
Cette page, chiffrée 32, porte un numéro et titre de chapitre :
« V Digression utile ». Elle présente, avec des ratures et corrections, une version différente du chapitre IV, Du Dimanche français , de l’édition posthume du Voyage en France par un Français (1907).
« Tout se tient. De l’inobservation impie du Dimanche, de la trivialité du travail quotidien, brutal, animal, devait découler et a découlé abondamment, torrentiellement sur notre pays une trivialité, une banalité de vues, de manières et d’habitudes telles que je lisais dernièrement avec un chagrin non étonné dans un ouvrage anglais sur la France, ces lignes cruellement justes: “par leurs qualités comme par leurs défauts les Français d’à présent me donnent l’idée des plus durs, des plus avares et des plus littéralement honnêtes Ecossais – avec la vulgarité en plus […] Le jugement est dur. Reconnaissez qu’il est vrai : notre rire, dont nous sommes si fiers n’est plus […] que la grimace hystérique de la tourbe des buveurs d’eau de vie et de vins frelatés. Notre tristesse est la mélancolie des filles publiques, nos vraies, nos seules maîtresses ; nous jurons comme si Dieu était notre ennemi personnel, ce Dieu que nous avons oublié dans la frénésie de notre effort cupide de tous les jours »... Cachet de la collection Victor SANSON.
800 - 1 000 €
737
VERLAINE Paul (1844-1896).
L.A.S. « P Verlaine », Paris le 25 [mars-octobre 1888], à Félicien ROPS ; 1 page in-8.
À propos d’une illustration de Rops pour Parallèlement [Le livre paraîtra en 1889, sans le frontispice gravé par Rops qui ornera, finalement, Chair, paru à titre posthume].
« “Vanier” très, – moi pas, – inquiet de Parallèlement. Que devient ce manuscrit dont je devais avoir un double ? Comme c’est pour moi une terrible affaire de SOLS , je vous serais bien reconnaissant d’un simple mot à votre si sympathiquement ami »… Il donne son adresse « 14 rue Royer-Collard ».
600 - 800 €
738
VERLAINE Paul (1844-1896).
L.A.S. « P. Verlaine », Paris 4 août 1889, à son éditeur Léon VANIER ; 1 page in-8 sur papier administratif de l’Assistance publique.
« Aux termes même de traités rédigés par vous vous savez qu’il me revient une certaine quantité de Sagesse et Parallèlement Veuillez me faire parvenir la liste des gens à qui vous avez fait le service de presse »... Il demande d’envoyer un exemplaire à M. Triollet, et il donne son adresse à l’hôpital Broussais pour lui envoyer son courrier.
On joint un sizain autographe (3,5 x 11 cm) : « Ou bien être un paladin / Gai, hautain »…
600 - 800 €
739
VERLAINE Paul (1844-1896).
L.A.S. « P. Verlaine », Hôpital Broussais 14 octobre 1890, à Jules NATHAN , à Nancy ; 2 pages in-8, enveloppe. Il indique avec précision le chemin et les horaires pour venir le voir à l’Hôpital Broussais (« Salle Lasègue, lit 28 »), puis il donne de ses nouvelles et expose ses projets : « Quitté Cochin peu après votre départ de Paris. Séjour de six semaines environ à l’hôtel de Lisbonne, 4 rue de Vaugirard où je demeure habituellement, où il est plus que possible que je “descendrai” à ma sortie d’ici, et où, en cas de traces miennes perdues, on peut toujours se procurer mon adresse soit en province, soit à l’étranger, soit plutôt, hélas ! ès retraits de l’Assistance Publique »... Il souhaite à Nathan de bien se porter, car « c’est l’essentiel. [...] Je n’ai pas encore répondu à votre ami, le poète des Assonances. Présentez lui mes excuses, et mes félicitations quand le verrez ou lui écrirez. D’ailleurs je ne compte pas rester ici indéfiniment. J’ai quand je suis “dehors”, l’habitude de réunir une fois par semaine quelques amis, le soir. J’espère que cet hiver, vous voudrez bien assister le plus souvent possible à mes modestes Mercredis »...
700 - 800 €
740
VERLAINE Paul (1844-1896).
L.A.S. « P. Verlaine », Hôpital Broussais [1890], à George BONNAMOUR ; 1 page in-4, sur papier administratif de l’Assistance publique.
« Quid novi ? J’apprends que la Plume paraît toujours. Je n’en sais rien que par ouï-dire car rien reçu depuis des éternités ». Il demande de lui en faire le service et de lui en envoyer la collection. « Je suis à crans avec VANIER et n’ai plus de rapports depuis deux mois avec ce bibliopole. Et vous ? Connaîtriez vous (ceci entre nous) un imprimeur commode ? »…
En post-scriptum, il donne son adresse : « Hôpital Broussais, rue Didot, 96. […] Salle Lasègue, n° 31. Visible tous les jours de 1 à 3 »...
500 - 700 €



741
VERLAINE Paul (1844-1896).
L.A.S. « P. Verlaine », [décembre-janvier 1892-1893], à Léon DESCHAMPS, rédacteur du journal La Plume ; 1 page et demie petit in-8.
Il le prie « de ne pas imprimer le sonnet à M lle ZILCKEN que je donne à la revue l’Art et la Vie . Je vous serais obligé, si pouvez, de me donner quelque argent, si minime qu’il soit, des autres sonnets envoyés par moi à la Plume . Vous remettriez la somme à M lle Julie, porteur de ce billet à moins que M lle Philomène ne soit venue munie d’un mot à l’avance (hier elle est allée rue Bonaparte pour vous trouver) l’autorisant à toucher s’il y a lieu. Je suis en affaires pour le livre sur la Hollande . Laissons donc dormir le projet de publication par souscription »…
On joint une L.A.S. de Gustave LE VAVASSEUR, Amiens 17 janvier 1889 : « Je ne connais pas M. Verlaine, mais je devine en lisant ses vers, les tourments de son réel talent. En se compilant des souffrances de la maladie et des angoisses de la pauvreté, ils n’en sont pas moins intéressants »... (1 p. in-8).
500 - 700 €
742
VERLAINE Paul (1844-1896).
L.A.S. « Paul Verlaine », Paris 15 janvier 1893, [à E. LASSUDRIE] ; 1 page in-8 (une ligne grattée), cachet encre E. Lassudrie au verso.
« J’ai reçu votre lettre et les deux cents francs que veut bien m’envoyer M r [nom gratté, remplacé par « M. de ROTHSCHILD »]. Veuillez lui transmettre mes bien vifs remerciements pour ce secours qui va m’être d’une grande efficacité. Je profite de l’occasion pour le remercier, comme je l’ai fait par l’intermédiaire de M Rodolphe SALIS, des cinq cents francs qu’il m’a fait remettre naguère par ce dernier. Il me reste à vous témoigner également ma gratitude pour le soin que vous avez bien voulu mettre en faveur dans ces deux circonstances »... Il donne son adresse à l’Hôpital Broussais, salle Lasègue. [Dans un poème, intitulé Reçu , Verlaine remerciera Rodolphe Salis, « cabaretier select », propriétaire du Chat Noir, de lui avoir remis « cinquante balles », saluant également « le très charmant procédé de Monsieur de la Souderie, et la gentille intention d’A. de Rothschild, homme fadé ! » ; le « la Souderie » de Reçu est probablement ce Lassudrie, à qui est adressée cette lettre, au dos de laquelle il a apposé son cachet.]
400 - 500 €
743
VERLAINE Paul (1844-1896).
L.A.S. « Paul Verlaine », 14 mars 1895, à un « Rédacteur » de journal ; 2 pages petit in-8 carré (fentes réparées avec trace d’adhésif).
Émouvante lettre sur la tombe de Villiers de l’Isle-Adam et sur la sienne « On a tant dernièrement, paraît-il, parlé de ma mort dans certains journaux, qu’il me sera peut-être permis de prendre, pour un instant, la parole, presque en qualité d’habitant de l’autre monde, dans une affaire sépulcrale par excellence. Il s’agit de la sépulture de Villiers de l’Isle Adam. Une souscription ayant produit les fonds nécessaires, il a été décidé qu’un monument serait élevé sur la tombe du poète de qui les restes, enlevés du cimetière des Batignolles, où ils reposent depuis sa mort seraient transportés au … Père Lachaise ! Voilà qui me confond. Pourquoi le Père Lachaise, banale nécropole où M r Thiers se pavane en un temple d’ailleurs ridicule tandis que Musset, croirait-on, grelotte sous un saule dérisoire “Obtenu par prière” en place, pour le créateur d’Akédysséril et de l’Ève future , de ce petit, un peu sauvage cimetière hors murs, tout plein de vieux officiers, dont quelques-uns chevaliers de Saint Louis, dignes compagnons de repos du catholique et du royaliste... dans l’idéal que fut Villiers ? Et puis laissez-moi, pour conclure, exprimer un gros regret tout égoïste si vous voulez, mais, je crois, par exception, égoïste bien J’ai, dans ce même cimetière des Batignolles, mon tombeau de famille où dorment déjà mon père et ma mère : j’y ai ma place... avec une place encore par-dessus. Pour qui ? Sans doute – le plus tard possible – pour un fils que j’ai. Il me serait donc douloureux de penser que mon cher ami de si longtemps, que mon grand Villiers qui me fut fidèle et doux en cette vie ne restât pas mon compagnon de l’au-delà. Et c’est pourquoi cette lettre qui est comme une protestation »…
1 000 - 1 200 €



744

VERLAINE Paul (1844-1896).
L.A.S. « P. Verlaine », Paris 6 juillet 1895, à un « cher confrère » ; 2 pages in-8 collées bout à bout (qqs défauts).
Il le prie d’insérer dans son journal une rectification de « quelques détails donnés dans votre numéro de ce matin sur un petit incident “de quartier” où mon nom figure. Des “chanteurs de cour” sont en effet venus en bas de chez moi dans la très gracieuse intention de m’y donner une aubade au profit des pauvres. La concierge, tout à sa fonction et n’étant pas prévenue , voyant en face de la maison se presser une foule d’étudiants, d’ailleurs des plus sympathiques, mais quelque peu bruyants, et ne sachant ce que signifiait un tel rassemblement, crut devoir, en bonne logique, ne pas accéder à la demande des si originaux et si imprévus artistes, d’entrer dans la cour pour y chanter quelques morceaux de leur fantaisiste répertoire. Une poussée dans la plutôt étroite allée s’ensuivit »... La chanteuse Eugénie BUFFET fut alors blessée par le heurt d’un vasistas, « et l’artiste y attrapa une égratignure qui ne l’empêcha pas de continuer sa tournée par ailleurs »...
500 - 700 €
745
VERLAINE Paul (1844-1896).
L.A.S. « P. Verlaine », 11 août 1893, à Léon VANIER, suivi d’un reçu signé par Philomène BOUDIN ; 2 pages in-12.
« Vous avez dit à Philomène de repasser dans quelques jours et je vous la renvoie parce que j ’ ai vraiment besoin d’argent. Sans le sou à l’hôpital c’est triste »…53908 Sur l’autre feuillet, Philomène BOUDIN a signé le même jour ce reçu : « Reçu de M r Vanier pour M r Verlaine et autorisée par lui la somme de Cinq pour cession exclusive à lui faite de la pièce de vers “Ex inno” [Ex imo , poème mystique et profane où le poète dialogue avec Jésus, daté du 8 août et publié dans Le Figaro du 12, recueilli dans Poèmes divers ].
400 - 500 €


746
VERNE Jules (1828-1905).
L.A.S. « Jules Verne », Amiens mardi [1875], à Philippe GILLE ; 1 page in-12.
Il le remercie de son article : « Il nous fera le plus grand bien, et tout cela est bien dit. Je viens de lire Gladiator [Les Trente millions de Gladiator de Labiche et Gille]. C’est tout ce qu’il y a de plus drôle au monde et j’ai bien ri, rien qu’à la lecture. Zuze un peu ! »…
600 - 800 €
747
VERNE Jules (1828-1905).
L.A.S. « Jules Verne », Amiens 11 juillet 1882, à M. Mayer ; demi-page in12.
« J’ai reçu votre lettre et le chèque de f. 875 qu’elle contenait pour solde de notre affaire Strogoff. […] Je crois bien, n’est-ce pas vrai, que c’est le solde ? »
600 - 800 €
748
VERNE Jules (1828-1905).
L.A.S. « Jules Verne », Amiens 12 mars 1903, [à Paul CLÈVES, directeur du Théâtre de la Porte-Saint-Martin] ; 1 page in-12.
« MM. Samson et Maurens sont venus me lire une pièce à grand spectacle, tirée de L’Archipel en feu. M. Samson vous a déjà parlé de cette pièce pour le Théâtre de la Porte S t Martin, et il vous la lira, quand vous le voudrez. Je désire appeler tout spécialement votre attention sur cet ouvrage, qui monté par vous, pourrait avoir un grand succès. Vous m’excuserez de vous écrire si brièvement, mais dans l’état actuel de ma vue, je ne puis le faire longuement. Il y a longtemps que je ne vous ai serré la main : je le fais bien cordialement aujourd’hui »…
1 000 - 1 200 €
749
VIÉLÉ-GRIFFIN Francis (1863-1937).
5 MANUSCRITS autographes signés « Francis Viélé-Griffin » (un non signé) ; 35 pages formats divers.
Bel ensemble de manuscrits du poète
Phocas le jardinier, essai psychologique, œuvre dramatique en deux tableaux, publié dans L’Ermitage en 1898 (25 pages in-4, à l’encre violette, avec lettrines au crayon bleu, qqs ratures et corrections).
Sainte Agnès, poème, 1900, manuscrit préparé pour l’impression (7 pages in-fol. à l’encre violette et crayon, ratures et corrections), plus un exemplaire d’épreuve.
Poèmes : Chanson (1 p. in-8) ; Le Sarcophage et Inscription (1 page grand in-fol.).
Réponse polémique concernant Fernand GREGH (1 page et demie in-4).
600 - 800 €




750
VIGNY Alfred de (1797-1863).
L.A.S. « Alfred de Vigny », Paris 5 avril 1856, à l’abbé Évariste HUC ; 4 pages in-8 (petites taches).
Belle lettre de Vigny blessé au missionnaire [L’abbé Évariste Huc (1813-1860) était revenu de ses missions en Chine, en Tartarie et au Tibet, auxquels il avait consacré trois ouvrages.]
Vigny, convalescent, prie l’abbé de venir le voir : « vous aurez une trop belle occasion de me donner quelque chose des conversations que j’ai perdues car depuis le 10 mars, j’ai été retenu chez moi d’abord au lit puis à présent sur une chaise longue par une blessure qui n’a pas été sans gravité et sans douleur. Un cheval emporté et une voiture d’où je descendais ont failli me tuer, mais se sont contentés pourtant de me tordre le pied. Je leur sais très bon gré de ces ménagemens qui me permettront de vous revoir et de vous dire comme à la Sultane : “contez-moi de ces beaux contes que vous contez si bien”. Je n’ai pas besoin d’ajouter : si vous ne dormez pas car je ne suppose pas que l’on dorme, la douleur m’en ayant fait perdre la coutume depuis un mois. En ce moment à 1 h. après minuit il me serait fort agréable de vous recevoir mais comme je sais que cela n’est guère dans vos habitudes, je vous prie de vous souvenir de moi dans vos voyages de jour depuis 3 h. après midi jusqu’à 7 h. du soir, tous les jours vous me trouverez, heureux de vous revoir, couché et surpris dans l’attitude de Philoctète mais faisant moins d’imprécations »...
300 - 400 €
751
VIGNY Alfred de (1797-1863).
7 L.A.S. « Alfred de Vigny », Paris 1852-1858, à Mme DROUYN DE LHUYS ; 32 pages in8.
Très belle correspondance à la femme du diplomate et ministre 2 mai 1852, après le décès de la tante de sa correspondante. Il la remercie « d’avoir bien voulu remplir la promesse de Mme la B nne de Franca. Il me sera doublement précieux de tenir de vous et d’elle ce recueil d’une personne qui brilla dans un temps qui n’est déjà plus le notre et dont la beauté nous laissera pourtant un souvenir toujours jeune par ses portraits, comme son esprit facile par des ouvrages tout-à-la fois sages et passionnés ». Il conseille à leur jeune amie retirée du monde de « toujours relire Antigone ». Ce décès l’a séparé trop tôt de ces rares et précieux entretiens, et il souhaite renouer avec son correspondante de tels liens : « c’est un échange d’idées et de nobles sentimens trop peu cherchés, trop peu rencontrés »… 10 août 1854 Il regrette vivement son absence lors de sa dernière visite : elle en aura des « regrets éternels quand vous saurez que j’avais transmis votre requête à une table tournante de ma connaissance qui avait appelé Roméo et il venait avec moi vous dire des nouvelles de Juliette
qui ne me paraît point trop malheureuse où elle est, d’après le récit qu’il m’en a fait à l’oreille ». Quand reviendra-t-il ? Il ne peut répondre, « ces pauvres jeunes Esprits ont leurs caprices indépendans des nôtres, ils sont si jolis qu’ils se suffisent et ne viennent guères l’un sans l’autre ». Il lui demande des nouvelles de cette « bien jolie vivante qui, toute enfermée qu’elle est dans un grand château, comme la Belle-au-bois-dormant, écrit de là, les plus spirituelles lettres du monde »… 1855. 16 janvier. Il lui fait parvenir des petits livres « qui ne sont pas tout à fait des livres de messe, mais qui y ressemblent peutêtre par quelques pages ». Il n’entre pas chez elle, « puisque je n’ai pas mes pistolets sur moi et que je ne pourrais pas tuer vos gens, aujourd’hui, comme il est nécessaire de le faire pour entrer et comme cela est convenu ». Il n’a pas joint Cinq-Mars à tous « les anges, les saintes et les martyrs », car il est en réimpression et il lui enverra avec un autre livre « de la même main et que vous ne connaissez peut-être pas ». Il s’intéresse beaucoup à la Chine, aux Chinois, et au « courageux missionnaire » dont il lit l’ouvrage 25 février. Il lui envoie « tous les mandarins de M r l’abbé H u C avec leurs éventails, leurs parasols, leurs dragons, leurs belles révérences, leurs femmes aux pieds de chèvre et leur singulière sagesse ». Il a croisé à l’Institut ce missionnaire, « occupé de nouveaux travaux et ravi d’avoir surpris une correspondance entre la Reine Marguerite femme de S t Louis et un jeune Chinois chrétien, déjà chrétien en 1230 ! »… 15 juillet, au sujet de la démission de D r O u YN DE LH u YS du gouvernement. Vigny mène « une vie d’ermite où l’on a toujours un capuchon sur les yeux. J’ignore donc encore les causes de cette retraite si imprévue et si regrettable pour ceux qui réfléchissent au vide que doit laisser partout un esprit aussi rare que celui qui vient de quitter les affaires extérieures de l’Empire ». Cela lui apparaît « comme la date d’une phase nouvelle dans les événemens Européens », et il a été vivement ému d’une si prompte décision… Il prie son amie de prier jeudi pour « notre bon missionnaire chinois » qu’il avait réussi à sortir des ténèbres, pour qui il va se battre (pour lui obtenir le prix Montyon) : « Le jour est pris pour une seconde bataille où je vais encore rompre plus d’une lance pour lui contre des mandarins Français plus sévères que ceux de l’Empire du Milieu. […] je me sentirai muni de tous les argumens qui doivent entrainer l’Académie Française à rendre une solemnelle justice à l’un de ces bons prêtres qui s’exposent au martyre pour apprendre à ces pauvres vieux enfans de l’Orient que leurs mères et leurs sœurs ont une âme ; chose qu’ils ne veulent pas croire encore »… 23 juillet 1857. Il avait signalé à son époux « la douloureuse et intolérable vie de l’un des soldats de l’armée de la Diplomatie moins riche que les soldats de l’armée à qui leur solde suffit pour vivre ». Il est désolé de l’insistance de la jeune femme du pauvre diplomate, mais reste ému par son désespoir... Il espère leur rendre bientôt visite à leur belle campagne d’Amblainvilliers dès que possible… 1er février 1858 . Il regrette de ne pouvoir venir passer « une heure aussi aimable que celle que l’on passe chez vous » …
1 200 - 1 500 €

752
VOLTAIRE (1694-1778).
L.A.S. « Voltaire », Lunéville 28 mars [1748], au libraire Georg Conrad WALTHER ; 1 page in-8.
À son éditeur
« Ayant apris que les Arkstée et Merkus [libraires d’Amsterdam] font touttes sortes de manœuvres infames, et dignes de coquins tels qu’ils sont pour décrier votre édition, je me résous a vous envoyer la lettre cy jointe que je vous avois ecritte l’année passée, et que vous devez mettre a la tete de votre edition, et faire inserer dans tous les journaux. J’ignore encor quel sera le sort de votre entreprise, mais envoyez moy tout ce qui est imprimé afin que je fasse un errata convenable, n’oubliez pas les cartons indiqués »… Correspondance (Pléiade), t. II, n° 2288.
1 500 - 2 000 € 753

753
VOLTAIRE (1694-1778).
L.A., [septembre 1760], à Théodore TRONCHIN ; 3 pages in-8, adresse.
À son médecin
« Mon cher Esculape est toujours bienfaisant. C’est son essence. Je suis sensiblement touché de ce qu’il fait. Je luy represente seulement qu’il n’est point du tout décent qu’on sorte de chez moy sur une esperance qui apres tout peut n’etre pas remplie, et qu’on soit dans le cas de me reprocher d’avoir renvoyé une personne a qui on doit des égards, pour la laisser solliciter du pain a Paris. Si M r Tronchin veut ecrire à Mad de Muy, et luy demander ses bons offices aupres de M. l’ev[êque] d’Orleans [Louis-Sextius Jarente de La Bruyère, ministre de la feuille des bénéfices] pour en obtenir une pension sur les économats, qui vaque rarement et qu’on donne plus rarement encore a des catholiques, si M. Tronchin dis-je a la bonté de solliciter cette grace Mad elle Bazincour sera au nombre des personnes qu’il a favorisées et a qui il a fait du bien. Pour moy je ne peux absolument entrer dans cette affaire, ce n’est point a moy a l’engager a partir. Je ne veux pas encor une fois m’exposer au reproche de luy avoir fait quitter le certain pour l’incertain. Si elle va a Paris elle n’aura pas de quoy courir pour solliciter. Il faut aller a Versailles, il faut etre au lever des patronnes et au coucher des patrons. Elle n’est pas assez riche pour aller demander de l’argent a Paris. Six mois en fiacres seulement, mangeraient les pensions quelle espere. En un mot j’admire la bonté de mon cher Esculape. Mais je me lave les mains du bien qu’on veut faire à M elle Bazincour, et je ne luy dirai meme pas un mot de tout cela. Mais je dis a mon cher Tronch[in] qu’il est adorable. » Correspondance (Pléiade), t. V, n° 6211. On joint un portrait de Voltaire à la mine de plomb, et un portrait gravé.
3 000 - 4 000 €


754
VOLTAIRE (1694-1778).
L.S. « Voltaire », Ferney 10 avril 1765, [à Antoine LE BAULT, conseiller au Parlement de Bourgogne] ; la lettre est dictée à Jean-Louis WAGNIÈRE ; 3 pages in-4.
Au sujet des « justices subalternes », Voltaire rappelle : « Je vis il y a un an, le parlement de Bourgogne, sous la juridiction duquel j’ai le bonheur de me trouver, donner un bel exemple qui doit contenir ces justices dans les bornes des loix. Une pauvre fille de mon voisinage qui n’avait point celé sa grossesse, et qui était accouchée entre les mains de trois femmes, d’un enfant mort en naissant, fut condamnée à être pendue par des juges de village. Elle fut amenée par devant votre Tournelle qui la déclara innocente et trouva la sentence très inique ». Il pense que « la justice de Gex aurait besoin quelquefois d’être éclairée par ses supérieurs », et il recommande M. D upu ITS , « qui a épousé Madlle CO r NEILLE », et qui fait appel « d’une sentence de Gex, rendue contre lui en faveur d’un Genevois »… Voltaire sera « bientôt au nombre de vos clients. Ma nièce, du moins, à qui j’ai donné le château de Ferney, poura être obligée de plaider par devant vous contre son curé pour les dixmes ». L’affaire était « pendante au Conseil du Roy du temps des prédécesseurs du seigneur et du curé. […] nous avons contre nous le concile de Latran, et pour nous Henri 4. C’est lui qui solicite en nôtre faveur, et je crois même que vous nous avez déjà fait gagner notre cause, en enregistrant des lettres patentes de ce prince qui maintenaient les seigneurs de Gex dans la possession de leurs dixmes, en vertu des traittés faits avec les Ducs de Savoye et le Canton de Berne. […] Au reste, les petits délais que doit nécessairement éprouver le curé de Ferney ne lui sont pas bien préjudiciables. Il est fort à son aise, nous lui avons fait bâtir une jolie église, nous lui avons donné des ornements d’évêque, et s’il ne boit pas d’aussi bon vin que moi, il en boit beaucoup d’avantage »… Correspondance (Pléiade), t. VIII, n° 8826. 1 000 - 1 200 €
755
VOLTAIRE (1694-1778).
L.A.S. « Voltaire », Ferney 18 décembre 1772, à Louis-Gaspard FABRY à Gex ; 1 page in-4, adresse avec sceau de cire sous papier aux armes des ducs de Montmorency.
Il prend la défense de sa nièce Madame Denis « Le nommé Jacques Du Four natif de Bresse emploié à Merin [Meyrin, près de Ferney] est venu attaquer lui troisieme madame Denis aujourd’huy à l’entrée de la nuit sur le grand chemin de Gex. Il a tiré son sabre. Les domestiques le lui ont arraché, il est pris et lié chez moy (nb : il n’a pas voulu nommer ses complices, mais il a avoué qu’il en avait). Nous vous en donnons avis, et nous vous prions tous de vouloir bien ordonner sur le champ ce qui sera convenable »…

2 500 - 3 000 € 754 755



756
ZOLA Émile (1840-1902).
L.A.S. « Emile Zola », Paris 26 avril 1876, à un ami ; 1 page et demie in-8 (petites fentes réparées à l’adhésif).
Belle lettre listant l’ensemble de son œuvre « Vous êtes bien aimable de faire de la propagande pour mes livres dans les salons. Mais prenez garde qu’on ne finisse par vous traiter de communard ». Et il dresse « la liste complète de mes ouvrages : chez Charpentier, les six volumes des RougonMacquart , plus les Contes à Ninon, les Nouveaux Contes à Ninon , et deux pièces Thérèse Raquin et les Héritiers Rabourdin ; – chez Lacroix, trois romans, Thérèse Raquin, Madeleine Férat et la Confession de Claude ; – enfin mes ouvrages épuisés et qu’on ne trouve nulle part, sont : Mes Haines, le Vœu d’une morte, et Mon Salon (1866). Telle est la liste très exacte. Pourquoi ne vous voit-on plus jamais à notre dîner ? Vous seriez bien aimable, un soir, de venir nous surprendre. Vous savez que vous êtes pour nous tous un bon souvenir »…
700 - 800 €
757
ZOLA Émile (1840-1902).
L.A.S. « Emile Zola », Paris 9 septembre 1876, à Albert MILLAUD ; 3 pages petit in-4.
Importante lettre où Zola défend son art du roman, en réponse aux critiques concernant L’Assommoir Il s’agit de la minute, avec ratures et corrections, gardée par Zola, comme en témoigne la note de la main de son épouse Alexandrine, au verso du dernier feuillet : « 2ème lettre adressée à Albert Millaud au sujet de son second article sur l’Assommoir. Ceci est la copie de la lettre adressée à Millaud. C’est M. Ludovic Halévy qui a cette dernière achetée à la mort de Millaud. » [Albert MILLAUD (1844-1892) avait publié un article dans Le Figaro du 1er septembre 1876, critiquant sévèrement L’Assommoir et Zola, qui avait répondu le 3 septembre par une lettre insérée dans le Figaro du 7, suivie d’une longue réponse de Millaud ; cette seconde réplique de Zola ne fut pas insérée.]
Zola désire rester courtois…. « Vous me traitez d’écrivain démocratique et quelque peu socialiste, et vous vous étonnez de ce que je peins une certaine classe ouvrière sous des couleurs vraies et attristantes. D’abord, je n’accepte pas l’étiquette que vous me
collez dans le dos. J’entends être un romancier tout court, sans épithète ; si vous tenez à me qualifier, dites que je suis un romancier naturaliste, ce qui ne me chagrinera pas. Mes opinions politiques ne sont pas en cause, et le journaliste que je puis être n’a rien à démêler avec le romancier que je suis. Il faudrait lire mes romans, les lire sans prévention, les comprendre et voir nettement leur ensemble, avant de porter les jugements tout faits, grotesques et odieux, qui circulent sur ma personne et sur mes œuvres. […] Si vous saviez combien le buveur de sang, le romancier féroce, est un honnête bourgeois, un homme d’étude et d’art, vivant sagement dans son coin, tout entier à ses convictions ! Je ne déments aucun conte, je travaille, je laisse au temps et à la bonne foi publique le soin de me découvrir enfin sous l’amas des sottises entassées. Quant à ma peinture d’une certaine classe ouvrière, elle est telle que je l’ai voulue, sans une ombre, sans un adoucissement. Je dis ce que je vois, je verbalise simplement, et je laisse aux moralistes le soin de tirer la leçon. J’ai mis à nu les plaies d’en haut, je n’irai certes pas cacher les plaies d’en bas. Mon œuvre n’est pas une œuvre de parti et de propagande ; elle est une œuvre de vérité. Je me défends de conclure dans mes romans, parce que, selon moi, la conclusion échappe à l’artiste. Pourtant, si vous désirez connaître la leçon qui, d’elle-même, sortira de L’Assommoir, je la formulerai à peu près en ces termes : instruisez l’ouvrier pour le moraliser, dégagez-le de la misère où il vit, combattez l’entassement et la promiscuité des faubourgs où l’air s’épaissit et s’empeste, surtout empêchez l’ivrognerie qui décime le peuple en tuant l’intelligence et le corps. Mon roman est simple, il raconte la déchéance d’une famille ouvrière, gâtée par le milieu, tombant au ruisseau ; l’homme boit, la femme perd courage ; la honte et la mort sont au bout. Je ne suis pas un faiseur d’idylles, j’estime qu’on n’attaque bien le mal qu’avec un fer rouge ». Zola justifie « l’emploi du langage de la rue », pour donner à ses personnages « leur langue accoutumée. […] D’ailleurs, ce langage de la rue vous gêne donc beaucoup ? Il est un peu gros, sans doute, mais quelle verdeur, quelle force et quel imprévu d’images, quel amusement continu pour un grammairien fureteur ! » Et il conclut en affirmant « que dans toute la boue humaine qui me passe par les mains je prends encore la plus propre, que j’ai, surtout pour L’Assommoir, choisi les vérités les moins effroyables, que je suis un brave homme de romancier qui ne pense pas à mal, et dont l’unique ambition est de laisser une œuvre aussi large et aussi vivante qu’il le pourra »... Correspondance, t. II, n° 291.
1 500 - 2 000 €




758
ZOLA Émile (1840-1902).
L.A.S. « Emile Zola », Médan 2 septembre 1891, à une dame ; 1 page in-8.
« Je ne puis vous recevoir en ce moment, je pars et je vais être absent un grand mois. Mais pourquoi ne m’écrivez-vous pas ce que vous désirez ? Si je puis faire ce que vous me demanderez, je le ferai à coup sûr »…
300 - 400 €
759
ZOLA Émile (1840-1902).
L.A.S. « Emile Zola », 23 mai 1898, à une dame ; 1 page et demie in-8.
Belle lettre écrite le jour même de l’audience à Versailles de son pourvoi en cassation après sa condamnation pour J’accuse [Zola avait été accueilli à Versailles par une amie du graveur Fernand Desmoulin.]
« Je remercie du fond du cœur mon hôte de m’avoir ouvert sa maison charmante. Je la remercie de m’avoir abrité pendant une nuit et de nous avoir offert un fraternel déjeuner à mes amis, à mes défenseurs et à moi. Il est des circonstances où de telles marques de sympathie prennent un prix inestimable. Et je donne à notre hôte l’assurance que je lui en garderai une éternelle gratitude »…
500 - 700 €
760
ZOLA Émile (1840-1902).
L.A.S. « Emile Zola », Paris 21 mars 1902, à M. BLOCH ; 1 page in-8.
Au sujet de son buste : « mon buste n’est plus entre mes mains. Le docteur GALI pp E , qui l’admirait beaucoup, me pressait de le lui céder. Je lui avais de très grandes obligations, et j’ai dû lui en faire cadeau. Il a une très intéressante collection de bois sculptés, le buste se trouve là en belle place. Je pense d’ailleurs qu’il vous le prêtera aisément, si vous le lui demandez »…
400 - 500 €

Sciences



761
BECQUEREL Jean (1820-1891).
2 MANUSCRITS autographes, 1937-1945 ; 7 pages et quart in-4.
Au sujet du savant hollandais Wander Johannes DE HAAS (18781960) et son œuvre en tant que chercheur. Celui-ci s’était surtout intéressé au magnétisme, note Becquerel, « travail particulièrement remarquable [...] publié en 1915 par de Haas en collaboration avec EINSTEIN : l’idée initiale était de relever, par un effet mécanique, l’existence des courants moléculaires »… On y a joint une bibliographie dactylographiée des publications de W. J. de Haas, certaines en collaboration avec Jean Becquerel, d’autres avec son maître H. Kamerlingh-Onnes (13 p.). On joint un manuscrit (copiste) d’Edmond BECQUEREL, Effets magnétiques produits sur le platine et plusieurs de ses alliages , préparé pour être lu le 25 février 1875 à la section française de la Commission Internationale du mètre à Paris (22 pages oblong petit in-4), avec corrections autographes au crayon.
800 - 1 000 €
762
BROCA Paul (1824-1880).
L.A.S. « P. Broca », Paris 14 avril 1861, à son collègue le Dr Eugène AZAM ; 3 pages in-8.
Intéressante lettre sur ses travaux d’anthropologie, et la Tasmanie
Ils ont déjà beaucoup de renseignements sur la NouvelleCalédonie : « des armes, des ustensiles, et des crânes », rapportés par des chirurgiens de la marine, où ils ont un correspondant, le père MONTROUZIER, « missionnaire mariste, homme distingué et bon ethnologiste », qui pourrait encore fournir crânes et ustensiles.
« Sur la terre de Van-Diemen [Tasmanie], hélas, nous n’avons rien à apprendre. Il y a 25 ans qu’il n’y a plus un seul indigène dans cette île plus grande que l’Irlande. Les féroces Anglais ont fait une battue générale, et les ont tous exterminés , à l’exception de 54 qu’ils ont envoyés mourir dans un îlot du détroit de Bass. Tout ce qu’on pourrait faire, et ce serait beaucoup, ce serait de recueillir dans le sol des crânes de Tasmaniens, mais il faudrait pour cela résider dans l’île. C’est donc sur Madagascar que se concentrent toutes nos convoitises »… Puis il parle de l’organisation de la Société d’anthropologie (qu’il a fondée en 1859)…
On joint une petite L.A.S. au même, 22 septembre 1879, à propos de funérailles (2 p. in-12 à son chiffre).
400 - 500 €
763
BUFFON Georges-Louis Leclerc, comte de (1707-1788).
L.A., [Montbard] « samedy soir » [vers 1775], à Philippe GUÉNEAU DE MONTBEILLARD à Semur ; 1 page in-4, adresse avec cachet de cire rouge aux armes (petite fente).
À son collaborateur [Philippe GUÉNEAU DE MONTBEILLARD (1720-1785) succéda à Daubenton comme collaborateur de Buffon ; il participa à l’Histoire naturelle des oiseaux et fut chargé de rédiger l’Histoire naturelle des insectes .]
« Il y a un mois […] que je suis enterré dans ma forge, et j’ai besoin pour ressusciter de la presence de mes meilleurs amis, venez donc avec la chere Dame et l’aimable Finfin et venez le plus tôt que vous pourez, le charmant moucheron joindra ses instances aux miennes, elle vous dira des nouvelles de mon fils. Je vous embrasse mon bon ami et regrette toujours de vous voir si rarement ».
800 - 1 000 €
PROVENANCE
Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, qui a annoté la lettre en marge inférieure.
BUFFON Georges-Louis Leclerc, comte de (1707-1788). L.S. « Buffon », Paris 5 novembre 1777, au Président de BROSSES ; 2 pages in-4, adresse « Monsieur le Comte de Brosse de Tournay au château de Montfalcon », avec cachet de cire rouge aux armes.
Au sujet de l’instrument auditif de l’abbé de La Chambre N’étant plus à Montbard mais à Paris, il a reçu la lettre du comte avec retard. « J’ai voulu m’informer auparavant de l’instrument auditif de l’abbé de la Chambre, j’en ai parlé à M rs PORTAL et DAUBENTON qui ont été nommés Commissaires pour examiner les effets de cet instrument. Leur rapport n’est point du tout favorable puisque cet instrument ne fait pas plus et peut être moins d’effet qu’un cornet, et vous auriés pris une peine fort inutile si vous vous étiés transporté à Chartres et c’est même trop que d’avoir perdu un louis pour cela. J’ose assurer ici Madame la première présidente de Brosse de mon plus tendre respect ; j’embrasse aussi son petit amour qui rassemble, dit-on, le cœur et l’esprit de son cher papa et de sa chère maman. Je ne reste à Paris que jusqu’à la fin de ce mois ; il me paroit partout que j’entends dire que nous devenons très économes et cela me feroit craindre qu’on diminue quelque chose sur les promesses qu’on a pu vous faire. On assure d’autre part que rien ne sera décidé qu’après l’année révolue au sujet de toutes les demandes faites en finance »…
700 - 800 €
765
BUFFON Georges-Louis Leclerc, comte de (1707-1788).
L.S. « Buffon », Montbard 5 janvier 1781, à Louis-Bernard GUYTON DE MORVEAU ; 4 pages in-4 (portrait gravé joint).
Intéressante lettre scientifique parlant de sa forge et de son Histoire naturelle Il a reçu « votre traduction du 1er volume de Bergmann [les Opuscules chymiques et physiques du chimiste suédois Torbern BERGMAN, imprimés à Dijon par Frantin en 1780] ; je reconnois à cela, comme à bien d’autres traits, votre amour pour le bien public et pour le progrès des sciences, car étant en état de produire de vous-même d’excellents ouvrages, ce ne peut être que ce grand motif qui puisse vous engager à traduire ceux des autres, et j’admire comment en remplissant aussi pleinement les fonctions de votre état [Guyton de Morveau était procureur général au parlement de Dijon] vous pouvés trouver encore le temps de travailler aux sciences et d’y faire autant d’expériences et plus qu’aucun de nos chymistes et physiciens quoique uniquement occupés de leur objet. Il y a près d’un mois que je suis de retour à Montbard, et cependant je n’ai pu trouver encore quelques heures de loisir ; [...] M me Barbuot [épouse d’un conseiller au Parlement de Dijon] m’a remis avec ce livre le creuset de la terre de Flée qui me paroît être talqueuse et mêlée d’un peu de fer comme vous le dites très bien et je suis persuadé que nous pouvons en faire d’excellente brique pour reconstruire l’intérieur de mon fourneau d’acier que le feu violent de nos dernières expériences a fait couler de tous côtés. Les aciers que nous y avons faits se sont néanmoins trouvés très bons et comme il y en a de dix ou douze sortes de fer tant étrangers que nationaux, j’en ai gardé des échantillons que je vous offre et que je vous enverrai [...] Je suis très content de l’idée de M. l’abbé Mongez pour cristalliser les métaux [l’abbé Jean-André MONGEZ, physicien, auteur d’un Manuel du minéralogiste ], et nous pourrons l’essayer aisément sur le fer. Ce que vous y ajoutés [...] vaut encore mieux et j’ai été charmé de voir votre cristallisation du bismuth ; elle est plus parfaite que celles que j’avais vu précédemment, car nous avons fait cette automne plusieurs cristallisations de métaux avec M. Brongniard au laboratoire du Jardin du Roi [le chimiste Auguste-Louis BRONGNIART, premier apothicaire de Louis XVI et démonstrateur de chimie au Jardin du Roi] et l’on est maintenant bien certain que tous les métaux et tous les demi-métaux peuvent se crystalliser au feu ; le cobalt seul est celui qu’on n’a pu réduire en cristallisation et vous pourrés peut-être en venir à bout par votre méthode ».



Puis il évoque l’avancement de son Histoire naturelle : « le 42e cahier des planches enluminées d’oiseaux est et sera le dernier. Le huitième volume in-4° de cette histoire des oiseaux doit paroître incessamment et je compte vous l’offrir avec le 7e [...] le 9 e terminera l’ouvrage, mais je ne pourrai le mettre sous presse que dans six mois, parce qu’il exige encore beaucoup de travail, et que d’ailleurs je fais actuellement imprimer un second volume de supplément à l’histoire des animaux quadrupèdes. Tout cela me recule beaucoup pour nos chers minéraux auxquels je voudrois travailler uniquement, mais cela ne m’est pas possible quant à présent ».
Il remercie Guyton de la part qu’il a prise pour lui accorder « cinq coupes de bois. Le Roi y gagnera tout autant que moi, puisqu’au lieu de cinq cens milliers de fer que l’on feroit à mes forges, nous pourrons maintenant en faire un million et qu’au lieu de 5000 ll de droits de marque il tirera dix mille francs de mes fourneaux par chacun an ; je dis de mes fourneaux car je vais en faire construire un second a deux cens pas audessous du premier »…
1 000 - 1 500 €

766
CARRO Jean de (1770-1857) médecin suisse, champion de la vaccination.
L.A.S. « J. De Carro », Vienne 25 décembre 1804, au docteur Louis VALENTIN à Marseille ; 2 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge (brisé).
Belle lettre médicale sur la fièvre jaune, Jenner et la vaccination Il félicite Valentin de son « excellent ouvrage sur la fièvre jaune » (Traité de la fièvre jaune d’Amérique , 1803). Un des amis allemands de Carro est sur le point de traduire cet ouvrage en allemand... « malheureusement il est fort occupé et un peu lent comme la plupart de ses compatriotes. Si je savois l’allemand avec l’exactitude et la pureté nécessaires, il y a long-temps que je l’aurois achevé moi-même, mais cela ne m’auroit pas été possible sans donner au correcteur de mon ouvrage à peu près autant de peine qu’au traducteur. […] Il a paru divers extraits de votre ouvrage dans nos journaux allemands, et tous lui donnent les éloges qu’il mérite. Je voudrais que vous y ajoutâssiez quelques réflexions sur les maladies d’Espagne et d’Italie et que vous les comparâssiez d’après ce que vous en savez de plus exact, avec ce que vous avez observé en Amérique. […] Si vous connoissez quelque bon mémoire françois sur la clavelisation des moutons, indiquez-le-moi ; le prince desire être instruit de tout ce qui s’est fait à cet égard pour en faire l’application aux troupeaux de la Vallachie. Si jamais j’ai envié l’empereur des françois [NAPOLÉON], c’est dans cette occasion où le grand JENNER emploie son ministère pour la délivrance d’un de ses compatriotes. Si j’étois à la place du docteur j’écrirois directement à l’empereur »… Il ajoute que son « premier ouvrage sur la vaccination a eu deux éditions »…
800 - 1 000 €






767
CHARCOT Jean-Martin (1825-1893).
L.A.S. « Charcot », 2 juillet 1889, à un confrère ; 2 pages et quart in-8 à son adresse 217, Boulevard St-Germain
Observations médicales et conseils sur un cas de vertiges Il est heureux d’apprendre que le « mal vertigineux » de Mme Besançon lui a donné un peu de répit ; il affirme que les vertiges finiront par disparaitre complètement. « Le retour des règles a été l’occasion d’un retour des vertiges – c’est un fait qui confirme ce que j’ai déjà vu, à savoir que toute hémorragie a pour effet d’accroitre les vertiges de ce genre »... Il prescrit du sulfate de quinine, et se réjouit de voir que ce cas se comporte comme les autres, avec la médication…
300 - 400 €
768
CHARCOT Jean-Martin (1825-1893).
L.A.S. « Charcot », 29 septembre 1889, à un confrère ; 1 page et demie in-8, à son adresse 217 Boulevard St-Germain Il regrette de ne pouvoir répondre à son invitation « surtout à l’époque où les cours recommencent ». Il n’apprendrait rien de nouveau en voyant la malade : « je l’ai mentalement devant les yeux, et je ne saurais en la voyant changer d’idée sur la nature de son affection. Il est regrettable seulement que le traitement que jamais je n’avais vu faiblir […] soit resté impuissant ici et je ne vois plus que la Salicylate de soude qui puisse avoir quelque chance de réussir ». Bien que la situation soit pénible, il rappelle qu’à son avis la maladie est « sans gravité pour la vie et qu’elle guérira un jour ou l’autre »…
300 - 400 €
769
CHARCOT Jean-Baptiste (1867-1936).
L.A.S. « Jean », Cherbourg 15 juillet 1926, à sa sœur Marie ; 1 page et demie in-8, vignette du Pourquoi pas ? en tête.
Atteint par la limite d’âge, il abandonne le commandement du Pourquoi pas ?
« C’est aujourd’hui que j’ai dû remettre mon commandement à mon second etc... Je dois dire que je franchis cette étape de mon existence avec la plus grande philosophie, mais il s’est passé qq. chose de très touchant […] Tous les jours on fait distribuer à tous les officiers qui se trouvent dans l’Arsenal un petit papier plié en triangle dans lequel se trouve le mot d’ordre qui permet d’entrer et sortir de l’Arsenal. Ce mot d’ordre est composé de deux noms, un nom d’homme connu et un nom de ville commençant par la même lettre […] Je ne sais qui choisit ce mot mais ce soir en ouvrant le petit papier j’ai trouvé Charcot et Charleroi. C’est peu de chose et cependant c’est beaucoup, en tous les cas c’est une attention délicate mais... qui sûrement ne vient pas du ministère. Nous devons partir cette nuit mais un petit travail dans la chaudière nous retarde jusqu’à samedi midi ; c’est dommage car le temps est beau et le vent très favorable pour nous »... Il embrasse sa « sœur chérie »…
500 - 700 €

[EIFFEL Gustave (1832-1923)]
Environ 180 lettres et cartes, la plupart L.A.S. adressées à Gustave EIFFEL ou à sa famille.
Les lettres ont adressées à Gustave Eiffel et à sa famille, notamment sa fille Claire, Mme Adolphe Salles, et son gendre Adolphe SALLES (1858-1923).
Ernest Barrias, Paul Baudry, Georges Berr, Georges Berry, A. Berryer, Maurice Bouchor, Lili Boulanger, comtesse Boutourline, Albert Calmette, Jules Cambon, Adolphe Carnot, Léon Carvalho, CasimirPérier, Paul Cérésole (2), Nicolas Changarnier, Édouard Charton, W. de Châtelain, Franck Chauveau, Victor Cherbuliez (3), Georges Cochery, marquis de Coislin, Ernest Constans, François Coppée (et poème a.s.), Gustave Crauk (3), Auguste Daubrée, Théophile DELCASSÉ (12), André Devambez (2), Jules Develle, père Henri DIDON (14), Claire Février (avec d’amusants dessins de rasoirs), Alexandre Foucher de Careil, Fernand Foureau, Gaston de Galliffet, Émile Gebhart, René Goblet, Charles Gounod, George Goyau (2), Octave Gréard (2), Philippe Grenier (2), Louis Herbette, Alexandre Lavalley (2), Pierre Legrand (3), Louis Lépine, Hugues Le Roux (2), Henri Lozé (2), comte Lytton, René Maizeroy (2), Jules Massenet, Charles Mazeau (2), Honoré Mercier, Alfred MÉZIÈRES (29), Camille de Montalivet, Mounet-Sully, Prince Napoléon, Victor Napoléon, Henri de Parville, Emmanuel de Pastoret, S. Patrimonio, Eugène Pereire, cardinal Perraud (3), Alfred Picard, Jean Rameau (3), Joseph Reinach, Ernest RENAN (3), Cornélie Renan, Georges Rodenbach, Charles de Rouvre, Manuel Ruiz Zorrilla, Paul de Saint-Victor, Jules Siegfried, Jules Simon (2), Gaston Tissandier, Émile Trélat, Jules Truffier (2), Ninon Vallin (photo signée), Daniel Vierge (avec gravure), René Viviani, Henri WALLON (12), Jean-Jacques Weiss, etc.
On joint un manuscrit en arabe, relié dans un petit portefeuille en chagrin vert titré Autographe Abdel Kader
1 000 - 1 500 €


771
EINSTEIN Albert (1879-1955).
2 POÈMES autographes, [1930-1932] ; 1 page in-12 (environ 10 x 11 cm ; légères traces marginales d’adhésif) ; en allemand.
Deux rares quatrains épigrammatiques du savant
« Was hat der liebe Gott gedacht
Als die Weiber er einst gemacht?
Heilig thun sie ins Gesicht
Hintenrum schämt man sich nicht. »
« Von Anfang was es allen klar, Wer solcher Briefe Autor war
Nur wer von Gier is ganz zerfressen
Kaum seine Würde so vergessen. »
Traduction libre : À quoi pensait le bon Dieu lorsqu’il a créé les femmes, en leur donnant un visage de saintes, mais sans vergogne par derrière. / Dès le début, on n’avait aucun doute sur l’auteur de telles lettres ; seuls ceux qui sont ravagés par l’avidité peuvent à ce point oublier leur dignité.
Einstein se délassait parfois de ses travaux scientifiques en écrivant de brefs poèmes, parfois au milieu de feuillets remplis de calculs. Ces deux quatrains épigrammatiques constituent un rare échantillon de cette activité poétique. D’après les archives Albert Einstein, qui possèdent également un autographe de ces textes, ils dateraient respectivement de 1932 et 1930. Le premier s’inscrit la longue tradition de la déploration de la duplicité féminine, que l’on peut faire remonter jusqu’au poète latin Martial et même avant. Le second quatrain, de tonalité plus grave, révèle un moraliste fustigeant l’hypocrisie et le manque de dignité humaine.
4 000 - 5 000 €
772
FREUD Sigmund (1856-1939).
L.A.S. « Freud », Wien 21 juillet 1935, à une doctoresse ; 2 pages oblong in-12 à son adresse Berggasse 19 ; en allemand.
Qu’elle n’oublie pas de lui rendre visite quand elle viendra à Vienne, tant qu’il est disponible. Strassergasse 47 est désormais son adresse d’été.
« Liebe Frau Doktor
Wirklich unterlassen Sie es nicht mich zu besuchen, wenn Sie nach Wien kommen solange ich nach vorhanden bin. Strassergasse 47 ist nun meiner Sommeradresse »..
2 000 - 2 500 €



773 774
773
FREUD Sigmund (1856-1939).
L.A.S. « Sigm », à son neveu Edward BERNAYS ; 1 page in-12 à en-tête d’Edward L. Bernays ; en anglais.
Il lui recommande Max POLLAK (1886-1970), excellent peintre-graveur, qui a fait autrefois son portrait.
« Dear Edward Mr Max Pollak is one of our best known painterengravers, who did the portrait of mine several years ago. Affectionately your uncle Sigm ».
[Edward L. BERNAYS (1891-1995), neveu de Freud, par son père (dont la sœur épousa Freud) et sa mère (Anna Freud, sœur de Sigmund), fit une brillante carrière de publicitaire en Amérique ; on le considère comme le père de la propagande politique.]
2 000 - 2 500 €
774
GUILLOTIN Joseph-Ignace (1738-1814).
L.A.S. « Guillotin », Paris 1er octobre 1810, au comte de MONTALIVET, ministre de l’Intérieur ; 1 page in-fol.
« Président de l’Académie de Médecine », le promoteur de la guillotine s’inquiète du « rapport concernant l’Académie de Médecine », et rappelle au ministre sa promesse « de ne rien décider sans nous en avoir fait part. Nous avons effectivement des observations très importantes à lui présenter sur cette affaire ». Il demande une audience…
800 - 1 000 €
775
HISTOIRE
NATURELLE
53 DESSINS avec légendes et annotations manuscrites, 1798-1833 et s.d. ; formats divers, de 20,5 x 26,5 cm à 37 x 52 cm environ (quelques fentes et défauts).
Important ensemble de dessins et notes sur la géologie, les fossiles et les mollusques
La plupart de ces dessins sont à la plume et encre ; plusieurs sont rehaussés au lavis, quelques-uns (notamment les mollusques) aquarellés. Les légendes et annotations sont en français. Cet ensemble émane de la famille suisse DELUC ; il peut être attribué à Jean-André DELUC (1763-1847) qui poursuivit l’œuvre de son oncle Jean-André (1727-1817), dont il enrichit le cabinet de fossiles. Plusieurs dessins sont faits d’après les Geological Travels de Deluc (1810).
G éolo G ie . 26 dessins. – Surface of the Earth. Couches de Dudley en Staffordshire. – Section du district calcaire et houiller de Dudley en Staffordshire. – Section d’une mer à l’autre, de Durham à Cumberland. – Arrangement général des couches dans le Yorkshire. – Couches retroussées par refoulement. – Bassin de houille concave. – Bassin de houille avec faille. – Lits de houille avec faille. – Carrière près de Bath… – Faille au nord de Bitton. – Divers accidents des lits de houille. – Great limestone series. – Rochers de Wick. – Sections de la craie mises à découvert en 1798 par la grande route à l’entrée de St Albans… – Lits de houille de Kilkenny et Tipperary. – Section naturelle observée en 1798 dans un creux sur la droite de la grande route qui monte de Detford à Black-Heath… – Section de Sheffield à Castleton. – Partie de la côte escarpée du Sussex… – Jamaïque, sections. – Les trois couronnes Spitzbergen , avec un important commentaire. Etc.
F ossiles . 4 dessins. – Megatherium déterré près de Buenos Aires. – Tibia du Dinornis ingens. – Os tarso-metatorsal du Dinornis gigantus. – Lavis et aquarelle :« Swanedge Dorsetshire, in Mr. Johnson’s collection at Bristol, closely ressembling the Gangetic Crocodile »… M ollusques . 23 dessins. – Turbo pica. – Argonauta tuberculosa (2 dont une rehaussée). – Agatina flammea. – Comus genuanus. –Nerita senegalensis. – Ascidies (2 planches). – Monodonta tesselat.
– Cymbium neptuni. – Anatifa lævis et Anatifa scalpellum. – Hyale. – Hyale tridentata. – Argonauta sulcata. – Lingula anatina. – Pholades dactylus. – Balanus. – Cymbium. – Janthine. – Nerita. – Turnitella terebra (et notes sur les mollusques et les céphalopodes, 1822).
– Monodonta. – Ammonite nautiloides. – Argonauta tuberculosa. On joint 10 planches gravées ou lithographiées, avec annotations ms : plus 4 dessins (plans de fortifications de Vauban, télescope, galère).
2 000 - 3 000 €
PROVENANCE
Librairie Erasmushaus à Bâle (2007).


HUMBOLDT Alexandre von (1769-1859).
L.A.S. « Humboldt » [Paris] mercredi [vers 1810], à Mme GAUTIER à Passy ; demi-page in-4, adresse.
Déjà engagé chez Mme de Grollier, il regrette de ne pouvoir se rendre à l’invitation de Mme Gautier. « J’ose pour me dedommager de cette privation, vous demander la grace de m’accorder un jour de la semaine prochaine mardi, mercredi – vendredi. Vous voyez que je m’y prens un peu librement. C’est un reste de la vie des bois. Mais je sais que vous me pardonnez ces retours vers l’Orenoque »... Il donne son adresse : « Rue de la vieille Estrapade n.11 ».
500 - 700 €




778
LAGACHE Daniel (1903-1972) psychiatre et psychanalyste.
6 DOSSIERS de MANUSCRITS autographes ; environ 300 pages formats divers, la plupart in-4 ou in-fol., plus des tapuscrits, le tout classé sous 6 chemises titrées.
Important ensemble de manuscrits et notes pour ses cours et conférences sur la psychologie
Dossier Esquisse. – 48 fiches préparatoires (plus 17 petites fiches bibliographiques). – 2 ff. de plan en 43 points.– Esquisse de la psychologie humaine (40 p.). – 2e conférence. Le débat de l’homme avec lui-même (15 p.). – Tapuscrit, Esquisse de la psychologie humaine (14 p.).
Dossier I Projet d’une psychologie humaine. – Plan en 12 parties, intitulé Les Fondements de la psychologie humaine (1 p. in-4). – L’existence de l’homme (4 p. in-fol., réparation au scotch), titre primitif biffé : « Psychologie humaine et connaissance de soi ». – De la connaissance psychologique préscientifique à la psychologie humaine (5 p. in-fol.) ; plus 13 pages petit in-4 de notes. – Comprendre, interpréter, expliquer (10 p.).– Tapuscrit, Introduction à la psychologie humaine (11 p. in-fol.).
Dossier Psychologie descriptive Divers. – La connaissance d’autrui (7 p. in-fol., et 1 p. de note). – Psycho humaine , notes et brouillons (19 p.).
Dossier La psychologie clinique. – Tapuscrit corrigé, La méthode clinique en psychologie humaine (21 p.), revu et complété en septembre 1946. – Tapuscrit pour le Comité interministériel de l’Enfance déficiente et en danger moral (20 p., 1943-1944, plus une note autogr.).
Dossier L’explication en psychologie. – Développement du comportement et notes sur Kantor et Tolman (18 p.). – Le problème de l’intelligibilité en psychologie. Compléments à la théorie de Jaspers et discussion (7 p.). – Tapuscrit, Jaspers et l’intelligence du psychique (17 p.).
777
HUMBOLDT Alexandre von (1769-1859).
L.A.S. « AlHumboldt », [Paris] mercredi [24 juin 1841], à Charles COQUEREL ; 1 page in-8, adresse.
Il félicite Coquerel de ses succès et de son livre [Histoire des Églises du D ésert chez les Protestants de France ] et l’invite à venir le voir chez lui. « Vos déserts vous ont rendu injuste […] envers ceux du Tibet. Je n’ai jamais nié le plateau du Tibet qui est une intumescence entre l’Himalaya et la chaîne du Kouen-loun et parait avoir 1800 t[oises] de hauteur, […] mais je crois avoir prouvé qu’il n’y a pas de plateau continu dans tout l’intérieur de l’Asie. Nous en causerons . Même le célèbre plateau du Gobi entre le lac Baïqal et Peijing mesuré récemment par des astronomes russes avec beaucoup de précision n’a que 4 à 500 toises de hauteur moyenne »...
800 - 1 000 €
Dossier Psychologie en profondeur. – Psychanalyse et psychologie humaine (12 p.). – Qu’est-ce que la psychanalyse ? La technique psychanalytique (12 p.). – Expérience vécue et inconscient. Psychologie descriptive et psychologie en profondeur (9 p.). –L’homme et le monde d’après la psychanalyse (8 p.). – Psychologie en profondeur et psychologie descriptive (14 p.). – L’intelligibilité de la vie psychique profonde (10 p.). – Les critères de l’interprétation analytique et l’expérience d’autrui (3 p.). – Les critères de l’interprétation analytique et l’unité de la psychologie humaine (49 p.).
On joint la plaquette de D. Lagache, Les possibilités de la consultation médico-psychologique dans l’examen et le traitement des jeunes délinquants (Melun, 1944) ; plus épreuve d’un article de S. Marck.
1 500 - 2 000 €
779
LESSEPS Ferdinand de (1805-1894).
P.A.S. « Ferd. de Lesseps » ; sur 1 page in-8 avec 2 autres signatures.
Page recueillant les signatures d’Édouard PAILLERON, Louis PASTEUR, et cette devise de F. de Lesseps : « Fais ce que dois, advienne que pourra ».
400 - 500 €




780
LINDBERGH Charles (1902-1974).
PHOTOGRAPHIE avec signature autographe, cosignée par Richard BYRD et Clarence CHAMBERLIN, 1927 ; 25 x 20 cm.
Célèbre photographie des deux aviateurs rivaux Charles Lindbergh et Clarence CHAMBERLIN (1893-1976), se serrant la main devant l’avion de Lindbergh, le Spirit of St Louis , avec le célèbre explorateur et pilote Richard BYRD (1888-1957), debout entre eux, en mai 1927, avant le départ de Lindbergh le 22 mai 1927 pour le premier vol transatlantique sans escale.
1 000 - 1 500 €
781
PASTEUR Louis (1822-1895).
L.A.S., Paris 22 mars 1886, à Jules-Auguste BÉCLARD ; demi-page in-8.
Il recommande à son collègue, secrétaire perpétuel de l’Académie de Médecine, la candidature d’Ernest MAINDRON (1838-1907), en lui rappelant « que Mr Dumas faisait de lui un très grand cas, comme secrétaire particulier de l’Académie des Sciences. C’est un homme très intelligent, très actif et qui a le goût et l’habitude du maniement des archives de sociétés savantes »…
700 - 800 €
782
PASTEUR Louis (1822-1895).
L.A.S. « L. Pasteur », Paris 13 février 1889, à un « cher Directeur » ; 1 page in-8.
Un passage de la lettre du Directeur « intrigue beaucoup mes enfants. Ils se montrent très curieux de savoir quel peut bien être ce poste hors d’Europe où mon fils “pourrait être envoyé momentanément et pour faire un intérim”. Nous ne serions pas, dit-il, absolument contraires à l’idée d’un éloignement hors d’Europe (pendant quelques mois s’entend) et surtout pour faire un intérim utile à son avenir. Nous avons ici un ménage de collègues autrichiens qui ont été passer l’été dernier en intérim à Washington. Ce sont des conditions assez tentantes pour nous faire réfléchir. Mais à quel poste M. Charmes a-t-il fait allusion ? »…
1 000 - 1 500 €
783
PASTEUR Louis (1822-1895).
Apostille autographe signée « L. P » en marge d’un compte à en-tête de l’éditeur Gauthier-Villars , 31 décembre 1872 ; 8 mots au crayon bleu sur 2 pages en partie impr.
Compte de Pasteur chez son éditeur donnant l’état des stocks et des ventes sur ses ouvrages : Études sur les maladies des vers à soie, Études sur le vinaigre, Quelques réflexions sur la science en France… En marge, Pasteur note, au crayon bleu : « Vous avez oublié les 96 ex. du Ministère L.P. » ; le compte du premier ouvrage a ensuite été corrigé à l’encre rouge.
300 - 400 €
784
VICTOR Paul-Émile (1907-1995).
MANUSCRIT autographe signé « Paul Emile Victor », 1975 ; 3 pages in-4, sur papier quadrillé.
Bilan des activités des Expéditions Polaires Françaises (EPF) qu’il a créées en 1947 : 42 expéditions, « plus particulièrement sur le désert de glace du Groenland et en Terre Adélie », 2000 scientifiques et techniciens sur le terrain, 350 000 km parcourus, 5 500 heures de vol, 40 affrêtements de navires, « 355 volumes et publications officiels “ Expéditions Polaires Françaises” », sans compter de nombreux articles. Il résume les activités de la base
Dumont d’Urville en Terre Adélie, qui fonctionne sans interruption, et insiste sur la participation française à l’Expédition Glaciologique Internationale Antarctique entre la base et la station soviétique Vostok : « les glaciologues des EFP travaillent main dans la main avec leurs collègues russes ». Au Groenland, la France participe à l’Expédition Glaciologique Internationale, commencée en 1958. Il conclut : « Grâce aux Expéditions Polaires Françaises, la France a pris une place de premier rang dans l’importante collaboration pacifique internationale d’exploration scientifique et systématique des Pôles ».
500 - 700 €
785
VICTOR Paul-Émile (1907-1995).
MANUSCRIT autographe, Fridtjof Nansen ; 2 pages in-4, sur papier quadrillé.
Article sur le fameux explorateur arctique norvégien Fridtjof NANSEN (1861-1930, dont il rappelle d’abord l’importance en tant que créateur du « passeport Nansen ». Il effectua le premier la traversée du désert de glace du Groenland en 1888, puis conçut « un projet “fol et insensé” : celui d’atteindre le pôle Nord en se laissant dériver à travers la banquise ». Il raconte son périple : parti en juin 1893, à bord du Fram, il le quitte au bout de 14 mois, comprenant que le navire ne passera jamais le Pôle Nord. Avec quelques compagnons, il continue en traineau et atteint le point le plus au Nord le 8 avril 1895. Dans l’impossibilité de rejoindre le navire, le retour se fait à pied, dans des conditions difficiles ; il hiverne dans l’Archipel François-Joseph et sera récupéré par l’explorateur anglais Jackson en juin 1896, qui le ramène en Norvège où il retrouve le Fram : « Leurs retrouvailles furent célébrées par une bamboula mémorable ! »
400 - 500 €




786
HT Orville (1871-1948).
L.S. « OWRIG rville Wright », Dayton, Ohio 2 décembre 1943, au Major Lester D. GARDNER, Institute of the Aeronautical Sciences à New York ; 9 pages in-4 dactyl. à son en-tête ; en anglais.
Longue et intéressante mise au point concernant le rôle du mécanicien Stephen M. Balzer dans le développement du moteur Langley
[Samuel Pierpont LANGLEY (1834-1906) avait commandé, au nom de la Smithsonian Institution, la construction d’un grand avion, l’Aerodrome , à Charles Matthews MANLY (1876-1927), qui fit appel à Stephen Marius BALZER (1864-1940) pour en mettre au point le moteur radial à essence ; ce moteur révolutionnaire fut baptisé moteur de Manly-Balzer. Toutes les tentatives de vol de l’Aerodrome furent des échecs.] Wright a appris de nouveaux éléments sur l’histoire du moteur Langley. Il rappelle l’échec en 1941 du Comité consultatif national pour l’aéronautique qui voulait donner le nom de Manly au laboratoire de moteurs de Cleveland. Wright avait toujours eu des rapports d’amitié avec Manly, et pensait sincèrement qu’il était le concepteur du moteur Langley. Il avait d’ailleurs approuvé en 1929 l’attribution de la médaille d’or Langley à Manly, n’émettant qu’une seule réserve, c’est qu’on ne fasse pas croire que la machine Langley a volé, ce qui aurait aussitôt ravivé la controverse. Il n’y a jamais eu de controverse “Langley-Manly-Wright”. La controverse a opposé le Dr Walcott et le Dr Abbot, futurs secrétaires du Smithsonian, et Wright lui-même. Cette controverse portait sur les rapports du Smithsonian sur les essais de la soi-disant machine Langley à Hammondsport en 1914. Wright s’est toujours opposé à ce qu’on laisse entendre que la machine Langley a volé avec succès. Et il n’avait jamais considéré Manly comme impliqué dans la fraude perpétrée à Hammondsport en 1914. Il ne savait pas très bien quel avait été le rôle du mécanicien new-yorkais Balzer. Mais il a retrouvé (et cite) une déclaration d’Abbot qui met en évidence le rôle majeur de Stephen M. Balzer à qui avait été commandé un moteur à essence radial léger. Son moteur, de 8 chevaux, payé par Langley, fut modifié par Manly, qui construisit un moteur similaire à celui de Balzer, mais avec certaines caractéristiques issues des pratiques européennes en matière de moteurs. Ce moteur Manly développait 52 chevaux en continu lors de longs essais, pesait 54 kg sans eau de refroidissement et était un moteur
d’avion pionnier, très efficace et honorable. La conception de base était bien due à Balzer. Wright donne quantité de détails techniques très précis pour montrer le rôle essentiel de Balzer, et il cite longuement des correspondances et mémoires de Manly et de Langley. Le moteur Langley comportait des cylindres radiaux Balzer, des pistons Balzer, des bielles Balzer, un vilebrequin Balzer, un système de lubrification Balzer, un carburateur Balzer, un collecteur d’admission Balzer, etc. La contribution de Manly consistait simplement à maintenir les cylindres immobiles et à laisser tourner le vilebrequin ; et à les refroidir en les enveloppant de chiffons humides ! La lecture des lettres de Manly et des autres documents que Wright a pu consulter montre clairement que le récit de l’invention et du développement du moteur Langley, tel qu’il est présenté dans les Mémoires de Langley sur le vol mécanique, est trompeur et ne peut être accepté. Pour Wright, Balzer a été traité de manière scandaleuse. Il a d’abord été ruiné financièrement par son contrat avec le Smithsonian, puis, sous l’administration Walcott, il a été privé par le Smithsonian du crédit qui lui était dû… Il souligne que l’histoire du moteur Langley a été écrite pour Walcott et la Smithsonian par Manly, à l’époque où ce dernier lançait sa campagne visant à s’approprier les données scientifiques sur lesquelles reposait l’aéroplane Wright et à attribuer au Dr Langley le mérite des frères Wright. L’objectif du secrétaire Walcott était manifestement de s’approprier pour l’Institution non seulement le mérite de l’aérodynamique de l’avion, mais aussi celui du moteur. Il a probablement suggéré à Manly de négliger la contribution de Balzer à la conception du moteur, afin que tout le mérite en revienne à Manly et à la Smitsonian… Etc. On joint un dossier de 29 lettres ou pièces concernant les graveurs des monnaies Jean-Auguste et Raoul BARRE, 1880-1897.
1 500 - 2 000 €




ANGOULÊME Charles de Valois , comte d’Auvergne puis duc d’ (1573-1650) fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet.
L.A.S. « Charles de Valois », au camp de Lunéville 12 septembre [1635], « au Roy mon Souverain Segneur » [LOUIS XIII] ; 4 pages in-fol., adresse avec cachets de cire rouge aux armes sur lacs de soie rose (onglet sur un bord).
Superbe lettre à Louis XIII sur le début de la Guerre de Trente Ans et l’occupation de l’Alsace Il annonce la jonction de l’armée du Roi avec celle sous ses ordres, à « la plene au dessus de Gerbevilliers, qui nest qua deux lieues de Ramberviliers où les ennemis sont aiant fait quatre forts, desquels il y en a deux de fort bons fretés, et faits avec facines ». Il ne perd pas de temps. « Je feray detacher ceste nuit le Regiment de Batilly pour sen aler a Celestat et Colmar avec ordre passant par Blamont Falcebour et Sarbourc di taller en pieces que trouppes qui sasemblent pour le duc Charles »… Après avoir occupé ces places, ils s’en iront « partie de Strasbourc partie de Basle »… Il parle de l’approvisionnement de l’armée et de l’infidélité des Lorrains : « Toute la Noblesse cest souslevée et contre leur dernier serment sont ales trouver le duc Charles et levent pour luy. Le marquis de Blainville leve un regiment dinfanterie et leve cens cavaliers. Le fils de Fichemont leve une compagnie de cavalerie et lon ma doné advis que Guatinois a fait la mesme chose. Le S r des Coutures suplie Vre Mageste de luy doner la confiscation de Fichemont et le sieur de Chamblet lequel est le seul qui sert Vre Mageste avec une franche fidelite ma priay de demender a Vre Mageste a mon nom celle de Guatinois pour faciliter le mariage quil pretendt faire par ce moien de son fils avec la fille dudit Guatynois »… Il espère qu’avant quatre jours « Dieu me fera la graces de vous rendre un bon service et faire voir aux ennemis de Vre Magesté que vos armes sont invincibles »…
700 - 800 €
PROVENANCE
Ancienne collection L.-A. BARBET (15-16 novembre 1932, n° 8).

788
BARBÈS Armand (1809-1870).
L.A.S. « A. Barbès », prison de Belle-Île 5 novembre 1851, à Victor SCHOELCHER ; 3 pages in-8.
Lettre de prison à l’artisan de l’abolition de l’esclavage Il se plaint de la « rude surveillance » exercée sur sa correspondance, qui lui « commande d’être ménager d’écriture »… Puis il parle du comité d’aide aux prisonniers : « Tu ne me dis pas si le comité approuvait mon idée de donner aux 24 derniers arrivés 24 des portions qui n’ont pas été prises. Il restera encore quelques autres quotes-parts sans emploi. Elles pourraient servir, si le comité n’y voit pas d’inconvénient, à fournir des secours de route à quelques prisonniers qui vont partir [en déportation à Cayenne] »…
400 - 500 €
789
BEAUHARNAIS Eugène de (1781-1824) fils de l’Impératrice Joséphine, Vice-Roi d’Italie.
NOTES autographes dans un almanach, Almanach souvenir pour gens d’affaires (Paris, Ducamp-Bussy, an X) [1801-1802] ; in-12 (135 x 85 mm), 8 ff. de Calendrier pour l’an X, 61 ff. pour l’Agenda, dont une trentaine avec notes autographes, ainsi que sur les contreplats et les derniers ff blancs ; maroquin vert souple de l’époque, passants de même maroquin pour le crayon (usures d’usage).
Agenda du futur Prince Eugène, alors colonel Une note manuscrite en tête précise : « Cet agenda est celui de S.A.R. le Prince Eugène de Beauharnais, duc de Leuchtenberg, lorsqu’il n’était encore que colonel des Guides de la Garde consulaire ». Alors colonel des guides de la Garde consulaire, Eugène de Beauharnais y a consigné ses déjeuners à la Malmaison chez sa mère, chez Duroc, chez Bessières et le général Junot ; ses dîners avec Joseph Bonaparte, avec Lebrun et Cambacérès, mais aussi ses divers déplacements (Fontainebleau, Roanne, Lyon, etc.) Les derniers feuillets blancs sont occupés par des comptes. Citons quelques entrées en ventôse. 7 : « assaut d’armes chez moi. Le soir chez le 2d consul. Diner chez le g al Davoust ». 8 : « le soir chez M de Talhouet. Diner chez le 2 d consul. Le matin voir M de Danesse, aller chez Boutet, chez ma sœur [Hortense] à 2 h. ½ pour la répétition ». 9 : « aller à la municipalité pour la noce de Gretty. Le soir chez le M tre de la guerre, puis au bal masqué ». 10 : « à la Malmaison ne pas oublier d’emporter des habits pour jouer la comédie ». 11 : « inviter quelques off. à dejeuner pour le 12. diner chez M. de Talleyrand ». 20 : « à la Malmaison et chez M de Campan le soir ». Etc.
1 500 - 2 000 €
BOLOGNE
Environ 60 lettres, 1800-1813 ; en français.
Correspondance adressée à la comtesse Olympe de BIANCHI , née de MO r A r D D’A r CES (en 1756) , d’origine grenobloise, qui épousa en 1778 Joseph Charles de BIANCHI SECCADENA r I
SIGHICELLI , patricien et sénateur de Bologne, gentilhomme de S.M. le Roi de Sardaigne. Cette correspondance familiale est pleine d’échos aux événements du Consulat et de l’Empire, et émane principalement des père et mère de la comtesse : Marie-Antoine marquis de MO r A r D D’A r CES et Jeanne-Claire-Dominique née de Gilbert de Montlaur…
300 - 400 €
791
BRUNE Guillaume (1763-1815) maréchal d’Empire.
P.S. « Brune » comme ambassadeur de la République française près la Porte ottomane, Péra-lez-Constantinople 29 brumaire XII (21 novembre 1803) ; 1 page et demie in-fol. à son en-tête Le Général Brune, Conseiller d’Etat, Ambassadeur de la République Française près la Sublime Porte , grande vignette gravée, cachets encre.
Beau passeport pour Jean Baptiste Gilliot r ONCO ur T, de Paris. Signé par le porteur, le document fut visé à Smyrne, Rhodes, Rosette, Corfou et Alexandrie (par D r OVETTI).
150 - 200 €




792
CAMPAN Jeanne Louise Genet, Madame (1752-1822) lectrice de Mesdames filles de Louis XV, secrétaire et confidente de Marie-Antoinette, institutrice et pédagogue, elle dirigea la Maison d’éducation de la Légion d’Honneur d’Écouen.
L.A.S. « C… », 27 floréal (27 mai 1800), au comte Trophime-Gérard de LALLY-TOLENDAL ; 4 pages in-4.
Belle lettre de la pédagogue concernant la fille du comte « La méchanceté ne respecte rien de ce qui est respectable. Le bas et trop commun esprit de Caquet, vient fletrir ce qui a été dit de simple et de naturel, voilà ce qu’on peut répondre »… Eliza, pendant l’absence de son tendre père, « ne couroit que la chance d’etre un objet de rivalité pour les soins qu’on se plaisoit à lui rendre, elle n’auroit pas éprouvé le sort affreux des enfans dont le bien a été confisqué, et vous auriez joui de la plus grande fortune, qu’il auroit été impossible qu’elle fut plus heureuse et mieux traitée par tout le monde »… D’ailleurs il a souvent fait parvenir à sa fille des choses « beaucoup trop belles pour l’usage habituel de ma maison ; il est vrai que je n’ai point caché que j’avois refusé toute espece de pension pour la fille unique d’un père tel que celui d’Eliza, mais elle a été plusieurs fois offerte »… Elle trouve tout naturel de vouloir réparer le malheur d’une victime du sort, et d’ailleurs, privé de fortune et de communication avec la France, le père ne pouvait veiller en entier à l’existence de sa fille. « Pouvoit on rien esperer de sa mere ? Et vos amies entierement ruinées par les évenemens de la révolution pouvoient elles la soutenir quant à la pension anuelle dans ma maison ? Je ne l’aurois pas souffert »… Les dépenses pour la petite ou ses vieux domestiques ont été acquittées par les amies du père ; « Eliza a fondé chez moi la place qu’elle y a occupée, et lorsque j’aurai à la fois le bonheur et le malheur de m’en séparer, elle appartiendra à une autre. […] Voilà la vérité bien simple et voilà le cannevas qui a servi aux mensonges et à la méchanceté »… Elle est contente d’elle : « ses déffauts ont disparus, ses talens se sont perfectionnés, son maintien est celui de la meilleure compagnie, sa taille s’est allongée, elle est très belle et surtout très agréable »… Elle termine en assurant le comte de « la profonde vénération que je vous ai vouée pour la vie ».
600 - 800 €



CATHERINE DE MEDICIS (1519-1589).
L.S. « Caterine », Roussillon 14 août 1564, au Prévôt des marchands et aux échevins de la ville de Paris ; contresignée par Claude de L’AUBESPINE ; 1 page in-fol., adresse au dos (portrait gravé joint).
Elle a exposé au conseil du Roi son fils leurs « remonstrances » sur les lettres patentes « pour lelection doubles des prevost des marchans et eschevins de vostre ville ainsi quil a este faict es aultres villes de ce Royaume. Il a été advise faire surce ma declaration que presentement vous est envoyee par ou vous congnoistrez combien nous desirons que vous soyez bien et favorablement traictez en toutes choses. Et quil ne se face aucune innovation en voz privilleges. Suyvant lesquelz il entend quil soyt que vous proceddez a lelection prochaine, ainsi quil est accoustume, a lentretenement dequoy et en tout ce qui concernera le bien et avantaige de lad. Ville vous estes asseurez de me trouver tousjours autant favorable que vous le scauriez desirer »…
800 - 1 000 €
794
CATHERINE DE MEDICIS (1519-1589).
P.S. « Caterine », Paris 10 avril 1587 ; contresignée par Claude de L’AUBESPINE ; vélin oblong in-fol., monté sous carton avec un portrait gravé.
Mandement à Jehan Le Sergent, « commis a la recepte des deniers provenans des recherches qui se font sur les fieffes outrepasses surmesures et supplementz des terres vaines et vagues du duché de Normandie dont le Roy nostre trescher seigneur et filz nous a faict don », de tenir quitte le sieur de SAINT-LUC, chevalier, capitaine de cinquante hommes d’armes, gouverneur et lieutenant général en Brouage, de « la moictié de la somme a laquelle pourra monter la taxe du supplement qui a este ou sera faict par les Commissaires depputez par le Roy […] a faire lesdites recherches et supplementz de lacquisition quil auroit cy devant faicte de neuf vingtz acres de terres ou environ deppendans de la forest de Lyons »…
700 - 800 €
795
CHARLES IX (1550-1574) Roi de France.
L.S. « Charles », Paris 27 mars 1568, au baron de FOURQUEVAULX, ambassadeur en Espagne ; contresignée par le secrétaire d’État Nicolas de NEUFVILLE (1542-1543) ; 1 page in-fol., adresse au dos.
Annonce de la paix de Longjumeau
[Signée le 23 mars 1568, la paix de Longjumeau mettait fin à la deuxième guerre de religion (1567-1568). L’édit d’Amboise de 1563 était rétabli dans sa totalité, accordant aux Protestants une certaine liberté de culte. En revanche, ils doivent renvoyer les mercenaires qu’ils ont recrutés, dont la solde sera payée par le Roi, mais celui-ci remet à plus tard le licenciement de ceux qu’il a lui-même levés, suscitant l’inquiétude des réformés. Cette paix ne tiendra que cinq mois.]
Il l’avertit que « depuis le partement du S r de Montmorin le Cardinal de Chastillon et autres depputez du prince de Condé estoient revenuz encores derechef a Longjumeau ou javoys aussy envoyé mes depputez. Maintenant je vous diray quils ont sy bien besongné et les choses se sont conduictes de telle facon que la paix a este convenue et arrestee et sera aujourdhuy publiee affin de donner ordre le plustost quil sera possible a renvoyer et nettoyer mon Royaume des estrangers qui y sont »…
1 000 - 1 200 €
796
CHARLES QUINT (1500-1558).
L.S. « Yo el Rey », Valladolid 18 mai 1537, au gouverneur de Valencia ; contresignée par Urries Serret ; 1 page in-fol., adresse au verso avec sceau aux armes sous papier ; en espagnol.
Pour protéger le royaume des dangers, il ordonne de prendre le contrôle de tous les lieux et postes tenus par les rebelles sur le point de guerre, de les mettre en sûreté, et de saisir les armes des Maures convertis (« las armas a los convertidos moros »), en ne laissant les épées qu’aux plus nobles d’entre eux…
1 000 - 1 500 €
797
CHURCHILL Winston (1874-1965).
L.S. « Yours Winston S. Churchill », Londres 24 octobre 1905, à « My dear Sir » ; 2 pages et demie in-8 à son adresse 105, Mount Street ; en anglais
Il ne se souvient pas d’avoir serré la main de son correspondant avant l’assemblée d’hier, mais il tient à le remercier pour son aimable lettre qu’il a lue avec beaucoup de plaisir et d’encouragement. L’évolution de la controverse fiscale s’est avérée désastreuse pour le parti Conservateur. Il rappelle que le premier jour du débat sur cette question à la Chambre des Communes, il avait averti que cela ne pouvait qu’aboutir à la ruine du Parti, et avait exhorté les Conservateurs à agir fermement pendant qu’il était encore temps. Le mal est maintenant fait. On se méfie maintenant du parti…
« The course of the fiscal controversy has proved disastrous to the Conservative party. I would remind you that on the very first day that this subject was debated in the House of Commons, I warned them that it could only end in party ruin and urged the Conservative members earnestly to take ferm action while time remained. The harm is now done. The Conservative party for the time being is wholly identified with protection. Their day no doubt will come again ; but it will lag long on the road. Meanwihle, it is the business of free traders to do their duty »…
1 500 - 2 000 €
798
CLEMENCEAU Georges (1841-1929).
2 MANUSCRITS autographes d’articles ; 5 pages in-4 chaque, avec ratures et corrections.
“L’Ecole du Crime”. Virulente réponse à Mgr MARTY, évêque de Montauban, à ses propos sur « l’école sans Dieu » qui serait « naturellement génératrice du crime »… « Après une quinzaine de siècles, nous sommes quelques-uns à penser que le rêve de l’Église universelle génératrice de l’ordre divin sur la terre a échoué dans le sang, et nous proposons de faire la paix par le moyen de règles humaines sur lesquelles tout le monde pourrait aisément s’accorder »…
Un Révolté. Sur la laïcité : « Nous naissons laïques (archevêques et papes compris) d’où l’obligation de vivre d’abord laïquement ». Clemenceau loue à ce sujet la politique de tolérance de l’Empereur François-Joseph à l’égard de l’Islam à Sarajevo… On joint une L.A.S., Versailles 22 février 1878, à un citoyen (4 p. in-8 à en-tête de la Chambre des députés ). Il doit assister « au banquet démocratique qui doit avoir lieu à Paris pour fêter l’anniversaire de la seconde République. […] Depuis ce temps notre Nation a subi les plus terribles épreuves. L’empire a pu la surprendre dans un guet-apens notoire […] la guerre civile a pu la déchirer, les partis monarchiques ont pu se liguer contre elle […] Dans cet extrême péril, qui donc a relevé le pays, qui l’a sauvé sinon le suffrage universel, c’est-à-dire le pays lui-même maître enfin de ses destinées »...
800 - 1 000 €




799
CLEMENCEAU Georges (1841-1929).
ÉPREUVE corrigée avec corrections et additions autographes, À la veille de l’action , [2 août 1914] ; 4 pages in-4.
Bel article publié dans L’Homme libre , à la veille de la guerre et au lendemain de l’assassinat de Jaurès
« L’heure est venue des résolutions graves. En effet, pour la France, il s’agit de vie ou de mort ». Clemenceau analyse la situation et rend hommage à JAURÈS. « Hier, un misérable fou assassinait
Jaurès au moment où il rendait, d’une magnifique énergie, un double service à son pays, en cherchant obstinément à assurer le maintien de la paix et en appelant tout le prolétariat français à la défense de la patrie. Quelque opinion que l’on puisse avoir sur ses doctrines, personne ne voudra contester, à cette heure où toute dissension doit demeurer silencieuse, qu’il a honoré son pays par son talent […]. Le sort de Jaurès fut de prêcher la fraternité des peuples et d’avoir une si ferme foi en cette grande idée qu’elle ne put pas même être découragée par l’évidence brutale des faits »...
L’article a été recueilli dans La France devant l’Allemagne et les Discours de Guerre
500 - 700 €


800
CLEMENCEAU Georges (1841-1929).
MANUSCRIT autographe, Pour nos soldats , [août 1914] ; 2 pages et quart in-4, avec ratures et corrections (perforations marginales).
Très beau texte sur les soldats au début de la guerre de 14 Cet article a été publié en tête du Bulletin des armées de la République du 17 août 1914, et repris à la une de L’Homme Libre du même jour. On relève quelques variantes.
« Le soldat de la France est à sa frontière, équipé, armé, l’esprit alerte et le cœur chaud, prêt à la suprême détente de toutes ses énergies. Je l’ai vu partir, une espérance grave aux yeux, tout à la joie recueillie du chant intérieur, lui annonçant l’entrée dans le champ magnifique de la gloire française où il allait rejoindre l’histoire des aïeux. Souriant et résolu, maintenant, il attend l’autre , celui que son Maître envoie pour conquérir de la terre de France à son usage d’Allemand, celui qui se plait au massacre des populations désarmées, celui qui fait brûler, piller, tuer, et ne connait d’autre loi que l’instinct bestial de la cruauté »... Clemenceau invoque les soldats de l’an II qui, partis de rien, ont repoussé toutes les menaces extérieures et ont conquis l’Europe… « Heureux soldats, qui représentez la France totale, plus heureux que ceux de l’an II, qui la rêvèrent ainsi, mais à qui ne fut point donnée la joie de la réaliser. Heureux soldats qui voyez, qui faites la France unie pour un recommencement de l’histoire, où des antiques forces jaillies de l’ancien tronc vont recevoir bientôt de vos mains triomphantes la parure des branches nouvelles. Cette France là, vous la faites, heureux soldats des grandes journées, vous la vivez par anticipation dans sa gloire en lui donnant votre corps, votre cœur, tout ce que vous avez reçu d’elle : le plus pur de votre sang. [...] Vos fils sauront qu’ayant reçu la charge d’un grand passé de labeur et de sang, votre noblesse fut d’y apporter labeur et sang à votre tour. [...] Heureux soldats, qui faites de vos vaillantes mains une journée plus belle encore, puisque de cette France, douce et fière, que vous allez sauver des crimes de la barbarie, vous aurez, par la haute magie de votre solidarité fraternelle, construit une meilleure patrie des Français et des hommes pour le bien de l’humanité ».
On joint : – un manuscrit autographe, signé « G.C. », post-scriptum à un article sur l’attitude de l’Angleterre à la conférence de Fez (2 p. obl. in-8) ; – un autre manuscrit autographe, signé « G.C. », post-scriptum à un article concernant Maurice Rouvier, ministre des Affaires étrangères (1 p. obl. in-8, collée sous une photographie de Clemenceau) ; – des coupures de presse.
1 000 - 1 200 €
CLERMONT-TONNERRE Aimé-Marie-Gaspard, marquis de (1779-1865) homme politique, ministre.
8 L.A.S. (paraphe), vers 1800-1831, à sa sœur Gabrielle de RADEPONT ; 42 pages in-4 ou in-8, une à vignette et en-tête
Le Gen al Mathieu Dumas…, quelques adresses.
Intéressante correspondance à sa sœur, lors de ses campagnes militaires dans sa jeunesse
Paris 11-12 pluviose [(31 janvier-1er février 1800 ?)]. Il la renseigne sur Mme de Kerguelen et se « sauve à l’École Polytechnique »… Camp de Bruges . Il a retrouvé leur ancienne amie Juliette, désormais
Mme de Walkiers, grâce à la remarque d’une dame rencontrée au bal de Polytechnique… Naples 19 juillet 1807. Longue lettre faisant allusion à sa relation difficile avec son père, puis racontant ses impressions de Rome, comparant les Romains modernes aux Anciens, décrivant les palais, les tombeaux, les églises, le Panthéon… Il évoque aussi le brigandage dans le royaume de Naples… Naples août-10 septembre 1807. Observations sur les mœurs des Romains : dépenses fastueuses pour les églises et palais ; comportement indécent au théâtre, où se rendent des prêtres, même des cardinaux ; corruption au siège de l’Église, lieu de libertinage ; observations touristiques sur les fontaines, les thermes, les égouts, le palais des Césars, le Vatican, etc. Naples 10 octobre 1807. Récit d’un voyage à Otrante, pour accompagner un Russe : petites aventures, excursion à Ugiano, confidences amusantes sur une servante, retour par Brindisi… Vittoria 13 juillet 1808. Il y a avantage à servir à l’étranger : « aucun des officiers qui sont sortis en même temps que moi de l’École Polytechnique n’est encore capitaine & la pluspart cependant ont fait toutes les campagnes » ; quant au mariage, il n’y a aucune répugnance, mais n’a que 28 ans… Malaga 11 mars 1810. « L’enthousiasme précède & suit partout le Roi dans cette belle partie de l’Espagne » ; anecdote sur des jumeaux baptisés aux noms de S.M. 30 décembre 1831. Échos du nouveau régime, et d’un bal de « L.P. »…
On joint une lettre en sténo, Glissolles 23 mai 1851, à Aynard de Clermont-Tonnerre ; plus une l.s. de Gaspard duc de CLE r MONTTONNE rr E au nom des maréchaux de France (15 février 1776, sceau sous papier).
700 - 800 €
802
COLBERT Jean-Baptiste (1619-1683).
MANUSCRIT autographe, 1663 ; 1 page et demie in-fol. (un bord rogné avec perte des fins de lignes de la 1 re page).
« Memoire sur les deniers qui doibvent re[ster] au roy sur l’estat de la Depense des galler[es pour] l’année 1663 ». Comptes (avec des ratures et corrections) sur le coût des galères, leur construction, l’entretien…, ainsi que le pain et le biscuit, la nourriture, la solde des soldats…
On joint un portrait et une gravure représentant une « galère à la rame ».
400 - 500 €


803
CONDÉ Louis II de Bourbon, prince de (1621-1686). 13 L.S. « Louis de Bourbon », la plupart avec post-scriptum ou ajout autographe, aux camps devant Lérida, puis devant Lesborges juin-août 1647, à M. de JUMEAUX , commandant puis gouverneur de Flix ; 12 pages in-fol., adresses, cachets decire noire aux armes (quelques défauts).
Belle correspondance militaire du Grand Condé lors du siège de Lerida et la campagne de Catalogne Au camp devant Lérida 8 juin . Recommandation du S. Cabagnes, « gouverneur de la Bequerje de Tortose de la Castellenie, et baronie d’Entence s’en allant pour commander dans sondit gouvernement »… 6 juin . Il fait voiturer des munitions de guerre à Flix « afin que vous soyez pourveu des choses les plus necessaires pour vous opposer aux entreprises que les ennemis pourroient faire sur cette place », et envoie un ingénieur pour « adviser » des fortifications à faire… Il ajoute de sa main : « Je vous envoie aussy une grande partie du regiment de Rom mais japreande que cette quantité de troupes ne se ruinent dans Flix »… Lesborges 5 juillet , remerciements pour ses nouvelles, « esperant de vous aller voir bien tost »… 22 juillet : « vous me ferés plaisir de continuer voz soins pour la place ou vous estes, ou je vous protegeray tousjours »… 27 juillet , pour faire travailler aux fortifications : « je feray chastier les habitants des lieux qui ne fournissent pas ce qui leur a esté ordonné »… 2 août , l’invitant à lui faire part de tout ce qu’il apprendra « des desseings des Ennemis ». Quant à la cavalerie, « vous pouvez fortiffier vostre compagnie de chevaux legers […] je vous envoie une com e du regiment de Marssin a laquelle jay donné ordre de se rendre en diligence a Flix, ou je desire que celle de Fabry demeure jusques a ce que les affaires soient en autre estat »… 4 août , ordre de travailler aux fortifications, « lequel vous ferez executer hardiement, faisant emprisonner les Jurats, et plus qualifiez des lieux, qui refuseront » ; il fera réquisitionner et payer aux habitants de Mayals de la paille et de l’avoine ; quant à l’hôpital, « l’on vous envoye des chirurgiens avec des medicaments, ainsy qu’on a faict pour Balaguier, ce sera a vous, et aux officiers de vostre garnison d’avoir soing que les malades soient traitez, et medicamentez »… 6 août : « si les communeautez de la Chastelleine refusent d’obeyr a mes ordres, et de fournir des massons, et travailleurs, vous devez faire emprisonner les Jurats des lieux, jusques a ce qu’ils ayent satisfaict »… 8 août , pour être tenu au courant des préparatifs de défense de la place, « en cas que les Ennemis se resolussent de l’aller attacquer »… 10 août , au sujet de « l’armée navalle arrivée a Vineros » ; de sa main : « Taschés a scavoir si cette armée navale n’aura desbarqué personne »… 11 août, la garnison de Tortose construit deux forts à Amposte et Ventailles, « en celuy cy il y a deux pieces de canon, avec vingt six fantassins, et une compagnie de cavallerie »… 17 août , sur l’avancement des travaux de Flix. « Pour ce qui est de Miranet […] je vous prie donc au cas que les Ennemys voulussent l’attacquer d’y jetter les hommes, et les munitions, que vous jugerez necessaires sur l’advis que vous en pourroit donner le gouverneur de cette place »… 26 août . « Je trouve bon que vous envoyez la comp e de Fabry à Terys ainsy que vous me mandez, d’ou vous la pourrez retirer en cas de besoing […], cependant continuez vos soings pour empescher toutes surprises » ; de sa main : « Mandés moy par le dettail lestat des guets de la riviere et des fortifications »…
Plus une P.S. par les jurats de Flix, Riba Roja et autres villes, juillet 1647.
On joint 9 L.A.S. de Salomon REINACH à Liane de Pougy, 1932.
1 300 - 1 500 €
CONDÉ Louis II de Bourbon, prince de (1621-1686).
P.S. « Louis de Bourbon », Dijon 27 mai 1665 ; vélin in-plano.
Provisions de « Maistre, Juge, et garde ordinaire des Eaux et Forestz de nostre Duché de Chateauroux », en faveur de Pierre Macé, pour succéder à son père Gabriel Macé… On joint 9 L.A.S. de SULLY-PRUDHOMME à son « cher petit » [Georges Lafenestre] (16 p. in-12).
400 - 500 €

805
C ONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1743-1794).
MANUSCRIT autographe, Essai sur la phisiognomonie, par M. Lavater, [novembre 1782] ; 6 pages et demie in-fol. sur 2 bifeuillets.
Sur la physiognomonie de Lavater
Cette critique de l’Essai sur la physiognomonie de Johann Caspar LAVATER (1741-1801), qui venait d’être traduit en français et faisait grand bruit, a paru dans le Mercure de France du 16 novembre 1782. Le manuscrit, d’une petite écriture cursive, présente de nombreuses ratures et corrections ; il est écrit en colonne sur la partie droite de la page, avec d’importantes additions dans la partie gauche. « Que les passions d’un homme, le sentiment qui l’anime, le calme ou l’agitation actuelle de son âme, le plus ou moins de force de son attention, se montrent dans les traits de son visage »…
Mais Condorcet pose la question : « Y a-t-il dans la conformation naturelle du visage […] certaines forces primitives liées avec les dispositions de l’âme qui a été unie à cette figure ? »…
800 - 1 000 € 804
Il peut certes exister une « Science Phisiognomonique ». Mais il faut observer « que nous ne pouvons tenir de la nature que des qualités générales, comme la force, la promptitude, la finesse, la faiblesse, la lenteur dans l’esprit, une âme forte ou sans ressort, susceptible de passions durables et profondes, ou d’émotions vives dominées par les sens, ou peu sensibles à leurs impressions. […] Un homme dont la tête était conformée pour devenir Newton ou Voltaire, et qui, resté sans éducation, aura passé sa vie dans les travaux mécaniques, n’aura point ces signes que donne l’habitude de la méditation ou de l’enthousiasme poétique »… Etc. Pour finir, si l’utilité de la physiognomonie semble incontestable, Condorcet reproche à Lavater d’avoir donné « une suite de fragments », plutôt qu’un vrai raisonnement scientifique. Et il conclut en exhortant les hommes éclairés à chercher dans cet ouvrage « des vues utiles ou les fondemens d’une science nouvelle, et les gens oisifs des grandes villes à le lire non seulement pour l’amusement qu’ils y trouveront, mais à cause du goût qu’ils pourront y prendre pour des observations les seules dont ils puissent s’occuper sans rien changer à leur manière de vivre ».
1 800 - 2 000 €

C ONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1743-1794).
MANUSCRIT autographe avec L.A. d’envoi, [peu avant le 26 septembre 1791, à BRISSOT DE WARVILLE] ; 1 page et demie in-4 (petite fente marg.).
Projet d’acte de candidature à l’Assemblée législative Il soumet à Brissot le projet d’une lettre inspiré de l’exemple de Lacretelle. « Mandez-moi ce que vous pensez de la lettre et de la demarche ; à quelle heure il faut la presenter pour qu’elle soit lue &c »... Il ironise sur le décret pris la veille par l’Assemblée, « qui nous conseille d’admirer trente ans son ouvrage »... Il se présente aux électeurs : « Je n’ai aupres de vous d’autres titres qu’une vie entierement consacrée à la poursuite de la verité, et le bonheur d’avoir pu la defendre quelquefois. Vous trouverez aisement et plus de talent et plus de lumieres ; mais sur de conserver toujours l’independance de mes opinions, de ne chercher dans la discussion des loix que la verité comme je la chercherais dans de solitaires meditations, de ne vouloir que la liberté, et le maintien de nos droits, je puis ne pas me croire indigne non de vos suffrages mais de votre confiance »…






807
C ONDORCET Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de (1743-1794).
L.A., [Paris], 1er septembre 1792, à BRISSOT DE WARVILLE ; 3 pages et demie in-8.
Longue lettre sur la chute de Narbonne du ministère de la Guerre, et sur la défense de la patrie
« L’affaire de NARBONNE est une intrigue de LAMETH, et de cette portion hipocrite du parti populaire, qui leur tient toujours par des fils secrets. Si nous sommes assez dupes pour ne pas les déjouer, ils culbuteront les nouveaux ministres ne pouvant pas les gagner. Vous savez qu’on cherche à exciter la garde nationale contre la fête de Chateauvieux, à lui inspirer de la haine contre le maire. Les intriguans qu’on devait envoier à l’armée sont toujours a Paris. MALOUET n’est pas renvoié a Toulon. D’ailleurs la forme que l’on a prise contre Narbonne aurait les plus grands dangers. 1° Elle etablirait dans nos armées l’habitude des denonciations sur leur position militaire, sur l’etat des places ce qui serait extremement utile aux ennemis. 2° Elle etablirait une lutte entre chaque armée qui se plaindrait toujours d’être trop faible. 3° Un general doit des comptes au ministre, doit s’il le juge necessaire faire des reclamations au Roi, directement, et à l’assemblée mais il ne doit pas signer les denonciations faites par un officier sous ses ordres ; et quand il s’agit d’un ministre de placé, c’est par des comptes officiels qu’il doit seulement l’attaquer. [...] Soyez sur que cette affaire va persuader a tous les militaires de l’Europe que nous ne sommes pas en etat de nous défendre, et qu’avec des denonciations qu’il leur sera facile de provoquer sans cesse par de faux mouvemens par de fausses menaces, ils nous forceront à degarnir les points les plus exposés pour couvrir ceux qui sont en sureté »... Il souligne le ridicule du fond de l’affaire, puis songe à leur ami girondin qui détient le portefeuille des Finances : « Quant a M. CLAVI è r E , cette denonciation, les choix des affaires etrangeres, l’existence d’un conseil secret toujours agissant en sens contraire d’une liste civile employée par le gouvernement contre le gouvernement tout cela ne me permet pas de conseiller à persone de rester dans le ministere – lorsqu’on pense a sortir honorablement. Cependant je crois que le bien public exige qu’il y reste »...
800 - 1 000 €
808
DESMOULINS Camille (1760-1794).
MANUSCRIT autographe, 17 [octobre 1791] ; 1 page oblong in-4 (portrait gravé joint).
Procès-verbal d’une séance de la Société des Amis de la Constitution, séant aux Jacobins Après l’admission des députés B ruAT (Haut-Rhin), MAIGNEN (Vendée), CO u T ur IE r (Moselle) et THÉVENET (Rhône-et-Loire), et lecture du procès-verbal et de la correspondance, il est arrêté « que le comité d’administration et les huit Commissaires auditeurs de ses comptes feront un rapport a la société sur la demande de M r de SEINE […] La societe nomme des Commissaires pour examiner l’adresse de M. B r AYE r , tendant a faire reparaître dans la circulation le numeraire qui y manque, et a detruire l’accaparement et l’agiotage. Commissaires, M.M. CLAVIE r ES et FE rr IE r ES Renvoi de la demande de M. de FLE r S redacteur du Journal des Debats de la société aud. Comité de Correspondance. Arreté que la liste des candidats ne sera qu’indicative. Arreté que M. D u SSO u L x sera invité a rediger une adresse sur le jour. Arreté que les commissaires nommés pour la construction des tribunes sassembleront demain a 4 heures, pour hater cette construction. Le recensement du scrutin porte a la presidence, M. FAu CHET M. p ETHION vice president. Secretaires, M.M. BAZI r E, BILLAu D DE VA r ENNES et MAN u EL . La societé arrete limpression du discours de M. SIMONEAu sur les émigrans ».
1 500 - 1 800 €
809
DIVERS
16 lettres et pièces, plus 2 imprimés.
Duc d’AIGUILLON (Marly 1755), famille de BRINON (7, 1735-1775), Damonville (1736), Antoine Gerauld (1736), Charles-François de LAUBRIÈRE évêque de Soissons, Gaspard de LA VALETTE évêque de Soissons (1736), Moret (Poitiers 1697), Mouroux (1708), STANISLAS LESCZINSKI (Lunéville 1740), et manuscrit « Detail des honneurs et prerogatives du Gouverneur general de St Domingue » (1755). Plus 2 décrets de l’Assemblée Nationale du 21 juin 1791. On joint 8 L.A.S. du peintre Léon LHERMITTE, 1889-1919.
200 - 300 €
807
809
810
DUNOIS Jean, comte de (1403-1468).
P.S. « Jehan », Tours 6 mars 1450 [1451] ; vélin oblong in-4 (11 x 31 cm), trace de sceau.
Rare pièce du bâtard d’Orléans, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, concernant l’abbaye de Jumièges « Nous Jehan conte de Dunois et de Longueville grand chambellan de France Confessons avoir eu et receu des Religieux abbé et couvent de Jumieges la somme de deux cens escus dor comptant par les mains du frere Thierry Davy Religieux et chamberier dicelle abbaye […] acause et par raison du transport et delais que fait leur avons de partir de la terre d’Anneville »...
1 500 - 2 000 € 811

DUPANLOUP Félix (1802-1878) prélat, théologien et sénateur, évêque d’Orléans.
8 L.A.S. et 25 L.S., 1840-1875 ; 33 pages formats divers, nombreux en-têtes Évêché d ’Orléans (défauts à 2 lettres).
Ensemble de lettres à divers correspondants. 18 septembre 1840, à l’abbé Martigny, à Belley : « Je trouve digne d’encouragement et d’estime un pasteur qui sait cultiver les lettres sacrées et la science divine au milieu des sollicitudes pastorales »… ; à l’abbé Migne, à un ministre, à un comte… La plupart des lettres, à partir de 1852, sont écrites comme évêque d’Orléans, à des amis, à un président, à un ancien collègue, à M. Mange, conseiller honoraire à Orléans, à une « chère fille », à un diocésain, etc. Il promet à une Éminence de soutenir la candidature de X. Marmier à l’Académie (20 avril 1863) Conseils à un « cher enfant », dont la lettre est « du bon sens chrétien. Dégagez tout cela de plus en plus des facultés poétiques. Mettez le de plus en plus dans la raison simple, la foi pure, la volonté chrétienne. Cela y est déjà beaucoup et je suis consolé en voyant les vrais progrès de votre âme sous ces rapports […] ce sont des miracles de grâce » (26 avril 1862).
À l’abbé Bernard (Hyères 26 novembre 1869) : « Je fais en ce moment ma lecture spirituelle de Dom Barthelemy des Martyrs et cette lecture faite pour la dixième fois au moins me donne un si grand charme et un tel profit, que je vous conjure de hâter votre travail sans vous précipiter toutefois, et en y faisant entrer tout ce que les œuvres de Dom Barthelemy vous offriront de nouveau »…
On joint une L.S. de P. Magne, ministre des Finances, à Dupanloup (1874).
300 - 400 €

812
ÉMIGRATION . [HECTOR Charles-Jean, comte d’ (1722-1808)]
RECUEIL de 30 lettres, la plupart L.A.S. ou L.S., 1784-1807, adressées au comte d’HECTOR ; 33 pages in-4, plusieurs adresses avec cachets de cire aux armes, en un volume broché (autrefois relié).
Intéressant ensemble sur l’armée des Émigrés et les Princes pendant la Révolution
Le comte d’HECTOR était lieutenant général des armées navales quand éclata la Révolution ; il émigra alors en Angleterre, où il monta, malgré son manque de fortune, un régiment de volontaires de la Marine royale, qui participa à l’expédition de Quiberon en 1795 ; nommé vice-amiral par les Princes, il mourra à Reading en 1808. Charles-Philippe, comte d’ARTOIS, futur CHARLES X . 15 lettres (7 L.A.S. et 8 L.S.), 1794-1802. – Hamm 6 juillet 1794, au sujet du mémoire de M.M. de Kerlerec. – Q.G. de l’armée anglaise 10 octobre , sur l’organisation du Corps Royal de la Marine. – Arnheim 8 décembre , il autorise le duc d’Harcourt « à approuver au nom

du Régent les choix que vous aurez faits pour la composition des officiers de votre corps »… – Osnabruck 12 février 1795, louant le zèle d’Hector « pour le succès de notre cause. La composition de votre corps, et la compagnie de 100 officiers qui y est jointe, peut et doit être considéré comme le noyau précieux de la Marine françoise, et ce corps aussi respectable qu’utile vous aura une obligation que le Régent et moi n’oublierons jamais »… – Bremerwörd 14 juin à propos de l’expédition de Quiberon . Il fait dire à Hector par le baron de Suzannet « combien je désire que vous passiés sur le continent ; votre présence y sera de la plus grande utilité sous tous les rapports, et je regarde comme très important pour le bien de notre cause, que de bons et fidèles serviteurs du Roi comme vous, ne négligent aucun moyen pour parvenir en France,et pour se réunir aux armées Catholiques »… – Garland près Bremen 19 juillet , regrettant ce qui est arrivé à Hector… « il est décidé que je puis enfin être porté où tous mes vœux et tous mes désirs m’appellent depuis si longtems, et vous ne devés pas douter que je ne cherche à vous replacer le plutot possible où vous serez si utile au service du Roi »… – Edimbourg 11 avril 1796 , au sujet des demandes de croix de St Louis pour les officiers du corps de la Marine Royale. – 22 juin 1796 , au sujet des grâces pour ces
officiers. – 12 mars 1798 , au sujet de la remise des croix et des cordons rouges aux officiers, et du travail général des officiers de la Marine ; le Roi accorde à Hector « la grande croix de l’ordre de St Louis ». – 3 avril , concernant les décisions prises par lui et par le Roi pour les officiers. – 31 octobre , au sujet des demandes pour des officiers. – 22 juin 1799, louant les services d’Hector et de ses officiers, et les acceptant, si « nous obtenons enfin de servir l’épée à la main la cause du Ciel, de notre Roy, et de notre monarchie ». – 24 juillet , au sujet des réclamations du vicomte de Balleroy « contre les imputations qu’il croit qui lui ont été faites injustement »… – Londres 7 février 1800 , demandant « l’état de tous les officiers de la marine du Roi qui sont en Angleterre et à Jerzey et Guernezey, avec indication de ceux que vous saurés être en Portugal et à Mayorque, ou ceux qui étoient en Espagne ont été obligés de se rendre »… – Edimbourg 29 septembre 1802 , approuvant la formation par Hector d’un nouveau Comité pour traité avec le Comité anglais. Louis-Stanislas-Xavier, comte de PROVENCE, LOUIS XVIII 2 L.A.S. – Vérone 20 novembre 1794 , sur le Corps de la Marine et « son digne chef »… – Blankenburg 16 octobre 1797, louant la conduite du Corps de la Marine ; il examinera les services de chaque officier…
Louis-Antoine, comte d’ANGOULÊME . L.A.S., Edimbourg 14 décembre 1796 , concernant la grâce pour le chevalier Saint-Vincent. Charles-Ferdinand, duc de BERRY. L.A.S., Londres 25 avril 1798 : « Je connoissois votre zèle, et je comptois bien sur vous, et dès que j’aurois obtenu du Gouvernement Anglois la permission que je sollicite vivement de lui montrer la reconnaissance que nous lui devons des généreux secours et de l’azile qu’il nous a constamment donnés, en combattant pour lui, je comptois vous appeler sur le champ ici, pour être un de mes principaux chefs »…
Louis-Joseph de Bourbon, prince de CONDÉ . L.A.S. et L.S. Rothenbourg sur le Neker 27 mars 1794 , il recevra volontiers les officiers de la Marine « qui desirent se rallier a moy », et qu’il réunira au corps de l’Artillerie… – Mulheim 12 novembre 1795 , il a été heureux de voir « enfin s’améliorer le sort de la Noblesse françoise qui s’est dévouée avec tant de zèle, de constance et de bravoure à combattre sous mes ordres pour le rétablissement de la Monarchie »…
Louis-Philippe-Joseph, duc d’ORLÉANS (Philippe-Égalité)
L.S., Paris 5 mai 1789 , déplorant la mort de M. de Langle. Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de PENTHIÈVRE . L.S., Chateauneuf dur Loire 14 janvier 1784 , concernant M. de Fautras..
Tsarine MARIE FEODOROVNA . L.A.S., Petersbourg 24 février / 7 mars 1798 , déplorant « les malheurs qui accablent la France, et qui rejaillissent sur vous […] Mais en perdant votre fortune et vos biens, en les sacrifiant au service de votre Roi, vous avez encore augmenté l’estime que vous m’avez inspiré »….
Elle lui envoie un secours de mille roubles. – 5 L.S., 1803 - 1807, renouvelant ses vœux et ses sentiments d’affection pour Hector. Plus la copie d’une lettre de l’ambassadeur de Russie à Londres, 13/24 avril 1792.
3 000 - 4 000 €

FOUCAULD Charles de (1858-1916).
L.A.S. « Ch. de Foucauld » Tamanrasset 14 octobre 1915, à un général ; 4 pages petit in-8 à l’encre violette (petit accroc réparé).
À propos de la bataille des Dardanelles et de la guerre. Il remercie le général de l’envoi de la photographie de ses gros canons : « Vous sentez combien ma pensée & ma pauvre prière sont avec vous. En France c’est la lutte de la civilisation contre la barbarie, de la liberté contre la tyrannie, de l’esprit chrétien contre l’esprit payen. À Constantinople, c’est tout cela & c’est de plus l’extinction d’une vieille honte, d’un état de chose honteux pour toute l’Europe. Comme si ses autres infamies ne suffisaient pas à l’Allemagne, elle leur a ajouté celle de se faire le soutien des Turcs. – Ce sera une grande date que celle de votre entrée à Constantinople, le début des temps nouveaux, d’une ère nouvelle. Que le bon Dieu vous y fasse entrer bientôt & qu’il vous donne bientôt la pleine victoire sur tous les fronts ! Ici, calme profond Les troubles de Tripolitaine, où nos amis les Italiens n’ont été ni heureux ni sages & ont payé leur inexpérience, n’ont pas passé la frontière ». Il évoque la nomination du lieutenant Paul Duclos dans sa région... « Il n’y a pas encore de rezzous marocains dans l’Adrar, mais voici l’automne qui arrive, ils vont commencer ». Il termine dans l’attente de la joie de se retrouver après la victoire, « délivrés du poids qui pèse sur nos cœurs depuis 1870, dans notre France victorieuse & glorieuse... ce n’est pas le travail qui manquera dans cette France nouvelle où comme un soleil nouveau se sera levé »…
1 500 - 2 000 €
814
FRANCE LIBRE. CHAUVET Maurice (1918-2010).
TAPUSCRIT et DESSINS, juin 1944 ; cahier broché de 26 pages in-4 suivies de 39 dessins à l’encre.
Ensemble de dessins réalisés au camp d’entraînement du Commando Kieffer en Écosse Maurice Chauvet (Gâvre 1918-Paris 2010), sous-officier français, membre du Commando Kieffer, dessina le fameux insigne des commandos français que portent encore aujourd’hui les commandos de marine.
Nous étions 177 Histoire du Commando Français pour les Français Libérés . Ce tapuscrit de 26 pages est suivi de 39 dessins à l’encre légendés au crayon, en anglais, montrant les membres du commando à l’entraînement au camp d’Achnacarry (Écosse). Le récit relate le débarquement du 6 juin 1944 sur la plage de Colleville (Sword Beach) face à Ouistreham, les journées de combat de juin et juillet 1944 et se termine le 6 septembre 1944 avec le rapatriement du reste du commando.
Il est accompagné d’une carte manuscrite et illustrée en couleurs, Campagne de Normandie (22 x 54 cm sur calque), figurant la campagne du commando du 6 juin au 6 septembre 1944.
On joint un autre tapuscrit de Chauvet : Commando et petits raids (15 p. in-4, avec planche d’illustrations).
1 500 - 1 800 €


816
FRANÇOIS I er (1494-1547).
L.S. « Francoys », Vincennes 4 décembre [1518 ?], au Pape LÉON X ; contresignée par Florimond ROBERTET ; 1 page oblong grand in-fol. (31,2 x 43,3 cm), adresse au dos « A Nostre tres saint pere le pape », traces de sceau (petit cachet couronné de la collection P.T. à la devise Exaltabitur).
Belle lettre au Pape Léon X pour la nomination d’un cardinal Il a déjà écrit « en faveur de nostre cher et ame cousin m e Palvesin
Visconte Evesque d’Alexandrie du desir et grande affection que nous avons et portons a sa promotion cardinalle laquelle nous avons tresacueur et desirons quelle puisse a la premiere creacion de cardinaulx que Vostred. Saincteté fera avoir lieu et sortir effect
Tant en faveur des grans sens bonnes meurs vertuz det honnesteté de vie qui sont en luy, que des bons et agreables services que le Sgr Bernabo Visconte et ses freres nous ont cydevant faiz et font chacun jour »…
[Cette missive témoigne de la bonne mise en application du concordat de Bologne daté de 1516. En effet, ce traité offre la possibilité au Roi de France de proposer les prélats de son choix pour la nomination à la fonction cardinalice. Il s’agit ici de Pallavicino VISCONTI (1497-1549), évêque d’Alessandria de 1518 à 1534, et fils du condottiere Francesco Bernardino Visconti (†1504) ; il ne fut jamais cardinal. En 1520, accusé de prendre le parti des Français, il fut condamné à mort, mais réussit à s’enfuir.]
1 000 - 1 500 €

815
FRANÇOIS I er (1494-1547).
P.S. « Francoys », Amboise 18 mai 1518 ; contresignée par le secrétaire des finances Robert GEDOYN ; vélin in-plano (25 x 39 cm)
Sentence contre Antoine TROCHET, écuyer et seigneur de Launay, archer de sa garde. Le procureur général Pierre Bodin a rendu compte au Roi en son chastel d’Amboise que le dit Trochet se serait rendu coupable du meurtre d’un homme. Il aurait d’autre part tenté d’attenter à la vie du procureur en lui tendant un piège sur un chemin. En conséquence, le Roi ordonne que Trochet soit porté en justice et condamné dans le cas où il serait reconnu coupable.
1 000 - 1 200 €

817
FRANÇOIS I er (1494-1547).
L.S. « Francoys », au camp de Maroilles 27 juin 1543, au bailli de Maubeuge ; contresignée par le secrétaire d’État
Claude de L’AUBESPINE (1510-1567) ; 1 page in-4, adresse au dos.
Il ordonne de faire « brusler & abbatre les portaulx de Maubeuze et ouvrir les murailles en quelques endroictz », et ensuite « vous vous retirez icy en mon camp. Et si vous avez quelques charroitz faire amener […] le plus des bledz que vous pourrez »…
800 - 1 000 €
818
FRÉRON Stanislas-Louis-Marie (1754-1802) journaliste, conventionnel (Paris), chargé de missions dans le Midi où il se signala par de sanglantes répressions.
L.A.S. « Fréron », signée aussi par Paul BARRAS, Riez (BassesAlpes) 27 mai 1793, au député Joseph-François LAIGNELOT ; 1 page grand in-fol., adresse écrite par Barras.
Barras et Fréron en mission dans le Midi
Ils adressent à Laignelot un paquet à remettre en personne au président de la Convention nationale. « Il se peut que nous soyions dénoncés. Nous avons couru risque de la vie. Pénètres-toi de la lecture des pièces, pour nous défendre avec vigueur, si on ose nous attaquer »… Ils soupçonnent que leurs précédentes lettres à la Convention, adressées aux Montagnards D’Herbez-Latour et Ricord, ont été interceptées à Aix. « Les choses vont mal à Marseille. Je t’en écrirai plus amplement au prochain courrier. Nos santés sont fort alterées par une fatigue extrême dans les montagnes et dans les neiges, depuis 2 mois. Nous allons à Toulon Barras et moi nous reposer quelques jours, et nous concerter avec Beauvais de Paris, Pierre Bayle [Baille], Roubaud et Despinassy, sur les moyens de sauver la Republique. Adieu, mille choses pleines d’amitié à PANIS, à DAVID, à MARAT, à ROBESPIERRE, à DANTON, à AUDOUIN, à tous nos amis, les vrais defenseurs du peuple, malgré les calomnies. N’a t’on pas fait courir ici et partout le bruit que j’etois le beau-frère de Marat, pour me décrier ? »…
400 - 500 €
819
GALLIENI Joseph (1849-1916) maréchal de France.
18 L.A.S. « Gallieni », 1913-1916, à Henri SAUVECANNE, ingénieur, à La Tour d’Aigues (Vaucluse) ; 53 pages in-8 ou in-12, dont 3 cartes postales et une carte visite, 3 à en-tête Ministère e la Guerre, Conseil Supérieur de la Guerre , et 2 à en-tête du Gouvernement Militaire de Paris , 14 enveloppes.
Intéressante correspondance à un ami, notamment au moment de la bataille de la Marne
Nous ne pouvons en donner ici que de brèves citations. 8 février 1914. « Le moment de la délivrance s’approche peu à peu […] j’ai eu une carrière trop remplie et j’éprouve un réel besoin de me reposer et de me recueillir »… – 30 avril : « je voulais lâcher mon commandement, ces inspections et tournées continuelles, ces manœuvres à blanc qui n’avaient plus le moindre intérêt pour moi. Il a fallu, pour cela, tout en étant maintenu sans limite d’âge, que j’abandonne le Conseil supérieur de la Guerre et mon commandement d’armée, du moins en temps de paix »… – 31 août « Nous sommes dans une situation terrible. Les ennemis arrivent et Paris n’est pas défendu. Je ne sais ce que nous allons devenir »… – 10 septembre : « la tâche qu’on m’a donnée est formidable, en ce sens qu’on ne m’a laissé que des moyens dérisoires : des troupes insuffisantes et incapables de résister, des canons démodés, etc. Enfin, j’ai donné une impulsion énorme à tous, faisant appel à toutes les bonnes volontés, ingénieurs, ouvriers, femmes elles-mêmes etc. On a fait un travail gigantesque depuis 15 jours [...] ayant reçu une cinquantaine de mille hommes, qui battent en retraite devant les allemands, j’en ai formé l’armée de Paris, je l’ai à peu près reconstituée en 2 jours […] les allemands esquissent enfin un mouvement de recul au N. de la Marne […] ils menacent de déborder ma gauche vers Nanteuil-le-Hardouin. Actuellement, je transporte, en chemin de fer, en autos (j’ai


réquisitionné tous les taxis-autos de Paris. Quelle guerre bizarre !) 2 div. de ma droite à ma gauche pour tempérer ce débordement »… – 1er octobre . « Ah ! si vous voyiez ces pays par lesquels sont passés les allemands… quels terribles comptes ils auront à rendre, si jamais nous allons chez eux. Senlis, Creil, etc. ont été systématiquement détruits et incendiés […] Je m’occupe, en ce moment, à faire rétablir les voies de communication »… – 11 novembre . « Ignorance, faiblesse et impuissance du Gouvernement ayant pour conséquences l’absence de tout, projectiles, fusils, cuirs, draps, etc. On agit comme en temps de paix. Du côté du front, optimisme persistant, pas de coordination des efforts, pas de prévoyance, efforts insuffisants. Le contraire chez les allemands »… 17 mars 1915. « On commence à former une nouvelle armée, dont le commandement m’a été formellement promis. Cette armée est composée d’hommes des classes 1914 et 15 et de territoriaux »… –21 juin . Carte postale le représentant montant dans une auto… Etc. On joint divers documents concernant Gallieni.
2 000 - 2 500 €
818 819
820
GARNIER Germain (1754-1821).
MANUSCRIT autographe Précis des événemens passés en France depuis la convocation des États-Généraux de 1789, Nion 17 mai 1794 ; [2 ff.]-114 pages petit in-4, maroquin souple vert à grain long, dos lisse orné, roulette dorée encadrant les plats, avec titre et ex-dono en lettres dorées sur le premier plat, tranches rouges (reliure de l’époque) ; sous emboîtage.
Manuscrit historique demeuré inédit sur la Révolution
[Cette relation été écrite par Germain Garnier lors de son exil en Suisse, à Nyon. Secrétaire de Madame Adélaïde, tante de Louis XVI, Garnier fut élu au début de la Révolution député suppléant de Paris aux États-généraux. Il devint ensuite membre du directoire du département. Refusant le ministère de la Justice, il émigra en Suisse en 1792, quelque peu compromis par l’appui qu’il avait apporté à la famille royale. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’économie et la monnaie, et le meilleur traducteur des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d’Adam Smith, en 1796. Il servira l’Empire en tant que préfet et sénateur.]
Son Précis des débuts de la Révolution est marqué par les sentiments royalistes de l’auteur, qui commence ainsi : « La Monarchie françoise subsistoit depuis quatorze siècles, sans aucune Constitution déterminée ; ses Monarques n’osoient se dire absolus , mais il étoit impossible aussi de dire à quel Corps étoit attachée la fonction de limiter leur puissance ou de contrôler leurs décisions »... Et il conclut : « Que les amis de la Liberté, à qui tant d’erreurs funestes, tant de sacrilèges profanations n’ont pu faire abandonner son culte, cessent donc de se nourrir de la plus trompeuse des illusions. La cause de l’humanité les appelle à des devoirs encore plus pressants ; depuis longtems il ne s’agit plus de Liberté. Quiconque tient encore aux avantages de la Civilisation ne peut plus se permettre qu’un espoir, ne peut plus former qu’un vœu, qui, dans d’autres tems, sembleroit impie, mais que la force de la nécessité a rendu légitime ; c’est que la France soit enfin réduite sous l’obéïssance d’un maître unique et héréditaire , dont la volonté absolue puisse contenir toutes les haines et réprimer tous les genres de licence ; assez fort, assez indépendant pour n’avoir pas besoin de composer avec les passions ni de ménager les résistances, & porté par son propre intérêt à punir l’audace et à protéger la foiblesse. C’est lorsque cette immense majorité de François qui tremble nuit et jour pour ses propriétés et sa vie, délivrée enfin des tortures d’un effroi continuel, aura repris l’habitude d’une posture moins avilissante, lorsqu’un long et profond sommeil aura calmé les douleurs de cette cruelle agonie et ramené dans les cœurs les douces affections de la nature et le sentiment des vertus sociales, c’est alors que nos neveux pourront commencer à relever leurs yeux vers la Liberté, en se rappellant toujours les erreurs et les crimes de leurs pères ». On relève quelques jugements peu amènes sur les contemporains : ainsi de SIÉYÈS, que Garnier décrit comme une « espèce de fanatique froid, de démagogue composé et sentencieux ». Garnier a donné ce manuscrit à Mme S. D u p LESSIS , comme en témoigne l’inscription en lettres dorées sur le plat supérieur de la reliure, ainsi que cette note en tête du volume : « L’auteur du manuscrit autographe ci-joint (& qui l’a donné à ma mère laquelle me l’a laissé) est le même que le Marquis Germain Garnier dont l’oraison funèbre a été prononcée à la Chambre des Pairs de France suivant le discours joint ci-après, imprimé par ordre de la Chambre & à nous envoyé de Coppet. C’est du même que j’ai reçu pendant l’émigration française, mes 1ères leçons, suivies & données avec le plaisir libéral de l’amitié. G. L. du Plessis Prévost ». On a relié en fin de volume le Discours prononcé par le marquis de Jaucourt, à l ’occasion de la mort du marquis de Garnier, le 27 novembre 1821 (in-8 de 19 p.), portant en tête le nom manuscrit du duc de Broglie.
2 000 - 3 000 €
PROVENANCE
Bibliothèque impériale de Dominique de Villepin (19 mars 2008, n° 29 ; ex-libris).





821
GAULLE Charles de (1890-1970).
L.A.S. « C. de Gaulle », Paris 22 mai 1933, à son ami Lucien NACHIN ; 2 pages in-8, en-tête Présidence du Conseil.
Conseil supérieur de la Défense nationale. Secrétariat général
À propos de son étude Vers l’armée de métier
Cette étude, parue dans la Revue politique et parlementaire , est une esquisse de l’ouvrage publié l’année suivante.
« Merci de votre suffrage de connaisseur émérite. Vous avez retrouvé dans mon modeste article des idées que nous évoquions ensemble et dont je vous dois plus d’une. Reste à voir quel sera l’effet. Il n’y a là, d’ailleurs, que l’avant-garde du bouquin qui sortira l’hiver prochain et dont nous aurons, j’espère, des occasions de parler. […] Votre amitié, devançant les décisions du ministre de la guerre, m’attribue un grade que je n’aurai qu’en fin d’année »…
Lettres, notes et carnets (Bouquins), t. I, p. 745.
1 000 - 1 500 €




822
GAULLE Charles de (1890-1970).
L.A.S. « C. de Gaulle », Paris 18 juin 1935, au Président du Conseil [Pierre LAVAL] ; 2 pages in-8, en-tête Présidence du Conseil. Conseil supérieur de la Défense nationale. Secrétariat général
Hommage de Vers l’Armée de métier au nouveau Président du Conseil
[Pierre Laval était Président du Conseil depuis le 7 mars.]
« J’aurai l’honneur de me présenter à vous Mardi prochain 25 Juin à 11 h. 30, suivant la convocation que vous avez bien voulu me faire adresser. Je me permets de vous envoyer aujourd’hui l’ouvrage où j’ai tâché d’exprimer quelques idées d’organisation militaire non, certes, nouvelles mais, peut-être, renouvelées »… 1 000 - 1 500 €
823
GAULLE Charles de (1890-1970).
L.A.S. « C. de Gaulle », « Commandement des Chars d’une Armée, Sect. 100 », 25 janvier 1940, à son ami Lucien NACHIN ; 2 pages in-4.
Intéressante lettre de janvier 1940 sur De l’Avènement de la force mécanique
[Dans ce mémorandum, adressé à 80 personnalités, De Gaulle prophétisait le désastre].
« Où êtes-vous ? que devenez-vous ? Je pense à vous souvent et, dans cette guerre que nous évitons de faire, tout en y étant engagés, nous aurions fichtre ! joliment besoin d’idées. Je vous envoie une note qui en évoque quelques-unes, de vous bien connues, mais qui sont, maintenant, sous le pinceau des projecteurs de la guerre ». Nachin fera ce qu’il voudra des exemplaires. « Le Général BONNET est de grande classe, ce qui ne vous surprendra pas, et ce qui ne m’a pas étonné, non plus. Simple, direct, pratique, psychologue. Bref, à hauteur de tous événements »… Il donne des nouvelles de sa femme et ses enfants, puis fait part d’une lettre de DESAINT, « lettre navrante quoique admirable de cran. Qu’aurait dit des événements notre cher ami le Colonel MAYE r ! »…
Lettres, notes et carnets (Bouquins), t. I, p. 915.
3 000 - 4 000 €
824
GAULLE Charles de (1890-1970).
PHOTOGRAPHIE signée « C. de Gaulle » ; tirage argentique 20,5 x 15,5 cm montée sur carton 25,5 x 20,5 cm, tampon du photographe au dos.
Belle photographie du général en buste, en uniforme, et portant les insignes de la France Libre, par E.R. YERBURY & Son à Edinburgh. Sous son portrait, sur le carton, le général a signé « C. de Gaulle ».
800 - 1 000 €



825
GAULLE Charles de (1890-1970).
L.A.S « C. de Gaulle », 17 août 1954 ; 2 pages in-8 à son en-tête Le Général de Gaulle .
Intéressante lettre au sujet de la publication aux États-Unis de ses Mémoires de guerre Il se range à l’avis de son correspondant : « C’est donc avec “Viking Press” qu’il y a lieu de traiter pour l’édition de mes Mémoires de guerre aux États-Unis. D’après ce que je comprends, Viking Press publierait L’Appel en entier : texte et documents ; ce à quoi je tiens beaucoup, pour les raisons d’information historique que je vous ai exposées. Mais je souhaite que l’éditeur Américain veuille et puisse publier, un peu plus tard, l’édition simplifiée et illustrée que, de son côté, la maison Plon fera paraître quelque temps après la première. Je vous serais fort obligé de remettre à M. p OM p IDO u le projet de contrat avec Viking Press, dès que le projet sera établi »… 1 000 - 1 200 €

826

829


GAULLE Charles de ( 1890-1970).
L.A.S., « C. de Gaulle », [Colombey-les-Deux-Églises] 31 janvier 1958, à Émile CREMER ; 1 page et demie in-8 à son en-tête Le Général de Gaulle , enveloppe.
Il le remercie de son livre « bien beau et bien étonnant. […] Plus que jamais, aujourd’hui, la cathédrale de Strasbourg est notre conscience ». Il renouvelle ses meilleurs vœux et y joint « l’assurance de mon cordial dévouement ».
600 - 800 €
827
GAULLE Charles de (1890-1970).
L.S. « C. de Gaulle », Paris 28 avril 1961, à Pierre LAMI à Grasse ; 1 page in-4 à son en-tête Le Général de Gaulle, enveloppe avec marque de franchise Président de la République
Il a été sensible « à l’expression de votre fidèle dévouement. Je vous remercie du réconfort que ce témoignage m’a apporté dans les heures graves que nous venons de vivre »…
200 - 300 €
828
GAULLE Charles de (1890-1970).
L.A.S. « Votre frère Charles de Gaulle », 13 novembre 1965, à son beau-frère et sa belle-sœur Jacques et « Cada » VENDROUX ; 1 page in-8, en-tête Le Général de Gaulle
Après l’annonce de sa candidature aux élections présidentielles [le jour même de la Saint-Charles, le 4 novembre]. « Je vous remercie de votre pensée et de vos vœux. Une fois de plus, vous avez su m’encourager »…
700 - 800 €


GAULLE Charles de (1890-1970).
2 L.A.S. « C. de Gaulle » et « Charles de Gaulle », novembredécembre 1965, à son cousin Marc LAMI ; 1 page et demie in-8 chaque à son en-tête Le Général de Gaulle , une enveloppe.
À propos des élections à la Présidence de la République (5/19 décembre), où il sera réélu.
22 novembre : « Votre encouragement me touche […] Il n’y avait pas pour moi autre chose à faire. Mais, quoi qu’il arrive, ma vie est remplie »…
28 décembre : « Comme les Français n’ont actuellement aucune inquiétude sérieuse, ils sont portés à se disperser. Pourtant, nous tâcherons de faire pour le mieux »…
On joint 6 L.A.S. adressées à Gustave EIFFEL et sa famille par René VALLERY-RADOT (5), sa femme Marie-Louise (fille de Louis Pasteur) ; plus une L.A.S. du Dr ROUX et un fac-similé de Pasteur.
800 - 1 000 €
830
GAULLE Charles de (1890-1970).
P.S. « C. de Gaulle » comme Président de la République, Président de la Communauté, contresignée par Maurice COUVE DE MURVILLE, ministre des Affaires étrangères, Paris 9 juin 1966 ; 1 page in-plano en partie impr., sceau sous papier.
Brevet de consul général de la République « à la résidence de Zurich, avec juridiction sur le territoire de la principauté de Liechtenstein », pour M. Henri Q u IOC
On joint une P.S. de F r ANZ JOSEF II de LIECHTENSTEIN , faisant don à Quioc d’un exemplaire de la pratique consulaire dans la principauté, 5 octobre 1966 (bifeuillet in-fol. aux armes, avec sceau sous papier).
500 - 700 €



831


834


GAULLE Charles de (1890-1970).
L.A.S. « C. de Gaulle », 4 janvier 1969, à sa cousine Christiane BIGNIER (née LAMI) ; 2 pages in-8 à son en-tête Le Général de Gaulle , enveloppe.
Vœux, quelques mois avant son retrait du pouvoir : « Je suis enchanté que vous commenciez la nouvelle année avec une santé bien rétablie. Puisse votre extrême générosité ne pas la prodiguer ! Quant à notre pays, la route est libre devant lui ; à moins que, de nouveau, il se crée des obstacles lui-même »...
600 - 800 €
832
GAULLE Charles de (1890-1970).
L.A.S. « Charles », 6 novembre 1969, à sa belle-sœur Marie VENDROUX (« Cada ») ; 2 pages in-8 à son en-tête
Le Général de Gaulle
Il la remercie de ses souhaits pour sa fête, qui l’ont beaucoup touché. « Comme vous le voyez, je suis fidèle au silence et à la solitude. C’est sans aucune peine. Mais cela ne m’empêche pas de trouver excellent le discours de Jacques. Puisque j’en ai l’occasion, laissez-moi vous dire que votre petit-fils [Jacques VENDROUX] est tout ce qu’il y a de plus sympathique à la télé dans la rubrique des Sports »… Lettres, notes et carnets (Bouquins), t. III, p. 1090.
600 - 800 €
833
HENRI II (1519-1559) Roi de France.
P.S. « Henry », Paris 21 février 1552 (1553) ; contresignée par DUTHIER ; vélin in-plano.
Privilèges en faveur de la ville d’Amboise Le Roi ordonne aux conseillers chargés de la justice des aides et finances, malgré leurs refus et difficultés, d’entériner « la continuation et confirmation que nous avons faite a nos chers et bien amez les manans et habitans de nostre ville d’Amboyse et faulxbourgs dicelle des privilleges et affranchissemens a eulx concedez et octroiez par noz predecesseurs »…
1 000 - 1 500 €

HENRI III (1551-1589).
P.S. « Henry », au camp de Pluviers 11 octobre 1587 ; contresignée par Nicolas de NEUFVILLE ; vélin oblong in-fol.
Ordre de payer aux Sieurs de Lagnet, de Herdun et de Fortias, la somme de trois mille écus, dont il leur fait don en considération de leurs « bons et agreables services »…
300 - 400 €
835
HENRI IV (1553-1610) Roi de France.
L.S. « Henry », au camp de Darnetal 11 décembre 1591, à M. de ROYBOUS, « Collonel d’ung Regiment de gens de guerre pour mon service » ; contresignée par le secrétaire d’État Louis de REVOL (1531-1594) ; demi-page in-fol., adresse au dos.
« Envoiant en mon armee de dela les S rs de Sancy, de Calignac et de Rozieres Ils vous feront entendre la charge que je leur ay donne pour vostre regard et de vos trouppes En quoy je vous prie adjouster foy a ce quils vous diront de ma part comme vous feriez a moymesme »…
600 - 800 €
836
HENRI IV (1553-1610) Roi de France.
P.S. « Henry », Paris 31 décembre 1596 ; contresignée par Pierre FORGET ; vélin oblong in4.
Brevet de pension pour Antoine d’ESTRÉES, le père de Gabrielle
Le Roi, « desirant recognoistre les bons et recommandables services quil reçoit journellement du s r Destrees son lieutenant gnal du gouvernement de Paris et Isle de France et pour luy donner moyen de supporter les grandes despenses quil est contrainct faire a loccasion des services Luy a augmenté la pension qui luy a cydevant accordée en son espargne jusqua la somme de trois mil trois cents trente trois escus »…
1 000 - 1 500 €


837
HENRI IV (1553-1610) Roi de France.
L.S. « Henry » avec 3 lignes autographes, Lyon 24 juillet 1600, au Prévost des marchands et aux échevins de la ville de Paris ; demi-page in-fol., adresse au dos avec sceau sous papier aux armes.
« Treschers et bien amez Continuant tousjours en la mesme volonté que nous vous avons faict entendre en faveur du S r GARNIER nostre Conseiller et auditeur en nostre chambre des comptes, et quil soit esleu ung des deux eschevins qui doibvent entrer cette année en leschevinage de nostre bonne ville de Paris, Nous avons bien voulu encores par la presente vous reiterer cette nostre intention, affin que vous nous rendiez en cela le contentement que nous esperons de vous »… Il ajoute de sa main : « vous me ferés cervyce tresagreable de vous conformer an cecy a ma volonté ».
1 200 - 1 500 €
838
HENRI IV (1553-1610) Roi de France.
P.S. « Henry », Fontainebleau novembre 1604 ; vélin oblong in-plano (27,5 x 47 cm ; mouillures, encre en partie pâlie).
En faveur de Philippes de CASTILLE, seigneur de Chenoise au bailliage de Provins, lui accordant le droit de haute justice dans sa seigneurie.
On joint une P.A.S. de MARGUERITE DE VALOIS (1553-1615), « la Reine Margot », Paris 3 décembre 1614 (vélin oblong in-4 ; mouillure, encre en partie lavée), concernant un paiement.
400 - 500 €

839
HOLLAND Henry Richard Vassal Fox, lord (1773-1840) homme politique anglais.
5 L.A.S. « Vassal Holland », octobre-novembre 1834 et s.d., au prince de TALLEYRAND ; 20 pages in-8 ; en français.
Très intéressante correspondance, souvent pleine d’humour, au prince de Talleyrand, que lord Holland aimerait voir reprendre ses fonctions d’ambassadeur à Londres... Sur la situation politique en Europe, les chimères renaissantes de la Sainte-Alliance, les affaires d’Espagne, Durham, Palmerston, Spencer, etc. Citons la lettre du 18 octobre 1834 : « L’Espagne occupe tout le monde & j’espère que les Carlistes ne l’occuperont pas. Certes si les puissances du Nord aient une voix dans cette affaire, à nous sera la faute car nous l’Angleterre & la France bien d’accord, que peuvent-ils dans la Péninsule ? La Pologne prouve assez que les distans sont comme les absens & toujours dans leur tort & sont-ils plus près du Portugal et de l’Espagne que nous de la Pologne ? Il est certain que ce Messieurs là & nommément les Russes sont de bonne foi cette fois ci pour terminer l’affaire de Hollande. Masi pourquoi & à quel but ils sont revenus de leur erreur, c’est là l’énigme & je ne scaurais la resoudre »… Etc.
800 - 1 000 €


840
JOSÉPHINE (1761-1814) Impératrice.
L.A.S. « Josephine », Malmaison 26 mars 1813, [à la Princesse PAULINE BORGHESE] ; 1 page grand in-8 à bordure décorative gaufrée.
Jolie lettre pendant la maladie de Pauline « Je suis bien touchée, madame, de votre souvenir. Je vois avec peine que vous avés été bien souffrante, et que vous n’êtes pas encore entièrement rétablie. Mais j’ai beaucoup de confiance dans le climat de Nice, sa température et un régime sain ne peuvent manquer d’avoir d’heureux effets. Personne ne le desire plus que moi, et je serai heureuse lorsque votre altesse pourra réaliser l’espérance qu’elle me donne de son retour. Il me sera doux de lui rappeller de vive voix le tendre attachement que je lui ai voüé »… Correspondance , n° 479.
1 500 - 2 000 €

841
JOUBERT Louis (1762-1812). conventionnel (Hérault).
L.A.S. « Louis Joubert un des Representants du peuple près l’armée des Pyrénées orientales », [fin novembre ou début décembre 1793], aux Représentants du peuple près l’Armée des Alpes, plus 3 P.A.S. ; 2 et 4 pages in-4 avec son cachet encre.
Importante lettre sur l’Armée des Pyrénées orientales Il insiste sur l’urgence des besoins de l’Armée des Pyrénées orientales, surtout en troupes et en fusils. « De grandes difficultés, sans doute, se sont opposées jusqu’à ce moment au succès des demandes que je vous ai faites, mais je crois entrevoir que les circonstances actuelles peuvent être plus favorables : l’armée de Toulon est à peu près formée ; les departements du Rhin ne reclament plus de secours, les troubles de la Lozere paroissent entierement appaisés enfin l’arrivée d’un corps considerable de l’armée revolutionnaire dans la Commune affranchie semble devoir rendre aux frontieres les troupes ou du moins une grande partie des troupes qui jusqu’à ce jour ont composé la garnison de cette ville »… Il demande quelques bataillons et quelques escadrons soit de l ’Armée des Alpes, soit des troupes dans Ville affranchie. « Il est certain que si l’Armée des Pyrenées recevoit un renfort, les satellites du despote espagnol auroient bientôt évacué notre territoire et il nous seroit facile de porter dans l’interieur de la Catalogne le théatre de la guerre, d’inquieter Barcelonne et d’intercepter les secours de toute espece que cette ville peut fournir aux troupes qui sont entrées dans Toulon »… Il a joint à sa lettre trois copies de lettres pour justifier sa demande, copies autographes signées de lettres à lui adressées comme député à Ville-Affranchie [Lyon] pour les besoins de l’Armée des Pyrénées orientales, par ses collègues près l’Armée des Pyrénées orientales. * P.F.D. BONNET (30 octobre 1793) : « Nous avons reçu l’état des bouches a feu et objets accessoires que vous travaillés a faire expedier pour l ’armée […] ; de notre côté nous écrivons à nos collegues pour les inviter d’une maniere pressante a nous seconder de tout leur pouvoir »… * J.J.F. CASSANYÈS et BONNET (6 novembre 1793). Ils communiquent copie de la lettre qu’ils ont reçue du directeur du parc de l’artillerie de l’Armée des Pyrénées orientales, à la suite d’une lettre de Joubert. « Vous verrés qu’il est convenable et instant de tirer de la manuf re de St Étienne des écouvillons de trois calibres, nous vous recommandons d’agir le plutôt possible pour cet objet. Le directeur du parc d’artillerie nous fait part aussi qu’il manque de 11 952 boëtes de mitraille »… Suit le texte de la lettre de ce dernier, évoquant les difficultés de fourniture s depuis l’incendie de l’arsenal de Toulon, « ville rebelle »… * Claude FABRE et Raymond GASTON. L’armée est dans un état de pénurie dangereux : « Laisser l’Espagnol, par un defaut de forces, prendre des quartiers d’hiver chez nous, c’est perdre totalement les departements meridionaux. Voyés donc de faire tous vos efforts auprès de nos collegues pour obtenir quelques troupes. Vous nous annoncés des munitions de guerre, nous les recevrons avec transport par le besoin pressant que nous en avons. Mais surtout des fusils. Enfin obtenés tout ce que vous pourrés »… Ils rappellent que 5 ou 6 bataillons qui étaient au siège de Lyon leur étaient destinés…
500 - 700 €
842
LAFAYETTE Gilbert de (1757-1834).
LS. « Lafayette », Paris 6 janvier 1834, à Adolphe PÉRIER à Lyon ; demi-page in-4, adresse.
Il envoie à son « cher Adolphe » (mari de sa petite-fille Nathalie) son « discours de vendredi qui n’a été donné tout entier samedi que dans le Moniteur. C’est tout ce qui reste de douze mille exempl. que le Bon sens avait eu la bienveillance de faire imprimer à part et qui ont été vendus dans Paris en trois heures de tems »…
[Il s’agit de la dernière intervention de Lafayette à l’Assemblée, le 3 janvier, dans laquelle il reprochait au gouvernement de ne pas avoir tenu les promesses de 1830. Il tombe malade fin janvier et meurt le 20 mai].
400 - 500 €



843
LANNES Jean (1769-1809).
L.A.S. « Lannes », Lisbonne 7 germinal X [28 mars 1802, à son beau-père François-Scholastique GUÉHENEUC] ; 3 pages in-4 à son en-tête imprimé Le Général Lannes, Ministre plénipotentiaire envoyé extraordinaire en Portugal
Belle lettre comme ambassadeur au Portugal, irrité contre Bonaparte [Nommé le 14 novembre 1801, Lannes arriva au Portugal le 25 mars 1802, et y resta en poste jusqu’au 10 août, puis du 12 mars 1803 au 1er août 1804.]
« Nous sommes arrivés depuis avant hier, mon cher ami, tous bien portans. Il fait bien cher vivre dans ce pays, mes appointements ne sufiront pas à moitié, le loyer de la maison me coûtera dis mille francs par an, Il me faut au moins 150000 FF que le premier consul m’avait promis avant mon départ, sans quoi je suis obligé de demander au gouvernement mon rappel ; tout le monde s’atant ici que je vais donner des fêtes […] Je ne suis pas contant, on m’envoit un courier extraordinaire, pour négocier lafaire des vingt millions [l’indemnité de guerre imposée au Portugal par le traité de Madrid] ; j’ai réclamé à mon arrivée auprès du gouvernement portugais ; il se trouve que le premier terme a été négossié à Paris et payé. Je trouve sela bien mal, aussi je m’en plains au premier consul. Je vois, mon cher ami, que je ne pourrais pas rester longtems dans ce pays ; j’aime qu’on en agisse plus franchement avec moi [...] Commant se porte le petit Napoléon [son fils], il doit commancer à parler, il me tarde bien de le voir, nous embrassons tous les jours son portrait ». Il envoie du vin, à distribuer au Conul Cambacérès, au docteur Corvisart, au général Augereau, etc. « Nous avons été parfaitement bien reçus à notre arrivée les englais s’an sont même plains ; on prétant que pas un envoyé n’a été aussi bien reçu ; j’ai vu le premier ministre ; je vais être présanté après-demain au prince [le régent et futur roi Jean de Portugal] et Louise à la princesse. […] Je reçu la visite de tous les embassadeurs avant même que je les aye prévenus de mon arrivée. Il court un bruit ici que les hostilités ont recomancé avec les Englais. Je pense que si cela était j’en serai instruit ; je n’en crois rien, au reste tan pi pour eux »...
800 - 1 000 €



844
LATTRE DE TASSIGNY Jean de (1889-1952) maréchal.
L.A.S. « Jean de Lattre », maison d’arrêt de Riom (Puy-de-Dôme)
7 février 1943 ; 2 pages in-8.
Rare lettre de prison [Condamné à 10 ans de prison en janvier 1943 par le tribunal d’État à Lyon pour avoir tenté de s’opposer à l’entrée de la Wehrmacht en zone libre, le 11 novembre 1942, il s’évadera de Riom dans la nuit du 2 septembre 1943 avec l’aide de sa femme, son fils et quelques soldats fidèles. ] Il a « changé de lieu de séjour. Celui-ci semble devoir être ma destination définitive. Simonne est également à Riom. Elle a rallié dès le lendemain de mon brusque transfert. Depuis trois mois, la vie qui lui est faite est plutôt difficile. Elle domine d’ailleurs cette épreuve avec sérénité et un vaillant courage. Si vous passez par ici en repartant sur Paris j’espère que vous pourrez me voir. Je crois qu’il faut en demander l’autorisation au Ministère de la Justice »… Il prie de remercier Alix de sa carte reçue à Toulouse, fin novembre : « il m’était alors interdit d’écrire »…
1 000 - 1 200 €
845
LOUIS XIV (1638-1715).
P.A.S. « Louis », [1709] ; ¼ page in-4 sur vélin.
Reçu : « pour la somme de six mil livres tenant lieu de mil escus dor sol ».
Au dos, reçu autographe signé par son petit-fils le duc de BOURGOGNE (1682-1712), cancellé après paiement : « Pour servir de quittance de la somme de trois mil livres pour la distribution de l’ordre de l’année mil sept cent neuf. Louis ». Il s’agit de l’ordre du Saint-Esprit.
1 500 - 2 000 €




846
LOUIS XVI (1754-1793).
L.A.S. « Louis », 7 octobre 1780, [au marquis de CASTRIES ?] ; 2 pages et demie in-8 avec ratures et corrections. Sur la prochaine destitution de Sartine, ministre d’ État [Sartine fut remercié le 14 octobre 1780, suite à des irrégularités de comptabilité à la Marine. ] Comme il repart le lendemain, il a pensé que « les affaires ne souffriroient pas d’attendre encore quelques jours ». Il a été « voir mes Tantes qu’il y avoit huit jours que je n’avois vu, et que je ne verrai pas de sitost. Depuis que je vous ai ecrit je n’ai pas entendu parler de M r NECKE r , je ne scai s’il compte demain sur le conseil, je vous prie de me faire mander s’il attend et ses dispositions et de vos nouvelles en mesme temps. […] Aujourd’hui le conseil à l’ordinaire. M r de SA r TINE m’a fait demander audience un moment avant ce conseil. Il m’a rendu compte des nouvelles de M r de G u ICHEN qui revient en bon ordre, et de quelques petits details de service. Ensuitte il m’a montré une lettre de M r LE NOI r qui lui dit que BEAu MA r CHAIS etoit venu lui dire que M r le Duc de CHA r T r ES avoit dit que M r de Sartines seroit remercié lundy et que le voyage de Compiegne etoit un pretexte pour cela. Je lui ai repondu quil connoissoit les auteurs, il n’a pas insisté »... Il résume la suite de sa conversation avec Sartine, qui « est entré dans peu de details et d’une manière embrouillé », au sujet des billets de Saint-James… « Je lui ai repondu que la maniere et le temps avoient esté fort facheux et qu’en tout temps les depenses de la Marine avoient esté enormes. […] En tout je lui ai parlé fort froidement »…
4 000 - 5 000 €
PROVENANCE
Ancienne collection L.-A. BARBET (15-16 novembre 1932, n° 195).
847
LOUIS XVI (1754-1793).
P.S. « Louis » (secrétaire), Paris 1er octobre 1790 ; contresignée François-Emmanuel GUIGNARD de Saint-Priest (1735-1821), ministre de l’Intérieur ; 2 pages in-fol. (trous de classeur).
« Récapitulation des dépenses faites pour le service général de la Maison bouche du Roi » pour le quartier d’avril (2e trimestre) 1790. Dépenses des frais de bouche du Roi se montant à 445.924 livres 17 sols 11 deniers : boulanger, marchand de vin, fruitier, crémier, épiciers, charcutier, etc.
300 - 400 €

848
MARBOT Marcellin (1782-1854) général.
37 L.A.S. « M.M » (dont 3 incomplètes) et 1 P.A., 1833-1839, à son frère le colonel Adolphe MARBOT ; 153 pages formats divers, qqs adresses (quelques déchir.).
Importante correspondance familiale à son frère Correspondance en grande partie consacrée à la carrière de son frère, et aux affaires de famille, mais où il est souvent question des faits et des hommes du jour. 29-30 décembre 1833 . Dans une lettre de 20 grandes pages, il le fustige d’avoir écrit directement au Prince pour être nommé officier général : sa lettre était inopportune, gauche, exagérée, déraisonnable. ...« tu places au rang de tes titres d’avoir été aide de camp du roi Bernadotte ! tu prends bien ton temps !! au moment où Bernadotte vient d’insulter la France au point que notre envoyé a quitté la Suède !!! »... Il parle de sa propre promotion, par l’Empereur, sur le champ de bataille de Jemmapes... 28 juin 1834 , il apprend avec plaisir que son frère a renoncé à la députation, car beaucoup de généraux de 1811 à 1814 y prétendent, et si Adolphe était nommé, on eût dit que les parents des officiers de la Maison du Roi et des Princes accaparent tout... 29 août 1834 il ne répondra rien à ses remarques sur le maréchal SO u LT, sauf que les généraux qu’il a nommés doivent s’estimer heureux : « son successeur [GÉ r A r D] ne les eût pas promus ! Il les a même, dit-on, assez mal reçus. Il veut de très grandes économies »... 22 octobre 1834 : « Le vent est en ce moment à la réforme militaire , c’est l’idée unique, le dada de tous nos hommes d’État. Le ministre n’en doute pas. Lui demander de l’avancement c’est pour lui une espèce d’insulte »... 18 avril 1835 , il dément les journaux qui envoient le duc d’O r LÉANS (dont Marbot avait été le précepteur) au camp de Saint-Omer : il « se dispose à faire, vers le 20 mai, un voyage en pays étranger »... 15 juin 1835 , il parle de ses allers et venues pour les revues de régiments ; il n’est pas question d’aller en Espagne... [Après le 28 juillet 1835] , il parle de l’indignation suscitée par l’attentat du régicide FIESCHI . L’archevêque de Paris, « entraîné par le torrent, est enfin venu chez le roi »... 15 mai 1839 , l’insurrection de la Société des Saisons était dérisoire : « On ne conçoit pas la stupidité des républicains qui n’ayant pas plus de 300 hommes armés avaient compté faire une révolution. Ils espéraient sans doute être suivis par la foule »... etc. On rencontre aussi les noms des maréchaux, généraux ou colonels Masséna, Schneider, Vallin, Schram, Cubières, Chatry-Lafosse, Barthémy, Miot, Baraguey d’Hilliers, etc
On joint un ensemble d’environ 75 documents des archives familiales : comptes (cahier autographe du général : « Compte entre Adolphe Marbot et Marcellin Marbot », 1828-1833, 11 pp. in-fol.), lettres diverses (dont 5 l.a.s. de CAN r OBE r T au général Marbot, Algérie 1843), lettres de famille, actes notariés, etc. ; plus un album de photographies (57 portraits).
2 000 - 2 500 €


849
MARIE DE M É DICIS (1575-1642).
L.S. avec compliment autographe « Vre bien bone et aff nee seur Marie », Compiègne 10 mai 1624, au duc Henri II de LORRAINE ; 1 page in-4, adresse au dos, « A Monsieur le Duc de Lorraine », 2 cachets armoriés de cire rouge sur lacs de soie rouge.
À son beau-frère le duc de Lorraine [Le duc Henri II de Lorraine (1563-1624) avait épousé d’abord Catherine de Bourbon, sœur d’Henri IV, et, en secondes noces, Marguerite de Gonzague, nièce de Marie de Médicis.]
« Mon frere, Drappier s’en allant en vos quartiers, j’ay creu que vous tiendriez a contentement d’apprendre de mes nouvelles. Je prens donc cette occasion pour vous en faire part et pour vous assurer de ma santé et de la continuation de mon affection qui sera tousjours telle envers vous et tous ceux qui vous touchent que vous la pouvez attendre »…
1 000 - 1 200 €
850
MARIE DE MÉDICIS (1575-1642).
P.S. « Marie », également signée (2 fois) par Concino CONCINI, et quatre autres, Paris, au château du Louvre, 2 janvier et 11 février 1614 ; 2 pages in-fol. (le bas du document détaché avec les deux dernières lignes). ; portrait joint.
« Articles accordez par la Royne en son Conseil », concernant la vente à Antoine FEYDEAU de cent offices de secrétaire ordinaire de la Chambre du Roi, aux gages de 400 livres chacun à « ses risques perils et fortunes ». Ces offices sont nouvellement créés
« moiennant ce le dict Feydeau sera tenu de payer a sa dicte Majesté es mains de son trésorier la somme de quatre cens mil livres, assavoir trois cent mil livres dans trois jours, et le surplus montant à cinq mil livres dans le dernier decembre de l’annee presente 1614 »...
Le document est signé deux fois par CONCINI et par les conseillers
Nicolas POTIER, Jehan PHELYPEAUX, Louis DOLL, avant d’être approuvé et signé par la Reine.
1 000 - 1 500 €
851
MARIE-AMÉLIE (1782-1866) Reine des Français, épouse de Louis-Philippe.
4 L.A.S. (paraphes), Paris mars 1838, à sa fille MARIE D’ORLÉANS , duchesse de WURTEMBERG ; 6 pages in-4 à son chiffre couronné.
Charmantes lettres maternelles à sa fille Marie 1er mars : « Nous avons été hier au Salon je le trouve inférieur aux autres années, il y a un beau tableau de GUDIN d’un naufragé au milieu des Indes, deux jolis intérieurs de Rénoux, et un de GRANET, quelques jolis tableaux de genre de Biard, un beau portrait du Pce de Wagram par WINTE r HALTE r quelques autres assez jolis de Dubuffe et force croûtes […] Nous avons eu à dîner ESTE r HAZY, toujours le même et étonnant tout le monde par ses cris et ses rires, il nous a fait une très jolie description de la jeune Victoire de COBO ur G »… 2 mars : « Le Père [ LO u IS- p HILI pp E ] m’a chargée de te remercier de l’offre que tu lui a faite pour Bâle mais il n’y connaît personne n’y ayant passé que des momens à la dérobée. J’ai été ce matin faire mes dévotions et prier particulièrement pour ton voyage, puis j’ai été à S t Roch où le Curé nous a fait un excellent sermon sur la Croix espérance des pécheurs, consolation des justes . Le soir nous avons un très grand dîner de Paris et des députés »… 4 mars : « dans 18 jours nous nous embrasserons, j’en raffolle. Je ne conçois rien à ce que les croix de Gruben et de Suchau ne soient pas arrivées, le Père en ayant signé les ordonnances depuis longtemps. Je presserai MOLÉ […] Le Père trouve tes journées trop longues de Schaffouse à Bar-sur-Aube, il faudrait partager différemment »… 6 mars : « Nous avons été hier au soir entendre le nouvel opéra d’H ALÉVY Guido et Ginevra , décorations magnifiques, des beaux morceau de musique mais sans suite, Dupré y chante admirablement, mais le sujet est aussi inconséquent qu’horrible, et pour moi je ne m’accoutumerai jamais à voir sur le théâtre un service funèbre avec l’exacte représentation, c’est un goût terrible que celui des émotions aussi fortes que sacrilèges. Pour me remettre de ces impressions j’ai entendu ce matin un excellent sermon sur la Miséricorde de Dieu »…
400 - 500 €
852
MAZARIN Jules (1602-1661) cardinal et homme d’État.
L.S. avec compliment autographe « Vostre tres affectioné et tres veritable serviteur Le Card l Mazarini », Paris 17 juin 1648, au maréchal de BRÉZÉ, « Gouverneur pour Sa Ma[jes]té en Anjou » ; 1 page in-fol., adresse avec cachets de cire rouge aux armes sur lacs de soie rose.
Il souligne le désir de Sa Majesté, exprimé par les dépêches de Le Tellier, « de voir bientost v re Regiment en estat de continuer a la servir avec lhonneur qu’il a fait par le passé ; je ne doute point que vous ne fassiez de vous mesme tous les efforts pour luy donner cette satisfaction le plus promptement qu’il sera possible, et que ces M rs les officiers ne vous secondent en ce rencontre avec leur zele accoustumé »…
On joint une l.a.s. par p E rr Au LT, Paris 5 août 1648, concernant les intérêts du prince de CONDÉ dans une affaire contre la duchesse d’A IG u ILLON (succession de Richelieu) ; et une relation manuscrite de la bataille de Lens, datée 22 août 1648, mettant en valeur l’action du prince de Condé, du maréchal de Gramont et du duc de Châtillon (3 pages et quart in-4).
700 - 800 €
PROVENANCE
Archives du marquis de BRÉZÉ (vente Artcurial, 2-4 mai 2007, n° 162).


853
MAZARIN Jules (1602-1661) cardinal et homme d’État.
L.S. « Le Card l Mazarini » avec postscriptum autographe de 5 lignes, Châlon-sur-Marne 22 octobre 1653, à Pierre d’H OZIER , à Paris ; 1 page in-4, adresse, cachets de cire rouge aux armes sur lacs de soie rouge (lég. rouss.).
Témoignage d’estime au célèbre généalogiste
[Citée dans le Dictionnaire historique de Moreri, à l’article « Pierre d’Hozier », cette lettre fut publiée intégralement dans l’Armorial général de d’Hozier, où elle est donnée comme entièrement autographe.]
« Je vous remercie de tout mon cœur des soins que vous avez pris pour moy, et de vos bons advis ; sur tout vous m’avez fait grand plaisir de ne me point flater ». Il le prie de continuer à travailler de son côté, pendant que le père DIACETO agira aussi du sien. Mazarin ajoute de sa main : « L’abbé Ondedei vous faira scavoir plus particulierement le desir que jay de vous obliger a etre de mes amis, vous declarant pourtant de nouveau que pour ce qui regarde le travail du Pere Diaceto je pretend que vous soyez un tres rigoureux censeur ».
800 - 1 000 €




854
MERMOZ Jean (1901-1936).
Carte postale autographe signée « Jean », Sainte-Maxime [2 juillet 1932], à sa mère Mme Gabrielle MERMOZ à Paris ; au dos d’une carte postale illustrée avec adresse et timbre.
Au dos d’une vue des quais du port de Sainte-Maxime, Mermoz a écrit, à l’encre bleue, à sa mère (dont il a noté l’adresse) : « Cure de soleil et de repos. Ma petite Maman nous t’embrassons bien affectueusement de tout notre cœur à bientôt Jean Hôtel des Mimosas S te Maxime » ; sa femme Gilberte a signé à ses côtés.
500 - 600 €
PROVENANCE
Vente Mermoz, Artcurial, 11 octobre 2008 (M72).
855
[MERMOZ Jean (1901-1936)]
LUNETTES D’AVIATION ; environ 5 x 17 cm, verre, cuir, métal et ruban élastique, dans leur boitier d’origine.
Ces lunettes sont conservées dans une boîte métallique peinte marquée Occhiale Sport, de La Cigogna à Turin.
800 - 1 000 €
PROVENANCE
Vente Mermoz, Artcurial, 11 octobre 2008 (M113).
856
MICHEL Louise (1830-1905).
L.A.S. « L. Michel », Bromley Kent, 16 décembre 1899, à l’éditeur Pierre-Victor STOCK ; 2 pages in-8.
Elle le remercie « d’avoir bien voulu remettre malgré les mauvaises conditions de mon Histoire de la Commune les cent francs de ma tante à notre ami MALATO », et elle le prie, « avant mon voyage à Paris (qui ne peut tarder) », de lui renvoyer, « pour le corriger avant de vous le reporter mon roman Le Siècle rouge qui n’est corrigé qu’à moitié », et dont elle lui avait laissé le manuscrit. « KROPOTKINE chez qui j’ai passé quelques jours et à qui j’ai raconté l’ouvrage l’a trouvé bien il est du reste d’actualité, le personnage du duc de Beauséjour et quelques autres se trouvent réels ! […] Les feuillets de la dernière partie sont écrits tellement à la hâte, parce que je voulais l’emporter, que la moitié des phrases est peut-être oubliée »…
600 - 800 €

857
MIRABEAU Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de (1749-1791).
L.A.S. « Mirabeau fils », Manosque 2 avril 1774, à la comtesse de MIRABEAU, « au château du Bignon par Nemours » ; 2 pages in-4 (petits trous par corrosion d’encre), adresse.
Longue lettre à sa femme, alors que Mirabeau est en pleins démêlés judiciaires, quelques semaines avant sa condamnation et son enfermement au Château d’If « Je ne sçavois pas, ma belle dame, ne devoir venir qu’à ton quatrième tour ; et sans reproche je t’ai souvent mieux traité… Cette mauvaise plaisanterie t’apprendra que j’ai reçu ta lettre de Lyon, et grand bien elle me fait. Tu n’y as pas été bien vite, et tant mieux car tu auras été moins fatiguée ; mais, soit dit entre nous, et pour la dernière fois, tu ne devois pas t’arrêter à Tain (?), entre tous les lieux du Languedoc, c’étoit le dernier à choisir passons. Ton fils va toujours bien et son intelligence a singulièrement gagné. C’est une grande fête ici que de le voir dimanche en robbe. Soit. Je ne me suis mélé de rien de tout cela, que du changement d’habit de peur de refroidissement. Il a percé encore une dent ». Il a reçu un courrier de Grasse. M. de Tourettes « a été étonné de la fripponerie et de la sottise combinées de M. Albanesi juge subrogé. Il ne conçoit pas comment il a osé décréter de prise de corps, et nous espérons avoir matière à prise à partie. […] Dans le cas de l’appel il me recommande de conjurer mon père d’appeller lui-même, comme ayant mes actions. Pour moi soit qu’on appelle, soit qu’on n’appelle pas, histoire de forme judiciaire, dont je ne mêle ni m’embarrasse, voici mon opinion, mon vœu et mon désir. Que mon père daigne m’envoyer mon rappel, qu’il obtiendra sitôt qu’il le desirera, je lui jure que je ne m’en servirai que comme il voudra. Qu’il m’abandonne à la discussion criminelle pour me donner le droit après ma justification publique de poursuivre à toute outrance M. de Moans comme ayant voulu déshonorer son fils par une calomnie avérée et infamante, tu ne doutes pas que je ne pelote un peu les témoins quand nous en serons aux confrontations. Quand il sera bien constant que M. de Moans est un infâme calomniateur, que ma famille daigne se réunir pour en demander justice, et le dit Sieur verra beau jeu ». Sa femme étant son « représentant naturel », il demande à genoux que ses parents « sollicitent le ministre de ne point consentir à l’exécution du décret et […] qu’ils ne feront pas commuer les ordres qui me retiennent à Manosque en d’autres plus rigoureux et qui m’éloigneroient davantage encore de mes affaires. M. de Moans a fait la fanfaronnade d’envoyer à Mirabeau deux cavaliers de maréchaussée et un huissier qui laissèrent la copie du décret et un exploit de perquisitions, cela n’a pas de sens commun, mais rira bien qui rira le dernier ». Il n’acceptera qu’un accommodement : « Que M. de Moans devant le commandant de la province – M.M. de Sabran, de Castellane et de Pontevès, et M. de Marignane au nom de ma famille et représentant la sienne me fassent des réparations et un désaveu formel signé d’eux tous comme témoins. Si cela lui dit, il peut y toper. Allons ma belle, de l’activité, du courage et tout ira bien »...
1 000 - 1 200 €
858
MIRABEAU Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de (1749-1791).
L.A.S. « Mirabeau fils », 21 juillet [1775] , à M. MICHAUD « procureur du roi à Pontarlier » ; demi-page in-4, adresse avec cachet de cire rouge à ses armes (portrait gravé joint).
« Il vient de m’arriver, mon cher ami, une députation des jeunes gens qui me sollicitent avec insistance d’aller voir demain leur triomphe. Il y auroit de l’affectation et de la dureté à les refuser. Je voudrois bien que vous fussiez à Pontarlier. Si cependant vous ne pouvez y être, je ne paroitrai chez vous que l’après-midi pour faire une visite à M. votre père, et M e votre mère »… [Mirabeau était assigné à résidence au fort de Joux, mais avait la liberté d’aller et venir à Pontarlier, où il s’est lié d’amitié avec Jean-Baptiste Michaud ; il rencontrera bientôt Sophie Monnier.]
700 - 800 €




859
MIRABEAU Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de (1749-1791).
L.A.S. « Mirabeau fils », [donjon de Vincennes] 23 septembre 1779, à M. BOUCHER ; demi-page in-8.
Lettre de prison, à M. BOUCHER , premier secrétaire du Lieutenant de police, son « bon ange » par l’intermédiaire duquel il fait circuler sa correspondance amoureuse avec Sophie MONNIER « Si vous aviez autant de mal à la tête que moi, mon bon ange, et autant de boutons sur le corps ; vous enverriez au diable mes lettres, et vous les y envoyez bien sans cela peut-être ; car nous vous excédons. Je suis rendu, aveugle, fiévreux, et je n’ai écrit que 4 pages à Sophie. Donnez-moi jusqu’à lundi pour copier ses deux lettres qui font onze pages. Je vous renvoie vos petites notes. N’oubliez pas le paquet si M. de R. va aujourd’hui à la police. Adieu. Aimez moi bien ; recevez mes tendres remerciemens ; mais que fait donc cette Provence ? »…
700 - 800 €



860
MIRABEAU Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de (1749-1791).
MANUSCRIT (fragment) avec corrections autographes, [ Projet d’adresse au Roi pour le renvoi des ministres , présenté à l’Assemblée Nationale le 16 juillet , 1789] ; 2 pages in-4, paginées « 9 e » et« 10 e » (cote d’inventaire).
Demande de renvoi des ministres du Roi
Fragment du projet d’adresse qui fut publié dans son intégralité dans la Dix-neuvième et dernière lettre du comte de Mirabeau à ses commettans. Du 9 juillet jusqu’au 24 du même mois . Ce projet avait fait l’objet d’échos dans Le Point du jour du 17 juillet 1789, le Journal de Paris du 18, etc.
Le présent feuillet, de la main d’un secrétaire, correspond au passage où l’on insiste sur les risques que les ministres représentaient pour le règne de Louis XVI : « Etoient-ils bien sûrs, ces courtisans de violence, que tout eut fléchi sous l’impetuosité de leurs mouvements, que le desespoir des peuples eut été facile à contenir, que 25 millions de françois eussent subi les lois de leur despotisme », jusqu’à « votre indulgence ne doit pas protéger ceux qui ont creusé sous nos pas l’abyme que vous venez de fermer »… Il présente plusieurs corrections autographes d’un ou de plusieurs mots : « on ne peut nous supposer », etc., et des suppressions intéressantes. Citons ce passage barré dans le manuscrit, après avoir été corrigé : « Ces conseillers perfides auroient-ils osé imposer à V.M. de faire venir des troupes etrangeres ? Mais où les auroit-on prises ? Qui les auroit soudoyées ? Comment leur eut-on assuré des subsistances ? Quand partout il auroit fallu non recevoir l’impôt mais l’arracher : un Royaume de 25 millions d’ames, est-il facile à subjuguer ? S’il est possible de le demembrer, est-il possible de l’asservir et de le detruire ? »…
1 200 - 1 500 €


861
MIRABEAU Honoré-Gabriel de Riquetti, comte de (1749-1791).
MANUSCRIT avec corrections autographes, Adresse des Amis de la Constitution à l’Assemblée Nationale , séance du samedi soir 6 novembre [1790] ; cahier de 6 pages in-fol. (cote d’inventaire).
Adresse des Jacobins pour préserver le bâtiment du Jeu de Paume, et immortaliser le souvenir du serment qui y fut prononcé sur un tableau offert à l’Assemblée Nationale [Le 28 octobre, Dubois-Crancé avait présenté aux Jacobins une motion pour la commande à David, par souscription, d’un grand tableau (et de sa gravure) représentant le Serment du Jeu de Paume, prêté le 20 juin 1789 dans la salle du Jeu de Paume de Versailles par les députés du Tiers-État.]
Cette adresse fut lue à l’Assemblée Nationale le 6 novembre 1790. Le manuscrit, de la main d’un secrétaire de la Société des Amis de la Constitution de Paris, est celui qui a servi pour la lecture : des barres au crayon marquent le découpage des phrases pour l’orateur ; il présente des corrections de la main de Mirabeau ; il fut ensuite envoyé à l’impression, comme en témoigne la note : « Envoyer l’epreuve à M. Mirabeau l’aîné. Vafflard ».
La Société des Amis de la Constitution veut attirer l’attention des députés « sur le sort d’un monument sacré » qu’il faut sauver des ravages du temps, ce lieu qui a servi d’asile aux « dépositaires de la Souveraineté du Peuple, contens de pouvoir graver sur les murailles les droits éternels des nations, la première explosion de leur courage fut un serment solemnel de ne se séparer qu’après avoir conquis la Liberté » ; ce tableau historique du 20 juin 1789, « c’est à l’immortel pinceau, c’est à l’impérissable burin à le retracer ». L’adresse conclut : « Ô premiers Législateurs des François ou plutôt premiers orgânes des loix de la nature couronnez nos vœux, en agréant l’hommage du tableau qui représentera votre héroïque serment ! il sera éternel ce monument dédié au tems & à la Patrie, si, placé dans la salle même de vos assemblées, il a sans cesse pour spectateurs des hommes capables d’imiter le patriotisme dont il retracera l’image ».
Le manuscrit présente une douzaine de corrections, modifications et additions de la main de Mirabeau, qui a apporté au texte un certain nombre d’améliorations stylistiques : interversions, expressions plus heureuses (« indifférence » à la place d’« inconséquence », « amoncelées » à la place d’« élevées », « ces palais, orgueilleuse retraite des dominateurs de la terre » à la place de « ces palais somptueux, mais impénétrables des maîtres de la terre », « à jamais » à la place de « toujours »), augmentation du beau mouvement oratoire où est représenté le « peuple immense » se pressant autour de la salle du Jeu de paume à Versailles, attentif « comme s’il avoit pu voir à travers les murs ; silencieux », etc.
2 000 - 2 500 €

862
MONTHOLON Charles-Tristan, comte de (1783-1853).
6 L.A., mars 1809, à Albine de VASSAL , baronne Daniel ROGER ; 17 pages in-8.
Correspondance passionnée du tout début de sa relation avec sa maîtresse et future femme, Albine de Vassal [Albine était alors l’épouse d’un banquier genevois, le baron Roger. Roger demanda, et obtint, la séparation de corps en avril 1809 et le divorce en mai 1812 ; le mariage d’Albine avec Montholon le 2 juillet 1812, contraire aux vœux de l’Empereur, provoqua la disgrâce de l’officier, qui fut cependant plus tard un des fidèles compagnons d’exil de Napoléon.] Nous ne pouvons en faire ici que quelques brèves citations.
Jeudi à 9 h « Comment te peindre ma toute aimée les horribles souffrances auxquelles je suis livré depuis deux jours. Je ne vis plus, les tourmens de l’enfer seraient plus doux pour moi. Albine adorée quel conseil te donner ? L’honneur m’oblige de sacrifier mon bonheur au tien. – D. ne peut avoir que des soupçons, il n’a et n’aura aucune preuve. Fr. lui avouera si cela est necessaire quelle est ma maîtresse [...] et fera tout pour te sauver. Ne crains rien non plus de S t S. – Si D. y decouvre quelque chose [...] je m’y ferai surprendre par lui avec Mad. van der Stael et mon enfant, elle est de ta taille de ta tournure, a une echarpe amaranthe, ainsi les rapports peuvent facilement vous confondre et si une fois il la voit, tous ses soupçons sur toi tombent à l’instant. La crise est affreuse mon Albine, mais une séparation dans ce moment le serait encore plus pour toi »... – Vendredi . « L’occasion était trop belle de passer la matinée avec vous mon Albine pour que je ne fisse pas tout au monde pour me faire remplacer dans mon service. J’ai réussi, venez donc à S S. à midi et demi, songez combien la vie est courte pour le bonheur et ne me refusez pas »… – Vendredi « Je vous aime avec une telle ardeur que toutes mes sensations sont extrêmes. Rien de mon Albine ne peut être indifférent pour moi. La plus affreuse jalousie m’animoit quand je vous ai rencontré, vous voir m’a désarmé et je n’ai plus éprouvé qu’une seule sensation, l’excès de l’abattement. […] Ce matin j’appelais la mort, en lisant ton billet »… – Samedi . « Je ne me plains que du sort et non de mon Albine. Jamais on ne fut plus aimable que vous ne l’êtes pour moi et je serois le plus ingrat des hommes si je vous accusois du plus léger tord. Notre position m’afflige et trouble souvent ma tete »… Etc.
600 - 800 €
863
MONTHOLON Charles-Tristan, comte de (1783-1853).
6 L.A., Vienne 23-28 juin 1809, à Albine de VASSAL , baronne Daniel ROGER ; 14 pages in-8 ou in-4, 4 adresses avec cachets de cire rouge (brisés).
Correspondance passionnée du début de sa relation avec sa maîtresse et future femme, Albine de Vassal, alors qu’il est à Vienne, près de l’Empereur [Albine avait obtenu en avril la séparation de corps d’avec son mari le baron Roger.] 23 juin . « Le Vice Roi [Eugène de BEAUHARNAIS] est toujours on ne peut plus content et l’empereur a daigné témoigner sa satisfaction de ses services »... – 24 juin . « J’arrive de Schönbrunn où j’ai passé ma journée à faire ma cour au Prince comme première visite depuis notre séjour à Vienne. Je ne prends pas encore mon service, et continue à me soigner aussi longtemps que l’armée n’agira pas activement. Je me trouve si bien du lait d’annesse que je ne veux le cesser qu’à la dernière extrémité ». Il est dans le bureau de MARET qu’il est venu voir « dans l’espoir d’avoir encore la possibilité de t’écrire que je t’aime et t’aimerai toute ma vie au-delà de toute expression. Mille et mille baisers sur ta jolie petite bouche »… – 25 juin . Il l’engage à aller aux eaux de Vichy. « J’ai toujours une affreuse disposition au spleen. Le brouhas de la guerre ne suffit pas pour me distraire »… – 28 juin Il a couru faire des emplettes pour Macdonald… Etc.
600 - 800 €


864
MONTHOLON Charles-Tristan, comte de (1783-1853).
12 L.A.S. et 1 P.A.S. « Montholon », Frémigny, Paris et Berne 1825-1839, à André PONS de l’Hérault ; 18 pages in-4 ou in-8, qqs adresses.
Belle correspondance à un autre fidèle de Napoléon 28 juin 1825 . Il a recommandé la lettre de Pons à LAFFITTE , et il défend leur ami commun MA r ET DE BASSANO contre le jugement injuste de Pons… 8 septembre , il a lu attentivement le manuscrit de Pons [du Congrès de Châtillon ] : « je ne concevrais pas qu’il fût possible à un ami de la vérité d’y changer une phrase. […] Je le trouve parfait et j’en juge par les sensations qu’il m’a fait éprouver. Il a remué toutes les cordes de ma harpe morale »… 12 mars 1826 Il lui renvoie sa lettre aux exécuteurs testamentaires qu’il trouve très bien, et un mandat de 10 000 francs sur la maison Laffitte… 12 mars 1828 . Il apprend que Pons a refusé une situation qui lui convenait, par fidélité. « Nos actes de société sont signés mais la Compagnie n’est pas encore en activité en ce qui regarde les établissements dont elle vous confie la direction principale. L’ordonnance du Roi se sollicite »… 8 septembre , à propos du transfert des actions de Commentry… 4 octobre 1830 , son règlement à Pons de la dette de l’île d’Elbe a été rejeté des comptes de la succession par le général BE r T r AND, et Montholon confie la position affreuse dans laquelle il se trouve. « J’ai appris de l’Empereur à supporter le malheur sans murmurer, et avec courage »… 15 juin 1836 , envoi d’un extrait d’instructions signées par NA p OLÉON à Longwood, le 26 avril 1822, pour marier sa petite cousine Pallavicini d’Ajaccio au général D r O u OT 30 août , il a lu avec émotion l’article que Pons lui a consacré ; l’article comporte quelques erreurs insignifiantes « dans l’analyse de ma vie antérieure à S te Hélène, et qui le sont d’autant plus encore que pour moi la vie politique ne sauroit avoir une date plus ancienne que celle de mon embarquement sur le Bellérophon »… Etc.
On joint une L.A.S. de condoléances à la fille de Pons (1853).
800 - 1 000 €
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865
PROVENCE
CHARTE , Paris 21 juillet 1565 ; rouleau de parchemins cousus (7,50 mètres x 58 cm).
Arrêt du Parlement de Paris confirmant la possession des terres de Calvisson et Massilargues et Calvisson (actuel département du Gard), au profit de Jean de Loüet, héritier mâle de Marguerite de Murat, annulant les arrêts de la cour de 1449 et 1535 en faveur des hoirs filles.
400 - 500 €



866


866
866
RAVACHOL Francis Koningstein, dit (1859-1892) célèbre anarchiste, condamné à mort.
L.A.S. « Königstein Francis », Saint-Étienne 11 mars 1889, à M. Vincent ; 1 page et quart in-8 sur papier quadrillé.
Très rare lettre de cet anarchiste « N’ayant point reçu de lettre de Holande depui celle que ma mère vous a remis dans la quel on nou dit de prendre patiance je vient vous demandé votre bonne volonté pour terminé s’est afaire car je ne travaill pa depuis 1 mois. Dans l’espoir que vous ne moublieré pa sitot qu’ils aurons répondu a votre lettre je vous la ferai parvenire. Je souhaite que la présente vous trouve plain de santé ainssi que votre dame ma mère vous envoi le bonjour inssi qua votre dame »…
On joint une reproduction photographique ancienne d’une autre lettre au même.
500 - 700 €
867
ROMME Gilbert (1750-1795) conventionnel (Puy-de-Dôme).
MANUSCRIT autographe, [juin 1795] ; 3 pages et demie in-8 (sous chemise demi-maroquin rouge).
Notes pour sa défense lors du procès pour son rôle dans l’insurrection de Prairial [Arrêté avec treize autres députés et emprisonné quelque temps au château du Taureau près de Morlaix, Romme sera condamné à mort avec cinq autres députés. Tous tenteront de se suicider à la fin de l’audience, avant l’échafaud ; trois y parviendront. Cette fin des « martyrs de Prairial » marqua fortement l’histoire du mouvement républicain en France.] Romme évoque ici l’insurrection du 1er prairial et laisse entendre qu’il a succombé à une manœuvre des Thermidoriens pour faire tomber les derniers Montagnards. « A-t-on eu l’intention de profiter d’un grand mouvement pour faire tomber dans le piège des hommes qu’on vouloit perdre, mais qu’on ne pouvoit attaquer directement ? Alors je n’ai rien à dire, je me couvre la tête et me soumet à ma destinée. Dans la mêlée quelques uns sous pretexte de pain demandoient le crime. D’autres pressés par des besoins réels demandoient du pain et un gouvernement constitutionnel. Aux premiers la justice doit repondre par la mort. Aux autres l’humanité ne doit-elle pas tendre une main secourable. C’est contre les premiers que devoit se diriger toute la sévérité du gouvernement. Il falloit aux seconds
des paroles de consolation et de paix. Ceux qui comme le tyran thermidorien pensent que la vertu est en minorité sur la terre ne savent gouverner qu’avec les lois de Dracon. La chute du tyran doit assurer à ma patrie l’empire de la justice, de la raison et surtout de cette douce fraternité, de cette morale républicaine qui previent plus surement les crimes que la justice la plus active n’en punit. J’ai parlé le 1er prairial après huit heures d’inertie et de silence au milieu de l’agitation et du désordre et parce que je l’ai cru du devoir d’un representant. J’ai parlé après avoir demandé à chaque fois la parole au Président. J’ai parlé parce que j’ai vu le danger de ma patrie, de la Représentation nat[ion]ale de la liberté et de l’égalité que je chéris plus que la vie. J’ai parlé sans mystère, sans détour, sans autre dessein que de servir la chose publique et la convention. J’ai parlé au milieu des outrages, des menaces, dirigés contre moi dans la mêlée et par un dévouement que j’ai cru, que je crois encore avoir été utile pour calmer l’agitation et le tumulte ; imposer silence aux malveillans qui vouloient s’emparer des délibérations faire rentrer la consolation, l’espoir et la confiance dans une foule d’ames ulcérées par le malheur et le besoin. Eteindre peu à peu le mouvement, empêcher que les méchans ne le tournassent à leur profit. Faire évacuer par la confiance le lieu des séances. J’ai demandé ce que la convention elle-même a decreté le matin : la convocation des Sections. Ce qui lui etoit demandé le matin par la Section de Bon conseil : le pain et l’égalité, ce que la convention a décreté elle-même le lendemain. J’ai demandé un recensement des subsistances par les comités civils de Section, avec des formes conservatrices des propriétés. Cet objet faisoit depuis lontems la sollicitude de la convention, de la France entière. Le Président lui-même l’a déclaré aux femmes qui tumultueusement ont demandé du pain. J’ai fait mon devoir. Mon corps est à mes juges. Mon ame restera indépendante et mon dernier soupir sera pour la République, pour ma patrie, pour les malheureux, pour ma femme infortunée, pour ma vertueuse mère. Je crois avoir servi ma patrie. J’ai souffert pour elle par deux mois de détention dans le Calvados à l’epoque du 31 mai et je n’ai jamais recriminé contre cette injustice. J’ai servi la patrie dans mes missions et notamment à l’époque de thermidor alors j’activois la fabrication de l’artillerie pour la marine dans le département de la Dordogne ».
1 500 - 2 000 €
PROVENANCE
Ancienne collection Philippe Z O u MME r OFF (vente Crimes et châtiments , 16 mai 2014, n°173).
868
ROMME Gilbert (1750-1795) conventionnel (Puy-de-Dôme).
7 L.A.S. « G. Romme », 10-28 prairial III (29 mai-17 juin 1795), à sa femme ; 4 pages in-4, 3 pages in-8 et 1 page in-12, adresses, montées sur onglets sur de grands feuillets de papier d’Auvergne, avec texte dactylographié des dernières lettres de Gilbert Romme et commentaires, en un vol. in-4 à l’italienne, relié basane brune marbrée (étui).
Exceptionnel ensemble des émouvantes dernières lettres de Gilbert Romme à sa femme avant de suicider à l’annonce de sa condamnation , le 29 prairial (17 juin).
Château du Taureau à Morlaix 10 prairial (29 mai 1795). « Ma chère amie, j’arrive à l’instant au lieu de mon arrestation. Ma santé est bonne, mais je suis inquiet sur la tienne ». Il désire qu’elle paie ses dettes à Gillet, de l’Agence des Mines, « pour les 3 vol. de la Théorie de la Terre qu’il m’a envoyé peu de tems avant mon départ de Paris. J’ai laissé dans mon cabinet ce qui me restoit en assignats après notre compte du mois, tu t’en serviras pour tes besoins. Mon intention est de t’envoyer une autorisation pour toucher mes indemnités. Je te prie de prendre le plus grand soin de mes livres et de mes manuscrits. Tu ferois bien de les mettre dans des caisses ou dans l’armoire »… Il lui demande de lui envoyer Le Moniteur et de lui faire suivre son courrier, et donne les indications pour lui écrire sous couvert du commandant du Fort du Taureau. « C’est désormais de toi ainsi que de ma mère que j’attens quelques consolations. Entretiens moi de toi, de tes besoins, de tes amies, de ton frère et de ta sœur. Écris chaque jour quelque chose à celui qui en attachant tes destinées aux siennes a désiré te rendre heureuse ou du moins un peu moins malheureuse que tu l’étois. Je t’ai demandé d’écrire à ma mère je te recommande toujours ce devoir sacré comme pouvant adoucir ta position. Tu me manderas si tu peux continuer les secours que nous distribuions les décadis. Je serois faché de les suspendre »… [Le 15 prairial, les prisonniers sont transférés à Paris où ils arrivent le 20, et sont incarcérés à la prison des Quatre-Nations.] 22 prairial (10 juin) . « J’ai un grand plaisir à te savoir auprès de moi, quoique je n’aye pas celui de te voir et de t’embrasser ». Il la remercie des objets qu’elle lui a portés et voudrait « avoir des bas, un habit propre, une culotte et ma lévite brune. […] Sois prudente et patiente. Soumets toi à la rigueur du sort qui pèse sur nous »... 23 prairial (11 juin) . Il lui envoie des vêtements, et demande des nouvelles de son neveu « Je suis sensible à l’intérêt de tous ceux que nous estimons. L’amitié est précieuse au malheureux. Elle le dedommage des injustices du sort ». Il salue des proches « et tous les vrais amis de l’égalité au milieu de qui j’ai juré de finir mes jours. Lorsque je suis parti de Paris le 2 prairial, j’ai remis au comité de sureté générale quatre clefs et entre autres celle de mon cabinet dans lequel étoit le portefeuille ». SO u B r ANY la salue. « Adieu je suis impatient de te serrer dans mes bras et de te marquer toute mon affection en t’entretenant de ton sort et du mien »…
25 prairial (13 juin) . Il prie sa femme de lui envoyer « à l’ancienne mairie rue des Capucines une chemise, des bas et mon habit bleu. […] Adieu mon cœur est tout à toi ». 25 prairial : « La Commission militaire me permet, ma bonne amie, de te voir en présence du concierge et seule. Arrange toi pour venir demain matin à 7 heures »…
27 prairial (15 juin) . « Ma bone amie, la commission vient de lever la consigne qui ne nous permettoit point de voir nos amis, nos parens. Tu pourras venir quand tu voudras ainsi que les amies respectables qui se sont si bien montrés dans notre malheur. Amitié source de toutes consolations ».
28 prairial (16 juin) Sa dernière lettre, à la veille de sa mort :
« Nous ne pouvons voir nos amis que jusqu’à la fin de la séance. Je t’en préviens, afin que tu t’arranges pour venir me voir avant ce terme qui n’est peut être pas éloigné ».
2 000 - 2 500 €




869
RUSSIE. PAUL I er (1754-1801).
L.S. avec compliment autographe « Votre afectioné Paul », Pavlowskoë 4 juin 1785, à M. Angelo Tremomondo à Edimbourg ; 1 page in-4 ; en français.
« Les chevaux […] sont arrivés en bon état et je les trouve très à mon gré ». Pour le remercier, il lui fait remettre « une boîte à mon Chiffre que je vous prie de garder comme un souvenir et un hommage de mon contentement. »…
500 - 700 €




870
RUSSIE. NICOLAS II (1868-1918).
P.S. « Nikolas », 31 janvier 1904 ; 3 pages in-fol. à en-tête imprimé ; en russe.
Instruction au Collège des Ordres russes impériaux et royaux, attribuant plusieurs distinctions honorifiques et décorations à Alexandre Pridonov, Nikolaï Agafonov, Vladislav Fiurentini, Vassili Propotopopov, Alexandre Brousnitsyne, etc.
1 000 - 1 200 €
871
RUSSIE. OLGA Nikola ï evna (1896-1918) grande-duchesse de Russie, fille de Nicolas II.
Carte autographe, [Tobolsk] 3/16 avril 1918, à Zénaïde Sergïévna TOLSTOÏ, née Bekhteeff (1880-1961), à Odessa ; au dos d’une carte postale illustrée, avec adresse, timbre et cachets postaux ; en russe.
Au dos d’une vue de la maison du gouverneur de Tobolsk, où fut emprisonnée la famille impériale du 26 août 1917 au 25 avril 1918.
Rare carte d’Olga, quelques mois avant son assassinat avec sa famille le 17 juillet à Iekaterinbourg.
Traduction : « Christ a ressuscité ! Nous tous vous envoyons et aux autres nos vœux pour les Saintes Fêtes. Nous espérons que vous êtes tous en bonne santé et que tout va bien ».
500 - 700 €
872
SAVOIE CHARLES I er, duc de (1458-1489)
L.S. « Charles », Savillan [Savigliano] 10 octobre, au duc de MILAN ; contresignée par Suhard ; 1 page oblong petit in-4, adresse au dos avec sceau sous papier (légère mouillure) ; en latin.
Il annonce au duc de Milan que le Roi de France très-chrétien vient de lui remettre la forteresse de Saluces…
800 - 1 000 €
PROVENANCE
Vente Gauthier-Lachapelle, mai1872, n°311.
873
STALINE Joseph (1878-1953).
P.A.S. « J. Stalin », [Moscou 2 novembre 1942], 7 lignes au crayon bleu en marge d’une L.S. de M. YUNOVICH du 25 octobre 1942 ; 1 page petit in-4 à en-tête de la revue Octobre , avec enveloppe rose de renvoi à en-tête du Secrétariat du Comité Central ; en russe.
Très rare document de Staline en 1942 Yunovitch, secrétaire de rédaction de la revue Octobre, a écrit le 25 octobre 1942 au camarade Poskrebychev : « La rédaction de la revue Octobre a reçu les mémoires du camarade S. Kavtaradze sur le camarade Staline et m’a prié de vous les transmettre afin que le camarade Staline puisse en prendre connaissance. Si le camarade Staline juge possible de publier ces mémoires, je souhaiterais obtenir l’autorisation de les publier dans le numéro 11 de la revue Octobre »
Le 2 novembre, Staline rédige sa réponse au crayon bleu dans le coin supérieur gauche de la lettre : « À la rédaction d’Octobre . Je n’ai pas réussi à les lire ; je n’ai pas le temps. La rédaction est libre de décider de la suite à donner à ces documents »..
2 000 - 3 000 €



874
STANISLAS LESZCZYNSKI (1677-1766). Roi de Pologne, puis duc de Lorraine, beau-père de Louis XV.
L.A.S. « Stanislas Rex », Lunéville 5 mars 1741, à un cher Duc ; 1 page in-4 (papier jauni).
Il lui recommande chaleureusement le S. ALLIOT, « qui est à mon service comme Gouverneur de la Lorraine. Je suis persuadé que vous ne refuserez point vostre protection à un Lorrain qui est un sujet pleins de merite et comme mon amy je ne doutte pas du desir que vous aurez de m’obliger dans cette occasion, m’interessant beaucoup pour luy. Il sollicitte une place de fermier général [...]. Il est question de luy procurer ce poste par vostre recomendation auprès de M r le Cardinal »...
600 - 800 € 875
SUFFREN Pierre-André de (1729-1788).
L.A., Paris 14 juin 1774. au baron de CALVIÈRE à Nîmes ; 2 pages in-4, adresse avec cachet de cire noire.
Suffren évoque d’abord ses affaires, touchant notamment sa sœur, et une assignation : « nous plaiderons. Faites moy le plaisir de faire vendre les haillons de P[or]t Louis, et adresses moy à Aix la malle, avec tout ce qui y est »… Puis il donne des nouvelles de la Cour (un mois après l’avènement de Louis XVI) : « Mr de Choiseul est venu remercier de son rappel et s’en retourne aujourdhuy. Le roy et ses freres partiront vendredy ». Il termine par cette considération agronomique : « Je scavois bien que la saison de semer les glands estoit passée, j’esperois qu’en les semant en lieu humide et à l’ombre quelques uns pourroient réchapper, mais je suis bien sur que cet automne aucun ne prendra ».
500 - 700 €
876
TURENNE Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de (1611-1675).
L.A.S. « Turenne », mardi matin [septembre 1664], à Jean-Baptiste COLBERT ; 1 page in-4, adresse avec cachets de cire rouge à ses armes sur lacs de soie blancs.
Il le prie de « vouloir panser a ceux ausquels cette sorte daffaire est commise de ne vouloir pas comprendre ». Il intervient en faveur du sieur d’Alibert « gentilhome de la basse Normandie […] il a esté ennobli en lan 1636 et ainsi je ne doute pas que sa cause ne soit commune avec celles de beaucoup dautres »… Il ajoute : « Celui qui est venu trouver le roy de la part de la province de Zelande vous suplie denvoier prontement les ordres de sa majesté au sieur Nassart ».
400 - 500 €

CONDITIONS GÉNÉRALES DE VENTE À DESTINATION DES ACHETEURS
La SELARL SEINE OUEST est un office de commissaires de justice ayant pour compétence de procéder aux ventes dites « judiciaires » (sur décision de justice).
La SAS AGUTTES est un opérateur de ventes volontaires aux enchères publiques, déclaré auprès du Conseil des maisons de vente et régi par les articles L.321-4 et suivants du Code de commerce. En cette qualité AGUTTES / SEINE OUEST agit comme mandataire du vendeur qui contracte avec l’adjudicataire. Les présentes Conditions Générales de Vente (« CGV ») régissent les rapports entre AGUTTES / SEINE OUEST / SEINE OUEST et les enchérisseurs pour les ventes aux enchères publiques et les ventes de gré à gré organisées par AGUTTES / SEINE OUEST / SEINE OUEST. En participant à une vente aux enchères organisée par AGUTTES / SEINE OUEST / SEINE OUEST, y compris par l’intermédiaire d’une plateforme en ligne, l’enchérisseur accepte d’être lié par les présentes CGV. En s’enregistrant pour participer aux enchères et/ou en enchérissant lors d’une vente, l’enchérisseur accepte d’être lié par les présentes CGV. Il lui est donc recommandé de les lire attentivement. Les CGV pourront être modifiées occasionnellement à la discrétion d’AGUTTES / SEINE OUEST / SEINE OUEST. Les CGV relatives à une certaine vente et contenues dans le catalogue de vente peuvent également être modifiées par écrit et/ou oral par AGUTTES / SEINE OUEST / SEINE OUEST préalablement à la vente. Ces modifications seront mentionnées au procès-verbal de la vente. En tant qu’opérateur de ventes volontaires et judiciaires, AGUTTES / SEINE OUEST / SEINE OUEST sont assujettis aux obligations listées aux articles L.561-2 14° et suivants du Code Monétaire et Financier relatifs à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme., qu’il est tenu de faire respecter.
I- LE BIEN MIS EN VENTE
Mentions particulières dans le catalogue : Les mentions particulières figurant dans le catalogue ont les significations suivantes :
+ Lots faisant partie d’une vente judiciaire à la suite d’une ordonnance du Tribunal Judiciaire assortis d’honoraires acheteurs à 14.28 % TTC ;
° Lots dans lesquels AGUTTES / SEINE OUEST ou un de ses partenaires a des intérêts financiers ;
* Lots en importation temporaire : soumis à des frais de 5,5 % TTC du prix d’adjudication pour les œuvres et objets d’art, de collection et d’antiquité (20 % pour les vins et spiritueux, les bijoux et les multiples), à la charge de l’acquéreur en sus des frais de vente et du prix d’adjudication. Ces frais peuvent être exonérés sur présentation de documents douaniers attestant que le lot a été réexporté hors Union Européenne dans les délais légaux et conformément aux nouvelles dispositions de la réforme de la TVA entrée en vigueur le 1er janvier 2025 ;
¤ Biens vendus sous le régime général de la TVA (sur la totalité) ; # Lots visibles uniquement sur rendez-vous ; ~ Lots fabriqués à partir de matériaux provenant d’espèces animales. Des restrictions à l’importation sont à prévoir ; = Lots dument identifiés et soumis à caution.
Description des lots : Les indications portées au catalogue réalisées par AGUTTES / SEINE OUEST et son expert éventuel sont effectuées sur la base des éléments fournis et des connaissances existant le jour de la rédaction du catalogue. Seules les indications en langue française engagent AGUTTES / SEINE OUEST, à l’exclusion des traductions qui sont libres. Elles peuvent faire l’objet de modifications ou de rectifications jusqu’au moment de la vente par écrit ou oral. Ces modifications seront consignées au procès-verbal de la vente, lequel aura force probante.
Aucune autre garantie n’est apportée par AGUTTES / SEINE OUEST, étant rappelé que seul le vendeur sera tenu à la garantie des vices cachés et à l’éventuelle garantie légale de conformité (exclue pour les biens d’occasion).
Un certificat d’authenticité du lot ne sera disponible que si mentionné dans la description du lot.
Les dimensions, poids et autres renseignements des lots sont donnés à titre indicatif avec une marge d’erreur raisonnable. Les conversions en unité impériale (inches) sont fournies à titre informatif et sont libres.
Les restaurations effectuées à titre conservatoire, n’altérant pas le caractère original du lot, notamment en ce qui concerne l’ancienneté et le style, et n’apportant aucune modification au caractère propre du lot ne seront pas mentionnées dans le descriptif.
L’absence d’indication d’une restauration, d’un accident, d’un manque ou d’un incident dans le catalogue ou les rapports de condition, n’implique nullement que le lot soit exempt de tout défaut présent, passé ou réparé. Inversement, la mention de quelque défaut n’implique pas l’absence de tous autres défauts. Les déclarations, garanties ou promesses formulées par un représentant d’AGUTTES / SEINE OUEST mais ne figurant pas dans le catalogue ne sauront en aucun cas constituer un fondement valable à engager la responsabilité d’AGUTTES / SEINE OUEST .
État des lots : Les lots sont vendus dans l’état dans lequel ils se trouvent au moment de la vente avec leurs imperfections et leurs défauts. Les lots étant des biens d’occasion, aucune garantie ne peut être offerte par AGUTTES / SEINE OUEST concernant leur état. Les références à l’état d’un lot dans un catalogue, une image, une description ou dans un rapport de condition (fourni à titre indicatif) ne pourront être considérées comme une description exhaustive de l’état dudit lot. Les descriptions, les rapports de condition, ainsi que les photographies des lots quant à leur état sont fournis uniquement à titre indicatif et ne peuvent en aucun cas remplacer l’examen personnel du lot par l’enchérisseur préalablement à la vente dans les conditions mentionnées ci-après. Les rapports de condition et les photos seront envoyés sur demande et à titre indicatif.
Exposition des lots : Les enchérisseurs potentiels sont expressément invités à examiner personnellement les lots et la documentation disponible avant la vente lors d’un rendez-vous privé ou de l’exposition publique préalable à la vente afin de vérifier l’état des lots. Il leur est conseillé de se faire accompagner par un expert du secteur concerné par la vente pour apprécier de manière détaillée l’état des biens.
Reproduction des lots : Tous les défauts et imperfections des lots ne sont pas visibles sur les photographies des lots reproduites dans les catalogues, en ligne ou sur tout support de communication. Les photographies peuvent ne pas donner une image entièrement fidèle de l’état réel d’un lot et peuvent différer de ce que percevra un observateur direct (taille, coloris, etc.).
Estimations : Les estimations des lots sont fondées sur l’état des connaissances techniques, la qualité du lot, sa provenance, son état et le cours du marché au jour de l’estimation. Elles sont fournies à titre purement indicatif et ne peuvent être considérées comme une garantie que le lot sera vendu au prix estimé. Les enchérisseurs sont informés que les estimations peuvent fluctuer en fonction des évolutions du marché et des caractéristiques particulières du lot. Rapports de condition : Des rapports de condition, photos complémentaires et documents afférents aux lots sont disponibles sur demande jusqu’à 24 heures avant la vente. Ils doivent être consultés avant d’enchérir.
II- LA VENTE
Inscription à la vente : Important : le mode normal et prioritaire pour enchérir consiste à être présent dans la salle de vente.
À titre de service complémentaire, AGUTTES / SEINE OUEST offre aux acheteurs potentiels d’autres moyens d’enchérir, moyennant une inscription préalable au plus tard à 18 heures le dernier jour ouvré avant la vente :
- Par téléphone : Toute personne aura la possibilité de s’inscrire auprès de bid@ aguttes.com pour porter ses enchères à voix haute par téléphone pendant la vente. L’ordre devra avoir été communiqué par écrit, à l’aide du formulaire dûment rempli, de coordonnées bancaires, d’une copie de la pièce d’identité de l’enchérisseur et de son Kbis. AGUTTES / SEINE OUEST accepte gracieusement de recevoir les enchères par téléphone. L’enchérisseur potentiel devra avoir reçu un mail de confirmation préalable de la part d’AGUTTES / SEINE OUEST pour être appelé.
- Sur ordre d’achat : Toute personne aura la possibilité de transmettre des ordres d’achat à AGUTTES / SEINE OUEST . L’ordre devra avoir été communiqué par écrit à l’aide du formulaire dûment rempli et de coordonnées bancaires, d’une copie de sa pièce d’identité. AGUTTES / SEINE OUEST accepte gracieusement de traiter ces ordres. En cas de demande par mail à bid@ aguttes .com, l’enchérisseur devra avoir reçu un e-mail de confirmation de la part d’AGUTTES / SEINE OUEST . Aucun ordre illimité ne sera retenu. Si AGUTTES / SEINE OUEST reçoit plusieurs ordres d’achat pour des montants d’enchères identiques sur le même lot, l’ordre le plus ancien sera préféré.
- En ligne via les plateformes Live : Toute personne aura la possibilité de s’inscrire auprès de diverses plateformes Live pour participer à distance, par voie électronique, aux ventes aux enchères. L’enchérisseur via le Live est informé que les frais facturés par ces plateformes seront à sa charge exclusive et s’additionneront à la commission d’achat. Les frais des plateformes sont habituellement les suivants* :
- 1,80%TTC pour Drouot Digital, - 3%TTC pour Invaluable, - 3%TTC pour 51Bidlive, - 3,60%TTC pour Interenchères sur tous les lots (à l’exception des automobiles, facturés 48€ TTC par véhicule).
*(ces % peuvent évoluer, aussi il appartient à l’utilisateur d’une plateforme de les vérifier avant d’enchérir)
Procédure d’identification des enchérisseurs : Au regard de ses obligations en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT), les acquéreurs potentiels sont invités à se faire connaître auprès d’AGUTTES / SEINE OUEST afin de permettre l’enregistrement de leurs données personnelles. AGUTTES / SEINE OUEST se réserve le droit de demander, à son entière discrétion, à tout enchérisseur potentiel : - personne physique, de justifier de son identité et personne morale, de fournir un extrait Kbis de moins de 3 mois (étant précisé que seul le représentant légal de la société ou toute personne dûment habilitée pourra enchérir), - et, en tout état de cause, d’effectuer un déposit et communiquer ses références bancaires ainsi que l’origine des fonds reçus au regard des obligations en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT).
Tous les lots vendus seront facturés au nom et à l’adresse du donneur d’ordre et aucune modification postérieure ne pourra être faite après l’adjudication. L’enchérisseur est réputé agir en son nom propre et s’engage à régler personnellement et immédiatement le lot. Il sera seul responsable de l’enchère portée sauf information préalable de sa qualité de mandataire dans les conditions indiquées ci-après. Toute fausse indication engagera la responsabilité de l’adjudicataire. En cas de manquements aux procédures d’identification et aux obligations de LCB-FT, AGUTTES / SEINE OUEST se réserve la possibilité d’interdire à l’enchérisseur de porter les enchères, d’annuler ou de résilier la vente du lot.
Caution : Pour certains ventes ou lots dûment identifiés, AGUTTES / SEINE OUEST se réserve le droit de demander aux potentiels enchérisseurs de verser avant la vente une caution d’un montant déterminé, ainsi que toutes autres garanties et/ ou références bancaires jugées nécessaires. Il est demandé aux enchérisseurs de contacter AGUTTES / SEINE OUEST au plus tard trois jours ouvrés avant la vente afin de procéder à la vérification des garanties données. Les dépôts de garantie sont à effectuer en euros par virement ou carte bancaire sur : https://www.AGUTTES / SEINE OUEST .com/depot-caution Dans le cas où l’enchérisseur ne serait pas adjudicataire lors de la vente, AGUTTES / SEINE OUEST procèdera au remboursement de la caution perçue dans un délai de 5 jours ouvrables après la vente, sans intérêts sous réserve de tout droit de compensation. L’enchérisseur reconnait et accepte que seront à sa charge exclusive les éventuelles pertes engendrées par les variations des taux de change ou les frais bancaires liés à ce transfert.
Mandat par un tiers : Tout enchérisseur est censé enchérir pour son propre compte et est tenu pour seul responsable de l’enchère. L’enchérisseur disposant d’un mandat devra informer AGUTTES / SEINE OUEST de l’existence de celui-ci lors de la procédure d’identification et d’enregistrement et produire une copie du mandat et tous autres documents sollicités par AGUTTES / SEINE OUEST. Dans un tel cas, l’enchérisseur et le mandant seront solidairement responsables.
Direction de la vente : Le commissaire-priseur/ commissaire de justice dirige la vente en veillant à la liberté et à l’égalité entre les enchérisseurs, tout en respectant les usages établis par la profession. Le commissaire-priseur / commissaire de justice assure la police de la vente et se réserve le droit d’interdire l’accès à la salle de vente à tout enchérisseur potentiel pour justes motifs. Il se réserve le droit de refuser toute enchère, d’organiser les enchères de la façon la plus appropriée, de déplacer, retirer, réunir ou séparer tout lot de la vente.
Adjudication : Le plus offrant et le dernier enchérisseur sera l’adjudicataire, tous moyens admis confondus (ordre, internet, téléphone, sur place, etc.).
L’adjudication se matérialise par le prononcé du mot « Adjugé » lequel forme le contrat de vente entre le vendeur et l’adjudicataire.
Chaque lot est identifié avec un numéro correspondant au numéro qui lui est attribué sur le catalogue de la vente.
Il est interdit aux vendeurs d’enchérir directement sur les lots leur appartenant. En cas de « double-enchère » simultanée reconnue effective par le commissaire-priseur/ commissaire de justice, le lot sera remis en vente, tous les enchérisseurs présents pouvant concourir à cette deuxième mise en adjudication.
Rétractation : Chaque enchère portée et chaque adjudication sont définitives. Chaque enchère engage celle ou celui qui l’a portée, étant rappelé que l’adjudicataire ne peut se rétracter qu’il soit en salle, au téléphone, en ligne ou sur exécution de son ordre d’achat.
Transfert des risques et de la propriété : Le transfert de propriété et des risques entre le vendeur et l’adjudicataire s’opère par le prononcé du mot « adjugé » par le commissaire-priseur/ commissaire de justice. AGUTTES / SEINE OUEST décline toute responsabilité quant aux pertes et dommages que les lots pourraient subir à compter de l’adjudication, l’adjudicataire devant faire assurer les lots acquis dès l’adjudication.
III-
EXÉCUTION DE LA VENTE
Commission d’achat : L’adjudicataire devra s’acquitter en sus du prix d’adjudication, par lot, des honoraires acheteurs applicables à chaque lot. Le mode de calcul des honoraires acheteurs pour les différentes catégories de lots est précisé ci-après (cf. article VI- CONDITIONS PARTICULIERES).
Outre le prix d’adjudication et les honoraires acheteur, l’adjudicataire devra régler toutes les taxes incluant la TVA ainsi que les éventuels frais de dossier, de manutention et de stockage ainsi que toutes les autres sommes qui seraient dues en cas de retard de paiement mentionnées ci-après.
Les acquéreurs via les plateformes Live paieront, en sus des enchères et des frais acheteurs, une commission complémentaire qui sera intégralement reversée aux plateformes (cf. article II- LA VENTE : Inscription à la vente).
Conditions de paiement : Le paiement des sommes dues devra être effectué « comptant » par l’adjudicataire, dès l’adjudication. Le paiement est effectué en euros. Les commissions bancaires éventuelles sont à la charge de l’adjudicataire et ne sont pas déduites des sommes dues.
Retard de paiement et pénalités : Aucun délai de paiement ne sera accordé à l’acheteur sauf accord exprès du vendeur. Tout délai de paiement accordé par le vendeur entrainera l’application des pénalités suivantes qui seront acquises à AGUTTES / SEINE OUEST et s’ajouteront aux montants prévus ci-dessous pour l’adjudicataire défaillant, à savoir :
- Si le délai de paiement est inférieur ou égal à 3 mois à compter de la vente : 3%HT soit 3,6%TTC du montant total du bordereau acheteur
- Si le délai de paiement est supérieur à 3 mois à compter de la vente : 5%HT soit 6%TTC du montant total du bordereau acheteur.
TVA : Le taux de TVA est de 20% (ou 5,5% pour les livres). Par principe, les lots non marqués seront vendus sous le régime de la TVA sur la marge. La commission d’achat et les frais annexes seront majorés d’un montant tenant lieu de TVA, lequel ne sera pas mentionné séparément dans nos bordereaux. Par exception, et à la demande du vendeur, le régime général de la TVA pourra être appliqué pour les biens mis en vente par un professionnel de l’UE. Ces biens seront marqués par le signe ¤.
Cas de remboursements possibles de TVA à l’acquéreur :
- Le professionnel de l’Union Européenne, (i) sur communication de son numéro de TVA intra-communautaire et (ii) fournissant la preuve de l’export du lot depuis la France vers un autre État membre ;
- Le non-résident de l’Union Européenne sur communication (i) du document douanier d’export hors Union Européenne sur lequel AGUTTES / SEINE OUEST figure comme expéditeur (ii) dans un délai de 3 mois suivant la date de vente aux enchères ou la date d’obtention de la licence d’exportation.
Modalités de règlement : Les moyens de paiement légaux acceptés (les paiements par carte bancaire ou virement étant vivement recommandés) :
- Virement bancaire : provenant du compte de l’acheteur et indiquant le numéro de facture :
Vente volontaire : IBAN FR76 3006 6109 1300 0203 7410 222 -BIC CMCIFRPP -Titulaire du compte AGUTTES
Domiciliation CIC PARIS ETOILE ENTREPRISES -178 RUE DE COURCELLES
- 75017 PARIS
Vente judiciaire :IBAN FR76 3000 4005 7600 0102 1749 644 BIC NPAFRPPXXXTitulaire du compte SEINE OUEST Commissaires de Justice Domiciliation BNPPARB CHARENTON PONT (00576)
- Espèces : en vertu des articles L.112-6 et D.112-3 du Code monétaire et financier : (i) jusqu’à 1000 € pour les résidents fiscaux français ou les personnes agissant pour les besoins d’une activité professionnelle ; (ii) jusqu’à 15 000 € pour les particuliers qui ont leur domicile fiscal à l’étranger (sur présentation de passeport et de justificatif de domicile) ;
- Carte bancaire ( SAUF POUR LES VENTES JUDICIAIRES) sur le terminal ou à distance (sur https://www.aguttes .com/paiement-en-ligne). Les frais bancaires, qui oscillent habituellement entre 1 et 2,5%, ne sont pas à la charge de l’étude. Les paiements fractionnés en plusieurs fois pour un même lot avec la même carte ne sont pas autorisés ;
- Chèque (en dernier recours) : Sur présentation de deux pièces d’identité. Aucun délai d’encaissement n’est accepté en cas de paiement par chèque. La délivrance ne sera possible que vingt jours après le paiement. Les chèques étrangers ne sont pas acceptés.
Conformément à ses obligations de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme en application de l’article L.561-2 du Code Monétaire et Financier, AGUTTES / SEINE OUEST se réserve le droit d’obtenir un justificatif des fonds. En tout état de cause, en cas de paiement par un tiers, des justificatifs sur le lien avec le tiers payeur devront être fournis par l’adjudicataire. AGUTTES / SEINE OUEST se réserve le droit de refuser le paiement en espèces effectué par un tiers.
Adjudicataire défaillant : À défaut de paiement comptant par l’adjudicataire, le bien pourra être remis en vente sur réitération des enchères à la demande du vendeur conformément à la procédure de l’article L.321-14 du Code de commerce. Si le vendeur ne formule pas cette demande dans un délai de trois mois à compter de l’adjudication, la vente sera résolue de plein droit. En tout état de cause, l’adjudicataire défaillant ne peut invoquer la résolution du contrat pour se soustraire aux obligations qui sont les siennes.
Responsabilité de l’adjudicataire défaillant : Dans tous les cas l’acquéreur défaillant sera tenu, du fait de son défaut ou retard de paiement, de payer à AGUTTES / SEINE OUEST :
En cas de revente sur procédure de réitération des enchères, (i) la moins-value subie par le vendeur du fait de la deuxième vente, (ii) la perte d’honoraires subies par AGUTTES / SEINE OUEST, (iii) les frais engagés pour cette deuxième vente ; Tous les frais et accessoires engagés par AGUTTES / SEINE OUEST relatifs au recouvrement des factures impayées (incluant les frais d’avocat, les frais administratifs et tous autres frais liés au recouvrement), ainsi que les dommages et intérêts permettant de compenser le préjudice subi par AGUTTES / SEINE OUEST ; Les pénalités de retard calculées en appliquant des taux d’intérêt au taux directeur (taux de refinancement ou Refi) semestriel de la Banque centrale européenne (BCE) en vigueur, majoré de cinq points sur la totalité des sommes dues ; Les dommages et intérêts permettant de compenser le préjudice subi par AGUTTES / SEINE OUEST (frais, honoraires et commissions d’achat, TVA, stockage, etc.).
AGUTTES / SEINE OUEST se réserve la possibilité de : Communiquer le nom et les coordonnées de l’acquéreur défaillant au vendeur afin de permettre à ce dernier de faire valoir ses droits ; Conserver à titre de dommages et intérêts toutes les sommes qui auraient été versées par l’adjudicataire préalablement à l’annulation de la vente ; Procéder à l’encaissement de la caution versée par l’adjudicataire, à titre de compensation avec toutes les sommes dues par l’adjudicataire et/ ou à titre de dommages et intérêts ;
Exercer ou faire exercer tous les droits et recours, notamment le droit de rétention, sur tout bien de l’acquéreur défaillant dont AGUTTES / SEINE OUEST aurait la garde jusqu’au règlement complet par ledit acquéreur, et saisir les tribunaux compétents pour recouvrer les sommes dues ;
Procéder à la compensation de tout montant dû à l’adjudicataire avec tout montant impayé par l’adjudicataire concernant un lot ou tout dommage subi par AGUTTES / SEINE OUEST à la suite d’une violation des présentes CGV par l’adjudicataire ; Interdire à l’adjudicataire défaillant d’enchérir dans les prochaines ventes organisées par AGUTTES / SEINE OUEST ou bien de subordonner la possibilité d’y enchérir au versement d’une provision préalable ; Procéder à l’inscription de l’adjudicataire défaillant sur un fichier des mauvais payeurs partagé entre les différentes maisons de vente adhérentes. AGUTTES est en effet adhérent au Registre central de prévention des impayés des Commissaires-priseurs auprès duquel les incidents de paiement sont susceptibles d’inscription. Les droits d’accès, de rectification et d’opposition pour motif légitime sont à exercer par le débiteur concerné auprès du Symev 15, rue Freycinet 75016 Paris. AGUTTES est également adhérente du service Témis permettant la consultation et l’alimentation du fichier des restrictions d’accès aux ventes aux enchères. AGUTTES se réserve le droit d’inscrire au fichier Témis l’adjudicataire défaillant ou son représentant, ayant pour conséquence de limiter la capacité d’enchérir de l’adjudicataire défaillant auprès des Opérateurs de vente volontaires adhérents et de lui interdire l’utilisation de la plateforme Interenchères. En outre, AGUTTES se réserve le droit de bloquer l’accès de l’adjudicataire défaillant à la plateforme Drouot et à d’autres plateformes de vente en ligne partenaires.
Retrait et stockage des lots : Un lot adjugé ne pourra être délivré à l’acheteur qu’après paiement intégral du bordereau d’achat et de toutes les sommes/pénalités qui seraient dues par l’adjudicataire, encaissés sur le compte bancaire d’AGUTTES / SEINE OUEST. En conséquence, dans le cas où le bordereau acheteur comporterait plusieurs lots et en cas de paiement partiel du bordereau acheteur et/ou à défaut de paiement total ou partiel des autres sommes/pénalités dues par l’adjudicataire,
aucun des lots inclus dans le bordereau acheteur ne sera délivré par AGUTTES / SEINE OUEST à l’adjudicataire. Tous les lots seront délivrés à l’adjudicataire le jour du paiement total du bordereau acheteur et des sommes/pénalités dues par l’adjudicataire.
Les lots seront délivrés à l’acquéreur en personne après présentation de tout document prouvant son identité ou au tiers qu’il aura désigné et à qui il aura confié une procuration originale et une copie de sa pièce d’identité. Le retrait des lots est réalisé aux frais et aux risques de l’adjudicataire uniquement.
Les lots qui n’auront pas été retirés le jour même après la fin de la vente seront à enlever sur rendez-vous par l’acheteur auprès de la personne mentionnée à cet effet sur la page de contacts qui se situe au début du catalogue. Le lieu de délivrance sera indiqué dans l’email accompagnant l’envoi de la facture. Les frais de stockage applicables sont mentionnés ci-après (cf. article VICONDITIONS PARTICULIERES).
Revente des lots payés et non récupérés : Dans le cas où un ou des lot(s) adjugé(s) et payé(s) en cours d’une vente aux enchères n’aurai(ent) toujours pas été enlevé(s) par l’acquéreur dans les délais convenus dans les « conditions particulières » ci-après et que les frais de stockage, de garde et de conservation applicables en viendraient à dépasser la valeur d’adjudication du ou des lot(s), AGUTTES / SEINE OUEST se réserve la possibilité de les vendre afin de se rembourser l’intégralité des frais lui étant dus.
IV- DROIT DE PRÉEMPTION
L’État français peut exercer sur toute vente publique ou de gré à gré de biens culturels un droit de préemption. L’État dispose d’un délai de 15 jours à compter de la vente publique pour confirmer l’exercice de son droit de préemption et se subroger à l’acheteur. A défaut d’une confirmation écrite par l’Etat de son intention d’exercer ce droit dans le délai imparti, la vente sera considérée comme définitive et irrévocable.
V- EXPORTATION
Dans le cas d’un bordereau acheteur libellé à une adresse à l’étranger, il est précisé que certains lots sont assujettis à des formalités d’exportation (demandes de certificat pour un bien culturel, licence d’exportation). Ces lots ne pourront être délivrés qu’à un transitaire dûment habilité. Les formalités sont du ressort de l’acquéreur et peuvent requérir un délai de 4 mois. AGUTTES / SEINE OUEST est à la disposition de ses acheteurs pour les orienter dans ces démarches ou pour transmettre les demandes à l’administration concernée. Cependant, AGUTTES / SEINE OUEST ne pourra être tenu responsable des retards, refus ou autres décisions administratives défavorables, ni de tout manquement à la réglementation en matière d’exportation. Les délais d’exportation ou les refus de l’administration ne pourront en aucun cas justifier une absence ou un retard de paiement par l’acheteur, ni entraîner une annulation ou modification de la vente. L’acquéreur est seul responsable de l’ensemble des formalités et des délais administratifs applicables, qu’il s’engage à respecter.
VI- CONDITIONS PARTICULIÈRES
1 - Calcul des honoraires acheteurs
L’adjudicataire devra s’acquitter, en sus du prix d’adjudication, par lot, des honoraires acheteurs suivants :
- Pour les ventes judiciaires sous le ministère de SEINE OUEST commissaires de justice : 11,90% HT soit 14,28 % TTC
- Pour les ventes des départements Bijoux, Montres, Tableaux impressionnistes et modernes, Tableaux et dessins anciens, Design, Mobilier et objet d’art, Haute époque, Inventaires et collections (honoraires dégressifs) :
o 25%HT + TVA au taux en vigueur soit 30%TTC sur les premiers 900 000 € ;
o 23% HT + TVA au taux en vigueur soit 27,6%TTC au-delà de 900 001 € ;
- Pour les ventes des départements Bijoux (catalogues), Art contemporain, Peintres & Arts d’Asie, (honoraires dégressifs) :
o 26 % HT + TVA au taux en vigueur soit 31,2 %TTC sur les premiers 900 000 € ;
o 23 % HT + TVA au taux en vigueur soit 27,6 %TTC au-delà de 900 001 € ;
- Pour les ventes des départements Violons et Archets :
o 20% HT + TVA au taux en vigueur soit 24%TTC ;
- Pour les ventes des départements Vins & spiritueux :
o 20.8% HT + TVA au taux en vigueur soit 25%TTC ;
- Pour les ventes de livres et manuscrits bénéficiant d’une TVA réduite :
o 25%HT soit 26,37% TTC ;
- Pour les ventes Automobilia :
o 26% HT + TVA au taux en vigueur soit 31,2%TTC ;
- Pour les ventes du département automobiles de collection (honoraires dégressifs) :
o 16% HT + TVA au taux en vigueur soit 19,2% TTC sur les premiers 900 000 € inclus ;
o 12% HT + TVA au taux en vigueur soit 14,4 %TTC au-delà de 900 001 €.
2 - Frais de stockage
Le stockage des biens ayant fait l’objet d’une adjudication dans le cadre d’une vente aux enchères ou d’une vente de gré à gré qui ne seraient pas enlevés par l’acheteur à l’expiration d’un délai de 15 jours suivant la vente (jour de vente inclus), sera facturé comme suit (chaque journée ou semaine commencée étant due) :
- Bijoux et / ou articles d’horlogerie = 30€ HT / jour de stockage ;
- Vin : 1 € HT / col et par jour, sans préjudice des frais éventuellement appliqués par iCave ;
- Véhicules : frais de stockage et de transport forfaitaires de 350 €HT, augmentés d’un montant de 40 € HT / jour à partir du mercredi suivant la vente inclus ;
- Autres lots : 0,01% HT du prix d’adjudication / jour pour chaque lot.
3 - Objets mécaniques et électriques
Les objets mécaniques ou électriques proposés à la vente par AGUTTES / SEINE OUEST sont exclusivement proposés à titre décoratif. En tant que biens d’occasion, AGUTTES / SEINE OUEST ne certifie en aucun cas leur état de fonctionnement et n’offre aucune garantie quant à leur performance. Nous recommandons aux acheteurs de venir voir les lots lors des expositions publiques avec un expert en la matière, et de faire vérifier le mécanisme électrique ou mécanique par un professionnel avant toute mise en marche.
4- Montres et horloges
Les articles d’horlogerie que nous vendons sont tous des biens d’occasion, ayant pour la plupart subi des réparations engendrant le remplacement de certaines pièces qui peuvent alors ne pas être d’origine. AGUTTES / SEINE OUEST ne donne aucune garantie sur l’authenticité, la condition, ou le caractère original des composants d’un article d’horlogerie. Les horloges peuvent être vendues sans pendules, poids ou clés et sauf mention expresse contraire, leur présence n’est pas garantie. Les bracelets de montres peuvent ne pas être d’origine et ne pas être authentiques. Les montres de collection nécessitent un entretien général et régulier : des réparations ou révisions peuvent s’avérer nécessaires. Toutes ces réparations et révisions et tous les contrôles d’état de fonctionnement sont à la charge exclusive de l’acheteur, AGUTTES / SEINE OUEST n’offrant aucune garantie sur leur bon état de marche. AGUTTES / SEINE OUEST recommande aux acheteurs de faire vérifier les montres par un horloger qualifié avant toute utilisation. Il revient aux acheteurs potentiels de s’assurer personnellement de la condition de l’objet.
5 - Bijoux / Pierres, Or et Métaux précieux
Certains lots contenant de l’or, du platine ou de l’argent peuvent être soumis à un contrôle par le bureau de garantie territorialement compétent afin de les soumettre à des tests d’alliage et de les poinçonner préalablement à la vente.
AGUTTES / SEINE OUEST n’engage en aucun cas sa responsabilité sur les conclusions du bureau de garantie.
Les pierres précieuses de couleur (comme les rubis, les saphirs et les émeraudes) peuvent avoir été traitées pour améliorer leur apparence, par des méthodes telles que la chauffe ou l’huilage. Ces méthodes sont admises par l’industrie mondiale de la bijouterie mais peuvent fragiliser les pierres précieuses et/ou rendre nécessaire une attention particulière au fil du temps.
AGUTTES / SEINE OUEST ne peut savoir si un diamant a été formé naturellement ou synthétiquement s’il n’a pas été testé par un laboratoire de gemmologie. Si le diamant a été testé, un rapport gemmologie sera disponible. Tous les types de pierres précieuses peuvent avoir été traités pour en améliorer la qualité. L’acheteur peut solliciter l’élaboration d’un rapport de gemmologie pour tout lot, dès lors que la demande est adressée à AGUTTES / SEINE OUEST au moins deux semaines avant la date de la vente, et que l’acheteur s’acquitte des frais afférents.
AGUTTES / SEINE OUEST ne fait pas établir de rapport gemmologique pour chaque pierre précieuse mise à prix dans ses ventes aux enchères. L’absence de certificat ne garantit pas que les pierres n’ont pas été traitées. Lorsqu’AGUTTES / SEINE OUEST fait établir de tels rapports auprès de laboratoires de gemmologie internationalement reconnus, lesdits rapports sont mentionnés et décrits au catalogue. En raison des différences d’approches et de technologies, les laboratoires peuvent ne pas être d’accord sur le traitement ou non d’une pierre précieuse particulière, sur l’ampleur du traitement ou sur son caractère permanent. Les laboratoires de gemmologie signalent uniquement les améliorations ou les traitements dont ils ont connaissance à la date du rapport qui reflète leur opinion. AGUTTES / SEINE OUEST ne garantit pas et n’est aucunement responsable des rapports ou certificats établis par un laboratoire de gemmologie qui pourrait accompagner un lot.
6 - Mobilier
Sans mention expresse indiquée dans le descriptif du lot, la présence de clés n’est aucunement garantie. L’acheteur reconnaît que l’absence de clé ne peut en aucun cas justifier un refus de paiement ou une réclamation.
7- Espèces végétales et animales protégées
Les objets composés partiellement ou entièrement de matériaux provenant d’espèces de flore et de faune en voie d’extinction et/ou protégées sont marqués par le symbole ~ dans le catalogue. Le législateur impose de règles strictes pour l’utilisation commerciale de ces matériaux, en particulier en ce qui concerne le commerce de l’ivoire.
Les acheteurs sont informés que l’importation de tout bien composé de ces matériaux est interdite par de nombreux pays, ou bien exigent un permis ou un certificat délivré par les autorités compétentes des pays d’exportation et d’importation des biens. Les acheteurs sont entièrement responsables du bon respect des normes réglementaires et législatives applicables à l’exportation ou l’importation des biens composés partiellement ou totalement de matériaux provenant d’espèces en voie d’extinction et/ou protégées. AGUTTES / SEINE OUEST ne sera en aucun cas responsable de l’impossibilité d’exporter ou d’importer un tel bien, et cela ne pourra être retenu pour justifier une demande de résolution ou d’annulation de la vente. L’acheteur est seul responsable de l’obtention de toutes les autorisations nécessaires pour l’acquisition ou le transport de ces objets.
8- Vin
Les bouteilles anciennes peuvent naturellement être fragilisées avec le temps et les transports. AGUTTES / SEINE OUEST ne pourra être considéré comme responsable de l’état du bouchon.
Les ventes des vins sont des ventes sur désignation. Le retrait des lots directement après la vente est donc exclu. Leur retrait est uniquement possible sur rendez-vous : l’acheteur doit envoyer un courriel accompagné de son bordereau acquitté à l’adresse électronique suivante : retraits.AGUTTES / SEINE OUEST @ icave.eu. Les lots seront disponibles dans les locaux de la société iCave, située au : 5 Chemin des Montquartiers – 92130 ISSY-LES-MOULINEAUX – FRANCE.
9- Automobiles
Description des lots : Pour des raisons administratives et sauf indication contraire, les désignations des véhicules (modèle, type, année…) reprennent, sauf exception, les indications portées sur les titres de circulation.
État des lots : Il est précisé que :
L’état d’une automobile peut varier entre le moment de sa description au catalogue, celui de sa présentation à la vente et jusqu’au moment de la prise en main du lot par l’adjudicataire.
Des véhicules peuvent être vendus sans contrôle technique en raison de leur âge, leur état non roulant ou de leur caractère de compétition.
Les véhicules provenant de l’étranger sont présentés sans contrôle technique français.
Les véhicules proposés sont d’une époque où les conditions de sécurité et les performances étaient inférieurs à celles d’aujourd’hui. Une grande prudence est recommandée aux acheteurs lors de la première prise en main. Il est notamment conseillé, avant toute utilisation, de procéder à une remise en route et d’effectuer toutes les vérifications nécessaires au bon fonctionnement du véhicule (niveau d’huile, pression des pneus, etc.).
Obligations supplémentaires de l’adjudicataire :
L’adjudicataire devra accomplir, sous sa responsabilité et à ses frais, toutes les formalités nécessaires dans les délais légaux pour le changement d’immatriculation du véhicule acquis.
L’adjudicataire devra organiser le transport du lot acquis qui s’effectuera à ses risques et à ses frais.
Retrait et stockage des lots : L’adjudicataire recevra un mail le lendemain de la vente lui indiquant le contact, le lieu de stockage et le montant à régler pour récupérer son véhicule. Les véhicules sont stockés dès le lendemain de la vente dans un local fermé et sécurisé à toute proximité de Paris. Ils pourront être retirés sur rendez-vous, à partir du mardi suivant la date de la vente et après règlement intégral du montant d’adjudication et des frais, du lundi au vendredi jusqu’à 16h30 au plus tard.
Il est rappelé que le transfert de de risques s’opère dès l’adjudication et donc : Toute responsabilité d’incident lors du transfert n’est pas à la charge d’AGUTTES / SEINE OUEST.
Le stockage n’entraîne pas la responsabilité d’AGUTTES / SEINE OUEST ou de ses représentants à quelque titre que ce soit.
Dès l’adjudication, l’objet est sous l’entière responsabilité de l’adjudicataire et celui-ci sera chargé de faire assurer ses acquisitions.
AGUTTES / SEINE OUEST décline toute responsabilité quant aux dommages que le véhicule pourrait subir postérieurement à l’adjudication.
Passeport d’exportation : Les voitures françaises de plus de 75 ans au moment de la vente et d’un montant supérieur à 50 000 € sont dans l’obligation de présenter un passeport d’exportation en cas de sortie hors territoire français et une licence d’exportation en cas de sortie hors territoire européen. Ces formalités sont soumises à des délais d’environ trois mois pour les passeports et un mois
supplémentaire pour les licences. AGUTTES / SEINE OUEST ne pourra être tenu responsable des délais. Aucun véhicule ne pourra être délivré sans ce document. AGUTTES / SEINE OUEST ne sera en aucun cas responsable du refus ou d’un retard de la décision administrative. Le refus de délivrance d’un certificat ne pourra en aucun cas justifier ni une absence ou retard de paiement par l’acheteur ni une annulation de la vente.
VII - DONNÉES PERSONNELLES
Les enchérisseurs sont informés qu’AGUTTES / SEINE OUEST est susceptible de collecter et traiter les données les concernant conformément au Règlement Général sur la Protection des données n°2016/679 du 27 avril 2016 (RGPD) et à la loi « Informatique et Libertés » n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiée par la loi n° 2018-493 du 20 juin 2018 relative à la protection des données à caractère personnel. Les données sont collectées aux fins de gestion de leurs relations contractuelles ou précontractuelles (enregistrement à la vente, facturation, comptabilité, règlements, communication…). Ces données sont constituées d’informations telles que : noms, prénoms, adresse postale, adresse électronique, numéro de téléphone, coordonnées bancaires.
Les enchérisseurs sont informés qu’ils disposent d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, à la portabilité, d’opposition et de limitation à l’égard de ces données auprès d’AGUTTES / SEINE OUEST. Les demandes doivent être exercées par écrit à l’adresse : communication@aguttes.com. Toute réclamation sur la législation applicable en matière de protection des données peut être portée devant la CNIL : www.cnil.fr.
VIII - PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
AGUTTES / SEINE OUEST est propriétaire de tout droit de reproduction des biens vendus avant et après la vente. Toute reproduction de celui-ci est interdite et constitue une contrefaçon. La vente d’un lot n’implique en aucun cas cession des droits de propriété intellectuelle éventuellement applicables (représentation et/ou reproduction) sur l’œuvre.
IX - LOI APPLICABLE ET TRIBUNAL COMPÉTENT
Les présentes CGV et les droits et obligations en découlant seront régis par la loi française.
Toute action en justice relative aux activités de vente d’AGUTTES / SEINE OUEST sera tranchée par le Tribunal Judiciaire compétent en France, conformément à l’article L.321-37 du Code de commerce. En particulier, toutes les actions en justice impliquant des adjudicataires et/ou enchérisseurs ayant la qualité de commerçant seront tranchés par le Tribunal judiciaire de Nanterre. Les enchérisseurs, adjudicataires ainsi que leurs mandataires reconnaissent que Neuilly-sur-Seine est le lieu d’exécution des prestations exclusif d’AGUTTES / SEINE OUEST.
Les actions en responsabilité civile engagées à l’occasion des prisées et des ventes volontaires et judiciaires de meuble aux enchères publiques se prescrivent par cinq ans à compter de l’adjudication ou de la prisée. Pour toute difficulté, le Commissaire du Gouvernement près du Conseil des maisons de vente (vente volontaire) peut être saisi gratuitement en vue de parvenir à une solution amiable. Les réclamations se font par voie postale au 19 avenue de l’Opéra, 75001 Paris ou en ligne sur le lien suivant : https://conseilmaisonsdevente.fr/fr/reclamation. Il est également possible de déposer une demande de règlement à l’amiable sur une plateforme européenne de règlement de litiges en ligne entre consommateurs et professionnel, accessible sur le lien suivant : https:// ec.europa.eu/consumers/odr/main/index.cfm?event=main.home2.show&lng=FR
X - SATISFACTION CLIENT
Si un client estime ne pas avoir reçu de réponse satisfaisante, il lui est conseillé de contacter directement, et en priorité, le responsable du département concerné. En l’absence de réponse dans le délai prévu, il peut alors solliciter le service clients à l’adresse serviceclients@aguttes.com, ce service est rattaché à la Direction Qualité de la SVV AGUTTES.


LA MAISON AGUTTES

Vente Lettres & Manuscrits. Autographes, livres, estampes & photographies, mai 2023
50 ANS DE PASSION DES ENCHÈRES
Restée indépendante, sans actionnaire extérieur, la maison Aguttes s’est hissée au fil des années, au rang d’acteur majeur du marché de l’art. Cette croissance s’articule autour des valeurs primordiales de transparence dans l’intermédiation, de discrétion, de rigueur et d’audace. Fondée à Clermont-Ferrand en 1974 par Claude Aguttes, et restée familiale avec trois enfants actifs au sein de la maison, elle se compose d’une équipe de 60 personnes aujourd’hui qui constitue sa qualité première. Avec une salle des ventes internationale située dans l’ouest parisien et des bureaux de représentation à Lyon, Clermont-Ferrand, Aix-en-Provence, Lille, Bruxelles et Genève, la maison se distingue par son service personnalisé et sa réactivité. Les experts internalisés dans 17 départements permettent la valorisation et la vente de grandes collections, de tableaux, d’objets, de bijoux et d’automobiles exceptionnels. Avec sa force de frappe en communication et ses acheteurs à 50 % internationaux, la maison atteint régulièrement des records mondiaux. Consciente de la confiance que lui accordent ses vendeurs, elle reste au service de ces derniers avant tout.
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Nos responsables de départements s’engagent personnellement à honorer la confiance de leurs clients en garantissant leurs intérêts et en les conseillant. C’est l’ADN de notre maison familiale.
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Pour des lots allant de 10 000 à 2 millions d’euros
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Affiches, Manuscrits & Autographes
Sophie Perrine
+33 1 41 92 06 44 • +33 7 60 78 10 27 perrine@aguttes.com
Mobilier & Objets d’art
Haute époque
Grégoire de Thoury
+33 1 41 92 06 46 • +33 7 62 02 04 72 thoury@aguttes.com
SIÈGE SOCIAL
Salle des ventes
Aguttes Neuilly
+33 1 47 45 55 55
164 bis, avenue Charles de Gaulle 92200 Neuilly-sur-Seine
Responsable Régions & Auvergne-Rhône-Alpes
Marie de Calbiac
+33 7 60 78 08 77 • calbiac@aguttes.com
Aix-en-Provence
Adrien Lacroix
+33 6 69 33 85 94 adrien@aguttes.com
Lille
Pauline Boddaert
+33 3 74 09 44 45 • boddaert@aguttes.com
Montres de collection
Claire Hofmann
+33 1 47 45 93 08 +33 7 49 97 32 28 hofmann@aguttes.com
Peintres d’Asie : Chine & Vietnam
Charlotte Aguttes-Reynier
+33 1 41 92 06 49 • +33 6 63 58 21 82 reynier@aguttes.com
Post-war & Art contemporain
Ophélie Guillerot
+33 1 47 45 93 02 • +33 7 60 78 10 07 guillerot@aguttes.com
Tableaux & Dessins anciens
Victoria Damidot
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Inventaires & Partages
Claude Aguttes et Sophie Perrine, commissaires-priseurs +33 1 41 92 06 44 • perrine@aguttes.com
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VENTES À VENIR
DE SEPTEMBRE À NOVEMBRE
SEPTEMBRE À 14H30
Bijoux AGUTTES NEUILLY
SEPTEMBRE À 14H30
Peintres d’Asie : Chine & Vietnam
AGUTTES NEUILLY
SEPTEMBRE À 14H30
Arts d’Asie
AGUTTES NEUILLY
SEPTEMBRE À 14H30
Art impressionniste & moderne AGUTTES NEUILLY
SEPTEMBRE À 10H
Grands vins & Spiritueux
AGUTTES NEUILLY
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SEPTEMBRE À 14H30
Maîtres anciens
AGUTTES NEUILLY
SEPTEMBRE À 14H30
Tapis AGUTTES NEUILLY
OCTOBRE À 14H30
Montres de collection AGUTTES NEUILLY
OCTOBRE À 15H
Autoworld : Auction & Motion AUTOWORLD | BRUXELLES
OCTOBRE À 14H30
Arts de la table AGUTTES NEUILLY
OCTOBRE [JUSQU'AU ] À PARTIR DE 14H30
Cartes de collection ONLINE ONLY
29 OCTOBRE À 14H30
Bijoux
AGUTTES NEUILLY
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OCTOBRE À 14H30
Livres & Manuscrits AGUTTES NEUILLY
NOVEMBRE À 10H
Grands vins & Spiritueux
AGUTTES NEUILLY
NOVEMBRE À 14H30
Arts classiques AGUTTES NEUILLY
NOVEMBRE À 14H30
Arts décoratifs du XXe & Design AGUTTES NEUILLY
NOVEMBRE À 14H30
Art impressionniste & moderne
AGUTTES NEUILLY
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NOVEMBRE À 15H
Instruments & Archets du quatuor
AGUTTES NEUILLY
Collections particulières Inventaires & Partages
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Contact : Sophie Perrine
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« La Mesure des Mondes » Collection particulière dispersée en octobre 2020 ayant totalisé 2,5 millions d’euros



